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CRIS PROPHETIQUES DES CORBEAUX D'APOLLON

CATALOGUE ALEXANDRE / 011

LA ROUTE INCONNUE
ANDRE DHÔTEL
( La Clef à Molette / 2015 )

Encore un Dhôtel. Un des plus beaux. Ce qui n'est pas peu dire. Un de la fin,
publié en 1980. L'a donné son titre au site internet et hommagial que les acharnés de
Dhôtel ont construit pour défendre, préserver et perpétuer l'œuvre de l'écrivain. Avec
en sourdine cette idée que l'accès à l'univers dhôtellien s'avérait difficile pour les
contemporains. Un fait parmi tant d'autres, la revue Europe forte de ses 1072 numéros
n'a jamais consacré en quatre-vingt-seize ans un de ses fascicules à Dhôtel... Il est des
éloignements présomptueux... Le roman a marqué les esprits lors de sa parution, une
adaptation télévisée en deux épisodes fut réalisée en 1983. Des bouts en sont visibles
sur You Tube. Evitez de les visionner avant d'avoir lu le livre. Vous risqueriez d'être
découragés... Ce ne sont qu'images et parodies de la puissance évocatoire et
mystérieuse des mots.
C'est un livre somme. Les thèmes principaux de l'imaginaire dhôtellien s'y
entremêlent, l'errance, ici développée en tant qu'art de vivre, l'attirance, ce mot
trouble qui exalte aussi l'ambigüe notion de retenue, l'insignifiance significative des
faits et des choses, la solitude destinale de chacun à participer de son propre déclin.
C'est pour cela que les héros de Dhôtel sont jeunes, des adolescents – parfois attardés –
temporalités propices aux premières conscientisations entre lesquelles tout se joue. Il
faut savoir saisir sa chance, l'instant décisif des sophistes, et souvent il est trop tard.
Après les fils s'emmêlent, car les choses ne sont jamais simples. A tel point que parfois
le héros est confronté à deux bouts de rubans mordorés et qu'il reste longtemps dans
l'infinitude de l'expectative avant d'être fixé. Que les évènements défassent la pelote
inextricable et qu'il s'aperçoive que la ficelle du romancier était cousue de fil blanc,
que les deux extrémités ne sont que deux chemins d'un même cordon, procède d'une
démarche hasardeuse d'abolition du hasard, seul le retour du même est à même
d'apporter la preuve nécessaire. Mais dans la déréliction du réel cette opportunité
coïncidenciale s'avère fabuleuse.
Les romans de Dhôtel ne finissent jamais bien, quand bien même l'on peut
parler d'une pacification des contradictions. La conjonction de deux êtres ne suffit pas
à contribuer à une happy end. Dhôtel ne l'évoque pas mais il semble que le futur des
héros soit promis à une forte déperdition. L'incompréhension dont font preuve les
parents sous-entend que la mythologie du couple hiérogamique n'est qu'un leurre
mythographique grignoté par son propre oubli. Il est difficile de pallier ce phénomène,
Dhôtel propose deux stratégies d'évitement. D'une discorde persistante entre les deux
éléments : selon la première l'union n'est jamais totale, bat de l'aile à tout instant, mais
miraculeusement les deux fragments de la porcelaine sacrée ne se désunissent jamais,
au moment où tout est perdu la discorde recolle momentanément les morceaux... Dans
La Route Inconnue, une autre solution est proposée, il s'agit de vivre selon l'instabilité
du monde, le bateau n'affronte pas les vagues il en épouse les travers, la vie sera un
refus de l'embourgeoisement mortifère, les héros font le choix de l'errance sociale.
Agathe, est une des très rares héroïnes dhôtellienne qui théorise cette manière
toute borderline de vivre. L'on notera que son chevalier servant n'est pas loin de la
stupidité chronique. A croire que le fait que l'une ait plus d'acuité que l'autre, et l'autre
moins, participe d'une moyenne nécessaire à l'union égalitaire des deux. Agathe ne se
fait guère d'illusion, elle est à tout moment à deux doigts de faillir à sa propre vision
kaotique de l'existence, mais elle n'y met jamais la main et ne se laissera pas happer
par les voies de la normalisation sociale. Le monde est un grand tout de fragments
accolés, mais certains s'en détachent et parviennent à se vivre en tant que leur propre
fragmenticité. Agathe raconte cette prise de conscience, l'a fallu un tremblement de
terre pour qu'elle soit libérée de la grande coalition sociale, elle n'a que quatre ans
mais elle prend la décision de ne jamais rejoindre l'agglomération mondaine, elle sera
une rebelle métaphysique, une romanichelle des évènements, certes les dernières lignes
du roman laissent présager une ultime trahison, mais la solitude de la grand-mère de
