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Revue de la Trésorerie Générale du Royaume - N° 11 Août 2014

COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

M. Noureddine BENSOUDA, Trésorier Général du Royaume à la journée d’étude sous le thème : «Gouvernance
et gestion locale», organisée par le Conseil de la Région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, le 19 juin 2014.

La régionalisation avancée, quels enjeux financiers?

La gouvernance financière locale, vers un nouveau modèle


Perception recette municipale
d’Essaouira, 1936.
Gouvernance territoriale et reddition des comptes

Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 1


SOMMAIRE
4 Editorial

5 L’évolution chiffrée des finances locales, entre 2002 et


2013.

7 La gouvernance financière locale, vers un nouveau


modèle.

10 La mobilisation du potentiel fiscal territorial, entre


innovation juridique et modernité administrative.

12 La régionalisation avancée, quels enjeux financiers?

17 Gouvernance territoriale et reddition des comptes.

20 La concession de service public, moyen de gestion des


affaires locales.

26 Le développement local, émergence d’un nouveau


modèle.

29 ،‫منظومة الرقـابة املواكبة لنفقـات اجلماعـات الترابية‬


.‫قراءة نقدية‬
SPECIAL
COLLECTIVITES
TERRITORIALES
Editorial

M. Noureddine BENSOUDA
Trésorier Général du Royaume

La décentralisation fait partie de ces thèmes «carrefour» où se croisent plusieurs disci-


plines : droit, finances, sociologie, histoire, … Elle fait partie également de ces thèmes «gé-
néralistes» où s’entremêlent plusieurs considérations politiques, développementalistes,
démocratiques, … Elle fait partie, enfin, de ces projets universels où se rencontrent les
mêmes problématiques et se confrontent les mêmes difficultés.
Partout dans le monde, qu’il s’agisse de pays développés ou de pays en développement, la
décentralisation occupe, à des degrés divers, le même espace d’intérêt, suscite les mêmes
enthousiasmes et s’affirme au-delà de toute coloration politique et de toute appartenance
partisane comme un projet de société.
La variété impressionnante d’ouvrages, d’articles et de recherches qui lui sont consacrés,
sont révélateurs de son dynamisme et de l’intérêt qui lui est porté par la communauté des
scientifiques, des juristes, des universitaires, des politiciens et des praticiens de l’adminis-
tration.
Au Maroc, le processus a été entamé dès les premières années de l’indépendance et s’est
accentué avec la promulgation de la charte communale du 30 septembre 1976, puis s’est
revigoré avec les textes de la troisième vague de décentralisation de 2002 et de 2009 et
s’est affirmé, récemment, avec la consécration de la décentralisation territoriale par le
texte constitutionnel du 29 juillet 2011.
La préoccupation centrale qui paraît véhiculer l’évolution de la décentralisation au Maroc,
est celle de doter le territoire national de structures performantes et solidement ancrées
dans la réalité locale, pour pouvoir assumer les tâches de développement économique et
social de manière homogène et équilibrée sur toute l’étendue du territoire national.
Aujourd’hui, il importe de réfléchir, parallèlement à l’aménagement des compétences lo-
cales et à l’extension des domaines d’intervention des collectivités territoriales, à un par-
tage plus équilibré et mieux adapté des pouvoirs et des moyens avec l’Etat. Les lignes
structurantes de cette réflexion passent par le renforcement du système financier local et
la recherche de nouveaux modes de gestion et de nouveaux schémas d’articulation et de
synergie entre les finances de l’Etat et les finances des collectivités territoriales.

4
L’évolution chiffrée
Ahmed ABBAR
Chef de la division des statistiques
des finances de l’Etat
et des collectivités territoriales
des finances locales
Entre 2002 et 2013
Durant les douze dernières années, les finances des collecti- Il y a lieu de préciser toutefois, que malgré l’évolution positive
vités territoriales ont pris de l’importance, tant au niveau des des finances locales, celles-ci demeurent marquées par des ca-
ressources dont elles ont disposé que des dépenses réalisées. ractéristiques structurelles qui sont restées stables en dépit de
l’évolution qui a marqué le paysage financier local.
Ainsi, les recettes globales des collectivités territoriales ont en-
registré une augmentation de 131%, passant de 13,8 MMDH Il en est ainsi, en premier lieu, de la prépondérance des res-
en 2002 à 31,8 MMDH en 2013, comme cela apparaît à travers sources transférées ou gérées par l’Etat pour le compte des col-
le graphique suivant : lectivités territoriales. Ces ressources ont toujours représenté
au minimum 74% du total des recettes des collectivités terri-
toriales, comme cela apparaît à travers le graphique ci-après :

De même et tel que cela est présenté au travers du graphique


ci-après, les dépenses totales effectuées par les collectivités
territoriales ont connu une hausse de 179%, s’établissant à 30,6 C’est en deuxième lieu, l’importance des dépenses de person-
MMDH en 2013 contre 11 MMDH en 2002. nel qui ont constitué 36% des dépenses globales et qui ont ab-
sorbé l’équivalent de 34% des recettes ou 64% de la TVA trans-
férée aux collectivités territoriales durant l’année 2013, comme
cela apparaît clairement dans le graphique suivant :

Il sied de souligner à ce sujet, que les plus fortes augmenta- C’est en troisième lieu, la faiblesse du taux d’exécution des dé-
tions ont concerné les dépenses d’investissement et les autres penses d’investissement qui a été de 43% durant l’année 2013,
biens et services, comme cela ressort du graphique suivant : ce qui explique l’importance des excédents qui ont atteint 26,7
MMDH contre 24,4 MMDH en 2012.

Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 5


SPECIAL
COLLECTIVITES
TERRITORIALES

C’est en quatrième lieu, l’importance du solde des comptes La première tendance concerne l’augmentation des recettes
spéciaux des collectivités territoriales qui a atteint 3 MMDH de 10,8% qui s’explique en grande partie par la hausse de
à fin 2013 contre 608 MDH en 2002, comme présenté dans le 10,9% des ressources transférées (la Taxe sur la Valeur ajoutée
graphique qui suit : (TVA), l’Impôt sur les Sociétés (IS) et l’Impôt sur le Revenu (IR)).
ou gérées par l’Etat (taxe professionnelle, taxe d’habitation et
taxe de services communaux).
La deuxième tendance porte sur la hausse de 8,1% des dé-
penses de fonctionnement qui résulte de l’augmentation de
5,1% des salaires, de 12,5% des autres biens et services et de
7,4% des charges en intérêts de la dette.
La troisième tendance a trait au solde ordinaire positif qui a
atteint 12,1 MMDH à fin décembre 2013 contre un solde positif
de 10,5 MMDH un an auparavant.
La quatrième tendance se rapporte à la baisse des dépenses
d’investissement de 8,2% ou -1 MMDH.
C’est en cinquième lieu, la prééminence des communes ur-
baines qui ont accaparé 55% des ressources en 2013, qui ont La cinquième tendance concerne l’importance du solde des
émis 61% des dépenses de fonctionnement, qui ont réalisé comptes spéciaux et des budgets annexes qui s’est établi à
38% des dépenses d’investissement et qui disposent de 43% 3 MMDH.
des excédents, tel que précisé dans le graphique suivant :
La sixième tendance enfin, est relative à l’excédent budgétaire
qui a atteint 4,2 MMDH contre un excédent de 1,3 MMDH à fin
décembre 2012.
Durant l’année 2013, les collectivités territoriales ont eu re-
cours à l’emprunt pour 1,7 MMDH contre 2,1 MMDH et ont pro-
cédé au remboursement du principal des emprunts antérieurs
pour 914 MDH contre 873 MDH un an auparavant.
En conclusion, il y a lieu de relever quatre traits saillants qui
ressortent des budgets de collectivités territoriales :
• Le premier trait porte sur l’importante augmentation des
ressources des collectivités territoriales qui restent dominées
par les recettes transférées ou gérées par l’Etat ;
• Le deuxième trait concerne le poids des dépenses de fonc-
tionnement et plus particulièremen les dépenses de person-
C’est enfin en sixième lieu, que les préfectures et provinces ont nel ;
réalisé le même niveau d’investissement que l’ensemble des
communes rurales, soit 2,8 MMDH en 2013 et ont bénéficié • le troisième trait est relatif à la faiblesse du taux d’émission
de ressources transférées par l’Etat de 5,3 MMDH, soit presque des dépenses d’investissement et son corollaire, la hausse
le montant dont ont bénéficié les communes rurales, sachant graduelle des excédents ;
que le nombre de communes rurales est de 1 282 alors que • le quatrième trait se rapporte à l’inégale répartition des res-
le nombre de préfectures et provinces est de 83. sources et des dépenses réalisées, entre les collectivités ter-
En ce qui concerne plus particulièrement l’année 2013, l’exécu- ritoriales.
tion des budgets des collectivités territoriales et de leurs grou-
pements laisse apparaître un certain nombre de tendances
principales.

6
La gouvernance financière locale
Nordine LAZRAK
Chef de service de la coopéra­tion
internationale en matière de finances
de l’Etat et des collectivi­tés territoriales

Vers un nouveau modèle

La décentralisation constitue un choix LA GOUVERNANCE FINAN- les ressources locales propres restent
politique stratégique dans lequel le Ma- encore loin de couvrir les dépenses lo-
CIERE LOCALE : UNE EVO-
roc s’est engagé depuis son indépen- cales. C’est là une situation qui influence
dance. Un large processus de mise en LUTION CERTAINE, MAIS lourdement la capacité d’autofinance-
place d’un «modèle» marocain de ges- UN PROJET TOUJOURS INA- ment des collectivités territoriales et
tion des affaires locales basé sur des fon- CHEVE entrave la réalisation de leurs projets
dements et des mécanismes de bonne d’investissement.
gouvernance financière locale a été lan- Les finances locales connaissent une
mutation continue dans leurs modes de L’inadéquation entre les ressources
cé en parallèle à la volonté d’atteindre
gestion et dans les instruments mis en propres et les dépenses des collectivités
les objectifs politiques et administratifs
œuvre pour qu’elles puissent contribuer territoriales fait que la majorité d’entre
escomptés de cette décentralisation.
efficacement dans le développement elles sont largement dépendantes des
En effet, malgré le développement po- économique et social du pays. ressources qui proviennent de leurs
litique, économique et social que le parts dans le produit de la TVA, de l’IS et
pays a connu, la gestion financière et En effet, les collectivités territoriales, à de l’IR.
notamment budgétaire locale reste travers les investissements publics lo-
caux qu’elles programment dans ses Cette situation de dépendance paraît en
toujours marquée par un ensemble d’in-
budgets, participent à l’aménagement déphasage avec les objectifs fixés par la
suffisances juridiques, humaines, institu-
du territoire, à la promotion écono- charte communale et la loi organisant
tionnelles et techniques. D’une manière
mique, à l’action de redistribution et les provinces et les préfectures qui pré-
générale, le système en cours jusqu’alors
partant, à la satisfaction des besoins cisent que les collectivités territoriales
souffre d’un ensemble de complexités
des citoyens. Elles jouent ainsi un rôle participent à «la réalisation d’objectifs
et de formalismes, qui handicapent son
important dans le développement éco- politiques, économiques et sociaux à
évolution et son adaptation avec les exi-
nomique voire «de développeur éco- travers l’instauration de la démocratie
gences d’une nouvelle gestion publique.
nomique» et social. Ce rôle implique locale, la confirmation de l’autonomie et
Ces insuffisances sont souvent relevées, inévitablement un accroissement des de la liberté de ces collectivités, l’élargis-
et d’une manière récurrente, dans les dépenses de ces collectivités et par sement de leurs compétences et l’élar-
discours politiques des acteurs locaux, conséquent l’augmentation de leurs res- gissement de son rôle dans le domaine
des rapports de la Cour des comptes et sources. du développement local, de l’aména-
des Cours régionales des comptes ainsi gement du territoire et la participation
que dans les notes et rapports des insti- A cet effet, il est à remarquer que les dans la diminution des dysfonctionne-
tutions et organisations internationales dépenses des collectivités territoriales ments et des disparités socio-écono-
et de la société civile. connaissent une augmentation à un miques».
rythme deux fois supérieur à celui des
L’amélioration de la gestion financière recettes du budget général avec un taux Ce malaise financier s’aggrave par plu-
locale exige une réelle révolution juri- moyen annuel de 15% depuis 1977 alors sieurs raisons(1) à savoir :
dique, institutionnelle, managériale et que le volume de ses ressources ne re- • La faiblesse du taux de recouvrement
instrumentale. Autrement dit, un bascu- présente que 5% du PIB. des taxes. Le taux de recouvrement
lement vers une gestion moderne axée
De l’inadéquation des ressources des taxes rétrocédées : taxes d’habita-
sur les résultats qui dépasse l’aspect
tion, taxe de services communaux et la
administratif archaïque, constitue au- aux dépenses locales
taxe professionnelle varie en moyenne
jourd’hui une nécessité. C’est un nou-
Ainsi, les ressources financières actuelles entre 60% à 80%. Tandis que le recou-
veau modèle de gouvernance financière
de ces collectivités demeurent loin de vrement des taxes locales par les ser-
locale qu’il faut préconiser et mettre en
répondre aux exigences du dévelop- vices de recouvrement communaux
œuvre.
pement local et des ambitions des ci- est très faible. Les restes à recouvrer
Alors, comment se présente aujourd’hui toyens. Malgré la promulgation de la loi des collectivités territoriales consti-
la gouvernance financière locale? Quelles n° 47-06 relative à la fiscalité locale et la tuent un grand handicap ;
sont ses points de force et de faiblesse? loi n° 39-07 portant la reconduction des • Les problèmes techniques, humains et
Et quelles sont les pistes d’amélioration droits, redevances et rémunérations au matériels liés à la gestion des recettes
à préconiser pour la mise en place d’un profit des collectivités territoriales, et la des collectivités territoriales ;
nouveau modèle de gouvernance finan- réorganisation de l’environnement lé-
cière et plus particulièrement budgé- gislatif et réglementaire en la matière, • La gestion non rationnelle du patri-
taire locale? moine des collectivités territoriales.

Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 7


1) Rapport de la Cour des comptes pour l’année 2007.
SPECIAL
COLLECTIVITES
TERRITORIALES

Face à cette situation de dépendance • l’exécution irrationnelle de certaines l’amélioration du processus d’exécution
liée aux ressources propres ou transfé- dépenses (le gasoil, les pièces de re- des finances locales et la mise en place
rées, le recours des collectivités terri- change, les matériaux de construction. de nouveaux outils de gestion budgé-
toriales à l’emprunt peut constituer un taire et financière locale.
Ces remarques dénotent la mauvaise
remède. Mais la réalité est autre. voire l’absence de la gouvernance des Vers un cadre budgétaire de per-
L’emprunt des collectivités territoriales dépenses exécutées par les collectivités formance
au Maroc reste très limité. C’est un état territoriales.
Le cadre budgétaire annuel est dépassé.
des lieux qui s’explique par le monopole D’une manière générale, Le cadre finan- Il ne répond plus à l’ampleur des enjeux
du Fonds d’Equipement Communal cier actuel des collectivités territoriales et des défis actuels. Une approche plu-
(FEC). En effet, les collectivités territo- ne leur permet pas de disposer des ou- riannuelle est devenue un outil obliga-
riales ne peuvent recourir à l’emprunt tils nécessaires pour une mise en œuvre toire de la bonne gestion des dépenses
auprès du secteur financier, et doivent efficace des politiques de développe- locales. Une programmation dans le
se soumettre au «dictat» de ce fonds qui ment. Une présence très forte des auto- temps des dépenses locales qui com-
fixe les règles du jeu pour l’octroi des rités de tutelle dans tout le processus de bine les moyens et les actions à réaliser,
prêts et à des taux d’intérêts qui peu- gestion, la faiblesse des moyens finan- est nécessaire. Le recours aux partena-
vent atteindre 14% ; soit le double des ciers, matériels et humains sans oublier riats et l’ouverture des collectivités ter-
taux pratiqués par les banques. A ceci le faible niveau d’instruction des élus ritoriales sur leur environnement pour
s’ajoute le principe de la spécialisation locaux. se procurer davantage de ressources
des emprunts et leur affectation à des est indispensable. La contractualisation
projets d’investissement précis. L’adoption de la nouvelle constitution
des rapports entre les collectivités terri-
avec des dispositions très avancées tou-
De l’exécution irrégulière des dé- toriales et l’Etat, d’un coté, et entre ces
chant l’organisation territoriale du Ma-
penses collectivités et ses partenaires locaux de
roc fait que les collectivités territoriales
l’autre, permet aux gestionnaires locaux
sont actuellement au cœur des grands
En matière de dépenses des collectivi- d’instaurer les premiers jalons d’une
débats politiques et sociétaux, une
tés territoriales, l’évaluation de l’état des démarche de performance orientée
nouvelle approche budgétaire servira
lieux à ce niveau permet de dégager vers les résultats : une gestion à travers
de socle pour la réussite de la nouvelle
des pratiques d’une gestion non effi- des indicateurs et des tableaux de bord
version de décentralisation au Maroc
cace. Les rapports des Cours régionales permettant un pilotage efficace des dé-
notamment dans le cadre de la régiona-
des comptes et des missions des corps penses.
lisation avancée.
d’inspection de l’Inspection Générale de
La performance se situe au cœur des
l’Administration Territoriale (IGAT) et de LA GOUVERNANCE FINAN- réformes des finances publiques de nos
l’Inspection Générale des Finances (IGF)
témoignent de ce constat. CIERE LOCALE : VERS UN jours. Une culture qui structure l’action
publique dans tous les domaines afin
NOUVEAU MODELE
Plusieurs irrégularités liées à l’exécution de garantir une meilleure utilisation des
des dépenses des collectivités territo- Au cours des quarante dernières années deniers publics. Les collectivités territo-
riales ont été relevées par les rapports le cadre juridique des finances locales a riales sont appelées à emprunter cette
des Cours régionales des comptes(2). connu diverses révisions. Le législateur nouvelle approche axée sur les résultats.
Elles sont liées, notamment, à : cherchait durant toute cette période Elles doivent faire partie de la nouvelle
• l’exécution des travaux avant leur en- à doter les collectivités territoriales de politique qui vise «l’harmonie entre les
gagement ; plus de ressources financières et de différents acteurs, afin de construire un
marges de pouvoir de décisions finan- système cohérent fondé sur un contrat
• le règlement des dépenses avant la réa- cières et budgétaire afin de les doter des social»(3). La gestion des dépenses lo-
lisation du service fait ; moyens nécessaires pour répondre aux cales doit s’adapter avec ce nouveau dis-
• la gestion irrationnelle des marchés ; besoins et exigences de la décentralisa- positif managérial qui vise l’efficacité et
tion. l’efficience du processus d’exécution et
• la réalisation des dépenses pour des
du contrôle.
services ne relevant pas des compé- Un chantier de grande ampleur, pour
tences des collectivités territoriales ; doter les collectivités territoriales des Vers une exécution rigoureuse
• le paiement des dépenses fictives ; moyens suffisants mais aussi des outils des finances locales
techniques et managériaux performants
• la position illégale des fonctionnaires ; dans le cadre d’une nouvelle gestion pu- Dans ce sens, la cohérence du processus
blique. d’exécution des dépenses des collecti-
• l’octroi des subventions aux associa- vités territoriales représente un des pi-
tions sans critères objectifs ; Un nouveau modèle de gouvernance liers de la réforme des dépenses locales.
financière locale est une exigence. Le Une harmonie qui participe à la bonne
• la mauvaise gestion du parc automo-
nouveau modèle devrait permettre la gestion des deniers publics par une
bile ;
rénovation du cadre budgétaire local, meilleure intervention et une meilleure
affectation des ressources.

2) Rapport de synthèse de la Cour des comptes présenté devant le parlement, le 21 mai 2014 sur les activités de la Cour en 2012.
3) BENSOUDA, Noureddine : Trésorier Général du Royaume. La cohérence financière de l’Etat territorial au Maroc. Actes du 5ème Colloque International de Rabat le 9 et 10 Septembre
8 2011. LGDJ. Lextenso édition.
A ce titre, les nouvelles dispositions Cette mutation nécessitera sans nul déterminer d’une manière périodique
constitutionnelles de 2011, représen- doute, en plus de l’adoption d’un nou- les marges d’action dont ils disposent.
tent un cadre de référence pour une veau dispositif budgétaire, une révision C’est un nouveau mode de pilotage au
meilleure harmonie entre les finances des outils de gestion et du cadre comp- service des gestionnaires locaux qu’il
de l’Etat et celles des collectivités table. faut mettre en place.
décentralisées. Un transfert des res-
Ainsi, pour permettre la mise en valeur En définitive, si la gestion financière lo-
sources humaines et financières de l’Etat
d’une politique de transparence des fi- cale reste, malgré les efforts consentis,
à ces collectivités permettrait de créer
nances locales qui vise le renforcement soumise à un cadre juridique contrai-
une valeur ajouté de l’action locale et de
de la démocratie locale et la reddition gnant, le besoin d’introduire une nou-
combler les lacunes dont elles souffrent.
des comptes, il est nécessaire que la ré- velle culture de gestion est devenu une
De même, le système actuel du contrôle forme doit concerner l’automatisation nécessité. Un nouveau modèle de gou-
des finances locales est caractérisé par des systèmes de gestion des finances lo- vernance locale est à préconiser.
une exhaustivité en matière de contrôle cales et l’adoption d’un nouveau cadre
Toutefois, la mise en œuvre de ce nou-
des dépenses dans lequel la régularité comptable qui s’inspire de la comptabi-
veau modèle nécessite la réalisation
des actes prime sur l’efficacité. La ré- lité des entreprises.
d’un ensemble de préalables. Ces préa-
forme du cadre actuel est indispensable
Aussi, l’évaluation de la gestion finan- lables concernent d’abord, l’institution-
afin de répondre aux exigences de la
cière locale permet un outil fondamen- nalisation d’un équilibre dynamique du
mise en œuvre du nouveau dispositif
tal de la bonne gestion et de la prise système local-national dans un environ-
budgétaire et financier. Une réforme
de décision. L’analyse financière et la nement en transformation permanente.
qui vise un allègement des contrôles
gestion dynamique de la trésorerie des Ils concernent ensuite, la mise en place
administratifs a priori, en accordant plus
collectivités territoriales revêtent une d’un dispositif qui permet d’organiser et
de responsabilités et de pouvoirs aux
grande importance. Ces outils aident d’assumer le pilotage d’un «ensemble
gestionnaires locaux en matière budgé-
les gestionnaires locaux à formuler des complexe»(4) et de construire un système
taire et financière, en contrepartie d’un
choix et des décisions budgétaires, et de qui permettra de trouver les voies d’une
renforcement du contrôle a posteriori
intégration de l’ensemble national et lo-
exercé par les juridictions financières
cal. Ils doivent enfin, concerner en plus
compétentes.
des aspects liées aux dépenses ceux
Un renforcement qui doit être accom- relatifs aux recettes des collectivités ter-
pagné par un engagement sur la per- ritoriales ; autrement une réforme de la
formance devant les organes politiques fiscalité locale, du dispositif de l’emprunt
Déploie ment
compétents sur les politiques publiques rs :
et de la péréquation qu’elle soit verticale
n a été déclinée en trois palie
locales.Sa réali satio
des créances
ou horizontale.
les recettes
• Palier 1 : concerne
en charge au préalable. Il a été
Le passage d’une
sans prise gestionoctobrefinancière
2010. et
déployé à partir du 1
er

budgétaireerdes collectivités
aux rece territoriales
ttes avec prise en
• Pali 2 : s’étend réalisation en 4
centrée char
surgeles moyens
au préa lable, avecàune une gestion
en production du dernier
lots. En attente de mise
axée sur lot
lesde résultats marquera
traitement de mas se des actes,un unetour-
version
ent
nt individuel est actuellem
nant majeur
relative dans
au traitemeles finances
tous les postes pour locales.
les ordres de
déployée dans
pilotes pour les impôts
recette et dans des sites
ralisation de la version
et taxes de l’Etat. La géné .
mée en septembre 2013
complète est program
au dépl oiem ent du système
• Palier 3 : consacré
eurs de départements
au niveau des ordonnat
ctivités territoriales.
ministériels et des colle

DU ROYAUME
TRESORERIE GENERALE
, Rabat
Avenue Annakhil, Hay Riad
Boîte postale : n°21495, t
31 (près de l’Av. Al Araar), Hay Riad - Raba
Ilôt

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www.tgr.gov.ma

05/08/14 15:01

1
Dépliant GIR-2-2.indd

4) BOUVIER, Michel. Les Finances locales. LGDJ. Lextenso éditions. 14ème édition.

Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 9


SPECIAL
COLLECTIVITES
TERRITORIALES

La mobilisation du potentiel
Mohammed EL MESMOUDI
Trésorier préfectoral de Rabat

fiscal territorial
Contraintes et perspectives
La loi 47-06 du 30 novembre 2007 rela- L’Etat et les collectivités territoriales doi- Par ailleurs, les avancées technologiques
tive à la fiscalité locale est intervenue en vent se doter de l’instrument adminis- actuelles permettent à l’administration
réponse aux insuffisances de la loi 30-89, tratif capable de donner pleine exécu- de mieux s’outiller pour l’accomplisse-
notamment celles relatives à la lourdeur tion à la volonté du législateur. Sans cela, ment de sa mission fiscale.
du système de recensement, en intro- le principe d’égalité devant les charges
duisant la prééminence en faveur du publiques inscrit dans la constitution et LA MOBILISATION DES RES-
système déclaratif. traduit dans les lois et règlements, pei- SOURCES TERRITORIALES A
nerait à imprégner les comportements TRAVERS L’EFFICACITE JURI-
En effet, la quasi-totalité des taxes lo-
sociaux du civisme fiscal adéquat.
cales doivent désormais être déclarées DIQUE ET ADMINISTRATIVE
et payées spontanément entre les mains Sur ce plan, le constat concluant à l’exis-
du régisseur de recettes de la collectivité tence d’une inadéquation entre l’im- Force est de constater que l’un des ap-
concernée : portance de la population des contri- ports majeurs de la loi 47-06 réside bel
buables et la modestie des moyens dont et bien dans son volet relatif à l’organi-
La taxe sur les autorisations de sation des attributions administratives
dispose l’administration fiscale locale
construire ; en matière fiscale et à la définition des
est vite fait. De même que l’absence de
• La taxe sur les opérations de lotisse- structures qui en ont la charge.
mécanismes contraignants sont de na-
ment ;
ture à favoriser le sentiment d’inégalité De ce point de vue, le bon contribuable
• Les taxes sur les débits de boissons ;
chez celui qui s’acquitte spontanément peut se voir rassurer quant à l’existence
• La taxe de séjour dans les établisse-
de son devoir fiscal. théorique de structures administratives
ments touristiques ;
• La taxe sur les eaux de table et miné- Ce sentiment met en péril les fonde- chargées de veiller à l’égalité devant les
rales ; ments d’une relation saine entre le charges publiques. Mais le défi majeur
• La taxe sur le transport public de voya- contribuable et l’administration et reste celui de réussir la mise en place
geurs, … donne lieu à des phénomènes de dé- des nouvelles structures et l’affectation
fiance concrétisés par la multiplica- de ressources compétentes, capables
La loi 47-06 a, ainsi, instauré les bases d’imprimer de l’efficacité à la marche de
tion des recours pour prescription, des
d’une nouvelle relation entre l’adminis- ces structures, et de la traduire par une
contestations de l’assiette et des actes
tration fiscale locale et le contribuable, valorisation tangible des recettes des
de recouvrement, de corruption, de
fondée sur le civisme et la citoyenneté différentes taxes telles que rapportées
fraude, …
d’une part, et sur l’efficacité et l’effi- dans les comptes administratifs de la
cience administrative, d’autre part. La mobilisation du potentiel fiscal ter- collectivité.
ritorial revêt deux dimensions de ren-
Cependant, le respect du principe fon- Dès l’entrée en vigueur de la loi 47-06,
forcement : la dimension juridique et la
damental d’égalité devant les charges la Direction Générale des Collectivités
dimension administrative.
publiques requiert que l’effectivité du Locales (DGCL) relevant du Ministère de
civisme et de l’efficacité administra- Le schéma d’organisation prévalant l’Intérieur a pris à bras le corps ce chan-
tive soient garanties, et non seulement auparavant, s’articulait autour d’une tier hautement important qu’est celui
souhaitée pour l’une, et présumée pour régie de recettes, dont les attributions de la mise en place de l’administration
l’autre. effectives dépassaient le périmètre ré- fiscale locale.
glementaire limité à l’encaissement des
LES CONDITIONS DE L’EFFEC- versements spontanés pour englober Des études approfondies ont été me-
nées avec le concours d’experts et de bu-
TIVITE DE L’EGALITE DEVANT l’assiette et l’émission des titres de per-
ception. reaux d’étude et ont permis l’élaboration
LES CHARGES PUBLIQUES d’organigrammes types, de manuels de
L’égalité devant les charges publiques La loi 47-06 a pris en compte ces risques procédures et de fiches d’emplois. La
se traduit dans les textes de loi régissant en prévoyant l’organisation de l’admi- mise en place qui est déjà entamée au
l’assiette et le recouvrement des contri- nistration fiscale locale en trois compo- niveau de nombreuses grandes villes
butions publiques et trouve son effecti- santes : du Royaume permettra à la loi 47-06 de
vité et sa concrétisation dans l’exécution • la régie de recettes (recouvrement) ; gagner en cohérence dans l’esprit du
administrative des règles juridiques pré- • le service du contrôle et du contentieux ; contribuable.
voyant cette égalité. • le service d’assiette.

10
Cependant, même réorganisée, les • prévoir l’obligation pour l’autorité lo- que s’ils sont couplés par des méca-
moyens de l’administration locale de- cale de procéder à la fermeture du sa- nismes légaux de contrainte, ample-
meurent limités face à l’importance de lon de thé ou du café dont l’exploitant ment justifiés par le principe d’égalité
la population des contribuables. Et, les ne justifie pas ses paiements trimes- devant les charges publiques d’une
questions qui se posent à ce sujet, ne triels, … part, et par l’exploitation des technolo-
manquent pas de sens. Car, comment gies actuelles permettant le recoupe-
Les services de contrôle et d’assiette en
appréhender les 80 à 200 DH dus trimes- ment des bases de données et l’identifi-
cours de mise en place devraient avoir
triellement par les milliers de proprié- cation du patrimoine des contribuables
les moyens humains, logistiques et sur-
taires ou d’exploitants de taxis au niveau récalcitrants rien qu’en insérant leurs
tout informatiques leur permettant de
d’une ville, s’ils ne s’en acquittent pas numéros de carte d’identité nationale
vérifier et de déceler les insuffisances.
spontanément? Et, est-ce possible d’ef- sur un système d’information de gestion
fectuer des saisies et ventes à l’encontre Pour cela, le croisement de relevés topo- des recettes de l’Etat et des collectivités
de l’ensemble des débiteurs de boissons graphiques avec les bases de données territoriales.
récalcitrants? ou d’effectuer des saisies, de la conservation foncière pourrait
Les efforts déployés dans ce sens par la
des ventes, des Avis à Tiers Détenteur contribuer à la détermination de l’as-
Trésorerie Générale du Royaume ont fait
(ATD), … à l’encontre de tous les établis- siette exacte de la taxe sur les terrains
preuve de leur pertinence et de leur ef-
sements d’hébergement touristiques urbains non bâtis.
ficacité. Le système de Gestion Intégrée
qui ne versent pas spontanément la taxe
De même que la constitution de bases des Recettes (GIR) permet aux comp-
de séjour?
de données sur les chiffres d’affaires des tables publics de disposer d’informa-
Chez le bon contribuable, celui qui s’ac- cafés, salons de thé d’un quartier pour- tions permettant l’identification précise
quitte de ses taxes et qui constate que rait aider à appréhender la matière im- des contribuables et ce, afin qu’ils puis-
son concurrent est déloyal pour n’avoir posable de manière plus précise et plus sent procéder aux recherches néces-
pas versé la taxe de séjour ou la taxe générale. saires et aux recoupements appropriés
sur les débits de boissons, le sentiment sur les différentes bases de données
Bref, avec les moyens technologiques
d’inégalité ne se suffira certainement publiques.
actuels, il devient de plus en plus aisé de
pas de l’efficacité théorique attendue
recouper les données et de mieux maî- En ce qui concerne le recoupement des
d’une organisation administrative quel-
triser l’assiette fiscale. bases de données, l’exemple de la colla-
conque.
boration entre la Trésorerie Générale du
Cependant, il faudrait apporter un bé-
D’autres mesures doivent être mises en Royaume et le secteur bancaire en ma-
mol à l’adage célèbre qui dit «faites moi
place pour garantir l’effectivité du prin- tière d’émission d’avis à tiers détenteurs
une bonne assiette, je vous fais du bon
cipe d’égalité à l’égard et envers tous les représente une illustration fortement
recouvrement» car le problème qui se
contribuables. Il faut absolument éradi- significative de ce que devrait être l’ou-
pose est qu’ il faudrait mobiliser des ar-
quer les possibilités de non paiement tillage technologique de l’administra-
mées d’agents de notification et d’exé-
des créances publiques en innovant ju- tion de demain.
cution pour collecter des créances bien
ridiquement et en prévoyant des méca-
assises (redevables identifiés par leurs La mobilisation des ressources territo-
nismes légaux de contrainte.
carte d’identité nationale, leurs registre riales trouvera ses mécanismes dans
A titre d’exemple, la continuité de l’ex- de commerce, adresses complètes, …), l’innovation juridique et informatique.
ploitation pourrait conditionner la ré- qui chiffrent lorsqu’elles sont multipliées Quant au volume des restes à recouvrer
gularité de la situation fiscale, et : par le nombre de redevables, mais qui, accumulés à cause des insuffisances du
prises individuellement, se révèlent de passé, il devrait être assaini, certes, mais
• prévoir l’obligation pour les services de
faibles montants. il devrait surtout rapetisser au fond du
la sûreté nationale de mettre en four-
rétroviseur à mesure que l’administra-
rière le taxi dont le propriétaire ou l’ex- En résumé, l’action d’impulsion des fi-
tion fiscale locale progresse sur la voie
ploitant ne présente pas ses quittances nances locales est tributaire de la réali-
de la modernisation des règles et des
trimestrielles ; sation d’importants efforts, lesquels ne
procédures d’assiette et de recouvre-
peuvent donner de résultats probants
ment.

Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 11


SPECIAL
COLLECTIVITES
TERRITORIALES

La régionalisation avancée Bassidi EL HACHIMI


Trésorier régional de Fès

Quels enjeux financiers?

Le débat sur le projet de la régionalisa- En effet, et à condition que les res- rappeler brièvement certaines étapes de
tion avancée, tel qu’il ressort du rapport sources soient en parfaite adéquation la régionalisation au Maroc.
de la commission royale consultative avec les objectifs attendus, la régiona-
En 1971, la création de sept régions ad-
proposé à Sa Majesté le Roi, est relancé lisation avancée telle que conçue par
ministratives constitue l’embryon d’une
aujourd’hui. L’importance de la réforme, le projet, est de nature à permettre de
«régionalisation» que les pouvoirs pu-
son impact positif sur l’évolution écono- dépasser les limites de la gestion centra-
blics ont voulu progressive. En effet,
mique et sociale du pays ainsi que sur les lisée et ouvrir de meilleures voies pour
cette organisation, ne pouvait être mise
rapports entre l’Etat et les collectivités une dynamique économique créant lo-
en place qu’avec prudence et mesure,
territoriales, la déclinaison des propo- calement les conditions nécessaires au
eu égard au contexte et à la nécessité
sitions de la commission en projets de développement.
d’apporter, à l’époque, et en priorité,
textes législatifs, dont essentiellement,
Par ailleurs, si la réforme territoriale des réponses aux problèmes relatifs à la
la loi organique sur la régionalisation,
au niveau d’un nombre de pays, no- stabilité du pays. De ce fait, le renforce-
l’imminence des échéances électorales,
tamment en Europe, est dictée par des ment du pouvoir central était inévitable
font figurer ce projet au cœur des débats
considérations financières ayant pour à cette époque.
et le rendent, davantage, d’actualité.
finalité de réduire les effets d’une crise
La constitution de 1996 a érigé la région
De par son approche globale, ce pro- économique et financière des plus sé-
en tant qu’institution constitutionnelle.
jet a suscité des échanges scientifiques vères, pour le Maroc, il s’agit essentiel-
L’élaboration d’un nombre de textes de
et académiques multidimensionnels. lement d’un choix délibéré résultant
lois a entamé la concrétisation d’un rôle
Conséquence sans doute, de la diversité d’une évolution politique et adminis-
réel et dynamique de la région.
des aspects traités et de l’importance trative du pays. En effet, eu égard à la
des propositions contenues dans le faiblesse de la part que représentent Cependant, c’est la constitution du 1er
rapport de la commission, notamment, les finances des collectivités territoriales juillet 2011 qui a consacré une place
ceux ayant trait aux dimensions orga- dans les finances publiques du Maroc, il centrale aux collectivités territoriales
nisationnelle, financière et managériale n’est pas envisageable que la réforme de dans le paysage institutionnel, accor-
ainsi que celles se rapportant, entre la décentralisation résulte d’un souci de dant ainsi un rôle significatif aux régions.
autres, au développement et à la gou- redressement des finances publiques(3) .
vernance(1). LA MISE EN ŒUVRE D’UNE
LA REGIONALISATION AU MA- STRATEGIE DE DEVELOPPE-
LES OBJECTIFS ATTENDUS ROC, UNE APPROCHE CUMU- MENT REGIONAL
DU NOUVEAU ROLE DE LA RE- LATIVE ET EMPIRIQUE
Si sur le plan administratif, l’évolution de
GIONALISATION AVANCEE En dépit du fait que la région, en tant 1971 fut marquée par une hésitation du
Le projet de régionalisation avancée(2) qu’entité territoriale, ne soit que de date politique quant au partage des pouvoirs
qui s’inscrit dans le cadre des réformes récente, son ancrage dans l’histoire du avec le niveau décentralisé, sur le plan
et des chantiers de modernisation de Maroc n’est pas à démontrer. économique, la manne liée à l’augmen-
notre pays vise à apporter des réponses tation du prix du phosphate enregistrée
Cependant, il découle des travaux de la
puisées dans l’intelligence territoriale en 1973 a permis de consacrer davan-
commission royale sur la régionalisation
et propose une nouvelle approche de tage de moyens au développement ré-
avancée un rôle plus affirmé de la ré-
décentralisation, de participation démo- gional.
gion puisqu’il est envisagé de l’ériger en
cratique et de proximité. C’est dire que
véritable levier économique et partant, Le discours royal prononcé à Erfoud par
la région a, désormais, un rôle à jouer
insuffler une dynamique nouvelle au dé- Feu Hassan II(4), avait fixé au gouverne-
en matière de développement, voire en
veloppement de l’espace régional. ment de l’époque une stratégie de dé-
compétitivité aux niveaux national et in-
veloppement économique et social. Un
ternational. Avant d’aborder le volet financier traité
secrétariat d’État chargé du développe-
par le rapport, dimension qui intéresse
ment régional a été créé pour la mise en
le plus cette contribution, il est utile de
œuvre et le suivi de cette stratégie.

