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ARISTOTE L’AVAIT BIEN DIT….

A mon père
A sa famille de sang
A nous tous

Nicole Ooms
ooms.renard@gmail.com
22 février 2019, Mérida, Yucatán, México.

Un de mes premiers souvenirs

J’ai 4 ans. Je suis assise sur un long banc de bois, dans la salle de gymnastique de la grande école où
mon papa donne des cours de mathématiques. Ce n’est pas ma petite école communale dans la
cour de laquelle je me couronne les genoux deux fois la semaine sous les yeux de Madame Birette
et de Mademoiselle Lahaye. Non, c’est la grande où il y a cette immense salle pleine de bois brillant,
avec des espèces d’échelles collées aux murs et des bancs. Papa m’a dit qu’il avait une répétition de
théâtre avec des élèves. Ils sont trois, deux jeunes gens et une jeune fille, et papa leur parle d’une
histoire de gens qui disparaissent pour ne plus réapparaître. Mon regard va, du groupe, à l’autre
extrémité du banc sur lequel je suis assise et où sont placées dix figurines de plâtre blanc, dont les
ébauches de visages sont peintes en noir. Mon père et trois de ses élèves travaillent sur Les dix
petits nègres d’Agatha Christie, une histoire résumée sous la forme d’un dialogue en français par
mon père en 1962, pour les célébrations de fin d’année de son Athénée. Mon papa parle, il gesticule,
il explique des choses à ses élèves, et puis il les fait parler. Au début ils ne bougent pas, ils ont l’air
de ne pas savoir quoi faire, ils sont là les bras ballants, et puis petit à petit ils commencent à réagir
à ses indications, ils s’agitent eux aussi, mon papa s’anime, il ouvre la bouche pour leur montrer
comment ouvrir la leur, il sautille, dit oui, non, pas comme ça, voilà, très bien, ATTENTION, allez,
plus fort! Encore une fois! Et ses élèves eh bien les voilà qui se mettent à rire, à respirer, à bouger,
à entrer et à sortir comme s’ils venaient de construire une maison dans cette salle, et plus le temps
passe et plus ils se transforment. Ils ont changé, papa en est ravi, ils continuent, ils deviennent
méconnaissables, comme mon papa qui ne se tient plus de joie, saute, ouvre les bras, s’esclaffe, et
conclut : jeunes gens, le mystère s’épaissit !

Je suis prise par tout ce que je vois, tout ce que j’entends, au point que je commence à m’inquiéter
vaguement. Et si les petites figures de plâtre alignées non loin de moi se mettaient soudain à parler
et à bouger elles aussi? Il vaut peut- être mieux ne pas les perdre de vue! Sans faire de bruit, je
m’éloigne d’elles le plus possible, je me glisse à l’extrémité du banc, pour pouvoir embrasser le tout
du regard: mon papa, ses trois grands élèves, et les dix petits nègres.

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Un autre souvenir

“Allez les enfants on y va!”

Cette phrase, dite et redite, annonçait une cavalcade: on va où? Acheter la viande que papa aurait
dû acheter il y a une heure mais qu’il a finalement oublié d’acheter? Partir de chez les Leblon pour
rentrer chez nous? Courir derrière lui pour arriver à l’école à temps?

« Allez les enfants on y va!”

Cet après-midi- là, il fallait trouver du pain. Il s’agissait de faire plaisir à maman – une consigne qui
au fil du temps allait, chez nous, se transformer en axiome- à une heure où les boulangeries avaient
fermé leurs portes. A une époque où les supermarchés n’existaient ni à Chimay, ni à Couvin, il n’y
avait qu’une seule solution: avoir recours à des particuliers. Et nous voilà partis tous les trois en
courant derrière papa qui avait déjà pris les devants et nous attendait dans la voiture. Michèle
devant, Pierre et moi derrière. Il y avait un peu de soleil ce jour-là et la première partie de
l’expédition n’a pas tardé à se transformer en succès: qui de nous avait eu vent de la présence de
pain dans le congélateur de la famille Lompretz? Toujours est-il que la maman de Paul, mon
camarade de classe, qui avait ouvert la porte à papa, réapparut sur la terrasse de sa belle maison
avec son chignon monumental qui lui allait très bien, et un pain entier dans les mains.

