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Centres de stockage des déchets

Impacts et prospective
par Hervé BILLARD
Ingénieur
Directeur de la formation technique, groupe SITA

1. Politiques de stockage des déchets ................................................... G 2 100 – 3


1.1 Situation dans le monde ............................................................................. — 3
1.2 Situation en France...................................................................................... — 3
2. Cadre réglementaire................................................................................ — 3
2.1 Classes de stockage..................................................................................... — 3
2.2 Textes............................................................................................................ — 4
2.3 Responsabilités............................................................................................ — 4
3. Aspects économiques............................................................................. — 4
4. La méfiance sociale ................................................................................. — 5
5. Risques et impacts .................................................................................. — 6
5.1 Environnement ............................................................................................ — 6
5.2 Santé............................................................................................................. — 7
6. Prospective ................................................................................................ — 7
6.1 Axes de travaux de recherche et développement .................................... — 7
6.2 Évolution des concepts ............................................................................... — 9
7. Conclusion ................................................................................................. — 11
Références bibliographiques ......................................................................... — 11

out un chacun a une idée de ce que représente une « décharge », car toute
T société a toujours eu besoin, pour se défaire de ses déchets, d'un moyen,
d'un lieu, faisant office de « dépotoir ». Les plus initiés savent que les habitudes
de nos grands-pères de jeter leurs ordures, et plus généralement tous les
déchets, sans précaution, dans le premier trou venu, ont bien changé au cours
des dernières décennies.
Durant cette période, le domaine des décharges s’est modernisé par l'applica-
tion des principes de précaution et de prévention pour protéger l'environne-
ment. Il est devenu technique, économique, et continue pourtant de faire l'objet
de « passions » diverses et pour le moins controversées.
En France, comme dans bon nombre d'autres pays, les sites les plus modernes
côtoient encore les dépôts de déchets « abandonnés ». Laisser quelques
déchets, débris ou objets encombrants au coin du bois ou à peine dissimulés
dans n'importe quelle excavation constitue une décharge sauvage. On considère
que la France doit faire face à environ six mille dépôts sauvages de plus ou
moins grande taille.
Choisir délibérément un endroit, non caché, où l'on entasse les déchets sans
précaution particulière pour protéger l'environnement et sans autorisation
constitue une décharge brute.
Pour lutter contre ces deux mauvaises façons de jeter, la réglementation s'est
intéressée à ce mode d'élimination et la décharge est devenue contrôlée (1975 à

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CENTRES DE STOCKAGE DES DÉCHETS. IMPACTS ET PROSPECTIVE _____________________________________________________________________________

1981). C'était bien l'expression d'une volonté et d’une nécessité de surveiller les
effets et impacts sur l'environnement.
Progressivement, des règles techniques ont été édictées concernant le choix
des sites de confinement ; la récupération des effluents gazeux et aqueux aux
fins de traitement avant rejet, la sélection des déchets admis, le contrôle et la
surveillance des exploitations, etc. Pour refléter cette modernisation, la
décharge s'est alors appelée centre d'enfouissement technique (1980 à1990).
Depuis les années 1990, des dispositions techniques très importantes, et radi-
cales, ont été prises :
— choix de sites imperméables pour le confinement des déchets ;
— étanchéité et drainage des fonds, des côtés et de la couverture des sites ;
— forte sélection dans les catégories de déchets admis ;
— conditions de rejet fixées en teneurs et en flux pour le biogaz et les lixiviats,
ce qui nécessite obligatoirement des systèmes performants de collecte et traite-
ment avant rejet ;
— surveillance des sites au moins 30 ans après leur fermeture pour gérer la
période postexploitation.
Pour marquer cette « révolution » dans le domaine, la réglementation a rompu
avec le passé en donnant un nouveau nom : les centres de stockage de déchets.
Cela sous-entend que les déchets sont entreposés dans un lieu confiné, sans
échange avec les milieux environnants (eaux souterraines, sol et atmosphère).
Entre le stock de déchets et ces différents milieux, des dispositifs de sécurité et
de protection sont aménagés sous forme de « barrières ».
On distingue :
— la barrière passive, généralement constituée d'une couche de sol imper-
méable plus ou moins épaisse (1 à 5 m) selon la nature des déchets, qui est
l'écran, non sollicité pendant la vie normale de l'exploitation, mais qui sert de
« rempart extrême » et qui minimise les effets sur l'environnement en cas de
défaillance des dispositifs d'étanchéité et de drainage (d'où l'appellation de sys-
tème passif) ;
— la barrière active, ou dispositifs sur lesquels il est possible d'agir pour pré-
venir tout accident ou pour minimiser par une action volontaire toute sollicita-
tion de la barrière passive. Elle est constituée d'un écran étanche généralement
à base d'un matériau géosynthétique ou membrane et d'un réseau de drainage
composé d'un réseau de canalisations de collecte, disposées dans une couche
de matériaux drainants.
De plus, dans la masse des déchets, si ceux-ci sont évolutifs et fermen-
tescibles, un réseau de collecte des gaz formés (biogaz) est aménagé, de même
qu'en superficie, sous la barrière passive de couverture.
Les barrières de confinement et de drainage ceinturent en principe la totalité
du stock de déchets (le fond, les flancs et en couverture finale).
En complément de cette forte évolution dans la conception des aménage-
ments de sites de stockage, l'application des principes de précaution et de pré-
vention a porté aussi sur les déchets eux-mêmes. La sélection des déchets admis
à été régulée en fonction de la capacité des différentes barrières à endiguer leur
possible réactivité et leur comportement à long terme.
Le concept général qui a présidé à ces choix d'aménagement et d’admission
des déchets a été en définitive celui de permettre un stockage permanent et défi-
nitif de déchets peu évolutifs ou dont il est possible de maîtriser l'évolution et les
impacts sur l'environnement, même en cas de défaillance à long terme des dis-
positifs de sécurité. Les stockages peuvent dès lors être qualifiés d'écocompa-
tibles.
Cet article expose les contextes dans lesquels s’inscrivent les centres de stoc-
kage des déchets, aussi bien sur le plan économique que social ou environne-
mental. Les perspectives d’évolution sont également présentées.
Les aspects plus techniques, relatifs au choix de l’implantation, à l’ingénierie et
à l’exploitation des centres de stockage des déchets font l’objet des deux articles
suivants, [G 2 101] et [G 2 102], du même auteur.

