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Néphrologie & Thérapeutique 15 (2019) 242–258

Expertise Médicale Continue en néphrologie

Complications et prises en charge thérapeutiques des anomalies du


métabolisme phosphocalcique de l’insuffisance rénale chronique§
Complications and treatment of mineral and bone disorders in chronic kidney
disease
Guillaume Jean *, Charles Chazot
NephroCare1 Tassin-Charcot, 7, avenue du Maréchal-Foch, 69110 Sainte-Foy-lès-Lyon, France

I N F O A R T I C L E R É S U M É

Historique de l’article : Les troubles du métabolisme minéral et osseux sont fréquemment observés au cours de la maladie rénale
Disponible sur Internet le xxx chronique. Leurs conséquences métaboliques, osseuses et surtout cardiovasculaires justifient une
prévention et un traitement reposant sur des connaissances physiopathologiques ainsi que des
Mots-clés : recommandations internationales. Le diagnostic de ces troubles du métabolisme minéral et osseux est
Calcifications cardiovasculaires basé sur les dosages de l’hormone parathyroı̈dienne et des phosphatases alcalines qui permettent
Calcium d’identifier l’hyperparathyroı̈die ou l’ostéopathie adynamique, qui, à côté des anomalies du calcium et du
Dialyse
phosphore, sont associées aux complications osseuses et cardiovasculaires. En effet, la maladie rénale
Hormone parathyroı̈dienne
Maladie rénale chronique
chronique est associée à une fragilité osseuse et aux fractures. Bien que la biopsie osseuse ne soit plus
Pathologie osseuse réalisée, la densitométrie minérale osseuse n’est pourtant pas recommandée, car elle n’apporte pas
Phosphore d’élément au diagnostic et n’est pas un bon reflet du risque de fracture. Les calcifications
Troubles du métabolisme minéral et osseux cardiovasculaires sont un facteur de risque cardiovasculaire majeur associé aux troubles du métabolisme
Vitamine D minéral et osseux. La prévention des complications osseuses et des calcifications cardiovasculaires passe
par la normalisation de la calcémie, de la phosphatémie, par la correction de la carence en vitamine D, par
le maintien d’un renouvellement osseux optimal. L’arsenal thérapeutique disponible comporte la
prescription diététique, les paramètres de la dialyse, les dérivés du calcium, les chélateurs du phosphore,
les dérivés de la vitamine D, les calcimimétiques et la chirurgie parathyroı̈dienne. Nous proposons des
stratégies thérapeutiques basées sur des critères diagnostiques pour aider les néphrologues à
reconnaı̂tre et prendre en charge précocement les troubles du métabolisme minéral et osseux à tous
les stades de la maladie rénale chronique afin d’en réduire les complications, et améliorer le pronostic
osseux et cardiovasculaire.
C 2019 Société francophone de néphrologie, dialyse et transplantation. Publié par Elsevier Masson SAS.


Tous droits réservés.

A B S T R A C T

Keywords: Mineral and bone disorders are frequently observed in chronic kidney disease. Prevening these
Calcium metabolic, bone and cardiovascular consequences requires a treatment strategy based on physiopa-
Chronic kidney disease
thology and international recommendations. The precise diagnosis of these mineral and bone disorders
Dialysis
is based on serum parathyroid hormone and alkaline phosphatases values allowing to identify secondary
Mineral and bone disorders
Parathyroid hormone
hyperparathyroidism and adynamic bone disease, that are both associated with cardiovascular
Phosphate complication together with calcium and phosphate imbalance. Chronic kidney disease-mineral and bone
Vascular calcification disorders are associated with bone disease and fractures. Bone biopsies are no longer performed and
Vitamin D bone mineral density can be used in order to assess the risk for fractures. Vascular calcification is a major
cardiovascular risk factor associated with chronic kidney disease-mineral and bone disorders and its

§
Cet article est paru initialement dans EMC-Néphrologie 2015 ;12(1) :1-15 [article 18-061-H-10]. Nous remercions la rédaction d’EMC-Néphrologie pour son aimable
autorisation de reproduction.
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : guillaume-jean-crat@wanadoo.fr (G. Jean).

https://doi.org/10.1016/j.nephro.2019.05.001
1769-7255/ C 2019 Société francophone de néphrologie, dialyse et transplantation. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
G. Jean, C. Chazot / Néphrologie & Thérapeutique 15 (2019) 242–258 243

prevention needs to normalized both serum calcium and phosphate values, to correct vitamin D deficiendy
and to maintain an optimal bone turn over. The main treatments rely on are dietary counseling, dialysis
prescription, calcium supplement, phosphate binders, vitamin D derivatives, calcimimetics and surgical
parathyroidectomy. We suggest some treatments strategies based on diagnosis criteria in order to help the
nephrologist to identify and treat mineral and bone disorders at all chronic kidney disease stages, to
decrease complication frequency and to improve the bone and the cardiovascular prognosis of chronic
kidney disease patients.
C 2019 Société francophone de néphrologie, dialyse et transplantation. Published by Elsevier Masson SAS.


All rights reserved.

1. Introduction : troubles du métabolisme minéral et osseux de recommandations qui reflètent l’état actuel des connaissances.
la maladie rénale chronique Nous avons dû faire appel à notre expérience pour rédiger certains
arbres décisionnels et cas cliniques, comme nous l’avons fait
Au cours de la maladie rénale chronique, on observe récemment [13].
fréquemment des anomalies phosphocalciques biologiques asso-
ciées à une pathologie des glandes parathyroı̈diennes, une atteinte 2. Cibles et anomalies biologiques
osseuse communément nommée ostéodystrophie rénale et des
calcifications cardiovasculaires. Cet ensemble pathologique a Les cibles biologiques sont résumées dans le Tableau 1. Elles
récemment été regroupé sous le terme de troubles du métabolisme proviennent essentiellement des recommandations selon les
minéral et osseux de la maladie rénale chronique [1]. Ces KDIGO. L’isolement d’un seul paramètre biologique reste artificiel
perturbations sont constantes et se manifestent par des anomalies étant donné les fortes interrelations qui existent entre eux, ce qui
des concentrations sériques du phosphore, du calcium et des explique que des anomalies biologiques soient le plus souvent
hormones régulatrices comme l’hormone parathyroı̈dienne (PTH), associées. Les anomalies biologiques principales et leurs traite-
le calcitriol (1,25-OH2 cholécalciférol) ou le fibroblast growth factor ments sont résumés dans le Tableau 2 (Fig. 1).
(FGF)-23 [2]. Ces anomalies surviennent précocement dès le
stade 3 de la maladie rénale chronique [3]. La rétention de 2.1. Hormone parathyroı¨dienne
phosphate liée à la baisse de la filtration glomérulaire semble
actuellement être le mécanisme initial qui donne lieu à des La PTH est sécrétée par les glandes parathyroı̈des en réponse
mécanismes compensateurs potentiellement délétères [4]. En immédiate à l’hypocalcémie, mais aussi à plus long terme à la
dehors de ces anomalies biologiques et endocriniennes, les carence en calcitriol, à l’hyperphosphatémie et peut-être à la
complications sont principalement osseuses, avec un risque accru résistance au FGF-23 [4]. L’activité classique de la PTH s’accompa-
de fracture liée aux pathologies osseuses spécifiques : hyperpara- gne d’une augmentation rapide de la calcémie, par la mobilisation
thyroı̈die secondaire, ostéopathie adynamique, et non spécifique du calcium osseux et, à plus long terme, du renouvellement osseux.
(ostéoporose et ostéomalacie, connues depuis les années Cette activité est associée aux fragments N-terminaux, comportant
1970) [5]. Plus récemment, les conséquences cardiovasculaires les sept premiers acides aminés, alors que certains fragments C-
de la maladie rénale chronique comme l’hypertrophie du terminaux (7–84) pourraient avoir une activité inverse et seraient
ventricule gauche et les calcifications cardiovasculaires ont été sécrétés en cas d’hypercalcémie [14].
associées à l’augmentation de la morbi-mortalité [6–8]. Comme Les dosages actuels font appel à des trousses dites « de
dans la population générale, il existe une association entre la deuxième génération » (PTH intacte), qui dosent à la fois des
mortalité et les calcifications cardiovasculaires [9,10] qui sont fragments actifs et des fragments inhibiteurs ou inactifs sur le
favorisées, entre autres, par les anomalies biologiques et osseuses renouvellement osseux [15]. Récemment, des trousses de troi-
de la maladie rénale chronique [11]. Cela justifie que ce domaine sième génération sont apparues, qui ne dosent que les fragments
particulier soit pris en compte, non seulement au stade de la actifs et dont les valeurs normales sont environ deux fois
dialyse, mais également dès les stades précoces de la maladie moindres [16]. Il existe de grandes différences entre ces trousses,
rénale chronique et de la transplantation rénale. qu’elles soient de deuxième ou de troisième génération [17]. Cela
Même si des recommandations internationales ont été publiées explique que les KDIGO n’aient pas fixé de valeurs cibles, mais un
comme celles de la Kidney Disease Outcomes Quality Initiative facteur multiplicateur du seuil supérieur de référence de la trousse.
(KDOQI 2003) [12], et plus récemment celles des Kidney Disease Les recommandations pour la cible de concentration sérique de
Improving Global Outcomes (KDIGO 2009) [1], elles sont le plus PTH sont passées de 150 à 300 pg/mL pour une trousse de
souvent basées sur un faible niveau de preuves. Malgré cela, nous deuxième génération (KDOQI 2003) [12] à deux à neuf fois la limite
avons choisi de baser notre article en grande partie sur ces supérieure de la trousse (KDIGO 2009) [1]. Cette cible supérieure

Tableau 1
Prise en charge thérapeutique des anomalies du métabolisme phosphocalcique au cours de la maladie rénale chronique : cibles biologiques proposées pour les patients
atteints d’insuffisance rénale chronique et dialysés. D’après les KDIGO 2009 [1].

