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ROYAUME DU MAROC
26 Juillet 2016
Adresse : Madinat Al Irfane, B.P. 6202. Rabat – Maroc الرباط المعاهد الرباط – المغرب6202 ب. ص:العنوان
Tél : (00 212) 0537 77 17 58/59 (00 212) 0537 77 17 58 / 59 :الهاتف
Fax : (00 212) 0537 77 58 45 (00 212) 0537 77 58 45 :الفاكس
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Avant-propos
Ce travail a été réalisé dans le cadre du projet ECOWAT, qui vise la
valorisation et la gestion intégrée de l’eau à l’échelle du bassin
versant.
I
DEDICACES
À mon très cher frère Mohamed Achraf et ma très chère sœur Niema,
Vous êtes mes fidèles compagnons dans les moments difficiles et joyeux. En signe
de notre fraternité et en témoignage de l’affection et l’amour que je vous porte, je
vous dédie ce travail et je vous remercie pour votre soutien et vos
encouragements, et je vous souhaite un avenir radieux et bercé de bonheur.
À tous ceux qui m’aiment et que j’aime et à tous ceux qui m’ont aidé et soutenu
durant toute ma formation,
Je dédie ce travail.
Najwa BAYALI
II
DEDICACES
AMMARI Ouafae
III
REMERCIEMENTS
Nous tenons tout d‘abord à exprimer nos remerciements et notre profonde reconnaissance
à Pr. Ali HAMMANI pour avoir accepté d’encadrer ce travail. Il a su être à la fois un guide
et un analyste pertinent dans ses remarques et orientations permettant de maintenir ce travail
sur les rails.
Aussi nous exprimons nos sincères remerciements aux Melles Sara BOULARBAH, Rqia
BOURZIZA et Wafae EL KHOUMSSI, pour le temps qu’elles nous ont consacré, leurs
conseils, soutien moral et encouragement et pour leurs orientations qui ont été précieuses
pendant la durée de l’élaboration de ce travail.
Nous remercions également Pr. Kamal BELABBES, Pr. Ahmed BOUAZIZ et Mr.
Abdellah MOURADI de nous avoir honoré en acceptant d‘examiner notre travail, et pour
l’intérêt et le temps qu‘ils ont consacré à la lecture et l‘évaluation de ce document.
Nos vifs remerciements s’adressent à Mr SAAF, Mr. HASSOUNA, Mr. BEN HAMMADI
et Mr. OUSTOUS, ainsi que tous les cadres et agents de l’ORMVAT et du CDA 536 pour leur
honorable collaboration et leur disponibilité permanente tout au long de la réalisation de ce
travail.
Nous profitons de cette occasion pour remercier vivement l’ensemble des agriculteurs pour
leur bonne volonté de faire part de notre étude, et d’autoriser l’installation du matériel des
mesures dans leurs parcelles, ainsi que leur collaboration pour la réussite des enquêtes.
IV
RESUME
Notre travail est réalisé dans le périmètre irrigué du Tadla, au niveau du secteur pilote qui
représente la première expérience de reconversion collective en grande hydraulique à l’échelle
nationale, il s’étend sur une superficie de l’ordre de 4 045 ha.
Ainsi, une réflexion sur l’adaptation des agriculteurs avec cette nouvelle technique et sur les
performances du réseau d’irrigation localisée mis en place au niveau hydraulique et agro-
économique s’impose.
La première partie du présent travail, consiste en l’analyse des pratiques de pilotage d’irrigation
et des pratiques des agriculteurs par le suivi des apports d’irrigation et de l’humidité du sol à
l’aide d’une sonde capacitive au niveau de 31 sites de mesures durant une période de 90 jours,
en vue de la détermination des termes du bilan hydrique.
Les résultats obtenus montrent que le système mis en place a une bonne performance
hydraulique, notamment, 90% des exploitations enquêtées ont une uniformité excellente à
satisfaisante, et 60% ont une efficience d’application satisfaisante. Cela n’empêche l’existence
de quelques défaillances au niveau de certaines exploitations comme la présence de fuites, de
pressions faibles (25%), une efficience d’application médiocre à mauvaise chez 40% des
exploitations et une sur-irrigation pour la plupart des cultures dont le taux de satisfaction des
besoins en eau dépasse 100%, puisque l’agriculteur conserve l’esprit du gravitaire.
Concernant l’aspect agro-économique, nous avons enregistré une nette augmentation des
rendements après la reconversion au niveau des exploitations enquêtées, à titre d’exemple la
luzerne qui a passé de 17.7 t/ha jusqu’à 50 à 60 t/ha, ainsi qu’une amélioration de leurs revenus
de 3 à 16%.
Mots clés : Tadla, reconversion collective, irrigation localisée, performances techniques, agro-
économique, pilotage d’irrigation, pratiques d’irrigation, humidité du sol.
V
ABSTRACT
Our study was conducted in the irrigated perimeter of Tadla, in the pilot sector, which covers
an area of 4 045 ha. Indeed, it represents the first collective reconversion experience from
surface to drip irrigation in the large scale hydraulics at the national level.
Thus, a reflection on the adaptation of farmers with this new technique and the hydraulic and
agro-economic performances of the drip irrigation system installed is required.
The first part of this work is about the analysis of irrigation piloting and practices of farmers
by monitoring soil moisture using a capacitance probe at 31 measuring sites for a period of 90
days. It aims at determining the parameters of the water balance equation.
The second part focuses on the evaluation of technical and agro-economic performances of the
project, by calculating different indicators, including: the uniformity of distribution, the
pressure variation, the rate of satisfaction of irrigation water needs, water application
efficiency, gross margin and economic valuation of irrigation water, etc. The practical part
consists of the realization of surveys and measurements in 20 farms located in the pilot sector.
The results show that the system installed has a good hydraulic performance, in particular, 90%
of farms surveyed have a satisfactory to excellent uniformity of distribution, and 60% have a
satisfactory water application efficiency. However, this does not prevent the existence of some
deficiencies at some farms such as the presence of leaks, low pressures (25%), poor application
efficiency in 40% of farms and an over-irrigation for most crops whose rate of water needs
satisfaction exceeds 100%, since farmers keep the old way of surface irrigation, etc.
Concerning the agro-economic aspect, we recorded a net increase in yields after the
reconversion at the surveyed farms, for example alfalfa who went from 17.7 t/ha to 50 to 60
t/ha, as well as an improvement of their incomes at a rate of 3 to 16%.
Key words: Tadla, collective reconversion, drip irrigation, technical performances, agro-
economic, irrigation piloting, irrigation practices, soil moisture.
VI
SOMMAIRE
DEDICACES ............................................................................................................................ II
DEDICACES ........................................................................................................................... III
REMERCIEMENTS ................................................................................................................IV
RESUME .................................................................................................................................. V
ABSTRACT .............................................................................................................................VI
SOMMAIRE ............................................................................................................................VI
LISTE DE FIGURES ............................................................................................................. XII
LISTE DES TABLEAUX..................................................................................................... XIII
LISTE DES ABREVIATIONS............................................................................................. XIV
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................... 1
Partie 1 : .................................................................................................................................... 4
Revue bibliographique ............................................................................................................... 4
CHAPITRE 1 : PERFORMANCES D'UN SYSTÈME D'IRRIGATION LOCALISÉE .......... 5
1. Concept de performance hydraulique ................................................................................ 5
1.1. Indicateurs d’efficience hydraulique ........................................................................... 6
1.1.1. Efficience de transport ......................................................................................... 6
1.1.2. Efficience la distribution à la parcelle ................................................................. 7
1.1.3. Efficience d’application ....................................................................................... 7
1.1.4. Le taux de satisfaction des besoins en eau des cultures ....................................... 8
1.1.5. Variation de pression ........................................................................................... 9
1.2. Indicateurs d’uniformité de distribution...................................................................... 9
1.2.1. L’uniformité de distribution ................................................................................. 9
1.2.2. Le coefficient de l’uniformité .............................................................................. 9
2. Concept de performance agronomique ............................................................................ 11
2.1. Le rendement ............................................................................................................. 12
2.2. L’efficience agronomique d’utilisation de l’eau ....................................................... 13
2.3. La productivité de l’eau............................................................................................. 13
2.4. La productivité agricole /taux de rendement ............................................................. 14
3. Concept de performance socio-économique .................................................................... 14
3.1. Marge brute ............................................................................................................... 14
3.2. La valorisation du m3 d’eau d’irrigation ................................................................... 15
3.3. L’efficience économique de l’utilisation de l’eau ..................................................... 17
3.4. Ratio coût-bénéfice ................................................................................................... 17
3.5. Coût par unité de production ..................................................................................... 17
VII
3.6. Coût de l’irrigation par unité de surface.................................................................... 17
3.7. Ratio de revenu des agriculteurs ............................................................................... 17
CHAPITRE 2 : LE PILOTAGE ET LA GESTION DE L’IRRIGATION .............................. 18
1. Introduction ...................................................................................................................... 18
2. Les techniques de pilotage d’irrigation ............................................................................ 18
2.1. Le pilotage basé sur l’observation de la culture ........................................................ 18
2.2. Le pilotage basé sur le bilan hydrique :..................................................................... 19
2.3. Le pilotage basé sur la mesure de l’état hydrique du sol : Teneur en eau et
tensiomètrie .......................................................................................................................... 20
2.3.1. La mesure de la teneur en eau du sol ................................................................. 20
2.3.2. La mesure de la tension superficielle de l’eau dans le sol ................................. 21
2.4. Le pilotage basé sur la télédétection spatiale ............................................................ 22
2.5. Le pilotage basé sur les données climatiques ............................................................ 22
2.5.1. Formule de Blaney-Criddle : ............................................................................. 22
2.5.2. Méthode du bac d’évaporation : (Doorembos et Pruitt, 1980) .......................... 23
2.5.3. Formule de Hargreaves ...................................................................................... 23
2.5.4. Formule de Turc ................................................................................................. 24
2.5.5. Formule de Penman- Monteith (FAO) ............................................................... 24
Partie 2 : .................................................................................................................................. 25
Méthodologie de travail ........................................................................................................... 25
INTRODUCTION ................................................................................................................... 26
CHAPITRE 1 : CHOIX DES EXPLOITATIONS ET DES SITES DE MESURE ................. 27
CHAPITRE 2 : COLLECTE DES DONNÉES ET CALCUL DES INDICATEURS ............ 32
1. Suivi expérimental ........................................................................................................... 32
1.1. Les paramètres de performances hydrauliques ......................................................... 32
1.1.1. Mesures des pressions ........................................................................................ 32
1.1.2. Mesures de l’uniformité de distribution ............................................................. 33
1.2. Suivi des paramètres du bilan hydrique .................................................................... 34
1.2.1. Mesure des débits ............................................................................................... 34
1.2.2. Suivi des calendriers d’irrigation ....................................................................... 35
1.2.3. Mesure de l’humidité du sol .............................................................................. 35
1.2.4. Suivi des paramètres climatiques ....................................................................... 37
1.3. Indicateurs agro-économiques................................................................................... 38
1.3.1. Les revenus de l’exploitation ............................................................................. 38
1.3.2. Les charges de production ................................................................................. 38
1.3.3. La marge brute par exploitation ......................................................................... 39
1.3.4. La valorisation du m3 d’eau ............................................................................... 39
VIII
1.3.5. Autres indicateurs .............................................................................................. 39
2. Enquêtes ........................................................................................................................... 39
2.1. Enquêtes auprès des exploitants ................................................................................ 39
2.2. Entretiens auprès des services de l’ORMVAT ......................................................... 40
2.3. Entretien auprès de l’assistance technique ................................................................ 40
3. Analyses du sol au laboratoire ......................................................................................... 40
3.1. Prélèvement des échantillons .................................................................................... 40
3.2. Détermination de la densité apparente ...................................................................... 41
3.3. Détermination de l’humidité à la capacité au champ ................................................ 41
3.4. Détermination de l’humidité au point de flétrissement (Hpf) ................................... 42
3.5. Analyse granulométrique du sol ................................................................................ 42
Partie 3 : .................................................................................................................................. 43
Résultats et discussions ............................................................................................................ 43
CHAPITRE 1 : LE PROJET DE RECONVERSION COLLECTIVE DANS LE TADLA.... 44
1. Potentialités en ressources hydriques et infrastructures hydro-agricoles au périmètre du
Tadla ........................................................................................................................................ 44
2. Projet de reconversion collective en irrigation localisée au Tadla .................................. 45
2.1. Objectif général du projet .......................................................................................... 45
2.2. Objectifs spécifiques du projet .................................................................................. 45
2.3. Consistance du projet et sources de financement : .................................................... 46
2.4. Présentation du secteur pilote : ................................................................................. 48
2.4.1. Schéma d’aménagement pour l’irrigation du secteur pilote : ............................ 49
2.4.2. Déterminants de base pour le dimensionnement de l’équipement interne : ...... 50
CHAPITRE 2 : DYNAMIQUE POST-PROJET DE RECONVERSION COLLECTIVE
DANS LE TADLA .................................................................................................................. 51
1. Impacts prévus et objectifs du projet ............................................................................... 51
1.1. Impacts prévus sur l’environnement ......................................................................... 51
1.2. Assolements culturaux prévus ................................................................................... 51
1.3. Rendements prévus ................................................................................................... 53
1.4. Impacts sur les revenus des agriculteurs et sur l’économie de la région................... 54
2. Caractérisation des exploitations enquêtées..................................................................... 54
2.1. Choix des cultures : ................................................................................................... 56
2.2. Niveau de technicité des agriculteurs ........................................................................ 57
2.3. Recours aux eaux souterraines .................................................................................. 57
3. Degré d’appréciation du nouveau système d’irrigation localisée .................................... 58
4. Intervention de l’assistance technique ............................................................................. 59
5. Évolution de la consommation de l’eau d’irrigation........................................................ 60
IX
CHAPITRE 3 : PERFORMANCES TECHNIQUES DES PROJETS DE GOUTTE-A-
GOUTTE.................................................................................................................................. 63
1. Pratiques d’irrigation ....................................................................................................... 63
1.1. Étalonnage de la sonde capacitive ............................................................................. 63
1.2. Suivi de l’humidité du sol ......................................................................................... 64
1.2.1. Suivi de la parcelle A1 ....................................................................................... 65
1.2.2. Suivi de la parcelle C1 ....................................................................................... 66
1.2.3. Suivi de la parcelle L1 ....................................................................................... 66
1.2.4. Suivi de la parcelle L2 ....................................................................................... 68
1.2.5. Suivi de la parcelle B2 ....................................................................................... 69
1.2.6. Suivi de la parcelle B3 ....................................................................................... 69
1.2.7. Conclusion ......................................................................................................... 70
2. Bilan hydrique .................................................................................................................. 71
2.1. Parcelle des agrumes ................................................................................................. 73
2.2. Parcelles de luzerne ................................................................................................... 74
2.3. Parcelles de céréales .................................................................................................. 76
2.4. Parcelles de betterave à sucre .................................................................................... 77
2.5. Conclusion................................................................................................................. 78
3. L’uniformité d’arrosage ................................................................................................... 78
4. Variation de pression ....................................................................................................... 80
5. Efficience d’application d’eau d’irrigation ...................................................................... 82
6. Calcul des besoins en eau des cultures ............................................................................ 82
6.1. Évapotranspiration de référence ................................................................................ 83
6.2. Calcul des besoins bruts ............................................................................................ 83
7. Détermination des volumes d’eau apportés ..................................................................... 85
8. Taux de satisfaction des besoins en eau d’irrigation ....................................................... 87
CHAPITRE 4 : PERFORMANCES AGRO-ECONOMIQUES ............................................. 90
1. La variation du rendement ............................................................................................... 91
2. La variation des revenus .................................................................................................. 91
3. La marge brute ................................................................................................................. 92
4. La valorisation du m3 d’eau ............................................................................................. 93
5. Ratio coût-bénéfice .......................................................................................................... 94
Conclusion ............................................................................................................................... 95
et recommandations ................................................................................................................. 95
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................... 100
ANNEXES ............................................................................................................................. 103
Annexe 1 : Fiche d’enquête ................................................................................................... 103
X
Annexe 2 : Principe de mesure de l’humidité par la sonde capacitive .................................. 108
Annexe 3 : Protocole expérimental de la détermination de la densité apparente .................. 109
Annexe 4 : Protocole expérimental de la détermination de l’humidité à la capacité au champ
................................................................................................................................................ 111
Annexe 5 : Valeurs de Kr en fonction du taux de couverture Cs (Belabbes, 2013) ............. 115
Annexe 6 : Photos d’illustrations ........................................................................................... 116
ملخص....................................................................................................................................... 118
XI
LISTE DE FIGURES
XII
LISTE DES TABLEAUX
XIII
LISTE DES ABREVIATIONS
XIV
INTRODUCTION GENERALE
Si la rareté des ressources en eau ou leur limitation est une caractéristique intrinsèque du climat
du Maroc, ce phénomène semble connaître une certaine accentuation au cours des dernières
décennies marquées par des sécheresses plus fréquentes ayant des effets sur la diminution des
apports par précipitations, des ruissellements et sur le potentiel mobilisable (Arrifi, 2009).
Sachant que plus de 80% des ressources en eau sont mobilisées par l’agriculture (Belghiti,
2012), celle-ci se trouve dépendante du développement de l’irrigation. Dans ces conditions et,
plus que par le passé, l’économie de l’eau devient primordiale à travers, notamment,
l’amélioration des techniques d’application de l’eau à la parcelle.
C’est dans ce contexte que le Ministère de l’Agriculture a entrepris des mesures incitatives
pour encourager l’utilisation des techniques d’irrigation économes en eau. Principalement
l’irrigation localisée.
Cette politique d’incitation vise une meilleure valorisation de la ressource en eau, notamment
à travers un contrôle de la demande, la diffusion des technologies d’économie d’eau et
l’augmentation des rendements des cultures, de la production agricole et des revenus des
agriculteurs.
Les orientations actuelles de la politique agricole prônées par la nouvelle stratégie du Plan
Maroc Vert (PMV), élaboré conformément aux Hautes Orientations Royales et mis en place
par le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime, placent l’octroi de subventions
comme l’un des leviers qui garantira le développement d’une agriculture moderne et à haute
valeur ajoutée/haute productivité et l’amélioration des revenus des agriculteurs. Concrètement,
ses enjeux se traduisent par la réalisation de trois programmes majeurs d’irrigation dont
particulièrement le Programme National d’Économie d’Eau en Irrigation (PNEEI).
Le PNEEI lancé en 2008, consiste principalement en l’incitation des agriculteurs à s’équiper
en techniques d’irrigation localisée afin de remplacer les autres techniques d’irrigation
notamment le gravitaire et l’aspersion. Ce programme a pour objectif l’équipement d’une
superficie de 550 000 ha en irrigation localisée, à l’horizon 2020. Il s’agit donc d’un
programme promoteur pour la sauvegarde du potentiel productif des périmètres irrigués, qui
sont considérés des pôles de richesse et d’emploi pour des régions entières et pour l’économie
nationale.
Ce programme marque la volonté politique de faire de l’agriculture un pilier de la croissance
de l’économie nationale. Avec sa réalisation, la superficie de l’irrigation localisée atteindra
1
près de 700 000 ha, soit presque 50% de la superficie équipée pour l’irrigation (MAPM, 2007).
Le PNEEI concerne deux types de projets :
- Les projets individuels sur 330 000 ha portés directement par les agriculteurs et
subventionnés par l’Etat ;
- Les projets de reconversion collective 220 000 ha réalisés par l’initiative du Ministère
de l’Agriculture. Le Maroc cible une superficie de reconversion destinée au PMH de
l’ordre de 27 705 ha (MAPM, 2007).
Le périmètre irrigué du Tadla, grand par l’étendue de ses terres et important par ses ressources
hydrique, connaît aujourd’hui encore la prédominance de techniques d’irrigation gravitaires
traditionnelles très peu efficientes. La diminution des ressources hydriques et leur fluctuation
en fonction des conditions climatiques ont imposé une nouvelle perception de l’irrigation dans
le périmètre.
Pour rationaliser l’usage de l’eau et limiter les pertes, l’ORMVAT a opté pour une stratégie
comprenant la modernisation des équipements, la maintenance des infrastructures hydrauliques
et l’adoption des techniques d’irrigation économes en eau comme l’irrigation localisée
(ORMVAT, 2015).
Ainsi, au niveau du périmètre irrigué du Tadla, le PNEEI concerne une superficie de 88 700
ha, dont 49 000 ha pour la reconversion collective. Une zone de plus de 22 000 ha dans les
Béni Moussa Ouest, pouvant être équipée sans frais d’énergie, a été identifiée. A l’intérieur de
cette zone une première tranche de 10 235 ha a bénéficié d’un financement de la part de la
Banque Mondiale et la BAD pour la réalisation de l’équipement externe (adducteurs, conduites
secondaires, réseau de distribution, stations de filtration collectives, etc) et des prestations de
l’assistance technique pour le conseil des agriculteurs et leur appui en vue de l’équipement
interne de leurs propriétés.
En effet, le secteur pilote au niveau du Tadla (AUEA Al Omrania et Al Ittihad), représente la
première expérience de reconversion collective à l’échelle nationale, il s’étend sur une
superficie de l’ordre de 4 045 ha, dont 1 100 ha qui a été mise en eau en janvier 2015.
S’agissant de la première expérience de reconversion collective et à la lumière de ce qui a été
dit précédemment certaines questions se posent :
- Comment les agriculteurs s’adaptent-ils à la nouvelle technique d’irrigation ?
- Quels sont les pratiques d’irrigation après reconversion adoptées par les agriculteurs ?
