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traditionnelle chinoise
06, 2002 1
La médecine traditionnelle chinoise
traitement
ciel se diffuse d'elle-même sur -le peuple. Des La vie est dans l'homme un courant de souffles
ministres et tout un gouvernement relais servent subtils et essentiels, mais c'est le souffle primor-
sa puissance vers le peuple. dial qui constitue le fondement de tous les êtres,
L'homme, individuellement, est à l'image de qui fait la santé des hommes comme la santé de
l'empire. Il possède des esprits célestes et à par- la nature.
tir du centre ces esprits régissent la vie de l'orga- L'amas des souffles originels, souvent appelé
nisme: des ministres, des serviteurs, des forces le « chaos », est qualifié de « chose en état de
armées, des magasins, des envoyés, des gardiens mélange » : cela deviendra, après séparation, le Ciel
assurent la vie, la subsistance et la défense de tout lumineux et la Terre tranquille.
ce qui vit dans l'enceinte corporelle. La vie humaine ne fait que reproduire le mou-
Le fonctionnement du Ciel/Terre est régulier: vement toujours recommencé du Ciel à la Terre:
la santé est donc l'état naturel de l'Univers. La santé c'est ce que l'on appelle le souffle médian (ou souffle
de l'homme comme le bon état de l'empire ne sont de l'espace médian). On dit aussi que les souffles
que des manifestations particulières de la santé yin et les souffles yang se rejoignent dans cet espace
du Ciel/Terre. C'est le point de départ de la MTC. médian.
Deux caractères chinois décrivent le couple Les textes médicaux reconnaissent le rôle
santé/maladie : d'initiative du Ciel et du mouvementyang qui mène
-Ping représente la régularité, le calme, la tran- l'énergie, mais ils tiennent une balance strictement
quillité et donc la santé ; égale entre le yin et le yang dans l'écoulement du
-Bing, c'est le défaut, le vice de fonctionnement flux vital. Le vivant aura toujours tendance à
donc la maladie. rechercher le haut, la lumière, le rayonnement, l'ini-
Dépouillé de son enveloppe Ciel/Terre, l'homme tiative, la chaleur. Mais, dans le même moment, il
devient incompréhensible, C'est pourquoi les clas- se soumet au rôle que jouent en lui les souffles
siques de la médecine chinoise révèlent une grande yin, l'immobilité, la passivité, la docilité et
quantité de considérations astronomiques, météo- l'humilité.
rologiques, géographiques, minéralogiques... A côté du couple yin-yang, opposés et com-
Le rapprochement de la MTC de la médecine plémentaires, qui s'engendrent ou se succèdent
dite occidentale doit s'efforcer de respecter cette mutuellement dans le temps, à côté des autres
vision de l'homme dans le monde. couples de l'ordre de la nature qu'il est toujours
Pour lire la vie, il faut donc un double mouve- possible de ramener au couple symbolique yin-
ment : d'abord lever la tête vers le Ciel pour y consi- yang (dur/mou, vide/plein, froid/chaud, haut/bas,
dérer les grands mouvements qui y apparaissent ; etc.), la doctrine des cinq agents peut aussi déter-
~ puis abaisser notre regard sur la Terre pour exa- miner des catégories et donc définir des relations
miner les transformations qui s'y font. C'est dans avec les phénomènes. La Nature et les phénomènes
cet esprit qu'il faut lire les parties anatomiques et naturels sont découpés en cinq catégories où
physiologiques des ouvrages anciens de médecine chaque composant participe aux mêmes mouve-
chinoise. Le médecin de la tradition ancienne est ments (ou transformations), à la même dynamique
une sorte de souverain: il n'ignore rien de l'ana- que l'agent dont il relève. Au macrocosme corres-
tomie et de la physiologie, des aiguilles ou de la pond le microcosme humain avec leurs correspon-
pharmacopée, mais il est l'observateur des volon- dances systématiques : explication de la succession
tés du Ciel et l'ordonnateur de la santé : il préserve naturelle des phénomènes mais aussi de la régu-
ce qui est sain et normalise ce qui pourrait être lation (et du contrôle) des processus.
pathologique. Les cinq agents symbolisent les cinq manifes-
À l'origine de l'homme il y a donc le Ciel et ses tations de l'interaction primaire du Ciel et de la
ancêtres. Les souffles célestes sont aériens, subtils, Terre.
