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PENSÉES

PHILOSOPHIQUES.

Tisc'a hie non est omnium.

A LA HAYE;

Aux dépens de la Compagnie*

M. DCC. XLYL
PEN SÉES

PHILOSOPHIQUES.

QUÌS leget hxC > Pers. Ut. I.

J'écris de Dieu ; je
compte fur peu de Lec
teurs t cy n'aspire qu'à
quelques suffrages. Si ces
pensées ne plaisent a per
sonne 3 elles pourront n'ê
tre que mauvaises ; mais
U)
je les tiens pour dêtefla-
bUs , fi elles plaisent à
tout le monde.
t.
N déclame íàns fin
contre les Passions ;
on leur impute tou
tes, les peines de l'homme,
& l'on oublie qu'elles sont
auísi la source de tous ses
plaisirs. C'est dans sa con
stitution , un élément dont
on ne peut dire ni trop de
bien ni trop de mal. Mais ce
qui me donne de l'humeur,
Í5>
c'est qu'on ne les regarde ja
mais que du mauvais côté.
On croiroit faire injure à la
raison , si l'on disoit un mot
en faveur de ses rivales. Ce
pendant il n'y a que les pas
sions & les grandes passions
qui puissent élever î'ame aux
grandes choses. Sans elles ,
plus de sublime , íbit dans
les mœurs , soit dans les ou
vrages; les beaux arts retour
nent en enfance , & la vertu
devient minutieuse.
II.
Les Passions sobres font les
* Aij
(4)
hommes communs. Si j'at>
tens l'ennemi , quand il s'a
git du salut de ma patrie , je
ne suis qu'un Citoyen ordi
naire. Mon amitié n'est que
circonspecte , si le péril d'un
ami me laisse les yeux ou
verts sur le mien. La vie
m'est-elle plus chere que ma
maîtresse ? Je ne suis qu'un
amant comme un autre.

n r.

Les Passions amorties dé


gradent les hommes extraor
dinaires. La contrainte a
(s)
néantit la grandeur & 1 e-
nergie de la nature. Voyez
cet arbre ; c'est au luxe de
ses branches que vous devez
la fraîcheur &c l'ctendue deíes
ombres : vous en jouirez jus
qu'à ce que l'hyver vienne
le dépouiller de sa chevelu
re. Plus d'excellence en Poé
sie, en Peinture, en Musi
que , lorsque la superstition
aura fait sur le tempérament
l'ouvragede la vieillesse.

I V.

Ce íèroit donc un bon


A iij
(O
heur, me dira-t-on , d'avoir
les passions forres. Oui , fans
doute , si toutes sont à 1 unis
son. Etablissez entre elles,
une juste harmonie , & n'en
appréhendez point de désor
dres. Si l'efpérance est balan
cée par la crainte , le point
d'honneur par l'amour de la
vie , le penchant au plaisir
par rintérêt de la santé ; vous
ne verrez ni libertins , ni té
méraires , ni lâches.

V.

C'est le comble de la fo
(7)
Jie que de se proposer la rui
ne des passions. Le beau pro
jet que celui d'un dévot qui
se tourmente comme un for
cené pour ne rien désirer ,
ne rien aimer , ne rien sen
tir , &c qui finiroit par deve
nir un vrai monstre , s'il réus-
sisloit.'
VI.
Ce qui fait l'objetde mon
estime dans un homme ,
pourroit-il être l'objet de mes
mépris dans un autre î Non ,
sans doute. Le vrai indépen
dant de mes caprices doit
A iv
(8)
être la regle de mes juge-
mens ; & je ne ferai point
un crime à celui-ci de ce que
j'admirerai dans celui - là
comme une vertu. Croi
rai -je qu'il étoit réservé à
quelques-uns , de pratiquer
des actes de perfection que
la nature &c la religion doi
vent ordonner indifférem
ment à tous ; Encore moins.
Car d'où leur viendroit ce pri
vilege exclusif ? Si Pacôme
a bien fait de rompre avec le
genre humain pour s'enterrer
dans une solitude -, il ne m'eíl
(9)
pas défendu de l'imiter : en
l'imitant, je serai tout aussi
vertueux que lui , & je ne
devine pas pourquoi cent
autres n'auroient pas le mê
me droit que moi. Cepen
dant il feroit beau voir une
Province entiére effrayée des
dangers de la société , Ce dis
perser dans les fovêcs ; ses ha-
bitans vivre en bêces farou
ches pour sc sanctifier ; mille
colonnes élevées sur les rui
nes de toutes affections fo- "
cîales ; un nouveau peuple
de Stylites se dépouiller par
(ÍO)
religion des sentimens de la
nature , cesser detre hom
mes &c faire les statues pour
être vrais chrétiens.

VIL
Quelles voix ! quels cris •
quels gémissemens ! Qui a
renfermé dans ces cachots
tous ces cadavres plaintifs >
Quels crimes ont commis
tous ces malheureux ì Les
uns se frappent la poitrine
avec des cailloux ; d'autres
se déchirent le corps avec
des ongles de fer ; tous ont
(II)
les regrets , la douleur & îa
mort dans les yeux. Qui les
condamne à ces tourmens ?....
Le Dieu qu'ils $nt offense . . .
Quel est donc ce Dieu ?
Un Dieu ptein de bonté ....
Un Dieu plein de bonté trou-
veroit-il du plaisir àsebaigner
dans les larmes ? Les frayeurs
ne seroient-elles pas injure à
sa clémence ì Si des criminels
avoient à calmer les fureurs
d'un tyran , que feroient-ils
de plus ?
VIII.
II y a des gens dont il nc
saut pas dire qu'ils craignent
Dieu ; mais bien qu'ils en
ont peur.

I X.

Sur le portrait qu'on me


fait de l'Etre Suprême , sur
son penchant à la colere , sur
la rigueur de ses vengeances ,
fur certaines comparaisons
qui nous expriment en nom
bres le rapport de ceux qu'il
laisse péàr,à ceux à qui il dai
gne tendre la main , Famé la
plus droite seroit tentée de
souhaiter qu'il n'existât pas.
(13)
L'on seroit assez tranquile en
ce monde , fi l'on étoit bien
aíluré que l'on n'a rien à
craindre dans l'autre : la pen
sée qu'il n'y a point de Dieu
n'a jamais effrayé personne -,
mais bien celle qu'il y en a
un , tel que celui qu'on me
peint.

X.

II ne faut imaginer Dieu


ni trop bon ni méchant . La
justice est entre l'excès de la
clémence &: la cruauté 5 ainsi
que les peines finies sont en
.(I4)
tre rimpunité & les peines
éternelles.

XL

Je sçais que les idées som


bres de la superstition sont
plus généralement approu
vées que suivies qu'il cil
des dévots qui n'estiment
pas qu'il faille se haïr cruel
lement pourbien aimer Dieu,
& vivre en désespérés pour
être réligieux : leur dévo
tion est enjouée ; leur sa
gesse est fort humaine : mais
d'où, naît cette différence de
U5)
sentimens , entre des gens
qui se prosternent aux pieds
des mêmes Autels í La piété
soíVroft - elle aussi la loi de
ce maudit tempérament ?
Hélas i comment en discon
venir > Son influence ne se
remarque que trop sensible
ment dans le même dévot:
il voit , selon qu'il est: affec
té , un Dieu vengeur ou mi
sericordieux -, les enfers ou
les cieux ouverts : il tremble
de frayeur, ou il brûle d'a
mour: c'est une fièvre qui a
ses accès froids &; chauds.
(16)

XII.

Oui , je le soutiens ; la su
perstition est plus injurieuse
à Dieu que l'Atheisme. J'ai-
merois mieux , dit Plutar-
que , qu'on pensât qu'il n'y
eût jamais de Plutarque au
monde , que de croire que
Plutarque est injuste , colère,
inconstant , jaloux , vindica
tif , & tel qu'il seroit bien
0ché d'être.

XIII.

Le Deiste seul peut faire


tête
(17)
tête à l'Athée. Lc supersti
tieux n'est pas de sa force.
Son Dieu n'est qu'un être d'i
magination. Outre les diffi
cultés de la matiére , il est
exposé à toutes celles qui ré
sultent de la fausseté de ses
notions. Un C... un S.... au-
roient été mille fois plus era-
barrassans pour un Vanini,
que tous les Nicoles Sí les
Pascals * du monde.

XIV.

Pascal avoit de ladroitu-


* Jansénistes célèbres.
B
C 18)
rc ; mais il étoit peureux &
crédule. Elégant Ecrivain &S
Raisonneur profond , il eût
íans doute éclairé l'univers y
fi la Providence ne l'eût a-
bandonné à des gens qui sa
crifiérent ses talens à leurs
haines. Qu'il séroit à souhai
ter qu'il eût laissé aux Théo
logiens de son tems le íoin
de vuider leurs querelles
qu'il se fat livré à la recher
che de la vérité , sans réser
ve & sans crainte d'offenser
Dieu , en se servant de tout
. leíprit qu'il en avoit reçu ;
(i9)
&; sur-tout , qu'il eût refusé
pour maîtres des hommes
qui n'étoient pas dignes d'ê
tre ses disciples. On pour-
roit bien lui appliquer ce que
l'Ingénieux la Mothe disoit
de la Fontaine , qu'il fut as
sez bete pour croire qu'Ar
naud, de Sacy & Nicole va-
loient mieux que lui.

X V.

