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Centres de stockage des déchets

Conception
par Hervé BILLARD
Ingénieur
Directeur de la formation technique, groupe SITA

1. Choix des sites et implantations ......................................................... G 2 101 – 2


1.1 Recherche et qualification des sites........................................................... — 2
1.1.1 Qualification et préparation des terrains .......................................... — 2
1.1.2 Moyens d’investigation...................................................................... — 3
1.1.3 Essais de perméabilité ....................................................................... — 3
1.2 Remaniement des sols ................................................................................ — 3
2. Ingénierie du stockage ........................................................................... — 4
2.1 Concepts d’aménagement .......................................................................... — 4
2.2 Sécurité active.............................................................................................. — 5
2.2.1 Agencement ........................................................................................ — 5
2.2.2 Choix des géosynthétiques................................................................ — 6
2.3 Systèmes de couverture ............................................................................. — 10
2.3.1 Objectifs et fonctions.......................................................................... — 10
2.3.2 Choix possibles et typologie.............................................................. — 10
2.3.3 Couvertures imperméables ............................................................... — 11
2.3.4 Problèmes mécaniques liés à la mise en œuvre.............................. — 13
2.3.5 Cas particulier des couvertures intermédiaires ............................... — 16
2.3.6 Revégétalisation ................................................................................. — 16
Références bibliographiques ......................................................................... — 16

epuis le milieu des années 1970, la réglementation s’est intéressée aux


D modes d’élimination des déchets, afin d’en contrôler les effets sur l’environ-
nement. Les sites de confinement, de « décharges » à leur début, sont devenus
des « centres d’enfouissement technique ». Depuis le début des années 1990,
d’importantes dispositions techniques ont été prises, aussi bien pour la concep-
tion que l’exploitation des nouveaux « centres de stockage des déchets ». Après
un premier article [G 2 100] où nous avons exposé le contexte économique,
social et environnemental dans lequel ils s’inscrivent, nous nous intéressons ici
au premier volet de ces dispositions techniques, c’est-à-dire le choix du site
d’implantation et l’ingénierie des centres de stockage des déchets. L’article sui-
vant [G 2 102] présente plus spécifiquement leur fonctionnement.
La connaissance de tout un ensemble de données est nécessaire au choix d’un
site pour l’implantation d’un centre d’enfouissement technique, de façon à pré-
venir tout échange avec les milieux environnants (eaux, sols, atmosphère). Elles
relèvent aussi bien de la géologie, l’hydrogéologie et la topographie du lieu, que
de l’environnement urbain et d’autres éléments économiques. Ces données per-
mettent non seulement de choisir le site et de définir les aménagements initiaux
à réaliser, mais également de déterminer les modes d’exploitation et sa gestion
après la fin de l’exploitation (postexploitation). En particulier, la qualification des
sols par des moyens d’investigation « in situ » et en laboratoire guide le choix de
construction de la barrière passive, son renforcement si besoin, jusqu’à son
remaniement si nécessaire.

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CENTRES DE STOCKAGE DES DÉCHETS. CONCEPTION ________________________________________________________________________________________

La conception du centre de stockage lui-même est donc déterminée dans un


premier temps par son site d’implantation, mais aussi par la catégorie de
déchets admis (classes I, II et III). Une bonne sécurité est mise en place, par pré-
vention, en réalisant notamment le système d’étanchéité drainage des lixiviats
et la couverture finale du site. Leurs caractéristiques de conception sont
notamment : géométrie du fond de forme, dimensionnement de la couche drai-
nante et choix des matériaux. La couverture du centre de stockage assure quant
à elle l’isolement des déchets de l’environnement extérieur, aussi bien pour con-
trôler les infiltrations d’eau que pour empêcher les émanations de biogaz. Elle
peut être semi-perméable ou imperméable.

1. Choix des sites


et implantations Sélection d'un « terrain », d'un site

Examen des discontinuités


1.1 Recherche et qualification des sites

L’aménagement d’un site nécessite de disposer de données dans Discontinuités verticales : Discontinuités horizontales :
les domaines suivants : – étude géomorphologique ; – investigations géophysiques ;
— adéquation avec les plans d’élimination ; – photos aériennes ; – essais mécaniques ;
— géologie ; – mesures géophysiques ; – essais d'eau ;
— hydrologie ; – reconnaissances mécaniques ; – fouille/pelle mécanique...
— urbanisme environnant, accès ; – essais d'eau...
— hydrogéologie locale ;
— topographie ;
— données économiques. Étude géologique
L'ensemble de ces données guide le choix du dispositif de protec-
tion des eaux souterraines, des aménagements initiaux et même
des modes d'exploitation et de restitution du site à son environne- Étude hydraulique
ment après comblement. La définition des moyens de protection
des eaux souterraines et des critères assignés à la barrière passive
Étude hydrogéologique
constituent les points les plus importants. Chaque site constitue un
cas d'espèce. Si le sous-sol naturel ne peut répondre en tout point
aux critères exigés, il est alors possible d'envisager et de procéder Étude hydrologique
au remaniement du sol pour le configurer dans un contexte favora-
ble. L'équation générale à résoudre est de trouver un agencement
assurant une protection suffisante entre les déchets admis, le sous- Étude géotechnique
sol présent pour répondre à son rôle de barrière ou d'atténuateur de
pollution, et la qualité requise de la nappe aquifère souterraine. Le
premier niveau de recherche se fait à base de documents tels que Décision : aptitude d'un site
carte géologique, carte des aquifères et base de données sur leurs
qualités. Les investigations de terrain sont ensuite entreprises pour
confirmer, ou du moins valider, les hypothèses dégagées par l'étude Figure 1 – De la sélection à la qualification d’un site
de la documentation.
L’ensemble du processus menant à la qualification d’un site est
résumé par la figure 1.
moins possible. Dans ce contexte, il devient encore plus évident de
s'assurer que les conditions « géologiques » du site répondent bien
1.1.1 Qualification et préparation des terrains à ce besoin et que les mesures réalisées pour caractériser le site
sont suffisamment représentatives pour traduire toutes les hétéro-
1.1.1.1 Qualification des sols généités à prendre en compte dans l'estimation.
● Homogénéité du sous-sol
■ Contexte hydrologique
L'homogénéité, notion a priori simple, est très difficile à définir
Afin de déterminer la possibilité d'implanter un centre de stoc-
lorsqu'il s'agit de traiter de phénomènes géologiques. Ce critère
kage, dès lors qu'il existe une ou des nappes d'eaux souterraines
devient très vite subjectif et fonction de très nombreux paramètres :
sous le fond du site, il convient de s'interroger sur la position du site
surface considérée, maille de contrôle, échelle d'analyse, caractéris-
par rapport, non pas à la nappe, mais au niveau piézométrique. Les
tiques mesurées, etc.
différents cas sont résumés dans le tableau 1.
● Hétérogénéités des ensembles géologiques
■ Contexte géologique
Il existe différents types de discontinuités. D'une manière très
● Rôle de la perméabilité
simpliste, on peut considérer deux types de discontinuités pouvant
Aujourd'hui, la stratégie adoptée dans les différents concepts de avoir un rôle dans l'infiltration : les discontinuités verticales et les
stockage considère que les lixiviats ne doivent plus s'infiltrer, ou le discontinuités horizontales. (0)

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Tableau 1 – Position du stockage par rapport au niveau piézométrique (d’après [1])


Possibilité d’implanter un site
Position du fond du stockage Contexte hydrologique Nature de la ressource en eaux
de stockage
Au-dessus du niveau piézo- Une ou plusieurs nappes Exploitée ou exploitable Implantation possible
métrique le plus haut
Nappe captive de type artésien Exploitée ou exploitable Implantation possible
Au-dessous du niveau piézo-
métrique le plus haut Nappe(s) libre(s) Exploitée, exploitable Implantation non recommandée
ou non exploitable

