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PRIÈRE SUR LE PROPHÈTE

par Muhî-ed-Dîn Ibn Arabî

Allahumma, répands la faveur de Tes Prières et


étends la protection de Tes Salutations sur la Pre­
mière Détermination émergeant des Ténèbres seigneu­
riales (1) et sur la Dernière Descente (2) projetée
vers le genre humain,
Sur l’Emigré de la Mekke d’« Allah était, et rien
avec Lui » vers la Médine d’« Il est aujourd’hui tel
qu’il était » (3) ;
Sur celui qui inscrit dans son être les domaines des
cinq excellences divines (4) : « Et toute chose Nous

(1) Les T énèbres seig n eu riales d ésig n en t l ’in d istin c tio n des
p o te n tia lité s dans la S ubstance u n iverselle.
(2) Le P ro p h ète est considéré ici sous la perspective de
Yavatâra.
(3) Les deux passages e n tre guillem ets so n t des fo rm u les
m étap h y siq u es sou v en t citées p a r Ib n A rabî (cf. R isâ la tu -l-
A h a d iyya h ).
On rem a rq u e ra que l ’in te rp ré ta tio n m étap h y siq u e du sym bo­
lism e de la fu ite du P ro p h ète de la Mekke à M édine est celle
du passage de l ’U nité à l ’U nicité.
(4) Ce so n t : 1. l ’Excellence du M ystère A bsolu (H a d ra tu -l-
G h a ïb i-l-m u tla q ), c’est-à -d ire le N on-M anifesté p rin cip iel d o n t
le dom aine est celui des Essences Im m u ab les, (el-A ’yâ n eth-
T hâbitah) ;
2. L’Excellence de l ’in te llig ib le (el-H a d ra tu -l-’ilm iy a h ), c’est-
à-d ire l ’ensem ble des p o te n tia lité s n a tu re lle s, q u i est en ra p ­
p o rt de p o la rité avec
3. L’Excellence du Tém oignage C om plet (H ad ra tu -sh -S h a h â -
d a ti-l-m u tla q a h ), c’e st-à-d ire la m a n ife sta tio n grossière, d o n t
le dom aine est appelé le Monde du R oyaum e (’â la m u -l-M u lk).
4. L’Excellence du M ystère C onditionné (H adra tu -l-G h a ïb i-l-
m u d â fi), qui se subdivise en deux régions : a) l’une, voisine
du M ystère Absolu, qui est le dom aine des E sp rits ja b a rû tie n s
et m alak û tien s, c’e st-à -d ire des in telligences et des âm es pures,
ou au tre m e n t d it le do m ain e de la m a n ife sta tio n in fo rm elle,
et l ’a u tre — b), v oisine du Tém oignage C om plet q u i est le

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PRIÈRE SUR LE PROPHÈTE

l’avons inscrite dans un Prototype manifeste » (5),


et sur celui qui, de sa générosité et de sa magnifi­
cence fait miséricorde à ceux qui réclament les cho­
ses à eux prédestinées dans les cinq Excellences : « Et
Nous ne t’avons envoyé que comme Miséricorde pour
les mondes » (6) ;
Sur le point de la Basmalah (7) qui renferme ce
qui sera et ce qui a été, et sur le vocable du Décret
qui tourne sur les circonférences des mondes (8) ;
Sur le Secret de l’Ipséité qui s’infuse en toute cho­
se et qui de toute chose est détaché et isolé ;
Sur le Gardien qu’Allah a préposé aux trésors de
Ses faveurs, sur leur Dépositaire ; sur leur Réparti­
teur d’après les aptitudes, sur leur Distributeur ;
Sur la Parole du Nom Suprême — (9), et sur la
Fâtihah du Trésor Inviolable (10) ;

