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• e-mail : ashtaroutte@yahoo.com •
’Ashtaroût
Cahier hors-série n°7 (février 2006) ~ Figures de la Déhiscence / Clinique, pp. 189-207
ISSN 1727-2009
Amine Azar

Le Symptôme dans l’acception psychanalytique du terme


 Causerie du samedi 15 avril 2005 donnée au Pinacle et dont le groupement prend une valeur significa-
de Beyrouth. tive de la localisation, du mécanisme ou de la na-
1. Psychanalyse & médecine ture d’un processus pathologique, sans permettre
2. Symptôme névrotique & symptôme psychotique cependant à lui seul d’établir un diagnostic*
3. Conception première du symptôme névrotique complet.
4. Conception classique du symptôme névrotique Diagnostic n. m. Détermination de la nature d’une
5. Le « sens » & l’ « intention »
maladie. – Les temps successifs d’un diagnostic
6. Les symptômes typiques
7. Bénéfices primaires & secondaires comportent : le diagnostic positif, le diagnostic
8. Révision métapsychologique ultérieure différentiel, le diagnostic étiologique.
9. L’exigence de vérité du Ça En médecine, la hiérarchie des concepts est
10. Quelques développements plus récents claire, allant des symptômes, aux syndromes, aux processus
11. En résumé & en conclusion
morbides, et au diagnostic. Il importe au médecin de

%
parcourir le plus rapidement ces étapes pour parvenir
à leur terme, et qui est le diagnostic étiologique. C’est
alors qu’une thérapeutique ciblée et d’autant plus
efficace pourra être choisie dans l’arsenal infiniment
Psychanalyse diversifié dont le médecin dispose.
& médecine La psychanalyse freudienne est certes issue
Le célèbre Vocabulaire de la psychanalyse de, ne
1 comporte pas d’entrée particulière pour le symp-
tôme, et c’est regrettable. Laplanche & Pontalis
d’une branche de la médecine (la neurologie), mais il
semble que ce fait a plutôt été contingent. En tout
cas, le freudisme s’est rapidement et complètement
(1967) se sont contentés d’une rapide évocation du détaché de la médecine. Malgré l’œcuménisme qui
symptôme au cours de l’entrée consacrée au règne entre les disciplines, il ne semble pas
« Bénéfice primaire et secondaire de la maladie ». aujourd’hui que le contentieux entre psychanalyse et
C’est tout à fait insuffisant dans la mesure où Freud a médecine (neurologie, psychiatrie, médecine
radicalement modifié l’acception de ce terme médical. psychosomatique) soit réglé ou en voie de l’être. En
À consulter un dictionnaire de médecine ce qui concerne Freud, avec le temps il a nourri une
courant, nous pouvons y lire ceci : hostilité grandissante et intransigeante contre la
Symptôme n. m. Manifestation d’une maladie pou- médecine 1.
vant être perçue subjectivement par le malade lui- La psychanalyse, suivant Freud (1923a),
même (symptôme subjectif) ou être constatée par comporte trois aspects :
l’examen clinique (symptôme objectif, appelé couram- Psychanalyse est le nom :
ment « signe »). Les symptômes se groupent en
syndromes* [ → voir ce mot].
Syndrome n. m. Ensemble de symptômes affectant
1 Cf. leçons 1 & 16 des Leçons d’introduction à la psychanalyse (1916-
simultanément ou successivement un organisme,
1917), ainsi que La Question de l’analyse profane (1926e &1927a).
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1/ d’un procédé d’investigation des processus l’interrogation de Freud à laquelle il fournit en 1905
psychiques, qui autrement sont à peine acces- une réponse tout à fait inattendue, consignée
sibles ; 2/ d’une méthode de traitement des simultanément en deux ouvrages marquants publiés
troubles névrotiques, qui se fonde sur cette inves- cette année-là.
tigation ; 3/ d’une série de conceptions psycho- Dans le Post-Scriptum du cas Dora, Freud (1905e
logiques acquises par ce moyen et qui fusionnent [1901]) résume ainsi une partie de son dessein 1 :
progressivement en une discipline scientifique
J’ai tenu aussi à montrer que la sexualité n’inter-
nouvelle.
vient pas d’une façon isolée, comme un deus ex machi-
La méthode de traitement est une. Elle consiste na, dans l’ensemble des phénomènes caractéristiques
d’abord en un cadre (setting) à peu près fixe, dont la de l’hystérie, mais qu’elle est la force motrice de cha-
rigidité peut même rappeler en certains cas le rituel cun des symptômes et de chacune des manifestations
obsessionnel. Elle consiste ensuite et un petit nombre d’un symptôme. Les manifestations morbides sont,
de stratégies d’intervention qui définissent ce qu’on pour ainsi dire, l’activité sexuelle des malades [Die Krank-
nomme communément la conduite d’une cure. La heitserscheinungen sind, geradezu gesagt, die Sexualbe-
nature de ces interventions et leur opportunité (timing, tätigung der Kranken].
ponctuation) font l’objet d’un apprentissage. La Et c’est en référence à ce passage que Freud
méthode standard de traitement psychanalytique (1905d) écrivit dans les Trois Traités sur la Sexual-
s’applique aux troubles névrotique, mais son champ
théorie 2 :
d’application (scope) a pu être étendu, moyennant
quelques aménagements, à d’autres troubles comme Les symptômes sont, ainsi que je l’ai déclaré
les « cas limites », les cas anti-sociaux, voire même les ailleurs, l’activité sexuelle des malades [Die Sympto-
psychoses, sans trop changer quant au fond. me sind, wie ich es an anderer Stelle ausgedrückt
Aussi, grâce aux entretiens préliminaires, des habe, die Sexualbetätigung der Kranken].
précautions d’usage seront éventuellement prises, de Donc aucune ambiguïté possible sur ce qu’est,
sorte qu’un diagnostic complet n’est nullement un suivant Freud, le symptôme. Encore faut-il bien
préalable à la cure. Certains psychanalystes (les puris- garder à l’esprit que cette définition ne s’applique
tes) considèrent même qu’un diagnostic préalable est qu’aux névroses.
inopportun et compromet les chances de succès du En effet, quelques années plus tard, Freud
traitement psychanalytique en intervenant in- (1911c) proposera également, en ce qui concerne
tempestivement dans la conduite de la cure. On voit cette fois les psychoses, une acception tout à fait neuve
par là à quel point la pratique psychanalytique va à du symptôme. Elle se trouve consignée dans la IIIe
contre-courant de la pratique médicale. partie de ses remarques sur l’autobiographie du
président Schreber, au moment où il en vient à traiter
du motif délirant courant dit de « fin du monde ». Il
prend alors appui sur un passage du Faust de Gœthe
pour formuler la conception originale que voici 3 :
Symptôme névrotique
& symptôme psychotique

2 S’il ne sert pas à élaborer un diagnostic, à quoi


sert donc le symptôme ?
Le psychanalyste décentre d’emblée cette
1 GW, 5 : 278 ; SA, 6 : 179 ; SE, 7 : 114-115 ; trad. franç. in Cinq

psychanalyses, Paris, PUF, 41970, pp. 85-86.


2 GW, 5 : 63 ; SE, 7 : 163 ; nouvelle trad. franç., Gallimard, Folio-

question. En médecine le symptôme sert au médecin Essais, 1985, p. 77.


