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Transfus Clin Biol 2001 ; 8 : 410-21

© 2001 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés


S1246782001001926/FLA
ARTICLE ORIGINAL

La maîtrise statistique des processus appliquée


au dépistage génomique viral : approche expérimentale

J.M. Reifenberg1*, P. Navarro1, J. Coste2


1
Service qualité, Établissement français du sang Pyrénées-Méditerranée, 240, avenue Émile-Jeanbrau,
34094 Montpellier cedex 5, France ; 2 laboratoire de biologie moléculaire, Établissement français du sang
Pyrénées-Méditerranée, 240, avenue Émile-Jeanbrau, 34094 Montpellier cedex 5, France

Résumé – Dans le cadre de l’étude multicentrique nationale sur l’introduction du Dépistage génomique viral dans la
qualification biologique des dons, pilotée par la direction médicale et scientifique de l’Établissement français du sang,
la chaîne Transcription-Mediated Amplification (Chiron / Gen Probe) fut expérimentée dans le laboratoire de biologie
moléculaire du site de Montpellier de l’Établissement français de sang Pyrénées-Méditerranée. Après une phase
préliminaire de qualification des matériels et de formation du personnel, la recherche des ARN des virus HCV et VIH-1
par cette technologie fut appliquée en routine sur tous les dons homologues (sang total et plaquettes d’aphérèse)
pendant deux mois. Afin d’évaluer les différentes chaînes, un enregistrement exhaustif des opérations journalières et des
données fut effectué. Parmi ces données, les résultats de luminescence émis par les calibrateurs positifs et négatifs et
les contrôles internes associés ont fait l’objet d’une étude relative aux cartes de contrôle, aux mesures, outils de maîtrise
statistique des processus privilégiant la prévention des dysfonctionnements et des dérives. Cette étude illustre l’intérêt
de l’application de ces méthodes provenant du milieu industriel pour le suivi et l’amélioration de la qualité d’un
processus dans le domaine de la transfusion. Elle met aussi en évidence les difficultés engendrées par la recherche a
posteriori des sources de variations non contrôlées d’un processus encore expérimental. De tels outils s’inscrivent
parfaitement dans le cadre de la nouvelle version des normes ISO 9000 qui insiste en particulier sur la maîtrise des
processus par l’utilisation d’indicateurs adaptés, et pourraient être étendus à d’autres activités transfusionnelles comme
le prélèvement et la préparation des PSL. © 2001 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS

assurance et contrôle qualité / cartes de contrôle / dépistage génomique viral / maîtrise statistique des processus

Summary – The Statistical Process Control applied to viral Nucleic Acid Testing : an experimental approach. During
the National Multicentric Study concerning the introduction of NAT for HCV and HIV-1 viruses in blood donation
screening which was supervised by the Medical and Scientific departments of the French Blood Establishment
(Établissement français du sang – EFS), Transcription-Mediated transcription Amplification (TMA) technology (Chiron /
Gen Probe) was experimented in the Molecular Biology Laboratory of Montpellier, EFS Pyrénées-Méditerranée. After a
preliminary phase of qualification of the material and training of the technicians, routine screening of homologous blood
and apheresis donations using this technology was applied for two months. In order to evaluate the different NAT
systems, exhaustive daily operations and data were registered. Among these, the luminescence results expressed as
RLU of the positive and negative calibrators and the associated internal controls were analysed using Control Charts,
Statistical Process Control methods, which allow us to display rapidly process drift and to anticipate the appearance of

*Correspondance et tirés à part.