Restait à transformer ce pain dur et froid en quelque chose de présentable.

« Allez les enfants on y va! »

Papa prit l’Avenue de Couvin et puis on s’est dirigé sur Bourlers. Il nous a dit d’ouvrir les fenêtres
de la voiture, il s’est arrêté, a séparé les tranches de pain une à une avec les clefs de la voiture, et il
nous a recommandé de les agiter au dehors en prenant garde de ne pas les briser, comme si
c’étaient des petits drapeaux ou plutôt des éventails ¡ Nous nous sommes tous les trois pris au jeu:
je trouvais ça très amusant!

Papa une fois de plus, avait en un clin d’oeil et comme par magie, transfiguré la vie quotidienne.
Heureux -a dit Sonia Duquesne- qui a croisé sa voie enchantée! Et ce jour-là nous avons mis dans les
mains de maman un pain remis en ordre et bien frais, c’était le cas de le dire, et papa a reçu ce qu’il
prisait le plus au monde: le sourire de maman!

Le mystère Jean-Marie François Ooms Jonckheer

Papa était quelqu’un de remarqué et de remarquable. C’était d’ailleurs aussi quelqu’un qui se faisait
remarquer. A 22 ans, il recevait des lettres d’étudiants exprimant leur gratitude pour un travail
pédagogique intérimaire qui n’avait pas duré plus de deux mois. Il avait reçu en terminant ses études
universitaires, une proposition de bourse de doctorat de la part d’ un de ses professeurs, une offre
exceptionnelle à l’époque, et qu’il avait écartée sans hésitation en disant qu’il n’avait rien à inventer

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en matière de mathématiques. Tout Chimay a, pendant des générations, cru avoir quelque chose
à dire sur le comportement apparemment excentrique de cet homme qui s’était fabriqué un
personnage perpétuellement en mouvement, apparemment distrait, qui dans les épiceries
demandait avec un accent anglais difficilement imitable et de toutes façons incompréhensible, un
savon que personne dans cette province n’associait avec la lumière du soleil, et qui n’attendait
jamais qu’on lui passe la note pour dire à celui ou celle qui la lui faisait, combien il lui devait
exactement. Il prenait plaisir à dépasser ses grands élèves en montant les escaliers de l’école en
courant, et être ainsi l’un des premiers à entrer dans sa classe. Et l’on aurait du mal à épuiser le
nombre d’anecdotes qui semblaient émaner de sa personne comme un fleuve intarissable. Papa
était un personnage public, certes, mais qu’en était-il de sa vie À LUI?

Papa était quelqu’un d’extrêmement discret et réservé en ce qui concernait ses racines et son passé.
C’était en partie parce que, en termes de généalogie tout au moins, il n’en savait pas grand-chose.
Ecoutez-le:

“.. ma généalogie, le fait est que j’en sais très peu de choses: mon grand-père maternel, Charles
Jonckheer, que j’ai connu, était comptable; ma grand-mère maternelle est morte neurasthénique:

Il n’avait donc pas connu sa grand-mère maternelle. Un jour que je lui parlais d’un ravissant café des
années 20 qui flanque l’un des côtés de la Bourse de Bruxelles, et où m’avait emmenée un amant
qui me fut particulièrement précieux, Gérard Preszow, son oeil avait soudain brillé: “Le Cirio?” s’est-
il aussitôt exclamé “Ça alors, mais c’est formidable, tu as connu le café où mon grand-père était
caissier! Il était fort bel homme, et on m’a raconté qu’il aurait rendu sa femme folle de jalousie!”
Charles Jonckheer était-il comptable ou caissier, sa femme était-elle morte de jalousie ou d’autre
chose? Sont-ce des questions qui valent la peine d’être posées?