Insuffisance rénale chronique stades 3-5 Dialyse

Calcémie totale Normes du laboratoire (2,1–2,55 mmol/L) Normes du laboratoire (2,1–2,55 mmol/L)
Phosphatémie Normes du laboratoire (0,8–1,45 mmol/L) « Vers » la norme
Concentration sérique de PTH Normes du laboratoire Deux à neuf fois la limite supérieure
Concentration sérique de phosphatases alcalines totales Normes du laboratoire Normes du laboratoire
Concentration sérique de phosphatases alcalines osseuses 9–20 mg/L 9–20 mg/L
25-hydroxyvitamine D2 ou D3 30–50 mg/L 30–50 mg/L

KDIGO : Kidney Disease Improving Global Outcomes ; PTH : hormone parathyroı̈dienne.


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Tableau 2
Prise en charge thérapeutique des anomalies du métabolisme phosphocalcique au cours de la maladie rénale chronique : diagnostic et traitements des principales anomalies
biologiques.

Anomalies biologiques Causes Diagnostic Traitement

Hypercalcémie Excès d’apport de calcium et de Concentration sérique de PTH basse, # des apports de calcium et vitamine D
vitamine D contexte
Cause osseuse : métastases, Concentration sérique de PTH basse, Traitement de la cause, bisphosphonates
myélome, immobilisation, etc. contexte
Hyperparathyroı̈die primaire ou Concentration sérique de PTH haute Calcimimétiques, parathyroı̈dectomie
tertiaire
Hypocalcémie Carence en calcium et vitamine D Concentration sérique de PTH haute " des apports en calcium et vitamine D
Excès de calcimimétiques ou Contexte Ajustement des calcimimétiques et
bisphosphonates bisphosphonates
Parathyroı̈dectomie Contexte, concentration sérique de PTH " des apports en calcium et vitamine D
basse
Hyperphosphatémie Excès d’apports alimentaires Enquête diététique Modification diététique
Dialyse insuffisante Critères d’épuration " de la performance, le temps ou la
fréquence des dialyses
Excès de vitamine D active Concentration sérique de PTH basse # de la vitamine D active
Hyperparathyroı̈die Concentration sérique de PTH haute " du calcium, calcimimétiques
Hypophosphatémie Carence d’apport Enquête diététique " des apports protéiques
Excès de chélateurs Contexte Ajuster les chélateurs
Excès de dialyse Critères d’épuration Réduction de la dialyse ?
Concentration sérique de PTH Hyperparathyroı̈die secondaire Calcémie normale ou basse " calcium, vitamine D, chélateurs
supérieure à la cible
Hyperparathyroı̈die tertiaire Calcémie élevée Calcimimétiques, parathyroı̈dectomie
Concentration sérique de PTH Excès de calcium ou de vitamine D, Contexte, hypercalcémie # calcium et vitamine D active,
inférieure à la cible hypercalcémie endogène bisphosphonates si hypercalcémie
endogène
Excès de calcimimétiques, Contexte # des calcimimétiques
parathyroı̈dectomie (parathyroı̈dectomie : voir hypocalcémie)
Dénutrition, inflammation Contexte " des apports diététiques, traitement de la
cause
Concentrations sériques de Hépatopathie Contexte, biologie hépatique Traitement spécifique
phosphatases alcalines totales ou
osseuses supérieures à la cible
Hyperparathyroı̈die Concentration sérique de PTH " Traitement de l’hyperparathyroı̈die
Ostéomalacie Concentration sérique de PTH normale, Vitamine D + calcium
# vitamine D, # Ca  P
Autres maladies osseuses Bilan spécifique, contexte Traitement spécifique

PTH : hormone parathyroı̈dienne ; Ca  P : produit phosphocalcique.

Fig. 1. Physiopathologie des deux principales formes d’ostéodystrophie rénale : l’hyperparathyroı̈die et l’ostéopathie adynamique avec les facteurs pouvant faire passer de
l’une à l’autre forme. PTH : hormone parathyroı̈dienne ; FGF : fibroblast growth factor ; IGF : insulin-like growth factor ; PTX : parathyroı̈dectomie.