légers, lumineux. Le mécanisme de la respiration, L'individu, soumis à une suite sans fin de
de l'alimentation, de la physiologie en général, ce transformations, est emporté dans un plus vaste
sont les souffles qui vont là où il faut: ils main- mouvement qui est celui de l'Univers : c'est la prise
tiennent, développent, réparent et transmettent de conscience du temps lui-même.
la vie selon un programme qui va de la naissance Le temps, en Chine, est une réalité concrète. Il
à la mort, traverse les cycles diurnes et nocturnes est facile de le mesurer et même avec une remar-
et celui des saisons et conduit la vie à son terme. quable précision. En fait, pour un médecin chinois,
Ainsi la longévité est moins une augmentation ce qui importe le plus c'est son aspect qualitatif:
démesurée de jours que le fonctionnement par- les saisons (au nombre de 5), les périodes clima-
fait d'un être qui meurt en son temps. tiques annuelles (au nombre de 24), les heures du
La médecine traditionnelle chinoise
Le yin et le yang
Les notions de yin et de yang qui indiquent respective- Les mêmes notions sont également sous la dépendance du
ment les aspects ombragés et ensoleillés d'une montagne temps : si la première moitié de l'année est yang, la deuxième
sont deux concepts fondamentaux dans la philosophie chi- est yin et leur succession fait que le yang engendre le yin et
noise depuis la plus haute Antiquité. réciproquement, il ne peut pas y avoir de phénomène exclu-
Par extension, toutes les choses lumineuses et chaudes sivement yin ou yang dans le processus vital car cela échap-
sont dites yang par rapport aux choses sombres et froides perait aux transformations et aux mouvements incessants
qui sont dites yin. qui caractérisent la vie.
jour Gt de la nuit ont chacune un rôle important du 1 qui garde néanmoins son unité. Il aspire à se
dans la vie. Le temps n'est plus ainsi que la circu- réunir autour d'un pivot: 3 ;
lation de l'amas des souffles, en circulation régu- - 3 va se répandre dans le ciel et ce sont les 4 sai-
lière. Les textes anciens montrent la vie entière de sons, mais sur la terre ce sont les 4 directions ;
la Chine réglée parle passage des saisons. De même, -ces 4 saisons et ces 4 directions vont s'ordonner
le diagnostic, le traitement des maladies comme autour d'un centre pour faire tourner régulière-
le reste de l'existence sont rigoureusement subor- ment les souffles et c'est l'origine du 5 ;
donnés aux mêmes cycles saisonniers. Chaque sai- -l'harmonie résulte de la distribution régulière des
son comporte un mois où le principe est ascen- souffles du ciel et des réactions de la terre : c'est
dant, un mois où il est en équilibre et un mois où le 6, nombre des courants qui s'échangent (avec
sa vigueur décroît. Le yin et le yang contrôlent ainsile 12) ;
les quatre saisons, les dominant tour à tour et mar- -mais 7 est le pivot des 6 courants et l'on com-
quant des moments d'équilibre (équinoxe) ou des prend alors l'importance exceptionnelle de 7 pour
moments d'acmé (solstice). ordonnancer le flux de la vie ;
-la suite des nombres est bien sûr illimitée ; et le
À cette symbolique des souffles s'ajoute une vide, qui tient lieu aux Chinois de 0, joue bien sûr
autre difficulté de compréhension de la MTC pour un rôle central.
un esprit occidental : la symbolique des nombres. Les
nombres sont d'un usage, là encore, avant tout qua- Une autre notion de la MTC embarrasse les Occi-
litatif: dentaux : c'est la notion de « souffle pervers ». Pour
-le chaos représente le 1 ; la MTC l'invasion par les souffles peruers signifie
-2, c'est le couple, considéré comme la scission l'existence d'une perturbation, d'ennemis de l'in-
• La tranquillité est yin, l'agitation est yang. - Sur le plan humain l'extérieur est yang, l'intérieur est yin.
• Le yang donne la vie, le yin stimule la croissance. - Sur le plan corporel le dos est yang, l'abdomen est yin.
• Le yang tue, le yin conserve. -Les dépôts (le foie, le cœur, la rate, les poumons et les
• Le yang transforme le Qi, le yin parachève notre appa- reins) sont yin, les palais (la vésicule biliaire, l'estomac, le
rence physique. gros intestin, l'intestin grêle, la vessie et les triples réchauf-
• Le ciel est yang clair, le yin est terre sombre. feurs) sont yang.
• L'eau est yin, le feu est yang. - La région située derrière les yeux est yin, les quatre
• Le Qi est yang, la saveur est yin. membres sont yang.
