Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
NTIC
VOTRE
NUMÉRIQUEMENT
LES ÉCHOS QUOTIDIEN - JEUDI 20 DÉCEMBRE 2012 www.lesechos.ma
2. SPÉCIAL NTIC
Enjeu stratégique
L'essor du secteur des NTIC constitue un enjeu stratégique pour le développement économique du royaume.
Les efforts de toutes les parties prenantes sont nécessaires pour réussir le pari de l'essor de ce secteur.
Les Echos quotidien y consacrent un dossier spécial pour mieux appréhender ses principales problématiques.
même plus loin puisque le choix de déve-
lopper ce secteur pour y occuper une place
de «leader régional» est entériné. Plus en-
core, aujourd’hui, l'apport des NTIC est in-
contestable et exerce un impact direct sur
les principales activités économiques, au
moment où le Maroc est de plus en plus ou-
vert sur le marché mondial. Qui dit ouver-
ture, dit bien évidement réseaux, tech-
niques et moyens de communication
performants. C’est à juste titre sur ce point
que les travaux de nombreux acteurs se re-
joignent. Des départements ministériels, en
passant par les observatoires, les associa-
tions, les entreprises (tous secteurs confon-
dus), chacun a un rôle déterminant à jouer,
dans une dynamique de développement des
NTIC d’ores et déjà enclenchée. Quels sont
alors les principaux enjeux du développe-
ment de ce secteur au Maroc ? Quel impact
pour l’e-gouvernement sur les principales
activités économiques du pays ? Pour le sec-
teur privé, miser sur les NTIC signifie-t-il in-
trinsèquement un gain de compétitivité ?
En termes de formation, le Maroc est-il à
même d’assurer une main d’œuvre qualifiée
pour mener le chantier des TIC ? Le privé
suivra-t-il la cadence ? Autant de probléma-
Q
uelques jours seulement nous sé- bellé de la stratégie sensée encadrer le déve- même si les réalisations sont nombreuses. tiques essentielles auxquelles Les Echos
parent de l’année 2013, date à la loppement du secteur. Maroc Numéric En fait, l'important est dans le fait qu'elle quotidien ont décidé de consacrer un dos-
fois fatidique et emblématique 2013, pour la nommer, arrive à son terme permette de cristalliser les efforts de tout un sier spécial afin de mieux appréhender ce
pour le secteur des Nouvelles technologies dans un an. Elle est toutefois loin d'avoir at- chacun pour permettre l'éclosion des NTIC secteur à la fois vaste, structuré et surtout
de l’information et de la communication teint tous les objectifs qui lui ont été assigné comme réel vecteur de développement. stratégique pour le développement écono-
(NTIC). Et pour cause, elle figure dans le li- et devrait donc connaître une reconduction L'ambition marocaine en la matière va mique du royaume. ❚
SOMMAIRE
• Interview : Abdelkader Aâmara, Ministre de l'Industrie, du commerce
4
• Interview : Jamal Benhamou, Directeur du Soft Centre p.10
10 15
• Le BYOD à la conquête des entreprises
4. SPÉCIAL NTIC
Abdelkader Aâmara,
Ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies.
SPÉCIAL NTIC .5
La course est lancée d’assurer un accès Internet généralisé et des moyens d’in-
nover probants. Dans un premier temps, le préalable de
l’accès aux réseaux Internet n’est malheureusement pas as-
Le vent de développement qui souffle sur le secteur des TIC n’aura pas suré. Les Marocains restent globalement assez «mal
connectés» aux réseaux Internet et un travail sur la qualité
contourné le Maroc. Depuis quelques années, le pays semble avoir saisi les et la disponibilité du réseau doit être effectué par les prin-
enjeux de ce chantier d’envergure et ambitionne aujourd’hui de se positionner cipaux opérateurs télécoms. Dans un deuxième temps,
en «hub régional». Sa position géographique et son classement continental en l’amélioration de l’innovation et de la recherche scienti-
la matière sont autant d’atouts qui lui permettent de briguer ce statut, à fique constitue aujourd’hui une priorité, en ce sens qu’elle
condition de régler un certain nombre de points de blocage «techniques» peine à présenter des indices de croissance encourageants.