- Est-ce que les attentes des agriculteurs vis-à-vis du projet de reconversion ont été
satisfaites ? sinon quelles sont les contraintes rencontrées ?
2
- Quelles sont les performances du réseau d’irrigation localisée mis en place, au niveau
hydraulique et agro-économique ?
Dans l’optique de répondre à la problématique précitée, les objectifs suivants ont été fixés pour
le présent travail :
- L’analyse des pratiques d’irrigation et les modes de gestion après la mise en place du
projet ;
- Comprendre et analyser les contraintes qui peuvent entraver l’introduction de
l’irrigation localisée aux exploitations du secteur pilote et sa bonne gestion ;
- L’évaluation des performances du système d’irrigation localisée :
o Détermination des indicateurs de performances techniques et hydrauliques au
niveau de l’exploitation ;
o Détermination des indicateurs de performance agro-économiques.
- Tirer des enseignements et formuler des recommandations et des prospections d’actions
à appliquer lors de la réalisation des prochains projets de reconversion dans la région.
3
Partie 1 :
Revue bibliographique
4
CHAPITRE 1 : PERFORMANCES D'UN SYSTÈME
D'IRRIGATION LOCALISÉE
Les projets de reconversion vers l’irrigation localisée nécessitent un investissement lourd et
impliquent un certain nombre de défis à relever pour garantir leur réussite, d’où l’importance
des études qui analysent les différentes composantes du projet et le cadrent avant et après sa
mise en place.
La performance est une notion relative qui consiste à atteindre des objectifs donnés, en
disposant de ressources forcément limitées et dans un environnement soumis à des
changements (Hanafi, 2011).
En irrigation, le terme performance mesure à quel point une bonne quantité d’eau est appliquée
sur toute la zone d'intérêt sans perte (Guide d’évaluation des performances d’irrigation, 2011).
Le suivi et l’évaluation des différentes composantes de la performance du système d’irrigation,
consiste à réaliser des mesures prises en vertu des conditions de champs et des pratiques
habituellement utilisées, afin de calculer des indicateurs d’ordres : hydraulique, agronomique
et socio-économique. Ces indicateurs traduisent l’état du système et permettent de savoir, dans
un sens relatif, si ce dernier fonctionne «bien» ou «mal» par rapport à ses propres objectifs
(Hanafi, 2011).
Aucun indicateur n’est satisfaisant pour toutes les fins descriptives. Pourtant, elles peuvent
donner une image globale du projet d'irrigation.
Dans ce chapitre, nous proposons une synthèse bibliographique pour replacer l’étude de la
performance d’un système d’irrigation localisée dans son contexte disciplinaire, accompagné
d’un aperçu des résultats de quelques études antérieures d’évaluation des indicateurs de
performance.
1. Concept de performance hydraulique
La performance hydraulique des systèmes irrigués est exprimée en termes d’efficience basée
sur les quantités d’eau mesurées à différents points du système de distribution de l’eau. Le
rapport des quantités en amont et en aval définit l’efficience d’une partie bien déterminée du
système (Akbari et al., 2007).
Afin d’exprimer la performance hydraulique des systèmes irrigués, plusieurs indicateurs ont
été proposés, mais chacun d’eux a des limites qui le rendent incapable de définir et d’évaluer
à lui seul la performance hydraulique :
5
- Indicateur de l’offre de l’eau défini par Levine (1982), présente le rapport de l’offre
totale en eau à la demande en eau des cultures. Pourtant cet indicateur ne permet pas de
savoir si les cultures ont reçu l’eau au temps opportun.
- Indicateur basé sur le calcul des valeurs moyennes en appliquant des modèles de bilan
hydrique (Kloezen et Garcés-Restrepo, 1998 ; Molden et al. 1998 ; Burt et Styles,
1999). Cet indicateur ne reflète pas d’une façon précise les pratiques d’irrigation réelles,
comme elle ne met pas en relief les différences des pratiques d’irrigations entre les
agriculteurs, sauf si les volumes d’eau par parcelle sont accessibles pour caractériser la
variabilité qui existe entre agriculteurs (Lorite et al., 2004).
Les définitions du terme "efficience" utilisées par la communauté intéressée par l’irrigation
diffèrent selon les disciplines scientifiques concernées : Ainsi, pour les hydrologues et les
ingénieurs de l’irrigation, qui s’intéressent aux volumes et aux débits d’eau, l’efficience mesure
un rendement et des pertes entre deux points (entrée et sortie) le long du système d’irrigation.
Une efficience représente le rapport des quantités d’eau utiles qui sont récupérés au niveau du
point de sortie par celles injectées au niveau du point d’entrée. Pour l’efficience de l’irrigation
(E.I.), le résultat au point de sortie est représenté par l’eau utile pour la production de la culture.
Cette quantité d’eau utile est divisée par la quantité d’eau injectée en tête de parcelle. L’E.I.
traduit essentiellement l’efficience de la technique d’irrigation adoptée. (Bouaziz, Belabbes,
2002).
On distingue généralement trois niveaux quand on parle de l’efficience de l’eau d’irrigation :
l’efficience du transport, l’efficience de la distribution et l’efficience d’application.
1.1.1. Efficience de transport
C’est le volume d’eau disponible au niveau de la parcelle par rapport au volume d’eau prélevé
dans la ressource.
Ce terme peut être très important pour les réseaux collectifs : on en a une première approche
par le rendement primaire, qui est le rapport entre la somme des volumes relevés sur les
compteurs individuels et le volume mesuré à la station de pompage. (Granier et Deumier 2013)
6
1.1.2. Efficience la distribution à la parcelle
Selon Granier et Deumier (2013) cet indicateur est défini par le rapport entre le volume d’eau
fourni par le matériel d’irrigation (goutteur) par rapport au volume d’eau disponible à l’entrée
de la parcelle.
1.1.3. Efficience d’application
Selon Burt et al. (1997), l’efficience d’application se définit comme le rapport du volume (Vzr)
réellement stocké dans la zone racinaire (zr) et le volume total apporté (VT). (Vzr) doit satisfaire
la condition Vzr ≤ SWD, où SWD étant la réserve stockable dans la zone racinaire au moment
de l‘irrigation.
𝑉𝑧𝑟
𝐸𝑎 = 100 ×
𝑉𝑇
En irrigation par aspersion, VT se compose du volume stocké dans la zone racinaire et du
volume percolé.
En irrigation à la raie, VT se compose du volume stocké dans la zone racinaire et du volume
percolé, auxquels s’ajoute le volume ruisselé en colature.
En irrigation localisée, l’infiltration présente soit un caractère axi-symétrique pour le cas
d’une source ponctuelle, soit un caractère bidirectionnel pour le cas d’une source en ligne
(Guide d’évaluation des performances d’irrigation, 2011). De ce fait, la mesure au champ des
indicateurs de performance hydraulique est assez délicate.
Connaissant le débit des goutteurs et les durées d’arrosage, il est possible d’estimer les
percolations sous la zone racinaire, dans l’hypothèse où l’humidité initiale est connue en
début de campagne d’irrigation, et d’en déduire ainsi l’efficience d’application. En pratique
l’efficience d’application de l'eau en irrigation localisée est calculée en multipliant le
coefficient d’uniformité par l’efficience de l'irrigation.
Type de système d'irrigation Gamme d'efficience réalisable
Irrigation de surface
Par planche 75–85%
Bassin 80–90%
Raie 65–80
Aspersion
Rampe fixe ou permanente 75–85%
Rampe mobile 75–85%
Centre pivot et rampe pivotante 75–90%
7
Enrouleur 65–75%
Irrigation localisée
Goutteurs 80–90%
Gaine perforée 75–85%
Le taux de satisfaction des besoins en eau d’irrigation de chaque exploitation est déterminé en
divisant le volume d’eau d’irrigation apporté à l’exploitation par les besoins en eau bruts des
différentes cultures de l’exploitation au cours sur la période considérée.
En 2012, Hssini et Alaoui ont effectué une étude sur la durabilité et performances hydrauliques
des extensions des oasis dans la vallée du moyen Drâa. Elles ont conclu que le taux de
satisfaction des besoins en eau des cultures dépasse 100% pour la plupart des cultures et chez
tous les exploitants d’un échantillon étudié. Généralement, ce sont les cultures maraichères et
la luzerne qui bénéficient de la grande part des apports. Il est à noter que chez certaines
exploitations les apports sont cinq à six fois plus importants que le nécessaire. Il est à signaler
également que le palmier dattier est souvent négligé devant les autres cultures vu que les
agriculteurs le considèrent comme la culture qui supporte plus le déficit hydrique.
Les résultats de calcul du taux de satisfaction des besoins en eau des cultures réalisés en 2014
par Chahri et Saouabe sont présentés comme suit :
- Une sous-irrigation des cultures céréalières, une exploitation sur 6 arrive à satisfaire ses
besoins en eau pour les céréales, cette sous-irrigation peut être justifiée par le faible
intérêt que donnent ces agriculteurs à ces cultures, en se basant surtout sur les eaux
pluviales ;
- En ce qui concerne les cultures maraichères, ils ont noté généralement une sur-
irrigation. Cela est dû à la valeur ajoutée que présentent ces cultures ;
- En comparant les apports et les besoins en eau des cultures fourragères, ils ont constaté
une sur-irrigation, cela peut être justifié par le fait que ces cultures (surtout la luzerne)
sont destinées à l’alimentation du cheptel, qui est une nécessité pour les agriculteurs de
la région ;
- Une sur-irrigation de la betterave (la culture industrielle la plus pratiquée dans la zone).
La raison justifiant cette sur-irrigation est que le cycle de cette culture peut être
8
prolongé pour une partie des agriculteurs à cause du tour d’arrachage organisé par la
COSUMAR.
La variation des pressions consécutives au niveau des goutteurs est à l’origine des
dysfonctionnements d’une installation d’irrigation localisée.
Les mesures de pressions à l’aide d’un manomètre dans l’ensemble de parcelles enquêtées dans
le secteur de Boulaouane, et après l’analyse des résultats obtenues, montre que les pertes de
charge varient de 0,05 bars à 1,5 bars dans l’ensemble des exploitations (Jorti et Douzi, 2015).
La coopérative ayant les valeurs de perte de charge minimales est « Etifakia » vue sa proximité
à la station de pompage. De plus, le nettoyage et le curage réguliers effectués par les
agriculteurs enquêtés dans cette zone, rend les valeurs des pressions dans la norme. En ce qui
concerne les coopératives ayant les grandes valeurs de pertes de charge sont «Alia » et «
Hamdania », vu que ces deux coopératives se situent à l’extrémité du secteur, ce qui les rend
les derniers desservis de la station de pompage. Il faut ajouter à cela que les problèmes de
bouchage et de colmatage, ainsi que la mauvaise qualité des installations goutte-à-goutte,
diminuent les performances du réseau et rend les pertes énormes (Jorti et Douzi, 2015).
1.2. Indicateurs d’uniformité de distribution
L’uniformité d'irrigation est une mesure de la façon dont l’eau est appliquée à la surface du
champ. C’est une expression qui décrit la régularité de l’application de l’eau pour une culture
dans une région déterminée, généralement un champ, un bloc, ou une parcelle irriguée. La
valeur de ce paramètre diminue avec l'augmentation de la variation.
L’uniformité de distribution (UD) est calculée comme suit :
𝐻𝑎𝑢𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛𝑛𝑒 𝑑′ 𝑒𝑎𝑢 𝑖𝑛𝑓𝑖𝑙𝑡𝑟é𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑠 25% 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑙𝑎 𝑚𝑜𝑖𝑛𝑠 𝑖𝑟𝑟𝑖𝑔𝑢é𝑒
𝑈𝐷 = 100 ×
𝐻𝑎𝑢𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑑′ 𝑒𝑎𝑢 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛𝑛𝑒 𝑖𝑛𝑓𝑖𝑙𝑡𝑟é𝑒 à 𝑙𝑎 𝑝𝑎𝑟𝑐𝑒𝑙𝑙𝑒
9
𝑞𝑚𝑖𝑛
𝐶𝑈(%) = 100(1 − 1,27 × 𝐶𝑣𝑡 ) ×
𝑞𝑚
Cvt : coefficient de variation technologique des distributeurs ;
qmin : débit du distributeur du poste, fonctionnant à la pression minimale (l/h) ;
qm : débit du distributeur moyen (l/h) ;
En 2015, Douzi et Jorti ont effectué une étude des pratiques et évaluation des performances de
l’irrigation localisée dans le secteur de Boulaouane, région des Doukkala, dans le cadre de la
reconversion collective. Dans le cadre de leur travail, elles ont procédé à l’analyse des valeurs
des coefficients d’uniformité mesurés chez 18 exploitations, et ont présenté la subdivision
suivante en trois classes :
- Classe 1 : jugée excellente, du fait que l’uniformité de distribution dépasse 90%. Ces
valeurs sont obtenues chez 8 exploitations, ce qui représente à peu près 50% des
exploitations enquêtées, ces dernières appartiennent aux 7 coopératives (Hamdania,
Etifakia, Amria, Fath, Mansouria, Reja Felah, Wifak). Cette excellente distribution de
l’eau, est due à plusieurs raisons ; Chez certains, la mise en place du système goutte-à-
goutte était un projet personnel (E3 et E18), la réalisation de l’étude ainsi que l’achat
du matériel et son installation sont faites d’une manière autonome, sans une aucune
intervention de l’Etat. Tandis que chez d’autres, ces valeurs sont dues à la bonne
réalisation de l’étude par les sociétés délégataires, responsable de la conception, ainsi
que la réalisation de l’étude au sein de ces coopératives dans le cadre du projet de
reconversion à la micro-irrigation dans le secteur. Le bon entretien du matériel par les
exploitants est aussi une raison derrière les résultats obtenus.
- Classe 2 : jugée satisfaisante, puisque le coefficient d’uniformité varie entre 80 et 90%.
Ces valeurs sont constatées chez 2 exploitations, appartenant à 2 coopératives voisines
(Hamdania et Etifakia). Ces valeurs sont dues à la proximité de ces coopératives de la
station de pompage, ce qui explique que l’eau arrive avec une vitesse et une pression
largement suffisante. Ajoutons à cela, que le bon entretien du réseau est un facteur
responsable de la bonne uniformité à la parcelle.
- Classe 3 : jugée d’une uniformité médiocre à mauvaise. Ces résultats sont obtenus chez
9 exploitations, qui appartiennent à 8 coopératives (Etifakia, Alia, Chrifia, Fath,
Mansouria, Reja Felah, Saadia, Wifak). Ces résultats révèlent qu’il y a de sérieux
problèmes de bouchage et de colmatage. Ceux -ci sont dus à la qualité médiocre du
matériel installé par la société délégataire, du fait qu’il y a des fuites partout. La
10
mauvaise gestion du réseau par les agriculteurs est parmi les facteurs derrière la
mauvaise distribution de l’eau à la parcelle.
D’après l’analyse des résultats calculés par Douzi et Jorti en 2015, on remarque que l’intervalle
de l’efficience d’application de l’eau en irrigation varie entre 52 et 85% dans l’ensemble des
exploitations enquêtées.
Les exploitations qui ont un coefficient d’uniformité entre 89 et 93%, ont une efficience
d’application satisfaisante (de 80% jusqu’à 85%) puisque normalement pour l’irrigation
localisée l’efficience d’application doit être de l’ordre de 90%. Alors que ceux qui ont un
coefficient d’uniformité entre 57 et 84% ont une efficience d’application médiocre à mauvaise
(de 52% jusqu’à 76%).
En 2015, Oustou a réalisé une étude d’impact de la reconversion de l’irrigation gravitaire à
l’irrigation localisée sur les ressources en eau souterraines au périmètre irrigué de Tadla. Il a
procédé à la mesure d’uniformité dans trois exploitations. A partir des résultats obtenus, il a
remarqué que l’uniformité dans les trois exploitations est supérieure à 80%, ce qui signifie que
l’uniformité est satisfaisante. Le même résultat a été trouvé par Chahri et Saouabe sur trois
autres exploitations dans le même secteur (secteur pilote du projet). Ils ont procédé en 2014 à
l’analyse de l’approche de l’équipement interne et impact sur les prélèvements à partir de la
nappe dans le périmètre de Tadla.
En 2011, Hanafi a réalisé une approche d’évaluation de la performance des systèmes irrigués
à l’échelle des exploitations agricoles dans le périmètre irrigué de Borj Toumi situé dans la
vallée de la Medjerda en Tunisie.
Elle a procédé à une évaluation de l’uniformité et de l’efficience et a constaté une mauvaise
conduite de l’irrigation localisée. La vétusté du matériel, l’inadaptation de la station de
filtration au débit utilisé et le colmatage des distributeurs affectent fortement l’efficience de
distribution vers la parcelle et le coefficient d’uniformité des goutteurs. Les résultats de
mesures ont montré que le coefficient d’uniformité des goutteurs varie entre 20% et 86%, avec
une valeur médiane de 61%, et l’efficience de distribution vers la parcelle entre 54 et 83%.
En agronomie, l’irrigation est considérée comme une des pratiques culturales que l’agriculteur
est amené à gérer (Sabatier et Ruf, 1991).
Avec la raréfaction des ressources en eau, l’agriculture irriguée se trouve confrontée
aujourd’hui à un double défi : le premier est d’améliorer l’efficience globale d’utilisation de
11
l’eau des systèmes d’irrigation, le second est d’augmenter la productivité de l’eau utilisée en
termes d’utilisation et de valorisation de l’eau par les cultures. (Bouaziz, Belabbes, 2002).
Afin de faire face à ce challenge, de nombreuses études se sont concentrées sur la détermination
des indicateurs agronomiques qui permettent d’évaluer et suivre la productivité de l’eau dans
le but de produire plus avec moins d’eau.
Doorenbos et Kassam (1979) ont proposé un travail important, en énonçant un facteur de
réponse du rendement qui relie le rendement réel (Yact) à l‘évapotranspiration potentiel (ETpot),
l’évapotranspiration réelle (ETact) et le rendement potentiel (Ypot).
𝑌𝑎𝑐𝑡 = 𝑓(𝐾𝑦, 𝑌𝑝𝑜𝑡, 𝐸𝑇𝑎𝑐𝑡, 𝐸𝑇𝑝𝑜𝑡)
En outre, Zwart et Bastiaanssen, 2004 ; Dagdelen et al., 2006; Katerji et al., (2008) ont montré
que la relation rendement et eau utilisée n‘est pas consistante et peut varier même sur un seul
site.
2.1. Le rendement
Le rendement est l’un des indicateurs de performance agronomique ; il doit être calculé sur
trois à quatre ans pour tenir compte des variabilités interannuelles. Des études ont montré que
les performances individuelles pourraient être grandement améliorées, sans augmentation des
coûts de production. La qualité du suivi de la parcelle, la composition des intrants et leur mode
d‘application approprié, le respect du calendrier cultural, le contrôle efficace des adventices et
la maîtrise de l‘eau à la parcelle sont autant de principes d‘amélioration des rendements (Projet
GCP/RAF/355/FRA, 2004).
En 2014, Laguig a réalisé une étude des performances des systèmes de culture sous irrigation
localisée dans le périmètre irrigué du Tadla. Dans son analyse de la variation du rendement
pour la totalité des cultures à partir d’enquêtes auprès des agriculteurs, il a constaté une
augmentation des rendements après la reconversion.
Le blé par exemple a un rendement moyen de 55 q/ha au sein des exploitations enquêtées avant
l’introduction du système d’irrigation localisée et 73 q/ha après la reconversion. On remarque
que le taux d’augmentation est presque de 33%. Les rendements de la luzerne et du maïs
fourrager ont augmenté respectivement en moyenne de 17.7 à 24.6 t/ha et de 40 à 63.8 t/ha.
Les cultures maraichères ont connu aussi des augmentations de rendements. Le rendement de
la betterave a été de 62 t/ha avant la reconversion et 81 t/ha après la reconversion avec un taux
d’augmentation de 30.1 %. C’est la même tendance pour l’oignon où le rendement est passé de
55 à 72 t/ha. La niora a connu aussi une légère augmentation du rendement.
12
D’autres cultures maraichères adoptées par ces exploitations telles que le melon, la tomate et
les carottes aboutissent à des rendements après l’introduction du système d’irrigation qui sont
de 35,105, 62.5 t/ha respectivement. Ces cultures n’étaient pas pratiquées sous irrigation
gravitaire.
Il a constaté aussi une amélioration du rendement des agrumes, avec une légère diminution des
rendements la première année après la reconversion jusqu’à l’adaptation du système racinaire
avec la nouvelle technique.
Dans le même sens, en 2014, Akdim a réalisé une étude des systèmes de culture et valorisation
de l’eau d’irrigation dans le périmètre du Tadla, elle a conclu que le système d’irrigation
représente un facteur très important qui influence d’une façon significative les rendements des
cultures. Selon les valeurs des rendements, on constate que l’irrigation localisée induit une
augmentation des rendements par rapport à l’irrigation gravitaire. L’analyse de la variation du
rendement est faite sur le taux d’augmentation des rendements des cultures lié au passage du
gravitaire au localisé. On peut donc retenir que le maraichage connait des forts taux
d’augmentation des rendements notamment l’oignon, le melon et les carottes, tandis que les
rendements arboricoles notamment les agrumes et les oliviers connaissent de légères
augmentations des rendements en passant de l’irrigation gravitaire à l’irrigation localisée.
2.2. L’efficience agronomique d’utilisation de l’eau
L’efficience de l’utilisation de l’eau est un terme utilisé par les agronomes pour mettre en
relation les rendements avec les quantités d‘eau utilisées qui ne sont pas spécifiques à une
source bien déterminée (Bluemling et al., 2007).