Adresse e-mail : jean-marc.reifenberg@efs.sante.fr (J.M. Reifenberg).
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incidents. This study demonstrated the interest of these quality control methods, mainly used for industrial purposes, to
follow and to increase the quality of any transfusion process. It also showed the difficulties of the post-investigations of
uncontrolled sources of variations of a process which was experimental. Such tools are in total accordance with the new
version of the ISO 9000 norms which are particularly focused on the use of adapted indicators for processes control,
and could be extended to other transfusion activities, such as blood collection and component preparation. © 2001
Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS

quality assurance and control / control charts / Nucleic Acid Testing / Statistical Process Control

Née aux Etats Unis dans les années 1930, la maîtrise labiles [4] ; ici les paramètres sélectionnés ne sont
statistique des processus (MSP) ou Statistical Process soumis qu’aux spécifications du fournisseur de réactifs,
Control (SPC) réunit un ensemble de méthodes mathé- lorsqu’elles existent.
matiques permettant de surveiller et d’améliorer un Parmi les sites évaluateurs du DGV, le laboratoire de
processus de production [1]. Développés dans un pre- biologie moléculaire du site de Montpellier participa à
mier temps dans le domaine militaire, ce n’est qu’après l’expertise de la chaîne Transcription-Mediated Amplifi-
la seconde guerre mondiale, lors de la généralisation des cation (TMA, Chiron), en trinôme avec les sites de
normes militaires à l’industrie, que les experts japonais Grenoble (EFS Rhône-Alpes) et de Dijon (EFS Bour-
ont adapté ces outils dans le domaine de la qualité en gogne, Franche-Comté) [5]. Après une phase prélimi-
entreprise. L’apparition de la MSP en Europe débuta à naire de qualification des matériels, de formation et de
partir de la fin des années 70, poussée par les effets de la qualification au poste de travail du personnel, l’expéri-
mondialisation des échanges et de l’accroissement de la mentation en temps réel dura environ deux mois, au
concurrence internationale. De nos jours, ces méthodes terme desquels les données brutes de luminescence des
sont utilisées dans de nombreuses industries pour la calibrateurs et de leurs contrôles internes, issues de la
maîtrise des processus de production, pour la détection chaîne testée à Montpellier, ont été collectées et ont fait
et la prévention des défauts, et constituent une étape l’objet de la présente étude.
importante de démarche de qualité orientée vers le
« zéro défaut ». RAPPELS SUR LE PRINCIPE DE LA CARTE
Peu décrites dans le domaine transfusionnel, ces DE CONTRÔLE AUX MESURES
méthodes statistiques ont fait l’objet d’une première
approche expérimentale appliquée à des paramètres de La carte de contrôle aux mesures [6], outil graphique
prélèvement par aphérèse et de préparation des produits couramment utilisé dans le cadre de la maîtrise statis-
sanguins labiles [2] au site de Montpellier de l’EFS tique des processus, permet de suivre les fluctuations
Pyrénées-Méditerranée. Cette étude et un suivi d’une d’un processus en distinguant les causes de variabilité
année ont permis d’éprouver l’intérêt de ces outils, de aléatoires (imputables au hasard), prévisibles à condi-
les améliorer, et aussi de remettre en question le bien- tion que les variations naturelles de ce processus aient
fondé du contrôle statistique de tant de paramètres, été caractérisées, des causes assignables, dues à des fac-
rappelant que les outils de la MSP, comme tout autre teurs identifiables, sur lesquelles il est possible d’inter-
indicateur qualité, doivent faire l’objet d’une analyse venir. Une fois opérationnelle, la carte de contrôle aux
collective préalable de pertinence et de faisabilité. mesures permet de surveiller la stabilité d’un processus
Afin de compléter cette première approche, l’applica- défini préalablement par son centrage (ex. moyenne) et
tion de ces méthodes au processus du dépistage géno- sa dispersion (ex. écart–type). Elle privilégie la préven-
mique viral (DGV) a été mise à l’épreuve à l’issue de tion en permettant de visualiser rapidement les fluctua-
l’étude nationale sur l’introduction des techniques de tions anormales et les dérives ; ainsi, il est possible
biologie moléculaire dans la qualification biologique d’anticiper sur l’apparition de dysfonctionnements en
des dons, diligentée par la direction médicale et scien- mettant en place des actions correctives (réglage d’un
tifique de l’EFS [3]. La méthodologie reste identique, à automate, changement de lot de réactifs, renouvelle-
la différence que dans l’étude précédente il était néces- ment de formation des techniciens, etc.).
saire de tenir compte des contraintes réglementaires En terme de management, ces outils représentent
détaillées dans les caractéristiques des produits sanguins aussi des moyens efficaces d’autocontrôle, responsabili
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Figure 1. Principe de la carte de contrôle.

