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RAPPORT D’ETUDE
AU CŒUR DES
CONFLITS MINIERS
EN REPUBLIQUE
DE GUINEE
ETUDE DIAGNOSTIQUE
DES CONFLITS DANS
LES ZONES D’IMPACT
DES MINES
INDUSTRIELLES
1
Rapport de fin de cycle
GLOSSAIRE ............................................................................................................................................................................ 5
1. INTRODUCTION ................................................................................................................................................ 12
5. ETAT DES LIEUX DES CONFLITS DANS LES ZONES MINIERES .................................................... 21
5.1. Vue d’ensemble des conflits dans les huit zones minières ............................................................. 21
5.2. Les conflits et leurs causes .......................................................................................................................... 38
6. ETAT DES LIEUX DES REPONSES AUX CONFLITS DANS LES ZONES MINIERES ................... 47
7.1. Zones minières ou zones minées: les problèmes de l’heure et les risques de
rebondissement des conflits associés ................................................................................................................ 56 7.2.
Problématique de l’accès à l’information et du dialogue social ................................................... 60
7.3. Le rêve minier ou ce qui en reste .............................................................................................................. 61
9. CONCLUSION ...................................................................................................................................................... 70
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Rapport de fin de cycle
Tableaux
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Rapport de fin de cycle
Graphiques
Graphique 1 - Ampleur des conflits dans les huit zones ............ Erreur ! Signet non défini.
Graphique 2 - Evolution des conflits par année ............................. Erreur ! Signet non défini.
Graphique 3 - Proportion pour chaque ordre et sous ordre de conflit ................................... 34
Graphique 4 - Répartition des conflits selon leur nature par localité .. Erreur ! Signet non
défini.
Graphique 5 - Vue rapprochée sur la nature des conflits par localité ..................................... 35
Graphique 6 - Ampleur des confliits .................................................. Erreur ! Signet non défini.
Graphique 7 - Nature du conflit selon l'ampleur ........................... Erreur ! Signet non défini.
Graphique 8 - Etat du conflit ................................................................. Erreur ! Signet non défini.
Graphique 9 - Mode de règlement ...................................................... Erreur ! Signet non défini.
Graphique 10 - Niveau de satisfaction .............................................. Erreur ! Signet non défini.
Graphique 11 - Causes des conflits ..................................................... Erreur ! Signet non défini.
Graphique 12 - Synopsis des conflits en zone SAG ....................... Erreur ! Signet non défini.
Graphique 13 - Synopsis des conflits en zone SMD ...................... Erreur ! Signet non défini.
Graphique 14 - Synopsis des conflits en zone FGM ...................... Erreur ! Signet non défini.
Graphique 15 - Synopsis des conflits en zone GAC ....................... Erreur ! Signet non défini.
Graphique 16 - Synopsis des conflits en zones Friguia ............... Erreur ! Signet non défini.
Graphique 17 - Synopsis des conflits en zone WAE ..................... Erreur ! Signet non défini.
Graphique 19 - Risque de rebondissement ........................................................................................ 56
Graphique 20 - Degré de stisfaction par zone de conflits .......... Erreur ! Signet non défini.
Encadrés
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Rapport de fin de cycle
GLOSSAIRE
Conflit : Dans le cadre de la présente étude, le conflit renvoie (pas aux conflits civils que
l’on peut noter à certains endroits du monde pour l’accès aux ressources minières et
minéralières pour nourrir ces mêmes conflits mais) à la manifestation de tout désaccord
par un acte violent ou non violent, larvé ou ouvert qui marque une rupture de dialogue
suite à un acte posé volontairement ou non par une société minière, une communauté
impactée, ou par les autorités locales etc… les conflits étudiés dans le cadre de cette études
sont ceux impliquant un des groupes d’acteurs sus cités opposé à un autre ou plusieurs de
ces groupes à la fois. Cela exclu donc les relations conflictuelles qu’un individu peut
entretenir avec une société minière du fait de la non satisfaction de revendications
légitimes au cours de laquelle l’adversité n’a pas entrainé un mouvement impliquant
l’ensemble ou une partie de la communauté dont l’individu est membre en signe de
protestation ou en soutien à la cause.
Conflit larvé : Encore latent, le conflit larvé est celui qui existe sans pour autant être
manifeste à l’instant ‘‘T’’. Il peut avoir été ouvert puis entré en latence pour plusieurs
raisons : des négociations ont pu calmer les protagonistes sans les avoir convaincus. Il
peut aussi renvoyer à un grief dont le degré de sévérité est prompt à déclencher un conflit.
Par exemple, l’endigage d’un cours d’eau par une société minière sans le consentement
des communautés qui en font divers usages en amont ou en aval peut ne pas entrainer de
conflit sur le champ de la part des communautés. Cependant, cet agissement qui est un
grief, leur reste au travers de la gorge et peut à tout moment déclencher un conflit : C’est
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Rapport de fin de cycle
un conflit larvé et peut être résolu sans qu’il n’ait éclaté ou peut à tout moment éclater en
conflit ouvert avant d’être résolu.
Conflit violent : C’est toute rupture de dialogue entre les acteurs assortie d’actes de nature
à porter atteinte à l’intégrité physique des personnes ou visant la destruction de biens et
équipements. Ces actes peuvent être perpétrés autant par les communautés impactées
sur les autres groupes que par procuration par les forces de l’ordre sur les communautés
au profit de l’Etat ou des sociétés minières. A la différence d’avec les conflits larvés, les
conflits violents sont tous de nature ouverte. Cependant tout conflit ouvert n’est pas,
nécessairement violent.
Communautés impactées: ce sont les populations habitant dans les localités qui
subissent de plein fouet les effets pervers des opérations minières. L’ensemble des
localités impactées constituent la zone minière.
Zone minière : Dans la présente étude, on entendra par zone minière l’ensemble des
localités impactées par une société minière donnée. Par exemple zones Rio Tinto renvie a
l’ensemble des localités impactées par Rio Tinto et effectivement couvertes par l’étude.
i. PRINCIPAUX RESULTATS
Au total, 96 conflits ont été recensés dans les 17 localités ayant fait l’objet de l’étude et
sont plus récurrents dans les projets miniers en exploitation que dans ceux en
développement. 70% des conflits ont lieu dans les projets en production contre 30% en
phase de recherche. On enregistre une moyenne de 14 conflits par société dans le premier
cas contre 10 pour le second. Indépendamment du cycle du projet, les conflits sont de
nature violente (52%) allant de la destruction de biens et équipements miniers aux morts
d’hommes. Le niveau de déclenchement indique 86% de conflits ouverts contre 14% de
conflits larvés. Le mode de règlement présente l’amiable comme la voie de résolution la
plus usuelle avec 96% des cas de conflits traités contre seulement 4% des cas pendent
devant les juridictions compétentes. L’état de résolution des 96% des cas de conflits
indique que les solutions sont diversement appréciées par les communautés en lien avec
le degré de satisfaction qu’elles en tirent. Ainsi, 10% des solutions proposées n’ont « pas
satisfait » contre une faible proportion de 22% ayant « satisfait » tandis que la majorité
des solutions proposées, soit 53,1% sont « mitigés ». Il en découle un air de tension
ambiante avec un passif 42% de conflits
pendants.
Selon la typologie, les conflits communautés-sociétés sont les plus récurrents, soit 77%
des conflits contre de faibles proportions, soit 23% pour les conflits sociétés-employés,
communautés-autorités et intercommunautaires.
L’absence manifeste de bénéfices visibles en compensation des effets pervers ainsi que les
impacts environnementaux à proprement parler sont des causes majeures des conflits.
Ainsi la problématique de l’emploi dans toute sa plénitude génère 37% de conflits tandis
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Rapport de fin de cycle
que l’absence d’infrastructures et services sociaux de base est à l’origine de plus de 10%
des conflits enregistrés. Avec 34% des cas de conflits, les impacts environnementaux se
profilent comme la seconde cause de conflit après l’emploi. Dans un contexte social
marqué par une raréfaction des bénéfices, l’augmentation crescendo des impacts
environnementaux, résiduels ou majeures, est vécue comme une provocation et la
moindre apparition est une opportunité de remise en cause de la présence d’une mine qui
ne profite pas. A cela il faut ajouter d’autres causes mineurs telles les compensations, les
revendications salariales, le manque de communication, la mauvaise gestion des revenus
miniers au niveau local.
D’autres causes sous-jacentes mais non mois négligeables sont entre autre le nonrespect
des engagements par les sociétés minières, le mythe de l’emploi minier et des mines
laissés intactes dans l’imaginaire sociale des communautés hôtes ainsi que le manque de
communication et le déficit d’information.
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Rapport de fin de cycle
impliqués dans la gestion de 10% des cas de conflits. Le mécanisme en tant qu’institution
sociale n’est pas directement sollicité mais voit ses principaux animateurs plutôt cooptés
par les sociétés en raison de leur influence sociale pour une intervention ponctuelle aux
relents de prestation. Les femmes, si elles font partie du mécanisme se limitent au cadre
traditionnel et ne sont pas impliquées dans les actions extra mécanismes dont les conflits
liées à la présence des mines.
Présente sur les grands chantiers des agendas internationaux mais peu visible sur le
terrain des conflits à l’échelon local, l’inertie de la société civile à la pointe de la
gouvernance minière en Guinée consacre le retour des « ambassadeurs ». Regroupés au
sein d’association dites de ressortissants, ils ont audience auprès des siens qu’ils
instrumentalisent à tort ou à raison. Dans ce double jeu de trouble-fête et faiseurs de paix,
ils sont employés comme médiateurs ex qualité dans certaines crises sur un terrain laissé
vacant par la société civile à qui ce rôle échoit mieux en raison de sa ‘‘neutralité’’.
Les opérations ont indéniablement un impact sur les droits humains tout comme il y a un
lien de causalité d’avec les conflits. Si à travers l’amélioration de l’offre d’eau potable,
d’éducation et de santé, l’Etat et les sociétés minières ont contribué à promouvoir le droit
qui s’y rattache ce droit ne s’en trouve pas garantie. En tout, l’Etat a contribué à la
promotion du droit à l’eau avec 46 forages pour une couverture déficitaire relative de
349% contre 22 forages pour l’ensemble de sociétés minières pour une couverture
relative de -505%. Avec une population totale de 61976 habitants (hbts) pour les 11
localités, il aurait fallu en tout 206 forages pour atteindre le ratio de 1 forage pour 300
hbts alors que les 68 forages existants donnent le ratio de 911 hbts par forage pour une
couverture absolue négative de -203%. Ce gap s’élève à un besoin de 139 forages et
constitue une opportunité à saisir par les parties prenantes, Etat comme sociétés
minières, afin de renforcer cette résilience communautaire qui rend du même coup le
droit à l’eau aux populations affectées par les projets miniers dont l’Etat est aussi
actionnaire.
Quant à l’éducation et à la santé, les droits y afférant sous le seul critère d’accessibilité
géographique deviennent caduques quand cette accessibilité ne garantit pas
nécessairement l’accessibilité physique. Une localité disposant d’une école peut toujours
en avoir besoin compte tenu de sa population scolarisable.
Si les deux principaux acteurs des mines contribuent à promouvoir les droits liés à la
jouissance des services sociaux de base, cela n’est pas nécessairement le cas pour le droit
à la vie et à la sécurité. En effet, l’Etat qui a l’obligation de respecter les droits humains a
enfreint à plusieurs reprises à la jouissance du droit à la vie et à la sécurité. En une
décennie (2004-2015), le bilan macabre de 18 morts survenus dans la répression des
conflits fait plonger les indicateurs de respect des droits humains au niveau
communautaire dans le cadre des opérations minières. Ces violations successives du droit
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Rapport de fin de cycle
à la vie et à la sécurité par l’Etat ont bénéficié aux sociétés minières contrairement aux
prescriptions du Pact global.
2. Mettre en place les infrastructures et les services sociaux de base dans le respect des
normes dans les zones minières
3. Finaliser urgemment les textes pendant du code minier avec un grand potentiel de
réduction des conflits : le texte portant modèle de convention de développement
communautaire afin de fixer les bases légales de la cohabitation ainsi que le texte
portant compensation des propriétaires terriens.
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Rapport de fin de cycle
largement possibles l’information afin de contenir les attentes souvent irréalistes des
populations au sujet des emplois locaux. Faire un bilan en fin d’année pour rendre
compte de la mise en œuvre du plan aux communautés impactées.
