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L’immunologie est la discipline qui étudie les moyens de défense de l’organisme contre les macromolécules
étrangères et les agents infectieux qui nous envahissent. Ces envahisseurs incluent virus, bactéries, protozoaires et
autres parasites de plus grande taille. Dans le cas de l’auto-immunité, nous développons parfois des réponses
immunitaires contre nos propres protéines (et aussi nos autres molécules) et aussi, dans le cas de l’immunité anti-
tumorale, nous pouvons déveopper une réponse immunitaire contre nos cellules aberrantes.
Notre première ligne de défense contre les organismes étrangers est constituée par les barrières tissulaires physiques
comme la peau qui empêchent l’entrée des micro-organismes dans notre corps. Dans le cas où ces barrières sont
franchies, notre corps possèdent des cellules qui vont alors réagir rapidement contre l’envahisseur. Parmi ces cellules,
on retrouve les macrophages t les neutrophiles, cellules capables d’engloutir les microbes et de les tuer sans l’aide
d’anticorps. Les microbes sont aussi immédiatement confrontés à des molécules solubles qui les privent de nutriments
essentiels à leur croissance comme le Fer ou encore à des molécules anti-microbiennes trouvées à la surface des
épitheliums, dans les sécretions (comme les larmes ou la salive ) ou encore dans la circulation sanguine. Cette
immunité s’appelle l’immunité innée ou non-spécifique: elle est imémdiate et continuellement présente pour lutter
contre l’invasion par les pathogènes.
Une seconde ligne de défense est constituée par l’immunité spécifique ou adaptative qui se produit plusieurs jours
après une première intrusion (réponse primaire) du pathogène dans l’organisme (c’est à dire lorsque le pathogène
n’avait jamais été en contact avec l’organisme auparavant). Dans le système immunitaire spécifique, on peut voir la
production d’anticorps (des protéines solubles qui se fixent sur les antigènes étrangers) ainsi qu’une réponse cellulaire
dans laquelle des cellules spécifiques, les lymphocytes T et B, reconnaissent le pathogène étranger et le détruisent.
Dans le cas, des virus ou des tumeurs, cette réponse est vitale car elle permet la destruction des cellules infectées et
des cellules tumorales. La réponse à une ré-infection par le même pathogène (réponse secondaire) est souvent plus
rapide que lors de la première infection car les cellules qui vont répondre sont des lymphocytes T et B dits mémoires.
Nous verrons comment les cellules du système immunitaire interagissent ensemble en utilisant une série de signaux
permettant la mise en place d’une réponse coordonnée. Ces signaux peuvent notamment être des protéines telles que
les lymphokines, produites par les cellules lymphoides, et plus généralement, les cytokines et les chimiokines,
produites par de nombreuses cellules et qui ont pour propriété de stimuler la réponse immunitaire.
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Caractéristiques de la réponse
immunitaire spécifique – Réponse
CHAPITRE HUIT anticorps primaire et secondaire –
FORMATION DES ANTICORPS Bases moélculaires de la
commutation de classe et de
l’expression membranaire des
immunoglobulines.
CHAPITRE NEUF
Un survol des différents types d’
CELLULES IMPLIQUEES DANS LES interactions cellulaires et des
REPONSES IMMUNES ET LA molécules de l’immunité spécifique.
RECONNAISSANCE DE L’ANTIGÈNE
Structre et fonction des molécules
de surface mises en jeu dans
CHAPITRE DIX l’immunité spécifique : molécules
COMPLEXE MAJEUR du complexe majeur
D’HISTOCOMPATIBILITE (MHC ou CMH) ET d’histocompatibilité (CMH),
T-CELL RECEPTORS (TCR) - ROLE DANS LES récepteur à l’antigène des
lymphocytes T (TCR), complexe
REPONSES IMMUNES CD3 et molécules de costimulation
et accessoires.
Sous-populations de lymphocytes T
auxiliaires: Th1 et Th2. Cytokines
et commutation de classe des
anticorps. Cytokines et activation
CHAPITRE TREIZE des macrophages. Maturation et
CYTOKINES ET IMMUNOREGULATION mécanismes lytiques des
lymphocytes T cytotoxiques (CTL).
Caractéristiques des mécanismes de
la lyse par d’autres cellules lytiques.
Mécanismes immunorégulateurs.
Concept et importance de la
tolérance immunitaire. Facteurs et
mécanismes déterminant l’induction
de tolérance. Concepts d’auto-
CHAPITRE SEIZE immunité et de maladies auto-
TOLERANCE ET AUTOIMMUNITÉ immunes. Caractéristiques des
principales maladies auto-immunes.
Théories sur l’étiologie des
maladies auto-immunes
Immunodéficiences primaires et
secondaires. Immunodéficience liée
CHAPITRE DIX-NEUF au SIDA et autres situations.
IMMUNODEFICIENCES Immunodéficiences primaires
majeures et leurs caractéristqiues.
Relations entre le site de la lésion et
l’immunodéficience.
IMMUNOLOGIE - CHAPITRE UN
OBJECTIFS DU COURS
Comprendre l’importance du système immunitaire pour combattre les infections et les maladies
Comprendre les mécanismes de lutte contre les infections/maladies (élimination des pathogènes)
Comprendre les mécanismes d’action des composants humoraux et cellulaires de l’immunité non-spécifique.
En dépit d’une exposition permanente aux agents infectieux, nous bénéficions, dans la plupart des
cas, d’une remarquable résistance aux infections. C’est notre système immunitaire qui nous
permet de résister ainsi aux infections. Notre système immunitaire est divisé en deux grandes
volets : le système immunitaire inné (ou naturel) dit non-spécifique et le système adaptatif (ou
acquis) dit spécifique (Figure 1). Le système immunitaire inné constitue notre première ligne de
défense contre les agents infectieux alors que le système immunitaire adaptatif agit comme une
seconde ligne de défense et confère également une protection en cas de ré-exposition au même
agent pathogène. Chacun de ces volets du système immunitaire comprend des composants
cellulaires et humoraux qui assurent les fonctions protectrices contre les pathogènes (Figure 1).
Par ailleurs, le système immunitaire inné présente des caractéristiques qui, sur le plan anatomique,
contribuent à former des barrières contre les agents infectieux. Bien que ces deux volets de la
réponse immunitaire aient des fonctions distinctes, ils sont en fait très interdépendants (c’est à dire
que des composants de l’immunité innée influencent le système adaptatif et vice versa).
Nos systèmes immunitaires innés et adaptatifs agissent tout deux pour nous protéger contre des
agents infectieux : ils différent néanmoins à bien des égards. D’une part, le système immunitaire
adaptatif requiert un certain temps avant de réagir à l’invasion par un pathogène, alors que le
système immunitaire inné repose sur des moyens de défense qui, pour la majorité d’entre eux, sont
constitutivement présents à l’entrée de l’agent infectieux et peuvent donc être très rapidement
mobilisés. D’autre part, le système immunitaire adaptatif est dit « spécifique d’antigène » ce qui
traduit le fait qu’il réagit précisément contre le microorganisme qui a induit la réponse
immunitaire. Au contraire, le système inné n’est pas spécifique d’antigène (il est dit « non-
spécifique ») et réagit de la même façon face à une grande variété de microorganismes différents.
Finalement, le système immunitaire adaptatif présente une mémoire immunologique c’est à dire
qu’il garde un « souvenir » de l’agent infectieux et réagit plus vite lors d’une ré-exposition à ce
même agent. Le système immunitaire innée, lui, ne possède pas de mémoire immunologique.
Les cellules de notre système immunitaire naissent dans la moelle osseuse et se répartissent en
cellules myéloïdes (neutrophiles, basophiles, éosinophiles, macrophages et cellules dendritiques)
et lymphoïdes (lymphocytes B, lymphocytes T et cellules Natural Killer) (Figure 2) qui se
différencient selon deux voies différentes (Figure 3). Le progéniteur myéloïde (cellule souche
myéloïde) donne naissance, dans la moelle osseuse, aux érythrocytes (globules rouges), aux
plaquettes, aux neutrophiles, monocytes/macrophages ainsi qu’aux cellules dendritiques alors que
le progéniteur lymphoïde (cellule souche lymphoïde) donne naissance aux lymphocytes NK, T et
B. Dans le cas des lymphocytes T, le précurseur des cellules T doit migrer de la moelle osseuse
vers le thymus où il va subir une différenciation conduisant à deux types principaux de
lymphocytes T, les lymphocytes T CD4+ auxiliaires (et les lymphocytes T CD8+ pré-
cytotoxiques. Deux types de lymphocytes T auxiliaires sont produits dans le thymus, les cellules
Th1, qui aident les lymphocytes T CD8+ pré-cytotoxiques à se différencier en lymphocytes T
cytotoxiques, et les Th2, qui aident les lymphocytes B à se différencier en plasmocytes secréteurs
d’anticorps.
La fonction principale de notre système immunitaire est de distinguer nos propres composants (le
Soi) de ceux ne nous appartenant pas (le Non-Soi). Cette capacité de discrimination du Soi et du
Non-Soi est nécessaire pour protéger notre organisme contre les agents pathogènes qui peuvent
l’envahir mais aussi contre nos cellules lorsque celles-ci ont été modifiées (c’est à dire lorsqu’elles
sont devenues malignes). Etant donné que les agents pathogènes peuvent se répliquer à l’intérieur
(virus, certaines bactéries et parasites) ou à l’extérieur (la plupart des bactéries, les champignons et
de nombreux parasites) de nos cellules, différents composants de notre système immunitaire ont
évolué pour nous protéger contre ces différents types de pathogènes. Il est important de se
souvenir qu’infection par un microorganisme ne rime pas nécessairement avec maladie, dans la
mesure où notre système immunitaire sera bien souvent capable d’éliminer le pathogène avant
même que la maladie ne se déclenche. Les maladies se produisent en fait lorsque la charge en
agent infectieux est forte, quand la virulence de l’agent pathogène est élevée ou quand notre
système immunitaire est amoindri. Il faut noter que, bien que notre système immunitaire ait le plus
souvent des effets bénéfiques, il peut aussi avoir des effets délétères. Lors de l’inflammation, qui
traduit la réponse à un microbe, on peut ressentir un inconfort local ainsi que des atteintes
collatérales aux tissus adjacents à l’infection dus à des molécules toxiques produites par la réponse
immunitaire. Par ailleurs, la réponse immunitaire peut parfois s’attaquer à nos propres tissus
conduisant alors à une maladie auto-immune.
Table 1
Figure 1
Survol du système immunitaire
Figure 2
Cellules du système immunitair
Figure 3
Développement des cellules du système immunitair
Les éléments de l’immunité innée (non-spécifiques) (Table 2) sont constitués de barrières anatomiques, de
molécules secrétées ainsi que de composants cellulaires. Parmi les barrières mécaniques de l’anatomie on
retrouve la peau, les épithéliums internes, le péristaltisme intestinal et les oscillations des cils broncho-
pulmonaires. On retrouve également des agents chimiques et biologiques associées à ces barrières.
A. Barrières anatomiques aux infections
1. Facteurs mécaniques
Les surfaces épithéliales forment une barrière physique très imperméable à la plupart des agents
infectieux. La desquamation de l’épithélium de la peau permet de se débarrasser des bactéries et
autres agents infectieux qui ont adhéré aux surfaces épithéliales. Les mouvements des cils
retrouvés sur certaines surfaces épithéliales ainsi que le péristaltisme intestinal permettent de
maintenir l’aération du milieu intérieur et débarrassent le tractus gastro-intestinal des
microorganismes. L’action d’efflux joué par la salive et les larmes permet de prévenir les
infections au niveau des yeux et de la bouche. Le piégeage des microorganismes par le mucus qui
borde les tractus respiratoire et gastro-intestinal protège également les poumons et le système
digestif des infections.
2. Facteurs chimiques
Les acides gras présents dans la transpiration inhibent la croissance bactérienne. Le lysozyme et la
phospholipase trouvés dans les larmes, la salive et les secrétions nasales peuvent casser les parois
et déstabiliser les membranes bactériennes. Les défensines (des protéines de bas poids
moléculaire) trouvées dans les tractus respiratoire et gastro-intestinal ont des propriétés
antimicrobiennes. Enfin, les surfactants pulmonaires agissent comme des opsonines (c’est à dire
des qu’ils favorisent la phagocytose des microorganismes par les cellules phagocytaires).
3. Facteurs biologiques
Les barrières anatomiques sont très efficaces pour prévenir la colonisation des tissus par les
microorganismes. Cependant, en cas de dommage tissulaire, ces barrières peuvent être franchies et
l’infection se produit alors. Une fois que l’agent infectieux a pénétré dans nos tissus, un nouveau
mécanisme de défense immunitaire inné est alors mis en jeu, connu sous le nom d’inflammation
aigüe. Les facteurs humoraux jouent un rôle très important lors de l’inflammation, qui se
caractérise par un oedème et le recrutement de cellules phagocytaires. Ces facteurs humoraux sont
trouvés dans le serum ou se forment au site de l’infection.
4. Interférons. Les interférons sont des protéines qui inhibent la réplication virale dans les cellules
infectées.
Figure 4C
Neutrophile – microscopie électronique. Notez les deux lobes nucléaires et les granules azurophiles © Dr Louise Odor, University
of South Carolina School of Medicin
L’un des aspects de la réponse inflammatoire consiste à recruter des polynucléaires éosinophiles et
des macrophages sur le site infectieux. Ces cellules constituent la principale ligne de défense du
système immunitaire non-spécifique.
1. Les neutrophiles. Les polynucléaires neutrophiles (Figure 4) sont recrutés sur le site de
l’infection où ils vont phagocyter les microorganismes et les éliminer par des mécanismes
microbicides intracellulaires. Par ailleurs, les neutrophiles contribuent aux dommages collatéraux
qui se produisent au cours de l’inflammation.
2. Les macrophages. Les macrophages présents dans les tissus (Figures 5, 6, 7) et les monocytes
nouvellement recrutés dans les tissus infectés (Figure 4 and 8) et qui vont pouvoir se différencier
en macrophages, exercent également la fonction de phagocytose et d’élimination intracellulaire
des microorganismes. De plus, les macrophages peuvent également éliminer nos propres cellules
après que celles-ci aient été infectées ou soient devenues cancéreuses. Par ailleurs, les
macrophages contribuent à la réparation tissulaire et agissent comme des cellules présentatrices
d’antigènes, lesquelles sont requises pour la mise en œuvre des réponses immunitaires spécifiques.
3. Les cellules Natural killer (NK) et les cellules « lymphokine activated killer » (LAK). Les
cellules NK et LAK tuent de façon non-spécifique les cellules infectées par des virus et les
cellules cancéreuses. Ces cellules ne font pas réellement partie de la réponse inflammatoire mais
elles sont importantes lors de l’immunité non-spécifique lors d’infections virales et pour la
surveillance des tumeurs.