1.1.2 Moyens d’investigation assez rare, cet essai peut être conduit dans un forage, c'est alors le
fond qui est testé. On parlera d'essai de surface pour la perméabilité
■ Examen des discontinuités verticale.
Il est important de connaître le contexte géologique (analyse de la Les essais sont réalisés pour la plupart à l'aide d'un double
carte géologique, prospection sur le terrain, etc.), sachant que cha- anneau (l'anneau simple peut toutefois être utilisé) avec deux caté-
que ensemble présente des dangers spécifiques en nombre varia- gories principales correspondant aux anneaux ouverts ou fermés.
ble, et on examinera les discontinuités évoquées et la meilleure Dans tous les cas, les mesures réalisées consistent à mesurer des
façon de les mettre en évidence puis de les caractériser. vitesses d’infiltrations (norme NF X 30-420).
● Discontinuités verticales
■ Mesure de la perméabilité horizontale
La mise en évidence de telles discontinuités souvent masquées
par le recouvrement nécessite des approches différentes et complé- Cette mesure est en général effectuée dans un forage sur une cer-
mentaires : étude géomorphologique appuyée sur l'interprétation taine hauteur de terrain. Elle peut également être faite à proximité
des photos aériennes, mesures géophysiques appropriées à la de la surface à l'aide d'appareillages adaptés. Trois types d'essais
détection d'anomalies verticales, reconnaissances mécaniques, sont distingués :
essais d'eau. — les essais impulsionnels type « pulse test » ;
● Discontinuités horizontales — les essais « tube ouvert », type Lefranc ;
— les essais « sous pression » avec un ou plusieurs paliers.
Pour localiser les changements de faciès, la géophysique adaptée
à l'investigation de la tranche de terrain que l'on souhaite reconnaî- Ces essais sont en cours de normalisation (2000). Pour certains,
tre est une première nécessité. Elle est complétée par des investiga- des progrès restent à faire au niveau de l'appareillage et/ou de la
tions « mécaniques » et des essais d'eau dont la densité va méthode d'interprétation.
dépendre du contexte géologique et des discontinuités mises en
■ Mesure de la perméabilité en laboratoire
évidence par la géophysique.
Deux types d’essais sont à envisager :
La détection ainsi que l'étude de sandwich fait appel à la géophy-
sique dont le rôle est ici réduit et conforté par des reconnaissances — la détermination de la perméabilité de la formation en place
traditionnelles plus nombreuses (fouilles à la pelle mécanique, son- sur des échantillons intacts ;
dages). — la détermination de la perméabilité d'une couche « artificielle »
en matériau naturel ou non au moyen d'éprouvettes réalisées à par-
■ Volet géologique régional et local : description lithologique des tir du matériau compacté à un niveau de compactage comparable à
terrains à l'intérieur et à l'extérieur du site ; prélèvement d'échan- celui de la mise en œuvre ultérieure.
tillons non remaniés (pour essais divers en laboratoire) ; ausculta-
Ces essais de perméabilité sont conduits avec des appareils tels
tion éventuelle complémentaire de la coupe des terrains par
que le triaxial ou l'œdomètre.
diagraphies.
Une remarque d'ordre général s'impose : la perméabilité sur
■ Étude des caractéristiques hydrauliques de la barrière passive : échantillon est plus faible que celle obtenue par des essais in situ,
mesures de la perméabilité in situ et en laboratoire sur des échan- un écart d'un facteur 10 est fréquent.
tillons.
■ Volet hydrogéologique : identification de toute arrivée d'eau ;
identification des nappes existantes et des prélèvements (alimenta-
tion en eau potable : AEP, irrigation, etc.) ; création de piézomètres 1.2 Remaniement des sols
pour le suivi de la qualité des eaux et la connaissance des nappes.
■ Volet hydrologique : identification des réseaux hydrographiques
Les techniques de remaniement et de traitement de sols, impor-
(ruisseaux, rivières, plans d'eau) et de leurs régimes (débit d'étiage,
tantes, visant au renforcement de leur imperméabilité, intéressent
crues, zones inondables, etc.).
particulièrement les centres de stockage pour la réalisation d'une
■ Volet géotechnique : identification et caractérisation des proprié- barrière de sécurité « passive » sur leur fond de forme et leurs flancs
tés mécaniques de la barrière passive (évaluation des tassements (digues ou talus). Peu de niveaux géologiques présentent les carac-
potentiels) ; identification et caractérisation des matériaux à utiliser téristiques naturelles idéales, satisfaisant les exigences réglemen-
pour la confection des ouvrages (conditions de mise en œuvre des taires (en particulier lorsqu'il est demandé un niveau de sécurité
matériaux, calculs de stabilité des excavations, des digues, etc.). dont le coefficient de perméabilité est inférieur à 10 –9 m/s), pour
une barrière de sécurité passive. Celle-ci doit donc souvent être
reconstituée.
1.1.3 Essais de perméabilité Cela peut être obtenu par des techniques de remaniement de sol
(figure 2). Ce sont des traitements mécaniques (décapage, réglage,
■ Mesure de la perméabilité verticale compactage...) qui peuvent être employés seuls ou conjointement à
La perméabilité verticale est mesurée à la surface d'un sol lui- un apport de matériaux possédant des propriétés d'imperméabilité,
même proche en général de la surface topographique. De façon en surépaisseur ou en tant qu'adjuvant.

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Substratum
Remaniement du substratum

Avec apport de matériaux Sans apport de matériaux

Sol initial malaxable ou pulvérisable ?

Non Oui

Constitution d'une barrière


de sécurité passive par
Barrière de sécurité passive mélange du sol en
en surépaisseur place avec adjuvants

Matériaux naturels : Matériaux manufacturés : Matériaux naturels : Matériaux manufacturés :


– argiles – tapis minéral autoréparateur – argiles – bentonites
– limon – géocomposites bentonitiques – limon
– argile sableuse – argile sableuse

Remaniement mécanique

Figure 2 – Différentes techniques de remaniement des sols

Avant tout traitement, il est impératif de réaliser des essais en Les mesures et dispositifs qui seront adoptés pour faire face à ces
laboratoire qui permettront de déterminer le pourcentage de maté- risques interviendront soit pour diminuer les dangers potentiels,
riau à ajouter s'il y a lieu, les types d'engins à employer, les diffé- soit pour diminuer les risques en agissant sur l’ampleur de l’événe-
rents paramètres du compactage (paramètres théoriques) et de ment redouté ou sur sa probabilité d’apparition.
définir les conditions de mise en œuvre des travaux (conditions Selon le degré de « certitude » des événements attendus que l’on
météo, risques et problèmes à envisager …). Ces essais en labora- pourra calculer ou estimer, il conviendra de prendre par précaution
toire sont complétés par des essais sur le terrain, ou planches des facteurs de sécurité dans les dispositions adoptées.
d'essais, qui permettent de traduire les données théoriques fournies
par les études de laboratoire en consignes techniques : engins à ■ L’étude des dangers est résumée dans le tableau 2.
employer, nombre de passes à effectuer ... ■ Pour l’étude des risques (tableau 3), il est préférable, à ce niveau,
de ne pas raisonner trop globalement mais de cerner les risques qui
peuvent survenir différemment au niveau de la ou des « sources »,
2. Ingénierie du stockage des transferts et des cibles.
À ces mesures prises par précaution, se traduisant aussi par des
facteurs de sécurité imposés principalement aux déchets entrants et
2.1 Concepts d’aménagement aux ouvrages de sécurité, s’ajoutent des mesures supplémentaires
prises au titre de la prévention, telles que :
L’étude des risques et des impacts qu’un centre de stockage peut — drainage des lixiviats : suivi du bon état de fonctionnement et
engendrer vis-à-vis de l’environnement et de la santé des personnes limitation de la charge hydraulique pesant sur le dispositif d'étan-
se réalise par l’examen : chéité ;
— des dangers : « effets maximums potentiels qu’un déchet peut, — traitement systématique des lixiviats et biogaz collectés ;
en théorie, produire » ; — procédure de réception des ouvrages et dispositifs d'aménage-
— des risques : « part de danger qui peut être effectivement ment entrant dans le système actif (pose étanchéité – qualification
attendue dans un scénario donné, « multipliée » par la probabilité barrière imperméable – études préalables au choix de site, etc.) ;
que l’événement se produise » (R = part de danger x probabilité — aménagements des interfaces déchets/vecteurs de transfert en
d’occurrence). vue d’une réduction des surfaces d'exploitation. (0)

Tableau 2 – Étude des dangers


Danger potentiel Mesures de réduction des dangers
Pollution des eaux superficielles Choix de site : implantation si contexte hydrogéologique favorable
Confinement des déchets y compris sur les flancs
Collecte et contrôle des eaux de ruissellement
Pollution des eaux souterraines Présence d’une barrière passive géologique, d’imperméabilité importante ( K = 10 –9 m/s)
Positionnement fond de sites/niveau connu d’eaux souterraines
Barrière passive non sollicitée, c’est-à-dire collecte, traitement et rejet des lixiviats s’accumulant au fond par
le système d’étanchéité drainage (barrière active)
Pollution de l’air Réduction des quantités de déchets évolutifs (classe I) et fermentescibles valorisables (classe II)
Collecte et traitement avant rejet du biogaz formé
Interdiction de déchets inflammables, explosifs

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(0)
Tableau 3 – Étude des risques
Sources Actions de réduction possibles
Choix des déchets Sélection des déchets admis :
— résidus minéraux peu solubles, peu réactifs, dont le comportement à l’eau reste inférieur à des seuils
fixés (classe I) ;
— résidus ménagers et assimilés (classe II), interdisant les déchets dangereux en codépôt, les déchets
liquides, etc.
Conditionnement des déchets Stabilisation préalable des déchets dangereux (spéciaux) avant stockage en classe I
Aménagement du site en « compartiments » hydrauliquement indépendants :
— les casiers : confinement imperméable par phases d’exploitation dans le temps ;
— les alvéoles (ou sous-casiers) : de surface réduite, possédant individuellement un réseau de drainage
des lixiviats.
Transferts Actions préventives
Eau/eaux souterraines Barrière passive (1)
Eau/sous-sol Barrière active (étanchéité – drainage)
stockage Stabilisation des déchets
Couverture des déchets et du site
Cibles Actions de précaution possibles
Milieux récepteurs environnants Choix d’implantation de site : réduction de l’ensemble des dangers possibles pour aboutir à n’avoir à gérer
qu’un seul risque, l’action de l’eau sur le déchet
Êtres vivants Clôture (animaux)
Surface d’interface avec oiseaux, rongeurs… minimisée
Consignes et mesures d’hygiène et de sécurité pour les travailleurs du site
(1) La barrière passive est le dispositif « curatif » en cas d'« accident » ou de comportement non prévu, des dispositifs actifs, pour remplir la fonction de réduction
extrême de la vitesse de migration des lixiviats à travers la couche géologique. Cette couche géologique, par la nature des matériaux qui la composent (argile
généralement), a également la capacité d'offrir une « capacité d'échange » et de rétention des éléments polluants contenus dans les lixiviats.

