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INRA Laboratoire de
Les hormones
Biologie Cellulaire
et Moléculaire du lait:
78352 Jouy-en-Josas Cedex
provenance et rôles
On sait depuis plus de soixante ans que le D’autre part, dans le cadre du contrôle de
lait contient de nombreuses hormones pro- la croissance néonatale, la connaissance des
duites par l’organisme maternel (Koldovsky effets des hormones du lait sur la croissance
1980). Les questions qui se posent actuelle- et le développement du jeune est primordiale,
ment concernent leur origine (apport du sang non seulement pour la mise au point de laits
vers le lait à travers les tissus de la glande de remplacement dans l’alimentation humai-
mammaire ou synthèse locale par les cellules ne, mais aussi pour l’alimentation animale au
de la glande), leur transport à travers la cel- cours des premiers jours de la vie.
lule mammaire et leurs rôles éventuels sur le
De nombreux articles de synthèse ont déjà
fonctionnement de la glande mammaire et sur
la physiologie du jeune. décrit la présence et le rôle des hormones
dans le lait (Koldovski 1980, West 1985,
On dispose de quelques éléments de répon- Peaker et Neville 1991). Nous nous bornerons
se puisque sait que l’abaissement artificiel
on à présenter quelques exemples de transport
du taux de certaines hormones circulantes d’hormone dans le lait et à discuter de cer-
maternelles, pendant la lactation, diminue la tains de leurs rôles physiologiques à la lumiè-
production laitière (cas de la diminution de la re des résultats récemment acquis.
prolactine (PRL) par la bromocryptine (CB154)
chez les lapins, les rongeurs, les ovins et les
caprins). 1 / Hormones et facteurs de
Cependant il est intéressant de répondre
plus précisément à ces questions à plusieurs croissance dans le sang et
titres. D’une part, dans le cadre de la maîtrise
de la production du lait, il est indispensable
dans le lait (tableau 1
)
de comprendre comment les hormones contrô- La concentration plasmatique des hor-
lent le fonctionnement de la glande mammai- mones subit de brusques changements aux
re. Un cas précis est celui de l’action stimu- alentours de la mise bas (revue de Jammes et
lante de l’hormone de croissance, "Growth Djiane 1988) et ces modifications vont avoir
Hormone" (GH) sur la production du lait des répercussions sur les concentrations des
(Chilliard 1989, Juskevich 1990). La GH agit hormones dans le colostrum. Excepté chez les
par l’intermédiaire des facteurs de croissance espèces où la lactation et la gestation se
(IGF) et il n’est pas exclu que le transport de superposent (cas des bovins) les taux d’hor-
ces facteurs de croissance à travers les cel- mones circulantes se stabilisent au cours de
lules mammaires puisse exercer un effet la lactation. Nous examinerons donc success-
galactopoïétique. sivement la période périnatale et la période
de lactation.
Résumé __________________________
b / Lait
Les concentrations d’hormones mesurées détecter les femelles non gravides chez les-
dans le lait sont différentes de celles trouvées quelles ce taux chute à la fin du cycle oestrien
dans le colostrum. Ainsi les concentrations de et les femelles gravides chez lesquelles le taux
GH, insuline, IGF 1 baissent dans le lait sécré- de progestérone reste élevé. Cette mesure est
té les premiers jours de la lactation pour utilisée couramment chez les ruminants
atteindre dans le lait mature des niveaux un comme un test précoce de non gravidité. Les
peu plus faibles que les niveaux plasmatiques. hormones thyroïdiennes dans le lait ne repré-
La concentration en TSH a des valeurs égales sentent qu’une faible fraction des hormones
ou légèrement inférieures à celles du sérum.
circulantes (T4 1/30 : T3 1/3 des hormones
= =
Les oestrogènes sont alors en quantités très du sang). La glande mammaire des bovins et
faibles ou indétectables. Ce n’est que chez les des porcins possède un système de déiodina-
animaux en gestation que des quantités
tion (Slébodzinski et Brzezinska-Slébodzinska
d’oestrone sulfate élevées d’origine foeto-pla-
1991), ce qui explique qu’on retrouve surtout
centaire sont détectables dans le lait. La
mesure de ces oestrogènes peut présenter un
la tri-iodothyronine (T3) dans le lait. Il faut
intérêt de diagnostic de gestation tardif, après noter que dans les cas de mammites chez les
insémination chez les bovins en lactation. La bovins la teneur en T3 du lait augmente forte-
ment. Ceci suggère que certains facteurs hor-
progestérone est détectable en fonction des
ocstriens. De plus son taux augmente monaux du lait, présents en très faible quanti-
cycles
dans le lait, d’environ deux à dix fois chez les té chez les animaux sains, pourraient aug-
vaches gestantes du fait de sa production par menter et peut être jouer des rôles protecteurs
le corps jaune de gestation. La mesure du dans des circonstances pathologiques ou phy-
taux de progestérone dans le lait permet de siolo2’iaues différentes.