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1. Politiques de stockage 1.2 Situation en France


des déchets L'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'éner-
gie) réalise le recensement régulier et périodique des installations
de traitement de façon quasi exhaustive pour ce qui concerne les
1.1 Situation dans le monde déchets « ordures ménagères et assimilés » (OM) – hormis les
décharges brutes et sauvages – mais pas ce qui concerne les
déchets industriels ; ce recensement porte essentiellement sur les
Une étude [1] réalisée en 1996 par l'Agence pour la diffusion de déchets traités en centres collectifs. L’inventaire de 1996 [2] fait
l'information technologique (ADIT) a permis de visionner les poli- apparaître les données du tableau 1.
tiques affichées et celles pratiquées dans quinze pays. En ce qui
concerne les déchets municipaux, il en ressort que la mise en (0)
décharge reste, et de loin, le principal mode d'élimination dans le
monde : Tableau 1 – Recensement des installations de traitement
— inférieure à 20 % : Suisse, Japon, Danemark ; des ordures ménagères et assimilés en 1996 (d’après [2])
— supérieure à 30 % et inférieure à 60 % : Pays-Bas, Belgique,
Suède, Allemagne, Autriche ; Gisement Taille
Nombre
— 60 à 70 % : France, États-Unis, Canada, Norvège ; total Mise en
Déchets d’installations moyenne
— supérieure à 70 % : Royaume-Uni, Espagne, Italie. décharge
collectives
Nota : les pourcentages sont exprimés en masse. (Mt) (t/an)
Mais il existe un consensus pour considérer que : Ordures ménagè-
— la décharge devrait être le dernier recours dans la hiérarchie res et assimilés 35,4 58 % 467 44 000
des modes de gestion de déchets, après la collecte, le tri, la récupé- (OM)
ration et d’autres modes de valorisation ou d’élimination ; Déchets indus-
— il y a une nette volonté de réduire ou contingenter la mise en triels spéciaux 2 (1) 30 % 14 40 000
décharge : séparation par catégorie de déchets, sélection pour (DIS)
l'admission selon des critères de danger ou de risque présenté par (1) Estimation
les différentes catégories de déchets, contingentement de la matière
organique biodégradable, accusée d'être à l'origine d'une forte
contribution à l'effet de serre, interdiction programmée pour cer- Le nombre d'installations est pratiquement constant depuis envi-
tains pays des déchets « incinérables ». ron 10 ans. Les créations de nouveaux sites ou extensions compen-
Dans la réalité, il y a en fait une coexistence large de l'ensemble sent la fermeture de sites parvenus à saturation ou dont l'activité a
des modes de traitement des déchets. cessé pour non-conformité à l'évolution réglementaire.
Sur le plan technique, les concepts et les technologies présidant à
la construction des décharges de déchets municipaux (la mise en
décharge « spécialisée » des déchets industriels est très peu prati-
quée en dehors de la France) sont très comparables dans la plupart 2. Cadre réglementaire
des pays. Les seules différences notables sont liées à la nature des
sols prescrits pour être des barrières géologiques ou à l'utilisation
des gaz captés. 2.1 Classes de stockage
Les réglementations, même les plus avancées, bien appliquées
sur les nouveaux sites, le sont toutefois beaucoup moins sur les À l'origine, la réglementation française a défini des classes de
anciens. On observe : décharge selon le degré de perméabilité du sous-sol du site amé-
— une récupération souvent imparfaite des lixiviats ; nagé. Ce degré d'imperméabilité est défini par la loi de Darcy, et pré-
— une rare valorisation des gaz récupérés ; cisément par le coefficient K selon l'expression suivante :
— des contrôles inégaux après la fermeture. Q = KSi
Si les politiques affichées semblent globalement très proches,
l'étude plus détaillée des situations nationales met en évidence des avec Q (m/s) vitesse de progression dans la couche perméable,
différences d'interprétation et d'application non négligeables. Parmi K (m/s) coefficient de perméabilité du substratum ou coef-
les facteurs qui influencent les positions de chacun des pays, la ficient de Darcy,
situation géographique et l'opinion publique occupent une place i gradient hydraulique (i = h + e),
centrale : peu de politiques semblent étayées par des données h charge hydraulique,
scientifiques, même si la motivation est presque toujours de limiter
les pollutions. Il est vrai qu'il est aujourd'hui difficile de prendre en e épaisseur du substratum,
compte de façon objective les facteurs environnementaux, dans la S (m2) section perpendiculaire à la direction de l’écoulement.
mesure où l'on ne dispose pas de données suffisantes pour compa-
Exemple : en ordre de grandeur, à un coefficient de perméabilité
rer les effets des divers modes de traitement disponibles.
de 10 –9 m/s correspond une vitesse de 1 m en 30 ans, pour un gra-
Le problème du coût de la gestion intégrée des déchets se pose dient hydraulique de 1.
également et, plus généralement, celui du rapport efficacité écolo-
gique/coût. Mais en la matière, des études scientifiques restent Pour la France, à chaque catégorie de stockage, la réglementation
nécessaires et la réglementation évolue encore un peu à tâtons. a exigé un niveau précis d'imperméabilité, notifié par le coefficient
K et l'épaisseur minimale du substratum :
L'un des enseignements de cette étude est peut-être qu'il n'existe
pas de solution universelle, mais seulement des solutions particu- — déchets industriels : e = 5 m, K = 10 –9 m/s ;
lières, en fonction de contextes géologiques, géographiques, histo- — ordures ménagères et déchets assimilés :
riques et culturels particuliers, chaque pays construisant le système • e = 1 m, K = 10 –9 m/s,
qui lui permet d'intégrer ses spécificités politiques, techniques et • e = 5 m, K = 10 –6 m/s ;
sociales. — déchets inertes : aucune exigence. (0)

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Tableau 2 – Classes de stockage de déchets


Dispositions pour
Nature dominante
Classe Déchets Fonction du stockage la protection Durée
des déchets
de l’environnement
I DIS ultimes Minéraux solubles Stockage Couverture, toit mobile Réversible
Résidus ultimes stabilisés (métaux, sels) Isolement de la pluie Stabilisation, drainage, Permanent à long terme
(seuils d’admission) Besoins régionaux géologie Autosurveillance sur 30 ans
K > 10 –9 m/s (e = 5 m)
II OM brutes avant 2002 Organiques Évolution Drainage Moyen terme (20 à 30 ans)
OM ultimes après 2002 Minéralisation biologique Isolement du sous-sol : Site convertible réutilisable ou
Maturation –9 « abandon »
Mâchefers Minéraux évolutifs Besoins départementaux e = 1 m, K = 10 –6 m/s ou
Sables de fonderies e = 5 m, K = 10 m/s
III Déblais Inertes Gestion Éviter les dépôts sauvages Permanent si non récupération
Gravats Espace géographique
Démolition