3 GW, 8 : 307-308 ; SA, 7 : 192-193 ; SE, 12 : 70-71 ; OCF, 10 :
pour élaborer un diagnostic ; en revanche le psycha-
292-294. Les italiques sont de Freud. J’ai inséré mes propres in-
nalyste considère d’emblée que le symptôme sert terventions entre deux crochets droits. Les deux notes infra-
d’abord au patient. Il lui sert à quoi ? Telle fut paginales de Freud ont été supprimées.
187
Le malade [au stade tempétueux de la paranoïa] malade, le second représente une tentative de
a retiré aux personnes de son entourage et au monde guérison, de reconstruction.
extérieur en général l’investissement libidinal qui était Arrêtons-nous maintenant plus particulièrement
jusque-là tourné vers eux ; par là tout est devenu au symptôme névrotique. Sa caractérisation en 1905
pour lui indifférent et dénué de relation et ne peut dans les deux écrits cités est l’aboutissement d’un
être expliqué que par une rationalisation secondaire travail acharné et d’une longue évolution dont les
comme « étant miraculé-là, fait-là en vitesse » [expres- protagonistes ont été Breuer, Charcot et Fliess, d’une
sions du président Schreber]. La fin du monde est la part, et de l’autre les hystériques et l’interprétation
projection de cette catastrophe intérieure ; son mon- des rêves. Parallèlement, Freud passait d’une pratique
de subjectif a pris fin depuis qu’il lui a retiré son thérapeutique à une autre : de l’hypnose, à la
amour. méthode cathartique, et à la psychanalyse.
Après la malédiction par laquelle Faust répudie Essayons de suivre le travail d’élucidation en ses
toute attache avec le monde, le chœur des esprits étapes principales :
chante :
Malheur ! Malheur ! 1/ Le corps étranger. – La première définition du
Tu l’as détruit, symptôme a été présentée en 1893 par Breuer &
Ce monde si beau, Freud dans une « Communication préliminaire », qui sera
D’un poing puissant ! deux années plus tard intégrée à leurs Études sur
Il s’effondre, il s’écroule !
l’hystérie comme chapitre Ier. C’est la conception du
Un demi-dieu l’a fracassé !
∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙∙ symptôme comme « corps étranger » (Fremdkörper).
Puissant Freud la reprend dans le dernier chapitre de ce livre
Parmi les fils de la terre, en la qualifiant d’ « Infiltrat » 3.
Plus splendide Trois décennies plus tard, Freud (1926d)
Reconstruis-le, rappelle cette conception dans Inhibition, Symptôme &
Dans ton sein réédifie-le 1 ! Angoisse, en ces termes 4 :
Et le paranoïaque le réédifie, pas plus splendide
certes, mais du moins tel qu’il puisse de nouveau y Une conception qui nous est depuis longtemps
vivre. Il l’édifie par le travail de son délire. Ce que nous familière considère le symptôme comme un corps
tenons pour la production de maladie, la formation délirante, étranger entretenant continuellement des phénomè-
nes d’excitation et de réaction dans le tissu où il s’est
est en réalité la tentative de guérison, la reconstruction [Was
wir für die Krankheitsproduktion halten, die Wahnbildung, implanté.
ist in Wirklichkeit der Heilungsversuch, die Rekonstruktion]. Une image apparentée a été utilisée par Freud
Comme le signale l’éditeur de la Standard Edi- entre-temps dans le compte-rendu du cas Dora, où
tion 2, Freud a par la suite réaffirmé à plusieurs nous lisons en effet 5 :
reprises cette thèse en l’élargissant et en la géné-
ralisant.
3 BREUER & FREUD : Studien über Hysterie, Frankfurt am Main,
Conception première
du symptôme névrotique Fischer Taschenbuch Verlag, 1970, pp. 9 et 234 ; Études sur l’hys-
térie, trad. franç., Paris, PUF, 1956, pp. 4 et 235 ; GW, 1 : 85 et

3 Telles sont les thèses princeps de Freud sur le


symptôme névrotique et le symptôme psychoti-
que. Le premier représente l’activité sexuelle du
295 ; SE, 2 : 6 et 290-291.
4 GW, 14 : 125 ; SA, 7 : 192-193 ; SE, 20 : 98 ; OCF, 17 : 215. J’ai
repris la traduction de Michel Tort de 1965, effectuée sous la di-
rection du Pr Laplanche, et qui permet de repérer la source d’ins-
piration de ce que ce dernier dénomme « implantation ».
5 FREUD : (1905e) « Fragment d’une analyse d’hystérie », GW, 5 :
1 GŒTHE : Faust, (I. Teil, 4. Szene), v. 1607-1612 et 1617-1621. 203 ; SA, 6 : 119 ; SE, 7 : 43 ; trad. franç. in Cinq Psychanalyses,
2 SE, 12 : 71, note 1. Paris, PUF, 41970, p. 30.
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Das Symptom ist zuerst dem psychischen Leben ces derniers temps pour ne pas donner en France
ein unwillkommener Gast. dans ce travers à propos d’Erinnerungssymbole. D’autres
Le symptôme est un hôte importun de la vie possibilités s’offrent en effet, comme : symbole
psychique. mnémonique, symbole mémoriel, symbole du souvenir, ou
encore symbole commémoratif.
2/ Reminiszenzen u. Erinnerungssymbolen (Réminis- « Symbole du souvenir » est le plus littéral, mais
cences & symboles commémoratifs). – L’autre manière « symbole commémoratif » me semble le plus perti-
de définir le symptôme dans la « Communication nent, car à trois reprises au moins Freud a pris soin
préliminaire » ainsi que dans les Études sur l’hystérie est d’indiquer qu’il songe expressément à des
encore plus célèbre. Elle consiste à dire que « c’est de monuments commémoratifs. La première se trouve
réminiscences surtout que souffre l’hystérique [der Hysterische au début de l’étude sur l’ « Étiologie de l’hystérie »
leide größtenteils an Reminiszenzen] » 1. (1896c). Freud nous demande d’imaginer un voyageur
Cet aphorisme a fait florès, mais comme il est qui arrive dans un champ de ruines antiques et qui
un peu sibyllin, Freud ne s’est pas fait faute de le fait l’inventaire des restes monumentaux, et il s’écrie :
commenter à plusieurs reprises. À chaque fois c’est Saxa loquuntur ! , – les pierres parlent.
l’expression d’Erinnerungssymbole qui lui est Là-dessus il enchaîne ainsi 3 :
spontanément venue sous la plume, comme dans ce
Si l’on veut, d’une manière approximativement
passage qui figure vers la fin des Études sur l’hystérie 2 : analogue, faire venir à voix haute les symptômes
Es führt aber in der Wirklichkeit eine ununter- d’une hystérie comme témoins de la genèse de la ma-
brochene Reihe von den unveränderten Erinnerungs- ladie, on doit partir de la découverte significative de
resten affektvoller Erlenisse und Denkakte bis zu den J. Breuer que les symptômes de l’hystérie (les stigmates
hysterischen Symptomen, ihren Erinnerungssymbolen. mis à part) tirent leur détermination de certaines expériences
In fact, however, there is an uninterrupted vécues du malade, traumatiquement efficientes, et sont repro-
series, extending from the unmodified mnemic residues duits dans la vie psychique de celui-ci en tant que Erinne-
of affective experiences and acts of thoughts to the rungssymbolen de ces expériences.
hysterical symptoms, which are the mnemic symbols of À mon sens aucun doute n’est permis, le
those experiences and thoughts. symptôme est un véritable mémorial élevé en
C’est qu’en réalité une série ininterrompue de l’honneur du traumatisme. Pris au pied de la lettre, les
résidus mnémoniques inchangés, que des incidents géné- symptômes ou les réminiscences des hystériques sont
rateurs d’émotions et des actes mentaux ont laissés, donc des monuments commémoratifs, ou, comme le
aboutit aux symptômes hystériques – leurs symboles dit Freud, des symboles commémoratifs.
mnémoniques. L’autre commentaire se trouve dans la première
L’expression « Erinnerungssymbole » est rendue en leçon sur la psychanalyse prononcée en 1909 à Wor-
anglais par « mnemic symbol », et l’équipe des OCF suit cester (Mass., USA), où il est encore plus explicite si
cet usage en choisissant de la traduire par « symbole cela se peut 4. Le troisième se trouve au chapitre II de
mnésique ». À mon avis c’est là une maladresse. On Inhibition, Symptôme & Angoisse (1926d), et ne laisse pas
sait que Strachey, le responsable de la Standard plus de doute sur la dénotation : il s’agit encore une
Edition, avait une propension à affubler l’allemand fois d’un mémorial, ou d’un symbole commé-
courant de Freud d’oripeaux gréco-romains pour moratif 5.
faire plus « savant ». On l’a assez critiqué là-dessus
3 GW, 1 : 427 ; SA, 6 : 54-55 ; SE, 3 : 192-193 ; OCF, 3 : 151.
4 GW, 8 : 11-12 ; SE, 11 : 16-17 ; OCF, 10 : 12-13. Cornelius
1 BREUER & FREUD: Studien über Hysterie, p. 10 ; Études sur l’hysté- Heim le traducteur de ces conférences américaines pour l’édition
rie, p. 5 ; GW, 1 : 86 ; SE, 2 : 7. Gallimard (1991) me semble donc avoir fait le meilleur choix, cf.
2 FREUD, in Breuer & Freud : Studien über Hysterie, p. 240 ; Études p. 42 note (a) de son édition.
sur l’hystérie, p. 241 ; GW, 1 : 303 ; SE, 2 : 297. 5 GW, 14 : 120 ; SE, 20 : 93 ; OCF, 17 : 211.