Cet indicateur permet à l’exploitant de choisir de manière raisonnée les cultures et variétés les
plus efficientes quant à l’utilisation de l’eau, notamment celle fournie par l’irrigation, dans une
perspective de préservation de la ressource. Elle est déterminée par le rapport entre le
rendement de la partie récoltable de la culture et le volume d’eau consommé (pluviométrie et
irrigation), exprimée en kg/m3.
2.3. La productivité de l’eau
13
2.4. La productivité agricole /taux de rendement
Dans certains cas, le coût-bénéfice et les aspects d'acceptabilité sociale sont mesurés, on les
appelle des indicateurs socio-économiques.
3.1. Marge brute
Des études ont été réalisées dans le périmètre irrigué de la Moulouya en termes de marge brute
par m3 d’eau pour les différentes cultures. On peut classer les cultures en deux catégories
(Bouaziz et Belabbes, 2002).
- Celles dont la marge brute dépasse 4 Dh/m3. Il s’agit de la pomme de terre, du haricot
à égrener, des petits pois, de la tomate, des fèves vendus en vert, des clémentiniers et
de la vigne.
- Celles dont la marge brute est inférieure à 4 Dh/m3. Il s’agit de la betterave à sucre, des
blés, du haricot sec, du melon/pastèque, des orangers, des oliviers, des abricotiers,
canne à sucre et de la luzerne.
La marge brute calculée dans le secteur de Boulaouane varie d’une exploitation à l’autre selon
la culture pratiquée. Les valeurs calculées vont de 4 437 Dh/ha pour le cas de la betterave, à 42
581 Dh/ha pour la culture de la pomme de terre. Cette variation des bénéfices est due à la
conduite pratiquée par chaque agriculteur d’une part, et d’autre part aux moyens humains et
financiers disposés.
Le grain est remarquable chez les agriculteurs qui cultivent les pommes de terre et le maïs et
chez certains qui pratiquent la betterave, les bénéfices vont de 10 262 à 42 581 Dh/ha. Pour le
cas d’autres agriculteurs pratiquant aussi la betterave, les bénéfices ne sont que de l’ordre de
4000 à 6 000 Dh/ha, ces faibles gains obtenus sont fonction du prix de la betterave, qui varie
selon la teneur en sucre. (Douzi et Jorti 2015).
L’étude de deux exploitations familiales de superficie de moins de 5 ha, représentatives de la
majorité d’agriculteurs du périmètre de Tadla, a permis de déduire que le passage à l’irrigation
localisée engendre une augmentation de la marge brute dégagée par hectare et de la marge
14
totale dégagée à l’échelle de l’exploitation, puisque l’irrigation localisée permet une
augmentation du rendement et donc une augmentation du produit brut et d’autre part une
diminution des charges suite essentiellement à l’élimination de la main d’œuvre responsable
de l’irrigation. (Filali, 2008).
3.2. La valorisation du m3 d’eau d’irrigation
Selon Amghara et Jellalb (2005), deux indicateurs ont été étudié pour estimer la valorisation
de l’eau d’irrigation par la production végétale :
La valorisation de l’eau d’irrigation par la valeur de production (VP)
𝐿𝑎 𝑣𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛(𝐷ℎ)
𝑉𝑃 =
𝐿𝑒 𝑣𝑜𝑙𝑢𝑚𝑒 𝑑 ′ 𝑒𝑎𝑢 𝑑 ′ 𝑖𝑟𝑟𝑖𝑔𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚é
𝑃𝐵 = 𝑅𝑑𝑡(𝑘𝑔⁄ℎ𝑎) × 𝑃𝑈
La valeur ajoutée par hectare (VA) de culture correspond à la différence entre le
produit brut par hectare (PB) et les charges à l’hectare (CHfm) de fournitures (intrants
: semences, engrais, pesticides…) et de matériel agricole (location de tracteur et du
matériel agricole lors des travaux, moissonneuse-batteuse…) :
𝑉𝐴(𝐷ℎ⁄ℎ𝑎) = 𝑃𝐵 − 𝐶𝐻𝑓𝑚
Le revenu réel (RR) par hectare est la différence entre la valeur ajoutée (VA) et les
charges de la main d’œuvre salariée (CHmos) :
𝑅𝑅 𝑜𝑢 𝑀𝐵(𝐷ℎ⁄ℎ𝑎) = 𝑉𝐴 − 𝐶𝐻𝑚𝑜𝑠
Le revenu net (RN) par hectare qui est la différence entre le revenu réel (RR) et les
charges de la main d’œuvre familiale (CHmof) :
𝑅𝑁(𝐷ℎ⁄ℎ𝑎) = 𝑅𝑅 − 𝐶𝐻𝑚𝑜𝑓
15
Le calcul de la valorisation économique de l’eau se fait de deux façons :
- Le rapport entre le produit brut et la quantité d’eau utilisée pendant tout le cycle de la
culture (Dh/m3) ;
- Le ratio entre le produit brut et le coût total d’eau d’irrigation utilisée pendant tout le
cycle de la culture et ce, dans le cas où les tarifs de l’eau sont connus et différents d’un
mode d’irrigation à l’autre.
16
La valorisation des autres sous-systèmes de culture varie de 2 à 6 Dh/m3 : betterave-melon
(5.71 Dh/m3), betterave-niora (5.76Dh/m3), betterave-tomate (4.78 Dh/m3), betterave-oignon
(4.10 Dh/m3), blé-betterave (3.49 Dh/m3), maïs-oignon (2.81 Dh/m3), et le système luzernière
(2.31 Dh/m3). (Laguig 2014).
3.3. L’efficience économique de l’utilisation de l’eau
Toute activité de production met en jeu des inputs (facteurs) qui constituent des ressources
productives à utiliser, et des outputs (production en quantité ou en valeur) qui sont les résultats
de l‘activité de production. L‘évaluation de la performance et des types d‘allocation des
ressources à la production se fait en étudiant le lien entre les inputs et les outputs. Ainsi, les
économistes ont recours à la notion d‘efficience pour tenir compte du critère de maximalité du
produit, d'une part, et de la possibilité d'une utilisation minimale des moyens de production,
d‘autre part. (Hanafi 2011).
Sur le plan économique le bénéfice tiré de l’irrigation est indiqué par la valeur de l’efficience
économique (Ee) :
𝑉𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑚𝑜𝑛é𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑒 𝑟é𝑐𝑜𝑙𝑡𝑎𝑏𝑙𝑒(𝐷ℎ)
𝐸𝑒 =
𝑄𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é 𝑑 ′ 𝑒𝑎𝑢 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚é𝑒(𝑚3)
3.4. Ratio coût-bénéfice
C’est le rapport du bénéfice obtenu (sous forme monétaire) pour une unité de surface et le coût
de production pour cette unité. Il est exprimé comme suit :
𝑆𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢𝑠 𝑜𝑏𝑡𝑒𝑛𝑢𝑠 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑢𝑛𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑐𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑑 ′ 𝑢𝑛 ℎ𝑒𝑐𝑡𝑎𝑟
𝐶𝑜𝑢𝑡 𝑑𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑐𝑒𝑙𝑙𝑒
3.5. Coût par unité de production
C'est le coût pour irriguer une unité de surface et assurer une bonne production.
𝐶𝑜û𝑡 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑖𝑟𝑟𝑖𝑔𝑢𝑒𝑟 𝑢𝑛𝑒 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑑é𝑡𝑒𝑟𝑚𝑖𝑛é𝑒
𝐿𝑒 𝑐𝑜û𝑡 𝑝𝑎𝑟 𝑢𝑛𝑖𝑡é 𝑑𝑒 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 =
𝑠𝑢𝑝𝑒𝑟𝑓𝑖𝑐𝑖𝑒 𝑑𝑒 𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑖𝑟𝑟𝑖𝑔𝑢é𝑒
3.7. Ratio de revenu des agriculteurs
C’est le rapport du revenu d'un agriculteur avant la mise en place du projet d’irrigation sur son
revenu après l’installation du projet. Pour cela, le revenu de référence est nécessaire.
17
CHAPITRE 2 : LE PILOTAGE ET LA GESTION DE
L’IRRIGATION
1. Introduction
Face à la diminution des ressources en eau dans les régions arides et semi-arides et les
restrictions croissantes qui pèsent sur l’irrigation, l’optimisation de la ressource en eau est au
centre des préoccupations des irrigants qui accordent de plus en plus d’importance à leurs outils
de pilotage et de planification de l’irrigation.
Pendant la campagne d'irrigation, l’agriculteur doit planifier l’irrigation de ses cultures et
adapter les apports au contexte et au système tel qu’il est au moment d’agir. Trois questions
principales se posent : quels indicateurs pour représenter les besoins d’irrigation ? Quels seuils
pour ces indicateurs ? Comment calculer la dose à apporter ?
En effet, de nombreuses techniques et méthodes ont été développé au cours des années pour
mieux maîtriser la conduite de l'irrigation. Elles sont basées sur les informations issues du sol,
du climat ou de la plante, exploitées séparément ou de manière complémentaire. Certaines
méthodes constituent des outils d’aide à la décision pour la planification de la date d'irrigation
et l’établissement d’un calendrier en fonction des conditions climatiques et du type de sol,
tandis que d'autres permettent de calculer la dose nécessaire par apport.
Le choix d'une méthode repose sur de nombreux critères tels que le type de culture et son cycle
de développement, le système d’irrigation, le coût des équipements de pilotage, le temps
disponible pour collecter les données, etc. Le niveau de connaissance de l'utilisateur intervient
également dans la mesure où seules des données correctement interprétées s'avèrent utiles.
2. Les techniques de pilotage d’irrigation
Les principales techniques de pilotage de l’irrigation sont celles basées sur le bilan hydrique
du sol, le climat, la mesure et l’observation du couvert végétal (température de surface,
variation des dimensions et flétrissement des organes végétaux) :
2.1. Le pilotage basé sur l’observation de la culture
Le stress hydrique est remarqué à partir des changements dans les caractéristiques des plantes,
tel que la couleur du feuillage, le recroquevillement des feuilles, ou bien le flétrissement des
plantes.
Pour tirer les meilleurs résultats de la méthode par observation des plantes, il faut avoir une
expérience solide en irrigation et une bonne connaissance des conditions locales.
18
L’inconvénient de cette méthode est que les symptômes de sécheresse n’apparaissent que suite
à un déficit en eau long et aigu ; le processus de la baisse de productivité devient alors
pratiquement irréversible.
2.2.Le pilotage basé sur le bilan hydrique
Le bilan hydrique permet l’estimation de l’évolution du stock d’eau du sol, résultant des apports
(pluies, irrigation) et des pertes en eau (évapotranspiration, drainage,…) calculé à l’échelle
d’un volume de sol, sur une période déterminée. Il est alors possible d’estimer l’ETR et son
évolution à partir de l’état des réserves en eau du sol.
Le bilan hydrique est estimé selon l’équation suivante :
19
- D : drainage en dessous de la zone racinaire.
Les points faibles de cette méthode résident dans l'appréciation difficile et imprécise des termes
du bilan. Par contre cette méthode présente certains avantages car elle ne demande qu’un
nombre limité de données pour son utilisation et représente un outil efficace pour juger de
l’équilibre entre moyens et objectifs de production, elle permet également d’élaborer une
gestion prévisionnelle de la sole irriguée et constitue un premier garde-fou contre l’usage abusif
éventuel de l’eau.
2.3. Le pilotage basé sur la mesure de l’état hydrique du sol : Teneur en eau et
tensiomètrie
Deux grandes méthodes sont utilisées : la mesure de tension et la mesure de teneur en eau.
2.3.1. La mesure de la teneur en eau du sol
L'efficacité de l'utilisation de l'eau et des éléments nutritifs est optimale quand l'irrigation
fournit à la culture tout juste la quantité d'eau dont elle a besoin et que le sol est à même de
retenir. Quand on considère la durée des opérations d'irrigation, il est logique de prendre le
temps de mesurer l'humidité du sol dans le but d'améliorer les décisions d'irrigation.
En effet, la mesure régulière de la teneur en eau du sol permet de préciser le moment propice à
l’irrigation et surtout si les quantités appliquées sont insuffisantes ou en excès par rapport au
type de sol et au besoin de la culture.
Elle s'effectue à l'aide de gravimétrie d’échantillons prélevés ou par des mesures effectuées
dans le sol en place à l’aide de sondes capacitives.
2.3.1.1. Méthodes fondées sur des prélèvements d’échantillons :
20
2.3.1.2. Mesures effectuées dans le sol en place
Pour procéder aux mesures dans le sol en place, plusieurs méthodes sont
disponibles et qui nécessitent un étalonnage.
Une sonde capacitive par site homogène mesure la teneur en eau du sol
sur plusieurs profondeurs. Il est ainsi possible de connaître le stock d’eau
(en mm) sur la profondeur de sol explorée par la sonde. L’analyse des
données s’effectue à partir de l’amplitude des marches de consommation
journalière. La pose est délicate car il faut assurer un contact sol – sonde.
On installe une conduite d'accès imperméable à l'eau dans laquelle on
insère la sonde (les conduites d'accès sont généralement installées en
permanence et ne bougent pas d'une année à l'autre). De nombreux points
de mesure d'humidité peuvent être fixés le long de la sonde pour obtenir
des lectures à différentes profondeurs, selon la profondeur d'enracinement
des cultures.
Il faut les installer tôt en saison afin de définir la capacité au champ et les
étalonner.
Afin de pouvoir exploiter les données, il est judicieux de réaliser deux types
Figure 2 : Les zones de
de présentation graphiques : mesures d'une sonde
- Plusieurs profils hydriques à différentes dates, qui représentent la capacitive (Terre-net média)
L'eau contenue dans le sol est retenue par des forces de tension superficielle. La succion
exercée par les racines permet d'extraire cette eau.
La mesure de la tension superficielle de l’eau dans le sol s’effectue à l’aide du tensiomètre,
c’est un appareil constitué d'un cylindre de plastique creux muni à la base d'une bougie poreuse.
Près de la partie supérieure, se trouve un manomètre. Le tensiomètre est enfoui dans le sol de
façon à ce que la bougie soit placée à la profondeur de mesure voulue. Lorsque le sol s'assèche,
l'eau diffuse à travers la bougie poreuse vers le sol. Comme le tube est étanche, il se crée alors
une tension qui est mesurée par le manomètre. Plus celui-ci présente des valeurs élevées, plus
le sol est sec. Lorsque le sol est saturé, la tension est nulle. Les valeurs mesurées par le
21
manomètre indiqueront donc quand il est nécessaire d'irriguer. La plupart des tensiomètres sont
gradués de 0 à 100 centibars et certains modèles le sont de 0 à 40.
2.4. Le pilotage basé sur la télédétection spatiale
C’est une formule qui se base sur la température, en 1962 le Département de l’Agriculture des
Etats Unies (USDA) fait intervenir le facteur (Kt) dans l’équation.
Elle s’écrit sous la forme suivante :
22
𝐸𝑇0 = ((0.46 ∗ 𝑇) + 8.13) ∗ 𝑝 ∗ 𝐾𝑡
Où :
- ET0 : évapotranspiration (mm) ;
- T : température moyenne (°C) ;
- p : pourcentage du nombre moyen journalier d’heures d’éclairement par rapport au total
annuel. Il dépend de la latitude et du mois ;
- Kt : coefficient climatique qui dépend de la température moyenne.
La relation entre la température et le coefficient de correction de cette dernière est une équation
linéaire d’expression suivante :
𝐾𝑡 = 0.031 𝑇 + 0.24
2.5.2. Méthode du bac d’évaporation : (Doorembos et Pruitt, 1980)
Lorsque les mesures sont effectuées correctement durant la compagne, la position de la station
est standardisée et l’entretien du bac se fait quotidiennement, les données du bac sont très utiles
et constituent un moyen pratique pour l’évaluation de l’évapotranspiration et un outil pour le
pilotage de l’irrigation.
𝐸𝑇𝑏𝑎𝑐 = 𝐾𝑏 ∗ 𝐸𝑏𝑎𝑐
Avec Kb : coefficient de correction du bac varie entre 0.65 et 0.9.
2.5.3. Formule de Hargreaves
C’est une formule empirique qui nécessite uniquement la température dans le calcul de l’ET0.
Elle est très bien adaptée aux zones tempérées pour estimer l’évapotranspiration potentielle
journalière des systèmes agricoles (Hargreaves et Allen, 2003).
La formule de Hargreaves et Samani est :
𝐸𝑇0 = 0.0023 ∗ 𝑅𝑎(𝑇 + 17.8) ∗ √∆ 𝑇
Où :
- ET0 : Evapotranspiration en (mm/j) ;
- T : Température moyenne (°C) ;
- ΔT : amplitude thermique(T max – T min) en °C. Ce paramètre intègre indirectement
l’effet de la couverture nuageuse car ΔT décroît généralement avec l’augmentation de
la nébulosité ;
- Ra : Rayonnement extraterrestre exprimé en équivalent d’eau évaporée (mm/jour) selon
la latitude et le mois.
23
2.5.4. Formule de Turc
𝑇
𝐸𝑇𝑃 = 𝐶 ∗ 𝑇+15 ∗ (𝑅𝑠 + 50) Si HR < 50%
𝑇 (50−𝐻𝑅)
𝐸𝑇𝑃 = 𝐶 ∗ 𝑇+15 ∗ (𝑅𝑠 + 50) ∗ (1 + ) Si HR > 50%
70
Avec :
- ETP : évapotranspiration potentielle en mm/mois ;
- T : Température moyenne mensuelle en °C ;
- C : coefficient égal à 0,013* j (j est le nombre des jours du mois) ;
- HR : Humidité relative de l'air en % ;
- Rs : Rayonnement solaire en cal /cm2/ j.
C’est la méthode actuellement recommandée pour l'estimation de l'ET0, elle se distingue par
son origine théorique dérivée du bilan des flux énergétiques à la surface du couvert végétal.
La FAO a adapté la formule de Penman-Monteith aux conditions d’un couvert de gazon et
propose la formule dérivée comme la nouvelle définition de l’évapotranspiration de référence
ou ET0 (Allen et al. 1994).
Belabbes et Chati (1996) ont mis en évidence la validité de cette formule dans différents
contextes climatiques marocains.
1 900
𝐸𝑇0 + (0.408 ∆ 𝑅𝑛 + 𝛾 𝑈2 (𝑒𝑎 − 𝑒𝑑 )
∆ + 𝛾 ∗ (1 + 0.34 ∗ 𝑈2) 𝑇 + 273
Avec :
- ET0 : Evapotranspiration de référence journalière (mm/j) ;
- Rn : Rayonnement net (106 joules/m²) ;
- T : Température moyenne journalière en (°C) ;
- U2 : Vitesse moyenne journalière du vent mesurée à 2 mètres (m/s) ;
- ea : Pression de vapeur d'eau à la saturation à la température T (kPa) ;
- ed : Pression de vapeur moyenne journalière (kPa) ;
- Δ : Pente de la courbe de pression saturante à la température T en (kPa/°C) ;
- γ : Constante psychrométrique (kPa /°C).
24
Partie 2 :
Méthodologie de travail
25
INTRODUCTION
Notre travail a pour objectif principal de contribuer à identifier, analyser les pratiques
d’irrigation et évaluer les performances hydrauliques et agro-économiques des exploitations
étudiées au niveau du secteur pilote dans le périmètre du Tadla, un des périmètres agricoles les
plus importants au Maroc. Après la mise en place du projet de reconversion collective, il
représente un champ d’expérimentation basé sur plusieurs hypothèses concernant les choix
techniques et la gestion des irrigations.
Pour atteindre cet objectif et répondre à la problématique, notre travail est axé sur les points
suivants :
- Discussions avec les responsables de l’ORMVAT ;
- Choix des exploitations objet d’enquêtes et de suivis des mesures ;
- Réalisation d’enquête auprès des agriculteurs ;
- Suivi et mesure des paramètres du bilan hydrique ;
- Détermination des caractéristiques du sol dans le laboratoire ;
- Calcul des indicateurs de performance hydraulique et agro-économiques et des
paramètres de pilotage d’irrigation des sites choisis ;
- Analyse et traitement des données pour l’évaluation des performances techniques.
26
CHAPITRE 1 : CHOIX DES EXPLOITATIONS ET DES SITES
DE MESURE
Pour assurer une représentativité correcte des échantillons et une fiabilité des résultats après
généralisation, nous devons respecter certains critères :
- La bonne volonté des agriculteurs de faire part de l’étude, et d’autoriser l’installation
du matériel des mesures dans leurs parcelles, ainsi que leur collaboration pour la
réussite des enquêtes ;
- La répartition des exploitations sur les différentes AUEA du secteur pilote ;
- La situation de l’exploitation par rapport au réseau de distribution (amont et aval) ;
- Les différentes pratiques et systèmes des cultures exercés ;
- Les modes de pilotage et de gestion d’irrigation appliqués.
Le choix a abouti à 20 exploitations enquêtées, qui remplissent les critères précités, au niveau
desquelles nous avons réalisé ce qui suit :
- Des enquêtes auprès des agriculteurs, concernant les pratiques d’irrigation adoptés
après reconversion, et leurs attentes quant au projet ;
- La mesure de l’uniformité de distribution des goutteurs et de pression au niveau des
rampes ;
- Comptage des volumes d’eau consommés par parcelle au niveau du compteur
individuel de l’exploitation, situé dans la prise-bloc dans le but d’évaluer les débits
délivrés à chaque exploitation.