De l’étude des dangers et des risques, dont les lignes directrices


ont été présentées ci-avant, on retiendra qu’en ce qui concerne
l’ingénierie des infrastructures, les actions préventives portent prin-
cipalement sur les systèmes d’étanchéité-drainage et la couverture Géotextile
finale du stockage. de filtration
Déchets
Géotextile
de protection
2.2 Sécurité active Matériau
drainant
Le système d’étanchéité-drainage (du fond et des flancs) assure Géomembrane
l’indépendance hydraulique du casier, le drainage et la collecte des
lixiviats et évite la sollicitation de la barrière de sécurité passive.

2.2.1 Agencement Géocomposite


de drainage
Pour assurer les fonctions requises, le dispositif (figure 3) doit Déchets
comprendre, du bas vers le haut :
Géotextile
— un fond de forme (§ 2.2.1.1) ; de protection
— un dispositif d’étanchéité qui servira à empêcher les infiltra-
tions dans la barrière passive tout en « obligeant » les eaux à se diri- Géomembrane
ger et s’évacuer dans le réseau de drainage (§ 2.2.1.2) ;
— une structure de protection de l’étanchéité ;
Figure 3 – Exemples de structures de systèmes d’étanchéité
— une couche drainante qui intègre des drains collecteurs, éva-
drainage
cuateurs des lixiviats vers le point de collecte (point bas du réseau)
(§ 2.2.1.3).
Par ailleurs, afin de recevoir le système d’étanchéité-drainage, le
sol support du fond de forme doit être réglé, dépourvu d’ornières,
2.2.1.1 Fond de forme de zones de rétention d’eau, de zones de portance inégale, de raci-
Le fond des casiers sert de support au système de drainage. Il nes et de pierres.
peut être aménagé de diverses façons (figure 4) mais toujours de
manière à posséder au minimum un point bas. Le choix de la pente 2.2.1.2 Dispositifs d’étanchéité
a une incidence sur le volume de stockage du casier et doit être le Ils sont généralement réalisés par l’utilisation de géosynthétiques
résultat d’un calcul de dimensionnement du réseau drainant inté- (DEG, dispositif d’étanchéité géosynthétique). Ils se composent, au-
grant le nombre de drains, leur diamètre, leur espacement, la poro- dessus de la structure support, d’une structure d’étanchéité et d’une
sité et la perméabilité de la couche drainante. Une pente de 2 % structure de protection de l’étanchéité. Un exemple est donnée
(selon la ligne de plus forte pente) est souvent retenue. figure 5.

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a à double pente b à pente en biais c à quatre pentes

Figure 4 – Principaux types de fond de forme

Dispositif Structures Composants

Structure de protection Géotextile de protection

Géomembrane
Structure d'étanchéité
DEG Géocomposite bentonitique

Géotextile de séparation
Géoespaceur
Structure support
Géotextile de filtration
Tout venant compacté

Figure 5 – Dispositif d’étanchéité géosynthétique

Dispositif Structures Composants

Structure de protection Géotextile de filtration

Structure de drainage Géoespaceur ou


DDG
Matériaux
granulaires

Structure support Le DDG repose directement


DEG DEG
sur un DEG dans cet exemple

Figure 6 – Dispositif drainant géosynthétique

2.2.1.3 Dispositifs de drainage nelle (inférieure à 1 mm), ni les produits dont l’étanchéité est assu-
rée uniquement par un matériau argileux ne sont considérés
Ils sont réalisés soit intégralement à partir de géosynthétiques
comme des géomembranes.
(DDG, dispositif drainant géosynthétique, figure 6) (c’est particuliè-
rement le cas sur les flancs du stockage), soit en « mixant » l’utilisa- Les géomembranes les plus couramment utilisées dans les cen-
tion de géosynthétiques et le recours à des matériaux naturels tres de stockage sont en polyéthylène haute densité (PEHD), en
drainants (graviers par exemple). polypropylène (PP), en polychlorure de vinyle (PVC), en polyéthy-
lène basse densité (PEBD), en éthylène-propylène-diène-monomère
(EPDM), en bitumes oxydés ou en « bitumes polymères ».
2.2.2 Choix des géosynthétiques
● Les géosynthétiques bentonitiques sont des matériaux à base
2.2.2.1 Définition des matériaux de bentonite, soit confinée entre deux géotextiles, soit collée à un
Les géosynthétiques sont des matériaux manufacturés sous film synthétique.
forme de nappes (qu’il faut assembler) à base de polymères. On dis- ■ Géotextiles et assimilés
tingue deux groupes.
Les géotextiles et produits apparentés sont :
■ Géomembranes et géosynthétiques — les géotextiles : matériau polymère perméable qui peut être
● Les géomembranes (définition AFNOR NF P 84-500) sont des tissé, non tissé ou tricoté ;
produits adaptés au génie civil, minces, souples, continus, étanches — les géogrilles : structure plane, constituée par un réseau ouvert
aux liquides, même sous les sollicitations de service. Dans l’état d’éléments résistant à la traction, reliés entre eux selon un motif
actuel des techniques, ni les produits de faible épaisseur fonction- régulier ;

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— les géoespaceurs : structure polymère tridimensionnelle per- — la stabilité générale sur pente (rupture dans le déchet ou à
mettant de maintenir un espace entre deux matériaux, notamment l’interface d’un composant des DEDG) ;
en vue d’un drainage ; — les frottements et les efforts liés au glissement sur les talus ;
— les géoconteneurs : structure tridimensionnelle permettant le — le dimensionnement des ancrages ;
confinement, la stabilité et le renforcement d’un matériau de rem- — la filtration des matériaux granulaires et des déchets par le
plissage. géotextile ;
— la capacité de drainage de la structure de drainage sous la
2.2.2.2 Conception contrainte maximale ;
La première étape de conception consiste à choisir, parmi les dif- — les tassements du support et les déformations admissibles des
férentes options possibles, la nature des structures et des compo- DEDG ;
sants des dispositifs d’étanchéité d’une part (structure simple, — les efforts de soulèvement dus au vent ;
combinée, double) et de drainage d’autre part (structure par géoes- — la sollicitation provoquée par la circulation de véhicules, par
paceur, granulats, etc.). Ce choix se fait en fonction des géométries exemple sur les rampes d’accès ;
des fonds de forme à équiper (latéral ou en fond), de la disponibilité — les efforts localisés induits par la présence d’éléments
et des coûts des matériaux pouvant intégrer le dispositif. constructifs rigides (regards, tuyaux) ;
— les raccordements à ces éléments ;
La démarche consiste ensuite à réaliser successivement les éta-
— les systèmes d’évacuation (regard, évents, puisards) ;
pes suivantes :
— la nature des déchets.
1) définition des fonctions de chaque composant
(étanchéité, filtration, drainage, protection) ; Il existe également des contraintes de mise en œuvre. La facilité
de mise en œuvre a des répercussions sur la qualité de pose. Elle
2) choix des caractéristiques à spécifier pour chaque composant permet d‘éviter les surtensions au niveau de la géomembrane et
(capacité drainante, permittivité, durabilité …) ; limite les défauts de pose. Elle dépend de la souplesse du matériau,
3) dimensionnement des caractéristiques et choix des facteurs de de son coefficient de dilatation thermique et de l’aptitude au raccor-
sécurité ; dement entre les lés. La souplesse du matériau facilite la pose et
4) valeurs arrêtées pour le choix définitif des composants. surtout la mise en forme par rapport à la géométrie du casier. Le
coefficient de dilatation thermique joue sur les déformations dimen-
■ Choix des fonctions sionnelles qui peuvent rendre difficiles les travaux de soudure et
induire des contraintes mécaniques (retrait des matériaux). Enfin,
Les fonctions assignées à ces matériaux peuvent être différentes :
l’aptitude au raccordement permet de réaliser des joints étanches et
étanchéité, protection, drainage, filtration, séparation, renforce-
résistants. Le tableau 7 présente les points forts et les points faibles
ment, résistance à l’érosion externe. Ces fonctions peuvent être
du point de vue physico-chimique et de la mise en œuvre de chacun
résumées comme indiqué dans le tableau 4.
de ces produits.
■ Choix des caractéristiques ■ Dimensionnement de la couche drainante
La spécification des caractéristiques des matériaux à utiliser ● Géométrie
s’opère selon les fonctions que doit assurer chaque matériau. Ces
La réglementation impose que le réseau drainant soit capable
caractéristiques ont été classées en trois groupes, par le Comité
d’évacuer les lixiviats dans les conditions limites de fonctionnement
français des géotextiles et géomembranes (CFG) [2] : les exigences
du dispositif et de façon à limiter la charge hydraulique sur l’étan-
fonctionnelles ; les exigences à la mise en œuvre ; les exigences
chéité à une hauteur maximum de 30 cm. Le drainage est considéré
liées à la durabilité (tableau 5).
comme efficace si :
■ Dimensionnement des caractéristiques — la capacité de la couche drainante est suffisante pour stocker
une partie de l’apport d’eau et écrêter le débit de pointe à évacuer
Le dimensionnement se fait en général au moyen de méthodes de
pour le système ;
calcul dont l’application relève d’organismes et de bureaux d’étude
— les caractéristiques hydrauliques (pente, écartement, diamètre
spécialisés. Cependant, il faut garder à l’esprit que certaines
des drains), permettent d’évacuer les débits collectés par la couche
contraintes sont à prendre en compte lors de ces dimensionne-
drainante.
ments (tableau 6), comme par exemple les suivantes, dues à la posi-
tion de la structure : Le débit « capable » du drain est fonction du diamètre, de la pente
— la stabilité interne et externe du massif de déchets (rupture et de la nature du matériau ainsi que de son état (tuyau fendu,
dans le déchet ou à l’interface d’un composant des dispositifs percé…).
d’étanchéité-drainage géosynthétiques, DEDG) ainsi que les tasse- L’écoulement des lixiviats dans un système de drainage est illus-
ments différentiels en surface ; tré par la figure 7. (0)

