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par J. CHAILLEY
Après les études approfôndiesdont a été I'objet N.B. - On notera dans la réduction de piano (édition Uni-
le chef-d'æuvrede Bartôk, il pourrait sembler tenie- versal, p-. 2) une erreur dans I'indication des coupù"es pour la
raire et inutile d'en proposer à nouveau une ana- version de concert. Il faut lire:
I lyse si précisémentI'une des plus importantes,celle 1.
lasser 4. 4, p. 12, à 4, page 13 (et non p.'25/28).
I 2. Passer de.C, p. 30, à D, page 33
iet non'p. ZlrrZgi.
I de M. Ernô Lendvai, tout en méritant un sincère J. La sutte de concert se termine p. 52 (et non p. 143) avec
I hommage par l'énorme effort de réflexion qu'elle a une ffn aioutée de 14 mesures.ne ffgurant
ias danJ l" fâ"titi""
t nécessité, ne soulevait en nous, ayons le courage de piano (iirdication non portée).
23
Stravinsky,sur ce point, restera curieusementen
retrait (le Sacre, après décantation harmonique
et isolementun à un des élémentsjuxtaposés,ne
dépasse guère le stade de la septième naturelle)
et Schônbergll, reniant lors de sa ( conversion
" en abandonnant la quinte juste (avantage de
le langage du Schônberg I post-romantique,resté < noyer le ton D) que, sans qu'il s'en doute peut-
au même point que Wagner, effectuera volontai-
être, il touche ici la tranche suivante de la réso-
rement sur le tableau de base de la résonance
nance naturelle,l_bqçqrc| de douzièmeaugmentée
un brutal saut en arrière,annihilantles conquêtes qlli corllent a te JôG_l-ErEcâïi-è-É-Te--sol
des vingt siècles précédents pour repartir diffé-
dièse, I'accord parfait et la gamme par tons.
sera le seul post-debus-
et volontiersdéveloppéemélodiquementsous une
forme : dont J. Downey nous dira, à propos de 3 rondos,
qu'il a trouvé la confirmationdans les musiques
populaires roumaine ou slovaque.Voir aussi ses
exemples de la Rhapsodie pour violon et orches-
tre et de la Sonate pour 2 pianos et percussion.
premier élément d'une gamme par tons défective Mais en même temps, et cette fois aussi bien
(sans Vl' degré) appuyée harmoniquementsur harmoniquementque mélodiquement,s'établit
une quinte juste : une équivalencequasi absolueentre quinte juste
et quinte augmentée,puisqueI'expressionharmo-
nique complète de la résonance poussée à I'har-
monique 13 est :
24
que : C'est la forme tonale de résonancede la gamme
par tons entiers(avecsuperpositionde quintejuste
et de quinte augmentée: cf. notre Trailé d'Analyse,
p. 57)et à son tour le la dièseexige le ré dièsepour
maintenirla quarte,car la dièse-rébécarredevien-
générateurpar une autre voie de : drait en fait une tierce si bémol-ré.D'où l'accordde
Bartôk: dont on voit à I'analyseréfléchie,que cha-
que élémentcomposant est le produitd'unelogique
internede caractèreexclusivem'ent musical- et non
spéculatif.
Le début du Mandal|n '
est typique de cette conception; l'octave aug- Cet accord est très employé dans la partition,
mentéey apparaîtmoinscommeune dissonance mais est-ce une raison pour y voir, comme Lendvai,
que comme une le " thème de la fille " ? Rien ne justifie cette asser-
qénérateurcommun. tion, qui est même parfois franchement démentie
L'accordvirtuel qui en résulte: (voir plus loin 36/4). Le thème suggéré ici, en un
rythme que Bartôk réutilisera souvent ailleurs, par
exempledans le cinquièmequatuor de 1934 (l'écart
Jeudi 21 octobre, à 20 h 30
25
à savoir une broderie proche au demi-ton et une tonique de la majeur (ou de ré si I'on prend la pour
" surbroderie" en un degré plus éloigné ou de sens dominante,comme y invite la persistancedu sol
contraire. bécarre des bassons).