Cette «défaillance» pourrait donc bien constituer un frein
qui persistent. dans la stratégie de développement de l’IT au Maroc. Si la
volonté de développement des NTIC semble présente, la
dynamique peine encore à carburer. ❚
T
op chrono. Le Maroc n’a plus de temps à perdre. Le
pays veut saisir les opportunités en se lançant dans
une quête de leadership régional. Sa position parmi
les 4 pays d’Afrique les plus avancés sur le terrain des NTIC
(Nouvelle technologies de l’information et de la commu-
nication), aux côtés de l’Afrique du Sud, de l’Égypte et de la
Tunisie justifierait cette ambition. En briguant cette posi-
tion de leadership, le pays tend à s’ériger en «hub technolo-
gique générateur de richesses sur le continent africain», inscri-
vant cet objectif dans l’ordre du jour d’une stratégie globale
du secteur. Dans cette optique, Maroc Numéric 2013 trace
la feuille de route du développement des technologies de
l’information dont l'enjeu est d’autant plus déterminant
que le secteur joue un rôle moteur dans la promotion de
l’innovation et le développement de l’économie nationale.
Selon le rapport de la FEM publié en 2010, «il est aujourd’hui
incontestable que les TIC permettent d’améliorer la compétitivité
des entreprises, le développement de l'économie et la prospérité».
Afin d’assurer ce développement, le Maroc doit améliorer
son classement mondial (88e), ainsi que son classement
dans le groupe des pays à «revenu intermédiaire tranche
inférieure» dans lequel il occupe le 15e rang (derrière la Tu-
nisie, la Jordanie et l’Égypte).
Accès et innovation
La réalisation des ambitions citées reste tout de même tri-
butaire de nombreux facteurs, avec à leur tête la nécessité
LES ÉCHOS QUOTIDIEN - JEUDI 20 DÉCEMBRE 2012 www.lesechos.ma
6. SPÉCIAL NTIC
L
’évaluation de la stratégie Maroc Nu- vise la généralisation à toutes les filières, a documents commerciaux, au-delà de la ciliter les procédures administratives à tous
méric 2013 est désormais réalisée. profité à 37.426 étudiants parmi les 44.000 convention signée par l’ANPME, le MICNT les niveaux, promettait à son lancement
L’annonce faite par le ministre de éligibles. Le programme Nafid@ a, quant à et l’OCP, la sélection d’une solution cible de d’exercer un impact direct sur le citoyen et
l’Industrie, du commerce et des nouvelles lui, permis l’équipement de 150.000 étu- dématérialisation des documents est en sur les activités économiques et entrepre-
technologies, Abdelkader Aâmara aux diants en matériel informatique et en cours dans le but de mettre en place une pla- neuriales du pays. C’est dans ce contexte que
Échos Quotidien, à l’occasion du MED IT connexions Internet. Les prochaines actions teforme de dématérialisation des docu- son bilan est scruté à la loupe. Le dernier rap-
2012, n’a pris que quelques semaines pour sur le volet «transformation sociale» de- ments commerciaux. Tout ceci devra port du Conseil national des technologies de
être concrétisée. À quelques jours de 2013, vront se concentrer sur l’équipement de connaître la mobilisation de grands don- l’information et de l’économie numérique
année de la dernière ligne droite, le Conseil près de 7.600 établissements scolaires (du neurs d’ordres pour l’utilisation de la nou- laisse en effet entendre un rapide développe-
national des technologies de l’information primaire au lycée) en matériel informa- velle plateforme. Dans le cadre du plan Infi- ment du e-gov avec la réalisation de projets
et de l’économie numérique dresse un bilan tique, la mise en place de formations, le dé- tah, lancé en mars 2011, des négociations de désormais opérationnels pour ne citer que le
à fin novembre dans lequel il revient sur les veloppement des usages ainsi que la prépa- nouvelles offres devraient s’ouvrir avec les e-consulat, la déclaration des douanes
