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20/02/2019 Penser la transition éthique de l’urbanisme pour l’aménagement de villes durables.

Le cas de la France et de la Suisse

Éthique publique
Revue internationale d’éthique sociétale et gouvernementale

vol. 16, n° 1 | 2014 :


Enjeux éthiques des politiques publiques en matière d'environnement
Enjeux éthiques des politiques publiques relatives à des problématiques environnementales spécifiques

Penser la transition éthique de


l’urbanisme pour l’aménagement
de villes durables. Le cas de la
France et de la Suisse
R B

Résumé
Les transformations de l’État providence en État animateur ont conduit la puissance
publique à limiter ses capacités d’action dans le domaine de la gestion sociale de la ville
par l’urbanisme. Les ambitions éthiques au cœur de la constitution des théories et savoirs
de l’aménagement des villes au début du e siècle ont cédé le pas à un « oubli » éthique
que porte une vision néolibérale de l’évolution des sociétés. À partir de l’étude des cas
français et suisse, le présent article a pour objet d’étudier les conditions de mise en œuvre
de la transition éthique de l’aménagement durable des villes.

Texte intégral

1 Dans l’Europe de la révolution industrielle, la constitution des États-nations s’est


fondée sur l’émergence, entre domaine public et domaine privé, d’un nouveau champ
« social » dont l’enjeu fut d’intégrer « l’économie familiale et les activités ménagères
dans le domaine public » pour faire société (Arendt, [1958] 1961 : 85). Les défis que les
villes ont dû affronter au e siècle ont porté sur les questions d’hygiène, d’accès à
l’emploi salarié, à la sécurité au travail, d’accès au logement digne, à la santé publique
et à l’éducation. La création des lois sur la gratuité des soins médicaux, la pension
vieillesse et l’assurance accident du travail par Guillaume Ier dans l’Empire allemand
entre 1883 et 1889, le développement des prérogatives municipales dans le champ de
l’hygiène et de l’instruction publique en Grande-Bretagne, l’émergence d’un social
municipalisme en Autriche, en Allemagne puis en France contribuent à faire de
l’urbanisme le champ disciplinaire de l’aménagement des villes. Les notions de
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solidarité et d’égalité des chances fondent dès la fin du e siècle le discours réformiste
urbain.
2 Bien que depuis une vingtaine d’années la recherche francophone puise dans le débat
anglo-saxon de la gouvernance les conditions d’un renouvellement des manières de
faire la ville (Le Galès, 1993), les questions éthiques dans l’urbanisme demeurent
absentes. En France, dans le système de la démocratie représentative, la participation
des habitants aux débats publics est présentée comme recelant les principes éthiques
nécessaires aux mutations du cadre bâti (Donzelot et Epstein, 2006). Préalable à toute
décision publique, la participation citoyenne est définie comme une pratique éthique du
compromis intégrant les intérêts particuliers dans un tout collectif (Talbot, 2006). En
Suisse, il est admis que dans le système décentralisé de la liberté communale et de la
démocratie directe, les citoyens suisses développeraient des principes éthiques qui
assurent la sécurité collective. Vivant dans un territoire politique de liberté, dans la
conscience de soi et de l’autre, ils auraient ainsi acquis un esprit civique accompli
(Gasser, 1976).
3 Au-delà des différences entre démocratie représentative et démocratie directe, le
présent article vise à réinterroger la place actuelle de l’éthique dans l’urbanisme. Peut-
on parler d’« oubli » éthique ? Dans quelle mesure la théorie du bien commun, relayée
par l’urbanisme, ouvre-t-elle la voie à une meilleure intégration des enjeux du
développement durable en matière d’équité et de solidarité sociales ? Cette réflexion
sera conduite à partir des conceptions arendtiennes du bien commun, du domaine
public et de la justice et du « principe responsabilité » déployé par Hans Jonas (1979).
Dans un premier temps, il s’agira de s’interroger sur les fondements éthiques de
l’urbanisme au moment de sa constitution comme savoir et discipline et sur les
conditions de sa disparition à partir des Trente Glorieuses. Dans un deuxième temps, il
s’agira de s’interroger sur les conditions de restauration aujourd’hui d’une éthique
renouvelée conforme aux exigences du développement durable des villes.