dom aine des Modèles (’â la m u -l-M ith â l) appelé au ssi le Monde
de la R oyauté (’â la m u -l-m a la k û t), a u tre m e n t d it le dom aine
de la m a n ife sta tio n su b tile ; enfin,
5. L’E xcellente T otale (e l-H a d ra tu -l-J â m ïa h ) q u i englobe les
q u a tre précédentes et d o n t le do m ain e est celui de l ’H om m e
U niversel qui to ta lise tous les degrés et to u tes les m o d alités
de l ’être.
(5) Sourate Y â-Sîn, XXXVI, 12.
(6) S ourate des P ro p h ètes, XXI, 107.
(7) C’est le p o in t d ia c ritiq u e du bâ q u i com m ence le p rem ier
verset de la F âtiha h et donc du L ivre lui-m êm e, et qui co n tien t
en p o te n tia lité to u tes les a u tre s le ttre s, à l ’exception de la
le ttre a lif qui est à l ’origine du bâ lui-m êm e.
Le sym bolism e du p o in t sous le bâ a été em ployé p a r cer­
ta in s grands in itié s p o u r ex p rim e r la p erfectio n de le u r ré a li­
satio n sp iritu elle. La p aro le connue de seyidnâ Alî : « Je suis
le p o in t sous le bâ » tr a d u it l ’é ta t de l ’H om m e U niversel.
(8) Ce [vocable n ’est rie n d ’a u tre que l ’expression,] sous un
aspect d is tin c tif et d y n am iq u e [, du p o in t sous le bâ]. On
rem a rq u e ra en m êm e tem ps que ce p o in t est lu i-m êm e
la p ro jectio n de la p o in te su p érieu re de Y a lif d o n t le tr a it
v e rtical rep résen te l ’axe su iv a n t lequel se m an ife ste le Décret
divin. L’élém ent c irc u la ire de la form e du bâ rep résen te les
« circonférences » des m ondes, qui, en ta n t que non séparées
les unes des au tres, fo rm e n t ensem ble une sp ira le su r laq u elle
to u rn e le [vocable] du Décret.
(9) La Form e M oham m adienne (eç-çûrah e l-m u h a m m a d iy a h )
constitue le Nom Suprêm e d ’A llah.
(10) La F âtihah « celle q u i ouvre » le C oran est un des sym ­
boles du P ro p h ète. Le nom du T réso r se ra p p o rte au h a d îth
qudsî :

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ÉTUDES TRADITIONNELLES

Sur la manifestation la plus parfaite qui réunit la


Servitude et la Seigneurie, et sur la créature la plus
universelle qui renferme les Possibilités et les Né­
cessités (11) ;
Sur le Rocher le plus élevé que les manifestations
des Déterminations n’ébranlent pas de la station de
la Stabilité, et sur la Mer la plus immense que les
cadavres des insouciances ne troublent point dans la
limpidité de sa Certitude (12) ;
Sur la Plume de lumière qui porte l’encre des Let­
tres Sublimes, et sur le Souffle rahmânien qui s’in­
fuse dans la matière des Paroles Parfaites (13) ;
Sur l’Effluve Sanctissime de l’Essence par lequel
sont déterminées les substances primordiales avec
leurs qualifications, et sur l’Effluve Sacré des Attri­
buts par lequel sont produits les êtres avec leurs
nécessités (14) ;
Sur le Lever du Soleil de l’Essence dans le Ciel des
Noms et des Attributs, et sur la Source de la Lumière
des générosités dans les parterres de la Parenté et
des Adoptions (15) ;
« J ’é tais un T réso r caché ; Je n ’é tais p o in t connu. Or J ’a i­
m ai à être connu ; alo rs Je p ro d u isis une C réatio n a u x êtres
de laq u elle Je me ren d is connu, en so rte que p a r Moi ils M’ont
connu ». — A bd-el-G hanî en -N âbulusî observe que le m ot
fa b î qui se tr a d u it « en so rte que p a r Moi », a comm e v a le u r
n u m érale 92 comme le nom de M oham m ad. Ceci signifie que
le P ro p h ète co n stitu e dans son aspect p ro fo n d la m a n ife sta tio n
de la D ivinité.
(11) Les P o ssib ilité s c o n stitu e n t le do m ain e p rin c ip ie l p u r,
et les N écessités le d o m aine de la N ature.
(12) On rem a rq u e ra le co m p lém en tarism e e n tre le sym bo­
lism e a x ial du R ocher et celui h o riz o n ta l de la Mer.
(13) La P lum e qui est un des nom s éso tériq u es du P ro p h ète,
désigne le V erbe en ta n t que « Science de la d istin c tiv ité ».
Les le ttre s Sublim es sont les d é te rm in a tio n s essen tielles des
êtres p rim o rd ia u x contenues sy n th é tiq u e m e n t d an s l ’encre de
la P lum e.
Le souffle ra h m â n ie n est l ’E sp rit de la m a n ife sta tio n u n i­
verselle en ta n t q u ’il anim e les d é te rm in a tio n s su b sta n tie lle s
des êtres p rim o rd ia u x sym bolisés ici p a r les P aro les P a rfa ite s.
Ce prin cip e est co m p lém en taire de celui de la P lum e.
(14) L’E ffluve S anctissim e de l’Essence se ra p p o rte au p a s­
sage de la p o ssib ilité p u re des êtres à le u r d é te rm in a tio n p r i­
m o rd iale, et l’E ffluve Sacré des A ttrib u ts se ra p p o rte à le u r
m a n ife sta tio n effective.
(15) Les no tio n s de « p a re n té » et « d ’a d o p tio n » in d iq u e n t
d iffé re n ts m odes de p a rtic ip a tio n à la ré a lité ésotérique du