Plusieurs hormones sont plus concentrées possibilité qu’elle soit spécifiquement dégradée
dans le lait que dans le sang : c’est le cas des dans le lait en sont peut-être les causes.
hormones hypothalamiques comme la somato-
Le PLP a été retrouvé en grande quantité
statine, le &dquo;Vaso Intestinal Peptide&dquo; (VIP), le dans la glande mammaire en lactation et dans
&dquo;TSH-Releasing Hormone&dquo; (TRH), le le lait de femme, de rate, de vache, de chèvre,
&dquo;Gonadotropin Releasing Hormone&dquo; (GnRH). de truie, de souris et d’opossum. Sa concentra-
Les niveaux sanguins de PRL sont élevés tion dans le lait est fortement supérieure à
au début de la lactation puis baissent jusqu’au celle dans le sang (10 000 fois plus élevée dans
moment du sevrage. Les concentrations le lait que dans le sérum humain). Chez les
moyennes de PRL dans le lait reflètent les bovins la concentration de PLP augmente au
concentrations sanguines ainsi que leurs cours de la lactation (Goff et al 1991).
variations dues aux décharges importantes,
L’EGF est retrouvé en quantités impor-
par l’hypophyse, à chaque tétée ou à chaque tantes dans le lait (Beardmore et Richards
traite. Cependant, si la quantité de PRL circu-
lante est abaissée chez la mère par un traite- 1983) où ses propriétés mitogènes sont conser-
ment à la bromocryptine (CB154), la quantité vées.
de PRL dans le lait n’est pas modifiée (Malven La relaxine exerce des effets sur la crois-
1983, Forsyth communication personnelle). sance et la différenciation de la glande mam-
Enfin, des techniques de dosage de cette hor- maire durant la gestation. Cependant, si les
mone par son activité biologique tendent à taux de relaxine circulante sont élevés à la
montrer que, chez le rat, les quantités conte- fin de la gestation lorsque cette hormone est
nues dans le lait sont supérieures à celles qui
produite en quantité par les ovaires, l’utérus
avaient été mesurées par immunoradioessai et le placenta, ils sont normalement très
(Kacsoh et al 1991). faibles pendant la lactation. Or des pics de
Peu de données sur les concentrations d’ocy- relaxine immunoréactive ont été détectés
tocine dans le lait sont actuellement dispo- dans le sang en réponse à la tétée ou à la sti-
nibles. La demi-vie très brève de cette hormo- mulation des tétons, chez la truie en lacta-
tion (Lippert et al 1981). D’autre part la
ne, les grandes variations de décharge et la
relaxine immunoréactive est sécrétée en
grande quantité dans le lait alors qu’aucune
immunoréactivité n’est décelable dans le
sang. La détection immunocytochimique de
relaxine dans les cellules épithéliales mam-
maires en lactation suggère que ces cellules
pourraient être responsables, pendant la lac-
tation, de la production de fortes quantités de
cette hormone dans le lait.
Les prostaglandines subissent un catabolis-
me très important dans les poumons ce qui
maintient un taux ciculant relativement faible.
Les quantités importantes de prostaglandines
dans le colostrum et le lait sont vraisemblable-
ment dues à une production locale intra-mam-
maire. La production de prostaglandines F2a
par la glande mammaire de chèvre a déjà été
montrée in vitro (Peaker 1991).
Chilliard Y., Vérité R., Pflimlin A., 1989. Effets de la Kacsoh B., Toth B.E., Avery L.M., Yamamuro Y.,
somatotropine bovine sur les performances des Grosvenor C.E., 1991. Molecular heterogeneity of
vaches laitières dans les conditions françaises prolactin in lactating rats and their pups : Biological
d’élevage. INRA Prod. Anim., 2, 301-312. and immunological activities in pituitary gland,
serum and milk. Endocrine Regulations, 25, 98-110.
Summary
Hormones in milk : origin and roles roles of these hormones in regulating mammary
epithelial cell secretion and on neonate physiolo-
Numerous hormones are present in milk and for gy. It emphasises the importance of hormonal
some of them concentration is higher in milk than signalling from the mother to the offspring via
in plasma. Milk hormones are either transferred milk.
directly from blood to milk through the mammary OLLIVIER-BOUSQUET M., 1993. Les hormones du
epithelial cells, or are synthesised by the mamma- lait : provenance et r6les. INRA Prod. Anim., 6 (4), 253-
ry tissue. This article describes the postulated 263.