»3e vous dis qu'il n'y a


» point de Dieu -, que la créa-
» tion est: une chimere ; que
» l'éternité du monde n'est
Bij
(ìo)
» pas plus incommode que
» l'éternité d'un esprit ; que ,
» parce que je ne conçois pas
» comment le mouvement
» a pu engendrer cet univers
» qu'il a si bien la vertu de
» conserver , il est ridicule
.» de lever cette difficulté par
» l'existence supposée d'un
» Etre que je ne conçois pas
" davantage ; que, si les mer-
« veilles qui brillent dansl'or-
» dre Physique décélent quel-
» que intelligence , les dé-
» sordres qui regnent dans
« Tordre moral , anéantissent
(II)
« toute Providence. Je vous
» dis que , si tout est l'ouvra-
» ge d'un Dieu , tout doit
» être le mieux qu'il est pos-
» sible : car si tout n'est pas le
» mieux qu'il est possible ,
» c'est en Dieu impuissiince
» ou mauvaise volonté. C'est
» donc pour le mieux que je
« ne suis pas plus éclairé sor
» son existence : cela poíe ,
»qu'ai-je à faire de vos lu-
» mieres ? Quand il seroit
» aussi démontré qu'il l'est
» peu , que tout mal est la
» source d'un bien ; qu'il étoic
» bon qu'un Britannicus ,
» que le meilleur des Prin-
» ces pérît; qu'un Neron,que
» le plus méchant des hom-
» mes regnât;comment prou-
» veroit-on qu'il étoit im-
» possible d'atteindre au mê-
» me but , sans user des mê-
»mes moyens ? Permettre
» des vices , pour relever Té-
» clat des vertus , c'est un
» bien frivole avantage pour
«un inconvénient si réel.
Voilà , dit l'Athée, ce que je
vous objecte ? qu'avez-vous
à répondre ì » q»e je
»suis un scélérat ; & que fi
» je navois rien à craindre
» de Dieu , je n en combat-
» trois pas léxìftence. » Lais
sons cette phrase aux Décla-
mateurs : elle peuc choquer
la vérité ; l'urbanité la dé
fend , &c elle marque peu de
charité. Parce qu'un homme
a tort de ne pas croire en
Dieu , avons-nous raison de
Tinjurier > On n'a recours aux
invectives , que quand on
manque de preuves. Entre
deux Controversistes , il y a
cent à parier contre un que
(M)
celui qui aura tort,se fâchera.
» Tu prends ton tonnerre ,
» au lieu de répondre , dit
» Ménippe à Jupiter ; tu as
* donc tort.

XVI.

On demandoit un jour à
quelqu'un , s'il y avoit de
vrais Athées. Croyez-vous ,
répondit -il , qu'il y ait de
vrais Chrétiens ?

XVI I.

Toutes les Billevezées de


la Métaphysique ne valent
pas
pas un argument ad homi-
nem. Pour convaincre , il
ne faut quelquefois que ré-
* veiller le sentiment , ou Phy
sique ou Moral. C'est avec
un bâton qu'on a prouvé au
Pirrhonien qu'il avoit tort
de nier son existence. Car
touche , le pistolet à la main ,
auroit pu faire à Hobbs une
pareille leçon. » La bourse
» ou la vie : nous sommes
» seuls : je suis le plus fort ;
» & il n'est pas question en-
* tre nous d'équité.

C
U6)

XVIII.

Ce n'est pas de la main


du Métaphysicien que sons
partis les grands coups que
ì'Athé'jsme a reçus. Les mé*
ditations sublimes de Malle-
branche & de Pescartes é-r
soient moins propres à ébran
ler le matérialisme , qu'une
observation de Malpighi. Si
cette dangéreuse hypothèse
chancelle de nos jours, c'est
à la Physique expérimentale
que l'honneur en est dû. Ce
n'est que dans les ouvrages
r 1-7)
de Newton , de Muschen-
broek , d'Hartzoeker , & de
Nieuwentit qu'on a trouvé
des preuves satisfaisantes de
1 existence d'un Etre souve
rainement intelligent. Grâ
ces aux travaux de ces grands
Hommes , le monde n'est
plus un Dieu : c'est une ma
chine qui a ses roues , ses
cordes , ses poulies , ses res
sorts & ses poids.

XIX.

Les subtilités de I'Ontolo-


gie ont fait tout au plus des.
Gij
(z8 )
Sceptiques: c'est à la connois-
sance de la nature qu'il étoif
réservé de faire de vrais Déi
stes. La feule découverte des
germes a dissipé une des plus
puissantes objections de l'A-
thé'ïsme. Que le mouvement
soit essentiel ou accidentel à
la matière , je suis mainte
nant convaincu que ses effets
fe terminent à des dévelop-
pemens : toutes les observa
tions concourent à me dé
montrer que la putréfaction
feule ne produit rien d'orga
nisé ; je puis admettre que Iç
(19)
méchanisme de l'insecte le
plus vil n'est pas moins mer
veilleux que celui de l'hom-
me , & je ne crains pas qu'on
en infére qu'une agitation
intestine des molécules étanc
capable de donner l'un , il est
vraisemblable qu'elle a don
né l'autre. Si un Athée avoit
avancé , il y a deux cens ans,
qu'on verroit peut-être un
jour des hommes sortir tout
formés des entrailles de la
rerre , comme on voit éclore
une foule d'insectes , d'une
maíse de chair échauffée -, je
C iij
voucìrois bien fçavoir cè
qu'un Métaphysicien auroit
eu à lui répondre.

XX.

C'étoit en vain que j'avois


essayé contre un Athée les
subtilités de l'école : il avoit
même tiré de la foiblesse de
ces raifonnemcns une objec
tion assez forte. « Une mul-
» titude de vérités inutiles
« me sont démontrées sans
» replique , disoit - il ; & l'c-
» xistence de Dieu , la réali-
- té du bien & du mal moralj
f M)
»> ^immortalité de l'ame sont
« encore des problêmes pour
*> moi : quoi donc ! me se-
»roìt-iI moins important
« d'être éclairé sur ces sujets ,
» que d'être convaincu que
» les trois angles d'un trian-
» gle font égaux à deux
« droits ? Tandis qu'en habile
Déclamateur, il me faisoic
avaler à long traits toute l'a-
mertume de cette réflexion ;
je Rengageai le combat par
une question qui dût paroî-
tre singuliére à un homme
enflé de ses premiers succès..„
Civ
(**)
Etes-vous un Etre pensant ^
lui demandai-je ì » en
» pourriez-vous douter , me
« répondit-il , d'un air satis-
» fait pourquoi non >
qu'ai -je apperçu qui m'en
convainque ì des sons
& des mouvemens ? . . . Mais
le Philosophe en voit autant
dans l'animal qu'il dépouille
de la faculté de penser : Pour
quoi vous accorderois-je ce
que Descartés refuse à la four
mi ì Vous produisez à l'exté-
rieur des actes assez propres
à m'en imposer ; je serois
(33)
tenté d'assurer que vous pen
sez en effet : mais la raison
suspend mon jugement.„En-
tre les actes extérieurs $c
la peníee , il n'y a point de
„ liaison essentielle , me dit-
„ elle : il est possible que ton
„ Antagoniste ne pense non
„ plus que sa. montre : falloit-
„il prendre pour un Etre
„ pensant , le premier animal
„ à qui l'on apprit à parler ?
„ Qui t'a révélé que tous les
tJ hommes ne sont pas autant
de perroquets instruits à,
„ ton insçu ? . . . Cette com-:
(34)
paraison est tout au plus?
ingénieuse , me répliqua-
5, t'il ; ce n'est pas sur le mou-
„ vement & les sons ; c'est
„ sur le fil des idées , la con-
3) séquence qui regne entre
„ les propositions , & la liai-
„ son des raisonnemens, qu'il
„ faut juger qu'un Etre pen-
se : s'il se trouvoit un per-
„ roquet qui répondît à tout,
„ je prononcerois sans balan-
cer que c'est un Etre pen-
„ sant . . . Mais qu'a de com-
„mun cette question avec
» l'éxistence de Dieu ? quançj.
(}$)
,jVous m'aurez démontré
„ que l'homme en qui j'ap-
„ perçois le plus d'esprit n'est:
„ peut-être qu'un Automate,
„ en serai - je mieux diípofé
„ à reconnoître une intclli-
„ gence dans la nature ? . . . .
C'est mon affaire , repris-je ;
convenez cependant qu'il y
auroitde la folie à refuser à
vos semblaoles la faculté de
penser : « sans doute , mais
„ que s'ensuit-il de là ?... » il
s'ensuit que si l'univers , que
dis-je l'univers , que si l'aile
d'un papillon m'offre des trar
00
Ces mille fois plus distinctes
dune intelligence , que vous
n'avez d'indices que votre
semblable est doué de la fa
culté de penser , il seroit mil
le fois plus fou de nier qu'il
éxiste un Dieu , que de nier
que votre semblable pense.
Or que cela soit ainsi ; c'est
à vos lumières , c'est à votre
conscience que fen appelle :
avez-vous jamais remarqué
dans les raisonnemens , les
actions , & la conduite de
quelqu'homme que ce soit ,
plus d'intelligence 7 d'ordre ,
t}7)
de sagacité , de conséquen
ce que dans le méchanismç
d'un insecte ? La Divinité
n'est-elle pas auífi clairement
empreinte dans l'œil d'un
Ciron , que la faculté de
penser dans les ouvrages du
grand Newton ? Quoi ! le
monde formé prouve moins
une intelligence,que le mon
de expliqué ì ... Quelle as
sertion i » mais , repli-
„ quez-vous , j'admets la fa-
„ culté de penser dans un
„ autre , d'autant plus volon-
tiers que je pense moi-mê
(38)
p me ... . Voilà, j'en tombe
d'accord , une présomption
que je n'ai point : mais n'en
suis-je pas dédommagé par
la supériorité de mes preu
ves sur les vôtres ? Inintel
ligence d'un premier Etre
ne m'est-elle pas mieux dé
montrée dans la nature ,
par ses ouvrages , que la
faculté de penser dans un
Philosophe par ses écrits :
songez donc que je ne vous
objcctois qu'une aile de pa
pillon , qu'un œil de ciron ,
quand je pouvois vous écra
(39)
íer du poids de Funivers,
Ou je me trompe lourde
ment , ou cette preuve vaut
bien la meilleure qu'on ait
encore dictée dans les écoles.
C'est sur ce raisonnement ,
quelques autres de la mê
me simplicité , que j'admets
1 existence d'un Dieu , &
non íiir ces tissus d'idées se-
ches & Méthaphysiques ,
moins propres à dévoiler la
vérité , qu'à lui donner l'air
du mensonge.
(4°)
XXI,