Trois classes de stockage ont été définies en précisant spécifique- l'actuelle réglementation française, on peut résumer la situation de
ment leurs fonctions, les spécifications de leur barrière passive et la façon suivante :
les catégories de déchets admissibles (tableau 2). — pour la classe I, la France a un niveau supérieur, notamment
par l'existence d'unités de stabilisation en amont du stockage ;
— pour la classe II, la France est en adéquation avec la directive ;
2.2 Textes — pour la classe III, la France devra définir sa réglementation
technique, ce qui n'est pas encore fait, mais aussi le régime d'auto-
Les textes réglementaires sont généralement édictés sous forme risation auquel les sites seront soumis.
d'arrêtés ministériels, de façon à s'imposer avec force et de manière
égalitaire sur l'ensemble du territoire national. Ces arrêtés sont
accompagnés, quand nécessaire, de « guides techniques » qui 2.3 Responsabilités
apportent commentaires et avis d'interprétation sur les dispositions
pouvant laisser le choix à plusieurs options selon des cas d'espèce Les centres de stockage de classes I et II sont des installations
ou les contextes locaux. dont l'exploitation est soumise à autorisation préfectorale après
enquête publique, en application de la loi du 19 juillet 1976 modifiée
Pour les différentes classes de stockage, les références réglemen- relative aux installations classées pour la protection de l'environne-
taires sont en 2000 : ment (ICPE) (décret d'application du 21 septembre 1977 modifié) :
— classe I : arrêté ministériel du 18 décembre 1992 modifié le rubrique 167 pour les centres de classe I, rubrique 322 B pour les
18 février 1994 ; centres de classe II.
— classe II : arrêté ministériel du 9 septembre 1997 et guide tech- L'activité classée est le fait de « mettre au dépôt » ce qui entraîne
nique diffusé aux préfets, novembre 1997 ; une responsabilité et une mission de l'exploitant tout à fait particu-
— classe III : projet de guide technique à diffuser aux préfets. lière. En effet, tant que le dépôt « existe », l'exploitant a la charge de
Chacun de ces textes mentionne les dispositions concernant les protéger l'environnement. Dans les principes, cette mission n'a pas
domaines suivants : de fin ! De ce fait, cette activité présente le caractère tout à fait spé-
— définition et champ d’application ; cifique de continuer à être réglementée et contrôlée après que la
— admission des déchets ; période de mise en dépôt, proprement dite, est achevée. Le législa-
— choix et localisation du site ; teur a donc estimé qu’il y a lieu de se prémunir contre une
défaillance éventuelle de l’exploitant. Des garanties financières ont
— aménagement du site ;
été instituées par la loi du 13 juillet 1992, qui permettent au préfet –
— exploitation de l’installation :
en cas de défaillance de l'exploitant – de faire réaliser les travaux et
• exploitation des casiers et alvéoles, de prendre les mesures les plus importantes concernant :
• mise en place des déchets,
— la couverture finale du site ;
• prévention des nuisances,
— la surveillance et la maintenance des installations de traite-
• suivi et contrôle des rejets, ment des rejets sur une période de 30 ans après « fermeture » ;
• information sur l’exploitation, — la réparation des systèmes défaillants ayant pu être la cause
• couverture des parties comblées et fin d’exploitation ; d’une pollution ou de dommages causés à des tiers ;
— installations existantes et mise en conformité ; — un contrôle et un suivi dit long terme, portant sur une période
— annexes : déchets admissibles / déchets interdits. d’au moins 30 ans après la mise en place de la couverture finale.
De plus, lorsque cela apparaît nécessaire pour aider les exploi-
tants et/ou l'administration à appréhender les moyens possibles
pour satisfaire les objectifs et mesures fixées par la réglementation,
des cahiers techniques sont élaborés par les pouvoirs publics, par
exemple par l'intermédiaire de l'ADEME (particulièrement [3]).
3. Aspects économiques
L'appartenance de la France à l'Union européenne impose égale-
ment que les règles communautaires adoptées sous forme de direc- Les coûts de gestion des déchets disponibles actuellement varient
tives soient obligatoirement transcrites et transposées en droit avec la méthode de calcul et de présentation des résultats choisie :
national. Ainsi, la directive Décharge adoptée le 26 avril 1999 (JO du modalité de financement, régime juridique, imposition, phase de
16 juillet 1999) a fixé à deux ans le délai de transcription. Après une montage... Les coûts disponibles ne sont donc pas comparables
analyse grossière comparative entre les exigences de la directive et d'une étude à l'autre. (0)

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Tableau 3 – Reconstitution des coûts techniques liés à la mise en décharge


selon la capacité annuelle des sites (d’après [4])
Exemple 1 Exemple 2 Exemple 3
Taille du site 100 000 t/an 50 000 t/an 20 000 t/an
Couverture Imperméable Imperméable Semi-perméable
Traitement des lixiviats Évaporation Coagulation/floculation Lagunage + STEP
Perméabilité du sous-sol K < 10 –9 m/s K < 10 –9 m/s K < 10 –9 m/s
Coûts (F/t)
Investissement 25 à 40 10 % 20 à 40 10 % 30 à 60 10 %
Fonctionnement fixe : 155 à 205 65 % 210 à 280 70 % 340 à 445 75 %
— investissement 95 à 130 40 % 135 à 180 45 % 205 à 265 45 %
— personnel 15 5% 20 5% 40 8%
Fonctionnement variable 20 à 35 10 % 25 à 40 10 % 40 à 55 9%
Taxe 40 15 % 40 10 % 40 8%
Coûts total 240 à 315 100 % 295 à 405 100 % 450 à 600 100 %
(hors garanties financières)
STEP : station d’épuration.

Pour pallier cet état de fait, l'ADEME et l'AMF (Association des


maires de France) ont décidé de confier à SOFRES Conseil une Tableau 4 – Coûts de la mise en décharge de déchets
étude du coût global de gestion des déchets municipaux [4] basée municipaux dans les pays industrialisés
sur : (d’après [2], actualisé par les données SITA 1998)
— une méthode d’évaluation des coûts reconnue par tous et la
constitution d’une base d’informations ; Coûts (F/t)
— l’observation des coûts sur site en appliquant le cadre ainsi Pays Minimum Maximum Taxe
définie.
Les coûts présentés dans cette étude (tableau 3) correspondent à Espagne 24 48
des installations nouvelles, sont exprimés hors taxes et compren- Portugal 100
nent les frais d'étude de faisabilité, de mise en route ou de dossier ;
les assurances ; les frais de structure et la marge des opérateurs. Grande-Bretagne 118 136 56
L'évaluation correspondant aux stockages de classe I n'a pas été Belgique 170
réalisée. On peut cependant indiquer les tarifs d'élimination sui- Italie (sud) 175 215 70
vants (hors taxes) pour les déchets industriels spéciaux : 400 à
Suède 225 695 175
600 F/t pour le stockage ; 400 à 600 F/t pour la stabilisation des
déchets préalable à l'enfouissement, soit un coût global de 800 à France 290 440 40
1 200 F/t. Allemagne 350 1 000
Pour ce qui concerne les centres de classe II, les coûts correspon-
Danemark 388 428 228
dent à une exploitation en casiers et alvéoles conforme à l'arrêté du
9 septembre 1997, y compris le coût de fermeture du site et la taxe Norvège 400
FMGD (fonds de modernisation de la gestion des déchets). Ils ne Suisse 400 800
comprennent ni la valorisation du biogaz, ni les garanties finan-
cières. Italie (nord) 420 700 70
La durée d'exploitation est fixée à vingt ans, celle de postexploita- Pays-Bas 432 90
tion à trente ans. Autriche 1 100 1 250
La part des investissements à court et long termes représente
45 % à 55 % du coût total. Les coûts de fonctionnement fixes (autres
que les coûts d'investissement de court terme : ouverture/fermeture
des alvéoles et casiers réalisée en moyenne sur deux ans) représen- 4. La méfiance sociale
tent 25 % à 30 % du coût brut, et la taxe FMGD 10 %. Le personnel
représente seulement 5 % à 10 %.
La décharge a toujours suscité de la part du public crainte, oppo-
Le déterminant est essentiellement la taille du site qui dépend de sition ou pour le moins méfiance. Il faut dire que l'image générale-
plusieurs contraintes : surface et hauteur de stockage, durée ment admise ou véhiculée était celle d'une décharge qui fume,
d'exploitation. Séparément, ces éléments n'ont pas d'impact malodorante, attirant rongeurs et insectes, et qui pouvait polluer les
majeur, mais combinés, ils peuvent être à l'origine d'écarts de coût ressources en eau. Le déchet, c'est déjà « l'objet » dont on se débar-
significatifs (plus de 20 %) rasse, que l'on ne veut plus voir, dont on ne veut plus entendre par-
À titre de comparaison, dans les pays industrialisés, les coûts de ler. Alors la décharge, considérée comme une somme de déchets,
mise en décharge s'établissent environ comme présenté dans le ne peut provoquer au premier abord qu'une aversion compréhen-
tableau 4. (0) sible.

