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Université La Sorbonne Nouvelle Paris III

UFR Études Théâtrales


Master 2
Théâtre et autres Arts
Morales Carvajal José Alexander
N° Étudiant : 20903666

TY909
Le corps au travail
Françoise Zamour

Apologie aux cérémonies du corps

Marie-Jo et ses 2 amours


Robert Guédiguian

« Au milieu de la course de notre vie, je perdis le véritable chemin et je m'égarai dans


une forêt obscure. Ah ! Il serait trop pénible de dire combien cette forêt, dont le
souvenir renouvelle ma crainte, était âpre, touffue et sauvage. Ses horreurs ne sont pas
moins amères que les atteintes de la mort. »
Dante Alighieri - La Divine Comédie :
L’Enfer, Chant I, la forêt obscure.

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Master 2
Théâtre et autres Arts
Morales Carvajal José Alexander
N° Étudiant : 20903666

TY909
Le corps au travail
Françoise Zamour

Musique : Quartet No. 14 en D mineur, The Death and the Maiden, D 810 : Andante
con moto, en G mineur
En sorte d’introduction
L’image, un générique de début, police bleue sur fond noir. Ensuite une affiche, presque
une pancarte dantesque : ce sont quelques lignes de L’Enfer, de la Divine Comédie.
Extrait du récit de l’Ame en perdition coupée de la grâce salvatrice. Corps en privation,
qui se trouve désorienté, égaré au milieu de sa vie mortelle 1. Ouverture accompagnée
par les accords du lied de Schubert. Annonciation sonore pour la jeune fille qui tombera
dans les bras de la mort. Corps matière, fragmenté, répandu, englouti par l’épaisseur
asphyxiante de l’objectif. Éros et Thanatos au moment évanescent de la caresse de
l’amour. Jeu des corps fragiles brisés par le glissement du moment inattendu.

Ce que nous présente Robert Guédiguian dans Marie-Jo et ses 2 amours est
possiblement une offrande visuelle du dédoublement de la condition humaine. Car en
l’image du corps, il cherche le dévoilement de l’homme et de l’écriture
cinématographique du film. Corps religion, fourvoyé en rites amoureux et familials.
Corps en quête intérieure portée par le geste quotidien et le jubilé de la peau. Corps
chair, corps érotique ancré au portail de la vieillesse et de l’adolescence. Corps mère et
corps fille, soumis aux échéances du temps et de l’espace physique, radiographie du
chagrin et de la crainte. Corps handicapé, corps sportif, corps utopique. Image
insaisissable, toujours en risque et menacé par la mort. Matière transpercée par la
lumière qui surplombe la peau.

1
HARRISON, Robert, Forêt, Essai sur l’imaginaire occidental, traduit de l’anglais par Naugrette, Florence,
Flammarion, Paris, 2010, p. 129-130.

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Le corps au travail
Françoise Zamour

Cadre 1. Extérieur jour et nuit


Corps 1. Corps religion
Le spectateur pourra constater du début à la fin du film, que la trame en est construite
par des extraits des rituels personnels et collectifs, intimes et sociaux, de chaque
personne/âges (espace/temps) qui compose le film. Gilles Deleuze a parlé de passer le
corps par la cérémonie de la cage de cristal2. Guédiguian accomplit ce rituel mais il ne
se suffit pas. Car il voudrait de par la répétition de l’espace-temps, rendu par l’image
enregistrée du corps, rendre visible une image autre du corps des comédiens qui
collaborent avec lui. Pourtant, il se sert du corps pour supprimer l’image fixe ou
photographique que le spectateur et l’acteur, pourraient avoir d’un personnage ou d’un
comédien, créant ainsi un champ d’action-vision beaucoup plus profond entre le voyant
(celui qui regarde) et l’exécutant (celui qui est regardé) ou vice-versa. C’est ainsi que le
corps est installé dans une cérémonie d’apparition et disparation, de naissance et mort.