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Le symptôme « pervers » est exactement de 4/ Surdétermination du symptôme. – Un autre carac-
même type. Dans son étude sur le « Fétichisme », tère du symptôme appartient à la même époque. La
Freud (1927e) commence par rappeler la définition relation du symptôme à la vie intime du sujet se
déjà donnée dans son Leonardo (1910c) 1 : révélait souvent complexe. L’exploration des
réminiscences des hystériques par la méthode
... le fétiche est le substitut du phallus de la fem-
cathartique les conduisait à se remémorer non pas
me (de la mère) auquel a cru le petit garçon et auquel
une seule et unique scène traumatique, mais une série
– nous savons pourquoi – il ne veut pas renoncer.
de traumas partiels. Breuer et Freud l’avaient tous
À la page suivante il en donne la raison 2 : deux remarqué, et Freud créa le terme pour le dé-
... la répugnance devant la castration s’est élevé signer.
un mémorial en créant ce substitut. Il se révélait ainsi que les symptômes hystériques
possèdent certes un sens, mais non pas un seul. On
On voit à quel point Freud tient à son mémorial est donc forcé de remarquer combien souvent les
et comme il y insiste lourdement. symptômes sont pluri-déterminés ou sur-déterminés (wie
Au surplus, on peut observer que sur le plan häufig ein symptom mehrfach determiniert, überbestimmt
strictement linguistique « symbole mnésique » est un ist) 4.
pléonasme, une redondance. Tout symbole est trace,
inscription, archive, boîte de conserve mémorielle, 5/ Le Symptôme en tant qu’Ersatz. – Breuer & Freud
souvenir en conserve. Et puis Erinnerungssymbole est avaient également à cette époque une conception
construit en allemand suivant un modèle courant. dynamique du symptôme en tant que formation
Erinnerungstafel est une plaque commémorative... ou substitutive, qui fut au fondement de la méthode
bien faut-il faire plaisir à ces messieurs de la Standard cathartique de traitement. Cette « trouvaille »,
Edition et des OCF pour dire dorénavant « plaque attribuée formellement à Breuer, est exposée par
mnésique » ? Freud en mots simples dans une conférence ultérieu-
Finalement, je crois que « symbole mnésique » est re comme suit 5 :
pire qu’un mauvais choix de traduction. C’est
carrément une traduction erronée. La formation de symptômes est le substitut de
quelque chose d’autre qui n’a pas eu lieu. Certains
3/ Symptôme & Vie intime. – Que les symptômes processus psychiques auraient dû normalement se
trouvent leur ancrage dans la vie intime des sujets ne développer jusqu’au point où la conscience en aurait
nécessite pas de démonstration en règle. Cela pris connaissance. Cela n’est pas arrivé, et en contre-
procède directement du caractère précédent, suivant partie, des processus interrompus, en quelque sorte
quoi les hystériques souffrent de réminiscences. Au perturbés, qui ont été contraints de rester incons-
demeurant, il suffira de rappeler ces mots placés par cients, est sorti le symptôme. Il s’est donc produit
Breuer & Freud au seuil de leurs Études sur l’hystérie 3 : quelque chose comme une permutation ; si l’on réus-
sit à refaire celle-ci à rebours, la thérapie des symp-
Cette étude nous a souvent fait pénétrer dans tômes névrotiques a résolu sa tâche.
leur intimité et nous a permis de connaître leur exis- La trouvaille de Breuer est encore aujourd’hui le
tence secrète. fondement de la thérapie psychanalytique.

4 FREUD, in Breuer & Freud : Studien über Hysterie, pp. 171 et


1 GW, 14 : 312 ; SE, 21 : 152-153 ; OCF, 18 : 126. 232-234 ; Études sur l’hystérie, pp. 170 et 232-234 ; GW, 1 :
2 GW, 14 : 313 ; SE, 21 : 154 ; OCF, 18 : 127. 291-294 ; SE, 2 : 212 et 287-290.
3 BREUER & FREUD : Préface de la 1ère éd. des Études sur l’hystérie, 5 FREUD : (1916-1917) Leçons d’introduction à la psychanalyse, 18e

p. IX ; SE, 2 : p. XXIX. On a trouvé bon chez Fischer Verlag conférence, GW, 11 : 289 ; SE, 16 : 280 ; OCF, 14 : 290 ; trad.
d’éliminer de la réédition allemande les Préfaces.. franç. nouvelle, Gallimard, 1999, p. 257. [= G, dorénavant.]
190
Les cinq caractères du symptôme que je viens de l’hystérie on trouve toujours des secrets d’alcôve. Secret
passer en revue appartiennent soit à Breuer seul, soit de polichinelle ! Tout le monde le savait et personne
au travail en commun de Freud avec lui. Les suivants n’en faisait mystère.
sont des révisions ou des additions propres à Freud. Rappelons donc ce passage, explicite à cet égard,
appartenant à Breuer et publié noir sur blanc dans
6/ Symptôme & refoulement. – Assez tôt un premier Les Études sur l’hystérie, les italiques étant de Breuer lui-
différend est intervenu entre Freud et Breuer au sujet même 1 :
de la conception dynamique du symptôme qui vient
d’être exposée. Alors que Breuer attribuait la Ich Glaube nicht zu übertreiben, wenn ich be-
formation du corps étranger et la formation de haupte, die große Mehrzahl der schweren Neurosen bei
substitution à un état hypnoïde où se serait produit Frauen entstamme dem Ehebett (1).
suivant lui le traumatisme, Freud estimait en Je ne pense pas exagérer quand j’affirme que la
revanche que c’est le processus du refoulement qui en plupart des névroses graves chez les femmes proviennent du lit
était responsable. De ce fait, Freud ne cessera conjugal (1).
______________________________
d’apporter par la suite de riches développements à ses (1) Il est bien dommage que les cliniciens ignorent ce fac-
idées sur le mécanisme du refoulement. Mais on peut teur pathogène ou ne le mentionnent qu’en passant alors
estimer que la théorie de la séduction généralisée de qu’il est pourtant l’un des plus important. C’est là un fait
Laplanche permet d’accepter aujourd’hui la con- d’expérience que le praticien se devrait de faire connaître
ception de Freud sans rejeter celle Breuer. aux jeunes médecins. Ceux-ci passent généralement en
aveugles devant la sexualité, tout au moins en ce qui con-
7/ Symptôme & vie sexuelle. – Un autre différend cerne leurs malades. [Note de Breuer]
s’est également élevé entre Freud et Breuer, et il se On le voit : il s’agit d’un fait connu de tous les
ramène aussi à un malentendu. praticiens, et publié par Breuer en toutes lettres dans
Il s’agit de l’ancrage du symptôme dans la vie un livre co-signé par Freud. C’était seulement les
intime du malade. Alors que Breuer reconnaissait très jeunes médecins d’autrefois qui l’ignoraient ; et les
largement le rôle de la sexualité dans l’éclosion des psychanalystes d’aujourd’hui, trompés par la fable
névroses, il était cependant réticent à accepter la controuvée des « trois vieilles lunes » de Freud 2,
suggestion de Freud suivant laquelle la sexualité est la l’ignorent toujours 3.
condition sine qua non de l’éclosion de la névrose. L’autre fable ridicule se rapporte à la termi-
Naturellement, les psychanalystes – qui ont une naison de la cure de « Anna O... » par Breuer. Je ne
tendance fâcheuse à verser dans l’hagiographie quand m’y attarderai pas, ayant dit l’essentiel dans une
il s’agit de leur saint patron – prennent fait et cause précédente publication 4.
pour Freud contre Breuer. Et, pour rendre le cas de Les psychanalystes ayant pris fait et cause pour
celui-ci pendable, ils ne lésinent pas à falsifier les Freud à propos de ces deux points d’histoire
faits. C’est ainsi qu’on lit sous les meilleures plumes
que Breuer niait carrément le rôle de la sexualité,
1 BREUER, in Breuer & Freud : Studien über Hysterie, p. 199 ; Études
mieux encore, qu’il en avait une peur bleue ! Il faut
sur l’hystérie, p. 200 ; SE, 2 : 246.
dire que Freud est à cet égard le premier à blâmer 2 Cette fable dite (par moi) des trois vieilles lunes est exposée par
pour avoir mis en circulation deux fables complète- Freud en 1914d et répétée en 1925d. Respectivement : GW, 10 :
ment ridicules. 51-53 ; SE, 14 : 13-15 ; et GW, 14 : 48 ; SE, 20 : 24 ; OCF, 17 : 71.
3 Le plus doctoral de ces ignorants est bien P.-L. Assoun dans
La première se rapporte à ce que Charcot,
une démonstration de « monsieur muscles » qui remonte à 1984.
Chrobak (un gynécologue) et Breuer sont censés lui 4 On trouvera une démolition en règle de cette fable, qui confine
avoir dit comme en passant, et comme en aparté, ou à la sottise, et que répètent moutonnièrement tous les psychana-
en confidence. Mieux encore, sans même qu’ils ne lystes (y compris Lacan), in AZAR & SARKIS (1993), Freud, les
sachent eux-mêmes la valeur exacte de ce qu’ils femmes, l’amour, §§8-9, pp. 28-35. Incidemment, on trouvera in
disaient, paraît-il, à savoir qu’à l’arrière-plan de Azar (1989) la première réévaluation actualisée du rôle de Breuer
dans la naissance de la psychanalyse.
191
démontrent par là pour le moins un certain aveugle- Il faudra à Freud près de dix ans de travail
ment. Ils se montrent en effet oublieux qu’à cette acharné pour sortir de cette erreur... sans jamais
époque Freud n’avait pas encore découvert la toutefois le reconnaître ! Mais les psychanalystes qui
sexualité infantile. Quand il se référait à la sexualité, s’improvisent le dimanche matin épistémologues
c’est seulement la sexualité au sens courant du terme pataugent toujours dans la fange hagiographique.
qu’il avait en vue. À cet égard Breuer avait Il est très instructif de remarquer l’embarras de
parfaitement raison d’émettre des réserves formelles Strachey à l’égard de ce point d’histoire. En tant
contre la thèse, soutenue par Freud à cette époque, qu’éditeur des Études sur l’hystérie il était bien placé
suivant quoi c’est la sexualité génitale qui est la pour repérer les déclarations de Breuer que j’ai citées.
condition sine qua non de l’éclosion de la névrose. Mais faute de distinguer la sexualité au sens
Pour l’heure, c’est bien Breuer qui avait raison de psychanalytique de la sexualité au sens courant du
déclarer 1 : terme – autrement dit, faute d’apprécier le statut
exact de la sexualité infantile en cette affaire – il se
Der Sexualtrieb ist gewiß die mächtigste Quelle
lance dans une argumentation absconse 3.
von lange anhaltenden Erregungszuwächsen (und als
solche, von Neurosen) ... 8/ Symptôme & rêve. – Le dernier point préparant la
La pulsion sexuelle est certainement la source la formule princeps fut, pour Freud, de considérer que
plus puissante d’excitations prolongées et ininterrom- les symptômes et les rêves ont un sens, qu’ils sont
pues (et par là des névroses) ... parlants de la même façon, en tant que monuments
commémoratifs.
Il fallait effectivement s’arrêter là et dire « la
De cette manière, les découvertes contempo-
source la plus puissante ». Ajouter un mot de plus, aller
raines de Freud à propos du rêve pouvaient être
au-delà, dire – à cette époque – que c’est « la source
étendues à d’autres formations de compromis,
exclusive » des névroses, c’était faire erreur tout
comme les symptômes, les actes manqués, les lapsus,
simplement. C’est bien pourquoi Freud lui-même
les souvenirs-de-couverture, les traits d’esprit, etc.
s’est vu contraint de contresigner avec Breuer cette
Toutes ces formations de l’inconscient étant régies
déclaration répétée au seuil des Études sur l’hystérie 2 : par les mêmes processus primaires : condensation,
... sexuality seems to play a principal part in the déplacement, symbolisation, dramatisation,
pathogenesis of hysteria as a source of psychical surdétermination, etc.
traumas and as a motive for ‘defense’ – that is, for Il a paru d’autant plus nécessaire de s’attarder à
repressing ideas from consciousness. ces aspects « élémentaires » de la pensée de Freud
... c’est à la sexualité, source de traumatismes concernant les symptômes névrotiques que des
psychiques, et facteur du rejet et du refoulement de commentateurs modernes avisés ont cru bon de les
certaines représentations hors du conscient, qu’in- négliger, voire même de les gommer purement et
combe, dans la pathogenèse de l’hystérie, un rôle pré- simplement, pour aller en hâte au-delà, comme s’ils
dominant.
avaient le feu aux trousses 4.
Rôle prédominant, mais non point exclusif.
C’est seulement après la découverte de la sexualité
infantile qu’il devint légitime d’aller au-delà des Conception classique
déclarations de Breuer. du symptôme névrotique

