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CARTOGRAPHIE CHEROKEE

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Ils parlent pour le tout petit pour cent que représente la minorité indienne, la moins
nombreuse, dans ce grand pays devenu les États-Unis.
Avec Diane, dès les premiers échanges, la communication fut simple basée sur la
confiance.
Une générosité se dégage d'elle, une vitalité, une forme d’enthousiasme dont me sens
proche.

Traduire est un exercice périlleux entre l’interprétation, la réécriture et... la trahison


que je dirais fidèle.
Véhiculer une culture (ses rites, ses paysages mentaux) et la transmettre dans une autre
langue à travers un texte poétique n’est pas toujours chose aisée.
Dans et entre les lignes, il peut se cacher plusieurs sens : symbolique, historique,
spirituel.

Des critiques américaines publiées prétendent que la poésie de Diane n’est qu’une prose
découpée en vers.
Il y a quelque chose d’excessif dans cette affirmation. L’on peut soupçonner un membre
d’une culture dominante qui à travers ses a priori, cherche à retrouver les standards de la
versification ancrés dans la tradition occidentale. À mes yeux la poésie de Diane, vers
libres ou prose poétique, est résolument contemporaine, expérimentale parfois même. Le
tout peut y être très incisif.
La forme, ou bien le style peuvent surprendre. Mais l’énergie est le dénominateur
commun.
Ses mots ont une force extraordinaire : ils ne reculent jamais, ils avancent
implacablement
Jamais larmoyants, parfois drôles et mordants, il donnent une voix à ceux que l’on a
rendu muets,ceux que l’on n’écoute jamais.
Depuis les marges elle essaie de trouver les paroles que des personnes ou bien des
créatures, exclues, prononceraient.

Diane se place souvent à l’intersection de l'ancien monde et du nouveau, observe ce qui


s’y passe, rapporte les fragments et les bribes entendus. La façon dont sonnent ses
poèmes illustre la manière dont le gens humbles parmi les Cherokee pourraient
grommeler, ou bien éructer, un anglais approximatif.
Un peu comme j’ai entendu, pendant mon enfance certains paysans de mon entourage
s’exprimer, à la limite de l’onomatopée, avec une économie de mots.
de grammaire et de syntaxe. Ses phrases font mouche comme une volée de flèches
lancées par l’arc de ses visions, arc façonné selon les techniques traditionnelles des tribus
: au sein des motifs ancestraux la fantaisie et la créativité sont de mise.
Diane explique son travail en soulignant qu'elle opère dans un « entre » :
entre les genres (poésie et prose, récit et théâtre) ; entre des systèmes de croyance
christianisme et religions indiennes; esprit occidental, rationalisme, et la mentalité
indienne non dualiste pour laquelle tout s’inscrit dans un cercle) ; entre les identités
(cherokee et origines allemandes sa mère).
Au travers de ses livres se profile un mouvement qui de la souffrance va vers la louange.
Elle veut reconnaître la richesse des éléments mélangés que matériellement la terre
nous offre, que métaphoriquement l’histoire de l’humanité nous convoque à vivre, à subir
et à sublimer puis à dépasser. Grâce à Diane Glancy il nous est possible d’explorer les
récits bibliques comme les mythes indiens à partir d'une sï profonde compréhension des
deux sources.
Son regard nous fait suivre un chemin de traverse où la beauté et la vérité sont âpres,
mais au bout duquel une forme de guérison est possible. En cela elle ne suit pas la
vague du New Age, elle n’opère aucun syncrétisme, elle offre une voix et une sensibilité
uniques. Elle joint sa voix originale au chœur des autres voix de la littérature américaine
contemporaine.
Diane est consciente de la perte qu’ont subie 'es nations indiennes mais elle chante la
dignité et la survie. Et elle interroge ses deux héritages. Comme de nombreux métis
devenus écrivains, elle reconnair que c’est la culture indienne qui l'a le plus nourrie. Les
titres de ses livres parlent d’eux-mêmes : Pushing the Bear ; Afier the Trail of Tears ;
Stone Heart : A Novel of Sacajawea ; The Reason for Crows : a story of Kateri Tekakwitha
; Designs ofthe Night Sky ,Native Storiers) ; The Man Who Heard the Land, etc.
Asile dans les plaines herbeuses

Médecine du Bison je veux parler bison. C’était un jour pour honorer.


Le troupeau marchait dans les grandes plaines. Cette façon qu’avait la horde de marcher.
Des petites bandes d’indiens suivaient. La façon dont ils dépendaient de nous.
Comment nous habillions leurs corps. Remplissions leurs estomacs. Fournissions les peaux
pour leurs tipis.
Nous leur parlions souvent. Grognions un langage qu’ils comprenaient.
Rien que nous ne leur ayons pas donné. Mais à présent on nous prend nos prairies.
Nos fauteuils de jardin et nos terrains. Débandade vers l’autre monde.
Le feu du conseil nous appelle au paradis. Le Grand Esprit parle par le canon des fusils
des soldats.
Ils tirent depuis les trains qui passent. Certainement l’Amérique était faite pour nous.
Souvenez-vous comment nous nous délections.
Décidions de la manière de fondre sur la prairie, le vent à nos oreilles.
L’esprit pur dans nos larges têtes. Noble le Grand Esprit quand il parlait. Yo.
Nous étions siens. Nous meuglions ses prières. Son vouloir
Si j’étais sur le point de raconter quelque chose à propos d’un voyage je parlerais
d’autres choses.
Elles ne sembleraient pas pertinentes. Si je racontais un voyage, il ne s’agirait pas de
celui-ci en particulier, mais je reviendrais à la première course du soleil entre les mains
du Grand Esprit.
Vous savez comment au début, il a tout brûlé, et le Grand Esprit a dû le lâcher.
Il a dû le laisser tourner de telle sorte que les êtres du ciel, les étoiles et les planètes,
les constellations du grand et du petit chien suivraient.
Au cours de leur trajet ils se refroidiraient. Ensuite je parlerais d’autres lieux. Et des
rapports entre les voyages.
Je parlerais de qui était là, ce qui nous a poussés vers ces endroits précis.
Comment chacun les a vus sur son propre chemin. J’irais à travers l’histoire de la
migration tribale.
Comment nous sommes partis d’un territoire autre que celui sur lequel nous sommes.
Je parlerais des ancêtres. Comment ils suivirent un bâton vers l’ouest.
Bien longtemps auparavant ils avaient marché vers l’est puis suivi la côte au sud-est.
Puis de nouveau vers l’ouest pour cause de déportation. Après quoi
Si j’étais sur le point de raconter quelque chose à propos d’un voyage je parlerais
d’autres choses.
Elles ne sembleraient pas pertinentes. Si je racontais un voyage, il ne s’agirait pas de
celui-ci en particulier,
mais je reviendrais à la première course du soleil entre les mains du Grand Esprit.
Vous savez comment au début, il a tout brûlé, et le Grand Esprit a dû le lâcher.
Il a dû le laisser tourner de telle sorte que les êtres du ciel, les étoiles et les planètes,
les constellations du grand et du petit chien suivraient. Au cours de leur trajet ils se
refroidiraient.
Ensuite je parlerais d’autres lieux. Et des rapports entre les voyages. Je parlerais de qui
était là, ce qui nous a poussés vers ces endroits précis. Comment chacun les a vus sur
son propre chemin.
J’irais à travers l’histoire de la migration tribale. Comment nous sommes partis d’un
territoire autre que celui sur lequel nous sommes. Je parlerais des ancêtres. Comment
ils suivirent un bâton vers l’ouest.
Bien longtemps auparavant ils avaient marché vers l’est puis suivi la côte au sud-est.
Puis de nouveau vers l’ouest pour cause de déportation. Après quoi
vous me diriez de ne pas en être traumatisée. Je vous dirais ma conception de l’histoire.
Ma façon globale. Et je parlerais de la nature de la parole. Vous n’auriez pas la patience,
pas le temps.
Je vous parlerais de la réciprocité en tant que principe général. Je ne serais pas pressée.
J’inventerais une histoire pour l’histoire de mon voyage.
Je dirais, nous pouvons même tirer cela du sol.