Ecoutez-le encore, parlant cette fois d’Edmond Ooms:

“.. le grand-père paternel gérait une entreprise de peintres décorateurs dans la grande maison où
je suis né, tout au bout de la chaussée d’Anvers, à Laeken (Bruxelles II) à proximité des ponts sur le
canal de Willebroeck, et la grand-mère y tenait café (concert le dimanche)- c’est là que mon père
s’est, très jeune, familiarisé avec le piano; quant à mon oncle François, frère majeur de papa, il est
mort “au champ d’honneur” dans les premiers jours de la guerre de 1914-1918-son nom figure sur
le monument aux Morts de Laeken.. et ma petite soeur est morte en bas-âge suite à sa mise en
nourrice “à la campagne””

L’Oncle François, nous le connaissions pour ainsi dire, car une très belle et très grande photo de lui
a traîné pendant des années dans notre grenier. J’ai un ou deux souvenirs précis de mes grands-
parents paternels, mais je ne les ai pas vraiment connus. Mon grand-père avait joué du piano à
l‘époque des films muets et peignait des toiles dans la rue. Il paraît qu’il vivait une vie de bâtons de
chaise et ne se souvenait de sa famille que quand il était en état de besoin extrême. Papa m’a
raconté qu’un jour il avait été réveillé par un vacarme du tonnerre de Dieu. C’était son père qui avait
fait tomber par terre tout le vaisselier. Marie Jonckheer, sa femme, était le soutien financier de
cette étrange famille, elle était employée des postes, et elle aimait terminer sa journée de travail
en allant boire, seule, une ou deux bières aux cerises, avant de rentrer dans l’appartement qu’elle
partageait avec son fils et leur chien Bobby. Elle aimait non seulement les chiens, mais aussi les
chapeaux, et pour se distraire, elle jouait tour à tour de la mandoline et du banjo. Quant à la photo

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de son premier enfant qui pour toujours resterait aux yeux de son petit frère la petite soeur
puisqu’aussi bien elle n’avait pas eu le temps de croître, c’est Michèle qui m’en a fait découvrir
l’image assez effrayante au premier abord, un bébé de moins d’un mois et dont il était difficile de
dire s’il était encore vivant ou bien déjà mort. De quoi était-elle morte exactement? Deshydratée?
Asphyxiée par du lait de chèvre? Est-ce important?

Il y peu, j’ai fait un effort pour regarder cette photographie en mettant de côté toute sensiblerie. J’y
ai vu un très joli visage, encore plus fin que le beau visage de ma grand-mère paternelle quand elle
était jeune, et j’en suis même arrivée à imaginer un bout de dialogue entre la tante Joséphine, de 7
ans l’aînée de Jean, au lendemain de son arrivée au 22 de la rue de Bourlers avec des petites
bottines, des bas résille, et un jupon qui lui allait à ravir, des boucles brunes coupées à la garçonne
et qu’elle agitait quand elle parlait, un chapeau avec lequel elle m’aurait laissée jouer, et un franc
parler qu’elle avait hérité de sa maman, et ce, juste au moment où ma maman à moi venait de
mettre au monde son troisième enfant, Pierre.

-Dis-moi mon petit Jean, qu’est ce qui t’arrive ?


-Mais de quoi parles-tu?
-Hier, ta femme t’a engueulé pour un rien et tu t’es laissé faire !
-Joséphine, tiens ta langue, je t’en prie ! Lucette est fatiguée : tu sais, les grossesses ne sont pas
faciles à vivre et celle-ci a failli l’emporter, c’est tout!
-Taratata ! Je sais ce que je dis, il est clair qu’elle te boude ! : t’as toujours été un nigaud en matière
de femmes, fais gaffe, mon Jeannot, ce genre de beauté, ça fait tourner les hommes en bourricots !
- Voilà une expression qui n’est pas poétique pour un sou, ma grande ! Mais non, tu ne sais pas de
quoi tu parles, tu ne la connais pas… Allez changeons de sujet, je t’en prie ! Et d’abord laisse-moi
t’embrasser sur les deux joues et laisse-moi te regarder, ma parole, mais tu es jolie comme un coeur !
Et quelle dégaîne !
Ils s’embrassent en pouffant de rire.
-Donne-moi des nouvelles de maman, s’il te plaît !
-Bah tu la connais, maman, tant que ça tourne tout va bien, mais le jour où ça n’ira plus..
-….je sais, elle se jettera dans le canal.. elle me l’a dit bien des fois !
-En tout cas, elle ne se laisse pas faire comme sa mère..
-Oui, quelle indépendance, c’est incroyable ! Tiens tu n’as pas apporté ton violon…
-Il a droit à des vacances tout comme moi tu ne crois pas ? De toutes façons, papa dit que je ne suis
pas douée pour ça, mais maman ne pense pas la même chose !
-Archets s’entend, elle s’y connait quand même mieux que lui, non?
-Tu devrais aller la voir, Jean, ça lui ferait plaisir…
S’avisant tout à coup de ce que je fais de son chapeau, ma tante Joséphine secoue ses boucles brunes
et s’exclame :
-Eh toi la petite, remets ces deux plumes où tu les as trouvées !