4. Renforcer les mesures de promotion des droits humains dans les opérations minières
en adhérant aux initiatives y relatives
3. Faire un suivi local pour assurer une gestion responsable des retombées financières
tirées de la mine
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Rapport de fin de cycle
3. Initier des projets en mode Partenariat Public Privé pour réduire la pauvreté et le
chômage dans les zones minières
2. Initier des pôles de croissance autour de l’électricité produite et distribuée par les
sociétés minières afin de faciliter le décollage et l’autonomie économique des zones
minières. Ce décollage pourrait se préparer progressivement par la création d’un fond
autonome dans les zones minières et qui sera alimenté par les frais d’électricité payés
par les ménages puis remis à la consommation sous forme de prêts rotatifs. Cette
opération aurait le double avantage de générer des emplois indépendants de la mine,
une économie locale indépendante de la mine et, à terme, la production et la
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Rapport de fin de cycle
1. INTRODUCTION
Ainsi, dans un article consacré à la qualité des relations entre les mines et les
communautés riveraines, le site www.burkinapmepmi.com dans un article paru en ligne
en est arrivé à se demander dubitativement si : «Les miniers sont (-ils) de mauvais voisins?»
2 Présent en Guinée et dans bien d’autres autres pays, le géant brésilien Vale, premier
producteur de fer dans le monde, affirme selon la même source avoir consacré au volet
responsabilité sociétal de ses opérations en cinq ans, 6 milliards de dollars (4,4 milliards
d’euros) pour un chiffre d’affaires de 46,5 milliards de dollars et un bénéfice net de 5,5
milliards en 2012. La même année, en Guinée, les relations de sa filiale ValeBSGR (VBG)
avec les communautés de Zogota autour des questions d’emploi se dégradaient à un point
de non-retour entrainant une révolte des communautés durement réprimée par la police
et la Gendarmerie avec un lourd bilan humain de huit (8) morts. Tandis que les dégâts
matériels se chiffraient à plusieurs millions de dollars, soit la quasi-totalité des
infrastructures et de la logistique sur le site. Ce qui, entre-temps a conduit à l’arrêt total
des activités de l’opérateur.
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Rapport de fin de cycle
A Zogota
En juillet 2012, les relations entre Vale-BSGR et les communautés riveraines se sont
dégradées dangereusement avec pour conséquences, des pertes en vies humaines chez
les communautés et d’importants dégâts matériels de l’ordre de plusieurs millions de
dollars et l’arrêt des opérations pour Vale-BSGR.
A Siguirini
Depuis de nombreuses années, communautés et société manifestent réciproquement
leurs mécontentements chacune vis-à-vis des relations que l’autre entretient envers elles.
Les frictions liées à de nombreux faits dont le non-paiement de trois (3) années d’arriérés
de taxes superficiaires, les brouilles sur le non-paiement des 10% de la vente de ferrailles
et composites revendique a tort ou à raison par la commune rurale de Siguirini comme
étant sa quote-part, les inondations de champs à Léro suite à l’endigage de la rivière Karta
par les opérations de la SMD. Si certains de ces conflits se résolvent à l’amiable, le
licenciement des travailleurs ressortissants de la communauté de Baraka fait l’objet d’un
4 The Funds For Global Human Rights a financé la première phase de l’étude et le PNUD, la seconde phase
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Rapport de fin de cycle
A Carrefour (Léro)
L’extrême proximité des communautés avec le lac de de résidus de l’usine (issus du
procédé d’extraction par cyanuration) finit par désespérer les populations qui donnent de
plus en plus de la voix pour être déplacées; tant les risques de débordement sont élevés
surtout en saison hivernale.
Certes la Guinée n’a pas atteint le stade chaotique dans cette spirale de violence
communément appelé ‘‘malédiction des ressources naturelles’’, mais la fréquence de ces
conflits appelle le questionnement suivant :
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Rapport de fin de cycle
- Identifier les sources et la typologie des conflits dans les zones minières et évaluer le
niveau d’implication des acteurs dans leur résolution ;
- Décrypter les conflits à la lumière des droits humains tels que garantis par les
différents instruments juridiques encadrant l’activité minière au niveau national et
international et donc s’appliquant en Guinée et aux sociétés minières qui y opèrent ;
- Evaluer le niveau d’engagement des acteurs vis-à-vis du respect des droits humains ;
Identifier et caractériser les mécanismes de prévention et/ou de gestion de conflits en
place tant au niveau de l’Etat qu’à celui des sociétés minières afin d’en analyser la
complémentarité et l’efficacité.
• Les parties prenantes ont une meilleure connaissance des actions de riposte
nationale aux conflits, des mécanismes de gestion des plaintes, de prévention et/ou
de gestion de conflits en place ainsi que leur niveau de complémentarité et de
collaboration.
• De mieux cerner le niveau d’engagement des acteurs vis-à-vis du respect des droits
humains au sens de décrypter les conflits à la lumière des droits humains tels que
garantis par les différents instruments juridiques encadrant l’activité minière en
Guinée.
A la différence d’une simple cartographie des conflits tous genres dans les zones minières,
la carte interactive dont l’étude est assortie constitue une solution pour le suivi
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Rapport de fin de cycle
systématique des griefs et des conflits latents du fait de la présence des sociétés minières
dans les zones ciblées. Il s’est agi de développer un système d’alerte précoce en ligne qui
permettra de prendre en charge de manière systématique et anticipative les risques de
conflits dès l’apparition des prémices. En plus de renseigner sur les faits conflictuels
actuels et d’anticiper sur les conflits futurs, la carte offre également un catalogue des
conflits ayant émaillé les relations entre les différents acteurs directement impliqués dans
l’activité minière au niveau communautaire.
Le CECIDE dans son ambition de couvrir tous les sites miniers de Guinée a adopté une
dynamique modulaire qui consiste à se déployer progressivement en fonction des
opportunités, des moyens techniques et financiers. Ainsi, l’étude a d’abord couvert trois
zones minières que sont les zones de la Société Ashanti Gold (SAG), les zones de la Société
Minière de Dinguiraye (SMD) et les Zones de Forécariah Guinea Mining (FGM). Dans la
deuxième phase ce sont cinq (5) autres zones qui ont été couvertes en l’occurrence les
zones du projet Guinea Alumina Corporation (GAC), celles de la Compagnie des Bauxites
de Guinée (CBG), Fria Guinea Alumina (FRIGUIA), West Africa Exploration (WAE) et les
zones du projet Simandou Sud de Rio Tinto. Ces deux phases ont couvert en tout huit (8)
sociétés minières soit dix-sept (17) localités affectées par les opérations minières.
L’échantillon a donc pris en compte huit (8) projets miniers et dix-sept (17) localités ainsi
qu’il suit :
- Trois (3) projet en production ce sont : la CGB ; la SAG et la SMD
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Rapport de fin de cycle
Bien qu’étant fermé, FRIGUIA a été retenu du fait qu’il constitue un cas d’école de conflit
ayant précipité la fermeture impréparée d’un projet qui fut l’espoir de toute une
communauté aujourd’hui en proie au désarrois et à tous les maux de l’après mine.
La répartition spatiale des huit projets miniers dans les zones naturelles de la Guinée est
la suivante:
- Basse Côte : CBG, GAC, FGM, FRIGUIA
- Haute Guinée : SAG, SMD
- Guinée Forestière : Rio Tinto, WAE
Pour les huit zones minières, en tout dix-sept (17) localités ont été couvertes.
L’étude s’est déroulée en deux phases distinctes. La première phase s’est déroulée en fin
2014 et a couvert trois (3) sites tandis que la deuxième phase en a couvert cinq (5) et a
été réalisée en 2015. Chacune des deux phases s’est déroulée selon le même schéma et a
intégré les étapes suivantes: L’étape préparatoire, l’étape de la collecte des données et
l’étape du traitement, d’analyse des données et de production des extrants.
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Rapport de fin de cycle
- Organisation de la collecte des données avec les communautés et les OCB Afin
de s’assurer de l’exhaustivité et de la fiabilité des informations collectées avec les
sociétés minières, les acteurs communautaires dans leur ensemble ont été
également impliqués dans l’étude. Ainsi, un focus group é été organisé avec
chacune des composantes sociales que sont les femmes, les jeunes, les sages, les
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Rapport de fin de cycle
OCB dans chaque localité ciblée. Afin d’offrir un espace participatif, l’outil de
collecte a été reproduit sur un papier Kraft d’un mètre sur trois, scotché sur un
support mural où les participants ont été sollicités à :
- Identifier en vrac et dater tous les conflits vécus du fait de la présence de la mine;
- Prioriser les conflits par ordre de fréquence/récurrence;
- Procéder au remplissage participatif des variables supplémentaires exigées par le
questionnaire (Nature du conflit, causes, acteurs en conflits, niveau de règlement,
niveau de satisfaction, risque de rebondissement etc.).
De plus, l’on s’est assuré du respect des conditions de base de la tenue d’un focus group
(l’âge des participants, le nombre, le genre etc.), de la distribution équitable de la parole
entre les participants d’un même groupe et de la gestion des interventions pour gagner
en temps et en efficacité.
Parce que le système d’alerte précoce devait s’inspirer des résultats de l’étude, la
méthodologie s’est étendue à la carte interactive qui en est le principal outil ainsi qu’il
suit.
Dans un second temps, à l’aide d’une base de données à laquelle la carte sera intimement
liée, cette dernière devra s’auto actualiser à partir des renseignements sur les conflits et
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Rapport de fin de cycle
Le présent rapport s’articulant autour de quatre grandes parties : La première fait l’état
des lieux des conflits de conflits tandis que la deuxième partie dresse les réponses
existantes. Dans la troisième partie, les communautés explorent leurs problèmes à cœur
ouvert en mettant à nu les problèmes de l’heure et les risques de rebondissement de
conflits. Pour finir, la quatrième partie donne un aperçu de l’impact des opérations sur les
droits humains au niveau communautaire : comment ces droits sont pris en compte à
travers les impacts positifs et comment les impacts négatifs fragilisent ces acquis.
5. ETAT DES LIEUX DES CONFLITS DANS LES ZONES MINIERES
En rappel, l’étude a couvert dix-sept (17) localités relevant de huit (8) projets miniers à
différentes phases de leur évolution. Ce sont trois en phase de développement GAC, Rio
Tinto, WAE et trois autres en production SAG, SMD et CBG tandis que les deux dernières
restent fermées. Il s’est agi de FRIGUIA et FGM, L’exposé qui suit sur l’état des lieux offre
une vue d’ensemble sur les conflits à travers leurs différentes caractéristiques, leurs
causes ainsi qu’un synopsis des conflits dans les zones minières.
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Rapport de fin de cycle
5.1. Vue d’ensemble des conflits dans les huit zones minières
Graphique 1 - Fréquence des conflits
Au total 96 conflits ont pu être
recensés, soit une moyenne de 12
conflits par sociétés minières. En
termes de nombre total de conflits par
société, la SMD a enregistré le plus de
conflits avec au total 25 conflits suivi
de Rio Tinto et de Friguia avec
respectivement 19 et 13 conflits.
Quant à la CBG et à Forécariah Guinea
Mining, elles enregistrent chacune 12
et 10 conflits. La fréquence des
conflits dans les zones minières est
illustrée dans le graphique 1 ci-contre.
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Rapport de fin de cycle
dans leurs revendications d’emploi, il faut relever qu’ils attendent toujours selon les conseils des
médiateurs et que les ‘‘emplois arrachés’’ lors des revendications ont été perdus au motif qu’il n’y a
plus ‘‘rien à faire pour eux à la mine tandis qu’on continue d’embaucher d’autres’’. La fréquence des
conflits dans les zones GAC tels qu’illustrée dans le graphique risque fort d’augmenter si la jeunesse
n’est pas davantage accompagnée à s’intéresser à des sources de revenus autres que l’emploi minier.
Si certains conflits peuvent être durablement résolus, ceux liés à l’emploi ont le désavantage d’être
récurrents, versatiles, voire insaisissables, du fait de la nature toujours insuffisante de l’emploi minier
non qualifié par rapport à la demande des communautés.
5.1.1.1.2. Synopsis des conflits en zones West Africa Exploration (WAE) Graphique
3 - Synopsis des conflits en zone WAE
Le permis minier de West Africa
Exploration (WAE) est à cheval entre
Bourata et Kéoulenta. La société vient
d’obtenir son permis d’exploitation
suite à l’enquête publique
réalisée récemment en en septembre
2014. Comme dans la plupart des
nouvelles zones minières, cette
présence suscite déjà beaucoup d’espoir
mais aussi provoque des frictions
liés à
l’emploi tandis que l’opérateur attend toujours de relancer ses activités en berne pour
cause d’Ebola. De 2012 à 2015, la présence récente de la société a généré en tout trois (3)
conflits polarisés par l’emploi. En 2015, un conflit intercommunautaire fait un mort à
Doromou où deux groupes d’habitants se sont mortellement affrontés suite au de
détournement de femme d’autrui par un employé natif du village et engagé par une société
sous-traitante de gardiennage.
