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Université Abdelmalek Essaedi

Faculté des lettres et sciences humaines


Département de Géographie
Martil - Tétouan

Master spécialisé
« Ingénierie du développement territorial et gouvernance spatiale »

Semestre 1
Module : Espace et citoyenneté
Professeur Abdesselam BOUGHABA

Le territoire comme un système complexe


point de vue d’un géographe

Année universitaire
2014 - 2015

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Le territoire est aujourd’hui au cœur des préoccupations des scientifiques,
des politiques, mais également des acteurs économiques. L es géographes
n’ont pas été les seuls à s’approprier cette notion, cependant ils ont fait de
l’espace leur entrée principale, ce qui les distingue quelque peu des
approches des économistes ou des sociologues.
Loin de cela, nous pouvons néanmoins nous poser la question suivante:
pourquoi le concept de territoire est-il tant utilisé, en géographie, dans des
sciences connexes et plus globalement en relation avec l’aménagement de
l’espace et les différents acteurs qui en ont la charge ?

En effet, le concept du territoire dégage trois entrées, une entrée qui


consiste d’emblée à qualifier le territoire par l’espace, dont il est quelque
fois un quasi-synonyme. La construction du territoire est alors dominée par
le rôle de l’état qui selon P. et G Pinchemel, 1997 « contrôle maintient son
intégrité [..] exerce une autorité, une compétence ». Mais reste que le
territoire présente une double nature, à la fois matérielle et il s’agit de faire
référence alors à l’espace géographique, sous système du territoire, et
symbolique et idéelle, en relation cette fois avec les systèmes de
représentation qui guident les sociétés dans l’appréhension qu’elles ont de
leur « environnement ». Ainsi comme le précise G. DI Méo, 1998 « le
territoire est souvent abstrait, idéel, vécu et ressenti plus que visuellement
repéré ». Cette deuxième entrée fait donc référence aux processus
d’organisation territoriale qui doivent s’analyser à deux niveaux : celui qui
résulte de l’action des sociétés (ce que nous appellerons l’espace
géographique), et également celui qui résulte des systèmes de
représentation. Enfin une entrée souvent mentionnée mais rarement
abordée de manière systémique, en relation avec les deux premières
(l’espace géographique et les représentations que l’on fait de cet espace), est
celle des acteurs, qui font le territoire. Il s’agit des interrelations multiples

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qui lient ceux qui décident, perçoivent, s’entreperçoivent, s’opposent,
s’allient, imposent et finalement aménagent.

Donc le territoire est avant tout, un système, dont les outils mis en œuvre
doivent intégrer sa diversification et sa complexification en coordonnant
notamment les dimensions sociales, politiques, économiques et
environnementales, en considérant tous les usages, sur la base d’une
participation de plus en plus active de la population.

Ainsi, ces trois entrées du territoire mentionnées ci-dessus, constituent-elles


en fin de compte trois sous-systèmes en intercalation, qui évoluent dans le
temps, dans le cadre d’une boucle ininterrompue fondée sur des principes
de construction/déconstruction. Ces trois sous-systèmes sont les suivants :

 L’espace géographique, approprié par l’homme, aménagé et au sein


duquel apparaissent des organisations spatiales et de multiples
interactions fondées sur les interrelations entre les sous-systèmes qui
le composent (naturel, anthropisé, social et institutionnalisé) ;
 Le système des représentations de l’espace géographique, ensemble de
filtres (individuel, idéologique, sociétal) qui influence les acteurs dans
leurs prises de décisions et les individus dans l’ensemble de leurs
choix ;
 Le système des acteurs qui agissent consciemment ou inconsciemment
sur l’espace géographique, influencées par leurs filtres, et suivant leur
position au sein de ce système. Ils reviennent ainsi, sur le devant de la
scène.

Par ailleurs, il faut replacer les acteurs dans les systèmes qu’ils élaborent
afin de leur permettre, comme l’a décrit Roger Brunet (2001), de
s’approprier, d’habiter, d’échanger et d’exploiter dans les meilleurs
conditions qui soient et surtout , de manière cohérente. Ces systèmes

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d’acteurs permettent de gérer et, à travers cette action, de maintenir une
stabilité du système au sein duquel ils agissent. Elle en découle une
indispensable coordination, une organisation et finalement
l’aménagement avec ce que ce terme peut selon les définitions admises
receler d’équité. De plus, ces systèmes d’acteurs ont ainsi un rôle
limitant les uns par rapport aux autres, produisant une relative stabilité,
placée au centre d’oscillations finalement minimes. Le produit de ces
interrelations peut être dénommé gouvernance, c'est-à-dire l’ensemble
des règles, des procédures et des pratiques qui sous-tendent l’existence
d’un territoire, autour du jeu complexe des acteurs, par rapport à une
organisation spatiale évolutive. Dans cette perspective, on déduit que les
systèmes d’acteurs produisent les territoires autour de la gouvernance.