PENSIONNAT POUR LES INDIENNES

1.
Ramassez de la boue, voyez comme elle se répand dans l’eau.
Maintenant la terre nage, ne sachant pas ce quelle est, n’ayant pas ce qu’il faut pour le
savoir bien.
Secrétaires-bureaux, lits métalliques. Le linge que les filles lavent au pensionnat. Sur le
mur, le Christ au poteau, son pistolet pointé sur le monde. Je tourne les pages du livre.

Nous avons dormi avec ce Christ cloué au dessus de nos lits. Ce gisant, Christ bâton-
marchant, aussi proche qu’un clou dans la main.

2.

La longue pièce blanche devient parfois jardin.


Les fleurs des haricots, le soleil gazouillant au sol. Autrefois, il y a longtemps nous avions
migré.
Je détestais tenir ce qui se trouvait là, mais c’était assis sur mes genoux.
Il y a des moments, même avec le Christ, où je ne suis pas heureuse. Au jardin, près
delà rivière,
les criquets dans les rangs sont nos faiseurs de-hutte. Hier, le gardien a fauché les
chaumes de maïs,
les débris flétris de paille, quelques courges dans les rangs après le raid.

3.
Nous étudions la Bible dans une classe. Jael, la femme d’Heber, a cloué la tête de Sisera
au sol
pendant son sommeil. Je songe à la manière dont les femmes démembraient les soldats.
Une courge pâle dans le jardin sans bras ni jambes.
Ainsi en étudiant le Christ perforé, dont le sang avait coulé-couru, nous étions guéries.

Nous acceptons cette poignée de boue que nous extrayons de l’eau.


L’homme blanc, toujours plus nombreux qui arrive.
Après la classe nous gémissons à la pensée que le Christ crée-fabrique tout l’ensemble
des soldats.
Nous pleurons en dormant. Parmi les débris d’épis de maïs, l’amulette ombilicale d’un
jeune serpent.

4.

Deux-Coups et Secoue-les-Mains redonnent du mollet à nos récits.


Une vieille femme malade est alitée. Toute la nuit la chouette hulule dan? un arbre.

Son fils sort et lui tire dessus. I\n rentrant dans la maison il trouve sa mère morte une
balle
dans les côtes. A mon baquet je les écoute, tout en battant les draps.
Les ombres traversent la laverie en rampant au sol, grimpe ni au mur comme le font l
es roses trémières au jardin

5.

Au milieu de la route, une maison, une grange blanche, un poulailler, un hangar.


Nous nous tenons à la grille et regardons. Autrefois nous avions un autre monde,
mais il s’est trouvé très peuplé et nous avons tiré de l’eau ce nid de boue.
L’ombre de notre action, et nous sommes à présent abandonnés.

Le prochain monde est très loin. Nous nous sentons passer au tamis comme du grain.
Nous répandons le purin de mouton dans les plants de navets et de betteraves.

Un papillon blanc dans le cep de vigne, le rang des moutons sur la ligne.
Maison de printemps, hangar de pierres. Tout ce qui de nous se serait enfin.

Pâté en croûte

Mon arrière-grand-mère arrive par la porte de derrière.


Son visage raviné comme un cône de maïs, ses jambes ficelées avec du fil de fer,
ses membres supérieurs ayant été rapidement mis à part, les os démantelés, l’esprit
déplissé.
Elle se déplace autour de la pièce. J’entre, je pose ma main sur la table.
Elle est assise sur une chaise. Ses yeux sont soufflés par les vents solaires.
J’avais entendu la respiration râcler dans sa gorge pendant que je poussais le râteau
à travers la cour vide. Deux doigts sur ses mains tremblaient tomme en hiver les feuilles
sur l’arbre.

Les paroles chuintaient de sa tête. Do-ga-ske-v-se-gu-hanaugh. |e- haussais les


épaules, frustrée.

Comment lui dire, même avec les mots de son langage Cherokee, de ne pas survivre ?
Je posai sa main sur ma tête mais elle l’Ata. Elle n’est ni sourde ni aveugle !
Je vois sa peau de daim grignotée par les dents de loups. Ses pieds pistent des éclats
de comète.
Je mis la cuvette sous elle. Quelque chose comme de la graisse tache le plancher.

À cause du long voyage son cœur frémit à cause du


long voyage, je l’entends cahoter pendant qu’elle se calme.
Pendant un instant elle semble oublier où elle est et je lui tends un morceau de pain
devant le nez. Je lui passe mon assiette de pâté en croûte.
Elle sourit et je vois ses dents branler telles de vieilles étoiles.