La pratique de détournement des femmes loin d’être un fait insolite du seul site de WAE
est un fait largement répandu dans les zones minières mais son caractère délicat en fait
plus ou moins un tabou. Par ailleurs Bourata, Kéoulenta, tout comme la plupart des
villages impactés, se revendiquent chacun comme étant l’hôte de WAE et de ce fait
devraient à eux seuls bénéficier des externalités positives du projet en termes de
réalisations. Cette perception fait le lit de nombreux conflits intercommunautaires tant
autour de l’emploi local que du choix des sites pour la réalisation des infrastructures
minières et annexes. Avec trois (3) conflits récences, la zone WAE concentre sur elle, 3%
des conflits.
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Rapport de fin de cycle
Dissout par le Secrétaire Général des Collectivités mais réhabilité par le Préfet avant d’être
dissout à nouveau par le Gouverneur, le Conseil municipal est emporté définitivement par
la fronde sociale. En guise de solution de sortie de crise, les acteurs conviennent de choisir
de deux leaders communautaires par chaque village aux fins de mettre sur pied une
délégation spéciale pour expédier les affaires administratives jusqu’à nouvel ordre. Dans
l’attente de l’installation officielle de la délégation spéciale, les tergiversations de
l’administration ont retardé le dénouement de la longue crise dont le dernier épisode
vient de faire trois morts suite à l’intervention des forces de l’ordre.
23
Rapport de fin de cycle
Les opérations de la SAG impactent à la fois plusieurs communautés, parmi elles, Kintinian. Les
conflits majeurs ayant été répertoriés par la SAG dans cette zone d’impact se sont produits entre 2008
et 2014 selon la chronologie suivante:
- 2008 : Débrayages par les populations de Siguiri relatifs au projet d’électrification de
SiguiriBouré
- 2010 : Soulèvement des populations de Bouré. Motif : recrutement d’agents de sécurité bilingues
- 2014 : Soulèvement des habitants du village de Balato. Motif : Compression des travailleurs de la
Société sous-traitante AMCO
En sus des trois conflits majeurs essuyés par la mine, il faut ajouter les nombreux soulèvements des
populations de Kintinian nés du processus de mise en œuvre des mesures d’atténuation de l’extension
des opérations de la SAG au site de Séguélen.
- 2010 :‘‘Conflit Tamba’’ ou de contestation de Mr. Tamba alors Directeur des Ressources
Humaines de la SAG pour ses pratiques de recrutement désavouées par les populations
- 2013 : Mouvement à Koflandé pour raisons de recrutement
- 2013 : Manifestations à Kintinian pour cause de recrutement
- 2013 : Manifestations pour réclamation d’école de 9 classes
- 2014 : Soulèvement des femmes de Kintinian pour l’AEPS
- 2014 : Soulèvement des populations pour la réalisation de 15 km d’ouvrage de drainage
Notons que tous les conflits ont été ouverts ou violents. Certains ont entrainé l’arrêt des opérations
et même le sabotage des conduits de drainage d’eaux usées. Par ailleurs, les conflits liés aux impacts
résiduels tels que la pollution du réseau hydrographique et les émissions de poussières liées aux
mouvements des engins lourds sont assez récurrents. A date, le problème d’adduction d’eau potable
simplifiée, l’électrification, la gestion des 0,4%, le recrutement des entrepreneurs locaux, le bitumage
Bouré-Siguiri ainsi que les recrutements restent non encore résolus et polarisent les tensions entre
mine et communautés avec un grand risque de soulèvement.
5.1.1.2.2. Synopsis des conflits en zones SMD
Trois zones d’impact ont été retenues pour la SMD. De Siguirini à Léro en passant par
Carrefour, les zones SMD enregistrent la plus forte récurrence des conflits sur l’ensemble
des huit projets miniers. De 2006 à 2014, les conflits majeurs identifiés dans chacune des
localités sont présentés comme il suit dans l’encadré :
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Rapport de fin de cycle
peut citer :
a. 2006 : Révolte de la population
b. 2010 : Débrayage de travailleurs
c. 2010 : ARDEBA-Coopérative Baraka
d. 2013 : Révolte des jeunes de Léro
e. 2013 : Révolte des sinistrés de Léro
f. 2014 : Mouvement des travailleurs compressés
g. 2014 : Révolte de la population de Siguirini
h. Chaque année : Emission de poussière dans les villages
i. Chaque année : Perte de bétail dans le parc à résidus
j. Depuis 2012 : Obstruction du cours de la rivière Karta
k. Chaque année : Affectation de champs par l’activité
minière
Si la SMD juge résolu l’ensemble de ces conflits majeurs, d’entre eux ont peiné à trouver une solution.
Ce sont les conflits liés à ARDEBA-Coopérative Baraka qui date de 2010 et la révolte de la population
de Siguirini en 2014 partie de l’ouverture de firifirini, une extension des opérations de la SMD a un
gisement satellite. En effet, les populations avaient pour exigence l’emploi de 150 personnes de
Siguirini. Cela a été en partie résolu à travers la création de 15 emplois directs par la SMD même si
toutes les demandes de la population n’ont pu être satisfaites.
Dans la résolution de ces conflits, l’administration locale et les leaders communautaires ont été mis
à contribution. Cependant, la révolte de 2006 et la question des taxes superficiaires ainsi que le
débrayage des travailleurs ont connu un dénouement judiciaire.
La SMD estime que les communautés sont satisfaites des solutions proposées dont l’impact serait
positif. Mais elle reconnait tout de même que le risque de rebondissement reste encore élevé pour
certains conflits supposés résolus. A Siguirini comme à Léro, la SMD évalue à 50% le risque de révolte
générale. A cela s’ajoute la question névralgique d’émission de poussière dont la propension au
conflit reste la plus élevée et donc évaluée à plus de 60%.
A ces conflits énumérés par la SMD, il faut également inclure ceux significatifs aux yeux des
communautés.
Source : SMD-Communautés
En plus des conflits mines-employés, Fria a connu de nombreux conflits avec les
communautés et Kondékhouré a le plus souffert des impacts des opérations. Située à
quelques 15 km de Fria, Kondékhouré est le plus proche des champs d’abattage de
minerai. Ce qui lui vaudra d’être régulièrement sous les impacts les plus sévères. De la
mémoire des communautés, cinq conflits majeurs ont émaillé leurs relations avec la mine
de 1975 à 1994. Après 1994, ils vont se résigner à subir les impacts par manque de
solution concrète jusqu’en 2003 où, un accord interviendra avec la mine suite à une
négociation ratée au sujet d’une éventuelle réinstallation. Si cet accord a concerné
d’autres villages impactés, celui de Kondékhouré avec une population de 2521 habitants
a bénéficié de la modique somme de 15.000.000 GNF. Sans être évoqué explicitement, ce
paiement qui s’apparente bien curieusement à une indemnité de poussière revient à une
26
Rapport de fin de cycle
compensation de 5950 GNF par tête d’habitant. Elle est répartie entre les chefs de ménage,
excluant ainsi les femmes et les jeunes.
En l’espace de trois (3) ans d’exploitation, FGM a réussi à impacter négativement et porter durement
atteinte au tissu social. Les principaux conflits (liste non exhaustive) identifiés par les communautés
comme ayant porté atteinte aux relations avec FGM sont les suivants :
Dianéyah
- 2012 : Protestation contre les compensations des champs impactés
- 2012 : Perturbation des travaux champêtres par la coulée de boue en provenance des sites de
dynamitage jusque dans les champs
- 2012 : Insurrection contre le non recrutement des jeunes
Yomboyéli
- 2010 : Protestation contre le non emploi des jeunes
- 2012 : Protestation violente contre la turpitude de l’eau de la rivière5 provoquée par les nombreux
dynamitages et à la coulée de boue
- Protestation contre la valeur et l’extrême monétisation des compensations proposées qui
excluaient la restitution des terres
5 Les populations de Yomboyéli n’ont toujours pas accès à l’eau potable. Elles s’approvisionnent en eau de boissons dans
les rivières les plus proches du village qui, sous l’effet de l’abatage du minerai et de la coulée de boue depuis les sites
n’était plus consommable du fait de la turpitude de l’eau provoquée par les opérations.
27
Rapport de fin de cycle
L’accumulation des conflits et leur fréquence font de Forécariah une autre zone minière névralgique
de la Guinée.
Source : Communautés-Enquêtes terrain 2014
En attendant de voir la société FGM renaître de ses cendres ou qu’elle soit reprise par
d’autres investisseurs, SARI et Rio Tinto qui ont d’importants projets en cours dans la zone
de Forécariah encore sous le trauma de FGM doivent nécessairement tenir compte du
lourd passif social et écologique ainsi que de leurs répercussions dans leur stratégie
d’implantation.
Il ressort que les conflits sont plus récurrents dans les projets en phase de production
qu’en phase de recherche. En effet, 5 des 8 sociétés minières ont atteint la phase de
production avant que 2 d’entre elles ne ferment. Elles enregistrent une forte proportion
de 70 % des conflits survenus avec une moyenne de 14 conflits par société contre 30%
des conflits pour les sociétés en phase de recherches qui se distribuent une moyenne de
10 conflits. L’augmentation des conflits au fil du cycle du projet et surtout en phase de
production tient son origine de l’ignorance des communautés locales en matière de mine.
Le manque d’accompagnement dans la compréhension et l’appropriation des enjeux dès
le début du projet fonde le lit et entretient l’illusion des externalités positives en
perspectives. C’est à l’apparition des premiers impacts sévères de nature à bouleverser
l’équilibre sociale que les conflits qui étaient sporadiques en phase de recherche vont
augmenter sous l’effet des revendications ou des protestations diverses. Si l’on peut
mettre cette réaction tardive au compte de la faible implication des communautés à la
prise de décisions depuis la conception du projet, il n’est pas non plus certain que cela
aurait été évité tant l’espoir des bénéfices éclipse l’impérieuse nécessité pour les
communautés de discuter et d’influencer le projet à leur profit et dès le début.
Contrairement à la Guinée, les conflits apparaissent plutôt et sont plus récurrents en début
de projet en Amérique du sud.6 En effet, mieux formées et outillées par les organisations
de la société civiles, les communautés dès les premières études s’attellent à comprendre
et à influencer les options de réalisation du projet. Les conflits surviennent donc plutôt à
ce stade de conception et sont plutôt le fait de désaccords majeurs sur les options et leurs
impacts sur les communautés qu’au stade de production où toutes les parties prenantes
agissent en fonction des engagements pris dès la conception.
Parce que l’étude a pris en compte plus de localités chez certaines sociétés que d’autres, il
s’est avéré nécessaire de procéder à une analyse à l’unité. Ainsi à nombre de localités
égales, autrement dit par localités, la SMD et la SAG enregistrent le plus grand nombre de
conflits avec une longue avance de 13 conflits par localité contre 9 pour la SAG (pour la
28
Rapport de fin de cycle
seule localité de Kintinian). Friguia avec une moyenne de 7 conflits par localité devance
quant à lui la CBG ainsi que Rio Tinto, ces deux dernières ayant généré en moyenne 6
conflits par localité impactée.
GAC a enregistré le moins de conflits par localité soit 2 contre 3 pour FGM et WAE comme
présenté dans le tableau suivant qui fait la répartition des conflits dans les localités faisant
l’objet de l’étude.
29
Rapport de fin de cycle
30
Rapport de fin de cycle
La première période allant de 1959 à 1996 se distingue par une évolution insidieuse des
conflits caractérisés par leur faible nombre sur l’ensemble des deux mines existantes
d’alors que sont celle de la CBG et de FRIGUIA. En effet, avec un conflit par an, le premier
pic ne s’est manifesté que dans les années 1973 avec deux conflits pour rechuter ensuite
à 1 à partir des années 1980.
Dès 1996, une nouvelle ère commence. Celle d’une évolution certes erratique des conflits
mais avec une tendance régulière à la hausse jusqu’à atteindre le paroxysme en 2012 avec
16 conflits pour la seule année.