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Dans pratiquement toutes les situations de confrontation d'une Il est à regretter que seule une minorité de personnes soit au cou-
décharge avec un public, on peut noter plusieurs comportements rant des évolutions notables, voire considérables, que ce mode
types chez les populations concernées : d'élimination a connu au cours des deux dernières décennies :
— les « indifférents », peu sensibles du moment qu'ils ne sont — une profession qui s’est créée et développée ;
pas sous les vents dominants, ni à proximité ; — des concepts forts de protection de l’environnement :
— les « citoyens » : compréhensifs de la nécessité publique de • un nombre limité de sites,
tels équipements « il faut bien les mettre quelque part » ; • des déchets admis sélectionnés,
— les « NIMBYistes » : « Not in my backyard », ou pas chez moi. • des barrières successives et complémentaires composant le
Ils comprennent les riverains directement impliqués et avec les- dispositif de confinement. On soulignera tout particulièrement la
quels il y a forcément négociation de voisinage ; révolution récente de systématisation d'une barrière géologique
— les « pour »… il n'y en a pas ! hormis ceux qui sont dans la imperméable qui constitue un rempart ultime en cas de
perspective d'un emploi, d'un commerce, d'une relation fournis- défaillance du dispositif de collecte, drainage des effluents ;
seur, etc. — garanties apportées par la réglementation pour ce qui
On peut aussi constater qu’il peut y avoir des soutiens implicites concerne :
de certains acteurs : • les responsabilités,
— les services de l'État, sur des bases de choix de meilleures • les garanties financières en cas de défaillance de l’exploitant,
techniques disponibles et des conditions d'implantation plutôt favo- • une période obligatoire de suivi de 30 ans après cessation
rables ; d’activité ;
— les élus, qui ont conscience de l'intérêt général et des impacts — des techniques élaborées et éprouvées dans les domaines
positifs possibles pour les communes d'accueil. Ce soutien s'ame- majeurs :
nuise toutefois si la population se montre manifestement hostile à • l’aménagement : utilisation de géosynthétiques pour le drai-
l'opération (surtout en période électorale) ; nage et l’étanchéité,
— les mouvements écologistes nationaux qui, conscients des • la collecte et la destruction du biogaz,
moyens techniques prescrits ou adoptés, considèrent le stockage • l’épuration des lixiviats,
comme un moindre mal par rapport au risque de décharge non • le compactage des déchets,
contrôlée, brute ou sauvage. • le monitoring du contrôle et de la surveillance.
Parmi les craintes ou les oppositions du public, et particulière-
ment des riverains, on peut noter les motifs dominants suivants :
— une mauvaise image de marque ;
— la crainte de risques pour la santé, ou tout simplement par 5. Risques et impacts
méconnaissance du sujet, une information succincte ou
inexistante ;
— « l’activité sera de toute façon mal contrôlée et on acceptera Les centres de stockage de déchets sont des sources potentielles
n’importe quoi » ; d'émissions d'effluents gazeux ou liquides, de qualité et quantités
— une incompréhension du choix de ce mode de traitement et très diverses, selon les catégories de stockage, les conditions clima-
non d’un autre ; tiques et les dimensions et modes d'exploitation.
— la crainte des nuisances (bruit, transports, trafic…) ; Pour évaluer les impacts potentiels, il faut bien évidemment
— « une activité économiquement profitable et forcément délais- considérer en définitive les expositions – et non pas seulement les
sée dans ses systèmes de protection, prévention de l’environne- émissions – brutes ou nettes après traitement. À cette fin, il est
ment » ; nécessaire de quantifier en flux les différentes sources d'émission
qui, après transfert dans les divers milieux, produiront les doses
— « Qui s’assurera du bon fonctionnement à long terme et
susceptibles d'engendrer des effets significatifs en terme d'impacts.
notamment après cessation d’activité ? »
Il y a donc bien dans ce domaine un sérieux handicap psycho-
socioculturel qui ne peut être pallié uniquement par des arguments
techniques qui tenteraient de rassurer. 5.1 Environnement
Bien souvent, face à des comportements d’opposition, les élé-
ments « positifs » soutenus sont les suivants :
— les déboires de la situation actuelle et le danger d'un statu quo
5.1.1 Contribution à l’effet de serre
(points noirs, friches abandonnées, décharges clandestines, pollu-
tions diffuses) ;
Le biogaz produit par les stockages de déchets ménagers et
— l'amélioration réelle de l'environnement, résultat de la création assimilés est un gaz contributif de l'effet de serre par le méthane
de centres offrant les garanties requises ; (CH4) et le dioxyde de carbone (CO2) qu'il contient.
— les nouvelles technologies en matière de traitement des
déchets ultimes ;
— les retombées positives pour la région et la collectivité ■ Production
d'accueil (emplois, fiscalité, redevance). Elle résulte des étapes successives de « fermentation » de la
Pour développer ces arguments et tenter de convaincre, ou pour matière organique biodégradable :
le moins amenuiser les oppositions, et délibérer dans un climat si — hydrolyse ;
possible serein et discuté, certaines méthodes peuvent et doivent — acidogenèse ;
être utilisées : — acétogenèse ;
— informer, communiquer avec une information régulière objec- — méthanogenèse.
tive, claire et accessible à chacune des étapes de la vie du stockage : Le dioxyde de carbone est produit dès la deuxième étape, alors
ouverture, progression-extension, fermeture, postexploitation… ; que le méthane n'apparaît qu'à la dernière. Sur les exploitations, les
— s'assurer le soutien d'instances décisionnaires ; évolutions sont très rapides en conditions anaérobies et le méthane
— faire valoir un sérieux et un professionnalisme dans les techni- est naissant à partir de quelques mois de mise en place des déchets
ques nouvelles qu’il est possible d'appliquer. (3 à 12 mois).