C'est ce que soulignentles trilles de piano, por- Au chiffre 2, un second appel, à la trompette,
tant selon l'échelle ci-dessussur chacun des trois répond au premier, une septième au-dessus,comme
sons de I'accord vers la " broderieproche". une sorte de réponse de fugue irrégulière se pour-
suivant en strette selon l'échelle:
Rythmiquementparlant,ces ressautsprocéderont,
comme les célèbres sforzandosdes Augures Printa-
niers dans le Sacre, par à-coups imprévisibles,évo-
quant ainsi I'affolanteirrégularitédes bulles qui crè-
vent à la surfacede I'infernalchaudron.En compter
les temps et vouloir en déduiredes proportionsryth- à tonique sol (ou do) et prenant soin de ne repro-
miques, comme I'a tenté Boulez dans son analyse duire I'antécédentavec exactitudeni en durée ni en
du Sacre 3. serait à mon sens illusoire et contraire coincidenced'ictus,
à l'esprit de la musique,puisqu'ils'agit iustementde
provoquer le choc de surprise par I'irrationnelet A ce moment, les cordes continuantleur dessin
I'inattendu.lci comme dans I'exempledu Sacre, on immuable,les bois modifient leur accord de base,
peut dire que la seule règle est très exactement qui devient:
de placer les ictus,de choc là où on ne les attend
pas, en évitant soigneusementtoute syméiriequi les
ferait prévoir ; c'est le seul secret de leur efficacité.
Au chiffre 1 s'ajoutesur un troisièmeplan super-
posé un nouvel obstinéaux deux précédents.Ce sont c'est-à-dire essentiellementune rnontée d'intensiti-
cette fois les cuivres,avec une sorte d'appel marcato cation par rapport au précédent,conservantla sono-
répété, dont I'accent sur une brève se répercute sur riié de septièmemajeure entre les extrêmeset modi-
une longue tenue de longueur variable (ici encore, fiant la note intermédiaire(ré dièse au lieu dê do x)
recherche de I'asymétrieexcluantle prévisible,avec soit pour varier la sonorité en évitant une simple
indépendancerythmiquetotale par rapportaux ictus transposition,soit peut-être pour éviter la rencontre
des bois). On y a vu, et c'est fort vraisemblable,une du do x avec le ré bécarre de broderie dans I'obstiné
évocation du tumulte inhumain de la grande ville du trombone. En tous cas, contrairementà I'accord
symbolisé par le klaxon de ses autos; la mise en initial,il s'agit d'un accord de passagesans valeur
scène de l'opéra de Budapest souligne cette inter- structurelletonale.On le voit bien lorsqu'unemesure
prétation et montrant au lever du rideau, par-dessus avant 3, cette sonorité justifiée par sa montée sur
le décor, les lumières mouvantes des néons. de la précédente monte encore sur la strette des cui-
quelque Broadway. vres, rompant le 6/8 théorique pour gagner une posi-
Le premier appel est lancé par le trombone sur tion encore amplifiée,montrant ainsi sa valeur de
passage.
un do dièse dont I'intention dissonanteest évidente
et compréhensible. Tout ce qui précède en effet Au chiffre 3, les trois plans se maintiennentjuxta-
dépendait du système de do, et plus précisément posés,mais, sans qu'ils se mélangent,chacun d'eux
encore du do central (celui de la clef d'ut). Un do gagne en étendue. La gamme des cordes change
dièse à I'octave supérieureeût encore pu, selon le d'octave et de timbre, passant aux flûtes soulignées
système harmoniquede Bartôk, s'y intégrer sous cer- par le crépitementdu piano aigu et troquant sa for-
taines conditions; mais celui-ci prend soin de se mule ascendante et descendante contre un dessin
placer à I'octave même de ce do .bécarre central, similairequi tourne lui aussi autour de la dominante
que les cordes continuentà maintenir.ll y a incom- de do (donc conservant le même sens tonal); selon
patibilité. D'où ici, avec une violente dissonancè le principe bartôkien d'éqùivalence par extension-
voulué, le premier élément de polytonalitéagressive restriction,on a en effet :
entendu depuis le début.
