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À PROPOS DU SUJET – NOTE SUR LE CONFLIT – DÉTERMINATION

ET SUBJECTIVITÉ CHEZ JACQUES LACAN


Léa Silveira Sales

ERES | « Essaim »

2007/1 n° 18 | pages 147 à 164


ISSN 1287-258X
ISBN 9782749207292
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À propos du sujet – note sur le conflit –


détermination et subjectivité
chez Jacques Lacan

Léa Silveira Sales

Quand Lacan 1, en intervenant lors d´une exposition de Foucault direc-

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tement rapportée au thème de la mort du sujet comme mot d’ordre du
structuralisme, a dit que son intérêt habitait la question de la dépendance
du sujet, il soulignait qu’il ne s’agissait donc aucunement de son exclusion,
vu que l’axe capital de son projet s’y situait. La psychanalyse – aussi bien
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en tant que théorie qu´en tant que pratique clinique – ne pourrait pas
même survivre, faisant chœur à cette célèbre rengaine. Partant, si cette
dépendance se traduit par la totale soumission de la subjectivité à un élé-
ment déterminant (le signifiant), il reste encore à se demander ceci : com-
ment quelque chose ainsi déterminé ose-t-il continuer à s’appeler « sujet » ?
Ce conflit, étant fécondé par la négativité kojevienne du désir et par l’aspi-
ration structuraliste à la science, peut être indiqué comme l´un des moteurs
les plus fondamentaux des développements théoriques de l’œuvre en jeu,
tout au moins pendant la période que nous prenons en considération dans
la présente analyse. Des concepts tels qu’Autre, phallus, Œdipus, pulsion
etc., peuvent être lus, dans la pensée lacanienne, comme des biais de l’ef-
fort pour faire dialoguer la science et la négation. Ce sont des instruments
qui contribuent à penser le sujet en tant que quelque chose, disons, de dis-
paraissant : une manifestation de l’inconscient qui n’est pas quand elle
apparaît et qui apparaît quand elle n’est pas ; une instance de subjectivité
dont la référence à soi-même est ratée d´avance en fonction de l’absence
d’une essence que lui soit convenable.

1. J. Lacan, « Intervention sur l’exposé de Michel Foucault “Qu’est-ce qu’un auteur ?” » (1969), dans
Bibliothèque Lacan. www.ecole-lacanienne.net/ bibliotheque
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Une ouverture est tracée : on abandonne la nécessité de comprendre le


sujet (souci présent dans la première « théorie de l’imaginaire ») pour le
remettre en question. Il s’agit de proposer son écoute contrairement à son
explication. Le sujet n’est plus alors traité comme objet. Voilà la sortie pour
l’impasse inhérente aux sciences humaines : prendre le sujet en tant que
quelque chose d’inobjectivable et, paradoxalement, formaliser cette non-
objectivation. Lorsqu’on fait une science du sujet selon ces lignes, on n’en-
court pas le risque de l’objectiver pour une question de définition. Mais
c’est seulement par la manifestation d’une nouvelle impasse que la pre-
mière trouve son dépassement : la formalisation prétendue a pour cible
quelque chose qui ne devient présent que par la négation de soi-même,
oscillation qui ne révèle qu’un point absent qui, malgré son caractère (et à
cause de cela, dans la logique lacanienne), soutient l’opération du sens.
Mais, il convient de poser une question : réaliser ce mouvement n’im-
plique-t-il pas de menacer la réservation de cet endroit en tant qu’endroit
d’un « sujet » ? De quoi se constitue ce néant ? Et, après tout, pourquoi le
sujet « véritable », déterminé par le signifiant, serait-il moins aliéné que le

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moi, déterminé par l’image ?

Reprendre les termes du problème


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dans des phases précédentes

Le conflit entre la détermination et la subjectivité n’est pas une préro-


gative de la phase structuraliste de Lacan, mais congénital à sa carrière
intellectuelle. Qu’il croise la psychiatrie, la psychologie ou la psychanalyse,
ou bien qu’il ait en vue la nécessité de formuler les chemins qui mènent à
la névrose ou une causalité spécifique pour la psychose, son engagement,
son impulsion même, pour mettre en jeu les plus divers modèles théo-
riques avait déjà en toile de fond le projet d’une science du sujet.
Dans sa thèse de doctorat 2, le mécanisme qui faisait fonctionner l’ex-
périence paranoïaque était structuré autour de trois secteurs : le dévelop-
pement biographique, la conception de soi-même et la tension des relations
sociales 3 ; cette dernière représentant le point de convergence de la causa-
lité. La pathologie mentale étant définie comme une discordance d’avec le
milieu social, ce travail serait contradictoire s’il ne conservait pas un espace
pour ce qui est considéré propre à l’activité du sujet sous le mode de la
réaction concrétisée dans l’interprétation délirante. En fin de compte, com-
ment expliquer qu’un déterminisme social produise une incompatibilité

2. J. Lacan, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité (1932), Paris, Le Seuil, Point
Essais.
3. Ibid., p. 42.
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avec le social sinon en admettant que cette discordance est due à la spécifi-
cité de la réponse subjective ? Partant, le sujet n’est pas vu comme le seul
résultat d’un arrangement d’influences 4, mais doté d’une « structure réac-
tionnelle ». Le point spécifique dans le déclenchement de la psychose se
trouvait ainsi, ipso facto, repoussé exactement à l’aspect du schéma qui
entrait le plus en désaccord avec l’idéal de scientificité : le monde psy-
chique du sujet ; exigeant qu’on stipule, pour le cas pathologique, la pré-
sence d’événements ponctuels – le cours des réactions singulières –
lesquels, bien qu’entrevus par le concept politzérien de « drame » – donc,
insérés dans un référentiel matérialiste, concret et déterministe – finissaient
par empêcher la généralisation du modèle.
À la fin des années 1930, cette question souffre une nouvelle configu-
ration. À cette époque-là, et dans un dialogue avec la phénoménologie,
Lacan entend le sujet comme une catégorie sollicitée par le fait de l’inten-
tionnalité de la parole ; le discours est indissociable d’un vouloir-dire :
« Seul un sujet peut comprendre un sens, inversement tout phénomène de
sens implique un sujet 5. » Autrement dit, le sujet est déduit du fait que