principales réalisations de Maroc Numeric ration d’une convention pour opérateurs privés dès l’année prochaine. (BADR), la déclaration sociale pour les em-
et trace les contours de nouveaux plans de subventionner les fonctionnaires afin d’ac- ployés, la gestion intégrée de la dépense pu-
mise en œuvre des différents projets de la quérir un matériel à bas pris. En ligne avec Encore du chemin à parcourir … blique, le passeport biométrique et le paie-
stratégie. Ainsi envisagée dans ses multiples ces mesures, une nouvelle édition Injaz En restant dans cette logique de développe- ment des taxes en ligne. À côté de ces
volets, la stratégie semble accuser un retard 2012-2013 devrait être lancée, accompagnée ment du tissu entrepreneurial grâce aux réalisations, des projets en cours attendent
global confirmant par là la nécessité de lan- de l’élaboration d’un plan de mise en œuvre nouvelles technologies de l’information, la une activation, notamment la création d’en-
cement d’une nouvelle version. Plus concrè- relatif à l’étude réalisée pour le développe- mesure «Industrie TI» a connu la définition treprises en ligne, la commande de docu-
tement, sur le volet «transformation so- ment de la connexion Internet haut débit. du modèle de gouvernance des fonds et de ments administratifs, la dématérialisation
ciale», notamment en ce qui concerne le En ce qui concerne l’amélioration de la pro- la structure de gestion avec notamment la de la commande publique, la dématérialisa-
programme GENIE, la tutelle fait au- ductivité des PME à travers l’informatisa- mise en place du Comité national de l’inno- tion des procédures d’import-export ainsi
jourd’hui état de l’équipement de près de tion de ces structures entrepreneuriales, un vation (CNI), l’ouverture d’un fonds d’inves- que le paiement de l’impôt sur les sociétés et
9.997 établissements scolaires et de l’instal- des points phares de la stratégie Maroc Nu- tissement dédié avec une enveloppe de 100 la TVA en ligne. Ceci sans compter les pro-
lation de 2.838 connexions à Internet, de la meric 2013, le travail effectué dans le cadre MDH sur le point de financer deux projets jets qui ne sont toujours pas réalisés comme
mise en place du Laboratoire national des du programme Moussanada TI a permis approuvés parmi les 40 porteurs de projets. la modernisation de l’état civil, l’identifiant
ressources numériques, ainsi que de la for- jusque-là de présenter des offres opération- Dans la dimension juridique, des textes de commun du citoyen ou encore le système
mation de 146.608 acteurs. Pour ce qui est nelles adaptées aux besoins de chaque sec- loi régissant les activités R&D et innova- d’information de l’éducation. Globalement,
du plan Injaz 2 et 3, les programmes ont pro- teur d’activité et le suivi de 1.150 demandes, tion, adoptés en concertation avec les partis le projet semble être sur les rails, palliant par
fité jusque-là à près de 20.260 élèves-ingé- dont 868 en cours, et 282 contractualisa- concernés, ont été introduits dans le circuit là à un bilan moins encourageant sur les au-
nieurs et assimilés tandis que Injaz 3, qui tions. Concernant la dématérialisation des de validation. tres volets de la stratégie. ❚
www.lesechos.ma LES ÉCHOS QUOTIDIEN - JEUDI 20 DÉCEMBRE 2012
SPÉCIAL NTIC .7
L
e bémol de l’innovation. Voilà ce qui pourrait logies, Abdelkader Aâmara, dans lesquelles il mise sur nombre de chantiers futurs permettant par là aux
bien faire grincer la machine «développement la réactivité du secteur privé dans le processus de dé- PME et TPE marocaines opérant dans le secteur d’ac-
des NTIC» au Maroc et mettre à mal les ambi- veloppement de l’innovation : «Les entreprises maro- célérer la cadence de l’innovation. ❚
tions de leadership régional du pays. Aujourd’hui, les