Comme dans les dix petits nègres, le mystère s’épaissit quand on passe au chapitre des passions de
mon père. Penchons-nous sur le faire-part de l’occasion qui nous réunit! Il y est question de
mathématiques, de musique, de littérature, de théâtre. Je me suis personnellement souvent
demandé quelle était la clef de voûte de cet alliage, si alliage il y avait. Son activité théâtrale s’allie
bien à l’idée que j’ai de sa timidité naturelle et de sa réserve: l’acteur se fait passer pour un autre,
ce n’est pas une imitation en termes de ressemblance mais en termes de substitution. En devenant
autre, on ne se montre pas directement. Et si on dirige une pièce, on fait en sorte qu’un autre sorte
de lui-même quelque chose qu’il est ...et qu’il n’est pas! Magie des pièces de théâtre que mon père

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montait dans tous les sens du terme puisqu’il écrivait les dialogues, imaginait les costumes, veillait
à ce que tout soit sur place (musique au besoin, accessoires) et en place (rideaux, planches, etc.).
Plus complexe est la relation entre la musique et la poésie. J’ai longtemps pensé que papa était un
poète en quelque sorte frustré, mais je me trompais lourdement. Ce n’est pas qu’il n’ait pas été
tenté par la poésie, mais il a dit avoir tellement fréquenté les poètes qu’il avait fini par préférer
emprunter leurs mots plutôt que de s’adonner à leur pratique. La clef de la relation entre poésie et
musique il me l’a donnée un jour per accidens: c’était parce qu’il était fasciné par la musique qu’il
aimait la poésie. C’est important ça, parce que la musique, même si elle peut prendre la forme de
la poésie, même si, comme dans l’Enfant et les sortilèges de Maurice Ravel, elle est associée à la
lettre, il s’agit, fondamentalement d’un autre langage qui n’est pas essentiellement verbal. Et cet
amour pour la musique per se, le rapproche bien évidemment de son père dont la technique
pianistique se passait de partitions, donc de symboles imprimés. Joseph Ooms était ce qui pour moi
est un véritable pianiste soit quelqu’un qui, sans intermédiaire visible entre ses doigts et le clavier
qu’ils touchent, improvise à l’infini. Et même si mon père avait caressé un temps le rêve de me voir
transformée en pianiste de conservatoire, je ne l’ai jamais surpris exprimant celui de jouer d’un
instrument ou l’autre, lui-même.

Jean n’était donc à ses propres yeux, et à son humble avis- son humilité ressemblait quelquefois à
de la vanité-, ni un mathématicien, ni un poète, ni un musicien, sinon un professeur de
mathématiques, un diseur de poésie, un directeur de théâtre et un grand amateur de musique.
L’énigme semblait résolue: il faisait tout cela très bien et excellait à communiquer ses
enthousiasmes, ce qui le rendait aimable aux yeux de beaucoup de gens qu’il faisait sourire et même
rire. Etant donné qu’aimer était, pour lui, synonyme de faire plaisir, quand on est content, on sourit,
tout naturellement.

Comme dans le cas de mon commentaire sur le Cirio qui avait suscité une confidence, laquelle lui
avait pour ainsi dire échappé, ce qui était peut -être le pot aux roses me fut un jour révélé encore
une fois par hasard. Nous avions en compagnie de nos parents et le plus souvent en Italie, découvert
beaucoup d’oeuvres d’art en général et de peintures en particulier, mais c’est lors de mes visites à
la National Gallery de Londres où je me réfugiais souvent- les musées londoniens sont gratuits-
quand la tâche combien ardue d’écrire une thèse de doctorat en anglais m’arrachait les yeux et les
méninges, que je découvris réellement Sandro Botticelli. J’en fis parvenir un bout de carton à mes
parents, et mon père sauta sur l’occasion tel un véritable ressort:

“.. merci pour le beau visage de la Vénus jaillie des eaux de Botticelli, sans doute mon peintre
préféré. Je suis particulièrement sensible à cette façon qu’il a d’élever la nature, de l’idéaliser. Et sa
“manière” de peindre m’enchante.”

