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www.sciencedirect.com
a
Service d’urologie, hôpital Foch, Suresnes, France
b
Service d’urologie-andrologie, CHU Carémeau, Nîmes, France
c
Montpellier, France
d
Service de médecine physique et réadaptation, neuro-uro-andrologie, hôpital
Raymond-Poincaré, AP—HP, université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Garches,
France
夽 Cet article fait partie intégrante du Rapport « Médecine sexuelle » du 106e congrès de l’Association française d’urologie rédigé sous la
direction de Florence Cour, Stéphane Droupy et François Giuliano.
∗ Auteur correspondant.
1166-7087/$ — see front matter © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.
http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2012.11.007
548 F. Cour et al.
Summary Knowledge of the physiology of male and female sexuality has advanced consi-
KEYWORDS derably. Initially there is always desire with its biological neuroendocrine components and
Penile erection; its emotional field which is particularly marked in women. There is a distinction between
Ejaculation; ‘‘spontaneous’’ sexual desire related to intrinsic affective, cognitive stimuli, and fantasies, and
Sexual desire; ‘‘reactive’’ sexual desire in response to physical arousal. There are similarities between men
Brain; and women concerning the activation of cerebral zones in sexual arousal contexts in laboratory
Spinal cord; conditions. The neural pathways for sexual arousal are similar between men and women, brin-
Neurotransmitters ging into play the sympathetic centres of the thoracic and lumbar spinal cord and, at the sacral
level, the parasympathetic center and the motoneurons controlling the muscular contractions
of the pelviperineal striated muscles. Genital sensitivity is mainly transmitted by the pudendal
nerve in both men and women. Sexual arousal in men consists of penile erection, and ejacula-
tion accompanied with orgasm. In women, sexual arousal causes increase in blood to flow to the
vagina leading to lubrication and to the vulva leading to the erection of the clitoris and vulvar
hyperaemia. The orgasm which can be multiple in women is accompanied by contractions of
the striated perineal muscles. Several neurotransmitters are closely involved in the control of
sexuality at the central level: dopamine, ocytocin, serotonin, and peripheral: nitric oxide and
noradrenaline in men, vasoactive intestinal peptide and neuropeptide Y in women.
© 2012 Published by Elsevier Masson SAS.
Figure 1. Représentation circulaire des différentes phases de la réponse sexuelle feminine lors d’une rencontre « potentiellement »
sexuelle : le désir peut — ou pas — être présent initialement : il est potentialisé par l’excitation due aux stimuli sexuels d’après
R. Basson [8].
à avoir un comportement sexuel. On reconnaît dans le désir d’assurer la perpétuation de l’espèce. Tous les animaux,
sexuel, d’une part, une composante biologique, neuroen- l’être humain compris, manifestent un comportement parti-
docrinienne et, d’autre part, dans l’espèce humaine, une culier au désir sexuel qui inclut des processus psychomoteurs
composante psychoaffective venant moduler la composante pouvant être stéréotypés. Ainsi, au-delà de l’aspect pure-
biologique de manière stimulante ou inhibitrice. On peut ment subjectif, le concept de désir sexuel englobe tous
distinguer un désir sexuel « spontané » en relation avec les actes mis en œuvre par le sujet pour atteindre un
des stimuli intrinsèques affectifs, fantasmatiques et cogni- objectif à signification sexuelle. Chez l’animal certains
tifs et un désir sexuel « réactif » en réponse à l’excitation comportements pendant la copulation permettent d’évaluer
physique. Ainsi, le dimorphisme sexuel distingue de façon le niveau de motivation sexuelle par la quantification de
schématique, dans le désir, la femme et l’homme. Le désir performances locomotrices ou cognitives, ou par le surpas-
masculin est principalement captatif et primaire se focali- sement d’une douleur ou d’une aversion. Par exemple, un
sant sur l’objectif final, c’est-à-dire le rapport sexuel, selon rat mâle aura à résoudre une tâche opérante [9,10] ou à tra-
un mécanisme relativement simple de besoin—récompense, verser une grille électrifiée [11] pour atteindre une femelle
alors que le désir féminin est le plus souvent indirect, secon- sexuellement réceptive. Ainsi, la valeur des performances
daire, se nourrissant de la relation et de la tendresse dans reflètera le degré de motivation affiché par l’animal. L’effet
un réseau émotionnel complexe en miroir : c’est un peu le permissif au niveau cérébral des hormones sexuelles (andro-
désir du désir de l’autre. gènes chez le mâle et estrogènes chez la femelle) sur
Dans une acception biologique et finaliste, le désir l’expression de la motivation sexuelle est bien établi [12].
sexuel correspond à une impulsion instinctive vers L’action régulatrice d’autres neuropeptides (ocytocine et
l’accomplissement d’un rapport sexuel dont le but est prolactine) a également été rapportée [12]. Chez le rat,
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Figure 3. Effets centraux des neuromédiateurs et des hormones sur la réponse sexuelle féminine.