Tableau 4 – Fonctions principales assurées par les géosynthétiques élémentaires


dans les centres de stockage (d’après [2])
Fonction Géomembrane Géotextile Géoespaceur Géogrille Géoconteneur
Étanchéité X
Protection X X
Drainage X
Filtration X
Séparation X
Renforcement X X X
Résistance à l’érosion X X

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(0)
Tableau 5 – Caractéristiques des géosynthétiques selon leur fonction
Famille de Géomembranes et produits
Géotextiles et produits apparentés
géosynthétiques apparentés

Fonction Filtration Renforcement Drainage Protection Étanchéité


Exigences Ouverture de filtration (N) Essai de traction (N)(5) Capacité drainante (N) Poinçonnement statique Épaisseur sous pression
fonctionnelles Permittivité (N) Frottement (essai de cisaille- Fluage sous compression (N)(1)(6) spécifiée (N)
Souplesse (A) ment direct) (N) (N) Poinçonnement Perméabilité ou perméation
Frottement (plan incliné)(A) dynamique (N)(1)(6) à l’eau (N)
Traction sur assemblages Épaisseur (N) Éclatométrie (N)(6)
(A) Éclatométrie (A)(6) Traction (N)(5)
Traction dans le sol (A) Traction sur assemblages
Fluage dans le sol (A) (N)
Frottement (N)(6)
Résistance à l’ancrage (A)(6)
Perméabilité aux produits
chimiques (A)(2)
Perméabilité aux gaz (A)
Essais spécifiques aux géo-
synthétiques bentonitiques :
gonflement/retrait (A) ;
capacité d’autocicatrisation.
Exigences liées à Essai de traction (N)(5) Traction (N)(5) Essai de traction (N)(5) Perforation Traction (N)(5)
la mise en œuvre Dommages Dommages Dommages dynamique (A)(1) Dommages
à la construction (N) à la construction (N) à la construction (N) Dommages à la construction (N)(6)
Perforation dynamique (A) Perforation dynamique (A) à la construction (N)(6) Pliage aux faibles
Traction sur assemblages Essai de traction (N)(5) températures (N)
(A) Stabilité aux températures
élevées (N)
Poinçonnement
dynamique (N)(6)
Exigences liées à Stabilité du filtre à long Résistance à la dégradation Drainage à long terme (col- Résistance au poinçonne- Résistance à la dégradation
la durabilité terme (A) chimique (A)(2) matage biologique) (A) ment à long terme (A)(1)(6) chimique (A)(2) (sur produit
Résistance au poinçonne- Oxydation thermique (A) Résistance à la dégradation Résistance à la dégradation et assemblages)
ment statique (A) chimique (A)(2) chimique (A) Traction (A)(3)
Résistance à la dégradation Oxydation thermique (A) Oxydation thermique (A) Poinçonnement
chimique (A)(2) hydraulique (A)(6)
Oxydation thermique (A) Poinçonnement
statique (N)(6)
Fluage sous
éclatométrie (A)(6)
Fissuration sous
contraintes (A)
Noir de carbone
(teneur, dispersion) (A)
Essais spécifiques aux géo-
synthétiques bentonitiques :
résistance au cisaillement
interne (A) ; sensibilité aux
cycles gel/dégel (A)
N : nécessaire. La caractéristique du produit mesurée par cet essai doit être spécifiée dans tous les cas.
A : applicable. La caractéristique du produit mesurée par cet essai peut être spécifiée selon les particularités du site ou des produits.
(1) Les performances hydrauliques de la géomembrane doivent être testées avant la réalisation de cet essai.
(2) Inclut l’endommagement climatique, chimique, biologique et une déformation permanente.
(3) Comportement en effort/déformation statique et cyclique.
(4) Fluide c’est-à-dire liquides et gaz.
(5) Essai de traction : plusieurs caractéristiques, résistance et déformation à l’effort maximum, modules.
(6) Essai réalisé sur le système géotextile/géomembrane et les matériaux du site.

(0)
Tableau 6 – Niveaux de contrainte pouvant agir sur les DEDG selon leur localisation (d’après [2])
Contraintes Fond Flancs Contraintes Fond Flancs
Chimiques/biologiques XXX XX Charge hydraulique XX
Mécaniques : Haute température XX XX
— tassements différentiels : Gel/dégel X XX
• court terme (1) X X
Rayonnement ultraviolet X XX
• long terme XX XX
— glissements X X Sous pression (gaz, liquide) X XX
— poinçonnement X X Vandalisme, rongeurs X X
• court terme (1) XXX XXX Conditions atmosphériques XX (2) X
• long terme XXX XXX
— masse des déchets XX XX
(1) Inférieur à quelques mois.
(2) Avant stockage.
X : faible XX : moyen XXX : fort

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(0)
z
Tableau 7 – Points forts et faibles de différents types
d’étanchéité. Cas particulier du dimensionnement
d’une couche drainante à base de matériaux granulaires S
(d’après [3])
D T h = T cos β
Type
Points forts Points faibles
d’étanchéité
A
Géomembrane Facilité de mise en œuvre Sensibilité aux hydro- β
bitumineuse Soudabilité carbures
Géomembrane Facilité de mise en œuvre Sensibilité aux hydro-
PVC Facilité pour réparer carbures, aux solvants
acides ou basiques :
perte de plastifiants Lixiviats
Géomembrane Inertie chimique Mise en œuvre délicate :
PEHD manque de souplesse ;
dilatation thermique ; Couche drainante
soudures.
Géomembrane Souplesse À l’étude Tmax
PP Inertie chimique (?)
Géosynthétique Facilité de mise en œuvre Hydratation nécessaire
bentonitique Autocicatrisation Échanges d’ions Fond de forme
β

Figure 8 – Modèle de dimensionnement de la couche drainante


Lixiviats

avec hA niveau de lixiviat en A,


hS niveau de lixiviat en S,
ZA élévation de A en respect des contraintes imposées
d’élévation de niveau acceptable,
Drain PS pression en S (par exemple, pression atmosphérique),
Fond de forme
ρ masse volumique des lixiviats,
état stationnaire stable
g accélération due à la pesanteur.
plusieurs niveaux de la surface phréatique
Par construction, il est considéré que le système est construit avec
une géomembrane d’étanchéité, que les bords disposent également
Figure 7 – Écoulement des lixiviats dans un système de drainage
d’un système drainant, que les drains ont une capacité suffisante
d’écoulement, que la vitesse d’écoulement est faible au regard des
phénomènes de turbulence et que la loi de Darcy est considérée
Le niveau des lixiviats en pied de pente augmente jusqu’à attein- comme applicable. Si la pression de référence est la pression
dre des états stables. Plusieurs niveaux de la surface « phréatique » atmosphérique, l’« élévation » de A s’écrit alors :
des écoulements de lixiviats sont représentés sur la figure 7. L’état
stationnaire stable est particulièrement important parce qu’il repré- hA = hS = h + Tcos β
sente le scénario extrême du maximum de lixiviats à évacuer par le La loi de Darcy peut s’écrire :
réseau drainant à prendre en compte dans le calcul de dimensionne-
ment. Q=kiA
Pour évaluer l’épaisseur et la hauteur maximale du niveau des avec Q flux de lixiviat à drainer,
lixiviats dans la couche drainante, différents modèles plus ou moins i gradient hydraulique,
sophistiqués ont été élaborés. D’une manière simplifiée, un modèle
peut être présenté, où le niveau de la hauteur de lixiviat est fonction k conductivité hydraulique du matériau utilisé,
de la pente, de la longueur de la pente, de la conductivité hydrau- A section de la surface traversée.
lique des matériaux utilisés et du flux de lixiviat à collecter. Le En fait, le problème est présumé bidimensionnel. Il faut alors
modèle se sophistique dès lors que l’on se situe en deçà des condi- considérer la grandeur :
tions stables (figure 8). Le niveau « phréatique » des lixiviats se
caractérise par : T = A /B
T = D cos β avec T épaisseur de lixiviat mesurée perpendiculairement à la pente,
avec D « profondeur » des lixiviats (mesurée verticalement), B largeur unitaire.
T épaisseur des lixiviats (mesurée perpendiculairement). On a alors l’expression de la loi de Darcy suivante :
Partant de l’hypothèse que le niveau de lixiviat est parallèle à la Q=kiT
pente, le segment AS est considéré comme perpendiculaire à la
pente. On aboutit à : Si l’on considère non pas Q, mais qi qui est le flux net à drainer,
fourni par le calcul de modélisation HELP [4], l’équation devient :
PS
hA = hS = ZA + Tcos β + -------
ρg qi = k i T .