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Les facteurs d’influence de cette production de biogaz ont été — l'état de maturation des déchets : la dégradation de la matière
identifiés : organique entraîne une modification de la structure du déchet et
— les dimensions du site : une augmentation de sa capacité de rétention ;
• importance des échanges avec l'air ambiant (l'anaérobie se — l'âge des déchets.
développe en absence d'oxygène, et donc du confinement), Les flux générés dépendront donc très directement des catégo-
• les processus anaérobiques sont optimums dès lors que la ries de stockage en cause :
profondeur des déchets dépasse 5 m ; — pour les centres de classe III (déchets inertes), la pollution sera
— la nature des déchets (composés organiques dégradables) ; essentiellement constituée d'éléments salins en provenance des
— le degré de compaction ; déchets de démolition contenant du plâtre. Mais comme le nombre
— la présence ou non de couvertures intermédiaires ; de sites n'est pas connu, il est impossible d'en évaluer l'importance ;
— la force de soutirage du biogaz pouvant entraîner une part — pour les centres de classe I (déchets dangereux), la question
d’oxygène ; appliquée au mode de traitement actuellement en vigueur ne se
— les processus microbiologiques, directement dépendants des pose pas. En effet, les déchets stabilisés solidifiés ne produisent pas
conditions nutritionnelles des bactéries : de lixiviats, de par la stabilisation elle-même et de par le fait que les
• humidité (40 à 60 %), produits stabilisés sont protégés de la pluie. En cas d'émergence de
• pH optimum dans la plage 6,5 à 8,5, lixiviats, considérée comme exceptionnelle, ceux-ci sont réintro-
• température (35 à 45°), duits dans le process de stabilisation.
• nutriments : matière organique, azote, phosphore.
■ Évaluation quantitative
5.2 Santé
Caractéristiques du méthane
Masse volumique : 0,716 kg/m3 Il faut constater que la connaissance des effets sur la santé des
Masse molaire : 16 g/mol centres de stockage est encore lacunaire, d'une part parce que les
Volume molaire : 22,4 L/mol méthodes d'investigation demandent à être mises au point et tes-
Potentiel énergétique : 9,3 à 11,4 kWh/m3, soit 14 kWh/kg tées et d’autre part parce que les études réelles de terrain n'ont sou-
vent été que parcellaires et ont plus apporté de doutes que de
Les émissions de méthane, générées par les décharges dans le certitudes.
monde, ont été évaluées à 40 Mt en 1995. Le méthane est le
En effet, les études entreprises ont souvent été trop en « amont »
deuxième contribuant à l'effet de serre après le dioxyde de carbone,
des effets et se sont cantonnées à l'étude de toxicité ou d’écotoxicité
à hauteur de 8 % pour ce qui est du méthane produit en décharge.
des déchets.
Fort heureusement, tout le méthane produit n'est pas émis dans
Nota : il faut souligner qu’il n’y a pratiquement pas de relation simple et directe entre la
l'atmosphère : composition physico-chimique d’un déchet et les émissions, et donc les expositions, qui en
— la collecte et le traitement par incinération se développent et se résultent.
systématisent progressivement ; D'autres études, ou plus exactement des enquêtes, ont tenté de
— les couvertures finales, selon leur configuration, filtrent ou rechercher et de prouver à l’aide de statistiques épidémiologiques,
endiguent les transferts vers l'atmosphère de façon plus ou moins une relation éventuelle entre l'existence d'un centre de stockage,
efficace. son passé et un constat de taux « anormal » de maladie ou de mal-
La Commission européenne considère que, pour l'Europe de formations sans même qu'il eut été établi au niveau d'une « étude
l’Ouest, le pourcentage (en volume) de collecte du méthane sur les de risque » une relation possible, voire probable, de doses émises et
décharges suivra l'évolution suivante : d’effets constatés.
— 30 % en 1995 ; Pour évaluer tout particulièrement ce type d'impact, toutes les
— 40 % en 2010 ; étapes suivantes sont indispensables :
— 50 % en 2025. — évaluation des dangers par la caractérisation des émissions à
Les autres mesures envisagées pour réduire les émissions peu- la source ;
vent être : — évaluation des niveaux d’exposition des êtres vivants et
— la réduction de la masse des déchets biodégradables ; recherche d’indicateurs de pollution aériens pertinents (chimiques
— la réduction des déchets enfouis qui se dégradent par voie et biologiques) ;
anaérobie ; — métrologie : phase particulaire ;
— l’augmentation de l’oxydation biologique du méthane avant — caractérisation de l’impact et du risque selon les expositions et
qu’il soit transféré à l’atmosphère ; les fonctions doses-réponses grâce aux niveaux déjà connus par :
— l’augmentation de la masse de méthane collecté et détruit par • la toxicologie animale,
combustion ou valorisé énergétiquement. • l’épidémiologie (milieu professionnel, neurotoxicité, repro-
duction, cancer, …),
• les biomarqueurs ou les indices d’effets précoces ;
— modèles de dispersion aérienne ;
5.1.2 Contribution à la pollution — déposition/transfert chaîne alimentaire ;
des eaux souterraines — pratiques alimentaires.

Il n'est pas aisé de prévoir avec précision les flux de lixiviats géné-
rés par les centres de stockage, aussi bien d’un point de vue qualita-
tif que quantitatif. En effet, ces flux varient en fonction de plusieurs 6. Prospective
facteurs :
— la nature des déchets : proportions respectives de matière
organique, plastiques, papiers, cartons, fines, polluants métalliques, 6.1 Axes de travaux de recherche
salins, etc. ; et développement
— l'état de compaction des déchets : l'état de compaction
influence directement la porosité du déchet, et par conséquent sa Le stockage de déchets est un domaine éminemment complexe,
teneur en eau ainsi que sa perméabilité ; dont les concepts, les techniques, les impacts restent encore source

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d’imagination, de besoins de connaissances, pour orienter les choix 6.1.2 Gestion des fluides
et les décisions politiques, stratégiques et économiques. Les tra-
vaux de recherche et développement vont puiser dans des disci- ■ Bilan hydrique d’un site de stockage :
plines très diverses : — modélisation des quantités de lixiviats selon la pluviométrie,
— les sciences fondamentales : physique, chimie, biologie, appli- type et conception de couverture, catégorie de déchets, dimensions
quées à la géologie, l’hydrogéologie, la mécanique, la géotechni- des sites, dispositifs de drainage, etc. ;
que, les transferts de masse et de chaleur, etc. ; — propriétés hydrauliques des déchets (rétention, perméabilité).
— les sciences dites « molles » (en comparaison aux sciences ■ Gestion des lixiviats :
précédentes, dites « dures ») telles que les sciences sociales, de
— évolution de la qualité des lixiviats au cours du temps (métaux,
communication, de l’information, de la santé, de l’écologie, etc.
COT, DCO, DBO5, etc.), modélisation, possibilités d’influence,
Les travaux et les expérimentations visent à satisfaire les deman- modes de gestion des traitements d’épuration ;
des de connaissances et de recueil de données aussi bien d’ordre — concepts et économie des traitements des lixiviats : utilisation
fondamental qu’appliqué et serviront simultanément à répondre à de l’énergie du biogaz pour traiter thermiquement les lixiviats ;
trois questions : — recirculation de lixiviats (effets et limites).
— quels concepts/systèmes en adéquation avec quels impacts et Nota : COT : carbone organique total ; DCO : demande chimique en oxygène ; DBO5 :
quels déchets ? demande biologique en oxygène après incubation de 5 j.
— quelles techniques de confinement, de traitement des ■ Gestion du biogaz :
effluents, de surveillance, de contrôle ? — modélisation qualitative et quantitative du biogaz tout au long
— quelle économie d’investissement, de gestion et d’exploitation de la vie du site ;
intégrant une responsabilité à court, moyen et long termes ? — utilisations (valorisation du biogaz, en interne ou externe au
Plusieurs aspects sont aujourd’hui débattus sur un plan interna- site, potentiel énergétique), capacité d’agir sur le processus de
tional. Ils sont développés dans la suite. génération et de production du biogaz ;
— économie des filières d’utilisation.