1) Un nombre important de rencontres associant chercheurs et spécialistes a été consacré à l’analyse et à la discussion de ce projet.
2) Les positions dominantes ont privilégié le qualificatif «Régionalisation avancée» sur celui «d’élargie» sur la base d’arguments défendables.
3) Les dépenses publiques locales en France représentent 20% des dépenses publiques, pour un montant de 242 MMEuros. Au Maroc, ces dépenses ne dépassent pas
28 MMDH représentant à peu près 8% du budget de l’Etat et environ 5% des dépenses publiques. Rapportées au PIB, elles avoisinent les 3%. S’agissant des dépenses des régions, elles
représentent moins de 0,12% du PIB.
12 4) Discours royal en date du 28 mars 1974.
Pour accompagner cette vision, un Cette contribution se propose donc Pour cerner les causes de cette faiblesse,
Fonds Spécial pour le Développement d’analyser les données des finances l’analyse des éléments relatant les li-
Régional (FSDR) fut créé par la loi de fi- budgétaires des régions en comparai- mites signalées auparavant s’avère plus
nances de 1975 en vue de répondre aux son avec celles des autres collectivités que nécessaire.
besoins sociaux des populations, en par- territoriales afin d’apprécier le potentiel
ticulier celles situées dans les zones les financier attendu de la réforme, et ce, à Des ressources propres limitées
plus reculées. travers une simulation approximative Les taxes revenant en totalité aux ré-
des ressources dont disposeraient les ré- gions
Par ailleurs, un nombre important de
gions, une fois la réforme, telle qu’elle a
fonds et de programmes sectoriels de En plus de la faiblesse du potentiel fis-
été proposée par la commission royale,
développement a vu le jour après cette cal relatif à la plupart des taxes revenant
entrera en vigueur.
période et tout au long des décennies en totalité aux régions, à savoir la taxe
passées. L’analyse de la structure et de l’évolution sur les permis de chasse, la taxe sur les
des ressources budgétaires des régions exploitations minières et la taxe sur les
Ainsi, différents domaines ont bénéficié
en tant que collectivités territoriales services portuaires, la liquidation et le
du financement de l’Etat. L’objectif étant
permet d’établir un constat relatant des recouvrement des produits y afférents
de réduire le déficit en infrastructures
limites quant aux capacités financières relèvent de la compétence d’autres en-
et équipements sociaux. Il s’agit entre
de ces entités. tités déconcentrés. En effet, bien que
autres des programmes suivants : Pro-
gramme National d’Electrification Ru- Ces limites résultent, en effet, de la le choix de libérer ces entités de la ges-
rale (PNER), Programme d’Electrification faiblesse des ressources propres des tion opérationnelle des recettes s’avère
Rurale Généralisée (PERG), Programme régions. Elles sont également la consé- plus que judicieux, le rôle de ces entités
d’Alimentation Groupée en Eau au mi- quence de l’insuffisance des dotations en matière d’amélioration de ces res-
lieu Rural (PAGER), Barnamaj Aoulaouiat accordées par l’État à ces entités, no- sources ne peut être que relatif.
aliJtimaiaa (BAJ)(5), Fonds de Développe- tamment en ce qui concerne leur part La part des régions dans le produit de
ment Rural (FDR). L’Initiative Nationale dans le produit de la TVA, et la part insi- certaines taxes
pour le Développement Humain est ve- gnifiante que représente le financement
nue couronner toutes ces démarches de bancaire (Fonds d’Equipement Commu- Il s’agit de la part des régions dans le
développement. C’est dire que, même nal). produit de la taxe sur l’extraction de car-
en l’absence d’une décentralisation rières et de la taxe sur les contrats d’as-
Au-delà de ce constat général, il est né- surance.
effective sur le plan régional, l’aspect
cessaire de souligner que le montant
économique et social a été inscrit, dans L’analyse du rendement des deux caté-
global des budgets des régions reste
une large mesure, parmi les priorités des gories de taxes relatées ci-dessus, per-
insuffisant, à notre avis, pour répondre
pouvoirs publics. met de constater que la part qu’elles
aux objectifs de développement, et
contribuer à la réalisation de projets représentent dans la structure globale
LES RESSOURCES BUDGE- des ressources des régions n’est pas as-
structurants. De même, qu’il cache d’im-
TAIRES DES REGIONS, ETAT portantes disparités entre chacun de ces sez suffisante pour leur permettre, ou du
DES LIEUX ET PERSPECTIVES budgets, pris individuellement. moins à certaines parmi elles, de réha-
biliter le rôle de la région (410 MDH au
Le financement des budgets des En effet, la normalisation fiscale, limitée titre de l’exercice 2012).
régions, une autonomie limitée à un nombre réduit de taxes, profite aux
régions disposant d’un potentiel fiscal En effet, les ressources propres sont
Il est certain que les décideurs disposent constituées globalement de parts ados-
en harmonie avec le cadre réglemen-
actuellement de moyens d’évaluation sées à d’autres taxes et produits dont
taire, entraînant ainsi, des écarts impor-
des politiques publiques à travers des la liquidation, le recouvrement et le
tants entre régions en termes d’autono-
indicateurs de gestion, de dépenses et contentieux ne sont ni du ressort, ni de
mie financière.
de revenus. De ce fait, il est aisé d’ana- la compétence directe de ces entités. De
lyser les finances gérées directement A cet effet, il est utile de souligner que ce fait, les régions ne disposent pas ou
par les régions en tant que collectivités quatre régions s’accaparent environ de peu de moyens d’amélioration de ces
territoriales, mais aussi dans une cer- 40% des ressources budgétaires de ces ressources. Elles n’ont pas également la
taine mesure, en tant qu’espace régional entités. En revanche, les budgets des possibilité d’influencer la cadence des
bénéficiant de programmes et de plans huit régions restantes ne représentent réalisations et l’amélioration de leur
sectoriels initiés par l’Etat et les entre- que 30% de ces ressources. rendement. Leur rôle se limite en effet,
prises publiques(6). à imputer à travers les comptables assi-

5) Le programme financé libellé BAJ désigne à travers la traduction en arabe le programme des priorités sociales (PPS). Ce dernier a été élaboré en 1995 pour faire face aux besoins en
infrastructure à caractère social au niveau des 13 provinces les plus concernées.
6) La répartition des investissements de ces entreprises laisse dégager un déséquilibre régional significatif.

Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 13


SPECIAL
COLLECTIVITES
TERRITORIALES

gnataires, le produit de ces surtaxes et sa n’ont pas dépassé les 104 MDH au titre réunies. Rapporté au budget général de
programmation au niveau du volet des du même exercice (2012). l’Etat, ce montant ne dépasse guère les
dépenses du budget. 0,50%. En poussant la comparaison da-
Un financement bancaire limité
Les ressources gérées pour le compte vantage vers le rapport avec l’indicateur
des régions PIB ce ratio est à environ 0,20%.

La taxe de services communaux est ins-


tituée principalement au profit des com-
Préfectures/Provinces
munes urbaines en «contrepartie» des
Communes urbaines Préfectures/Provinces Communes urbaines
services rendus par ces dernières. La ré-
Communes rurales
gion bénéficie d’une part égale à 5% de Communes rurales

la taxe dont le rendement global reste


limité eu égard, essentiellement, à la
faiblesse du produit principal lui-même,
résultant des problèmes de recense- L’analyse du ratio relatif au service de la
ment, d’assiette et de recouvrement de dette ainsi que les ressources de finan-
cement bancaires, réalisées au titre de Cependant et malgré les limites des res­
cette taxe(7). Au titre de l’exercice 2012,
l’exercice 2012 et relatées au niveau du sources financières des régions, la maî­
la part des régions n’a pas dépassé les
bulletin mensuel des finances locales(8) trise relative des dépenses de fonction­
125 MDH.
(189 MDH), permettent de constater une nement représentant 2% des dépenses
Les ressources transférées amélioration remarquable du recours des collectivités territoriales a permis
de certaines régions au financement aux régions, comme cela est mentionné
Les budgets des régions bénéficient sur les tableaux ci-dessus, de dégager
d’une part de 1% sur le produit de l’IS proposé par le Fonds d’Equipement
Communal. Cependant, le concours un excédent global dépassant 1 MMDH
et de l’IR, soit 712 MDH au titre de 2012. au titre de l’exercice 2012, soit à peu près
Ce poste, eu égard à la faiblesse du des autres banques est resté absent du
financement des projets initiés par les 66% des recettes ordinaires.
pourcentage affecté aux régions, n’a
pas permis de mettre à la disposition de régions.
ces entités des moyens de financement
Quel constat des finances gérées
significatifs, bien qu’il contribue à hau-
teur de 50% du financement de leurs
directement par les régions? Préfectures/Provinces

budgets. L’analyse des chiffres et des indicateurs Communes rurales

relatés ci-dessus permet de confirmer Communes urbaines


Les régions ne bénéficient pas de do-
la faiblesse des ressources des régions
tation TVA
et de constater l’existence de disparités
La dotation normale en termes de volume des budgets de
ces entités. La structure des recettes des
A la différence des autres collectivités
régions, tel qu’elle est relatée ci-après,
territoriales, les régions ne bénéficient
permet également de confirmer cette Communes urbaines
pas de dotation de la TVA. Cela peut Communes rurales
faiblesse.
«s’expliquer», à notre avis, par le fait
Préfectures/Provinces
que la région n’a été érigée en tant que
collectivité territoriale qu’après la mise
en place des critères et du principe de
Recettes gérées
répartition de la part de cet impôt reve- par les CT
nant aux collectivités territoriales. Recettes transférées Les perspectives d’amélioration
proposées par la commission
Une dotation spéciale insignifiante
royale consultative
Les effets des insuffisances constatées
au niveau de la répartition de la dotation Pour favoriser l’amélioration des res-
normale TVA entre catégories de collec- sources propres des régions, le rapport
tivités territoriales pouvaient être relati- En analysant la part que représente a mis l’accent sur quatre volets impor-
visées à travers le recours aux dotations chaque catégorie de collectivités ter- tants, à savoir :
spéciales «compensatrices». Or, l’analyse ritoriales, la faiblesse notoire de la La mise à la disposition des entités
de ce poste au niveau des budgets des part des régions est constatée. A ce régionales de l’expertise des services
régions permet de constater qu’il reste titre, et comme l’illustrent les tableaux de l’État chargés de la fiscalité, de l’as-
quasi-insignifiant puisqu’il ne retrace ci-dessous, les ressources des régions siette et du recouvrement ;
quasiment pas d’opérations de transfert (1,5 MMDH) ne représentent que 5% du
dans ce sens. Les fonds de concours et montant global des budgets des col- L’amélioration des ressources affec-
des dotations spéciales pour leur part lectivités territoriales toutes catégories tées par l’État aux régions et ce, à tra-
vers :

7) Les recettes globales nationales de cette taxe ne dépassent pas 3MM de DH profitant en grande partie à la commune urbaine de Casablanca.
14 8) Bulletin mensuel relatif au mois de décembre 2012 édité par la Trésorerie Générale du Royaume.
• l’instauration de nouvelles taxes, en meilleure contribution de la région dans 7ème axe : L’intégration dans la loi des fi-
prenant en considération les spécifi- le développement économique et so- nances des crédits affectés aux collecti-
cités de chaque région et son poten- cial. vités territoriales.
tiel fiscal. A cet effet, le rapport a cité,
L’objectif étant de rendre cette collecti- 8ème axe : L’élaboration de rapports à
à titre d’exemple, les aéroports et les
vité plus attractive en termes d’investis- l’appui des projets de lois de finances et
chemins de fer comme infrastructures
sements, mais aussi de renforcer sa ca- de règlement sur l’utilisation des fonds
et équipements dont l’activité est sus-
pacité financière et managérielle afin de affectés aux collectivités territoriales et
ceptible d’être fiscalisée (entre 1 et
lui permettre de jouer son rôle de levier aux régions, en particulier.
2 MMDH) ;
de développement, de solidarité et de
• l’amélioration de la part des régions création de richesses et d’emploi. L’es- 9ème axe : La codification selon les ré-
dans l’IS et l’IR en la faisant passer à sentiel de ces mesures s’articule autour gions, des budgets des établissements
5% au lieu de 1% ; des axes suivants : publics.