L’après 2012 sera caractérisée par une diminution progressive du nombre de conflits qui
va passer de 16 à 12 l’an avec en 2013, une résurgence éphémère à 13. Depuis 2014 on
constate une baisse caractérisée par une réduction continue. Les facteurs explicatifs de
ces évolutions sont de divers ordres. Pour la première période de 1959 à 1994, le faible
niveau de conflits est à mettre au compte de trois facteurs essentiels que sont :
- Le faible nombre de mines ouvertes soit au total 2, Fria et la CBG étant les seules mines
en exploitation à l’époque ;
- L’environnement politique marqué par la Révolution avec ses exigences 7 d’une part
ainsi que son prolongement dans la gestion des affaires du pays jusqu’en 1994 ;
- L’absence des communautés dans la gestion des mines qui ouvraient pratiquement
sans étude d’impact environnementale ni aucune forme d’implication véritable des
communautés. Ce qui faisait des mines une affaire d’Etat.
7 Les populations de Kondékhouré avec l’appui des autorités d’alors ont adressé plus d’une cinquantaine de lettres
manuscrites au Commandant de Cercle afin que ce dernier remonte l’information aux premiers responsables de la
Révolution quant aux risques environnementaux qu’ils couraient. La structure de la lettre finit d’éclairer le lecteur sur
les exigences de la Révolution. En effet, quelle que soit la gravité du motif de la plainte, la lettre laisse entrevoir qu’il
n’est pas permis à un révolutionnaire convaincu de se révolter. C’est pourquoi, en guise de formule de politesse après
l’exposé des motifs, les lettres se terminaient par « Prêt Pour La Révolution ». En un mot se plaindre oui mais se révolter,
non.
31
Rapport de fin de cycle
Fer 56 55 98 51 91
Or 195 192 98 128 66
Uranium 6 6 100 2 33
Bauxite 55 50 91 41 75
Diamant 53 50 94 33 62
Métaux de base 27 27 100 19 70
Total 392 380 97 274 70
Source : Cadastre minier, Décembre 2014
La troisième et dernière période qui court de 2012 à 2015 présente une tendance à la
baisse des conflits en raison des facteurs suivants :
- La fermeture de FRIGUIA à partir de 2012 et donc une zone conflictuelle en moins ;
- La réduction significative des opérations sur les sites miniers actifs suite à Ebola ;
- La mise en berne de nombreux projets en phase de développement pour cause d’Ebola.
la fermeture en 2012, sept conflits du genre ont été enregistrés. La SAG, la SMD ainsi que
la CBG ont connu aussi des actions syndicales mais de moindre ampleur.
33
Rapport de fin de cycle
Les autres sous-ordres de conflits sont à interpréter de cette façon et la succession des
acteurs dans la nomenclature des conflits indique leur implication effective. L’ensemble
des sous ordres représentent environ 5% des conflits.
34
Rapport de fin de cycle
35
Rapport de fin de cycle
Siguirini a connu des conflits très violents par le passé ayant entrainé des arrestations et
des détentions mais avec le temps, les communautés ont changé de mode de
revendication. Par exemple, suite à une série de griefs, les autorités locales ont entamé
des négociations avec la SMD tant sur le terrain qu’à Conakry sous la médiation du
Ministère des Mines. Certaines des revendications ont été réglés à l’amiable tandis que le
Récemment, ces acquis semblent s’être dégradés selon la SMD qui dit enregistrer « plus
de conflits et des plus violents à Siguirini. » Dans le graphique suivant chaque localité est
comparée à elle-même et la proportion des conflits violents par opposi tion à ceux non
Le graphique ressort deux extrémités : les zones à conflits totalement violents comme
Beyla, Léro et Nionsomoridou et les zones à conflits totalement non violents tels Filo
Bowal, Kondékhouré et à Moussayah. Si pour Moussayah et Filo Bowal la faible
récurrence des conflits pourrait expliquer cette situation, Kondékhouré s’illustre par
une longue tradition de communication avec les autorités. En effet, depuis les premières
cas spécifique de licenciement des travailleurs de la communauté de Baraka fait
actuellement l’objet d’un procès en bonne et due forme. Cette évolution marque un tant
soit peu un début de changement dans le mode de revendication des communautés qui
affirment de plus en plus leur leadership en usant des voies légales pour la résolution des
différends avec la SMD.
violents est illustrée comme il suit.
36
Rapport de fin de cycle
• Les conflits pendants sont ceux en cours de résolution où l’espoir est encore permis.
42,9% des conflits enregistrés sont de cet ordre.
• Les conflits non réglés constituent le passif noir entre les communautés et les sociétés
minières et sont le fait de revendications lointaines abandonnées par les parties en
désespoir de cause, faute de solution, ou des revendications non solutionnées mais
tombées en désuétude compte tenu du temps écoulé. Les dégâts environnementaux
causés par FRIGUIA dans le village de Kondékhouré (champs, terres et rivières y compris)
depuis l’ouverture de la mine ne seront jamais compensés pas plus que les déplacés de
Kamsar village par la CBG dans les premières heures de l’industrie minière en Guinée. Ce
passif noir qui est vécu comme une plaie à vie par les populations est de l’ordre de 4,5%
des conflits.
37
Rapport de fin de cycle
Le règlement judiciaire est le fait de cas extrêmes. On pourrait citer entre autres
l’emprisonnement des meneurs d’un soulèvement de Yomboyéli à Kindia en zones FGM,
le procès ARDEBA contre la SMD dans le cadre du licenciement des employés de Baraka
ainsi que le cas pendant de meurtre suite à un détournement de femme à Doromou en
zones WAE,
L’analyse du niveau de satisfaction des usagers des deux mécanismes a permis de cerner
leur appréciation des verdicts rendus dans le cadre de la gestion de l’ensemble des conflits
recensés. Comme l’illustre le graphique xx ci-contre, il y a quatre niveaux distincts de
satisfaction à savoir : « mitigé », « non défini » « pas satisfait » et « satisfait » A la lecture
du graphique on remarquera que la majorité des conflits dans leur règlement a abouti à
des solutions « mitigés » contre seulement 22,4% ayant trouvé une solution pleinement
appréciée qui « satisfait ». N’ayant pas obtenu gain de cause à travers les solutions
proposées, l’on ne s’estime « pas satisfait » du traitement de 10% des conflits, tout en
restant dubitatif sur 14,3% aux issues incertaines du fait qu’ils soient toujours pendants.
Une analyse des différents niveaux de satisfaction ainsi que de leur proportion laisse
entrevoir une certaine surenchère ainsi qu’une propension des populations à toujours
vouloir obtenir plus des sociétés minières jusqu’au-delà de l’équité. Ainsi de nouveaux
comportements apparaissent dans les zones diversement impactées. Tandis que les
sociétés minières sont décriées et dénigrées dans les communautés directement
impactées pour le manque d’égard à leur endroit, les communautés indirectement
impactées ou avoisinantes prient pour la découverte d’un gisement sur leur terroir afin
de bénéficier des retombées ne serait-ce qu’à la façon de leur voisins. Dans certains cas,
l’extension des opérations vers d’autres communautés n’est pas perçue d’un bon œil par
la communauté hôte qui y voit une fuite des avantages directs vers d’autres bénéficiaires.
38
Rapport de fin de cycle
A l’image de la plupart des sociétés minières dans leurs relations avec les communautés,
GAC est dorlotée à Tchankouncholi en sa présence pour être désavouée une fois absente
et à peu de frais en présence d’acteurs extérieurs tandis qu’au même moment la même
société (GAC) est acclamée dans les communautés abritant les nouveaux sites de
recherche. Sous le même registre, la prospection du site de Gbié par WAE pour abriter
potentiellement certaines infrastructures minières annexes en l’occurrence la base vie est
déjà perçue comme un affront par Bourata. Si dans l’absolu l’on ne peut totalement
blanchir les sociétés minières dans leurs démarches envers les communautés, ces
dernières entretiennent la posture de pleurer le ventre plein face à tout acteur extérieur.
Espérant ainsi bénéficier de sa sympathie pour faire davantage pression sur les sociétés
dans l’espoir d’engranger plus. Toujours plus. Cette culture du chantage perceptible chez
de nombreuses communautés est à mettre au compte de l’absence d’intervenants
crédibles pour une intermédiation sociale impartiale mine-communauté au bénéfice de
tous.
Le graphique suivant, illustre bien plus en détail les causes des conflits.
39
Rapport de fin de cycle
« Au début, on avait nos terres et nos pâturages et on était paisible. Ils sont venus nous
promettre l’emploi contre nos terres pour l’extraction de l’or. Maintenant, nous n’avons plus
nos terres et nous n’avons pas bénéficié des emplois promis, nos enfants non plus. Regardez
un peu autour de vous, toutes les anciennes plaines et autres terres fertiles sont devenues des
creux gigantesques. Les seules espaces disponibles sont les flancs des collines jonchés de
pierres. Dites-nous quelle culture peut réussir ici. On veut bien retourner dans nos champs
mais, il n’en existe plus. » Le chef du village de Léro dans un cri de désespoir. Il y a tout de
même lieu de souligner que l’orpaillage est devenu de loin la principale activité des
communautés de Léro, Carrefour, Siguirini. Cette activité s’est intensifiée avec l’arrivée
des machines détectrices d’or et devient ainsi la principale source de revenue surclassant
l’agriculture qui était jadis, l’activité traditionnelle. « La SMD dans les années antérieures
accompagnait les groupements villageois dans la réalisation de projets agricoles à petite et
moyenne échelles. Peu à peu les meurs ont mués et un désamour des travaux champêtres
s’est installé chez les jadis braves paysans. Du village au champ, la SMD a mis un bus à leur
disposition afin de les convoyer régulièrement et réduire la pénibilité du déplacement. La
dernière campagne de cette mésaventure a vu l’abandon de plus d’un hectare de riz non
récolté. Si au paravent, Siguirini était le grenier de toute la préfecture de Siguiri, aujourd’hui
on achète du riz importé en boutique. Les terres fertiles ont été décapées et les bas-fonds
ravagés sous l’effet de l’orpaillage. » Sources département communautaire, SMD.
A travers ce chef, on comprend qu’une nouvelle génération de paysans est née de l’effet
des mines : les ‘‘paysans déflatés’’. On les retrouve dans les anciennes mines qui ont ouvert
sur fond de vide juridique et où les réinstallations involontaires sont entrées tardivement
dans les pratiques des opérateurs miniers ainsi qu’exceptionnellement dans la zone de
Forécariah ou FGM n’a pas terminé son plan d’action de réinstallation avant de faire
banqueroute.
40
Rapport de fin de cycle
exige que le titulaire sache lire et écrire afin de pouvoir tenir un registre. Vu le nombre
important d’expatriés, certaines sociétés exigent l’anglais en sus. Dans un contexte de sous
scolarisation, ces profils sont perçus comme trop exigeants par les communautés. A
Kintinian (SAG) comme à Tchankouncholi (GAC), des recrutements de vigiles ont souvent
tourné au conflit sur ces bases perçues comme une forme d’exclusion déguisée. En dehors
de la phase de développement où l’implantation des superstructures et d’autres travaux à
haute intensité de mains d’œuvre génèrent des milliers d’emplois non-qualifiés qui
constituent des opportunités pour les communautés, la suite des opérations minières
offre peu d’emplois du genre et le passage de la phase de développement à la phase de
production active constitue souvent une période de délestage de personnel qui marque la
fin du rêve de l’emploi minier pour la plupart des employés non-qualifiés. Cet élagage se
vit mal par les communautés comme une entorse au bon voisinage et encore plus, comme
une dénégation des promesses tacites d’emploi faites par la société lors des phases
antérieures.
La suite des opérations minières exige un personnel qualifié et voit l’arrivée d’employés
guinéens mais ‘‘venus d’ailleurs’’ aux yeux d’une communauté qui comprend mal la
compression des siens. Pour elle, ces employés parachutés occupent les postes libérés par
les leurs déflatés. Le risque est encore plus élevé quand le nom de ces nouveaux employés
a une consonance avec les origines des principaux responsables de la mine. « Ils nous ont
débarqués pour envoyer leur frères à notre place. » Dans ces revendications aux relents
communautaristes, les exigences vont parfois jusqu’à prendre en compte des postes
techniques au-delà des compétences disponibles dans la communauté. Dans certains cas,
le poste de chargé des relations communautaires ou même de ressources humaines est
réclamé. Estimant que c’est à ce niveau que tout se joue et que les titulaires de ces postes
sont contre les intérêts de la communauté flouée au profit de personnes venants d’ailleurs.