Elle met la serviette sur son genou et prie. Wo-no-gah-le-sd. Elle pousse la tasse de ses
deux doigts.
Je la regarde manger. Bientôt je pointe l’espace des vastes plaines au bout de mon
portail.
Du pouce et de deux doigts elle trace un cercle.
Même l’univers est rond, et j’opine, en effet j’ai entendu dire qu’il l’était.
Je me demande quel virage elle a manqué pour être ici. Je vois mes pensées l’atteindre.

Elle s’arrête juste le temps d’une visite, se saisit de tout ce qu’elle pourrait emporter.
Sinon mes yeux à l’intérieur de ma tête ne l’auraient pas devinée.
Les petites boules de saindoux. Pssnah ! Elle crache puis enlève les miettes de la table.
J’observe le bison traverser sa joue. Sous sa peau de daim il y a des grappes de raisin
en guise de cage thoracique.
Dans sa poche, une carte des points de ravitaillement, signalés sur l’arc épais de son
itinéraire
selon lequel elle migre sans repos.

Asile dans les plaines herbeuses

Je me souviens qu’une fois le mari de ma grand-mère nous avait rendu visite,


elle avait dit que je pourrai écrire quand les enfants seraient élevés. Pendant ce temps
son petit-fils sans attendre part se battre, sans rencontrer d’autre obstacle que ceux
venant de l’intérieur. Certainement il m’a fallu tout ce temps, pour soulever le couvercle
qu’ils m’imposaient, j’étais à leur service.
Qu’est-ce qui importait?
Je trouve une mue de serpent à côté de la tondeuse. La transparence fragile ouverte au
niveau
de sa tête. Une robe friable. Délicate. Royale.
Quelque chose avec lequel les enfants auraient joué. Je la retourne entre mes doigts.
L’extrémité caudale est striée on dirait des rangées de livres sur une étagère de
bibliothèque.
Le sommet est encombré par de clairs galets roulant vers la mer.

C’est là que quelqu’un a mis la main dessus, quelqu’un a bondi vers celle-qui-saute là-bas
sur le gazon, elle se contorsionnait entre la lame de la tondeuse et le mur de la remise
comme si elle jouait un morceau de jazz. Est-ce la robe que Clytemnestre
portait après le sacrifice de sa fille Iphigénie, afin que les vents gonflent les voiles vers
Troie ?
Hélène la laide. Tout pour elle. Ensuite la langue enroulée de Clytemnestre claqua.

De retour en Oklahoma sur une route secondaire, 139 miles affichés au tableau de bord
je pense aux autres voyages quand je traversais les plaines sous l’orage / J’ai parlé aux
anges qui chevauchaient les pare-chocs / une nuit un bruit comme si on tapait dans le
moteur alors l’ange s’est arraché dans une torsion pour passer sous le capot pendant que
je conduisais / ils traversent les murs vous savez et le bruit s’est arrêté parce qu’il n’était
pas question que je tombe en rade sur la route la nuit / j’étais incapable de partir sans
cet échaffaudage de croyance / l’autre monde s’affaissait autour de moi comme une vieille
couverture Indienne / je ne survivrais pas à l’obscurité / l’un des anges portait un
bandeau l’autre une veste décorée des blasons de tous les états où il était allé / ils
disaient ki ye ki yipto les yeux des bisons stellaires au dessus de moi / je conduis sur
Christ mes genoux s’entrechoquaient imitant le bruit des feuilles de maïs séchées / je
sens la voiture s’élever les anges battent des ailes / celui dont il me semble que le nom
est Earl / celui de l’autre je n’en suis pas sûre / Jacob je suppose / celui qui ne regarde
pas toujours la route mais qui renifle le moteur /
essuie l’indicateur de température / plonge encore dans le carburateur / les insectes
volent des propres ailes de Chérubin et l’accompagnent / les yeux tous braqués en l’air
dans le noir / cette étoile brillante que Jésus regarde au travers de sa main trouée.

Pré à louer

J’aurais loué le pré si j’avais eu des chevaux, leurs sabots non ferrés pareils au vent
dans l’herbe tendre,
ils auraient été offerts en cadeau de mariage après une nuit passée à danser.
Mais l’aube dégrisée baigne le pré et je me souviens comment le mari souleva le voile
de la jeune mariée pour essuyer ses larmes. Pourquoi pleurait-elle en dansant avec son
nouvel époux,
avec son père et ses frères, son cœur battant la chamade, un galop dans sa poitrine.
Est-elle comme l’écureuil qui s’élance pour traverser la route et qui tout d’un coup, en
plein milieu, fait demi-tour? Souhaite-t-elle simplement attendre jusqu’à devenir une
vieille femme, une ficelle épinglée à la fermeture éclair afin de fermer jusqu’en haut sa
robe.
Si oui elle aurait une raison de pleurer dans le vide du pré à louer.

Premier Lieutenant de Marine

Quand tu es né je ne savais rien du monde spirituel, je n’ai pas su te bénir.


Et maintenant tu es sur l’océan pacifique sur ton bateau en route pour les Philippines.
Juste après le tremblement de terre. Et tu écris, Salut, tu es sorti du golfe Persique.
Je pense au chamboulement du monde. Je pense à toi, allongé sur la table à ta
naissance.
Je reviens à ce jour et pose ma main sur ta poitrine et te dis que ta vie sera longue
que tu verras l’océan un jour que tu le traverseras et que tu reviendras. Les Indiens,
tu le sais, peuvent changer de nom. Leur jour de naissance. Même les points cardinaux.
Le soleil ne se lève-t-il pas chaque jour à un endroit différent il se déplace vers le nord
en été
et revient ici l’hiver ? Tout n’est-il pas relatif? Je peux revenir en arrière et te bénir à la
naissance.

Je peux même déplacer les points cardinaux vers la gauche comme les Mayas.
L’est d’importance capitale est maintenant placé au sommet et quand tu navigues vers
l’ouest
ce n’est plus vers l’obscurité mais vers le nord purificateur.

Oh, c’est un grand confort de pouvoir manipuler


les choses. Tu as inauguré les années de mon devoir maternel. Une fille a suivi.
Mais c’est encore toi le premier à venir dans l’air froid et blanc.