Des voies nerveuses de l’excitation prépondérant dans la régulation du flux sanguin génital car
il est en grande concentration dans ces tissus et la concen-
sexuelle
tration de VIP augmente lors de l’excitation. Le NO a été
Ces voies sont superposables chez l’homme et la femme : également identifié comme un médiateur augmentant le flux
• un centre parasympathique sacré de S2 à S4, les axones sanguin génital chez la femme pendant la phase d’excitation
empruntant les racines sacrées antérieures correspon- [25].
dantes pour participer au plexus hypogastrique inférieur Les neuromédiateurs centraux peuvent faciliter ou inhi-
(plexus pelvien) ; ber la réponse sexuelle féminine (Fig. 3). La dopamine est
• deux centres sympathiques thoracolombaires de T11 à L2 ; impliquée dans le contrôle central de la réponse sexuelle,
• un centre somatique sacré de S2 à S4, les axones emprun- elle est facilitatrice. Elle est présente dans l’aire tegmen-
tant les racines sacrées antérieures correspondantes puis tale ventrale, ainsi que dans l’hypothalamus. Chez le rat, la
le nerf pudendal. Celui-ci rejoint le périnée par le canal dopamine freine la libération de la prolactine. Les projec-
d’Alcock. Le nerf pudendal contient également des fibres tions dopaminergiques issues de l’aire tegmentale ventrale
nerveuses sensitives issues des organes génitaux externes vers le système limbique (système dopaminergique mésocor-
chez l’homme et la femme. ticolimbique) sont impliquées dans l’olfaction, la mémoire
et les émotions. La dopamine intervient également dans le
Le système nerveux autonome contrôle la vascularisa- système de récompense en rapport avec la quête de plai-
tion pelvipérinéale, le tonus de la musculature lisse ; le sir. La concentration de dopamine dans le noyau accumbens
nerf pudendal commande la contraction des muscles striés augmente quand la femelle devient réceptive en présence
périnéaux, en particulier les élévateurs. L’innervation sen- du mâle et lors de la copulation [26]. Les agonistes dopa-
sitive emprunte non seulement les nerfs pudendaux mais minergiques augmentent les comportements sollicitant et
également les nerfs hypogastriques et pelviens et la chaîne menant à la copulation [27]. L’effet de la dopamine sur le
sympathique lombosacrée. comportement sexuel est médié par les récepteurs D2 [28].
Chez la femme, la dopamine est impliquée dans le désir
sexuel de façon directe ou indirecte par l’intermédiaire de
Neuromédiateurs de la réponse sexuelle la prolactine [29,30]. Une baisse de la libido a été corrélée
à un taux bas de dopamine [27].
En périphérie chez la femme, les neuromédiateurs libé- L’ocytocine est synthétisée dans les noyaux paraventri-
rés par les terminaisons nerveuses autonomes médiant la culaire et supraoptique de l’hypothalamus, puis transportée
réponse vasculaire périnéale (vulve, clitoris, vagin) et les pour être stockée dans l’hypophyse. L’ocytocine est libérée
variations de tonus de la musculature lisse du vagin sont dans la circulation générale après stimulation du col de
l’acétylcholine, la noradrénaline mais également le vasoac- l’utérus au cours du travail et après succion du mamelon
tive intestinal peptide (VIP), le monoxyde d’azote (NO), le pendant l’allaitement. La libération d’ocytocine est sti-
neuropeptide Y et substance P [23,24]. Le VIP est sans doute mulée par l’estradiol, la contraception estroprogestative,
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l’hypoglycémie et l’angiotensine. Cette libération suit un sexuelle masculine des organes génitaux lors de la vie
rythme nycthéméral et menstruel. Il existe ainsi un pic intra-utérine, la maturation des organes génitaux et le déve-
de sécrétion lors de l’ovulation et la concentration plas- loppement des caractères sexuels secondaires à la puberté
matique d’ocytocine est plus importante pendant la phase ainsi que leur maintien à l’âge adulte. À côté de ces
lutéale [31]. Il a été proposé que l’ocytocine augmente effets somatiques, la testostérone a aussi des effets psycho-
également pendant la phase d’excitation et l’orgasme en sexuels, le plus évident étant la stimulation du désir sexuel.