Valentin reste le modèle ultime, l'on peut être floué par les siens, subsiste alors le
refuge de la tour d'ivoire. L'infiniment petit échappe à toutes les bassesses complotistes
et réunificatrices du monde. Il suffit de savoir voir. Toujours l'univers fait signe.
Certains voient le signe mais ne savent pas l'interpréter. Il est des lieux et des instants
du monde préservés. Dans Les Disparus, Dhôtel évoque une clairière magique dans la
forêt maudite dont nul ne réchappe. L'allusion à Heidegger est patente, Dhôtel exerça
la noble profession de professeur de philosophie. Il existe donc des lieux par lesquels la
distorsion du continuum du temps et de l'espace, que nous vivons selon les modalités
de l'Être, se manifeste. Ces endroits sont multiples, apparaissent comme des phares de
disjection dans la morne continuité du réel. Beaucoup en ont fait l'expérience, mais les
enfouissent en eux, et se donnent à vivre selon une paisible existence, celle que décrit
Virgile dans ses Georgiques. N'en savent pas moins. D'autres plus rares, sont des
sabreurs, marchent vaillamment à la rencontre de ces éclats de lumières qui font signe.
Les Dieux font signe, mais n'envoient aucun message. A chacun d'inventer son courage
ou son renoncement à les rejoindre. Agathe arpente ce genre de chemins. Ne mènent-ils
nulle part ? Comme par hasard nous retombons sur le titre d'un roman, publié en
1947, de Dhôtel.
L'inscription de Virgile dans notre chronique n'est point incidente, l'œuvre de
Dhôtel – tout comme celle d'un Henri Bosco – participe de la fin d'un monde qui ne
connaît pas encore la préhension moderniste de la technique. C'est cela qui l'éloigne de
nous comme nous l'avons évoqué en nos premières lignes. Moins de quarante ans après
la disparition de son auteur, elle témoigne de cet éloignement, de cette coupure, de
cette rupture. Elle est un sentier fabuleux qui nous permet de rejoindre l'orée de
buissonnements mystérieusement inquiétants.
Le héros dhôtellien semble égaré en lui-même. Mais il est tout de chair et de
sang. L'instinct, cette force intérieure qui gît en dehors de nous, le commande bien plus
que l'esprit. Les analyses de Dhôtel repoussent les incertitudes psychologiques. Les
agissements d'Agathe ne sont suscités ni par sa volonté, ni par les évènements. Sont
arcboutés sur une propension hystérique auto-refusiale de la féminité. L'union
hiérogammique est sans cesse repoussée car entrevue comme perte de la fragmencité
individuelle. La formation d'un nouveau fragment inclut une participation copulative,
un + un = un. Ni deux, ni trois. Inclination au clinamen. Sans quoi il ne saurait y avoir
de rencontres et de mouvements imbricatifs possibles. Tout ne serait que solitude,
chute individuelle et désastre perpétuel. L'être s'enfoncerait sans fin dans l'abîme.
Sans doute même resterait-il immobile. Car lorsque espace et mouvement se
rejoignent, l'un et l'autre s'immobilisent dans leur contemplation. Le théorétique
moteur aristotélicien se conçoit ainsi. Agathe se fuit pour mieux rester elle-même.
Dhôtel pose la problématique fragmentique. Il n'use pas de théorie, tous ses
romans, et l'ensemble de ses écrits, sont autant de résolutions de cas pratiques qu'il
expose et dont il essaie de résoudre les équations. Une énigme essentielle : si la réalité
est fragmentée, où commence et où finit un fragment. Cette question revient à
plusieurs reprises tel un leitmotiv dans la première moitié du roman, l'idée que nos
jeunes héros sont à un âge charnière, qu'ils sont grands sans avoir renoncé à l'ampleur
de leurs rêves d'enfants, genre de reproches secrétés par la vision doxique d'une
continuité du vécu, ce qui dispense de méditer les phénomènes de métamorphose
divisionnelle naturelle, de la cellule primale en deux, le blanc de l'œuf qui s'exile du
jaune, la jeune fille qui se doit de se renoncer, autant de temporalités chrysalidaires
qui se résolvent en tant que processus psychiques de fragmentation séparatrice, ce
genre de méditations vous sembleront participer d'un foisonnement émotionnel
incompréhensible, procéder de raisonnements frustres et particulièrement stupides –
pourquoi pensez-vous que l'amoureux transi et agréé d'Agathe ne soit pas un foudre
de guerre de l'intelligence humaine - pourtant le crayon avec lequel j'écris ces lignes,
débute et se termine en des points précis. Aisément vérifiables. Sur ce, je vous laisse à
vos indéterminations.
André Murcie. ( 29 / 06 / 2018 )