Les fondements éthiques de


l’urbanisme
4 Renvoyant explicitement au concept d’urbanité au sens classique de « capacité à vivre
ensemble », le mot urbanisme apparu en 1910 semble approprié pour faciliter dans une
logique réformiste « la paix sociale ». L’abandon des conflits entre classes et groupes
sociaux est conçu à partir de la construction d’un espace public de dialogue. Par ses
ambitions de solidarité entre riches et pauvres, il promeut l’intérêt général au rang de
philosophie politique. Son émergence laborieuse, tant en France qu’en Suisse,
s’explique par la résistance des élites bourgeoises qui se sont opposées à la constitution
d’un droit d’expropriation mettant selon elles en péril l’inaliénabilité de la propriété
privée.
5 Les ambitions éthiques de l’urbanisme furent au cœur des réflexions sur le
réaménagement des villes : « L’urbanisme peut et doit contribuer au progrès moral et
social » (Risler, 1916 : 271). En France, l’enjeu fut de faire de l’urbanisme une technique
à part entière de la gestion du social (Baudouï et Cohen, 1995). En Suisse, les
communes s’engagèrent dans l’aménagement de leur territoire en prenant en
considération les enjeux des nouvelles zones à bâtir, la protection des sites, des
paysages et des zones agricoles, le développement de réseaux urbains et de transport.
6 Le système politique français de la démocratie représentative et celui suisse de la
démocratie directe portent deux conceptions éthiques différentes. Le premier postule
que le positionnement individuel ne peut pleinement s’accomplir que par le relais d’une
institution qui intériorise les règles instituées et acceptées par chaque citoyen. À
l’inverse, la Suisse revendique une éthique de soi1, trouvant dans l’interaction avec
autrui les conditions d’une gouvernance démocratique et participative garante du bien
public. Le processus référendaire, institué comme droit civique, offre aux citoyens, aux
échelons communal, cantonal et fédéral, les moyens de soumettre à la votation
populaire un texte pouvant contester tout projet de loi.
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7 En France, les polémiques sur la reconstruction post 1914-1918 et sur l’échec de la


planification de la région parisienne de 1934-1939 ont exacerbé le débat politique de la
IIIe République entre partisans de la centralisation administrative et libéraux
favorables à la limitation stricte des missions publiques. Dès 1940, le régime de Vichy
dépossède les communes de leur pouvoir d’urbanisme et le confie à une délégation
générale à l’Équipement national (DGEN), ancêtre du ministère de la Reconstruction et
de l’Urbanisme (MRU) créé en octobre 1944 et rebaptisé en 1966 ministère de
l’Équipement. En Suisse, les logiques décentralisées en matière d’urbanisme sont
encouragées. Autour des années 1940, les cantons s’octroient les instruments de
l’aménagement du territoire. Ce n’est qu’en 1969 qu’un nouvel article constitutionnel
(article 22quater) donne à la Confédération les moyens « d’édicter par la voie législative
des principes applicables aux plans d’aménagement que les cantons seront appelés à
établir en vue d’assurer une utilisation judicieuse et rationnelle du territoire ». Si la
Confédération et les cantons peuvent, par voie législative et au nom de l’intérêt public,
engager l’expropriation privée, une autre disposition constitutionnelle adoptée le même
jour (article 22ter) garantit dans la Constitution fédérale la propriété privée. « Ces deux
dispositions constitutionnelles doivent dès lors être considérées comme de même rang
et se comprendre l’une par rapport à l’autre », la constitutionnalité de la propriété
privée limitant l’intervention de la puissance fédérale dans l’aménagement du territoire
(Donzel et Flückiger, 1999 : 571 sqq).
8 Deux conceptions éthiques opposent les systèmes politiques français et suisse. Dans
le premier cas, l’urbanisme renvoie à une éthique de type institutionnel, garante de
l’intérêt général. Elle s’appuie sur une éthique de la responsabilité de l’agent
administratif2. Dans la démocratie directe suisse, les valeurs éthiques de l’urbanisme
sont portées par les individus perçus d’abord comme citoyens éclairés dont les choix
sont responsables. Cette éthique individuelle se réfère au Contrat social rousseauiste et
trouve son accomplissement dans l’acte politique démocratique. Selon cette conception,
la volonté générale, pour être libre et non faussée, ne pourrait conduire à l’erreur. En
tant qu’entité, le peuple ne pourrait pas se tromper dans ses choix démocratiques.