fonction de l’intensité de celui-ci. L’ocytocine apporte- Il existe une relation de cause à effet prouvée entre le
rait ainsi une sensation de satisfaction et de satiété après taux de testostérone, le désir et les comportements sexuels
la relation sexuelle [32]. Enfin, l’ocytocine est souvent chez l’homme. La testostérone stimule physiologiquement
présentée comme « l’hormone de la tendresse » car elle le désir sexuel, selon un modèle à seuil chez l’homme jeune
favorise le comportement affectueux dans les interactions normal et un modèle plus progressif chez l’homme âgé
non sexuelles. (cf. chapitre Diminution du désir sexuel et déficit en tes-
L’alpha-melanocyte stimulating hormone (␣-MSH) est un tostérone chez l’homme).
polypeptide résultant de l’hydrolyse d’une prohormone : la Chez la femme, la testostérone et le 4-androstènedione
pro-opiomélanocortine (POMC), également à l’origine de sont synthétisés par le stroma ovarien et la thèque interne
l’ACTH, des lipotropines, d’endorphines et d’enképhalines, du follicule. La concentration sanguine de testostérone est
au niveau de l’hypophyse. La sécrétion d’␣-MSH est contrô- plus élevée pendant la phase lutéale qu’au cours de la
lée par l’hypothalamus. L’administration d’analogue de phase folliculaire et un pic de sécrétion a lieu au moment
l’␣-MSH des récepteurs de type 4 à la mélanocortine (bré- de l’ovulation. La testostérone est produite par l’ovaire
mélanotide) induit une augmentation de la réponse sexuelle (5 à 25 %), par la glande surrénale (5 à 25 %), mais surtout
chez la rate ovariectomisée [33,34]. Une étude clinique chez par conversion périphérique à partir de l’androstènedione
des femmes souffrant de désir sexuel hypoactif a mis en (50 %). La testostérone est présente chez la femme sous
évidence un effet favorable du bréménalotide [35]. forme libre (2 %), à 66 % liée à la SHBG et 32 % liée à
La sérotonine est un neurotransmetteur synthétisé à l’albumine. La testostérone libre plasmatique, bien qu’en
partir du tryptophane. Les corps cellulaires des neurones faible quantité, est le principal modulateur androgénique
sérotoninergiques sont situés dans le noyau du raphé dans chez la femme [41—43]. En périphérie, la testostérone
le tronc cérébral. Ils projettent vers l’ensemble du cer- conditionne une partie de la pilosité. La testostérone exerce
veau et de la moelle épinière. La sérotonine est impliquée un rôle stimulant sur le désir sexuel par une action céré-
dans la régulation de l’humeur et donc dans les phéno- brale notamment par le biais de récepteurs situés au niveau
mènes d’anxiété et de dépression. Dans la région limbique, de l’aire préoptique médiane de l’hypothalamus et du sys-
la sérotonine intervient dans le contrôle du plaisir et de tème limbique. Une certaine proportion de testostérone est
la motivation. Une augmentation de la sérotonine dans le convertie en estradiol dans le cerveau. Il est difficile de
système nerveux central diminuerait globalement l’activité distinguer les effets propres de la testostérone et ceux de
sexuelle en diminuant le désir sexuel et en inhibant l’estradiol sur le comportement sexuel féminin [44].
l’orgasme [29,36]. La flibansérine, agoniste des récepteurs La prolactine est une hormone antéhypophysaire sécré-
sérotoninergiques 5-HT1A et antagonistes des récepteurs tée par les cellules lactotropes dont le taux suit un rythme
sérotoninergiques 5-HT2A, améliore le désir sexuel au cours nycthéméral avec un pic entre quatre et dix heures.