Cette posture pose la problématique de l’interprétation de l’emploi local qui, dans
l’entendement des communautés, doit échoir à elles seules. Elles estiment donc qu’une
fois ces postes stratégiques en leur possession, il leur sera plus facile d’embaucher les
leurs à souhait. Ce malentendu traduit le ressentiment et le manque de confiance entre les
communautés et les sociétés minières. Les relations communautaires qui devraient servir
de ciment au développement intégré et durable des zones minières sont encore loin de ce
rôle tant elles sont empreintes de doutes et de défiance réciproques.
Encadré 5 - Kintinian
A Kintinian, les communautés ont « pris en otage » la proclamation des résultats d’un récent
recrutement pour le poste d’adjoint aux affaires communautaires lancé par la SAG. A la publication
de l’avis de recrutement, un natif a aussitôt été proposé par les jeunes qui exigent qu’il soit plébiscité
par les résultats qui viendront à sortir des délibérations de la société. Dans leur posture, c’est le seul
résultat acceptable quelles que soient les compétences des autres postulants Guinéens qualifiés.
Toute issue contraire étant susceptible de mettre le feu aux poudres.
Source : Enquête terrain
l’opportunité. Le différend nait généralement dans la répartition de ces emplois entre les
différentes communautés impactées qui ne s’entendent pas sur la clé de répartition des
emplois. C’est souvent une cause de conflits intra-communautaires.
S’il est vrai que l’investisseur doit mitiger les impacts négatifs et bonifier les impacts
positifs nés de ses opérations, les défis du développement n’en sont pas moins nombreux
et les besoins réels, dans un contexte où l’Etat devrait jouer un rôle de premier plan. Dans
ce face à face mines-communautés, l’Etat se taille le beau rôle : celui de médiateur ou à la
limite de pompier et non d’accompagnateur d’un développement minier qui intègre
pleinement les réalisations sociales à coût partagé aussi bien par l’investisseur que l’Etat
lui-même, ne fut-ce que dans le cadre de programmes de développement intégré dont la
mise en œuvre engagerait les deux acteurs au profit du troisième que sont les
communautés.
L’Etat étant d’office détenteur de 15%8 des parts gratuites dans les sociétés minières à la
faveur du nouveau Code Minier, a un statut d’actionnaire, doublé de son rôle régalien de
protecteur des personnes et des biens. Ce renforcement du rôle d’agent économique de
l’Etat qui fait de lui un opérateur minier indirect devrait également faire de lui un
partenaire privilégié avec une présence accrue dans la réalisation des infrastructures de
base et l’accompagnement du développement communautaire dans l’optique de la
mitigation des impacts négatifs des opérations minières sur les communautés. Cette
approche qui aurait eu l’avantage de réduire sensiblement les conflits liés aux
8L’Etat ne détient aucune part dans certaines sociétés minières (SMD) tandis qu’il détient moins de 15%
sous des conventions passées avant la réforme qui a porté sa participation à 15% des parts gratuites. La
CBG reste la seule exception avec une participation étatique de 49% acquis sous la Première République.
42
Rapport de fin de cycle
infrastructures sociales de base dans les zones impactées reste à explorer aux fins
indiquées. Les textes d’application du volet communautaire du nouveau Code minier
pourraient y remédier s’ils sont mis en œuvre dans la lettre et dans l’esprit de la loi. En
attendant, la situation sur le terrain reste préoccupante et les infrastructures font toujours
l’objet de crispation entre mines et communautés.
A Fria : L’usine d’alumine a fourni gratuitement l’eau et l’électricité pendant des décennies
aux populations et sans aucune forme de prévoyance qui puisse favoriser une quelconque
autonomie de production et de distribution dans le futur. Depuis la fermeture, la ville de
Fria sent plus que jamais cette dépendance dans la mesure où, malgré l’arrêt des
opérations, RUSAL maintient toujours le service minimum pour éviter que la ville ne
sombre totalement.
A Bourata : Le forage réalisé par WAE pour améliorer l’accès à l’eau potable est tombé en
panne et ne peut être remis en service par un village de plus de 1500 habitants qui peinent
à mobiliser quelques 1500.000 GNF pour le dépannage. En attendant l’intervention
salvatrice du donateur, d’aucuns préfèrent retourner à la rivière. C’est dire que les
infrastructures sociales tout comme celles économiques telles la desserte d’eau courante
et l’électricité doivent être repensées et leur réalisation recadrée en dehors de toute
gratuité. On pourrait envisager un service payant dont les revenus générés peuvent
constituer un fond autonome de développement dans la zone minière concernée. En un
mot, la mine produit et distribue, les populations paient leurs consommations respectives
à un prix subventionné et les revenus générés sont placés dans un fonds séquestre
pendant une durée bien déterminée après laquelle la manne financière engrangée sera
transformée en fonds autonome de développement tandis que la production et la desserte
d’eau ou d’électricité elle, est rétrocédée à un conseil de gestion placé sous la tutelle de
l’entreprise. Car si l’assistanat gratuit a le mérite d’acheter le silence et la collaboration
des communautés, il a cependant le désavantage de créer le sentiment d’un bien être qui
ne tient qu’à un fil parce que illusoire. Dans tous les cas, une étude de faisabilité
approfondie s’impose et les mutations suggérées constituent une urgence pour l’Etat et
les sociétés minières afin de faire de la desserte d’eau et de l’électricité le moteur du
développement et de l’autonomie des zones minières.
Le Poste de Santé a été réalisé par la SMD pour son personnel externe. Mais en l’absence
d’infrastructure sanitaire communautaire, le seul Poste de Santé est fréquenté autant par les
43
Rapport de fin de cycle
travailleurs de la SMD que par les habitants de Léro et Carrefour. Cela crée un engorgement au
point de ne pouvoir répondre à la demande sanitaire des populations. Le taux d’accessibilité
journalière étant de 0,14%. L’effet d’attraction et de surpopulation qui est un phénomène inhérent
aux projets miniers n’a pas été suffisamment pris en compte dans la planification du
développement local. D’où en cas d’urgence, les malades sont obligés de se référer à Dinguiraye
ou à Siguiri respectivement distants de 115 et 155 km.
Source : Enquête terrain
Le cycle budgétaire représente une contrainte majeure pour les sociétés minières tant
dans la conduite des opérations que pour les investissements et les réalisations convenus
avec les communautés. Cependant, la plupart des conventions ou des engagements sont
pris avant que l’échéancier ne soit précisé. Il n’existe pas pour le moment un modèle
standard à l’échelle nationale. Il est donc pratiquement impossible de savoir quand ces
réalisations se feront. Ce qui crée un déphasage entre le niveau de réalisation (attentes
des communautés) et le calendrier de ces réalisations eu égard au cycle budgétaire. « Ils
promettent mais, on ne voit rien venir » entend-on dire. C’est pourquoi lorsque la patience
vient à manquer aux communautés, les mouvements de protestations éclatent.
Par ailleurs, le ‘‘turn over’’ ou la rotation du personnel à l’interne comme à la tête des
opérations sur le terrain peut raidir les relations avec les communautés. En fonction des
circonstances, la nouvelle équipe a tendance à recadrer l’héritage qu’elle tient de l’équipe
sortante, héritage généralement fait de consensus avec les communautés sur des
réalisations à leur profit. Cette rotation inévitable dans le fonctionnement des entreprises
minières a souvent le désavantage de changer la compréhension des engagements entre
l’administration et le top management. Et les changements brusques qui consistent à
remettre en cause les acquis ou à stopper des activités en cours peuvent durement
éprouver la cohabitation. C’est le cas de la SMD qui, selon les communautés, a «
complètement changé de visage » depuis le départ de Crew Gold au profit de Nordgold.
44
Rapport de fin de cycle
La première a l’avantage d’atteindre les communautés sans difficultés et avec les résultats
escomptés et les acteurs ont l’occasion de se parler d’égal à égal. La réaction, qu’elle soit
consensuelle ou non est perceptible dans l’immédiat et les parties en tirent les
conséquences. C’est d’ailleurs l’option réclamée par les communautés qui n’ont plus
aucune confiance aux pouvoirs locaux tout comme à l’administration locale accusés à tort
ou à raison d’être tantôt les complices des miniers ou des égoïstes qui retiennent ou
déforment l’information en leur faveur. Si cette approche reste simple et pratique sur le
terrain, elle enlève de facto certaines prérogatives aux collectivités locales dans l’esprit de
la décentralisation ou les pouvoirs locaux sont des destinataires de l’information tout
comme les autres composantes de la communauté et non comme des collaborateurs qui
doivent interagir avec les administrés.
Administration et
collectivités locales
La conjugaison de ces facteurs tout comme un seul d’entre eux suffit à déclencher un
conflit entre mines et communautés. Par ailleurs, il en existe bien d’autres qu’il convient
de relever ; notamment le rôle d’interférence joué par l’administration locale dans la
gestion des fonds de compensation, le manque de mécanisme permanent de prévention
et de gestion de conflits établis.
45
Rapport de fin de cycle
dans l’imaginaire social de ces communautés. Celles qui font le plus rêver sont les mines
d’or, avec tout le mythe que l’or incarne.
Dans l’imaginaire social des communautés l’or est symbole de suffisance, de richesse,
d’opulence ou encore de royauté. Il leur est donc difficile de comprendre que l’opérateur
qui extrait cette substance qui donne droit à tous les attributs incarnant la richesse à
divers degrés soit incapable de subvenir à leurs besoins et de contribuer à lever
durablement les défis de développement communautaire auxquels elles sont confrontées.
C’est sur ces perceptions sociales erronées laissées intactes que les mines se construisent.
Ce qui renchérit dangereusement l’attitude des communautés qui perçoivent les mines
comme une vache laitière. Plutôt que de percevoir les mines comme une opportunité, un
moteur de développement en mesure de dynamiser les autres secteurs satellites, les
communautés se laissent souvent aller dans une attitude d’éternelle assistance, sur fond
de revendications intempestives, confondant le rôle régalien de l’Etat chroniquement
absent sur le terrain à celui des sociétés minières.
Cette vision factice des mines restée intacte, qui n’est pris en compte dans le
développement des projets par aucune action de déconstruction et de reconstruction
d’idées reçues est probablement le plus gros risque non perceptible par les sociétés
minières qui n’en font donc pas une priorité.
Peu à peu donc, les communautés vont se replier au village, abandonnant ainsi les travaux
champêtres et autres sources alternatives de revenus; avec tous les yeux rivés à l’horizon
en attente d’un hypothétique emploi minier promis lors des communications sur le projet
et ce, même sans aucune formation ni qualification spécifiques. Dans cette quête
improbable, le raccourci passe par les conflits à répétition et les surenchères de la part
d’une communauté désœuvrée sous le double trauma des expropriations et de la
désillusion brutale sur les mines.
C’est pourquoi travailler dans une mine est perçu comme un prestige et une distinction
sociale tandis que les autres opportunités de fourniture de biens de consommation
productibles sur place ne le sont pas. L’emploi minier est synonyme d’un renouveau social
46
Rapport de fin de cycle
tandis que l’emploi agricole est vécu comme une continuation des rudes labeurs que
constitue le travail de la terre.
Si la récurrence des conflits est réelle, il convient de voir comment les principaux acteurs
s’impliquent et s’appliquent dans leur prévention et leur gestion. Les conflits ouverts
n’étant qu’une explosion sociale qui naît généralement de la somme des frustrations
engendrées par des griefs ou conflits latent non résolus ou mal résolus.
6. ETAT DES LIEUX DES REPONSES AUX CONFLITS DANS LES ZONES MINIERES
Les acteurs étatiques et les sociétés minières sont les plus concernés par la prévention et
la gestion des conflits mais de plus en plus, les partenaires au développement, à travers
des projets et programmes, s’y intéressent également. L’exercice a donc consisté à
identifier les initiatives en cours tandis que celles achevées seront analysées à travers
leurs acquis ainsi que les insuffisances constatées chez chacun des acteurs.
47
Rapport de fin de cycle
une fois par mois ou par semestre pour écouter les communautés sur les enjeux conflictuels avec les
sociétés minières. Ils sont tenus de faire des rapports sur les constats du terrain. Mais ils écrivent
directement au Ministre et nous, on n’est informé qu’en dernier ressort. »
Créés par l’Arrêté conjoint N°A/2012/6862/MMG/MATD/CAB, du 26 juin 2012, les Comités ont été
mis en place par les autorités, suite à la prolifération des conflits dans les zones minières du pays. En
tant que structure de proximité, ils constituent un espace d’échanges et d’informations entre les
acteurs de l’activité minière au niveau local.