sant les opérateurs en mettant à leur disposition un interprétées sur une carte de contrôle et peuvent contri-
moyen de visualisation de leur processus, de prévention buer à la mise en place d’actions préventives ou correc-
des problèmes et de décision. tives [7], mais les plus importantes sont celles décrites
Une carte de contrôle aux mesures est composée de précédemment.
deux graphiques : l’un pour suivre la tendance centrale La carte de contrôle aux mesures diffère de la carte de
du processus, l’autre pour suivre sa dispersion. Sur contrôle dite aux attributs par un raisonnement a priori
chaque graphique sont représentés des seuils de proba- sur le fonctionnement d’un processus, alors que la carte
bilités appelés limites de contrôle, au-delà desquels on de contrôle aux attributs donne des indications a pos-
considère que le processus n’est plus maîtrisé, et limites teriori sur la qualité d’un produit. Cette dernière
de surveillance, au-delà desquelles le processus doit faire s’applique à des variables discrètes (oui / non,
l’objet de contrôles renforcés. Ces limites de contrôle et conforme / non conforme), alors que la carte de contrôle
de surveillance représentent les échantillons de la popu- aux mesures s’applique à des variables continues, c’est à
lation de données se situant respectivement à 1,96 σ et dire mesurables. Sa mise en place est conditionnée par
3,09 σ (σ : écart–type) de la tendance moyenne de la l’hypothèse que les valeurs du paramètre considéré sui-
population (figure 1). La probabilité de rencontrer un vent la loi normale.
point au-delà des limites de contrôle est inférieure à Parmi les différentes catégories de cartes de contrôle
1 ‰ et celle de rencontrer un point entre les limites de aux mesures existantes, il a été choisi dans le cadre de
surveillance et de contrôle est de 2,5 %. Si pour un cette étude la carte de contrôle (X, R), fondée sur la
échantillon donné la valeur considérée est extérieure moyenne X et l’étendue R (différence entre la plus
aux limites de contrôle, la méthode statistique estime grande et la plus petite valeur). La méthodologie de
cette éventualité très peu probable mais significative mise en place est décrite dans le chapitre 4.
d’une variabilité anormale, qui doit être identifiée, ana-
lysée puis faire l’objet d’une action corrective. DESCRIPTION DE LA CHAÎNE TMA
Outre les points situés au-delà des limites de contrôle,
d’autres configurations témoignent d’une fluctuation Le principe de la technologie multiplex TMA VIH-1/
anormale ou d’une dérive du processus, les plus cou- HCV ARN (Chiron / Gen Probe) permet de réaliser
rantes étant les séries (succession de points au-dessus ou l’ensemble des étapes allant de l’extraction à la révéla-
au-dessous de la moyenne), et les tendances (succession tion des ARN des virus VIH-1 et HCV dans un même
de points ascendants ou descendants). Le nombre tube. Lorsque le test est positif, il n’est pas possible de
minimum de points significatifs d’une variation anor- distinguer une infection par le virus VIH-1 d’une infec-
male peut varier de 5 à 9 points consécutifs. En général, tion par le virus HCV. Pour cela, un second test discri-
il est recommandé de ne pas fixer trop hâtivement ces minatoire est nécessaire. Comme la majorité des
critères et d’observer préalablement le comportement techniques d’amplification génique, trois étapes princi-
d’une carte de contrôle avant de définir les règles de pales composent la technologie TMA : l’extraction des
décision. D’autres informations peuvent être également acides nucléiques potentiellement présents dans les
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échantillons, l’amplification des séquences ribonucléi- L’examen des cartes provisoires porte sur les points
ques recherchées, initiée par différentes amorces spéci- situés hors des limites de contrôle, les séries et tendances
fiques, et enfin la détection des produits amplifiés ; d’au moins neuf points successifs. Les causes assignables
cette dernière phase est assurée par un lecteur d’émis- de variation sont analysées au travers des fiches de suivi
sions lumineuses, le luminomètre, qui injecte automa- journalières (fiches manuelles et fichiers informatiques)