27
Figure 3 : Plan situation des exploitations enquêtées
Les caractéristiques des sites de mesures choisis au niveau des 3 exploitations sont les suivants :
Tableau 2 : Les caractéristiques des sites de mesures choisis au niveau des 3 exploitations
28
Le choix de ces exploitations est basé sur leur proximité de la route ainsi que le fait que
l’exploitant soit logé sur place ce qui facilite la collecte des données. Nous avons aussi pris en
considération le fait que l’exploitation soit reconvertie en irrigation localisée et mise en eau
plusieurs mois avant le début de notre étude.
30
Figure 6 : Plan situation des sites de mesure de l'exploitation E3
31
CHAPITRE 2 : COLLECTE DES DONNÉES ET CALCUL DES
INDICATEURS
La collecte des données a été réalisée à travers des visites de terrain consacrées aux enquêtes
avec les agriculteurs, les mesures des paramètres pour l’évaluation de performance du système
d’irrigation et à la récupération des données qui sont nécessaires pour la réalisation du travail.
1. Suivi expérimental
La pression est un indice important qui renseigne sur l’état et le fonctionnement du système
d’irrigation localisée, d’où l’utilité de le mesurer aux différents points en utilisant des
manomètres à bain d’huile.
La pression est mesurée au niveau de l’entrée et sortie de la rampe : la plus favorable et la plus
défavorable.
32
1.1.2. Mesures de l’uniformité de distribution
Au total, 16 goutteurs sont sélectionnés dans chaque unité parcellaire et 16 mesures de débit
ont été relevées dans toute la parcelle d’étude.
La mesure de débit du distributeur se fait en plaçant un récipient sous le goutteur et à l’aide
d’un chronomètre, on mesure le volume d’eau délivré par le goutteur par unité de temps en
utilisant l’éprouvette graduée et on établit la relation entre le temps et les volumes trouvés dans
les récipients. Ces derniers ont été placés comme le montre le schéma explicatif du protocole
de mesure du goutte-à-goutte ci-dessous.
33
Les résultats de mesure des débits des distributeurs sont utilisés dans le calcul des paramètres
suivants :
- Le débit moyen des seize goutteurs testés :
∑16
𝑖=1 𝑞𝑖
𝑄𝑚𝑜𝑦 =
16
- La moyenne des quatre mesures des débits les plus faibles :
L’irrigation est une pratique culturale complexe, elle est le résultat d’un choix stratégique de
l’agriculteur, choix intégrant l’équipement, les cultures, les surfaces, mais aussi les stratégies
de conduite mobilisant des aspects économiques et sociaux. L’agriculteur doit ensuite gérer en
cours de campagne l’irrigation de ses cultures. Cette gestion intègre le développement de la
culture, les conditions climatiques mais également les risques de restriction d’utilisation de la
ressource et les pannes. Raisonner la conduite de l’irrigation est alors une nécessité afin
d'assurer un optimum économique tout en préservant l'environnement.
1.2.1. Mesure des débits
Les mesures sur le terrain ont porté aussi sur la mesure des débits au niveau de deux
exploitations qui utilisent l’eau de la nappe avec l’eau du barrage dans l’irrigation. L’objectif
34
de ces mesures est d’estimer les volumes d’eau pompés pour déterminer les volumes apportés
pour chaque culture.
Ces mesures ont été réalisées à l’aide d’un débitmètre portable à ultrasons pour les conduites
en charge.
1.2.2. Suivi des calendriers d’irrigation
Afin de connaitre les doses et les fréquences d’irrigation apportées par les agriculteurs durant
la période du suivi, nous avons demandé aux agriculteurs concernés de nous enregistrer les
dates et durées d’irrigation pour chaque culture.
1.2.3. Mesure de l’humidité du sol
Cette méthode a été expliquée dans le 2ème chapitre de la 1ère partie, elle permet de mesurer la
teneur en eau pondérale (Hp), pour pouvoir ensuite déduire la teneur en eau volumique (Hv)
du sol.
1.2.3.2. Suivi de l’humidité du sol à l’aide des sondes capacitives
La sonde permet de suivre en instantané l'évolution de l'humidité du sol, qui varie en fonction
de l'évaporation, des apports d'eau (irrigation ou précipitations) et de la consommation des
racines.
La méthode de la sonde capacitive est basée sur la mesure de la permittivité diélectrique relative
du sol à l’aide d’un pont capacitif ou d’un circuit électrique résonant, cette permittivité
diélectrique relative étant elle-même très dépendante de la teneur en eau du sol dans la gamme
de fréquence choisie, de 1 à 100 MHz en général. La partie réelle de la permittivité diélectrique
relative de l’eau libre est égale à 80, celle des constituants solides du sol est comprise entre 2
et 7 environ, alors que celle de l’air est égale à 1.
a) Étalonnage
Les sondes capacitives doivent être étalonnées sur des milieux étalons. L'air ( =1) et l'alcool
( =25.3 à 20°C ou =151.45-0.87020×T+0.001957×T²-0.1551e-5×T3 avec T donné en °K).
Cet étalonnage permet d'établir la relation entre le signal délivré par le capteur et la constante
diélectrique. La relation =f( ) dépend du type de sol et de la température. Il existe des
modèles qui prennent en compte ces facteurs (Dobson et al. 1985, Wang et Schmugge, 1980).
Ces modèles ont néanmoins été établis à des fréquences supérieures à 1 GHz, d’autre part ils
ne prennent en compte l'effet du sol que de manière grossière. L'influence de la température
35
sur l'eau libre est seulement prise en compte. Enfin, le volume de mesure étant petit, la mise en
relation des mesures capacitives à une mesure de référence d'humidité peut engendrer un écart
entre la relation théorique et la relation =f( ') expérimentale (Chanzy et al., 1998). Par
conséquent, l'utilisation d'une relation d'étalonnage terrain, capteur par capteur est vivement
recommandée. En l'absence de points de calibration, il est possible d'utiliser la relation
d'étalonnage dont le domaine de validité est limité au domaine de teneur en eau 0.10-0.35
m3/m3 :
La mesure se situe directement au niveau des racines : la consommation des plantes en eau est
réellement mesurée ; les capteurs situés tous les 10 cm permettent de mesurer la dynamique de
l'eau dans le sol à différentes profondeurs.
La mesure consiste à installer la sonde dans le sol. La mesure de la fréquence de résonance
d’une onde électromagnétique est réalisée par 6 capteurs sur 100 mm de hauteur.
Les mesures de chaque capteur sont exprimées en mm d’eau pour un horizon de sol de 10 cm,
donc : % d’humidité = mm d’eau / 100 mm de sol.
36
1.2.4. Suivi des paramètres climatiques
Les valeurs de l’ET0 sont déterminées directement par les stations météorologiques intégrées
au niveau des exploitations en utilisant la formule de Penman-Monteith (FAO).
1.2.4.2. Calcul du besoin net en eau d’irrigation
37
Formule établie par le (USDA) :
𝑃𝑚𝑜𝑦
𝑃𝑒𝑓𝑓 = 𝑃𝑚𝑜𝑦 ∗ (1 − 0.2 ∗ ) pour 𝑃𝑚𝑜𝑦 < 250 𝑚𝑚/𝑚𝑜𝑖𝑠
125
Le volume d’eau apporté à la parcelle dans une période donnée est exprimé par la formule
suivante :
𝑉𝑝 = 𝑁 ∗ 𝑄
Avec :
Q : débit à la parcelle (m3/h) ;
N : Durée d’irrigation (h).
1.3. Indicateurs agro-économiques
A l’aide des enquêtes auprès des agriculteurs des exploitations étudiées (3 exploitations), nous
avons déterminé les revenus en dirhams par hectare :
𝑅𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢𝑒(𝐷ℎ⁄ℎ𝑎) = 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 (𝑡⁄ℎ𝑎) × 𝑝𝑟𝑖𝑥 𝑢𝑛𝑖𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒 (𝐷ℎ𝑠⁄𝑡)
1.3.2. Les charges de production
Chaque culture installée au niveau de l’exploitation demande certaines charges, qui vont être
prises en considération tels que :
38
- Le travail du sol ;
- La plantation ou semi ;
- La fertilisation ;
- Les produits phytosanitaires ;
- Le coût d’irrigation ;
- La récolte ;
- La main d’œuvre.
La marge brute est obtenue en déduisant les charges des productions des revenus de
l’exploitation.
1.3.4. La valorisation du m3 d’eau
La valorisation du mètre cube d’eau est déterminée par le rapport entre la marge brute et le
volume d’eau apporté.
1.3.5. Autres indicateurs
Nous allons procéder également au calcul d’autres indicateurs, déjà précités dans la 1ère partie :
- Efficience agronomique de l’eau ;
- Ratio coût-bénéfice de l’irrigation ;
- Coût de l’irrigation par hectare.
2. Enquêtes
Les enquêtes ont été faites auprès des agriculteurs en se basant sur des fiches d’enquêtes qui
traitent les aspects suivants :
- L’identification de l’exploitation (SAU, statut foncier, mode de faire valoir) ;
- Les caractéristiques des parcelles enquêtées (les cultures pratiquées, le type de sol, la
superficie irriguée, assolement avant et après la reconversion) ;
- Le calendrier d’irrigation (durée et fréquence d’irrigation, nombre de postes) ;
- Les revenues et les charges des cultures installées ;
- Les avantages et les problèmes de la technique d’irrigation localisée ;
- Le niveau de connaissances techniques des agriculteurs vis-à-vis du système
d’irrigation localisée ;
- Les améliorations souhaitées par les agriculteurs à apporter dans le nouveau système ;
39
- Le rôle de l’AUEA et de l’assistance technique après la mise en place du projet.
Ces entretiens se sont déroulés sous forme de discussions avec les responsables du département
d’aménagement, de gestion du réseau d’irrigation et du développement agricole, dont l’objectif
est la collecte d’informations sur le secteur pilote, le mode de gestion du réseau d’irrigation
dans la zone d’action de l’ORMVAT, ainsi que des éclaircissements sur la dynamique du projet
de la reconversion en irrigation localisée au niveau de ce secteur tels que :
- Les critères du choix du site de projet ;
- Le cadre du projet ;
- Les phases d’études et de travaux du projet ;
- L’état d’avancement du projet ;
- Le coût global et les partenaires du projet.
Afin d’effectuer les mesures au laboratoire, nous avons creusé in situ un profil en forme de
marches d’escalier pour pouvoir prélever des échantillons nécessaires au niveau de 7 horizons
allant de la surface du sol jusqu’à une profondeur de 1 m.
40
Figure 10 : Profil en forme de marches d'escalier pour le prélèvement des échantillons du sol
L’humidité à la capacité au champ (Hcc) correspond à l’état hydrique du sol in situ après
ressuyage par gravité d’une pluie ayant saturé entièrement le sol. Elle correspond aussi à la
borne supérieure de la réserve en eau utile du sol. L’eau contenue entre la saturation et la
capacité au champ séjourne dans le sol de manière trop fugace pour être considérée disponible
pour les plantes. Une de ses principales applications concerne l’évaluation de la RU du sol pour
l’alimentation hydrique des plantes.
41
3.4. Détermination de l’humidité au point de flétrissement (Hpf)
L’humidité au point de flétrissement (Hpf) correspond au taux d'humidité d'un sol pour lequel
l’eau est retenue avec une intensité supérieure aux forces de succion des racines.
Si le sol atteint son point de flétrissement, la plante ne peut plus absorber l’eau du sol ce qui
implique le flétrissement et la mort de la plante. Pour la plupart des cultures, le point de
flétrissement est atteint lorsque le sol exerce sur l’eau des tensions de l’ordre de 15 à 16 bars.
Pour l'olivier, la tension au point de flétrissement est de l'ordre de 25 bars, ce qui se traduit
directement par une augmentation de la réserve utile par rapport aux autres cultures.
Elle est déterminée par l’équation de Briggs :
𝐻𝑝𝑓 = 0.55 ∗ 𝐻𝑐𝑐
3.5. Analyse granulométrique du sol
La texture des sols ou granulométrie réfère à la proportion des différentes particules des sols à
l’état primaire. Les unités texturales sont le sable, le limon et l’argile.
L’analyse granulométrique permet de fractionner le sol en différentes unités et classes
texturales. Cette analyse est basée sur la loi de Stokes :
2 (𝑑𝑝 − 𝑑)𝑔𝑟 2
𝑉=
9𝜂
Où :
Les méthodes d’analyse granulométriques sont nombreuses. Les principales sont : les
tamis superposés, la combinaison hydromètre-pipette, la centrifugation, l’élutriation et la
décantation. On peut apprécier aussi la texture du sol au toucher.
42
Partie 3 :
Résultats et discussions
43
CHAPITRE 1 : LE PROJET DE RECONVERSION COLLECTIVE
DANS LE TADLA
1. Potentialités en ressources hydriques et infrastructures hydro-
agricoles au périmètre du Tadla
La plaine du Tadla se situe dans la région de Beni-Mellal Région de Beni-
– Khénifra, à 200 km au Sud-Est de Casablanca, à une Mellal Khénifra
altitude moyenne de 400 m et couvre une superficie de
3 600 km² environ. Cette plaine est traversée sur toute sa
longueur par l’Oued Oum Rbia créant deux périmètres
indépendants : les Béni Moussa en rive gauche et les
Béni Amir en rive droite. Les Béni Amir sont irrigués à
partir des eaux de l’Oum Er Rbia (barrage El Hansali)
sur une superficie de 28 800ha et les Béni-Moussa à Figure 11 : Localisation de la région de
Béni-Mellal Khénifra
partir des eaux de l’Oued el Abid (barrage de Bin el
Ouidane) sur une superficie de 69 500 ha.
44
La zone d’action de l’ORMVAT connait certaines contraintes, notamment la rareté de l’eau
d’irrigation, qui constitue un des obstacles pour le développement agricole. Cette rareté est due
principalement à une mauvaise gestion, à des pertes d’eau sur les réseaux (15% du réseau
nécessite une intervention urgente pour limiter les pertes occasionnées au niveau du réseau de
transport vu son état vétuste), le morcellement des terres agricoles, la valorisation de la
production, etc.
2. Projet de reconversion collective en irrigation localisée au Tadla
Le projet s’insère dans le Plan Maroc Vert dans la perspective de développer une agriculture
moderne à haute valeur ajoutée, tout en assurant une gestion plus économique des ressources en
eau.
2.2. Objectifs spécifiques du projet
Inciter les agriculteurs adhérents au projet pour un usage en eau d’irrigation plus efficient et
durable ; dans le souci de :
- Atténuer les effets inévitables de la raréfaction croissante en ressources hydriques ;
45
- Contribuer à la sauvegarde judicieuse de l’environnement du périmètre du Tadla.
2.3. Consistance du projet et sources de financement
46
Figure 13 : Plan situation de la 1ère et la 2ème tranche du projet
- Une première tranche de 1 500 ha relevant des secteurs des AUEA Al Ittihad et Al
Omrania du CDA 536 (Commune rurale d’Ouled Naceur, Cercle des Béni Moussa Est),
dont 1 000 ha sont déjà équipés.
- Une deuxième tranche d’une superficie de 1 800 ha, comportant 17 lots dans les secteurs
Al Ittihad et Al Omrania, a été attribuée à la fin de l’exercice 2015.
- Une troisième tranche d’une superficie de 3 300 ha en préparation dans le secteur de
l’AUEA Annour du CDA 534 (CR Dar Ouled Zidouh, Cercle Béni Moussa Ouest).
- Une quatrième tranche d’une superficie brute de l’ordre de 2 859 ha relevant du secteur
de l’AUEA Arraja du CDA 535 (Commune rurale d’Ouled Bourahmoun, Cercle des Béni
Moussa Est) dont les travaux d’équipement sont prévus en 2016/2017.
47
AUEA Raja
AUEA Al Omrania
Le secteur pilote est situé au nord-ouest du périmètre des Béni Moussa Ouest. Il s’étend sur
une superficie de 4 045 ha. De point de vue administratif, le secteur relève du cercle d’Ouled
Naceur, faisant partie du cercle des Béni Moussa de la province de Fkih Ben Salah.
48
Figure 15 : Situation du secteur pilote
Le secteur pilote considéré, se trouve dans la zone d’action du CDA 534 en partie, et le CDA
536. C’est le secteur hydraulique desservi par les canaux M4 à M7 et géré par les deux
AUEA : Al Ittihad et Al Omrania.
AUEA Al Omrania :
- Une conduite d’adduction A3 à partir d’une prise située sur le canal G ;
- Une station de filtration collective des eaux d’irrigation située à l’aval de cet adducteur ;
49
- Une première chambre de vanne où prend départ les deux secondaires M6 et M7 juste
avant la traversée du canal médian ouest ;
- Des chambres de vannes sur le réseau de distribution. Au total quatre chambres de
vannes pour le secteur M6 M7 ;
- Des conduites tertiaires prennent départ de chaque conduite secondaire pour alimenter
les blocs. Le départ se fait à partir d’une chambre de vannes ou d’un regard équipé
d’une vanne et une ventouse ou une vidange ;
- Un équipement inter-bloc en fonction de la spécificité de chacun (superficie, nombre
de propriétés, …). Des prises blocs (bornes) alimentent l’ensemble des prises propriétés
au sein du bloc à travers des conduites de raccordement.
50
CHAPITRE 2 : DYNAMIQUE POST-PROJET DE
RECONVERSION COLLECTIVE DANS LE TADLA
1. Impacts prévus et objectifs du projet
Ces impacts ont été mis en exergue par l’ORMVAT avant la mise en place du projet pour
prévoir ses retombées sur l’environnement, l’assolement, les rendements des cultures, les
revenus des agriculteurs et l’économie de la région.
1.1. Impacts prévus sur l’environnement
L’assolement des cultures pratiquées en zone de reconversion dans le périmètre de Tadla avant
la mise en place du projet est présenté dans la figure suivante :
51
Mais grain SAU non assolée
Autres Maraichage 1% Betterave à sucre
6%
fourrages 10%
8%
4%
Mais fourrager
2% Céréales
d'automne
34%
Luzerne
18%
Olivier Agrumes
11% 6%
Figure 16 : Assolement des cultures pratiquées en zone de reconversion dans le périmètre de
Tadla avant mise en place du projet (ORMVAT, 2015)
D’après la figure, on remarque que les céréales sont la culture dominante dans le secteur
avant reconversion avec un pourcentage de 34% de la SAU totale, car il est indispensable
pour la consommation familiale, suivi par les cultures fourragères principalement la
luzerne, vu son importance pour l’alimentation du bétails en plus elle permet d’assurer aux
agriculteurs un revenu fréquent après chaque coupe, à l’inverse des autres culture dont les
exploitants ne perçoivent le revenu qu’à la fin de la campagne agricole, notamment les
cultures maraîchères avec un pourcentage de 8% et le maïs avec 2%.
Maraichage Betterave à
Autres
13% sucre
fourrages Céréales
13%
3% d'automne
Mais 21%
fourrager
9%
Luzerne
11%
Olivier Agrumes
17% 13%
Figure 17 : Assolement prévu après la mise en place du projet (ORMVAT, 2015)
52
Après la mise en place du projet, il a été prévu une extension des assolements culturaux de plus
de 22%, allant de 21 140 ha avant-projet à 25 800 ha.
Une diminution de 28% de la SAU consacrée aux céréales a été prévue, de même pour les
cultures fourragères (luzerne et autres fourragères) avec une baisse d’environ 30%, à
l’exception du maïs fourrager qui assistera à une forte augmentation d’environ 486%.
La superficie accordée à l’arboriculture assistera à une nette augmentation (d’environ 170%
pour les agrumes et 66% pour l’olivier), de même les cultures maraîchères avec une
augmentation de 78% suivies par la betterave à sucre avec 49% d’augmentation.
On prévoit ainsi une augmentation des cultures à haute valeur ajoutée et qui contribuent d’une
manière directe (arboriculture et maraichage) et d’une manière indirecte (fourrages, betterave
à sucre) en assurant l’alimentation du cheptel.
Ainsi, le taux d’intensification cultural est prévu d’atteindre 116%, au lieu de 9% avant la mise
en place du projet.
900
800
700
Rendement en (qt/ha)
600
500
400
300
200
100
0
Figure 18 : Rendements actuels et objectif après la mise en place du projet pour les
différentes cultures (ORMVAT, 2015)
L’ORMVAT s’est fixée comme objectif d’atteindre une amélioration des rendements des
cultures nettement appréciable pour toutes les filières dont cultures industrielles (60 à 64%),
arboriculture (48 à 119%) céréaliculture (32 à 114%) et les cultures fourragères (15 à 42%).
53
1.4. Impacts sur les revenus des agriculteurs et sur l’économie de la région
Parmi les objectifs fixés du projet, la réalisation d’un revenu additionnel de l’agriculteur dans
la fourchette de 11 500 à 20 600 Dh/an et un revenu moyen additionnel à l’hectare assolé
d’environ 19 200 Dh/an.
Ainsi la projection en apport global additionnel de la zone de reconversion sur l’ensemble du
périmètre est de 429 Millions de Dh/an.
2. Caractérisation des exploitations enquêtées
Afin de déterminer les impacts du projet de reconversion collective sur les exploitations du
secteur pilote, nous avons procédé à des enquêtes auprès de vingt agriculteurs au niveau du
même secteur.
Les exploitations objet d’enquêtes sont réparties sur l’ensemble du secteur pilote, et font partie
des deux AUEA : Al Ittihad et Al Omrania.