Les limites de la raison éthique dans


l’urbanisme
9 La croissance économique, l’élévation continue du niveau de vie, la constitution d’une
classe moyenne tant en France qu’en Suisse, ont été les moteurs d’un « urbanisme de la
croissance », durant les Trente Glorieuses (1945-1973), prompt à résoudre les défis de
développement des villes. En France, la création en 1955 des zones à urbaniser en
priorité (ZUP) a répondu aux besoins de logements décents liés à l’exode rural vers les
centres urbains. La Loi d’orientation foncière de 1967 engage a posteriori l’idée de
service public d’urbanisme en facilitant un droit d’expropriation pour cause d’utilité
publique. Le renforcement de l’autorité jacobine de l’État au détriment des collectivités
territoriales fait cependant l’impasse sur la démocratie participative. Sur le plan
national, le réaménagement des villes satisfait aux conditions d’une éthique
institutionnelle de l’intérêt général défendue par les élites technico-administratives des
« grands corps de l’État » (Kessler, 1986). Avec un taux de croissance économique
annuel moyen de 5,05 % dans les années 1960, la France connaît une modernisation
économique et sociale rapide : fin des bidonvilles et des logements insalubres,
éradication de la tuberculose, baisse de la mortalité, allongement de la durée de vie,
accès pour tous à l’emploi et réduction des inégalités. Durant la même période, la
Suisse, avec un taux de croissance économique annuel moyen de 5,27 %, a atteint les
mêmes résultats. Devant l’explosion démographique, les cantons urbains se sont
engagés dans la construction de grands ensembles d’habitation. Toutefois, les
ambitions technocratiques de planification des urbanistes et décideurs ont été freinées
par les associations de quartier et les votations populaires qui revendiquaient la

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protection d’un art de vivre et le maintien d’une urbanité classique. Les outils
procéduraux de la démocratie participative ont bien fonctionné.
10 La crise économique mondiale des années 1970 marque une rupture majeure dans la
croissance des villes européennes. En France, si les centres d’échanges internationaux,
les cités d’affaires relèvent de la dynamique de la ville, il se constitue dans un même
temps des espaces de déqualification économique et culturelle marqués par la
relégation sociale. Au début des années 1990, les collectivités territoriales peinent à la
fois à être des moteurs de la compétition économique et à maintenir la cohésion sociale.
Le territoire urbain glisserait selon Allain Touraine de la « société de discrimination
vers la société de ségrégation » (1991).
11 Les populations immigrées se retrouvent prisonnières des grands ensembles de
logements que leur ont légués les populations ouvrières françaises ayant accédé à la
propriété privée.Au fil des décennies,les périphéries cumulent les handicaps : chômage,
échec scolaire, marginalisation sociale, incivilité et violences. Le sentiment d’abandon
ressenti (Kokoreff, 2008) engage le déploiement de formes de replis communautaires.
Peu à même de porter un projet de société juste sous la tutelle de l’État jacobin,
« l’urbanisme de la croissance » de la France s’amoindrit dans le tournant néolibéral.
La logique managériale du partenariat public-privé ouvre les conditions financières
d’un développement urbain qui se veut rentable. La fin de l’État providence ouvre la
voie à la crise du modèle républicain (Baudouï, 1992). L’exclusion sociale par
l’économique affecte les banlieues.
12 Avec les lois de la décentralisation de 1982, l’urbanisme redevenu une compétence
politique municipale ouvre la voie à une « démocratie de guichet » d’attribution
clientéliste des marchés de bâtiments et travaux publics et subventions. Celle-ci fausse
le jeu de la concertation démocratique (Donzelot et Estèbe, 1994) et fonde une
« République féodale » par le gouvernement des élites sans consultation démocratique
réelle (Coudert, 1991). Les décisions locales en matière d’urbanisme, pour être
contraintes par des coalitions d’intérêts ou des coalitions de causes d’acteurs spéci-
fiques (advocacy coalitions), modifient en cours de processus les objectifs initiaux.
Elles fragilisent le maintien de l’intérêt général. Quant à la « participation citoyenne »
vantée par les élus, elle se résume le plus souvent à une consultation préalable des
habitants qui ne peut remettre en cause le processus engagé.
13 Les prises illégales d’intérêts tels la corruption et le financement illégal des acteurs et
groupements politiques dans le domaine de l’urbanisme sont plus nombreuses. Par
exemple, à dessein de protéger son patrimoine familial, un ancien conseiller technique
du ministre des Finances est mis en examen pour détournement du tracé de la ligne à
grande vitesse Bordeaux-Espagne. La mutation de l’État providence en État animateur
dans le traitement des banlieues conduit la puissance publique à gérer ad minima les
interfaces entre acteurs privés et acteurs publics. Trente-deux ans après les émeutes des
Minguettes, la politique de la Ville n’a pas atteint les buts fixés (Donzelot et Estèbe,
1994). La mise en place de dispositifs de correction sociale, ayant pour mission d’inciter
les communes les plus riches à se doter de logements sociaux pour atteindre une mixité
sociale souhaitée (Loi d’orientation pour la Ville de 1991 ; Loi relative à la solidarité et
au renouvellement urbain de 2000) se heurte à la mauvaise volonté des acteurs
politiques touchés et à l’opposition des résidents les plus fortunés.
14 Société multiculturelle, la Suisse doit son succès au rôle historique moteur de ses
villes dans ses capacités à absorber la main-d’œuvre étrangère dans le triple registre de
l’accès à un emploi, à l’éducation et à la citoyenneté. En Suisse, plus de deux millions de
personnes ont de la descendance ou des origines étrangères. Aujourd’hui, un habitant
sur cinq est étranger. Un quart de la main-d’œuvre en Suisse est étrangère. Dans un
contexte de mondialisation, les causes de migration ont changé de nature. Au-delà de
leur structuration selon des logiques d’emploi et de rationalité d’offres, elles portent à la
fois sur les questions de réfugiés de guerre et de persécutés politiques ou encore de
migrations économiques clandestines. La variable importante en ce qui a trait à la
différenciation spatiale est celle de l’appartenance culturelle. L’accès sélectif des
arrivants selon leurs revenus et la nature des emplois accessibles engage des processus
divergents de localisation spatiale qui entraînent des diversités de situations peu
comparables les unes aux autres.
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15 La forte périurbanisation définit un processus de développement exogène au reste de