tiquement dans le tube les réactifs de détection et des fiches d’anomalies émises au cours de l’étude,
produisant un signal luminescent mesuré en unités après vérification de l’absence d’erreur de transcription
lumineuses relatives (RLU). des données. Chaque point suspect fait ainsi l’objet
Chaque série d’analyses est validée par la présence de d’investigations minutieuses afin d’identifier le ou les
trois calibrateurs (témoin négatif, positif VIH-1, positif facteurs incriminés (figure 1).
HCV) intervenant dans le calcul du seuil de détection, Ces valeurs sont ensuite éliminées du calcul des
et par la co-amplification d’un ARN synthétique, le limites, et la répartition des points entre les nouvelles
contrôle interne (IC), ajouté dans chaque échantillon et limites provisoires est à nouveau examinée. La séquence
témoin au moment de l’extraction, qui permet de valider identification des points hors limite / élimination de ces
l’ensemble du processus. points après analyse / révision des limites est renouvelée
La traçabilité des opérations est assurée par une fiche jusqu’à ce que les points se répartissent aléatoirement
de suivi accompagnant chaque série d’analyse sur autour de la ligne centrale des graphiques de centrage et
laquelle sont enregistrées de nombreuses informations, de dispersion : la variabilité naturelle du processus est
en particulier les durées des différentes étapes et les alors considérée comme stabilisée entre ces limites que
problèmes rencontrés. Ces derniers ont de plus fait l’on peut fixer. À partir de là, les cartes de contrôle sont
l’objet d’une déclaration systématique sur une fiche opérationnelles pour une surveillance permanente du
d’anomalie détaillant le contexte de l’incident et leur processus.
correction immédiate. De nombreuses informations
peuvent donc rapidement être retrouvées à partir de la RÉSULTATS
date de l’analyse, les dossiers relatifs à chaque série étant
classés chronologiquement. Études de normalité
D’autres informations peuvent également être retrou-
vées dans les systèmes informatiques, tels les logiciels Pour chaque paramètre, l’examen des histogrammes de
qui pilotent les automates de distribution et de poolage. fréquences montre un contour du polygone de fré-
quences très proche de la forme d’une courbe de Gauss ;
cette distribution apparaît asymétrique pour le calibra-
MÉTHODES teur VIH-1, le calibrateur négatif et son contrôle
interne. L’hypothèse de normalité est rejetée par le test
Les données exploitées dans le cadre de cette étude sont de χ2 pour ces paramètres, alors qu’elle est acceptée
les résultats bruts des signaux chimioluminescents des pour le calibrateur HCV et les IC associés aux calibra-
calibrateurs positifs (HCV, VIH-1) et négatifs, ainsi teurs HCV et VIH-1, ces derniers présentant une dis-
que ceux de leurs contrôles internes associés issus de la tribution très symétrique (figure 2).
chaîne testée à Montpellier (n = 261). Un deuxième test de normalité a été réalisé pour
Une vérification préalable de la normalité supposée chaque paramètre après élimination des valeurs aber-
de la distribution des valeurs pour chaque paramètre est rantes, confirmant la normalité de chaque distribution
effectuée, clause d’application impérative d’une carte de (∝ = 5 %).
contrôle aux mesures. Pour chaque paramètre, cette
épreuve de normalité est réalisée graphiquement, condi- Examen des cartes de contrôle
tion nécessaire et suffisante pour la poursuite de l’étude,
puis éprouvée par le test de Pearson (χ2) [8]. L’étape L’examen général des cartes de contrôle révèle une
suivante consiste à calculer les limites provisoires de répartition plus ou moins régulière des points de part et
contrôle et de surveillance du processus pour chaque d’autre de la ligne centrale. L’observation des graphi-
paramètre considéré [9], et à enregistrer les données sur ques de centrage des calibrateurs HCV (figure 3) montre
les cartes de contrôle pré-établies sur des fichiers une dispersion des points plus accentuée que pour les
Excel [2]. calibrateurs VIH-1 (figure 4) ; ce constat apparaît bien
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Figure 2. Étude de la normalité des distributions de chaque paramètre.

