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Achille Mbembe
2006/1 no 21 | pages 29 à 60
ISSN 1291-1941
ISBN 2-7246-3046-7
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.inforevue-raisons-politiques-2006-1-page-29.htm
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Nécropolitique 1
Wa syo’lukasa pebwe
Umwime wa pita
[Il a laissé son empreinte sur la pierre
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C
ET ESSAI FAIT L’HYPOTHÈSE que l’expression
ultime de la souveraineté réside largement dans
le pouvoir et la capacité de dire qui pourra vivre
et qui doit mourir 2. Faire mourir ou laisser vivre constituent donc
les limites de la souveraineté, ses principaux attributs. Être souverain
c’est exercer son contrôle sur la mortalité et définir la vie comme le
déploiement et la manifestation du pouvoir.
C’est là un résumé de ce que Michel Foucault entendait par bio-
pouvoir, ce domaine de la vie sur lequel le pouvoir a établi son
dans le même temps ses propres citoyens à la guerre, l’État nazi est
perçu comme ayant ouvert la voie à une formidable consolidation du
droit de tuer, qui a culminé dans le projet de la « solution finale ». Ce
faisant, il est devenu l’archétype d’une formation de pouvoir qui a
combiné les caractéristiques de l’État raciste, l’État meurtrier et
l’État suicidaire.
On a dit que la fusion complète de la guerre et de la politique
(mais aussi du racisme, de l’homicide et du suicide), à un point tel
qu’ils ne peuvent plus être distingués l’un de l’autre, était une carac-
téristique du seul État nazi. La perception de l’existence de l’Autre
comme un attentat contre ma vie, comme une menace mortelle ou
un danger absolu dont l’élimination biophysique renforcerait mon
potentiel de vie et de sécurité – c’est là, je pense, l’un des nombreux
imaginaires de la souveraineté caractéristiques à la fois de la première
et de la dernière modernités. La reconnaissance de cette perception
fonde dans une large mesure la plupart des critiques traditionnelles
de la modernité, qu’elles s’adressent au nihilisme et à sa proclamation
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11. Enzo Traverso, La violence nazie : Une généalogie européenne, Paris, La Fabrique Édi-
tions, 2002.
12. Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, coll.
« Tel », 1994 [1e éd. 1975], p. 9-12.
13. Voir Robert Wokler, « Contextualizing Hegel’s Phenomenology of the French Revolu-
tion and the Terror », Political Theory, vol. 26, 1998, p. 33-55.
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14. David W. Bates, Enlightenment Aberrations: Error and Revolution in France, Ithaca/New
York, Cornell University Press, 2002, chap. 6.
15. Karl Marx, Le Capital : critique de l’économie politique, trad. de l’all. par Catherine
Cohen-Solal et Gilbert Badia, t. 3 Le procès d’ensemble de la production capitaliste, Paris,
Éditions sociales, 1957-1959. Voir aussi Le Capital : Critique de l’économie politique,
t. 1 Le développement de la production capitaliste, Paris, Éditions sociales/Messidor, 1983,
p. 90.
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16. Stephen Louw, « In the Shadow of the Pharaohs: The Militarization of Labour Debate
and Classical Marxist Theory », Economy and Society, vol. 29, n° 2, 2000, p. 240.
17. Sur la militarisation du travail et la transition au communisme, voir Nikolaï
I. Bukharin, The Politics and Economics of the Transition Period, trad. du russe par
Oliver Field, Londres, Routledge & Kegan Paul, 1979 ; et Leon Trotsky, Terrorisme et
communisme (L’anti-Kautsky), trad. révisée par Jean-Louis Dumont, Paris, Prométhée,
1980. Sur l’effondrement de la distinction entre État et société, voir K. Marx, La guerre
civile en France. La Commune de Paris, Paris, Éditions sociales, 1972, et Vladimir Iliitch
Lénine, Pages choisies, Paris, Bureau d’éditions, de diffusion et de publicité, 1926-1929.
Pour une critique de la « terreur révolutionnaire », voir Maurice Merleau-Ponty,
Humanisme et terreur. Essai sur le problème communiste, Paris, Gallimard, 1980
[1re éd. 1974]. Pour un exemple plus récent de la « terreur révolutionnaire », voir Steve
J. Stern (dir.), Shining and Other Paths: War and Society in Peru, 1980-1995, Durham,
Duke University Press, 1998.
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18. Voir Saidiya V. Hartman, Scenes of Subjection: Terror, Slavery, and Self-Making in Nine-
teenth-Century America, Oxford, Oxford University Press, 1997 ; et Manuel Moreno
Fraginals, The Sugarmill: The Socioeconomic Complex of Sugar in Cuba, 1760-1860,
New York, Monthly Review Press, 1976.
