Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
© GARO/PHANIE
Hypertension artérielle, et si elle avait une cause ?
La France compte 14 à 16 millions d’hypertendus, soit 30 % de la population adulte, et ce nombre est en augmentation.
L’hypertension artérielle (HTA) est à l’origine d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), d’infarctus du myocarde et
d’insuffisance cardiaque. Une diminution de 10 mm Hg de la pression artérielle (PA) systolique et de 5 mm Hg de la PA
diastolique réduit le risque de mortalité de 20 %, d’AVC de 35 %, de cardiopathie ischémique de 20 %, et d’insuffisance
cardiaque de 40 %. D’où l’importance du dépistage de l’HTA et de l’identification de son étiologie, permettant une prise en
charge efficace.
Les HTA secondaires représentent environ 10 % cause endocrine (figure 1). Les HTA endocrines Diagnostic étiologique d’une HTA
des HTA. Les étiologies sont endocriniennes (6 à peuvent être secondaires à une acromégalie endocrine d’origine surrénalienne
7 % des cas), une sténose de l’artère rénale (2 à (très rare et relativement aisée à évoquer sur les Syndrome de Cushing
3 % des cas), iatrogènes (œstrogènes de synthèse, signes cliniques associés) ou à un trouble des Il résulte d’une hypersécrétion de cortisol d’origine
corticoïdes, AINS…) ou toxiques (alcool, cocaïne). surrénales : syndrome de Cushing, phéochromo- surrénalienne ou hypophysaire. Sa recherche est
En cas d’HTA secondaire sans point d’appel, cytome/paragangliome, hyperaldostéronisme indiquée chez des patients présentant un ou plu-
il convient, en premier lieu de rechercher une primaire (HAP). sieurs des signes cliniques suivants : une obésité
ou une prise de poids (80 % des cas), une fragi-
| Figure 1
lité cutanée (80 %), un visage lunaire (75 %), une
HTA (75 %), des vergetures pourpres (65 %), un
Recherche d’une HTA secondaire sans point d’appel
hirsutisme (65 %).
Le diagnostic du syndrome de Cushing repose
sur trois tests :
Cause endocrine ? Acromégalie • l’abolition du cycle nycthéméral du cortisol
avec élévation du cortisol plasmatique (> 150
nmol/L) ou salivaire à minuit (> 6 - 9 nmol/L) ;
Syndrome • l’absence de freination au test de freinage
Phéochromocytome/ minute à la dexaméthasone (Dectancyl®) : après
de Cushing Hyperaldostéronisme primaire
paragangliome
(hypercortisolisme) administration de 1 mg de dexaméthasone à
minuit (2 cps de 0,5 mg), la cortisolémie est
dosée le lendemain matin à 8 h. Ce test permet
Devant une anomalie hormonale, réaliser un angioscanner des surrénales
de conclure à l’absence d’hypercortisolisme si
sans et avec injection de produit de contraste
© L. AMAR
Téléchargé pour brahim benziane (drbrabenz@gmail.com) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur octobre 12, 2019.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2019. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
pratique |cardiologie
• l’élévation de la cortisolurie des 24 heures plasma (dérivés libres, mais non remboursés) ou Hyperaldostéronisme primaire (HAP)
(indexée à la créatininurie pour estimer le recueil dans les urines des 24 heures (métabolites libres Cette pathologie, à l’origine d’environ 6 % des
complet), dosée à distance d’un test de freinage. ou totaux après hydrolyse acide). HTA, est potentiellement curable, mais de dia-
En pratique, le diagnostic de syndrome de Les dosages de catécholamines (adrénaline et gnostic difficile, en plusieurs étapes (test de
Cushing peut être éliminé si les deux derniers noradrénaline) et d’acide vanylmandélique (VMA) dépistage puis test de confirmation).
tests sont normaux, car les dosages de cortisol doivent être proscrits. Un HAP doit être recherché :
plasmatique ne peuvent être aisément effectués Les dosages urinaires s’effectuent sur urines • devant une HTA sévère : grade 3, PA sys-
à minuit (et les dosages salivaires ne sont pas de 24 h, associés à la créatininurie. Il n’est plus tolique ≥ 180 mmHg et/ou PA diastolique
remboursés en ville). En cas d’anomalie, les utile d’effectuer ces dosages 3 jours de suite, ni ≥ 110 mmHg ;
explorations doivent être poursuivies. Attention, d’imposer un régime spécifique au préalable (car • en présence d’une HTA résistante,
la prise de contraceptifs oestroprogestatifs, en ce sont des variations importantes des valeurs • d’une hypokaliémie ≤ 3,5 mmol/L, permanente
augmentant la Cortisol Binding Globulin (CBG), qui sont recherchées), ni de préparer des flacons ou intermittente, spontanée ou induite par un
fausse le cortisol plasmatique (les cortisols libres avec de l’acide chlorhydrique avant le recueil diurétique ;
urinaire et salivaire ne sont pas modifiés). (il sera ajouté une fois l’échantillon rapporté au • chez un patient normokaliémique, si celui-ci
NB : le dosage du cortisol plasmatique à 8 h laboratoire). Il n’est pas non plus nécessaire présente une autre raison de rechercher un
n’a d’intérêt que pour la recherche d’un hypo- d’allonger les patients ½ h avant le prélèvement ; HAP ;
corticisme. s’il existe une anomalie sur les premiers dosages • chez un patient atteint d’HTA avant l’âge de
réalisés en position assise, un nouveau prélè- 30 ans ;
Phéochromocytomes, paragangliomes vement sera réalisé chez le patient en position • en présence d’une HTA ou d’une hypokaliémie
Ces tumeurs d’environ 5 cm de diamètre, qui se allongée, pour contrôle (afin d’éliminer un éven- et d’une lésion surrénalienne de plus de 10 mm
développent aux dépens des ganglions sympa- tuel « faux positif »). de diamètre, de découverte fortuite (incidenta-
thiques et parasympathiques et dont 10 à 15 % Les techniques utilisées pour les dosages des lome surrénalien) ;
sont cancéreuses, sécrètent des catécholamines métanéphrines sont l’HPLC avec détection par • devant une HTA ayant un retentissement sur les
(essentiellement adrénaline et noradrénaline) coulométrie ou ampérométrie (sensibles aux organes cibles ou une morbidité cardiovascu-
générant une HTA et un risque cardiaque. Leur interférences médicamenteuses, en première laire disproportionnés avec le niveau et la durée
diagnostic repose sur des dosages hormonaux, ligne desquelles se place le paracétamol) ou de d’évolution de l’HTA.