A ce jour, une quarantaine de CCLM sont mis en place dans les zones minières du pays. Cependant, ils
sont pour la plupart inopérants du fait de manque de financement et de moyens logistiques pour leur
fonctionnement.
Les CCLM sont certes créés mais il n’existe pas d’acte administratif rattachant la gestion
des conflits ni au Département des Relations Publiques du Ministère des Mines, ni à une
instance des deux Ministères ayant signé l’arrêté conjoint portant sa création. D’où ils
restent sans véritable tutelle administrative et naviguent à vue sur le terrain des conflits.
48
Rapport de fin de cycle
De tous les CCLM, seul celui de Banora a pu mener quelques activités et produit un
rapport. Cet exploit qui est à mettre au compte de son Président qui s’est investi en
finançant certaines activités de lui-même dénote du même coup de la morbidité des
autres. Un récent financement octroyé par le PNUD permettra certainement de les
dynamiser davantage tant dans le fonctionnement que dans l’action. Cependant, un
diagnostic organisationnel et institutionnel s’impose afin de mieux renforcer leur action
sur le terrain conflictuel des mines.
6.1.1.2. L’action du Ministère de l’Environnement des Eaux et Forêts
6.1.1.3. Les missions ad’ hoc hybride (Etat+autres): Quand rien ne vas plus Face
à la faible capacité des structures en place à prévenir et à régler durablement les
nombreux conflits, l’Etat entreprend une gestion par procuration. En cas de conflits dans
les zones minières, cette procuration consiste à constituer rapidement une mission ad’
hoc comprenant des agents de l’administration centrale, locale et toutes autres personnes
ayant des liens sociaux importants avec la communauté concernée. Liens qu’il pourra
ensuite utiliser pour influencer et calmer les insurgés sans proposer des solutions viables
aux revendications à la base des conflits. Des hautes personnalités de l’Etat sont souvent
employées à cette tâche, non pas pour leurs attributions administratives mais plutôt pour
leurs liens avec les communautés concernées. Parce que le rôle est loin d’être de leur
ressort technique et administratif, le seul objectif immédiat est « d’éteindre le feu » et non
de véritablement résoudre le problème à travers des solutions viables. En vue donc
d’éteindre l’incendie, l’Etat se cache derrière le communautarisme.
49
Rapport de fin de cycle
avec les communautés pendant tout le cycle du projet pour couvrir les questions qui
pourraient toucher ces dites communautés…. » p2.
Dans la pratique ces mécanismes sont mis en place à des étapes bien précises du projet
afin de prendre rapidement en charge les griefs pouvant naître de la gestion des questions
majeures telles les déplacements involontaires et les compensations ainsi que d’autres
opérations à fort impact sur les communautés. Généralement, le mécanisme baisse
d’efficacité à la fin du processus pour lequel il a été mis en place. Si dans certaines sociétés
il peut survivre aux besoins pour lesquels il a été mis en place, il reste cependant interne
au projet et donc peu ou pas accessible aux communautés.
Si ce mécanisme existe dans tous les projets, le format, l’accessibilité et l’efficacité par
rapport aux besoins et aux enjeux de collaboration avec les communautés peuvent en
constituer le frein.
Parce que tous les conflits n’évoluent pas tous insidieusement du stade de grief aux
conflits ouverts, les sociétés minières sont souvent prises de court par la spontanéité de
certaines manifestations violentes nées d’un profond ressentiment et de frustration qui
ne font pas forcément l’objet de plaintes. Le mécanisme de gestion des plaintes s’en trouve
donc limité voire dépassé sous la formule courante qui consiste à attendre que les
personnes affectées viennent loger leur plaintes pour suite à donner. De ce point de vue
on peut dire que la gestion des conflits n’est pas intégrée de manière systématique et
permanente dans la gouvernance de l’entreprise mais plutôt mise en mode de gestion de
risques.
En vue de se rapprocher davantage des communautés, les sociétés minières ont renforcé
leur présence sur le terrain avec l’entrée en scène des agents et relais communautaires
issus des mêmes communautés affectées. Ils font la liaison pour d’une part relayer
l’information auprès des communautés mais également pour relever les griefs et les
risques de conflits qu’ils remontent au management. Cette approche plus pratique est le
fait des sociétés telles GAC, CBG, WAE et Rio Tinto. Cependant, les problèmes recensés par
les agents communautaires, une fois remontés, ne trouvent pas forcement de solutions au
niveau du management tandis que ces fora et ces démarches de proximité sont perçus par
les communautés comme un cadre de discussion et de résolution des préoccupations
discutées. En effet, une fois les préoccupations soulevées et discutées, le processus
décisionnel interne à la société n’est pas perçu comme pouvant altérer leurs attentes une
fois parvenues au Management. C’est pourquoi, il est rétorqué régulièrement aux sociétés
minières de ne pas respecter leur promesses.
En cas de difficultés majeures, les sociétés minières recourent aux autorités locales et dans
une moindre mesure aux notabilités et aux imams lorsque les recours disponibles
s’avèrent impuissants. Cette action peut aller jusqu’à impliquer l’administration centrale
si la gravité de la crise le requiert.
50
Rapport de fin de cycle
ils sont toutefois dirigés par des personnes incarnant l’autorité morale ou religieuse. Ainsi
selon la sphère sociale nous aurons :
- Les conseils des sages au niveau village
- Les conseils de district au niveau district
Pour les besoins des sociétés minières, les animateurs des mécanismes traditionnels ont
été impliqués dans la gestion de 10% des cas de conflits. Le mécanisme en tant
qu’institution n’est pas directement sollicité mais ses principaux animateurs sont plutôt
cooptés en raison de leur influence sociale pour une intervention ponctuelle qui
s’apparente à une prestation qui n’est aucunement suivie d’action de prévention. Parce
que l’action des femmes, si elle existe, se limite au cadre traditionnel du mécanisme, elles
en sont considérablement limitées et ne sont pas impliquées dans les actions extra
mécanismes. Or les conflits miniers ne sont pas traités dans le cadre traditionnel. Ce qui
en exclut les femmes.
6.1.4. L’inertie des OSC et les Associations des ressortissants : du jeu trouble à
la nécessité d’un nouveau rôle (A développer davantage)
Sur l’ensemble des 8 zones minières, les données révèlent une absence assourdissante des
OSC membres de la grande famille de la gouvernance minière dans la gestion des conflits.
Ainsi, de 1959 à 2015 aucun cas de résolution de conflit n’a été attribué à l’action d’une
quelconque OSC. Dans leur isolement, les communautés font appel à leurs ressortissants
souvent regroupés en association à Conakry. Parfois peu informées et peu formées sur les
questions minières dont-elles ne maitrisent pas nécessairement les enjeux, leurs
interventions consistent essentiellement à calmer la colère des leurs et non à proposer
des solutions viables dans un cadre de médiation éclairée.
Cette irruption des associations des ressortissants dans la gestion de 8% des cas de
conflits dans les zones minières s’insère dans la brèche laissée par les acteurs clé de la
gouvernance minière que constituent la société civile avertis des questions minières dont
l’apport aurait eu l’avantage de renforcer la résilience aux conflits dans les zones minières.
Alors que les ONG intervenant dans les zones minières sont systématiquement membres
des CCLM dans l’esprit et la lettre de l’Arrêté conjoint, certaines en ignorent toujours
l’existence tandis que les gros calibres sont beaucoup plus portés sur les agenda
internationaux qui font l’essentiel de leur action et de leur visibilité tout en restant peu
impliquées dans certains enjeux locaux dont la prévention et la gestion des conflits.
9 L’Initiative pour l’Etat de Droit de l’Association du Barreau Américain est une ONG internationale intervenant en
Guinée depuis près d’une décennie. Elle dispose d’une représentation en Guinée depuis 2013 et intervient dans divers
domaines tels la justice transitionnelle, la promotion des droits des communautés dans les zones minières et les
violences basées sur le genre. Ce Guide qui est le premier du genre en Guinée vise à outiller les OSC et les communautés
51
Rapport de fin de cycle
équilibrer l’agenda de la société civile guinéenne avec un contenu plus local qui renforcera
davantage leur présence au niveau communautaire.
6.1.5. L’administration et les autorités locales
L’administration et les autorités locales tiennent un rôle central dans la gestion des
conflits dans les zones minières. Ainsi, elles sont intervenues directement dans le
règlement de 45% des conflits en leur rang et qualité respectifs. Cette proportion doit être
revue à la hausse si l’on prend en compte certains cadres formels ou informels de gestion
de conflits auxquels ils participent également selon les zones minières. Lorsque le
Gouverneur est sollicité, il implique les autorités administratives et locales compétentes
dans sa démarche tandis que lorsque c’est l’inverse, l’autorité administrative ou locale
l’informe a priori comme a posteriori. Là encore, l’action de gestion ne s’inscrit pas dans
un cadre institutionnel existant mais plutôt dans une démarche tirant sa légitimité dans
le rôle régalien de l’Etat et donc de la puissance publique dont ils sont l’incarnation et les
mandataires.
Il ressort de l’état des lieux des conflits que les intervenants tels qu’identifiés sont tous, à
un niveau ou à un autre, acteurs de structures ou de cadres existants en lien avec les
conflits. Si la morbidité de ces structures n’est plus à démontrer, il convient de souligner
cependant l’émiettement des efforts dans des interventions isolées et non structurées de
la part des acteurs individuels, chacun y allant selon ses prérogatives et ses attributions.
Au cas où ces agissements seraient antérieurs à la mise en place des cadres existants, ils
n’en favorisent pas l’émergence au point de pouvoir jouer pleinement leur rôle. Dans le
cas contraire, leur création aura plutôt développé une approche clientéliste dans la prise
en charge des conflits. Dans tous les cas, la prévention en tant qu’effort constant de
minimisation des risques de conflits disparait nécessairement de l’agenda des
intervenants ponctuels dans leur prestation puisque leur rôle reste limité dans l’espace et
dans le temps. Parce que leurs interventions ne visent pas nécessairement à trouver une
solution immédiate mais plutôt à juste calmer les insurgés, le vide et l’amertume qui
caractérisent la suite de leur action ont fini de convaincre les populations que les
médiateurs « ont eu leur part ».
à mieux exercer leurs droits sans violence, en offrant des voies de recours pour les nombreux cas de manquement qui,
en temps normal, pourraient provoquer des soulèvements communautaires.
52
Rapport de fin de cycle
sont davantage torpillés par les initiatives esseulées des parties prenantes de ces mêmes
cadres qui se meurent faute de capacités techniques, opérationnelles et financières.
De ce qui précède, les CCLM, les CPS-PGES, les Missions ad’ hoc et les mécanismes de
gestion des conflits internes aux sociétés minières sont les instruments en place dont il
convient de voir la complémentarité et la collaboration pour une meilleure prévention et
une gestion durable des conflits.
Le tableau relève un faible niveau de collaboration entre les sociétés minières et les
différents intervenants. A la question de savoir si les opérateurs ont connaissance de
l’existence des acteurs institutionnels indiqués dans le tableau, il ressort ce qui suit :
• Par rapport aux CCLM : 75% des sociétés minières ont connaissance de leur
existence contre 25% qui n’en ont pas connaissance. Cette connaissance tient à la
participation des sociétés à la mise en place des CCLM et non à leur efficacité ni à
leur niveau de collaboration avec les opérateurs qui à l’inverse sont quasi nuls.
• Par rapport aux Comités Préfectoraux de Développement (CPD): leur récente mise
en place leur a valu d’être assez connus par les sociétés minières à 75% avec un
53
Rapport de fin de cycle
bon niveau de collaboration de 70%. Par contre leur efficacité reste moyenne selon
75% des sociétés minières contre 25% qui ne les estiment pas du tout efficaces.
• Par rapport aux CPS-PGES
Si la moitié des sociétés minières ont connaissance des CPS-PGES, toutes les
estiment cependant inefficaces pour avoir tous cessé de fonctionner. D’où il n’y
pratiquement plus de collaboration entre eux.
Le renforcement du rôle de l’Etat dans la prévention et la gestion des conflits à travers ses
démembrements passe nécessairement par une dynamisation de ces derniers afin de les
rendre plus efficaces dans le champ qui leur incombe. Si le mécanisme interne de gestion
de griefs au niveau des sociétés peut être considéré dans une certaine mesure comme une
action de prévention de conflits, il reste handicapé par son caractère éphémère et
l’absence d’une culture de veille sur les conflits intégrée à la structure et à la gouvernance
des entreprises minières. En définitive la réponse aux conflits se caractérise par une
absence de mécanisme type de prévention et de gestion des conflits dans un secteur à
hauts risques de conflits.