4. Les éosinophiles. Les éosinophiles (Figure 6a and b) possèdent des protéines contenues dans
leurs granules qui sont efficaces pour l’élimination de certains parasites.
Figure 5
Macrophage attaquant E.coli (grossissement x8,800) © Dr Dennis Kunkel (utilisé avec permission)
Figure 6
Macrophage alvéolaire (poumons) attaquant E. coli (grossissement x10,000) © Dr Dennis Kunkel (utilisé avec permission)
Figure 6A Eosinophile sur un frottis sanguin © Bristol Biomedical Image
Archive Utilisé avec permission
Figure 6B
Histopathologie de la vessie montrant des oeufs de Schistosoma haematobium entourés d’infiltrats riches en éosinophiles
CDC/Dr. Edwin P. Ewing, Jr. epe1@cdc.gov
Figure 7
Histiocytes – Macrophages résidents à longue durée de vie trouvés dans les tissus .
© Bristol Biomedical Image Archive Utilisé avec permission
A. Les phagocytes
1. Neutrophiles
Les neutrophiles sont des cellules phagocytaires mobiles ayant un noyau multi-lobé. Elles sont
caractérisées par l’architecture de leur noyau mais aussi grâce à une molécule présente à leur
surface, CD66. Ils possèdent deux types de granules, dont le contenu est impliqué dans les
propriétés microbicides de ces cellules. Les granules primaires ou azurophiles, qui sont abondant
dans les neutrophiles nouvellement formés, contiennent des protéines cationiques et des
défensines qui peuvent tuer les bactéries, des enzymes protéolytiques comme l’elastase, ou
la cathepsine G qui cassent les protéines, le lysozyme qui casse les parois bactériennes, et de
façon caractéristique, la myéloperoxidase, qui est impliquée dans génération de substances
microbicides. Le deuxième type de granules, trouvés dans des neutrophiles plus matures, sont les
granules secondaires encore appelés granules spécifiques. Ils contiennent du lysozyme, les
composants de la NADPH oxydase, impliqué dans la génération de réactifs oxygénés toxiques, et
de façon caractéristique, la lactoferrine, une protéine de chélation du Fer et la protéine de liaison
B12.
Les neutrophiles circulants et les monocytes répondent aux signaux de danger (SOS) générés au
site de l’infection. Les signaux SOS incluent les peptides contenant la N-formyl-methionine
produits par les bactéries, les peptides du système de coagulation, les produits du système du
complément et les cytokines produites par les macrophages tissulaires qui ont rencontré les
bactéries dans le tissu infecté. Certains signaux du système SOS peuvent stimuler les cellules
endothéliales des vaisseaux sanguins proches du site de l’infection ce qui les conduit à exprimer
des molécules d’adhérence comme ICAM-1 ou les sélectines qui se lient à d’autes molécules
d’adhérence de la surface des phagocytes et permettent ainsi l’adhérence des phagocytes à
l’endothélium. Les vasodilatateurs produits au site de l’infection causent le relâchement des
jonctions entre cellules endothéliales et facilitent le passage des phagocytes circulants au travers
de l’endothélium par un processus appelé diapédèse (Figure 9). Une fois dans l’espace tissulaire,
les signaux de dangers attirent les phagocytes sur le site infectieux par chimiotactisme
(mouvement permettant aux cellules de remonter un gradient de molécules chimiotactiques). Les
signaux SOS activent également les phagocytes afin de leur permettre d’accroître leur activité de
phagocytose.
Les phagocytes disposent d’une variété de récepteurs présents à leur surface par lesquels ils se
lient aux agents infectieux. Ces récepteurs incluent:
1. Les récepteurs Fc (FcR). Les bactéries recouvertes à leur surface par des anticorps de type IgG
exposent librement la partie Fc des molécules d’anticorps qui peuvent alors se lier aux FcR
présents sur le phagocyte. La liaison des FcR nécessite donc une interaction préalable d’un
anticorps de type IgG avec un antigène de la bactérie. Cette liaison conduit à une phagocytose
accrue des phagocytes ainsi qu’à une augmentation de l’activité métabolique du phagocyte
conduisant à la flambée (ou burst) respiratoire.
4. Les récepteurs de la famille Toll-like (TLR, Toll-Like Receptors). Les phagocytes possèdent
une variété de Toll-like receptors (membres de la famille plus grande encore de Pattern
Recognition Receptors ou PRRs) qui reconnaissent des motifs moléculaires très partagés (ou
PAMPs, pathogen associated molecular patterns) par de nombreux agents infectieux. La liaison
des agents pathogènes aux Toll-like receptors conduit à l’activation des phagocytes qui vont alors
produire des cytokines inflammatoires (IL-1, TNF-alpha et IL-6).
D. La phagocytose
Lors de la phagocytose, le glucose est métabolisé par la voie des pentoses monophosphate et la
NADPH est assemblée. Le cytochrome B contenu dans les granules spécifiques des neutrophiles
se combine avec la NADPH oxydase présente à la membrane plasmique du phagocyte et l’active.
La NADPH oxydase activée utilise l’oxygène pour oxyder le NADPH. Il s’ensuit une production
d’anion superoxyde, dont une partie est convertie, sous l’action de la superoxyde dismutase, en
H202 et en oxygène singulet. De plus l’anion superoxyde peut réagir avec l’H202 pour former des
radicaux hydoxyle et de l’oxygène singulet. Au final, ces réactions conduisent à la formation des
radicaux oxygénés toxiques (encore appelées espèces réactives de l’oxygènes) comme l’anion
superoxyde (O2-), l’eau oxygénée H2O2, l’oxygène singulet (1O2) et les radicaux hydroxyles
(OH•).
Lorsque les granules azurophiles fusionnent avec le phagosome, la myélopéroxydase est déversée
dans le phagolysosome. La myélopéroxydase utilise l’H2O2 et des ions halides (en général Cl-)
pour produire de l’hypochlorite, une substance hautement toxique. Une partie de l’hypochlorite
peut spontanément conduire à la formation d’oxygène singulet. Au final, cette réaction conduit à
la production d’espèces toxiques, l’hypochlorite (OCl-) et l’oxygène singulet (1O2).
Table 3
Réaction Enzyme
H2O2 + Cl- --> OCl- + H2O
Myéloperoxydase
OCl- + H2O --> 1O2 +Cl- + H2O
2O2 + 2H+ --> O2- + H2O2 Superoxide dismutatse
H2O2 --> H2O + O2 Catalase
La liaison de bactéries aux macrophages, notamment via les Toll-like receptors, conduit à la production de
TNF-alpha, qui agit de manière autocrine pour induire l’expression du gène de l’ensyme iNOS-2 (inducible
nitric oxide synthetase) résultant en la production d’oxyde nitrique (NO) (Figure 12). Si la cellule est ,par
ailleurs, exposée à l’interféron gamma (IFN-gamma) davantage d’oxyde nitrique est produit (figure 12). La
production d’oxyde nitrique par la cellule est toxique et peut tuer des microorganismes à proximité du
macrophage.
Plusieurs types cellulaires différents incluant les cellules NK et LAK, les cellules K, les
macrophages activés et les éosinophiles sont capable de tuer des cellules étrangères ou des cellules
modifiées (malignes, par exemple) de façon non-spécifique. Ces cellules jouent des rôles
importants dans notre système immunitaire inné.
A. Cellules NK et LAK
Les cellules Natural killer (NK) sont également connues sous le nom de large granular
lymphocytes (LGL) car elles ressemblent aux lymphocytes sur le plan morphologique, à
l’exception du fait qu’elles sont légèrement plus grosses et contiennent de nombreux granules. Les
cellules NK peuvent être identifiées par la présence des molécules de surface CD56 et CD16 et
l’absence du marqueur CD3. Les cellules NK sont capables de tuer des cellules infectées par des
virus ainsiqque des cellules tumorales mais elles sont relativement inefficaces dans ce dernier cas
de figure. Toutefois, lorsqu’elles sont exposées à l’IL-2 et à l’IFN-gamma, les cellules NK
deviennent des lymphokine-activated killer (LAK), lesquelles ont une forte activité lytique vis-à-
vis des cellules malignes. L’exposition continue à l’IL-2 et l’IFN-gamma permet aux cellules
LAK de tuer des cellules transformées aussi bien que des cellules malignes. C’est ainsi que des
approches thérapeutiques basées sur les cellules LAK sont proposées pour le traitement des
cancers.
Comment les cellules NK et LAK distinguent-elles une cellule normale d’une cellule infectée par
un virus ou d’une cellule maligne? Les cellules NK et LAK possèdent deux sortes de récepteurs à
leur surface : des récepteurs activateurs (killer activating receptor, KAR) et des récepteurs
inhibiteurs (killer inhibiting receptor, KIR). Quand les récepteurx KAR interagissent avec leur
ligand (killer activating ligand, KAL) présent sur la cellule cible, les cellules NK ou LAK peuvent
alors détruire la cible. Cependant, si le récepteur KIR est, en parallèle, lié à son ligand alors les
cellules NK ou LAK ne peuvent plus détruire la cible même si les récepteurs KAR sont liés au
ligand KAL. Les ligands des récepteurs KIR sont les molécules du CMH de classe I. Ainsi, si les
cellules cibles expriment les molécules du CMH de classe I à leur surface, elles ne seront pas tuées
par les cellules NK ou LAK même si les récepteurs KAR interagissent avec leur ligand KAL. Les
cellules normales expriment constitutivement les molécules du CMH de classe I à leur surface,
mais les cellules infectées par un virus ou malignes répriment l’expression de ces molécules. Au
final, les cellules NK et LAK tuent les cellules infetcées ou malignes mais épargnent les cellules
saines ou normales.
Les cellules Killer (K) ne constitue pas un type cellulaire distinct sur le plan morphologique. On
désigne plutôt par ce terme n’importe quelle cellule que ce soit capable de médier une cytotoxicité
cellulaire dépendant d’anticorps (ou antibody-dependent cellular cytotoxicity, ADCC). Lors de
l’ADCC, l’anticorps agit en créant un lien permettant d’apposer la cellule K et la cellule cible
recouverte de l’anticorps, ce qui déclenche la cytotoxicité. Les cellules K possèdent les récepteurs
Fc (FcR) et peuvent par ce biais reconnaître, lier et tuer les cellules recouvertes d’anticorps. Les
cellules K qui ont des FcR incluent les cellules NK, LAK, les macrophages, toutes possédant des
FcR pour les IgG et les éosinophiles, qui possèdent un FcR pour les IgE.
Figure 14
Elimination de cellules cibles opsonisées par les cellules K
Les composants du système immunitaire non-spécifique sont modulés par des produits du système
immunitaire spécifique tels que les interleukines, l’interféron-gamma, les anticorps etc…
Cellules Ig Fc CD Phagocytose
CD3
effectrice
Neutrophile - - IgG CD67 +
Cellules K - - IgG ? -
Cellules LAK - - ? ? ?
5. Effets des facteurs sécrétés comme les interféron, le TNF, l’IL-2, le complément etc... sur les cellules du système
immunitaire non-spécifique
OBJECTIFS DU COURS
Connaître l’importance du système du complément dans la résistance de l’hôte aux infections, l’inflammation et les
dommages tissulaires
I. FONCTIONS DU COMPLEMENT
D’un point de vue historique, le terme de complément (abréviation usuelle : C’) a été utilisé pour
décrire un composant thermo-sensible (son activité est détruite par chauffage à 56°C pendant 30
minutes), présent dans le sérum, et capable de lyser des bactéries. On sait aujourd’hui que le
complément participe à la réponse immunitaire de bien d’autres manières. Le complément peut
opsoniser des bactéries et conduire à une phagocytose plus efficace ; il peut permettre le
recrutement de diverses cellules dont les neutrophiles et les macrophages sur le site infectieux ; il
peut participer à la régulation de la réponse anticorps et faciliter l’élimination des complexes
immuns (complexes antigène-anticorps) et des cellules apoptotiques. Le complément a aussi des
effets néfastes pour l’hôte : il contribue à l’inflammation et l’endommagement des tissus et peut
déclencher des réactions d’hypersensibilité comme l’anaphylaxie.
Le complément comprend en fait plus de 20 protéines sériques différentes (voir Table 1),
produites par divers types cellulaires comme les hépatocytes, les macrophages et les cellules
épithéliales intestinales. Certaines protéines du complément se lient aux immunoglobulines ou à
des composants membranaires des cellules. D’autres sont des proenzymes qui, une fois activés,
vont cliver d’autres protéines du complément. Après clivage, certains composants du complément
forment des fragments possédant la capacité d’activer des cellules, d’augmenter la perméabilité
vasculaire ou encore d’opsoniser les bactéries.
Complément :
nomenclature
C3, Facteurs B
Protéines acivatrices: & D*,
C1qrs, C2, C3, C4 Properdine (P)
Mannose binding C5, C6, C7, C8,
protein (MBP), C9
Protéines régulatrices:
mannose-
C1-INH, C4-BP Facteurs I* &
associated serine
H, decay
protease (MASP,
accelerating
MASP2)
factor (DAF),
Récepteurs du
Protéine S
complément 1
(CR1), etc…
L’activation du complément peut-être divisée en 4 grandes voies (Figure 1): la voie classique, la voie des
lectines, la voie alterne et la voie lytique (attaque membranaire). Les 3 premières voies nécessitent
l’activation d’une activité enzymatique C5 convertase et conduisent à la production du fragment C5b
essentiel pour l’activation du complexe d’attaque membranaire de la voie lytique.
Figure 1
Voies d’activation de la cascade du complément
A.
Génération de la C3 convertase de la voie classique
Activation du C1
Le composant C1, composé de 3 sous-unités (C1q, C1r et C1s) se lie à la partie Fc des molécules
d’anticorps de type IgG et IgM ayant réagi avec leur antigène. La liaison du C1 n’intervient pas
lorsque l’anticorps n’est pas complexé à l’antigène et dépend, par ailleurs, de la présence d’ions
calcium et magnésium [N.B. parfois, le C1 peut se lier à des anticorps agrégés (par exemple, des
agrégats d’IgG) ou à des pathogènes même en absence d’anticorps]. La liaison du C1 aux
anticorps se produit via les sous-unités C1q et, pour cela, C1q doit se lier à 2 molécules
d’anticorps simultanément avant d’être fermement lié. La liaison du C1q conduit à l’activation de
la sous-unité C1r qui, à son tour, active C1s. Le résultat est la formation d’un complexe C1qrs qui
est une enzyme capable de cliver le composant C4 du complément en deux fragments, C4a et C4b.
Si la voie classique n’était pas régulée, une production durable de C2b, C3a, C4a s’ensuivrait.
Il existe plusieurs moyens pour réguler l'activité de la voie classique. Le tableau 3 résume la
façon dont la voie classique est régulée.