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PRIÈRE SUR LE PROPHÈTE

Sur le Diamètre de l’Un, tracé entre les « Deux


Arcs » de l’Unité et de l’Unicité (16), et sur le Média­
teur des « descentes » du Ciel de la Prééternité vers
la Terre de la Perpétuité (17) ;
Sur le Petit Exemplaire dont se développe le
Grand (18), et sur la Perle Blanche qui descend vers
l’Hyacinthe Rouge (19) ;
Sur le Joyau indestructible inhérent à toutes les
productions transitoires qui dérivent de potentialités
et qui ne sont pas soustraites au « mouvement » et
à 1’« arrêt », et sur la substance du Verbe de la
Fahwâniyah sortie de l’occultation du Kun vers
l’Attestation du Fàiakûn (20) ;
P ro p h ète ; elles co rresp o n d en t aussi, dans un c e rta in sens, à
ceux de F a m ille et de C om pagnons du P ro p h ète q u i so n t aussi
deux catégories in itia tiq u e s com p lém en taires.
(16) Ceci constitu e l ’in te rp ré ta tio n m étap h y siq u e du sym bole
des D eux Arcs. (Cf. La so u rate de l ’E toile, L III, 9 et p lu s loin
la note su r la m êm e q u estio n ).
(17) Il s’ag it p ro p re m e n t des m a n ife sta tio n s « a v a ta riq u e s ».
(18) Le P e tit E x em p laire désigne le germ e in itia tiq u e d ont
se développe la ré a lité to ta le de l ’être. M acrocosm iquem ent, il
correspond à 1’« Œ u f du Monde ».
(19) La P erle B lanche est un sym bole de l ’In telle c t P re m ie r ;
l ’H yacinthe Rouge désigne l ’Ame U niverselle en ta n t q u ’elle
est affectée p a r les a ttach es du m onde corporel. On p eu t re ­
m a rq u e r que la « descente » de la P erle su r l ’H y acinthe est
u n m ouvem ent inverse m ais c o rré la tif en q uelque sorte du
développem ent arb o rescen t que com porte le G rand E x em p laire
s’élev an t du germ e caché dans la te rre de la m a n ife sta tio n
grossière.
(20) La F ahw â n iya h au sens p ro p re, em ployé p a r M uhî ed-
Dîn ibn A rabî dans les F u tû h â t, se ra p p o rte à la p aro le d ivine
adressée de façon d irecte dans les m ondes des Modèles (’âla-
m u -l-m ith â l).
Le K un est la p aro le « Sois » de la Genèse ; F a ïa kû n , « et
(la chose) est » en est la conséquence cosm ologique. P o u r
m ieux com prendre l ’en ch aîn em en t des idées, il est à re m a rq u e r
dans le tex te arab e que le m ot K inn, « o ccu ltatio n », est c o n sti­
tu é p a r les m êm es deux le ttre s que le m ot K un. A illeurs, Ibn
A rabî m entionne q u ’e n tre le K â f et le N ûn du Kun est « caché »
(m a k n û n ) le « Secret de la P ro x im ité p rim o rd ia le ». (V oir les
O raisons : V endredi). On p e u t re m a rq u e r que cette p ro x im ité
ne su b siste p lu s dans le F a ïa kû n où les deux le ttre s sont sépa­
rées p a r le w âw de la racin e q ui, se m a n ife sta n t ain si, sym bo­
lise le secret m is à jo u r.
Le term e de ja w h a r, qui signifie « jo y a u » et « substance
in d e stru ctib le » et celui de m âddah, « m a tiè re », so n t co rré­
la tifs dans la term in o lo g ie sco lastiq u e m u su lm an e.

