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"Structural Models in Folklore" : note sur une recherche en cours. In: Communications, 8, 1966. Recherches sémiologiques :
l'analyse structurale du récit. pp. 168-172;
doi : https://doi.org/10.3406/comm.1966.1124
https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1966_num_8_1_1124
Nous voudrions enfin signaler ici une recherche dont l'actualité et la parenté avec celles
qui font l'objet de ce numéro de Communications nous ont frappé. La note suivante
comporte deux parties. La première a été établie par l'équipe du CECMAS et résume un article
paru sous le titre « Structural Models in Folklore », in Midwest Folklore, 12 (3), Indiana
University, 1962. La seconde est due à Pierre et Elli Maranda et indique les
développements ultérieurs de leurs travaux.
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Dossier
formule de Lévi-Strauss, dans la mesure où cette dernière exprime le processus
médiateur selon un schéma « non-linéaire » inaccessible à la simple analogie. Celle-ci, en
effet, s'exprime sous la forme : A : B :: B : C, ce qui se lit « A est à B ce que B est à C ».
La formule de Lévi-Strauss doit être comprise comme la figuration d'un processus
médiateur où le développement dynamique des divers rôles est plus exactement exprimé
que dans un modèle analogique. Dans cette formule, (b) représente le médiateur ou
moyen terme, c'est-à-dire un symbole capable d'inclure deux opposés, fx C (b) C fy;
(a) représente le premier terme qui exprime, en liaison avec le contexte socio-historique,
le pôle négatif ou élément dynamique (spécifiant la fonction fx). L'autre fonction,
exprimant le pôle positif, fy, opposé au premier, spécifie la première manifestation
de (b). Ainsi, [b) est alternativement spécifié par les deux fonctions qu'il médiatise.
En outre, la formule de Cl. Lévi-Strass « non linéaire », c'est-à-dire qu'elle implique
une permutation des rôles (ou fonctions) et des termes : (a), qui est d'abord donné comme
terme, devient une fois inversé a — 1, un signe de fonction; y, d'abord donné comme
signe de fonction, devient de même [y), c'est-à-dire un terme qui figure le résultat final
du processus. Cette permutation est nécessaire, selon l'interprétation d'Elli Kôngâs
et Pierre Maranda, pour rendre compte des modèles structuraux dans lesquels le résultat
final ne représente pas seulement un retour cyclique au point de départ après
l'annulation de la force perturbatrice, mais une montée en spirale, une nouvelle situation
différente de la première, non seulement ence qu'elle la supprime, mais en ce qu'elle fait
plus que la supprimer. En d'autres termes, si un personnage donné (a) se caractérise
par une fonction négative fx (et devient ainsi un « méchant ») tandis qu'un autre
personnage (b) se caractérise par une fonction positive fy (et devient ainsi un « héros »),
(b) est susceptible d'assumer, à son tour, la fonction négative, (en luttant contre le
méchant). Ce processus conduit à une « victoire » d'autant plus'complète qu'elle résulte
de la ruine du terme (a) et consacre définitivement la valeur positive [y) du résultat
final.
Cl. Lévi-Strauss utilise sa formule pour rendre compte des relations qui existent
entre la série complète des variantes d'un même mythe et le contexte socio-historique
dont elles sont issues. Cela revient à considérer que le mythe est constitué, non
seulement par l'ensemble de ses variantes accessibles, mais encore par toutes les variantes
de la contrepartie socio-historique du mythe. Ce dernier point n'est pas nettement
établi par Cl. Lévi-Strauss, mais il apparaît comme la conséquence inéluctable de
l'interaction entre sub- et super-structures que cet auteur souligne si vigoureusement. Cette
considération a conduit Elli Kôngâs et Pierre Maranda, d'une part à élargir
l'application de la formule à l'ensemble du folklore, d'autre part à restreindre cette application
à des variantes représentatives.
En cours de travail, ils devaient bientôt découvrir que leur interprétation de cette
formule ne convenait qu'à certains types de textes, ceux dans lesquels le résultat final
traduit une permutation ou, en d'autres termes, ceux dans lesquels le moyen terme réussit
à opérer la médiation. Il s'en faut de beaucoup, en effet, que tous les textes construits
sur une opposition initiale indiquent la possibilité d'un processus médiateur; et par
ailleurs, on rencontre des cas où le médiateur échoue. Ces constatations conduisent à
établir la série des modèles suivants, allant du plus simple au plus complexe :
— pas de médiateur (modèle I),
— échec du médiateur (modèle II),
— succès du médiateur : annulation de la tension initiale (modèle III),
— Succès du médiateur : renversement de la tension initiale (modèle IV).