Composant Régulation
Tous C1-INH : dissocie C1r et C1s de C1q
L’inactivateur de C3a (C3a-INA;Carboxypeptidase
C3a
B) : dégrade C3a
Facteurs H et I : Le facteur H facilite la dégradation
C3b
de C3b par le facteur I
C4a C3-INA
C4 binding protein (C4-BP) et Factor I : C4-BP
facilite la dégradation de C4b par le facteur I; C4-
C4b
BP empêche aussi l’association de C2a avec C4b
bloquant la formation de la C3 convertase
L'importance de C1-INH dans la régulation de la voie classique est démontrée par le résultat d'une
carence en cet inhibiteur. Une carence en C1-INH est en effet associée à la formation d'angio-œdème
héréditaire.
La voie des lectines (Figure 3) est très similaire à la voie classique. Elle est initiée par la liaison
d’une lectine liant le mannose (MBL, mannose binding lectin) à des polysaccharides contenant du
mannose (mannanes) présent sur certaines surfaces bactériennes. La liaison de la MBL à la surface
des pathogènes conduit à l'association de deux sérines protéases, MASP-1 et MASP-2 (MBL-
associated-serine-proteases). MASP-1 et MASP-2 sont similaires respectivement à C1r et C1s et
MBL est similaire à C1q. La formation des complexes tri-moléculaires MBL/MASP-1/MASP-2
conduit à l'activation de MASP et, en suivant, au clivage de C4 en C4a et C4b. La suite de la
cascade se déroule comme dans le cadre de la voie classique : le fragment C4b se lie à la
membrane et le fragment C4a est libéré dans le micro-environnement. MASP activé va également
cliver le fragment C2 en C2a et C2b. C2a se lie à la membrane et s’associe avec C4b et C2b est
libéré dans le micro-environnement. Le complexe C4bC2a constitue la convertase C3, qui clive
C3 en C3a et C3b. C3b se lie à la membrane et s’associe avec C4b et C2a alors que le C3a est
libéré dans le micro-environnement. Le complexe C4bC2aC3b qui en résulte est une C5
convertase. La génération de la convertase C5 marque la fin de la voie des lectines.
Les activités biologiques et les protéines régulatrices de la voie des lectines sont les mêmes que
celles de la voie classique.
Figure 3 Voie initiée par les lectines
VOIE ALTERNE
La voie alterne commence avec l'activation de C3 et nécessite les facteurs B et D ainsi que des
cations Mg + +, éléments tous présents dans le sérum normal.
Rappelez-vous que la voie alterne fournit un moyen de résistance non spécifique contre l'infection ne
nécessitant pas la participation d'anticorps et fournit donc une première ligne de défense contre un
certain nombre d'agents infectieux.
De nombreuses bactéries Gram-négatives et quelques bactéries Gram-positives, certains virus, les
parasites, les globules rouges hétérologues, les immunoglobulines agrégées (notamment les IgA) et
quelques protéines autres (par exemple des protéases, des produits du système de coagulation) peuvent
activer la voie alterne. Une protéine issue du venin de cobra, le cobra venom factor (CVF), a été très
étudiée pour sa capacité à activer la voie alterne du complément.
Les C5 convertases de la voie classique (C4b2a3b), de la voie des lectines (C4b2a3b) ou de la voie
alterne (C3bBb3b) ont la propriété commune de cliver le fragment C5 en C5a et C5b. Le fragment
C5a reste dans la phase liquide alors que le C5b s’associe rapidement aux fragments C6 et C7 et
s'insère dans la membrane. Par la suite, le fragment C8 vient également se lier, suivi de plusieurs
molécules de fragment C9. Les molécules C9 forment un pore dans la membrane activatrice à
travers lequel le contenu cellulaire fuit, conduisant alors à la lyse de la cellule. La lyse due au
complément n'est donc pas un processus enzymatique, mais résulte vraisemblablement de
dommages physiques à la membrane. Le complexe constitué de C5bC6C7C8C9 est désigné sous
le nom de complexe d'attaque membranaire (CAM).
Le fragment C5a généré lors de la voie lytique possède plusieurs effets biologiques puissants.
D’une part, il s’agit de l’anaphylotoxine la plus puissante. De plus, C5a agit comme un facteur
chimiotactique pour les neutrophiles et stimule le burst respiratoire dans ces cellules. Enfin, C5a
stimule la production de cytokines inflammatoires par les macrophages. Ces activités sont
contrôlées par l’inactivation du C5a par la carboxypeptidase B (C3-INA).
Une partie du complexe C5b67 formé peut se dissocier de la membrane cellulaire et passer en
phase fluide. Il pourrait alors aller se fixer sur la membrane de cellules voisines et conduire à leur
lyse. Dans les faits, cela ne se produit car la Protéine S (vitronectin) se lie au C5b67 soluble et
empêche sa liaison aux autres cellules.
La cascade d’activation du complément fournit plusieurs molécules biologiquement actives qui contribuent à
la résistance aux infections, à l’anaphylaxie et à l’inflammation (voir ci-dessous).
Anaphylotoxines
Les fragments C4a, C3a et C5a (classés en ordre croissant d'activité) sont tous des
anaphylotoxines qui provoquent la dégranulation des basophiles et des mastocytes ainsi que la
contraction des muscles lisses. Les effets indésirables de ces peptides sont contrôlés par la
carboxypeptidase B (C3a-INA).
Facteurs chimiotactiques
Le C5a et le CAM (C5b67) sont tous les deux des facteurs chimiotactiques. Le C5a est également
un puissant activateur des neutrophiles, des basophiles et macrophages et permet également
l'induction de molécules d'adhésion sur les cellules endothéliales vasculaires (Figure 12).
Opsonines
Les fragments C3b et C4b déposés à la surface de micro-organismes peuvent fixer le récepteur de
type 1 au complément (CR1) présent sur les cellules phagocytaires et promouvoir ainsi la
phagocytose opsonique (Figure 11).
Figure 11
Les protéines du complément se lient à la surface des micro-organismes et déclenchent la
phagocytose via les récepteurs au complément
Figure 12
Effets biologiques du fragment C5a
OBJECTIFS DU COURS
Comparer et faire la différence entre antigène, immunogène et haptène
Décrire les facteurs influençant l’immunogénicité
Définir la nature chimique des immunogènes
Comparer le structures des antigènes T-indépendants et T-dépendants
Présenter la notion de couple haptène-porteur et en décrire la structure
Caractériser les déterminants antigéniques
MOTS-CLES
Immunogène
Antigène
Haptène
Epitope
Déterminant antigénique
Anticorps
Antigène T-indépendant
Antigène T-dépendant
Couple haptène-porteur
Déterminant natif
Déterminant hapténique
Superantigène
I. DEFINITIONS
A. Immunogène
Une substance qui induit une réponse immune spécifique.
C. Haptène
Une substance non-immunogène mais qui peut réagir avec les produits d’une réponse immune
spécifique. Les haptènes sont des molécules trop petites pour induire une réponse immunitaire
spécifique lorsqu’elles sont administrées seules mais peuvent induire cette réponse lorsqu’elles
sont couplées à une molécule porteuse. Une fois la réponse induite, certains produits de la réponse
peuvent réagir avec l’haptène seul. Les haptènes sont donc antigéniques mais pas
immunogéniques.
D. Epitope ou Déterminant Antigénique
La partie d’un antigène qui se combine avec les produits de la réponse immune spécifique
A. Contribution de l’Immunogène
1. Caractère étranger
Le système immunitaire discrimine normalement entre le NON SOI et le SOI de telle sorte que
seules les molécules étrangères sont immunogènes.
2. Taille
Il n’y a pas de taille absolue au-dessus de laquelle une substance est immunogène. Toutefois, de
façon générale, plus une molécule est de grande taille et plus elle est immunogène.
3. Composition chimique
En général, plus une substance est chimiquement complexe et plus elle est immunogène. Les
déterminants antigéniques sont créées par la séquence primaire des résidus dans un polymère et/ou
par les structures secondaires, tertiaires ou quaternaires de la molécule.
4. Forme physique
En générale, les antigènes particulaires sont plus solubles que les antigènes solubles. Par ailleurs,
les antigènes dénaturés sont plus immunogènes que les antigènes natifs.
5. Caractère dégradable
Les antigènes facilement phagocytés sont généralement les plus immunogènes. Cela est dû au fait
que, pour la plupart des antigènes (les antigènes T-dépendants, voir plus loin), le développement
de la réponse immunitaire nécessite que l’antigène soit phagocyté, dégradé et présentés aux
lymphocytes T auxiliaires par une cellule présentatrice d’antigène (APC).
B. Contribution du système biologique
1. Facteurs génétiques
Certaines substances sont immunogènes chez une espèce et pas chez une autre. De la même façon,
au sein d’une même espèce, une substance peut être immunogène chez un individu et pas chez un
autre (certains sont répondeurs et d’autres non-répondeurs). Cela peut s’expliquer par exemple par
le fait que les espèces ou les individus peuvent ne pas avoir les gènes ou alors une forme modifiée
des gènes codant pour les récepteurs d’antigènes sur les lymphocytes T et B ou des gènes
inappropriés codant pour des molécules impliquées dans la présentation des antigènes aux
lymphocytes T auxiliaires.
2. Age
L’âge peut aussi avoir une influence sur l’immunogénicité. Habituellement, les individus très
jeunes ou très vieux ont une capacité moindre à produire des réponses immunitaires suite à
l’injection d’un antigène.
C. Méthod d’Administration
1. Dose
La dose à laquelle l’immunogène est administré peut influencer son immunogénicité. Il existe une
dose au dessus de laquelle et au dessous de laquelle la réponse immunitaire contre un antigène
donné sera sous-optimale.
2. Voie d’administration
En général, la voie d’administration sous-cutanée est meilleure que les voies intraveineuses ou
intra-gastriques. De plus, la voie d’administration peut aussi influencer la nature de la réponse
immunitaire.
3. Adjuvants
Les substances qui augmentent la réponse immunitaire contre un immunogène sont appelées «
adjuvants ». L’utilisation d’adjuvants est souvent limitée par leurs effets indésirables que sont la
fièvre et l’inflammation.
A. Protéines
La grande majorité des immunogènes sont des protéines. Cela peut être des protéines pures mais
aussi des glycoprotéines ou lipoprotéines. En général, les protéines sont de très bons
immunogènes.
B. Polysaccharides
Les polysaccharides purs et les lipopolysaccharides sont de bons immunogènes.
C. Acides Nucléiques
Les acides nucléiques sont généralement assez peu immunogènes. Toutefois ils peuvent devenir
assez immunogènes sous une forme simple brin ou en complexe avec des protéines.
D. Lipides
En général, les lipides ne sont pas immunogènes mais ils peuvent constituer des haptènes.
Voir figure 1a.
Figure 1a
Immunogénicité des molécules biologiques
A. Antigènes T-indépendants
Les antigènes T-indépendants sont des antigènes qui peuvent directement stimuler les
lymphocytes B pour leur faire produire des anticorps de haute affinité sans avoir recours à l’aide
des lymphocytes T. En général, les polysaccharides sont des antigènes T-indépendants. Les
réponses immunitaires contre ces antigènes diffèrent de celles des autres antigènes.
1. Structures polymériques
Ces antigènes sont caractérisés par le fait que le même déterminant antigénique est répété
plusieurs fois, comme illustré dans la Figure 1b.
Figure 1b
Même déterminant antigénique répété plusieurs fois dans un même antigène.
3. Résistance à la dégradation
Les antigènes T-indépendants sont généralement plus résistants à la dégradation et persistent donc
plus longtemps, ce qui conduit à une stimulation continue du système immunitaire.
B. Antigènes T-dépendants
Les antigènes T-dépendants sont définis par le fait qu’ils ne peuvent déclencher la production
d’anticorps de haute affinité sans l’aide des lymphocytes T auxiliaires. Ce sont des protéines. Sur
le plan structural, ces antigènes sont caractérisés par la présence de quelques copies de
déterminants antigéniques multiples comme illustré dans la Figure 2.
Figure 2
Les antigènes T-dépendants sont caractérisés par quelques copies de plusieurs déterminants
antigéniques différents
V. COUPLES HAPTENE-PORTEUR
A. Définition
Les couples haptène-porteur sont constitués de molécules immunogènes auxquelles les haptènes
ont été couplés de façon covalente. La molécule immunogène est qualifiée de « porteur ».
B. Structure
Sur le plan structural, ces couples sont caractérisés par le fait qu’ils cumulent les déterminants
antigéniques natifs de la molécule porteuse auxquels se rajoutent de nouveaux déterminants créés
par la liaison de l’haptène (déterminants hapténiques) comme illustré dans la Figure 3. Le
déterminant réellement crée par l’haptène est en fait l’haptène lui-même et quelques résidus
adjacents de la protéine porteuse. Néanmoins, l’anticorps produit contre le déterminant hapténique
réagit avec l’haptène seul. Dans ces couples, c’est la molécule porteuse qui déterminera si
l’antigène est T-dépendant ou T-indépendant.
Figure 3
Les couples haptène-porteur possèdent des déterminants antigéniques natifs du porteur auxquels s’ajoutent
des déterminants de l’haptène
VI. DETERMINANTS ANTIGENIQUES
2. Taille
En général, les déterminants antigéniques sont de petite taille, de l’ordre de 4-8 résidus (sucres ou acides
aminés). Le site de liaison de l’anticorps à l’antigène pourra lier un déterminant antigénique de 4-8 résidus.
3. Nombre
Bien qu’en théorie chaque enchaînement de 4-8 résidus puisse constituer un déterminant antigénique, dans
la pratique, le nombre de déterminants antigéniques par antigènes est bien inférieur au nombre théorique
possible. Habituellement, les déterminants antigéniques sont limités aux parties de l’antigène accessibles
aux anticorps comme montré dans la Figure 4 (les déterminants sont indiqués en noir).
Figure 4
Les déterminants antigéniques sont limités aux parties de l’antigène accessibles aux anticorps (en noir ):
exemple d’une protéine de liaison au Fer
B. Déterminants reconnus par les lymphocytes T
1. Composition
Les déterminants antigéniques reconnus par les lymphocytes T sont constitués de la séquence
primaire en acides aminés d’une protéine. Les lymphocytes T ne reconnaissent comme antigène ni
les polysaccharides ni les acides nucléiques. C’est la raison pour laquelle les polysaccharides sont
généralement des antigènes T-indépendants alors que les protéines sont des antigènes T-
dépendants. Les déterminants antigéniques n’ont pas besoin d’être localisés sur des surfaces
exposées de l’antigène dans la mesure où la reconnaissance des déterminants antigéniques par les
lymphocytes T nécessite une dégradation préalable de l’antigène en peptides par des enzymes
protéolytiques. Les peptides libres produits ne sont pas reconnus tels quels par les lymphocytes T,
mais ces peptides s’associent aux molécules codées par le complexe majeur d’histocompatibilité
(CMH) et c’est le complexe peptide-CMH ainis formé qui est reconnu par les lymphocytes T.
