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Revue des Sciences Religieuses

G. Roupnel, La Nouvelle Siloë, 1945


Maurice Nédoncelle

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Nédoncelle Maurice. G. Roupnel, La Nouvelle Siloë, 1945. In: Revue des Sciences Religieuses, tome 21, fascicule 3-4, 1947.
pp. 284-286;

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284 COMPTES RENDUS

Âldous Huxley, Science, Liberty and Peace, London, Chatto &


Windus, 1947, 63 pages. 3 sh. 6.
Cet opuscule — ce n'est guère qu'un article un peu long — montre
l'auteur une fois de plus assagi, assombri, et de plus en plus assombri
peut-être, devant le spectacle du monde moderne. Nous sommes ici loin
de VAldous Huxley des contes malicieux, désinvoltes, d'il y a vingt ou
vingt-cinq ans. C'est l'essayiste des Ends and Means plutôt, qui continue
à peser anxieusement les chances de succès de l'entreprise humaine; c'est
le romancier de Eyeless in Gaza, qui caresse encore l'idée d'un salut
à chercher dans la résistance passive et l'acceptation du sacrifice total,
et non dans une action que sa violence même, si justifiée soit-elle, rend
radicalement impure et néfaste. Si nous rappelons ces titres, c'est pour
rappeler que le Huxley d'aujourd'hui n'est pas au fond bien différent du
Huxley d'hier; comme le disait E. Muir dès 1939 (Introductions to
English Literature, vol. V, p. 142) : « He is not primarily a novelist nor a
satirist, but a writer interested in moral ideas». Tant pis sans doute en
un sens : car il est beaucoup plus malaisé d'être original en ce domaine.
La thèse ici soutenue est déjà banale: que la science, et surtout les
applications de la science moderne, soient devenues menaçantes pour la liberté
des individus et pour la paix du monde, il n'est guère d'homme réfléchi
qui n'en soit convaincu, notamment depuis Hiroshima; que les forces
prodigieuses mises par la science à leur disposition soient une tentation
redoutable pour tous ceux, dictateurs, partis politiques, trusts ou
syndicats, qui détiennent le pouvoir, une expérience presque quotidienne le
prouve. Comment empêcher ce monde, que nous rêvions « safe for
democracy », d'être surtout, comme dit le mot amer de l'auteur, « safe for
delinquency» (p. 38)? Comment faire pour que la seule question qui se
pose ne soit pas «who shall bully whom» (p. 54)? Huxley n'a pas plus
que d'autres de solution bien précise à offrir: la déconcentration des
activités économiques dont il parle — leur « désintitutionnalisation », dit-il
aussi (p. 44) lançant un néologisme qui, pour ê(tre affreux, n'est pas plus
explicite — ne paraît ni très réalisable, ni très souhaitable; reste la
prière du Pater : « Ne nous laissez pas succomber à la tentation » ou plus
exactement « Ne nous induisez pas en tentation » (p. 57) . Et nous voilà
ramenés à ce très ancien « changement du cœur » qu'ont recommandé tant
de siècles chrétiens, et sur lequel il semble (p. 9) que Huxley ne compte
guère... A. Koszul.

G. Roupnel, La Nouvelle Siloë, Paris 1945, in-12, 292 pages (Grasset).


Avant de mourir, Gaston Eoupneî a eu le temps de publier une
nouvelle édition profondément remaniée de sa Siloë. Cet ouvrage contient
une originale théorie de la discontinuité temporelle. Sous sa première
forme, il avait retenu jadis l'attention de G. Bachelard, qui lui avait
consacré un volume entier de commentaire. G. Roupnel méritait cet
hommage. C'était une personnalité peu banale. Il fut professeur et il aimait
se dire vigneron. Il a dépeint la Bourgogne dans ses romans et il a écrit
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une Histoire de la campagne française. Ce qui fait l'unité de son œuvre