Dormir dans ce qui sera maintenu

La ville champignon est un espace ouvert le desherbage est le résultat du déménagement


quand
êtes prêts à devenir une pièce,
mis en boîte pour le transport vous verrez quelque chose et quelque chose de différent
viendra à vous de manière que les circonstances sont de petites fenêtres
leurs rideaux, tel l'art humain soufflent les possibilités leurs dérives soulagent pendant
la pleine saison jusqu'à ce que sans pesanteur le sommeil soit maintenu dans la pièce .

VILLE CHAMPIGNON

La Voleuse de Pluie

La femme qui boit le lac est bonne elle dit la fraîcheur le sable
et la rocaille sur toute la surface du fond le lichen sur les falaises
elle y tient sa langue là d’où la saveur se répand au lieu
depuis la partie escarpée.

La buée en vol

Un bord rouillé à la fin de la projection dit votre amour du retour


ce qu’est en apparence le monde fait de génocides les morts inévitables
qui vont de pair ce qui a survécu en compagnie d’une envieuse croix
bien que peu soient ceux qui connaissent un espoir lucide
ou les oiseaux tués dans la calandre d’une voiture même petite
pendant une virée ce sont les sources de l’amour de la vie perspicacité
soudain pardon vous vous souvenez fragile
comme l’est la civilisation que vous subissez ici.

Pendant ce voyage : les montagnes du Colorado, celles que les Utes avaient traversées

Saviez-vous qu’ils étaient au courant que les Blancs avaient débarqué ?


Je ne le sais pas et ils ne savaient pas exactement qui venait mais ils avaient ressenti
l’intrusion d’un nouvel état de chose Epaw Kpaw. Une fois j’avais appelé mon grand-
père chef- des-tribus-battues-errant-les-mocassins-enfilés-aux mauvais-pieds.

Certains nouveaux objectifs auraient pu être nommés à la manière d’un néo-essayiste


quand il n’y a pas de nouvel objet à nommer enfin dans ce cas ils savaient qu’il y en
avait un malgré tout. Diurne. Le nom de la fleur et le plein jour qui se refermait entre les
bandes d’étoiles pâturant dans les champs noirs et transparents.

Pas la douce voisine qui arrosait ses fleurs, mais quelque chose qui aurait planté cette
boîte carrée de ciment et l’aurait appelée fondation.
Oh, il n’y a de place que pour laver le litige. L’essoreuse et la ficelle tendue sous le
plafond , et tachée aux solives qui soutenaient le plancher du salon un étage plus haut.

Une fois, à Church Camp dans le Colorado, nous n’avons pas voulu traverser
le Kansas sous la chaleur et prîmes la Trail Ridge au sommet des montagnes
pour descendre par la passe Berthoud maltraitée par le temps puis l’obscurité nous
rejoignit au Kansas.

El Jebel, Tabernash, Sawput. Je prononçais les noms des lieux que nous dépassions.
Mes ancêtres revenaient de la loge à sudation ebbulantas hautes herbes prairie-des
mules-fainéantes-allongées / avoir des prises grâce aux mots nouveaux / nouvelles
mamelles parfois les sons, pas les mots, suintant comme la graisse par-dessous les
aisselles des flingues.

Les mots sont des barres d’immeubles, les diurnes épanouies chaque jour, constituant le
jardin dans lequel nous gambaderons.
Errer ou gambader. Certainement du chahut. Nous nous désagrégeons par le nombril
et nous nous répandons comme le Christ sur la croix quand on lui a percé le flanc / ou
quand je tire la bonde de l’évier après avoir fini de laver les sous-vêtements et que
j’entends la bruyante aspiration.
Quand j’étends le linge au dessus de la flaque résiduelle et que dans les tuyaux éclate
une querelle pareille à la pluie d’après-midi dans les montagnes à Church Camp où j’ai
senti l’esprit tomber et que je ne connaissais pas le mot alors j’ai dit Ey co bah / eet / eet.
De toute façon ils savaient.
L’ombilic des ventres gonflés plisse là où nous plaçons notre souffle.

C’est ce que font les mots — ils détournent les seize heures piles. Sens dessus
dessous au sol son arrière-train fuit.

Le chat - on dirait ma sœur quand elle était un bébé en caleçon ou en justaucorps enflé
par la couche.
Maintenant le chat est un bébé que je tiens.
Il fut un temps où nos mots furent Kiva, où grand-père fut un chef, ensilant les morceaux
brisés de notre tribu.

La ruée en Okhlahoma

Cartographie

Dans ta patte je posais un crayon et t’aidais à le tenir


pour que tu puisses tracer ce à quoi tu pensais. Nous avons bougé le crayon.
Rien de plus que ton aisance.
Tu aurais pu dessiner un cercle
et j’aurais évoqué la tête
d’une souris ou d’un oiseau que tu aurais
déchiqueté
d’un coup de dent puis abandonné sur ton chemin. Tu aurais tracé une ligne et j’aurais
deviné ce que tu pensais.
Comment ça fait de ne jamais rire.
Peut-être aurais-tu tenu le crayon dans ta gueule pour me parler des champs alentour par
la fente de tes yeux jaunes,
la fourche de tes dents.
Précieux agneau, prends le crayon,
marque tes possessions coloniales,
ton ensilage révolutionnaire de haricots, ta réserve.
Ta carte complète.

Si les indiens arrivent rien ne commencera à l’heure


Il en faut du temps
pour que l’esprit des Indiens et du Bison traversent la grand-route.
C’était leur territoire.
Ils reniflent l’odeur de l’herbe
et attendent que le vent leur apporte des jambes de chair.
Les esprits des Indiens et du Bison ne traversent pas la route facilement.
Suivre les voies invisibles qu’ils empruntent prend du temps. Ils
luttent avec le nouveau monde qu’ils subissent.
Les os doivent être complètement nettoyés de leurs chairs et les peaux tannées.
Il faut faire des offrandes au Grand-Esprit.
Il faut du temps pour s’habituer à l’Espoir qui brille comme la surface d’Onion Creek.