• L'Est est yang, l'Ouest est yin. - Les maladies yin se produisent dans les os, les maladies
• Le soleil est yang, la lune est yin. yang dans le sang.
• Ce qui part est yin, ce qui arrive est yang. - Les maladies yin se produisent dans la chair.
• Ce qui est immobile est yin, ce qui bouge est yang. - Les maladies yang éclatent en hiver, les maladies yin écla-
• Ce qui est retardé est yin, ce qui est accéléré est yang. tent en été.
La médecine traditionnelle chinoise
Pour rendre compte de la vie psychique il existe Quand on compare les cinq éléments corpo-
également des entités qui se répartissent entre les rels qu'utilisent les médecins chinois (tendons et
divers organes pleins, tout comme les émotions : muscles, vaisseaux, chair, peau et poils, os) avec
la colère fait monter le Qi comme le Qi du prin- la richesse du vocabulaire anatomique dans la
temps sort de terre. Ces entités représentent en médecine occidentale et avec le nombre impres-
fait les aspects les plus subtils du monde vivant. sionnant de noms des points d'acupuncture, on
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se rend compte de la différence de regard porté tiques, atmosphériques, stress, etc.) : ces énergies
sur le corps avec la priorité donnée, en Chine, aux ne sont pas perverses en elles-mêmes mais elles
mouvements et aux changements par rapport à le deviennent quand elles se manifestent à contre-
la description anatomique formelle... temps. Six facteurs climatiques sont en général
décrits : le vent, le froid, l'humidité, la sécheresse,
le feu de la terre et la chaleur. Chacune des éner-
gies correspond à une saison. Encore une fois ce
Nosologie, diagnostic, sont des énergies normales, mais qui deviennent
outils, maladies perverses quand elles s'exercent à une saison qui
n'est pas la leur ou encore sur un terrain orga-
Le champ énergétique humain se présente sous nique qui est perturbé.
forme de force énergétique que les Chinois appel- Les causes internes correspondent au « terrain »
lent les souffles. Ces souffles naviguent sur des tra- sur lequel les influences climatiques externes
jets nommés les MO organisés en méridiens princi- pourront s'exercer. Les perturbations du terrain
paux et secondaires. Les trajets de ces méridiens ont peuvent être dues aux « sept sentiments » (appe-
été codifiés dès les tout premiers textes anciens lés également les sept blessures de l'âme). Ce sont
(Huang Di Nei Jing - Classique Interne de l'Empereur la joie excessive, la colère, les pensées obsession-
jaune) rédigés vraisemblablement du ive au ne siècle nelles, la tristesse, l'affliction, la peur et les mou-
avant Jésus-Christ) puis leur description a été ensuite vements d'effroi.
plus ou moins simplifiée jusqu'ànos jours. En défi- Mais les perturbations du terrain peuvent aussi
nitive, ce sont ces trajets simplifiés (où sont par- être dues aux excès charnels ou à d'autres per-
fois seulement indiquées certaines portions por- turbations, tels que les excès alimentaires (d'ori-
teuses de points d'acupuncture) qui se trouvent gine animale ou d'origine végétale, voire d'origine
dans certains précis occidentaux modernes d'acu- hydrique).
puncture ; les traités, mêmes actuels, de Chine font, Il faut noter l'importance de ces perturbations
par contre, toujours référence aux textes originaux internes : quand la psychologie se dérange et que
anciens du Huang Di Nei Jing. les passions désorganisentle bon fonctionnement
Les souffles qui naviguent donc sur ces trajets physiologique, les Esprits n'opèrent plus selon la
d'énergie sont soit normaux, soit pathologiques. formule du SuWen. D'où l'importance de la patho-
Schématiquenient, les souffles normaux peu- logie des émotions, car elles déstabilisent, elles
vent se répartir en deux grands groupes : les éner- déconcentrent, elles défont la relation au Ciel et
gies héréditaires (c'est-à-dire les énergies originelles, au naturel qui entretiennent la vie.
~ Yuan, les énergies essentielles Jing, et les énergies
ancestrales, Zhong) et les énergies de l'adulte. Ces
dernières peuvent elles-mêmes être considérées Vers une lecture du corps
soit d'une manière macroscopique (énergie Yong
et Wei), soit d'une manière microscopique (le Xue Dans lamédecine occidentale c'estl'anatomie,
et les souffles). la physiologie, la biochimie, la biophysique, etc.
Les énergies anormales ou pathologiques cor- qui, tout au long des progrès scientifiques, ren-
respondent en MTC à l'étude des énergies perverses dent compte du corps humain. Dans la MTC, la
(Xie Qi). conception du corps « concret » est plus complexe.