la ville, comme en témoigne l’émergence accélérée durant ces décennies de l’insertion
spatiale des nouveaux migrants internationaux selon un double processus de sélection :
richesse et appartenance culturelle. Les villes suisses rassemblent les individus par
groupes et communautés, selon des « affinités électives » choisies ou subies. Ces
analyses de la situation des étrangers en Suisse urbaine et des conditions de leur
ségrégation spatiale ne sont pas à dissocier d’autres mouvements structurels qui
touchent les villes depuis une vingtaine d’années. Au premier chef figurent une
fragmentation sociale accrue, une cohésion sociale affaiblie, la montée en puissance de
l’individualisme, l’émergence de la « nouvelle pauvreté » et la dilution du lien social (Da
Cunha, Leresche et Vez, 1998). En second chef, le mouvement hétérogène de l’embour-
geoisement des villes suisses se caractérise par la reconquête des centres-villes – de
Zurich, Genève, Bâle et Lausanne – par des classes supérieures, objets de promotion
immobilière privée (Rérat, 2008).
16 Un double processus de ghettoïsation est à l’œuvre. Le « ghetto subi » qui conjugue la
pauvreté et la précarité sociale définit un clivage spatial sur la base d’une ethnicisation-
relégation dans certains quartiers et communes. Le « ghetto choisi » (Pinçon-Charlot,
2007) de la construction volontaire de l’entre-soi3 engage la construction de
lotissements sécurisés pour les populations aisées, dérivés directement des gated
communities américaines. Avec la ségrégation sociale des villes suisses se font jour des
tensions importantes entre populations que traduit la montée de l’intolérance, de la
xénophobie et du racisme. Les dérives populistes révèlent l’incapacité de reconnaître
l’autre dans ses différences. L’instrumentalisation de la peur se focalise sur la figure du
migrant étranger au cœur des représentations – à fonction de repoussoir – de la
xénophobie. La triangulation causale – immigration, urbanisation et violence – fonde le
discours populiste suisse qui s’élève contre le « mythe de la multiculturalité »
(Mazzoleni, 2008 : 15 sqq). Les effets sur le fonctionnement de la démocratie directe
sont importants. Par exemple, le succès de l’initiative populaire de 2009 qui aboutit à la
votation interdisant constitutionnellement, sous prétexte de respect des règles
d’urbanisme, de construire des minarets aux nouvelles mosquées en Suisse. À l’exemple
des cas suisse et français, nous pouvons affirmer en conclusion qu’un « urbanisme du
repli » semble se dessiner. Celui-ci se révèle également en Suisse par la contestation
quasi systématique des projets locaux de quartier par les puissants associations et
mouvements associatifs qui refusent la densification urbaine pourtant nécessaire à la
préservation du paysage rural et naturel.

L’urbanisme et les enjeux du bien


commun
17 En Suisse comme en France, l’urbanisme, en tant que savoir et pratique sociale,
semble bien être menacé dans ses fondements originaux de partage, d’égalité et de
péréquation. L’éthique, qui selon Henry Maldiney « suppose nécessairement une
présence et de l’autre et de moi » (Younès et Paquot, 2000 : 22), est synonyme de
liberté d’être et de faire dans un esprit de tolérance et de justice. La défense de l’idée
d’égalité par l’urbanisme est aujourd’hui mise à mal. Au nom des exigences de
protection du territoire suisse, l’ancien journaliste Franz Weber lance l’initiative
populaire acceptée en mars 2012 de limiter à 20 % du parc des logements totaux le
nombre autorisé de résidences secondaires par commune. Pour endiguer la spéculation
foncière en Corse, le président du Conseil exécutif Paul Giacobbi propose de limiter
l’accès à la propriété foncière pour les non-résidents en l’intégrant dans le document
général d’aménagement de l’île (Padduc) devant être prochainement débattu par
l’Assemblée corse (Giaccobi, 2013). Serait-il donc impossible de concilier ici éthique
environnementale, éthique de soi et éthique de l’institution ? La recherche de l’équité
territoriale et spatiale se fonde de manière paradoxale sur la seule logique juridique de
la sanction. Celle-ci atteint par ailleurs aux droits fondamentaux de propriété et de