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Cette équation doit être calculée pour chaque abscisse xL. L’équa- L'ouverture des perforations (forme et taille) doit éviter l'entrée de
tion devient alors une équation différentielle qui fournit une épais- particules dans le drain. Les ouvertures en forme de fente sont diffi-
seur de lixiviat T comme une fonction de l’abscisse, du flux de cilement obturables mais réduisent la résistance mécanique du
lixiviat net qi , de la conductivité hydraulique k et de l’angle de la drain. La résistance mécanique du drain doit être étudiée de
pente β. L’équation complète s’écrit alors [5] : manière à supporter la pression due aux engins roulants et celle due
au poids du stockage de déchets. Dans la mesure où aucune
méthode simple et fiable n'existe aujourd'hui pour dimensionner
qi x q
- =  1 – -----i tan β x T – cos βT -------
dT les caractéristiques mécaniques de résistance à l'écrasement d'un
------------------
k cos β  k dx drain situé sous un stockage de déchets, il est préférable de réaliser
un remblai, appelé remblai soigné, autour du drain qui l'aidera à
Cette équation ne peut être résolue analytiquement. Elle a été supporter les charges sans dommage.
résolue numériquement par Giroud et al. [5]. Les valeurs maximales La nature du matériau utilisé pour les drains dépend de ces diffé-
de T, grandeur particulièrement intéressante dans le dimensionne- rentes contraintes, auxquelles il convient d'ajouter la compatibilité
ment de la couche de drainage, sont fournies par le tableau 8. chimique. Pour ces raisons, le PEHD est couramment utilisé pour les
drains de fond de centre de stockage.
(0)
Tableau 8 – Valeurs de référence de Tmax/L (d’après [5])
2.3 Systèmes de couverture
Pente (tan β)
q i /k 2.3.1 Objectifs et fonctions
0% 2% 5% 1V : 3H (1) 1V : 1H (2)
La couverture des centres de stockage de déchets doit assurer en
1 · 10 –8 1,00 · 10 –4 5,00 · 10 –7 2,00 · 10 –7 3,16 · 10 –8 1,41 · 10 –8 premier lieu l’isolement de la masse de déchets vis-à-vis de l’envi-
ronnement extérieur. Cette fonction doit être satisfaite en réduisant
1 · 10 –6 1,00 · 10 –3 4,94 · 10 –5 2,00 · 10 –5 3,16 · 10 –6 1,41 · 10 –6 ou en empêchant les infiltrations d’eau, en contrôlant les phénomè-
1· 10 –4 1,00 · 10 –2 3,68 · 10 –3 1,81 · 10 –3 3,15 · 10 –4 1,41 · 10 –4 nes de migration des gaz et en empêchant le contact entre les pro-
duits stockés et l’extérieur.
1 · 10 –2 1,00 · 10 –1 8,64 · 10 –2 7,15 · 10 –2 2,69 · 10 –2 1,38 · 10 –2 La couverture doit être en mesure d’assurer à la fois des fonctions
d’étanchéité et de drainage, mais elle n’est pas un mode de fonc-
1 · 10 –1 3,16 · 10 –1 3,03 · 10 –1 2,85 · 10 –1 1,87 · 10 –1 1,28 · 10 –1 tionnement normal du site, jamais en contact avec les lixiviats.
(1) 1 en vertical pour 3 en horizontal. Par ailleurs, pour garantir la pérennité de l’ouvrage, la couverture
(2) 1 en vertical pour 1 en horizontal. doit :
— pouvoir résister aux phénomènes d’érosion et d’abrasion ;
— assurer un ruissellement contrôlé des eaux externes au site
● Matériaux utilisés (eaux pluviales, voire de surface, drains, etc.) ;
— stabiliser les surfaces en tolérant des déformations ;
Le respect des niveaux de performance indiqués précédemment — réduire au maximum les tassements différentiels afin d’éviter
entraîne généralement la mise en place sur le fond d’une couche les accumulations d’eau ;
drainante d’une épaisseur de 50 cm et de forte granulométrie (20 à — interdire les intrusions animales.
40 mm). Le dispositif d’étanchéité-drainage et les drains doivent
La couverture doit également permettre la réintégration du site
être compatibles chimiquement et biologiquement pour éviter, ou
dans son environnement, en rétablissant l’esthétique du site et per-
du moins limiter, les phénomènes de colmatage. En fond de site,
mettre éventuellement une réhabilitation.
l’utilisation de géosynthétiques aux propriétés drainantes est
déconseillée au profit de matériaux granulaires (graviers…). Il est Soulignons que les fonctions essentielles auxquelles doit satis-
recommandé d’utiliser des graviers siliceux. faire la couverture doivent être assurées sur une période relative-
ment longue, qui peut aller de quelques dizaines à quelques
La mise en œuvre de la couche granulaire est très délicate dans la centaines d’années, selon le type de déchets.
mesure où le travail s’effectue sur la « couche » d’étanchéité et sa
L’ensemble des exigences citées ne peut être assuré que par une
couche de protection. Il est donc recommandé d'utiliser des engins
couverture composite formée d’une série de couches qui assurent
dont la pression au sol est faible et de mettre en œuvre le matériau
chacune une fonction particulière. La complexité et la nature des
par couches (25 à 30 cm) successives dans le sens de recouvrement
matériaux constitutifs des couches de la couverture sont liées aux
des lés. Les engins doivent déposer et régaler les matériaux par
impératifs spécifiques de chaque site.
séquences linéaires et éviter toute manœuvre brutale ainsi que
d'appuyer la lame sur l'étanchéité.
2.3.2 Choix possibles et typologie
Sur les flancs du casier, la couche de drainage collecte et évacue
les lixiviats vers la base du flanc. Elle doit résister aux contraintes La couverture est en définitive le seul régulateur possible des
mécaniques et doit être compatible avec une mise en œuvre sur entrées d'eaux météoriques dans le système « stockage ». Selon
pentes. Trois solutions sont possibles pour constituer cette couche que l'objectif est d'empêcher toute infiltration ou de laisser pénétrer
drainante : une couche granulaire, un géosynthétique drainant, des un débit plus ou moins maîtrisé, les différentes catégories de stoc-
pneus. kage ont « assigné » à leur couverture des missions différentes. (0)
Dans la mesure où le coût d'un réseau de drainage est faible par ■ Couverture semi-perméable sur stockage de déchets inertes
rapport à l'investissement total d'un centre de stockage (5 %), il est (classe III)
recommandé de choisir des diamètres importants (supérieurs ou
Certaines catégories de déchets, même classées inertes, peuvent
égaux à 200 mm), qui permettent de se prémunir contre les incerti-
être la source d'une lixiviation par la pluie d'éléments susceptibles
tudes du dimensionnement et les risques de colmatage.
d'entraîner des nuisances (terres plus ou moins polluées, plâtre,
Les perforations des drains constituent un deuxième critère de amiante, déchets du BTP en mélange). Comme il n'a pas été imposé
choix et il est recommandé de prendre un drain dont les surfaces de spécifications particulières concernant la barrière géologique de
ouvertes ou la surface captante représentent plus de 75 cm2 par fond, il a été choisi, dans le projet de réglementation du 11 juin 1998
mètre linéaire de drain. élaboré par le ministère de l’Environnement, de limiter les infiltra-

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Tableau 9 – Limitation des infiltrations de pluie


Installations de type H (déchets de BTP triés)
Déchets admis Superficie totale de la zone d’exploitation
< 2 ha 2 à 10 ha 10 à 30 ha > 30 ha
Terres non polluées + 5 % maxi- Prescriptions Prescriptions minimales Prescriptions minimales Étude spécifique
mum en volume de déchets du minimales
BTP triés
Terres non polluées + 20 % maxi- Prescriptions Contraintes sur la couverture Contraintes sur la couverture Étude spécifique
mum en volume de déchets du minimales (pluie efficace = 0,20)(2) (pluie efficace = 0,15)(2)
BTP triés
Installations de type G (déchets en mélange issus des chantiers BTP)
Déchets admis Superficie totale de la zone d’exploitation
< 5 ha > 5 ha
Déchets du BTP en mélange Contraintes sur la couverture (pluie efficace = 0,10) (1) Étude spécifique
Installations de type F (plâtre en proportion importante, amiante-ciment)
Plâtre : contraintes sur la couverture : pluie efficace de 0,10 (1)
Matériaux en amiante-ciment : les prescriptions minimales pour la couverture sont :
K < 10 –6 m/s ; épaisseur minimale de matériau : 50 cm ; pente minimale : 3 %
(1) La pluie efficace est la part de la pluie totale qui s’infiltre réellement, le reste s’évaporant. Cette valeur est fournie par les services de météorologie. Un objectif
réglementaire de pluie efficace de 0,20 par exemple, signifie que la couverture ne doit laisser passer que 20 % de la pluie efficace.