Les énergies perverses représentent l'intro- L'écriture chinoise archaïque (celle que l'on a
duction d'une perturbation dans le jeu des éner- retrouvée au début sur les os, les omoplates, les
gies normales. C'est son étude qui se ramène à fragments de pierre ou de bronze), sous forme de
celle des causes des maladies (étiologie) avec en pictogrammes puis d'idéogrammes, désigne
plus, en MTC, les mécanismes qui perturbent les quelques traits du corps ou le corps lui-même (Shen)
énergies normales avec le maximum de précision le cœur (Xin), la langue (She), la colonne vertébrale
(étiopathogénie). (Lui), etc. Le déchiffrement des textes nous informe
L'étude des causes des maladies distingue des que sous la dynastie Zhou, l'empereur Zhou fai-
causes externes (ou exogènes), des causes internes sait ouvrir les corps des victimes pour l'examen
(ou endogènes) et des causes qui ne seraient ni des viscères (et même, lorsqu'il s'agissait de
externes ni internes (intempérance diététique ou femmes enceintes, l'examen du fœtus).
sexuelle, épuisement par surmenage ou oisiveté). L'empereur Zhou Mu Wang (à la même époque)
Les causes ou perturbations externes peuvent reçut des mains d'un sage, un « automate » - modèle
venir des énergies de l'environnement (clima- réduit d'un homme-, ce qui constitue la première
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description anatomique d'un corps à partir d'un -l'inspection : il faut inspecter le teint du visage,
modèle artificiel. la prunelle, le tronc, les membres ainsi que la langue
Plus tard, dans le Ling Shu, deuxième livre du et son enduit, la vascularisation superficielle, les
Nei/ing, plusieurs mesures de longueur des par- attitudes et la démarche;
ties du corps humain sont parfaitement consignées : -l'interrogatoire : d'après la « Chanson des 10 ques-
tête, poitrine, lombes, os, tube digestif, estomac, tions », il s'agit d'un interrogatoire précis sur les
intestin grêle, gros intestin et même longueur des circonstances d'apparition des symptômes, des fac-
méridiens, sont l'objet de mensurations très pré- teurs aggravants, des traitements antérieurs, les goûts
cises en « cun » (1 cun = longueur d'une phalange) : pour certains aliments et certaines couleurs. On
c'est dire l'intérêt dans cette période archaïque de doit questionner sur tout ce qui entre et sur tout
la Chine ancienne pour l'étude du corps concret. ce qui sort du corps, sur les mouvements organiques,
Mais en 1971, après des fouilles qui durèrent plu- sur les sensations internes, sur les sentiments et
sieurs années, furent découverts dans un site sur le champ immense de la psychologie ;
archéologique fameux les documents du Ma Wang -l'écoute: le timbre delà voix, l'écoute des bruits
Dui. C'est un document présentant un texte sur respiratoires, la recherche des odeurs corporelles ;
soie, préservé miraculeusement dans une tombe. -la palpation : surtout la palpation des trajets des
Les publications à partir de ces recherches ont méridiens et de l'abdomen pour préciser les zones
apporté une documentation clinique de premier de blocage ou de déficience ;
plan, d'où l'on peut dégager plusieurs expressions - la prise des pouls : la palpation des pouls radiaux
qui se rapportent à la description du corps humain : doit confirmer le diagnostic déjà constaté sur tous
-l'expression Wu Zang: ce sont les cinq organes les éléments précédents. Le Classique des pouls (mai
(cœur, foie, reins, rate, poumons) ; jing), rédigé au m" siècle, distingue 24 qualités du
-Liu Fu : ce sont les six entrailles ; pouls, qui est examiné aux trois emplacements du
-Jiu Qiao : ce sont les neuf orifices ; poignet sur le trajet de l'artère radiale. Cet exa-
-Shi Er ]ie : ce sont les douze articulations ; men, détaillé et subtil, renseigne sur l'état de la
-Liu )ï: ce sont les six extrémités (les quatre superficie et de la profondeur du corps, sur l'état
membres, le sexe et l'anus) ; des organes, qui ont chacun leur lieu privilégié, et
-Shi Yi Mai: ce sont les onze méridiens (chaque sur la nature de l'agent pathogène en cause.