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toute parole a une intention dirigée vers l’existence d’un autre : « Mais le
psychanalyste, pour ne pas détacher l’expérience du langage de la situa-
tion qu’elle implique, celle de l’interlocuteur, touche au fait simple que le
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langage avant de signifier quelque chose, signifie pour quelqu’un 6. » Le


sens même du discours est le sujet dans sa faculté d’expression, qui est
essentiellement l’expression de soi-même vers son interlocuteur.
Centrale dans la théorie de l’imaginaire, cette réflexion a lieu parallè-
lement à un nouveau pari déposé sur le concept d’imago comme façon de
théoriser le surgissement de l’individu au moyen de l’autre, ce qui trans-
forme l’opération d’identification en instrument d’objectification de l’être
humain : « L’histoire du sujet se développe en une série plus ou moins
typique d’identifications idéales qui représentent les plus purs des phéno-
mènes psychiques en ceci qu’ils révèlent essentiellement la fonction de
l’imago 7. » L’idée principale de la théorie de l’imaginaire est que les
images exercent une fonction formatrice sur le sujet ; et le premier effet de
cette formation, c’est le système du moi. Au moyen de la construction
conceptuelle du stade du miroir, le moi apparaît comme mouvement de
l’objectivation d’une aliénation. En conséquence de son origine dans l’alté-
rité, le moi ne pourra être que l’endroit de l’aliénation et de l’illusion.
Essentiellement paranoïaque, il est le leurre symptomatique qui écarte

4. Lacan fait la critique des positions extrêmes de la psychologie scientifique, « […] où le sujet n’est
plus rien que le lieu d’une succession de sensations, de désirs et d’images. » (Ibid., p. 35.)
5. J. Lacan, « L’agressivité en psychanalyse » (1948), dans Écrits, Paris, Le Seuil, 1966, p. 102.
6. J. Lacan, « Propos sur la causalité psychique » (1946), dans Écrits, Paris, Le Seuil, 1966, p. 82.
7. Ibid., p. 178.
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l’adjectif « authentique » de tout ce qui se rapporte aux caractéristiques de


la personnalité et de la connaissance humaine, au point d’être défini
comme un symptôme 8.
Dans cette nouvelle scène, l’impasse reste la même : si le but est de
mettre en jeu le sujet de manière à rendre impossible son objectivation, le
moi est incapable de répondre à la demande car, dans le miroir, le sujet
reconnaît seulement sa propre image comme objet : « […] à partir du
moment où nous considérons l’ego comme fonction imaginaire, il est loin
de se confondre avec le sujet, il ne se confond pas avec le sujet au départ.
Car, qu’est-ce que nous appelons un sujet ? Très précisément ce qui, dans
le développement de l’objectivation, est en dehors de l’objet 9. »

Développement : structuralisme et sujet + Kojève

De celui qui est apporté par le structuralisme

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En 1936 10, Lacan a discouru sur la convergence de la psychologie clas-
sique autour des idées d’engramme et de liaison associative, idées de
teneur abstraite éloignées de l’expérience subjective qui souscrivaient à
une conception philosophique du psychisme comme substance. Après
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l’échec du programme de recherche cristallisé dans la notion d’imago 11, il


faut donc produire une nouvelle manière de penser le fonctionnement sub-
jectif qui ne se soumette pas à cette même critique.
Dans ce nouveau projet – qui hérite du souci et de la plupart des prin-
cipes des phases précédentes –, le pôle de la détermination est solidaire du
structuralisme qui, travaillant l’inconscient en tant que forme pure située
dans le concret du discours, permet à Lacan d’accéder à ce concept qui,
bien que tout à fait central dans la psychanalyse, avait pourtant été jusque-
là rejeté. Sur le pôle de la subjectivité, il s’agit de continuer à manier le réfé-
rentiel kojèvien – utilisé dans l’article sur les complexes familiaux, de
1938 12 –, venant maintenant remplir une fonction plus spécifique.
La convergence entre ces deux référentiels – bien que situés sur les
points antinomiques de l’analytique et de la dialectique – devient possible,

8. Ceci apparaît un peu plus tard, en 1954 (dans le Séminaire I, séance du 13.01.1954), phase de dia-
logue intense avec le structuralisme, mais dans laquelle cette réflexion sur le moi persiste.
9. J. Lacan, Écrits techniques - Séminaire 1953-1954. Version digitale de l’Association freudienne inter-
nationale, p. 316.
10. J. Lacan, « Au-delà du principe de réalité » (1936), dans Écrits, Paris, Le Seuil, 1966.
11. Sur les raisons de cet échec (au-delà de celle mentionnée ci-dessus), disons seulement que l’imago
ne réussit pas, à ce moment-là, à ne pas être un concept substantialiste.
12. J. Lacan, « La famille », dans Encyclopédie française, vol. VIII, « La vie mentale », Paris, Larousse,
1938.
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particulièrement par la théorie du langage rencontrée dans chacun d’eux.


Car entre la conception de Kojève sur le discours comme « meurtre de la
chose » ou « présence de l’absence d’une réalité 13 » et la théorie linguis-
tique de la valeur et de l’arbitraire du signe, il n’y avait qu’un pas. Lacan a
perçu très tôt que dire qu’il n’y a « […] aucune signification qui se sou-
tienne sinon du renvoi à une autre signification 14 […] » était, en termes de
conséquences théoriques, exactement pareil que de dire qu’un signe ne
rend quelque chose de présent qu’à travers l’absence (ou la mort) de la
chose à laquelle il se réfère 15. En d’autres termes, l’impossibilité propre au
langage de s’ajuster aux choses, et le fait qu’il ne prend référence que dans
son propre système, est parfaitement pensable comme la négation que le
moi exerce sur le non-moi au moyen du mot en tant que désir, en établis-
sant la réalité strictement comme « Réalité-dont-on-parle 16 ».
Le problème est que le type de formalisation avancé par le structura-
lisme, et traduit par Lacan dans une détermination étendue exercée par le
signifiant sur le sujet, réactualise, en le développant à son comble, le para-
doxe de l’objectivation du sujet dont le maniement difficile a été mentionné

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précédemment. Entre 1953, date du Discours de Rome, jusque vers le milieu
de 1958, période où la notion de manque dans l’Autre commence à appa-
raître, les explorations du thème sont fréquentes. À titre d’exemple, citons
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seulement le texte sur La lettre volée :


« Si ce que Freud a découvert et redécouvre dans un abrupt toujours accru, a un
sens, c’est que le déplacement du signifiant détermine les sujets dans leurs actes,
dans leur destin, dans leurs refus, dans leurs aveuglements, dans leur succès et dans
leur sort, nonobstant leurs dons innés et leur acquis social, sans égard pour le carac-
tère ou le sexe, et que bon gré mal gré suivra le train du signifiant comme armes et
bagages, tout ce qui est du donné psychologique 17. »

Il est très clair, à partir de là, que le sujet est vu comme le produit du
fonctionnement du symbolique. Il vient seulement occuper une place dans
un jeu qui expose ses propres lois 18. L’exposition de La lettre volée ne vise à
montrer rien d’autre, ainsi que les explorations dans le monde de la cyber-
nétique dans le Séminaire II : le symbolique, dont le fondement serait l’in-
sistance répétitive, aurait effet d’aliénation.

