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Equipe Génie Civil : Géotechnique et Ouvrages - Centre des Matériaux de Grande Diffusion, Ecole des Mines d’Alès, 6,
avenue de Clavières 30319 Alès cedex téléphone : 04.66.78.50.00, télécopie : 04.66.78.53.65, courriel : marc.vinches@ema.fr
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Laboratoire de Mécanique et Génie Civil, Université Montpellier II, case courrier 48, Place Eugène Bataillon, 34000
Montpellier. téléphone: 04.67.14.46.60, télécopie : 04.67.14.39.23 ,courriel: bohatier@lmgc.univ-montp2.fr
Analyse comparée de différentes modélisations du comportement au séisme de monuments en pierres sèches. - Brahim Chetouane, Marc Vinches,
FrédéricDubois, Claude Bohatier, Philippe Devillers, Max NemozGaillard
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problème complexe du fait tout d'abord de multiples non- s’accompagnent de méthodes explicites d’intégration
linéarités (cinématique, comportement mécanique du numérique de l’équation de la dynamique.
matériau, contact), ensuite de la géométrie des - Les méthodes non smooth DEM qui consistent à utiliser
structures, enfin du chargement dû au séisme en des lois d’interaction entre grains, non nécessairement
particulier. régulières, c’est à dire faisant intervenir des sauts de
On se propose ici d'étudier la réponse d'édifices vitesse ou des lois à seuils. La méthode NSCD (Non
composés de blocs par deux approches différentes : Smooth Contact Dynamics) fait partie de ce type de
- La Méthode des Eléments Distincts de P. Cundall méthodes, voir pour les détails M. Jean (1999), J.J.
(1971) qui est programmée dans le code de calcul UDEC Moreau (1994, 2000). Les actions intergranulaires de
(Universal Distinct Element Code) développé par contact frottant sont décrites par des lois de chocs, des
ITASCA, conditions unilatérales (Signorini) et du frottement sec
- La méthode NSCD (Non Smooth Contact Dynamics) (Coulomb). Cette méthode nécessite un traitement
de J.J. Moreau et M. Jean (1992) qui est programmée implicite de l’équation de la dynamique et des relations
dans le code de calcul LMGC90, en cours de intergranulaires.
développement au LMGC, La Figure 1 résume, de façon schématique, les lois
On présentera les fondements des deux méthodes par d’interaction des deux méthodes.
éléments discrets. On insistera sur les différences de Les lois d’interaction utilisées dans la méthode NSCD
traitement des discontinuités entre les deux méthodes sont plus raides que celles utilisées dans la DEM. La loi
présentées, faisant, toutes deux, parties des méthodes de Signorini ou ce qu’on appelle encore la loi de
d’analyse des milieux granulaires. Enfin, on présentera complémentarité interdit les interpénétrations entre les
l’étude d’un mur sous chargement périodique afin de grains. On prédit les contacts éventuels et on opère une
déterminer les facteurs les plus importants qui contrôlent détection pour les couples dont l’interstice est inférieur à
la réponse d’un ouvrage soumis à une telle sollicitation. une distance d’alerte. On obtient ainsi une liste de
candidats potentiels au contact. Pour un instant t fixé, on
3. Comparaison des schémas numériques et des applique les lois de la dynamique au niveau de chaque
algorithmes des deux méthodes contact et ce à l’échelle globale. Ensuite, par le biais des
relations cinématiques, on passe aux variables locales au
On désire insister sur le fait qu’un milieu composé de niveau du point de contact. Par la suite, on opère une
grains n’est pas traité comme un milieu continu, avec les discrétisation par rapport au temps des relations de
méthodes de la mécanique des milieux continus comme contact frottant, à l’instant t. Enfin, on effectue une
la méthode des éléments finis. Chaque grain est traité condensation des lois de la dynamique sur les candidats
indépendamment, comme un corps rigide ou déformable, au contact. Ce qui nous donne un système d’équations
avec un nombre fini de degrés de liberté. Les grains sont reliant les vitesses relatives au pas t+∆t aux réactions de
susceptibles d’interagir par l’intermédiaire d’actions de contact au pas t+∆t. On parcourt ainsi toute la liste des
contact, voire d’actions à distance. Une telle approche est candidats au contact. Après avoir déterminé toutes les
basée sur le traitement des contacts à l’échelle locale et inconnues du problème Uß et Rß respectivement vitesses
des lois de la dynamique à l’échelle globale. Une fois que relatives et réactions de contact pour le candidat de
les vitesses et les réactions locales sont déterminées, on contact λ. On refait le même travail au pas de temps
passe à une échelle globale qui intègre tous les grains. A suivant.