trajet de méridien est déjà décrit avec une très À partir de ces 4 opérations diagnostiques (pal-
grande précision de caractère quasi anatomique). per, observer, écouter, interroger), S règles dia-
De plus on relève toujours sur les documents gnostiques autorisent un bilan global de la situa-
du MÛ Wang Dui les termes de Qi (flux d'énergie), tion pathologique. Ces 8 règles sont fondées sur
Xue (sang et trajet du sang) et le]inq (essence sub- 4 « couples » : le couple vide/plein déterminera le
tile et « liant » entre îes différentes parties du corps), vide du Qi par rapport à l'augmentation du Qi patho-
le Ye (liquide organique) et le Shen (deuxième ton) gène, le couple biao/li (envers et endroit d'un vête-
(l'activité de l'esprit). ment) déterminera la localisation pathologique
Tout cela montre bien que ce premier docu- (superficielle ou profonde), le couple froid/chaud
ment comporte un grand nombre de parties du détermine la nature de la perturbation et le couple
corps considérées dans la civilisation chinoise yin/yang fixe les caractéristiques du déséquilibre
comme uisible et concret. Toutefois, à côté des de l'organisme malade.
aspects concrets du corps se rencontrent déjà des Chacune de ces étapes diagnostiques est essen-
termes qui font référence aux parties non visibles tielle pour l'identification du mécanisme pathogé-
du corps (par exemple les méridiens, le Qi) ou encore nique et pour conditionner le choix de la méthode
des aspects qui ne sont pas manifestes. De plus, on et des moyens thérapeutiques.
peut considérer qu'un nombre d'aspects visibles
se trouvent associés, en permanence, avec des
aspects non visibles (par exemple le Xue -sang- La thérapeutique
est associé au Qi non visible qui lui donne impul-
sion et mouvement). À chaque « schéma diagnostique » correspond
une thérapie, au contraire de la médecine occi-
dentale qui peut établir un diagnostic sans dispo-
Les outils du diagnostic ser de thérapie. La thérapie repose généralement
sur l'identification des constructions théoriques
Le diagnostic est établi à partir des informa- de chaque maladie et sur l'identification des états
tions recueillies par: morbides {signes ou syndromes visibles).
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ration, l'utilisation des plantes pouvait être pour parfois aussi des extraits d'animaux ou des
un clan une source de revenus non négligeable. extraits minéraux. L'ouvrage de pharmacopée chi-
L'ensemble considérable de la pharmacopée chi- noise le plus complet est le Ben Zao Gang Mu, Traité
noise se formera, à partir du développement de des plantes médidnaîes, écrit par Li Shi-Zhen
ces connaissances, par l'enrichissement des maté- entre 1552 et 1578. Dans ce livre sont décrits
riaux utilisés et par la multiplication des recettes 898 remèdes à base végétale, 1000 remèdes à base
mais aussi par l'élaboration de théories et par la d'extraits animaux ou minéraux et 8160 « pres-
mise en relation avec une vision de l'organisation criptions » (il a été en partie traduit dans diffé-
corporelle et de son fonctionnement. rentes langues occidentales: « Materia meàica »).
L'idéogramme qui signifie médecine est Yi : une Une légende montre l'empereur mythique
des interprétations de cet idéogramme décrit Shen Nong qui aurait essayé successivement toutes
l'image de pointes métalliques disposées comme les herbes existantes de façon à reconnaître celles
dans un étui, pointes qui n'exercent aucune agres- susceptibles d'avoir une efficacité thérapeutique :
sion mais vont servir, grâce à la main habile qui « en un seul jour il trouva 70 herbes toxiques ».
les manie rapidement et grâce àl'action des médi- Shen Nong est passé à la postérité comme le pré-
caments, à guérir le malade. Le caractère rappelle curseur vénéré de la pharmacopée chinoise. Les
donc que l'action des aiguilles doit être normale- textes de Ma Wang Oui (168 av. J.-C.)-Prescriptions
ment accompagnée de celle des médicaments. Ainsi pour 52 maladies, qui donnent des détails sur plus
une consultation d'acupuncture, en Chine, se com- de 200 substances- constituent la première trace
plète toujours par l'adjonction de produits, en géné- historique et un témoignage très impressionnant
ral préparés pendant la pose des aiguilles. Ces pro- sur la science des médicaments dans la Chine
duits sont le plus souvent d'origine végétale et sont antique. Les potions médicamenteuses ont été uti-
Harmonie
Dans le cadre des cinq mouvements l'harmonie obéit à Pour chacune des cinq catégories de mouvements, il existe
deux mécanismes différents, la génération et l'inhibition. donc quatre types de relations: générer, être généré par, inhi-
Lagénération, c'est le mouvementqui va nourrir, promouvoir ber et être inhibé par.
et aider au développement du mouvement suivant. C'est l'ensemble de ces relations qui forme l'équilibre (« c'est
L'inhibition, c'est le mouvement qui va contrôler, domi- l'ensemble des contradictions qui forme l'harmonie »).
ner un autre mouvement avec un ordre d'inhibition comme
il existe un ordre de génération.