de concentration sérique de PTH en cas de maladie rénale PTH). Sur le plan osseux, il faut retenir que dans la zone inférieure à
chronique est en rapport avec une résistance osseuse à l’action deux fois la limite de la trousse, l’hyperparathyroı̈die secondaire
de la PTH qui est très variable, imprévisible et multifactorielle est très rare et, qu’à l’inverse, l’ostéopathie adynamique est rare
(diabète, carence en vitamine D, différence ethnique, rôle de pour des valeurs supérieures à neuf fois la limite supérieure.
l’ostéoprotégérine, accumulation de fragments C-terminaux de la Dans la zone recommandée, il est impossible de connaı̂tre le
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renouvellement osseux avec précision [18,19] et l’utilisation de calcitriol par un cotransporteur 2b sodium/phosphate (Npt2b). Au
marqueurs osseux est nécessaire ; il s’agit d’une zone niveau rénal, le phosphate inorganique est filtré par les glomérules
« d’incertitude ». La persistance d’une hyperparathyroı̈die secon- et 70 à 80 % sont réabsorbés par le cotransporteur (Npt2a) des
daire s’accompagne d’une hyperplasie de cellules parathyroı̈dien- tubules proximaux ; 20 à 30 % du phosphate inorganique filtré sont
nes qui deviennent progressivement résistantes au calcium réabsorbés au niveau des tubes distaux. Cette réabsorption dépend
(diminution des récepteurs au calcium et à la vitamine D). Cela de la phosphatémie et elle est aussi régulée par la PTH et le FGF-23.
aboutit à une hyperparathyroı̈die tertiaire avec une hypercalcémie Lors de la maladie rénale chronique, l’homéostasie du phosphore
spontanée signant son caractère non freinable médicalement, en est perturbée dès que le débit de filtration glomérulaire est inférieur à
dehors des calcimimétiques. En dialyse, des études observation- 60 mL/min et bien avant qu’une hyperphosphatémie
nelles ont montré que des valeurs de concentration de PTH n’apparaisse [3,24]. La rétention de phosphore est compensée, au
supérieures à 300 ou 600 pg/mL ou inférieures à 50 à 150 pg/mL début, par l’augmentation du FGF-23 [25] et de la PTH qui augmentent
(deuxième génération) étaient associées à la mortalité [20,21]. la phosphaturie. À partir d’un débit de filtration glomérulaire inférieur
à 30 mL/min, ces mécanismes compensateurs sont dépassés et une
 Une concentration sérique de PTH inférieure aux cibles hyperphosphatémie peut apparaı̂tre [26]. L’hyperphosphatémie
biologiques peut avoir plusieurs significations [22] : aggrave l’hyperparathyroı̈die secondaire, soit par son action directe
 une hypoparathyroı̈die vraie, avec une tendance hypocalcé- sur les cellules parathyroı̈diennes, soit par la baisse du calcitriol et
mique, se rencontre le plus souvent dans les suites d’une l’hypocalcémie secondaire [27]. En retour, cette hyperparathyroı̈die
parathyroı̈dectomie, peut aggraver l’hyperphosphorémie par l’augmentation du renou-
 une concentration sérique de PTH entre une et deux fois la vellement osseux.
limite supérieure peut être associée à un renouvellement Les cibles biologiques sont celles de la normale du laboratoire
osseux normal. Le diagnostic repose sur des marqueurs osseux avant le stade de la dialyse, et « vers » cette cible en cas de dialyse.
normaux ou, plus rarement, sur biopsie osseuse, En effet, une phosphatémie normale peut être associée à une
 une concentration sérique de PTH basse iatrogène en rapport dénutrition et à une dialyse inadaptée. À l’inverse, elle peut être
avec des apports vitaminocalciques excessifs est fréquem- observée en cas de nutrition, de chélation et de dialyse optimales.
ment observée. Les calcémies sont le plus souvent un peu plus La phosphatémie doit donc être interprétée en fonction des
élevées et les marqueurs osseux diminués, paramètres nutritionnels, dialytiques et de la fonction rénale
 une concentration sérique de PTH peut être diminuée en résiduelle.
réponse à une hypercalcémie endogène (granulomatose,
immobilisation, myélome, etc.). Le diagnostic repose sur le 2.2.1. L’hypophosphatémie
contexte, les marqueurs osseux et une calcémie élevés : L’hypophosphatémie est le plus souvent en rapport avec un
 Une concentration sérique de PTH supérieure aux cibles défaut d’apports en protéines animales et en laitages, ou plus
biologiques (plus de neuf fois la limite supérieure) est de rarement avec une dialyse trop efficace (longue ou
signification plus simple puisque le diagnostic d’hyperpara- fréquente) [28]. Un excès de chélateurs ou une carence en
thyroı̈die est très probable ; vitamine D représentent d’autres causes qu’il faut rechercher et
 Une concentration sérique de PTH dans les cibles (entre deux et corriger. Comme l’hypocalcémie, elle favorise l’ostéomalacie et
neuf fois la limite supérieure) peut correspondre à plusieurs cas, peut avoir des conséquences métaboliques, notamment muscu-
car il s’agit d’une zone d’incertitude [23] : laires (asthénie).
 une hyperparathyroı̈die tertiaire avec une hypercalcémie,
 une hyperparathyroı̈die secondaire avec calcémie normale et 2.2.2. L’hyperphosphatémie
des marqueurs osseux élevés, L’hyperphosphatémie concerne surtout les patients aux
 une ostéopathie adynamique liée à une résistance osseuse à la stades 5 et 5D de la maladie rénale chronique. Elle témoigne de
PTH avec des marqueurs osseux diminués, l’incapacité de la fonction rénale ou de la dialyse à épurer le
 un os normal. phosphore alimentaire. Une ostéopathie adynamique, en raison de
la diminution de la fixation osseuse des phosphates, ou, à l’inverse,
L’interprétation des marqueurs osseux est primordiale dans une hyperparathyroı̈die sévère augmentant leur relargage osseux,
cette zone. peuvent favoriser une hyperphosphatémie. C’est également le cas
lors d’un excès de dérivés du calcitriol augmentant l’absorption
2.2. Phosphore digestive des phosphates. L’hyperphosphatémie est associée à la
mortalité à tous les stades de la maladie rénale chronique [29]. En
La quantité de phosphore de l’organisme est d’environ 700 g dialyse, les seuils de phosphatémie associés à la mortalité varient
dont 85 % sont situés dans le squelette sous forme d’hydro- de 1,8 à plus de 2,2 mmol/L [6,20].
xyapatite, 14 % sont intracellulaires et 1 % est extracellulaire. Le
phosphore extracellulaire est présent dans les phospholipides 2.3. Calcium
(phosphore organique, 70 %) ou sous formes inorganiques
(phosphates inorganiques, 30 %) ; 15 % du phosphate inorganique La calcémie n’est pas le reflet de la masse calcique de l’organisme
sont liés aux protéines ; 85 % sont complexés à des cations ou car, d’une part le calcium sanguin ne représente qu’une faible part de
circulent sous forme mono- ou dihydrogénée. Cette dernière calcium total (1 %), et d’autre part, la calcémie est étroitement régulée
fraction est celle qui est dosée et elle ne peut représenter entre 2,15 et 2,55 mmol/L (8,6–10,2 mg/dL). Dans l’organisme, les
l’ensemble du phosphore de l’organisme. La phosphatémie réserves en calcium sont d’environ 1000 g ; 99 % du calcium sont
normale est de 0,8 à 1,45 mmol/L (2,5–4,5 mg/dL). Les apports présents dans la masse osseuse, 0,9 % est intracellulaire et 0,1 % est
nutritionnels sont très variables, entre 700 et 1400 mg/j, dont les extracellulaire. Ce calcium extracellulaire est mesuré en tant que
deux tiers sont excrétés dans les urines et un tiers dans les selles. calcémie totale : 50 % sont libres (ionisés), 10 % sont complexés aux
Les sources alimentaires sont les conserves (phosphates alimen- anions, 40 % sont liés à l’albumine. La constante biologique régulée est
taires) et les aliments riches en protéines animales (laitages, la calcémie ionisée dont la normale est chez l’adulte de 1,12 à
viandes, poisson) ; 60 à 70 % du phosphore alimentaire sont 1,3 mmol/L (1 mg/dL = 0,25 mmol/L = 0,5 mEq/L). Les apports
absorbés, en partie de manière passive, en partie régulée par le alimentaires quotidiens varient entre 500 et 1000 mg. L’absorption
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digestive du calcium se fait à travers l’épithélium intestinal par réserves en vitamine D [32]. Le dosage de la D2 est moins fiable et
l’intermédiaire de transporteurs vitamine D-dépendants et, en cas certaines trousses ne la dosent pas correctement [33]. Il existe un
d’apports plus importants, de façon passive et paracellulaire moins cycle saisonnier avec des concentrations sériques plus élevées
dépendants de la vitamine D (calcitriol). Seuls 10 à 20 % du calcium après les saisons ensoleillées. La majeure partie du 25-OH-D
alimentaire sont absorbés, notamment en cas d’insuffisance circulante est fixée sur une protéine porteuse (vitamine D
rénale [30]. Après filtration glomérulaire, le calcium est réabsorbé binding protein), mais seule les formes libre (1 %) ou liée à
en partie au niveau du tubule proximal (60–70 %) avec l’eau et le l’albumine (10 %) sont biodisponibles [34]. Cependant, les
sodium, 10 % sont réabsorbés dans la portion ascendante de l’anse de dosages habituels mesurent l’ensemble de la 25-OH-D. Dans
Henle et le reste est réabsorbé dans le tube distal. De faibles variations la plupart des études, la carence en vitamine D est définie par une
de calcémie inhibent ou stimulent la sécrétion de PTH pour mobiliser concentration sérique de 25-OH-D inférieure à 10 ng/mL
ou laisser déposer le calcium dans le tissu osseux, en tout cas dans des (25 nmol/L) et l’insuffisance par une concentration sérique
régions où le calcium est rapidement mobilisable. Au cours de la entre 10 et 30 ng/mL [35].
maladie rénale chronique, la calcémie tend à diminuer en raison, Sous l’influence du FGF-23 qui l’inhibe, et de la PTH qui l’active,
d’une part, de la diminution du calcitriol et, d’autre part, de la 25-OH-D est 1-hydroxylée au niveau rénal en calcitriol. Le
l’augmentation de la phosphatémie qui précipite le calcium [4]. La calcitriol provoque l’augmentation des cotransporteurs TRPV
carence en vitamine D, très fréquemment observée, aggrave cette permettant ainsi d’augmenter l’absorption intestinale de calcium
tendance hypocalcémique. Cependant, la calcémie est maintenue le (surtout TRPV 6) et sa réabsorption tubulaire (TRPV 5 et 6). En
plus souvent dans les limites physiologiques, au moins au début, au retour, le calcitriol diminue la synthèse de la PTH et la prolifération
prix d’une hyperparathyroı̈die secondaire. En conséquence, l’excrétion cellulaire parathyroı̈dienne [32,36]. Au cours de la maladie rénale
rénale du calcium va diminuer progressivement. Au cours de la chronique, la carence en vitamine D est très fréquente, de l’ordre de
maladie rénale chronique, un apport minimal de calcium et de 80 % des cas [37]. Elle a été associée à la progression de la maladie
vitamine D est le plus souvent nécessaire afin de maintenir la calcémie rénale chronique, aux calcifications cardiovasculaires, à la rigidité
et de prévenir l’hyperparathyroı̈die secondaire. Il est difficile de fixer artérielle, aux événements cardiovasculaires et à la mortalité [38–
des valeurs théoriques idéales d’apport en calcium. L’existence d’une 40]. Le calcitriol est toujours déficient lors de la maladie rénale
hypoalbuminémie, fréquemment observée en cas de maladie rénale chronique, du fait de la carence en 25-OH-D, de la concentration
chronique, rend difficile l’interprétation des valeurs de la calcémie sérique de FGF-23 élevée, puis de la perte progressive de la masse
totale. Les formules de calcul intégrant la valeur de l’albuminémie rénale. Il n’est pas recommandé de doser le calcitriol en routine en
n’ont pas démontré d’avantage pour approcher la valeur de la raison de sa demi-vie brève, de sa régulation précise, de sa
calcémie ionisée [31], d’autant que les mesures de l’albumine variabilité, du coût et des difficultés de son dosage, et de l’impact
plasmatique sont très variables. La mesure de la calcémie ionisée des traitements par vitamine D.
reste techniquement délicate et n’est pas à la nomenclature des actes
biologiques remboursés. La calcémie totale reste donc, faute de mieux, 2.5. Marqueurs osseux
la plus utilisée.
Les causes d’hypo- et d’hypercalcémies sont résumées dans le Au cours de la maladie rénale chronique, il est important
Tableau 2. Les études épidémiologiques récentes montrent que d’évaluer le renouvellement osseux dont les excès ou les
l’hypercalcémie est rare, sans doute depuis la disponibilité des insuffisances peuvent avoir des conséquences sur l’os (avec un
chélateurs non calciques et des calcimimétiques qui peuvent, à risque de fractures), sur le métabolisme minéral (hypercalcémie-
l’inverse, favoriser l’hypocalcémie qui est plus fréquemment hyperphosphatémie) et sur les calcifications cardiovasculaires [41–
observée [20]. 43]. Il existe de nombreux marqueurs osseux [44], mais peu sont
utilisables en pratique clinique. Selon les recommandations
2.3.1. Hypercalcémie KDIGO [1], la PTH et les phosphatases alcalines totales devraient
Une hypercalcémie, quelle qu’en soit la cause (iatrogène, être mesurées régulièrement au stade 5D, avec une fréquence
endogène, hyperparathyroı̈die tertiaire) favorise les calcifica- pouvant aller de trois à six mois. Les phosphatases alcalines totales
tions extra-osseuses, et doit être corrigée avant de devenir sont augmentées essentiellement dans les pathologies hépatiques
symptomatique (asthénie, troubles digestifs, rénaux et neuro- et osseuses (hyperparathyroı̈die, ostéomalacie, métastases osseuses
logiques) et d’engager le pronostic vital. Des études observa- et fractures). La concentration sérique des phosphatases alcalines
tionnelles ont montré un risque de surmortalité associé à osseuses ne dépend que de l’activité des ostéoblastes et de leur
l’hypercalcémie [32]. dégradation hépatique [38]. Plusieurs études ont rapporté l’intérêt
de ce dosage pour affiner le diagnostic osseux au cours de la maladie
2.3.2. Hypocalcémie rénale chronique [45]. Le dosage des phosphatases alcalines
Une hypocalcémie, quelle qu’en soit la cause (carence en osseuses n’est pas suffisamment spécifique des isoenzymes
calcium, en vitamine D, utilisation de calcimimétiques ou de osseuses et leur interprétation est impossible en cas
bisphosphonates, hypoparathyroı̈die) peut être symptomatique d’hépatopathie [46,47]. Les phosphatases alcalines osseuses seules,
(asthénie, spasmes musculaires) et favoriser les troubles de la ou en association avec la PTH, seraient des marqueurs intéressants
minéralisation osseuse (ostéomalacie). du renouvellement osseux, surtout utiles dans le diagnostic de
l’hyperparathyroı̈die lorsqu’elles sont supérieures à 20 g/L. Elles
2.4. Vitamine D sont également utiles pour le diagnostic d’ostéopathie adynamique
en cas de concentration sérique de PTH normale ou basse lorsque les
La vitamine D3 (cholécalciférol) provient de la transformation valeurs sont inférieures à 9 g/L. Il existe d’autres marqueurs osseux
d’un dérivé du cholestérol (7-déhydrocholestérol) sous comme les fragments du collagène osseux que l’on peut doser dans
l’influence du soleil (ultraviolets B [UVB]) au niveau cutané. La le sang et les urines. Les plus fréquemment utilisés sont les
vitamine D2 (ergocalciférol) provient des végétaux. La totalité fragments carboxyterminaux cross-link telopeptides du collagène
des vitamines D2 et D3 est hydroxylée, majoritairement au osseux (cross-laps ou CTX) relargués en cas d’ostéoclastose. Il existe
niveau hépatique, en 25-OH-D2 (ercalcidiol) et 25-OH-D3 peu d’études chez les patients dialysés, mais elles plaident pour leur
(calcidiol). Ces derniers dérivés ont une demi-vie d’environ intérêt et leur indépendance de la fonction rénale résiduelle ou des
3 semaines et peuvent être dosés en routine pour apprécier les performances de la dialyse [48–50]. Les valeurs attendues en
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dialyse sont quatre à six fois supérieures à celles de la population cardiovasculaires. Pour les calcifications des valves cardiaques et
générale à fonction rénale normale (1,5–2,5 g/L). des carotides, l’échographie reste un examen simple et fiable.
Cependant, l’examen de référence reste le score calcique d’Agats-
3. Bilan paraclinique morphologique ton, aussi bien au niveau cardiaque que de l’aorte thoracique et
surtout abdominale [55]. Sa précision permet seule de dépister les
Les dosages biologiques font partie du bilan de routine de la calcifications débutantes et surtout de suivre leur évolution. Les
surveillance des patients au cours de la maladie rénale chronique. KDIGO ne recommandent pas de rechercher systématiquement les
Il apparaı̂t cependant important, dans le cadre de l’évaluation des calcifications cardiovasculaires chez tous les patients, mais
complications des troubles du métabolisme minéral et osseux, de seulement chez les patients à risque.
prescrire des examens paracliniques afin de mieux préciser l’état
osseux, vasculaire ou celui des glandes parathyroı̈des. 3.3. Densitométrie minérale osseuse