Le tableau suivant présente la superficie de chaque exploitation et les cultures pratiquées :
Exploitation Exploitant AUEA Bloc Superficie (ha) Culture
E1 AMAR Al Ittihad 16 16 Orangers
16 Mandariniers
2.2 Luzerne
6.2 Céréales
E2 MOUSTAGHIT Al Ittihad 43 1.7 Betterave
1.4 Luzerne
0.35 Céréales
0.7 Menthe
0.7 Olivier
E3 El ANBRI Al Ittihad 36 3 Betterave
4 Luzerne
2 Céréales
1 Maïs
E4 ABBASSI Al Ittihad 24 7 Céréales
E5 ASSOULI Al Ittihad 43 0.35 Luzerne
0.7 Céréales
2.1 Betterave
0.7 Pomme de terre
54
0.35 Niora
E6 ASTEIF Al Ittihad 43 1.5 Luzerne
2.4 Céréales
0.8 Olivier
E7 BOUTOUIL Al Ittihad 31 1.25 Betterave
1.25 Niora
E8 AL FATEN Al Ittihad 29 2.4 Petit pois
1.2 Luzerne
2.4 Betterave
0.8 Céréales
E9 El KASSIMI Al Ittihad 43 0.85 Céréales
1.5 Niora
E10 ENNAHLY Al Ittihad 24 0.7 Céréales
0.7 Luzerne
0.4 Niora
E11 FIZADI Al Ittihad 24 1.25 Betterave
1 Céréales
E12 HAKKI Al Ittihad 1 1.15 Luzerne
0.3 Olivier
E13 MAAROUF Al Ittihad 43 0.8 Luzerne
1.8 Céréales
2 Betterave
0.6 Fève
E14 OUHFID Al Ittihad 29 0.3 Niora
0.5 Luzerne
0.2 Oignon
0.2 Choux-fleur
0.2 Maïs
E15 OUIZAD Al Ittihad 29 2 Betterave
2 Fève
E16 SALIM Al Ittihad 24 2.4 Betterave
0.6 Luzerne
55
E17 ALLALA Al Omrania 38 1.1 Céréales
1.1 Luzerne
0.55 Fève
0.55 Niora
E18 CHENCHAL Al Omrania 38 0.5 Luzerne
E19 CHERKAOUI Al Omrania 66 2.1 Luzerne
REDA 0.7 Céréales
0.7 Betterave
0.7 Maïs
E20 CHERKAOUI Al Omrania 66 0.8 Luzerne
MAHFOUD 1.6 Céréales
1.6 Betterave
Tableau 5 : Caractéristiques des exploitations étudiées
D’après les enquêtes réalisées nous avons remarqué que l’assolement suit une légère évolution
selon trois phases :
- Avant la mise en place du projet : les cultures pratiquées par les agriculteurs enquêtés
sont principalement : la luzerne qui permet à l’agriculteur d’assurer un fourrage pour
ses bétails et un revenu fréquent, les agriculteurs cultivent également les céréales
puisqu’ils constituent un élément essentiel pour l’alimentation, ainsi que la betterave à
sucre parce qu’elle permet de recouvrir les charges de production et sa
commercialisation est garantie. L’arboriculture est également présente dans le secteur
pilote, notamment les agrumes et l’olivier car c’est une culture à haute valeur ajoutée.
- Après la mise en place du projet : 70% des agriculteurs enquêtés ont sauvegardé le
même assolement après la mise en place du projet ; dont 71% ne prévoient pas un
changement dans les années à venir, à cause des problèmes de commercialisation et de
saturation de marché, tandis que 29% de ces agriculteurs comptent introduire de
nouvelles cultures à condition de voir concrètement les résultats du goutte-à-goutte vers
la fin de cette campagne agricole. Certains attendent la fin du cycle de la luzerne pour
pouvoir la remplacer. Alors que 30 % de l’échantillon étudié affirment avoir modifié
l’assolement après la mise en place du projet, soit en adoptant de nouvelles
cultures telles que la pomme de terre et la niora, soit en abandonnant des cultures qu’ils
pratiquaient avant comme la luzerne, cependant, d’autres ne modifient que les
56
superficies allouées à chaque culture. Parmi ces mêmes agriculteurs 50% ont comme
vision de pratiquer dans les années à venir de nouvelles cultures à haute valeur ajoutée
comme le maraîchage, la niora, le pois chiche, le quinoa et l’arboriculture.
57
nappe, les difficultés d’avoir l’autorisation de creusement des puits et réalisation de forages, et
le coût important de l’énergie nécessaire pour le pompage.
3. Degré d’appréciation du nouveau système d’irrigation localisée
À partir des résultats des enquêtes, nous avons relevé que 90% des agriculteurs estiment que
l’irrigation localisée est la solution adéquate aux problèmes qui étaient posés par le gravitaire,
tels que le tour d’eau nocturne, les charges de la main d’œuvre et la faible efficience
d’irrigation.
En effet, l’irrigation localisée a permis d’exploiter les surfaces qui étaient occupées par les
seguias auparavant et augmenter ainsi la surface cultivée et le rendement. Dans le même sens,
85% des agriculteurs ont constaté un gain de temps, contre 15% qui estiment que ce gain de
temps est insignifiant car ce nouveau système demande beaucoup de gestion heure par heure.
En ce qui concerne la main d’œuvre, 90% ont assisté à une réduction des charges de la main
d’œuvre ainsi que le nombre des jours de travail, face à 10% qui affirment qu’ils ont commencé
à avoir besoin de plus d’ouvriers pour l’enroulement et le déroulement des rampes lors de la
récolte. Concernant l’utilisation des fertilisants et des produits phytosanitaires, 50% des
agriculteurs ont constaté une réduction de la quantité et une amélioration de la qualité des
engrais utilisés. En plus, 70% des exploitants enquêtés ont ressenti une économie de l’eau à
l’échelle de la parcelle après introduction du goutte-à-goutte, contre 30% des agriculteurs qui
ont toujours des difficultés à estimer la dose d’irrigation à apporter avec le nouveau système,
ce qui augmente leurs factures.
Cependant, 80% des exploitants déclarent que leurs installations goutte-à-goutte présentent
certaines défaillances comme la mauvaise qualité des canalisations, ce qui provoque des fuites
dont la réparation est compliqué car le porte-rampe est installé en profondeur, et les rampes qui
sont trop espacées avec un écartement de 80 cm et qu’ils souhaitent diminué pour arriver à
humecter le sol dans une durée réduite. Ainsi que la conception du réseau qui ne répond pas
aux attentes des agriculteurs, à titre d’exemple la disposition des portes-rampes et vannes au
milieu des parcelles qui entrave le passage des engins agricoles lors du labour et la récolte. En
plus, l’enroulement et le déroulement des rampes pose problème à la majorité des agriculteurs
car ça demande beaucoup d’heures de travail et de main d’œuvre surtout lorsqu’il s’agit de
parcelles de luzerne qui nécessitent des coupes fréquentes.
Afin d’atténuer ces contraintes, 60% des exploitants souhaitent apporter des améliorations à
leurs installations goutte-à-goutte, par exemple :
- Réduire l’écartement entre les rampes de 80 cm à 50-60 cm ;
58
- Déplacer les portes-rampes du milieu de la parcelle à son extrémité ;
- Améliorer la filtration en ajoutant un deuxième filtre à disques chez certaines
exploitations qui ne possèdent qu’un seul ;
- Automatiser le système d’irrigation pour faciliter la gestion d’irrigation.
4. Intervention de l’assistance technique
L’assistance technique assure l’accompagnement des agriculteurs et du personnel de
l’ORMVAT durant la mise en place du projet, ses missions sont :
- Conseil agricole et pilotage de l’irrigation localisée : par l’organisation d’ateliers
participatifs au CDA 536 et essais de démonstration ;
- Appui aux projets d’agrégation : soit aux projets déjà existants ou aux projets
potentiels d’agrégation au niveau de la zone de reconversion, par l’organisation
d’ateliers avec les représentants d’organisations professionnelles ;
- Sensibilisation des agriculteurs à la gestion durable des nappes : par l’organisation
d’ateliers pour apprécier le degré de conscience des agriculteurs sur la
surexploitation des nappes et la dégradation de sa qualité ;
- Proposition d’un plan de formation du personnel, dans le but de renforcer les
capacités des agents impliqués dans le projet ;
- Proposition d’un programme de recherche appliquée.
Selon notre discussion avec l’assistance technique, la totalité des agriculteurs a adhéré
facilement au projet de reconversion collective et aucun n’a choisi de s’équiper
individuellement. La mise en place du projet s’est déroulée dans une atmosphère collégiale et
participative entre l’ORMVAT et l’assistance technique. Cependant, de nombreuses
contraintes ont été rencontrées durant l’accompagnement du projet, notamment, le
morcellement des parcelles et la non-actualisation des plans parcellaires. En effet, les plans
utilisés pendant la phase d’exécution en 2014 ont été réalisés en 2009, tandis que les parcelles
ont subi des morcellements pendant cette période d’où la nécessité d’actualiser périodiquement
les plans parcellaires. Également, le problème du choix de l’écartement entre les rampes, qui a
été fixé par l’ORMVAT, l’assistance technique et les AUEA à 80 cm, mais qui a été jugé trop
espacé par certains agriculteurs et qui exigeaient que la luzerne soit irriguée par le goutte-à-
goutte avec un écartement de 60 cm entre les rampes, car c’est la spéculation la plus adoptée
dans le secteur pilote et qui permet de garantir une trésorerie. On a donc procédé à des essais
de démonstration dans la luzerne avec les deux écartements 60 cm et 80 cm, et on a abouti au
même résultat en économisant plus sur l’équipement interne.
59
D’après nos enquêtes, nous avons relevé que 65% des agriculteurs déclarent avoir bénéficié
d’un accompagnement et d’un suivi durant la mise en place du projet, dont 23% affirment que
ces explications sont insuffisantes et doivent être renforcées après la mise en place du projet,
car ils ont encore besoin de formation en matière de gestion de l’irrigation localisée.
Toutefois, 35% des agriculteurs n’assistent pas aux ateliers organisés par l’assistance technique
par désintérêt ou par manque d’information.
5. Évolution de la consommation de l’eau d’irrigation
Afin de déterminer l’évolution de la consommation en eau d’irrigation avant et après
reconversion, nous avons procédé à la comparaison des volumes consommés par les 20
exploitations enquêtées :
Volume consommé
avant reconversion Volume consommé après reconversion (m3)
(gravitaire) (m3)
ème
1er 2ème 3ème 4ème 1er
3 trimestre
Exploitation trimestre trimestre trimestre trimestre trimestre
2014
2015 2015 2015 2015 2016
E1 68364 - - - 11568 7182
E2 12636 - 13404 12879 12199 9419
E3 0 - - - 472 9063
E4 0 - 10702 10901 8407 5731
E5 8424 - 7164 11262 8846 7724
E6 22464 - - 5458 12322 7699
E7 864 5842 17408 7317 8074 2719
E8 20088 9187 24600 13635 23580 10689
E9 0 - - - 5055 3896
E10 17208 - - - 2857 1244
E11 216 - - 10978 4769 3095
E12 504 - - 1085 735 754
E13 4428 - 2367 176 27670 5216
E14 4824 2628 5352 8709 4114 2172
E15 1296 6105 - 2340 15859 7433
E16 24408 - - - 7236 4334
E17 10800 4114 9568 14034 5787 4255
60
E18 11160 2633 11323 12808 5317 4489
E19 0 - - - 11203 29876
E20 0 - - - 9899 4331
Tableau 6 : Consommations en eau d’irrigation des exploitations étudiées par trimestre (du
3ème trimestre 2014 au 1er trimestre 2016)
Remarque : Les valeurs manquantes des consommations d’eau se justifient par : le recours au
pompage privé pour le gravitaire, et par le fait que la mise en eau du nouveau réseau d’irrigation
localisée était réalisée par lots.
Vu que le projet de reconversion collective s’inscrit dans le cadre du PNEEI, nous avons jugé
judicieux de comparer les consommations en m3 d’eau en gravitaire et après passage au localisé
dans le but d’évaluer le degré d’économie d’eau atteint.
- Comparaison entre le 3ème trimestre 2014 et le 3ème trimestre 2015
25000
20000
Volume en m3
15000
10000
5000
0
E2 E4 E5 E6 E7 E8 E11 E12 E13 E14 E15 E17 E18
On remarque que 75% des exploitations mises en eau avant ou durant le 3 ème trimestre 2015,
ont assisté à une augmentation de leur consommation d’eau d’irrigation après reconversion, ce
qui est expliqué par le fait que certains agriculteurs ont abandonné le recours aux eaux
souterraines après le passage au localisé, à cause du coût de pompage et le non raccordement
de leurs puits et forages au réseau d’irrigation localisée (cas de E5 et E7). Également cette
61
augmentation est expliquée chez certains agriculteurs (cas de E2, E14, E15 et E17) par le
changement de la superficie accordée à chaque culture (réduction de la surface cultivée en
céréales contre l’augmentation de la surface cultivée en betterave à sucre et en luzerne) ainsi
que l’introduction de nouvelles cultures comme la niora (cas de E17). Tandis que pour certaines
exploitations (cas de E11 et E18), l’augmentation de leur consommation est expliquée par la
mal compréhension du fonctionnement et de gestion de la technique d’irrigation localisée,
surtout durant le 1er trimestre après la mise eau où l’agriculteur applique la pratique du
gravitaire pour le goutte-à-goutte (cas de E11).
Cependant, 25% des agriculteurs ont réalisé une réduction de leur consommation d’eau allant
jusqu’au -96% après passage à l’irrigation localisée. Ceci est expliqué par l’atteinte de
l’objectif d’économie d’eau d’irrigation.
- Comparaison entre le 1er trimestre 2015 et le 1er trimestre 2016
12000
10000
Volume en m3
8000
6000
4000
2000
0
E7 E8 E14 E15 E17 E18
On constate que la consommation en eau après reconversion réalise une diminution allant
jusqu’au -53% chez deux exploitations (E7 et E14), car les agriculteurs se sont habitué au
goutte-à-goutte après le passage d’un an sur la reconversion et ont amélioré leurs pratiques
d’irrigation. En ce qui concerne les quatre autres exploitations (E8, E15, E17 et E18), on a
assisté à une augmentation de la consommation d’eau durant le 1er trimestre de 2016, qui peut
être expliqué par une épisode de sécheresse dont a souffert la région dans cette période d’année,
contrairement au 1er trimestre 2015 qui a réalisé une pluviométrie plus importante, donc les
agriculteurs étaient contraints d’irriguer plus.
62
CHAPITRE 3 : PERFORMANCES TECHNIQUES DES PROJETS
DE GOUTTE-A-GOUTTE
Ce chapitre a pour objectif la détermination des indicateurs de performance hydraulique ainsi
que l’évaluation des pratiques d’irrigation au niveau de l’exploitation et à l’échelle de la
parcelle.
1. Pratiques d’irrigation
Dans le but d’analyser les pratiques d’irrigation par l’évaluation des doses et des fréquences
d’apport en eau chez 3 exploitations (E1, E2 et E3), nous avons procédé au suivi de l’humidité
du sol par une sonde capacitive au niveau de 31 sites installés dans 7 parcelles.
63
1.2. Suivi de l’humidité du sol
Les mesures par la sonde capacitive sont prises d’une manière journalière à partir de début avril
jusqu’à fin juin 2016. Par la suite, une série de données a été établie pour chaque parcelle
appartenant aux trois exploitations.
Dans le but de cadrer les mesures de l’humidité obtenues et faciliter l’interprétation des
résultats, nous avons jugé judicieux de déterminer l’humidité à la capacité au champ et
l’humidité au point de flétrissement et la texture du sol dans le laboratoire. Les valeurs obtenues
sont présentées dans le tableau suivant :
Horizon (cm) Humidité équivalente Taux de matière Hcc (%) Hpf (%)
(%) organique (%)
0 à 10 29.80 1.80 35 19
10 à 20 29.49 1.05 35 19
20 à 30 29.25 1.89 36 20
30 à 40 29.32 1.26 34 19
40 à 60 27.85 0.69 36 20
60 à 80 26.31 0.56 35 19
80 à 100 27.38 0.61 36 20
Tableau 8 : Valeurs du taux de la matière organique, de Hcc et Hpf du sol déterminées au
laboratoire pour différents horizons
Horizon (cm) Argile (%) Limon fin Limon Sable fin Sable
(%) grossier (%) (%) grossier (%)
0 à 10 40.16 25.95 14.22 16.75 2.92
10 à 20 41.88 23.67 15.45 16.23 2.77
20 à 30 43.90 21.80 14.64 16.11 3.54
30 à 40 39.23 28.93 8.84 19.57 3.43
40 à 60 44.42 25.21 10.89 14.36 5.12
60 à 80 43.86 24.75 11.54 14.18 5.67
80 à 100 46.23 23.38 11.08 14.54 4.77
Tableau 9 : Résultats de l'analyse granulométrique du sol
À partir de ces résultats, nous avons déduit que le sol de la zone étudiée est de texture argilo-
limoneuse.
La nomenclature des parcelles suivies selon l’exploitation à laquelle elles appartiennent est la
suivante : E1 (A1, C1, L1) ; E2 (C2, B2, L2) ; E3 (B3).
64
Dans l’objectif d’alléger le travail et vu le faible écart entre les valeurs d’humidité de
l’ensemble des sites installés dans la même parcelle, nous avons effectué la moyenne de ces
derniers et qui est présenté dans ce qui suit.
La parcelle A1 des agrumes, où nous avons installé 8 sites de mesure, a une superficie de 16
ha.
A1
27
24
22
25
20
Humidité volumique (%)
D’après ce graphe, nous remarquons qu’en général au niveau des 6 horizons, l’humidité du sol
connait de légères fluctuations, ceci est dû à la texture argilo-limoneuse du sol qui est
caractérisée par une grande capacité de rétention d’eau, mais la plus grande partie de cette eau
est liée étroitement et n’est pas disponible pour les végétaux.
Malgré l’apport réalisé le 07/05/2016, nous avons assisté à une légère diminution de l’humidité
du sol dans les profondeurs allant de 10 à 30 cm, ceci peut être expliqué par l’évaporation au
niveau des horizons superficiels et l’extraction racinaire.
Les irrigations effectuées le 23/05/2016, 25/05/2016 et 27/05/2016, ont contribué à une
augmentation considérable de l’humidité du sol au niveau des horizons 10 à 30 cm. Tandis que
l’apport par irrigation et pluie le 18/05/2016 a été plus important mais a provoqué une légère
65
augmentation de l’humidité pour les mêmes horizons. Donc on peut conclure que le
comportement du sol dépend de la fréquence d’irrigation.
Au niveau des profondeurs allant de 60 à 100 cm, l’humidité reste quasi stable, à cause de la
forte teneur en argile qui est de l’ordre de 44 à 46%, les sols deviennent ainsi collants et très
imperméables.
La parcelle C1 des céréales, où nous avons installé 5 sites de mesure, a une superficie de 2 ha.
C1
29 90
Humidité volumique (%)
La parcelle L1 de luzerne, où nous avons installé 5 sites de mesure, a une superficie de 1.9 ha.
66
L1
27 25
Humidité volumique (%)
17 5
15 0
En général, on constate qu’il y a une augmentation de l’humidité suite à chaque apport d’eau
d’irrigation ou de pluie.
Le graphe montre deux chutes remarquables dans le 20/04/2016 et le 23/05/2016 au niveau des
horizons 20 et 30 cm, ce qui peut être expliqué par une consommation de l’eau par la plante.
1.1.1. Suivi de la parcelle C2
La parcelle C2 des céréales, où nous avons installé 3 sites de mesure, a une superficie de 0.35
ha.
C2
27 70
Humidité volumique (%)
25 60
50
23
40
21
30
19
20
17 10
15 0
18/04/2016
14/05/2016
06/04/2016
08/04/2016
10/04/2016
12/04/2016
14/04/2016
16/04/2016
20/04/2016
22/04/2016
24/04/2016
26/04/2016
28/04/2016
30/04/2016
02/05/2016
04/05/2016
06/05/2016
08/05/2016
10/05/2016
12/05/2016
16/05/2016
18/05/2016
67
Au niveau de la parcelle C2, nous remarquons qu’en général l’humidité du sol connait de
légères fluctuations pour l’ensemble des horizons étudiés, ceci est dû à la texture argilo-
limoneuse du sol.
Pendant les irrigations du 06/04/2016 et 07/04/2016, la teneur en eau augmente pour les
profondeurs allant de 10 à 30 cm, alors qu’à la date d’apport du 23/04/2016, il y’a eu une
diminution de la teneur en eau expliquée par le développement des céréales durant le stade
laiteux, qui implique une forte consommation de l’eau.
Durant le 06/05/2016 et le 07/05/2016, on constate une augmentation de l’humidité volumique
pour les horizons allant de 20 à 40 cm, suite aux apports successifs, tandis qu’au niveau de
l’horizon 10 cm, on constate une légère diminution de la teneur en eau à cause de la température
qui a atteint 24.5 °C et une évapotranspiration de l’ordre de 3.9 mm/j.
1.2.4. Suivi de la parcelle L2
La parcelle L2 de luzerne, où nous avons installé 3 sites de mesure, a une superficie de 1.4 ha.
L2
27 30
Humidité volumique (%)
23 20
21 15
19 10
17 5
15 0
Pour le 07/04/2016 et le 06/05/2016, on constate que la teneur en eau augmente après apport
dans les horizons 10 et 20 cm, tandis qu’elle diminue au niveau de 30 cm, ceci est dû à
l’extraction racinaire.
La stagnation de la valeur de l’humidité entre le 28/04/2016 et le 06/05/2016 est causée par
l’absence de mesures pendant cette période.