2. Taille
En général, les déterminants antigéniques ont une taille de l’ordre de 8-15 acides aminés.
3. Nombre
Bien qu’en théorie, chaque enchaînement de 8-15 résidus puisse constituer un déterminant
antigénique, en pratique, le nombre de déterminants antigéniques par antigène est bien inférieur au
nombre théorique possible. Les déterminants antigéniques sont en fait limités aux portions de
l’antigène qui peuvent se lier au CMH. C’est la raison pour laquelle on peut avoir des différences
dans les réponses immunitaires d’individus exprimant des molécules du CMH différentes.
VII. SUPERANTIGENES
Quand le système immunitaire rencontre un antigène T-dépendant conventionnel, seule une faible
fraction (1 sur 104 -105) de la population des cellules T est capable de reconnaître l’antigène et
s’active (on parle de réponse monoclonale/oligoclonale). Cependant, il existe des antigènes qui
activent de façon polyclonale une large fraction des cellules T (jusqu’à 25%). Ces antigènes sont
appelés superantigènes (Figure 5).
Figure 5
Les superantigènes activent une fraction large de lymphocytes T contrairement aux antigènes T-dépendants
conventionnels
Les déterminants reconnus par les composants du système immunitaire inné (non spécifique)
diffèrent de ceux reconnus par le système immunitaire adaptatif (spécifique). Les anticorps et les
récepteurs des cellules B et T reconnaissent des déterminants distincts et présentent un degré élevé
de spécificité, qui permet au système immunitaire adaptatif de reconnaître et réagir contre un agent
pathogène particulier. En revanche, les composants du système immunitaire inné reconnaissent de
larges motifs moléculaires trouvés chez les pathogènes, mais pas chez l'hôte. Ainsi, ils n'ont pas
un degré élevé de spécificité comme celui retrouvé dans le système immunitaire adaptatif. Les
motifs moléculaires partagés par de nombreux pathogènes reconnus par le système immunitaire
inné ont été appelés PAMP (motifs moléculaires associés à des pathogènes) et les récepteurs de
PAMP sont appelés PRR (Pattern Recognition Receptors). Un PRR particulier peut reconnaître un
motif moléculaire qui peut être présents sur un certain nombre d'agents pathogènes différents
permettant au récepteur de reconnaître des agents pathogènes variés. Quelques exemples de
PAMP et de PRR sont illustrés dans le tableau 1
OBJECTIFS DU COURS
Discuter les propriétés générales de toutes les immunoglobulines
Décrire la structure des immunoglobulines
Relier la structure des immunoglobulines à leur fonction
Définir les régions hypervariables et les régions assurant l’ossature des immunoglobulines
Définir les classes et sous-classes, types et sous-types des immunoglobulines
Décrire les structures et les fonctions des différentes classes d’immunoglobulines
MOTS-CLES
Immunoglobuline
Valence
Chaîne lourde
Chaîne légère
Région variable
Région constante
Région charnière
Domaine
Région hypervariable
Région « Framework » (ossature)
Groupes & sous-groupes
Fab & Fc, F(ab')2
Type & sous-type
Classe & sous-classe
Opsonine
Chaîne J
Pièce sécrétoire
I. DEFINITION
Immunoglobuline (Ig)
Les immunoglobulines sont des glycoprotéines qui sont produites par les plasmocytes en réponse
à un immunogène et qui fonctionnent comme des anticorps. Les immunoglobulines tirent leur nom
de la découverte qu’elles migrent avec les protéines globulaires lorsqu’un sérum immun
(contenant des anticorps) est placé dans un champ électrique (Figure 1).
A. Liaison à l’antigène
Les immunoglobulines se lient de façon spécifique à un ou plusieurs antigènes apparentés. Chaque
immunoglobuline se lie en fait à un déterminant antigénique spécifique. La liaison à l’antigène est
la première fonction des anticorps qui, en tant que telle, peut assurer une protection de l’hôte. La
valence de l’anticorps fait référence au nombre de déterminants antigéniques que chaque molécule
individuelle d’anticorps peut lier. La valence de tous les anticorps est d’au moins deux et peut être
supérieure dans certains cas.
B. Fonctions effectrices
Souvent, la liaison de l’anticorps à l’antigène ne conduit à aucun effet biologique direct. Les effets
biologiques importants des anticorps sont plutôt la conséquence de fonctions effectrices
secondaires. Les immunoglobulines possèdent des fonctions effectrices variées. En général, pour
qu’une fonction effectrice soit mise en œuvre, il faut que l’anticorps se lie à l’antigène. Les
immunoglobulines ne présentent pas toutes l’ensemble des fonctions effectrices.
Les fonctions effectrices incluent:
La structure de base des immunoglobulines est illustrée dans la Figure 2. Bien que différentes
immunoglobulines puissent présenter des variations structurales, elles sont toutes construites sur la
même unité de base.
B. Ponts disulfures
1. Ponts disulfures inter-chaînes. Les chaînes lourdes et légères, d’une part, et les deux chaînes
lourdes, d’autre part, sont maintenues ensemble par des ponts-disulfures inter-chaînes ainsi que
des liaisons non-covalentes. Le nombre de ponts disulfures inter-chaînes varie en fonction des
molécules d’immunoglobulines.
2. Ponts disulfures intra-chaînes. On trouve également des ponts disulfures intra-chaîne au sein de
chaque chaîne polypeptidique.
1. Pour la chaîne légère : les régions VL (110 acides aminés) et CL (110 acides aminés)
2. Pour la chaîne lourde : les régions VH (110 acides aminés) et CH (330-440 acides aminés)
D. Région charnière
C’est la région au niveau de laquelle les bras de la structure d’anticorps sont en forme de Y. Cette
région est appelée « charnière » car c’est à ce niveau que la molécule présente un certain degré de
flexibilité.
E. Domaines
Les images de la structure tridimensionnelle de la molécule d’immunoglobuline montrent que la
structure est plus complexe que comme représenté dans la figure 2A. En effet, elle est plutôt
structurée en régions globulaires, chacune d’entre elles contenant un pont disulfure intra-chaîne
(figure 2B-D). Ces régions sont appelées domaines.
Figure 2B
Cliquer sur l’image à gauche pour une démonstration animée de la structure des anticorps Requiert le Plug-In Chime. Obtenez Chime
here. Developed by Eric Martz. Development supported by the Divisio.
Figure 2C Représentation en ruban de la première structure intacte d’anticorps jamais cristallisée (IgG2A).
Harris, L. J., Larson, S. B., Hasel, K. W., Day, J., Greenwood, A., McPherson, A. Nature 1992, 360, 369-372. © 2000 Antibody Resource Page
Figure 2D
L’anticorps en rotation Jose Saldanha, Humanization by Design © 2000, Antibody Resource Page
Les fragments d’immunoglobulines générés par protéolyse se sont révélés très utiles pour
comprendre les relations structure/fonction des immunoglobulines.
A. Fragment Fab
La digestion par la papaïne casse la molécule d’immunoglobuline au niveau de la région charnière
avant le pont disulfure inter-chaîne (Figure 4). Cela conduit à la formation de deux fragments
identiques qui contiennent une chaîne légère et les domaines VH et CH1 d’une chaîne lourde.
Liaison à l’antigène. Ces fragments ont été appelés Fab car ils contiennent les sites de liaison à
l’antigène de l’anticorps. Chaque fragment Fab est monovalent alors que la molécule d’origine est
divalente. Le site de liaison de l’anticorps est créé par la mise en commun des domaines VH et
VL. Des combinaisons de différents domaines VH et VL conduit à des anticorps qui peuvent se
lier à des déterminants antigéniques différents.
B. Fragment Fc
La digestion par la papaïne génère aussi un fragment qui contient le reste des deux chaînes lourdes
contenant chacune les domaines CH2 et CH3. Ce fragment a été appelé Fc car il cristallisait
facilement.
Cliquer sur l’image à gauche pour voir une structure moléculaire en rotation d’un fragment Fab lié à un peptide de l’hémagglutinine
du virus de la grippe. Requiert le Plug-In Chime. Obtenez Chime here)
Cliquer sur l’image à gauche pour voir les détails de l’interaction d’un anticorps monoclonal de souris avec de
lysozyme de blanc d’œuf de poule . Requiert le Plug-In Chime. Obtenez Chime here)
Fonctions effectrices : les fonctions effectrices des immunoglobulines sont essentiellement portées par cette
partie de la molécule. Des fonctions différentes sont portées par différents domaines du fragment Fc (figure
5). Normalement, le fait qu’un anticorps puisse exercer une fonction dépend de sa fixation préalable à
l’antigène ; il y a néanmoins des exceptions à cette règle.
C. Fragment F(ab')2
Le traitement des immunoglobulines à la pepsine conduit à un clivage de la chaîne lourde après le pont
disulfure localisé entre les deux chaînes lourdes, ce qui conduit à la formation d’un fragment contenant
les deux sites de liaison à l’antigène (figure 6). Ce fragment a été appelé F(ab')2 car il est divalent. La
région Fc de la molécule est digérée en courts peptides suite au traitement à la pepsine. Le fragment
F(ab')2 se lie à l’antigène mais ne porte pas les fonctions de l’anticorps.
A. Classes d’immunoglobulines
Les immunoglobulines peuvent être divisées en cinq classes différentes selon les séquences en
acides aminés des régions constantes des chaînes lourdes. Toutes les immunoglobulines, au sein
d’une classe donnée, auront des régions constantes de chaînes lourdes très similaires. Ces classes
différentes peuvent être détectées par des études de séquençage ou, plus communément, par des
tests sérologiques (c’est à dire utilisant des anticorps dirigés contre ces différences).
B. Sous-classe d’immunoglobulines
Les classes d’immunoglobulines peuvent être subdivisées en sous-classe en fonction de légères
différences en acides aminés présentes dans la région constante des chaînes lourdes. Toutes les
immunoglobulines, au sein d’une sous-classe donnée, auront des régions constantes de chaînes
lourdes très similaires. De nouveau, ces différences peuvent être mises en évidence par des
moyens sérologiques.
1. Sous-classes d’IgG
2. Sous-classes d’IgA
C. Types d’immunoglobulines
Les immunoglobulines peuvent aussi être classées en types en fonction de la chaîne légère dont elles
disposent. Les types de chaînes légères sont basés sur des différences dans la séquence des acides
aminés de la région constante. Là encore, ces différences peuvent être mises en évidence par des moyens
sérologiques. On distingue :
1. Chaînes légères de type Kappa
D. Sous-types d’immunoglobulines
Les chaînes légères peuvent également être subdivisées en sous-types en fonction de différences légères
dans la séquence en acides aminés des régions constantes de la chaîne légère au sein d’un type donné.
1. Sous-types Lambda
a) Lambda 1
b) Lambda 2
c) Lambda 3
d) Lambda 4
E. Nomenclature
Les immunoglobulines sont dénommées sur la base de leur classe, ou de leur sous-classe de chaîne lourde
et sur leur type, ou sous-type de chaîne légère. En absence de précision, il faut admettre que toutes les
classes, sous-classe, types ou sous-types sont présents dans un échantillon biologique. IgG signifie que
toutes les sous-classes d’IgG et tous les types sont présents dans une échantillon biologique.
F. Hétérogénéité
Les immunoglobulines, prises en tant que population de molécules, sont normalement très hétérogènes car
elles sont composées non seulement de différentes classes et sous-classes de molécules chacune
composée de types et de sous-types de chaînes légères différentes mai aussi car elles peuvent avoir des
propriétés de liaison à des antigènes différents du fait de la diversité des régions VH et VL.
VII. STRUCTURE ET PROPRIETES DE CLASSES ET SOUS-CLASSE
D’IMMUNOGLOBULINESIG CLASSES
A. IgG
1. Structure
Les structures des sous-classes d’IgG sont présentées dans la Figure 7. Toutes les IgG sont des
monomères (immunoglobulines 7S). Les sous-classes diffèrent par le nombre de ponts disulfures
et la longueur de la région charnière.
2. Propriétés
La classe d’anticorps IgG présente l’ensemble des fonctions qui peuvent être réalisées par des
molécules d’immunoglobulines.
a) Les IgG sont les immunoglobulines majoritaires dans le sérum : 75% des immunoglobulines
sériques sont des IgG
d) Fixation du complément : toutes les sous-classes d’IgG ne fixent pas le complément : c’est le
cas de l’IgG4
B. IgM
1. Structure
La structure des IgM est présentée figure 8. Les IgM existent normalement sous la forme de
pentamères (immunoglobulines 19S) mais peuvent aussi exister sous la forme de monomères.
Dans leur forme pentamérique, toutes les chaînes lourdes et toutes les chaînes légères sont
identiques. La valence des IgM pentamériques est donc théoriquement de 10. Les IgM ont un
domaine surnuméraire sur la chaîne mu (nommé CH4) et sont associées de façon covalente, par un
pont disulfure, à une autre protéine appelée chaîne J.
2. Propriétés
b) L’IgM est la première immunoglobuline à être produite par le fœtus ainsi que la première
immunoglobuline produite par les lymphocytes B « naïfs » après qu’ils aient été stimulés par
l’antigène.
c) Grâce à sa structure pentamérique, l’IgM fixe bien le complément. Les IgM sont des anticorps
très efficaces pour lyser les micro-organismes.
d) Toujours grâce à sa structure pentamérique, l’IgM est aussi un bon anticorps agglutinant. Ainsi
les IgM sont de bons anticorps pour agglutiner les micro-organismes ce qui conduit à leur
élimination par le corps.
C. IgA
1. Structure
Les IgA trouvées dans le sérum sont monomériques mais celles présentes dans les sécrétions sont
sous la forme de dimères comme présenté dans la Figure 11. Sous la forme dimérique, l’IgA est
associée à une chaîne J.
L’IgA trouvée dans les sécrétions est également associée à une autre molécule : la pièce sécrétoire
ou chaîne T ; l’IgA présente dans les sécrétion (ou sIgA) est parfois appelée immunoglobuline
11S. Contrairement au reste des IgA qui sont produites dans les plasmocytes, la pièce sécrétoire
est produite dans les cellules épithéliales et est ajoutée à l’IgA lorsque celle-ci passe dans les
sécrétions. (Figure 12). La pièce sécrétoire facilite le transport de l’IgA au travers de la muqueuse
et protège également l’IgA de la dégradation dans les sécrétions.
2. Propriétés
b) L’IgA est la principale immunoglobuline retrouvée dans les sécrétions, larmes, salive,
colostrum, mucus. De par sa présence dans les sécrétions, l’IgA sécrétée est important dans
l’immunité locale (mucosale).
c) Normalement les IgA ne fixent pas le complément sauf si elles sont sous forme agrégée.
d) L’IgA peut se lier à certaines cellules comme les neutrophiles et certains lymphocytes.
