Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
U
Sophie MOREAU
CSTB, Centre Scientifique et Technique
AP du Bâtiment
11 rue Henri Picherit
BP 82341 - 44323 Nantes Cedex 3
Tel : 02 40 37 20 58 - sophie.moreau@cstb.fr
16 Les Chaboissières
44330 Vallet
Tél. : 02 40 33 95 52
centreequestre.vallet@wanadoo.fr
Résumé
Les sols équestres couramment mis en œuvre présentent des contraintes d'entretien et d'utilisation relativement
lourdes. Outre leur remplacement régulier (usure) ils nécessitent un arrosage fréquent. Les contraintes majeures
d'utilisation sont l'empoussièrement, l'abrasion des ferrures des chevaux et la difficulté à obtenir les caractéristiques
mécaniques adaptées aux besoins des différentes disciplines équestres parmi lesquelles la souplesse représente
une donnée fondamentale.
La recherche avait pour objet la valorisation innovante de granulats de pneumatiques par leur utilisation dans la
conception de nouveaux sols équestres plus stables et répondant mieux aux exigences des usagers afin d'apporter
confort et sécurité aux chevaux et aux cavaliers. L'étude a consisté en une approche scientifique et technique
pluridisciplinaire sur la définition, la conception et la réalisation d'un sol stable, souple, confortable et pérenne qui ne
génère pas de poussière, réduit l'usure des fers, d'un entretien aisé et qui ne requière pas d'arrosage.
Les résultats de cette recherche ont permis le développement d'un produit innovant adapté aux contraintes d'une
utilisation fréquente répondant au cahier des charges techniques de l'équitation sportive. Par ses caractéristiques
de sécurité ce produit se destine notamment à l'enseignement.
Les démarches de développement et de validation menées en laboratoire ont conduit à la définition de prototypes
et à la réalisation d'un chantier expérimental actuellement mis en œuvre dans un centre d'enseignement de
l'équitation à Vallet (44) de sorte à qualifier in situ les résultats de la recherche.
R
Le produit aujourd'hui opérationnel (et protégé par brevet) est toujours en cours de validation technique (notamment
sur la durée) et les phases de communication et de diffusion commerciale sont en cours.
U
AP
LI
)A
(c
Valorisation des pneumatiques usagés
dans la conception de nouveaux sols équestres
Sophie MOREAU
CSTB Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
11 rue Henri Picherit – BP 82341 – 44323 Nantes Cedex 3
Tel : 02 40 37 20 58 – Fax : 02 40 37 20 40 – sophie.moreau@cstb.fr
R
Problématique
Les sols équestres couramment mis en œuvre dans les installations sportives (manèges, carrières de
clubs et pistes de centres d'entraînement) présentent des contraintes d'entretien et d'utilisation
relativement lourdes. Les matériaux utilisés sont usuellement des sables de rivière ou de carrière qui
U
subissent une érosion permanente et doivent donc être régulièrement remplacés. Ils nécessitent en
outre un arrosage fréquent qui devient quotidien en été. Les contraintes majeures d'utilisation sont
d'une part l'empoussièrement induit par l'envol des particules sableuses, l'abrasion des ferrures des
chevaux et la difficulté à obtenir les caractéristiques mécaniques adaptées aux besoins des
différentes disciplines équestres parmi lesquelles la souplesse représente une donnée fondamentale.
AP
D'autres matériaux sont (ou ont été) également utilisés : copeaux de cuir (matériau aujourd'hui
interdit), copeaux ou sciure de bois ou encore résidus de gaines de fils électriques. Ces matériaux de
substitution qui génèrent également des poussières ne donnent pas véritablement satisfaction aux
exploitants d'installations équestres.
Outre les aspects d'inconfort liés à l'usage de tels matériaux, l'utilisation de sables naturels doit poser
question quant au renouvellement de la ressource et à l'importante quantité d'eau requise au
quotidien. Signalons par ailleurs que certaines pratiques actuelles (sables glycérinés) sont discutables
sur le plan environnemental.