tions de pluie en fonction des déchets admis (catégories H, G, F ; semi-perméable mais, après une durée de 15 ans, l'exploitant devra
cf. nomenclature des déchets admissibles dans les stockages de reprendre cette couverture et mettre en place la couche définitive
déchets inertes) et de la surface des zones d'exploitation (tableau 9). imperméable.
Nota : des modèles de calcul d’écoulement et d’infiltration à travers une couverture
■ Couverture semi-perméable sur stockage de déchets évolutifs ou existent et permettent de dimensionner les épaisseurs des sous-couches composites de la
fermentescibles (classe II) couverture en fonction de la pluie, du ruissellement, de l’évapotranspiration, pour ne rete-
nir finalement que la part « infiltrée ».
Dans le cas des casiers de déchets évolutifs, la nature de la cou-
verture n’est pas évidente à définir dans la mesure où les déchets
ont besoin d’eau pour continuer leur dégradation, ce qui est 2.3.3 Couvertures imperméables
contraire à l’objectif assigné aux couvertures. En effet, la mise en
Elles sont obligatoires sur les stockages de classe I et sur les
œuvre d’une couverture étanche sur ce type de casiers a pour inci-
casiers de déchets minéraux de classe II.
dence de rendre quasiment nulle l’infiltration d’eau dans le massif,
et conduit rapidement à un dessèchement des déchets et donc à une L’appellation d’imperméable est quelque peu abusive. En effet, la
« momification » du massif. Les déchets sont alors dans cet état, géomembrane, qui est l’une des composantes de la couverture, et
inactifs et ne produisent plus de biogaz. Malheureusement, cet état comme pour la barrière active de fond, « facilite la collecte et le drai-
n’est que latent et une réalimentation en eau peut très vite relancer nage de lixiviats », n’a pas la « prétention » de servir de couche
les processus de fermentation. étanche pour l’éternité. La durabilité des matériaux ne peut être esti-
mée avec précision sur de très longues échéances. Aussi, le dimen-
Cette situation pose réellement la question de la pertinence d’une
sionnement est-il calculé, sans tenir compte de cette étanchéité.
couverture étanche sur un casier de déchets évolutifs. En effet, en
cas de défaillance de la couverture après plusieurs dizaines Une modélisation des infiltrations, au travers de la couverture,
d’années, les déchets peuvent reprendre leur activité biologique configurée comme cela est exigé dans la réglementation des cen-
alors que la surveillance du site aura diminué voire disparu. tres de stockage de classe I, sous nos climats tempérés, donne les
résultats résumés figure 9.
Il convient donc de rechercher d’autres solutions qui permettent
de répondre aux fonctions définies précédemment tout en permet- 2.3.3.1 Objectifs de qualité
tant de terminer la dégradation des déchets. Deux possibilités exis-
tent pour atteindre cet objectif : La conception des couvertures doit nécessairement intégrer une
notion de pérennité puisque ses fonctions doivent être assurées sur
— soit les performances portant sur le drainage et l’étanchéité
des périodes relativement longues. La couverture doit satisfaire à
sont modifiées de façon à laisser infiltrer une quantité d’eau néces-
des exigences dépendantes des risques auxquels peut être exposée
saire à la biodégradation ; c’est le principe de la couverture semi-
la couverture (tableau 10). Les objectifs à prendre en compte sont :
perméable ;
— soit ces performances sont maintenues et on injecte artificiel- — résister aux phénomènes d’érosion (eau et vent) ;
lement par un système d’injection sous la couverture la quantité — assurer un ruissellement contrôlé des eaux pluviales ;
d’eau nécessaire à la biodégradation. — répondre aux contraintes mécaniques et géotechniques que la
couverture subit, notamment en conséquence de l’évolution des
Ces solutions font l’objet, à l’heure actuelle, de programmes de déchets et de leur tassement ;
recherche afin de définir les paramètres à prendre en compte lors de — éviter les accumulations d’eau (dépressions liées à des phéno-
leur dimensionnement et de déterminer leur impact sur la biodégra- mènes de tassement différentiels) ;
dation au sein du massif de déchets. — rétablir l’esthétique du site ;
Dans la réglementation actuelle (2000), on a le choix, au moment — conserver son intégrité même en ayant subi des déformations
de mettre en place la couverture, entre choisir tout de suite de met- importantes ;
tre en place une couverture imperméable et choisir une couverture — interdire les intrusions animales.

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lement jouer un rôle dans la récupération du biogaz et accueillir le


Pluie efficace : 295 mm/an réseau de drainage du biogaz ou d’injection des eaux. Pour consti-
tuer cette couche, un sol grossier (graviers ou sable) est bien indi-
qué.
K = 10–5 m/s ■ Couche de faible perméabilité
50 cm
tale L’objectif de cette couche est de limiter ou d’éviter les infiltrations
K = 10–4 m/s Terre végé
50 cm
d’eau dans les déchets et d’empêcher la remontée des gaz. Les
ante contraintes qui s’appliquent sur cette couche sont essentiellement
e drain
K = 10–9 m/s Couch mécaniques (tassements et glissements), les cycles de gel-dégel,
1m Drainé : l’intrusion animale et végétale.
ile 273 mm
K = 10–4 m/s e d'arg ● Couche semi-perméable
Couch
30 cm On recherche à travers la mise en place d’une couverture semi-
rme
e de fo perméable à éviter qu’une grande partie des eaux ne s’infiltre dans
Couch
ilisés les déchets, tout en assurant un débit d’alimentation suffisant pour
ts stab
Déche maintenir une humidité dans les déchets.
Pente = 5 % Infiltré : 22 mm (7 %) Il est prématuré, compte tenu des connaissances actuelles, de
fixer une valeur de perméabilité pour cette couche. Les programmes
Figure 9 – Modélisation de la couverture du stockage : de recherche en cours dans ce domaine permettront de calculer
fonctionnement hydraulique l’infiltration spécifique à obtenir pour permettre une teneur en eau
satisfaisante dans les déchets. Il s’agira ensuite de déterminer la
pente, la perméabilité et la structure de la couverture (multicouche,
végétation) qui permettront d’atteindre cette infiltration.
(0)
● Couche imperméable
Tableau 10 – Risques auxquels peut être exposée On cherche cette fois-ci à éviter toute entrée d’eau dans les
une couverture (d’après [1]) déchets en favorisant le transfert dans la couche de drainage et le
maintien de l’eau dans la couche superficielle. La perméabilité de
Risques induits par le cette couche doit donc être la plus faible possible et au minimum
Risques naturels Risques humains
site de stockage égale à 10 –9 m/s.
Climatiques : Explosion Intrusion humaine Différents matériaux peuvent être utilisés pour la réalisation de
— érosion par Thermique Circulation de cette couche : des matériaux minéraux argileux ou des géosynthéti-
ruissellement Tassement véhicules ques. Lors de l’utilisation de matériaux minéraux, le compactage
— érosion éolienne différentiel Accident pour atteindre le coefficient de perméabilité souhaité est délicat
Instabilité mécanique Usage futur du site dans la mesure où le travail s’effectue sur la masse de déchets dont
— cycles gel/dégel Physico-chimique
— cycles humidifica- la portance n’est pas optimale.
Condensation des
tion-dessiccation gaz sous étanchéité Mis à part ce point délicat qui sera étudié dans le cadre de la plan-
— rayonnement che d’essais, les modalités de mise en œuvre et de contrôle sont les
ultraviolet mêmes que dans le cas d’une étanchéité rapportée sur le fond du
Sismiques : glisse- centre de stockage.
ment de terrain
Biologiques : Par ailleurs, les couches argileuses compactées sont sensibles
aux effets de cycles de gel-dégel et de mouillage-séchage et aux tas-
— intrusion animale
sements différentiels.
— intrusion végétale
L’utilisation de géosynthétiques, géomembranes ou géosynthéti-
ques bentonitiques est possible. La contrainte chimique n’existant
pratiquement plus en couverture, sauf peut être lors de la condensa-
2.3.3.2 Dimensionnement tion du biogaz sous la couverture, et les contraintes mécaniques
étant un peu différentes, la palette de produits utilisables est plus
L’analyse des fonctions et des performances à atteindre par une importante. On recherchera donc plutôt un matériau dont la mise en
couverture conduit généralement à préconiser cinq couches élé- œuvre est simple.
mentaires assurant chacune une fonction : ● Choix des matériaux
— une couche support immédiatement au-dessus des déchets ; La démarche aboutissant au choix des matériaux intégrant la cou-
— une couche de faible perméabilité ; verture multicouche est de même nature que celle qui a présidé aux
— une couche drainante ; choix pour les barrières actives du fond et des flancs du site (un
— une couche de protection-filtration ; choix selon les fonctions que les matériaux ont à assurer). Il est pos-
— une couche superficielle. sible de recommander, comme l’a fait le CFG, diverses classes de
matériaux en fonction des contraintes majeures qui se posent sur
■ Couche support les couvertures : climat, tassement des déchets, érosion et poinçon-
La mise en place de cette couche est conseillée pour obtenir une nements, pente générale (tableau 11). (0)
assise homogène et nivelée sur laquelle vont reposer les autres cou-
ches. Par conséquent, les matériaux utilisés doivent posséder des ■ Couche drainante
propriétés de capacité portante, propriétés que ne possèdent pas les Cette couche joue un rôle très important dans la qualité de la cou-
déchets. Cette couche doit être compactée afin d’assurer une verture dans la mesure où elle réduit le gradient hydraulique sur la
assiette stable à la couche faiblement perméable. L’épaisseur de couche de faible perméabilité ; elle permet d’augmenter la stabilité
cette couche ne doit pas être inférieure à 30 cm. de la couverture par diminution des pressions interstitielles et
Dans le cas des casiers de déchets évolutifs, si la mise en place contrôle les écoulements dans les couches supérieures. Elle peut
d’un réseau de drainage du biogaz enterré est prévu, elle doit se être constituée de matériaux granulaires ou de géosynthétiques
faire avant la mise en œuvre de cette couche. Cette couche peut éga- drainants. Ces solutions sont comparées dans le tableau 12.