3.1. Biopsie osseuse Il s’agit d’un examen facilement accessible et volontiers


prescrit par les médecins généralistes, les rhumatologues ou
Cet examen invasif, à partir d’un fragment d’os trabéculaire de les gériatres. Contrairement à la population féminine méno-
la crête iliaque, ne fait plus partie des examens réalisés dans le pausée de race blanche chez laquelle une nette relation existe
bilan des pathologies osseuses, en dehors des études cliniques. Les entre la densité minérale osseuse et le risque de fracture [56],
KDIGO le recommandent cependant en cas de fractures patholo- cette relation est beaucoup moins nette chez le patient avec
giques, d’hypophosphatémie, d’hypercalcémie inexpliquée et de une maladie rénale chronique évoluée [57]. En effet,
suspicion d’intoxication aluminique. Il a été remplacé par les l’ostéoporose n’est pas la pathologie osseuse la plus fréquente
marqueurs osseux, la densitométrie minérale osseuse (par dual X- au cours de la maladie rénale chronique et la densitométrie
ray absorptiometry ou DXA), ou par d’autres examens radio- minérale osseuse ne peut pas apporter d’élément d’orienta-
logiques. La biopsie osseuse a cependant permis de réaliser une tion diagnostique en faveur de l’une des formes d’ostéodys-
classification des lésions osseuses de la maladie rénale chronique trophie rénale qui sont plus fréquemment responsables de la
sous le vocable d’ostéodystrophie rénale [51]. Le double marquage baisse de la densité minérale osseuse, et dont les traitements
à la tétracycline (3 jours et 3 semaines avant la biopsie osseuse) restent très différents [58]. Enfin, la densité minérale osseuse
permet de mesurer la vitesse du renouvellement osseux. Trois vertébrale est souvent faussée par les calcifications aortiques
paramètres sont utilisés pour qualifier l’os : ou intervertébrales, et il faut certainement privilégier le site
du col du fémur (os cortical) et du poignet distal (os
 le renouvellement osseux ; trabéculaire) [59]. Pour toutes ces raisons, il n’est pas
 la minéralisation ; recommandé de prescrire une densitométrie minérale osseuse
 le volume. systématiquement, mais uniquement en cas de fracture.

L’ancienne classification comportait cinq pathologies [52] : 3.4. Scintigraphie osseuse

 l’ostéopathie adynamique ; En dehors du bilan de pathologies néoplasiques et d’indications


 l’hyperparathyroı̈die modérée ; particulières (maladie de Paget, ostéonécrose aseptique, algodys-
 l’ostéite fibreuse (hyperparathyroı̈die évoluée) ; trophie), la scintigraphie osseuse aux bisphosphonates est surtout
 l’ostéomalacie ; utilisée pour le bilan de fractures ou de fissures non visibles
 l’ostéodystrophie rénale mixte associant une hyperparathyroı̈- radiologiquement [40]. Une fixation diffuse du squelette peut être
die modérée et un trouble de la minéralisation. en faveur d’une hyperparathyroı̈die [41].

Cette classification est résumée dans le Tableau 3. Au cours de la 3.5. Explorations parathyroı¨diennes
maladie rénale chronique, toutes les qualités osseuses peuvent être
altérées et les pathologies spécifiques peuvent se surajouter à une La nécessité de localiser les glandes parathyroı̈des en cas
ostéoporose définie par une diminution du tissu osseux favorisant d’hyperparathyroı̈die sévère et d’indication de parathyroı̈dectomie
les fractures [53]. reste discutée. La scintigraphie des parathyroı̈des au Sesta-
méthoxy-isobutyl-isonitrile (MIBI) est indiquée en cas de récidive
3.2. Bilan radiologique et échographique d’hyperparathyroı̈die ou d’échec dans les suites d’une parathyroı̈-
dectomie afin de localiser un fragment laissé en place [42]. Elle
Les KDIGO ne recommandent plus de réaliser des bilans permettrait de préciser les données de l’échographie-Doppler
radiologiques osseux régulièrement. Le diagnostic de l’ostéodys- cervicale en rajoutant une information fonctionnelle. Il est
trophie rénale ne doit plus attendre les lésions radiologiques recommandé d’arrêter les traitements freinant l’hyperparathyroı̈-
historiques. Les radiographies simples de l’aorte abdominale de die (calcimimétiques, calcium, vitamine D active) afin de
profil associées au score calcique de Kauppila et al. [54] sont sensibiliser l’examen. À côté d’autres techniques comme la
recommandées si l’on souhaite rechercher des calcifications tomodensitométrie ou l’imagerie par résonance magnétique

Tableau 3
Classification de l’ostéodystrophie rénale basée sur des critères histomorphométriques.

Critères histologiques Renouvellement Minéralisation Volume

Ostéomalacie ## ## "
Ostéopathie adynamique ##  ##
Hyperparathyroı̈die modérée "  "
Ostéodystrophie rénale mixte "" ## "
Ostéite fibreuse (hyperparathyroı̈die sévère) "" " ""
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Tableau 4
Synthèse des complications osseuses et cardiovasculaires des troubles du métabolisme minéral et osseux de la maladie rénale chronique.

Fragilité osseuse (ostéodystrophie rénale Calcifications cardiovasculaires


+ ostéoporose)

Fréquence Environ 80 % Environ 80 %


Conséquences Fractures Associations aux calcifications Événements cardiovasculaires, calciphylaxie,
cardiovasculaires mortalité
Facteurs de risque Ostéoporose (âge, sexe féminin, faible indice de Classiques (âge, hypertension artérielle, Urémiques (hyperphosphatémie,
masse corporelle, antécédent de fractures, dyslipidémie, sexe masculin, inflammation, hypercalcémie, concentrations sériques
corticoı̈des calcifications cardiovasculaires, carence diabète, tabac, antivitamines K) de PTH et/ou de 25-OH-D extrêmes,
vitamine D), hyperparathyroı̈die, ostéomalacie, ostéoporose, " FGF-23)
ostéopathie adynamique
Diagnostic Biopsie osseuse, marqueurs osseux, pQCT, IRM, Radiographies simples, échographie,
densitométrie minérale osseuse (DXA) tomodensitométrie cardiaque ou aortique
(score calcique d’Agaston)
Prévention Correction des facteurs de risque modifiables, Correction des facteurs de risque modifiables
bisphosphonates avant le stade 4, et aux stades 4 et
5 : si corticostéroı̈des et en l’absence
d’hyperparathyroı̈die et d’ostéomalacie
Traitement Prévention secondaire des fractures : ?
bisphosphonates en l’absence d’hyperparathyroı̈die
et d’ostéomalacie ?
FGF : fibroblast growth factor ; pQCT : peripheral quantitative computerised tomography ; IRM : imagerie par résonance magnétique ; DXA : dual X-ray absorptiometry.

(IRM), l’échographie est un examen simple et assez performant 4.2. Calcifications cardiovasculaires
pour identifier une hyperplasie des glandes parathyroı̈des
cervicales [43]. L’existence de glandes d’un diamètre supérieur à Elles sont observées dès les stades précoces de la maladie rénale
1 cm est en faveur d’une hyperplasie sévère associée à un risque chronique [64] et concernent près de 80 % d’une population de
d’échec du traitement médical. Couplée à la scintigraphie, dialysés adultes [10]. La physiopathologie fait intervenir la
l’échographie reste un examen utile pour les décisions thérapeu- transformation phénotypique de la cellule musculaire lisse en
tiques chirurgicales. cellule osseuse dont l’origine est multifactorielle, avec un
déséquilibre entre les protéines inhibitrices de la calcification
(fetuinA, matrix Gla protein, ostéoprotégérine, etc.) qui sont
4. Complications des troubles du métabolisme minéral et diminuées, et les facteurs procalcifiants. Parmi ceux-ci, l’hyper-
osseux phosphatémie apparaı̂t centrale à côté des facteurs de risque
traditionnels (âge, diabète, dyslipidémie, hypertension artérielle,
Les complications osseuses et cardiovasculaires sont les plus inflammation, antivitamines K). Le rôle délétère de l’hypercalcémie
fréquentes et les plus graves. Nous en avons fait un résumé dans le est évident ; il est favorisé par des apports calciques ou de
Tableau 4. vitamine D excessifs conduisant à une ostéopathie
adynamique [65]. Les calcifications cardiovasculaires ont été
4.1. Fragilité osseuse et fractures nettement associées à la mortalité chez les dialysés [66] comme
dans la population générale [67]. On distingue deux types de
À partir des données d’histomorphométrie, il a été montré que calcifications cardiovasculaires [9] :
les lésions osseuses fragilisantes étaient observées dans près de
80 % des cas [60]. Le risque de fracture est nettement accru en  les calcifications intimales, avec des plaques calcifiées pouvant
dialyse avec quatre fois plus de fractures du col du fémur comparé être occlusives ;
à la population générale [73]. Ces fractures sont associées à une  la calcification médiale (médiacalcose), non occlusive mais
surmortalité [74]. Il semble que les fractures vertébrales ne soient favorisant la rigidité artérielle, l’augmentation de la vitesse de
pas plus fréquentes que dans la population générale [61]. Le risque l’onde de pouls et l’hypertrophie du ventricule gauche.
de fracture du col du fémur est encore plus élevé après
transplantation [62]. En dehors de l’ostéoporose, les pathologies Ces calcifications cardiovasculaires peuvent être observées
osseuses favorisant les fractures sont l’hyperparathyroı̈die, dans différents territoires et par différentes techniques radio-
l’ostéopathie adynamique et l’ostéomalacie. Les principaux logiques. La technique de référence reste la tomodensitométrie
facteurs de risque d’ostéoporose sont connus : l’âge, le sexe cardiaque [55], mais aussi aortique [68], ou des échocardiogra-
féminin, un faible indice de masse corporelle (IMC) ou une phies et des Dopplers artériels. Les KDIGO recommandent des
corticothérapie. Les fractures sont favorisées par les chutes, très radiographies simples de l’aorte [54] avec un score de Framingham
fréquentes chez les patients dialysés, elles-mêmes favorisées par (Kauppila).
les baisses de tension, surtout après une séance de dialyse, mais
aussi par une artérite, une neuropathie, les troubles de la vision, 4.3. Calciphylaxie
les médications psychotropes et hypotensives fréquemment
prescrites et la carence en vitamine D [75]. En dehors de la La calciphylaxie est une complication rare mais très sévère, qui
densitométrie minérale osseuse, le bilan osseux peut faire appel touche plus volontiers les patients atteints de maladie rénale
au peripheral quantitative computerised tomography (pQCT) ou à chronique. Il s’agit de l’obstruction des petits vaisseaux cutanéo-
l’IRM, qui permettraient d’avoir des informations sur la structure graisseux par des dépôts phosphocalciques qui entraı̂ne des lésions
osseuse [63]. nécrotiques extensives et très douloureuses. Les facteurs de risque
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Tableau 5
Comment faire baisser la concentration sérique d’hormone parathyroı̈dienne ? Arsenal thérapeutique disponible pour la prise en charge d’une hyperparathyroı̈die.