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Figure 3. Cartes de contrôle du calibrateur HCV et de son IC associé (données de mars uniquement).

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Figure 4. Cartes de contrôle du calibrateur HIV-1 et de son IC associé (données de mars uniquement).

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plus nettement entre les contrôles internes associés aux CAL– (deux points supplémentaires au-dessus des
calibrateurs HCV (points dispersés) et ceux associés aux limites de contrôle supérieures) ont nécessité une
calibrateurs VIH-1 (points régulièrement répartis et seconde révision du calcul des limites après élimination
resserrés autour de la ligne centrale). Les calibrateurs de nouveaux points hors limites de contrôle. Une troi-
négatifs et leurs contrôles internes montrent aussi sième révision a été nécessaire pour fixer les limites des
une dispersion des points relativement importante paramètres CAL– et IC CAL– (1 et 2 points supplé-
(figure 5). mentaires au-dessus des limites de contrôle supérieures,
Globalement aucun paramètre ne se distingue au respectivement).
niveau du graphique des étendues. Aucune série ni En conclusion, les limites de contrôle et de sur-
tendance significative n’est apparue pour les différents veillance ont pu être fixées après trois révisions des
paramètres. limites provisoires pour les paramètres CAL– et IC
Sur la carte de contrôle provisoire du calibrateur CAL–, après deux révisions pour les paramètres HCV
HCV, 29 points ont été mis en évidence à l’extérieur et VIH-1, et après une révision pour le paramètre IC
des limites de contrôle du graphique de centrage, dont HCV ; les limites du paramètre IC VIH-1 n’ont pas
15 (51,7 %) se situaient au-dessus de la limite de nécessité de correction.
contrôle supérieure et 14 (48,3 %) au-dessous de la
limite de contrôle inférieure. Recherche des causes assignables
Concernant le calibrateur VIH-1, dix points ont été
relevés à l’extérieur des limites de contrôle du graphique Parmi les points hors limites relevés, il est intéressant de
de centrage, dont cinq se situaient au-dessus de la limite noter que huit (10,1 %) concordent avec des séries dans
de contrôle supérieure et cinq au-dessous de la limite de lesquelles des anomalies d’extraction avaient été enre-
contrôle inférieure (50 / 50 %) ; un point a été localisé gistrées en cours d’étude. Ces anomalies portent sur des
au dessus de la limite de contrôle supérieure du gra- problèmes de pipetage, de distribution de réactif ou
phique de dispersion. d’échantillon, de lecture de codes à barres au niveau des
Six points hors limites de contrôle supérieure automates de distribution, ayant surtout entraîné des
(85,7 %) et un au-delà de la limite de contrôle infé- retards dans le traitement des échantillons.
rieure (14,3 %) ont été localisés sur le graphique de L’analyse individualisée des différents points hors
centrage des calibrateurs négatifs limite n’a pas révélé d’influence marquante de la série
Pour le contrôle interne associé aux calibrateurs HCV, (série du matin / après-midi), ni d’effet « jour de la
neuf points ont été repérés à l’extérieur des limites de semaine » pouvant orienter vers une cause assignable de
contrôle du graphique de centrage, dont 7 (77,7 %) variation se répétant dans le processus. Le tableau I
au-dessus de la limite de contrôle supérieure et 2 montre que dans la majorité des cas, à l’exception du
(22,3 %) au-dessous de la limite de contrôle inférieure. calibrateur négatif, de nombreux points hors limites se
Aucun point hors limite n’a été détecté pour le para- révèlent communs avec plusieurs calibrateurs. En par-
mètre IC VIH-1. ticulier, il est intéressant de noter que 72,7 % (8/11)
Vingt-trois points hors limites ont été localisés à des variations équivoques observées sur les calibrateurs
l’extérieur des limites de contrôle sur le graphique de VIH-1 ont été retrouvées dans les mêmes séries que
centrage des contrôles internes des calibrateurs négatifs celles dans lesquelles des variations anormales avaient
(IC CAL–), dont 20 (86,9 %) au-dessus de la limite de été observées avec le calibrateur HCV, orientant les
contrôle supérieure et 3 (13,1 %) au-dessous de la investigations vers une origine commune des fluctua-
limite de contrôle inférieure. tions des calibrateurs positifs. Le test de comparaison
Après élimination des valeurs associées à ces points des moyennes des durées respectives des étapes d’extrac-
hors limites et calcul des nouvelles valeurs des limites tion, d’amplification et de détection des séries corres-
provisoires, les paramètres HCV (quatre points supplé- pondants aux points hors limite avec celles
mentaires au-dessus des limites de contrôle supérieures correspondant aux situations « normales » montre une
des moyennes), VIH-1 (trois points supplémentaires différence (d) hautement significative (α = 1 p.100)
au-dessus des limites de contrôle supérieures des moyen- entre les durées d’extraction respectives (d = 13,8 min.,
nes), IC CAL– (trois points supplémentaires au-dessus 2,6 Sd = 11,7 min., d > 2,6, Sd étant l’écart standard
des limites de contrôle supérieures et 1 point au-dessous théorique) : l’hypothèse d’appartenance de ces deux
des limites de contrôle inférieures des moyennes) et échantillons de données à une même population est
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Figure 5. Cartes de contrôle du calibrateur négatif et de son IC associé (données de mars uniquement).