J'ouvre les cahiers d'un


Profesteur célébre , & je lis :
„ Athées , je vous accorde
„ que le mouvement est es-
„ sentiel à la matière ; qu'en
„ concluez-vous ? . . , que le
monde résulte du jet for-
,,tuit des atomes ì J'aime-
,y rois autant que vous me
„ dissiez que l'Iliade d'Ho-
„ mere , ou la Hcnriade de
Voltaire est un résultat de
„ jets fortuits de caracteres.
Je me garderai bien de faire
ce
(41)
Ce raisonnement à un Athée.
Cette comparaison lui don-
neroit beau jeu. Seion les
Joix de J'Analyse des Sorts ,
me diroit-il , je ne dois point
être surpris qu'une chose ar
rive , lorsqu'elle est possible ,
&: que la difficulté de l'évé-
nement est compensée par
la quantité des jets. II y a
tel nombre de coups dans
lesquels je gagerois avec a-
vantage d'amener cent mille
íìx à la fois , avec cent mille
dez. Quelle que fût la som-
jne finie des caracteres avec
D
(40
-laquelle on me proposeroit
d'engendrer fortuitement 11*
liade , il y a telle somme fi
nie de jets qui me rendroit
la proposition avantageuse:
mon avantage seroit même
infini, si la quantité de jets
accordée étoit infinie. Vous
voulez bien convenir avec
moi , continueroit-il , que la
matiére existe de toute éter
nité , & que le mouvement
lui est essentiel. Pour répon
dre à cette faveur , je vais
supposer avec vous , que le
monde n'a point de bornes,
W)
que la multitude des atomes
étoit infinie , & que cet or
dre qui vous étonne , ne se
dément nulle part : or de ces
aveux réciproques, il ne s'en
fuit autre chose , sinon que
la possibilité d'engendrer for
tuitement Funivers est tres-
petite , mais que la quantité
des jets est infinie , c'est-à-
dire , que la difficulté de
l'événement est plus que suf
fisamment compensée parîa
multitude des jets. Donc si
quelque chose doit répu
gner à la raison , c'est la
Dij
(44)
supposition que la matiére
s'etant mue de toute éterni
té , & qu'y ayant peut-être
dans la somme infinie des
combinaisons possibles , un
nombre infini d'arrangemens
admirables , il ne se soit ren
contré aucun de ces arran-
gemens admirables dans la
multitude infinie de ceux
qu'elle a pris successivement.
Donc l'esprit doit être plus
étonné de la durée hypothé
tique du cahos , que de la
naissance réelle de l'univers.
(45)
XXII.

Je distingue les Achées en


trois classes, II y en a quel
ques-uns qui vous disent net
tement qu'il n'y a point de
Dieu , òc qui le pensent , ce
sont les vrais Athées : un
assez grand nombre qui ne
sçavent qu'en penser, & qui
décideroíent volontiers la
question à croix ou pile , ce
font les Athées Sceptiques ;
beaucoup plus qui vou-
droient qu'il n'y en eût point,
qui font semblent d'en être
persuadés , qui vivent com
me s'ils l'étoient , ce sont les
fanfarons du parti le déteste
les fanfarons , ils sont faux :
je plains les vrais Athées ,
toute consolation me semble
morte pour eux ; & je prie
Dieu pour les Sceptiques , ils
manquent de lumieres.

XXIII.

Le Déiste assure l'éxis-


tence d'un Dieu , l'immor-
talité de lame & ses suites :
le Sceptique n'est point déci
dé sur ces articles : l'Athée
(47)
les nie. Le Sceptique a donc
pour être vertueux un mo*
tif de plus que l'Athée , &
quelque raison de moins que
le Déiste. Sans la crainte
du Législateur , latente du
tempérament , & la con-
noislance des avantages ac
tuels de la vertu , la probité
de l'Athée manqueroit de
fondement , & celle du Scep
tique scroit sondée sur un
peut-être.

XXIV.

- Le Scepticisme ne con
(48)
vient pas à tout le monde. Il
suppose un examen profond
& désinteressé : celui qui
doute , parce qu'il ne con-
noît pas les raisons de crédi
bilité, n^st qu'un ignorant.
Le vrai Sceptique a compté
& pesé les raisons. Mais ce
n'est pas une petite affaire
que de peser des raisonne-
mens. Qui de nous en con-
noît exactement la valeur?
qu'on apporte cent preuves
de la même vérité , aucune
ne manquera de partisans.
Chaque esprit a son télesco
pe.
U*)
pe. C'est un coloíle à mes
yeux que cette objection qui
disparoît aux vôtres : vous
trouvez légere une raison
qui m'écrase. Si nous som
mes divisés sur la valeur in-
. trinseque , comment nous
accorderons-nous sur le poids
relatif ? Dites-moi, combien
faut-il de preuves morales
pour contrebalancer une
conclusion Métaphysique î
Sont-ce mes lunettes qui pè
chent ou les vôtres ; Si donc
il est si difficile de peser des
raisons , & s'il n'est point de
£
(50)
questions qui n'en ayent pour
& contre , & presque tou
jours à égale mesure , pour
quoi tranchons-nous si vîte >
D'où nous vient ce ton si
décidé ? N'avons -nous pas
éprouvé cent fois que la sus- .
fisance dogmatique révolte.
„ On me fait haïr les choses
„ vraisemblables , dit l'Au-'
>} teur des Essais , quand on
„ me les plante pour infailli-
„ bles. J'aime ces mots qui
„ amolissent & modérent la
témérité de nos proposi-
„ tions , à i'aventure , aucu-
« nement , quelquefois , on
» , je pense , & autres
» semblables : & fi j'enfle eu
» à dresser des enfans J je
» leur eusse tant mis en la
» bouche cette façon de ré-
» pondre enquestante & non
» résolutive , qu'est-ce a di-
» re y je ne L'entens pas , *'/
» pourroit être , £/?-/'/ ^r*/' ,
» qu'ils eussent plutôt gardé
» la forme d'apprentifs à
soixante ans , que de re-
présenter les docteurs à
„ l'âge de quinze.
XXV.

Qu'est-ce que Dieu ? que


stion qu'on fait auxencans,
& à laquelle les Philosophes
ont bien de la peine à répon
dre.
On fçait à quel âge un en
fant doit apprendre à lire , à
chanter , à danser , le Latin,
la Géométrie. Ce n'est qu'en
matiére de religion qu'on ne
consulte point sa portée : à
peine entend-il,qu on lui de
mande,Qu'est-ce que Dieu ?
C'est dans le même instant ,
(53)
c'est de la même bouche
qu'il apprend qu'il y a des
Esprits follets , des Reve-
nans, des Loups - garoux &
un Dieu. On lui inculque
une des plus importantes vé
rités , d'une maniere capa
ble de la décrier un jour au
tribunal de ía raison. En ef
fet , qu'y aura-t-il de surpre
nant , si trouvant à l'âge de
vinet ans , l'éxistence de
Dieu confondue dans sa tê
te, avec une foule de pré
jugés ridicules , il vient à la
méconnoître &c à la traiter
E iij
(H)
ainsi que nos Juges traitent
un honnête-homme , qui se
trouve engagé par accident
dans une troupe de coquins.

XXVI.

On nous parle trop-tôt de


Dieu : autre défaut , on n'in
siste pas astez sur sa présen
ce. Les hommes ont banni
la Divinité d'entr'eux ; ils
Tont réleguée dans un Sanc
tuaire > les murs d'un temple
bornent sa vue ; elle n existe
point au-delà. Insensés que
vous êtes , détruisez ces en
ceintes qui rétréciíTent vos
idées,élargissez Dieu : voyez-
le par-tout où il est, ou dites
qu'il n'est point. Si j'avois un
enfant à dresser, moi, je lui
íerois de la Divinité une
compagnie si réelle , qu'il lui
£n couteroit peut-être moins
pour devenir Athée que pour
s'en distraire. Au lieu de lui
citer l'exemplc d'un autre
homme qu'il connoît quel
quefois pour plus méchant
que lui ; je luidirois brusque
ment , pieu sentends , ejr tu
ments. Les jeunes gens veu-
E iv
lent être pris par les sens r ie
multiplirois donc autour de
lui les signes indicatifs de la
présence Divine. S'il se fai-
soit . par exemple , un cer
cle chez moi , j'y marque-
rois une place à Dieu ; Sc
j'accoutumerois mon é ève h
dire , « Nous étions quatre ,
» Dieu , mon ami , mon
»» Gouverneur , & moi.
(S7)
XXVII.