l’échelle globale on obtient des informations sur le Cet aspect implicite de la discrétisation des équations du
comportement macroscopique de l’assemblage problème donne plus de stabilité au schéma numérique.
granulaire : contrainte moyenne, porosité, compacité, L’algorithme de résolution de ce système est un
déformation macroscopique… algorithme de Gauss-Seidel non linéaire par bloc. Il se
résume en deux étapes :
Parmi les méthodes DEM (Discret Element Method), on Etape I : pour un candidat λ considérer les valeurs
peut distinguer les méthodes suivantes : provisoires Uß et Rß connues par l’itération en cours pour
- Les méthodes smooth DEM qui consistent à utiliser des α < β et connues par l’itération précédente pour α > β
lois d’interaction entre grains, décrites par des fonctions Ensuite, on réalise une vérification du critère de
(interstices et vitesses relatives) régulières, c’est à dire Signorini - Coulomb pour la solution trouvée Uß et Rß .
continues et suffisamment différentiables. Parmi ces Etape II : actualiser et passer au candidat suivant.
méthodes, on peut citer les méthodes DEM de Cundall On parcourt la liste des candidats jusqu’à vérification du
dédiées à des collections de grains rigides (parfois critère de convergence.
déformables), disques, sphères, blocs polygonaux et L’algorithme de la DEM est explicite et la
polyédriques. Les forces d’interaction de contact et de détermination des variables à l’instant t+∆t se fait
frottement sont décrites par des systèmes de ressorts et automatiquement en connaissant les positions des grains
d’amortisseurs à réponse linéaire ou non. Ces méthodes à l’instant t. La DEM autorise des interpénétrations entre
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Si
Si g < 0 RN = -KN g
les grains à condition qu’elles soient négligeables devant point de vue des lois de contact frottant. Pour un bon
la taille de ces derniers. choix des raideurs kN et kT (de l’ordre de 1010, d’après la
La convergence de ce schéma numérique passe par bibliographie), les lois de force-déplacement tendent
l’utilisation d’artefacts qui sont de deux formes. D’une vers la loi de Signorini et la loi de Coulomb. Des valeurs
part, on considère un amortissement global sous la forme assez grandes de kN et kT rendent le contact plus raide et
d’un terme d’amortissement de Rayleigh de type – Cq les interpénétrations des grains plus difficiles mais ce qui
avec C = a M + b K , a>0 et b>0 (M est une matrice de est important à signaler c’est que pour ces grandes
masse et K est une matrice de raideur). Ce terme est valeurs on assiste à une convergence beaucoup plus
ajouté dans les lois de la dynamique en second terme. difficile. Donc, le défaut majeur de ce schéma explicite
Evidemment, de tels termes sont susceptibles de fausser c’est qu’il faut prendre des valeurs des paramètres
la dynamique s’ils sont trop importants. D’autre part, à d’amortissement, de viscosité et de rigidité entre les
l’échelle locale, on introduit des viscosités artificielles grains qui n’ont parfois aucune réalité physique et
normale et tangentielle au niveau de l’interface entre surtout il faut dans la majorité des cas, accepter des
deux grains en contact. Un mauvais choix des valeurs des interpénétrations parfois aberrantes entre les grains pour
viscosités peut fausser la réalité physique. s’assurer de la convergence du calcul.