13. « […] la compréhension conceptuelle de la réalité empirique équivaut à un meurtre. » A. Kojève,


Introduction à la lecture de Hegel (1947), Paris, Gallimard, 1968, p. 373.
14. J. Lacan, « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud » (1957), dans Écrits,
Paris, Le Seuil, 1966, p. 498.
15. Voir M. Borch-Jacobsen, Lacan - The Absolute Master, Stanford, California, Stanford University
Press, 1991, p. 193.
16. A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, op. cit., p. 451.
17. J. Lacan, « Le séminaire sur “La lettre volée” » (1955), dans Écrits, Paris, Le Seuil, 1966, p. 30.
18. J. Lacan, Les psychoses - Séminaire 1955-1956. Version digitale de l’Association freudienne interna-
tionale, p. 227.
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Or si l’intérêt vital du projet lacanien depuis son début est de garantir


un sens du sujet comme sujet du sens, n’est-il pas évident que la rationa-
lité structuraliste soit invitée à participer au conflit cum grano salis ? D’autre
part, une approche de l’acception lévi-straussienne de l’inconscient exige
un tel déplacement, ainsi que Freud l’a pensé, qu’il ne reste aucun espace
pour des aspects fondamentaux de sa théorie, comme par exemple l’affect,
et pendant longtemps la pulsion elle-même, seulement admise par force de
la défiguration de son sens, sans compter qu’une telle approche attribue un
sens univoque à la voie de la détermination. La linguistique apporte à la
psychanalyse la perspective d’une objectivité qui, cependant, ne doit pas
devenir une objectalité. Disons à ce propos que si le sujet était à tel point
déterminé par le signifiant, la clinique serait une pratique stérile : elle ne
pourrait plaider aucun effet car ni l’analyste, ni l’analysant – en tant que
sujets – n’auraient accès à une quelconque manière d’interférer dans les
desseins aveugles des signifiants. Rappelons-nous que, dans cette même
phase de l’œuvre de Lacan, le recours à la notion de sujet est toujours arti-
culé sur l’idée de quelque chose capable de donner du sens à la multipli-

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cité de l’expérience ; au début de Séminaire II, nous lisons l’extrait suivant :
« Je vous donne une définition possible de la subjectivité, en la formulant
comme système organisé de symboles, prétendant à couvrir la totalité
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d’une expérience, à l’animer, à lui donner son sens 19. »


Il n’y a pour autant aucune raison de transiger : sous une utilisation
strictement structuraliste du langage, le sujet est irrévocablement impen-
sable. Sauf si… un des termes de l’équation – sujet et structure (ou tous les
deux) – est repensé. La première tentative de Lacan sera de reconsidérer le
premier, et les résultats de cette approche seront indispensables à la théo-
rie, même lorsque le problème commencera à admettre d’autres solutions.
Finalement, le dénouement même de ce premier pas exigera la révision du
deuxième terme, en développant une idée plus spécifique de structure.
Quels seront, donc, les méandres du cheminement souhaitant
répondre à comment parler du sujet d’une manière qui se veuille scienti-
fique, sans pour cela l’objectifier et, par conséquent, le perdre de vue ?

À travers Descartes

En 1957, Lacan condense une réflexion sur la métaphore et la métony-


mie, vues comme relations de substitution ou de déplacement entre signi-
fiants et convoquées à formaliser ce que Freud a appelé « travail du rêve »

19. J. Lacan, Le Séminaire. Livre II : Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse
(1954-1955), Paris, Le Seuil, 1978, p. 56.
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et à en expliquer le vrai sens. L’objectif est d’établir une équivalence entre


la pensée inconsciente et ces mécanismes signifiants. Lorsqu’il s’agit de
discuter la fonction du sujet, la première référence est Descartes. « Je pense,
donc je suis » est la garantie de l’existence d’un sujet supposé à la pensée
conservant sa position subjective même lorsqu’il s’occupe de lui-même en
tant qu’objet : même lorsque je pense que je ne suis qu’objet, je suis [en tant
que sujet] de manière absolue parce que je pense. C’est-à-dire que le cogito
est exactement la réflexion capable non seulement d’argumenter que le
sujet ne perd pas ses insignes lorsqu’il se place comme objet d’une pensée
ou d’un savoir, mais qu’en outre, et plus fondamentalement, il assure que
c’est justement là que cette vérité apparaît ; autrement dit, c’est précisé-
ment dans la position de soi-même comme objet de sa propre pensée que
se trouve l’essence même d’« être un sujet ». Contrairement à l’argument
philosophique qui reprend l’héritage cartésien pour affirmer qu’il n’est pas
possible de penser soi-même autrement qu’en y étant objet (cogitatum) et
non plus sujet (cogitans), Lacan, inséré dans une interprétation du cogito qui
peut être dite « performative », indique que le caractère existentiel du sujet