Chélateurs non Chélateurs Vitamine D Calcitriol et Calcimimétiques " calcium Parathyroı̈dectomie


calciques calciques native dérivés dialysat

Indication " de la calcémie Hyperparathyroı̈die Toujours 2e intention Hyperparathyroı̈die 2e intention 4e intention


secondaire, # de la tertiaire # de l’observance
calcémie 3e intention
Efficacité + +++ +++ +++ +++ +++ ++++
Effet secondaire Digestifs Digestifs O Aucun " du calcium et Digestifs, # de Aucun # de la calcémie
stéopathie phosphore si la calcémie Hématome,
adynamique, " de ostéopathie lésion récurrente
la calcémie adynamique
Contre-indication Aucune " de la calcémie " de la calcémie " de la calcémie # de la calcémie " de la calcémie Anesthésie
Coût ++++ +  ++ ++++ + ++

PTH : hormone parathyroı̈dienne. L’hyperparathyroı̈die est définie par une valeur anormale de la concentration sérique de PTH associée à un retentissement métabolique
(calcium, phosphore, marqueurs osseux), osseux (densitométrie, radiographies, biopsie osseuse) et parathyroı̈dien (hypertrophie des glandes parathyroı̈diennes). Les
principaux facteurs stimulant la sécrétion et la synthèse de PTH justifient ces traitements : l’hypocalcémie, justification d’augmenter les apports en calcium per os ou par le
calcium du dialysat ; la carence en vitamine D (25 et 1,25 OH), justifiant une supplémentation en vitamine D en première intention et un dérivé du calcitriol éventuellement ;
l’hyperphosphatémie justifiant l’emploi de chélateurs du phosphate ; la baisse progressive de la sensibilité des récepteurs du calcium justifiant l’utilisation de
calcimimétiques ou d’une parathyroı̈dectomie.

sont l’obésité, le diabète, l’utilisation des antivitamines K et tolérance digestive, surtout à forte dose, conduisant à une observance
l’augmentation du produit phosphocalcique. Le diagnostic est le thérapeutique imparfaite et à une efficacité très variable. Les études
plus souvent clinique, la biopsie cutanée n’étant pas spécifique [69]. interventionnelles restent à mener afin d’affirmer leur efficacité pour
prévenir les calcifications cardiovasculaires ou diminuer la mortalité
5. Arsenal thérapeutique en dialyse. Cependant, il semble que dans les études observation-
nelles, les prescriptions de chélateurs soient associées à une meilleure
L’arsenal thérapeutique disponible pour la prise en charge d’une survie [72]. Aucun chélateur n’a démontré une supériorité nette en
hyperparathyroı̈die est résumé dans le Tableau 5. termes de survie lors des essais comparatifs [73,74], même s’il existe
une tendance en faveur du sévélamer. Nous pensons cependant qu’il
5.1. Calcium existe une nette différence entre les calciques et non calciques qu’il
convient de prescrire de manière individuelle pour optimiser la
L’adaptation et l’individualisation de la balance calcique restent balance calcique.
des problèmes critiques pour le néphrologue. En cas d’hypo-
calcémie et d’hyperparathyroı̈die, une augmentation des apports 5.2.1. Chélateurs calciques
calciques est souvent recommandée, en association avec la Ils sont les plus anciens, datant de la fin des années 1980, après
vitamine D. Ces apports vitaminocalciques justifient la surveillance l’arrêt de la prescription des chélateurs contenant de l’aluminium,
de l’évolution de la calcémie et de la concentration sérique de PTH rendus responsables d’encéphalopathie et d’ostéomalacie [75,76]. On
afin d’éviter un surdosage. distingue le CaCO3, utilisable à tous les stades de la maladie rénale
La supplémentation orale en calcium est largement utilisée et chronique, et l’acétate de calcium qui ne peut être prescrit qu’en
les formes galéniques sont nombreuses, le plus souvent à base de dialyse. L’acétate de calcium étant plus biodisponible que le CaCO3, il
carbonate de calcium (CaCO3, comprimés ou sachets à 500 à nécessite d’apporter deux fois moins de calcium pour une chélation
1500 mg associés ou non à la vitamine D). Il convient de la prendre équivalente. Cependant, les effets sur la PTH et les risques d’hyper-
en dehors des repas pour augmenter son absorption qui serait calcémie sont comparables aux posologies habituelles [77]. L’étude
diminuée par la chélation du phosphore alimentaire. Treat to Goal a montré que, lorsqu’ils sont prescrits sans discernement,
Le dosage du calcium du dialysat peut être prescrit en fonction les chélateurs calciques peuvent favoriser les calcifications cardio-
de la calcémie, de la concentration sérique de PTH et des vasculaires en augmentant les épisodes d’hypercalcémie et d’ostéopa-
marqueurs osseux. En augmentant de 0,25 mmol/L la concentra- thie adynamique en comparaison au sévélamer [78]. Dans l’étude
tion de calcium du dialysat, on peut faire baisser la concentration CARE 2, avec l’acétate de calcium et une statine, il n’a pas été montré de
sérique de PTH de plus de 50 %, celle des phosphatases alcalines différence avec le sévélamer sur l’évolution des calcifications
totales et la phosphatémie de près de 10 %, au prix d’une cardiovasculaires [79].
augmentation de la calcémie de seulement 2 % [70]. La manœuvre
inverse donne des résultats symétriquement opposés. Il apparaı̂t 5.2.2. Chélateurs non calciques
important de pouvoir prescrire le dosage du calcium du dialysat Il existe deux chélateurs non calciques en 2012 :
qui reste un moyen efficace pour maı̂triser et adapter la balance
calcique. Il n’a pas été noté de différence de survie entre trois  le sévélamer, chélateur des sels biliaires, n’est pas absorbé et
concentrations de calcium du dialysat (1,25, 1,5 et 1,75 mmol/L) permet une baisse du low density lipoprotein (LDL) cholestérol
dans une cohorte française de patients hémodialysés [71]. Les significative (environ 20 %). Il existe sous forme de comprimés
KDIGO recommandent d’utiliser une concentration de calcium du à 800 mg : sévélamer hydrochloride ou sévélamer carbonate. Ce
dialysat entre 1,25 et 1,5 mmol/L en intégrant sa prescription dans dernier, qui existe également en sachet (2400 mg), a une
l’optimisation de la balance calcique [1]. autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe pour traiter
les hyperphosphatémies supérieures à 1,78 mmol/L en
5.2. Chélateurs du phosphore prédialyse ;
 le lanthanum carbonate existe en comprimés à mâcher (250,
Ils se lient au phosphore alimentaire pour le rendre non 500, 750 et 1000 mg), et récemment en sachet, pour une prise
absorbable par le tube digestif. Ils ont en commun leur médiocre unique par repas. Il est faiblement absorbé, mais la toxicité
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potentielle des dépôts tissulaires à long terme [80] en a fait surtout en cas d’hyperparathyroı̈die tertiaire avec
récemment un traitement de seconde intention. Il a une AMM en hypercalcémie [95]. Ce sont des activateurs allostériques des
prédialyse, mais n’est pas remboursé dans cette indication. récepteurs du calcium qui font diminuer la concentration sérique de
PTH et la calcémie. Leur principal effet secondaire est essentiel-
lement digestif, avec des nausées, vomissements et troubles du
5.3. Vitamine D native transit, mais aussi une hypocalcémie favorisée par une carence en
vitamine D. Le seul produit disponible à l’heure actuelle est le
Les recommandations suggèrent de maintenir la concentration cinacalcet, que l’on prescrit en prise unique et à posologie croissante
sérique de 25-OH-D supérieure à 20 ng/mL, mais le plus souvent en commençant par 30 mg/j et jusqu’à 180 mg/j dans de rares
supérieure à 30 ng/mL [81]. La limite supérieure n’est pas définie avec cas [96]. Le cinacalcet est un traitement très intéressant en
précision. Dans une méta-analyse des études d’intervention, il a été association avec les dérivés du calcitriol ou du calcium à posologie
montré que la zone 30 à 50 ng/mL est celle qui est associée à la individualisée, étant donné ses effets bénéfiques sur la calcémie et
meilleure survie [82]. En dehors de la prévention et du traitement de la phosphatémie [97,98]. Cette diminution de la phosphatémie,
l’hyperparathyroı̈die [83], la supplémentation en vitamine D vise à observée dans la plupart des études, peut être due à une diminution
diminuer le risque des pathologies qui ont été associées à sa carence du calcitriol, par l’intermédiaire de la baisse de la concentration
comme l’ostéomalacie et le rachitisme, les fractures [84], certains sérique de PTH, et surtout à l’amélioration de l’anabolisme osseux.
cancers, certaines maladies auto-immunes [85] et infectieuses, et les Dans 10 % des cas, il est possible d’arrêter ce traitement
maladies cardiovasculaires [86]. Il est maintenant reconnu que la définitivement après plusieurs mois [99].
vitamine D circulante (25-OH-D) est directement active avec une
affinité 100 à 1000 fois inférieure pour le récepteur de la vitamine D, 5.6. Traitements antiostéoporotiques
mais avec des concentrations circulantes 1000 fois supérieures au
calcitriol. Elle est transformée en calcitriol par les reins et d’autres Les bisphosphonates sont les seuls qui ont pu être utilisés dans
cellules de l’organisme [87]. La demi-vie biologique de la de rares études au cours de la maladie rénale chronique. Ils se
vitamine D2 est plus brève que celle de la D3, ne lui permettant fixent sur l’os en empêchant l’action des ostéoclastes. Ces
pas d’être prescrite avec des bolus espacés de plus de 2 mois [88]. Pour traitements sont normalement contre-indiqués aux stades avancés
ces raisons pratiques, nous utilisons le cholécalciférol (D3) sous forme de la maladie rénale chronique en raison des risques de troubles de
d’ampoule buvable à 100 000 unités, à raison d’une ampoule tous les la minéralisation, mais surtout d’aggravation des effets osseux
mois ou tous les deux mois après ajustement, en fonction des dosages d’une ostéopathie adynamique ou, au contraire, de la stimulation
sanguins réalisés après quatre mois [89]. D’autres schémas théra- de la concentration sérique de PTH par la baisse de la calcémie. Sa
peutiques sont aussi efficaces, en utilisant le cholécalciférol ou principale indication est l’ostéoporose, qui reste un diagnostic
l’ergocalciférol avec des rythmes d’administration très variables. Les difficile en cas de maladie rénale chronique évoluée du fait de la
KDIGO n’ont pas fait de recommandation pratique pour cette « pollution » par les autres formes spécifiques d’atteintes osseuses.
supplémentation. La principale contre-indication reste l’hypercalcé- Nous retenons cependant deux indications marginales : l’ostéo-
mie, qui est également le signe d’une toxicité. Celle-ci ne survient porose cortisonique fracturaire [100] et l’hypercalcémie d’immo-
qu’en cas de surdosage important (supérieur à 5000 U/j), ou en cas bilisation. Il est possible d’utiliser une forme injectable
d’association avec de fortes doses de calcium ou de dérivés du (pamidronate hebdomadaire) au décours des séances de dialyse
calcitriol, et en cas d’ostéopathie adynamique. Pourtant, la normalisa- (malgré son épuration par la dialyse), ou une forme orale
tion de la concentration sérique de 25-OH-D n’augmente pas le risque hebdomadaire. Un bilan dentaire est justifié par les risques
d’ostéopathie adynamique [89] et semble même améliorer le d’ostéonécrose de la mâchoire, rares mais dramatiques [101]. Son
renouvellement osseux [90]. La supplémentation en vitamine D est utilisation systématique dans les premiers mois d’une transplan-
efficace pour prévenir et traiter l’hyperparathyroı̈die secondaire tation ou lors de l’utilisation de doses fortes ou prolongées de
[91]. Le rôle de la vitamine D sur l’os et les muscles plaide en faveur corticoı̈des ne fait pas encore l’objet de recommandations, même si
d’un effet protecteur sur les fractures [92]. elle semble logique.