Cette cérémonie est présente par des micro-actions ou « rictus » quotidiens des corps-
personnages. «Comme les hommes menacent, vivent, se marient, travaillent et meurent,
comme ils aiment, comme ils se séparent, les petits gestes quotidiens » dira Marco dans
la scène du déjeuner aux îles de Frioul.
On découvre dès la première séquence les différentes attitudes corporelles. Un corps
familial qui piquenique à la montagne au bord de la mer, à la fin d’un après-midi estival
autour de la nourriture et de la nature. Moment d’emballement et de rassemblement.
L’acte habituel du passage, la transition de l’espace ouvert à l’espace intime (la maison).
Le geste de rentrer ensemble. L’acte répétitif de klaxonner au moment de traverser le

2
DELEUZE, Gilles, Cinéma, corps, et cerveaux pensée, in L’image-Temps, Minuit, Paris, 1985, p. 247

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tunnel vers la maison et celui d’avoir la radio allumée dans la voiture ou à la maison
sans l’écouter. Ou les déjeuners partagés à la maison comme ailleurs.

L’acte intime du corps féminin et du corps masculin dans le bain, face au miroir :
Marie-Jo légèrement habillée à côté de la chambre à coucher, Daniel qui essaie de
cacher ses rides avec le maquillage. Actes de constatation de l’état du corps par le reflet
qui prouve le passage du temps. Le geste affectif de discuter au lit avant de dormir, le
café dans le lit après avoir fait l’amour : les personnages qui constituent le noyau de
l’intrigue du film concentrent leur attention sur le fait de « prendre soin » l’un de
l’autre. On peut également regarder ce qui se passe dans les gestes habituels du travail :
les corps malades qui mobilisent Marie-Jo ou les corps des ouvriers au barbecue, dans
la maison de Daniel. Ils effacent toute limite ou frontière en permettant que toute
cérémonie familial, amicale, amoureuse et professionnelle soi accomplie sans cesse.

Dans cette mouvance de gestes habituels qui échappent au désir, il existe la volonté du
réalisateur de remarquer de manière singulière, la présence assidue de la sonnerie du
téléphone portable de Marie-Jo : objet qui, comme une cloche d’église, marque le
temps, annonçant le début ou la fin d’un moment de recueillement, de partage,
d’obligation, de secret ou encore de perte. Ainsi l’œuvre cinématographique se construit
autour de trois éléments/présences essentiels au quotidien : la mer, la ville et le corps.
Voici le corps religion de Guédiguian, sa source de travail, son chantier iconographique
fréquenté comme un écran-cahier, comme un album de photos vide à refaire.

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Cadre 2. Intérieur- extérieur. Jour et nuit, nus.


Corps 2. Corps érotique
La nudité régulière qui traverse tout le film est une forme d’exploration du Corps.
Guédiguian dans une interview donnée á Sylvie Tissot qui parlé du « corps militant »,
disait: « il fallait probablement que je passe par ce rapport au corps et à l’intime pour
raconter ce que je raconte là aujourd’hui ». L’intime comme force divisée entre une
position esthétique et une position « étique-politique ». « Prendre position c’est aussi
prendre position sur de sujets qui ne sont pas forcement de sujets sociaux, enfin qui sont
sociaux mais qui parlent de l’intimité de l’individu3 ».

Pour cela, le réalisateur nous immerge dans l’univers du corps érotique. George Bataille
écrivait : « De l’érotisme, il est possible de dire qu’il est l’approbation de la vie jusque
dans la mort4 ». En utilisant les éléments de son écriture artistique, plan fixe, cut,
fragmentation de l’image et du corps, fragmentation du dialogue, césure de la lumière,
suivi par les plans séquences, éloignement de l’action, du moment présent,
contemplation réflexive de l’instant passé, Guédiguian élabore une poétique du corps
qui allie les forces internes de l’être.
Par exemple, dans la séquence de Daniel qui s’est levé tôt du lit pour manger du
fromage et boire un verre de vin, pour ensuite s’installer sous le cadre de la porte qui
donne sur les arbres du jardin de la maison. Ou la première apparition de Marco comme
antagoniste de cette scène : il fait l’amour avec Marie-Jo presque dans une immobilité
absolue, rituel des sons et des corps, qui finit avec l’embrasement du corps nu au balcon
en regardant Marseille au loin, accompagnés par les notes de Tenderly d’Ella Fitzgerald

3
TISSOT, Silvye, Reconversions Militantes, Pullim, Limoges, 2005. p 211
4
BATAILLE, Georges, L’Érotisme, Les Éditions de Minuit, Paris, 2011, p. 13.