LI
Le projet mené par l'équipe CSTB / Sportingsols / Centre équestre de Vallet a pour objet la
valorisation innovante de granulats de pneumatiques par leur utilisation dans la conception de
nouveaux sols équestres plus stables et répondant mieux aux exigences des usagers afin d'apporter
confort et sécurité aux chevaux et aux cavaliers. L'étude consiste en une approche scientifique et
technique pluridisciplinaire sur la définition, la conception et la réalisation d'un sol stable, souple,
confortable et pérenne qui ne génère pas de poussière et qui ne requière pas d'arrosage. L'objectif est
)A
de conférer à faible coût à ce nouveau sol des qualités mécaniques en adéquation avec l'utilisation qui
en est faite.
Ce projet s'inscrit également dans une volonté de synergie régionale. Il associe Sportingsols un
fabricant de sols sportifs vendéen, un centre équestre de Loire Atlantique et le Centre Scientifique et
Technique du Bâtiment de Nantes. L'enjeu de ce partenariat régional est directement lié au
développement des disciplines équestres qui sont particulièrement actives dans les régions Ouest :
Basse Normandie, Pays de Loire et Bretagne. Celles-ci occupent les premiers rangs dans la
classification des régions françaises pour ce qui concerne l'élevage. L'équitation sportive est
également une activité de poids puisque la Fédération Française d'Equitation recense plus de 1100
(c
centres d'enseignement dans les trois régions du grand Ouest. Ces établissements possèdent tous
une carrière extérieure et environ 570 d'entre eux possèdent également un ou plusieurs manèges
2
couverts. Cela représente un minimum de 3,5 millions de m de sols équestres pour les seuls centres
d'enseignement. Par ailleurs, une récente modification de la fiscalité (réduction de la Taxe sur la
Valeur Ajoutée sur les prestations d'enseignement à 5,5%) constitue un facteur favorable au
développement des centres d'enseignement de l'équitation. On peut donc attendre une certaine
inclination des exploitants d'installations équestres à des investissements jusqu'ici différés.
On doit aujourd'hui constater la pauvreté de l'offre existante de sols spécifiques en regard de cette
demande croissante. Des sols de grande qualité existent cependant sur le marché mais représentent
un coût financier de mise en œuvre et de maintenance non adapté à la capacité de financement de la
majorité des structures hippiques.
Méthode
Les travaux sont guidés sur l'approche qualitative par le respect des préconisations données par le
Département Ingénierie des Haras Nationaux, et la vérification par l'usager. Un chantier expérimental
est mis en œuvre dans un centre d'enseignement de l'équitation de sorte à qualifier in situ les
résultats de la recherche. Les démarches de développement et de validation quantitatives sont
réalisées en laboratoire.
R
actions sont évidentes sur les articulations des chevaux. La souplesse du sol intéresse aussi
la sécurité des cavaliers vis-à-vis de la chute. Ce critère prend toute son importance dans
l'enseignement de l'équitation aux jeunes enfants sur poneys.
- Réduction du caractère abrasif du sol, ce qui induit un impact direct sur la fréquence de
ferrure des chevaux et permet même en certains cas l'absence totale de fers. Outre
l'indéniable économie induite, l'absence de fers amène une qualité d'appui des chevaux qui
U
leur confère un appréciable confort de travail, et réduit le risque lié aux coups de pieds.
- Réduction importante des quantités de poussières en suspension : impact sur la santé des
chevaux et des cavaliers.
- Stabilité du sol. L'objectif est de concevoir un sol le moins "plastique" possible, dont la
AP
souplesse permette l'amortissement des impacts tout en restant dans son domaine d'élasticité
afin de réduire ou d'annuler la contrainte de ratissage et de passage de barre.
étant par essence itérative, en fonction des observations de l'utilisateur un retour à l'étape de
laboratoire peut être opéré à tout moment. L'objectif pragmatique de cette phase
expérimentale est bien de cerner les caractéristiques d'un prototype novateur de sol souple à
hautes performances basé en majeure partie sur l'utilisation de granulats de pneumatiques.