On constate que les deux méthodes se rapprochent d’un
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4.2.UDEC
Le code de calcul UDEC (Universal Distinct Element
Code) est un code commercial qui a été développé par
ITASCA. C’est un programme, en langage de V = cos(4 π t + π/2) sol en sollicitation périodique
Onde de cisaillement pendant 1 seconde
programmation FISH, de la méthode DEM de Cundall.
Ce code de calcul traite les problèmes dynamiques 2D Figure 2 : Schéma de la structure et de la sollicitation
des milieux granulaires déformables et rigides. Il est très
adapté aux calculs sur l’hydrodynamique et la mécanique On a pris les deux cas correspondants à un coefficient de
des roches. Le post-processeur offre une liste frottement à l’interface entre le sol et le mur
d’historiques qu’on demande, au préalable, dans le corps respectivement égal à 0.2 et 0.8. Pour chacune des
du programme et qui donne des graphes, des figures interfaces sol/superstructure, on a considéré trois cas et
enregistrables sous format POSTSCRIPT ou bien encore ce en faisant varier le coefficient de frottement du mur.
des fichiers de données sous la forme de tableaux de Les trois valeurs prises par ce coefficient de frottement
valeurs. Les temps de calculs sont plus au moins longs en sont respectivement 0.4, 0.6 et 0.8. On suppose que la
présence de corps déformables. Mais avec des corps cohésion entre les différents blocs est nulle. Le sol est
rigides, UDEC offre des temps de calculs courts. Le pas supposé rigide. Avant d'appliquer la sollicitation
de temps et les constantes de Rayleigh (présentées ci- périodique, on a confiné le sol et on a fait le calcul
dessus) sont calculés de façon automatique par le jusqu'à l'obtention d'un état d’équilibre statique de la
programme. Le critère d’arrêt est imposé par l’utilisateur, structure sous poids propre.
que ce soit en durée de calcul ou en variation de l’écart On a pris pour le sol et le mur kN=2000Mpa.m-1 et kT=
des termes de l’équation de la dynamique (Cundall et 820Mpa.m-1. Ces valeurs correspondent à un matériau
Strack, 1979). extrêmement rigide. Enfin, on a considéré une
atténuation de 0.5% de l'onde au cours du temps.
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(a) (b)
Figure 5 : Comparaison des déplacements selon X des deux codes UDEC et LMGC90 pour (a) MU(mur/sol) = 0.2 et (b)
MU(mur/sol) = 0.8
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a. La réponse globale de la structure : Par contre, dans le cas d’un fort coefficient de frottement
entre le sol et la superstructure, les efforts se transmettent
b . Les déplacements selon x : mieux du sol vers le mur. Il y a donc variation des
Sur les graphes ci-dessous, on présente les déplacements déplacements selon x en fonction du coefficient de
selon x, enregistrés au centre du mur, pour chaque code frottement du mur (Figures 7 et 8).
de calcul :
En comparant les courbes de chaque figure, on constate
la relative similarité des résultats obtenus pour les
déplacements selon x. Avec l’augmentation du
frottement à l’interface entre le sol et le mur, l’allure
d’une réponse sinusoïdale devient de plus en plus
prononcée. Un pic de déplacement est atteint beaucoup
plus vite lorsque le frottement entre le sol et le mur est
important. En effet, on atteint un pic de presque 17cm au
bout de 0.28 s pour Mu(sol/mur) = 0.8. Par contre, pour
Mu(sol/mur) = 0.2 le pic le plus important est de 13 cm
et il est atteint après 0.8 seconde.
La réponse du mur en terme de déplacements est plus
importante et beaucoup plus rapide lorsqu’on augmente
le frottement à l’interface entre le sol et la superstructure.
On peut dire que plus le contact sol/superstructure est
frottant, meilleure est la transmission des sollicitations.