"
Feu
Sud
Été
Cœur
Intestin grêle
Bots
Correspondances : interrelations Amer
Est
- le Feu fond le Métal Chaleur
Printemps
- l'Amer combat le Piquant Foie
- l'Eau éteint le Feu Vésicule biliaire Terre
- le Piquant combat l'Acide Acide Centre
- le Métal fend le Bois Vent Été prolongé
- le Salé est atténué par le Doux Rate
- le Bois appauvrit la Terre Estomac
- le Salé combat l'Amer Doux
- la Terre absorbe l'Eau Humidité
- l'Acide combat le Doux
Eau
- le Froid combat la Chaleur
Nord
- la Joie combat la Tristesse I
Hiver
- le Vent rend l'Humidité dangereuse Métal
Rein
- le Souci atténue la Peur Ouest
Vessie
- la Chaleur aggrave la Sécheresse Automne
Salé
- la Tristesse atténue la Colère Poumon
Froid Inhibition
- l'Humidité rend le Froid dangereux Cros intestin
- la Colère combat les Soucis Piquant Génération
- la Sécheresse rend le Vent dangereux Sécheresse
- la Peur combat la Joie (et inversement)
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La médecine traditionnelle chinoise
Usées en premier lieu contre des maladies cau- toire de la MTC. De son vivant il était un médecin
sées parles démons. Mais le Su Wen indique clai- et un alchimiste célèbre ; il a laissé à la postérité
rement que la croyance dans les démons et la réus- de nombreux ouvrages et un code de déontologie
site de la pharmacopée s'excluent l'une l'autre. chinois qui fait pendant au serment d'Hippocrate.
Dès les premiers traités, on retrouve des indi- Ses livres les plus connus sont le Qian Jin Fang (Les
cations concernant la hiérarchie des différentes Prescriptions ualant mille onces d'or) et le Qian/in Yfang
classes de médicaments dans une prescription (Les Autres Prescriptions ualant mille onces d'or). Ces
médicale: la classe supérieure regroupe les « sei- deux ouvrages contiennent plusieurs milliers de
gneurs » (Jim) comme la racine de ginseng, gage prescriptions, classées selon leurs indications thé-
de longévité. La classe inférieure est celle des « assis- rapeutiques et comportant souvent des conseils
tants et collaborateurs » (Zuoghi) comme les fruits très détaillés sur la préparation des substances et
de croton: elles combattent les maladies et sont sur la fabrication des médicaments (certains cha-
vénéneuses. pitres sont consacrés au diagnostic par l'examen
La troisième classe, intermédiaire, regroupe les des pouls et d'autres, consacrés à l'acupuncture
« ministres » (Chen) : certaines seulement sontvéné- et à la moxibustion).
neuses et donc ont un pouvoir de guérison, mais Il est étonnant que pendant mille cinq cents
pas toutes. ans, en Chine, deux traditions médicales aient pu
Sun Simiao {581-682, dynastie desTang) est une être décrites, développées et pratiquées sans se
des personnalités les plus passionnantes de l'his- rencontrer: d'un côté, la médecine des corres-
pondances systématiques avec l'application d'une
forme d'acupuncture et de diététique inspirée des
doctrines du yin et du yang et de la théorie des
5 éléments ; de l'autre côté, la médecine pharma-
ceutique qui, sans aucun regard sur la doctrine
des correspondances systématiques, tentait d'éta-
blir des liens entre les effets des médicaments et
d'innombrables symptômes ou maladies. Ce n'est
qu'au xne siècle que ces deux traditions ont pu se
rapprocher et constituer un savoir-faire pharma-
ceutique très élaboré : des procédés de la cueillette
(localisation, saisons, etc.) aux procédés de pré-
paration mécanique, en passant par le mode de
mise à la disposition des patients, tout a été codi-
fié au long des siècles (jusque dans les années cin-
quante où un effort d'explications détaillées a été
fait en Chine pour nombre de remèdes).