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liberté de se déplacer constitutifs de la Déclaration universelle des droits de l’homme de


1948 et de la Convention européenne des droits de l’homme de 1950.
18 Comment dépasser dans l’urbanisme l’« oubli » éthique, qu’il s’agisse de l’éthique
institutionnelle en France ou de l’éthique de soi en Suisse ? La perte du sens éthique ne
témoignerait-elle pas de la nécessité de résoudre « la disjonction privative entre le point
de vue individuel et le point de vue collectif » (Gauchet, 1995) ? Ce qui signifierait qu’il
s’agirait à la fois de lutter contre les formes de repli individualistes qui renvoient aux
pertes des qualités proprement humaines de ce qui fait société et de remettre au cœur
de l’action collective l’individu singulier dans ses capacités d’aller vers les autres sur les
bases de la responsabilité, de la tolérance et de la sollicitude.
19 Ces interprétations poussent à interroger l’urbanisme comme une catégorie pouvant
participer à la fabrication du bien commun. Elles nous resituent dans le paradoxe du
social décelé par Hannah Arendt. Par son appartenance à la société, l’individu réduit à
un être social perd ce qui le fonde comme être humain. Si la socialisation de chacun
peut être considérée comme une humanisation, elle est aussi déshumanisation. S’ouvre
alors le champ d’une gestion politique par comportements qui évacue derechef la
responsabilité morale certes d’abord en lien avec l’identité individuelle mais aussi liée
aux enjeux collectifs (Arendt, [1958] 1961). Cette thèse, qui rappelle les principes
foucaldiens de la gouvernementalité des citoyens dans l’État moderne (Foucault, 2004),
témoigne qu’il est vain d’appeler de ses vœux des comportements éthiques sans
requalifier l’urbanisme comme savoir, pratiques et fonction.
20 Dans sa description du monde moderne, Arendt ([1958] 1961) rappelle que les
difficultés de « faire société » procèdent, préalablement, de la rupture avec l’histoire et
de la brèche instaurée entre le passé et le futur. Si selon la philosophe la nécessité
de penser par-delà la brèche est évidente, elle se heurte dans les faits à la perte du sens
commun résultant de la construction de différenciations d’enjeux et d’intérêts entre
groupes sociaux qui activent des « frontières d’étrangeté » engageant moins le partage
que la discrimination et l’exclusion de l’autre (Arendt, [1978] 1987). Ces analyses
soulignent ainsi l’impossibilité ontologique de définir des solutions en matière d’équité
urbaine sans mettre en question le dépassement de la violence faite à l’autre dans le défi
renouvelé de la « sociation » (Vergesellschaftung), tel que le définit Max Weber (1956),
soit faire société dans une intégration de tous – l’étranger compris – sur la base d’une
convergence de points de vue sur des intérêts partagés tant en finalité qu’en valeur.
21 La philosophe le rappelle : la société n’existe pas dans l’effacement des différences et
singularités entre individus. Arendt renverse les attendus de l’analyse de la
discrimination raciale aux États-Unis. Le grand risque de l’implosion de la société
américaine ne résiderait pas dans la discrimination sociale, mais bien plus dans le
conformisme social :

La discrimination est un droit social aussi indispensable que l’égalité est un


droit politique. La question n’est pas de savoir comment abolir la
discrimination, mais comment la maintenir dans la sphère sociale, où elle
est légitime et l’empêcher d’empiéter sur la sphère politique et personnelle
où elle est destructrice.

22 C’est donc bien au gouvernement de « s’assurer que la discrimination sociale ne


diminue jamais l’égalité politique » (Arendt, [2003] 2005 : 171).
23 Nul doute que la solution doit être recherchée selon elle du côté du politique. Mais
pour avoir bien compris que tout dirigeant démocratiquement élu n’est que le reflet de
ses électeurs et pour avoir rappelé que la véracité ne peut figurer au nombre des vertus
politiques, Hannah Arendt réalise que la réponse ne viendra pas du changement des
élites politiques. Elle la situe dans le dépassement de la brèche instituée entre le passé
et le futur ainsi que dans la recherche de la part de responsabilité collective que chacun
se doit d’assumer en tant que citoyen actif (Arendt, [2003] 2005). De telle sorte que
pour elle, dans la proximité avec la pensée de Levinas, l’éthique de soi engage ipso facto
par le principe de « sollicitude » la responsabilité pour autrui (Levinas, 1982). C’est
bien dans ce mouvement d’interaction entre soi et l’autre que peut se construire, selon
Arendt, une éthique publique collective qui permet de se réapproprier le domaine des
affaires humaines.
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24 L’existence de la démocratie participative nous projette dans le domaine public, « le