1 BREUER, in Breuer & Freud : Studien über Hysterie, p. 161 ; Études


4 À cette première série de propriétés du symp-
tôme névrotique, couronnée par la thèse prin-
ceps, et à mesure que sa pratique psychanalytique
sur l’hystérie, p. 159 ; SE, 2 : 200.
2 BREUER & FREUD : Préface de la 1re éd. des Études sur l’hystérie,

p. IX ; SE, 2 : p. XXIX. Rappelons que, chez Fischer Verlag, on a 3 Cf. son « Editor’s introduction », §3, in SE, 2 : pp. XXV-XXVI.
trouvé bon d’éliminer de la réédition allemande les Préfaces. 4 Par exemple : Wolf (1971), Forrester (1980), Flem (1982), etc.
192
se sera enrichie, Freud ajoutera une série de 12/ Les symptômes font abstraction de l’objet, ils
précisions qu’il serait exagéré de considérer comme sont autoérotiques.
des propriétés nouvelles.
Dans la même ligne d’idées, mentionnons qu’au
On en trouve un exposé détaillé dans la IIIe
cours de la 20e conférence, Freud nous précise
partie des Leçons d’introduction à la psychanalyse de 1916-
1917. Cette IIIe partie intitulée : « Doctrine générale ceci 1 :
des névroses », réserve d’ailleurs au symptôme une 13/ Dire que les symptômes névrotiques sont des
place de choix. De telle sorte qu’il est possible de dire satisfactions sexuelles substitutives n’est justifié que si
que c’est dans ces Leçons qu’il faut aller chercher la nous incluons sous le chef de la « satisfaction sexu-
conception « classique » du symptôme névrotique. elle » celle des besoins sexuels dits pervers.
Sur les treize conférences qui constituent cette
III partie des Leçons d’introduction à la psychanalyse,
e

deux sont nommément consacrées au symptôme. La


17e est intitulée : « Le sens des symptômes » ; et la Le sens &
23e : « Les voies de formation des symptômes ». l’intention
La 17e conférence est principalement une
préparation. Freud y présente en détail deux vignettes
cliniques lui permettant de récapituler les propriétés
5 Revenons à présent à la 17e conférence dont nous
n’avons pas épuisé l’intérêt. Un retour sur le
contenu de cette conférence laisse soupçonner
précédemment découvertes du symptôme. Non pas qu’elle est travaillée en sourdine par un thème non
toutes celles qu’on a passées en revue, mais celles qui déclaré. On peut le repérer à partir du vocabulaire
lui paraissent essentielles, et qu’il réduit à trois. Les utilisé.
symptômes sont « pleins de sens » (sinnreich), Au cours de cette conférence on rencontre à
surdéterminés, et intriqués à la vie intime du malade. plusieurs reprises un terme qui ne fait pas partie du
Un intervalle de cinq conférences sépare les vocabulaire de la psychanalyse, voire même qui
deux conférences consacrées au symptôme. L’ap- semble détonner sous la plume de Freud. L’alerte est
profondissement de cette question impliquait une donnée en conclusion de la vignette clinique sur un
longue préparation. Freud devait présenter d’abord sa cérémonial du coucher 2 :
conception de l’appareil psychique (topique, Nous ne pouvons non plus perdre de vue que
dynamique, économique), ainsi que sa conception de l’analyse de ce symptôme nous a encore introduits
la vie sexuelle et du développement libidinal (avec les dans la vie sexuelle de la malade. Et nous trouverons
possibilités de fixation et de régression). ce fait de moins en moins surprenant, à mesure que
La première propriété nouvelle du symptôme nous apprendrons à mieux connaître le sens et l’in-
présentée dans la 23e conférence est de nature éco- tention des symptômes névrotiques.
nomique (énergétique) :
Dans ce passage Freud parle expressément du
10/ La nouvelle satisfaction (substitutive) est soutenue sens et de l’intention des symptômes. Or Freud ne
de deux côtés à la fois, du côté de l’instance qui pous- nous a pas habitués à utiliser le terme d’intention.
se et du côté de l’instance qui résiste. C’est pourquoi Une fois alertés, nous repérons un autre passage qui
elle implique une double dépense énergétique qui ap- explicite ce que Freud entend par là. Il se trouve au
pauvrit la personnalité. cours de l’analyse d’une partie du cérémonial du
Quant aux deux autres propriétés présentées, coucher de la patiente 3 :
elles sont des conséquences de la découverte de la
sexualité infantile : 1 FREUD : (1916-1917) Leçons d’introduction à la psychanalyse, 20e
conférence, GW, 11 : 318 ; SE, 16 : 307 ; OCF, 14 : 317 ; G : 390.
11/ Les symptômes reproduisent une satisfaction in- 2 FREUD : (1916-1917) Leçons d’introd. à la psycha., 17e conférence,
fantile. GW, 11 : 277 ; SE, 16 : 269 ; OCF, 14 : 278 ; G : 344-345.
3 Idem, GW, 11 : 275 ; SE, 16 : 267 ; OCF, 14 : 276 ; G : 342-343.