L'ignorance & tìncuriojî-


té sont deux orcillicrs fort
doux ; mais pour les trouver
tels , i! faut avoir la tête attjjt
biensaite que Montagne.

XXVIII.

Les esprits bouillants , les


imaginations ardentes nc
s'accommodent pas de l'indo-
lence du Sceptique. Ils ai
ment mieux hazarder un
choix que de n'en faire au
cun 3 se tromper que de vi
(58)
vre incertains : soit qu'ils se
méfient de leurs bras , soit
qu'ils craignent k proson
deur des eaux , on les voit
toujours suspendus à des
branches dont ils sentent
toute la foiblesse , &: aus-
quelles ils aiment mieux de
meurer accrochés que de s'a
bandonner au torrent. Ils
assurent tout , bien qu'ils
n'ayent rien soigneusement
examiné .- ils ne doutent de
rien , parce qu'ils n'en ont
ni la patience ni le courage.
Sujets à des lueurs qui les
(59)
décident , si par hazard ils
rencontrent la vérité ; ce
n'est point à tâton , c'est
brusquement & comme par
révélation. Us sont entre les
dogmatiques , ce qu'on ap
pelle les illuminés chez le
peuple dévot. J'ai vu des in
dividus de cette espece in
quiéte qui ne concevoienc
pas comment on pou voit al
lier la tranquillké d'esprit
avec l'indécision . « Le moyen
n de vivre heureux , sans sça-
» voir qui l'on est , d'où l'on
»» vient , où l'on va , pour-
(6o)
» quoi l'on est venu. » Je me
pique d'ignorer tout cela,
sans en erre plus malheu
reux , répondoit froidement
le Sceptique : ce n'est point
ma faute , si j'ai trouvé ma
raison muette , quand je l'ai
questionnée sur mon état.
Toute ma vie j'ignorerai fans
chagrin ce qu'il m'est impos
sible de fçavoir. Pourquoi
regretterois-je des connoif-
íànces que je n'ai pu me pro
curer , & qui sans doute ne
me sont pas fort nécestaires ,
puisque j'en fuis privé. J'ai-
(6Ì)
mcrois autant , a dit un des
premiers génies de notre sié
cle, m'affliger sérieusement
de n avoir pas quatre yeux ,
quatre pieds & deux ailes.

XXIX.

On doit éxiger de moi


que je cherche la vérité,
mais non que je la trouve.
"Un sophisme ne peut -il pas
maffecter plus vivement
qu'une preuve solide ? je suis
nécessité de consentir au
faux que je prens pour le
vrai , & de rejetter le vrai ,
que je prens pour le faux
mais qu'ai-je à craindre, û
c'est innocemment que je
me trompe ? L'on n'est poinc
récompensé dans l'autre
monde pour avoir eu de l'es-
piit dans celui-ci ; y seroit-
on puni pour en avoir man
qué ? damner un homme
pour de mauvais raisonne-
mens , c'est oublier qu'il est
un sot pour le traiter com
me un méchant.

XXX.

Qu'est-ce qu'un Scepti-


C*3)
que » c'est un Philosophe qui
a douce de tout ce qu'il
croit , & qui croit ce qu'un
usage légitime de sa raison
& de ses sens lui a démon
tré vrai ; voulez-vous quel
que choie de plus précis >
rendez sincère le Pirrho-
nien , &: vous aurez le Scep
tique.

XXXI.

Ce qu'on n'a jamais mis


en question n'a point été
prouvé. Ce qu'on n'a point
examiné fans prévention ,
, (,é4)
n'a jamais <été bien examiné.
Le Scepticisme est donc le
premier pas vers la vérité.
II doit être général , car il
çn est la pierre de touche.
Si pour s'aflurer de réxisV
tence de Dieu, le Philoso
phe commence par en dou
ter , y-a-t'il quelque propo
sition qui puisse se soustraire
à cette épreuve ?

XXXII.

. L'incrédulité est quelque


fois le vice d'un sot , & la
crédulité le défaut d'un
homme
(6ï)
homme d'esprit. L'hommc
d'esprit voit loin dans l'im-
mensité des possibles ; le sot
ne voit gueres de possible
que ce qui est. C'est-là peut-
être ce qui rend l'un pusil
lanime , & l'autte témé
raire.

XXXIII.

On risque autant à croire


trop , qu'à croire trop peu.
II n'y a ni plus ni moins de
danger à être flPït^ste
qu'Athée ; or le Scepticisme
peut seul garantir égale-
F
(66)
ment , en tout tems & en
tout lieu , de ces deux excès
opposes»

XXXIV.

Un fémi-Septicisme est la
marque d'un esprit foible :
il décele un raisonneur pusil
lanime qui se laisse effrayer
par les conséquences j un
superstitieux qui croit hono
rer íbn Dieu par les en
traves où il met sa raison ;
unq^spÉfé d'incrédule qui
craint de* se démasquer à
lui-même j car si la vérité
(67)
n'a rien à perdre à l'exa-
men , comme en est con
vaincu le fémi - Sceptique ,
que pense-t'il au fond de
son ame de ces notions pri
vilegiées qu'il appréhende
de sonder , & qui sont pla
cées dans un recoin de sa
cervelle, comme dans un
Sanctuaire dont il n'ose ap
procher ?

XXXV.

J'entens crier de toute


part à l'impiéré. Le Chré
tien est impie en Asie , lo
Fi;
(68)
Musulman en Europe , le
Papiste à Londres , le Cal
viniste à Paris , le Janse
niste au haut de la rue S.
Jacques , le Moliniste au
fond du fauxbourg S. Mé-
dard. Qu'est-ce donc qu'un
impie ? tout le monde l'est-
il , ou personne ?

XXXVI.

Quand les dévots se dé


chaînent contre le Scepticis
me , il me semble qu'ils en
tendent mal leur intérêt ,
ou qu'ils se contredisent. S'il
l«9)
est certain qu'un, culte vrai
pour être embrassé , & qu'un
faux culte pour être aban
donné , n'ont besoin que
d'être bien connus ; il seroit
à souhaiter qu'un doute
universel se répandît sur la
surface de la terre , & que
tous les peuples voulussent
bien mettre en question la
vérité de leurs Religions :
nos Missionnaires trouve-
roient la bonne moitié de
leur besogne faite.
(7°)
XXXVII.

Celui qui ne conserve pas


par choix , le culte qu'il a
reçu par éducation , ne peut
non plus se glorifier d'être
Chrétien ou Musulman , que
de n'être point né aveugle
ou boiteux. C'est un bon
heur & non pas un mérite.

XXXVIII.

Celui qui mourroit pour


un culte dont il connokroit
la fausseté , seroit un enragé.
Celui qui meurt pour un
(70
culte faux , mais qu'il croit
vrai ; ou pour un culte vrai ,
mais dont il n'a point de
preuves , est un fanatique.
Le vrai Martyr est celui
qui meurt pour un culte
vrai , & dont la vérité lui est
démontrée.

XXXIX.

Le vrai Martyr attend la


mort.
L'enthousiaste y court.

XL.

Celui qui se trouvant à k


(71)
Mecque, iroit insulter aux
cendres de Mahomet , ren
verser ses autels &: troubler
toute une mosquée , se fe-
roit empaler à coup sur , &c
ne seroit peut-être pas ca
nonisé. Ce zèle n'est plus à
la mode. Polieucte ne seroit
de nos jours qu'un insensé.

XLI.

Le tems des Révélations,


des Prodiges & des Missions
extraordinaires est passé. Le
Christianisme n'a plus besoin
de cet échafaudage. Un
homme
(73)
homme qui s'aviseroit de
jouer parmi nous le rôle de
Jonas , de courir les rues en
criant , » encore trois jours
» & Paris ne sera plus ; Pa-
» risiens , faites pénitence ,
» couvrez-vous de sacs &C
» de cendres , ou dans trois
« jours vous périrez , scroit
incontinent saisi & traîné
devant un Juge qui ne man-
queroit pas de l'envoycr aux
petites maisons : il auroic
beau dire : » Peuples , Dieu
» vous aime-t'il moins que
» le yinivite > êtes - vous
G
(74)
«moins coupables que lui î
Onnes'amuíèroit point à lui
répondre , & pour le traiter
en visionnaire, on n'atten-
droit pas le terme de sa pré
diction.
Elie peut revenir de l'au
tre monde quand il voudra ;
les hommes font tels , qu'il
fera de grands miracles ,
s'il est bien accueilli dans
celui-ci,

XLIL

Lorsqu'on annonce au peiw


pie un dogme qui contredit la
>

(71)
íéligion dominante, ou quel
que fait contraire à la tran
quillité publique; justifìàc-on
íà mission par des miracles ,
le Gouvernement a droit de
sévir , 8c le peuple de crier ,
crucifge. Quel danger n'y
auroit-il pas à abandonner
les esprits aux séductions
d'un imposteur , ou aux rê
veries d'un visionnaire ? Si le
sang de Jesus-Christ a cric
vengeance contre les Juifs;
c'est qu'en le répandant , ils
fermoient l'oreille à la voix
de Moyse & des Prophètes
■ Gij
(7f)
qui le déclaroient le Messie.
Un Ange vint-il à descen
dre des cieux , appuyât - il
ses raisonnemens par des mi
racles ; s'il prêche contre la
lpi de Jeíus- Christ, Paul
veut qu'on lui dise anathè
me. Ce n'est donc pas par
les miracles qu'il faut juger
de la mission d'un homme ;
mais c'est par la conformité
de sa doctrine avec celle du
peuple auquel il se ditenr-
voyé ^sur-tout lorsque U doc
trine de ce feusle est démon
trée vraie.
Mi)
XLIII.