Le Qi Gong
et les autres techniques physiques
Elles ont toutes pour fondement une pratique
particulière de la respiration que les Chinois appel-
lent respiration embryonnaire, qui consiste selon Gra-
net à « respirer à la manière d'un embryon en cir-
cuit fermé ». La respiration n'est donc plus un
phénomène purement thoracîque, elle s'étend au
fonctionnement de tous les tissus et concerne en
particulier les viscères qui sont alimentés, comme
cela se produit chez l'embryon, par un apport d'oxy-
gène peut-être relativement limité mais physio-
logiquement adapté.
La respiration « embryonnaire » vise, par la res-
piration abdominale, au contrôle de la respiration
La pharmacopée de la médecine traditionnelle chinoise.
La plupart du temps, les diverses substances (végétales,
viscérale et même tissulaire, ce qui assure ainsi la
minérales et animales) sont utilisées en association. vie végétative. C'est en tout cas la clé de voûte des
(photo : Aigus Photo/and / BSiP) exercices du Toi)i Quan dont la pratique est popu-
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La médecine traditionnelle chinoise
Chronologie
Dynasties Repères
Chine Occident
Néolithique -5000/-1050 Découverte de la soie (-2640)
Dynasties légendaires Culture de Yang Shao : poteries rouges (four) Architecture mégalithique
• empereurs Fu Xi, Nu Cua, Shen Nong Culture de Long Shan : poteries noires (tour)
• les 5 souverains (dont Huang Di) Grands travaux hydrauliques (déluge ?)
-II!' millénaire/-XfiiF siècle, dynastie Xia Inscriptions oraculaires, divinatoires
-XVIIIe $Iècle/-XVF siècle, dynastie Shang Royauté féodale Thérapeutique religieuse
-xi° siècle/-256, dynastie Zhou Annales - Tradition
• Zhou occidentaux (-xf siècle/-771) Logiciens - Yi Jing (Mutations 64 hexogrammes) Plaute (-254)
• Zhou orientaux (-770/-256) Confucius, Meng Zi Hannibal (-247)
-772/-481, Printemps et Automnes Démonologie Médecine hippocratique (4 humeurs)
-480/-453, les 5 « Hegemons » Pharmacothérapie Culte Asdepios
-453/-221, les Royaumes combattants Théorie des correspondances systématiques Pharmacothêrapie
618-907, dynastie des Tang Période de sinisation du bouddhisme Compilation arabe de la pharmacopée
• 690-704, Wuzitian, dynastie des Zhou Renaissance confucéenne grecque
• 755-763, révolte de Antu Shan Sun Simiao (déontologie - médecin mythique)
Art littéraire (poésie : Wang Wei, Lipo, 635, début de l'expansion musulmane
Dofu MengJiao...) Thérapeutique chrétienne (reliques, prières)
Ophtalmologie (Inde) Charlemagne (768 - 814)
655. Traité médical sur le traitement
907-960, les 5 dynasties (période du diabète et du goitre
de désunion) dont les Zhou postérieurs
1280-1368, dynastie mongole des Yuan Développement du théâtre Retour à la médecine ancienne
(Chenghiz Khan) Théorie pharmacologique des (sources arabes)
correspondances systématiques Les Templiers (1300)
Théories étiologiques La Divine Comédie (Dante 1311)
La guerre de Cent Ans
1368-1644, dynastie des Ming 1407 La Cité interdite à Pékin Jeanne d'Arc (1429)
Missionnaires jésuites (M. Ricci) Cutenberg (1437)
1644-1912, dynastie des Oing LiShiZhen (1518-1593), Découverte de l'Amérique (C. Colomb)
(Mandchous) Encyclopédie d'histoire naturelle Paracelse, usage de substances chimiques
1601 Zhen ju da cheng, en thérapeutique
Encyclopédie d'acupuncture Harvey, circulation du sang
1822 Interdiction de /'acupuncture Médecine et sciences modernes
Influence de la médecine occidentale
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La médecine traditionnelle chinoise
larisée sur tout le territoire chinois. Avant d'être bouddhiste, confucianiste, médicale, populaire;
un fondement à la pratique des arts martiaux (judo, selon la position du corps: debout, assis, allongé,
karaté, etc.), le vrai but reste l'entretien de l'har- voire en marchant.
monie interne, la bonne relation avec toutes les Dans le Qi Gong en mouvement, la pensée, la
forces de l'environnement. respiration et les mouvements doivent être coor-
D'autres exercices physiques s'appuient sur la donnés. À l'intérieur on s'exerce au repos de l'es-
respiration : le Qi Gong, le Gong Pu et le Dao Yin. prit ; à l'extérieur on fortifie les tendons, les muscles
« Dans l'inspiration-expiration (Tu Na), il faut et les os. Cette méthode exige le calme dans le
recracher le vieux, l'usagé et absorber le nouveau, mouvement. Les différents exercices du Qi Gong
le neuf: on imite le mouvement de l'ours et celui en mouvement procèdent en général par une suite
de l'oiseau, ainsi on obtient la longévité. Ainsi font de mouvements définis pour obtenir des résultats
ceux qui pratiquent le Daoyin, qui nourrissent le précis soit dans le maintien en bonne santé, soit
corps grâce à l'action du Qi » (Zhuang Zi, 480- 220 dans le traitement des maladies.
av.J.-C.?}. Dans le livre Zhang Zi (entre 405 et 150 av. J.-C.)