193
Elle voulait donc tenir écartés – sur un mode Le sens d’un symptôme gît, comme nous l’avons
appris, dans une relation à l’expérience vécue du ma-
magique, pouvons-nous ajouter – l’homme et la fem-
lade. Plus le symptôme a une conformation indivi-
me, c’est-à-dire séparer les parents l’un de l’autre, ne
pas les laisser entrer dans un rapport conjugal. duelle, plus tôt nous sommes en droit de nous at-
tendre à établir cette connexion. Nous sommes alors
L’expression de Freud n’est pas équivoque : « sie confrontés précisément à la tâche de trouver, pour
wollte also » (elle voulait donc)... Le Wollen, la volonté, une idée dépourvue de sens ou une action sans fina-
intervient ici et s’affirme en intentionnalité. Et le lité, la situation passée dans laquelle cette idée était
terme « intention » (Absicht) est utilisé deux fois au justifiée et l’action ordonnée à une fin.
cours de la vignette clinique précédente. Qu’est-ce à
dire ? Freud ira plus loin au cours de la conférence
suivante pour gommer l’intentionnalité en proposant
Il me semble que lorsque Freud parle du « sens »
des symptômes, il se place dans le cadre d’une théorie une autre opposition encore. Il distinguera, dans le
sens du symptôme, deux directions, soit qu’on aille
de l’expression. Le symptôme est alors compris
comme une résultante (output) d’un processus interne, vers l’amont ou vers l’aval. En amont, nous allons
vers l’origine du symptôme, vers la circonstance
endogène. D’une manière générale toute la
psychologie de Freud relève de la théorie de vécue dans un passé plus ou moins reculé, où s’est
ancré le symptôme. En aval, nous allons vers un
l’expression. En revanche, lorsqu’il parle, comme ici,
d’intentionnalité, il se place dans un cadre tout à fait objectif à atteindre. Cette distinction entre source et but
différent, celui d’une théorie de la communication. (Zweck) constitue la 15e propriété du symptôme.
Armé de cette nouvelle distinction – le « woher »
On peut encore formuler les choses autrement
et dire que le sens du symptôme est pour soi, tandis (d’où) et le « wohin » (vers où) – Freud reprendra l’une
des vignettes cliniques exposées à la précédente
que l’intention du symptôme est pour autrui. Or, la
dimension « pour autrui », bien qu’elle soit présente conférence, celle de la nuit de noce ratée 2 :
chez Freud, n’apparaît au grand jour que La connexion avec la scène qui fait suite à la nuit
sporadiquement, étant la plupart du temps écrasée de noces ratée et la tendresse [envers son mari] qui
sous le « pour soi ». Freud avait tendance à réduire la motive la malade donnent, prises ensemble, ce que
clinique à une conception endogène des processus nous avons appelé le « sens » de l’action compul-
psychiques. Néanmoins, en tant que fin clinicien, on sionnelle. Mais ce sens lui était resté inconnu dans les
trouve tout de même dans les descriptions deux directions, « d’où » et « vers où », tandis qu’elle
phénoménologiques de Freud ce qui est souvent exécutait l’action compulsionnelle.
laissé pour compte par la théorie. Ces passages de la
17e conférence sont donc, à cet égard, une exception Freud se propose en effet d’affirmer qu’il existe
bienvenue. des processus psychiques inconscients. Il ne voulait
Concluons : sans doute pas se rendre la tâche trop difficile en
parlant d’intentionnalité inconsciente, ses auditeurs
14/ Les symptômes ont un « sens » qui relève d’une étant accoutumés à lier les intentions à un sujet
théorie de l’expression, et une « intention » qui relève conscient. Quelques pages plus loin il réaffirmera en
d’une théorie de la communication. substance sa thèse tout en cédant encore plus sur les
On peut remarquer que vers la fin de cette termes. Au lieu du « wohin » (vers où) il proposera
conférence Freud effectuera une tentative pour « wozu » (à quoi ça sert, ou à quoi bon) 3 :
gommer l’intentionnalité. Ainsi, dans le passage Nous avons résumé sous le chef « sens » d’un
suivant, au lieu de s’en tenir à l’opposition sens / symptôme deux sortes de choses, son « d’où » et son
intention, il lui substituera l’opposition sens / finalité 1 :
2 Idem, GW, 11 : 286 ; SE, 16 : 277 ; OCF, 14 : 287 ; G : 354.
1 Idem, GW, 11 : 278 ; SE, 16 : 270 ; OCF, 14 : 279 ; G : 345-346. 3 Idem, GW, 11 : 294 ; SE, 16 : 284 ; OCF, 14 : 294 ; G : 362-363.
194
« vers où » ou son « à quoi bon », c’est-à-dire les
impressions et les expériences vécues dont il émane Bénéfices primaires
et les intentions qu’il sert. & secondaires

Les symptômes
typiques
7 Un autre complément (c’est le 17e) est apporté
par Freud à la compréhension du symptôme
névrotique dans la distinction entre le bénéfice

6 Revenons encore une fois à la 17e conférence.


Vers la fin, Freud aborde un problème
supplémentaire. S’il existe effectivement pour
primaire et le bénéfice secondaire de la maladie qu’il a
commencé à faire à partir de 1905. On pourra suivre
l’approfondissement de cette question à partir de
chaque névrose des symptômes ayant une confor- l’index général de la Standard Edition, entrée : « Gain
mation individuelle, reliés à des vécus particuliers, il from illness » (vol. 24, p. 289). Les étapes principales de
existe aussi des symptômes qui se manifestent à peu cet approfondissement sont :
pareillement. Dans ce dernier cas les différences – 1905e : le cas Dora
individuelles s’estompent, et nous sommes alors en – 1916-1917 : la 24e leçon d’Introduction à la psychanalyse
droit de parler de : – 1926d : Inhibition, Symptôme & Angoisse (chapitre III)
– 1926e : La Question de l’analyse profane (chapitre V)
16/ Symptômes typiques.
Le Vocabulaire de la Psychanalyse de Laplanche &
C’est embarrassant ! Car ces symptômes résis-
Pontalis (1967) consacre une entrée spéciale à
tent à une réduction historique aisée, tout comme les
« Bénéfice primaire et bénéfice secondaire de la
rêves typiques. Quel statut leur conférer ? Une
maladie ». Conformément à la mise en page adoptée,
hypothèse se présente 1 :
une définition compréhensive est proposée en tête
Si les symptômes individuels dépendent, d’une d’article, et imprimée en caractères italiques et en
manière si évidente, de l’expérience vécue du malade, gras. La voici :
il reste possible, dans le cas des symptômes typiques, ● Bénéfice de la maladie désigne d’une façon géné-
qu’ils remontent à une expérience vécue qui est typi- rale toute satisfaction directe et indirecte qu’un sujet
que en elle-même, commune à tous les humains.
tire de sa maladie.
Une autre hypothèse, avancée à la fin de la 23e Le bénéfice primaire est celui qui entre en con-
conférence à propos des fantasmes originaires, sidération dans la motivation même d’une névrose :
pourrait trouver ici aussi à s’appliquer. Comme les satisfaction <autoérotique> trouvée dans le symp-
fantasmes originaires, les symptômes typiques tôme, fuite dans la maladie, modification avantageuse
pourraient aussi se ramener à des schèmes préformés, des relations avec l’entourage.
transmis phylogénétiquement. Le bénéfice secondaire pourrait se distinguer du
Il y a cependant une autre solution. Reprenons précédent par :
l’exemple auquel s’arrête Freud : le vomissement – sa survenue après coup, comme gain supplémen-
hystérique. Freud nous dit que les choses se taire ou utilisation par le sujet d’une maladie déjà
présentent à nous comme si les hystériques devaient constituée ;
vomir. Existe-t-il d’aventure une quelconque – son caractère extrinsèque par rapport au détermi-
« expérience universelle » ou un quelconque « schème nisme initial de la maladie et au sens des symptômes ;
universel » capable de rendre compte de ce – le fait qu’il s’agit de satisfactions narcissiques ou
symptôme hystérique courant ? – Si fait ! la théorie liées à l’auto-conservation que de satisfactions direc-
sexuelle infantile suivant quoi la conception se fait tement libidinales <autoérotiques>.
par voie orale.
Dans cette définition, conformément à leur
dessein, les auteurs ont cherché à épouser étroi-
tement la pensée freudienne, y compris ses hési-
1 Idem, GW, 11 : 280 ; SE, 16 : 271 ; OCF, 14 : 280 ; G : 348. tations, voire ses trébuchements. J’ai introduit pour
195
ma part dans leur texte certaines modifications au Les traits fondamentaux de la formation de
moyen de crochets coudés et de biffures pour symptôme ont été depuis longtemps étudiés et énon-
satisfaire le besoin légitime d’une plus grande rigueur. cés d’une manière que nous espérons inattaquable. Le
Autrement, cette question est restée effective- symptôme serait indice et substitut (Anzeichen und
ment en l’état depuis Freud. Ersatz) d’une satisfaction pulsionnelle qui n’a pas eu
lieu, un succès du processus de refoulement. Le
refoulement procède du Moi qui, éventuellement par
Révisions métapsychologiques mandat du Surmoi, ne veut pas prendre part à un
ultérieures investissement pulsionnel incité dans le Ça.