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demeure préservé dans la déduction du sujet transcendantal au moins
toutes les fois que l’on pense « je pense, donc je suis ». L’argument carté-
sien limiterait notre existence (comme sujet) aux moments où nous habi-
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tons notre pensée : « […] cette proposition, Je suis, j’existe, est


nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce ou que je la conçois
en mon esprit 20. » Dans le cas du psychanalyste, il y a encore une seconde
limitation à l’instant situé entre le « donc je suis » et un « je suis ceci » qui
serait subséquent mais qui est toujours avorté car l’affirmation d’être dis-
paraît avant de pouvoir s’accomplir, incapable qu’elle est de subsister face
à quelconque type de contenu positif.
Ce que Lacan préserve de l’opération cartésienne se résume en ce
point : suspension de toute considération de la réalité au profit d’une
représentation pure de soi et qualification du penser et du parler en tant
qu’habitat de la certitude. Il ne pourrait jamais suivre le philosophe dans
son processus de passage à l’inscription de l’idée de Dieu dans l’intellect
humain pour fuir le scepticisme et refonder l’existence objective de la réa-
lité en tant qu’idée claire et distincte. Plus précisément, il n’accompagne
Descartes que jusqu’au quatrième paragraphe de la seconde Méditation,
lors de l’articulation du cogito. Car le pas suivant dans la détermination
de la possibilité de la connaissance est ainsi exprimé : « Mais je ne connais
pas encore assez clairement ce que je suis, moi qui suis certain que je suis
[…]. » (Descartes, 1641/1978, p. 26). Aux yeux de Lacan, ce « ce que je suis »

20. R. Descartes, Meditationes de Prima Philosophia – Méditations Métaphysiques (1641). Texte latin et tra-
duction du Duc de Luynes, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin, 1978, p. 25.
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représente la chute dans le substantialisme, dans l’équivalence avec la


conscience et dans l’objectivation du sujet, ce qui doit être absolument
évité.
Il convient de considérer plus en détail le type de rapport à soi qui est
mis en scène par ce recours au cogito et nous arrivons ici au point d’une
controverse. Borch-Jacobsen considère que ce rapport, malgré la centralisa-
tion du concept d’inconscient, assume, dans l’œuvre lacanienne, la forme
d’une structure réflexive de la conscience de soi. Dans un essai 21 il se
consacre à la défense de l’hypothèse que le sujet lacanien de l’inconscient
serait, en vérité et en dernière analyse, le sujet de la conscience, par une
analyse de la façon dont Freud et Lacan abordent le problème de l’hyp-
nose. Pour cet auteur, si la division subjective a pour cause le fait que le
sujet se représente lui-même, cela signifie qu’un tel sujet est le sujet carté-
sien, ce qui n’est qu’une façon de dire qu’il n’est sujet de la conscience
qu’une fois soustrait du moment de la présence à soi. L’un des arguments
utilisés pour soutenir cette hypothèse c’est que Lacan dénonçait constam-
ment les conceptions de l’inconscient qui le réduisaient à un simple

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« autre » de la conscience représentative. Mais, en évoquant le texte de
Lacan, nous percevons que ces affirmations se détournent de l’interpréta-
tion de Borch-Jacobsen quand il dit : « […] l’inconscient lacanien n’est
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jamais que l’inconscient de la conscience représentative elle-même 22 […]. »


Il est pourtant suffisamment évident que Lacan, en disant que les forma-
tions de l’inconscient ne sont pas le contraire des phénomènes de
conscience, ne consent pas pour autant en l’homogénéité des lieux impli-
qués dans chacun des cas 23. Son intention est simplement de souligner que
la différence entre préconscient et inconscient n’est pas une différence de
degré, mais de nature, c’est-à-dire que l’inconscient n’est pas quelque
chose potentiellement capable de devenir conscient. Borch-Jacobsen fait en
sorte que l’identification entre le sujet de l’inconscient et le sujet d’une
représentation soit suivie de son égalisation nécessaire au sujet de la
conscience, comme si ces locutions s’embrouillaient réciproquement, ce qui
ne semble pas être vrai. Une chose n’exclut pas l’autre : l’auto-représenta-
tion est compatible avec le cogito aveugle dès qu’on la comprend comme
équivoque. Lacan dira dans le Séminaire XI, en explicitant le rapport de sa
pensée au cogito : « Bien sûr, à toute représentation, il faut un sujet, mais ce
sujet n’est jamais un sujet pur. […] Il n’y a pas de sujet sans, quelque part,
aphanisis du sujet, et c’est dans cette aliénation, dans cette division fonda-

21. M. Borch-Jacobsen, « Les alibis du sujet (Lacan, Kojève et al.) », dans Avtonomova, Natalia (éd.),
Lacan avec les philosophes, Paris, Albin Michel, 1991.
22. Ibid., p. 298.
23. Voir la leçon VI du Séminaire II, par exemple.
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mentale, que s’institue la dialectique du sujet 24. » Nous voyons qu’il s’agit
en fait d’un sujet de la représentation ; mais aussi que la disparition du
sujet, au moment même de la représentation, transforme en non sequitur la
prétention de le lier à la conscience. Le sujet lacanien est avant tout une
subversion de la représentation au moyen de la négation ; ce qui évite la
réflexivité de la conscience comme conséquence nécessaire. D’ailleurs,
nous pourrions même dire que l’intérêt est exactement de mettre en jeu la
possibilité de penser la séparation entre conscience et représentation
– c’est-à-dire, une représentation inconsciente – différemment de ce qui est
articulé par Freud à ce propos.
Enfin, il s’agit simplement de percevoir que si le sujet de l’inconscient
est le sujet de la conscience soustrait du moment de la présence à soi dans
la mesure où il ne se représente que dans sa propre absence, alors il n’est
plus le sujet de la conscience et, quand il se prend pour objet, il ne devient
pas transparent à soi-même…

Une fois avertis du problème présenté précédemment dans cet article,

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il n’est pas difficile de discerner l’intérêt viscéral manifeste dans la
manœuvre opérée à travers Descartes. En indiquant le sujet comme notion
indispensable et déduite philosophiquement, le glissement du philosophe
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aurait consisté à le faire coïncider avec la conscience et, par conséquent,


égaler le sujet qui parle avec le sujet dont on parle. Sa proposition est, en
revanche, de développer sujet et objet en énoncé et énonciation, dans le but
de montrer que : lorsque je parle de moi, le « je » et le « moi » ne possèdent
pas la même référence : « Il ne s’agit pas de savoir si je parle de moi de
façon conforme à ce que je suis, mais si, quand j’en parle, je suis le même
que celui dont je parle 25. » Et par là penser l’existence d’une parole au-delà
du moi en développant le : « […] je pense où je ne suis pas, donc je suis où
je ne pense pas 26. »
C’est de par le recours à Descartes que Lacan fait en sorte que la pen-
sée exige un sujet. Pour cela, il redéfinit la pensée, déplace le « pense » et
le « suis » de l’énonciation du cogito vers des endroits opposés et écarte les
Méditations à partir du développement de la seconde d’entre-elles. Autre-
ment dit, ce qu’il faut faire avec le cogito ce n’est pas une dépersonnalisa-
tion de la pensée – comme celle qui se produit chez Sartre, par exemple –,
mais une distinction entre conscience et sujet et une reconception du sens
de l’acte de penser à travers une lecture de Freud inspirée par le structura-

24. J. Lacan, Le Séminaire. Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (1964), Paris,
Le Seuil, coll. Points, 1973, p. 246.
25. J. Lacan, « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud », op. cit., p. 517.
26. Ibid., p. 517.
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156 • Essaim n° 18

lisme qui permettrait enfin une nouvelle subjectivation de la pensée mais à


un autre niveau.
Mais, après tout, comment peut être décrite, tout au moins de façon
approchante, cette structure de la relation à soi ?