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Tableau 11 – Comparaison de structures d’étanchéité de couverture en fonction des contraintes


selon Koerner et Daniel (d’après [2])
Climat Tassements Érosion et poinçonnements Pentes

Aride Tempéré Humide Fort Moyen Faible Quasi nul Très peu Modéré < 9° > 9° et < > 18°
18°
Matériau argileux compacté 1 1 3 1 1 3 1 2 3 5 4 3
Géomembrane 5 4 4 4 5 5 1 1 3 5 5 3
Géosynthétique bentonitique 3 3 4 2 3 4 1 1 3 4 3 3
Géomembrane sur matériau
2 3 4 2 3 4 3 4 4 5 3 2
argileux compacté
Géomembrane sur géocomposite 5 4 5 3 4 5 2 3 4 5 3 2
bentonitique
1 : recommandé ; 2 : marginal ; 3 : possible dans certaines conditions ; 4 : acceptable ; 5 : recommandé

La couche granulaire est caractérisée par son épaisseur et sa per- 2.3.4 Problèmes mécaniques liés
méabilité. Ces caractéristiques seront fonction du gradient hydrauli- à la mise en œuvre
que que l’on souhaite sur la couche d’étanchéité (semi-perméable,
imperméable). Il est conseillé de prendre des graviers de fortes gra- Une couverture de centre de stockage est soumise à diverses
nulométries. contraintes mécaniques, d’une part parce qu’elle doit répondre à des
Le géosynthétique drainant est caractérisé par son épaisseur et sa sollicitations qui lui sont directement transmises par les déchets ou
transmissivité (m2/s). (0) par les pentes qui sont imposées dans certaines configurations, et
d’autres part parce que sa composition en plusieurs couches aux com-
portements différents amplifie les phénomènes. Trois types de phéno-
mènes sont à considérer pour la mise en place des couvertures :
Tableau 12 – Comparaison des diverses solutions — les tassements des déchets, en particulier les tassements
de drainage de couverture (d’après [1]) différentiels ;
— la stabilité des déchets ;
Composant Avantages Inconvénients — le problème d’interface entre les divers matériaux, en particu-
Matériaux Résistance à l’écrase- Mise en place lier sur les pentes.
granulaires ment et aux tassements Coût
différentiels Contraintes mécani- 2.3.4.1 Tassements des déchets
Obstacle aux rongeurs ques sur la couche
Protection contre le gel d’étanchéité ■ Aspects généraux : facteurs d’influence et mécanismes
Le tassement des déchets résulte de plusieurs phénomènes
Géosynthétiques Mise en place Faible épaisseur
Coût successifs :
drainants
— un tassement mécanique, rapide, en réponse au poids de la
colonne de déchets située au-dessus qui entraîne une distorsion et
un réarrangement des particules, ce tassement étant également
Des drains peuvent être nécessaires dans certains cas. Les
provoqué par la compaction forcée des déchets lors de leur mise en
contraintes qui portent sur eux sont différentes de celles énumérées
place (compacteurs) ,
pour le fond du casier dans la mesure où le colmatage biologique et
— à plus long terme et sur une plus longue durée, un tassement
chimique est pratiquement inexistant, les contraintes mécaniques
lié à la biodégradation des déchets et à la perte de masse (fraction
sont réduites aux passages des engins et aux tassements différen-
organique biodégradable) sous forme de biogaz et de lixiviat.
tiels. Pour limiter les risques de rupture des drains liés aux tasse-
ments différentiels, il est recommandé d’éviter ou de limiter la Classiquement, des tassements de l’ordre de 20 à 30 % de la hau-
présence de drains sur la pente de la couverture. teur initiale de déchets sont observés. Ils peuvent se produire en
30 ans mais la majorité des tassements intervient en général dans
■ Couche de protection les deux ou trois premières années qui suivent la fin de la mise en
Sa fonction est de protéger la couche de faible perméabilité place des déchets [6].
contre les intrusions animales et végétales et contre les cycles cli- Une grande partie des matériaux comme le papier sec ou les
matiques (gel-dégel, humidification-sécheresse). Si la couche de déchets de jardin sont initialement élastiques [7]. Ces éléments élas-
drainage est une couche granulaire, elle peut jouer ce rôle. Cette tiques diminuent l’efficacité de la compaction mécanique lors de la
couche peut également jouer un rôle de stockage des eaux jusqu’à mise en décharge. Au cours du temps, les matériaux stockés per-
leur utilisation par la végétation supérieure. dent leur élasticité par absorption de l’humidité provenant des
Cette couche de protection est recommandée lorsque la couche pluies ou d’autres sources et par décomposition. Avec la perte du
de drainage est constituée d’un géosynthétique. caractère élastique des matériaux, la masse de déchets se com-
presse en une masse plus compacte sous son poids propre. Cette
■ Couche superficielle phase prend environ 1 à 2 ans, en fonction du climat et des condi-
Sa fonction est de permettre la réintégration du site dans son tions environnementales [7].
environnement naturel ou de le préparer à un usage futur, de Les réactions biologiques ont pour résultat la diminution de la taille
réduire les effets de fluctuation de température et d’humidité et de des particules qui vont pouvoir migrer dans le site et donc conduire
protéger le système de couverture de l’érosion. au tassement. Le travail des bactéries sur la matière organique
Ce sont principalement des sols organiques qui sont utilisés, par- conduit à la formation de biogaz. La perte de ces gaz représente une
fois renforcés sur les pentes par exemple par des géosynthétiques perte de matière et participe donc au tassement. La perte de matière
de renforcement (géogrilles, géoconteneurs ou géotextiles). due à la formation de biogaz représente environ 20 % de la masse

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humide des déchets [7] et intervient pendant une longue période (au sont très sensibles à de petites variations des valeurs des paramè-
moins 20 ans sauf dans le cas d’une gestion en bioréacteur). tres utilisées et que toute la difficulté réside dans la détermination
Nota : dans un bioréacteur, le tassement est accéléré car la biodégradation des déchets de valeurs de paramètres adaptées au site à étudier [7].
se fait de façon plus rapide, et les risques de tassements différentiels sont augmentés en
fonction de l’hétérogénéité de la masse de déchets. Il est important de noter qu’une bonne connaissance de l’histori-
que d’exploitation (date de mise en place de chaque couche de
Les tassements des déchets sont influencés par la géométrie des déchet) permet de calculer un tassement couche par couche et
centres de stockage. La hauteur de déchets stockés est le facteur le d’obtenir des résultats plus fiables.
plus important mais il convient de noter que la présence de systè-
mes de collecte de lixiviat et de biogaz affecte localement les tasse- La plupart des modèles cités ici sont relativement simples et peu-
ments. Les tassements aux abords des puits de collecte de biogaz vent être utilisés dans le cas d’un bioréacteur. Mais la difficulté
sont généralement plus importants que sur le reste du site. consistera alors à déterminer des paramètres d’entrée (coefficient
de tassement…). Les données d’El-Fadel et al. [6] obtenues sur des
■ Modèles existant pour la prévision des tassements cellules avec réinjection de lixiviats constituent une base utile dans
le cas des trois modèles testés (Gibson-Lo, loi puissance de fluage et
Une analyse comparative des différents modèles de tassement
modèle de consolidation à une dimension).
appliqués aux décharges de déchets ménagers a été réalisée par
Thomas [5]. Dans ce travail, l’auteur essaye d’homogénéiser les ter-
mes utilisés dans les différents modèles afin de les rendre compa- 2.3.4.2 Stabilité des déchets
rables. La stabilité des déchets au sein du centre de stockage dépend :
Ces modèles sont bien souvent adaptés du domaine de la méca- — des propriétés mécaniques des déchets, donc de leur nature
nique des sols. En général, le tassement primaire (tassement méca- (cohésion, angle de frottement et poids volumique) ;
nique à court terme obtenu en 2 à 6 mois) est calculé séparément du — des propriétés mécaniques des couvertures journalières ou
tassement à long terme ou secondaire (résultant principalement hebdomadaires ;
des effets de la biodégradation des déchets. Une synthèse des diffé- — des conditions hydrauliques : drainage des effluents liquides
rents modèles est présentée dans le tableau 13. et gazeux ;
— de la géométrie du casier.
Par ailleurs, El-Fadel et al. [6] comparent trois modèles différents
pour interpréter les données obtenues sur six cellules expérimenta- Le principal risque encouru pour le stockage est une rupture de
les d’environ 900 m2 chacune, dont certaines avec recirculation des pente consécutive à :
lixiviats. Le modèle de consolidation à une dimension (dérivé du — l’augmentation des déformations sous la charge de la couver-
modèle Sowers) donne les meilleurs résultats mais les deux autres ture finale ;
modèles utilisés (Gibson-Lo et loi puissance de fluage) étaient tout à — la diminution de poids volumique due aux processus de dégra-
fait satisfaisants. La figure 10 illustre une comparaison des diffé- dation biologique ;
rents modèles sur un cas fictif. Sur les six modèles comparées sur — des surpressions liées à la production de biogaz ;
une durée de 150 mois, quatre donnent la même déformation à — la diminution de la résistance des déchets due à leur
moins de 5 % près. Ces déformations sont comprises entre 10 et transformation ;
15 % de la hauteur initiale. Cependant, il faut noter que ces modèles — la pression intersticielle des lixiviats. (0)