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Tableau I. Synthèse de l’analyse des causes assignables.


(1) (2)
Paramètres Nombre de points hors limite (%) Causes spécifiques (%) Causes communes (%)
Calibrateur positif HIV-1 11 (13,9) 2 (18,1) 9 (81,9)
IC associé au calibrateur HIV-1 0 0 0
Calibrateur positif HCV 29 (36,7) 12 (41,3) 17 (58,7)
IC associé au calibrateur HCV 9 (11,4) 1 (11,1) 8 (88,9)
Calibrateur négatif CAL- 7 (8,9) 5 (71,4) 2 (28,6)
IC associé au calibrateur CAL- 23 (29,1) 3 (13,0) 20 (87,0)
TOTAL (n) 79 23 56
(1) Causes spécifiques : points hors limites retrouvés sur un seul paramètre ; (2) causes communes : points hors limites communs à plusieurs
paramètres.

rejetée, la durée moyenne de l’étape d’extraction corres- particulièrement dans un processus ponctué de nom-
pondant aux points hors limite apparaît donc anorma- breuses opérations manuelles ; des irrégularités de pipe-
lement élevée. En revanche, la différence entre les durées tage et de distribution pourraient être à l’origine de
d’amplification et de détection n’apparaît pas significa- variations n’influençant pas la validation des résultats
tive (d < 2 Sd, α = 5 %). mais agissant significativement sur la normalité du pro-
cédé. Il est malheureusement impossible d’éprouver de
DISCUSSION telles hypothèses du fait qu’elles sont dépourvues d’enre-
gistrements adéquats.
La recherche des causes assignables de variations pou- Il a été observé que dans la majorité des cas, les
vant justifier la présence de points hors des limites fluctuations anormales des calibrateurs VIH-1 et HCV
représentatives de la normalité du procédé a constitué la étaient recensées dans les mêmes séries. Les prospec-
partie la plus complexe et la plus longue de la démar- tions ont donc porté sur des étapes du processus com-
che ; elle requiert souvent l’utilisation d’outils classi- munes à ces calibrateurs et leurs IC associés. Après avoir
ques de la qualité : méthodes de résolution de vérifié l’absence d’un effet « série » et « technicien », la
problèmes, plans d’expérience, AMDEC, Pareto, etc. comparaison statistique des moyennes des durées des
La difficulté a été accrue du fait que les investigations étapes d’extraction, d’amplification et de détection entre
ont été réalisées a posteriori, malgré la mine d’informa- les séries « hors normes » et les séries « normales » tend
tions relevées sur les fiches de suivi et les fiches d’ano- à montrer une influence significative de la durée de
malies. La démarche suivie pour la mise en place des l’étape d’extraction dans la variabilité observée. Cela est
limites de contrôle était volontairement empirique, en indépendant du nombre d’échantillons de la série, les
éliminant toutes les valeurs « anormales » comprenant calibrateurs étant traités systématiquement en début de
celles rattachées à des phénomènes clairement identi- série. En revanche, alors que les durées d’incubation
fiés, et celles ne répondant qu’à de simples hypothèses ; recommandées par le fournisseur semblent avoir été
la variabilité naturelle du processus peut être ainsi sous- respectées, les opérateurs ont reconnu des difficultés à
évaluée. Ce n’est que pendant la phase de routine, en standardiser les étapes des lavages (durée, agitation avec
temps réel, que les causes aberrantes de variation pour- vortex, appréciation visuelle de l’efficacité …) qui figu-
ront être plus facilement identifiées, et la normalité du raient en outre parmi les plus difficiles à qualifier en
processus pourra être alors plus objectivement appré- début d’étude.
hendée. Si l’on admet l’hypothèse d’une source de variation
L’influence des réactifs a été volontairement minimi- commune, le calibrateur HCV apparaît beaucoup plus
sée : l’étude de faisabilité a été réalisée avec un seul lot de affecté par ces variations que le calibrateur VIH-1. Le
réactifs, réduisant les risques de variations inter-lots. fait qu’il y ait deux sites d’hybridation pour la sonde
Concernant l’équipement, une qualification opéra- VIH-1 au cours des différentes étapes (capture de la
tionnelle rigoureuse des automates et du petit matériel séquence cible, amplification et détection), alors qu’il
(pipettes, vortex …) avait été réalisée [10]. Cependant, n’y en a qu’un seul pour la sonde HCV pourrait justifier
l’hypothèse de problèmes ponctuels de justesse, de répé- que toute variation anormale dans la technique ait plus
tabilité et/ou de reproductibilité ne peut être exclue, de répercussions sur le calibrateur HCV que sur le
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Tableau II. Valeurs des limites de contrôle et des critères d’acceptation.