68
1.2.5. Suivi de la parcelle B2
La parcelle B2 de betterave, où nous avons installé 3 sites de mesure, a une superficie de 1.7
ha.
B2
25 60
24
50
Humidité volumique (%)
La parcelle B3 de betterave, où nous avons installé 4 sites de mesure, a une superficie de 3 ha.
69
B3
25 20
18
24
Humidité volumique (%)
02/05/2016
12/05/2016
06/04/2016
08/04/2016
10/04/2016
12/04/2016
14/04/2016
16/04/2016
18/04/2016
20/04/2016
22/04/2016
24/04/2016
26/04/2016
28/04/2016
30/04/2016
04/05/2016
06/05/2016
08/05/2016
10/05/2016
14/05/2016
16/05/2016
18/05/2016
Irrigation (mm) Pluie(mm) 10 cm 20 cm 30 cm 40 cm 60cm 100 cm
On remarque que l’humidité au niveau de l’horizon 60 cm est supérieure à celle en 40 cm, ceci
peut être expliqué par le développement racinaire qui favorise l’écoulement vertical de l’eau
en dessous de 40 cm.
Comme ce qui a été constaté précédemment, chaque apport contribue à l’augmentation des
teneurs en eau au niveau des différents horizons.
1.2.7. Conclusion
À partir de l’analyse des graphes de suivi de l’humidité des 7 parcelles, nous avons conclu que :
- Généralement, l’humidité du sol connait de légères fluctuations sur l’ensemble des
horizons de mesure, ceci est dû à la texture argilo-limoneuse du sol qui est
caractérisée par une grande capacité de rétention d’eau, mais la plus grande partie
de cette eau est liée étroitement et n’est pas disponible pour les plantes ;
- Au niveau des profondeurs allant de 60 à 100 cm, les valeurs de l’humidité restent
constantes, à cause de la forte teneur en argile qui est de l’ordre de 44 à 46%, les
sols deviennent ainsi collants et très imperméables, constituant donc une barrière
aux remontées capillaires et à l’infiltration ;
- Dans certains cas, la teneur en eau augmente en profondeur comparée aux horizons
supérieurs, ceci peut être expliqué par l’importante densité racinaire qui favorise
l’écoulement vertical de l’eau, combiné à une forte évaporation au niveau de la
surface ;
70
- L’état hydrique du sol dépend de la fréquence et de la dose d’irrigation. En effet,
lorsqu’on apporte une moyenne à forte dose d’irrigation espacée dans le temps, on
assiste à une légère augmentation de la teneur en eau. Cependant, dans le cas
d’apports faibles à moyens mais successifs et fréquents, on remarque une
augmentation considérable de l’humidité du sol.
Dans le but de mieux présenter les résultats du suivi des parcelles étudiées, il serait pertinent
d’établir des profils des teneurs en eau en fonction de la profondeur.
Figure 28: profils d’humidité volumique pour les différentes parcelles suivies durant le
20/04/2016
D’après ces profils, on constate que les humidités diminuent progressivement en profondeur
jusqu’à approcher le point de flétrissement, ceci est dû à la texture argilo-limoneuse
caractérisée par de faibles vitesses d’écoulement vertical.
2. Bilan hydrique
L’évapotranspiration maximale (ETM), est un indicateur théorique de la
consommation maximale d'une végétation en situation idéale et en réponse à la demande
climatique, son estimation est complexe et se fait grâce à des calculs qui intègrent quelques
variables climatiques. Toutefois, l’ETM reste une grandeur pertinente pour apprécier la
71
relation entre le climat et la plante et estimer son besoin en eau. Cependant, la plante n'étant
quasiment jamais dans une situation idéale il convient d'estimer ce que sera sa consommation
réelle en eau : l’évapotranspiration réelle (ETR).
Parmi les méthodes d’estimation de l’ETR, on trouve le bilan hydrique qui permet de suivre,
selon une méthode simple, l’état de la réserve en eau du sol (RFU ou Réserve Facilement
Utilisable) en tenant compte des besoins en eau de la culture et des apports naturels par les
pluies ou par irrigation. Il permet donc de vérifier :
- d’une part, que l’apport d’eau par irrigation est suffisant pour ne pas vider la RFU
et donc provoquer un stress hydrique à la culture ;
- d’autre part, que l’apport d’eau par irrigation n’est pas trop important (pour éviter
de saturer le sol et provoquer des pertes d’eau par ruissellement.
Le bilan hydrique est également un outil de gestion technique simple, qui permet d’analyser,
en fin de saison, l’ensemble des besoins et des apports. Il permet de conserver la trace des
périodes déficitaires et des périodes excédentaires tout au long de la campagne. Son analyse,
en fin de saison, quand on a connaissance des rendements, peut expliquer le fonctionnement
des parcelles et les réactions des cultures aux divers événements climatiques.
Le bilan hydrique peut être résumé à :
𝐸𝑇𝑅 = 𝑃 + 𝐼 − 𝐷 + 𝑅𝐶 ± ∆𝑆
Avec :
- ETR : évapotranspiration réelle en (mm/j) ;
- P : Pluie (mm) ;
- I : apport d’irrigation (mm) ;
- RC : remontées capillaires à partir de la nappe ou des couches du sol situées au-
dessous de la zone racinaire ;
- D : drainage en dessous de la zone racinaire.
- ∆𝑆 : variation de stock d’eau du réservoir sol (mm), peut être approchée par la
variation de la réserve utile :
∆𝑆 = ∆𝑅𝑈 = 𝑅𝑈𝑓 − 𝑅𝑈𝑖
La réserve utile (RU) en eau d’un sol, exprimée en (mm), correspond à la quantité d’eau que
le sol peut absorber et restituer à la plante. La RU est encore la quantité d’eau comprise entre
l’humidité à la capacité au champ et l’humidité au point de flétrissement, elle est calculée par
la formule suivante :
𝑅𝑈 = (𝐻𝑐𝑐 − 𝐻𝑝𝑓) ∗ 𝐷𝑎 ∗ 𝑧
72
Les résultats de calcul de la réserve utile du sol pour les différents horizons étudiés sont
présentés dans le tableau suivant :
Profondeur (cm) RU (mm)
10 16.6
20 35.5
30 49.0
40 64.2
60 134.4
100 203.2
Figure 29 : Réserve utile des horizons étudiés
À partir du tableau, on déduit que la texture du sol a une influence directe sur la réserve utile,
en effet, les sols à forte proportion de particules fines (limons et argiles) emmagasinent
davantage d’eau, en contrepartie, une grande partie de ses réserves en eau reste indispensable
pour les plantes.
Vu la disponibilité des données d’humidités journalières pour chaque site de mesure, il serait
plus précis de les utiliser pour calculer la variation du stock nécessaire pour l’estimation de
l’ETR à partir de l’équation du bilan hydrique.
∆𝑆 = 𝑆𝑡𝑜𝑐𝑘𝑗 − 𝑆𝑡𝑜𝑐𝑘𝑗−1
Avec : Stock j et Stock j-1 sont estimés à partir des valeurs d’humidités volumiques journalières
mesurés.
Dans ce qui suit, nous allons procéder à la comparaison entre le cumul d’ETR et le cumul
d’ETM, pour évaluer les pratiques d’irrigation et leur influence sur l’état hydrique du sol et de
la plante.
2.1. Parcelle des agrumes
Le graphe suivant présente l’évolution du cumul d’ETM pour les agrumes A1 et du cumul
d’ETR chez l’exploitation E1.
73
A1
250
ETM cumulé/ ETR cumulé (mm)
200
150
100
50
Nous remarquons qu’en général, l’ETR est inférieure ou approche l’ETM durant l’ensemble
de la période du suivi.
À partir du 06/04/2016 jusqu’au 13/06/2016, la valeur d’ETR coïncide avec celle de l’ETM,
donc la plante consomme la réserve facilement utilisable. Tandis qu’à partir du 14/04/2016
jusqu’au 07/05/2016, l’ETM dépasse largement l’ETR malgré le fait qu’il y’a eu un apport
d’irrigation de 9.11 mm effectué le 27/04/2016. Il y’a eu également une hausse de l’ET0 et il
n’y a pas eu d’apport pour compenser les prélèvements à partir de la RU, exprimé par la
variation du stock négative durant cette période. Donc puisque la RFU est consommé, la plante
ferme partiellement ses stomates, ce qui affecte la croissance et le développement de la plante.
Durant la période allant du 07/05/2015 au 29/07/2015, la valeur de l’ETR augmente
progressivement pour approcher l’ETM, ceci est dû à une irrigation fréquente durant cette
période.
2.2. Parcelles de luzerne
74
L1
350
ETM cumulé/ ETR cumulé (mm)
300
250
200
150
100
50
0
300.00
250.00
200.00
150.00
100.00
50.00
0.00
L’allure générale de l’ETM est identique dans les deux parcelles, puisqu’il s’agit de la même
culture et de la même période de suivi.
On remarque que durant toute la période de suivi, l’ETM dépasse l’ETR dans les deux
parcelles, mais l’écart est plus accentué dans L1 comparé à L2. En effet durant la période allant
du début avril à mi-mai, l’ETR approche l’ETM dans la parcelle L2, ceci est dû à la variation
de stock positive grâce aux apports d’irrigation fréquents et de la saison pluvieuse qui a
caractérisé la deuxième semaine du mois mai. Tandis que dans le cas de L1, l’ETR reste
75
nettement inférieure à l’ETM, malgré les apports d’irrigation, mais qui sont moins fréquents et
ne compensent pas assez les prélèvements du stock.
2.3. Parcelles de céréales
Les graphes suivants présentent l’évolution du cumul d’ETM pour les céréales C1 et C2 et du
cumul d’ETR chez les deux exploitations E1 et E2.
C1
250
ETR cumulé / ETM cumulé (mm)
200
150
100
50
250.00
200.00
150.00
100.00
50.00
0.00
14/05/2016
06/04/2016
08/04/2016
10/04/2016
12/04/2016
14/04/2016
16/04/2016
18/04/2016
20/04/2016
22/04/2016
24/04/2016
26/04/2016
28/04/2016
30/04/2016
02/05/2016
04/05/2016
06/05/2016
08/05/2016
10/05/2016
12/05/2016
16/05/2016
18/05/2016
76
On constate que pour C2, l’ETR dépasse d’une manière considérable l’ETM, ceci est expliqué
par les apports qui compensent en excédent les prélèvements de la plante et la demande
climatique. En effet, l’agriculteur apporte aux céréales un volume qui dépasse largement le
besoin en eau, puisqu’il irrigue les céréales avec le même esprit du gravitaire avec des doses
qui atteignent 62 mm.
2.4. Parcelles de betterave à sucre
Les graphes suivants présentent l’évolution du cumul d’ETM pour la betterave à sucre B2 et
B3 et du cumul d’ETR chez les deux exploitations E1 et E2.
B2
200.00
ETR cumulé / ETM cumulé (mm)
180.00
160.00
140.00
120.00
100.00
80.00
60.00
40.00
20.00
0.00
140.00
120.00
100.00
80.00
60.00
40.00
20.00
0.00
08/04/2016
06/04/2016
10/04/2016
12/04/2016
14/04/2016
16/04/2016
18/04/2016
20/04/2016
22/04/2016
24/04/2016
26/04/2016
28/04/2016
30/04/2016
02/05/2016
04/05/2016
06/05/2016
08/05/2016
10/05/2016
12/05/2016
14/05/2016
16/05/2016
18/05/2016
77
En ce qui concerne B2, l’ETR dépasse d’une manière remarquable l’ETM. En effet,
l’agriculteur apporte à la betterave des doses d’irrigation variables et qui dépassent nettement
le besoin en eau deux fois par semaine, ce qui explique la variation de stock du sol positive le
long de la période de suivi.
Alors que pour B3, l’ETR dépasse légèrement l’ETM depuis le début de la période de suivi
jusqu’à la fin d’avril, où on constate que l’ETM commence à dépasser l’ETR ; l’agriculteur a
arrêté l’irrigation durant cette période car il y’avait des précipitations au début du mois de mai,
mais qui n’ont pas été suffisants pour satisfaire la demande climatique et les prélèvements de
la plante.
2.5. Conclusion
La comparaison entre le cumul de l’ETR et celui de l’ETM nous a permis de déduire que la
consommation de la plante peut subir trois cas :
- ETM = ETR, la plante consomme la réserve utilisable et se trouve dans ses conditions
optimales de croissance et de développement. L’apport d’irrigation répond donc d’une
manière exacte à la demande climatique et au besoin de la culture ;
- ETM > ETR, la réserve facilement utilisable est puisée, car l’apport en irrigation est
insuffisant ou décalé, la plante se trouve alors dans les conditions de stress hydrique et
ferme partiellement ses stomates ;
- ETM < ETR, l’apport d’irrigation est en excès et couvre largement les besoins de la
plante, la réserve utile se trouve saturée.
La culture peut se trouver selon la pratique de l’agriculteur dans un de ces trois cas. En effet,
durant notre analyse, nous avons constaté que la dose et la fréquence d’irrigation constituent
des facteurs déterminants de la variation de l’état hydrique du sol. Ces facteurs varient d’une
exploitation à une autre et d’une culture à une autre.
3. L’uniformité d’arrosage
Le calcul de l’uniformité d’arrosage, basé sur la mesure des débits écoulés par 16 goutteurs, a
donné les résultats suivants chez les 20 exploitations étudiées :
Exploitation AUEA Culture Qmoy (l/h) Qmin (l/h) CU (%) Appréciation
E1 Al Ittihad Mandariniers 3.47 2.15 61.8 Mauvaise
Orangers 4.12 2.07 50.3 Mauvaise
E2 Betterave 2.10 1.93 91.9 Excellente
Luzerne 2.57 2.25 87.5 Satisfaisante
78
E3 Betterave 2.52 2.16 85.8 Satisfaisante
Maïs 2.56 2.07 80.8 Satisfaisante
E4 Céréales 2.33 2.16 92.8 Excellente
E5 Pomme de terre 1.84 1.49 80.7 Satisfaisante
E6 Luzerne 1.83 1.70 92.4 Excellente
E7 Betterave 2.64 2.39 90.3 Excellente
E8 Luzerne 2.98 2.69 89.9 Satisfaisante
E9 Niora 3.02 2.78 91.9 Excellente
E10 Luzerne 2.36 2.09 88.6 Satisfaisante
E11 Betterave 2.33 2.16 92.6 Excellente
E12 Luzerne 2.97 2.93 98.4 Excellente
E13 Luzerne 2.86 2.72 94.9 Excellente
E14 Luzerne 2.25 2.10 93.2 Excellente
E15 Betterave 1.29 0.83 64.1 Mauvaise
E16 Betterave 2.45 2.25 91.8 Excellente
E17 Al Luzerne 1.63 1.50 91.9 Excellente
E18 Omrania Luzerne 2.53 2.2 86.9 Satisfaisante
E19 Luzerne 2.56 2.37 92.7 Excellente
E20 Céréales 2.50 2.34 93.4 Excellente
Figure 37 : Résultats des mesures d'uniformité chez 20 exploitations
D’après l’analyse des valeurs du coefficient d’uniformité calculé chez les exploitations
enquêtées, nous avons constaté que :
- 65% des exploitations ont une excellente uniformité, du fait que le coefficient
d’uniformité dépasse 90% (cas de E2, E4, E6, E7, E9, E11, E12, E13, E14, E16,
E17, E19, E20), ceci est expliqué par le fait que le matériel d’irrigation est
nouvellement installé, la bonne réalisation de l’étude par les sociétés délégataires,
ainsi que le bon entretien du matériel par les exploitants.
- 25% des exploitations ont une uniformité d’arrosage satisfaisante qui varie entre
80% et 90% (cas de E2, E3, E5, E8, E10, E18), ces valeurs sont dues à un entretien
insuffisant du réseau, malgré que le matériel soit nouvellement installé, ce qui
nécessite un nettoyage fréquent du réseau.
- 10% des exploitations ont une mauvaise uniformité (cas de E1 et E15), ceci est
expliqué pour E15 par le colmatage des goutteurs et également par le
79
développement des mauvaises herbes et leur enroulement autour des rampes et des
goutteurs ce qui rend difficile de les ranger lors de la récolte, dégrade le matériel et
cause ainsi des fuites. Concernant les parcelles où on a mesuré l’uniformité de
distribution pour E1, il s’agit des parcelles uniques qu’on a étudié et qui ont été
reconverties vers le localisé individuellement en 2005, la mauvaise uniformité dans
ces parcelles est expliquée principalement par la dégradation du matériel qui n’a
pas été renouvelé depuis son installation, ceci a été constaté sur terrain par
l’abondance des fuites et le colmatage des goutteurs.
4. Variation de pression
Les valeurs de pression mesurées à l’aide du manomètre chez les parcelles étudiées sont
présentées dans le tableau en dessous :
En général, la majorité des parcelles ont des pressions situées dans les normes comprises entre
0.5 et 1.7 bar, ceci est expliqué par le nettoyage et le curage des filtres. Tandis que 25% des
exploitations ont des pressions faibles allant de 0.1 à 0.4 bar. Ce problème est causé
principalement par le non-respect de certains agriculteurs au mode de desserte d’irrigation au
sein du même bloc qui est à la demande restreinte : 24h/24h les jours pairs du mois pour le
groupe 1 et 24h/24h les jours impairs pour le groupe 2. Ce comportement diminue la pression
chez l’ensemble des exploitations du même bloc.
Concernant la perte de charge, elle varie de -0.1 à 0.3 bar, la valeur négative de -0.1 bar est
constatée chez E13, elle est due à une légère pente descendante au niveau du porte-rampe.
L’ensemble des valeurs de perte de charge mesurée restent faibles.
80
Exploitation E1 E2 E3 E4 E5 E6 E7 E8 E9 E10 E11 E12 E13 E14 E15 E16 E17 E18 E19 E20
Culture Ag Luz Maïs Cé PT Luz Bet Bet Nr Luz Bet Luz Luz Luz Bet Bet Luz Luz Luz Cé
Perte de charge en bars 0.2 0.2 0.3 0.1 0.2 0 0.3 0 0 0.2 0.1 0.1 -0.1 0.1 0 0.1 0 0.2 0.2 0.3
Avec :
Ag : Agrumes PT : Pomme de terre
Luz : Luzerne Bet : Betterave à sucre
Cé : Céréales Nr : Niora
81
5. Efficience d’application d’eau d’irrigation
L’efficience d'application de l'eau en irrigation est calculée en multipliant le coefficient
d’uniformité par l’efficience d’irrigation.
L’efficience d’irrigation pour notre cas est égale à 87% puisque le sol est argilo-limoneux selon
les résultats des analyses du sol que nous avons effectué.
Exploitation AUEA Culture CU (%) EI (%) Ea (%)
E1 Mandariniers 62 87 54
Orangers 50 87 44
E2 Betterave 92 87 80
Luzerne 88 87 76
E3 Betterave 86 87 75
Maïs 81 87 70
E4 Céréales 93 87 81
E5 Pomme de terre 81 87 70
E6 Luzerne 92 87 80
E7 Al Ittihad Betterave 90 87 79
E8 Luzerne 90 87 78
E9 Niora 92 87 80
E10 Luzerne 89 87 77
E11 Betterave 93 87 81
E12 Luzerne 98 87 86
E13 Luzerne 95 87 83
E14 Luzerne 93 87 81
E15 Betterave 64 87 56
E16 Betterave 92 87 80
E17 Luzerne 92 87 80
E18 Luzerne 87 87 76
Al Omrania
E19 Luzerne 93 87 81
E20 Céréales 93 87 81
Tableau 10 : Calcul de l'efficience d'application d'eau d'irrigation
82
6.1. Évapotranspiration de référence
Nous avons pris les données climatiques disponibles de la station météorologique intégrée dans
l’exploitation E1, mais vu qu’ils y’a une rupture des mesures à partir du mois octobre à
décembre, nous avons eu recours aux données climatiques fournies par la station
météorologique Ouled Rahmoune.
Afin de calculer le besoin brut par cycle de culture qui s’étend jusqu’au mois de juillet et août,
nous avons eu recours aux données climatiques de l’année 2015 de la station météorologique
de l’exploitation E1.
Les deux stations météorologiques donnent la pluviométrie mesurée ainsi que les valeurs de
l’évapotranspiration de référence moyenne journalière calculées par la méthode de Penman-
Monteith.