- Phase de faisabilité industrielle : Les cadrages industriels et commerciaux sont ensuite
abordés. La faisabilité, les process de fabrication et la mise en œuvre pratique de l'innovation
sont considérés sous les angles techniques et économiques.
Etude de la mécanique sol / cheval
Locomotion équine
La recherche et le développement d'un sol équestre optimal passe par la compréhension des
mécanismes mis en jeu dans les interactions du système cheval/ferrure/sol lors des mouvements de
l'animal. Nous nous sommes donc intéressés aux phénomènes biomécaniques intervenant dans la
locomotion équine et à l'influence de la nature du sol sur l'ampleur de ces phénomènes.
Nous avons centré notre recherche sur les forces d'appui et leur répartition sur le corps du cheval, la
cinématique (différentes phases du mouvement) et les effets dynamiques induits (étude des forces
mises en jeu).
R
Paramètres physiques mesurables
Les efforts appliqués ont un impact direct sur la performance sportive d'une part, et le confort voire la
santé du cheval d'autre part. De l'étude de la locomotion ont ainsi pu être identifiés les paramètres
physiques pertinents dans la caractérisation d'un sol équestre :
U
Appui choc vibrations
Forces : Pic de décélération Spectre de fréquences
verticale
horizontale longitudinale
horizontale latérale
AP
durée durée durée
Amplitude de rebond Contenu énergétique
Ceci nous a permis d'identifier les paramètres caractéristiques des sols influençant la dynamique de
l'appui :
LI
- La densité
- La granulométrie
- La teneur en eau interstitielle (humidité)
- La composition en matières organiques
- La composition en matières minérales
Mécanismes d'amortissement
)A
L'amortissement se fait par déformation réversible des éléments constitutifs du sol. Lorsque le sol est
constitué de particules élémentaires indépendantes les unes des autres (copeaux par exemple) cet
amortissement est complété par des phénomènes de frottement des particules entre elles.
Note : L'amortissement viscoélastique est étroitement lié à la capacité des constituants à se déformer,
ce qui doit être considéré dans les mécanismes d'usure.
Influences de caractéristiques physiques du sol sur sa qualité mécanique
On peut lier certaines caractéristiques physiques du sol aux qualités mécaniques qu'il développe. On
remarque notamment les interrelations précisées dans le tableau suivant :
R
Granulométrie forte Ø 5 – 20mm
Concernant la physique des sols étudiés, outre les paramètres décrits précédemment, d'autres
critères présentent un intérêt dans l'étude de la locomotion équine :
- La résistance du sol au basculement du pied
U
- L'enfoncement du pied au cours de l'appui
- La géométrie des particules qui le constituent.
Impact AP
L'intensité du choc (amplitude maximale de décélération) est directement liée à la densité de la
couche superficielle. Plus cette densité est importante, plus le choc est brutal, et plus les fréquences
de vibrations induites sont élevées.
La brutalité du choc et les fréquences des vibrations sont réduites par un sol comportant:
- Des particules fines <2mm
- Ou des particules plus grosses >>2mm d'origine organique ou synthétique (cuir, bois, polymères…)
Forces d'appui
LI
La densité forte d'un sol augmente la force d'appui maximale.
Durée de la foulée
La durée de l'appui est inversement proportionnelle à l'intensité de la force d'appui. En conséquence,
un sol dense réduit la durée de l'appui et par suite la durée globale de foulée. Ce sol constitue alors
une surface dite "rapide".
)A
Un sol composé en grande proportion de particules fines qui a donc une relativement faible densité en
général (dans le cas de sables purs) amène à des durées d'appui plus longues.
Amortissement
L'amortissement viscoélastique d'origine structurale des sols composés de matières organiques est
très efficace (réduction du pic de décélération et des vibrations), mais ralentit la fréquence de l'allure
par augmentation de la durée de l'appui.
Face à cet antagonisme raideur / amortissement, le choix d'un sol adapté passe par un nécessaire
compromis entre la performance visée (vitesse de déplacement, hauteur et qualité du saut…) et le
confort locomoteur qui à moyen terme est directement lié à la santé musculaire, articulaire et
tendineuse de l'animale.