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ÉTUDES TRADITIONNELLES

Sur la Matière des Formes par laquelle Tu ne te


manifestes pas par une seule forme en même temps,
à deux êtres, ni par la même, deux fois, au même
être (21) ;
Sur le Qôrân de l’Union qui renferme le Non-Ma-
nifesté et le Non-Manifestable et sur le Furqân de
la Distinction (22) qui discrime entre l’éphémère et
l’éternel ;
Sur le Jeûneur de jour (qui avertit) : « En vérité,
je passe la nuit en hôte chez mon Seigneur », et sur
le Dévot de nuit (qui révèle) « Mes yeux dorment,
mais pas mon cœur » (23) ;

(21) L’idée contenue d an s ce passage relève du prin cip e


q u ’il n ’y a pas de ré p é titio n dans l ’existence. L’id e n tité qui
est du dom aine du p rin cip e ne p eu t pas se tro u v e r dans la
m a n ife sta tio n , la p lu ra lité in h é re n te à celle-ci ne co m p o rta n t
que « l’analogie » qui est en quelque so rtie le « souvenir »
de l ’id en tité dan s la d istin c tiv ité . P a r conséquent, la Form e
M oham m adienne, une au p la n de l ’u n iv e rsa lité com plète, est
in d é fin im e n t v a ria b le dans la m u ltip lic ité des degrés et des
conditions p a rtic u liè re s qu i d éfin isse n t les d iffé re n ts êtres et
elle l ’est aussi p o u r un m êm e être c a r cette F orm e « id e n ti­
fiée » ou en voie d ’id e n tific a tio n à la m a n ife sta tio n u n iv e r­
selle p a r les p rin cip es de celle-ci, p a rtic ip e to u jo u rs dans ses
aspects d istin c tifs au x cycles existenciels de to u te co n d itio n
m anifestée. Mais une fois actu alisée d an s sa to ta lité , elle est
en elle-m êm e, et non pas en ses aspects, d éfin itiv e et donc
sous cet aspect au ssi so u stra ite à la ré p é titio n .
Il est u tile de p réciser que ce passage fa it p lu s p a rtic u liè re ­
m en t allu sio n au p hénom ène de « vue » du P ro p h è te (ru ’y a tu -
n -N a b î) qui est un tr a it cara c té ristiq u e de l ’ésotérism e m u su l­
m an et, sous des m o d alités ap p ro p riées, aussi de la sp iritu a ­
lité exotérique de l ’Islam . Cette « vue » est g én éralem en t obte­
nue en rêve, m ais elle est possible aussi, in itia tiq u e m e n t su r­
to u t, en é ta t de veille, que ce so it avec su p p o rt d ’une personne
v iv an te ou sans su p p o rt. Ce phénom ène ty p iq u e qui co n stitu e
u n m ode de p ercep tio n d ’é ta ts soit su p ra -in d iv id u e ls so it sim ­
p lem en t su b tils, relève d ’une fo rm e de conception sp iritu e lle
p ro p re au fo n d a te u r m êm e de l ’Islam qui « v o y a it » l ’Ange
G abriel se m a n ife sta n t sous des « form es » in d iv id u elles, q u e l­
quefois avec le su p p o rt du com pagnon D ihyah el-K alabî, p e r­
sonnage d ’une b e a u té exceptionnelle. Or l ’ange rep résen te le
m a ître sp iritu e l du P ro p h ète considéré dans sa ré a lité d istin c ­
tive.
(22) Le nom de Qôrân q u i s’ap p liq u e à la to ta lité de la
Science sy n th é tiq u e d ivine est un nom de l ’Id e n tité Suprêm e,
alo rs que le F urqân qui s’ap p liq u e à la Science a n a ly tiq u e
u n iv erselle est un des aspects de la « ré a lisa tio n d escendante ».
(23) Les passages e n tre guillem ets sont des frag m en ts de
h ad îth s.