Annexe 1 : quelques notes antérieures retrouvées qui peuvent aider à la compréhension de


la chronique précédente :

L'on pourrait s'amuser à classer les livres d'André Dhôtel en deux piles, ceux
qui ne se terminent jamais et ceux qui se closent pour toujours. Nous retrouvons en ces
deux définitions l'antagonisme de l'idée de perfection qui nous divise des grecs.
L'absolu réside-t-il en le linéaire de la droite qui court à l'infini ou dans la surface
close – cercle ou carré – qui se parfait dans sa finition. Evidemment les choses ne sont
jamais simples en leur simplicité. La plupart des romans participent des deux. Errance
rimbaldienne d'un côté et androgynie platonicienne de l'autre.
Acharnons-nous à résumer les intrigues dhôtellienne en peu de mots : un garçon
et une fille que tout oppose ou sépare et qui n'en finissent pas moins, au bout d'un
périple d'épreuves incidentes et de coïncidences fabuleuses, par se rejoindre. Tout est
bien qui finit bien. Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. Cela Dhôtel le
rajoute rarement, s'arrête le plus souvent au moment exaltant des retrouvailles. Le
couple primordial est reconstitué, passez il n'y a plus rien à voir, la vie continue.
Si les choses étaient aussi définitives qu'il le raconte, Dhôtel n'aurait écrit qu'un
seul livre. Il n'en fut rien, l'on ne dénombre pas moins d'une quarantaine de romans.
La vie ne culmine pas, elle n'est que fuite sempiternelle. Certes beaucoup se hâtent de
s'arrêter en chemin. Se construisent une existence bourgeoise et confortable. N'en
demandent pas plus. Le héros dhôtellien s'il est né en de tels enclos s'en échappe, sans
même le faire exprès - l'ardennais Verlaine n'accusait-il pas le vent mauvais - à la
première occasion. Souvent il est préservé de cette prison initiale, il fait partie des
humbles, des pauvres, des enfants abandonnés... Malgré ces mauvais auspices, il n'en
est pas pour autant un malheureux, se contente de peu, la médiocrité répétitive de son
existence ne le rebute pas comme il se devrait. C'est qu'il vit de rien, se satisfait de
choses de vil prix, un moment d'éblouissance suscité par les jeux changeant du soleil,
un paysage, un arbre, une fleur, un minuscule caillou. Il lui en faut vraiment peu pour
être heureux.
L'est vrai qu'il est en partance – plus ou moins consciemment – vers l'âme sœur,
mais certains échappent à cette fatalité, ou une fois qu'ils l'ont atteinte n'en continuent
pas moins la poursuite d'une certaine insouciance, vivotent petitement, bâtissent des
projets chimériques, construisent dans leur tête des châteaux en Espagne dont la
réalité interdit l'édification, mais tout le plaisir consiste en l'élaboration de nouvelles
combinaisons improbables. Les esprits pondérés jugeront qu'ils ne font aucun effort
pour se sortir de la panade. Le héros dhôtellien obéit à de drôles de lois, des mots
d'ordre du genre ''à partir de maintenant ce sera comme avant''.