Cet appel de do dièse est construit comme le
motif des bois, à savoir une note centrale(ici tenue,
alors qu'elle est répereutéechez les bois), dont à
intervalles irréguliers on s'échappe par un ictus
rageur, tantôt par-dessous,tantôt par-dessus,selon
une échelle déterminée,ici évoquantsi I'on veut une
26
A ce moment (chiffre4), la strette aiguë jusque-là
.#^c
RF-l
obstinée se développe et engendre un mouvement
iJ-_- mélodique à caractère de plus en plus pressant et
affolé, tandis qu'aux deux premiers trombones grin-
(d'oùgain d'intensité)de :
transpositionsupérieure cent de nouveaux appels discordants appuyés de
glissandoset plus " klaxon " que jamais.
*+** Le chiffre 5 marque comme I'explosion de ce
iJ,#
magma bouillonnant,et après un dernier sursaut la
rattachécommecelui-cià la toniquedo des cordes, fin de prélude n'est plus qu'une retombée en mor-
ici par la prédominancedu sol bécarre supérieur. ceaux de ses éléments épars, dont ne reste plus,
Agrândissement de la sonorité: sous la septième au lever du rideau (chiffre 6), qu'un sourd et confus
ci-dessus, elle se complètesur plus de deux octaves grondement aux notes indistinctes (timbales et cor-
et devient: des graves diversées) sur le fond duquel s'édifiera
peu à peu la sordide et répugnante action.
(A suivre)
27
(r)
" Lel}Ianda;rirr llferveillerr;x" , de Bela Bartok
par J. CHAILLEY
,f lN
6/86
fond de croches ,e,nbatteriesrpa,rdeux où 'crépitent Quand le mi est atteint,après un long élan pris
les pizzicati,,pui's(1816)des col legno soulignésde sur do dièse . . la dièse, le ton change :
caisse claire. Sur ce fond ironique,'69,tanglais puis
hautbois déclament la déclarationridi'cule.Echelle d) Les vauriens su'rgissentde leur cachette, empoi-
pentatoniquemutant ve,rsle haut : gnent le vieux beau et le jetten,tdehors (21)
H'armonietonale (,dominanrte ,drela, ave,c le fa.
d'appoggiature,simultanée); sur le rythme à 6/8 et à
notes répétéesdu thème de I'inru'ption, la se,con,de
mi-fa claque longuementaux violons trém olo et aux
trom,pettesgra'ves;les bois lancent à ,contretemLps, à
Le dérbut(sur le,s,deuxnotes r-édièse sol dièse) intervailles imrprévisibles,de 'brefsaprpels,aigusdans
était préparé par les mesures1T/5-6,le dessin 1Bl2 le style du Sacre du Printemps. Le vieux est jeté
répond à 17/7-8 (début de mesure). 1B/9,q,uiserm;b,le de,horssur une longue des'centediatonique de s,e-
continuer'la phrase,est en réalité un début d'in,cise condes parallèlre,s (cf. plus haut), Cette des'centere-
(voir le rph,raséindi,qué)amorçant u,n,dessinrythmi- joint le mi-fa de départt et se ca,l,me.Ce s'ont ,les
que à a'm,pli,ficationqui ,au,rason répondant 1816 à vauriens'qui, débar,rassés du vieux, se tou.rnentvers
la quinte inférieure (str.ucturef ré,quentedans Ies la fil,leet lui ordonnent de reprend,reson ,ma,nège.
ch,ants',populaireshongrois étudiés lpar Bartok. En La fille obéit et retourne à Ia fenêtre.
se re,porrtant
à l'échellerelevéeci-dessus,on voit que La partition d'or.chesire Philharmonia conrtient
sol dièse si, sont deux degrés ,co'njoints et que par sans doute i'ci une ,faute,d'i'mpre'ssion. La ligne de
conséquentla réponsenorrmaleen ,estbi'endo d,ièse hautbois des mesures 2-3 'page 57 (c'est-à-dire
ré dièse.Mutationnouvelled'échelleà'ce moment:fa 21/8-9) appartient évi,dem,ment à'celrlre,
de clari,nette.