Septembre Octobre Novembre Décembre Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août
ET0 111.5 80.8 44 34.9 38.72 51.6 80.5 108.3 119.9 175.2 163 161
(mm/mois)
Pluie 13.2 26 166 0 7.4 27.8 25.6 9.4 26.8 1 0 0.2
(mm)
Tableau 11: Données fournies par les deux stations météorologiques 2015-2016
83
Niora Avril Août 4426 81 5483
E6 Luzerne 12415 70 17684
Céréales Décembre mai 2940 70 4187
Olivier 5529 70 7875
E7 Betterave Octobre Mai 3294 80 4097
Niora Avril Août 4426 80 5506
E8 Petit pois Mars mai 2087 79 2657
Luzerne 12415 79 15804
Betterave Octobre mai 3294 79 4193
Céréales Décembre Mai 2940 79 3742
E9 Céréales Décembre Mai 2940 78 3758
Niora Avril Août 4426 78 5659
E10 Céréales Décembre Mai 2940 80 3677
Luzerne 12415 80 15528
Niora Avril Août 4426 80 5536
E11 Betterave Octobre Mai 3294 77 4273
Céréales Décembre Mai 2940 77 3814
E12 Luzerne 12415 81 15411
Olivier 5529 81 6863
E13 Luzerne 12415 86 14503
Céréales Décembre Mai 2940 86 3434
Betterave Octobre Mai 3294 86 3847
Fève Mars Août 5560 86 6494
E14 Niora Avril Août 4426 83 5361
Luzerne 12415 83 15038
Oignon Avril Août 5553 83 6726
Choux-fleur Février Juillet 5181 83 6276
Maïs Avril Juillet 3584 83 4341
E15 Betterave Octobre Mai 3294 81 4062
Fève Mars Août 5560 81 6856
E16 Betterave Octobre mai 3294 56 5906
Luzerne 12415 56 22263
E17 Al Céréales Décembre mai 2940 80 3681
Omrania Luzerne 12415 80 15545
Fève Mars Août 5560 80 6961
Niora Avril Août 4426 80 5542
E18 Luzerne 12415 80 15528
E19 Luzerne 12415 76 16422
Céréales Décembre mai 2940 81 3645
Betterave Octobre mai 3294 81 4084
Maïs Avril Juillet 3584 81 4444
E20 Luzerne 12415 81 15279
Céréales Décembre mai 2940 81 3618
Betterave Octobre mai 3294 81 4053
Tableau 12 : Calcul des besoins en eau des cultures chez 20 exploitations
84
La variation des besoins bruts des mêmes cultures d’une exploitation à l’autre, est due
principalement à l’efficience d’application d’eau d’irrigation. À titre d’exemple, pour
l’exploitation E1, la luzerne a un besoin élevé de 23 092 m3/ha/cycle, ceci est expliqué par sa
faible efficience d’application qui est de l’ordre de 54%, alors que pour E13, la luzerne n’a un
besoin brut que de 14 503 m3/ha/cycle, car elle a une efficience d’application égale à 86%.
85
E6 Luzerne 5 0.75 365 2433
Céréales 5 0.75 200 1333
Olivier 5 0.75 365 2433
E7 Betterave 24 0.4 230 13800
Niora 24 0.4 150 9000
E8 Petit pois 60 1.1 150 8182
Luzerne 60 1.1 548 29864
Betterave 60 1.1 230 12545
Céréales 60 1.1 200 10909
E9 Céréales 36 0.35 150 15429
Niora 36 0.35 225 23143
E10 Céréales 18 0.6 200 6000
Luzerne 18 0.6 365 10950
Niora 18 0.6 150 4500
E11 Betterave 30 0.28 288 30804
Céréales 30 0.28 250 26786
E12 Luzerne 24 0.2 365 43800
Olivier 24 0.2 365 43800
E13 Luzerne 36.67 0.6 365 22308
Céréales 36.67 0.6 200 12223
Betterave 36.67 0.6 230 14057
Fève 36.67 0.6 180 11001
E14 Niora 18 0.4 150 6750
Luzerne 18 0.4 365 16425
Oignon 18 0.4 150 6750
Choux-fleur 18 0.4 180 8100
Maïs 18 0.4 125 5625
E15 Betterave 18 0.5 460 16560
Fève 18 0.5 206 7406
E16 Betterave 18 0.5 307 11040
Luzerne 18 0.5 487 17520
E17 Al Céréales 30 0.5 133 8000
Omrania Luzerne 30 0.5 548 32850
Fève 30 0.5 90 5400
Niora 30 0.5 75 4500
E18 Luzerne 48 0.5 365 35040
E19 Luzerne 45 0.9 365 18250
Céréales 45 0.9 200 10000
Betterave 45 0.9 230 11500
Maïs 45 0.9 125 6250
E20 Luzerne 45 0.9 365 18250
Céréales 45 0.9 200 10000
Betterave 45 0.9 230 11500
Tableau 13 : Calcul des volumes apportés pour chaque culture
86
L’analyse du tableau ci-dessus, a montré que la variation des volumes apportés dépend du débit
d’installation et de la durée d’irrigation. Par exemple, pour le cas de la luzerne, les exploitations
E2 et E5 ont le même nombre d’heures d’irrigation par cycle, cependant le débit de E2 est
supérieur à celui de E5, ce qui explique la différence du volume apporté pour la même culture.
De même en comparant entre E7 et E17 qui ont le même débit par hectare de niora, mais le
nombre d’heures d’irrigation par cycle pour E7 est le double de celui de E17, ce qui justifie
l’écart entre les volumes apportés par cycle chez ces deux exploitations.
Le taux de satisfaction des besoins en eau est un indicateur qui renseigne sur le degré de
satisfaction des besoins en eau des cultures par l’irrigation.
Les résultats de son calcul sont présentés dans le tableau suivant :
87
Betterave 78.561 4193 12545 299
Céréales 78.561 3742 10909 292
E9 Céréales 78.213 3758 15429 411
Niora 78.213 5659 23143 409
E10 Céréales 79.953 3677 6000 163
Luzerne 79.953 15528 10950 71
Niora 79.953 5536 4500 81
E11 Betterave 77.082 4273 30804 721
Céréales 77.082 3814 26786 702
E12 Luzerne 80.562 15411 43800 284
Olivier 80.562 6863 43800 638
E13 Luzerne 85.608 14503 22308 154
Céréales 85.608 3434 12223 356
Betterave 85.608 3847 14057 365
Fève 85.608 6494 11001 169
E14 Niora 82.563 5361 6750 126
Luzerne 82.563 15038 16425 109
Oignon 82.563 6726 6750 100
Choux-fleur 82.563 6276 8100 129
Maïs 82.563 4341 5625 130
E15 Betterave 81.084 4062 16560 408
Fève 81.084 6856 7406 108
E16 Betterave 55.767 5906 11040 187
Luzerne 55.767 22263 17520 79
E17 Al Céréales 79.866 3681 8000 217
Omrania Luzerne 79.866 15545 32850 211
Fève 79.866 6961 5400 78
Niora 79.866 5542 4500 81
E18 Luzerne 79.953 15528 35040 226
E19 Luzerne 75.603 16422 18250 111
Céréales 80.649 3645 10000 274
Betterave 80.649 4084 11500 282
Maïs 80.649 4444 6250 141
E20 Luzerne 81.258 15279 18250 119
Céréales 81.258 3618 10000 276
Betterave 81.258 4053 11500 284
Tableau 14 : Taux de satisfaction des besoins théoriques
On constate que le taux de satisfaction diffère d’une exploitation à une autre et d’une culture à
une autre, ceci est expliqué par la variation des doses d’irrigation apportées selon la pratique
de chaque agriculteur.
L’analyse des résultats du tableau nous a conduit à déduire :
88
- Pour la luzerne 60% des parcelles étudiées sont sur-irriguées, car il s’agit de la
spéculation la plus importante dans la région, qui est destinée à la vente et à l’alimentation
du bétail ;
- En ce qui concerne les cultures céréalières, 86% des parcelles sont sur-irriguées, ainsi
que 100% des parcelles du maïs, parce que la majorité de la production est destinée au
marché ;
- Dans le cas de la betterave à sucre, 100% des parcelles étudiées sont sur-irriguées, cette
sur-irrigation est expliquée par le prolongement du cycle de la betterave chez certains
agriculteurs à cause du tour de récolte organisé par la COSUMAR, et également parce
qu’il s’agit d’une culture industrielle qui permet aux agriculteurs de compenser les
charges de production ;
- En comparant les apports et les besoins en eau des cultures maraîchères, on trouve que
69% des parcelles étudiées sont sur-irriguées, puisqu’il s’agit des cultures à haute valeur
ajoutée ;
- Cependant, l’unique exploitation étudiée E1 qui produit les agrumes, les sous-irrigue à
cause de la mauvaise gestion de l’irrigation et l’absence de l’entretien du matériel
d’irrigation qui date de 2005, ce qui explique sa faible efficience d’application.
89
CHAPITRE 4 : PERFORMANCES AGRO-ECONOMIQUES
Plantation ou - - 2000 800 2900 1600 580 2600 2100 820 2850
semis
Fertilisation 3000 3000 5240 4175 3425 5240 3150 4125 5240 3588 3600
Produits 700 700 510 1000 1300 360 750 1300 500 750 350
phytosanitaires
Coût de 2439 2439 1192 1485 3866 8181 2241 3900 9284 2543 3179
l'irrigation
Volume 7632 7632 3731 4646 12097 25597 7013 12203 29048 7958 9948
apporté
Coût de la - - 600 600 3000 600 600 3000 500 500 2500
récolte
Total des 6539 6539 9742 8260 14741 15981 7571 15125 17824 8401 12779
charges
Avant - - 26000 15000 29000 35000 16000 30000 32000 17500 40000
Revenus
(Dh/ha)
reconversion
Après - - 28000 16000 31000 36000 18500 33000 35000 19500 43000
reconversion
Taux - - 8 7 7 3 16 10 9 11 8
d'augmentation
(%)
La marge brute - - 18258 7740 16259 20019 10929 17875 17176 11099 30221
(Dh/ha)
La valorisation - - 5 2 1 1 2 1 1 1 3
3
du m d'eau
(Dh/m3)
Ratio coût- - - 3 2 2 2 2 2 2 2 3
bénéfice
Rendement 50000 6000 85000 55000 7000 95000 60000 6500 50000
(Kg/ha)
Efficience - - 13 1 7 2 1 8 2 1 5
agronomique
de l'eau
(kg/m3)
Tableau 15 : Calcul des indicateurs agro-économiques des 3 exploitations
90
Avec :
Ora : Orangers Man : Mandariniers Luz : Luzerne
Cé : Céréales Bet : Betterave à sucre
Ce tableau présente l’ensemble des charges dépensées par l’exploitant selon la culture
pratiquée comme le travail du sol, les semences, les fertilisants et produits phytosanitaires, le
coût de l’irrigation et le coût de la récolte. Ainsi que les rendements obtenus et les revenus
encaissés avant et après reconversion. Ces données sont nécessaires pour l’évaluation des
indicateurs agro-économiques.
1. La variation du rendement
Parmi les objectifs du projet de reconversion collective dans le secteur pilote est l’amélioration
des rendements de l’ensemble des cultures, donc nous avons procédé à l’évaluation des
rendements avant reconversion à partir des résultats de Laguig, 2014 et après la reconversion,
en se basant sur les réponses des agriculteurs enquêtés.
Les céréales par exemple ont un rendement de 55 q/ha en gravitaire, et ont augmenté jusqu’à
60 à 70 q/ha après reconversion.
Les rendements en matière sèche de la luzerne avant reconversion étaient de l’ordre de 17.7
t/ha, contre 50 à 60 t/ha après reconversion.
Le maïs a réalisé un rendement de 24.6 t/ha avant reconversion, qui a augmenté jusqu’à 50 t/ha
après reconversion.
Concernant la betterave à sucre, son rendement été de l’ordre de 62 t/ha et a augmenté jusqu’à
85 à 95 t/ha après la mise en place du projet.
Le système d’irrigation représente un facteur très important qui influence d’une façon
significative les rendements des cultures. Selon la comparaison des rendements, on constate
que l’irrigation localisée induit une augmentation des rendements par rapport à l’irrigation
gravitaire.
L’amélioration des revenus des agriculteurs est l’un des impacts socio-économiques prévus du
projet de reconversion collective dans le secteur pilote.
Le graphe suivant représente les revenus des trois exploitations enquêtées avant et après
reconversion :
91
45000
40000
35000
Revenu (Dh/ha)
30000
25000
20000
15000
10000
Luzerne Céréales Betterave Luzerne Céréales Betterave Luzerne Céréales Mais
E1 E2 E3
L’analyse de la variation des revenus est faite sur le taux d’augmentation des revenus générés
par les cultures lié au passage du gravitaire au localisé :
Les revenus réalisés par la culture de la luzerne et des céréales ont augmenté respectivement
de 3 à 9% et de 7 à 16% après l’installation du goutte-à-goutte, car ceci a permis d’exploiter
les surfaces qui étaient occupées par les seguias dans le cas du gravitaire.
Le revenu généré par la betterave à sucre a augmenté de 7 à 10%, grâce à l’augmentation du
rendement qui est due principalement à l’amélioration de la fertigation et du traitement phyto-
sanitaire après le passage à l’irrigation localisée.
3. La marge brute
D’après le tableau, on remarque que la marge brute varie d’une exploitation à l’autre et selon
la culture pratiquée.
À titre d’exemple, pour la luzerne la marge brute varie de 17 176 Dh/ha chez E3 à 20 019
Dh/ha chez E2. Concernant la betterave à sucre, la marge brute varie de 16 259 Dh/ha pour E2
à 17 875 Dh/ha pour E3. Lorsqu’il s’agit des céréales, la marge brute varie de 7 440 Dh/ha chez
E3 jusqu’à 11 099 Dh/ha chez E1. Le maïs réalise la plus grande marge brute qui est de l’ordre
de 30 221 Dh/ha, car il a un cycle de développement plus réduit et moins de charges de
production.
Cette variation des bénéfices réalisées est due à la conduite pratiquée par chaque agriculteur
d’une part, et aux moyens humains et financiers disposés en d’autre part. Comme par exemple
pour la betterave à sucre dont le prix varie en fonction de la teneur en sucre.
92
Le passage à l’irrigation localisée engendre une augmentation de la marge brute dégagée par
hectare et de la marge totale dégagée à l’échelle de l’exploitation puisque l’irrigation localisée
permet une augmentation du rendement et donc une augmentation du produit brut et d’autre
part une diminution des charges suite essentiellement à l’élimination de la main d’œuvre
responsable de l’irrigation, des engrais, du traitement phytosanitaire et du désherbage.
4. La valorisation du m3 d’eau
Cette partie a pour objectif d’évaluer la valorisation économique de l’eau par les principales
cultures rencontrées lors des enquêtes réalisées, et selon la disponibilité de l’information sur le
terrain.
Les productions végétales valorisent différemment le mètre cube d'eau d’irrigation, à titre
d’exemple le maïs réalise une valorisation de 3 Dh/m3, tandis que la betterave à sucre valorise
de 1 Dh/m3. Pour les céréales, la valorisation varie de 1 à 2 Dh/m3. La luzerne valorise l’eau
avec 1 à 5 Dh/m3.
Sachant que la technique d’irrigation est un facteur qui influence la valorisation de l’eau en
augmentant les rendements et en permettant une meilleure maîtrise et gestion de l’irrigation.
Ces valorisations de l’eau par les cultures peuvent être augmentées en diminuant les quantités
d’eau apportées. Comme déjà présenté précédemment, les agriculteurs sont en phase
d’apprentissage du système d’irrigation localisée et irriguent d’une façon dépendante du climat.
La valorisation de l’eau dépend aussi d’autres facteurs principalement la commercialisation
des produits. Les agriculteurs s’orientent vers les mêmes cultures ainsi la concurrence les
obligent à diminuer les prix unitaires et donc cause la baisse de la marge brute.
93
Donc, un agriculteur qui maitrise la technique d’irrigation, peut atteindre une meilleure
efficience agronomique de l’eau tout en économisant la ressource et en réalisant des
rendements élevés.
5. Ratio coût-bénéfice
Le ratio coût-bénéfice permet d’évaluer la rentabilité des charges de production. Par exemple,
ce ratio est égal à 2 chez les 3 exploitations et pour la majorité des cultures, ce qui signifie que
l’agriculteur a gagné un bénéfice net égal aux charges de production dépensées, à l’exception
de la luzerne de E1 et le maïs de E3 dont le ratio est égal à 3, c’est-à-dire que l’agriculteur
gagne comme bénéfice le double du coût de production qu’il a investi.
94
Conclusion
et recommandations
95
Notre travail a pour objectifs l’analyse des pratiques d’irrigation après la mise en place du
projet de reconversion collective au niveau du secteur pilote dans le Tadla ainsi que
l’évaluation des performances techniques et agro-économiques du système d’irrigation
localisée. Pour atteindre ces objectifs, nous avons réalisé des mesures sur le terrain, des
enquêtes auprès des agriculteurs sur un échantillon de 20 exploitations et des entretiens avec
les responsables de l’ORMVAT, ensuite nous avons calculé les indicateurs de performance et
les paramètres du bilan hydrique et de pilotage de l’irrigation.
Au terme de notre travail, nous sommes parvenues aux conclusions suivantes :
- À cause des problèmes de commercialisation et de saturation de marché, 70% des
agriculteurs enquêtés ont sauvegardé le même assolement après la mise en place du
projet ; dont 71% ne prévoient pas un changement dans les années à venir ;
- La majorité des agriculteurs enquêtés ont acquis des connaissances en matière de
fonctionnement du matériel de l’irrigation localisée. Nonobstant, 20% des exploitants
ont encore des lacunes et n’arrivent pas à utiliser le kit d’injection des engrais ;
- 45% des agriculteurs enquêtés possèdent des puits ou forages, dont 11% pratiquent une
utilisation conjuguée des eaux souterraines et des eaux de surface, tandis que 67%
utilisent rarement les eaux souterraines en cas de coupure d’eau à cause d’orages qui
provoquent la turbidité des eaux du barrage ;
- La plupart des agriculteurs enquêtés (90%), agriculteurs estiment que l’irrigation
localisée est la solution adéquate aux problèmes qui étaient posés par le gravitaire ;
- 80% des exploitants déclarent que leurs installations goutte-à-goutte présentent
certaines défaillances comme la mauvaise qualité des canalisations, l’espacement des
rampes de 80 cm, également la conception du réseau qui ne répond pas aux attentes des
agriculteurs. En plus, l’enroulement et le déroulement des rampes pose problèmes à la
majorité des agriculteurs. Ainsi 60% des exploitants souhaitent apporter des
améliorations à leurs installations goutte-à-goutte pour palier à ces problèmes, à titre
d’exemple : réduire l’écartement entre les rampes et déplacer les portes-rampes du
milieu de la parcelle à son extrémité ;
- 65% des agriculteurs déclarent avoir bénéficié d’un accompagnement et d’un suivi
durant la mise en place du projet, dont 23% affirment que ces explications sont
insuffisantes et doivent être renforcées. Toutefois, 35% des agriculteurs n’assistent pas
aux ateliers organisés par l’assistance technique par désintérêt ou par manque
d’information ;
96
- 75% des exploitations mises en eau avant ou durant le 3ème trimestre 2015, ont assisté
à une augmentation de leur consommation d’eau d’irrigation après reconversion.
Cependant, 25% des agriculteurs ont réalisé une réduction de leur consommation allant
jusqu’au -96% après passage à l’irrigation localisée ;
L’analyse des pratiques d’irrigation des agriculteurs nous a permis de déduire que :
- Aucun outil de pilotage n’est utilisé au sein des exploitations étudiées, malgré
l’existence de stations météorologiques sur place, le seul moyen de déclenchement et
d’arrêt d’irrigation est l’appréciation visuelle de l’état hydrique de la culture et du sol ;
- Généralement, l’humidité du sol connait de légères fluctuations sur l’ensemble des
horizons de mesure, ceci est dû à la texture argilo-limoneuse du sol ;
- L’état hydrique du sol dépend de la fréquence et de la dose d’irrigation. En effet,
lorsqu’on apporte une moyenne à forte dose d’irrigation espacée dans le temps, on
assiste à une légère augmentation de la teneur en eau. Cependant, dans le cas d’apports
faibles à moyens mais successifs et fréquents, on remarque une augmentation
considérable de l’humidité du sol ;
- Les pratiques d’irrigation varient d’un agriculteur à l’autre et d’une culture à une autre
au sein de la même exploitation.
97
- La comparaison des rendements avant et après reconversion a montré que l’irrigation
localisée induit une augmentation des rendements par rapport à l’irrigation gravitaire ;
- Les revenus réalisés par les cultures ont augmenté de 3% à 16% après passage à
l’irrigation localisée ;
- La marge brute varie d’une exploitation à l’autre et selon la culture pratiquée, elle atteint
20 019 Dh/ha pour la luzerne, 17 875 Dh/ha pour la betterave à sucre et 11 099 Dh/ha
pour les cultures céréalières. Cette variation est due à la conduite pratiquée par chaque
agriculteur et aux moyens humains et financiers dont il dispose ;
- Les productions végétales valorisent différemment le mètre cube d'eau d’irrigation, à
titre d’exemple le maïs réalise une valorisation de 3 Dh/m3, tandis que la betterave à
sucre valorise de 1 Dh/m3. Pour les céréales, la valorisation varie de 1 à 2 Dh/m3. La
luzerne valorise l’eau avec 1 à 5 Dh/m3 ;
- L’efficience agronomique de l’eau d’irrigation varie d’un agriculteur à l’autre et d’une
culture à l’autre, elle de l’ordre de 1 kg/m3/ha pour les céréales, et de 2 à 13 kg/m3/ha
dans le cas de la luzerne. Quant à la betterave à sucre son efficience varie de 7 à 8
kg/m3/ha. Pour le maïs, il a une efficience agronomique de 5 kg/m3/ha ;
- Le ratio coût-bénéfice est de l’ordre de 2 à 3 pour l’ensemble des cultures pratiquées.
Pour compléter ce travail et étendre son utilité dans le domaine de la gestion de l’eau et son
économie, on recommande :
- La mise en place de compteurs individuels accessibles aux agriculteurs pour qu’ils
puissent suivre leur consommation en eau.
- Une homogénéisation entre les bureaux d’études et les sociétés d’équipement interne
pour standardiser les installations du matériel d’irrigation entre l’ensemble des
exploitations.
- La coordination entre l’assistance technique et l’ONCA, pour qu’il prenne le relai et
qu’il assure l’accompagnement après l’achèvement du contrat de l’assistance technique.
- Le suivi de la qualité environnementale des eaux et sols, ainsi que la gestion des déchets
plastiques engendrés par la mise en place de l’irrigation localisée.
- La sensibilisation des agriculteurs pour assurer la durabilité de leurs équipements.