statistiques parlent d’un manque à gagner dans le sec-
teur dans lequel 80% du chiffre d’affaires sont concen-
trés dans les télécoms, 5 % dans la distribution et où
seulement 1% du CA global est assuré par la produc-
tion de logiciels innovants jusque-là toujours initiés
par de grands groupes. La compétition dans laquelle le
Maroc s’est lancé depuis quelques années ne lui a laissé
d’autre choix que de soutenir ses PME et leur capacité
à innover. Dans ce contexte des programmes sont mis
en place pour faire émerger de nouvelles structures en-
trepreneuriales à fort potentiel de développement. Ce-
pendant, si la volonté est là, les moyens mis en œuvre
sont largement insuffisants selon les opérateurs du
secteur. Aussi, de nombreuses interrogations sont au-
jourd’hui posées, à savoir quelles conditions favorables
impulser pour assurer l’émergence de produits IT in-
novants made in Morocco ? Comment fournir au mar-
ché des compétences en phase avec ses besoins ? Et
quelle part occupe aujourd’hui la contribution de l’in-
novation dans la dynamique de développement de l’in-
dustrie IT marocaine, à l’aune de ses ambitions régio-
nales ? Pour Soumaya Iraqui Houssaini, directrice de
l’innovation en R&D et des technologies avancées au
ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles
technologies : «Le dispositif mis en place par la tutelle pour
encourager le développement de l’innovation au sein des
PME PMI marocaines est opérationnel et 80 à 90% des pro-
jets innovants au Maroc concernent des entreprises œuvrant
dans le secteur des TIC.». Il faut rappeler que cette poli-
tique de soutien à l’innovation vient d’être mise en
œuvre il y a 18 mois, ce qui pourrait bien expliquer le
faible impact qu’elle exerce à ce jour sur le développe-
ment de l’innovation marocaine. En parallèle à ce dis-
positif, d’autres acteurs opèrent également pour dyna-
miser les projets innovants et soutenir les start up
présentant des projets novateurs. Rappelons le concept
Maroc Numeric Cluster lancé en septembre dernier ou
encore des entreprises privées comme le Soft Centre.
Ces deux modèles «d’incubateurs d’innovation» res-
tent aujourd’hui les principaux leviers de croissance
pour la R&D dans l’IT.
Lenteur et rigidité
Pour prendre l’exemple du Soft Centre dans un pre-
mier temps, une quinzaine de projets innovants ont
pu voir le jour depuis sa création. Ce qui reste globale-
ment insuffisant pour un secteur qui se revendique en
plein essor. Selon les témoignages des entrepreneurs
du domaine de l’IT, le blocage réside dans les méca-
nismes de financement jugés «trop rigides». Le délai
d’octroi d’un financement à un projet innovant prend
selon ces professionnels trop de temps au regard du
contexte très compétitif dans lesquels les entreprises
marocaines évoluent et dans lequel la rapidité reste
un critère essentiel. En réponse, des responsables au-
près du ministère de l’Industrie, du commerce et des
nouvelles technologies expliquent : «cette lenteur est
justifiée par le fait que ces procédures obéissent à des règles
de précaution strictes dictées par les exigences du ministère
de l'Économie et des finances, principal pourvoyeur de
fonds». Ceci vient rappeler les directives du ministre
de l'Industrie, du commerce et des nouvelles techno-
LES ÉCHOS QUOTIDIEN - JEUDI 20 DÉCEMBRE 2012 www.lesechos.ma
8. SPÉCIAL NTIC
Mohamed Lakhlifi,
Président de l’APEBI.
les gains de productivité réalisés grâce aux informa- d’enregistrer des tout d’abord le lancement d’une étude de marché
pour disposer de plus de visibilité.
tisations menées ? Enfin, le dernier sujet sensible et retards pour un plan de
stratégique, c’est l’e-gov ou l’administration électro-
nique. Tout le monde est d’accord aujourd’hui sur le
six ans aussi ambitieux, Quelles opportunités ce marché présente-t-il ?