Allez-vous-en

Tard dans l’après-midi, deux enfants de l’école maternelle qui vivent à côté sonnent à la
porte.
Elles demandent si ma fille peut jouer avec elles. Ma fille est au lycée et a précédemment
condescendu à leur parler, mais pour le moment elle choisit de rester dans sa chambre
quand je l’appelle. Même le chat accourt vers elles,
- ces deux reines miniatures en justaucorps des paillettes sur leur visage peinturluré qui
réclament ma fille, atteignent ici un domaine éloigné de leur royaume. Ah, peut-être
sont-elles la reine d’Espagne et sa sœur, s’enquérant d’une expédition lancée vers le
nouveau monde, et je suis l’Indienne qui les accueille avec une poignée de maïs.

Dette

Tu fabriques des ailes dans le hangar


toute la nuit durant
tu te tiens pareil à un homme-oiseau
à la proue de nos rêves
j’entends le flap de tes ailes
tirant le bateau jusqu’aux céréales ensilées
la lune de ton visage
au-dessus du champ des provisions
chef Unamak
dis-moi ce que tu vois
par-delà ta tête emplumée
les orbites de ton visage ne sont-elles pas i
par le battement de tes ailes
quel dieu carnivore es-tu
planant au dessus de nous toute la nuit
et nous quittant à l’aube
une goutte de sang sur ta lèvre ?
1. (ÉCRAN NOIR. LE BRUIT DU VENT. VOUUCH. LUMIÈRE SOUDAINE. LA PRAIRIE.
UNE FILE D’HOMMES À CHEVAL ET DANS CHARIOTS. PUIS LE NARRATEUR.)

Sa tête nerveuse tournée comme un tournesol sur sa tige. Son cheval fit un faux
départ.
Peut-être ne pouvait-il pas l’arrêter. Peut-être voulait-il continuer en avant.
Mais il s’est fait descendre ! Un homme partit au galop pour attraper le cheval.
Les autres ont éloigné le corps. La course vers des terres non distribuées dessinerait un
carré.
Vous connaissez le profil de la hachette. La casserole sur le réchaud. Une certaine
qualité narrative.
Un sens des années 1889. Le ciel et ses bottes à talons sur la terre.
La terre et ses mirages de chaleur au lointain comme le spectre d’une danse indienne.

2. (PRISE DE VUE DU NARRATEUR À CÔTÉ D’UNE TENTE MOBILE)

Je pensais que « les Sooners » signifiait ceux qui obtenaient en. premier le lot de terre
qu’ils convoitaient.
Mais non. Les Sooners étaient ceux qui faisaient un faux départ. Ceux qui l’ont fait et qui
s'en sont tirés.

3. (UN AUTRE NARRATEUR, MOI, D’UNE VOIX QUE JK NK PEUX RETENIR.)

À l’extérieur du musée des prairies de l’ouest, Altus, en Oklahoma. J’y étais quand un
de ces blizzards frappa.
C’est l’après-midi que cela a commencé, j’étais dans le musée. Voici une liste partielle :
forceps pour balles, une charrue à une seule lame, une pince pour arracher les dents,
une boîte à tabac Prince Albert.
Et dehors : la réplique de la première maison construite dans la prairie sans arbre.
Premièrement vous trouvez un fossé ou une pente sur ce terrain plat. Creuser. Empiler
des rochers les uns sur les autres pour une façade.
Voilà. Vous avez une maison d’une seule pièce. Décharger du chariot un lit, une table,
des chaises, un chaudron, une cuisinière. Enrouler de la viande séchée dans quelques
herbes de la prairie.
Cuire à cinquante degrés pendant les étés d’Oklahoma.
Sécher et congeler grâce aux blizzards hivernaux.
(Rapide embarquement le blizzard.)

4. (MAINTENANT LE NARRATEUR CHERCHE PROFONDÉMENT UNE VOIX EN LUI.


APRÈS UN MOMENT IL RENONCE TRISTEMENT UNE ÉMOUVANTE PRÉVISION.)
Tout ce chemin pour une pièce creusée dans un talus. Puis (APRÈS UNE SCÈNE QUE JE
N’AI PAS ENCORE DÉTERMINÉE)

une maison enterrée. Des perches striées enfoncées dans le sol dur pour maintenir les
murs enterrés.
L’herbe à bisons coupée dans la prairie avec une lame de charrue afin d’en faire des
bottes pour les murs.
Des sacs de farine cousus ensemble pour un plafond qui laisse passer poussière et pluie.
Les rats. La vermine. Les serpents.
Quelquefois le toit tombait, déjà il suspend le ciel de la prairie telles deux mains jointes
pour prier.
(ÉCOUTER LA DICTION POÉTIQUE. TRÈS FINE.)

ronflé et vagabondé. Nos veaux grandissaient au sein de notre force. Nous étions rois.
Nous acceptions la mort. Nous nous sacrifiions pour les Indiens. On nous appelle Grand-
mère bison.
Senorbuffalo. Mon duc buffalo. Herr Burgermeister Büffel. Bison le sauveur. L’universel
bison.

Certainement le Grand Esprit fut fait à notre image. Touchez-nous et vous verrez la face
de Dieu. Nos têtes furent des anges tombés dans les prairies.
Touchez-nous et vous entendrez le grognement de Dieu.
Certainement les anges chantent notre chant de la rumination. Ho ii yo. Les nuages
grondent au-dessus de nous.
Les courants suivent. La terre entière chante pour nous les errants. L’autoroute se
rappelle nos migrations.
Mettez vos pieds sur quatre petites roues. Roulez-nous sur la prairie vallonnée.
La créosote dans les fossés, noire comme nos muffles. L’herbe parfois aussi haute que
nos bosses.

5. (APRÈS QUELQUES BONNES SCÈNES DESCRIPTIVES NOUS SERONS PRÊTS POUR


L’ACTION.
VOUS AVEZ VU LES PHOTOS DES MAISONS ENTERRÉES DANS LA PRAIRIE. LA FAMILLE
DE DOUZE ENFANTS.
LE VIEIL HOMME. LA VIEILLE FEMME SUR DES CHAISES DANS LA COUR. ILS FRONCENT
LES SOURCILS.) (RETOUR SUR L’HISTOIRE QUE J’AI OUBLIÉE. TERRE RUDE VOUS
SAVEZ. D’AUTRES CHOSES Y PULLULENT.
LES INDIENS ATTAQUENT LE COMPTOIR EN ESPÉRANT TROUVER DE L’ALCOOL. LES
FEMMES VEULENT DU CALICOT.
ILS PENSENT QUE LES ESPRITS MALINS PEUVENT ENTRER DANS TOUS LES ORIFICES
ET SE COUVRENT LES OREILLES ET LE NEZ ET LA BOUCHE. MAINTENANT LE
GRONDEMENT DES CHARIOTS AU DÉPART DE LA DÉTONATION.
DE LA CONFUSION PARTOUT.)