• l’affectation de 50% du produit des 1er axe : La constitutionnalisation de cer- 10ème axe : La possibilité pour les régions
taxes d’enregistrement et du timbre et tains principes liés à la gouvernance des d’agir sous réserve de l’approbation des
de la taxe annuelle sur les véhicules ; finances des régions dont notamment : autorités compétentes, dans le cadre de
la contractualisation et la coopération
• l’affectation aux régions d’une part de • Le principe de la libre utilisation des internationale décentralisée.
la TVA à l’instar des autres collectivités ressources propres dans le respect des
territoriales. lois et règlements ; 11ème axe : L’évolution de la tutelle vers la
contractualisation et le partenariat.
Le renforcement des possibilités de • Le principe de l’adéquation entre les
recours au financement bancaire ressources et les attributions. Ce der- 12ème axe : L’élargissement des attribu-
nier consiste à ce qu’aucun transfert tions des présidents des conseils régio-
Considérant par ailleurs que les régions naux en matière de gestion financière,
d’attributions ne peut se faire sans l’af-
disposent d’une capacité d’endettement notamment en ce qui concerne la pré-
fectation de moyens financiers équiva-
importante, confirmée par un ratio rela- paration du budget et la présentation
lents.
tant un seuil encourageant, le rapport a du compte administratif.
proposé une panoplie de mesures dont 2ème axe : La réforme du système des
l’objectif consiste à accorder une place finances des collectivités territoriales à Les moyens financiers proposés peu-
significative à cet outil de financement. travers la simplification des procédures. vent contribuer à l’amélioration des
Il s’agit entre autres des propositions ressources budgétaires des régions.
A ce titre, le projet a proposé la réforme En effet, les prévisions résultant de la
suivantes :
des textes suivants : simulation sur la base de l’application
• Le relèvement des capacités de finan-
cement du Fonds d’Equipement Com- • La loi relative à la fiscalité locale ; des taux et pourcentages préconisés
munal pour répondre aux besoins et autorisent d’envisager la multiplication,
attentes des collectivités territoriales • Les textes relatifs à la comptabilité pu- au moins par dix fois, du montant actuel
en général, et des régions en particu- blique locale ; des budgets des régions.
lier ; • La mise en place d’outils concrétisant la Il est entendu que cette estimation ne
• L’implication du secteur bancaire et sa solidarité entre régions. prend pas en considération les taxes
motivation pour l’amener à contribuer
nouvelles à instaurer au profit des ré-
au financement des projets initiés par 3ème axe : L’évaluation globale de l’orga-
les régions, en particulier ceux dont le gions ainsi que la révision éventuelle
nisation et des attributions des collec-
rendement économique s’avère cer- des taux appliqués pour les taxes en vi-
tivités territoriales, et plus particulière-
tain ; gueur. Elle fait, également, abstraction
ment, l’articulation entre la région et les
• Le recours des régions, dans une pre- des moyens financiers qui seront mobi-
préfectures et les provinces.
mière phase, aux empreints obliga- lisés à l’avantage de ces entités dans le
taires et dans une deuxième phase, au 4ème axe : La progressivité comme ap- cadre des fonds de réhabilitation des
financement extérieur ; proche de développement des compé- régions les moins développées ainsi que
• La soumission des régions à l’instar de tences des régions à tous les niveaux les fonds de péréquation et de solidarité
l’État, au système de notation. notamment, celui des finances. entre ces collectivités.

Le renforcement des moyens de gou- 5ème axe : La création d’un fonds de réha- La mesure de l’évolution financière at-
vernance régionale bilitation sociale dont le but est de per- tendue sur les budgets de ces entités,
mettre de dépasser les insuffisances et et le poids qu’ils pourront peser dans
L’analyse des limites liées à l’organisa- dysfonctionnements liées au dévelop- les finances publiques, ne peuvent être
tion et aux finances des régions en tant pement humain au niveau des régions que relatifs. En effet, la détermination
que collectivités territoriales, a amené concernées et ciblées à travers des ratios exacte de ce que seront ces budgets,
la commission royale à formuler des et indicateurs sociaux. reste tributaire de la portée et du poids
propositions de dimension stratégique. des contributions et des transferts dont
Cette stratégie globale et progressive 6ème axe : La création d’un fonds public
vont bénéficier les régions.
est déclinée en mesures à caractère de solidarité dont le but est de réduire
complémentaire tendant à garantir une les écarts en termes de développement
entre les régions.

Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 15


SPECIAL
COLLECTIVITES
TERRITORIALES

Cependant, et au-delà des limites bud- • Sur le plan de l’amélioration du finan- conseils provinciaux et préfectoraux
gétaires relevées, les conclusions du cement des budgets des régions : peuvent assurer un rôle de proximité et
rapport de la commission royale consul- de solidarité. Cette redistribution per-
Il est opportun d’orienter les prélève-
tative constituent une feuille de route à met d’éviter, entre autres, l’émiettement
ments dont vont bénéficier les régions
même de donner une dimension impor- des dépenses et la réduction et la maî-
vers la fiscalité verte pour contribuer à la
tante et particulière au rôle de la région trise des coûts de gestion.
protection de l’environnement.
et ce, en le transformant en un rôle de fa-
Par ailleurs, le découpage régional ga­
cilitateur d’investissements, de créateur De même qu’il faudrait favoriser le re-
gnerait davantage en étant moins coû­
de richesses, de générateur d’emplois et cours au marché obligataire pour le
teux et plus productif. La redéfinition
de contributeur à la réalisation du bien financement des projets initiés par les
de l’espace régional à travers des fu-
être des citoyens. régions, eu égard à son faible coût ré-
sions rationnelles et fluides prenant en
sultant de l’absence d’intermédiaires et
En effet, les mesures préconisées sont considération le poids de l’histoire et le
tout en améliorant la part transférée à
susceptibles de concrétiser ce rôle à plus capital immatériel de la richesse, consti-
ces entités au titre des autres impôts et
d’un titre. Elles le seront, davantage, en tuerait une source de motivation pour
taxes.
leur donnant un sens conforme à l’esprit l’investisse­ment et la mobilisation des
et aux objectifs du projet enrichi, éven- • Sur le plan de la rationalisation des moyens et des ressources.
tuellement, par toute proposition ayant rôles des collectivités territoriales :
En conclusion, il importe de souligner
un apport incontestable sur l’améliora-
Afin d’écarter les redondances et les que les propositions formulées par la
tion du rôle économique et social de ces
doublons et rationaliser le rôle de cha- commission n’auront d’impact significa-
entités.
cune des catégories des collectivités tif que dans la mesure où leur insertion
A ce titre, la définition précise des préro- territoriales, il est proposé de confier aux dans les textes et leur traduction sur le
gatives des régions et le renforcement de régions la réalisation des grands projets terrain, seraient imprégnées d’esprit
leurs moyens sont nécessaires car ils sont structurants à dimension régionale qui de solidarité, de vision globale et de
de nature à contribuer à l’amélioration s’inscrivent dans le cadre des straté- recherche du bien être du citoyen, qui
des finances régionales et à la rationalisa- gies nationales de développement. Les constituent la finalité et l’essence même
tion des interventions territoriales : du projet.

16
Gouvernance territoriale
Rachid BAITA
Chef de la division du suivi
de la reddition des comptes publics

et reddition des comptes

Les collectivités territoriales jouent un Toutefois, si les collectivités territoriales gionalisation, les rédacteurs du rapport
rôle très important sur la scène admi- disposent de ressources financières suf- soulignent que «les collectivités doivent
nistrative, politique et économique du fisantes pour leur permettre de jouer s’obliger à une gestion planifiée et pro-
Royaume. pleinement leur rôle dans le dévelop- grammée, répondant aux standards les
pement économique et social, le déficit plus modernes en matière d’organisa-
Depuis le début du processus de la dé-
de la gouvernance locale constituera un tion et de fonctionnement, suffisam-
centralisation au Maroc(1), le paysage
véritable défi à ce développement. ment documentée en procédures et en
local a beaucoup évolué. La loi de 1997
descriptifs des missions et des tâches,
relative à l’organisation de la région, la A ce titre, pour les dépenses d’investis-
recherchant efficience et efficacité, avec
charte communale de 2002, modifiée sement, indicateur privilégié pour ap-
un sens généralisé des responsabilités et
et complétée en 2009, la loi relative à préhender et évaluer la performance en
un souci permanent de transparence»(5).
l’organisation des collectivités préfecto- matière de développement communal,
rales et provinciales (2002), la loi de 2007 le constat est plutôt mitigé. Elles se sont Ces lacunes au niveau de la gouver-
sur la fiscalité locale et celle de 2009 rela- établies à 10 MMDH en moyenne, entre nance empêchent les citoyens de pro-
tive à l’organisation des finances des col- 2008 et 2012, soit un taux de réalisation fiter des opportunités que peut offrir le
lectivités territoriales ont profondément qui oscille entre 40 et 50%. développement de leurs communes.
modifié le contexte juridique et écono-
Ce faible taux de réalisation est dû, note Aussi, pour faire des collectivités de véri-
mique des collectivités territoriales. L’ob-
le rapport de la Cour des comptes(3), aux tables acteurs de développement, il faut
jectif est de renforcer la gouvernance
insuffisances constatées au niveau des construire la gouvernance locale sur de
territoriale et de faire jouer au secteur
capacités managériales et organisation- nouvelles bases et de nouveaux fonde-
local un rôle stratégique en matière de
nelles des collectivités territoriales pour ments.
développement économique, social et
la préparation, le pilotage et le suivi de
culturel. La bonne gouvernance peut être définie
leurs projets d’équipement.
comme la manière dont le pouvoir est
La nouvelle constitution va, par ailleurs,
GOUVERNANCE ET DEVELOPPE- exercé afin de gérer au mieux les res-
couronner le processus de la démocratie
sources consacrées au développement.
locale en réaffirmant les principes uni- MENT L’accent est mis sur l’économique et le
versellement reconnus en matière de
Malgré l’importance des attributions et politique.
décentralisation, à savoir les principes
de subsidiarité, de libre administration, des pouvoirs transférés, l’action de la
Sur un plan économique, elle repose sur
de coopération et de solidarité. plupart des conseils communaux reste
des principes universels, en particulier
confinée aux activités traditionnelles
des politiques économiques transpa-
Cette importance des collectivités terri- telles que l’état civil, la voirie, les réseaux
rentes, une stratégie de développement
toriales peut être appréhendée aussi à de distribution de l’eau ou les ordures
clairement définie et une utilisation
partir de l’enjeu financier qu’elles repré- ménagères. D’ailleurs, à ce sujet, les
efficiente des ressources locales. La di-
sentent : les recettes de gestion des col- communes n’ont pas encore élaboré
mension politique d’une bonne gouver-
lectivités se sont établies à 26,6 MMDH, leur plan de développement communal
nance est liée aux principes consacrés
en moyenne, au cours de la période qui est pourtant une obligation légale
par la Constitution de 2011, à savoir, la
2008-2012, alors que les dépenses ordi- de par la charte de 2009 et qui doit dé-
moralisation de la vie publique, la trans-
naires, sur la même période, se situent crire pour six années les actions de déve-
parence, l’information, la participation,
en moyenne à 17 MMDH. Ce qui s’est loppement dont la réalisation est prévue
la responsabilité et la reddition des
traduit, par un solde ordinaire positif sur le territoire de la commune(4).
comptes.
moyen de 11 MMDH.
Ces insuffisances au niveau de la ges-
Par ailleurs, le niveau des fonds dispo- tion des collectivités territoriales posent
nibles est relativement élevé. Il a dépas- un réel problème de gouvernance, de
sé les 24 MMDH, correspondant presque sorte que parmi les recommandations
à une année de recettes(2). de la commission consultative de la ré-

1) Le premier cadre juridique de la décentralisation a été mis en place par la charte communale de 1960.
2) Source : TGR/BMSFL, Décembre 2012.
3) Rapport annuel de la Cour des comptes pour l’année 2012, p. 39.
4) Article 36 de la charte communale de 2009.
5) Rapport sur la régionalisation avancée. Livre I, p. 21.

Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 17


SPECIAL
COLLECTIVITES
TERRITORIALES

GOUVERNANCE ET REDDITION UNE REDDITION QUI S’INS- lité budgétaire régulière, soumise à un
contrôle dont l’objectif est de veiller au
DES COMPTES CRIT DANS UNE LOGIQUE AD-
respect du formalisme juridique.
La reddition des comptes présume MINISTRATIVE
Alors que les citoyens demandent une
l’existence d’au moins deux parties : la Au Maroc, la reddition des comptes des information liée à la nature et à la per-
première délègue le pouvoir, confie une collectivités territoriales est mise en vi- formance des services publics locaux,
responsabilité. La deuxième accepte la gueur au moyen d’un contrôle juridic- les seuls documents disponibles sur
charge de la responsabilité confiée et tionnel externe, exercé par les Cours lesquels est fondée la reddition des
s’engage à présenter et à répondre par régionales des comptes. A ce titre, les comptes, à savoir le compte adminis-
un compte rendu. comptables de ces collectivités sont tratif de l’ordonnateur et le compte de
Dans les collectivités territoriales, le tenus de présenter chaque année leurs gestion du comptable, concernent une
concept de gouvernance rappelle une comptes de gestion aux Cours régio- information budgétaire qui donne le
évidence, à savoir que les élus sont res- nales des comptes. Ils sont responsables détail de l’exécution du budget et dont
ponsables devant les citoyens des res- du recouvrement de leurs recettes et du le seul souci du contrôle, exercé par la
sources collectées et de l’usage qui en a paiement de leurs dépenses. Cour, est de s’assurer de la régularité
été fait et que d’autre part, ces mêmes En application des dispositions de l’ar- des opérations de recettes, de dépenses
citoyens doivent être en mesure de ticle 118 du code des juridictions fi- et de la production des pièces justifica-
suivre l’emploi de la contribution pu- nancières, la Cour régionale juge les tives.
blique pour s’assurer qu’une utilisation comptes et contrôle la gestion des
efficiente a été faite de ces ressources collectivités territoriales, de leurs grou-
UN CONTROLE DE LA GES-
permettant d’atteindre les résultats es- pements et des établissements publics TION LIMITE
comptés. relevant de la tutelle de ces collectivités Parallèlement au contrôle de régularité,
Le concept de bonne gouvernance met teritoriales et groupements. les Cours régionales exercent aussi un
donc en relief le lien étroit qui doit exis- Ce contrôle juridictionnel de la Cour contrôle de la gestion des collectivités
ter entre la performance d’une collecti- régionale est réaffirmé par l’article 149 territoriales et de leurs groupements.
vité et l’effectivité des règles de contrôle de la constitution qui stipule que «les Son objectif est d’évaluer les résultats
des gestionnaires et d’évaluation de leur Cours régionales des comptes sont char- atteints par rapport aux moyens mis en
gestion. gées d’assurer le contrôle des comptes œuvre et aux objectifs fixés.
A ce titre, la constitution a consacré et de la gestion des régions et autres De par sa mission d’évaluation des po-
cette règle de corrélation entre l’exer- collectivités territoriales et de leurs litiques publiques locales, ce contrôle
cice des responsabilités et fonctions pu- groupements. Elles sanctionnent, le cas semble donner de la substance à la red-
bliques et la reddition des comptes, en échéant, les manquements aux règles dition des comptes. Toutefois, plusieurs
soulignant notamment que les services qui régissent ces opérations». insuffisances entachent l’exercice de
publics «rendent compte de la gestion Les missions dévolues aux Cours régio- cette fonction par les Cours régionales.
des deniers publics conformément à la nales s’exercent au moyen d’un contrôle Elles peuvent être résumées comme
législation en vigueur et sont soumis, à juridictionnel des comptes des collecti- suit :
cet effet, aux obligations de contrôle et vités et d’un examen de leur gestion.
d’évaluation»(6). • La période d’intervention de l’organe
de contrôle reste décalée par rapport
Au Maroc, la reddition des comptes, qui
UN CONTROLE JURIDICTION-
aux faits. Ce décalage temporel impor-
est donc un principe fondateur de la dé- NEL AXE SUR LA REGULARITE tant entre les faits et leur révélation
mocratie locale, est très insuffisante et Le contrôle juridictionnel de la Cour ré- amoindrit considérablement sa portée.
souffre de deux principales lacunes : gionale est un contrôle de la régularité Il est assez fréquent que les gestion-
• C’est une reddition des comptes qui des opérations faites par le comptable naires en cause ne soient plus respon-
s’inscrit dans une logique administra- public tant en recettes qu’en dépenses. sables de la collectivité au moment ou
tive(7), et par conséquent, les citoyens Son objet est de vérifier que les comptes les observations définitives des magis-
ne disposent ni d’informations sur sont réguliers et que celui-ci a effectué trats sont rendues publiques ;
la gestion de leur commune, ni de l’ensemble des contrôles qu’il est tenu • L’intervention des Cours régionales
moyens de contrôle et d’évaluation d’effectuer. reste aléatoire du fait qu’elles ne peu-
de l’action des gestionnaires ; vent examiner la gestion de toutes les
Pour ce faire, la Cour régionale analyse
• C’est une reddition budgétaire, qui les comptes et les pièces justificatives collectivités et des groupements qui
permet de suivre l’allocation et la produites dans le cadre du compte de relèvent de leur ressort ;
consommation des crédits mais qui gestion. Concrètement, le principe de
ne permet pas d’appréhender les • Les rapports d’observations définitives,
reddition des comptes va alors se limiter s’ils relèvent les dysfonctionnements,
réalisations et les performances de la à une simple reddition d’une comptabi-
collectivité. ne renseignent pas sur la situation des

6) Article 156.
18 7) Elle signifie pour David CARASSUS que l’exécutif local rend, en réalité, compte plus aux autorités de contrôle qu’à ses électeurs, in «De l’obligation d’une reddition de comptes audités,
pour un renforcement de la démocratie locale française».
collectivités territoriales, sur leur patri- objectif, elle doit intégrer la dimension Aussi pour donner de la substance au
moine, l’évolution de leurs ressources, patrimoniale pour permettre une éva- principe de la reddition, il est nécessaire
les réalisations, bref tout ce qui a trait à luation des politiques publiques locales d’œuvrer vers plus d’information et de
la gouvernance. et une meilleure appréciation de leur communication envers les citoyens. Il
impact par rapport à la satisfaction des est intéressant de noter à ce sujet que
Dans ce contexte, des réflexions doivent
attentes des citoyens. dans les pays anglo-saxons, le concept
être engagées pour faire évoluer l’obli-
le plus proche de la reddition est celui
gation légale de rendre compte afin de Cette réforme du cadre comptable local
du reporting. Or, celui-ci contient l’idée
permettre : va élargir la sphère du contrôle des ju-
d’une information synthétique et fidèle,
ridictions financières pour appréhender,
• aux organes de contrôle d’appréhender d’un résumé des faits les plus importants
outre les actes liés à la régularité et à la
aussi les résultats et les performances ; pour rendre compte d’une mission.
conformité aux règles, les aspects rela-
• aux citoyens de disposer d’information tifs à l’efficacité, l’efficience et la perfor- Aussi, il paraît opportun, au moins pour
financières et budgétaires pour rendre mance de l’action publique locale. les grandes villes marocaines, de s’inspi-
possible une évaluation pertinente de rer de cette idée, de rattacher la reddi-
l’action des gestionnaires. UNE REDDITION DES tion des comptes des collectivités terri-
COMPTES DANS UNE PERS- toriales à la production de rapports de
UNE REFORME NECESSAIRE PECTIVE DEMOCRATIQUE gestion qui couvrent toutes les respon-
DU CADRE COMPTABLE LO- sabilités exercées par les élus, qui retra-
Parmi les douze principes retenus dans cent pour une année les réalisations dé-
CAL le cadre de la stratégie pour l’innovation cidées, budgétisées et que ces rapports
Les informations aujourd’hui concer- et la bonne gouvernance locale(8), celui soient communiqués aux citoyens.
nant les collectivités territoriales dispo­ de l’ouverture et de la transparence : le
nibles chez les magistrats des Cours ré- public est informé des décisions, de la L’idée d’une communication ouverte, ci-
gionales, sont puisées directement dans mise en oeuvre des politiques et des blée et transparente a fait l’objet d’une
leurs budgets, dans les comptes admi- résultats obtenus de sorte qu’il puisse recommandation de la commission
nistratifs et dans les comptes de gestion. suivre efficacement les travaux des col- consultative de la régionalisation qui
Il s’ensuit que la reddition des comptes lectivités et y contribuer. souligne que les collectivités doivent
se trouve actuellement altérée du fait se gérer avec un maximum de transpa-
Or, au Maroc, et comme souligné plus rence.
que ces documents n’apportent pas de
haut, l’exécutif local rend compte aux
renseignements concrets sur l’usage qui A ce titre, elle propose «qu’outre l’obli-
organes de contrôle externes, en l’occur-
a été fait de la contribution publique. gation légale de rendre annuellement
rence les Cours régionales. Il s’ensuit que
Ce déficit qui entache la reddition des les citoyens qui ont confié l’exercice de la comptes aux Cours régionales, les
comptes a été souligné par la Cour des responsabilité aux élus sont peu ou pas conseils élus doivent faire le bilan de
comptes dans son rapport de 2012, informés des politiques menées par ces leur gestion et de leurs administrations
concernant les collectivités territoriales. gestionnaires. Le principe de reddition et organes d’exécution, dans le cadre
Ce rapport note l’absence d’un cadre des comptes qui signifie que tout agent de rapports périodiques destinés à
comptable adéquat et des états finan- public doit être responsable devant les l’Etat et à leurs partenaires et à travers
ciers à même de donner en temps réel, citoyens des ressources publiques col- des supports d’information adéquats
une image fidèle du patrimoine, de la si- lectées et des actions pour lesquelles destinés au public. Ils présenteront
tuation financière et des engagements. elles ont été utilisées, n’a pas d’ existence ainsi les résultats et les impacts de cette
réelle ou concrète dans le paysage local. gestion et l’état d’exécution des plans,
La réforme de la comptabilité publique programmes et projets sur lesquels ils
doit tendre impérativement à faire de Le lien étroit entre responsabilité et red- se sont engagés»(9). Sera, ainsi, mise en
celle-ci un facteur d’information et de dition des comptes, pierre angulaire de œuvre une réelle reddition des comptes.
contrôle au sens large. Pour remplir cet la démocratie locale, est ainsi rompu.

8) Stratégie adoptée en 2008 par le comité des Ministres du conseil de l’Europe.


9) Rapport sur la régionalisation avancée. Livre I, p. 22.
Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 19
SPECIAL
COLLECTIVITES
TERRITORIALES

La concession de service public Samia BENMANSOUR


Chef du service de la documentation

comme moyen de gestion des affaires locales

Les mutations de l’ordre international, LA GESTION DELEGUEE : UN L’extension des services en réseau est
les enjeux de la mondialisation, l’en- un processus continu enraciné dans
LEVIER D’ACTION ET DE DE-
trée dans la zone de libre-échange avec une décision politique au niveau natio-
VELOPPEMENT POUR LES nal certes, mais également au niveau
l’Union européenne placent le Maroc
au carrefour de profonds changements
COLLECTIVITES TERRITO- local passant par tous les niveaux des
RIALES collectivités territoriales concernées. Au
dans les sphères de l’économie et de la
Maroc, au tournant des années 2000, les
gouvernance, en général. L’apparition Si la notion de service public ne traduit conceptions dominantes qui détermi-
de la notion de «gouvernance locale» que bien partiellement sa place sacrée, naient les modes de distribution d’eau
constitue une réactualisation du dis- son accès pour tous répond à des exi- potable et d’électricité, et d’action d’as-
cours de la gouvernance. La thématique gences techniques, financières et orga- sainissement ont été profondément mo-
sur le local puise principalement ses res- nisationnelles bien concrètes. Le troi- difiées au profit de la gestion déléguée
sources de la doxa néolibérale selon la- sième rapport de l’Observatoire Mondial des services publics locaux devenue
sur la Démocratie Locale et la Décentra- l’une des pratiques les plus courantes.
quelle il faut réduire les prérogatives de
lisation (GOLD III)(1) a démontré que «la
l’Etat et lui substituer le privé. prestation des services publics de base Cette mutation se justifie par le contexte
est meilleure quand les gouvernements néolibéral préconisant la recherche de
Mais, une autre source mérite d’être ci-
locaux disposent des responsabilités et l’efficacité dans le secteur public et a été
tée, celle de bénéficier de l’expertise favorisée par deux facteurs essentiels : la
ressources nécessaires pour répondre à
et du savoir faire d’autres opérateurs liberté conférée aux collectivités territo-
la demande de services. Les collectivités
essentiellement privés. Ces deux idées territoriales sont en première ligne des riales dans le choix du mode de gestion
se rejoignent dans les discours de la collaborations avec d’autres niveaux de de leurs services publics et le compro-
«promotion du local» à travers le ren- gouvernement, la société civile et même mis entre gestion privée et service pu-
forcement de l’échelle «locale» de prise le secteur privé, afin d’apporter des so- blic. Cela implique de donner aux collec-
de décision avec un appui privilégié à la lutions innovantes aux besoins des ci- tivités territoriales, «donneuses d’ordre»,
toyens ; elles sont à même de répondre les moyens de piloter les services pu-
décentralisation.
au défi de la prestation des services pu- blics, d’évaluer, de contrôler, d’accéder
Cette orientation de l’action publique blics mais elles ont besoin de ressources à l’information pour une bonne prise de
s’est renforcée et concrétisée par la nou- humaines, techniques et surtout finan- décision.
velle approche du «Partenariat Public- cières afin de pouvoir mener à bien cette Les opérateurs locaux sont plus proches
Privé (PPP)» comme outil de gestion mission». des citoyens et de ce fait, sont les mieux
des services publics en réseau tels que Les partenariat public-privé lient des placés pour garantir un accès universel à
l’approvisionnement en eau potable et opérateurs publics et privés tantôt de des services de base de qualité. Il existe
électricité, l’assainissement, la gestion manière structurelle (économie mixte), une forte corrélation entre l’améliora-
des déchets ou les transports. L’urbani- tantôt de manière contractuelle (conces- tion de la couverture et de la qualité des
sions) et se justifient par leur capacité à services publics et la participation des
sation rapide, les changements démo-
générer des projets. La contribution des collectivités territoriales à leur organisa-
graphiques, les turbulences de l’envi-
acteurs locaux dans les dépenses pu- tion, amélioration qui reste évidemment
ronnement international aggravent les associée à la décentralisation.
bliques d’investissement occupe une
défis auxquels se trouvent confrontées
part largement prépondérante. Les élus Cette délégation peut prendre plusieurs
les collectivités territoriales lorsqu’elles sont conscients de la nécessité d’équili- formes selon le souhait des collectivités
doivent trouver un équilibre entre la via- brer les budgets dont ils ont la respon- territoriales de garder une plus ou moins
bilité financière des services et l’accessi- sabilité et de fournir à la collectivité des grande maîtrise de l’exploitation du ser-
bilité des prix pour leurs citoyens dans services publics performants tout en vice concerné.
un contexte de crise budgétaire et de assurant la cohésion territoriale et les
revendications socio-économiques. conditions d’une économie pérenne.