d’un large programme d’études cliniques chez des femmes Il existe de nombreux modulateurs de la sécrétion de
consultant pour une diminution de celui-ci [37]. cette hormone, le Prolacting Inhibiting Factor, d’origine
Il est à noter que ces mêmes neurotransmetteurs contri- hypothalamique, inhibe sa sécrétion de même que des neu-
buent également au contrôle cérébral du désir sexuel chez rotransmetteurs comme le GABA et l’acétylcholine [45].
l’homme [38]. Le VIP, les sérotoninergiques, les opioïdes, la substance
P et les estrogènes induisent sa libération. La prolactine
influence le désir sexuel féminin [30]. Une concentration
Les modulateurs stéroïdiens de prolactine trop élevée diminue l’intérêt sexuel [32] en
cas d’hyperprolactinémie secondaire à un adénome antéhy-
La principale forme d’estrogènes est l’estradiol 17 ou
pophysaire et chez les femmes allaitantes. Chez celles-ci,
E2. À l’étage central, les estrogènes influenceraient la
d’autres facteurs psychologiques entraînant une perturba-
libido chez la femme en ayant un effet direct sur des
tion de l’humeur avec anxiété et dépression pourraient
neurones de l’hypothalamus au niveau de l’aire supra-
également être impliqués. Une augmentation de la pro-
chiasmatique [16,30,32,39]. En périphérie, les estrogènes
lactine post-orgasmique serait le signal d’une satisfaction
sensibilisent la peau qui est une structure clé pour les sti-
du désir et exercerait ainsi un rétrocontrôle négatif sur
muli sexuels externes. Les estrogènes exercent également
l’activité sexuelle [46].
un effet important sur la trophicité vaginale ainsi que sur la
Le cortisol, glucocorticoïde d’origine surrénalienne,
lubrification [40].
a un rôle encore mal connu sur le désir. Les cas
Le rôle de la progestérone dans la réponse sexuelle fémi-
d’hypercortisolismes chroniques (syndrome de Cushing)
nine reste mal connu [16,30,32,39].
sont associés avec une diminution de la libido féminine
alors que l’administration aiguë de glucocorticoïdes paraît
Les androgènes l’augmenter [30].
La déhydroépiandrostérone et son sulfate (DHEA et
La testostérone est l’hormone stéroïde sexuelle mascu- la DHEAS) sont des stéroïdes sécrétés presque exclusive-
line principale. Elle est impliquée dans la différenciation ment par la corticosurrénale (environ 80 % de DHEA et
Anatomie et physiologie de la sexualité 553
de NO endothélial fait défaut et est responsable d’une parasympathique et somatique (sensoriel et moteur) du
altération de l’érection [52]. système nerveux. L’éjaculation comprend deux phases
Les descriptions récentes de l’innervation périphérique distinctes : l’émission et l’expulsion. Ces deux phases sont
de la verge distinguent des nerfs, issus du plexus pelvien, commandées par un générateur spinal de l’éjaculation
destinés aux corps caverneux, des nerfs destinés au gland incluant les neurones lombospinothalamiques (LSt) récem-
qui empruntent des rameaux communicants vers le tronc ment identifié chez le rat [57] et sont sous l’influence
du nerf dorsal du pénis et des nerfs destinés au bulbe et activatrice et inhibitrice d’afférences sensitives périphé-
au corps spongieux de l’urètre qui cheminent en arrière de riques et de projections d’origine cérébrale. La phase
la prostate. Au sein de ces nerfs, des fibres nerveuses para- d’émission comprend la sécrétion du liquide séminal par
sympathiques, sympathiques et sensitives ont été identifiées les glandes sexuelles accessoires, la contraction du tractus
chez le fœtus [53]. séminal de l’épididyme à la prostate, assurant le transport
Le nerf dorsal du pénis transmet vers la moelle sacrée les spermatozoïdes, et la fermeture du col vésical. La
(S2-S3-S4) les informations sensitives issues du pénis en phase d’expulsion correspond aux contractions rythmiques
empruntant le trajet du nerf pudendal qui conduit éga- de la musculature lisse urétrale et de la musculature
lement les informations sensitives des régions génitale, striée périnéale, et notamment le muscle bulbospongieux,
périnéale, périanale et de la peau scrotale et l’innervation aboutissant à l’expulsion du sperme (Fig. 6).