6. (DE NOUVEAU MA PROPRE VOIX. COMMENT UN JOUR COMPRENDRE CELA ?)


Eh bien l’Oklahoma eut sa poignée parce que Texas et Kansas ne voulaient pas se
toucher pendant la guerre civile. Cependant plus tard j’ai entendu dire que ce n’était pas
vrai.
Mais que cela avait à voir avec le méridien. Peu importe. J’y ai repensé plus tard en
lisant une partie du journal de Paul Klee.
L’esprit me montra. Les arbres en pensée abstraite portés jusqu’à concret-gribouillis-
sur-toile.
(VOYEZ OÙ CELA VA ENCORE. JE COMMENCE À DIRE QUELQUE CHOSE PUIS BANG
IL Y A UNE DÉTONATION D’AUTRE CHOSE. INATTENDU. POÉTIQUE. VOUS NE PENSEZ
PAS ?
CES INDIENS AUX ESPRITS MALINS SE FAUFILANT DANS ET HORS DE LEUR NEZ.
VIORNE.
QUE PENSIEZ-VOUS QUE LA PRAIRIE FUT ? UN MORCEAU DE TERRITOIRE DÉSERT ?
PARTOUT J’AI VU LES ESPRITS DANSER ET LE VENT ARRACHER LA POUSSIÈRE AU SOL
EN TOURBILLONS.)

7. (LE NARRATEUR ENCORE)

Tu dois penser à eux maintenant.


Pas aux hommes-médecine, mais aux prêcheurs.
Si vous n’achetiez pas leur soufre, vous étiez un paria. Un exclu. Saisi.
Alentour dans la prairie des centaines de kilomètres l’isolement s’installe.

8. (MAINTENANT ET PUIS UN FLASHBACK, LA DÉBANDADE DES CHEVAUX, LEURS


SABOTS LEURS CRINIÈRES COMME UNE VOLÉE D’OISEAUX FOUETTANT LEURS
ENCOLURES.)

9. (UN AUTRE POINT DE VUE DU NARRATEUR, PEUT-ÊTRE UN DIALOGUE


INTÉRIEUR.
VENTRILOQUISME. UN TYPE ENTERRE SON PETIT-FILS. L’ENFANT EN BOIS SUR SON
GENOU QUE TOUT INTÉRESSE
MAIS. REGARDANT QUI SAIT LE CIEL DE CE SAMEDI OU BIEN DES CHIENS COPULANT
JUSTE LÀ DANS LA COUR.)

Nous hurlions vers le ciel pour qu’il se pousse du chemin.


Nous hurlions contre les chevaux.
Nous hurlions contre tout ce qui pouvait nous aider à courir.
Les caisses en bois que sont nos chariots nous secouaient
tel le Saint Esprit descendu.

(COMMENT VOUS TROUVEZ CETTE IMAGE ?)


(LA VIEILLE VOIX DU NARRATEUR PARLE TOUJOURS.)

Les champs labourés pareils à des peintures de guerre.


(NON NOUS NE SOMMES PAS ENCORE PRÊTS À CELA. VOYEZ DANS MES YEUX. UN LOT
D’INSATISFACTION
À PROPOS DE LA FAÇON DONT LES CHOSES VONT.)
La ruée pour la terre commença dur.

(ET JE ME BATS MOI-MÊME POUR RESTER EN DEHORS DE LA TEMPÊTE DE POUSSIÈRE.


UN ESPRIT DE 1930.
NOUS SAVONS TOUS CELA EN CET APRÈS QUE NOUS VIVONS. CES DIABLES FAISANT
LEVER NOTRE NEZ ENCRASSENT
NOS CERVEAUX)
(LE NARRATEUR FAIT UN NŒUD OU BIEN C’EST EN TRAIN DE S’IMMOBILISER SUR SA
TÊTE, LE CHAPEAU,
APRÈS QU’IL SOIT ALLÉ LE CHERCHER 12 FOIS PENDANT QUE JE TENTE UNE PRISE DE
VUE.)
La première nuit dans l’obscurité affreuse de la prairie.
(JE ME BATS POUR EMPÊCHER L’INTRUSION DES AUTRES. AIDEZ-MOI VOUS N’ALLEZ
PAS RESTER LÀ
AVEC LA CAMÉRA EMPOTÉ MAIS ME DONNER UN COUP DE MAIN SALAUD QUI ME
POUSSE DE TELLE SORTE
QUE JE ME RETROUVE HORS CADRE À L’ABRI D’UNE TALOCHE ?)

10. (QUOI ? MA VOIX DE NOUVEAU ?)

Le hurlement des coyotes. Les sillons que l’on voit courir en voiture, une antilope du
genre de ce qu’on voit en conduisant sur la vieille route 51 à l’ouest en Oklahoma. Peut-
être sortir de Taloga là où l’on passe une semaine pour un nouveau tournage. On reste
dans un immeuble Butler qui est le motel en lisière de ville en plein blizzard encore une
fois, avec la grippe. On sait qu’ils ont des os de dinosaures par ici.
On en a emporté un et on le garde dans un coffre de bouleau posé sur la table.