N'en sont pas moins des philosophes, ont l'intuition que la répétition du même
n'est déjà plus le même, même si ces deux moments se ressemblent fortement. Pensent
– au sens fort du terme – qu'un événement prodigieux finira par se produire. Mettent
le hasard de leur côté en pensant ainsi l'abolir. Dédaignent les émulsions de l'agitation
convulsive au profit de l'entropie contemplative.
Le titre de Le Pays où l'on n'arrive jamais n'est pas à comprendre comme la
promesse incitatoire d'un lieu merveilleux, simplement la traduction enfantine –
puisque ce roman est qualifié de jeunesse – du terrible paradoxe de la flèche de Zénon,
qui, quand bien même tirée par le plus adroit des archers, n'atteindra jamais sa cible.
Certes le trait fulgurant n'avance pas, mais le langage le pousse en arrière dans sa
propre immobilité et découpe l'espace géographique en fragmentations temporelles.
Ou plutôt si l'on veut être exact, le langage le pousse jusqu'à la moitié du chemin. Pas
plus loin, mais ce n'est grave que si l'archer est seul. Mais si à la place de la cible se
trouve là aussi un autre prodigieux archer, il existera par le langage, un point
géographique précis, idéalement situé et identifiable à mi-distance de la distance qui
sépare nos deux archers, où les deux flèches sont obligées de se retrouver, au point
fusionnel de rencontre androgynique. Un point P en un instant T, l'acmé, hors de
toutes les régressions suivantes. Pas plus éternel, pas plus fugace, mais un fragment
indivisible de rencontre pétrie en la l'unique glaise d'une double provenance. Appelez-
le, amour, éros, sexe, comme vous voulez, mais le drame en est l'échappée régressive
qui suit, seule la mort est capable de vous maintenir en ce fragment, sans quoi vous
êtes soumis aux lois de la réversibilité régressive du retour à vous-même. Et aux autres.
Comme autant d'obstacles qui concourent à votre avancée ou la retardent.
Dans le langage préhensif de la réalité – autre nom de la poésie – avons-nous dit,
car dans la réalité, les flèches sont mortelles, toutes blessent et la dernière tue. D'où ces
héros qui n'en finissent pas d'arpenter les sentes rupestres... Quant à ces fragments
privilégiés, Dhôtel les définit selon un seul angle, celui de la beauté, de sa mystérieuse
présence, un éclat qui n'est pas sans rappeler le kairos des sophistes. L'instant propice
qu'il faut savoir saisir. Et très souvent le héros dhôtellien met du temps à comprendre,
l'est aussi stupide que Perceval lors de l'apparition du cortège du Graal, d'où la
nécessité labyrinthique de la suite du roman, tous ces fragments du temps qui se
déroulent sous lui comme un tapis roulant qui le porte et le transbahute de récit
fragmentaire en récif fragmentaire, il ne sait où, le héros marche à l'aveuglette les
mains tendues vers il ne sait quel objet de son désir enfoui au plus profond de lui-
même.