Sol trop raide Induit des chocs intenses Permet une cadence élevée en réduisant
S'oppose au basculement du pied la durée de l'appui du membre dont
l'élasticité musculaire tend à s'accroître
Présente de bonnes qualités de rebond
(bonne réponse élastique du sol)
Sol trop mou Fuyant sous le pied Moins sollicitant du point de vue du choc
S'enfonce trop sous l'action des
membres : perte de puissance
Perte de vitesse par allongement des
durées d'appui
R
En conséquence on conçoit aisément qu'un sol optimal doive présenter des caractéristiques
intermédiaires : une certaine raideur pour obtenir une bonne réponse du sol et accentuer l'élasticité
musculaire sans toutefois "choquer" trop violemment le membre lors du poser, et ne pas être trop mou
pour ne pas dissiper trop de puissance musculaire. Afin de fixer un ordre de grandeur précisons par
exemple que la dépense énergétique de la marche est multipliée par un facteur 1,5 dans un sol
U
boueux, et par 1,8 dans un sable profond.
Dans l'idéal un bon sol devrait donc faciliter le fonctionnement normal du pied en ne s'opposant pas à
son basculement, et aider le cheval dans ses mouvements locomoteurs. Il devrait présenter de
bonnes capacités d'amortissement des sollicitations mécaniques néfastes. Enfin il devrait avoir des
AP
caractéristiques mécaniques stables dans le temps et l'espace c'est-à-dire insensibles aux effets
météorologiques et au piétinement.
L'analyse des informations relatives aux attentes des usagers et aux objectifs biomécaniques nous
permet de lister les qualités physiques fondamentales d'un bon sol équestre et de proposer des pistes
de développement basées sur différents concepts.
Le granulat de caoutchouc répond à lui seul aux conditions de souplesse, d'absorption de choc et
d'élasticité (restitution d'énergie). Cependant le granulat libre tel qu'il a pu être utilisé jusqu'à
aujourd'hui présente peu de cohésion d'ensemble et en particulier trop peu de "grip" et est considéré
comme un sol trop fuyant pour assurer un appui correct en particulier pour la pratique en compétition
(Cf. note technique des Haras Nationaux).
R
L'objectif ciblé est donc de profiter des qualités intrinsèques du caoutchouc en éludant le problème de
trop faible cohésion au cisaillement horizontal. Il faut cependant que le sol conserve une certaine
déformabilité structurelle pour permettre l'enfoncement et le basculement du pied et ne pas s'opposer
au léger "glissement" horizontal du sabot, ces mouvements de bascule et de translation et/ou rotation
étant nécessaires au bon fonctionnement de la mécanique articulaire. L'accroissement du "grip" doit
U
donc rester modéré.
Les stratégies susceptibles d'accroître la cohésion du granulat résident dans différentes approches.
Parmi celles-ci, on peut lister :
- Stabilisation du sol par mélange granulométrique adapté de sorte à reproduire l'équilibre
naturel d'un sol minéral stabilisé (avec ou non mélange de sable),
AP
- Liaison du matériau caoutchouc par l'adjonction d'une "colle"
Tests en caractérisation
Comme évoqué ci-dessus, la première étape a consisté en un étalonnage du protocole sur des sols
connus et réputés pour leur qualité. Les résultats obtenus même s'ils relèvent de métrologies
différentes doivent pouvoir être confrontés à ceux relevés dans la littérature qui sont issus de travaux
de biodynamique (instrumentation directe du cheval)
(c
Le laboratoire Labosport (sous-traitance pour les tests en caractérisation) a donc mené sur les
échantillons retenus les essais en caractérisation suivants :
- Décélération maximale
- Fréquence et durée des vibrations, durée d’amortissement
- Profondeur d’enfoncement
- Amplitude de rebond (élasticité)
- « grip » (cisaillement) cohésion aux efforts horizontaux
Résultats
En première approche, les résultats suivants doivent être appréhendés de manière relative les uns par
rapport aux autres.