On constate que les déplacements calculés, selon x,
atteignent des pics qui dépassent largement les
déplacements prévus lors de l’application de l’onde de
vitesse d’amplitude 1ms-1. Il y a donc une partie de ce Figure 7 : Déplacements selon X pour MU(sol/mur) = 0.8 s
déplacement qui n’est pas due à l’effet de la vitesse (LMGC90)
appliquée au niveau du sol mais qui est certainement
reliée au phénomène de glissement au niveau des joints
entre les blocs. La première constatation à faire, à l’analyse les deux
Pour un faible coefficient de frottement à l’interface figures ci-dessus, est que les graphes donnés par
sol/superstructure, ici égal à 0.2, en faisant varier le LMGC90 sont beaucoup plus lisses que ceux de UDEC.
coefficient de frottement du mur, on n’agit quasiment pas Cela peut s’interpréter par les différences qui existent
sur les déplacements selon x. Cela reste vrai pour les dans les schémas numériques des deux méthodes.
deux codes ; on a par conséquent 3 courbes presque Quoi qu’ils aient la même allure, les déplacements selon
confondues (Figure 6). x sont différents selon le coefficient de frottement du mur
et ce pour un coefficient de frottement égal à 0.8 à
l’interface entre le sol et la superstructure. On remarque
que le bloc subit un premier pic de déplacement de plus
en plus grand lorsque le coefficient de frottement est plus
grand. Par contre, le deuxième pic atteint des valeurs
plus importantes de déplacements pour les murs avec des
coefficients de frottement les plus faibles. Ce phénomène
est important pour l’interprétation à court et à long terme
de la réponse d’un ouvrage à une sollicitation périodique.
En effet, en présence d’une dalle encastrée, par
conséquent d’un contact frottant important au niveau de
l’interface sol/superstructure, le mur le plus vulnérable à
des secousses sismiques de courte durée serait celui dont
le coefficient de frottement entre blocs est élevé. Par
contre, pour des sollicitations sismiques plus longues, il
se comporterait mieux qu’un mur dans lequel les blocs
seraient plus glissants.
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sont de l’ordre du millimètre, on constate une grande régulière. Une comparaison des deux allures est donnée
hétérogénéité des allures données respectivement par par les figures 9 et 10.
UDEC et LMGC90. La réponse donnée par UDEC a une On peut penser que la réponse transitoire des
allure transitoire avec des pics de courte durée. La déplacements selon y dans UDEC est due aux
réponse donnée par LMGC90 est beaucoup plus interpénétrations entre les blocs. En effet, l’algorithme
Figure 9 : selon Y des deux codes UDEC et LMGC90 pour Figure 10 : Déplacements selon Y des deux codes UDEC et
MU(mur/sol) = 0.2 LMGC90 pour MU(mur/sol) = 0.8
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Figure 11 : Energie dissipée par frottement des joints pour Figure 12 : Energie dissipée par frottement des joints pour
MU(sol/mur) = 0.8 selon LMGC90 et UDEC
MU(sol/mur) = 0.2 selon LMGC90 et UDEC
de détection des contacts de UDEC tolère les mouvement d’ensemble et le déplacement est quasiment
interpénétrations entre grains à conditions qu’elles soient le même pour n’importe quel coefficient de frottement
très inférieures aux dimensions des grains. L’algorithme interne de la structure.
de détection des contacts de LMGC est beaucoup plus
sophistiqué ce qui explique l’allure beaucoup plus 6. Exemples de structures réelles en sollicitation
régulière des courbes ci-dessus. Le pic enregistré pour périodique sur LMGC90
LMGC90 correspond au début de la chute des blocs en
bas sur la partie gauche du mur. Dans ce paragraphe, on a utilisé le code de calcul par
éléments discrets LMGC90 pour la modélisation de la
d. L’énergie dissipée: réponse de deux structures différentes à une sollicitation
Sur les figures 11 et 12, on peut voir que, dans tous les périodique qui se présente sous la forme d’une onde de
cas, l’énergie dissipée due au frottement au niveau des vitesse appliquée au centre de gravité du sol support
joints est croissante en fonction du temps. supposé rigide. Cette onde de vitesse est d’amplitude
Pour les deux codes, pour un coefficient de frottement à 1m.s-1 et de fréquence 2 Hertz. Avant d’appliquer cette
l’interface sol/structure faible (Mu(sol/structure)=0.2), sollicitation sismique, on a commencé par étudier la
en augmentant le coefficient de frottement du mur, on réponse de la structure sous poids propre. Une fois
garde toujours la même quantité d’énergie dissipée dans l’équilibre statique atteint, on effectue le calcul
les joints. En effet, on peut penser que pour ce cas, la plus dynamique qui prend en compte les faibles déplacements
grande partie de l’énergie est dissipée au niveau de occasionnés par les mouvements des blocs sous leurs
l’interface sol/mur. L’influence du coefficient de propres poids.