6.1.1 Connaissance des mécanismes réactionnels Ces questions visent à maîtriser les entrées et les sorties du sys-
consécutifs à l’enfouissement des déchets tème aussi bien en terme d’effluents aqueux que d’effluents gazeux
dans une écocompatibilité avec les qualités exigées des milieux
récepteurs.
■ Le procédé et son influence sur le comportement à long terme :
Si les priorités sont jusqu’ici concentrées sur les systèmes de col-
— biodégradation de déchets : mode de développement de lecte et de traitement des effluents avant rejet, peu à peu, les thèmes
micro-organismes, mécanismes et cinétiques de formation du bio- de recherche et développement s’orientent vers la prévention en
gaz tout au long de la vie d’un site ; visant à diminuer les quantités d’effluents générés ou d’influer sur
— bilan des flux d’émissions polluantes (caractérisation fine des leurs qualités.
éléments traces contenus dans le biogaz et les lixiviats) ;
— chaleur et transfert des masses dans la décharge ;
— identification des micro-organismes ;
6.1.3 Étanchéité, drainage, stabilité des décharges
— émissions d’ammoniac (NH3), de composés organiques vola- ■ Étanchéité :
tils (COV), etc. — design et matériaux d’étanchéité – conceptions, démarches de
■ Évolution des concepts d’aménagement et gestion d’un centre choix, des produits selon les fonctions assignées, règles de
de stockage : dimensionnement –, contrôles de réception de mise en œuvre ;
— géosynthétiques d’étanchéité et géosynthétiques associés.
— inertage, stabilisation des déchets (recherche et amélioration
des procédés – mécanismes réactionnels – choix et tests des ■ Systèmes de drainage :
réactifs) ; — modélisation des performances des différents dispositifs
— réduction de la part de composés organiques pour l’admission concevables ;
des déchets ; — problèmes de colmatage, identification des phénomènes,
— stockage bioactif ou bioréacteur : effets d’une recirculation quantification, recherche de solutions palliatives.
d’une partie des lixiviats ; ■ Dispositifs de couverture finale :
— stockage aérobie et stockage anaérobie (recherche de facteurs — conception des couvertures selon les fonctions assignées (per-
d’influence, quantitatifs des phénomènes – dispositifs techniques méable, semi-perméable, imperméable) et tenant compte des carac-
de maîtrise des process). téristiques et des propriétés des déchets enfouis et de leur évolution
Ces questions visent à permettre de choisir entre les différents dans le temps ;
concepts possibles, en intégrant une protection élevée de l’environ- — barrières capillaires ;
nement mais en visant une gestion et une maîtrise du système sur — dimensionnement et modélisation des comportements.
la durée la plus courte possible, de façon à ne pas « transférer » sur
■ Aspects mécaniques :
le long terme des effets traitables à court ou moyen termes.
— stabilité des structures d’étanchéité ;
Il faut alors « entrer » dans le process lui-même, pour identifier et — stabilité des structures d’étanchéité sur les pentes ;
évaluer les facteurs d’influence qui agissent sur le comportement et — stabilité des déchets ;
l’évolution des déchets, d’en maîtriser individuellement les effets, — lois de comportement, modélisation, règles de calcul de stabi-
de cerner les relations possibles entre les paramètres, et parvenir à lité des ouvrages et dispositifs sensibles aux risques d’installation.
modéliser les processus pour choisir celui qui convient à une ges-
tion maîtrisée intégrée dans une politique globale d’élimination et
de valorisation des déchets. 6.1.4 Autres aspects
■ Prétraitement des déchets : ■ Évaluation des impacts sur les différents milieux récepteurs et
— Évolution de la manière organique avant enfouissement ; sur l’homme et sa santé :
— stabilisation, solidification des déchets dangereux avant — caractérisation plus approfondie des émissions, des mécanis-
enfouissement, stockage (technologies, matériels, productivité dans mes de transfert (dispersion, dilution) en fonction de la climatologie,
les procédés utilisés). et des configurations et dimensions des sites ;

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— mesure et évaluation des niveaux d’exposition à l’intérieur et à — système stabilisé et stable sans effet incompatible sur l’envi-
l’extérieur des sites. Recherche d’éventuelles relations doses-effets. ronnement ;
■ Recherche de corrélations entre divers modes d’exploitation : — responsabilisation des opérateurs qui peut être levée ;
compactage (dimensions des surfaces d’exploitation, couvertures — état de situation « abandonnable », etc.
intercalaires, systèmes de drainage), et les émissions des effluents Les réflexions et les études seront également orientées en pre-
gazeux et aqueux ; capacité d’agir. nant en compte des objectifs de productivité dans l’aménagement
■ Émissions de biogaz : et l’exploitation des sites :
— bilans globaux : analyse de cycle de vie d’un centre de — taille optimisée des sites ;
stockage ; — compactage optimum pour gérer le volume disponible au
— oxydation du méthane ; mieux tout en permettant l'évolution des déchets ;
— métrologie des émissions ; — segmentation des risques par nature en opérant une sépara-
— incendie, odeurs et autres émissions. tion catégorielle des déchets présentant les mêmes dangers ;
— valorisation énergétique du biogaz ;
■ Pollution des eaux souterraines : contamination et diffusion des — prévention de la formation de lixiviats par mise en place d’une
milieux récepteurs, processus d'atténuation à travers différentes couverture pendant l'exploitation ;
barrières géologiques. — restriction de l'aire de déchargement et enfouissement des
■ Surveillance des décharges : déchets pour minimiser les surfaces soumises aux intempéries.
— surveillance des émissions gazeuses ;
— surveillance par méthodes géophysiques : recherche, tests de
capteurs, automatisation des mesures. 6.2.1 Stockage « confiné »
■ Postexploitation : aspects de la réhabilitation paysagère et inser-
tion dans l'environnement, usages postexploitation, servitudes Dans ce système, le confinement sera assuré par :
d'usage et d'accès. — la maîtrise des aménagements de confinement : étanchéité/
drainage sur le fond, les flancs mais surtout sur la couverture ;
■ Réhabilitation :
— la maîtrise de l'évolution du comportement des déchets au
— guide, inventaires et approches, stabilisation in situ ; cours du temps et notamment au cours de la période d’exploitation ;
— confinements latéraux ; — la maîtrise des rejets.
— réhabilitation combinée aux extensions. Dans ce type de confinement, la dégradation des composés orga-
niques et la solubilisation des polluants sera lente, et la période de
postexploitation devra assurer la maintenance des installations de
6.2 Évolution des concepts collecte et de traitement des effluents. Ces effets seront minimisés
par la réactivité faible du stock de déchets puisque non soumis aux
Depuis les années 1980, la décharge s'est transformée en stoc- facteurs d'influence extérieurs au système.
kage, en passant par divers concepts définis essentiellement au
regard de critères environnementaux :
— le « trou » ;
6.2.2 Stockage bioactif
— la décharge contrôlée ;
— l’enfouissement technique ; L'accélération de la dégradation des composés organiques induit
— le stockage confiné. les effets suivants :
On ne doit pas considérer que le stockage confiné constitue le — augmentation du flux de biogaz produit qui peut alors présen-
stade ultime de l’évolution des concepts. En effet, ce concept fige en ter des conditions favorables à sa valorisation sous forme
quelque sorte la nature de la protection à assurer entre le stockage d'énergie :
et les milieux environnants, mais laisse « ouverts » les différents • utilisation en interne : chauffage de bâtiment, production
modes de gestion du process d'évolution des déchets, et de là les d'électricité, traitement des lixiviats, etc.,
utilisations des produits de cette transformation. On peut alors • utilisation en externe : revente de l'énergie sous forme d’élec-
considérer, dans une vision prospective, le stockage comme : tricité, et/ou de vapeur, sous forme de carburant pour des véhicu-
— une transformation lente de la matière, selon un stockage pro- les automobiles, ou injecté après épuration dans le réseau
tégé des entrants dans le système et une maîtrise des fuites collectif ;
d'effluents générés. C'est le concept de la tombe sèche ; Nota : en 2000, plus de 150 sites de stockage en France produisent du biogaz pour un
total estimé à 700 000 TEP/ an, mais moins d'une dizaine de sites valorisent le biogaz à hau-
— une activation maîtrisée de la dégradation des composés orga- teur de 200 000 TEP/an.
niques. — réduction du temps de fermentation des déchets jusqu'à leur
La conduite du process peut alors être menée à des fins : stabilisation et par là même, réduction du temps de gestion du site
— de valorisation d’énergie ; en phase de postexploitation ;
— de valorisation matière ; — possibilité de diminuer les quantités de lixiviats rejetées en
— de limitation du « potentiel danger » des déchets en extraction externe en profitant de la capacité d'absorption en eau des déchets
des polluants contenus et solubles et traitement du soluté pendant jusqu'à leur état de saturation ;
la période d’exploitation. — dimensionnement optimisé du traitement des lixiviats pour un
effluent déjà dégradé et stabilisé par son passage au cœur du stock
Ces diverses finalités entrent dans le concept de stockage bio- bioactif ;
actif. — accélération de la vitesse de tassement des déchets et donc
Enfin, il faudra parvenir à « dimensionner » le stockage dans ses optimisation du volume de stockage déjà occupé (10 à 15 % de plus
structures et par les déchets admissibles comme devant être éco- que les 10 à 25 % de tassement ordinaire).
compatible et à très long terme. Cela suppose que puissent être Pour parvenir à maîtriser ce processus, il est fait appel aux fac-
définies et cernées les notions de : teurs d'influence de la dégradation anaérobie : présence et
— risque acceptable ; « disponibilité » de composés organiques biodégradables. On
— débit de fuite possible ; pourra favoriser cela par :

