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Le temps du Maghreb

et du Moyen-Orient

LE CHANGEMENT
ACTE II
Après la « mise à niveau » de l'économie,
le président Ben Ali, qui a fêté, le 7 novembre,
le dixième anniversaire de son accession au pouvoir,
entend favoriser l'affermissement de la démocratie.
certains magazines étrangers, le chef de l'Etat tunisien est
RIDHA KÉFI entré rapidement dans le vif du sujet. Ceux qui attendaient
beaucoup de ce premier discours de la seconde décennie du

V
endredi 7 novembre 1997. Les Tunisiens fêtent Changement n'ont pas été déçus...
dans la liesse le dixième anniversaire du Volet politique d'abord. Les partis d'opposition peuvent
Changement, qui a mis fin au long règne du prési- appréhender l'avenir avec plus de sérénité. Une prochaine
dent Bourguiba. Toutes les villes du pays sont révision du mode de scrutin leur permettra, en effet, de dis-
pavoisées de rouge et de blanc, les couleurs du drapeau poser. à l'issue des législatives de 1999, et quelles que soient
national. Dans la capitale, des centaines de banderoles van- leurs performances électorales réelles, d'au moins 20 % des
tent les acquis de la première décennie du Changement. sièges de la Chambre des députés. L'année suivante, ils dis-
Femmes, jeunes, poseront du m ê m e pour-
ouvriers, agriculteurs, centage de sièges dans
industriels, banquiers les conseils municipaux.
ou hommes d'affaires,
Réaction des partis au discours présidentiel ? Ils ne comptent aujour-
tous corps de métier Positive, voire franchement enthousiaste. d'hui que 19 députés sur
confondus, exaltent les 163 ( 1 2 % ) et 6
« Dix Glorieuses », conseillers municipaux
marquées par une croissance moyenne du produit intérieur sur 4 000 (0,14 %). La décision présidentielle leur permettra,
brut de 4,5 % et une vitalité économique et sociale qui ont on s'en doute, de renforcer leurs rangs, encore trop dégarnis,
fait de la Tunisie l'un des pays les plus prospères d'Afrique et de mieux faire entendre leur différence dans le contexte
et du monde arabe. d'un pluralisme mieux affirmé. L'entrée de députés de l'op-
Parlant, dans la matinée, devant les élites politiques, position au palais du Bardo, pour la première fois dans l'his-
économiques et intellectuelles invitées, pour l'occasion, au toire du pays, à l'issue des élections législatives de 1994,
palais de Carthage, le président Zine el-Abidine Ben Ali ne avait été le fruit d ' u n premier amendement du code électoral
s'est pas attardé outre mesure sur les réalisations de son instaurant le mode de scrutin majoritaire mâtiné d'une dose
règne. Les performances de la Tunisie ayant déjà fait la de proportionnelle. C'est, sans doute, à la faveur du renfor-
manchette des journaux locaux et suscité l'admiration de cement de ce mode de scrutin que les partis d'opposition

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parviendront à améliorer leurs scores lors des prochains presse ». En cette époque de mondialisation, la presse doit
rendez-vous. donc être, selon les propres termes de Ben Ali, « évoluée et
Dans la perspective de l'élection présidentielle de 1999, audacieuse, capable de création, d'innovation et de critique
à laquelle tous les Tunisiens sont convaincus qu'il sera can- constructive ». Le président a même appelé les responsables
didat, le président Ben Ali a annoncé, en outre, son intention « à accepter la critique et les avis contraires avec toute la
de mettre en œuvre « une formule permettant, au moins pen- sérénité de celui qui croit, dans ses propos et dans ses actes,
dant une période transitoire, de multiplier les candidatures à à la liberté d'expression ». Dans un pays où même les
la présidence de la République ». Le code électoral en artistes de variété ou les stars de la télévision n'acceptent
vigueur ne permettant pas, de fait, d'autres candidatures que plus la moindre remarque ou réagissent violemment aux
celles issues du Rassemblement constitutionnel démocra- articles qui ne chantent pas leurs louanges, cet appel ne
tique (RCD. parti de la majorité), seules des dispositions devrait pas tomber dans l'oreille d'un sourd.
particulières, portées par une ferme volonté politique de La réaction des partis, des organisations nationales et
consolider le pluralisme, sont de nature à sortir la démocra- des associations professionnelles au discours présidentiel a
tie tunisienne du schéma de la candidature unique. été positive, voire franchement enthousiaste. Les perspec-
Créé le 16 décembre 1987, un mois à peine après le tives qu'il ouvre sur la voie de la consolidation du plura-
Changement, le Conseil constitu-
tionnel a beaucoup évolué.
Depuis 1995, son existence est
même inscrite dans la
Constitution. Toutefois, si la pré-
sentation devant le Conseil des
projets de loi relatifs aux droits et
aux libertés est obligatoire, avant
et après leur examen par les
députés, ses avis ne sont toujours
pas légalement contraignants. En
décidant de présenter « un projet
de loi constitutionnelle visant à
donner un caractère contraignant
aux avis de ce Conseil, pour l'en-
semble des pouvoirs », le prési-
dent tunisien a donc créé la sur-
prise. Evoquant cette décision
dans une interview au quotidien
Assabah, Abdelfattah Amor, pro-
fesseur de droit constitutionnel
connu pour sa rigueur et son
franc-parler, n'a pas hésité à par-
ler de « révolution qui, dépassant
la conjoncture, s'inscrit dans une
approche non seulement politique
mais aussi civilisationnelle ».
Autre point saillant du dis-
cours présidentiel : l'annonce
d'une prochaine révision de la loi
relative à l'octroi des passeports,
sur la base de la liberté de circu-
lation à l'intérieur et à l'extérieur |
du pays. Le retrait de ce docu- ;
ment officiel ou l'interdiction de Zine el-Abidine Ben Ali,
voyager ne seront plus du ressort lors de sa récente lisme ne pouvaient, en effet, les laisser indifférents, au
de l'administration. Seul un juge visite d'Etat à Paris moment où la Tunisie entame un dernier sprint pour s'arri-
sera habilité à prendre pareille (20-21 octobre), mer à l'Europe, son principal partenaire, avec laquelle elle
décision. Selon le président, cette est liée, depuis 1995, par un accord d'association visant à
mesure vise à « consacrer la instaurer une zone de libre-échange.
lettre, l'esprit et la pratique des droits de l'homme ». Après le remaniement ministériel du 9 octobre
Le passage du discours présidentiel relatif à l'informa- - sept postes étaient concernés, dont ceux des Affaires étran-
tion, « talon d'Achille du modèle tunisien » selon certains, a gères et de l'Intérieur - et le succès de la visite d'Etat du
également retenu l'attention. La suppression récente du président en France, les 20 et 21 du même mois, le discours
secrétariat d'Etat à l'Information, censée couronner une série du 7 novembre est venu indiquer les grandes orientations de
de mesures visant à « mettre à niveau » ce secteur essentiel à la prochaine étape. A savoir, la poursuite des réformes éco-
la consolidation des fondements de la société civile, doit être nomiques, la consolidation de la politique sociale, garante de
complétée par une prise de conscience des hommes de la stabilité et de la paix civile, la mise à niveau des secteurs
médias, appelés à « placer leur profession au-dessus de de l'information et des communications et l'affermissement
toutes les tentations, nombreuses dans le monde de la du pluralisme et de la société civile. Beau programme. •

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