Divers exemples, tirés de mythes, de sagas, de ballades populaires, mais aussi de
poèmes lyriques (un sonnet Cheremis), d'incantations, de devinettes, de superstitions
empruntées à des folklores variés, illustrent le champ d'application de ces modèles.
En conclusion, les auteurs proposent les distinctions génériques suivantes :
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Dans l'intention des auteurs, Structural Models in Folklore ne représentait qu'une
rédaction provisoire. Cette première esquisse devait être refondue et développée dans
un ouvrage plus considérable. La suite de nos recherches nous a cependant entraînés
dans de nouvelles démarches analytiques et nous a obligés à reporter à plus tard la
reformulation de notre approche. Les quatre directions ci-après marquent une étape.
Un regroupement systématique ne sera possible que dans un avenir encore assez éloigné.
1. Expérimentation. Elli Kôngâs Maranda a utilisé les quatre modèles structuraux
dans des tests de conservation des structures de récit. Dans le cadre d'une expérience
menée au Harvard Center for Cognitive Studies et s'inspirant des méthodes de Piaget
en psychologie génétique de la connaissance, elle a choisi des contes folkloriques
américains, les uns du type III, les autres du type IV. Ces contes étaient dits à des enfants
de cinq à douze ans qui devaient les répéter, soit à l'expérimentatrice, soit à d'autres
enfants du même âge (en chaînes de huit à dix maillons). Ces séances étaient
enregistrées sur bandes magnétiques.
Les résultats obtenus peuvent sommairement se résumer comme suit : les enfants
de moins de sept ans ne conservent aucune structure et ne répètent que des éléments
discontinus ; ceux de moins de dix ans réduisent les modèles III et IV à des modèles I
ou parfois II; enfin, ceux de plus de dix ans retiennent le caractère propre de chaque
modèle (Cf. Elli Kôngâs Maranda, 1964).
2. Applications ethnographiques. Les auteurs et d'autres chercheurs (dans des articles
à paraître sous peu) ont examiné la répartition des quatre modèles dans différentes
sociétés, afin de savoir si l'un ou l'autre type structural domine ici ou là et si cette
approche peut être utilisée comme une grille par l'ethnologue. Trop peu d'analyses ont
encore été menées sur des corpus suffisamment étendus pour que l'on ait des résultats
concluants. Deux cas cependant semblent clairs : alors que le modèle IV domine le
folklore européen (dans une perspective <t capitaliste » où le résultat est un bénéfice
individuel), le modèle III y est rare (dans le conte populaire français, par exemple, ce
modèle se réduit presque exclusivement aux récits dont les héros sont féminins), et
les modèles II et I y sont exceptionnels. La mythologie eskimo, par contre, accuse
les modèles II et III, le modèle IV y étant très rare. (Cf. Elli Maranda 1965, 1966 a,
1966 b; Pierre Maranda 1966d).
3. Syntagmes métaphoriques. L'analyse de syntagmes constitués par l'intersection
de deux ensembles paradigmatiques formant métaphore ouvre une autre piste. Des
écarts différentiels au sein d'ensembles paradigmatiques marquent en effet ce qu'on
pourrait nommer les « crans » d'un cadran sémantique (en général des métonymies).
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RÉFÉRENCES
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Journées internationales d'études sur les méthodes de calcul dans les sciences
de l'homme, Rome (sous presse).
1966c "Formal Analysis and Intra-Cultural Studies", Proceedings of the International
Symposium on Cross-Cultural Research Tools in Social Anthropology, Paris
(sous presse).
1966<2 "Of Bears and Spouses : The Ethnographic Bearing of Transformation Rules",
dans Structural Analysis of Oral Tradition, edited by P. and E. Maranda (à
paraître).
NOTE DE LA RÉDACTION
M. André Glucksmann nous prie de préciser que le « Rapport sur les recherches
concernant les effets sur la jeunesse des scènes de violence au cinéma et à la télévision »
(Communications 7, 1966), a été effectué sur la demande du Haut Comité Jeunesse et grâce à l'appui
matériel du Ministère de la Jeunesse et des Sports. M. André Glucksmann tient à remercier
tout particulièrement Mme Violette Morin, M. Georges Friedmann et M. Joseph Rovan
pour l'aide et les conseils qu'ils ont bien voulu lui apporter.
Imprimé en France
IMPRIMERIE FIRMIN-DIDOT. - PARIS . MBSNIL . IVRY - 3800
Dépôt légal: 4« trimestre 1969. — 19272 — 5