D. IgD
1. Structure
La structure de l’IgD est présentée dans la Figure 13. L’IgD n’existe que sous la forme de
monomère.
2. Propriétés
a) L’IgD est retrouvée à de bas niveau dans le sérum; son rôle dans le sérum n’est pas clair.
b) L’IgD est principalement retrouvée à la surface des cellules B où elle agit comme récepteur
pour l’antigène. L’IgD de surface possède des acides aminés supplémentaires à son extrémité C-
terminale permettant un ancrage à la membrane. Elle est associée aux chaînes Ig-alpha et Ig-beta
chains.
E. IgE
1. Structure
La structure des IgE est présentée dans la Figure 14. L’IgE existe sous la forme de monomère et
possède un domaine supplémentaire dans la région constante..
2. Propriétés
a) L’IgE est l’immunoglobuline la moins abondante dans le sérum car elle se lie fortement à des
récepteurs Fc présents sur les basophiles et les mastocytes avant même d’interagir avec l’antigène.
b) Les IgE sont impliquées dans les réactions allergiques. L’implication des IgE dans les réponses
allergiques résulte de leur liaison aux mastocytes et aux basophiles. La liaison des allergènes aux
IgE présents sur ces cellules conduit au relâchement de divers médiateurs pharmacologiques qui
sont responsables des symptômes allergiques.
c) Les IgE jouent aussi un rôle dans les maladies parasitaires dues à des helminthes. Dans la
mesure où les niveaux d’IgE augmentent au cours des maladies parasitaires, ce dosage est utile
pour diagnostiquer ce type d’infections. Les éosinophiles possèdent des récepteurs Fc pour les IgE
et la liaison des éosinophiles aux helminthes recouverts d’IgE conduit à l’élimination du parasite.
IgG
IgM
1. Les IgM sont augmentées dans les situations suivantes (chez l’adulte):
a) Macoglobulinémie de Waldenström's
b) Trypanosomiasie
c) Actinomycoses
d) Maladie de Carrión (bartonelloses)
e) Malaria
f) Mononucléose infectieuse
g) Lupus érythémateux disséminé
h) Polyarthrite rhumatoïde
I) Dysgammaglobulinémie (certain cas)
Note: Chez le nouveau-né, un niveau d’IgM supérieur à 20 ng/dl est indicateur d’une stimulation intra-utérine
du système immunitaire par le virus de la rubéole, le cytomégalovirus, la syphilis ou la toxoplasmose.
IgA
1. Les IgA sont augmentées dans les situations suivantes:
a) Syndrome de Wiskott-Aldrich
b) Cirrhoses du foie (dans la plupart des cas)
c) Certain stades de pathologies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde et le lupus érythémateux
disséminé.
d) Infections chronique ne résultant pas de déficits immunologiques.
e) Myélomes à IgA
2. Les IgA sont diminuées dans les situations suivantes:
a) Ataxia telangiectasia héréditaire
b) Déficits immunologiques (par exemple : dysgammaglobulinémie, agammaglobulinémies acquises et
congénitales, hypo-gammaglobulinémies)
c) Syndrome de malabsorption
d) Aplasie lymphoïde
e) Myélome à IgG
f) Leucémie lymphoblastique aigüe
g) Leucémie lymphoblastique chronique
IgD
1. Les IgD sont augmentées dans les situations suivantes:
a) Infections chroniques
b) Myélomes à IgD
IgE
1. Les IgE sont augmentées dans les situations suivantes:
a) Maladies atopiques de la peau et maladies de peau comme l’eczéma.
b) Hay fever
c) Asthme
d) Choc anaphylactique
e) Myélome à IgE
2. Les IgE sont diminuées dans les situations suivantes:
a) Agammaglobulinémie congénitale
b) Hypogammaglobulinémie due à des défauts métaboliques ou de synthèse des immunoglobulines.
OBJECTIFS DU COURS
Expliquer les bases structurales des isotypes, allotypes et idiotypes d’immunoglobulines
Décrire quelques utilisations des isotypes, allotypes et idiotypes
MOTS-CLÉS
Isotype
Allotype
Idiotype
Allèles co-dominants
Exclusion allélique
ISOTYPES
Définition
Les isotypes sont des déterminants antigéniques qui caractérisent les classes et les sous-classes de
chaînes lourdes ainsi que les types et sous-types de chaînes légères. Si des IgM humaines sont
injectées à un lapin, le lapin reconnaitra ces déterminants antigéniques sur les chaînes lourdes et
légères et produira des anticorps dirigés contre ces déterminants Si cet antisérum est adsorbé sur
des IgG humaines les anticorps dirigés contre les déterminants de chaînes légères et de chaînes
lourdes partagés par les IgM et les IgG seront éliminés et l’antiserum adsorbé obtenu réagira
uniquement avec les IgM humaines. En effet les anticorps réagiront uniquement contre les régions
constantes de la chaîne μ. Les anticorps dirigés contre la région variable sont rares : ceci est
certainement dû au fait que seules quelques copies de chaque régions variables différentes sont
représentées dans les IgM et que l’immunisation n’est pas suffisamment efficace. Les
déterminants reconnus par ces anticorps sont appelés déterminants isotypiques. Chaque classe,
sous-classe, type ou sous-type d’immunoglobuline possède son jeu unique de déterminants
isotypiques.
Localisation
Les isotypes de chaînes lourdes sont retrouvés sur la portion Fc de la région constante de la
molécule ; les isotypes de chaîne légère sont retrouvés dans la région constante CL de cette chaîne.
La localisation des déterminants isotypiques est illustrée dans la Figure 1.
Figure 1 Localisation des déterminants isotypiques
Occurrence
Les isotypes sont retrouvés chez TOUS les individus NORMAUX d’une espèce. Le préfixe Iso
signifie identique chez tous les membres de l’espèce. Certaines personnes, présentant des déficits
immunitaires, peuvent ne pas exprimer un ou plusieurs isotypes mais les individus normaux les
expriment tous.
Importance
Les anticorps dirigés contres les isotypes sont utilisés pour quantifier les différentes classes et
sous-classes d’immunoglobulines dans des pathologies données, pour caractériser des leucémies B
et pour le diagnostique de diverses immunodéficiences.
ALLOTYPES
Définition
Les allotypes présentent des déterminants antigéniques sont les produits de formes alléliques
différentes des gènes d’immunoglobuline. De subtiles différences dans les séquences en acides
aminés des chaînes lourdes et légères entre plusieurs individus sont à la base de différents
allotypes. Même si, en général, des allotypes différents sont définis par des variations de plusieurs
acides aminés, un seul acide aminé différent peut former un déterminant allotypique.
Les différences allotypiques peuvent être détectées en utilisant des anticorps dirigés contre des
déterminants allotypiques. Ces anticorps peuvent être obtenus en injectant les immunoglobulines
d’une personne à une autre personne. En pratique, toutefois, les antisérums anti-allotypes sont
obtenus à partir de femmes ayant eu des grossesses multiples ou de personnes ayant reçu des
transfusions sanguines ou encore de patients atteints de polyarthrite rhumatoïde.
Localisation
Chez les êtres humains, les différences allotypiques sont localisées dans les régions constantes des
chaînes lourdes et légères comme illustré dans la Figure 2.
Occurrence
Les allotypes individuels sont trouvés chez chaque individu d’une espèce. Tous les allotypes ne
sont pas représentés chez un individu donné de l’espèce. Le préfixe Allo signifie différent entre
différents individus d’une espèce.
Nomenclature
Les allotypes d’iimmunoglobulines humaines sont nommés sur la base des la chaîne, lourde ou
légère, sur laquelle ils sont localisés. Ainsi, un allotype localisé sur un chaîne lourde Gamma 1
s’appellera G1m(3). Un allotype présent surune chaîne légère Kappa s’appellera : Km(1). La
Table 1 récapitule quelques allotypes humains.
Adapté de Stites et al., Basic and Clin. Immunol., 3rd Ed., Table 7-8
Génétique
Km(1)/Km(3) X Km(1)/Km(1)
Exclusion allélique
Bien que chez un hétérozygote, les deux allèles sont exprimés, chaque molécule
d’immunglobuline portera un seul allotype. Chaque lymphocyte B ne peut exprimer qu’un seul
allèle. Ce phénomène est appelé « exclusion allélique ». Les allotypes représentés par les
variations d’acides aminés à différents endroits dans la molécule (par exemple, G1m(1) et
G1m(17)) peuvent être cumulés dans la même molécule.
Exemple : chez un individu G1m(1,17) les deux allotypes seront portés sur la chaîne lourde
GM1(1) G1m(17)
_____________|______________________________________|______________
214 355-358
Importance
Médecine légale
Les allotypes Km et Gm sont détectables dans le sang et le sperme et sont
utilisés en médecine légale.
Test de paternité
Les allotypes d’immunoglobulines sont l’une des caractéristiques qui
peuvent être utilisés pour résoudre des affaires légales impliquant des
recherches de paternité.
IDIOTYPES (Id)
Définition
Ce sont des déterminants antigéniques uniques présents individuellement sur des
molécules d’anticorps ou partagés par différentes molécules d’anticorps ayant la
même spécificité antigénique (c’est à dire exactement les mêmes régions
hypervariables).
Les déterminants antigéniques formés par le site de liaison de l’anticorps sont
appelés idiotypes et les anticorps générés contre les idiotypes sont appelés
anticorps anti-idiotypiques. Les idiotypes sont donc les déterminants antigéniques
créés par les régions hypervariables de l’anticorps et les anticorps anti-idiotypiques
sont ceux dirigés contre les régions hypervariables de l’anticorps.
Pour comprendre ce que sont les idiotypes, il est utile de comprendre comment ils
sont détectés.
Anticorps anti-
DNP-BSA Souche A
DNP
Anticorps
dirigé contre le
Anticorps anti-DNP
site de liaison Souche A
purifié
de l’anticorps
avec le DNP
Un antigène, dans ce cas, l’haptène dinitrophenol (DNP) est injecté à une souris (sous une forme haptène-
porteur, DNP-BSA) et des anticorps anti-DNP sont obtenus. Ces anticorps peuvent être purifiés à
homogénéité et sont alors injectés à une autre souris de la même espèce. Les plupart des épitopes présents
sur l’anticorps injecté seront détectés comme du « soi » ; toutefois les épitopes qui forment le site de
liaison de l’anticorps au DNP (on appelle ces épitopes particuliers « idiotopes », un terme peu utilisé et
interchangeable avec idiotype) seront perçus comme étrangers chez la seconde souris dans la mesure où
cette souris n’a pas été injectée par le couple DNP-BSA. Cette seconde souris générera seulement des
anticorps dirigés contre les idiotopes de l’anticorps purifié anti-DNP : les anticorps ainsi obtenus seront
les anti-idiotypes. Les déterminants antigéniques formés par les régions hypervariables d’un anticorps
sont les idiotypes.
Location
Les idiotypes sont localisés ru le fragment Fab des molécules d’immunoglobulines comme indiqué dans la
Figure 3. Plus spécifiquement, on les retrouve au niveau des régions hypervariables des chaînes légères et
des chaînes lourdes. Dans de nombreux cas, le déterminant antigénique réel (l’idiotype) peut aussi inclure
quelques résidus de la région « framework » adjacents aux régions hypervariables. Les idiotypes sont
habituellement des déterminants crées à la fois sur les l régions hypervariables des chaînes légères et
lourdes même si parfois des idiotypes peuvent être retrouvées isolément sur l’une ou l’autre de ces
chaînes.
Importance
Marqueurs de région V
Les idiotypes sont des marqueurs utiles de régions V particulières.
Vaccins
Dans certains cas, les anticorps anti-idiotypiques peuvent vraiment stimuler les
cellules B et peuvent donc être utilisés comme des vaccins. Cette approche est
actuellement utilisée pour immuniser contre des pathogènes hautement dangereux
qui ne peuvent être utilisés sans dangers comme vaccins.
Vaccins anti-
idiotypiques
Traitement des tumeurs de cellules B
Les anticorps anti-idiotypiques dirigés contre un idiotype présent sur les
lymphocytes B cancéreux peuvent être utilisés pour tuer les cellules
cancéreuses. La lyse intervient suite à la fixation du complément ou grâce à
des molécules toxiques attachées aux anticorps.
OBJECTIFS DU COURS
Décrire l’organisation et l’expression des familles de gènes des immunoglobulines.
Expliquer les origines de la diversité des anticorps.
MOTS-CLÉS
Gène V
Gène C
Région J
Région D
Séquence Leader
Enhancer
Promoteur
Diversité des anticorps
Théorie germinale
Théorie des mutations somatiques
Insertions des nucléotides N
Diversité jonctionnelle
Diversité combinatoire
Multispécificité
Sélection clonale
HISTORIQUE
Les données de séquençage des acides aminés ont révélé qu’une région C donnée pouvait être retrouvée
associée à différentes régions V possibles. En outre, il a été montré qu'un idiotype unique pouvait être
retrouvé associé à différentes régions C possibles (par exemple régions C d’IgM ou d’IgG). Pour expliquer
ces données, il a été proposé que les deux régions de la molécule d'immunoglobuline pourraient avoir été
codées par des gènes distincts et que les gènes codant pour les régions V et C auraient été, en quelque
sorte, joints avant qu’une molécule d'immunoglobuline ne soit produite (soit deux gènes codant pour un seul
polypeptide). Ce concept alors révolutionnaire s’est finalement avéré exact notamment grâce à l'avènement
des technologies de recombinaison de l'ADN. Les chaînes lourdes et légères d'immunoglobuline sont en
effet codées par trois familles de gènes présentes chacune sur un chromosome séparé : une famille de gène
code pour la chaîne lourde et une pour chacun des types de chaînes légères. Chacune de ces familles de
gènes possède plusieurs gènes codant pour la région V et un ou plusieurs gènes codant pour la région C.
Les gènes codant pour la région V et la région C ne sont cependant pas immédiatement adjacents les uns
aux autres.
Organisation germinale
L’organisation germinale des gènes codant pour les chaînes légères kappa et lambda dans des cellules
indifférenciées est représentée dans la Figure 1.
Figure 1
Organisation germinale des gènes codant pour les chaînes légères kappa et lambda
Figure 2
Lors de la différenciation d’une cellule en cellule B mature qui va exprimer une chaîne légère, il y réaarrangement de
différents gènes (exons).
Au fur et à mesure qu’une cellule s'engage à devenir une cellule B assemblant une chaîne légère, il se
produit un réarrangement des gènes au niveau de l'ADN de telle sorte que l'un des gènes V est positionné
en regard de l'un des gènes J. Cela se produit par un événement de recombinaison qui supprime les
séquences présentes entre les gènes V et J choisis. La sélection du gène V utilisé parmi les différentes
gènes V possible n'est pas totalement aléatoire : il y a une certaine préférence pour l'utilisation de gènes V
les plus proches de la région J. Cependant, globalement, l'ensemble des gènes V peut être utilisé de telle
sorte que toutes les combinaisons de gènes V et J possibles peuvent être générées.