lieu de l’excellence humaine ». Inspirée de la République athénienne, la démocratie
fondée sur le diptyque de la parole et de l’action, comme le rappelle Arendt, requiert un
lieu d’expression, voire de mise en scène de l’échange aux origines de l’engagement
intellectuel pour agir. C’est donc bien autour du bien commun, ce qu’Arendt désigne en
son temps comme « domaine public, monde commun », que se focalisent les enjeux de
la condition humaine du vivre en société. Le bien commun doit être pris dans la double
acception morale, d’une part de son opposition à l’intérêt particulier et d’autre part
dans la condition d’un enrichissement procuré en commun et se redistribuant
communément sur chacun (Lebret, 1947). À ce sujet, Arendt rappelle que le bien
commun « nous rassemble mais aussi, nous empêche, pour ainsi dire de tomber les uns
sur les autres » ([1958] 1961 : 89-93). A contrario, la fin du bien commun engage la fin
du politique et de la démocratie. Par sa faculté à penser le fonctionnement collectif de la
ville, son « utopie » de liberté et de mobilité, ses capacités de rassembler, de faire vivre
ensemble et de maintenir le dialogue entre habitants par-delà leurs différences,
l’urbanisme devrait pleinement participer à la constitution du bien commun qu’est la
ville. Il entre de plain-pied dans la théorie arendtienne de l’espace public en offrant la
pluralité humaine dans le double caractère de l’égalité et de la distinction. À l’inverse, la
définition du bien commun d’Arendt offre les conditions de qualifier ce qui n’en relève
plus en ce qui a trait à l’exigence de parole et d’action.
25 L’« urbanisme sans urbanité », ce qui relevait purement de la teknè de l’urbanisme
dans l’impensé de la démocratie du bien commun, devrait être éthiquement condamné
selon Arendt. Tel est le cas des gated communities qui affichent pourtant à des fins
publicitaires et promotionnelles l’entre-soi privatif comme valeur de socialité et
d’échange. Constitué en 2000 dans le Var, le domaine de Terre blanche, décrit comme
le paradis sur terre – « heureusement les anges ne sont pas les seuls à vivre au
paradis » –, signale de manière allégorique l’inutilité de l’espace public et la fin de l’au-
tre en tant que souci de soi4. À l’opposé, l’urbanisme de grande échelle de la
construction du logement de masse peut aussi être qualifié d’anti-urbanisme. Par souci
d’efficacité productive, il réduit l’être humain à des normes statistiques et
comportementales et lui décline toute capacité « d’être-au-monde » (Heidegger, 1952).
Alors comment joindre ces deux tendances ? Le développement durable serait-il une
réponse ?