19. Paul Gilroy, L’Atlantique noir : modernité et double conscience, trad. de l’angl. par Jean-
Philippe Henquel, Paris, Éditions Kargo, 2003, p. 87 (The Black Atlantic: Modernity
and Double Consciousness, Cambridge, Harvard University Press, p. 57).
20. Voir Frederick Douglass, Mémoires d’un esclave américain, trad. de l’angl. par Fanchita
Gonzalez-Batlle, Paris, François Maspero, 1982 (Narrative of the Life of Frederick Dou-
glass, an American Slave, annoté et introduit par Houston A. Baker, Harmondsworth,
Penguin, 1986).
Nécropolitique – 37
21. Le terme « manières » (manners) est employé ici pour indiquer les liens entre social grace
et social control. Selon Norbert Elias, les « manières » incarnent ce qui est « considéré
socialement comme un comportement acceptable », les « préceptes de conduite » et le
cadre de la « convivialité », La civilisation des mœurs, vol. 1, trad. de l’all. par Pierre
Kamnitzer, Paris, Calmann-Lévy/Agora, 1973, chap. 2 (Über den Prozeß der Zivilisa-
tion. Soziogenetische und psychogenetische Untersuchungen¸ Francfort am Main, Suhr-
kamp, 1997, [1e éd. 1939]).
22. Voir F. Douglass, Mémoires d’un esclave américain, op. cit.
23. Susan Buck-Morss, « Hegel and Haiti », Critical Inquiry, vol. 26, n° 4, été 2000,
p. 821-866.
24. Roger D. Abrahams, Singing the Master: The Emergence of African American Culture in
the Plantation South, New York, Pantheon, 1992.
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25. Dans ce qui suit, je suis attentif au fait que les formes coloniales de souveraineté ont
toujours été fragmentées. Elles étaient complexes, « moins soucieuses de légitimer leur
propre présence et d’une violence plus excessive que les formes de souveraineté
européennes ». De manière tout aussi significative, « Les États européens n’ont jamais
eu pour but de gouverner les territoires coloniaux avec la même uniformité et la même
intensité que celles qui étaient appliquées à leurs propres populations. » (nous tradui-
sons), A. Mbembe, « Sovereignty as a Form of Expenditure », in T. B. Hansen et Finn
Stepputat (dirs.), Sovereign Bodies: Citizens, Migrants and States in the Postcolonial
World, Princeton, Princeton University Press, 2002, p. 148-168.
26. Dans The Racial State, Malden, Blackwell, 2002, David Theo Goldberg explique que
depuis le 19e siècle, il y a au moins deux traditions en concurrence dans l’histoire de la
rationalisation raciale : le naturisme (fondé sur l’idée d’infériorité) et l’historicisme
(fondé sur l’idée d’« immaturité » historique – et par conséquent d’« éducabilité » des
autochtones). Dans une communication privée (23 août 2002), il défend l’idée selon
laquelle ces deux traditions auraient toutes les deux disparu, mais de manière diffé-
rente, au contact des questions de souveraineté, d’état d’exception, et de formes de
nécropouvoir. De ce point de vue, le nécropouvoir peut prendre de multiples formes :
la terreur de la mort réelle, ou une forme plus « bienveillante » – dont le résultat est la
destruction de la culture afin de « sauver le peuple » pour lui-même.
27. H. Arendt, Origins of Totalitarianism…, op. cit., p. 185-221.
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29. Eugene Victor Walter, Terror and Resistance: A Study of Political Violence with Case Stu-
dies of Some Primitive African Communities, Oxford, Oxford University Press, 1969.
30. H. Arendt, Les origines du totalitarisme, vol. 2 L’impérialisme, op. cit., p. 123.
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31. Pour une restitution évocatrice de ce processus, voir Michael Taussig, Shamanism,
Colonialism, and the Wild Man: A Study in Terror and Healing, Chicago, University of
Chicago Press, 1987.
32. Sur l’« ennemi », voir « L’ennemi », numéro spécial, Raisons politiques, n° 5, février 2002.
33. Alexandre Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, Paris, Gallimard, 1980.
34. Voir Daniel R. Headrick, The Tools of Empire: Technology and European Imperialism in
the Nineteenth Century, New York, Oxford University Press, 1981.
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service des Blancs), le contrôle du flux urbain, et, plus tard, le déni
de citoyenneté des Africains 38.