Annexe 2 : une très brève recension du plus court des romans d'André Dhôtel, publié en
1947, dans lequel l'auteur considère la notion androgynique originelle en tant qu'union
hiérogammique projectale. L'on ne saurait aller plus loin dans l'idéalisation des pratiques
incestueuses, l'on conçoit que l'auteur ne se soit pas étendu. Trop d'interdits sociétaux et individuels.
André Dhôtel en Héliogabale tranquille ! Je pressens une levée de boucliers.

CE JOUR-LÀ
ANDRE DHÔTEL
( Phébus Libretto / 2004 )

Roman fulgurant. Par sa brièveté temporelle. Se déroule en une journée, tel une
tragédie racinienne. Qui se terminerait bien. Mais nous sommes par-delà le bien et le
mal. Deux amants qui font semblant de se chercher et qui se trouvent. Sont d'autant
moins en quête de l'autre qu'ils se savent irrémédiablement voués l'un à l'autre. Mais
les choses ne sauraient s'accomplir en toute simplicité humaine. Seulement faire
semblant. André Dhôtel explore le plus grand des scandales, celui de la beauté révélée
dans le monde. Rien ne saurait l'atteindre selon le mystère des apparences. Tout se
passe dans l'entre-deux. Autant dire que tout est à moitié résolu. Jamais en entier. A
moitié vrai, à moitié faux. Comme vous voulez. André Dhôtel explore la fragmentation
du temps. L'espace géographique de la brisure. Celui qui fait que les deux amants
passent dans le temps de l'autre et que tous deux s'isolent en un seul et originéen
fragment du réel. Personne ne saurait s'y opposer. Ni par raison, ni par désir. Une
prédestination. Contre laquelle l'on ne peut rien. Un appel du sang. Deux garnements
d'une dizaine d'années au début du livre, qui chassent le chat égyptien, comme une
reproduction à l'identique du couple hiérogamique de cette vraie sœur et de ce faux
frère, qui se réunissent enfin en fin du roman.
André Murcie. ( 30 / 05 / 2018 ).
DES TROTTOIRS ET DES FLEURS
ANDRE DHÔTEL
( Folio 3989 / 2004 )

Une particularité. Publié en 1981, soit un an après La Route Inconnue de 1980.


Rien à voir avec une suite quelconque, même si Dhôtel explore sans arrêt le même
labyrinthe. Disons que cette fois l'histoire est racontée du côté du garçon, des garçons
pour être précis. L'unicité n'est jamais unique. Souvent Dhôtel raconte deux histoires
parallèles qui s'interfèrent sans jamais se croiser comme les droites mathématiques du
même nom.
Certains se récrieront, tous les romans de Dhôtel content la quête d'un sujet
masculin, certes, mais parfois la jeune fille est si énigmatique qu'elle vole la vedette au
malheureux héros. La compréhension du mystère féminin s'avère être le thème central
de l'œuvre. Ainsi sur ces trottoirs Marina se révèle être une parfaite cousine d'Agathe,
mais elle ne fait que passer, elle n'est qu'un aspect de la femme, celui de la vierge
farouche même si elle s'offre à qui elle veut, mais elle n'est pas la seule, Marguerite,
mère faustienne et intercesseuse, Pulchérie, pouvait-on choisir un nom plus symbolique
et mallarméen, son double Clarisse reléguée dans l'ombre peut-être pour faire
davantage resplendir son nom, deux images qui mêlent les revirements de la reine
comblée et les atermoiements de la princesse réfléchie, Irène la petite fille troublante,
Clémence la sœur qui se réserve pour elle-même – elle appelle cette sérénité auto-
jouissive, dieu - faute de ne pouvoir s'offrir charitablement à tous... tous les âges de la
féminité réunis en un seul bouquet. Sans compter Solange déchue et Ida non retenue.
Femmes fleurs qui font le trottoir. Même si c'est Léopold qui dessine sur le ciment. Le
monde de Dhôtel est beaucoup moins innocent et naïf qu'il n'y paraîtrait de prime
abord.
De tous les héros dhôtelliens Léopold a de fortes chances de remporter la palme
de l'indécision. D'autant plus remarquable qu'il est un artiste. Qui ne croit pas en lui,
qui se moque de réussir, qui ne trouve rien d'extraordinaire en ses exécutions
crayonnées. Travaille peu, et rarement. Plus par désœuvrement que par envie.
L'auteur lui refile une boîte de craies, peinture éphémère qui s'oublie sur un coin
d'asphalte, vouée à être effacée... Et pourtant, c'est lui qui met en pratique l'adage
baudelairien selon lequel la nature doit imiter l'art. Sans le faire exprès. Mais d'une
manière des plus efficientes. Le soleil se plie à la représentation de Léopold. Vous avez
le droit d'accuser le hasard, la coïncidence extraordinaire, mais c'est cet acte qui
entraînera le double mariage des deux garçons.
Nous n'y assisterons pas. Nous en sommes ravis. Le reste des évènements ressort
de l'universel bavardage. Dhôtel nous en exempte. Il a raison. Il suffit d'un coin de rue
pour qu'un trottoir s'arrête, et les fleurs du vécu fanent si vite !
André Murcie. ( 06 / 07 / 2018 )

CATALOGUE ALEXANDRE entend s'intéresser aux livres et autres objets littéraires récemment
parus. Certains parce qu'ils croisent notre route un peu par hasard et d'autres parce qu'ils
proviennent de lieux privilégiés. Tours d'attaque ou de défense que certains s'acharnent à édifier
afin de résister à un arasement culturel prémédité.

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