et de sa vie, c'est l'orientation philosophique qui s'en dégage. Et la
nouvelle édition de Siloë nous montre que l'auteur a fini par trouver la
foi chrétienne, si bien que celle-ci devient le couronnement de tout
l'édifice.
Une idée fondamentale de Roupnel était que « le départ de chaque
existence nouvelle se donne des origines de notre vie sur terre. En chaque
vie, recommence la genèse de la vie. En elle ressuscite toute l'histoire
dont s'anima la terre » (p. 60) . Mais pour faire ainsi de la vie la mémoire
de la matière, il est obligé de reprendre l'hypothèse biologiquement
contestée d© l'hérédité des caractères acquis. Il nie toute l'œuvre de Weiss-
mann. Il lui faut tourner ingénieusement la difficulté. C'est pourquoi
il insiste sur le continuum que représente le fond infatigable de l'habitude
dans la cellule vivante, bien plus que sur les agencements inter cellulaires
qui inscrivent aussi leurs constances dans le déploiement des espèces.
Creusant plus bas encore, et hanté par l'énigme de l'élément, où il pressent
une infinie richesse et la possibilité de perpétuels retours, il ne craint pas
de parler d'une vie atomique. Dans l'égrènement rythmé soumis à la
constante de Planck, il voit l'essence même du monde, qui est habitude,
répétition, ponctualité complexe. Cette base est le seul bien « que noua
ayons sur terre et que possède l'univers » (p. 123) . Car tout le reste, y
compris le monde mental, en est tributaire. M. Roupnel a construit toute
sa philosophie sur la certitude que l'univers est intégralement recommencé
à chaque instant. Il est aux antipodes de Bergson et de sa continuité
fluide et qualitative. Si nous comparons la nature à un tapis orné de
dessins, Roupnel est moins sensible, dirions-nous, aux dessins du tapis qu'à
la trame uniforme sur laquelle ils s'inscrivent; celle-ci résulte en outre,
selon lui, de l'accumulation du passé aussi bien que des predeterminations
de l'avenir.
C'est ce qui fait que, du même coup, nous nous trouvons en présence
d'une création finie et d'un atomisme ouvert, aux dimensions en quelque
sorte éternelles. Passé et futur sont des négations, le temps est instant,
il est présent et présence. Il n'y a de temps positif que dans le
jaillissement immédiat de l'instant, qui défait et crée toute vie dans un rythme
intérieurement original et unique. Et cette- loi du fini est appliquée à
l'espace, avec une semblable référence aux quanta: car la constante
énergétique de Planck exprime une unité de mouvement multipliée par une
unité d'espace; l'espace est donc toujours une structure et non un
réservoir vide et indifférent; il est toujours un champ de cohésion, un
ensemble de points contrapointé. Peut-être même cette multitude est-elle
illusoire: il semble parfois, à lire M. Roupnel, qu'il n'y ait pas de points
ni d'instants séparés. Seul existerait un immense atome vivant et
présent, un cosmos au sein duquel baigneraient tous les êtres, bref le monde
que les anciens comparaient à un œuf géant. C'est en tout cas à un
rejet de l'espace et du temps imaginaires et infinis qu'on nous convie,
afin de réabsorber l'univers dispersé dans une unité unique et finie qui
se recompose avec elle-même.
Si nous nous élevons au niveau de la conscience, nous nous
apercevons qu'elle est construite d'après la même loi. Elle est un « résonnateur
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de toutes les voix de l'univers» (p. 174), une intériorité, une monade.
Et l'extériorité sensible n'est que pauvreté d'un être égaré dans les pistes
de surface sans avoir trouvé encore son véritable fonds. Toutefois, cette
vie sensible a un but, qui est de servir à l'extension de nos rapports;
elle ne crée pas la spiritualité, mais elle peut en étendre le champ. Notre
monade est donc, à tous égards, « le lieu particulier d'une synthèse
universelle» (p. 188).
Reprenant sans le dire le terme par lequel Hamelin désignait Dieu,
M. Roupnel aborde le problème de la « conscience universelle », de celle
du moins qui est telle sans restrictions et qui est créatrice de notre
univers par amour. Être qui contient nos êtres, elle n'en est pas la somme.
Il semble ici que la perspective se retourne et que le monde entier soit
une imitation de l'Un suprême, une image de Dieu. Toute indigente
dans l'atome physique, la créature est pourtant déjà vouée au progrès et
elle se charge à ses niveaux supérieurs d'expérience et d'invention dans
l'habitude même, qui est le gage de l'immortalité.
Ce livre étrange, qui commençait par la science, se termine en
effusions poétiques et en prière au Dieu crucifié. Parfois, en le lisant,
nous songeons à Nicolas de Cues ou à G. Bruno. Nous y trouvons un
esprit indépendant, qui se veut chrétien sans avoir pu encore assimiler
tous les dogmes (par exemple celui de l'enfer) . Je ne sais pas si la
Weltanschauung de M. Roupnel satisfera tous les croyants et tous les
philosophes, mais une chose est certaine: elle ne laissera indifférent aucun
de ceux qui savent encore estimer une réflexion personnelle et pure, qui
a su réviser sans cesse ses propres formulations. C'est un effort
extrêmement subtil et émouvant pour traduire la métaphysique de notre monde
dans l'être même des individualités concrètes. J'y aperçois, pour ma part,
une oscillation entre l'un et le multiple et un primat ontologique de
l'habitude qui me déconcertent quelquefois. Mais quelle que soit la réponse
que me donnerait M. Roupnel s'il était encore parmi nous, je ne peux
que rendre hommage à la riche spontanéité de sa pensée et à l'élan de son
âme: toutes choses dont l'atomisme n'a pas toujours donné l'exemple en
philosophie. M. Nédoncelle.

Miscellanea Giovanni Mërcati. — Vol. I, Bibbia, Letter atura cristiana


antica, in-8° XIX + 520 pages; prix : 2600 Lires. — Vol. II, Letteratwra
medioevale, VII + 602 p. ; prix : 3000 L. — Vol. Ill, Letteratwa e Storia
bizantina, VII + 508 p.; prix 2800 L. — - Vol. IV, Letteratura classioa
e umanistica, VII + 473 p.; prix: 2500 L. — Vol. V, Storia ecclesiastica,
'Diritto, VII + 645 p.; prix: 3500 L. — Vol. VI, Paleografia, Bibliografia,
Varia, VII + 520 p.; prix : 3000 L. (Collection Studi e Testi publiée par
la Bibliothèque Vaticane, fasc. 121-126), Città del Vaticano, 1946; prix
des 6 vol.: 15.000 Lires.
Son Eminence le Cardinal Giovanni Mercati, Bibliothécaire de la
S. Église Romaine, atteignait en décembre 3946 son quatre-vingtième
anniversaire. A cette occasion, les nombreux amis qu'il compte dans le
monde savant lui ont offert un recueil de Mélanges. Les mémoires ainsi

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