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et Louis Armstrong. Le deux scènes fonctionnent dans la dynamique plan fixe, cut plan
séquence et ont comme lien commun l’événement qui signifie la blessure (le constat de
la mortalité du corps) au bras gauche de Marie-Jo et la contemplation de la nudité des
corps masculin de Daniel et Marco. L’action principale est la mise à nu du corps
comme forme palpable de la fragilité et de l’éphémère de la vie, et l’état intime, disons
« présente » de la personne. Donc, ce que Guédiguian cherche avec cela est à effacer
tout fait fictionnel du corps pour livrer au spectateur toute la simplicité de l’individu et
de l’image qu’il élabore.

Malgré cette intention de simplicité, il y a une problématique qui s’établit tout au long
du film : la dualité persistante entre la nudité (l’érotisme) et le désir de possession
(l’agression). Freud a formalisé l’idée que la dualité de la nature humaine soit née de
deux instincts: Éros y Thanatos5. Il a vu en Éros l’instinct de la vie, l’amour et la
sexualité et en Thanatos l’instinct de la mort, l’agression. Éros est l’impulsion vers
l’attraction et la reproduction; Thanatos vers la répulsion et la mort. Cette dualité, c’est
l’intrigue et le nœud de Marie-Jo et ses deux amours. On retrouve toute cette
dialectique dans la scène où Marie-Jo est dans l’appartement de Marco ; après avoir fait
l’amour, ils jouent avec un carton de lait, moment coupé par l’appel de Daniel. On le
retrouve également dans l’instant où les deux amants profitent de la complicité de
l’après midi et sont interrompus par l’arrivée de la fille de Marie-Jo pour solliciter le
« journal intime » de Marco. Scène qui se termine avec la mère nue complètement
baignée en larmes. L'acte est si ambiguë que tantôt l’image est délicate, tantôt le corps

5
FREUD, Sigmund, Malaise dans la culture [1930], traduit, de l'allemand par P. Cotet, R. Lainé et J. Stute-
Cadiot, Œuvres Complètes/psychanalyse, PUF, Paris, 2011.

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est agressé, tantôt l’entourage est paisible et agréable, tantôt la personne est troublée et
désorientée. On rentre dans l’intime indicible, physique et social du corps. Un corps
érotique prisonnier de l’instinct amoureux, du désir charnel et de la digression morale
qui le tourmente.

Cadre 3. Intérieur, voiture, hôpital, jour. Chant


Corps 3. Corps Utopique.
Le corps utopique, c’est celui qui contient le corps religion et le corps érotique du film.
Car c’est dans ce corps impossible que l’objectif et sa cage de verre travaillent pour lui
permettre de vivre dans un corps incorporel. Le corps handicapé est par exemple ce
corps qui n’a pas d’âge, un corps qui ne suive pas la règle « sociale » de l’image du
corps. Il efface les codes et le normes du bien être que normalement devrait suivre un
corps. Le regard social verra en lui un corps malade, un corps qui gène par sa
différence.

Cependant, pour Guédiguian c’est un corps libéré de toute contrainte, un corps cahier
sur lequel dessiner un nouveau corps, un corps qui se juxtapose au corps « sain » pour
amplifier la maladie de notre temps. Les exemples sont parmi « les malades » que
transporte Marie-Jo, qui d’ailleurs sont présentés comme des corps qui chantent, qui
reprochent, qui réclament et qui conseillent. Tout cela produit chez le spectateur un
délaçage entre l’image-corps et l’image-temps du personnage du film. Mais la subtilité
esthétique crée par le lien du corps « idéel » ou « normal » avec le corps maladroit,
blessé, accidenté, provoque un effet de distanciation qui donne un statut nouveau au
corps. Il est ainsi rendu comme une image qui transpose le temps, comme un héros

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éternel qui ne nécessite pas de mécanisme social pour trouver sa beauté, sa


transparence et la chair qui le rend humain dans le pays de l’irréel.

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