5.4. Dérivés du calcitriol 5.7. Diététique

Ils ont été les seuls dérivés de la vitamine D prescrits dans les L’origine des phosphates alimentaires est essentiellement liée
années 1980 et 1990 avant que l’on redécouvre les vertus des aux additifs, mais aussi aux protéines animales et surtout aux
dérivés natifs. Ils sont cependant plus puissants en termes de laitages. Une restriction de certains de ces aliments consommés en
ralentissement de la concentration sérique de de la PTH excès doit être conseillée [102]. Le néphrologue, ou la diététi-
(50 contre 40 %), mais aussi de risque d’hypercalcémie et cienne, peut s’aider d’enquêtes alimentaires auto-administrées et
d’hyperphosphatémie, ce qui sous-entend de fréquents de la mesure du normalized Protein catabolic rate (nPCR), qui est un
surdosages [93]. Ils ne sont plus prescrits comme supplémentation reflet indirect de la consommation de protéines [103] ; le but des
vitaminique D, mais pour leur action freinante sur la concentration conseils diététiques étant généralement de restreindre les apports
sérique de PTH [94]. Ils peuvent être prescrits quotidiennement ou en phosphates sans réduire les apports protéiques. Les apports
trois fois par semaine pour les patients dialysés du fait de leur calciques peuvent être également appréciés car une restriction des
demi-vie biologique. L’alfacalcidol, qui est le plus fréquemment laitages peut conduire à une baisse des apports calciques, ceux-ci
prescrit, nécessite des posologies deux fois supérieures à celles du étant très variables, mais souvent inférieurs aux recommandations
calcitriol : entre 1 et 3 g/semaine. La forme injectable est rarement pour la population générale (800–1000 mg/j).
utilisée, parfois pour optimiser l’observance, mais elle reste très
coûteuse et son efficacité n’est pas supérieure. 5.8. Dialyse

5.5. Calcimimétiques La prescription de dialyse peut influencer le métabolisme


minéral, essentiellement par la concentration en calcium du
Cette nouvelle classe thérapeutique est spécifique du traitement dialysat et par la durée et la fréquence des séances. Une dialyse
de l’hyperparathyroı̈die résistante au traitement conventionnel et longue et/ou plus fréquente permet d’épurer davantage
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de phosphate [104]. L’apport de l’hémodiafiltration apparaı̂t aussi l’augmentation postopératoire de la concentration sérique
marginal. des phosphatases alcalines.

5.9. Parathyroı̈dectomie
6. Stratégies thérapeutiques
Elle consiste en une résection de trois glandes et demie (7/8),
en laissant en place un moignon non hyperplasié afin de prévenir Des arbres décisionnels sont proposés concernant l’hyper-
une réelle hypoparathyroı̈die définitive [105]. Les contre- phosphatémie, l’hypophosphatémie, l’hypercalcémie, l’hypocalcé-
indications sont rares et sont celles de l’anesthésie générale. mie, une concentration sérique de PTH basse, ou haute, une
Le bilan préopératoire comporte une échographie cervicale et, en carence en vitamine D (Fig. 2–9).
cas de récidive, une scintigraphie au Sesta-MIBI afin de repérer le
moignon restant. Les complications sont liées au risque 6.1. Anomalies de l’hormone parathyroı̈dienne
d’hématome cervical, de paralysie récurrentielle et d’hypopara-
thyroı̈die définitive. Les suites sont marquées par une hypo- Il s’agit probablement des décisions thérapeutiques parmi les
calcémie et une hypophosphatémie en rapport avec une plus délicates à prendre étant donné la grande variabilité de la
reminéralisation osseuse, ainsi qu’une ostéoblastose prédomi- concentration sérique de PTH, les différences de dosages et
nante permettant de reconstruire le tissu osseux expliquant l’absence de relation nette entre une valeur de concentration

Fig. 2. Arbre décisionnel. Stratégie diagnostique et thérapeutique de l’hyperphosphatémie en dialyse. CC : cinacalcet ; RO : renouvellement osseux (hormone
parathyroı̈dienne et marqueurs osseux) ; K : clairance de l’urée ; nPCR : normalized protein catabolic rate ; HDF : hémodiafiltration. L’hyperphosphatémie au cours de la
maladie rénale chronique est définie par une phosphatémie supérieure à 1,5 mmol/L. Au stade de la dialyse, les cibles ne sont pas définies clairement : « tendre vers la
normalité ». La phosphatémie élevée est un marqueur de bonne nutrition, ce qui perturbe l’interprétation de son effet potentiellement délétère sur le plan cardiovasculaire. On
distingue quatre causes, souvent imbriquées, d’hyperphosphatémie : un excès d’apports alimentaires, souvent reflété par les apports protéiques, justifiant une enquête et des
conseils diététiques ; une chélation inadaptée, que ce soit par sa prescription ou son observance ; une dialyse inadaptée, par sa durée, sa fréquence ou son efficacité ; un
renouvellement osseux excessif ou insuffisant peut être responsable d’une hyperphosphatémie par la libération ou l’absence d’accrétion osseuse des phosphates.

Fig. 3. Arbre décisionnel. Prise en charge de l’hypophosphatémie. PCR : normalized protein catabolic rate ; IV : intraveineux. L’hypophosphatémie est rarement observée dans la
maladie rénale chronique. Les conséquences cliniques sont essentiellement une asthénie et au long terme des troubles de la minéralisation osseuse. Il s’agit le plus souvent
d’apports alimentaires insuffisants dans le cadre d’une dénutrition protéique. La mesure du nPCR et/ou une enquête diététique permet de l’identifier. La supplémentation
protéique fait appel à des compléments alimentaires. Une dialyse excessive est rare, mais elle peut s’observer dans le cas de stratégies de dialyses longues et quotidiennes où il
peut être nécessaire d’enrichir le dialysat en phosphore (difficile en France). Les excès de chélateurs sont plus facilement identifiables et corrigeables. La carence en vitamine D
doit être évoquée systématiquement et faire prescrire de la vitamine D native avec ou sans un dérivé du calcitriol. La supplémentation en phosphore per os fait appel à
différentes spécialités, le plus souvent effervescentes.
252 G. Jean, C. Chazot / Néphrologie & Thérapeutique 15 (2019) 242–258

Fig. 4. Arbre décisionnel. Traitements des principales causes d’hypercalcémie. PTX : parathyroı̈dectomie ; PTH : hormone parathyroı̈dienne ; HPT I : hyperparathyroı̈die
primaire ; HPT III : hyperparathyroı̈die tertiaire ; CC : cinacalcet. Toute valeur anormale de calcémie totale devrait faire l’objet d’une vérification avec une mesure de la
calcémie ionisée qui est imprédictible, surtout par les valeurs de calcémies corrigées pour l’albumine. L’hypercalcémie reste une urgence métabolique dont la gravité est
fonction de son intensité et de sa durée (calcifications vasculaires et tissulaires). Les symptômes sont neurologiques, digestifs, une polyurie est fréquente. On distingue trois
catégories d’hypercalcémies qu’il convient d’identifier : un défaut de régulation par les cellules parathyroı̈diennes avec une baisse de la sensibilité ou du nombre de récepteurs
calciques avec un set point élevé, le traitement comporte des calcimimétiques ou une parathyroı̈dectomie, la concentration sérique de PTH est souvent peu élevée mais pas
effondrée ; une hypercalcémie « endogène » par libération excessive de calcium osseux (immobilisation, métastases, myélome) ou par un excès de production de calcitriol
(granulomatose, lymphomes, tuberculose), la concentration sérique de PTH est effondrée ; une hypercalcémie « exogène » liée à des apports de calcium, de vitamine D,
d’aluminium (qui se fixe sur le récepteur calcique) ou d’hormone thyroı̈dienne, la concentration sérique de PTH est aussi effondrée.