246
PRIÈRE SUR LE PROPHÈTE

Sur l’Intermédiaire situé entre le Manifesté et le


Non-Manifesté : « Il a séparé les Deux Mers qui se
touchent » (24), et sur le Lien du rattachement de
l’éphémère à l’éternel : « Entre elles il y a une bar­
rière qu’elles ne débordent pas » (25) ;
Sur le Livre Universel du Premier et du Der­
nier (26) et sur le Centre du Contenant de l’Intérieur
et de l’Extérieur (27) ;
Sur Ton Bien-Aimé par lequel Tu as dévoilé la
beauté de Ton Essence sur le trône nuptial de Tes
parures, et sur celui que Tu as dressé alors comme
qiblah pour Te contempler Toi-même dans le Temple
Totalisateur de Tes manifestations (28),
Sur celui que Tu as revêtu de la robe des Attributs
et des Noms, et que Tu as couronné de la tiare du
Khalifat Suprême (29) ;
Sur celui dont Tu as fait voyager le corps en état
de veille, de la Mosquée Sacrée à la Mosquée Eloi­
gnée (30) de sorte qu’il atteignit le Lotus de la Li­
mite (31) ; et sur celui qui monta jusqu’à « la dis-
(24) Sourate er-R ahm ân, LV, 19. D ans le te x te coranique,
le su je t de la p h rase est Allah.
(25) V erset co ran iq u e qui f a it su ite a u précdéent. D ans to u t
ce passage, le P ro p h ète est considéré sous les deux aspects
opposés et com plém en taires du barzakh com m e « sé p a ra te u r »
et « m é d ia te u r ».
(26) Le L ivre est un sym bole de l ’Hom m e U niversel ; ses
feu illes re p ré se n te n t les p lan s de l ’E tre ou les degrés de la
connaissance. Les nom s div in s de P re m ie r et de D ern ier sug­
gèrent alors l ’ordre des pages d ’un livre.
(27) Les aspects du P ro p h ète c o rresp o n d an t a u x nom s divins
d ’in té rie u r et d ’E x té rie u r sont ram en és de le u r d u a lité à
l ’u n ité de connaissance de l ’H omme U niversel q u i est le u r
co n ten a n t com m un.
(28) Le sym bolism e em ployé dans ce passage a p p a rtie n t à
un rite n u p tia l p a rtic u lie r su iv a n t lequel la n u it du m ariag e
la nouvelle m ariée assise su r son lit d ’a p p a ra t est dévoilée
p our la p rem ière fois p a r l ’époux qui, la p re n a n t alo rs comm e
qiblah, accom plit une p riè re de deux ra k a te s.
(29) Ce passage évoque l ’in v e stitu re d’Adam com m e K h a lîfa h
d ’A llah dans la C réation (cf. S ourate de la Génisse, II, 28-32).
(30) S ur le voyage n o ctu rn e du P ro p h ète, v o ir la S ourate
el-Isrâ, XVIII, 1. — La Mosquée Sacrée (la K aaba de la Mekke)
rep résen te le m aqâm du « cœ ur san ctifié » e t la Mosquée éloi­
gnée (à Jéru salem ), le m aqâm de l ’E sp rit Suprêm e.
(31) Sur le Lotus de la L im ite (e s-S id ra tu -l-m u n ta h â ), v oir
la so u rate de l ’E toile, LIII, 14. — Cet a rb re est situ é au sep tiè­
me ciel, sé jo u r de l ’E sp rit Suprêm e.