Une conséquence de ce réarrangement de l'ADN est que cela active la transcription du gène réarrangé car
un promoteur (P), qui est associé au gène V choisi, est amené à proximité d'un amplificateur (E), qui est
situé dans l'intron entre les régions J et C. Suite à l’amorçage de la transcription à partir du promoteur, un
pré-ARNm est synthétisé à partir des séquences contenant les régions L, C et VJ ainsi que des séquences
d'introns entre L et V et entre J et C (figure 2). Ce pré-ARNm est alors maturé (épissé) dans le noyau et les
introns restants sont éliminés. L'ARNm résultant possède les exons L, VJ et C contigus.
L'ARNm est traduit dans le cytoplasme et la séquence L est éliminée lors du transport de la protéine en
cours d’élongation dans la lumière du réticulum endoplasmique. La chaîne légère est assemblée avec une
chaîne lourde dans le réticulum endoplasmique et l'immunoglobuline est alors sécrétée par la voie normale
de sécrétion de protéines. Au final, la région V de la chaîne légère mature est codée par la séquence des
gènes de la région V et J choisis et la région C, par la séquence du gène C.
Dans la famille des gènes des chaînes lourdes, il existe de nombreux gènes C, un pour chaque classe et
sous-classe d’immunoglobuline. Chaque gène C est en fait constitué de plusieurs exons codant pour les
différents domaines CH et pour la région charnière. Dans la famille des gènes codant pour les chaînes
lourdes, il y a également de nombreux gènes codant pour les régions V, chacun étant composé d’un exon L
et d’un exon V. En plus, on retrouve plusieurs exons J et, également, spécifiquement dans la famille de
gènes codant pour les chaînes lourdes, on retrouve plusieurs exons codant pour des régions D (Diversité).
Tous ces exons sont séparés par des introns comme cela est représenté dans la Figure 3.
Figure 3
En plus des multiples exons J, les gènes de chaîne lourde contiennent également plusieurs exons additionnels
appelés exons D (diversité). Tous les exons sont séparés par des introns.
Figure 4
Au cours de l’initiation de la transcription à partir du promoteur, un pré-ARNm est formé contenant les
séquences des régions L, V, D, J Cμ et Cδ ainsi que les séquences codant pour les introns placés entre L et
V, entre J et Cμ, et entre Cμ et Cδ
Figure 5
Le pré-ARNm est maturé (épissé) dans le noyau et les introns restants, incluant ceux présents entre les
exons des gènes C sont éliminés.
Au fur et à mesure qu’une cellule s'engage à devenir une cellule B assemblant une chaîne lourde, il se
produit deux réarrangements successifs au niveau de l'ADN. En premier lieu, l'une des régions D est
positionnée en regard de l'une des régions J puis l'un des gènes V est amené en regard de la région DJ
réarrangée. Cela se produit par deux événements de recombinaison qui éliminent les séquences présentes
entre les régions V, D et J. Comme pour les chaînes légères, la sélection du gène de la chaîne lourde V
n'est pas totalement aléatoire mais, finalement, tous les gènes V peuvent être utilisés.
Une conséquence de ces réarrangements de l'ADN est l’activation de la transcription du gène car un
promoteur (P), qui est associée au gène V, est amené à proximité d'un amplificateur (E), qui est situé dans
l'intron entre les régions J et Cmu . L’amorçage de la transcription à partir du promoteur conduit à la
formation d'un pré-ARNm à partir des séquences contenant les régions L, V, D, J Cmu et Cdelta ainsi que
les séquences introniques placées entre L et V, entre J et Cmu, et entre Cmu et Cdelta (Figure 4).
L'ARNm est maturé (épissé) dans le noyau et les introns restants, y compris ceux placés entre les exons des
gènes C, sont supprimés (voir figure 5). Le pré-ARNm peut alors être traduit de deux manières : dans l'une,
le bloc VDJ est placé à côté du gène Cmu. Les ARNm résultants auront leurs exons L, V, D, J et CMU
contigus permettant la production d’une chaîne lourde de type mu. Dans le deuxième, le bloc VDJ est placé
à côté du gène Cdelta. Les ARNm résultants auront alors leurs exons L, V, D, J et Cdelta contigus
permettant la production d’une chaîne delta.
Les ARNm sont ensuite traduits dans le cytoplasme et la séquence Leader est enlevée lorsque la protéine
en cours d’élongation est transportée dans la lumière du réticulum endoplasmique. La chaîne lourde est
assemblée avec une chaîne légère dans le réticulum endoplasmique et l'immunoglobuline est sécrétée par
la voie normale de sécrétion de protéines. La région V de la chaîne lourde mature est donc codée par des
séquences du gène V, des régions D et J et la région C par des séquences du gène C.
De part et d’autre des exons V, J et D, il existe des séquences uniques appelées séquences signal de
recombinaison (RSS), qui fonctionnent en se recombinant. Chaque RSS est constituée d'un nonamère
conservé et un heptamère conservé qui sont séparés par 12 ou 23 paires de bases (pb), comme illustré
dans la figure 6. Les espaceurs de 12 pb et de 23 pb correspondent à une ou deux tours de l'hélice d'ADN
respectivement. La recombinaison se produit uniquement entre une séquence signal présente sur 1 tour
d’hélice avec une séquence signal portée par 2 tours d’hélice. Dans le cas des chaînes légères λ on trouve
une séquence signal portée par 1 tour d’hélice en amont de l'exon J et un signal porté par 2 tours d’hélice en
aval de Vlambda. Dans le cas des chaînes légères κ, il y a un signal porté par 1 tour d’hélice en aval du
gène Vkappa et un signal porté par 2 tours d’hélice en amont de l'exon J. Dans le cas des chaînes lourdes, il
y a des séquences signal portées par 1 tour d’hélice de chaque côté de l'exon D et des séquences signal
portées par 2 tours d’hélice en aval du gène V et en amont de l'exon J. Cette organisation garantit que des
événements de recombinaison corrects vont se produire entre les bons exons.
Les événements de recombinaison conduisent à la suppression des introns placés entre les exons V et J
recombinés dans le cas des chaînes légères ou entre les exons V, D et J recombinés dans le cas des
chaînes lourdes. L'événement de recombinaison est catalysée par deux protéines, Rag-1 et Rag-2. Des
mutations dans les gènes codant pour ces protéines entraîne une immunodéficience grave appelée severe
combined immunodeficiency disease (dans laquelle à la fois les cellules T et B sont absentes), puisque ces
protéines et les RSS sont impliquées dans la génération des récepteurs à l’antigène non seulement des
cellules B mais aussi des cellules T.
Figure 6
De part et d’autre des exons V, J et D exons, on retrouve des séquences particulières appelées « séquences signal de
recombinaison » (RSS) , qui fonctionnent par recombinaison. Chaque RSS consiste en un nonamère conservé et un
heptamère conservé séparés par 12 ou 23 paires de bases.
Chaque cellule B individuelle produit un seul type de chaîne légère et une seule classe de chaîne lourde (à
l’exception de la cellule B mature qui exprime à la fois une chaîne lourde μ et une chaîne lourde δ mais la
spécificité antigénique est la même car la même séquence VDJ est associéesaux chaînes μ et δ). Dans la
mesure où chaque cellule B possède les chromosomes maternels et paternels pouvant chacun coder pour
des immunoglobulines, il doit y avoir une certaine organisation dans l’expression des gènes permettant
qu’un seul type de chaîne légère et une seule classe de chaîne lourde soient produites.
L’ordre dans lequel les gènes d’immunoglobulines sont exprimés dans une cellule B est indiqué dans les
Figures 7 et 8.
Figure 8
Ordre dans l’expression des gènes d’immunoglobulines: cas de la chaîne légère
Pourquoi une cellule B donnée ne peut produire qu’un seul type d’immunoglobuline avec un seul
type de chaîne lourde et un seul type de chaîne légère.
Pourquoi une cellule B donnée peut seulement produire des anticorps possédant une seule
spécificité.
Pourquoi il y a exclusion allélique des allotypes d’immunoglobuline au niveau d’une molécule
individuelle d’immunoglobuline mais expression co-dominante des allotypes dans un organisme
donné.
Bases de la problématique
La diversité des anticorps fait référence à la somme de toutes les spécificités d’anticorps possibles que peut
produire un organisme. Il est estimé que l’on peut produite 107 - 108 molécules d’anticorps différentes par
leur spécificité. Une des questions majeure de l’immunologie est de savoir comment il est possible de
produire autant de molécules différentes. Les théories permettant d’expliquer l’origine de la diversité des
anticorps sont de deux ordres :
Théorie germinale
Cette théorie postule que nous disposons de gènes V différents pour chaque anticorps possible fabriqué.
Il y a:
a) 30 gènes V lambda
b) 300 gènes V kappa
c) 1000 gènes V de chaînes lourdes
3. Diversité jonctionnelle (imprécisions aux sites de recombinaison V-J, V-D et D-J) - (Figure 9)
Figure 9
Concepts actuels sur l’origine de la diversité des anticorps.
La recombinaison V-J et V-D-J n’est pas toujours parfaite et une diversité additionnelle résulte d’erreurs
commises lors de la recombinaison qui rapproche les gènes V et J ou encore D et J. Ces imprécisions
triplent au moins le degré de diversité obtenu par la simple diversité combinatoire V-J et V-D-J. La diversité
due à ce mécanisme se produit pour la région qui code pour la troisième boucle hypervariable et affecte
donc directement le site de liaison de l’anticorps.
5. Mutation somatique
Il a été démontré qu’il se produisait des mutations somatiques au niveau des gènes V, notamment sur les
séquences codant pour la seconde région hypervariable (CDR2). Ces mutations contribuent dans une
certaine mesure à la diversité des anticorps.
6. Combinatoire d’association
Chaque cellule B individuelle a le potentiel pour produire n’importe laquelle des chaînes lourdes et n’importe
laquelle des chaînes légères. Chaque chaîne légère peut également s’associer à chaque chaîne lourde ce
qui contribue à davantage de diversité.
7. Multispécificité
En raison des réactions croisées entre déterminants antigéniques de structure similaire, un anticorps peut
souvent réagir avec plus qu’un seul antigène. C’est la multispécificité. La multispécificité contribue à la
diversité des anticorps.
Un exemple de comment ces différents mécanismes peuvent générer un haut niveau de diversité est illustré
ci-dessous :
Ces calculs ne prennent pas en considération les contributions des chaînes légères lambda, la diversité
jonctionnelle, les mutations somatiques, les insertions de nucléotides N ou la multispécificité.
Le processus de réarrangement des gènes des chaînes lourdes et légères et l'association combinatoire de
ces chaînes se produisent au cours du développement des cellules B : ces étapes sont donc indépendantes
de l'antigène. Des clones de cellules B exprimant toutes les spécificités d'anticorps possibles sont produits
au cours du développement et, après son introduction, l'antigène sélectionne simplement les clones qui ont
le récepteur approprié. Les clones sélectionnés sont alors activés, prolifèrent et se différencient en cellules
sécrétant des anticorps plasmatiques.
Les cellules T expriment également un récepteur pour l'antigène à leur surface. Ce récepteur n'est pas une
molécule d'immunoglobuline, mais il est composé de deux chaînes polypeptidiques différentes qui ont des
régions constantes et variables analogues aux immunoglobulines. La diversité des récepteurs à l’antigène
des cellules T est également générée de la même manière que celle décrite pour la diversité des anticorps
(par exemple par assemblage de segments de gènes VJ et VDJ et leur combinatoire d'association).
Cependant, aucune mutation somatique n’a été observée dans le cas des cellules T.
IMMUNOLOGIE – CHAPITRE SEPT
IMMUNOGLOBULINES : REACTIONS ANTIGENE-
ANTICORPS ET TESTS EXPERIMENTAUX POUR LA
DETECTION DE CES RÉACTIONS
OBJECTIFS DU COURS
Décrire la nature des réactions Ag-Ac
Comparer et faire la différence entre affinité et avidité des anticorps
Donner les bases de la spécificité et cross-réactivité des anticorps
Discuter les principes des tests communs pour analyser les réactions Ag-Ac
Mots-clés
Affinité
Avidité
Spécificité
Cross réactivité
Agglutination
Hémagglutination
Agglutinines
Titre
Prozone
Hémagglutination passive
Test de Coomb direct
Test de Coomb indirect
Inhibition d’hémagglutination
Point d’équivalence
Excès d’anticorps
Excès d’antigènes
Immunodiffusion radiale
Immunoélectrophorèse
Contre-
immunoélectrophorèse
Radioimmuno-essai (RIA)
Enzyme linked
immunosorbent assay (ELISA)
RIA/ELISA par compétition
RIA/ELISA non-compétitif
Immunofluorescence
Cytométrie en flux
Fixation du complément
Le site de liaison de l’anticorps est situé dans la partie Fab de la molécule et formé par la mise en
commun des régions hypervariables (CDR) des chaînes lourdes et légères. Les études de
cristallographie aux rayons-X ont révélé que le déterminant antigénique se nichait dans une gorge
formée par le site de liaison de l’anticorps comme illustré dans la Figure 1. Le concept des
réactions antigène-anticorps peut donc être assimilé à celui d’une clé (l’antigène) qui s’insère dans
une serrure (le site anticorps).
Figure 1
Liaisons non-covalentes
Les liaisons qui maintiennent l’antigène fixé dans le site anticorps sont de nature non-covalente.
Cela inclue des liaisons hydrogènes, des liaisons électrostatiques, des forces de Van der Waals et
des liaisons hydrophobes. De multiples liaisons entre l’antigène et l’anticorps assurent une
interaction stable entre ces deux molécules.
Réversibilité
AFFINITE ET AVIDITE
Affinité
L'affinité des anticorps est l'intensité de la réaction entre un déterminant antigénique unique et un
seul site de liaison de l'anticorps. Il est la somme des forces d'attraction et de répulsion agissant
entre le déterminant antigénique et le site de liaison de l'anticorps tel que représenté sur la Figure
2.
L’affinité est la constante d'équilibre qui décrit la réaction antigène-anticorps, comme illustré dans
la Figure 3. La plupart des anticorps ont une forte affinité pour les antigènes.
Avidité
L'avidité est une mesure de la force globale de la liaison d'un antigène possédant des déterminants
antigéniques multiples avec des anticorps polyvalents. L’avidité est influencée à la fois par la
valence de l'anticorps et la valence de l'antigène. L’avidité est supérieure à la somme des affinités
différentes. Ceci est illustré dans la Figure 4.