Nous n’avons pas encore de chiffres pour ce marché,
fait qu’il faut une gouvernance efficace via une à cheval entre deux mais la croissance enregistrée dans les pays que nous
agence dédiée à ce chantier clé de Maroc Numeric. gouvernements. ciblons présage d’un marché TIC en forte croissance
dans les prochaines années. Il faut donc investir au-
Quels sont aujourd’hui les points de blocage que rencontrent jourd’hui dans les relations-clients et en lobbying
les entreprises marocaines dans le développement avec ces pays pour en tirer les bénéfices demain. ❚
www.lesechos.ma LES ÉCHOS QUOTIDIEN - JEUDI 20 DÉCEMBRE 2012
SPÉCIAL NTIC .9
L
es professionnels sont presque unanimes. Les les secteurs financiers détiennent la palme d’or en ce désormais plus uniquement sur le produit, mais
nouvelles technologies de l’information qui concerne l’intégration des TI dans leurs activités, concerne davantage de secteurs comme ceux des pro-
(NTIC) sont un véritable plus, que les entre- en ce sens qu’ils dépensent le plus en SI tant en valeur cédés ou encore des services. Pour les entreprises ma-
prises gagneraient à mettre à contribution dans le dé- absolue qu’en pourcentage. En termes de mobilisa- rocaines, l’innovation par le SI dans les services est
veloppement de leur modèle de compétitivité. Ce tion des ressources, l’entreprise marocaine dédie en aujourd’hui la clé de la compétitivité au niveau mon-
constat étant fait, la réalité du terrain témoigne en- moyenne une ressource humaine SI pour 65 em- dial. En effet, à titre d’exemple, rien ne servirait au-
core d’un retard enregistré dans l’investissement TIC, ployés. Concernant les principaux objectifs des DSI jourd'hui d’avoir le meilleur produit sur le marché si
malgré la prise de conscience générale de l’impact des marocains, 88% d’entre eux estiment que ces der- ce dernier n’est pas livré dans les meilleurs délais et
nouvelles technologies sur leur compétitivité. Le der- conditions.
nier baromètre de la fonction SI réalisé par le cabinet
Infominéo donne une visibilité chiffrée du niveau
L’informatique est C’est là qu’intervient le rôle de l’innovation par le SI.
d’intégration des nouvelles technologies au sein des aujourd’hui un des Aussi, l’informatique est aujourd’hui un des princi-
paux supports de projets innovants réalisés dans les
entreprises marocaines. Ainsi, ces dernières ne consa- principaux supports différents secteurs d’activité, devenant par là une
crent en moyenne que 0,82 % de leur chiffre d’af-
faires à la fonction IT. Dans le détail de ce ratio, ce der-
des projets innovants «pierre angulaire» de la performance globale de l’en-
treprise. Selon les professionnels du secteur des TI, le
nier varie entre 0,01% et 2,1% selon les secteurs réalisés. lien entre fonction SI et innovation n’engendre pas
d’activité. Dans ce cadre, les grandes entreprises véritablement de bouleversements dans le mode de
consacrent en moyenne 1,04% de leur CA à la dé- fonctionnement des entreprises, de quoi rassurer les
pense IT, au moment où les PME consacrent beau- plus sceptiques à la conversion au tout numérique. ❚
coup moins. En fragmentant les dépenses des entre-
prises dans ce domaine, l’investissement dans le
matériel informatique et l’infrastructure représente
près de la moitié du budget SI de la majorité des en-
treprises marocaines, quand les services IT gagnent Les DSI face à l’obligation de pertinence
du terrain avec la montée des solutions packagées
sous forme de service (SAAS, open source, facturation Si les apports des NTIC dans l’entreprise ne sont plus à démontrer, il convient cependant pour les directeurs de systèmes d’in-
à l’usage). Dans ce contexte, l’acquisition de nouvelles formation de faire preuve de beaucoup de pertinence. Selon le dernier sondage infominéo, le DSI est en 2012 le principal dé-