247
ÉTUDES TRADITIONNELLES

tance de Deux Arcs ou Plus-près » (32) de sorte que


son cœur voyant se délecta par Ta vue là où il n’y a
ni Matin ni Soir : « Son cœur ne dénatura pas ce qu’il
a vu » (33), et son regard se fixa dans Ton Etre, là
où il n’y a ni Vide ni Plénitude : « Le regard ne dévia
point, ni ne dépassa » (34).
Allahumma, accomplis sur lui une Prière par la­
quelle ma branche se relie à ma racine (35) et mon
peu à mon tout, afin que mon essence s’unisse à son
essence, et mes attributs à ses attributs, et afin que
l’œil soit rafraîchi par l’œil (36) et que l’entre-deux
disparaisse d’entre les deux !
Et accorde-lui une Paix telle que je sois préservé
contre tout changement en le suivant et que j’échappe
(32) S ourate de l ’E toile, LU I, 9. La d istan ce de D eux Arcs
(Qâba Q aw saïn) in d iq u e la p ro x im ité des deux m oitiés d ’un
cercle séparées p a r un d iam ètre. Ce cercle est celui du T out
U niversel, la m o itié su p érieu re co rresp o n d an t au do m ain e p rin -
cipiel (al-H aqq) et la m o itié in fé rie u re à la m a n ife sta tio n (al-
K halq). Le P ro p h ète re p résen te a lo rs le d iam ètre. Une a u tre
tra d u c tio n de l ’ex pression qâba qaw saïn p erm et de co n sid érer
le P ro p h ète com m e « la m esure des deux Arcs », ce qui est
une form e de l ’a ffirm a tio n que l ’H om m e U niversel est la m e­
sure de to u te chose.
Le term e « ou P lu s P rès » in d iq u e le passage a u -d elà de la
d u a lité des Deux Arcs, dans l ’U nité in d istin c te du cercle.
(33) S ourate de l ’E toile, LUI, 11.
(34) S ourate de l ’E toile, L III, 17. — Il y a d an s ce passage,
dans le tex te arab e, certa in e s nuances qu i éch ap p en t dans la
tra d u c tio n : insarra, tr a d u it p a r « se délecta », p eut, d ’après
u n a u tre sens de la racine, évoquer l ’idée de se « ré so rb er
dans l ’in d istin c tio n », sens q u i est assez conform e au contexte ;
qarra, tr a d u it p a r « se fix a », a au ssi le sens de « ra fra îc h ir »
(su rto u t la vue), ce q u i ram èn e au p re m ie r sens de insarra.
(35) La bran ch e, c’est l ’hom m e in d iv id u el e ffectif ; la racin e
c’est l’H omme U niversel p o ten tiel. — Le te x te arab e présen te
u n e ffet verb al re m a rq u a b le du fa it de la ré p é titio n de cer­
ta in e s racines v oisines : C L A (dans les m ots çalli « p rie »
et çalât « p rière »), W C L (dans ya çilu « se relie ») e t A C L
(dans açl « racin e »).
(36) On p eu t tra d u ire « a fin que l ’œ il so it ra ffe rm i p a r
l ’œ il ». On p e u t encore rem p la c e r « œ il » p a r « essence » ou
« source ». — On p eu t voir, d ’ap rès l ’effe t voulu p o u r la
« p riè re » d ’A llah su r le P ro p h ète d an s ce passage a in si que
dans ceux qui su iv en t, que le P ro p h ète n ’est pas e x té rie u r à
celui qui p rie p o u r lu i, m ais il se tro u v e à l ’in té rie u r de celui-
ci à l ’é ta t g erm in a tif, où il se développera p a r la v e rtu de
l ’activ ité in itia tiq u e co n stitu ée p a r la « P riè re d ivine », a c ti­
v ité q u i est celle de l ’In te lle c t P rem ier.