8 Après l’élaboration de ce qu’on nomme la


deuxième topique (qui distingue dans l’appareil
psychique les instances du Ça, du Moi et du
Le IIIe chapitre apporte toutefois une notation
intéressante (la 19e) sur la manière dont le Moi
Surmoi), Freud en est revenu au symptôme pour cherche à s’incorporer le symptôme, – défini, comme
reformuler son approche métapsychologique. Il le fit nous l’avons vu plus haut, en tant que corps étranger
dans l’écrit intitulé : La Question de l’analyse profane interne. Freud souligne que ce combat défensif prend
(1926e). deux visages à expression contradictoire. Le Moi
Cette étude que l’on néglige trop souvent de cherche d’une part à s’incorporer le symptôme en
consulter dans les études doctrinales, sous prétexte développant des bénéfices secondaires 4 :
qu’il s’agit d’un « écrit de circonstance », expose De toutes les relations mentionnées résulte ce
pourtant de nombreux points litigieux en termes qui nous est connu en tant que bénéfice∙de∙maladie (bé-
définitifs. En ce qui concerne le symptôme, deux néfice secondaire) de la névrose. Celui-ci vient en
thèses sont avancées qui résument tout le problème : aide aux efforts du Moi pour s’incorporer le symp-
18a/ Les symptômes de la névrose sont la consé- tôme et renforce la fixation de ce dernier. Dès lors, si
quence d’un conflit entre le Moi et le Ça 1. nous faisons la tentative de prêter au moi une assis-
tance analytique dans son combat contre le symptô-
18b/ Le Surmoi utilise la maladie pour infliger une me, nous trouvons ces liaisons de conciliation entre
autopunition au Moi. Le névrosé est obligé de se Moi et symptôme à l’œuvre du côté des résistances.
comporter comme s’il était en proie à un sentiment La tâche de les dissoudre n’est pas rendue facile.
de culpabilité qui, pour être apaisé, a besoin de la ma-
Le Moi cherche, d’autre part, et de manière
ladie comme châtiment 2.
contradictoire, à renforcer le refoulement quitte à
Aussi riche soit-il à beaucoup d’égards, Inhibition, émettre des signaux d’angoisse :
Symptôme & Angoisse (1926d) n’apporte pas un regard
L’autre procédé a un caractère moins bienveil-
neuf sur le symptôme. C’est plutôt le problème de
lant, il continue la direction du refoulement. Mais il
l’angoisse qui intéresse Freud au premier chef, en
semble que nous ne puissions pas charger le Moi du
connexion avec les mécanismes de défense du Moi.
reproche d’inconséquence. Le moi est pacifique et
Néanmoins, on y trouve la traduction du symptôme
voudrait s’incorporer le symptôme, l’accueillir au sein
de la première topique reformulée dans la seconde, et
de son ensemble. La perturbation part du symptôme
cela à peu près dans les termes plus haut utilisés,
qui, en véritable substitut et rejeton de la motion
hormis l’auto-punition 3 : refoulée, continue à jouer le rôle de celle-ci, renou-
velle sans cesse sa revendication de satisfaction et
1 FREUD : (1926e) La Question de l’analyse profane, chap. III ; GW,
oblige ainsi le moi à donner de nouveau le signal de
14 : 231 ; SE, 20 : 203-204 ; OCF, 17 : 26. déplaisir et à se mettre sur la défensive.
2 FREUD : (1926e) La Question de l’analyse profane, chap. V ; GW,
14 : 254 ; SE, 20 : 223 ; OCF, 17 : 49.
3 FREUD : (1926a) Inhibition, Symptôme & Angoisse, chap. II ; GW, 4 FREUD : (1926d) Inhibition, Symptôme & Angoisse, chap. III ; GW,
14 : 118 ; SA, 6 : 237 ; SE, 20 : 91 ; OCF, 17 : 209. 14 : 127 ; SA, 6 : 244 ; SE, 20 : 99-100 ; OCF, 17 : 217.
196
Nous aurons à revenir plus bas sur ces deux Comme c’est souvent le cas, c’est Lacan qui en a
visages contradictoires de la défense du Moi. déduit les conséquences le plus reculées, que l’inté-
Incidemment, notons encore qu’en ce qui ressé ne semble pas avoir lui-même vraiment aper-
concerne la névrose, on observe dans Inhibition, çues. Il faut se reporter au Séminaire XI sur Les Quatre
Symptôme & Angoisse un retour à la démarche médi- concepts fondamentaux de la psychanalyse. C’est à la séance
cale d’échafauder un diagnostic. C’est ainsi que Freud du 22 avril 1964 de ce séminaire, au cours de la
y nourrit l’espoir 1 : discussion de l’article de Thomas Szasz sur le
... qu’un approfondissement de nos études pour- transfert, que Lacan observe que, dans le rapport de
rait dégager une affinité intime entre des formes par- l’analysant à l’analyste, une dimension est
ticulière de la défense et des affections déterminées, généralement éludée. Il indique que ce rapport est
par ex. entre refoulement et hystérie. asymétrique, et qu’il faut le situer dans la dimension
du « se tromper » . Il enchaîne ainsi 4 :
Ainsi, les symptômes étant le résultat du conflit
entre les pulsions du Ça et les mécanismes de défense J’en trouve le repérage chez un autre analyste
du Moi, l’affection névrotique qui regroupe les encore. Il s’agit de Nünberg, qui a écrit, dans l’Interna-
symptômes en syndromes pourrait être finalement tional Journal of Psychoanalysis, en 1926, un article qu’il
individualisée par le mécanisme du processus intitule The Will of recovery. Recovery, ce n’est pas à pro-
morbide. De cette manière l’espoir de parvenir à prement parler la guérison, c’est la restauration, le
élaborer un diagnostic complet avec ses trois volets retour. Le mot est fort bien choisi, et pose une
(positif, différentiel et étiologique) serait alors à la question qui mérite attention. Qu’est-ce qui peut, en
portée du psychanalyste. On peut estimer que ce fin de compte, pousser le patient à recourir à l’ana-
programme a été assumé par Lacan et rempli avec lyste, pour lui demander quelque chose qu’il appelle
succès 2. la santé, alors que son symptôme – la théorie nous le
Mentionnons en outre, et pour mémoire, qu’on dit – est fait pour lui apporter certaines satisfactions ?
ne trouve rien de nouveau sur le symptôme dans les Par beaucoup d’exemples, et non des moins
Nouvelles conférences (1933a). C’est à peine s’il y est fait humoristiques, Nünberg n’a pas de peine à montrer
allusion en un endroit ou deux. Enfin, dans l’écrit ul- qu’il ne faut pas faire beaucoup de pas dans l’analyse
time, l’Abrégé de psychanalyse (1940a), on ne trouve pour voir éclater que ce qui a motivé chez le patient
qu’une seule mention, sans originalité aucune. la recherche de la santé, de l’équilibre, c’est justement
sa visée inconsciente, dans sa portée la plus immé-
L’exigence de vérité diate. Quel abri, par exemple, lui offre le recours à
du Ça l’analyse, pour rétablir la paix de son ménage, quand
9 Les élèves directs de Freud et leurs successeurs
ne se sont pas plus intéressés au symptôme qu’au
rêve. Une seule contribution marquante est à
quelque boiterie est survenue dans sa fonction sexu-
elle, ou quelque désir extra-conjugal ! Dès les pre-
miers temps, le patient s’avère désirer, sous la forme
citer, celle de Nunberg (1924), dans un article inspiré, d’une suspension provisoire de sa présence à son
justement célèbre 3, et à peine antérieur à Inhibition, foyer, le contraire de ce qu’il est venu proposer
Symptôme & Angoisse de Freud (1926a). comme le but premier de son analyse – non pas la
restitution de son ménage, mais sa rupture.
Nous nous trouvons là enfin, au maximum –
1 FREUD : (1926d) Inhibition, Symptôme & Angoisse, supplément A, dans l’acte même de l’engagement de l’analyse et
§ (c) ; GW, 14 : 197 ; SA, 6 : 301-302 ; SE, 20 : 164 ; OCF, 17 : donc certainement aussi dans ses premiers pas – mis
279. au contact de la profonde ambiguïté de toute asser-
2 On en trouvera un exposé exhaustif in BRUCE FINK (1997), A
Clinical introduction to lacanian psychoanalysis, IIe partie, pp. 73-202.
tion du patient, et du fait qu’elle a, par elle-même,
Cf. aussi PHILIPPE JULIEN (2000).
3 Lu devant la Société psychanalytique de Vienne le 26 mars 4 LACAN : Le Séminaire – Livre XI : les quatre concepts de la psycha-
1924, il a été publié en allemand en 1925 et en anglais en 1926. nalyse, rééd., Paris, Seuil, Points-Essais, 1990, p. 155.
197
une double face. C’est d’abord comme s’instituant quelconque intentionnalité. C’est une pure et simple
dans, et même par, un certain mensonge, que nous exigence, comme la poussée d’Archimède. Nous
voyons s’instaurer la dimension de la vérité, en quoi aboutissons ainsi à une nouvelle formulation du
elle n’est pas, à proprement parler, ébranlée, puisque symptôme, plus compréhensive, qui serait quelque
le mensonge comme tel se pose lui-même dans cette chose comme ceci :
dimension de la vérité.
20/ C’est avec une pléiade de bénéfices secondaires
Ce que Lacan fait dire à Nunberg, à savoir que que le symptôme nous persuade de céder sur notre
le désir de recouvrer la santé est la visée de l’incons- désir. Le Ça pousse en direction de la vérité, de la
cient, n’est pas ce que Nunberg lui-même trouve à santé. Le Moi s’accroche désespérément à la maladie.
retenir de son texte. En effet, lorsqu’il traitera du Et c’est ainsi qu’on se contente finalement pour la
« désir de guérison » dans une sous-section de son plupart de lots de consolation, renonçant à briguer le
manuel pratique de psychanalyse, il s’arrêtera à peine gros lot dont le Surmoi nous trouve parfaitement in-
à cette idée. On y relève seulement au décours d’une dignes. Pour faire bonne mesure, l’Idéal∙du∙Moi cou-
phrase que le patient commence son traitement ronne l’œuvre de rabaissement du Surmoi en stimu-
« lorsque le désir conscient de guérison est soutenu par le ça lant notre mégalomanie : quoi de plus héroïque que
inconscient » 1. de contrefaire le paillasson ?
La thèse extraite par Lacan à Nunberg est si
importante qu’elle bouscule et renverse tête-bêche la Quelques développements
formulation freudienne contemporaine concernant plus récents
les deux visages contradictoires de la défense du Moi
contre le symptôme. On vient de voir que Freud
pensait prêter assistance au Moi de son patient dans
10 Comme je l’ai dit, le symptôme fait partie de
ces problèmes que les psychanalystes ap-
prochent rarement, les considérant définitive-
sa lutte contre le symptôme. La perspective ouverte ment réglés. Aucune rubrique ne lui est consacrée
par Lacan (à partir de Nunberg), renverse les dans les manuels les meilleurs, tant anciens que
alliances. C’est au Ça qu’il nous faut prêter assistance modernes 2. Je ne crois pas être injuste ou mal
si nous voulons être du parti de la santé et de la informé en n’évoquant (très brièvement) que trois ou
vérité. quatre tentatives plus récentes de reconsidérer ce
Quand Freud nous avait présenté l’autre visage problème.
contradictoire de la défense, il avait déploré que le La première est venue dans le sillage de ce grand
symptôme fut un « trouble-fête », alors qu’il faudrait mouvement de « retour à Freud » initié par Lacan et
s’en féliciter. Il suffirait pour cela de reprendre la dont le fleuron n’est autre que le célèbre Vocabulaire
même citation tout en lui conférant une petite de la psychanalyse de Laplanche & Pontalis (1967).
rallonge : Naturellement, ce n’est pas le lieu de reprendre ici
Le moi est pacifique et voudrait s’incorporer le comment la mise à jour d’un vocabulaire freudien
symptôme, l’accueillir au sein de son ensemble. La officieux a permis des avancées cliniques et théoriques
perturbation part du symptôme qui, en véritable décisives. L’un des auteurs de ce Vocabulaire – le Pr
substitut et rejeton de la motion refoulée, continue à Jean Laplanche – n’eut de cesse de rouvrir le débat
jouer le rôle de celle-ci, renouvelle sans cesse sa re- autour de la pulsion sexuelle. À l’aide d’un certain
vendication de satisfaction <et de vérité> ... nombre de notions freudiennes officieuses, comme
l’étayage (Anlehnung), l’effet marginal (Nebenwirkung),
Le Ça ne connaît pas la duplicité. Il ne connaît la co-excitation (Miterregung), etc., il est parvenu à re-
que l’exigence de vérité. Et ce n’est point là une donner à la théorie de la séduction le statut qui doit
revendication avec un quelconque point d’appui, une