(ICI DE NOUVEAU NOUS DÉPASSONS LE TEMPS IMPARTI. MAIS VOUS SAVEZ TOUT
BOUGE AUTOUR DE VOUS
DEHORS LE VENT SOUFFLE MÊME L’APRÈS-MIDI ET IL ÉTAIT LÀ AVANT VOUS LE SAVEZ
ET LA NUIT JUSTE AU-DESSUS COMME UNE COUVERTURE INDIENNE LE VENT SOUS
ELLE. JE PENSE MÊME QUE NOUS SOMMES MAUDITS.
PARFOIS JE RESSENS VRAIMENT LES RÊNES DANS MES MAINS. PENSEZ-Y.
QUAND JE DORS J’ENTENDS QUELQUE CHOSE. JE RESSENS LE CRI DANS MA GORGE
QUI FERA COURIR LES CHEVAUX EN AVANT HORS D’HALEINE JUSQU’À CE QU’ILS NE
TIENNENT PLUS DEBOUT MAIS TITUBENT COMME UN INDIEN IVRE. ON LEUR A TIRÉ
DESSUS POUR LES ÉLOIGNER DU POSTE
MAIS ILS SONT DE RETOUR. AUSSITÔT QU’ILS ONT GOÛTÉ L’ALCOOL ILS VOUS
SUIVENT TELLES DES VAGUES D’HERBES ROULÉES PAR LE VENT. ON SAIT COMMENT
ILS S’AGGLUTINENT EN VILLE APRÈS UN ÉTÉ SEC.
TOUT LE TERRITOIRE SE PRÉPARANT À EXPLOSER.
À PRÉSENT C’EST LA PRÉVISION QUI TENTE DE LIRE-DEVINER LES ESPRITS MALINS
POURVOIR CE QUI ARRIVE.
POUR NE RIEN SAVOIR NOUS SOMMES MIEUX À L’ÉCART. N’EST-CE PAS ?)
(JE ME METS DES PIÈCES DE DIX CENTIMES DANS LES OREILLES ET DANS LE NEZ. JE
GARDE À DISTANCE
LES ESPRITS MALINS SI RIEN À PAYER DE PLUS AUX PÉAGES D’OKLAHOMA.)

Ouaaaaah. (Bâillement.) Repos finalement. 1907. Comme les diables de poussière


dansent.
Je les ai vus l’après-midi se suivre accompagnés de traces nuageuses à la recherche d’un
trou d’eau.
Oui. C’est l'Oklahoma et nous sommes récompensés en essayant d’y être.

(LA CHALEUR GRIFFONNE SUR LA ROUTE LÀ-BAS DEVANT. LE JOURNAL DE PAUL KLEE
EST TOUJOURS À CÔTÉ DE MOI sur LE SIÈGE. JE LE FEUILLETE TOUT AU
LONG DE MON VOYAGE. « UNE CHOSE EST VRAIMENT SÛRE : DANS LES MOMENTS DE
CRÉATION J’AI LE PRIVILÈGE DE ME SENTIR PARFAITEMENT CALME. »)

11. (LE NARRATEUR PARLE.)

Parfois les pommes de terre ressemblaient à des balles vides quand nous les déterrions.
Les tartes à la myrtille auraient cuit par la fenêtre ouverte.

(HYPERBOLE SUR HYPERBOLE.)

12. (« UN PERSONNAGE QUI EST SUJET AUX TREMBLEMENTS ET AUX CONVULSIONS


AMOINDRIT
SON STYLE ET SORT DU CADRE. »)

13. (LE NARRATEUR AVEC UNE VOIX DÉFORMÉE.)

Je vous le dis, je sentais la chaleur jusque dans mes dents. Toute la journée le soleil est
une lampe chauffante
au-dessus de la maison et la récolte rabougrit dafis le sol. Les tortues rampent sur la
route.
Les camions ne peuvent faire autrement que de les écraser.

(CELA RESTERA INACHEVÉ POUR LE MOMENT.)

14.

(JE NE PEUX PLUS ARRÊTER LA FORCE POÉTIQUE DE CE DRAME. ÉCRAN NOIR. BRUIT
DU VENT. VOUUSH.
LUMIÈRE SOUDAINE QUI EST BIENTÔT RECOUVERTE D’UNE COUVERTURE DE
POUSSIÈRE. LE CRAYON DE KLEE
COMME UNE TORNADE SUR LA PRAIRIE. PLUSIEURS CRAYONS DE KLEE COMMME DE
GRANDS NUAGES DE POUSSIÈRE.
LE NARRATEUR TIENT UN GROUPE ÉLECTROGÈNE PENDANT QU’IL PARLE.)

La trentième tempête de poussière.


Les ponts WPA*.
Pas une goutte d’eau à essorer.
Les salopettes claquent au vent sur le fil.
Vous pouvez voir la poussière frire.

* WPA : Wi-Fi Protected Access (accès Wi-Fi protégé)

15.

(UN VÉRITABLE SAUT DANS LE TEMPS ICI. JE PEUX LE MANIPULER DIFFÉREMMENT.)

Tout ce que je sais de tout mon cœur maintenant j’y suis


balloté comme de la chevrotine dans une boîte à tabac Prince Albert.

Sweezo

La bénédiction de Dieu est sur ce continent. Yez. Ce qui rime avec rez\ Ainsi. L’oncle
Zebo au volant sur la route
Queen Elizabeth de Détroit jusqu’en Ontario. Parti de quelque part dans le Niagara avec
une caméra.
C’est ce qu’il fait. Dès qu’il est payé il ne va pas à l’épicerie mais à la station service. Puis
il part parfois accompagné.
Cela peut être un autostoppeur. C’est le seul que je connaisse qui les prenne encore. Sa
dernière carte postale vient d’El Paso.
Il est sur la Rim Road" et regarde en bas vers Juarez. Il disait que le pouvoir de la
bénédiction était sur lui. Hop.
Comme sur la table de la réserve une toile cirée jaune. Il écrit son traitement. Prend des
clichés.
Cette nouvelle ère nous a tous complètement laissés bouche bée. Nous comptons sur lui
par-delà le mur blanc lunaire.
Il dit avec l'affection de Papa Ronchon dans le courant jet.

* Rez : réserve dans l’argot des Indiens.


** La Rim Road dans le parc du canyon du Colorado.
Donner de l’air à l’air

La science nous dit qu’une pomme tombe à cause de la gravité / histoire / combien de
fois (et où) le mouv’ment de la masse à travers l’espace / Mais l’Art (ah !) / révélation
plutôt qu’analyse / La chute d’une pomme / mort de civili(sation) / notre saut à tous (et
combien le passage descendant se jette vite dans le cours de notre courte période) /
Oh précieuse Amérique / sui(vant) une pomme / votre ballon pas si gonflé / c’est plus
facile (n’est-ce pas) /
Maintenant vous pouvez laisser aller (sauf pour les as de l’éparpillement) / Vous
courriez en tête / Chef /
Maintenant vous prenez une deuxième assise dans le monde / Votre di(versité) ! / Votre
charité sauvage.

Ration

Peut-être nos visages graduellement se changent en blanc pétale un pétunia


fragile comme la distance une nappe un lotissement vous savez
les gâteaux sans œufs la guerre quand elle est finie une route de réserve un champ
poussiéreux.

