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bi-mensuelle de législation,
de jurisprudence et
d'éloquence judiciaire
donner l'enlèvement, dans un délai à fixer, Attendu qu'en juin 189S, au début du
de toutes affiches de la nature de celles cinématographe, le D Doyen eut l'idée de
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il mars 1902 ; qu'elles appartiennent au lui faisait écrire par Clément Maurice :
Dr Doyen, «pii les a ordonnées et compo- « Le but exclusif «pie poursuit le D Doyen,
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posées.; que le dépôt des clichés a été c'est renseignement de la chirurgie par la
régulièrement faille 19 novembre 1003 au cinéniatographie. Les négatifs ne quittent
ministère de l'intérieur ; la clinique sous aucun prétexte, nous ne
Attendu, à un autre point de vue, que les coulions à personne. Les bandes que
la propriété imprescriptible que toute nous livrons ne seront projetées que dans
personne a sur son image, sur sa figure, des milieux scientifiques » ;
sur son portrait, lui donne le droit d'in- Que cependant, lors de la saisie du 2
terdire l'exhibition de ce portrait ; qu'elle novembre, l'huissier découvre chez, elle
esl fondée, si l'exhibition s'est produite des factures de 1902 attestant de nom-
contre sa volonté, dans des conditions de breuses ventes illicites de bandes venant
nature à lui porter préjudice, à demander de ehe7. Parnaland ;
des dommages inlérêtsà celui quia facilité, Que la mauvaise foi des défendeurs est
procuré les moyens de la faire ; certaine; qu'ils ont causé au demandeur
Attendu que Parnaland invoque vaine- un grave préjudice dont réparation lui est
ment une convention intervenue entre le duo ; que le tribunal trouve dans les faits
Dr Doyen et lui, aux termes de hujuelle la de la cause les éléments d'appréciation né-
propriété et le droit de reproduction des cessaires pour en déterminer le montant ;
films négatifs, objet du litige, lui auraient Sur les insertions dans les journaux :
élé réservés : qu'il ne rapporte pas la Attendu que les agissements de Parna-
preuve de celle convention, démentie par land el de la Société dos Phonographes el
les faits du procès ; Cinématographes ont eu pour effet de
Que l'on ne saurait détacher de la lettre faire croire au public que le D'' Doyen,
du 2 décembre 1898 écrite à Parnaland dans un but de réclame, avait, toléré les
par le demandeur, les trois dernières ligues exhibitions cinématographiques de ses
pour soutenir que ce dernier reconnaissait opérations chirurgicales : qu'il y a lien de
ne pas être propriétaire des bandes, qu'il faire connailre par des insertions dans les
ressort des termes de celle lellre, expli- journaux «pic c'est sans droit (pie les dé-
qués par les fails du procès, que le D 1'
fendeurs, s'approprinnl des films négatifs
Doyen renvoie à Parnaland un projet de appartenant au D Doyen, se sonljoués de
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traité, sur lequel il a écrit do sa main des sa volonté el de ses avertissements, d'or-
additions ; qu'il lui propose de s'interdire donner, à litre de supplément de domma-
tout trafic de bandes, lui en laissant le bé- ges-intérêts, (pie le présent jugement sera
néfice avec cette addilion, qu'il n'autorisait publié dans quinze journaux au choix du
le trafic, comme il l'a toujours précisé en demandeur ;
toutes circonstances, que dans les milieux En ce qui concerne la demande recon-
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scientifiques, restriction qui a eu pour venlionnelle :
conséquence qu'il n'a pas élé donné suite Attendu qu'il résulte de ce qui précède
à ce projet, que Parnaland se garde bien qu'elle manque de base et doil, èlre re-
de communiquer ; jelée ; — PAR CES MOTIFS.
Qu'il n'est donc pas justifié de l'abandon MM. Lefebvrc-Devaux, prés.; Desjar-
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prétendu que le D Doyen aurait l'ail de
1' I din el- Mii^nicr, av.
son droit de propriété, que Parnaland
n'ignore pas que le demandeur l'a, au con-
traire, constamment revendiqué ;
LA FRANCE JUDICIAIRE 237