Toute innovation est à


craindre dans un gouverne-
ment. La plus sainte & la
plus douce des religions , le
Christianisme même ne s'est
pas affermi sans causer quel
ques troubles. Les premiers
enfans de l'Eglise sont sortis
plus d'une fois de la modé
ration & de la patience qui
leur étoient prescrites. Qu'il
me soit permis de rapporter
ici quelques fragmens d'un
Edit de l'Empereur Julien,
Giij
.;($*)
ils caractériseront à mer-'
veille le génie de ce Prince
Philosophe , & Thumeur des
zélés de son tems.
J'avois imaginé , dit Ju
lien , que les chefs des Gali
léens sentiroient combien
mes procédés sont diíférens
de ceux de mon prédéces
seurs qu'ils m'en fçauroient
quelque gré : ils ont souffert
sous son regne l'éxil &c les
prisons ; & l'on a passé au
fil de 1 epée une multitude
de ceux qu'ils appellent en-
tr'eux hérétiques. . . Sous le

V
(79)
mien > on a rappelle les exi
lés , élargi les prisonniers , &
rétabli les proscrits dans la
possession de leurs biens.
Mais telle est l'inquiétudc
& la fureur de cette especc
d'hommes , que depuis qu'ils
ont perdu 1c privilége de se
dévorer les uns les autres,
de tourmenter &c ceux qui
sont attachés à leurs dog
mes , & ceux qui suivent la
réligion autorisée par les
loix , ils n'épargnent aucun
moyen , ne laissent échapper
aucune occasion d'exciter
G iv
(80;
des révoltes, gens sans égard
pour la vraie piété , & sans
respect pour nos constitu
tions.... Toutefois nous n'en
tendons pas qu'on les traîne
aux pieds de nos autels &
qu'on leur faífe violence.....
Quant au menu peuple , il
paroît que ce font ses chefs
qui fomentent en lui l'esprit
de sédition , furieux qu'ils
sont des bornes que nous
avons mises à leurs pouvoirs :
car nous les avons bannis de
nos tribunaux , òí ils n'ont
plus la commodité de dispo
fer des testamens , de sup<-
planter les héritiers légiti
mes, & de s'emparer des
successions...... C'est pour
quoi nous défendons à ce
peuple de s'assembler en tu
multe & de cabaler chez ses
Prêtres séditieux.... Que cet
Edit fasse la sûreté de nos
Magistrats que les mutins
ont insulté plus d'une fois ,
& mis en danger d'être la
pidés Qu'ils se rendent
paisiblement chez leurs
chefs, qu'ils y prient , qu'ils
s'y instruisent , & qu'ils y
(8z)
satisfassent au culte qu'ils en
ont reçu ; nous le leur per
mettons : mais qu'ils renon
cent à tout dessein factieux..
Si ces assemblées sont pour
eux une occasion de révolte,
ce sera à leurs risques &; for
tunes 5 je les en avertis....
Peuples incrédules , vivez en
paix Et vous quiètes de
meurés fidèles à la religion
de votre pais & aux Dieux
de vos peres, ne persécutes
.point des voisins , des concir
toyens , dont l'ignorance est
encore plus à plaindre que
la méchanceté n'est à blâ
mer. . . . C'eft par la raison
. & non par la violence qu'il
faut ramener les hommes k
la vérité. Nous vous enjoi
gnons donc à vous tous nos
fidèles Sujets de laisser en re
pos les Galiléens.
Tels étoient les sentie
mens de ce Prince , à qui
l'on peut reprocher le pa
ganisme , mais non l'apos-
tasie: il passa les premiéres
années de fa vie , sous difr
férens Maîtres & dans di&
férentes écoles , & fit dans
(84)
Un âge plus avancé un choix
infortuné : il se décida mal
heureusement pour le culte
de ses ayeux &c les Dieux
de son pais.

XLIV,

Une chose qui m'étón-


tte , c'est que les ouvrages
de ce sçavant Empereur
soient parvenus jusqu'à nous.
11s contiennent des traits qui
ne nuisent point à la vérité
du Christianisme ; mais qui
font assez désavantageux à
quelques Chrétiens de son
(8j)
çcms , pour qu'ils se sentis
sent de l'attention finguliérc
que les Peres de l'Eglise ont
eu de supprimer les ou
vrages de leurs ennemis.
C'est: apparemment de ces
prédécesseurs que Saint Gré
goire le Grand avoit hérité
du zèle barbare qui l'anima
contre les Lettres & les Arts.
S'il n'eût tenu qu'à ce Pon
tife , nous serions dans le
cas des Mahometans qui en
sont réduits pour toute lec
ture à celle de leur Alco-
ran. Car quel eût été le sore
(8S)
des anciens Ecrivains , entre
les mains d'un homme qui
solécisoit par principe de
Religion ; qui s'imaginoit
qu'observer les regles de lâ
Grammaire , c'étoit soumet
tre Jesus-Christ à Donat ,
& qui se crut obligé en cons
cience de combler les ruines
de l'Antiquité,"

XLV.

Cependant la divinité des


écritures n'est point un ca
ractere si clairement em
preint en elles que l'autorité
(%7)
des Historiens sacrés soit
absolument indépendante du
témoignage des Auteurs pro
fanes. Où en serions-nous ,
s'il falloit reconnoître le
doigt de Dieu dans la forme
de notre Bible ? Combien
la version Latine n'cst-elle
pas misérable f Les Origi
naux mêmes ne sont pas des
chefs-d'œuvres de composi
tion. Les Prophètes , les A-
pôtres &c les Evangélistes
ont écrit , comme ils y en-
tendoient. S'il nous étoic
permis de regarder l'Histoire
(88)
du peuple Hebreu , comme
une simple production de
l'esprit humain , Moyse &
ses Continuateurs ne l'em-
porteroient pas sur Tite-
Live , Saluste , César SC Jo
seph , tous gens qu'on ne
soupçonne pas assurément
d'avoir écrit par inspiration.
Ne préfere-t-on pas même
le Jésuite Berruyer à Moyse ?
On conserve dans nos Egli
ses , des tableaux qu'on nous
assure avoir été peints par
des Anges & par la Divi
nité même ; si ces morceaux
étoient
(*9)
êtoient sortis de la main de
le Sueur ou de le Brun , que
pourrois-je opposer à cette
tradition immémoriale?Ricn
du tout , peut-être. Mais
quand j'observe ces célestes
ouvrages & que je vois à
chaque pâs les regles de la
Peinture violées dans le des
sein & dans l'exécution ; le
vrai de l'Art abandonné par
tout , ne pouvant supposer
que l'ouvrier étoit un igno
rant , il faut bien que j'ac
cuse la tradition d'être fabu
leuse. Quelle application ne
H
ferois-je point de ces ta^
bleaux aux Saintes Ecritu
res , íì je ne sçavois combien
il importe peu que ce qu el
les contiennent soit bien ou
mal dit. Les Prophètes se sont
piqués de dire vrai &: non
pas de bien dire. Les Apô
tres sont-ils morts pour au
tre chose que pour la vérité
de ce qu'ils ont dit ou écrit ?
Or pour en revenir au point
que je traite , de quelle con
séquence n'étoit-il pas de
conserver des Auteurs pro
fanes qui ne pouvoient man
{9 r)
qiier de s'accorder avec les
Auteurs Sacrés , au moins
sur l'éxistence & les mira
cles de Jesus-Christ , sur les
qualités & le caractere de
Ponce-Pilate , & sur les ac
tions & le martyre des pre
miers Chrétiens.

XLVL

Un peuple entier , me di
rez-vous , est témoin de ce
fait ; oserez-vous le nier ?
oui , j'oserai ,tant qu'il ne
me sera pas confirmé par
l'autorité de quelqu'un qui
*Hij
(91)
ne soit pas de votre parti t
& que j'ignorerai que ce
quelqu'un étoit incapable de
fanatisme & de séduction. II
y a plus. Qu'un Auteur d'u
ne impartialité avouée , me
raconte qu'un goufre s'est
ouvert au milieu d'une Vil
le; que les Dieux consultés
fur cet événement ont répon
du qu'il se réfermera , si l'on
y jette ce que l'on possè
de de plus précieux ; qu\in
b-ave Chevalier s'y est: pré
cipité , & que l'Oracle s'est
accompli ; je le croirai beau
( 53 }
coup moins que s'il eût dit
simplement qu'un goufrd
s'étant ouvert , on employa
un tems & des travau^on-
íìdérables pour le combler.
Moins un fait a de vrai
semblance , plus le témoi
gnage de I'Histoire perd de
son poids. Je croirois sans
peine un seul honnête-hom-
me qui m'annonceroit que
Sa Maje/té vient de rempor
ter une victoire complette
sur les Alliés , mais tout Pa
ris m'aíTureroit qu'un mort
vient de ressusciter à Pasly t
(94)_
que je n'en croirois rien.
Qu'un Historien nous en im
pose ou que tout un peuple
se tpjrnpe ; ce ne sont pas
des prodiges.

XLVII.