frottement des blocs est donc faible. Cependant, pour une On s’est intéressé à deux ouvrages composés par des
interface plus frottante (Mu(sol/structure)=0.8), blocs de pierres en contact sec.
l’augmentation du coefficient de frottement du mur ne Tout au long de cette étude on a considéré des blocs
fait que diminuer l’énergie dissipée par frottement des rigides de densité égale à 2400kg.m-3 et on a supposé,
joints. vues les conclusions tirées sur l’exemple du mur sur
On constate que le couple réalisant le plus de dissipation l’influence du coefficient de frottement à l’interface
d’énergie due au frottement au niveau des joints est celui sol/structure, un fort coefficient de frottement à
correspondant à Mu(sol/mur) = 0.8 et Mu(mur) = 0.4. l’interface entre le sol et la structure égal à 0.95
Pour les structures encastrées au sol, ce qui est le cas Le premier ouvrage est un modèle 2D, à l’échelle, inspiré
naturellement pour la majorité des structures, on assiste à des quatre premières arches de l’aqueduc romain
un contact frottant fort au niveau de l’interface d’Arles, au Nord du franchissement du vallon des Arcs
sol/structure. Les structures qui se dégradent le moins, (Figure13). Ce travail s’inscrit dans la suite de travaux
sous une sollicitation sismique, sont celles formées de présentés lors de précédentes journées du groupe APS,
grains qui frottent le plus entre elles. Par contre, si pour par Ph. Leveau et M. Vinches (Raffard. et al., 1998)
le cas beaucoup plus théorique où l’interface entre le sol Dans cet exemple, on a considéré deux coefficients de
et la structure est glissante, la structure subit un frottement interne de la pierre constituant l’ouvrage. Au
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Pour le dimensionnement de telles structures ou encore de la dégradation et l’orientation de la chute des blocs en
pour les travaux des archéologues qui veulent remonter le comparant aux résultats donnés par le modèle
aux causes possibles de la dégradation de certains numérique qui peuvent être utiles pour comprendre le
ouvrages en pierres, un travail préliminaire est de réunir mécanisme de ruine physiquement le plus probable.
toutes les données citées ci-dessus. Il sera ensuite La poursuite des travaux dans ce domaine visera la prise
possible de vérifier, dans le cadre de la mécanique des en compte de sols déformables, et l’intégration de
milieux granulaires, par des modèles adaptés, les limites véritable modèles 3D de façon à reproduire au mieux la
des hypothèses de ruine envisagées. L’hypothèse de réalité physique, et tenter de répondre plus précisément
tremblement de terre peut ainsi être confortée, ou bien aux interrogations de nos collègues archéologues.
infirmée, par une observation précise sur terrain de l’état
Bibliographie :
Cundall, 1971
Cundall, P. A., A computer model for simulating progressive large scale movements of blocky rock systems, Proc.
Symposium of the International Society of Rock Mechanics, Vol. 1, p.132-150, 1971.
Jean, 1999
Jean, M., The non-smooth contact dynamics method. Computer methods in applied mechanics and engineering,
177 , no 3-4 , pp. 235 – 257.
Moreau, 1994
Moreau, J. J., Some numerical methods in multibody dynamics : application to granular materials, Eur. J. Mech.
A/solids, 13 (4-suppl.), pp.93-114.
Moreau, 2000
Moreau, J. J., Contact et frottement en dynamique des systèmes de corps rigides. Revue Européenne des Eléments
Finis, 9, pp. 9-28.
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