1) GOLD III : L’accès aux services publics et l’urbanisation du monde /Résumé exécutif - quatrième Congrès de Cités et Gouvernements Locaux Unis, 1-4 octobre 2013, Rabat.

20
L’adoption de la gestion déléguée dé- avec le maintien d’un contrôle public : si toriale et un opérateur privé. Il permet
coule de la contrainte budgétaire pour les pouvoirs de gestion du service sont à la collectivité de dégager une marge
répondre à deux objectifs : conférés au délégataire, le pouvoir d’or- de manœuvre financière, des moyens
ganisation reste attaché au délégant ; humains et techniques afin de les affec-
1. optimiser les coûts sur une longue du-
ce processus concessif est alors perçu ter ailleurs. L’acteur privé professionnel
rée par deux leviers d’action :
comme un moyen de «faire – faire» sans offre ses services à la collectivité et réa-
• un étalement des coûts budgétaires «laisser – faire»(3). lise des bénéfices.
dans le temps (tant pour parer aux
La gestion déléguée via le partenariat Le recours aux partenariats public-
hypothèses de pression fiscale trop
collectivités territoriales – secteur privé privé permet, ainsi, la mobilisation de
brutale qu’à celles de l’endettement
concilie les impératifs d’équilibre budgé- larges ressources financières vers le fi-
public excessif ) ;
taire et de développement de l’offre des nancement d’infrastructures publiques,
• la dévolution à un unique opérateur biens publics : maillons essentiels pour le potentiel de
des opérations de conception, de croissance à long terme de l’économie,
• en mobilisant l’investissement privé
construction et d’exploitation/main- et la constitution d’un effet de levier
dans un contexte caractérisé par la
tenance, aussi bien pour réaliser d’investissements publics, opportun à la
rareté des ressources financières pu-
des économies d’échelles que pour fois dans une perspective conjoncturelle
bliques ;
responsabiliser l’opérateur dans les mais aussi structurelle. Il permet, égale-
• en intégrant toutes les phases du pro-
étapes de conception et de réalisa- ment, de développer les entreprises qui
jet de la conception à la réalisation ;
tion, souvent porteuses de surcoûts sont des moteurs de performance et
• en introduisant de nouvelles méthodes
d’exploitation lorsque ces différentes des acteurs dynamiques de l’économie
de gestion selon une logique d’entre-
phases sont confiées à des opérateurs locale.
prise se substituant aux contraintes de
distincts et non interdépendants.
la gestion administrative. Depuis 1999, Veolia Environnement, lea-
2. attirer des capitaux étrangers par der mondial de la protection de l’envi-
Les collectivités territoriales conservent
l’élaboration d’un partage des risques ronnement (eau, électricité et assainisse-
la responsabilité de fixer les règles et
optimisé entre collectivités publiques ment) est largement implanté au Maroc
d’en garantir le respect. Les principes du
et opérateurs privés. Les réformes et fortement engagé dans des contrats
service public, la continuité, l’égalité de
introduisant les partenariats public- de gestion déléguée dans les secteurs
traitement entre les usagers et l’adapta-
privé ont été dépassées et replacées de la distribution d’eau, d’électricité et
tion permanente du service à l’évolution
dans un ensemble plus vaste incluant d’assainissement (Amendis Tanger et Té-
des besoins doivent être respectés.
des réformes du secteur public ainsi touan, Redal à Rabat-Salé). Veolia - Eau
qu’une redistribution des responsabi- La collectivité territoriale reste vis-à-vis assure, pour les collectivités publiques(4)
lités et des pratiques dans la gestion du délégataire, le représentant de l’en- et les entreprises, la gestion déléguée
des services publics entre acteurs pu- semble des usagers et il lui appartient de des services d’eau et d’assainissement,
blics centraux et locaux (déconcentra- s’assurer que la tarification correspond conçoit les solutions technologiques
tion et/ou décentralisation)(2). à la réalité économique ou aux choix et construit les ouvrages nécessaires à
politiques et sociaux qu’elle est censée cette mission.
La gestion déléguée répond au besoin
exprimer. Elle doit également garantir le
d’externalisation des charges d’investis- Ses activités couvrent tous les cycles de
maintien du cadre législatif et contrac-
sement et de fonctionnement du ser- l’eau dans une optique de préservation
tuel pour bâtir un partenariat à long
vice, crée un environnement de gestion et d’économie de la ressource. Les objec-
terme avec une visibilité suffisante des
plus incitatif et permet de disposer d’une tifs du contrat de concession portent sur
risques et la perspective d’une rémuné-
offre globale, intégrant la conception, la la construction d’usines de dépollution
ration appropriée du capital investi.
construction, et l’exploitation afin de ré- des eaux usées, la réhabilitation et la
duire les coûts de transaction pour la col- Plus qu’une simple intermédiation ou modernisation des infrastructures, ainsi
lectivité. Aux arguments économiques, externalisation, le partenariat public- que l’amélioration des services fournis à
s’ajoute le fait que la gestion déléguée, privé consiste en une association et un la population par une meilleure desserte
libérale dans son essence, représente partage des objectifs, des bénéfices et en eau, électricité et assainissement.
un modèle d’externalisation compatible des risques entre une collectivité terri-

2) VERDEIL, Eric, «Les services urbains en réseau dans les pays arabes : diversité des réformes libérales et de leurs effets territoriaux», Géocarrefour [En ligne], Vol. 85/2 | 2010,
http: //geocarrefour.revues.org.
3) La délégation de service public : un modèle à repenser? rapport – ENA (France) 2009.
4) Entretien avec Jean-Michel Herrewyn, Directeur Général de Veolia Eau sur /www.veoliaeau.com. 2010.
Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 21
SPECIAL
COLLECTIVITES
TERRITORIALES

CONSISTANCE DU PROGRAMME CONTRACTUEL PREVISIONNEL D’INVESTISSEMENTS

Services Eau, Tanger et Tétouan, en


2002 à 2012 2013 à 2022 2023 à 2027 Cumul % du total
DH hors TVA Périodes

Désignation

I- INFRASTRUCTURES 386 011 893 98 586 651 20 074 183 504 672 727 27%

II- REPARTITION - DISTRIBUTION 98 501 825 112 231 539 50 347 482 261 080 846 14%

III- RENOUVELLEMENT 205 684 256 133 796 500 75 224 178 414 704 934 22%

IV- MOYENS D'EXPLOITATION 62 847 084 48 943 286 23 939 098 135 729 468 7%

V- TRAVAUX REMBOURSABLES 198 502 929 236 391 769 110 117 323 545 012 021 29%

TOTAL 951 547 987 629 949 745 279 702 264 1 861 199 996 100%

1- Ressources propres du Délégataire 332 436 592 99 448 403 38 473 979 470 358 975 25%

2- Dotation de renouvellement 195 655 478 133 796 500 75 224 178 404 676 155 22%

3- Fonds de travaux 224 952 988 160 313 073 55 886 784 441 152 845 24%

4- Lotisseurs - Abonnés 198 502 929 236 391 769 110 117 323 545 012 021 29%

Sources : Convention de gestion déléguée de Tanger et de Tétouan, 2010

Au Maroc, les collectivités territoriales ne publics, d’introduire des normes de gou- Les collectivités territoriales sont par-
sont, actuellement, pas en mesure de fi- vernance issues du privé et d’améliorer fois arrêtées dans leurs projets par la
nancer plus de 25% des investissements la qualité des services rendus aux usa- contrainte budgétaire sachant que les
du secteur sur leurs ressources propres. gers et l’accès à ces derniers. marges de manœuvre supplémentaires
Pour faire face à tous ces défis majeurs dépendent du bon vouloir de l’État (déci-
Les gains potentiels pour les pouvoirs
à savoir, l’augmentation des contribu- sion en matière de fiscalité, subventions,
publics n’étaient pas à sous-estimer.
tions financières pour les infrastructures aides, …). Le contrat de partenariat peut
Outre les gains financiers immédiats liés
de déplacements urbains et la mise en ouvrir des opportunités qui changeront
à la cession des actifs publics concernés,
place de mécanismes institutionnels cet état de fait. La systématisation de ces
les engagements budgétaires futurs liés
adéquats pour optimiser l’utilisation des pratiques peut donc à terme modifier
aux nouveaux investissements dans les
fonds, les autorités publiques ont dû les équilibres des pouvoirs entre les ni-
infrastructures pouvaient être limités.
réexaminer leurs priorités pour la mise veaux local et national.
en œuvre de partenariats publics-privés Le renforcement du partenariat public-
Par ailleurs, on pressent aujourd’hui que
permettant de compléter les finance- privé aura de nombreux effets qu’il est
si les contrats de partenariat peuvent
ments apportés par l’État. plus ou moins facile d’anticiper. Parmi
être envisagés pour une multitude de
ceux-là, on en retiendra deux qui sont
Parmi les «promesses» de tels mariages domaines, leur avantage comparatif
explicitement recherchés et souvent mis
public-privé, pour reprendre la formule par rapport aux solutions contractuelles
en avant dans les débats : d’une part le
d’Antonio Estache [Estache, 2004], fi- classiques semble particulièrement
partenariat public-privé devrait accé-
guraient la possibilité d’accroître l’offre significatif dans les domaines où les
lérer la réalisation des investissements
de biens publics tout en respectant les services externalisés sont les plus com-
que les pouvoirs publics n’ont pas tou-
objectifs de stabilisation fiscale et en bé- plexes et représentent des enjeux vitaux
jours les moyens de financer, d’autre
néficiant d’un coût du capital privé his- pour les entreprises. Les contrats de par-
part il devrait renforcer les responsables
toriquement bas. Au-delà de ces gains tenariat gagneront à être développés là
locaux dans leur capacité à réaliser des
macroéconomiques, il était attendu des où le secteur privé est plus performant
projets et donc conforter le processus
partenariats, qu’ils permettent à un ni- que le secteur public, par le savoir-faire
de décentralisation en cours dans notre
veau microéconomique d’améliorer l’ef- qui est le sien et par les solutions inno-
pays.
ficience de la gestion des équipements vantes qu’il propose pour résoudre la
complexité.