Assimilation

Dites-moisi la Vierge Marie a parcouru le monde, pourquoi n'est-elle jamais


entrée dans le wigwam des Apaches ?
Cochise (chef des Apaches Chiricahua, bande des Chokonens)
Le territoire à présent morcelé par les routes / les feuilles rouillées / volent.
L’éclair frénétique comme bras et jambes. Quelques-uns à la cime des arbres / sur
lesquels nous comptons.
Le champ piétiné par les sabots du bétail / reflet d’étable / l’étoile en rafale lancée comme
un javelot.

(Ado) ration

Je pourrais croire que dans son monde l’esprit ôte les rubans de ses chaises de jardins.
Cela pourrait me séduire un peu.
Mais c’est encore difficile d’imaginer le Grand-Esprit blanc comme un ciel dominical.
Quand l’Apache parle à sa façon,
il dit un paysage, et quelqu’un sait qu’il désigne les rochers le long de la crête, et sait
aussi ce qui arriva là-bas,
ainsi il connaît l’histoire que raconte l’Apache. De même, l’Esprit dit Jerusalem, il dit
Golgotha, il prononce des noms
comme ceux-là et ces choses sont sensées vous rentrer dans le crâne.
C’est l’histoire d’un épisode de famine quand Jésus fit traverser un bison dans la passe de
Geronimo* ;
Geronimo tira sa flèche, trancha le foie du bison et le mangea, et quand Jésus vint pour
manger avec Geronimo,
il observa la flèche qui rapide comme l’éclair avait pénétré le cœur et dit : « Où est le foie
de ce bison ? »
Geronimo répondit : « Il n’en avait pas. » Alors Jésus remarqua : « Bon sang, c’est
bizarre. »
Quand Geronimo fut de nouveau affamé, Jésus demanda : « Il n’avait pas de foie ce
bison ? » « Non », lui dit Geronimo.
Et quand la tribu implora de la viande du bison, Jésus demanda encore une fois s’il
avait un foie.
« Non », répondit Geronimo et il s’assit sur la colline pour guetter un autre bison. Bien.
Jésus le laissa

* Geronimo : Apache Chiricahua de la bande des Bedonkohes, chef de guerre


légendaire et guide des derniers résistants
Apaches, la dernière tribu à avoir défié l’armée Américaine. Il est aussi connu pour ses
pouvoirs surnaturels.
attendre ainsi quelques jours, puis demanda une dernière fois si le bison avait un foie.
Et Geronimo dont le son de toute la tribu dépendait répondit ercore une fois non.
Alors Jésus dit: «Je créerai un pâturage pour eux dans toutes les prairies du paradis.
Là où l'herbe est rouge. Le ciel violet. Les tipis turquoise . Je leur donnerai
des arcs et des flèches, des bisons en quantité, aucun n’aura de foie. »
Ce n’est pas que nous ne savions pas / les chariots / dans nos visions / couvriraient le
sol. Les nôtres / pas les leurs / et comment leurs vies se répandraient. Les loups
enfuis / leurs traces. Le bison / bientôt abattu. Les tuniques bleues / leurs chevaux /
travaillaient / plus tard / des prières envoyées par nos yeux. Ne voyant nulle part / qui ils
combattaient.
Les nôtres l’ouverture / en haut les nuages couvrant nos têtes.

Ce sont eux qui nous conduisirent / les premiers au paradis.

Amorce de désuétude

Avancez un mot dans le silence difficile tout le monde remarque


le coin de la pièce un pan de mur bleu comme si la sauce avait cherché une piste
d’atterrissage sur une assiette.
Nous n’étions pas baignés de ce son-là en attendant de n’être plus capables de penser.
Ma femme (prépare le repas pour moi) a-g(w)-s-ta-yu-hv-s-gi
farine de maïs a-l(i)s-ta-i-di
patates douces selu ga-du
tarte à la courge nu :-n(a) a'nïnv-hïd(a).
C’était une sorte de vague.
Rien au bord.
Quelque chose au centre.
Un revirement d’où être regardé.
La femme du Grand Esprit

Il ouvrit le passage sur une grande échelle faite de petits nuages, et nous le
suivîmes dans cette trouée du ciel
Celui que nous suivions nous mena auprès du Grand Esprit et de sa femme, et... je
vis qu'ils étaient vêtus comme des Indiens.
Puis celui que nous avions suivi nous montra ses mains et ses pieds, ils portaient
des blessures que les Blanc lui avaient infligées quand il se présenta à eux et quils le
crucifièrent.

Kicking Bear (Ours Qui Frappe) dans un discours au conseil des Sioux de 1890 (Tiré
de Indian Oratory, anthologie de W.C.

Wanderwerth, Éditions de f Université d’Oklahoma, 1989)

Elle doit être petite


des bobines en guise d’oreilles
sans blessure malgré
le fil constitué de mouches à travers le ciel
un peu comme des ténias
en cette chaude après-midi
vous voyez ces fils blancs tournés vers l’ouest
au-dessus de l’aire de la danse du soleil étendu sur le sol à l’ombre de la tente
vous scrutez le ciel pour voir la femme du Grand Esprit
elle se serait peut-être arrêtée de peler les pommes de terre
pour regarder en bas et peut-être aurait-elle craché sur vous
sa bouche si pure et si fraîche que vous l’auriez pris pour de la pluie.

Le bison au café Rouge Cœur

Ici je suis un petit bison et j’essuie les tables avec ma queue.


C’est le seul boulot qui soit à ma taille.
Ils en ont tué tellement. des millions d’entre nous.
Parfois les soldats tiraient des trains en marche.
Nous ne pouvions prendre la mesure de ce qui arrivait.
Cela s’appelait extermination un mot adorable au même titre que l’écrémage
que vous pensiez pratiqué dans les laiteries.

Un pisteur de retour

Parfois les mots déménagent. Vous ne pouvez pas toujours les retrouver à votre retour.
Peut-être sont-ils devenus nomades. Vous les suivez avec la langue de l’histoire à la
bouche.
La nuit leurs blessures s’ouvrent. Les cerfs sortent de leurs bras.
Les mots parlent de la perte du camp d’hiver. Ils ne savent que faire.
Parfois ils ne peuvent rien entendre. Les racines d’haricots et de maïs dans les champs.
Les ours dans la grotte de leurs oreilles.

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