2 À titre d’exemple : Fenichel (1946), Mijolla & Mijolla Mellor


1 NUNBERG : (1932) Principes de psychanalyse, chap. XII, p. 361. (dir.) (1996), Assoun (1997).
198
être le sien au fondement de la métapsychologie. peuvent être compris qu’à la lumière de la position
Allons directement à la conclusion. Laplanche est originaire du masochisme dans le champ de la
parvenu à démontrer pas à pas que la genèse de la pulsion sexuelle. La « raison », qui est chez l’être
sexualité est en même temps genèse du fantasme humain une passion dévorante, trouve une
masochiste. Sans revenir à toute la série des étapes de satisfaction retorse dans une culpabilité d’emprunt.
cette démonstration 1, citons seulement leur point Le symptôme est un grand pourvoyeur de culpabilité
d’aboutissement en ce qui concerne le fantasme 2 : d’emprunt, faisant du châtiment une œuvre de haute
justice. L’autopunition du Moi par le Surmoi pour
…Dès lors, nous voilà contraints d’admettre que une culpabilité d’emprunt soulage en nous cette culp-
le fantasme est par essence accompagné de satis- abilité d’origine inconnue, émanant de la nature es-
faction autoérotique et, pour pousser les choses plus sentiellement masochistique de la sexualité humaine.
loin, le fantasme comme introjection de l’objet, com-
me effraction, est la première douleur psychique, Lacan lui-même s’est toujours intéressé au
génératrice de la pulsion sexuelle sado-masochique. symptôme, mais on peut dire que pendant longtemps
La thèse du masochisme primaire est déduite de il ne s’est préoccupé que de reformuler les thèses
cette corrélation 3 : freudiennes classiques dans son propre langage. De là
cet énoncé bien connu 4 :
Elle est étroitement corrélative de la notion de
fantasme comme corps étranger interne et de la pul- Car le symptôme est une métaphore, que l’on
sion [sexuelle] comme attaque interne, de sorte que le veuille ou non se le dire, comme le désir est une
paradoxe du masochisme, loin de devoir être circons- métonymie, même si l’homme s’en gausse.
crit à une « perversion » particulière, mériterait d’être Ou il s’est occupé de souligner l’exigence de
généralisé, lié qu’il est à la nature essentiellement trauma- vérité du symptôme, rattachant d’ailleurs cette con-
tique de la sexualité humaine. ception à une tradition qui a précédé l’avènement de
Cela revient finalement à dire que la jouissance la psychanalyse, comme dans l’énoncé suivant 5 :
sexuelle est fondamentalement un plaisir éprouvé
Il est difficile de ne pas voir, dès avant la psy-
dans la douleur. Cette mise au point a une incidence
chanalyse, introduite une dimension qu’on pourrait
directe sur la conception psychanalytique du symp-
dire du symptôme, qui s’articule de ce qu’elle repré-
tôme, même si le Pr Laplanche n’a pas songé à la for- sente le retour de la vérité comme tel dans la faille
muler. Reprenons l’énoncé de la thèse freudienne d’un savoir.
18b, supra :
En revanche, dans la dernière décennie de sa
18b/ Le Surmoi utilise la maladie pour infliger une vie, Lacan a repris le problème du symptôme sur une
autopunition au Moi. Le névrosé est obligé de se base tout à fait nouvelle par le biais du nœud borro-
comporter comme s’il était en proie à un sentiment méen. C’est une nouvelle fois le problème de la
de culpabilité qui, pour être apaisé, a besoin de la ma- psychose qui semble l’y avoir incité. Souvenons-nous
ladie comme châtiment. d’Antée, il reprenait des forces quand ses pieds
Dans cet énoncé il est bon de s’arrêter à cette touchaient terre. Devant chaque difficulté, Freud
expression énigmatique de la pensée de Freud quand reprenait des forces à partir du rêve, Lacan à partir de
il a recouru aux termes « comme si ». Ces termes ne la psychose. Il s’est donc entiché de James Joyce, de
son père et de sa fille, et a mené une recherche
1 J’en ai longuement décrit les étapes principales et leurs articu- haletante et superbe sur le « sinthome » qui les a
lations in AZAR : (2005) « Sexe, Symbole & Inconscient : l’homi-
nisation au point de vue psychanalytique ».
2 LAPLANCHE : (1968) « La position originaire du masochisme 4 LACAN : (1957) « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la
dans le champ de la pulsion sexuelle », p. 46. raison depuis Freud », repris in Écrits, p. 528.
3 LAPLANCHE : (1970) Vie & Mort en psychanalyse, p. 162. 5 LACAN : (1966) « Du sujet enfin en question », in Écrits, p. 234.