Ce sujet, garanti par le cogito, qu’est-ce qu’il est ?

Descartes fonctionne comme point d’affirmation de la présence du


sujet dans la théorie. Mais cela, en effet, ne contribue en rien à la dissolu-
tion du conflit : déterminisme versus subjectivité. Celui-ci continue d’être
une question exigeant de nouvelles directions. Nous restons devant l’im-
possibilité de rendre compatibles un paradigme qui se charge de l’exclu-
sion du sujet et la nécessité de préciser un usage de ce terme qui soit
cohérent et substantiel. La question à laquelle on fait maintenant face est :
pourquoi Lacan insiste-t-il à dire que ce qui subit la détermination du
signifiant est un sujet ?

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En fait, si le signifiant a une fonction, cette fonction est de représenter
un sujet soumis à son opération : « Notre définition du signifiant (il n’y en
a pas d’autre) est : un signifiant, c’est ce qui représente le sujet pour un
autre signifiant 27. » Et ce qui s’y trouve subsumé, paradoxalement, ne
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pourra jamais être restreint à ce qui est simplement décrit par le langage.
Le problème est donc que la psychanalyse s’intéresse au sujet dans les
deux sens du mot. Selon Abbagnano :
« Ce terme a eu deux significations fondamentales : 1. ce dont on parle ou bien ce à
quoi on attribue des qualités ou des déterminations ou encore ce à quoi celles-ci sont
inhérentes ; 2. le moi, l’esprit ou la conscience, en tant que principe déterminant du
monde de la connaissance ou de l’action, ou, au moins, en tant que capacité d’ini-
tiative dans un tel monde. Ces deux significations se maintiennent dans l’utilisation
courante du terme : la première dans la terminologie grammaticale et dans le
concept de sujet comme thème du discours ; la deuxième dans le concept de sujet
en tant que capacité autonome de relations ou d’initiatives, capacité qui est opposée au
simple être “objet” ou partie passive de telles relations 28. »

Pour un savoir lié à une pratique clinique, il est important de penser le


sujet non seulement dans le sens de destin de prédicats, de quelque chose
qui puisse être décrit dans ses qualités, mais également tel qu’il se présente
comme « sujet verbal », c’est-à-dire : comme l’endroit qui, même s’il subit
une détermination transcendante, contient l’origine immanente de l’action

27. J. Lacan, « Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien » (1960), dans
Écrits, Paris, Le Seuil, 1966, p. 833.
28. N. Abbagnano, Dicionário de filosofia (Dictionnaire de philosophie) (1971), São Paulo, Martins Fontes,
2000, p. 929-30, nous soulignons.
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À propos du sujet – note sur le conflit – détermination et subjectivité chez Jacques Lacan • 157

et du désir. Lacan indique dans le Séminaire III que la notion de sujet est
« […] corrélatif à l’existence comme telle de quelque chose dont on peut
dire : c’est lui qui fait cela 29 […]. » Le sujet ne peut pas être vu seulement
en tant que fonction d’une combinaison de variables, mais il doit être éga-
lement considéré tel qu’il s’impose dans une scène de désir, celui-ci, faut-il
remarquer, n’étant aucunement abstrait, mais plutôt concret et vital.
Examinons un extrait nous éclairant quant à cette nécessité :
« Cette réduction [des symptômes dans la clinique] constatée démontre une dyna-
mique où l’inconscient se définit comme un sujet bel et bien constituant, puisqu’il
soutenait les symptômes dans leur sens avant qu’il ne fût révélé, et on l’éprouve
directement à le reconnaître dans la ruse du désordre où le refoulé compose avec la
censure, ce en quoi, notons-le au passage, la névrose s’apparente à la condition la
plus commune de la vérité dans la parole et dans l’écrit 30. »

Nous voyons, sous la plume de Lacan, qu’il faut penser que l’incons-
cient se manifeste en tant que sujet à part entière. Il faut le penser ainsi de par
la constatation qu’il existe un point constitutif du sens, non seulement des

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symptômes mais aussi de l’usage que nous faisons du langage, qui s’exerce
à défaut de la conscience. Il est supposé un lieu d’attache du sens qui le met
en fonctionnement. Quand l’alliance entre le refoulement et la censure est
révélée, on perçoit que si l’individu n’en avait pas connaissance, ce sens
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devrait être alors soutenu, pour ainsi dire, par un autre agent responsable
des astuces de formations de compromis. Certainement, l’ordre d’existence
de ce « quelqu’un » ne peut être du type d’une substance et le « avant » uti-
lisé par Lacan dans son texte doit être compris à la lumière de sa concep-
tion du temps : il était là avant simplement parce qu’il a dû être supposé
par ce qui s’est passé après.
Mais comment, au niveau d’un savoir – et si virtuellement tout déter-
minisme exige l’annulation de cette catégorie –, parler d’un sujet possédant
une singularité active sans risquer de l’objectiver, c’est-à-dire de le mécon-
naître, et sans avoir besoin de revenir à une perspective psychologiste ?
Dans la réponse de Lacan, on retrouve Kojève. Sa première tentative
dans le sens de continuer à préconiser une forme de détermination subjec-
tive qui se détache du psychologisme fut de parier que l’attribut de son
identité était la différence d’un vide pur et actif. Un sujet empirique et
impliqué dans une intentionnalité, mais qui rend simultanément possible
la rupture d’avec l’idée d’une intériorité psychologique, est justement l’ac-
ception qu’il trouve dans la lecture d’Hegel faite par Kojève, où le sujet est
une puissance de négation qui, au moyen du désir, se manifeste dans le