Tableau 13 – Synthèse des différents modèles de tassement des déchets en décharge (modifié d’après [7])
Modèles Fondements – Remarques Limites du modèle

Modèles intégrant le tassement primaire et le tassement à long terme


Sowers, 1973 Directement issu de la théorie du tassement œdométri- Les hypothèses de la théorie utilisées ne sont pas
que des sols + données empiriques. toutes respectées.
Le tassement primaire est complété en 3 à 4 mois Les paramètres sont difficiles à évaluer.
tandis que le tassement secondaire continu.
Gibson et Lo, 1961 [9] Modèle rhéologique. Le tassement primaire est supposé instantané.
Edil et al. 1990 L’âge du dépôt est considéré suffisamment grand par
rapport à la fin du chargement.
ADEME/SIMECSOL Combinaison de plusieurs modèles (Yen et Scanlon,
1975 et Sowers, 1973).
Algorithme de calculs successifs par couche
élémentaire.
El Fadel et al., 1999 [6] Théorie de la consolidation à une dimension (dérivé du Des coefficients plus faibles ont été obtenus par
modèle de Sowers) d’autres auteurs sans recirculation de lixiviat.
Modèles de tassement à long terme
Yen et Scanlon, 1975 Levés topographiques de trois sites pendant 9 ans.
Âge moyen de la colonne de déchet.
Janbu et al., 1989 Loi logarithmique de fluage Strictement applicable aux sols saturés.
Gandolla, 1992 Loi exponentielle de fluage. Ne tient pas compte de la contrainte de chargement.
Tassement à t infini.
Calcul du tassement de chaque couche puis somme
des tassements.
Edil et al., 1990 Loi puissance de fluage (utilisée classiquement pour
d’autres matériaux).
Il existe également un modèle basé sur l’activité biologique : Edgers, 1992.

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Tassement (m)
3 Modèle de Gandolla

2,5

1,5 Loi puissance de fluage (modèle de Yen et Scanlon)


Modèle de Gibson et Lo
1 Modèle de Sowers
Modèle de Janbu et al.
0,5

0
0 50 100 150
Temps (mois)

Déchets : H = 10 m, γ = 11 kN/m3
Couverture d'argile de 2 m, γs = 17 kN/m3
Mise en place instantanée

Figure 10 – Comparaison des différents modèles sur un cas fictif de tassement à long terme (150 mois) (d’après [7])

(0)

Tableau 14 – Caractéristiques mécaniques des déchets (d’après le BRGM [8])


Auteur Poids volumique Angle de frottement Cohésion C Observations
γ (kN/m3) (°) (kPa)
Jesseberger 4 à 10 38 à 40 30 à 50 Déchets ménagers récents
8 à 12 17 à 24 3 à 10 Décomposition avancée
Zoino 23 à 27 5 à 15 Décomposition avancée
Fang et al. 15 à 25 70 Déchets ménagers en balles

Malheureusement, les analyses utilisées dans la stabilité des rem- valeurs sur les caractéristiques mécaniques des déchets
blais en sol sont difficilement applicables aux déchets du fait de leur (tableau 14).
caractère évolutif. Néanmoins, quelques auteurs ont proposé des

■ Poids volumique (« densité ») La porosité est, elle, le volume des vides divisé par le volume total :
Le poids volumique est une caractéristique géotechnique majeure. n = Vv / V
Sa connaissance est indispensable pour traiter les problèmes de tas- avec V = Vs + Vv.
sement et de stabilité. Porosité et indice des vides sont liés par : e = n / (1-n).
Thomas [7] mentionne les valeurs suivantes pour les déchets : e = 15
Le poids volumique permet de relier les masses de déchets entran- pour des déchets non compactés, e = 2 pour des déchets compactés.
tes et les volumes occupés dans le casier. Il dépend principalement de
Cartier (cité dans [8]) propose des valeurs de l’indice des vides pour
la composition des déchets mais aussi de la compaction lors de la
un déchet en place calculées à partir des poids volumiques, compri-
mise en place, de l’âge du déchet (son degré de décomposition) et
ses entre 0,9 et 1,35. Ce paramètre reste difficile à déterminer pour les
surtout de la hauteur de déchets en surcharge (voir § 2.2).
déchets.
Durant la phase d’exploitation, il est conseillé de compacter les
■ Effets de la recirculation
déchets afin d’atteindre un poids volumique supérieur à 7 à 8 kN/m3
pour garantir une certaine stabilité et pour éviter l’enfoncement des La recirculation peut être source d’instabilité lorsqu’elle est mal
engins. conduite et mal contrôlée.
Ainsi Hemdron et al. [10] analysent les causes d’un glissement de
Une étude réalisée par SIMECSOL a permis de faire l’inventaire des déchets de 1,5 millions de tonnes sur la décharge de Dona Juana
méthodes de détermination du poids volumique in situ [9]. (Bogota) en Colombie. La recirculation de lixiviats à très haute pres-
La méthode classique de détermination consiste au creusement sion (100 à 170 kPa et jusqu’à 280 kPa) associée à la mise en place de
d’une cavité dans les déchets. Cette cavité est recouverte par une couvertures intermédiaires imperméables placées tous les 2,5 m de
bâche que l’on remplit d’eau. En connaissant le volume d’eau néces- déchets, serait à l’origine d’une augmentation de la pression de l’eau
saire pour combler la cavité et la masse du déchet prélevé, on peut dans les pores des déchets. Celle-ci aurait provoqué une fracturation
déterminer le poids volumique des déchets. hydraulique, ce qui a été facilité par des déchets très organiques et
déjà très humides au départ (60 %).
■ Indice des vides
La conception du site n’avait pas inclus la réinjection des lixiviats.
L’indice des vides est défini comme le volume des vides divisé par Des signes précurseurs avaient été observés (fuites sur les pentes,
le volume des grains (volume de solide) : e = Vv / Vs. craquelures dans les déchets) mais ignorés.

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2.3.4.3 Problèmes d’interface tes permettant l’écoulement. Dans cette configuration, il est forte-
ment recommandé de supprimer cette couche lors de la reprise du
La topographie ou les méthodes d’exploitation des sites condui- remplissage du casier pour éviter les problèmes évoqués plus haut.
sent souvent à la mise en place de couvertures sur des pentes rela-
tivement raides. La mise en œuvre des matériaux est donc souvent
difficile et les problèmes de stabilité doivent être étudiés car les 2.3.6 Revégétalisation
inclinaisons dépassent les angles de frottement aux interfaces. De la
même façon que pour les flancs du casier, ces problèmes d’interfa- La végétation doit remplir deux fonctions essentielles :
ces peuvent se produire entre le sol et le géosynthétique ou entre
deux géosynthétiques. Dans de nombreux cas, la modification de la — permettre la réintégration paysagère du site dans son
géométrie du talus n’est pas possible pour réduire ces problèmes de environnement ;
stabilité. Alors l’utilisation, par exemple, de géogrilles ou de géo- — protéger le sol contre l’érosion par le développement du sys-
conteneurs ou des deux simultanément est conseillée. Ces élé- tème racinaire.
ments, dont la rigidité en traction est plus élevée que pour les autres Pour atteindre ce double objectif, il convient de :
composantes géosynthétiques, vont reprendre les efforts de trac- — fournir aux végétaux des conditions pédologiques optimales :
tion et peu se déformer. humidité, qualité du sol, épaisseur, et de bonnes conditions de
milieu : absence de biogaz ;
— sélectionner des végétaux adaptés aux conditions du milieu.
2.3.5 Cas particulier des couvertures La revégétalisation ne doit pas être le résultat d’une décision trop
intermédiaires simpliste, basée uniquement sur des considérations de choix de
plantes disponibles ou économiques à court terme. C’est désormais
Dans la mesure du possible, un casier ne doit pas présenter de une démarche réfléchie prenant en compte l’esthétique, l’écologie
niveau étanche intermédiaire qui favorise la stagnation de lixiviats appliquée, et les considérations économiques sur le long terme.
et l’accumulation de biogaz. La réalisation de couches régulière- Ainsi, la conception tient compte à la fois des coûts d'investisse-
ment superposées, déchets/terre, est de ce fait peu recommandée ment liés à l’achat des plantes, mais surtout aux charges d’entretien
pour une gestion efficace des effluents. On conseillera plutôt de réa- et de maintenance sur au moins 30 ans ! Il devient alors plus rare de
liser un « saupoudrage » en fin de journée de manière à limiter les ne prendre en considération qu’une seule forme de revégétalisation
envols. Néanmoins, dans certaines configurations de site, l’exploi- pour privilégier un ensemble différencié de différents modes
tant peut être conduit à mettre en œuvre une couverture pour cou- « complémentaires », participant à un équilibre général, compromis
vrir un casier de façon provisoire. Dans ce cas, la couverture peut entre les intérêts d’esthétique, d’économie et d’acceptation sociale
consister en une simple couverture semi-perméable, avec des pen- et culturelle notamment.

Références bibliographiques

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