- L’organisation des agriculteurs dans le cadre des projets d’agrégation, pour palier au
souci du marché qui constitue un obstacle à la commercialisation.
- Le renforcement de l’assistance technique par l’intervention des agents de l’ORMVAT
dans l’accompagnement et la formation des agriculteurs.
98
- L’amélioration de la filtration collective pour résoudre le problème de coupure d’eau
d’irrigation en cas d’orages.
- L’instauration d’une tarification incitative à l’économie de l’eau, avec un seuil maximal
de consommation au-delà duquel le prix du m3 devient plus élevé.
- L’organisation des séances d’alphabétisation et d’initiation au calcul, afin que les
agriculteurs puissent cerner les bases du pilotage d’irrigation.
- L’introduction des agriculteurs et leurs fils aux moyens de télécommunication et à
l’outil informatique pour la diffusion de l’information de l’avertissement à l’irrigation,
des dates et lieux des réunions et ateliers organisés par l’assistance technique ou
l’ORMVAT.
Notre travail constitue une ébauche à la recherche scientifique sur les thématiques suivantes :
- Le développement d’outils de pilotage et d’avertissement à l’irrigation simples et
maîtrisables par les agriculteurs dans le périmètre irrigué de Tadla.
- L’analyse approfondie sur les filières de la production agricole de la région et leur
circuit de commercialisation.
99
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RÉFÉRENCES WEBOGRAPHIQUES
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102
ANNEXES
103
IV. Charges d’exploitation :
Travail du sol :
Culture Propre matériel Matériel loué Nombre Nombre Coût de la Coût
de de la main main total
Désignation Gasoil Désignation Valeur journées d’œuvre/j d’œuvre/j (Dh/ha)
(Prix*Quantité) locative de
travail
Plantation ou semi :
Variété Dose de semi (Kg) Prix (Dh/Kg) Matériels Coût Main d’œuvre Coût
ou densité de ou coût des utilisés total
plantation (nombre plants Nombre Jours PU Coût
de plants/ha) (Dh/ha) travail/ha (Dh/j) (Dh/ha)
Fertilisation :
Culture date type Quantité (Kg) Prix (Dh/Kg) Coût total
Produits phytosanitaires :
Culture date type Quantité (Kg) Prix (Dh/Kg) Coût total
Irrigation :
Origine de l’eau Prix du m3 Coût de pompage Coût total
104
Récolte :
Culture date Nombre de main Coût de main
d’œuvre d’œuvre
105
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
Quelles sont les améliorations que vous souhaitez apporter à ce système ?
…………………………………………………………………………………………………
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Quels sont les services garantis par les AUEA ?
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Avez-vous bénéficié d’un accompagnement et d’un suivi après la mise en place du
projet ?
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Avez-vous des connaissances en matière de l’exploitation et de la gestion de ce
nouveau système ?
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Enquête auprès des sociétés d’assistance technique :
- Nom de la société :
- Superficie nette à équiper :
1) Est-ce qu’il y a un échange entre les agriculteurs et les représentants des sociétés
d’exécution du projet et d’assistance technique ?
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2) Comment assurez-vous l’accompagnement des agriculteurs pour l’utilisation des
équipements ?
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3) Avez-vous déjà réalisé des projets collectifs d’équipement interne en irrigation
localisée ? lesquels ? quelle superficie ? quelles spécificités ?
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4) Quels sont les problèmes rencontrés lors de la phase d’accompagnement des
agriculteurs ?
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5) Quelles sont les solutions proposées ?
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6) Est-ce que vous avez atteint les objectifs fixés et accompli vos rôles ?
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7) Quel est le degré de collaboration des AUEA ?
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Annexe 2 : Principe de mesure de l’humidité par la sonde capacitive
Un diélectrique est un corps qui peut emmagasiner de l’énergie électrostatique. Lorsqu’il est
placé entre les armatures d’un condensateur, un diélectrique parfait est susceptible de maintenir
constante une tension aux bornes de ce dernier sans autre apport d’énergie. On caractérise le
milieu par sa permittivité diélectrique relative :
𝜀 = 𝜀 ′ − 𝑗 𝜀"
Où :
ε : permittivité diélectrique relative (sans dimension) ;
ε' : composante réelle de la permittivité diélectrique relative (sans dimension) ;
ε'' : composante imaginaire de la permittivité diélectrique relative (sans dimension) ;
D’un point de vue physique, la partie réelle de la permittivité diélectrique relative traduit
l’aptitude du diélectrique à se polariser, la partie imaginaire correspondant aux phénomènes de
pertes diélectriques responsables du déphasage entre le champ appliqué et la polarisation
induite. Le principe de mesure consiste après introduction de deux électrodes dans le sol à
considérer du point de vue électrique le système ainsi constitué (sol et électrodes introduites)
comme un condensateur imparfait avec pertes, constitué d’une capacité parfaite (γ) et d’une
résistance disposée en parallèle (ρ). Le condensateur imparfait ainsi constitué est alors relié à
un circuit électrique oscillant situé dans le corps du capteur, dont on mesure la fréquence de
résonance correspondant à la valeur de la capacité introduite. Cette capacité est directement
reliée à la permittivité diélectrique relative du sol, par la relation suivante :
γ
⁄γ0 = ε′
Où :
γ : valeur de la capacité électrique (F) ;
γ0 : valeur de la capacité électrique à vide (F).
Alors que la résistance électrique globale du sol, assimilée à une résistance disposée en
parallèle, est reliée à la partie imaginaire de la permittivité diélectrique relative du sol par la
relation :
𝜌 = 1⁄𝜀" 𝛾 𝜔
0
Où :
ρ : résistance de fuite disposée en parallèle (Ω) ;
ω : pulsation (rad s-1).
(Paquet, 1965; TranNgoc Lan et al, 1970; Paquet, 1971; Ambrosino,1972; Tran Ngoc Lan et
al, 1972; Manière et al,1974; Tran Ngoc Lan et Jallet, 1974; Hamid et Mostowy, 1976;
Wobschall, 1978; Kuraz, 1981; Saxena et Tayal, 1981; Bell et al, 1987; Dean et al, 1987;
Campbell, 1990).
108
Annexe 3 : Protocole expérimental de la détermination de la densité
apparente
La méthode au cylindre
Matériel :
- Cylindre de volume connu ;
- Balance ;
- Étuve ;
- Récipient résistant à la chaleur.
Protocole
Résultats
Les différents paramètres peuvent être présentés sous forme d’un tableau.
On peut calculer :
𝑃𝑜𝑖𝑑𝑠 𝑠𝑜𝑙 𝑠𝑒𝑐
𝐷𝑒𝑛𝑠𝑖𝑡é 𝑎𝑝𝑝𝑎𝑟𝑒𝑛𝑡𝑒 𝐷𝑎 (𝑔/𝑐𝑚3 ) =
𝑉𝑜𝑙𝑢𝑚𝑒 𝑑𝑢 𝑐𝑦𝑙𝑖𝑛𝑑𝑟𝑒
109
La méthode au sable
Matériel :
- Éprouvette graduée ;
- Sable fin tamisé et calibré ;
- Balance ;
- Étuve ;
- Récipient résistant à la chaleur.
Protocole
1. Prélever un échantillon de sol humide à l’aide d’une cuillère ;
2. Verser le sable de l’éprouvette graduée dans le trou du sol vidé et le remplir jusqu’à ce
qu’il reprenne son volume avant prélèvement ;
3. Lire le volume du sable versé et qui correspond au volume de l’échantillon prélevé ;
4. Répéter ces deux opérations pour les 7 horizons étudiés ;
5. Préparer un récipient allant à l’étuve. Pesez le récipient à vide.
6. Vider l’échantillon de sol prélevé dans le récipient et peser l’ensemble.
7. Mettre le récipient avec l’échantillon à l’étuve pour séchage (105°C).
8. Peser à nouveau. La différence entre la masse humide et la masse sèche donne la masse
d’eau contenue dans le sol (et donc le volume).
Résultats
Les différents paramètres peuvent être présentés sous forme d’un tableau. On peut ainsi
calculer :
𝑃𝑜𝑖𝑑𝑠 𝑠𝑜𝑙 𝑠𝑒𝑐
𝐷𝑒𝑛𝑠𝑖𝑡é 𝑎𝑝𝑝𝑎𝑟𝑒𝑛𝑡𝑒 𝐷𝑎 (𝑔/𝑐𝑚3 ) =
𝑉𝑜𝑙𝑢𝑚𝑒 𝑠𝑎𝑏𝑙𝑒 𝑣𝑒𝑟𝑠é
110
Annexe 4 : Protocole expérimental de la détermination de l’humidité
à la capacité au champ
La méthode suivie pour l’estimation de l’humidité à la capacité au champs est basée sur une
relation établie par Gras (1957, in Henin et al.,1969) entre l’humidité équivalente et la
granulométrie.
𝐻𝐸 = 0.59 𝐴 + 0.16 𝐿𝐹 + 5.47 pour 𝐻𝐸 > 20 %
𝐻𝐸 = 0.51 𝐴 + 0.14 𝐿𝐹 + 7.35 pour 𝐻𝐸 < 20 %
Si 𝑀𝑂 > 1 % on ajoute 0.75 (𝑀𝑂 − 1) + 0.93
Avec :
HE : l’humidité équivalente ;
A : pourcentage d’argile (%) ;
LF : Pourcentage de limon fin (%) ;
MO : Pourcentage de matière organique (%) ;
L’humidité équivalente est une mesure approchée de la capacité de rétention de la terre pour
l’eau, c’est-à-dire de la quantité de l’eau retenue contre une succion de 1 bar ou 1 Kg/cm2 (pF
= 3) ou son équivalent théorique, une force centrifuge de 1000 g.
Matériel :
- Centrifugeuse spéciale ; la tête reçoit des boites métalliques plates (48 x 48 x 20 mm)
à fond grillagé ; la vitesse peut être réglée avec précision à 2240 tours par minute,
donnant une force centrifuge de 1000 g ;
- Balance à lecture automatique ;
- Étuve à 105 °C ;
- Boites à fond grillagé.
Protocole :
- Verser de la terre séchée à l’air ambiant et tamisée à 2 mm jusqu’à environ 2-3 mm du bord
supérieur des boites (environ 40 g). Placer les boites dans un bac et les humecter en versant
de l’eau du robinet sur une hauteur de 1 à 1.5 cm. Laisser la terre s’imbibera d’eau pendant
une nuit.
- Enlever les boites du bac, les mettre à drainer pendant 30 minutes sur une surface inclinée ;
- Placer les boites dans la centrifugeuse et centrifuger en réglant la vitesse à 2440 tours/min,
soit une force centrifuge de 1000 g pendant 30 minutes ;
- Après 30 minutes, sortir les boites grillagées et les mettre chacune dans sa capsule et la
peser, soit P1 en grammes ;
111
Mettre la capsule et boites à l’étuve à 105 °C et laisser sécher au moins une nuit. Refroidir au
dessiccateur puis peser, soit P2 en grammes.
Résultats :
𝑃1 − 𝑃2
𝐻𝑢𝑚𝑖𝑑𝑖𝑡é é𝑞𝑢𝑖𝑣𝑎𝑙𝑒𝑛𝑡𝑒 % = ∗ 100
𝑃2 − 𝑇
Avec :
P1 – P2 = Poids d’eau retenu par la terre en g ;
P2 – T = Poids de la terre sèche en g.
Dosage de la matière organique :
Estimation de la matière organique d’un sol par :
- La détermination du pourcentage du carbone organique puisque celui-ci constitue l’un
de ses principaux éléments ;
- Le report du résultat obtenu en de taux (%) de la matière organique.
Réactifs :
- Bichromate de potassium K2Cr2O7 [1N] soit 49.035 g/l d’eau distillée ;
- L’acide sulfurique (H2SO4) concentré ;
- L’acide orthophosphorique (H3PO4) concentré ;
- Diphénylamine (C6H5)2NH ;
- Dissoudre 0.5 g de chlorhydrate de diphénylamine dans 20 ml d’eau distillée, y ajouter
100 ml d’acide sulfurique (H2SO4) concentré et conserver dans un flacon brun ou à
l’obscurité ;
- Sel de Mohr [SO4Fe,SO4(NH4)2,6H2O](N/2) soit 196 g de sel de Mohr à transvaser
dans une fiole de 1000 ml contenant 200 ml d’eau distillée, y ajouter 20 ml d’acide
sulfurique (H2SO4) concentré, agiter énergiquement, ajuster à un litre avec l’eau
distillée et homogénéiser par retournement.
Principe :
La méthode d’analyse retenue au laboratoire est celle de Walkey et Black (oxydation à froid).
Elle a pour but d’évaluer le pourcentage du carbone de la matière organique oxydable et elle
consiste en une oxydation de celle-ci à la température ambiante par une solution de bichromate
de potassium une fois normale (K2Cr2O7 [1N]) en milieu sulfurique (addition d’H2SO4
concentré).
La réaction est facilitée par la chaleur générée au contact du bichromate de K avec l’acide
sulfurique concentré.
Le bichromate de K en excès (n’ayant pas réagi) est titré (dosé) en retour par un réducteur qui
est le sel de Mohr [SO4Fe,SO4(NH4)2,6H2O](N/2) en présence de la diphénylamine
(C6H5)2NH comme indicateur.
Mode opératoire :
- Peser un poids P (1.00 g < P < 5.00 g) de terre fine en évitant de prélever des racines (on
prend généralement 1 g) et le mettre dans un erlen meyer de 500 ml ;
- Ajouter 10 ml de bichromate de potassium K2Cr2O7 [1N] et agiter doucement l’erlen d’un
mouvement de va et vient ;
112
- Verser ensuite, d’un coup, 20 cc d’H2SO4 concentré dans la suspension, couvrir l’erlen avec
un verre à montre (car il y’a dégagement gazeux) et agiter pendant une minute ;
- Attendre 30 mn (temps d’oxydation) avant d’ajouter 200 ml d’eau distillée pour stopper la
réaction ;
- Additionner 5 ml d’acide orthophosphorique pour complexer le Fe ;
- Ajouter 3 gouttes de l’indicateur coloré (Diphénylamine (C6H5)2NH) ;
- Dosage avec le sel de Mohr sous agitation magnétique en laissant couler celui-ci goutte à
goutte au centre de la suspension ;
- Il s’agit d’un dosage en retour on va donc déterminer la quantité de K2Cr2O7 qui n’a pas
réagi avec l’H2SO4 ;
- Un échantillon prend la couleur sombre au contact de la diphénylamine, devient ensuite bleu
et vire au vert ;
- Le point équivalent (virage) sera repéré au moment opportun sur la couche supérieure du
liquide ou à travers le film de la solution provoqué par le tourbillonnement de l’agitation ;
- Noter le volume V du sel de Mohr versé au point équivalent ;
- En pratique, on recommencera les échantillons dont la chute de burette n’est pas comprise
entre 5 et 15 ml de sel de Mohr ;
- Traiter un échantillon témoin à blanc sans terre au même temps et dans les mêmes conditions
et noter le volume T du sel de Mohr versé au virage (on gardera le même témoin pour les
mêmes réactifs).
Matériel :
- Bain de sable ;
- Dispositif pour filtration ;
- Balance de precision ;
- Bêcher ou erlen meyer 500 ml ;
- Pèse substance ;
- Verre de montre ;
- Filtre Buchner, papier filter.
Réactifs :
- H2O2 15 vol ;
- H2O2 30 vol;
- HCl 1/10;
- HCl 1/5;
- KCl 0.02N.
Peser de 10 à 12g (texture équilibrée) ou de 20 à 25g (texture grossière) de sol à l'aide d'une
pèse substance et les introduire dans un bêcher ou un erlen meyer de 500ml. Ajouter 20ml
H2O2 15 vol et agiter de temps en temps, si la mousse formée (CO2) est trop abondante, on
113
peut la résorber par une à 2 gouttes de butanol. Lorsque le dégagement de CO2 est terminé,
on porte sur le bain de sable et on ajoute 10ml d'H2O2 30 vol. On recouvre d'un verre de
montre et on chauffe sans porter à ébullition, agiter de temps en temps. L'attaque est
terminée lorsque le surnageant est limpide et lorsque, seules, de petites bulles d'O2 se
dégagent. Porter alors à 100 °C pour évaporer H2O.
B. Pipette de Robinson
Matériel :
- Pipette de Robinson de 20ml reliée à l'eau ;
- Eprouvette graduée à 1000ml ;
- Capsules inoxydables ou en nickel ;
- Thermomètre 0-60 °C, chronometer ;
- Tamis 0.05 et 0.2mm ;
- Pipette de 10 et 20ml ;
- Mixer à couteau ou agitateur rotatif plan.
Réactifs :
- Hexametaphosphate de Na à 50%o (calgon) (Dispersant).
Mode opératoire :
L'échantillon de sol est mis en suspension dans 200ml d'eau distillée auquel on ajoute 10
ou 20ml de calgon (sable = 10ml, texture équilibrée = 20ml). On agite mécaniquement
quelques heures sur un agitateur rotatif ou on mixe à l'aide d'un mixeur à couteau (à 65%
de la vitesse maximale). On transfert la suspension homogénéisée dans une éprouvette
graduée à travers 2 tamis (0.200mm et 0.050mm) pour la séparation des sables et ne garder
pour la sédimentation que la fraction inférieure à 0.050mm. Le contenu de chaque tamis
est transféré dans des capsules tarées de 50cc que l'on met à sécher : Poids d et e
respectivement pour les tamis (0.2 et 0.050mm) et on complète à l'eau distillée. On prépare
de la même manière une éprouvette graduée témoin contenant 10 ou 20ml de calgon à 50%°
et 990 ou 980ml d'eau distillée. Dans cette solution témoin on plonge un thermomètre.
L'éprouvette contenant la suspension du sol est agitée par retournement successif et déposé
sur la paillasse. On déclenche immédiatement le chronomètre. Le prélèvement de 20ml, à
l'aide de la pipette Robinson sont effectuées à 10cm de profondeur. Les temps de
prélèvement dépendent de la température et surtout de la dimension des particules que l'on
veut prélever.
114
Annexe 5 : Valeurs de Kr en fonction du taux de couverture Cs
(Belabbes, 2013)
115
Annexe 6 : Photos d’illustrations
116
Le dosage de la matière organique.
117
ملخص
انجز هذا العمل بالمنطقة السقوية لتادلة تحديدا بالقطاع الرائد ،الذي يمتد على مساحة 4045هكتار ،ويمثل هذا القطاع
التجربة األولى على الصعيد الوطني للتحويل الجماعي للري الموضعي في الهيدروليكية الكبيرة.
وهكذا يتطلب التفكير في تأقلم الفالحين مع هذه التقنية الجديدة وأداء نظام الري الموضعي على المستوى الهيدروليكي،
الزراعي واالقتصادي.
الهدف من هذه الدراسة في شقها األول يتمثل في تحليل إدارة السقي وممارسات الفالحين ،من خالل متابعة جرعات الري
وقياس نسبة رطوبة التربة باستعمال مسبار سعوي على مستوى 31موقعا ولمدة 90يوما بهدف تحديد التوازن المائي
للقطع األرضية الفالحية المدروسة.
الشق الثاني لهذا العمل ،يتركز في تقييم األداء التقني ،الزراعي واالقتصادي للمشاريع الري بالتنقيط ،عن طريق حساب
عدد من المؤشرات بما في ذلك :انسجام التوزيع ،مدى التغير في الضغط ،معدل تلبية متطلبات مياه الري ،كفاءة استخدام
المياه ،هامش الربح اإلجمالي ،تثمين المتر مكعب من مياه السقي ،الخ .القسم العملي لهذا الشق يكمن في إجراء مقابالت مع
المزارعين ،وقياسات ميدانية لفائدة 20ضيعة موزعة على الموقع الرائد.
أظهرت النتائج أن النظام المعمول به لديه أداء هيدروليكي جيد مثل 90٪ ،من المزارع المستجوبة لديهم انسجام توزيع
ممتاز إلى مقبول ،و ٪60يملكون كفاءة تطبيق مياه السقي مرضية .إال أن هذا ال يمنع وجود بعض المشاكل في بعض
المزارع مثل وجود تسربات ،انخفاض الضغط ( ،)25٪ضعف كفاءة استخدام مياه السقي لدى ٪40من المزارع واإلفراط
في الري لمعظم المحاصيل حيث أن معدل تلبية متطلبات مياه السقي يتعدى ،٪100الحتفاظ الفالح بممارسات الري
السطحي.
فيما يتعلق بالجانب الزراعي واالقتصادي سجلنا زيادة صافية في المحاصيل وتحسن الدخل بعد التحويل إلى الري
الموضعي على مستوى المزارع التي شملتها الدراسة ،على سبيل المثال الفصة حيث انتقل المحصول من 17.7طن /
هكتار إلى 60-50طن /هكتار ،باإلضافة إلى تحسين إراداتها من ٪3إلى .16٪
كلمات المفتاح :تادلة ،التحويل الجماعي ،ري الموضعي ،األداء التقني ،الزراعي ،االقتصادي ،إدارة السقي ،ممارسات
السقي ،رطوبة التربة.
118
اململكة املغربي ة
ROYAUME DU MAROC
26يوليوز 2016
Adresse : Madinat Al Irfane, B.P. 6202. Rabat – Maroc العنوان :ص .ب 6202الرباط المعاهد الرباط – المغرب
Tél : (00 212) 0537 77 17 58/59 الهاتف(00 212) 0537 77 17 58 / 59 :
Fax : (00 212) 0537 77 58 45 (00 212) 0537 77 58 45 الفاكس:
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