• Mettre en place un cadre formel d’exercice de la responsabilité sociétale des entreprises pour
permettre aux industries minières d’investir dans le développement humain.
• Donner la possibilité aux entreprises minières de participer au développement local des zones
d’exploitation à travers le financement des services sociaux de base, notamment l’accès à l’eau, la
santé, l’éducation, la protection des personnes vulnérables et la lutte contre le VIH/SIDA.
• Promouvoir des opportunités d’emplois décents pour les jeunes et les femmes dans les zones
minières à travers le développement d’alternatives à l’activité minière de même que la création
d’emplois adaptés au profit des populations riveraines, et ce conformément aux principes édictés par
la RSE dans les zones minières.
Source : www.chambredesminesgn.com
54
Rapport de fin de cycle
A la GIZ
En juillet 2014, la GIZ a réalisé une étude sur les conflits dans les mines dans le but d’initier
un programme dans la zone de Forécariah. Le projet qui sera pluriannuel visera entre
autres à réduire considérablement les conflits dans la zone d’intervention. Les succès
pourront ainsi être dupliqués pour réduire sensiblement les conflits dans les zones
minières.
- CECIDE
La présente initiative du CECIDE s’inscrit dans le cadre du projet d’intermédiation sociale
initié en 2014 en partenariat avec le Fond Global. Le projet a visé à informer, former et
sensibiliser les acteurs des zones minières sur la gestion des conflits et les enjeux du
développement local. Ce partenariat a contribué au renforcement de la résilience
communautaire dans les zones minières.
La plupart des actions en riposte ou de prévention des conflits sont récentes directement
mise en œuvre par les initiateurs. Quoiqu’elles soient à saluer, elles auront besoin de
synergie pour produire plus d’impact.
55
Rapport de fin de cycle
7.1. Zones minières ou zones minées: les problèmes de l’heure et les risques de
rebondissement des conflits associés
Graphique 15 - Risque de rebondissement
En rappel, le niveau de satisfaction indiquait qu’une
large proportion de 53,1% des conflits ont connu un
dénouement « mitigé » tandis que 10,2 % n’étaient «
pas satisfaits » contre 23% de dénouements
satisfaisants. Ceci corrobore plus ou moins
clairement le risque de rebondissement des conflits
qui se nourrissent toujours des mauvais règlements.
En effet, selon les données d’enquête, 53% des conflits ont un risque de rebondissement
de 100%. Ce sont essentiellement les conflits liés à l’emploi et aux problèmes
environnementaux. Mêmes réglés, la plupart de ces conflits resurgissent toujours. Par
exemple, les emplois créés pour satisfaire des revendications n’arrêteront pas les
revendications futures dès que ces emplois sont menacés ou lorsque les jeunes sont
rattrapés par le chômage. Par ailleurs si 36% des conflits sont maîtrisés avec un risque de
rebondissement quasi nul, il n’en demeure pas moins que la tension reste palpable dans
les zones minières. Le niveau de satisfaction global des conflits selon les zones illustre
mieux cette situation.
Sur les huit zones minières, trois restent explosives dans l’ensemble, du fait qu’elles
connaissent des conflits à répétition auxquels les solutions apportées sont parfois
mitigées. D’où une accumulation de ressentiments envers les mines. Par ailleurs, de
nombreux conflits sont pendants et restent pour le moment sans solutions concrètes. Les
plus significatifs aux yeux des communautés ont été répertoriés ainsi qu’il suit par zone.
Graphique 17 - Niveau de règlement des conflits par zone
Le projet d’électrification de Kintinian préfinancé par la SAG est une véritable source de
crispation. Arrêté depuis, le préfinancement accordé par la SAG a laissé croire qu’il revient
à la mine de terminer les opérations. Cet état de fait exacerbe les tensions avec la mine. A
cela s’ajoute l’adduction d’eau potable simplifiée de Kintinian. L’extension des opérations
de la mine à Séguélen a ravivé les tensions avec la communauté. La plupart des
revendications en cours sont liées aux engagements pris par la SAG dans ce contexte de
56
Rapport de fin de cycle
De plus, la déviation et l’endigage des cours d’eau par la SMD constituent un problème réel
pour les communautés qui, en amont comme en aval, pratiquaient des activités agricoles
le long de ces cours d’eau. Ce sont Karta, et Tambimako qui sont menacées de disparition.
A cela s’ajoute le lac de résidus de cyanure qui constitue une menace pour les populations,
ainsi que les animaux domestiques. Ces résidus sont suivis et font objet de prélèvement
et analyse quotidiens pour assurer que les rejets satisfont les normes en la matière.
Cependant le risque de déversement en saison hivernale reste réel et contraint les
populations à exiger sans satisfaction une réinstallation depuis des années.
7.1.3. Zones FGM
En plus de l’énorme passif laissé par la défunte FGM qu’il faut solder impérativement
avant toute relance des opérations par un éventuel repreneur, les conflits laissés en l’état
ou de sérieux griefs, sources potentiels de conflits, sont tangibles. Ce sont essentiellement
:
- La reprise et l’achèvement des déplacements involontaires abandonnés par FGM -
L’emploi des jeunes
- Le profilage des pistes de desserte des localités impactées dont Moussayah
- La prise en compte des besoins en infrastructures sociales de base
Dans le cadre du déplacement physique, les structures d’habitat ont été remplacées par
des habitats neufs en matériaux définitifs et remis clés en main aux personnes affectées
par le projet. Après sept ans d’usage, la remise clés en main des structures d’habitat aux
bénéficiaires laisse toujours croire aux occupants que le Projet GAC doit en assurer
l’entretien à vie. Ainsi, la rouille constatée au niveau des matériaux ferreux tels les tôles
et les ouvertures ainsi que le pourrissement des plafonds sous l’effet des gouttes de pluies
57
Rapport de fin de cycle
constituent aujourd’hui des motifs de griefs contre GAC qui doit en assurer la réparation
voire l’entretien. Abstraction faite des éventuels efforts de communication pendant la
mise en œuvre du PARC, il est nécessaire d’engager un dialogue dans ce sens pour éviter
un raidissement des positions suffisamment divergentes entre les deux acteurs sur le
sujet. En d’autres termes, la construction et la remise clés en main des structures d’habitat
de remplacement contribuent à acérer et à entretenir un esprit de dépendance absolue
qui tue l’appropriation véritable des ouvrages de substitution.
Par ailleurs, les structures sont jugées exiguës et peu adaptées aux conditions climatiques.
En effet, il y fait très chaud en l’absence d’électricité nécessaire à la ventilation en saison
sèche.
Malgré l’arrêt total des opérations, certaines taxes seraient toujours versées aux autorités
locales par Russal, le dernier opérateur de la mine. Cependant, ces transactions ont été
niées par les mêmes autorités jusqu’à ce que les populations de Fria découvrent le
contraire. Si la ville a frôlé la révolte, les tensions couvent toujours quant à l’usage qui en
58
Rapport de fin de cycle
a été fait par les autorités qui, depuis trois ans, ont toujours nié le versement de telles
taxes.
L’emploi : De Beyla à Nionsomoridou en passant par Moribadou, l’emploi tant promis est
aujourd’hui attendu de pied ferme par les populations. Lors de la gestion des conflits, les
intervenants extérieurs, tout comme les autorités, reconnaissent explicitement que les
communautés ont raison dans leurs actions de revendication mais leur ont toujours
demandé de garder patience. D’où le fait, selon les communautés, que les conflits sont
juste suspendus mais, non pas réglés.
Dans les Zones SAG, la principale source d’information sur la mine reste le bureau de la
jeunesse. Si les femmes pensent que les responsables de la mine communiquent
suffisamment, les jeunes ne sont pas de cet avis. Pour eux, cette information n’est pas
fiable et il faut aller directement à la mine et donc à la source pour se rassurer de sa
fiabilité. Cette divergence met à nu la problématique du respect de l’autorité de l’Etat et
celle de la crédibilité des élus locaux. Cependant les deux groupes s’accordent en revanche
59
Rapport de fin de cycle
Dans les Zones SMD par contre, le canal de communication mis en place va du service
communautaire de la mine aux autorités locales puis aux communautés. Ce schéma global
semble marcher pour Siguirini, le Chef-lieu de la commune rurale. A Léro où la mine est
implantée, les communautés disent être chaque fois mises devant les faits accomplis. Elles
n’ont ni l’occasion de communiquer avec les responsables de la mine, ni celle de discuter
suffisamment de leurs problèmes en l’absence de tout cadre formel de concertation. D’où
le fait l’on recourt souvent aux quelques rares travailleurs de la communauté encore en
poste dans la mines pour avoir quelques informations laconiques. Dans ce grand écart qui
sépare la mine des communautés, les préoccupations de ces dernières sont rarement
prises en compte.
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Rapport de fin de cycle
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Rapport de fin de cycle
62
Rapport de fin de cycle
En plus de ces normes internationales, il existe d’autres instruments qui ont une
connotation directe avec les droits humains, ce sont :
- Le Pacte Mondial,
- Les Directives des Nations Unies en matière de sécurité minière
- Les Directives des Nations unies sur les droits humains
On remarquera que dans tous les cas, ces instruments n’imposent aucune contrainte aux
sociétés minières et revêtent davantage un caractère volontaire. Ils sont directifs et non
prescriptifs et servent de ce fait d’étalon de mesure du niveau de conformité des pratiques
des multinationales vis-à-vis des orientations données. Il faut donc faire le distinguo entre
normes internationales en vigueur dans l’industrie extractive et initiatives de protection
des Droits Humains. Les premières s’appliquent aux pratiques et la conduite des
opérations techniques sur le terrain, avec pour centre d’intérêt la valorisation «
responsable » des ressources minières. A contrario, les initiatives de promotion des droits
humains visent à faire entrer les droits humains dans la culture des multinationales.
Autrement dit, elles promeuvent la prise en compte des droits humains dans leurs
opérations.
63
Rapport de fin de cycle
8.3. Niveau de prise en compte des droits humains dans les opérations
minières
La problématique des droits humains dans les industries extractives reste assez complexe.
L’analyse de leur prise en compte l’est encore plus, tant le sujet fait rarement l’unanimité
au sein des acteurs de l’industrie et selon le centre d’intérêt. Sans prétendre couvrir tous
les champs du droit, l’exercice a concerné quelques droits fondamentaux au regard des
besoins immédiats des populations concernées. Ce sont : l’accès à l’eau, l’éducation, la
santé. Le droit à la sécurité et la vie ont été également analysés.
Pour ce faire, dans les trois premiers cas, le niveau de respect sera mesuré sous sa forme
d’expression la plus simple que constitue la contribution de l’Etat et des sociétés minières
à l’amélioration de l’offre de services et d’infrastructures sociales de base qui promeuvent
le (s) droit (s) qui s’y rattache (nt) le mieux. Par exemple, la réalisation de forage d’eau
promeut l’accès et le droit à l’eau (potable) tout comme les infrastructures scolaires
améliorent l’offre éducative et promeuvent le droit à l’éducation. Pour le droit à la sécurité
et à la vie, il sera analysé à travers la gestion des conflits au niveau communautaire et des
conséquences y afférentes.
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Rapport de fin de cycle
66
Rapport de fin de cycle
Rapport de fin de cycle
Avec respectivement 7560 hbts pour 5 forages, 20582 hbts pour 14 forages et 7250 hbts
pour 2 forages, Moribadou, Léro, et Layah victimes de la migration interne sont les
localités les plus déficitaires avec, dans le même ordre, une sous couverture de -260%,
390% et -1118%. Si l’Etat n’a aucune réalisation sur les 14 forages de Léro, il en a
cependant 3 sur les 5 de Moribadou dont 2 ont été réalisés par Rio Tinto. Les plus fortes
réalisations de l’Etat sont à Kintian avec 9 bornes fontaines et 10 forages puis 7 autres
forages à Siguirini. En tout, l’Etat a contribué à la promotion du droit à l’eau avec 46
forages en tout pour une couverture déficitaire relative de -349% contre 22 forages pour
l’ensemble de sociétés minières pour une couverture relative de -505%.
Avec une population totale de 61976 pour les 11 localités, il aurait fallu en tout 206
forages pour atteindre le ratio de 1 forage pour 300hbts alors que les 68 forages existants
donnent le ratio de 911 hbts par forage pour une couverture absolue négative de -203%.