Tarquin projette d'ajou


ter de nouveaux corps de
Cavalerie à ceux que Ro-
mulus avoit formés. Un au
gure lui soutient que toute
innovation dans cette mili
ce est sacrilége , íi les Dieux
ne l'ont autorisée. Choqué
de la liberté de ce Prêtre,
(9S)
& résolu de Je confondre
£t de décrier en sa personne
un Art qui croisoit son au
torité , Tarquin le fait ap-
peller fur la place publique ,
& lui dit , " Devin , ce que
„ je pense est -il possible ì Si
ta science est telle que tu
„ la vantos ; elle te met en
état de répondre. L'augure
ne se déconcerte point , con
sulte les oiseaux & répond.
,,Oui , Prince, ce que tu
„ penses , se peut faire. Lors
Tarquin tirant un rasoir de
dessous sa robe & prenant
( 96)
à la main un caillou í ap-
proche , dit-il , au Devin ;
j, coupe moi ce caillou avec
ce rasoir ; car j'ai peníé
„que cela se pouvoir. Na-
vius , c'est le nom de 1 au
gure , se tourne vers le peu
ple & dit avec assurance ,
qu'on applique* le rasoir
^au caillou , &: qu'on me
„ traîne au supplice , s'il
n'est divisé sur le champ. „
L'on vit en effet contre toute
attente la dureté du caillou
céder au tranchant du ra
soir : ses parties se séparent
si
(97)
fi promptement , que le ra
soir porte sur la main de Tar-
quin & en tire du sang. Le
peuple étonné fait des accla
mations ; Tarquin renonce
à ses projets & se déclare
protecteur des augures j on
enferme sous un Autel le
rasoir & les fragmens du
caillou. On éleve une statue
au Devin : cette statue sub-
sistoit encore sous le regne
d'Auguste , & l'antiquité
profane & sacrée nous at
teste la vérité de ce fait dans
les écrits de Lactance , de
I
(9*)
Denis d'Halicarnaíïe , & de
Saint Augustin.
' Vous avez entendu {'His
toire 5 écoutez la supersti
tion. c< Que répondez-vous
„ à cela î il faut , dit le su-
„ perstitieux Quintus à Ci-
„ ceron son frere , il faut sc
„ précipiter dans un mons-
„ trueux pirrhonisme, traiter
„ les Peuples & les Histo-
„ riens de stupides &: brûler
• „ les Annales, ou convenir
„ de ce fait, Nierez-vous
„ tout , plutôt que d'avouer
„ que les Dieux se mêlent
(99)
„ de nos affaires.
. Hoc ego Philosophi non ar-
bitror tejlibus uti , qui aut
cafu viri aut malitiâ falfi t
ficlique ejse pojptnt. Argu-
mentis & rationibus opor-
.tet , quare quidque ita fit ,
Jocere, non eventis , Us prœ-
sertim quibus mihi non li
ceat credere. . . . Omitte t>/-
tur lituum Romuli , quem in
maxima incendio negas po-
luìjse comburi ì Contemne co-
tem accii navii ì Nihil débet
ejse in Philosophia commen-
Jitiis fabellis loci. lllud erat
I ij
( 100 )
Philosophi y toi tus auguriì
primùm naturam ipsam <vi-
dere , deinde Inventionent ,
deinde Constantiam. . . . Ha~
bent etrusci exaratum pue*
rum autorem disciplina sua.
Nos quemì Accium ne na-
fuium ì Placet igìtur huma-
nitatis expertes habere Di-
vinitatis autores. Mais c'est
la croyance des Rois , des
Peuples , des Nations & du
Monde. Jguafî vere quid-
quantft tam valde , quant
nihil sapere vulgare ì Aut
quasi tìhi ipsi in judicanda
(loi)
placeat multitudoNdiïà. la ré
ponse du Philosophe. Qu'on
nie cite un seul prodige au
quel elle ne soit pas appli
cable ì Les Peres de l'Eglise
qui voyoient sans doute de
grands inconvéniens à se ser
vir des principes de Ciceron,
ont mieux aimé convenir de
l'aventure de Tarquin & at
tribuer l'Art de Navius au
Diable. C'est une belle ma
chine que le Diable i

XLVIII,

Tous les Peuples ont de


liij
(101)
ces faíts , à qui pour être
merveilleux, il ne manque
que d être vrais ; avec les*
quels on démontre tout >
mais qu'on ne prouve point ;
qu'on n'ose nier sans être
impie , & qu'on ne peut .
croire sans être imbécille.

XLIX.

Romulus frappé de la fou


dre ou massacré par les Sé
nateurs , disparoît d'entre les
Romains. Le Peuple & le
Soldat en murmurent. Les
Ordres de l'Etat se soulé
(10$)
vent les uns contre les au
tres , & Rome naissante , di
visée au dedans & environ
née d'ennemis au dehors ,
étoit au bord du précipice.
Lorsqu'un certain Procu-
leius s'avance gravement &:
dit* " Romains -, ce Prince"
„ que vous regrettez n'est
,, point mort: il est monté
„ aux Cieux , où il est assis
„ à la droite de Jupiter. Va ,
„m'a-t-il dit , calme tes
„ Concitoyens: annonce leur
que Romulus est entre les
j, Dieux : assure-les de ma
I iv
. (îo4)
i, protection : qu'ils sçacbent
„ que les forces de leurs en*
nemis ne prévaudront ja-
mais contr eux : le destin
„ veut qu'ils soient un jour
„ les maîtres du monde:quiIs
„ en fassent seulement passer
la prédiction d'âge en âge à
leur postérité la plus recu-
„ lée. II est des conjonctures
favorables à l'imposture , 8c
si l'on examine quel étoit
alors l'ètat des affaires de
Rome , on conviendra que
Proculeius étoit homme di4-
tête , & qu'il avoit fçu pren
dre son tems. II introduisit
dans les esprits un préjugé
qui ne sut pas inutile à la
grandeur future de sa Pa
trie. . . Mirttm est quantum
illiviro , hac nuntianti , fi-
dei fuerit quamque deside-
rium Romuli apud plebcm ,
facJa jìde immortalitai is ,
lenitumJit.Famam hanc ad
miratio viri & pavorprafens
nobilita'vitìfattoque àpaucis
initio , Deum , Deo natum ,
Jafoere universi Romulumju-
bent. C'est-à-dire , que le
Peuple crut à cette appari»
( *o« )
tìon ; que les Sénateurs firent
semblant d'y Croire &c que
Romulus eut des Autels.
Mais les choses n'en demeu
rérent pas là. Bien-tôt ce ne
fut point un simple Particu*
lier à qui Romulus s etoit
apparu. II s'étoit montré à
plus de mille personnes en
un jour. II n'avoit point été
frappé de la foudre \ les Sé
nateurs ne s'en étoient point
défaits à la faveur d'un tems
orageux : Mais il s'étoit éle
vé dans les airs au milieu
des éclairs &: au bruit du
(iû7)
tonnerre, à la vue de tout
un peuple s &c cette avanturc
se calfeutra avec le tems
d'un si grand nombre de pié
ces , que les esprits forts du
siécle suivant devoient cn
être fort embarrassés.

L. •

Une seule démonstration


me frappe plus que cinquan
te faits. Grâce à l'extrême
confiance que j'ai en ma rai
son , ma foi n'est point à la
merci du premier saltimban
que. Pontife de Mahomet,
(lot)
redresse des boiteux ; fais
parler des muets ; rens la
vue aux aveugles ; guéris
des paralitiques ; ressuscite
des morts ; restitue même
aux estropiés les membres
qui leur manquent, mira
cle qu'on n'a point encore
tenté : &c à ton grand éton
nement , ma foi n'en sera
point ébranlée. Veux-tuquc
je devienne ton Prosélyte ;
laisse tous ces prestiges , ic
raisonnons. Je suis plus .sûr
de mon jugement que de
mes yeux.
(109)
Si la Religion que tu
m'annonces est vraie -, sa vé
rité peut être mise en évi
dence & se démontrer par
des raisons invincibles.Trou-
ve-les ces raisons. Pourquoi
me harceler par des prodi
ges , quand tu n'as besoin
pour me terrasser que d'un
Syllogisme. Quoi donc, te
seroit-il plus facile de re
dresser un boiteux que de
m'éclairer >

LI,

Un homme est étendu

j
(MO)
sur la terre sans sentiment
sans voix , sans chaleur , sans
mouvement. On le tourne }
on le retourne , on l'agite ,
le feu lui est appliqué , rien
ne l'emeut : le fer chaud n'en
peut arracher un symptôme
de vie ; on le croit mort :
l'est-il ? non. C'est le pen
dant du Prêtre de Calame.
JQifi quando ci placebat ,
„ad imitatas lantent antis
hominis voces , ita se auf-
„ferebat à sensibus & jace-
bíitJìmilUmiiS mortuo , ut
„ non folìtm vellicantes at
Si

(m)
que pungentes minimesen-
„ tiret , sed aliquando etiam
„ ìgne ureretur admodo ^Jine
„ ullo de lorissens» , nijì pojl
„ modum ex vxlnere. S. Aug,
Cit.de Dieu, Liv. 14. ch.24.
Si certaines gens -ávoient
rencontré de nos jours un
pareil sujet 5 ils en au roient
tiré bon parti. On nous au-*
roit fait voir un cadavre se
ranimer sur la cendre d'un
prédestiné ; le recueil du
Magistrat Janseniste se se-
roit enflé dune résurrec
tion ; ôc le Constitution-
mire se tiendrok peut-être
pour confondu.

II faut avouer , dit le Lo


gicien de Port-Royal , que
Saint Augustin a eu raison
de soutenir avec Platon que
le jugement de la vérité 6c
la régie pour discerner n'ap
partiennent pas aux sens ;
mais à l'esprit : non est ve
rttatis judicìum in fenfibus.
Et même que cette certitude
que l'on peut tirer des sens
ne s'étend pas bien loin SC
, qu'il
("$)
qu'il y a plusieurs choses que
l'on croit sçavoir par leur
entremise , & dont on n'a
point une pleine assurance.
Lors donc que le témoigna
ge des sens contredit , ou ne
contrebalance , point l'auto-
ríté de la raison ; il n'y a pas
à opter : en bonne Logique ,
c'est à la raison qu'il fauc
s'en tenir.

lui.