60 Energie de restitution %
Résistance au cisaillement (N.m)
50 Décélération (g)
déformation (mm)
40
30
20
10
R
(2/3 sable + 1/3 granulats 4/8)
Caoutchouc sable sur 10 cm
Granulats de caoutchouc
Sol gazonné "humide"
Gazon synthétique
Sol gazonné "sec"
Saint Colomban
+ granulat libre
Toubin Clément
(4/8 et 1/4)
U
Paramètres mécaniques mesurés pour les 8 sols testés
Le graphe ci-dessus montre une représentation globale de tous les critères d'analyse de chacun des
AP
sols testés (à l'exception des phénomènes vibratoires).
Concernant les vibrations les mesures effectuées montrent les tendances suivantes :
- Les sols en sable font apparaître des phénomènes vibratoires de fréquences assez hautes et
de forte intensité.
- Les sols gazonnés donnent des vibrations de fréquences inférieures à celles des sols en
sable et d'intensité faible.
- Les sols à base de mélanges granulats / sable donnent un spectre de vibrations plus étalé
vers les basses fréquences. Sans préjuger des qualités absolues des sols à base de
granulats, ces premiers résultats semblent encourageants du point de vue des vibrations
LI
induites. En effet, plus les vibrations enregistrées glissent vers des gammes de basse
fréquence, et plus le sol est confortable pour le cheval.
Synthèse
Les sols à base de caoutchouc présentent globalement une bonne capacité d'amortissement, une
résistance au cisaillement proche de celle d'un sol en sable et une performance de rebond intéressante (à
)A
l'exception du mélange granulats – sable dont le rebond n'excède pas celui d'un gazon humide).
Les deux prototypes qui retiennent plus particulièrement notre attention sont les deux derniers :
mélange de granulats libres 1/4 et 1/8, et semelle liée à la résine polyuréthane + granulats libres. On
peut noter en particulier qu'ils présentent des profils de décélération et de déformation inversés. Le
faible pic de décélération du sol composé de granulats libres est dû aux effets cumulés de
(c
Compte tenu de l'analyse des résultats de laboratoire, nous définissons deux prototypes à mettre en
œuvre pour une expérimentation en vraie grandeur au centre équestre. Les deux types de sols sont
implantés sur une surface de même nature, l'un à côté de l'autre.
R
polyuréthane d'environ 30 à 40 mm sur laquelle repose un lit de granulats 1/8 libres d'une
épaisseur de 25 mm. La mise en œuvre de la semelle requiert une modification des
techniques usuelles car l'état de surface recherché est plus rugueux que la finition classique à
la machine. L'objectif est de constituer une rugosité de surface d'une échelle en rapport avec
les granulats répandus en surface de sorte à assurer une auto stabilisation du lit de granulats
U
"libres". Cette caractéristique devrait conférer au sol une bonne réaction au cisaillement : ni
trop "grippant" ni trop fluent. (invention protégée par brevet)
Il est convenu de disposer le complexe composé d'une semelle de granulats de caoutchouc liée par
une résine polyuréthane au niveau de la piste, et le mélange meuble au centre du manège. Cette
AP
disposition est choisie pour permettre un usage cohérent de la surface expérimentale sans créer de
rupture permanente pour les chevaux.
Les sols prototypes sont mis en œuvre au centre équestre au début du mois de mai 2006.
Le sol support est préparé : couche de 10 à 15 cm de graves concassées de 0/14 mm à 0/20 mm,
compactée et cylindrée constituant une couche stable de portance minimale 30 MPa de type sol
sportif classique.
LI
)A
La semelle de granulats liés à la résine polyuréthane est alors coulée en place, sur le périmètre du
manège sur une largeur d'environ 3m. Faute de disposer d'une machine adaptée au moment de la
(c
mise en œuvre, la rugosité de surface de 5 à 10 mm est réalisée par griffage au moyen d'un râteau.
R
Après séchage de la couche liée, le granulat libre est étalé en couche épaisse au centre du manège
et plus finement en surface de la semelle périphérique.