199
réunis, permettant à Joyce l’homme de lettres, de pourquoi il convient peut-être mieux de les nommer
vivre plus ou moins tranquillement une psychose des syndromes, et plus exactement des « syndromes
« lacanienne » non-décompensée. dialogiques », car ce sont des formations discursives
La publication récente du livre XXIII de ce présentant sous une forme canonique un agencement
séminaire marquant, donné en 1975-1976, est digne de motifs narratifs. Et pas n’importe lesquels. Ce
du niveau où Lacan s’y est hissé. On a même sont les motifs narratifs qui procèdent de théories
l’avantage de disposer en langue française du sexuelles infantiles, comme on l’a vu dans l’additif
commentaire méthodique que le psychanalyste que j’ai plus haut proposé à l’explication freudienne
Argentin Roberto Harrari, sans ménager sa peine, a des symptômes typiques.
consacré à ce séminaire en 1995, nous permettant J’ai exposé et argumenté longuement ce point de
d’en apprécier les richesses. La difficulté du vue dans l’étude que j’ai signalée, où j’ai présenté une
cheminement de Lacan est due en partie au fait qu’il demi-douzaine de ces syndromes dialogiques. J’ai
réinvente la psychose tout en se souciant d’intégrer repris encore plus récemment la même approche
les données nouvelles à sa métapsychologie portative, dans les deux dernières séances du cycle consacré à la
non sans embarras. Plus récemment, Colette Soler sexualité féminine (AZAR, 2004). – Je me permets d’y
(2003) s’est repliée sur la « psychose inspirée » dans renvoyer.
son rapport à la lettre pour proposer une approche
lacanienne unifiée du symptôme. Mais il reste
(heureusement) beaucoup à faire ! En résumé
& en conclusion
Une autre tentative de rouvrir le problème est
celle de Robert Lévy (2004), et elle est par-
ticulièrement bienvenue. Elle consiste à reprendre la
11 Pour conclure, faisons le point sur notre
parcours.
C’était un long parcours où l’on a distin-
question à partir de l’infantile. L’approche elle-même gué le symptôme névrotique du symptôme psycho-
est fort originale, puisque cet auteur se fonde sur le tique. Il s’est révélé que ce dernier avait une courte
triptyque constitué par l’étude de Freud sur le histoire chez Freud. Quand il en a formulé en 1911 la
fétichisme (1927e), l’étude de Sandor Lorand (1930) définition princeps suivant quoi « le symptôme
sur le fétichisme à l’état naissant chez un enfant, et le psychotique est une tentative de guérison, de reconstruction », il
commentaire de ces deux études par Granoff & s’y est tenu et s’en est en quelque sorte désintéressé
Lacan (1956). Lévy démontre, à la suite de ces sur le plan théorique.
illustres références, qu’il y a intérêt de considérer que En revanche, le symptôme névrotique a préoc-
la phobie et le fétichisme sont deux manières de cupé Freud pendant plus de trente-cinq ans, et durant
réagir contre l’angoisse de castration, et que la cure ce long parcours nous avons distingué vingt stations.
avec les enfants consiste essentiellement à les aider à Cela montre à quel point cette question méritait de
ce que le refoulement se mette en place. faire l’objet d’un exposé synthétique.
Une autre tentative de rouvrir le problème du On peut considérer que le symptôme, au sens
symptôme est la mienne, elle concerne l’hystérie. Elle psychanalytique, a subi deux points d’inflexion. Le
peut à la rigueur se rattacher à la problématique des premier se situe aux alentours de 1905 lorsque Freud
« symptômes typiques » de Freud (§6, supra). Pour ma eut élaboré la notion de sexualité infantile et appris à la
part c’est le domaine littéraire qui me relance. C’est maîtriser un tant soi peu. L’autre se situe aux
donc à partir de motifs exploités dans les récits de alentours de 1925, lorsqu’il eut élaboré la seconde
fiction que j’ai essayé de constituer une sémiothèque topique et appris à maîtriser un tant soi peu le
évolutive de l’hystérie (AZAR, 2000). concept de Surmoi.
Les unités de base de cette sémiothèque sont les Les huit étapes qui se situent avant 1905 ont été
symptômes, à condition de les prendre dans leur regroupées sous la dénomination de « conception
gangue, avant tout effort d’abstraction. C’est première », couronnée en 1905 par la formule

200
princeps suivant quoi « le symptôme névrotique est la 13. Dire que les symptômes névrotiques sont des
satisfaction sexuelle du malade ». Entre les deux points satisfactions sexuelles substitutives n’est justifié que si
d’inflexion se situe ce que j’ai dénommée la nous incluons sous le chef de la « satisfaction sexu-
« conception classique » du symptôme névrotique, elle » celle des besoins sexuels dits pervers.
elle couvre les numéros 10 à 17. Et, après 1925, j’ai
14. Les symptômes ont un « sens » qui relève d’une
essayé de décrire les principales révisions
théorie de l’expression, et une « intention » qui relève
métapsychologiques rendues nécessaires par
d’une théorie de la communication.
l’élaboration d’une seconde topique. Il s’agit pour
partie de reformulations, et pour partie d’apport 15. Le sens des symptômes est doublement orienté.
nouveau. Vers l’amont ils s’analysent en « woher » (d’où), et vers
Toutes ces étapes ont été numérotées dans un l’aval en « wohin oder wozu » (vers où, ou à quoi ça
ordre sériel au fur et à mesure de mon exposé. Repre- sert). Ce sont là la source et le but du symptôme.
nons-en la liste : 16. Comme il existe des rêves typiques, il existe aussi
pour chaque névrose des symptômes typiques.
1. Le symptôme est un corps étranger (Fremdkörper)
interne, un infiltrat, ou un hôte importun (unwill- 17. Il faut distinguer le bénéfice primaire et le béné-
kommener Gast). fice secondaire du symptôme.
2. Les symptômes sont des réminiscences & des 18. Les symptômes sont la conséquence d’un conflit
symboles commémoratifs (Reminiszenzen und Erinne- entre le Moi et le Ça. Le Surmoi utilise la maladie
rungssymbolen). pour infliger une autopunition au Moi.
3. Le symptôme est ancré dans la vie intime. 19. La défense du Moi contre le symptôme comporte
4. Le symptôme est surdéterminé. deux visages contradictoires. Le Moi cherche à s’in-
corporer le symptôme en développant les bénéfices
5. Le symptôme est le substitut (Ersatz) d’une action
secondaires de la maladie. Et il cherche à renforcer le
qui n’a pas eu lieu et qu’il remplace.
refoulement quitte à émettre des signaux d’angoisse.
6. Le symptôme résulte d’un refoulement.
En outre, j’ai relevé que ni les élèves directs de
7. Le symptôme est déterminé par la vie sexuelle.
Freud ni les nouvelles générations de psychanalystes
8. Le symptôme est analogue au rêve, en tant que ce ne se sont montrés beaucoup intéressés à pousser
sont des formations de compromis régies par le pro- plus loin la théorie du symptôme. À l’exception de
cessus primaire. Nunberg et de Lacan, dont j’ai essayé d’indiquer
brièvement l’apport précieux.
9. Le symptôme est l’activité sexuelle du malade. On pourrait conclure cette excursion par une
formule qui résumerait l’acception actuelle du
10. Le symptôme est une satisfaction substitutive symptôme névrotique comme suit :
soutenue de deux côtés à la fois, du côté de l’instance
qui pousse et du côté de l’instance qui résiste. C’est 20. C’est avec une pléiade de bénéfices secondaires
pourquoi elle implique une double dépense énergéti- que le symptôme nous persuade de céder sur notre
que qui appauvrit la personnalité. désir. Le Ça pousse en direction de la vérité, de la
11. Les symptômes reproduisent une satisfaction de santé ; le Moi s’accroche désespérément à la maladie.
type infantile. Et c’est ainsi qu’on se contente finalement pour la
plupart de lots de consolation en renonçant à briguer
12. Les symptômes font abstraction de l’objet, ils le gros lot, dont le Surmoi nous trouve parfaitement
sont autoérotiques. indignes. Pour faire bonne mesure, l’Idéal∙du∙Moi

201
prête main forte au Surmoi en stimulant notre méga-
lomanie. Références

J’ai enfin signalé plus ou moins brièvement trois


ou quatre tentatives plus récentes de rouvrir le débat
à propos du symptôme : l’une, celle de Laplanche ASSOUN, Paul-Laurent
(1967-1970), permet de retracer le symptôme à son 1984 « La chose sexuelle », paru in Nouvelle Revue de Psy-
soubassement masochiste ; une autre, est celle de chanalyse, printemps 1984, n°29 ; repris in Introduc-
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