Un Fauxbourg retentit
d'acclamations : la cendre
d'un prédestiné y fait en un
K
(H4)
jour plus de prodiges que
Jesus-Christ n'en fit en toute
íà vie. On y court ; on s'y
porte ; j'y suis la foule. J'ar
rive à peine que j'entens
crier , miracle ! miracle y
j'approche , je regárde 3 Sç
je vois un petit boiteux qui
se promene à laide de trois
ou quatre personnes chari
tables qui le soutiennent ,
& le peuple qui s'en' émer
veille , de repeter , miracle !
miracle ! où donc est le mi
racle 3 peuple jmbécille ì Ne
vois-tu pas que ce fourbe n>
("í)
sait que changer de béquil*-
les. II en étoit dans cette oc
casion des miracles , comme
il en est toujours des esprits.
Je jurerois bien que tous
ceux qui ont vu des esprits
les craignoient d'avance , &
que tous ceux qui voyoient
là des miracles , étoient bien
résolus d'en voir.

LI V.

Nous avons toutefois de


ces miracles prétendus un
vaste recueil qui peut braver
l'incrédulké la plus détermi
Kij
(né)
née. L'Auteur est un Séna
teur , un homme grave , qui
faisoit profession d'un Ma
térialisme assez mal enten
du à la vérité ; mais qui n'at-
tendoit pas fa fortune de sa
conversion : témoin oculaire
des faits qu'il raconte, &
dont il a pu juger fans pré
vention & sans intérêt , son
témoignage est accompagné
de mille autres. Tous disent
qu'ils ont vu , & leur dépo
sition a toute l'autenticité
possible : les actes originaux
cn sont conservés dans- les
(H7)
archives publiques. Que ré
pondre à cela ? Que répon
dre ? que ces miracles ne
prouvent rien ; tant que la
question de ses sentimens ne
sera point décidée.

LV.

Tout raisonnement qui


prouve pour deux partis , ne
prouve ni pour l'un ni pour
l'autre. Si le Fanatisme a ses
Martyrs, ainsi que la vraie
Religion , & si entre ceux
qui sont morts pour la vraie
Religion , il y a eu des Fana
(nS)
tiques : ou comptons , si nous
le pouvons , le nombre des
morcs , & croyons j ou cher-'
chons d'autres motifs de cré
dibilité.

LVI.

Rien n'est plus capable


d'affermir dans l'irréligion,
que de faux motifs de con
version. On dit tous les jours
à des incrédules : Qui êtes-
Vous pour attaquer une Re
ligion que les Pauls , les Ter--
tulliens , les Athanases , les-
Chrysostômes , les Augufr
(H9)
tins , les Cypriens , &: tanc
d'autres illustres Personnages
ont si courageusement dé.
fendue. Vous avez sans dou
te apperçu quelque difficulté
qui avoit échappé à ces gé
nies supérieurs : montrez-
nous donc que vous en sça-
vez plus qu'eux , ou sacrifiez
vos doutes à leurs décisions ,
fi vous convenez qu'ils en
sçavoient plus que vous. Rai
sonnement frivole. Les lu
miéres des Ministres ne sont
point une preuve de la véri
té d'une Religion. Quel cul
( iìo)
te plus absgrde que celui des
Egyptiens, & quels Minis
tres plus éclairésí .... Non ,
je ne peux adorer cet oi
gnon. Quel privilege a-t-il
sur les autres légumes ? Je
serois bien fou de prostituer
mon hommage à des Etres
destinés à ma nourriture ? La
plaisante divinité qu'une
plante que j'arrose , qui croît
& meurt dans mon potager!..
» Tais - toi , miserable : tes
«blasphèmes me font frémir:
» c'est bien à toi à raisonner î
«en sçais-tu là dessus plus que
lc
(ru)
* le Sacré College ? Qui es-tu
pour attaquer tes Dieux , &;
donner des leçons de sagesse
à leurs Ministres ? Es-tu plus
éclairé que ces Oracles que
l'univers entier vient inter
roger? Quelle que soit ta ré
ponse , j'admirerai ton or
gueil ou ta témérité . . . Les
Chrétiens ne sentiront - ils
jamais toute leur force"! S>C
n'abandonneront - ils point
ces malheureux Sophismes à
ceux dont ils font Tunique
ressource ? Omittamus ìJa
cewmuniít qu* ex utraque
L
(1*2.)
farte dici pofiunt , quanquam
vere ex utraque farte dici
nonpojftnt. S. Aug. L'exem-
ple 3 les prodiges & l'autori-
té peuvent faire des dupes
qu des hypocrites. La raison
feule fait des Croyans

LVII.

On convient qu'il est de


la 'derniere importance de
n'employer à la défense d'un
culte que des raisons solides;
cependant on perfécuteroig
volontiers ceux qui travail-
Kn.t à décrier les mauvaises
Quoi donc ? n'est-ce pas as
sez que l'on soit Chrétien .?
fàut-il encore l'être par de
mauvaises raisons ? Dévots ,
je vous en avertis -, je ne suis
pas Chrétien parce que saint
Augustin l'étoit ; mais je le
suis , parce qu'il est raisonna
ble de l'être.

LVIII.

le connois les dévots : ils


sont prompts à prendre l'al-
larme. S'ils jugent une fois
que cet écrit contient quel
que chose de contraire à
("4)
leurs idées , je m'attens à tou
tes les calomnies qu'ils ont
répandues sur le compte de
mille gens qui valoient
mieux que moi. Si je ne suis
qu'un Deiste & qu'un scélé
rat , j'en serai quitte à bon
marché. II y a long-tems
qu'ils ont damné Descartes ,
Montagne , Lock , & Bayle ,
& j'espere qu'ils en damne
ront bien d'autres. Je leur dé
clare cependant que je ne
me pique d'être ni plus hon
nête homme , ni meilleur
chrétien que la plupart de
Ces Philosophes. Je fuis né
dans l'Eglise Catholique , A-
postolique te Romaine , &
je me soumets de toute ma
force à ses décisions. Je veux
mourir dans la religion de
mes Peres, & je la crois
bonne autant qu'il est possi
ble à quiconque n'a jamais
eu aucun commerce immé
diat avec la Divinité , & qui
n'a jamais été témoin d'au
cun miracle. Voilà ma pro
fession de foi : je suis pres
que fiìr qu'ils en seront mé-
contens , bien qu'il n'y en ait
L iij
peut-être pas un entr'eux qui
soit en état d'en faire une
meilleure.

LIX.

J'ai lu quelquefois Aba-


die , Huet , & les autres. Je
connois suffisamment les
preuves de ma Religion , &
je conviens qu'elles sont
grandes ; mais le seroient-
elles cent fois davantage , le
Christianisme nc me seroit
point encore démontré.
Pourquoi donc exiger de
moi que je croye qu'il y a
(1*7)
trois Personnes en Dieu aum
fermement , que je crois que
les trois angles d'un triangle
sont égaux et deux droits.
Toute preuve doit produire
en moi une certitude pro
portionnée à son dégré de
force ; &: l'action des démon
strations Géométriques, Mo
rales & Physiques sur mon
esprit doit être différente,
ou cette distinction est fri
vole.

LX.

Vous présentez à un In-


L iv
ft»f)
crédule un volume d'écrits r
dont vous prétendez lui dé
montrer la Divinité. Mais
avant que d'entrer dans Yc-
xamen de vos preuves , il
ne manquera pas de vous
questionner sur cette collec
tion. A-t-elle toujours été la
méme , vous demandera-t-il?
Pourquoi cst-elle à présent
moins ample qu'elle ne ré
toit il y a quelques siécles ì
De quel droit en a-t-on ban
ni tel & tel ouvrage qu'une,
autre Secte révere , & con
servé tel &: tel autre qu'elle a
(H9)
rejette ? Sur quel fondement
avez-vous donné la préféren
ce à ce manuscrit?Qui vous a
dirigé dans le choix que vous
avez fait entre tant de copies
différentes , qui font des
preuves évidentes que ces sa
crés Auteurs ne vous ont pas
été transmis dans leur pureté
originale & premiére. Mais
si l'ignorance des Copistes
ou la malice des Hérétiques
les a corrompus , comme if
faut que vous en conveniez,
vous voilà forcés de les resti
tuer dans leur état naturel *
(i3o)
avant que d'en prouver k
Divinité car ce n'est pas sur
un Recueil d'écrits mutilés
que tomberont vos preuves,
& que j'établirai ma croyan*
ce. Or qui chargerez -vous
de cette réforme ? l'Eglise.
Mais ie ne peux convenir
de l'infaillibilité de l'Eglise,
que la divinité des Ecritures
ne me soit prouvée. Me voi
là donc dans un Scepticisme
nécessité.
On ne répond à cette dif
ficulté, qu'en avouant que
les premiers fondemens de la
foi sont purement humains ;
que le choix entre les ma
nuscrits , que la restitution
des passages , enfin que la
collection s'est faite par des
regles de critique; &c je ne
refuse point d'ajouter à la
divinité des livres sacrés , un
degré de foi proportionné à
la certitude de ces regles.

LXI.