somatique motrice vers les muscles ischiocaverneux et bul- L’ensemble des organes et des structures anatomiques
bospongieux. Il s’agit d’afférences essentielles dont une impliqués dans la survenue de l’éjaculation reçoit à la
lésion bilatérale lors d’une fracture complexe du bassin ou fois une innervation sympathique et parasympathique.
du traitement chirurgical d’escarres ischiatiques peut être Celle-ci est essentiellement issue, d’une part, du plexus
responsable de la disparition des érections dites réflexes pelvien ou plexus hypogastrique inférieur qui représente
[54]. un carrefour pour les fibres nerveuses des nerfs pel-
L’érection psychogène répond à une stimulation céré- viens (composante parasympathique) et hypogastriques
brale. L’aire préoptique médiane et le noyau paraventri- (composante sympathique) et, d’autre part, de la chaîne
culaire de l’hypothalamus sont des régions d’intégration sympathique paravertébrale lombosacrée. On considère
régulant la réponse sexuelle en général et l’érection en généralement que l’émission est contrôlée exclusivement
particulier, elles participent également à la modulation par le système nerveux sympathique, cependant une syner-
supraspinale des érections réflexes. gie entre l’innervation sympathique et parasympathique
Les érections nocturnes sont également d’origine supras- est la règle pour la plupart des fonctions viscérales.
pinale. Aux efférences classiques pourraient s’associer des Ainsi des mécanismes adrénergiques et cholinergiques sont
fibres proérectiles empruntant des voies végétatives para- impliqués dans le contrôle nerveux de l’éjaculation ainsi
sympathiques issues des noyaux du parasympathique du que des mécanismes non adrénergiques non cholinergiques
tronc cérébral (X) expliquant la survenue d’érections noc- représentés par des fibres peptidergiques, purinergiques
turnes chez les patients paraplégiques ou tétraplégiques et nitrergiques (NO) récemment mises en évidence. Les
[55]. Les noyaux du raphé et le noyau paragigantocellulaire, observations cliniques ainsi que les données anatomiques et
sérotoninergiques, ont une action inhibitrice sur les réflexes pharmacologiques ont fourni une vision globale du contrôle
sexuels, leur activité est diminuée pendant les phases de autonome périphérique de l’émission : les mécanismes para-
sommeil paradoxal [52]. sympathiques cholinergiques participent au contrôle de la
La vascularisation artérielle du pénis est issue de sécrétion épithéliale des glandes sexuelles accessoires et les
branches de l’artère iliaque interne le plus souvent mécanismes sympathiques adrénergiques sont responsables
extrapelvienne (artère pudendale interne) mais parfois de la contraction des fibres musculaires lisses du tractus
intrapelvienne (artère pudendale accessoire) suivant le séminal et du col vésical.
trajet des nerfs caverneux. Elle se distribue aux corps Les contractions des muscles striés pelvipérineaux sont
érectiles : artères caverneuses, bulbaires et dorsales du commandées par les efférences somatomotrices issues de
pénis vers le gland et le corps spongieux via les artères la moelle épinière sacrée chez l’homme et atteignant les
circonflexes. Des anastomoses cavernospongieuses font muscles striés pelvipérinéaux via le nerf honteux.
communiquer les artères caverneuses et le réseau artériel L’innervation sensorielle du tractus séminal a fait l’objet
spongieux sans qu’on en connaisse le rôle physiologique. Le de peu de travaux et son rôle fonctionnel demeure mal
drainage veineux est satellite des artères via la veine dorsale connu. Il apparaît cependant que plusieurs voies affé-
profonde et les veines crurales vers le plexus de Santorini, rentes projetant vers les niveaux thoracolombaires et sacrés
les veines latérovésicoprostatiques et les veines pudendales exercent un rôle activateur sur la réponse éjaculatoire.