U
Le suivi
A partir du début de l'utilisation des sols, un suivi technique est réalisé par les différents partenaires du
projet, tant sur l'aspect de l'usage (performance, confort, perception…), que sur celui de l'entretien et
de la pérennité. Dans ce cadre, des échantillons de sol sont prélevés périodiquement sur le site afin
AP
d'en évaluer l'éventuelle usure (par analyse granulométrique notamment) et la possible évolution
physico-chimique (test de lixiviation).
Ce suivi est accompagné d'une enquête d'opinion auprès des cavaliers. A cette fin un questionnaire
est élaboré par le centre équestre et le CSTB et soumis aux usagers.
Analyse granulométrique
Un échantillon du sol meuble est prélevé en juillet 2006 après ajout de granulats fins. Il est tamisé à la
tamiseuse électrique.
LI
spectre granulométrique de l'échantillon
60
50
40
)A %
30
20
10
0
1 2 3 5 7 9 11
Diamètre moyen (mm)
(c
100
90
80
70
60
%
50
40
30
R
20
10
0
1 10
U
maille du tamis (mm)
types de questionnaires ont été élaborés. Le premier s'adresse aux cavaliers pratiquants du club.
Celui-ci est composé essentiellement de questions fermées (réponses binaires). Le second est
destiné aux cavaliers professionnels (enseignants ou moniteurs stagiaires). Il comporte plus de
questions ouvertes supposant des commentaires personnalisés.
Au total 31 personnes ont répondu au questionnaire. Cet échantillon représente environ 15 % des
cavaliers licenciés et 70% de l'encadrement pédagogique du club. Ces personnes sont âgées de 14 à
63 ans et pratiquent l'équitation à des niveaux divers, mais sont tous des cavaliers confirmés capables
(c
d'émettre un avis sur la performance du sol. Notons qu'une très large partie des adhérents au club
sont des enfants de 5 à 14 ans et que nombre d'entre eux sont débutants. Ceux-ci n'ont pas été
interrogés de manière formelle via un questionnaire.
Cette enquête confirme la nette différence entre les deux prototypes de sols. Le sol meuble composé
de granulats libres est considéré comme glissant, trop profond et donc trop fatigant pour le cheval. En
revanche ses propriétés amortissantes sont plébiscitées. Dans ce contexte la chute est assez
largement dédramatisée. Ce sol apparaît comme une solution réaliste et financièrement accessible
pour l'activité d'enseignement aux jeunes enfants.
Le sol multicouches mis en place sur la piste est quant à lui considéré comme beaucoup plus
performant car cumulant une bonne capacité d'amortissement et une élasticité permettant une bonne
impulsion du cheval. La glissance est cependant observée sur les deux sols mais dans une moindre
mesure sur le sol de la piste. La glissance de la piste nous semble due à l'épaisseur de la couche de
granulats libres en partie supérieure. En effet suite à l'ajout de granulats de faible diamètre dès juin
2006, la couche superficielle est plus épaisse qu'elle ne devait l'être. Ainsi, alors qu'une couche de 25
mm permet correctement le basculement du sabot et autorise l'accès de celui-ci à la semelle liée, une
épaisseur supérieure rend plus difficile l'appui du pied sur la surface stable. Aussi le pied peut glisser
sur les granulats libres sans atteindre la couche support lors de contraintes tangentielles importantes
(virage au galop pas exemple).
R
L'absence de poussière et par conséquent l'absence de nécessité d'arrosage est fréquemment
exprimée.
Analyse économique
U
Arrosage
Un sol en sable s'abrase au contact des sabots et produit de la poussière. En période sèche la poussière
est soulevée par le passage des chevaux et reste en suspension. Ce phénomène s'accroît avec le temps
car la granulométrie des particules est de plus en plus faible. Il provoque toux et irritation chez les chevaux
et les cavaliers. Cette contrainte implique un arrosage régulier du sol afin d'y maintenir une humidité propre
à maintenir la poussière au sol. En été, la consommation d'eau est importante.