solutions matérielles et logicielles a permis à près de cisionnaire en matière d'investissement IT. Dans ce sens, les spécialistes de la fonction SI s’accordent sur le fait que les DSI
57% des entreprises d’augmenter leur budget SI en doivent aujourd’hui élargir leurs perspectives, pour éviter une «surestimation de la pertinence actuelle de l'entité informatique
2012, ce qui permet d’atténuer les effets d’un contexte pour la réussite de l'entreprise, ce qui entraînera un excès de confiance de leur part et un décalage avec les attentes des
économique défavorable. En effet, malgré la conjonc- PDG».Quelques expériences récentes auraient en effet conduit à une orientation trop tactique de l'informatique, qui a fait en
ture économique, près de 60% des DSI disent avoir sorte que les PDG et les DSI sous-estiment le potentiel d'innovation de l'informatique, laissant leur entreprise vulnérable à
augmenté leur investissement IT en 2012, contre seu- une concurrence perturbatrice.
lement 21% qui auraient revu leur budget IT à la
baisse. Dans une approche sectorielle, les télécoms et
LES ÉCHOS QUOTIDIEN - JEUDI 20 DÉCEMBRE 2012 www.lesechos.ma
Jamal Benhamou,
Directeur du Soft Centre.
sont des ressources issues des pôles de production, donc Maroc peut se la production de services mobiles en adéquation avec
les attentes des citoyens est garante du développe-
accaparées par les aléas du quotidien et ne disposant positionner sur 4 ment de ce nouveau canal. Sur ce segment, nous in-
donc pas du temps et du recul nécessaires à l’aboutisse-
ment des échanges. À la différence des donneurs d’or-
segments d’activités, à tervenons principalement sur des opérations de por-
tage de service en ligne vers un mode «application
dres étrangers qui produisent du progiciel et sont donc commencer par celui de mobile» sur les canaux mobiles, ainsi que sur le déve-
à même de pouvoir externaliser une partie de ce dernier
dans le cadre de projets R&D, les entreprises maro-
la monétique. loppement de concepts novateurs sur le plan du mar-
keting mobile. Les demandes relatives à la concep-
caines produisent principalement du développement tion de projets dans le Cloud computing
spécifique. commencent à émerger aussi. ❚
www.lesechos.ma LES ÉCHOS QUOTIDIEN - JEUDI 20 DÉCEMBRE 2012
«
O
n n’arrête pas la technologie». Ce credo commu- ception relevés par l’ANRT varient respectivement entre 2 plus privilégiés en termes de disponibilité et de qualité de
nément repris par les professionnels du sec- et 4 secondes et entre 1,028 Mbps et 1,734 Mbps. Le débit connexion. L’approche chiffrée permet donc de dresser un
teur de l’IT semble parfaitement seoir aux per- moyen d’envoi et émission, est situé entre 55 Kbps et 297 bilan globalement positif de la connectivité des Marocains
formances des télécoms au Maroc. À l’instar de nombreux Kbps. Concernant le service Internet mobile 3G sur PC, le via les terminaux mobiles, à l’aune des bons résultats que
marchés émergents de par le monde, la téléphonie mobile rapport de l’ANRT fait ressortir un taux global de présente aujourd’hui le marché de la téléphonie mobile et
«made in Morocco» continue son ascension, stimulée par connexion réussie entre 98,46 et 99,69% parmi les trois du taux de pénétration qu’il enregistre. ❚
une concurrence en hausse et des prix en baisse depuis près
d’un an et demi. La dernière étude réalisée par l’Oxford Bu-
siness Group note une augmentation du taux de pénétra-
tion du téléphone portable dépassant même l’objectif fixé
par le gouvernement dans le cadre de sa stratégie «Maroc
Numeric 2013», à savoir atteindre 34 millions d’abonne-
ments téléphoniques, fixes et portables avant fin 2013.