Paramètres Limite inférieure Limite supérieure
Calibrateur positif HIV-1 fournisseur 300 000 1 400 000
Calibrateur positif HIV-1 étude 843 710 1 004 576
IC associé au calibrateur HIV-1 fournisseur NS NS
IC associé au calibrateur HIV-1 étude 136 396 206 708
Calibrateur positif HCV fournisseur 200 000 800 000
Calibrateur positif HCV étude 413 493 451 400
IC associé au calibrateur HCV fournisseur NS NS
IC associé au calibrateur HCV étude 153 966 194 735
Calibrateur négatif CAL - fournisseur 0 35 000
Calibrateur négatif CAL - étude 6 472 13 080
IC associé au calibrateur CAL - fournisseur 75 000 300 000
IC associé au calibrateur CAL - étude 158 462 177 893
NS : non spécifié.

calibrateur VIH-1. L’exploitation des données issues prendre conscience de la difficulté de standardiser cer-
des autres chaînes TMA expérimentées permettra de taines opérations dans un contexte qui n’est pas entiè-
vérifier si cette observation relève d’une réalité ou d’un rement automatisé. L’intérêt de ce travail était, outre
effet mathématique lié à la distribution des valeurs. En d’en décrire le principe, de montrer l’échelle de
revanche, dans l’état actuel des connaissances, aucune l’influence de ces points sensibles sur le comportement
hypothèse plausible ne permet d’expliquer le compor- d’une carte de contrôle.
tement des calibrateurs négatifs et de leurs contrôles Cette étude ne représente qu’une première étape de
internes : distribution des valeurs asymétrique, forte mise en place d’une méthode qui ne doit pas être
dispersion des points sur les cartes de contrôle qui ont réduite au seul outil statistique, mais devenir à terme un
nécessité trois révisions préalables des valeurs des limites.
réel outil d’autocontrôle pour la matériovigilance et la
Il est important de rappeler l’échelle dans laquelle se réactovigilance. Sa performance passe avant tout par
situent les résultats de cette étude. Le tableau II met en
son aptitude à faire réagir rapidement : cela implique la
parallèle les valeurs des limites de contrôle de chaque
possibilité de visualiser très rapidement les graphiques
calibrateur avec celles des spécifications du fournisseur.
Ces limites se situent confortablement à l’intérieur des (transfert en temps réel des données en sortie de chaîne
critères d’acceptation établis par le fournisseur, enca- sur les cartes de contrôle), et de former le personnel afin
drant des événements au cœur même du processus. qu’il soit autonome pour l’interprétation des graphes et
Cette marge importante entre les limites des cartes de la conduite à tenir face à l’apparition d’anomalies.
contrôle (normalité du processus) et ces critères d’accep- La mise en place et le suivi d’indicateurs qualité se
tation (calibration et calcul du seuil) illustre bien la révèle d’une importance majeure pour quantifier les
contribution que pourraient amener de tels indicateurs dysfonctionnements et améliorer les processus. La ver-
à titre préventif, d’autant plus que certains (contrôles sion 2000 des normes ISO 9002 cadrant depuis fin