38. Voir Herman Giliomee (dir.), Up against the Fences: Poverty, Passes and Privileges in
South Africa, Cape Town, David Philip, 1985 ; Francis Wilson, Migrant Labour in
South Africa, Johannesburg, Christian Institute of Southern Africa, 1972.
39. « Le monde colonisé est un monde coupé en deux. La ligne de partage, la frontière en
est indiquée par les casernes et les postes de police », Franz Fanon, Les damnés de la
terre, Paris, Maspero, 1961, p. 31-32.
40. Ibid., p. 32.
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41. Voir Regina M. Schwartz, The Curse of Cain: The Violent Legacy of Monotheism, Chi-
cago, University of Chicago Press, 1997.
42. Voir Jean-Luc Nancy (dir.), L’Art et la mémoire des camps. Représenter, exterminer, Le
genre humain, n° 36, décembre 2001.
43. Voir Eyal Weizman, « The Politics of Verticality », open Democracy (publication en
ligne sur www.openDemocracy.net), 25 avril 2002.
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44. Ibid.
45. Ibid.
46. Voir Stephen Graham et Simon Marvin, Splintering Urbanism: Networked Infrastruc-
tures, Technological Mobility and the Urban Condition, Londres, Routledge, 2001.
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49. Comparées à la panoplie de nouvelles bombes déployées par les États-Unis pendant la
guerre du Golfe et la guerre au Kosovo, les armes utilisées en Palestine visent pour la
plupart à faire pleuvoir des cristaux de graphite pour mettre complètement hors d’état
les centrales électriques et les centres de distribution. Cf. Michael Ignatieff, Virtual War,
New York, Metropolitan Books, 2000.
50. Voir Michael Walzer, Just and Unjust Wars: A Moral Argument with Historical Illustra-
tions, New York, Basic Books, 1977 (Guerres justes et injustes, trad. de l’angl. par
Simone Chambon et Anne Wicke, Paris, Belin, 1999).
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51. Benjamin Ederington and Michael J. Mazarr (dirs.), Turning Point: The Gulf War and
U.S. Military Strategy, Boulder, Westview, 1994.
52. Thomas W. Smith, « The New Law of War: Legitimizing Hi-Tech and Infrastructural
Violence », International Studies Quarterly, vol. 46, n° 3, 2002, p. 367. Sur l’Irak, voir
Geoffrey Leslie Simons, The Scourging of Iraq: Sanctions, Law and Natural Justice, New
York, St. Martin’s, 1998 [2de éd.] ; voir aussi Ahmed Shehabaldin et William
M. Laughlin Jr., « Economic Sanctions against Iraq: Human and Economic Costs »,
The International Journal of Human Rights, vol. 3, n° 4, hiver 1999, p. 1-18.
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53. Zygmunt Bauman, « Wars of the Globalization Era », European Journal of Social
Theory, vol. 4, n° 1, 2001, p. 15. « Comme ils sont très éloignés de leurs “cibles”, s’éloi-
gnant de celles qu’ils frappent trop rapidement pour avoir le temps de constater la
dévastation qu’ils provoquent et le sang qu’ils font couler, les pilotes convertis en ordi-
nateurs n’ont quasiment jamais l’occasion de regarder leurs victimes en face ni de passer
en revue la misère humaine qu’ils ont semée », nous traduisons, ibid., p. 27. Voir aussi
« Penser la guerre aujourd’hui », Cahiers de la Villa Gillet, n° 16, 2002, p. 75-152.
54. A. Mbembe, « At the Edge of the World: Boundaries, Territoriality, and Sovereignty in
Africa », Public Culture, 12, 2000, p. 259-284.
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tuer. États voisins et armées rebelles louent des armées aux États
pauvres. La violence non gouvernementale apporte deux ressources
coercitives décisives : le travail et les minéraux. De façon croissante,
la vaste majorité des armées est composée de citoyens-soldats,
enfants-soldats, soldats et bâtiments mercenaires 55.
55. En droit international, les « corsaires » (privateers) sont définis comme des « navires
appartenant à des propriétaires privés, et naviguant suite à une commande de guerre, ce
qui donne à la personne à qui il est confié le pouvoir de s’adonner à toutes les formes
d’hostilité permises en mer par les usages de la guerre » (nous traduisons). J’emploie ici
ce terme pour parler des formations armées qui agissent indépendamment de toute
société politiquement organisée, que ce soit sous le masque d’un État ou non. Voir
Janice Thomson, Mercenaries, Pirates, and Sovereigns, Princeton, Princeton University
Press, 1997.