Dans une relation de cause à effet, cet objectif a pu être at-
teint, voir dépassé grâce à une hausse des abonnements de
téléphonie mobile, qui se chiffrent actuellement à 38,3 mil-
lions pour une population de 32 millions d’habitants. Ce
constat porte donc le taux de pénétration actuel de la télé-
phonie mobile à 120%, contre 113,6% fin 2011. Dans cette
configuration, la course est lancée entre les différents opé-
rateurs téléphoniques qui veulent tous trois se tailler une
part dans ce marché en plein essor.
Connectivité assurée
L’ANRT le confirme. Les Marocains sont globalement
connectés à la Toile via les terminaux mobiles.
Le service Internet mobile 3G sur smartphones présente
un taux global de connexion réussie (connexion établie
dans un délai inférieur à 1 minute) oscillant entre 98,2 et
98,83%, selon l'opérateur. Ainsi, le délai moyen de
connexion et le débit moyen de téléchargement et de ré-
LES ÉCHOS QUOTIDIEN - JEUDI
MARDI20
23DÉCEMBRE
OCTOBRE 2012
2012 www.lesechos.ma
Zouhair Lakhdissi,
DG de Dial Technologies.
maternelle de l’utilisateur (arabe dialectal, arabe clas- de la reconnaissance et cation avec le citoyen via des serveurs vocaux interac-
tifs et enfin comme moyen de notification vocale sur
sique, amazigh). de la synthèse vocale ne leur téléphone, pour ce qui relève d’informations im-
Anas Benmassaoud,
Directeur des ventes Terminaux Huawei.
Mohamed Benboubker,
Directeur associé de Mobiblanc.
L
’industrie des TIC intègre le concept ployés la possibilité de travailler d’où ils le sou-
«Bring your own device» (BYOD). haitent, quand ils le souhaitent, ce qui permet
C’est en substance ce que révèle la ré- aux employés de travailler à leur manière», ex-
cente étude menée par Cisco et dont les ré- plique Hassan Bahij, directeur de Cisco
sultats attestent d’une nouvelle réalité dans Maroc. Plus encore, le BYOD représente au-
le monde du travail, à savoir l’outil «hight jourd’hui une porte d’entrée sur des avan-
tech» personnel. Ceci ne serait, selon les ex- tages commerciaux plus importants pour
pert Cisco, pas qu’une simple tendance qui les entreprises.
se dégage à l’aune de la révolution des ta- Plus de 76% des leaders IT interrogés jugent
blettes et des smartphones, en ce sens que d’ailleurs cette pratique extrêmement posi-
les managers reconnaissent désormais la né- tive, tout en y voyant des défis importants
cessité d’une approche plus «holistique», pour l’industrie.
qui présenterait une évolution s’adressant à D’autre part, la disponibilité des terminaux,
«la mobilité, à la sécurité, à la virtualisation PC, smartphones et tablettes favorisent
ainsi qu’à une politique de gestion de réseau». Ce d’autant plus la mobilité et l’utilisation de
nouveau concept permet donc de mieux tiers appareils qui ne cessent d’augmenter.