La peinture ! La peinture qu’il m’a dit ensuite avoir voulue pour lui, mais pour laquelle il ne se croyait
pas doué. L’autre corde de l’arc de son père Joseph ! La peinture à laquelle il n’avait jamais touché
même si toute sa vie il s’était appliqué à faire des dessins au crayon et à l’aquarelle. Peut- être même
ne voyait-il pas un clair rapport entre les traits qu’il laissait de temps à autre sur une feuille de papier
et qu’il m’offrait quelquefois quand j’étais enfant, et cette pratique somptueuse où l’image et la
couleur l’emportent sur tout le reste. La peinture, l’image et le concept. Alors il faut tout
recommencer et repenser l’alliage. Botticelli, Firenze, le néoplatonisme de la Renaissance italienne,
la géométrie, Platon et son Timée, les polyèdres réguliers, les triangles élémentaires dont ils sont
formés…

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C’est en ce moment précis qu’il serait prudent d’arrêter de spéculer, et de songer à aller s’asseoir
au Lycée d’Athènes pour s’y reposer aux côtés d’ Aristote. Ce grand homme en effet, non seulement
disait qu’on ne pouvait pas penser la causalité ad infinitum sinon qu’il était également convaincu
qu’il n’y avait pas de science de l’individu. La science, toujours, nous pousse vers une généralisation
qui nous éloigne des particularités, de ce qui nous distingue des autres êtres humains. Accumuler
les images et les anecdotes autour de la personne de Jean ne nous donnera pas la clef de son
mystère. Peut- être même que, comme le dît jadis une de mes meilleures profs de philo,
l’Uruguayenne María Noel Lapoujade, ne fait-on, en cultivant la connaissance et en l’étendant, peut
-être disait-elle qu’on ne fait rien d’autre que faire croître le mystère.

Quoi qu’il en soit, mon père a eu une famille de sang que nous n’avons pratiquement pas connue,
dont il ne parlait pas ou peu, et au sujet de laquelle il m’est arrivé d’entendre des propos
désobligeants venant de sa famille « politique », comme on dit au Mexique. Peut- être serait-il
juste, en ce moment précis où nous célébrons la vie de Jean-Marie François Ooms Jonckheer, de
célébrer aussi celle de sa famille de sang, citadine certes, lointaine, et artiste comme lui. Notre tante
Joséphine, sa maman Marie qu’il aimait beaucoup, qui a traversé les deux guerres et qui l’a élevé à
peu près seule tout au long des cycles scolaires, université inclue. (La deuxième guerre était un sujet
de conversation chez mes grands-parents maternels, mais Jean, qui durant cette dernière, avait
entre 11 et 16 ans, n’y participait point et il ne m’a parlé qu’une seule fois des files interminables
qu’il faisait au grand jour, à Bruxelles, avec en mains, les tickets de rationnement, pendant que sa
mère travaillait en tremblant de le savoir ainsi exposé). Joseph, son père, ce Pygmalion paradoxal ;
Edmond et Charles, ses deux grands-pères et les femmes qu’ils ont aimées, et tous ceux qui en ont
fait la personne que Chimay a vue débarquer un jour en motocyclette : un beau jeune homme bien
éduqué, cultivé et responsable, au langage châtié, qui sans coup férir, s’est mis à faire du théâtre
en sus de ses attributions de professeur, et est tombé très tôt dans sa vie, amoureux du beau visage
souriant d’une petite jeune fille de province.

Épilogue

-Bon, allez les enfants, on y va!


-Où ça?
-Mais, au crematorium.. ah non ça, c’est déjà fait, au COLOMBARIUM!
-Mais papa…. !!!!
-Hop, il se fait tard : Michèle, Nicole, ah non Nicole n’est pas venue, Pierre, Sylvie, David, maman
nous attend avec Marie Paule, allez, on file !

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