A cet égard, la définition du territoire, selon les géographes, doit faire


appel à l’articulation de différents outils. On peut avancer la définition
suivante « Le territoire est un système complexe dans la dynamique
résulte de la boucle rétroaction entre un ensemble d’acteurs et l’espace
géographique qu’ils utilisent aménagent et gèrent».

Ainsi peut-on considérer que le profil du territoire contient environ huit


composantes : les ressources physiques et leur gestion, les ressources
humaines, les activités et les emplois, le savoir-faire et compétences, la
culture et l’identité, le niveau de gouvernance et convergence, l’image et
la perception du territoire, les relations extérieures.

Par ailleurs, et pour que le profil territorial soit un outil d’animation, il


faut examiner chacune des composantes caractéristiques du territoire
considéré, à un moment donné. A partir d’une représentation graphique,
le procédé permet de percevoir l’évolution du territoire aux cours d’une
période donnée, de leur dresser un bilan (points faibles/ points forts) de
chaque composante du territoire, de prendre la mesure des ressources

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dont on dispose pour un projet futur. C’est un outil d’animation, qui
permet de confronter et compléter les points de vue de chacun et
d’arriver à une appréciation collective enrichie de la situation du
territoire. En effet, l’un des intérêts majeurs de cet outil réside dans
l’expression et la confrontation des points de vue. Son utilisation comme
support d’animation contribue à entretenir une dynamique dans la
démarche participative et la gestion concertée du développement du
territoire.

De l’autre coté, et malgré n’ayant qu’une valeur objective limité, le


profil territorial peut amener des groupes d’acteurs locaux à préciser et
comparer leur vision du territoire. Et si on compare plusieurs profils
établie au cours de différentes périodes, on peut faire apparaître les
évolutions passées et mettre en évidence les pertes ou les acquis du
territoire.

Donc nous sommes face à un capital territorial qui constitue un


ensemble d’éléments matériels et immatériels, un groupe d’éléments
complexes, inscrit dans une dimension spatio-temporelle et représenté
par une sphère située au croisement de deux axes principaux : passé-
avenir et intérieur-extérieur.

Quels outils pour appréhender le territoire ?

Les difficultés d’interprétation et de compréhension des territoires, que


pose l’emboitement des sous-systèmes présentés ci-dessus, nécessitent
inévitablement un retour vers l’idée de complexité. Il est en effet
indispensable de proposer de manière précise des outils susceptibles
d’aborder la complexité qui sous-tend à la fois les organisations spatiales,
mais également les systèmes d’acteurs qui les font évoluer. L’approche
systémique est ainsi représentée, comme un paradigme capable de guider

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l’approche et la compréhension des systèmes complexes et comme préalable
à des démarches de modélisation plus avancées.
Quatre étapes sont possibles :
1- Chercher des outils d’acquisition et de traitement de données à
savoir, les informations simples, recueil de données de l’espace
géographique, informations traitées tels les cartes, graphiques ….,
documents de synthèses et modèles graphiques ;
2- Réfléchir sur les outils d’analyse des acteurs en tension autour des
documents de programmation, comme les informations les plus
complexes, recueil de données plus avancées, jeu d’acteurs, ainsi que
le diagnostic et la décision qui permettent de maîtriser les problèmes
du territoire depuis leur formulation jusqu’à sa résolution ;
3- Penser à des outils d’observation de l’organisation et du
fonctionnement de l’espace géographique et/ou du territoire, on
améliorant la méthode d’acquisition de l’information simples et
complexes, en s’appuyant sur des observations du terrain et se basant
sur les outils du systèmes s’informations territoriales et enfin de
pouvoir évaluer l’impact des politiques sur l’espace géographique.
4- Inventer des outils de simulation de l’évolution de l’espace
géographique et/ou du territoire, toujours par le biais d’informations
simples et complexes et l’analyse de la dynamique du système, les
automates cellulaires, le système multi-agents etc .. pour aboutir à des
scénarios d’aménagement ambitieux et pertinents.
Dans le cadre d’un diagnostic territorial, il faut aborder trois sous-
systèmes liés entre eux :
 Le contexte naturel du territoire abordé, il peut présenter des
contraintes et des atouts qui auront une incidence sur l’organisation de
l’espace géographique, mais aussi sur les relations entre les acteurs ;