gérer les coûts, tout en présentant une expé- D’ici 2014, le nombre moyen d’appareils
rience optimale là où des économies peu- connectés par travailleur intellectuel attein-
vent être réalisées. Dans ce sens, les béné- dra 3.3, contre une moyenne de 2.8 en 2012
fices quantifiables ainsi que les complexités dans le monde et les initiatives mobiles
inhérentes au fait d’autoriser les employés consommeront en moyenne environ 20%
à utiliser leurs propres appareils mobiles BYOD au sein de leur entreprise, avec un ployés sur le lieu de travail». des budgets IT en 2014, comparé au taux de
sur les réseaux de leurs employeurs doivent taux d’utilisation atteignant les 95% des 17% en 2012. Voilà ce qui devrait booster les
être pris en compte. Cependant, malgré personnes interrogées. Ces dernières affir- Concept adopté intentions des chefs d’entreprise qui hési-
cette difficulté, de nombreuses structures ment que «leur organisation permet l’utilisa- «En s’appuyant sur un réseau intelligent, les en- tent encore à adopter ce nouveau mode de
permettent aujourd’hui la pratique du tion d’appareils mobiles appartenant aux em- treprises peuvent désormais offrir à leurs em- travail au sein de leurs structures. ❚
E
ntre «réticences» et «nécessité», la prise relèvent davantage «la difficulté de rapatrier les
de décision des DSI balance. Toutes les données en interne», alors que 18% hésitent
grandes entreprises nationales semblent par méconnaissance du cloud. Malgré tous ces
avoir pris conscience de l’importance d’optimi- blocages, le cloud présente des avantages dans
ser les investissements et d’améliorer les perfor- l’optimisation de la gestion des activités de l’en-
mances de leur système d’information. C’est à treprise.
juste titre dans ce contexte qu’intervient le
«cloud computing». Cette technologie Spécificité des services
qui repose sur le passage du statut de pro- Les services et les applications issus du
priétaire des infrastructures et des logiciels cloud computing sont aujourd’hui nom-
à un modèle externalisé dans lequel les entre- breux à être proposés par de grands opéra-
prises ne payent que les ressources informa- teurs. Cette offre «abondante» vise in fine à
tiques qu’elles consomment, promet «agilité» répondre à des besoins bien spécifiques. Une
et «efficacité économique». La question est au- majorité d’utilisateurs marocains estiment en
jourd’hui de savoir si les entreprises marocaines faire usage à travers son service Internet de base,
sont aujourd’hui suffisamment imprégnées de notamment via les boîtes mails. D’autres,
cette innovation. Une analyse du marché maro- l’utilisent dans une visée plus technique,
cain menée par Epitaphe semble démontrer dans le cadre de la gestion de leurs ventes ou en-
que les acteurs économiques restent en core du contrôle des stocks et ce à travers son
manque d’informations relatives aux ser- mode «système d’information de gestion». D’au-
vices offerts par le cloud computing. Plus en- rogent en effet sur les risques en- toute l’importance que revêt tre part, 22% des chefs d’entreprise se disent au-
core, ce sont près de 72% des entreprises maro- courus dans l’utilisation du cloud aujourd’hui la problématique jourd’hui favorables à l’usage de cette technolo-
caines qui avouent ne pas encore avoir adopté computing. 70% des DSI craignent au- de la sécurité des données et qui gie dans le traitement des transactions (suivi de
ce mode de gestion des données. Ils seraient jourd’hui le manque de sécurité de ce système rebute encore de nombreux DSI. commande). La réalité du marché marocain fait
20% à prévoir l’adoption de la technologie au moment où 36% s’interrogent sur les Sur le point technique, un frein reste qu’il n’existe aujourd’hui que deux data centres
cloud au courant de l’année contre 4% qui se di- contraintes légales qui persistent dans la mise également à relever en ce qui concerne la dispo- au Maroc, en attendant l’arrivée prochaine d’un
sent pas du tout intéressés par le concept. À quoi en œuvre des services cloud et seulement 24% nibilité des données en «temps T» du fait de re- troisième à l’initiative du ministre de l’Industrie,
est due cette réticence ? Les entreprises s’inter- raisonnent performances et coûts. C’est dire poser sur un réseau Internet. Ainsi, 20% des DSI du commerce et des nouvelles technologies. ❚