x pour fa dièse et si dièse,poursi bécarre.A 1E/9,un
trom,bonerecueillele si dièse ainsi prérparéet éructe llt. DEUXIEMEVICTIME : i,
un grossierglissando,vers un accord dissonantoù fi- LE PETIT JEUNE HoMME TIMIDE 3 4* "
gure l'échafaudage de'quartesdu début (accordde la
fille selon Lendvai).Les pizzi,catiavec Ia harpe (19) a) Deuxième jeu de séduction (22)
esquissentalors ,pourla danse du vieux un ,petitryth- ,C'estune varianteamplifiée'du premierjeu. Dé-
.mevulgairequi, d'abordà découvert,va servirde fond part identi,que,rlne tie'rcemineure plus haut et dé-
aux effusionsdiscordantesde ses entreprisesgalan- verloplpement si,milaire,mai,sà 'l,afois ,plus rcon,dens'é
tes. Celles-ci se mani,festent(1914) aux hautbôis e,t dans sa prépar.ation(une mesure 22/1 ,contre qu'art,re
clarinettesen secondes(voir plus,haui sur ce point) au chiffre 13) et rplus développé dan'ssa lan,cée.Les
par un dessin repris de 17/7 (deuxièmemoitié de la premières'volutesrempliss,ent de suite un,eéchel,le.
mesure)qui, comme ledit la rubriqueet à I'instardu
vieux," devientde plus en plus pressant, mes. 1gl7.
Puis,devantson peu de succès,puisqu'iln'a pas d,ar-
gent (ou pe,ut-être est-il essouflépar I'effort)l'élan du
galant retom,bepiteusement mes. 1igl8 et le pauvre de ,celle de 1,4/6
qui est,l'exa,ctetran,s'position
vieux repart à zéro lpouf uD nouve,lre,ssai.
LR-
7/87
non résolue.I'ac,cordr'ée'lest une
même appog1ature Reprise,légèrementdifférenciée(27), trans,poséeà
septième. la qurarteaiguë, violon et flÛte (y compris transposi-
tion de I'accômpagnem,ent aux pizzi'cati)selon le prin-
cipe des modèies-popuilai'res'déjà analysé18/6.
La,danse,d'abordun peu gênée,se détend(2718,
tranquillo) similitude peut-être fortuite avec le'..
Au chiffre 23, à ,partirrdu même do de idépart, de Melisande dans le Pellias de De'bussy par
changeme,ntdléchelle(quartes).A,prèsune des'cente le souple glissement des pas irréguliers3 * 2,
échelle en
(n/q troisièmre'
par tiences différrenciées feutrés oar les trilles altern'és des cordes
extension sur l,a précédente. et des flûtes. Cette glissade, est reprise au cor
anglais(28) sur un rdessinqui raprpelle fu'rtivementle
début du Prélude à l'après-midid'un faune, puis aux
violons.A ce ,moment(2813),la fille se ,prend'au jeu
et la danse,commence thèmes'essaie
à s'ani,mer: s'o,n
d'abord à 2 violons soli, puis 'devientvraiment pas-
qui conduit (24)vers un appel de tierce aigu si-soldiè- sionné en empruntantle timbre totn'61li,QUê des vio-
se analogue à ceùu,i du premierjeu (1513etc')' A tra- lons tutti en octaves,tandis que 'les bois lui super-
'mutationsd'échelleet'amplifi'cations
vers,d,e,nôuvel'les posent l,e rythme établi mes. 2718.'Ce'pendani l'élan
d'orchestration, cette tier:ce moniteen'co'reet devient est vite coupé : les vau'rienssont ilà.
do dièse - la (24/5),sur leque,lse fait l'4ppe'liinal
d) Sortie des vauriens et éviction du ieune hom,me
euan:dla victimeest en vue. (2e)
Cette fois la 'montéedie'scalierse fait d'un pas
rapi,deet léger; el,l'ene'dure que'deux'mesures(24/7 EIle se fait sur le modè{ede'ce'lle'du vieux,,avec
8), marquée par groupesde 3 cro'chesà Ia clari- les mêmes desc,e,ntesde second'e's,une sixte au-
nette"basse.Les vauriensse cachent. dessus aux t,romipett.es et avec une orchestrat'ion
renforcée.
b) Entrée du petit jeu'ne homme. La fille I'encoura- Une nouvellefois, les vauriensobligent la fille
g,e et tate ses poches. ll n'a pas d'a'rgent. à se mettre à la fenêtre.