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 L’organisation de l’espace géographique, au travers de la répartition
des objets, de l’interaction entre ces objets, des forces et faiblesses de
cette organisation, de l’influence du contexte naturel et de l’évaluation
de la mise en œuvre des politiques actées dans le cadre des différents
documents de programmation, d’orientation et de prescription ;
 L’organisation des acteurs du territoire étudié ou diagnostic
stratégique, la superposition de maille de gestion, l’articulation des
documents de programmation, d’orientation et de prescription, et leur
mise en place autours d’acteurs clés, le décideur devant aujourd’hui
intégrer la notion de « maillagement »
Ces outils constituent des approches systémiques qui aident à
comprendre le fonctionnement d’un territoire, pour agir et élaborer
une stratégie mettant en place un suivi-évaluation et recherchant des
effets multiplicateurs et des plans d’action « gagnant-gagnant ».
En conclusion, et selon De Sède, 2002, « l’efficacité des démarches
participatives en aménagement, sera conditionné par un réel couplage
entre décision, notamment instrumentation géomatique, l’espace
demeurant au centre de tous les enjeux ». Ceci dans la perspective
d’un système territoire qui intègre simultanément trois dimensions :
temporelle, spatiale et organisationnelle, qui chacune se divisent de la
manière suivante (Roland-May C. 2000):
 Le temps est composé d’un avant (évènement passés), d’un après
(avenir du territoire) et d’une durée des évènements ;
 L’espace est composé d’échelles emboitées qui peuvent se retrouver au
sein du local et du global ;
 La dimension organisationnelle est composée de trois sphères : celle des
individus, celle de la politique et celle des relations économiques,
culturelles et sociales.

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Bibliographie :

 AURIAC , F., 1984, Système économique et espace, Paris, Ed.


Economica.
 BRUNET R., 1980, La composition des modèles dans l’analyse spatiale,
in l’Espace Géographique, n° 4, tome IX.
 BRUNET R., 2001, Le déchiffrement du monde, Coll. Mappemonde,
Paris, Ed. Berlin.
 D’AQUINO P., 2002, Le territoire entre espace et pouvoir : pour une
planification territoriale ascendante, in l’Espace Géographique, n°1.
 DE SEDE M-H, 2002, Géographie, territoires et instrumentation : Etat
des lieux, réflexions épistémologiques et perspectives de recherches,
Besançon, Université de Franche-comté.
 DE SEDE M-H., 1996, La représentation systémique du territoire, in
revue internationale de géomatique, vol. 6, n°1, Paris, Hermès.
 DI MEO G., 1998, Géographie sociale et territoire, Coll. Fac, Nathan.
 DI MEO G., 1998, De l’espace aux territoires, in l’information
géographique, n°3, Ed. SEDES.
 FREMENT A., CHEVALIER J., HERIN R., RENARD J., 1984,
Géographie sociale, Paris, Ed. Masson.
 GAUDIN J-P, 2002, Pourquoi la gouvernance ?, Ed. Sciences Po, Paris.
 LE BERRE M., 1992, Territoires, in Encyclopédie de Géographie,
Economica.
 MOINE A., 2006, Le territoire comme un système complexe : un
concept opératoire pour l’aménagement et la géographie, L’espace
géographique, n°2, Tome 35.
 MONNOYER-LONGE M-C., 1996, Le concept de réseau : anecdotes,
réalité, intérêts et servitudes, in le management territorial, Presse
polytechniques et universitaires romandes, Lausanne.
 PECQUEUR B., 1996, Processus cognitifs et construction des territoires
économiques, in Pecqueur B., Dynamique territoriales et mutations
économiques, Paris, L’Harmattan.
 PINCHEMEL P. et G., 1997, La face de la terre, Paris, Ed. A. Colin.
 ROLAND-MAY C., 2000, Evaluation des territoires : concepts,
modèles, méthodes, Ed. Hermès, Paris.
 VAIVRE F., 2001, Les pays dans la dynamique intercommunale :
analyse des jeux d’acteurs et des modes de construction territoriale,
Thèse de Doctorat, université de Franche-Comté, Besançon.

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