29. J. Lacan, Les psychoses - Séminaire 1955-1956, op. cit., p. 181.


30. J. Lacan, « Variantes de la cure-type » (1955), dans Écrits, Paris, Le Seuil, 1966, p. 333.
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158 • Essaim n° 18

langage en niant la réalité, y compris lui-même. L’être humain est dans la


mesure où il se transcende soi-même dans les choses, en les niant, sans
jamais retourner à quelque chose qui serait son identité et en se rencontrant
seulement en tant qu’un désir pur qui est la « révélation d’un vide ».
Si le sujet est complètement produit par la structure, et donc y dispa-
raît, il devient parfaitement convenable de le penser en tant que négativité
négatrice, ce qui permet qu’il ne disparaisse pas, ou mieux, que le statut de
sa présence soit cette disparition, mais positivée :
« […] tout ce que je vous enseigne de la structure du sujet, tel que nous essayons de
l’articuler à partir de ce rapport au signifiant, converge vers l’émergence de ces
moments de fading proprement liés à ce battement en éclipse de ce qui n’apparaît
que pour disparaître, et reparaît pour de nouveau disparaître, ce qui est la marque
du sujet comme tel 31. »

Il s’agit d’une transposition des termes qui ne revendique pas la sub-


stitution des tableaux référentiels : le sujet comme négativité est parfaite-
ment conciliable avec le signifiant venu de la linguistique structurale. La

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liaison entre les deux est de l’ordre d’une dynamique temporelle. Avant
cette liaison, le sujet n’est rien – rappelons-nous que la caractéristique de
l’existence de quelque chose dans le monde est, chez Lacan, conditionnée
à sa connexion avec le langage – ; mais il n’en vient pas à être après cette
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liaison non plus, car le signifiant cristallise le sujet, raison pour laquelle
celui-ci perd sa condition : « Le sujet c’est ce surgissement qui, juste avant,
comme sujet, n’était rien, mais qui, à peine apparu, se fige en signifiant 32. »
Il y a une division du dire et du dit dans laquelle le sujet s’aliène en même
temps qu’il se montre et à partir de laquelle il peut être conçu comme phé-
nomène différé dans un vecteur régressif du temps. Toutes les fois que le
signifiant essaie de désigner le sujet, il l’impersonnalise nécessairement, en
faisant de sa tâche un échec et quand le sujet énonce le « je pense donc je
suis » indiqué plus haut, il s’annule, étant donné qu’il se représente. L’ex-
trême développement de la thématique du « manque-à-être » n’a pas
d’autre sens : l’être du sujet est ainsi réduit à un instant négatif pressé dans
un souffle qui n’acquiert quelque positivité qu’au moyen de sa nature de
négation, son caractère de transcendance pure. Le signifiant, en tant que
dénominateur du rien, n’exige rien de positif du côté de la subjectivité ; ou
mieux, la positivité de la subjectivité reste entourée par sa réalité de néga-
tion. Rien de mieux, pour opérationaliser la détermination de ce rien qu’est
le sujet, qu’un concept de signifiant dont la caractéristique essentielle est
de ne rien signifier – ni un référent dans le monde réel, ni un signifié. Le

31. J. Lacan, L’Identification - Séminaire 1961-1962. Version digitale de l’Association freudienne inter-
nationale, p. 124.
32. J. Lacan, Le Séminaire. Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cit., p. 223.
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À propos du sujet – note sur le conflit – détermination et subjectivité chez Jacques Lacan • 159

sujet, n’étant rien, ne risque donc pas d’être objectifié. Enfin, la notion laca-
nienne du sujet, dans les années 50, peut être indiquée par la clause « le
signifiant ne représente rien, rien qui est le sujet », dans laquelle la propo-
sition principale est tributaire du structuralisme et la subordonnée, du
kojèvisme. Comme explique Borch-Jacobsen :
« D’un côté de la question […] cette thèse dit la même chose que la linguistique : le
signifiant ne représente rien si ce n’est un autre signifiant. Mais d’un autre côté
(celui qui intéresse réellement Lacan), cette thèse peut aussi être lue comme disant
que le signifiant représente rien, et que le signifiant (re)présente le rien que le sujet du
désir “est”. Les signifiants ne prétendent rien dire […] par quoi Lacan comprend
qu’ils disent tous la même chose – c’est-à-dire, le sujet en tant que rien – et c’est pour
cela qu’ils sont parfaitement équivalents dans leur différence 33. »

Penser la négation en tant que définition de la subjectivité rend encore


possible qu’on parle d’un « sujet véritable », ce qui répond à trois diffé-
rentes demandes intrinsèques à la théorie : 1. Le symbolique est aussi alié-
nant que l’imaginaire ; si le signifiant fait disparaître le sujet comme
l’image, pourquoi ceci ne signifie-t-il pas que le sujet de l’inconscient est

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aussi illusoire que le moi ? C’est-à-dire, pourquoi est-ce que ceci ne signi-
fie-t-il pas un échec du projet ? Exactement parce que l’aliénation dans le
symbolique préserve la positivité du sujet comme négation, en indiquant
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que sa vérité est l’espace vide qui précède l’aliénation. Le revers de l’alié-
nation symbolique est la conservation de l’essence du sujet. Le symbolique,
en même temps qu’il embrasse le côté de la détermination subjective,
montre que la vérité du sujet est la négation. Ce que le moi est incapable de
faire ; au contraire, il la dissimule. 2. Le projet de Lacan – jusqu’au Sémi-
naire VII, lorsqu’une nouvelle formalisation de cette question est percep-
tible – est encore caractérisé par le désir de la constitution d’une science du
sujet, inséparable de l’aspiration à une vérité. 3. L’idée d’un sujet véritable
sert, en outre, à garantir que l’analyse n’est pas qualifiée par une pratique
de suggestion.
Si l’on comprend l’identité du sujet comme non-identité à soi, il reste
trois alternatives pour la caractérisation de la structure du rapport à soi :
1. Nous pourrions essayer de la décrire en tant que structure irréflexive –
c’est ce que fait Frank, par exemple : « L’ex-centricité du sujet véritable est
liée à l’impossibilité d’affirmer quelque chose au sujet de sa vérité […] avec
les moyens de la “capture de soi qui est la réflexion 34”. » Mais un tel choix