C'est en cherchant des


preuves , que j'ai trouvé des
difficultés. Les livres qui
contiennent les motifs de
cm)
ma croyance , m'oíFrent en.
même-tems les raisons de
l'incrédulité. Ce sont des ar
senaux communs. Là j'ai vu
le Deiste s'armer contre l'A-
thée 5 le Deïste & l' Athée
lutter contre le Juif j l'A-
thée , le Deïste & le Juif se
liguer contre le Chrétien s
le Chrétien , le Juif, le Deï
ste & l'Athée se mettre aux
prises avec le Musulman j
l'Athée, le Deïste, le Juif ,
le Musulman , & la multi
tude des Sectes du Christia
nisme fondre sur le Chré
(M3)
tien , & le Sceptique seul ■
contre tous. J'étois Juge des
coups. Je tenois la balance
entre les combattans ; ses
bras s'élevoient ou s'abbais-
soient en raison des poids
dont ils étoient chargés. A-
près de longues oscillations
elle pencha du côté du Chré
tien , mais avec le seul excès
de sa pesanteur , sur la résis
tance du côté oppoíe. Je me
suis témoin à moi-même de
mon équité. II n'a pas tenu
à moi que cet excès ne m'ait
paru fort grand. J'atteste
Dieu de ma sincérité.
(134)

LXII.

Cette diversité d'opinions


a fait imaginer aux Deistes
un raisonnement plus singu
lier peut-être que solide. Ci
ceron ayant à prouver que
les Romains étoient les peu
ples les plus belliqueux de la
terre, tire adroitement eet
aveu de la bouche de leurs
Rivaux. Gaulois à qui le cé
dez-vous en courage , si vous
le cédez à quelqu'un ? aux
Romains. Parthes , après
vous , quels sont les hommes
les plus courageux? les Ro
mains. Affricains , qui re
douteriez-vous , si vous aviez
à redouter quelqu'un ? les
Romains. Interrogeons à son
exemple le reste des Reli-
gionnaires , vous disent les
Déistes. Chinois, quelle Re
ligion seroit la meilleure , si
ce n'étoit la vôtre ? La Reli
gion-naturelle. Musulmans,
quel culte embrasseriez-vous,
si vous abjuriez Mahomet >
Le Naturalisme. Chrétiens ,
quelle est la vraie Religion ?
si ce n'est la chrétienne?
Religion des Juifs. Mais vous
Juifs , quelle est la vraie Re
ligion , si le Judaïsme est
faux ì Le Naturalisme. Or
ceux, continue Cicéron, à
qui l'on accorde la seconde
place d'un consentement
unanime , èc qui ne cedent
la premiere à personne , méri
tent incontestablement celle-
ci.

F I N.
TABLE
DES MATIERES.

£\ B A d i E. page 116
Alcoran. 8s
Analyse des jeux de hasard. 41
Apôtres. 87-90
Arnaud. 19
Atharuse. 118
Augure. 94
Augustin. (Saint) 98-109. H8.119
Autel élevé à un Augure. 97
Auteurs sacrés. jo
Athées ; leurs raisonnemens. i9
Athées , vrais. 45
Athées , Sceptiques. 47
Athées , fanfarons. 47
Athéisme , moins injurieux à Dieu que
Ja superstition. . . . JJe,
M
TABLE
Autorité íait des hypocrites* m
Autorité ne prouve gueres contre un
Philosophe. 113
B
BavIc. 114
.Becherand. . 114
Berruyer. 88
Bible. 83
Britannicus. 2.1
C

CAhos. Sa durée plus incompréhen


sible que la naissance du mon
de. . 44
Calame. (Prêtre de) no
Calviniste. . 6?
César. 88 '
Cartouche sait leçon à Hobbs. %f
Caractere peureux. ;8
. Chefs des premiers Chrétiens. «o
Chevaliers Romains. .. . .54
DES MATIERES.
Chrétien. Qui sc peut glorifier de l'êtri.
70. — Trop zélés. 77. — Premiers
Chrétiens. 78. — Semblent ignorer
leurs forces. 11 9. Martyres & ac
tions. 91. — Impie comme un autre.
67
Chrysostôme. 1 it
Christianisme n'est pas démontré, ní
Christianisme , cause des troubles. 77
Cicéron cité. 98-134
Cité de Dieu citée. 1 10
Controversistes. *4
Crainte & effroi de Dieu. 11
Cudworth. 17
Culte reçu par éducation. 70
Cypricn. m

DAnger à croire trop & trop peu.


6). — A écrire fur certains su
jets. Hz
Dcïíjnç j ses avantages fur rAthéïfme.

Mi;
TABLE
Dc'istes. i j z. — Raisonnement singu
lier. 134.
Démonstration de l'éxistence de Dieu.
30
Démonstrations , ne font pas toutes de
même force. 111
Denis d'HalicarnaíTe. 518
Dcícartes. 51-H4
Dévotion triste. 11. — Enjouée, ibii.
Dévots ne s'entendent pas. 6-f
Diable. lot
Dieu. 10. n. 13. — Qu'est-ce. f u.
— On en parle trop -tôt. 51 -ji.
—Danger qu'il y a. 53. — On n'in
siste pas assez fur fa présence j4
Divinité des Ecritures. %6
Doctrine , épreuve des miracles. y(
Dogme* 74
Donat. 16
Doute néccílaiíc. «y
DE MATIERES.
E
Jì Critures saintes. fo
E dit de l'Empereur Julien. 71
Eglise ne peut juger. 1 50
Egyptiens. - 119
Elie. 7+
Ensans élevés par Montagne, $9
Enthousiaste. 7*
Erreur pardonnable. 61
Esprits difíérens. 48. — Bouillans. 57.
— Foibles. 66. — Forts. 107.
— Evangélistes. 87
Examen d'un raisonnement. .40
Exemple fait des dupes. 11*

ï
FAits. Comment en juger, ft.
—incroyables. 10 1
Fanatique. 71
Fanatisme. 117
Faiblesse de la raisoni- , , 4k
TABLE
Foi inébranlable. l*T

G
GAliléens , turbulens. 78. —Exilés,
rappellés. ibid.
Germes 5 découverte utile. 18
Grégoire le Grand. 8j

H Artzœfter. i7
Henri ade. 40
Historiens profanes. 87. — Leur té
moignage. 92.
Hobbs. ij
Homere. 40
Huet. ní
I
Jansénistes. in
liée singuliere fut la présence de Dieu.

jesus Christ* 7}?i


DES MATIERES.
Ignorance & incuriosité. 57
Iliade. 4«
Impiété. .«7
Impunité. »î
Incrédulité , vice & défaut. Í4-73-
Indécision. 59
Insensé. • 70
Inspiration. M
Jonas. 7J
Joseph. IS
Irréligion. 11I
Julien. 77-8)
L
T j Actance.
Lafontainc.
Lamottc.
Lock.
Logique. 11»
M

M Ahornec . .71 107


T A H L E
Martyr. 71-j1- 117
Messie. 7*
Métaphysique.
Ministres. 1 1*
Miracies. 70-10*. 1 13-1 1 j
Missionnaires. 6%
Moliniste. «7- m
Monde. 17
Mongeront. 111-115-U*
Montagne, 50-57-114
Mosquée. - 71
Moyse. 7Í-I'
MuschembrcecK. 17
.Musulman. i7.7e.t7

N,Avius. jí-ici
Néron. il
Newton. 17-37
Nicole 1'7'iy
Niewentîr. 17
Ninivites. . - . n%
Notions
DES MATIERES.
Notions privilégiées.

O
^^Ntologie. 4/
P

PAcome. S
Papistes. <7
Paris. 113
Pascal. 17
Passions ; source de bien & de mal. i
Passions en général. i
Passions sobres. 5
Passions amorties. 5
Passions fortes. t
Passions indélébiles 7
Paul. 76-11 S
Peines éternelles & finies. 1$
Pères de PEglise. íj-ioi
Philosophes. 101
Physique expérimentale. li
Pirrhonicn.
N
y: T A B I E
Platon. Ut
Plutarquc. ií
Tolicacte insensé. 71
Ponce Piate. 91
Préjugé favorable. 10 j
Présence divine. JJ-5*
Probité du Deïste. 4<.
Probité du Sceptique. ibid.
Probité de l'Athéc. ibid.
Procul ius. i*j
Prodiges font des dapei. m
Profession de foi. . 11 f
Prophètes. 7Í-*T9*>
Q

Q Uintus , frère de Cicéron. 1 a1

Aison. Ses avantages. 108. —.S»


R force, ut. — Fait des Croyans.
1 1»
Rérélation. Son tems pailé. 7t
DES MATIERES.
Romains. ?4"10L
Regle pour juger des prodiges. y+

ijAcy-, {de ) if
Salustc. St
Sceptique. ïf'5>-*3_,}î
Scepticisme. Premier pa* vers ta vérité;
<4.—Qualités qu'il exige. 48. — Ga
rantit de Terreur. 66. — Favorable
à la vérité, ibid. — Salutaire. <8-
Semi-Scepticisme. 66
Sens. II»
Sentiment de l'Auteur. I
S ... . Caracteres.' 17
Société. 7
Solitaires.- >->
Stylites. f
Suffisance Dogmatique: j»
Superstitions
TABLE DES MATIERES.
T
t ' Ableaux peints par les Anges. 8 1
Tarquin. 94-101
Temples. ( inconvinitns des )
Tertullien. 118
Tite-Live. 88-1cy
Tradition fabuleuse. 8?
V
\^Anini. 17
Vérité , difficile à trouves. 61
Voltaire, {de) tfi
Z

Z Ele , hors de mode.

lin de lu, Table dis Mmieres.

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