« Inspirez et expirez le subtil de l'air, gardez est indiqué combien il est important de combiner
uniquement l'esprit, soyez exempt de toute pen- les mouvements de la respiration avec l'imitation
sée » (Canon de l'empereur Jaune). des mouvements des animaux pour ce qui concerne
C'est sur la base de la concentration de l'es- le Dao Yin. Les plus anciens documents sur les-
prit et de l'âme que l'on dirige la circulation du Qi quels on peut voir les mouvements du Dao Yin sont
suivant le trajet des méridiens. Cette circulation les peintures sur soie en couleur trouvées dans un
se fait suivant un rythme comparable au rythme tombeau de la dynastie des Han dans la province
d'alternance du Soleil et de la Lune: c'est pour- du Hunan au lieu-dit Ma Wang Dui (168 av.J.-C.).
quoi l'on parle de circulation céleste. On favorise On y trouve décrites 44 postures, dont la plupart
ainsi la circulation du Qi pour parvenir au Vide. décrivent des mouvements imitant les mouvements
Plus tard les bouddhistes ont développé une d'animaux, comme par exemple la marche de l'ours,
méthode complémentaire qui consiste à concen- le loup qui tourne la tête, le cri du singe, etc. Ces
trer les pensées pour arriver à la sérénité du cœur. mouvements sont très légers, très liés, très déten-
L'adepte entraîné arrive à « détendre » son corps dus, cela ressemble aux mouvements d'une res-
et son âme jusqu'à oublier tous ses soucis et par- piration harmonieuse et, par là même, ces mou-
venir à l'oubli total de son corps. vements parviennent à harmoniser la respiration,
Selon les taoïstes, « dans le ciel 11 y a trois tré- et à préserver la bonne santé.
sors : le Soleil, la Lune et les étoiles. Chez l'homme
il y a aussi trois trésors : le Jing (le subtil), le Qi (le
souffle, l'énergie) et le Shen (l'esprit) ». Toujours
selon les taoïstes, la durée naturelle de la vie Conclusion
humaine est de l'ordre d'une centaine d'années.
Si les êtres humains ne parviennent que très rare- Toutes les techniques thérapeutiques de la MTC,
ment à cet âge avancé, c'est parce qu'ils contrent des plus simples aux plus complexes, ont comme
la nature. Pour atteindre le rétablissement de la première prétention théorique l'acquisition de la
vie dans sa durée naturelle les taoïstes ont éla- longévité. La longévité signifie ici vivre son lot de
boré deux méthodes : vie intégralement ou, comme le dit ZhuangZi : «Vivre
-la première vise à prolonger la vie par l'action de le lot d'années que le ciel impartit à chacun. »
médicaments fabriqués à base de minéraux. Ces Aux époques traditionnelles, ces techniques
substances portent le nom générique de Wei Dan existaient certainement. Plus tard, elles reçurent
(traduction par « cinabre externe ») ; des influences taoïstes et bouddhiques. Actuelle-
-la seconde vise à élaborer une substance par un ment il est probable qu'elles aient subi quelques
travail intérieur. Cette substance est alors appe- transformations, mais elles subsistent toujours.
lée Nef Dan, que l'on traduit généralement par La MTC nous apparaît donc comme une véri-
« cinabre interne ». Dans la tradition, la méthode table médecine psychosomatique, greffée sur l'en-
pour fabriquer le cinabre interne utilise le }in, le Qi vironnement à la fois héréditaire et cosmique, l'en-
et le Shen comme « éléments principaux » : le sub- semble formant une « énergétique » en perpétuel
til en est la base, l'énergie en est le moteur et l'es- mouvement et généralisée.
prit en est le directeur. Docteur Jean-Raymond Attali,
Il existe de très nombreuses formes de Qi Gong directeur du diplôme universitaire
qui peuvent être classées selon leur origine : taoïste, de médecine chinoise, UFR de Bobigny
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