Vers une éthique urbanistique du


développement durable
26 Partageant avec Martin Heidegger et Hannah Arendt la conscience de la finitude du
monde par la « surpuissance » excessive de la tekné prométhéenne et l’impuissance du
politique à la domestiquer, Hans Jonas (1993) définit la nature comme un bien
commun en tant que tel se situant au-delà même du rapport instrumental aux besoins
des humains. La nature offre à l’homme les conditions de sa durabilité sur la planète.
Cette interprétation métaphysique et quasi théologique, posant à l’homme des devoirs à
l’égard de la nature identiques à ceux à l’égard de Dieu, permettrait de définir une
éthique universaliste de la responsabilité du bien commun qui prend forme dans l’idée
que toute action doit demeurer compatible avec le maintien d’une vie authentiquement
humaine qui ne compromet ni la possibilité d’une telle vie ni les conditions pour la
survie indéfinie de l’humanité sur terre (Jonas, 1979). Le salut de l’homme justifie
l’arrêt de l’exploitation effrénée de la nature et de toute espèce vivante au profit de leur
gestion intelligente et raisonnable. De telle sorte que Jonas puisse revendiquer les
nécessités de la solidarité et de la responsabilité intergénérationnelle, invoquées dans le
discours transformationnel du développement durable, pour le maintien du bien
commun. Le « principe responsabilité » est né.
27 L’impératif catégorique d’inspiration kantienne déployé par Jonas pour la
préservation de la nature offre les conditions de compléter cette analyse de l’urbanisme
comme élément contribuant au bien commun, que nous avons engagée avec Arendt. En
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répondant aussi à « l’impératif d’avenir », qui fonde selon Jonas l’« éthique du futur »,
sans laquelle les hommes ne pourront reprendre leur destinée en mains, le
rapprochement entre nature et urbanisme est édicté par les nouveaux défis
environnementaux et sociaux du développement urbain, qu’il s’agisse de qualité de l’air,
de l’accès à des espaces verts ou encore aux ressources naturelles.
28 Faisant face à la lutte contre le réchauffement climatique, la ville doit assurer sa
transition énergétique pour atteindre la ville post-carbone. La « crise écologique
multiforme » oblige également les acteurs à œuvrer à la réduction des émissions de
CO2, à la limitation des mobilités, à l’intégration de l’agriculture en ville, à la
reconstruction des économies locales fondées sur la relocalisation et la proximité du
travail et des services, à la construction de la résilience des populations et des acteurs
locaux, au développement de nouvelles qualifications professionnelles… Bien que
compris, ces enjeux ne trouvent guère de débouchés dans la pratique urbanistique. Le
rapport d’enquête de la Cour des comptes sur la tempête Xynthia en février 2010 est un
document à charge contre les autorités publiques. Il témoigne du lien à instituer entre
le bilan humain dramatique, la perte de conscience de l’institution des menaces
environnementales pesant sur ces territoires et les faiblesses de l’action publique dans
les domaines de la prévention du risque inondation, de la limitation des zones
constructibles et de l’interdiction de permis de construire, de l’application des règles
d’urbanisme et de sauvegarde, mais aussi de l’information sur la menace et la gestion
de la catastrophe (Cour des comptes, 2012 : 175-176). En intégrant les principes du
développement durable, le vivre-ensemble pourrait se retrouver investi d’une
responsabilité quasi illimitée pour penser le devenir de nos sociétés.
29 Réexaminé par le philosophe quelques années avant sa mort, le « principe
responsabilité » est défini comme une éthique en soi tant celle-ci soumet l’individu par
la connaissance du bien et du mal à la liberté morale de faire l’un ou l’autre (Jonas,
1992). « L’éthique du futur » qui désigne « une éthique d’aujourd’hui qui se soucie de
l’avenir et entend le protéger pour nos descendants des conséquences de notre action
présente » possède néanmoins des prescriptions positives (Sève, 1990), soit celles d’une
invitation à agir dans la prudence, au cas et par cas dans la recherche du compromis
dans une vigilance renouvelée à chaque instant. Élément régulant la vie en collectivité,
l’urbanisme est à même de porter ces nouvelles orientations prescriptives lui
permettant d’assurer ses responsabilités d’équité et de justice intergénérationnelles.
30 En souscrivant aux injonctions éthiques de Jonas pour la nature, l’urbanisme
pourrait acquérir une dimension holistique qu’il ne possédait pas au début du e
siècle. Au nom de l’avenir de l’humanité, il devient lui-même une sorte de « droit » à
l’urbanisme pour tous et non plus simplement un droit de l’urbanisme. Il relègue les
approches utilitaristes au nom d’un impératif de solidarité élargi à l’humanité. Il
contient une obligation d’agir en tout point comparable à « la responsabilité comme
obligation de survie » développée par le philosophe (Jonas, 1993 : 66). Il ambitionne de
penser l’espace public nécessaire à une véritable démocratie dans une logique de
partage et d’égalité. En tant que bien commun qui définit l’avenir, il engage plus
nettement qu’il ne le fait aujourd’hui non seulement la responsabilité éthique de soi
pour autrui, mais aussi l’éthique de l’institution.

Conclusion
31 Penser la transition éthique de l’aménagement et le développement durable et viable
(Gagnon, 1994) des villes apparaît bien relever d’une priorité. Une double injonction
justifie cette transition. La première réside dans les conditions mêmes de faire la ville
qui ont radicalement changé depuis une trentaine d’années. Le dépassement de
« l’urbanisme de croissance » par un « urbanisme de la coproduction public-privé »
basé sur la négociation managériale a ouvert la voie à un affaiblissement des finalités
opérationnelles et ambitions éthiques de la discipline. La seconde est à rechercher dans
la mutation actuelle de l’urbanisme comme savoir de construction de la ville. Les défis
environnementaux du millénaire transforment ses contenus soumis à l’obligation de