Son timbre n'est rplusle tro'mlbone 'ridicule,mais (à suivre)
le touchant hautbois.Son entré,elpar un,equafte des-
cen,dante,su,rles dernièresvolutes'declarinette,n'est
pas sans analogie'avecce'lledu 'mê'mer hautlboissolo
sur les volutesïe flÛte en sol au chiffre 9 de I'intro-
duction du Sacre. Phrase s,ansvatleurthématique, La sonorité d'une guitare,
d'un innocent diatonisme relevé de diverses méta- c'est aussi une question de bois:,.
bo'les'au de'mi-to'n(vers les bémols 2r5l3,,puis vers ,4u Brésil, ils ont le choix
les dièse's (25/4).Harmonie simple, mais nettement
dlsso'ciére,,du chant. Mes. 25/7 s'ét'ablit u'n accord
#
qui servira,de base à la danse. Le do bécar'rey est
écrit sidièse, ce qui montreque Bartoky vo'itle même
aocord que celui'analysé'p'lus de 22/5.
haut à ,pro'pos
Peut être Ie timbre expressifrd'escordes :con'so-
n,antesa-t-il pour objet de suggérer,chez'la fille une
à Ia fin
rel'ativesentimentalité: on 'retrouvera'celle-ci
du ba:lilet.
c) Danse du ieune homme avec la fille (26)
Rythme à 5 temps mettant en valeu'rson asy-
métrie par de nomrbreuses Sfoco,pêsdu'chant,contre
la régr-ilaritédu dessin 'accompagnlant, obstiné à la
harpà sur'te'dessinde l'accordrprécéde'nt' On décèle
ici le modèle de I'aksak bulgare.
GUITARES DI GIORGIO
Après '2'm,e'suresde préparation,phrase sou;ple, lmportéesdu Brésilen exclusivitépar
au baê'sonaigu, su'r échdlle tétratoniquedéformée. SCHOTTFRERES
35, rue Jean-Moulin- 94300Vincennes
Té1.: 374.30-95
8/88
,, Le lUandarin Bartok (1)
lllerveilleux ", de Bela
par J. CHAILLEY
n -o t'
4/1,24
pointée-crochequi prépare la valse prochaine.A 44
s'établit une tierce si sol dièse,partie intégrantede
I'harmoniesous-jacente,qui se fortifie peu à peu el
iinft $a/\ par prendre la forme de I'appet de la
à base de quinte diminnuée,n'est que l'un d'entre fille, tel que nous I'avionsentendu à la fin de cha-
eux et nous semble,contrairementà ce que dit Lend- cun des jeux de séduction.C'est à partir de cette
vai, n'avoir aucun rapport avec I'accord de quarte tierce que va commencerla premièrevalse, dont le
mouvement se forme peu à peu de 44/4 à 44/6 el
qui commence vraiment à 44/7.
Valse.
C'est un morceausolidementconstruit en forme
de I'introduction,à I'orthographeet au contexte dif- de rondeau à 2 couplets et g refrains. Le refrain,
férents, dont Lendvai voudrait faire le thème de la thème de valse caractérisée, se présente dans le
fille. Tout ce passage (cet accord compris) sera du même ton (fa dièse) aux deux extrémités (mes. 44/7
reste repris au momentde la mort du mandarin(110) et 55/6), à la sixte minqure supérieure àu centre
ce qui exclut cette signification. (47/1). Les deux coupleis, plus tendus, s'éloignent
La tierce à vide (sans quinte) des cuivres a ici, parfois du rythme et surtout du caractère de la valse,
par contre, un sens évident et un dramatismepuis- rappelant que le drame se cache sous la danse.