248
PRIÈRE SUR LE PROPHÈTE

à toute déviation pendant le cheminement dans sa


Voie, afin que j’ouvre ainsi la porte de Ton Amour
pour moi, avec la clef de la conformité à lui, que je
Te contemple dans mes sens et mes membres, de la
« niche » de sa Loi et de sa Règle (37), et que j’entre
derrière lui dans la citadelle du La ilâha illâ-llâh, et
que j’arrive sur ses traces dans la Khelwah (38) du
« J’ai un certain temps d’isolement avec Allah » (39),
car il est Ta porte par laquelle doit passer celui qui
veut se diriger vers Toi, s’il ne veut pas voir se fermer
devant lui routes et portes, et être renvoyé sous le
bâton de la correction vers l’étable des bêtes !
Allahumma, ô mon Seigneur, ô Celui qui n’a pour
voile que la Lumière et pour couverture que la vio­
lence de Sa manifestation (40), je T’invoque par Toi-
même à Ton degré d’Absoluité au-delà de toute en­
trave, degré auquel Tu fais ce que Tu veux, par Ton
acte révélateur de Ton Essence au moyen de la
science illuminante et par Tes métamorphoses sous
les formes des Noms et des Attributs dans la condi­
tion formative (41), et je Te demande d’accomplir
sur notre seigneur Mohammad une prière par laquelle
ma vue intuitive soit enduite du collyre de la Lumière
aspergée dans la Prééternité, afin que je contemple
1’« extinction » de ce qui n’a pas été et la « perma­
nence » de ce qui ne périt jamais, et que je vois les
choses telles qu’elles sont dans leur racine, inexis­
tantes, perdues, et leur réalité là où elles ne pressen­
tent pas encore le parfum de l’Etre et où, à plus forte
raison, elles ne soupçonnent pas encore l’Existence !
Et fais-moi sortir, ô Allahumma, par la prière sur
lui, des ténèbres de mon individualité vers la Lumiè-
(37) Le sym bole de la « n iche » q u i a son o rigine d an s le
« v erset de la L um ière » (so u rate de la L um ière, XXIV, 35),
désigne dans le C om m entaire d ’Ib n A rabî le « corps » qui
p o rte en lu i la « lam p e » de l ’E sp rit. Cette lam p e est m ise
sous u n « verre b rilla n t comm e une étoile » q u i rep ré se n te le
« cœ ur ».
(38) La re tra ite sp iritu elle.
(39) H adith.
(40) D ém onstratio n p a rfa ite du double sens de la « ré v é la ­
tio n », com m e « dévo ilem en t » et comm e « v o ilem en t ».
(41) A l-W u jû d aç-çûrî ne désigne pas le seul d o m aine des
form es individuelles, m ais, su iv a n t le sens p lu s g énéral du
m ot çûrah, cela s’ap p liq u e à to u te con d itio n m an ifestée.