Fig. 5. Arbre décisionnel. Principales causes et traitements de l’hypocalcémie. PTX : parathyroı̈dectomie ; PTH : hormone parathyroı̈dienne ; CC : cinacalcet ; BP :
bisphosphonates ; CS : corticostéroı̈des. L’hypocalcémie devrait être vérifiée par une mesure du calcium ionisé. L’hypocalcémie sévère est symptomatique (asthénie, tétanie),
l’hypocalcémie modérée peut favoriser les troubles de minéralisation osseux. On distingue quatre catégories d’hypocalcémie : les carences d’apport en calcium (per os ou en
dialyse) et en vitamine D (concentration sérique de PTH haute) ; l’hyperphosphatémie (précipitation phosphocalcique) concentration sérique de (concentration sérique de
PTH haute) ; l’hypoparathyroı̈die vraie dans les suites d’une parathyroı̈dectomie (concentration sérique de PTH basse) ; des médications hypocalcémiantes comme les
bisphosphonates (avec concentration sérique de PTH haute) ou le cinacalcet (concentration sérique de PTH basse).

Fig. 6. Arbre décisionnel. Traitement des différentes causes de concentration sérique d’hormone parathyroı̈dienne (PTH) dite « basse ». PTX : parathyroı̈dectomie. Une
concentration sérique de PTH basse a été définie par les Kidney Disease Improving Global Outcomes (KDIGO) comme inférieure à deux fois la limite supérieure de la trousse
utilisée. On distingue quatre grandes catégories : l’hypoparathyroı̈die avec tendance hypocalcémique, le plus souvent dans les suites d’une parathyroı̈dectomie. La
concentration sérique de PTH est souvent effondrée. Il convient d’apporter du calcium et de la vitamine D pour maintenir la calcémie supérieure à 2 mmol/L ; un excès
d’apport vitaminé et calcique, la calcémie est souvent élevée, les marqueurs osseux effondrés ; une hypercalcémie endogène (métastase, myélome, immobilisation,
sarcoı̈dose) avec des marqueurs osseux élevés, les bisphosphonates peuvent être utilisés ; une concentration sérique de PTH spontanément basse avec une calcémie, une
phosphatémie et des marqueurs osseux subnormaux, forme qu’il convient certainement de respecter ne disposant pas de traitement stimulant la sécrétion de PTH en dehors
d’une balance calcique négative.
G. Jean, C. Chazot / Néphrologie & Thérapeutique 15 (2019) 242–258 253

Fig. 7. Arbre décisionnel. Stratégie de prise en charge d’une hyperparathyroı̈die. PTH : hormone parathyroı̈dienne ; HPT II : hyperparathyroı̈die secondaire ; HPT III :
hyperparathyroı̈die tertiaire ; RO : renouvellement osseux évalué par les marqueurs osseux ; CC : calcimimétiques ; calcium : apport per os (p.o.) ou par le dialysat ; PTX :
parathyroı̈dectomie. Nous avons considéré que le diagnostic d’hyperparathyroı̈die pouvait être évoqué à partir de quatre fois la limite supérieure de la trousse de dosage.
Cependant, dans la littérature récente, on trouve des seuils inférieurs (moins de trois fois) et notre parti pris n’est qu’indicatif. La prise en compte de la calcémie, et donc du set
point, est cruciale puisqu’elle permet de séparer les hyperparathyroı̈dies secondaires (calcémie normale) justifiant un traitement vitaminocalcique, des hyperparathyroı̈dies
tertiaires (calcémie élevé) avec une indication de calcimimétique en première intention puis de parathyroı̈dectomie en cas d’échec. L’interprétation des marqueurs osseux est
également essentielle afin d’identifier des résistances à l’action de la PTH dont le traitement reste à définir.

sérique de PTH et le risque d’hyperplasie parathyroı̈dienne, de de PTH, la gravité de l’hyperparathyroı̈die est liée essentiellement à
fragilité osseuse et de calcifications cardiovasculaires. la calcémie élevée et au renouvellement osseux accéléré. En
l’absence d’hypercalcémie, et sans doute d’hyperphosphatémie
6.1.1. Hormone parathyroı̈dienne haute rebelle, un traitement conventionnel peut être proposé. Il
Une concentration sérique de PTH élevée associée à des comporte des dérivés de la vitamine D native, puis active, des
marqueurs osseux et une calcémie élevée est en faveur d’une chélateurs du phosphore, et une augmentation de la concentration
hyperparathyroı̈die tertiaire, et doit faire prescrire un traitement de calcium du dialysat. Ce n’est qu’en cas d’échec partiel ou total
par calcimimétique ou, à défaut, une parathyroı̈dectomie. Il est que le cinacalcet est proposé en seconde intention. La para-
impossible à l’heure actuelle de fixer des limites biologiques thyroı̈dectomie des 7/8 est nécessaire en cas d’intolérance,
précises. Indépendamment de la valeur de la concentration sérique d’inefficacité ou de non-disponibilité du cinacalcet.
254 G. Jean, C. Chazot / Néphrologie & Thérapeutique 15 (2019) 242–258

Fig. 8. Arbre décisionnel. Stratégie de prise en charge de l’insuffisance en vitamine D. PTH : hormone parathyroı̈dienne. Le seuil de 30 ng/mL (75 nmol/L) fait l’objet d’un large
consensus. Le choix de deux cibles en fonction de la concentration sérique de PTH repose sur l’effet ralentisseur de la supplémentation sur la PTH (-40 %) qu’il convient de ne
pas freiner de manière excessive. Nous proposons des stratégies très différentes : la vitamine D2 dont la demi-vie plus brève nécessite des prises rapprochées (quotidiennes à
hebdomadaires), attention au dosage car certains laboratoires utilisent une trousse qui ne reconnaı̂t que la vitamine D3 ; les protocoles proposés par les Kidney Disease
Outcomes Quality Initiative (KDOQI) ne sont pas logiques : dose de charge excessive, puis dose d’entretien insuffisante avec de la vitamine D2/2 mois ; la vitamine D3 qui peut
être administrée tous les mois ou tous les 2 mois selon les cas en raison de sa demi-vie plus longue ; les doses de charges sont inutiles et sont à risque de surdosage. Un contrôle
de 25-OH-D après 4 à 6 mois est conseillé afin de dépister une posologie excessive, qui est rare, mais surtout une posologie insuffisante ou une observance imparfaite ; un
dosage de la PTH, du calcium et du phosphore est réalisé en même temps.

Fig. 9. Anomalies du métabolisme phosphocalcique : interprétation des valeurs d’hormone parathyroı̈dienne (PTH) selon les marqueurs osseux (MO). OA : ostéopathie
adynamique ; HPT : hyperparathyroı̈die ; 2G : trousse de dosage de PTH de deuxième génération. Les Kidney Disease Improving Global Outcomes (KDIGO) ont défini une zone de
concentration sérique de PTH de sécurité, entre deux et neuf fois la limite supérieure de la trousse utilisée, qui devrait permettre de s’éloigner des zones à risque (osseux et
vasculaire) de l’ostéopathie adynamique et de l’hyperparathyroı̈die. Nous avons choisi les valeurs d’une trousse de deuxième génération, qui reste la plus utilisée à ce jour et
avec laquelle l’ensemble des études a été réalisé depuis 20 ans. Cette zone ne permet pas de s’assurer d’un renouvellement osseux optimal et, de ce point de vue, il s’agit avant
tout d’une « zone d’incertitude ». Il faut donc ajouter l’interprétation de marqueurs osseux, les plus fréquemment utilisés étant la concentration de phosphatase alcaline
osseuse. En fonction des valeurs de concentration sérique de PTH et des marqueurs osseux, nous proposons une interprétation diagnostique et des cibles afin d’optimiser la
prise en charge.