avec lesquels de nombreux médicaments inter- plus en plus aujourd’hui, une chromatographie
fèrent (attention au paracétamol notamment : à liquide associée à la spectrométrie de masse en Dépistage de l’HAP
arrêter 10 jours avant), (tableau 1). tandem (LC-MS/MS), qui permet de s’affranchir Chez un patient suspect d’HAP, il est recommandé,
de ces interférences analytiques. La variation des au stade de dépistage, de doser l’aldostérone et
Diagnostic d’un phéochromocytome/paragangliome valeurs attendue chez un patient ayant un phéo- la rénine pour mesurer le Rapport Aldostérone/
Il repose sur le dosage des métanéphrines ou chromocytome/paragangliome étant importante Rénine (RAR), de préférence dans des conditions
dérivés méthoxylés (des catécholamines) : méta- (x 10), il n’y a pas de différence inter-techniques standardisées :
néphrine, normétanéphrine, idéalement dans le pour ce diagnostic. • le matin, plus de 2 heures après le lever,
• en position assise depuis 15 minutes (ne plus
faire de dosages « couché debout »),
Tableau 1 : médicaments interférents avec les dosages de métanéphrines
• en régime normosodé (natriurèse : 100 à
Plasma Urines
200 mmol/24 h),
Normétanéphrines Métanéphrines Normétanéphrines Métanéphrines • en normokaliémie (NB : une kaliémie basse
Paracétamol ++ - ++ - entraîne une diminution de la concentration en
Labétalol - - ++ ++ aldostérone),
Sotalol - - ++ ++ • les antihypertenseurs arrêtés depuis 2 semaines,
␣-méthyldopa ++ - ++ - ou depuis 6 semaines pour les antagonistes
Antidépresseurs tricycliques ++ - ++ - des récepteurs des minéralocorticoïdes et les
Buspirone* - ++ - ++
inhibiteurs de la rénine, à l’exception des inhibi-
teurs calciques de longue durée d’action et des
IMAO* ++ ++ ++ ++
alpha-bloquants qui peuvent être maintenus,
Sympathomimétiques* + + + +
(tableau 2),
Cocaïne* ++ + ++ + • les oestrogènes arrêtés depuis 6 semaines.
Sulfasalazine* ++ - ++ -
Lévodopa + + ++ + Démarche diagnostique dans l’HAP
* Interférences liées soit à une augmentation de la concentration en catécholamines, soit à une inhibition de leur recapture.
et prise en charge
Surlignées en jaune : interférences liées à la technique de dosage en HPLC (pas d’interférence en spectrométrie de masse). Le diagnostic d’un HAP [3] repose sur le calcul
Daprès [1].) du rapport aldostérone/rénine (RAR) dont
Téléchargé pour brahim benziane (drbrabenz@gmail.com) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur octobre 12, 2019.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2019. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
cardiologie | pratique
Tableau 2 : interférences avec les dosages d’aldostérone le laboratoire : un test complémentaire doit
et d’activité rénine plasmatique être réalisé : par exemple, un test de charge en
sodium (administrer 2 L de sérum physiologique
Aldostérone Act Rénine plasmatique RAR Diagnostic
sur 4 h : si les patients parviennent à effondrer
-bloquants, clonidine, ␣-méthyl Dopa FP
➞
➞
➞
➞
leur concentration plasmatique en aldostérone,
␣-bloquants, hydralazine N N N N ils ont gardé une régulation physiologique et ont
Thiazidiques et diurétiques de l’anse FN une HTA à rénine basse ; le cas contraire est en
➞ ➞
➞
➞ ➞
➞ ➞ ➞ ➞
ARM : spironolactone, éplérénone FN faveur d’un HAP).
➞ ➞ ➞
IEC FN Une fois le diagnostic posé, une imagerie des
➞ ➞
➞
➞ ➞
➞
➞
Inhibiteurs calciques N/FN traitement médical).
➞ ➞ ➞
➞
➞
AINS FP
➞
➞
Conclusion : prescrire les bons
Hypokaliémie N FN
➞
➞
dosages, dans les bonnes conditions
Hyperkaliémie FN
➞
➞
➞
➞
Le diagnostic d’un hypercortisolisme, souvent
Hyponatrémie FP
➞
➞
➞
Téléchargé pour brahim benziane (drbrabenz@gmail.com) à Centre for Research On Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur octobre 12, 2019.
Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2019. Elsevier Inc. Tous droits réservés.