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— un tri sélectif des composés organiques opéré en amont ; — double étanchéité de fond pour diminuer les risques impor-
— un compartimentage des déchets selon leur caractère domi- tants de fuite compte tenu que la quasi-totalité du stock de déchets
nant, minéral ou organique ; est saturée d’eau et en charge sur le fond ;
— un ajout de composés organiques favorisant la dégradation — saturation des déchets sur quelques mètres en surface.
(boues d’épuration par exemple). La localisation serait choisie en fonction des critères suivants :
■ Humidité des déchets — proximité d’une alimentation importante d’eau (la pluie ne suf-
Le taux d'humidité optimal (40 à 60 %) sera produit soit par une fit pas) ;
« régulation » de l'eau de pluie pénétrant dans les déchets ou au tra- — éloignement des aquifères sensibles ;
vers d'une couverture semi-perméable dimensionnée à cet effet, — proximité d’une station d’épuration importante ou capacité de
soit par un apport d'eau volontaire, par recirculation des lixiviats par rejet importante ;
exemple, au fur et à mesure de la confection du massif de déchets — stockage bioactif, voie aérobie.
ou après mise en place de la couverture finale (en dessous, si on a La voie anaérobie n'est pas, dans le principe, la seule voie possi-
choisi une couverture imperméable). ble pour maîtriser et conduire la dégradation des composés organi-
La qualité d’un lixiviat, selon qu’il a fait l’objet ou non d’une recir- ques. La voie parallèle, aérobie, peut être envisagée au moins à
culation, est présentée dans le tableau 5. (0) deux niveaux :
— le prétraitement avant mise en stockage selon les principes du
compostage. En un temps relativement court de quelques semai-
nes, la réduction des quantités de matière organique et d'eau est
Tableau 5 – Composition d’un lixiviat avant très importante ! Il faut cependant disposer de place, maîtriser les
et après recirculation ordures éventuelles et prendre en compte un coût supplémentaire
non négligeable (investissements et exploitation) ;
Lixiviat Lixiviat après — le stockage directement conduit par voie aérobie. Dans ce cas,
Paramètre
traditionnel recirculation le stock de déchets est parsemé de tuyaux, de drains, par lesquels
DBO ............................. (mg/L) 20 à 40 000 12 à 28 000 de l’air est insufflé pour apporter l'oxygène nécessaire. La plus
grande difficulté est alors de maintenir simultanément le taux
DCO ............................. (mg/L) 50 à 60 000 20 à 35 000 d'humidité optimal et d'éviter les incendies.