33. M. Borch-Jacobsen, Lacan - The Absolute Master, Stanford, California, Stanford University Press,
1991, p. 186.
34. M. Frank, Qu’est-ce que le néo-structuralisme ? De Saussure et Lévi-Strauss à Foucault et Lacan (1984),
Paris, Les Éditions du Cerf, 1989, p. 221.
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160 • Essaim n° 18

ne mène qu’à une aporie : on ne voit pas comment préserver le nom de


sujet pour un phénomène qui supprime complètement la réflexivité – d’au-
tant qu’il est impliqué dans une problématique de reconnaissance de la
part de l’autre et de soi-même. En effet, Frank considère que : ou bien le
sujet de l’inconscient est réflexif, et dans ce cas il serait aussi problématique
que le moi – illusoire, aliéné etc. – ou bien il est irréflexif et « […] on ne voit
pas alors pourquoi on peut le considérer comme un sujet 35 […]. »
2. Une autre manière d’échapper à cette impasse serait de soutenir que le
système de la relation à soi peut continuer à être exposé comme structure
réflexive. Cependant, dans ce cas, cet adjectif doit recevoir une nouvelle
compréhension, différente de celle ordinairement présente dans le discours
philosophique, car sa particularité serait l’absence d’une présentation du
« soi » à la conscience. Une réflexivité qui, évidemment, n’implique pas sa
chute dans la psychologie ni dans les philosophies de la conscience et qui
n’indique une relation à soi que dans la mesure où elle institue une incur-
sion faisant nécessairement le tour du rien.

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3. Si le « soi » en question se déplace toutes les fois que le sujet s’engage
dans cette entreprise, il faut justement se demander si on peut continuer à
parler, dans ce cas là, de « réflexivité » car il s’agirait plutôt d’une étrangeté
et jamais d’une présence à soi. Donc, continuer à parler du sujet à la
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lumière de l’opposition réflexivité/irréflexivité signifierait soumettre la


pensée psychanalytique à une norme philosophique, ce qui n’est ni néces-
saire, ni une façon d’acheminer correctement le problème. Car en fait, la
psychanalyse inaugure une forme d’abordage du sujet qui se place hors de
la philosophie et qui implique la rencontre avec une étrangeté qui le
concerne en le constituant. Donc, pourquoi ne pas utiliser le terme « réflexi-
vité » pour saisir l’expérience subjective dont parle Lacan ?
a) Parce que le rapport à soi, dont il s’agit, ne signifie pas que le sujet
essaierait de s’atteindre lui-même comme objet d’une réflexion, mais qu’il
se confronte avec une étrangeté dans laquelle il « sait » qu’il est impliqué.
Donc, il ne s’agit pas là de faire exactement une analyse, au moyen de la
pensée, mais de vivre quelque chose, d’être affecté par quelque chose qui
s’origine chez le sujet mais qu’il a du mal à reconnaître.
b) D’autre part : il est plutôt probable qu’on ne puisse séparer la notion de
réflexivité de celle de conscience car, lorsqu’on en parle, il est supposé, a
priori, que le point de départ est l’unité immédiate du sujet, en tant que
conscience, avec le perçu – dans ce cas, unité avec soi-même. Alors, même
si l’on pense, pour la psychanalyse, à un cas de réflexivité avortée, cela ne

35. Ibid., p. 223.


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À propos du sujet – note sur le conflit – détermination et subjectivité chez Jacques Lacan • 161

va pas suffisamment loin parce qu’on y implique d’abord la présence imma-


nente à soi-même pour ensuite indiquer son échec. Tandis que, en écartant
l’opposition réflexif/irréflexif, on prend par principe la propre expérience
d’étrangeté qui fait la radicalité du champ psychanalytique. Donc, on ne
peut pas dire que le sujet est réflexif, ni qu’il est non-réflexif. On doit dire
qu’il est au-delà de l’opposition réflexivité/irréflexivité en exigeant une
nouvelle façon de saisir le rapport de la subjectivité à soi-même, une façon
telle qu’elle mette au centre de ce rapport la notion de distance.
De ce point de vue-là, nous pouvons aller jusqu’à affirmer que si l’on
accepte que le sujet soit, par définition, inobjectivable, il ne peut alors
jamais se présenter à la conscience et donc qu’il n’existe que le sujet de l’in-
conscient (et aucun autre).
Nous pouvons considérer que les développements immédiatement
postérieurs de la théorie sont dus, en quelque sorte, au besoin de pour-
suivre l’élimination de cette impasse liée à la nécessité de formuler une
relation à soi de type différencié, suppression qui va s’ensuivre d’une rela-
tivisation de l’idéal de scientificité pour la psychanalyse.

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Le manque dans l’Autre et le pas suivant
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Lorsque Lacan s’attache à développer l’idée d’un trou dans l’Autre –


c’est-à-dire, dans la structure subjectifiée –, la formulation d’une détermi-
nation non-totale du sujet devient possible. L’objet a apparaîtra plus tard
comme le reste actualisé d’une structure manquante et fonctionnera
comme point vide où le sujet, aussi vide alors qu’existant comme reste
effectif (et pas seulement comme épiphénomène) de l’assujettissement à la
structure, peut exercer sa faculté de reconnaissance. Comme ÅiÂek l’éclair-
cit dans son Le plus sublime des hystériques :
« […] or, le manque dans l’Autre veut dire qu’il y a un reste, une inertie non-inté-
grable dans l’Autre, l’objet a, et le sujet peut éviter l’aliénation totale justement en
tant qu’il se pose comme corrélatif de ce reste $<>a. De cette façon, on peut conce-
voir un sujet qui diffère du moi, lieu de la méconnaissance imaginaire : un sujet qui
ne se perd pas dans le “processus sans sujet” de la combinaison structurelle 36. »

L’objet a étant quelque chose de non-intégrable par le sujet, il incarne le


vide où il peut se reconnaître et se substituer au signifiant, dans sa fonc-
tion, lequel, en réponse au désir de reconnaissance du sujet, ne le renvoyait
qu’à un autre signifiant, moto perpetuum. Il bloque le mouvement purement
négatif du sujet en lui ajoutant une seconde négation : la négation d’une
inertie inassimilable dans laquelle l’idée de subjectivité s’ajoute à quelque