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20/02/2019 Penser la transition éthique de l’urbanisme pour l’aménagement de villes durables. Le cas de la France et de la Suisse

promouvoir un développement durable économe des ressources énergétiques, intégrant


les principes d’équilibre entre input et output du métabolisme urbain, de préservation
des espaces naturels ainsi que de mixité et d’équité sociales.
32 La conceptualisation de l’urbanisme comme facteur de contribution au bien commun
apparaît répondre à l’« oubli » éthique observable dans les démocraties française et
suisse. Les réflexions engagées en son temps par Arendt sur le domaine public
permettent de réaffirmer les enjeux éthiques de l’urbanisme entendu comme savoir-
vivre ensemble de la démocratie et du dialogue citoyen. Les recherches de Jonas sur le
bien commun absolu renouvellent la façon de penser l’action publique. En définissant
l’action comme une responsabilité qui pose le devenir de l’humanité – quelle que soit la
nature de l’objet du débat –, ce nouveau type de bien commun met en difficulté tout
choix démocratique fondé sur le seul principe du maintien des intérêts acquis et
particuliers. Il condamne toutes les dérives d’un urbanisme de la relégation, qu’il soit
du reste produit par le système démocratique représentatif français ou par le système
de la démocratie directe suisse.
33 La recherche d’un « principe responsabilité » de l’urbanisme n’échappe pas aux
limites que Jonas perçoit au soir de son existence, de la qualification de la nature
comme bien commun absolu. Comment réduire la distance entre les nécessités de ce
bien et les conditions de sa mise en œuvre ? Si la démocratie demeure bien le seul
régime politique à même de porter la conscience publique des enjeux du
développement durable, aucune certitude n’est pour lui de mise sur la capacité du
citoyen, de l’acteur public et de l’homme politique de s’extraire d’intérêts matériels et
personnels. Comment « inculquer à l’homme des attitudes de vie moins cupides et
moins avides ? » Si l’homme ne change pas, « en quoi la démocratie pourrait-elle
arrêter la catastrophe ? » Le désarroi de Jonas est explicite. Bien que la solution aux
défis environnementaux mondiaux réside dans la construction démocratique d’un
consensus global, le philosophe s’avoue démuni en ce qui a trait aux modalités pour le
constituer. Bien que fondée dès lors sur l’exigence morale de « l’obligation de ne pas
céder à la résignation », « l’éthique du futur » n’ouvre pas sur les conditions opératoires
d’une nouvelle démocratie par l’urbanisme et l’aménagement à même de satisfaire aux
exigences d’une limitation des impacts du réchauffement climatique. L’échec répété des
conférences internationales depuis une dizaine d’années le signale cruellement. Sous le
poids des contraintes économiques et des lobbies en place, l’abandon progressif par les
États eux-mêmes de toute ambition en matière de limitation des gaz à effet de serre au
profit de la seule exigence de l’adaptation des territoires aux menaces attendues et de la
résilience des communautés témoigne d’un renoncement à l’idéal éthique de Jonas,
dans tout son potentiel de justice sociale et d’équité territoriale.

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Notes
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20/02/2019 Penser la transition éthique de l’urbanisme pour l’aménagement de villes durables. Le cas de la France et de la Suisse

1 Au sens d’Emmanuel Levinas, soit une éthique qui engage la responsabilité de chacun
par impossibilité de se dérober à sa propre responsabilité face au regard d’autrui
2 Au sens de Max Weber, soit une éthique qui engage la responsabilité du détenteur légal
d’une autorité qui obéit pour sa part à l’« ordre impersonnel » de l’État de droit.
3 L’entre-soi définit le processus d’individualisation renforcée conduisant les habitants à
se domicilier et à échanger au quotidien en fonction des critères d’appartenance au même
groupe social au chapitre des richesses et valeurs.
4 http://www.terre-blanche.com/immobilier/index.html.

Pour citer cet article


Référence électronique
Rémi Baudouï , « Penser la transition éthique de l’urbanisme pour l’aménagement de
villes durables. Le cas de la France et de la Suisse », Éthique publique [En ligne], vol. 16,
n° 1 | 2014, mis en ligne le 16 août 2014, consulté le 20 février 2019. URL :
http://journals.openedition.org/ethiquepublique/1404 ; DOI :
10.4000/ethiquepublique.1404

Auteur
Rémi Baudouï

Docteur de l’Institut d’études politiques de Paris et docteur de l’Institut d’urbanisme de


Paris, Rémi Baudouï est professeur ordinaire au Département de science politique et des
relations internationales de la Faculté des sciences de la société ainsi qu’à l’Institut des
sciences de l’environnement de l’Université de Genève. Il y enseigne les questions
d’urbanisme, de risques et d’éthique environnementaux.

Articles du même auteur


De la difficile émergence d’une controverse écologique – Le cas du dépôt des
munitions dans les lacs suisses après la Seconde Guerre mondiale [Texte
intégral]
Paru dans Éthique publique, vol. 18, n° 1 | 2016

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