NH 4 ............................. (mg/L) 30 à 3 000 6 à 1 850
CI– ................................ (mg/L) 100 à 5 000 9 à 1 884
6.2.3 Stockage et valorisation matière
Fe ................................. (mg/L) 20 à 2 000 4 à 1 100
Zn................................. (mg/L) 6 à 370 0,1 à 66 Le stockage de déchets est par principe un stockage conçu et prévu
pour être permanent et sans intention de reprise. Cependant, dans
certaines circonstances, il a été décidé de reprendre une partie des
■ Absence d’oxygène matériaux entreposés parce que de nouveaux projets d'aménage-
ment du territoire imposaient que soit déblayée une partie du stoc-
Elle est assurée par le confinement total du stock, notamment par kage ou parce que l'exploitant, compte tenu de la « rareté » des sites,
la mise en place de la couverture finale. La régulation du dispositif avait estimé et évalué possible de reprendre une partie du stock, de
de collecte du biogaz est optimisée sans apporter d'oxygène dans le trier les produits et de trouver une utilisation pour les composés
réseau (augmentation du nombre de puits de soutirage). organiques stabilisés, comme un « équivalent compost ». Le gain de
Pour gérer au mieux les mécanismes réactionnels sévissant dans volume nouveau obtenu permettait alors de considérer une nouvelle
la dégradation, il faudra continuer les travaux de recherche et déve- exploitation pour stocker de nouveaux déchets.
loppement pour d'une part modéliser le fonctionnement selon les Ces cas relativement rares et particuliers, illustrent qu'il est conce-
divers paramètres entrant en ligne de compte et dans le temps, et vable de considérer le stock de déchets comme un stock de matières
d'autre part concevoir et tester différents modes d'injection de liqui- réutilisables. Dans ces cas, les conditions économiques de l'opéra-
des dans la masse des déchets afin d'homogénéiser l'humidité dans tion seraient à considérer comme tout à fait exceptionnelles. Il serait
la masse sans provoquer des chemins préférentiels, et enfin optimi- possible par contre d'envisager dès le départ le stockage de certains
ser les systèmes et modes de valorisation énergétique du biogaz. déchets entreposés à des fins de réutilisation ultérieure. Placés dans
Dans une perspective de prolongement poussé de ce concept de des conditions sécuritaires vis-à-vis de l'environnement, ces maté-
stockage bioactif, on citera aussi les recherches et travaux concer- riaux seraient en attente éventuelle que les « filières de réu-
nant le Flushing Bioréacteur. tilisation » s'ouvrent. On peut penser ainsi à des produits issus de
L'objectif de ce « modèle » est de réduire le plus possible le collecte sélective auprès d'industriels ou des ménagers, qui sont en
potentiel danger, notamment pour ce qui concerne l'azote sous ses quantités momentanément surabondantes par rapport aux débou-
différentes formes et les composés minéraux, par leur solubilisation chés. On pourrait citer aussi certains mâchefers d'incinération
réalisée pendant la période d'exploitation. d'ordures ménagères qui, de par leur qualité, seraient susceptibles
d'être utilisés en technique routière, mais qui seraient en attente
Cette solubilisation est induite par le maintien d’une zone saturée que des projets d'aménagement routier soient décidés, ou qui
profonde dans les déchets. seraient stockés pour que les quantités disponibles au moment de la
Les estimations faites à partir de modélisations et expérimenta- « demande » soient en adéquation avec les capacités offertes par la
tions en laboratoire montreraient que le stock de déchets ne relar- réutilisation. Enfin, on peut également envisager que certaines acti-
guera plus après 30 à 50 ans de postexploitation qu'un débit de fuite vités, pouvant trouver quelque synergie avec l'exploitation du stoc-
compatible avec les milieux récepteurs. Cependant, la quantité kage, prennent place sur les sites de stockage.
nécessaire à cette solubilisation quasi totale serait de 6 à 7 m3/t
d'ordures ménagères ! Exemple : les unités de compostage de déchets – déchets verts en
particulier – pourraient être construites et exploitées, dans certains cas
Pour ce qui concerne l'aménagement et l'exploitation du stoc- économiquement et géographiquement intéressants, sur des sites de
kage, les principes suivants seraient retenus : stockage. Une partie du compost fabriqué pourrait, en l'absence
— broyage préalable des déchets ; d'autres débouchés, temporairement, être utilisée comme amende-
— pas de couverture journalière ; ment à la couverture végétale qui surmonte la couverture finale des
— pas de matériaux de perméabilité K > 10 –7 m/s ; parties déjà comblées.

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Ces pistes prospectives, avant d'être appliquées, demandent bien — une plate-forme de compostage des déchets végétaux ;
évidemment à ce que soient étudiées les conditions techniques et — un site d'écostockage qui recevra les refus de la collecte, du
économiques de leur mise en œuvre. centre de tri-valorisation et de la plate-forme de compostage. Cette
Il est important de noter qu'elles ne sont pas conçues pour être installation valorisera le biogaz pour son usage propre (chauffage,
généralisées, mais pour constituer des cas d'espèces, possibles électricité) et pour des activités installées à proximité du site. Le site
dans certaines circonstances particulièrement favorables. d'écostockage peut abriter le centre de tri-valorisation, la plate-
forme de compostage et une plate-forme spécifique à la maturation
des mâchefers venant d'UIOM (unités d’incinération des ordures
ménagères) en vue d'une valorisation. Des alvéoles peuvent être
7. Conclusion prévues pour délester un incinérateur d'ordures ménagères à l'arrêt
(pour maintenance ou sur incident).
La décharge s'est progressivement transformée jusqu'à subir une La filière de l'écostockage permet de maximiser la valorisation
véritable révolution en devenant stockage. Le confinement imper- des déchets banals au meilleur coût pour les producteurs, tout en
méable qui protège des agressions à l'environnement est une muta- respectant les normes sévères de protection de l'environnement.
tion capitale par rapport aux concepts qui présidaient jusqu'alors. Elle s'inscrit dans la politique nationale des déchets de la loi de 1992
On pourrait même considérer que les mutations subies dans l'évo- en favorisant l'objectif 2002 (stockage de déchets ultimes unique-
lution des stockages de déchets dangereux (stabilisation préalable, ment).
limitation dans les catégories de déchets concernés, confinement
très poussé du stock de déchets) en fait désormais une filière abou- La filière de l'écostockage est particulièrement adaptée aux
tie, pérenne car le degré de risque résiduel devrait pouvoir être besoins des agglomérations moyennes et de l'habitat rural en
considéré comme écocompatible. matière de traitement des déchets banals.
Pour ce qui concerne les autres catégories de stockage, il convient Le site d’écostockage est un mode de gestion sûr, souple et
de maîtriser les techniques d'étanchéité et de drainage mais aussi compétitif :
d'apprivoiser le comportement nouveau des déchets dans ce milieu — sûr : conforme aux prescriptions de l'arrêté ministériel des
confiné. Il convient d'apprendre à modéliser ses réactions lorsqu'il stockages de déchets ménagers et assimilés (9 septembre 1997) ;
est soumis à divers facteurs d'influence, de manière à le conduire — souple : c'est un équipement modulable qui est capable de
vers les différentes finalités que l'opérateur peut souhaiter. Le stoc- s'adapter à des variations importantes de tonnages. Il est donc par-
kage devient alors une filière de traitement à part entière dans la ticulièrement adapté à un moment où l'évolution de la quantité de
politique de gestion des déchets. déchets banals produite et valorisable est difficilement prévisible
Cette filière n'est pas antinomique d'une récupération et d’une sur des périodes de 5 à 10 ans ;
valorisation matière ou énergie, qui se situe en amont du stockage — compétitif : hors subventions et taxe ADEME incluse, le prix de
proprement dit. Elle peut prendre l'appellation d'écostockage et vente pour le stockage proprement dit devrait varier entre 300 et
peut intégrer les divers maillons de la chaîne : 500 F/t hors taxes, selon la taille et la configuration géologique du
— une collecte séparative : en porte à porte + tri à la source (conte- site.
neurs spécifiques, par exemple, le verre), y compris de produits orga- La filière de l'écostockage apparaît donc indispensable pour la
niques destinés à la valorisation biologique ; décennie 2000-2010. C'est une solution cohérente, conforme à la
— un centre de tri-valorisation (papier-carton, plastique, métal, réglementation, économiquement compétitive et étudiée pour
bois, verre) adapté aux circuits de valorisation existants ; répondre aux attentes de nombreux élus.

Références bibliographiques

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ménagers et industriels. 1996 ADIT.
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France Déchets, ADEME.
[3] Les installations de stockage des déchets ménagers et assimilés. Techniques et recom-
mandations. 1999 ADEME.
[4] Analyse des coûts de gestion des déchets municipaux. Note de synthèse. 1998 ADEME,
AMF.

Dans les techniques de l’Ingénieur, traité Environnement

[5] CONDON (C.). – Cadre réglementaire européen des déchets (G 2 021), avril 1998.
[6] MEHU (J.) et GRELIER-VOLATIER (L.). – Classification réglementaire et écocomptabilité
des déchets (G 2 030), octobre 1999.

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