6.1.2. Hormone parathyroı¨dienne basse granulomatose, myélome, etc.) peuvent bénéficier d’un traite-
Les hypoparathyroı̈dies vraies avec hypocalcémie, le plus ment antirésorptif (bisphosphonates).
souvent dans les suites d’une parathyroı̈dectomie, nécessitent
des apports vitaminés et calciques afin de maintenir une 6.2. Anomalies du phosphore
calcémie proche de la normale. Les valeurs basses de la
concentration sérique de PTH liées à un excès de traitements 6.2.1. Hyperphosphatémie
pour la freiner (dérivés du calcitriol, calcium, cinacalcet) Sa prise en charge comporte quatre volets :
nécessitent seulement l’arrêt ou la diminution de ces traite-
ments. Les valeurs basses de la concentration sérique de PTH  une diminution des apports alimentaires en phosphore lorsqu’ils
associées à une hypercalcémie endogène (immobilisation, sont excessifs (plus de 1000 mg/j) ;
G. Jean, C. Chazot / Néphrologie & Thérapeutique 15 (2019) 242–258 255

Fig. 10. Anomalies du métabolisme phosphocalcique : balance calcique. HPT : hyperparathyroı̈die ; OM : ostéomalacie ; OA : ostéopathie adynamique ; CCV : calcification
cardiovasculaire.

 une optimisation de la prescription de la dialyse (intensité, chronique. En dehors des dosages, la correction de la carence
durée, fréquence) ; apparaı̂t peu coûteuse et très bien tolérée. Que ce soit par des
 la prescription de chélateurs calciques ou non calciques ; apports quotidiens, hebdomadaires ou mensuels, les effets
 la correction des valeurs extrêmes de concentration sérique de secondaires sont très rares. Un dosage sanguin peut être réalisé
PTH et du renouvellement osseux. en cas de signe de surdosage (hypercalcémie) ou pour vérifier
l’observance ou l’efficacité du schéma proposé après quatre
mois.
6.2.2. Hypophosphatémie
Elle est rare mais, en dehors du traitement de sa cause (dialyse 6.5. Marqueurs osseux
excessive, dénutrition, excès de chélateur), elle doit être corrigée.
Le plus simple est la réalisation de perfusion de glucose-1- Une augmentation isolée des marqueurs osseux, en dehors du
phosphate disodique lors de la dernière heure de la séance de cadre de l’hyperparathyroı̈die, peut témoigner d’une ostéomalacie
dialyse. Les compléments oraux sous forme effervescente sont favorisée par un produit phosphocalcique (Ca  P) trop bas et une
souvent mal tolérés sur le plan digestif et moins efficaces. carence en vitamine D. Le traitement comporte des apports
vitaminés et calciques. Les marqueurs osseux bas sont en faveur
6.3. Anomalies du calcium d’une ostéopathie adynamique.

6.3.1. Hypercalcémie 6.6. Fractures


Il convient de diminuer ou d’arrêter les thérapeutiques
hypercalcémiantes, de prescrire des calcimimétiques ou une En présence d’une fracture récente, notamment d’un tassement
parathyroı̈dectomie en cas d’hyperparathyroı̈die tertiaire, de vertébral ostéoporotique, la prescription de bisphosphonates peut
prescrire des bisphosphonates en cas de pathologie osseuse avoir une efficacité antalgique lors des premiers mois. L’efficacité
(immobilisation cancer), une corticothérapie (lymphomes, gra- de ces traitements au long cours reste à démontrer, mais il paraı̂t
nulomatose), des diurétiques de l’anse et éventuellement une logique de les maintenir en cas de fractures multiples et/ou de
dialyse contre un bain appauvri en calcium (inférieur ou égal à circonstances les plus à risque comme la corticothérapie.
1,25 mmol/L).
6.7. Calcifications vasculaires
6.3.2. Hypocalcémie
Son traitement repose sur l’augmentation des apports vitami- Même s’il n’existe pas encore de traitement ayant montré une
nés et calciques, et l’arrêt des thérapeutiques hypocalcémiantes efficacité pour réduire les calcifications cardiovasculaires, il
(bisphosphonates, calcimimétiques). apparaı̂t licite de réduire tous les facteurs de risque modifiables
liés au métabolisme minéral : optimisation de la calcémie et de la
6.4. Vitamine D phosphatémie, maintien d’une concentration sérique de PTH
modérée et de marqueurs osseux normaux. Les KDIGO recom-
Les KDIGO recommandent de rechercher et de corriger la mandent de réduire la dose de calcium sans se baser sur des
carence en vitamine D à tous les stades de la maladie rénale données solides, mais par un principe de précaution.
256 G. Jean, C. Chazot / Néphrologie & Thérapeutique 15 (2019) 242–258

Tableau 6
Points essentiels de la prise en charge thérapeutique des anomalies du métabolisme phosphocalcique au cours de la maladie rénale chronique.
Les troubles du métabolisme minéral et osseux du patient atteint d’une maladie rénale chronique sont associés aux risques de fragilité osseuse et de calcifications
cardiovasculaires
La carence en 25-hydroxyvitamine D doit être recherchée et corrigée à tous les stades de la maladie rénale chronique
L’hyperphosphatémie est prise en charge par la diététique, les chélateurs du phosphore et une dialyse efficace
L’hyperparathyroı̈die, définie par une concentration sérique de PTH élevée et un retentissement métabolique et/ou osseux, est traitée par des apports de calcium, de
dérivés du calcitriol, puis par des calcimimétiques, et plus rarement par une parathyroı̈dectomie
L’ostéopathie adynamique, définie par une concentration sérique de PTH et des marqueurs osseux abaissés, nécessite le plus souvent une diminution des apports de
calcium et de vitamine D, sauf dans les suites d’une parathyroı̈dectomie
La présence de calcifications cardiovasculaires constitue un facteur de risque cardiovasculaire majeur qu’il convient de prévenir précocement
La densitométrie osseuse n’est pas recommandée systématiquement, car elle n’est pas directement associée au risque de fracture et elle n’apporte pas d’élément pour le
diagnostic de la pathologie osseuse
Toute fracture est une indication théorique de biopsie osseuse afin d’adapter le traitement à la pathologie

PTH : hormone parathyroı̈dienne.

6.8. Calciphylaxie Déclarations de liens d’intérêts

Sa prise en charge fait appel à la normalisation des Guillaume Jean déclare avoir reçu des honoraires des labora-
paramètres biologiques (calcium, phosphore, PTH), à l’arrêt toires Vifor, Fresenius Medical Care et Sanofi. Charles Chazot
des antivitamines K, au thiosulfate de sodium (25 g intraveineux déclare être salarié des laboratoires Frenesius.
après la dialyse), à la dialyse quotidienne, à l’oxygénothérapie
hyperbare et, selon les cas, aux calcimimétiques ou aux
Références
bisphosphonates [69].
[1] KDIGO CM, Working Group KDIGO. Clinical practice guideline for the diag-
nosis, evaluation, prevention, and treatment of chronic kidney disease-min-
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Soc Nephrol 2012;7:810–9.
calcium dans l’organisme (selles, sueur, urines, dialysat)
[4] Silver J, Levi R. Regulation of PTH synthesis and secretion relevant to the
(Fig. 10). Elle est très difficile à mesurer en pratique clinique, management of secondary hyperparathyroidism in chronic kidney disease.
surtout en cas de dialyse. Elle dépend, entre autres, des apports Kidney Int 2005;95:S8–12 [suppl].
[5] Alem AM, Sherrard DJ, Gillen DL, Weiss NS, Beresford SA, Heckbert SR.
alimentaires et médicamenteux en calcium, de la concentration
Increased risk of hip fracture among patients with end-stage renal disease.
de calcium du dialysat, de la vitamine D, du renouvellement Kidney Int 2000;58:396–9.
osseux et de la calcémie ionisée. Une balance calcique négative [6] Block GA, Klassen PS, Lazarus JM, Ofsthun N, Lowrie EG, Chertow GM. Mineral
prolongée favorise l’hyperparathyroı̈die, l’hypocalcémie et metabolism, mortality, and morbidity in maintenance hemodialysis. J Am Soc
Nephrol 2004;15:2208–18.
l’ostéomalacie. À l’inverse, une balance calcique positive [7] Foley RN, Parfrey PS, Sarnak MJ. Clinical epidemiology of cardiovascular
prolongée favorise l’hypercalcémie, l’ostéopathie adynamique disease in chronic renal disease. Am J Kidney Dis 1998;32(5 Suppl.
et les calcifications cardiovasculaires. Les apports vitaminés et 3):S112–9.
[8] Foley RN, Parfrey PS, Kent GM, Harnett JD, Murray DC, Barre PE. Long-term
calciques doivent donc être prescrits en fonction de ce que l’on evolution of cardiomyopathy in dialysis patients. Kidney Int 1998;54:1720–
peut appeler la balance calcique « apparente » qui, outre la valeur 5.
de la calcémie, comporte celle de la concentration sérique de PTH [9] London GM, Guerin AP, Marchais SJ, Metivier F, Pannier B, Adda H. Arterial
media calcification in end-stage renal disease : impact on all-cause and
qui régule la balance calcique en quelques minutes, et les cardiovascular mortality. Nephrol Dial Transplant 2003;18:1731–40.
marqueurs osseux qui sont des témoins au long terme de cette [10] Jean G, Bresson E, Terrat JC, Vanel T, Hurot JM, Lorriaux C. Peripheral vascular
balance calcique (plusieurs mois). La balance calcique interne calcification in long-haemodialysis patients : associated factors and survival
consequences. Nephrol Dial Transplant 2009;24:948–55.
est liée aux échanges de calcium entre le squelette et les autres
[11] London GM, Marty C, Marchais SJ, Guerin AP, Métivier F, de Vernejoul MC.
secteurs. Elle est également impossible à quantifier et dépend Arterial calcifications and bone histomorphometry in end-stage renal dis-
surtout du renouvellement osseux. ease. J Am Soc Nephrol 2004;15:1943–51.
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rénale chronique comportent un grand nombre d’anomalies CKD. Kidney Int 2010;77:93–100.
biochimiques et hormonales, avec un retentissement osseux et [16] Melamed ML, Eustace JA, Plantinga LC, Jaar BG, Fink NE, Parekh RS. Third-
generation parathyroid hormone assays and all-cause mortality in inci-
cardiovasculaire. La prise en charge optimale de ces troubles
dent dialysis patients : the CHOICE study. Nephrol Dial Transplant
devrait permettre de diminuer la morbi-mortalité des patients 2008;23:1650–8.
atteints d’une maladie rénale chronique. Cela implique une [17] Souberbielle JC, Boutten A, Carlier MC, Chevenne D, Coumaros G, Lawson-
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démarche thérapeutique basée sur un diagnostic, une approche
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physiopathologique et des recommandations (résumées dans le [18] Qi Q, Monier-Faugère MC, Geng Z, Malluche HH. Predictive value of serum
Tableau 6). Même si la plupart de ces recommandations ne sont pas parathyroid hormone levels for bone turnover in patients on chronic main-
encore basées sur les preuves, les moyens d’investigation et tenance dialysis. Am J Kidney Dis 1995;26:622–31.
[19] Barreto FC, Barreto DV, Moyses RM, Neves KR, Canziani ME, Draibe SA. K/
l’arsenal thérapeutique actuels doivent permettre une prise en DOQI-recommended intact PTH levels do not prevent low-turnover bone
charge adaptée à la plupart des situations. disease in hemodialysis patients. Kidney Int 2008;73:771–7.
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Disponible en ligne sur

ScienceDirect
www.sciencedirect.com

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