Le gap qui est en même temps un besoin s’élève à 139 forages pour l’ensemble de la zone
d’étude et constitue une opportunité à saisir par les parties prenantes, Etat comme
sociétés minières, afin de renforcer cette résilience communautaire qui rend du même
coup le droit à l’eau aux populations affectées par les projets miniers dont l’Etat est aussi
actionnaire.
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Rapport de fin de cycle
santé au regard de la surpopulation des zones minières. En effet, Kintian avec plus de
20582 hbts dispose certes d’un centre de santé mais la capacité d’accueil reste infime par
rapport à la demande. D’où la nécessité de repenser le schéma de développement du
système sanitaire dans les zones minières pour mieux répondre à la réalité de la demande
et partant la prise en compte du droit à la santé dans ces zones en proie à une migration
interne massive.
69
Rapport de fin de cycle
Il ressort du tableau que les manifestations organisées par les communautés pendant les
conflits qui les opposent aux sociétés minières ont été durement réprimées résultant en
des détentions et même en des morts d’hommes. De la mémoire des communautés, plus
de 455 personnes ont été arrêtées dont plus de 300 uniquement à Kamsar. De 2003 à
2009, trois manifestations ont été réprimées dans le sang, causant neuf morts soit trois
morts par manifestation comme indiqué dans le tableau. Le cas de Zogota est inclu dans
le tableau à juste titre de rappel. En tout le décompte macabre en l’espace d’une décennie
(2004-2015) est de 18 morts.
L’analyse se nourrira essentiellement des deux premiers principes du Pacte Mondial11 sur
les droits de l’homme, (1) « les entreprises sont invitées à promouvoir et à respecter la
protection du droit international relatif aux droits de l'homme dans leur sphère
d'influence; et (2) veiller à ce que leurs propres compagnies ne se rendent pas complices
de violations des droits de l'homme ». De ce qui précède, il convient de rappeler les
obligations de l’Etat et des sociétés minières en matière de droits humains ainsi qu’il suit.
11 Le Pacte mondial invite les entreprises à adopter, soutenir et appliquer dans leur sphère d'influence un
ensemble de valeurs fondamentales, dans les domaines des droits de l'homme, des normes de travail et de
l'environnement, et de lutte contre la corruption. Ces dix principes sont inspirés de :
• La Déclaration universelle des droits de l'homme
• La Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail
• Organisation internationale du travail
• La Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement
• La Convention des Nations Unies contre la corruption
70
Rapport de fin de cycle
Or l’Etat, dans son rôle régalien de protection des personnes et des biens, lors des conflits
dans les zones minières fait usage excessif de la force. Les détentions et les morts
d’hommes qui s’en suivent ont le désavantage de mettre ces actions en porte-àfaux avec
les Principes du Pacte Mondial12 et forcent les constats suivants :
L’Etat qui a l’obligation de respecter les droits humains a enfreint ici à la jouissance du
droit à la sécurité et a la vie avec un passif de 18 morts comme indiqué dans le tableau
tandis que les sociétés minières ont bénéficié de ces violations. Le décompte macabre a
fini par semer la terreur au sein des communautés qui prennent peur de manifester et
réclamer leurs droits. Par ailleurs, le manquement a l’obligation de protéger les droits qui
échoit à l’Etat, devient caduque quand ce dernier devient l’oppresseur dont l’action
bénéficie aux sociétés minières qui y consentent par leur mutisme, forme d’approbation
tacite.
Extraire les droits humains depuis les standards internationaux ainsi que les textes
nationaux et les pratiquer permet de lier l’entreprenariat minier aux droits et de soigner
davantage l’image des sociétés minières, image dont elles ont tant besoin pour consolider
leur permis social autant que leur performance sur les grandes places boursières du
monde.
12Droits de l'homme
1. Les entreprises sont invitées à promouvoir et à respecter la protection du droit international relatif aux droits
de l'homme dans leur sphère d'influence; et
2. Veiller à ce que leurs propres compagnies ne se rendent pas complices de violations des droits de l'homme.
Normes du travail
3. Les entreprises sont invitées à respecter la liberté d'association et à reconnaître le droit de négociation
collective;
4. L'élimination de toutes les formes de travail forcé ou obligatoire;
5. L'abolition effective du travail des enfants; et
6. L'élimination de la discrimination en matière d'emploi et de profession.
Environnement
7. Les entreprises sont invitées à appliquer l'approche de précaution face aux problèmes touchant
l'environnement;
8. A entreprendre des initiatives tendant à promouvoir une plus grande responsabilité en matière
d'environnement; et
9. A favoriser la mise au point et la diffusion de technologies respectueuses de l'environnement.
Lutte contre la corruption
71
Rapport de fin de cycle
10. Les entreprises sont invitées à agir contre la corruption sous toutes ses formes, y compris l'extorsion de fonds
et les pots-de-vin.
9. CONCLUSION
Sans verser dans le pessimisme, les conflits constituent la tâche noire de l’activité minière
en ce sens que tous les griefs sont des germes de conflits potentiels. Cela corrobore l’idée
que « l’activité minière porte en elle-même les germes du conflit. » N.M. Maléya Camara11.
Cependant, loin d’une fatalité, les conflits constituent un risque certes réel mais qui peut
être contenu voire réduit si les mesures appropriées sont prises pour y faire face. Pour
l’heure, les zones minières sont régulièrement en proie aux conflits tandis ces mesures
sont inopérantes voire inexistantes.
Dans les anciennes zones minières, le trauma de cohabitation avec les mines et la
désillusion ont conduit les communautés à développer une culture de contestation
consistant à bloquer les opérations minières pour obtenir gain de cause dans leurs
revendications. Véritable arme de négociation et de pression, cette attitude gagne du
terrain dans les nouvelles zones minières. Seuls face aux communautés, les miniers
tombent dans l’immobilisme voire l’impuissance devant des besoins sociaux réels et
urgents dont la responsabilité doit être aussi portée par l’Etat.
La déstructuration des économies locales, des moyens d’existence ainsi que des habitudes
culturales font de l’emploi minier un refuge face aux nombreux maux tandis que le
manque de bénéfices visibles de l’activité minière exacerbe davantage les tensions. Dans
ce contexte le moindre impact environnemental est senti comme une provocation par les
communautés. Les conflits doivent donc être compris comme une réponse ‘‘désespérée’’
des communautés prises dans le tourment du développement minier, tandis que leur
apparition tardive dans le cycle des projets miniers et à mettre au compte de
‘‘l’analphabétisme minier’’ qui ne permet pas aux communautés de décider et d’influencer
positivement le projet pour asseoir les bases d’un accord durable avant le démarrage des
opérations. Dans ce nouvel environnement social, en dehors de tout appui extérieur à la
hauteur des nouveaux défis nés de la présence de la mine, les exigences sont largement
au-delà des seules capacités d’adaptation endogène des communautés.
C’est pourquoi, la réduction des conflits doit nécessairement passer par un engagement
croissant de l’Etat et des sociétés minières dans la réalisation des infrastructures et des
services sociaux de base. D’autres parts, elle nécessite un développement communautaire
résilient à travers la viabilisation effective des services sociaux par l’Etat qui devra
infléchir son schéma directeur dans les secteurs concernés pour y parvenir.
De ce qui précède, toute action de prévention et de gestion durable des conflits doit
intégrer pleinement d’une part la résilience du développement communautaire en
réponse aux défis hérités des mines et d’autre part l’ancrage d’un mécanisme de
gouvernance des conflits pour un développement minier inclusif qui engage pleinement
l’Etat, les sociétés minières et les communautés.
11 Nènè Moussa Maleya Camara est Chef du Service des Relations Publiques du Ministère des Mines et de
la Géologie de Guinée.
72
Rapport de fin de cycle
Bibliographie sommaire
5. Daniel Franks et al: Conflict translates environmental and social risks into business
costs,
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Rapport de fin de cycle
Justification du plan
La mise en œuvre des recommandations de la présente étude nécessite la mobilisation et
la participation de tous les acteurs du secteur. Le présent plan d’opérationnalisation se
propose d’en définir les modalités afin que chaque acteur puisse s’approprier le rôle qui
lui échoit dans une démarche collaborative avec les autres.
Objectifs
Dans l’immédiat (1 à 8 mois au plus tard): Créer un cadre institutionnel opérationnel dédié
à la diffusion des résultats et la mise en œuvre diligente des principales recommandations
de l’étude.
A court terme (1 an): Organiser et finaliser la mise en chantier participative des principales
recommandations de l’étude.
A moyen terme (2ans) : Réduire les conflits à travers la mise en œuvre d’actions
participative en prévention et en réponse dans les zones minières.
Résultats
Dans l’immédiat (1 mois au plus tard) : Un cadre institutionnel opérationnel est créé et prêt
à entrer en action
A court terme (au bout d’un an): les principales recommandations sont toutes en chantier
A moyen termes (au bout de deux ans) : le secteur minier dispose d’un plan de prévention
et de réponse viable et fiable et les conflits en sont réduits.
Basé à Conakry et coparrainé par la Chambre des Mines, le PNUD, le Ministère des Mines
et le Ministère de la Décentralisation, les membres potentiels seront :
- Les sociétés minières en activités ayant participé à l’étude et toutes
autres sociétés désireuses d’y participer
- Les organisations de la société civile intervenant dans la gouvernance
minière ainsi que celles évoluant dans le système d’alerte précoce
- Des personnes ressources éventuelles
Le COP aura pour mission d’élaborer un échéancier pour mettre en œuvre des
recommandations du rapport dans le court terme et doit être abrité par l’une des acteurs
institutionnels qui le compose.
Afin de mieux renforcer le cadre d’action que constitue le COP, il convient de procéder aux
actions suivantes comme préalable à tout bon fonctionnement:
- Définir un code de conduite pour guider le mode opératoire du COP
74
Rapport de fin de cycle
Activité 3 : Réaliser un suivi et une récolte des feedback pour améliorer le schéma d’alerte
précoce et de réponse rapide proposé pour le niveau communautaire (SLAP) régional
(SRAP) et national (SNARP)
Activité 4 : Mettre en place progressivement les SLAP, les SRAP et le SNAP- Mines. Dote
d’un Coordination locale, régionale et nationale, le Système d’Alerte et de Réponse (SAR)
prendra le relais du COP (ou l’avalera) dans la planification et la mise en œuvre des
recommandations de l’étude.
Le PNUD, la GIZ, la Chambre des Mines, l’USAID qui est déjà engagés sur le terrain à travers
des initiatives sur les conflits pourront être approché par le COP afin de négocier un
partenariat. Dans cette démarche, le PAGSEM peut également être consulté.
75
Rapport de fin de cycle
Tableau de planification de la mise en œuvre des recommandations pour le COP (1-8 mois)
1 2 3 4 5 6 7 8
ACTEURS RECOMMANDATIONS ACTIONS
Mettre en place un Comité Opérationnel de Pilotage (COP) multipartite basé à Conakry et coparrainé par la Chambre
des Mines, le PNUD, le Ministère
1. Renforcer la veille sociale des des Mines
conflits et la résilience à travers Faire prendre un acte de création par le ministère
la mise en place d’un système des Mines
d’alerte précoce à base Définir un calendrier réaliste et réalisable communautaire aux fins de suivi
et de prise en charge précoce des Mettre en place un budget adéquat pour soutenir le conflits au stade de grief. Le
processus d’opérationnalisation des Système National d’Alerte recommandations qui, pour être plus diligent, sera
CECIDE, Précoce (SNAP) et de réponse le plus souvent délocalisé sous forme de retraites
PNUD, rapide devra avoir deux niveaux hors de Conakry
Chambre des Mines de de démembrement : Régional
Guinée, (SRAP) et Local (SLAP). Ce Organiser des consultations régionales sur le
Ministère des Mines, système qui aura pour principal schéma d’intervention proposé à travers des fora Ministère de outil 75
d’information la carte réunissant l’ensemble des acteurs miniers de l’Administration Territoriale interactive en ligne, doit
chaque région pour en discuter l’efficacité en vue
pleinement intégrer la de l’améliorer et se l’approprier véritablement participation des
opérateurs
miniers, de l’Etat et des Réaliser un suivi et une récolte des feedback pour communautés
elles-mêmes améliorer le schéma d’alerte précoce et de réponse réunis dans un cadre de
dialogue rapide proposé pour le niveau communautaire tripartite technique de (SLAP)
régional (SRAP) et national (SNARP) prévention et de gestion des
conflits dans les zones minières . Mettre en place les SLAP, les SRAP et le SNAP-
Mines
ECHEANCIER Immédiat