internes associés aux calibrateurs positifs) ne bénéfi- 1999 les principales activités de l’Établissement français
cient pas de seuils spécifiés. du sang Pyrénées-Méditerranée [11] est sur ce sujet plus
exigeante que la version précédente. Elle insiste en
CONCLUSION ET PERSPECTIVES particulier sur la notion de maîtrise des processus au
travers de tableaux de bord efficaces. Les cartes de
Bien que l’examen des causes assignables de variation contrôle, mais également d’autres outils de la MSP, tels
ait suscité une analyse fine du processus, cela n’était pas que les indices de capabilité [12], représentent des
l’objectif principal de cette étude. Certains points sen- outils de choix pleinement adaptés à ces problémati-
sibles avaient déjà été appréhendés lors de la phase ques ; ils mériteraient d’être plus largement exploités
préliminaire de qualification opérationnelle de la chaîne, dans d’autres secteurs du milieu transfusionnel, comme
et l’approche statistique n’est pas nécessaire pour les activités de prélèvement et de préparation des PSL.
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REMERCIEMENTS tion du dépistage génomique Viral en qualification biologique


des dons. Rapport final, juin 2000.
4 AFS. Caractéristiques des produits sanguins labiles. Paris : AFS ;
Nous remercions Mr Jean-Louis Alain, chargé de mis- 1995.
5 Coste J. Rapport final de la chaîne TMA évaluée par les EFS de
sion à Qualipôle et spécialisé dans les outils de la MSP, Bourgogne Franche Comté, Rhône Alpes, Pyrénées-
pour ses conseils méthodologiques, Christiane Segarra, Méditerranée, mai 2000.
Nathalie Combet ainsi que toute l’équipe du labora- 6 Norme NF X 06-031-1. Application de la Statistique – Cartes
de contrôle – Partie 1 : Cartes de contrôle de Shewhart aux
toire de biologie moléculaire pour la relecture du manus- mesures.
crit et l’aide précieuse dans la recherche et l’analyse des 7 Lamouille JL, Murry B, Potié C. La maîtrise statistique des
causes assignables de variation. procédés (SPC). Démarche et outils. 2e édition. Paris : Afnor ;
1989. p. 1-126.
8 Schwartz D. Méthodes Statistiques à l’usage des médecins et des
biologistes. 2e édition. Paris : Flammarion Médecine-Sciences ;
RÉFÉRENCES 1963. p. 67-73.
9 Centre d’enseignement et de recherche de statistique appliquée
(CERESTA) : tables statistiques, 17.
1 Norme NF X 06-030. Application de la statistique – Guide 10 Coste J, Segarra C, Lemaire JM. Rapport de qualification de la
pour la mise en place de la Maîtrise Statistique des Processus. chaîne TMA de l’EFS PM site de Montpellier, avril 2000.
2 Reifenberg JM. Contrôle qualité des produits sanguins labiles. 11 Lettre Qualipôle n ° 36, avril 2000.
Rapport de mission, 1998. p. 1-114. 12 Norme NF X 06-033. Aptitude des moyens de production et
3 Cornillot C, Mercier B. Étude nationale de faisabilité. Introduc- des processus de fabrication, 1995.

Transfus Clin Biol 2001 ; 8 : 410–21

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