36. S. ÅiÂek, Le plus sublime des hystériques – Hegel passe, Paris, Point hors ligne, 1988, p. 95.
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162 • Essaim n° 18

chose capable de répondre par le concret du fantasme et par la singularité


du désir qui, lui, n’a rien d’abstrait.
Pourquoi le désir doit-il avoir un objet, encore qu’il ne soit pas l’objet
du désir, mais sa cause ? Pourquoi ne peut-il pas être désir de rien, comme
toute la théorie lacanienne mènerait à le déduire ? Simplement parce qu’en
effet nous désirons des objets, nous aimons, nous dirigeons un investisse-
ment psychique vers des cibles spécifiques, en général très rigides et insub-
stituables. Même si Lacan pense que « l’univers est un défaut dans la
pureté du Non-Être 37 », il ne peut mépriser ce fait. Voilà ce qui confère à
l’objet a sa centralité dans le lacanisme (Lacan l’a considéré son invention
proprement dite) : la possibilité d’assurer une dimension – peut-être peut-
on l’affirmer – existentielle pour la théorie, une façon de penser le désir
avec la pulsion, avec le corps et avec le fantasme. Que pourraient-elles, après
tout, dans un exercice clinique, une conception du sujet en tant que néga-
tivité qui ne se manifeste que dans sa disparition et une notion du désir en
tant qu’essence pure, sans objet ? Si le sujet est en fading – ce qui n’est pas
en apparaissant, ce qui apparaît en n’étant pas –, il est donc, de toute façon,

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pensé comme quelque chose qui apparaît et cet aspect positif de sa manifes-
tation ne peut résider que dans la production du fantasme, d’une scène qui
fixe le désir dans sa consistance singulière, d’un objet qui, enfin, bien qu’il
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ne fonctionne pas pour la satisfaction du désir, provoque son mouvement


et sert de réceptacle à la reconnaissance d’une certaine identité pour ce
sujet si fugace. Sans ceci, la construction théorique du sujet se restreindrait
à sa face transcendantale de pur non-être, dérivée de la manière dont
Kojève l’a pensé. C’est-à-dire, sans l’objet a comme contrepoint du sujet pur,
toutes les racines qu’il pourrait creuser dans l’empirique, toute liaison
plausible qu’il pourrait rendre effective avec une pratique clinique,
seraient absentes de la notion de sujet.
Si le sujet « disparaissant » ne se rapporte à soi que par le contourne-
ment d’un objet absent dont le contenu inerte est seulement la positivation
de son vide, c’est exactement là que nous pouvons alors entrevoir la possi-
bilité d’une relation particulière : vu que celle-ci présente la facticité de la
reconnaissance dans un objet vide, le sujet ne peut souhaiter que la recon-
naissance de l’impossibilité de reconnaissance 38.

Nous voyons que la contrepartie du sujet en tant que négation est le


manque dans l’Autre et que la nécessité de cette dernière notion pour la
dynamique interne de la théorie c’est que, avec elle, le nœud sujet/struc-

37. J. Lacan, « Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien », op. cit., p. 819.
38. Nous trouvons une description de ce mouvement chez ÅiÂek (op. cit.), même s’il demeure encore
attaché à l’idée de réflexivité.
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À propos du sujet – note sur le conflit – détermination et subjectivité chez Jacques Lacan • 163

ture est désormais compris comme rapport de négation à négation et non


plus comme relation de sens unique dans laquelle la détermination partait
de la structure pour supplanter complètement le sujet. Donc, le problème
se configure plus ou moins ainsi : pour échapper à l’impasse du structura-
lisme (disparition du sujet), Lacan renforce Kojève (le sujet comme néga-
tion inobjectivable) ; pour échapper à l’impasse du kojèvisme (un sujet pur,
détaché de l’empirique du désir), il se tourne vers l’objet a dans le fantasme.
Cela ne signifie pas que le sujet cesse d’être négativité, mais celui-ci com-
mence à jouir d’une certaine positivité comme corrélat de son existence
négative. C’est en ces termes que le dépassement du structuralisme dans
l’œuvre lacanienne peut être présenté : son origine se situe exactement au
moment où Lacan se met à parler du manque dans l’Autre 39, moment de
transition qui peut encore être qualifié de structuraliste – étant donné le
traitement du complexe d’Œdipe qu’on y rencontre – mais qui annonce
déjà, à partir de ce que nous avons vu plus haut, un épuisement de ce réfé-
rentiel.

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La liaison des trois termes

Dans le but de concilier science et subjectivité lors des développements


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de sa théorie tout au long des années 50, Lacan attribue un signe diacri-
tique au sujet (la négation suivie du caractère évanescent) et en accorde un
autre à la structure (la notion du manque dans l’Autre), tous deux essen-
tiels à la cohérence de sa théorie. Un sujet inobjectivable et une structure
inobjectivante : l’originalité d’une combinaison entre négativité et un Autre
déterminant, bien que décomplété, fut la formule trouvée, au cours de la
période que nous avons prise pour analyse, afin de dissoudre l’impasse de
la disparition du sujet dans la science. En l’occurrence, ce maniement fait
converger trois termes dans une équation indécomposable : structuralisme,
subjectivité et kojèvisme. Ils se trouvent mutuellement impliqués dans des
relations nécessaires et indispensables : il n’est pas possible de soutenir le
structuralisme sans le sujet et sans Kojève : la conséquence serait une socio-
logie sans parenté avec une pratique clinique, et un discours sur la subjec-
tivité, dans la mesure où elle ne serait pas, justement, une subjectivité ; il
n’est pas possible de soutenir le sujet sans le structuralisme et le kojè-
visme : l’effet serait alors une psychologie à laquelle serait interdite toute
aspiration à la science, c’est-à-dire un discours du type doxa et une approxi-
mation indésirable du contingent et de l’obscurité d’une intériorité psy-
chologique ; enfin, il n’est pas possible non plus de soutenir Kojève sans le

39. J. Lacan, Le Séminaire. Livre V, Les formations de l’inconscient (1957-1958), Paris, Le Seuil, 1998.
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164 • Essaim n° 18

structuralisme : le résultat serait une anthropologie philosophique inca-


pable de s’occuper d’une notion d’inconscient et de revendiquer quelque
sorte de relation que ce soit avec la science. Néanmoins, au moment même
où cette articulation prend place, le conflit détermination versus subjecti-
vité perd désormais, et d’une certaine manière, sa place prioritaire dans la
théorie lacanienne.
En conséquence, une nouvelle réflexion débutera alors, dirigée vers
l’éthique de l’expérience psychanalytique, et il sera donc intéressant de
s’interroger sur la manière dont ce nouveau développement entre en rela-
tion avec la négation dans le sujet et le manque dans la structure.

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