sant, dont Messiaen se souviendradans la Turan-
galila-Symphonle.Strawinsky I'avait pressenti à plu- Refrain I (préparation 44/5, départ 44/7) - Le
sieurs reprises,et peut-êtreaussi Berlioz (voir dans départ de la valse n'esi pas sans analogieavec celui
le Requiem la disposition orchestrale de I'accord de la Belle et la Bête dans Ma mère I'Oye de Ravel,
qui précède l"lostiaset preces), mais Bartôk en tire (1908)(à la reprise),ni surtout avec les Vâlses Nobles
ici un effet extraordinaire.Plusieurstiercesse répon- et Sentimentales(1911).
dent ainsi I'une d'entre elles, si-ré, restantà décou-
vert un temps interminablequi accroît la tension à On trouve même dans la première Valse Noble
I'extrême.Le mandarin reste toujours immobile, la une curieuse similitudeharmonique: note de basse
fille ne sait ce qu'elle doit faire. espacée et isolée au grave avec un décalage d,un
demi-tonsur I'harmonieclassique,ce qui est normal
d) Sur I'injonction des vauriens cachés, la fille chez Bartôk, mais curieusementprécoce chez Ravel
surmonte sa répulsion, attire le Mandarin et le fait (même, comme c'est le cas, présenté en pédale :
asseoir (37).
Cette séquence est .coupée dans la suite d'or-
chestre. Les tierces immobilesdisent I'impassibilité
et la frigiditédu redoutablepersonnage,dont chaque
pas compté correspondà un changementde tierce.
PizzicaTivibrés traduisant la mise en marche de l'ac-
tion. Invite de la fille (39) reprenant,aux bois, le
thème initial des vauriens.Après divers épisodesde
pantomine,la fille surmontesa répugnanceet com-
mence sa danse.
Ravel Valse I
e) Danse de la fille devant le Ma'ndari,n(a3).
Long morceau,qui pourraits'intituler" introduc-
tion et valse ".
Bart6k
s/r25
I'appelet tierce mine'urede I'ef'froi'Bois et cordes se
la'rbpassent(55) et son rythme se reforme jusqu'à
donner le dépârt'authème de valse pour le troisième
et dernier refrain.
6/126
c) La f!l!e dégagée, le mandarln se lance à sa rtrl U
poursuite.
C'est le rnorceau le plus spectaculairede la 3ème (66):
{ partition,et c'est sans doute pourquoi il sert de final
i à la suite d'orchestre.Bartôk y atteintà une frénésie
I sauvaged'une force exceptionnelle qui le place,com-
\ me la bacchanalede DaphnEs ou celle de Bacchuset 4ème (66/6):
7/1,27
triolets montantset descendantsqui évoquentpeut- le chromatiquesà pédaies)et effort de montée de
être le thème des vauriens (ils ne vont pas tarder la corde traduite par les blanches des cors et des
à sortir). Noter, malgré la mesureapparemmentrégu- bois.
lière à 4 temps, les variationsrythmiquesdu thème : La lampe tombe et s'éteint,le corps du manda-
6 temps, puis 5, puis 7, etc. (à partir de 71/7, les rin commence à s'éclairer de lueurs bleu verdâtre
mesures changent,mais leur numérotationreste ar- (sic). Aux cors (que double un chæur chantantsur
bitraire). o.) tierces rappelant le thème en tierces du man-
De 72 à 73, le rythnreest presque régulier à 7 darin (101).La sonoritédu chceur" humanise" I'or-
(sauf une incise à 5), mais à 73 tout se resserreet chestre,comme l'avaientfait les cordes au début de
aboutit à un aksak 2 + 3 *3 (noté 8/4) allargando ia danse avec le jeune homme.
qui introduit la coda.