[54]. Les deux phases de l’éjaculation sont médiées par des
réflexes organisés chez l’homme aux étages spinaux thora-
colombaires et sacrés. En effet, l’éjaculation persiste après
De l’éjaculation [56] lésion médullaire complète chez l’homme. Cependant,
la difficulté d’obtenir une éjaculation après traumatisme
L’éjaculation peut être définie comme une série médullaire est largement documentée. Néanmoins, lorsque
d’événements physiologiques aboutissant à l’expulsion les segments lombosacrés de la moelle épinière sont
du sperme au méat urétral. L’éjaculation est une fonction épargnés par la lésion, une éjaculation peut être provoquée
complexe faisant intervenir des événements sécrétoires et chez des patients présentant une solution de continuité des
musculaires selon une séquence parfaitement définie qui fibres de l’axe cérébrospinal. Ces observations montrent que
nécessite une coordination des composantes sympathique, le système moteur à l’origine des contractions stéréotypées
Anatomie et physiologie de la sexualité 555
des lèvres et du vagin. Cet engorgement va per- Chez l’homme, l’orgasme est intimement lié à
mettre l’apparition de la lubrification correspondant à l’éjaculation sans toutefois devoir y être assimilé. En
l’augmentation du transsudat issu de la vasodilatation des effet, une expérience orgasmique en dehors de tout
capillaires des parois du vagin. Ce phénomène est facilité contexte sexuel est rapportée lors de la consommation de
en particulier par l’imprégnation du milieu local en estra- cocaïne ou d’héroïne [76]. L’orgasme sexuel est ressenti
diol qui participe à la régulation des aquaporines et du NO concomitamment aux contractions rythmiques involontaires
essentiels à la production du transudat [16,73]. stéréotypées des muscles pelvipérinéaux [77], notamment
Après cette phase initiale, survient une phase de plateau, ceux participant à l’expulsion du sperme. Chez la femme, la
sensation orgasmique est également rapportée au moment
caractérisée par un changement de forme du vagin qui prend
l’aspect d’une poire : rétrécissement du tiers inférieur sous des contractions stéréotypées des muscles pelvipérinéaux
l’effet de la contraction du diaphragme périnéal et élargise- [78] incluant les sphincters urétral externe et anal ainsi que
ment du fond vaginal sous l’effet de la contraction du levator la musculature circonvaginale. De plus, l’orgasme féminin
ani (diaphragme pelvien), réalisant une ballonisation. est associé à des contractions de la musculature lisse du
L’orgasme commence quelques secondes avant les huit vagin et de l’utérus synchronisées avec les contractions des
à dix contractions musculaires saccadées et involontaires muscles striés pelvipérinéaux. Des modifications physiolo-
du vagin et des muscles de la région génitale et anale. giques systémiques témoignant d’une activation du système
La stimulation doit être maintenue jusqu’à l’orgasme car nerveux sympathique peuvent être observées au moment
contrairement à l’homme, la femme n’a pas de point de de l’orgasme. La pression artérielle, la fréquence cardiaque
non-retour et un arrêt de la stimulation entraîne une retom- et la fréquence respiratoire sont augmentées. Des rougeurs
bée de l’excitation. L’orgasme s’accompagne de l’érection cutanées, des réactions sudatoires et une érection des
des mamelons et d’une accélération de la respiration et mamelons sont parfois notées. Le seuil de douleur est accru
du rythme cardiaque. La résolution se manifeste par une de manière significative lors de l’orgasme mais la sensibilité
relaxation des muscles et une diminution de la vasodila- non nociceptive est inchangée. Sur le plan hormonal,
tation périnéale. Pendant cette phase, la femme a une l’orgasme s’accompagne d’une augmentation aiguë des
sensation de satisfaction et d’euphorie. Cette courbe se dif- taux sanguins des neurohormones ocytocine et prolactine
férencie de celle chez l’homme par la possibilité d’orgasmes [79,80].
Les voies nerveuses commandant les événements phy-
répétés à quelques secondes les uns des autres et par une
absence de période réfractaire [16]. Le réflexe bulboca- siologiques périphériques caractérisant l’orgasme sont
verneux, comme chez l’homme, entraîne des contractions constituées par les systèmes autonome (parasympathique
rythmiques des muscles du diaphragme périnéal. Elles et sympathique) et somatique (moteur et sensoriel).
sont involontaires et vont moduler la durée et l’intensité L’organisation de ces voies, identique à celle décrite
de l’orgasme. Ces contractions permettent chez l’homme pour l’éjaculation, inclut chez l’humain les centres sym-
l’expulsion du sperme, chez la femme elles permettraient pathiques thoracolombaires, parasympathiques et moteurs
peut-être la sécrétion de glandes para-urétrales, avec une sacrés. L’activation maximale de ces centres médullaires
sensation de plaisir et un maintien de la lubrification des lors de l’orgasme résulte également en une stimulation de
tissus. L’existence d’une prostate ou d’une éjaculation fémi- l’ensemble des systèmes autonome et somatique innervant
nine ainsi que les mécanismes des orgasmes multiples font d’autres organes comme le cœur, les vaisseaux sanguins
toujours débat [74,75]. cutanés, les glandes sudoripares et les muscles du plan-
cher pelvien. Ce phénomène entraîne ainsi une réponse
généralisée contribuant à la sensation paroxystique [81].