L’affinité fait donc référence à la force de liaison entre un déterminant antigénique unique et un
site anticorps individuel alors que l'avidité fait référence à la force globale de la liaison entre les
antigènes et les anticorps multivalents.
SPECIFICITE ET CROSS-REACTIVITE
Spécificité
La spécificité fait référence à la capacité d’un site anticorps donné à réagir avec un seul
déterminant antigénique ou encore à la capacité d’une population d’anticorps polyclonaux à réagir
avec un seul antigène. En général, il y a un fort degré de spécificité dans une interaction antigène-
anticorps. Les anticorps peuvent reconnaître des différences entre :
La cross-réactivité (encore appelée réaction croisée) fait référence à la capacité d’un site anticorps
donné à réagir avec plus d’un déterminant antigénique ou encore à la capacité d’une population
polyclonale d’anticorps à réagir avec plus d’un antigène. La Figure 5 illustre comment des
réactions croisées peuvent se produire. Elles peuvent résulter de l’existence d’un épitope en
commun entre l’antigène donnant lieu à la réaction croisée et celui ayant servi à l’immunisation ou
encore de la reconnaissance d’un épitope possédant une structure similaire dans l’antigène cross-
réactif et l’antigène immunisant (multispécificité).
La seule façon de savoir si la réaction antigène-anticorps s’est produite est de disposer de moyens
directs ou indirects pour détecter les complexes formés entre antigène et anticorps. La facilité avec
laquelle il sera possible de détecter les réactions antigène-anticorps dépend de plusieurs facteurs.
Affinité
Plus l’affinité de l’anticorps pour l’antigène sera élevée et plus l’interaction sera stable. Ainsi, la
détection de cette interaction sera facilitée.
Avidité
Les réactions entre les antigènes multivalents et les anticorps multivalents sont plus stables et sont
donc plus facilement détectables.
Figure 2
Figure 3
Figure 4
Figure 5
Figure 6
Tests d’agglutination
Agglutination/Hémagglutination
Lorsque l’antigène est de nature particulaire, la réaction de l’anticorps avec l’antigène peut être
détectée par des tests d’agglutination de l’antigène. Le terme d’agglutinine est utilisé pour décrire
les anticorps qui agglutinent les antigènes particulaires. Quand l’antigène est un érythrocyte, on
utilise le terme d’hémagglutination. Tous les anticorps peuvent théoriquement agglutiner des
antigènes particulaires mais les IgM, en raison de leur valence élevée, sont de particulièrement
bonnes agglutinines et on conclue souvent que l’anticorps est de classe IgM lorsque de fortes
agglutinations sont détectées.
Par exemple, les globules rouges d’un patient peuvent être mélangés avec des anticorps dirigés
contre des antigènes définissant les groupes sanguins afin de déterminer le groupe sanguin d’une
personne. Dans un autre exemple, le sérum d’un patient peut être mélangé avec des globules
rouges de groupes sanguins bien définis afin de savoir s’il existe des anticorps dirigés contre tel ou
tel groupe sanguin dans le sérum du patient.
Figure 7
Figure 8
Considérations pratiques
Bien que ce test soit facile à réaliser il donne seulement une information semi-quantitative.
Hémagglutination passive
Les tests d’agglutination ne marchent qu’avec des antigènes particulaires. Toutefois, il est possible
de recouvrir des érythrocytes avec un antigène soluble (par exemple un antigène viral, un
polysaccharide ou un haptène) et d’utiliser les érythrocytes ainsi recouverts d’antigène dans des
tests d’agglutination visant à rechercher la présence d’anticorps contre l’antigène soluble (Figure
9). Ces tests sont appelés « hémagglutination passive ». Les applications de ces tests se situent au
niveau de la détection d’anticorps contre des antigènes solubles ou des antigènes viraux.
Figure 9
Figure 10
Applications
Les applications de ces tests incluent la détection d’anticorps anti-facteur rhesus (Rh). Les
anticorps contre le facteur Rh n’agglutinent généralement pas les globules rouges. Ainsi les
globules rouges d’un enfant Rh+ né d’une mère Rh- (possédant potentiellement des anticorps anti-
Rh) peuvent être recouverts avec les anticorps maternels. Pour révéler cela, un test direct de
Coomb peut-être réalisé. A l’inverse, pour savoir si la mère possède des anticorps anti-Rh dans
son sérum, un test indirect de Coomb pourra être mis en oeuvre.
Figure 11
Inhibition d’hémagglutination
Les tests d'agglutination peuvent être adaptés pour être utilisés avec des antigènes solubles. Ce test
est appelé test d’inhibition de l'hémagglutination. Il est appelé inhibition de l'hémagglutination
parce que l'on mesure la capacité d'un antigène sous forme soluble à inhiber l'agglutination de
globules rouges portant le même antigène par des anticorps dirigés contre l’antigène. Dans ce test,
une quantité fixe d'anticorps dirigés contre l'antigène en question est mélangé avec une quantité
fixe de globules rouges portant le même antigène (voir plus haut le test d’hémagglutination
passive). On inclue également dans le mélange différentes quantités de l'échantillon à analyser
pour la présence de l'antigène. Si l'échantillon contient l'antigène, l'antigène soluble entre en
compétition avec l'antigène immobilisé sur les globules rouges empêchant ainsi aux anticorps de
se lier, ce qui se traduit par une inhibition de l'agglutination des globules rouges (voir Figure 12).
En diluant l'échantillon, on peut mesurer la quantité d'antigène présente dans l'échantillon à tester
par son titre. Ce test est généralement utilisé pour quantifier les antigènes solubles et est soumis
aux mêmes considérations pratiques que le test d'agglutination.
Figure 12
Tests de précipitation
Figure 13
Immunoélectrophorèse
Dans l’immunoélectrophorèse, un mélange complexe d’antigènes est placé dans un puits creusé
dans un gel d’agarose puis ce mélange est soumis à une électrophorèse permettant une séparation
des antigènes en fonction de leur charge. Après l’électrophorèse, une rigole est creusée dans le gel
et les anticorps y sont placés. Au fur et à mesure que les anticorps diffusent passivement dans le
gel, des lignes de précipitation se forment dans la zone d’équivalence indiquant que la réaction
antigène/anticorps a eu lieu (voir Figure 14).
Figure 14
Ces tests sont utilisés pour l’analyse qualitative de mélanges complexes d’antigènes (une
évaluation brute quantitative étant accessible par la mesure de l’épaisseur de la ligne de
précipitation formée). Ces tests sont utilisés communément pour l’analyse des composants d’un
sérum de patient. Le sérum est placé dans le puits et les anticorps dirigés contre le sérum sont
placés dans la rigole. En comparant les résultats obtenus avec un sérum témoin, il est possible de
déterminer s’il existe des déficiences dans un ou plusieurs composants du sérum chez le patient
testé ou encore s’il existe une surabondance de certains des composants de ce sérum (par mesure
de l’épaisseur de la ligne de précipité formée). Ce test peut aussi être utilisé pour évaluer la pureté
de protéines isolées du sérum.
Electrophorèse à contre-courant
Dans cet essai, l'antigène et l'anticorps sont placés dans des puits creusés dans un gel d'agarose et
l'antigène et l'anticorps sont soumis à une électrophorèse de l’un vers l'autre, au cours de laquelle
ils forment une ligne de précipitation comme cela est illustré dans la Figure 15. Ce test ne peut
être mis en ouevre que si les conditions permettant à l'antigène et à l'anticorps de migrer en sens
opposé sont trouvées (c’est à dire s’ils ont des charges opposées). Ce test est avant tout qualitatif,
bien que de l'épaisseur de l’arc de précipitation soit indicatif de la quantité. Son principal avantage
réside dans sa rapidité de réalisation.
Figure 15
Tests radioimmunologiques (RIA) ou Immunoenzymatiques (Enzyme Linked
Immunosorbent Assay, ELISA)
Les essais radioimmunologiques (RIA) sont basés sur la mesure de la radioactivité associée aux
complexes immuns. Dans n’importe lequel de ces tests, un marqueur radioactif peut être placé sur
l’antigène ou sur l’anticorps. Dans les tests immunoenzymatiques (ELISA), on mesure des
réactions enzymatiques associées aux complexes immuns. Dans n’importe lequel de ces tests,
l’enzyme peut être attaché sur l’antigène ou sur l’anticorps.
La clé pour la réussite de ces tests est de pouvoir séparer les complexes immuns des composants
restants. Cela peut être réalisé de différentes façons qui donnent souvent leur nom au test lui-
même.
Anticorps anti-immunoglobuline
L’addition d’un anticorps secondaire dirigé contre le premier anticorps ayant réagi avec l’antigène
peut conduire à la précipitation des complexes immuns formés et donc leur séparation de
l’antigène libre.
Immobilisation de l’anticorps
L’anticorps peut être immobilisé sur une bille de plastique ou sur une plaque de plastique. Les
complexes antigènes/anticorps peuvent alors facilement être séparés des autres composants par
simple lavage des billes ou des plaques de plastique (Figure 17). C’est la méthode la plus usitée de
nos jours : on l’appelle RIA ou ELISA en phase solide. Dans les laboratoires d’analyse, les tests
compétitifs de RIA ou d‘ELISA sont communément utilisés pour quantifier des protéines du
sérum, des hormones, des métabolites divers
Figure 16
Figure 17
Figure 18
Figure 19
Immunofluorescence
L’immunofluorescence est une technique dans laquelle un anticorps marqué par une molécule
fluorescente (la fluorescéine ou la rhodamine ou bien d’autres molécules fluorescentes encore) est
utilisé pour détecter la présence d’un antigène localisé dans ou sur une cellule ou un tissu en
mesurant la fluorescence émise par l’anticorps lié.
Immunofluorescence directe
En immunofluorescence directe, c’est l’anticorps spécifique de l’antigène qui est directement
marqué avec le fluorochrome (Figure 20).
Figure 20
Immunofluorescence indirecte
Dans l’immunofluorescence indirecte, l’anticorps spécifique de l’antigène n’est pas marqué mais
c’est un anticorps secondaire anti-immunoglobuline dirigé contre l’anticorps spécifique de
l’antigène qui est marqué avec le fluorochrome (Figure 21). L’immunofluorescence indirecte est
plus sensible que l’immunofluorescence directe car il y a amplification du signal de fluorescence.
Figure 21
Cytométrie en flux
La cytométrie en flux est communément utilisée dans les laboratoires d’analyse et de recherche
pour identifier et énumérer les cellules exprimant des antigènes particuliers. Les cellules en
suspension sont marquées avec un ou plusieurs anticorps fluorescents en suivant les modes directs
ou indirects comme pour l’immunofluorescence. Les cellules sont alors analysées par un
cytomètre en flux.
La Figure 22 illustre le principe de la cytométrie en flux. Dans un cytomètre de flux, les cellules
sortent une à une d’une gaine d'écoulement et sont éclairées par un faisceau laser. La quantité de
lumière laser qui est réfléchie par les cellules alors qu’elles passent devant le laser peut être
mesurée, ce qui donne des informations concernant la taille des cellules. En outre, le laser peut
exciter le fluorochrome fixé sur les cellules et la lumière fluorescente émise par les cellules peut
alors être mesurée par un ou plusieurs détecteurs.
Figure 22
Le type de données qui est obtenu à partir de la cytométrie en flux est représenté dans la Figure 23. Sur un
histogramme d’analyse mono-paramétrique, l’intensité de fluorescence (fluorescence verte par exemple) est
représentée sur l'axe des x et le nombre de cellules présentant la quantité de fluorescence est reporté sur
l'axe des y. Le pourcentage de cellules fluorescentes peut être déterminé par l'intégration de l'aire sous la
courbe. Dans un histogramme bi-paramétrique, l'axe x représente un paramètre de fluorescence (par
exemple fluorescence rouge) et l'axe des y est le second paramètre (par exemple la fluorescence verte). Le
nombre de cellules est indiqué par le contour et l'intensité de la couleur.
Figure 23
Les complexes antigènes/anticorps peuvent également être quantifiés par leur capacité à fixer le
complément, car un complexe antigène/anticorps va "consommer" le complément si celui-ci est
ajouté à la solution, alors que les antigènes ou des anticorps libres ne peuvent consommer le
complément. Les tests de détection des complexes antigènes/anticorps basés sur la consommation
du complément sont appelés « réactions de fixation du complément » et sont utilisés pour
quantifier indirectement les réactions antigène/anticorps. Ces tests ne fonctionnent qu'avec les
anticorps ayant la propriété de fixer le complément (ce sont les IgG et les IgM qui fixent le plus
efficacement le complément).
Le principe du test de fixation du complément est illustré dans la Figure 24. L’antigène est
mélangé dans un tube avec le sérum dans lequel on souhaite doser les anticorps et les complexes
antigènes/anticorps peuvent alors se former. Un tube témoin dans lequel aucun antigène n’est
ajouté est également préparé. Si aucun complexe antigène/anticorps n’est formé dans le tube, le
complément ajouté dans le tube ne pourra être fixé et sera disponible sous forme libre. Par contre,
si des complexes antigène/anticorps sont formés, ils pourront fixer le complément et ainsi réduire
la quantité de complément libre présente dans le tube. Après avoir laissé le temps aux complexes
antigène/anticorps de fixer le complément, une quantité standard de globules rouges,
préalablement recouverts d'anticorps anti-érythrocytaires, est ajoutée. La quantité de globules
rouges recouverts d’anticorps est prédéterminée pour être juste suffisante pour utiliser tout le
complément ajouté initialement dans le tube. Si tout le complément est encore présent (c'est à dire
s’il n’y a pas de complexes antigènes/anticorps formés entre l'antigène et l'anticorps en question),
tous les globules rouges seront alors lysés. Par contre, si des complexes antigènes/anticorps sont
formés entre l'antigène et l'anticorps en question, une partie du complément sera consommée par
ces complexes et, par conséquent, lorsque les globules rouges recouverts d’anticorps seront
ajoutés, il restera moins de complément disponible pour conduire à la lyse des globules rouges et
moins de globules rouges seront lysés. En mesurant tout simplement la quantité de globules
rouges lysés (rce qui peut être obtenu en dosant la libération de l'hémoglobine dans le milieu), on
peut quantifier indirectement la formation des complexes antigènes/anticorps dans le tube. Les
tests de fixation du complément sont le plus couramment utilisés pour le dosage des anticorps
dans un échantillon biologique, mais ils peuvent aussi être adaptés pour quantifier l'antigène.
Figure 24
OBJECTIFS DU COURS
Décrire les caractéristiques générales de la réponse immune spécifique
Comparer entre elles les réponses anticorps primaires et secondaires
Décrire les évènements moléculaires mis en jeu lors de commutation de classe et l’expression
membranaire des immunoglobulines
MOTS-CLÉS
Phase d’équilibrage
Réponse primaire
Phase de plateau
Commutation de classe
Phase d’induction
Phase de déclin ou de contraction
Phase d’élimination immunitaire
Phase logarithmique
Réponse secondaire ou anamnestique
Mémoire
Un second trait de la réponse immune spécifique est qu’elle présente une mémoire. Le système
immunitaire « se souvient » s’il a déjà réagi contre un antigène auparavant et il réagit alors à une
réexposition secondaire à cet antigène d’une manière différente de celle utilisée lors de la
rencontre initiale dite « primaire ». Généralement, seule une exposition au même antigène mettra
en jeu cette réponse mémoire.