249
ÉTUDES TRADITIONNELLES

re (42), et du tombeau de ma corporéité vers l’Union


du Jour du Rassemblement (43) et vers la Distinc­
tion de la Résurrection ; et reflue sur moi les grâces
du ciel de Ton Identité avec Toi (44) qui me purifiera
de la souillure du polythéisme et de l’idolâtrie ! Re­
dresse-moi par la « première mort » et la « deuxième
naissance » et vivifie-moi de la vie permanente dans
cette existence évanescente (45) ! Accorde-moi une
lumière avec laquelle je passe entre les hommes (46)
et par laquelle je voie Ta Face partout où je me
tournerai, sans hallucination et sans illusion (47),
voyant des deux yeux de l’Union et de la distinc­
tion (48), discriminant par une autorité inexorable
(42) Cf. so u rate de la G énisse, II, 257.
(43) C’est le R assem b lem en t du genre h u m a in au J o u r du
Jug em en t, p ris ici d an s son sym bolism e in itia tiq u e .
(44) Cette im age est une a llu sio n à la « p lu ie de rosée »
p a r laq u elle s’opère la « ré su rre c tio n des m o rts ».
(45) La « p rem ière m o rt » est dans son sens p ro p re la m o rt
au m onde pro fan e im p liq u ée p a r l ’acte d ’in itia tio n qui c o n sti­
tu e la « deuxièm e n aissan ce ». Mais du fa it que dans to u t ce
passage, te l q u ’on p e u t le v o ir p lu s lo in ju s q u ’à la fin de
l ’alin éa, est retra c é le p la n de la ré a lisa tio n in itia tiq u e in té ­
grale, il y a lieu d ’envisager une tra n sp o sitio n de ces n o tio n s
dans l ’universel, et, alo rs, la « m o rt » d o n t il est p arlé est
l ’ex tin ctio n à to u te co n d itio n m an ifestée (fa n â -a l-fa n â ) ; co r­
ré la tiv e m e n t la « seconde n aissan ce » est la ré a lisa tio n de
l ’Id en tité Surpêm e, in d isso lu b le m e n t lié à l ’e x tin ctio n fin a le ,
et qui est la « n aissan ce de l ’H om m e U niversel » conséquente
à la m o rt de 1’« hom m e p a rtic u lie r ». La « vie p e rm an en te »
rep résen te alo rs la P erm anence Suprêm e (al-Baqâ).
Q uant au fa it que l ’ex p ressio n de « p rem ière m o rt » im p li­
que logiquem en t une « d euxièm e m o rt » — de m êm e que dan s
la term inolog ie in itia tiq u e no rm ale où elle désigne la m o rt
de l ’in d iv id u a lité — , on p e u t envisager que celle-ci co rrespond
alors à « l ’acte sacrificiel » im p liq u é dans la « ré a lisa tio n
descendante » accom plie p a r l ’H om m e U niversel.
(46) P o u r to u t ce d e rn ie r passage, cf. so u rate du B étail, VI,
122 : « Est-ce que celui qui é ta it m o rt et que Nous avons re v i­
vifié, et auquel Nous avons donné une lu m ière p o u r q u ’il
puisse m arch er avec elle p a rm i les hom m es, est sem blable à
celui qui est d an s les tén èb res d o n t il ne p eu t s o rtir ».
(47) Cf. so u rate de la G énisse, II, 115 : « A A llah a p p a rtie n t
l ’O rient et l ’O ccident, et p a rto u t où vous vous to u rn ez, vous
tro u v erez la Face d ’A llah. C ertes A llah em brasse to u t, Il est
T rès Savant.
(48) Cette im age s’ex plique p lu s p a rtic u liè re m e n t p a r le fa it
que l ’Id en tité Suprêm e s’appelle ’a in u -l-J a m ’ « l ’œ il de la
T o ta lisa tio n » ; p a r sy m étrie on a au ssi un « œ il de la Dis-
tin c tiv ité », et ce so n t a lo rs les « deux yeux » de l ’H om m e
U niversel.

250
PRIÈRE SUR LE PROP HÈLE

entre le Faux et le Vrai, rendant témoignage sur Toi


et conduisant avec Ta permission vers Toi.
O Miséricordieux des miséricordieux (3 fois), accom­
plis Ta prière et étends Ton salut sur notre seigneur
Mohammad, dans une Prière par laquelle Tu agrées
mon appel et Tu combles mon espoir,
Et sur sa Famille, la Famille de la contemplation
et de la Suprême Connaissance, et sur ses Compagnons,
les Compagnons du Goût initiatique (49) et de la
grande Passion (50),
tant que se déploiera la chevelure de la nuit de
l’Existence et tant que se lèveront les aubes sur les
fronts de la Connaissance.
Amin, Amin, Amin !
Et que la Paix soit avec les envoyés et louanges à
Allah, le Seigneur des Mondes.

Traduction et notes de M. V alsan.

(49) Le term e dhaw q « le goût » désigne d ’une façon géné­


ra le la connaissance p a r expérience d irecte opposée à la con­
v ictio n in tellectu elle. Q uand il est p ris p o u r désig n er le com ­
m encem ent de cette expérience, le te rm e c o rré la tif schurb
« boisson » désigne la p lé n itu d e de l ’expérience. D ans un sens
plus p a rtic u lie r il s’ap p liq u e à la connaissance in itia tiq u e p a r
la sen sib ilité in d iv id u elle, de v érités su p ra -in d iv id u e lle s (des­
cendues du m aq â m ar-R ûh et du m aqâm al-qalb vers le m aqâm
an-nafs).
(50) Le term e w ijd â n qui v ie n t de w ajada « tro u v e r », « sen­
ti r », désigne l ’acte de « ré a lisa tio n » et il rep résen te ici le
degré m ax im a de l ’expérience. Ce term e a au ssi le sens o rigi­
n aire du term e grec « en th o u siasm e ».

[A ddendum : les m ots de la note 8 fig u ra n t en tre crochets


so n t le fr u it d ’une co rrection qui nous a p a ru correspondre
exactem ent au x in te n tio n s du tra d u c te u r m ais d o n t nous a ssu ­
m ons la resp o n sab ilité. — C.A.G.]

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