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4.5 : Quel(s) équilibre(s) entre pouvoir et responsabilité ?

4.5.2. L’altruisme existe aussi dans la nature : discussion avec un


entomologiste : Jean-Louis Deneubourg (Partie 1)

CG : Bonjour Jean-Lous. Jean-Louis Deneubourg, vous êtes professeur de l’Université, rattachée à la


Faculté des Sciences, de l’Université Libre de Bruxelles. Et votre background c’est la chimie théorique
avec des préoccupations qui sont l’étude des systèmes sociaux animaux, les phénomènes collectifs
et les systèmes artificiels et les interactions avec les animaux et les robots. Et, aujourd’hui, nous
souhaitons parler un petit peu de phénomène collectif et de décision de groupe ensemble. Merci
beaucoup pour être avec nous.

JLD : Non, tout le plaisir est pour moi. Tout montre qu’il y a aussi des phénomènes de compétition pour
la réalisation des tâches. Et c’est relativement, dans le principe, simple à comprendre. Si un individu
commence à réaliser une tâche. En fait, il diminue la stimulation à l’échelle de la colonie pour cette
tâche. Et donc, il va diminuer les probabilités qu’un autre individu réalise la même tâche. Et donc, ces
jeux entre « coopération, amplification et compétition » sont essentiels pour comprendre la
structuration de la colonie.

CG : Le phénomène qui se passe, en fait, c’est un petit peu qu’il y a une décision qui a lieu en même
temps que l’action.

JLD : Oui, tout à fait. En fait, je résume souvent ces phénomènes ; et on va peut-être l’illustrer dans un
instant ; avec une situation un peu plus complexe que l’exploitation d’une seule source. Mais dans ces
systèmes, on peut considérer que la décision ne précède pas l’action. Elle est en parallèle, elle est
simultanée à l’action. Et c’est illustré par des expériences classiques. Ou, revenons au recrutement
alimentaire, à l’exploitation de source alimentaire mais augmentant un petit peu plus la difficulté. Et,
maintenant offrons ou présentons à la colonie, soit deux sources de nourriture, soit deux chemins
différents pour se rendre à cette source. Et, lorsqu’on réalise ces expériences, ce qu’on constate c’est
que… Prenons l’exemple des chemins. Les deux chemins possibles sont utilisés plus ou moins
également, en début d’expérience. Mais, avec le temps, on voit qu’un chemin sera exploité, utilisé de
manière préférentielle. Et, le plus souvent, ce sera le chemin le plus efficace, le plus court, etc.. Si nous
avions eu une décision… On va prendre un schéma très humain, d’ingénieurs ou de grands
organisateurs. La stratégie est plutôt de collecter un maximum d’informations, de traiter ces
informations. Et l’analyse terminée, le groupe exploitera, utilisera ce qui semble être la meilleure
solution. Ce n’est pas du tout le cas dans ces systèmes collectifs chez les insectes et chez d’autres
animaux.

CG : Est-ce que ça veut dire qu’au départ d’une information qui est sans doute limitée, des individus
peuvent trouver la meilleure manière d’exploiter une ressource ? D’y arriver…
JLD : Tout à fait. Et là, je m’excuse d’en parler quelques instants. La modélisation mathématique ou la
simulation sur ordinateur montre qu’en créant des individus artificiels qui ont des connaissances
uniquement locales… Qu’est-ce que j’entends par « local », c’est par exemple la quantité de
phéromones qui est perçue par leurs antennes, la qualité de la source qu’ils ont visitée… C’est suffisant
pour conduire à ces choix collectifs au niveau de la société.

Alors, je dois avouer que le terme, par exemple « intelligence collective » , je n’aime pas trop par son
côté « Paris Match ». Mais il illustre bien le point que tu mentionnais il y a un instant. C’est que les
individus ont des informations extrêmement fragmentaires, extrêmement partielles, locales dans tous
les sens du terme et pas seulement géographiques. Et que, par le réseau de communication, le groupe,
la société peut produire une réponse efficace qui peut nous donner l’illusion d’une intelligence
collective.

CG : Est-ce qu’il y a une compétition entre ces informations ou entre des informations qui viennent
d’individus différents ? Comment est-ce que ça se passe vraiment ? Est-ce qu’elles viennent
discuter en disant : « j’ai trouvé un endroit où il y a beaucoup de nourritures » ? Ou bien…

JLD : Oui, on peut résumer la situation comme étant une forme de discussion entre différentes
informations qui sont en compétition. C’est un point ici qui est important. Parlons de « compétition
entre informations ». Ne parlons pas de « compétition entre individus ». Parce que pour faire simple
et sans entrer dans trop de détails, le bénéfice que va retirer la société va être partagé entre tout le
monde. Il s’agit donc… La plupart des décisions collectives reposent d’une part sur les mécanismes
d’amplification dont nous avons parlé il y a quelques instants ; et la compétition entre ces différentes
informations. Chacune de ces informations pouvant être amplifiées par ces mécanismes…Si on revient
toujours au recrutement alimentaire. Par ces mécanismes de recrutement. Je prends souvent une
image qui est celle de la compétition entre espèces. Il s’agit uniquement de compétition entre
informations. J’insiste, pas entre individus appartenant à la colonie. Nous avons deux espèces qui sont
en compétition pour une même ressource. Pour tout un ensemble de raisons. Cette situation de
coexistence entre les deux espèces est une situation qui va être instable. Et une espèce va s’imposer
par rapport à l’autre. Nous retrouvons exactement le même schéma dans ces systèmes sociaux.