AP
A titre d'exemple au centre équestre de Vallet, le manège de plus 800 m2 doit être arrosé pendant 2 à
3 heures par jour au moyen d'arroseurs oscillants automatiques. La consommation n'a pas été
enregistrée par le centre équestre car l'eau d'arrosage est de l'eau pluviale stockée dans une mare
3
creusée à cet effet. Néanmoins on peut l'estimer à environ 3m par journée d'été (3 heures à 17 l/min
– débit d'un robinet domestique sous 3 bars de pression). Sur la base d'un arrosage nécessaire
environ 90 jours/an (mi-juin à mi-septembre), le volume d'eau consommé est de 270 m3 (le volume
requis et la période d'arrosage sont évidemment fonction de la région, on peut donc supposer que
dans les régions méridionales et continentales moins humides la consommation est supérieure). Dans
la région nantaise, un tel volume d'eau du réseau d'eau potable coûte environ 700 €. En outre, la
LI
nécessité d'arrosage pose une difficulté importante en été en période de restriction d'eau. Si
l'arrosage est interdit par décret comme fréquemment en été, l'état de la surface de travail peut
devenir inutilisable. Cette perte d'exploitation est délicate à chiffrer, mais il est utile de conserver à
l'esprit cet aspect important.
L'expérience de l'été 2006 montre que l'émission de poussière des sols en granulats est très faible puisque
)A
aucun arrosage n'a été nécessaire. Des fines particules sont cependant présentes dans le mélange. Elles
sont visibles sur les vêtements en cas de chute et restent sur la peau si l'on plonge la main dans le
mélange. Ces particules sont néanmoins assez lourdes pour ne pas rester en suspension.
Jusqu'alors un cheval était ferré de 8 à 13 fois par an selon le degré d'usure des fers (fonction des
aplombs du cheval). Désormais on peut espérer atteindre une fréquence de l'ordre de 6 ferrures par
an soit une économie de 2 à 7 ferrures par an (140 à 490€/an/cheval). Pour une cavalerie de 50
chevaux et / ou poneys l'économie varie de 7 000 à 25 000 € / an.
Pour certains chevaux et poneys, et à la condition qu'ils travaillent essentiellement sur le sol du
manège, il devient même possible de ne plus ferrer les postérieurs. Ceci a un impact direct sur le coût
mais également sur la sécurité des chevaux et cavaliers. Cette hypothèse n'est pas chiffrée ici.
Coût global
Une analyse en coût global intégrant l'arrosage, les ferrures, le coût de mise en œuvre et de
2
maintenance réalisée sur la base d'une surface de 800m et d'une cavalerie de 50 chevaux et poneys
conduit aux comparaisons suivantes :
Note : Cette approche n'intègre pas la main d'œuvre relative à l'entretien quotidien des sols en sable
(arrosage et hersage-lissage de la surface).
- Sol meuble en granulats libres / Sol en sable classique : temps de retour sur investissement 0,6 an
- Sol complexe semelle + granulats libres / Sol Toubin-Clément bas de gamme : temps de
retour sur investissement 2,9 ans
R
- Sol complexe semelle + granulats libres / Sol Toubin-Clément haut de gamme : temps de
retour sur investissement 1,5 an
Depuis mai 2007, le concept le plus performant (semelle liée + granulat libre) est mis en œuvre
U
comme démonstrateur sur l'ensemble de la surface du manège.
Un suivi de l'évolution du prototype est réalisé tant au niveau de la satisfaction des usagers que sur
des critères techniques de performance, de comportement et de vieillissement. Des tests comparatifs
sont notamment réalisés par instrumentation directe de chevaux (capteurs de forces et
AP
accéléromètres) afin de qualifier objectivement les performances mécaniques de notre prototype in
situ par rapport à des sols de performance connue.
L'acceptabilité et l'innocuité vis-à-vis des chevaux et des cavaliers sont également considérées dans
cette étape de validation.
Une réflexion est par ailleurs menée sur le recyclage du produit en fin de vie.
LI
)A
(c