Cette coda (74) combine en strette le thème de \i![. P!TiE DE LA FI!.LE ET MORT DU MANDARIN
Ia poursuite et les tierces du Mandarin (cf 36/6) : 14ria't"*
++ilr+k, -1 \*,
celui-ci vient d'atteindrela fille. Lutte.rPourla suite a) Fitié de la fille : on dépend le ùaôdarin (102).
d'orchestre,une bifurcationconduità une terminaison
de 14 mesures laissant à I'arrière plan les tierces Les tiercesdu c.hæurs'appuientsur des acco'rds
du mandarin et continuantle mouvementeffréné de exceptionnellement consonants- c'est en effet le
premier épisode de relative bonté. A noter, entre
les mesures102/2 e|10213,un bel enchaînement par
la version ballet, que nous analyserons triton d'accord de quinte à vide dont Dukas avait
maintenantde façon plus sommaire,la continuation donné le modèle aux mesures5-6 d'Arlaneet Bar-
est plus courte, et les tierces du mandarin gardeni be-Bleue (1906) et que devaient reprendre Ravel
une valeur fondamentale.Le mouvements'enchaÎne (l'Enfant et les Sortilèges,1925,scène du jardin) et
sans arrêt sur celui de la séquencesuivante. Honegger (ldapoléon,1927, scène des ombres).
[t .l
b) !-a fille embrasse le nnandarln(104). i '' :'.'-'
VI. LËS TROIS MEURTRES I. S 5
Cn retrouve des élérnents de la valse pu, (à-"'
a) Les vanrrienssorlent, dégagent la fille' dé' quelle la fille avait séduit le mandarin.
pouillent !e mandarln (76). T "**qnq^'".s
On retrouvele thème de l'éviction,présehtécette e) Mort du rnandarln(110).
fois sous la forme du prélude (mes. 3 sqq.) mais en Son thème pianissimo.Sursautsde plus en plus
srette. Rythme aksak. faibles. Trernblernents.
ll meurt sur un dernier fris-
son (tin tonale en fa mineur).
b) FrennEerrneurtre par étouffement (78).
Figuralismedes accords pesantsaux cuivresgra-
ves, puis au trombone grave, une phrase martelée IIUIPORTANT
en noires (79) traitée par amplification(7913 : sou- Nous prions nos amis lecteurs de bien vouloir se
venir de " l(atchéi ' dans l'Oiseaude Feu). Quand conformer aux prescriptions suivantes, ceci dans le but
ies vauriens pensent que le mandarin est mort, la de nous éviter des dépensesinutiles :
phrase se calme et aboutit pp. à une double disso-
nance des deux 7" majeures. 1) Faire un effort pour renouveler son abonnement
j i ,l ,â"4,. dans le mois qui suit son échéance,indiquée sur chaque
T ' t,:,: d .' r ' i
sac-adressepar un nom de mois.
c) Fremière résurrection. Stupeur du:rquatuor(8tl).
2) Pour tout changement d'adresse (ou d'état civil),
Réappariiiontimide sur une glissadeexpressive joindre une ancienne bande. Nous ne pouvons sans ce
du violoncelle solo ; reprise et développementde rensei gnement donner sui te à l a demanàe.Joindr e 2 F,
cette glissade. Tout ce passage utilise des quarts pour confectionner le nouveau cliché.
de ton aux cordes comme éléments intermédiaires. 3) A toute correspondancedemandant réponse,join-
dre une enveloppetimbrée à 1 F.
d) Deuxième meurtre par le fer (87). 4) Il arrive parfois que des lettres nous parviennent
Délibération : on retrouve le thème en strette insuffisamment affranchies, ou pas affranchies du tout.
(87/4).'Meurtre: glissades,lourd,saccords de cuivre, En ce cas, nous ferons un. retour à I'envoyeur.
Le mandarin chancelle,va tomber, puis se redresse 5) Le service postal fonctionne avec grande fantai-
et délibèrent une troisième fois. Leur thème au cor sie : numéros n'arrivant pas à destination, par exemple.
94/5-6. Pendaison(97) : glissadesde toutes sortes, Si dans les 15 premiers jours d'un mois, vous n'avez
et se précipite vers la fille : tout ceci est fidèlement pas reçu votre numéro, adressezréclamation à votre bu-
suivi par la ligne mélodique. reau de poste destinataire et envoyez-nousune lettre cir-
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jt*''$^", constanciée;nous porterons plainte de notre côté.
e) Troisième rneu,rtrepar pendHison (94). 6) Consu'ltez nos Conditions Générales de Vente en
Les vauriens saisissentà nouveau le mandarin page 2 de couverture.
y compris celle des timbales (nécessitantde timba-
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