CG : Vous avez aussi expliqué que s’il y a deux sources de nourritures identiques, le résultat est que
la majorité des individus va se diriger vers une seule source. Alors que les deux sources sont là. Elles
pourraient être toutes les deux exploitées. Mais, finalement non. Il y a une solution qui n’est pas
vraiment symétrique.

JLD : Et comment ça se passe ? C’est ça la question ?

CG : Oui, comment ça se passe ?

JLD : Alors, en effet, dans les exemples que nous avons discutés précédemment on partait, on
supposait que les deux chemins ou par exemple deux nouveaux sites de nidification (si j’arrive à le dire)
étaient différents. On peut, en laboratoire, se mettre dans des situations où les choix sont totalement
identiques ; du moins, du point de vue de l’expérimentateur. Et, comme tu le disais, on peut avoir deux
sources de nourritures qui sont identiques, elles sont à la même distance du nid, elles ont le même
volume. Si c’est par exemple des solutions de sucres, elles ont les mêmes concentrations en sucre. Et
lorsqu’on réalise ce type d’expérience, on peut constater… En tout cas, à nouveau on ne peut pas
généraliser, mais dans un très très grand nombre de cas la colonie va focaliser son activité sur une des
deux sources qui va être sélectionnées en quelque sorte au hasard. Intuitivement… Bon, je prends
toujours les mêmes images. Si on a deux restos équivalents, on s’attend à avoir le même nombre de
clients dans les deux restaurants. Ce n’est pas ce qui se passe chez les espèces qui utilisent ces pistes
chimiques. Cette configuration, une distribution égale, un nombre égal d’individus visitant chacune
des sources n’est pas une situation stable. Elle est instable. Et, on arrive dans ce qu’on appelle dans
notre jargon à « un consensus » ou la majorité des individus va focaliser son activité d’exploitation vers
une des deux sources. Quel est le mécanisme à l’origine de cela ? Oui, il y a une forme de discussion.
Mais c’est une discussion pendant le boulot. En fait, au début de l’expérience ou de cette histoire, nous
avons des éclaireuses qui explorent l’environnement ; qui découvrent chacune les sources et qui
rentrent au nid en traçant une piste vers chacune des sources. Ces pistes attirent des congénères qui
à leur tour vont renforcer cette piste. Mais nous avons une compétition entre ces pistes. Au risque
d’être simpliste, une fourmi qui fréquente la piste 1 ne sait pas être en même temps sur la piste 2. Il y
a un nombre limité. Il y a un nombre fini de fourmis qui participent. Et c’est par ce jeu d’amplification
et de compétition qu’elles arrivent à ce consensus et à une focalisation sur une des sources. Il y a
quelques bémols à mettre à cela. C’est que ça va dépendre des caractéristiques. On ne va pas entre
dans les détails. Des caractéristiques du mécanisme d’amplification. Il doit être relativement non-
linéaire. Et, il y a des expériences et des travaux sur les espèces qui pratiquent ces recrutements où le
recrutement est linéaire. Un individu en recrute un autre, etc.. Et ces individus, ces espèces-là sont
incapables d’arriver à ce consensus. Et bien qu’on ait une compétition qualitativement… Nous
sommes toujours dans ce schéma de compétition entre les mécanismes d’amplification. Elles
n’arrivent pas « à se focaliser » sur une source, elles restent plus ou moins distribuées également sur
les deux sources. Le deuxième bémol… Et ça me permet de revenir à ta remarque sur les boucles
négatives. C’est que dans certains cas, nous n’allons pas voir ce consensus alors qu’on a les bons
mécanismes de recrutement. Parce qu’il y a, par exemple, tout un feedback négatif qui intervient qui
est l’encombrement aux sources de nourritures. Il y a une règle relativement simple qui est : un
individu qui a été recruté vers une source et qui n’a pas accès à la source parce qu’elle est encombrée.
Il y a là, un tas de fourmis qui font obstacle, un tas de congénères ou de demi-sœurs qui font obstacle
entre elle et la source de nourriture. Et bien, elle va abandonner ce site, rentrer éventuellement au nid
sans pister ou partir à l’exploration. Et cette intervention de cette boucle négative qui est un résultat
finalement du succès de l’activité peut faire basculer le système du consensus vers alors, à nouveau,
une distribution plus ou moins homogène autour des deux sources de nourritures ou autour des
chemins. On a dans tous ces systèmes, pour des activités relativement différentes… On retrouve le
même réseau, le même type de réseau, feedback, de boucles positives ou négatives.

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