De l’orgasme Les motoneurones responsables des bouffées contractiles
des muscles pelvipérinéaux lors de l’orgasme sont sous
La description de l’orgasme, du fait des diverses formes l’influence d’afférences sensorielles d’origine génitale et
de son expression, dépendra de l’observateur qui pourra d’un contrôle cérébral activateur et inhibiteur.
considérer l’aspect neurophysiologique ou purement psy- Le réseau cérébral générant la sensation de plaisir
chologique. Une définition consensuelle de l’orgasme orgasmique n’est pas clairement délimité. Les tech-
doit donc prendre en compte l’ensemble de ses formes niques d’imagerie cérébrale pouvant être mises en œuvre
d’expression. L’orgasme est un processus neuropsychophy- chez l’être humain apportent quelques éclaircissements.
siologique complexe marquant habituellement le paroxysme L’aire tegmentale ventrale, une structure du mésencé-
de la réponse sexuelle. L’orgasme se traduit, chez la femme phale appartenant aux voies mésocorticale et mésolimbique
comme chez l’homme, par une forte activation de certaines et constituant un élément clef du système de récom-
aires cérébrales accompagnée d’un ensemble de réponses pense, est fortement activée pendant l’orgasme chez la
physiologiques périphériques. La sensation de plaisir intense femme [82] et chez l’homme [83]. De plus, l’amygdale, une
inhérente à l’orgasme, en partie subjective, est générée composante importante du système limbique intégrant les
dans les zones cérébrales activées. Au niveau périphérique, stimuli sensoriels et jouant un rôle essentiel dans le condi-
l’orgasme se caractérise par des contractions rythmiques tionnement aversif, est désactivée au moment de l’orgasme
des muscles pelvipérinéaux, une activation plus ou moins chez l’homme [84]. Il est à noter que l’activation de l’aire
prononcée du système nerveux autonome et une tension tegmentale ventrale et la désactivation de l’amygdale sont
musculaire généralisée. La physiologie de l’orgasme partage également observées lors de la prise de cocaïne et d’héroïne
de nombreuses similitudes entre les deux sexes. [85].
558 F. Cour et al.
Figure 9. L’expansion du vagin et l’élévation de l’utérus pendant le coït d’après l’illustration de John Yanson dans [97].
possèdent une innervation distincte et des projections [6] Masters WH, Johnson V. Human sexual response. Boston: Little
cérébrales différentes. Les descriptions des perceptions Brown & Co; 1966.
sensorielles des orgasmes produits par une stimulation [7] Kaplan HS. Hypoactive sexual desire. J Sex Marital Ther
clitoridienne pure ou une stimulation cervicovaginale 1969;3:3—9.
[8] Basson R. Using a different model for female sexual response
profonde sont également différentes. Lors de la pénétration
to address women’s problematic low sexual desire. J Sex Mari-
vaginale, le pénis stimule donc le clitoris dans sa totalité
tal Ther 2001;27:395—403.
en appliquant une pression contre l’arche pubienne (par- [9] Pfaus JG, Mendelson SD, Phillips AG. A correlational and fac-
tie antérieure) et au niveau de l’introitus (racines latérales) tor analysis of anticipatory and consummatory measures of
aidé par la contraction des muscles périnéaux, et une sti- sexual behavior in the male rat. Psychoneuroendocrinology
mulation profonde de la partie du vagin et du col utérin. 1990;15:329—40.
La différence éventuelle entre une stimulation des diffé- [10] Beck J. A positive correlation between male and female
rentes parties du vagin profond (cul-de-sac antérieur ou response latencies in the mutually reinforced instrumental
postérieur) en fonction des positions n’a pas fait l’objet de sexual responses in rats. Acta Neurobiol Exp 1978;38:153—6.
description. [11] Meyerson BJ, Lindstrom LH. Sexual motivation in the female
rat. Acta Physiol Scand 1973;389:1—80.
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In: Knobil E, Neill JD, editors. The physiology of reproduction.
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