Spécificité
Un troisième caractéristique de la réponse immune spécifique est qu’elle offre un fort degré de
spécificité dans ses réactions. Une réponse contre un antigène donné sera spécifique à cet antigène
ou seulement étendue à quelques antigènes proches.
N.B. Ces caractéristiques sont propres à toues les réponses immunes spécifiques.
Devenir de l’immunogène
Phase d’équilibrage
La première phase est qualifiée d’équilibrage ou encore de phase d’équilibration. Pendant cette
phase, la concentration antigénique s’équilibre entre les compartiments vasculaires et
extravasculaires par simple diffusion. C’est normalement un processus rapide. Dans le cas
d’antigènes particulaires, comme ceux-ci ne diffusent pas, cette phase n’existe pas.
Figure 1
Cinétique de la réponse anticorps contre un antigène T-dépendant
Phase de latence
Lors d’une réponse secondaire, la phase d’induction existe mais est normalement plus courte que celle
observée en réponse primaire.
Phase exponentielle
La phase exponentielle de la réponse secondaire est plus rapide et conduit à un taux d’anticorps produits
plus élevé qu’en phase primaire.
Phase de plateau
Pendant cette phase, il y autant d’anticorps produits que d’anticorps dégradés de tel sorte que la
concentration nette en anticorps reste constante.
Phase de contraction
La phase de déclin ou de contraction n’est pas aussi rapide que lors de la réponse primaire et les anticorps
produits peuvent persister des mois ou des années voire la vie entière.
Figure 3
Les anticorps produits en réponse à un antigène sont en général spécifiques de cet antigène, mais il
peut aussi y avoir une réaction croisée avec d'autres antigènes qui sont similaires sur le plan
structural à l'antigène ayant déclenché la réponse. En général, les réponses secondaires ne sont
provoquées que par le même antigène utilisé lors de la réponse primaire. Toutefois, dans certains
cas, un antigène apparenté à l’antigène ayant servi à la réponse primaire peut produire une réponse
secondaire, mais c'est une exception rare.
Figure 4
Affinité
L'affinité des anticorps de type IgG produits augmente progressivement au cours de la réponse, en
particulier après immunisation avec de faibles doses d'antigène (Figure 5). C’est ce qu'on appelle la
maturation d'affinité. La maturation d'affinité est plus prononcée lors de la réponse secondaire à
l'antigène.
Figure 5
Avidité
En conséquence à l’augmentation de l’affinité au cours de la réponse, l’avidité des anticorps
augmente elle aussi.
Cross-réactivité
L’augmentation progressive de l’affinité au cours de la réponse conduit également à une
augmentation des réactions croisées. Une explication pour comprendre comment une
augmentation d‘affinité conduit à une augmentation des réactions croisées est fournie dans
l’exemple ci-dessous.
Figure 6
Ag utilisé pour
10-6 10-9
l’immunisation
+ ++
Dans l’exemple montré ici, si une affinité minimale de 10-6 M est nécessaire pour détecter une
réaction, une réaction croisée d’affinité 10-3 M sera indétectable. Toutefois, si au cours de la
réponse l’affinité augmente d’un facteur 1000, alors la réaction contre l’antigène ayant servi à
l’immunisation mais aussi celle contre l’antigène cross-réactif seront détectées.
Figure 7
Les réponses immunitaires contre les antigènes T-indépendants sont caractérisées par la
production d'anticorps IgM et une absence de réponse secondaire. La réponse secondaire contre
les antigènes T-indépendants conduit, en fait, à une nouvelle réponse primaire, comme illustré
dans la Figure 9.
Figure 8
Figure 9
Commutation de classe
Figure 10
Figure 11
Il y a deux sites potentiels de polyadénylation du gène de l'immunoglobuline. L'un est situé après
l'exon codant pour le dernier domaine de la chaîne lourde, et l'autre, après les exons qui codent
pour les domaines trans-membranaires. Si le premier site polyA est utilisé, le pré-ARNm sera
épissé pour produire une protéine sécrétée. Si le second site polyA est utilisé, le pré-ARNm se
épissé pour produire une forme membranaire de l'immunoglobuline. Cependant, dans tous les cas,
la région VDJ utilisée est la même et, donc, la spécificité de l'anticorps restera la même. Tous les
gènes de régions C ont ces portions supplémentaires codant pour des parties ancrées dans la
membrane, et donc, après la commutation vers d'autres classes d'immunoglobulines, celles-ci
peuvent être soit sécrétées soit exprimées à la surface des cellules B.
OBJECTIFS DU COURS
Présenter les interactions cellulaires et les molécules requises pour l’immunité spécifique
Décrire l’immunité spécifique et les cellules impliquées
VUE D’ENSEMBLE
Le système immunitaire s’est développé pour protéger l'hôte contre les agents pathogènes et autres
substances étrangères. La discrimination du SOI et du NON-SOI est l'une des caractéristiques du
système immunitaire. Il existe deux sites principaux dans lesquels les agents pathogènes peuvent
résider: les espaces extracellulaires des tissus ou l’intérieur d’une cellule hôte, et le système
immunitaire utilise différentes façons de combattre des agents pathogènes présents dans ces deux
types de sites. Bien que les réponses immunitaires sont adaptées à l'agent pathogène et à l'endroit
où il réside, la plupart des agents pathogènes peuvent provoquer à la fois une réponse anticorps et
une réponse à médiation cellulaire, qui peuvent tous deux contribuer à débarrasser l'hôte de l'agent
pathogène. Cependant, une réponse anticorps ou une réponse à médiation cellulaire peut être plus
importante pour la défense contre un agent pathogène particulier.
Globule blanc (lymphocyte) dans un vaisseau capillaire (TEM x16,210) © Dennis Kunkel
Microscopy, Inc. Used with permission
Pathogènes extracellulaires
Les anticorps constituent la principale voie de défense contre les pathogènes extracellulaires et
agissent de trois façons principales:
Parce que les anticorps ne pénètrent pas dans les cellules hôtes, ils sont inefficaces contre les
pathogènes intracellulaires. Le système immunitaire utilise une approche différente pour faire face
à ce type de pathogènes. Les réponses à médiation cellulaire sont le principal moyen de défense
contre les pathogènes intracellulaires et l'approche est différente selon l'endroit où l'agent
pathogène réside dans la cellule hôte (par exemple, dans le cytosol ou dans des vésicules). Par
exemple, la plupart des virus et certaines bactéries se trouvent dans le cytoplasme de la cellule
hôte, cependant, certaines bactéries et parasites vivent dans les endosomes de la cellule hôte
infectée. Le principal moyen de défense contre les agents pathogènes dans le cytosol est constitué
par les lymphocytes T cytotoxiques (Tc ou CTL). En revanche, le principal moyen de défense
contre un agent pathogène présent dans les vésicules est constitué d’un sous-groupe de
lymphocytes T helper (Th1).
Figure 2
Mécanismes des défenses immunitaires de l’hôte contre les infections intracellulaires par des virus. Les cellules infectées par les
virus sont reconnues par des cellules T spécialisées appelées lymphocytes T cytotoxiques (CTLs) qui vont tuer directement les
cellules infectées. Le mécanisme lytique met en jeu l’activation de nucléases à l’intérieur de la cellule infectée qui vont cliver l’ADN
de l’hôte et du virus.
Figure 3
Mécanisme de défense de l’hôte contre les infections mycobactériennes. Les mycobactéries qui ont infecté les macrophages
résident dans des vésicules cytoplasmiques qui résistent à la fusion avec les lysosomes, évitant ainsi la destruction de la bactérie
par les actions microbicides du macrophage. Cependant, lorsque les cellules T appropriées reconnaissent le macrophage infecté,
elles libèrent des molécules d’activation des macrophages qui induisent la fusion des vésicules contanenat les mycobactéries avec
les lysosomes et la réalisation des actions bactéricides du macrophage.
Toutes les cellules du système immunitaire proviennent d'une cellule souche hématopoïétique
présente dans la moelle osseuse et qui donne lieu à deux grandes lignages cellulaires : l’un, issu
d’une cellule souche myéloïde, et l’autre, d’une cellule progénitrice lymphoïde (Figure 4). Ces
deux progéniteurs donnent naissance respectivement aux cellules myéloïdes (monocytes,
macrophages, cellules dendritiques, mastocytes, granulocytes et mégacaryocytes) et aux cellules
lymphoïdes (lymphocytes T, lymphocytes B et cellules tueuses naturelles (NK). Ces cellules
constituent l’ensemble des composants cellulaires des réponses innées (non spécifique) et
adaptatives (spécifique) du système immunitaire.
Figure 4
Toutes les cellules hématopoïétiques dérivent de cellules souches pluripotentes qui donnet lieux à deux grands lignages : le
lignage lymphoïde et le lignage myéloïde. Le précurseur lymphoïde commun peut se différencier en lymphocytes T ou B selon le
microenvironnement dans lequel il se trouve. Chez lles mammifères, les lymphocytes T se développent dans le thymus alors que
les lymphocytes B se développent dans le foie fétal et dans la moelle osseuse. Le terme AFC fait référence aux cellules
productrices d’anticorps (antibody-forming cell) , l’AFC la plus différenciée étant le plasmocyte. Les cellules NK proviennent
également du précurseur lymphoïde. Les cellules myéloïdes se différencient pour former les types cellulaires présentés sur la
gauche. Le terme granulocyte est utilisé pour désigner collectivement les éosinophiles, neutrophiles et basophiles.
La spécificité de la réponse immunitaire adaptative est portée par les récepteurs à l'antigène
présents sur les lymphocytes T et B, c’est à dire le TCR et le BCR. Le TCR et le BCR sont
semblables en ce que chaque récepteur est spécifique d’un déterminant antigénique, mais ils
diffèrent en ce que les BCR sont divalents tout TCR sont monovalents (Figure 5). Une
conséquence de cette différence est que tandis que les cellules B peuvent avoir leurs récepteurs
d'antigène réticulé par un antigène, TCR ne peut pas. Ceci a des implications sur la manière dont
les lymphocytes B et T peuvent s'activent.
Figure 5
Les récepteurs à l’antigène des lymphocytes B possèdent deux sites de liaison à l’antigène alors que ceux des lymphocytes T n’en
possèdent qu’un seul.
Chaque lymphocyte B et T posséde un récepteur qui est spécifique pour un déterminant antigénique
particulier et il existe un répertoire large de récepteurs antigéniques exprimés par des cellules B et T. La
façon dont ces récepteurs sont générés a été l’objet de beaucoup d’intérêt de la part des immunologistes
au cours des dernières années. Deux hypothèses ont été proposées pour expliquer la génération de ces
récepteurs : une hypothèse instructionniste et l’hypothèse de la sélection clonale.
Hypothèse instructionniste
L’hypothèse instructionniste prévoit qu’il y aurait un récepteur commun codé de façon germinale
et que les différents récepteurs sont générés en utilisant l’antigène comme matrice. Chaque
antigène causerait le repliement du récepteur commun pur qu’il s’adapte à la structure de
l’antigène. Bien que cette hypothèse soit simple et attractive, elle ne correspondait pas à ce qui
était connu de la structure des protéines (perçue comme dictée par la séquence en acides aminés).
De plus, cette hypothèse ne permettait pas d’expliquer la discrimination entre le Soi et le Non Soi
car on ne comprenait pas pourquoi le récepteur commune ne pourrait pas s’adapter à un antigène
du Soi.
Chaque lymphocyte porte un seul type de récepteur avec une spécificité unique.
L’interaction entre la molécule étrangère et le récepteur du lymphocyte capable de lier
cette molécule avec une haute affinité conduit à l’activation du lymphocyte.
La cellule effectrice différenciée résultant de l’activation du lymphocyte porte des
récepteurs d’une spécificité identique à celle du lymphocyte parental d’où la cellule
différenciée provient.
Les lymphocytes portant des récepteurs dirigés contre des molécules du Soi sont détruites
précocement au cours du développement des cellules lymphoïdes et sont donc absents du
répertoire des lymphocytes matures.
La théorie de la sélection clonale est maintenant très généralement acceptée comme l’hypothèse
correcte pour expliquer comment l’immunité adaptative se déroule. Elle explique de nombreuses
caractéristiques de la réponse immune : 1) la spécificité de réponse ; 2) le signal requis pour
l’activation de la réponse (c’est à dire l’antigène) ; 3) le délai pour la mise en place de l’immunité
adaptative (qui correspond au temps requis pour activer les cellules et propager des clones à partir
des cellules activées) et 4) la discrimination entre le Soi et le Non Soi.
Figure 6
Les lymphocytes T circulants rencontrent l’antigène dans les tissus lymphoïdes périphériques.
Figure 7
Les lymphocytes naïfs provenant de des organes lymphoïdes primaires comme par exemple la moelle osseuse migrent vers les
organes lymphoïdes secondaires comme par exemple la rate ou les ganglions lymphatiques. Les cellules présentatrices
d’antigènes (CPA ou APC) qui incluent notamment les cellules dendritiques et aussi les phagocytes mononucléés (monocytes)
proviennent également de cellules souches de la moelle osseuse. Ces APC vont dans les tissus, capturent les antigènes et les
transportent dans les organes lymphoïdes secondaires pour les présenter aux lymphocytes T et B. Les lymphocytes ainsi activés
migrent depuis l’organe lymphoïde vers les tissus infectés et enflammés où ils s’accumulent.
Figure 8
Il y a deux principaux lignages qui proviennent de la cellule souche hématopoïtéiqueThere are two
main lineages that derive from the hemopoietic stem cell:
Le lignage lymphoïde
Lymphocytes T (cellules T)
Lymphocytes B (cellules B)
Les Natural killer cells (cellules NK)
Le lignage myéloïde
Sélection clonale
Les quatre principes de base de la théorie de la sélection clonale
Chaque lymphocyte porte un seul type de récepteur ayant une spécificité
unique
L’interaction entre une molécule étrangère et un récepteur de lymphocyte
capable de se lier à cette molécule avec une haute affinité conduit à
l’activation du lymphocyte
La cellule effectrice différenciée résultant de l’activation du lymphocyte
portera des récepteurs d’une spécificité identique à celle de la cellules
parentale à partir de laquelle la cellule activée a dérivé
Les lymphocytes portant des récepteurs spécifiques pour des molécules du
SOI sont éliminés à un stade précoce de développement des lymphocytes et
sont donc absents du répertoire de lymphocytes matures