56. Gilles Deleuze and Félix Guattari, Capitalisme et schizophrénie, Paris, Minuit, 1980,
p. 434-527.
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57. Joseph C. Miller, Way of Death: Merchant Capitalism and the Angolan Slave Trade, 1730-
1830, Madison, University of Wisconsin Press, 1988, particulièrement les chap. 2 et 4.
58. Voir Jakkie Cilliers et Christian Dietrich (dirs.), Angola’s War Economy: The Role of Oil
and Diamonds, Pretoria, Institute for Security Studies, 2000.
59. Voir par exemple, « Rapport du Groupe d’experts sur l’exploitation illégale des ressources
naturelles et autres richesses de la République démocratique du Congo », Rapport des
Nations Unies n° 2, 2001, p. 357, soumis par le Secrétaire Général du Conseil de Sécu-
rité, 12 avril. Voir aussi Richard Snyder, « Does Lootable Wealth Breed Disorder ? States,
Regimes, and the Political Economy of Extraction » (communication).
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63. Voir Tony Hodges, Angola: From Afro-Stalinism to Petro-Diamond Capitalism, Oxford,
James Currey, 2001, chap. 7 ; Stephen Ellis, The Mask of Anarchy: The Destruction of
Liberia and the Religious Dimension of an African Civil War, Londres, Hurst & Com-
pany, 1999.
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Du geste et du métal
64. Elias Canetti, Masse et puissance, trad. de l’all. par Robert Rovini, Paris, Gallimard,
2004 [1e éd. en fr. 1986], p. 241-293.
65. Martin Heidegger, Être et temps, Paris, Gallimard, 1986, p. 289-322.
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il s’agit d’exécuter les autres tandis que l’on tient sa propre mort à
distance.
Dans la logique du martyr, une nouvelle semiosis du meurtre
émerge. Elle n’est pas nécessairement fondée sur une relation entre
forme et matière. Je l’ai déjà indiqué, le corps ici devient l’uniforme
même du martyr. Mais le corps en tant que tel n’est pas seulement
un objet de protection contre le danger et la mort. Le corps en lui-
même n’a ni pouvoir ni valeur. Le pouvoir et la valeur du corps résul-
tent d’un processus d’abstraction basé sur le désir d’éternité. En ce
sens, le martyr, ayant établi un moment de suprématie où le sujet
triomphe de sa propre mortalité, peut être vu comme travaillant sous
le signe du futur. En d’autres termes, dans la mort, le futur s’évanouit
dans le présent.
Dans son désir d’éternité, le corps assiégé passe par deux stades.
D’abord, il est transformé en chose insignifiante, en matière mal-
léable. Ensuite, la façon dont il est conduit à la mort – le suicide –
lui confère sa signification ultime. La matière du corps, ou encore la
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68. Ibid.
69. Georges Bataille, Œuvres complètes, vol. 12, Gallimard, 1988, Année 1955 – Hegel, la
mort et le sacrifice, p. 336.
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70. Ibid.
71. Ibid.
72. Ibid., p. 337.
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73. Pour ce qui précède, voir Amira Hass, Drinking the Sea at Gaza: Days and Nights in a
Land under Siege, New York, Henry Holt, 1996.
74. « Ce recours à la mort comme solution à la terreur et à la servitude et comme possibilité
pour obtenir une liberté définitive (…) », P. Gilroy, L’Atlantique noir…, op. cit., p. 95.
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Conclusion
RÉSUMÉ
Nécropolitique
Les formes contemporaines qui soumettent la vie au pouvoir de la mort (la nécro-
politique) reconfigurent-elles en profondeur la relation entre résistance, sacrifice
et terreur ? Cet essai fait l’hypothèse que l’expression ultime de la souveraineté
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réside dans une large mesure dans le pouvoir et la capacité de dire qui vivra et qui
doit mourir. Par conséquent, tuer ou laisser vivre constituent les limites de la sou-
veraineté, ses attributs fondamentaux. Exercer la souveraineté, c’est exercer le
contrôle sur la mortalité et définir la vie comme le déploiement et la manifestation
du pouvoir.
Necropolitics
How do contemporary forms of subjugation of life to the power of death (necropolitics)
profoundly reconfigure the relation between resistance, sacrifice, and terror ? This essay
assumes that the ultimate expression of sovereignty resides, to a large degree, in the
power and the capacity to dictate who may live and who must die. Hence, to kill or to
allow to live constitute the limits of sovereignty, its fundamental attributes. To exercise
sovereignty is to exercise control over mortality and to define life as the deployment and
manifestation of power.
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