22
DES ENJEUX FINANCIERS DI- collectivité, soit un prix de vente moins • arbitrage entre le court terme et le
élevé pour les usagers. moyen terme à travers des méca-
VERGENTS nismes d’autofinancement et d’em-
L’enjeu principal de la gestion déléguée prunt mis en place pour financer les
Si la gestion déléguée des services
via le partenariat public-privé réside investissements à réaliser,
publics a été préconisée pour une
bien dans cette contradiction entre les
meilleure efficacité en conférant l’exploi-
intérêts des collectivités qui sont en • orientation des choix des acteurs éco-
tation du service à une entreprise privée
quête de prestations de service public nomiques pour une gestion économe
- les investissements restant à la charge
de qualité et à moindre coût, et ceux du d’une ressource souvent limitée.
de la collectivité territoriale - elle reste
délégataire dont le but est de rentabili-
cependant sujette à de nombreuses La mobilisation et la distribution de l’eau
ser les capitaux investis. Dans le cas, par
polémiques, notamment sur le fait de attestent d’un développement continu
exemple, des services publics de distri-
confier une mission de service public à dans le cadre de la décentralisation. Ce
bution d’eau et d’assainissement com-
une entité privée. qui suppose :
ment les opérateurs publics locaux per-
Cette relation de délégation soulève çoivent cette asymétrie d’information • La résolution de la question de la mo-
des difficultés du fait de la divergence et quelles mesures prennent-ils pour la bilisation et de l’adduction de la res-
d’intérêt des deux parties : l’entreprise contrecarrer? source en eau par une vaste politique
et la collectivité territoriale. Alors que de construction de grands barrages ;
la commune se trouve à la recherche LA REGULATION : POUR UNE
• Une action au niveau des opérateurs
de l’intérêt général, l’entreprise vise la AMELIORATION DES SER- urbains de distribution d’eau par un
maximisation de son profit. Cette diffé- VICES PUBLICS LOCAUX recours ciblé au secteur privé ;
rence d’objectifs des opérateurs dans
le contrat de délégation devient d’au- DANS UN CONTEXTE DE DE- • Des stratégies nationales d’universali-
tant plus problématique qu’il existe une CENTRALISATION sation du service ;
forte «asymétrie d’information» entre
La délégation des services publics en ré- • Une stratégie nationale de moyen
la collectivité territoriale et l’entreprise
seaux ne s’accompagne pas seulement terme de collecte et de traitement des
délégataire. Mais même si la délégation
d’un retrait des collectivités publiques eaux usées.
comporte des risques du fait de cette
mais par une réorganisation de leur
asymétrie, la décision du mode de ges- L’article 39 de la Charte communale de
mode d’intervention et une redistribu-
tion n’obéit pas forcément à une rationa- 2002 stipule que «le Conseil communal
tion des responsabilités à travers un
lité au sens économique du terme, mais décide de la création et de la gestion des
dispositif de normes, mécanismes et ins-
suit la rationalité du délégant. services publics communaux notam-
titutions dont l’objectif est d’assurer des
ajustements permanents et évolutifs. ment dans les secteurs de l’approvision-
Les divergences d’enjeux financiers
nement et de la distribution d’eau po-
sont donc plus complexes qu’il n’y pa-
Trois niveaux de régulation peuvent être table, distribution d’énergie électrique,
rait au premier abord. Là où l’entreprise
mentionnés dans ce domaine : assainissement liquide, … . Il décide des
recherche la rentabilité par nécessité
modes de gestion des services publics
de survie, la collectivité recherche des • la régulation de la qualité ;
communaux par voie de régie directe,
marges de manœuvre plus grandes pour • la régulation économique basée sur de régie autonome, de concession ou
assurer le renouvellement des instal- une structure tarifaire garantissant le de toute forme de gestion déléguée des
lations et donc la pérennité du service. recouvrement des coûts complets et services publics …».
Or, la visibilité des bénéfices du déléga- une transparence dans les subven-
taire(5), dans un contexte de besoin en tions accordées ; La plupart des communes ont opté pour
financement, met à jour des marges de un service d’eau potable et d’assainis-
• la promotion du secteur privé, acteur
manœuvre auparavant insoupçonnées. sement délégué à un distributeur mul-
du changement grâce à un système
tiservices (y compris l’électricité) pour
Tout l’enjeu se focalise sur le surplus d’incitations.
les grandes métropoles (concessions de
social du service, plafonné par l’accep- La tarification se trouve au cœur de la ré- Casablanca, Rabat et Tanger/Tétouan)
tabilité à payer des usagers et par les gulation des pouvoirs locaux et traduit et les villes moyennes (les treize régies).
coûts d’exploitation et d’investissement les principaux arbitrages d’une politique Ainsi, en matière d’eau potable, le milieu
du délégataire et de la collectivité. Or, la globale de l’eau : urbain est desservi en volume à hauteur
collectivité ne recherche pas le profit, et
• arbitrage entre l’usager et le contri- de 31% par l’Office National de l’Eau Po-
la surtaxe est calculée en fonction des
buable ; table (ONEP), 39%par les trois conces-
investissements du service. Il y a donc
• arbitrage entre les contribuables lo- sionnaires (LYDEC, REDAL et AMENDIS),
une assimilation du surplus social au bé-
caux, régionaux ou nationaux et les 30% restant étant fournis par les
néfice du délégataire. A tarif égal pour
mécanismes de péréquation des res- treize régies autonomes municipales. Le
les usagers, la réduction du bénéfice du
sources financières et de redistribu- rendement physique des réseaux s’amé-
délégataire offrirait soit une augmen-
tion qui en résultent, liore puisqu’il est passé de 67% en 2003,
tation de surtaxe, et donc des possibili-
à 71% en 2005 et à 80% en 2008. Le taux
tés de financement supérieures pour la • arbitrage entre les usagers-pollueurs et
de raccordement moyen en milieu ur-
les tiers pénalisés,

5) SAN MARTINO, Laurence. Asymétrie d’information, décisions et gestion déléguée des services publics locaux, ERFI, Université Montpellier I, 2010.
Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 23
SPECIAL
COLLECTIVITES
TERRITORIALES

bain est de 85%, les quartiers périphé- par les communes et sont strictement La démarche participative du partena-
riques restant les moins bien desservis réservées aux programmes de l’Initiative riat public-privé, alliée à une commu-
(par bornes-fontaines, vendeurs d’eau Nationale pour le Développement Hu- nication suffisamment élaborée entre
ou puits)(6). main l’(INDH) et du Programme Natio- toutes les parties, permet de renforcer
nal d’Assainissement (PNA). De plus, ces l’appropriation des solutions mises en
Le financement de la distribution de
subventions sont inférieures au revenu œuvre et favorise leur durabilité.
l’eau au Maroc fait apparaître un fort
fiscal que l’État dégage de ce secteur à
niveau d’autofinancement, un subven- La «coopération décentralisée»(9) est une
travers la perception de la TVA, de l’IS et
tionnement limité de la part de l’État à illustration de cette démarche participa-
l’IR.
travers les communes et l’importance tive, qui se poursuit dans la même voie
des financements croisés. LA COOPERATION DECEN- tout en visant à mieux répondre aux
aspirations et besoins de la population.
En matière de tarification, la distribu- TRALISEE : UNE APPROCHE Si les autres modes de gestion ont lar-
tion d’eau potable au Maroc est carac- PARTICIPATIVE DE LA GOU- gement fait leurs preuves, celui qui fait
térisée par une certaine complexité
due à la cohabitation de trois types VERNANCE LOCALE DES SER- référence à une plus grande participa-
VICES PUBLICS tion des acteurs sociaux dans la prise
d’opérateurs (concessionnaires, régies
des décisions n’est actuellement qu’en
et l’Office National de l’Eau Potable). La loi française n° 2005-95 du 9 février pleine émergence. Il se construit sur la
Cette complexité est accentuée par une 2005(8) relative à la coopération interna- recherche de solutions pertinentes à
tarification territorialisée : chacun des tionale des collectivités territoriales et définir en fonction des besoins et, en
opérateurs assume un coût d’achat de des agences de l’eau dans les domaines ce sens, est source d’innovation perma-
l’eau différent. En 2006, ce coût oscillait de l’alimentation en eau et de l’assai- nente.
de 2,15 Dh pour la RADEEC (Ville de nissement stipule: «Les communes, les
Settat) à 4,27 Dh pour la LYDEC de Ca- établissements publics de coopération La gestion de l’eau à Figuig illustre un
sablanca. A ce prix d’achat, s’ajoute une intercommunale et les syndicats mixtes cas de «coopération décentralisée» ac-
surtaxe de solidarité de 0,72 Dh/m3, la chargés des services publics de distribu- tuellement menée dans les secteurs de
surtaxe PAGER (destinée à l’Office Natio- tion d’eau potable et d’assainissement l’eau et de l’assainissement par le Conseil
nal de l’Eau Potable pour l’universalisa- ou du service public de distribution général du département de Seine-Saint-
tion du service d’eau en milieu rural) et d’électricité et de gaz peuvent, dans Denis en partenariat avec cette ville ma-
les redevances des Agences de bassin. la limite de 1% des ressources qui sont rocaine.
De plus, chaque opérateur a sa propre affectées aux budgets de ces services, Un protocole de coopération a été signé
tarification, soit 72 niveaux de prix dif- mener des actions de coopération avec le 8 juin 2000 entre la ville de Figuig et
férents à l’échelle du pays (5,75 Dh/m3 les collectivités territoriales étrangères le département de Seine-Saint-Denis.
en moyenne pondérée, de 1,3 Dh/m3 à et leurs groupements, dans le cadre des Il portait sur le développement des
Meknès en tranche«sociale», à 14,77 Dh/ conventions prévues à l’article L. 1115-1, services publics relatifs à l’environne-
m3 à Oujda en tranche supérieure). Ces des actions d’aide d’urgence au béné- ment, la santé et l’emploi(10). Un certain
prix de vente sont fonction des coûts fice de ces collectivités et groupements, nombre de priorités ont été définies
d’achat de l’eau potable, des niveaux ainsi que des actions de solidarité inter- entre les partenaires, parmi lesquelles
d’autoproduction et de l’efficacité diffé- nationale dans les domaines de l’eau et figurent les actions du volet environ-
rentielle de la gestion des opérateurs(7). de l’assainissement et de la distribution nement relatives à «la gestion de l’eau
Le complément du financement est publique d’électricité et de gaz». et la lutte contre la désertification». Ce
assuré par deux sources. Tout d’abord, La coopération décentralisée apporte dernier prévoyait différentes interven-
les péréquations entre métiers et opé- une manière de coopérer doublement tions relatives au secteur de l’eau : une
rateurs : les financements croisés sont spécifique : en intervenant à l’échelle amélioration de l’accès à l’eau potable
complexes en imbriquant à la fois les d’un territoire, en s’inscrivant dans une en utilisant le réseau existant, la mise en
secteurs de l’électricité, de l’eau et de dimension pérenne. Dans le contexte place d’un réseau d’assainissement, et la
l’assainissement, les opérateurs mul- de la mondialisation les collectivités lutte contre la désertification(11).
tiservices et l’Office National de l’Eau territoriales tentent de développer leurs Deux points forts de ce partenariat :
Potable. Si le secteur de l’eau potable ur- rapports aux collectivités du monde,
baine a bénéficié de 106 MDH par trans- les actions sur le développement lo- • Il s’inscrit dans une logique de sub-
fert interne en provenance de l’électri- cal, la structuration des territoires : la sidiarité qui permet de relier deux
cité, par contre, c’est une somme dix fois coopération décentralisée construit un territoires du Nord et du Sud autour
supérieure qui est repartie vers l’office environnement attractif aux activités d’un problème commun à résoudre.
national. En effet, ces sub­ventions struc- économiques en intervenant en matière La force de la coopération décentrali-
turelles sont versées non par l’État mais d’infrastructures. sée est bien de favoriser la rencontre

6) DE MIRAS, Claude. «Les services urbains de distribution d’eau potable et d’assainissement au Maroc ou les exigences de l’émergence», géocarrefour [En ligne], Vol.85/2 /2010.
7) DE MIRAS, Claude. «Les services urbains de distribution d’eau potable et d’assainissement au Maroc ou les exigences de l’émergence», op. cit.
8) Consultez le site : http://legifrance.gouv.fr.
9) «Il y a coopération décentralisée lorsqu’une (ou plusieurs) collectivité(s) locale(s) développe(nt) des relations avec une (ou plusieurs) collectivité(s) locale(s) étrangère(s)». C’est
une forme de 4P appelée par un groupe de travail.
10) Pour de plus amples détails consultez avec profit le site : http://developpementdurable.revues.org.
11) MAKKAOUI, RAOUDHA et DUBOIS, Jean-Luc. «Nouvelles formes de gouvernance dans le domaine de l’eau. Apports et limites de la coopération décentralisée dans les pays
en développement», Développement durable et territoires Vol. 1, n° 1 | Mai 2010.
24
d’acteurs se situant à des niveaux de et sociales. Le partenariat entre les Pour conclure, la gestion déléguée et
décisions équivalents, mais parallèles, deux régions fournit des éléments au les autres formes du partenariat public
pour décider de mesures appropriées, débat public et facilite l’émergence - privé constituent un outil fondamen-
sans pour autant avoir systémati- de politiques concertées au sein des- tal de la modernisation de l’économie
quement besoin de remonter au ni- quelles les sociétés civiles partenaires nationale.
veau de l’État, de la région ou de la se trouvent, de fait, engagées.
L’expérience marocaine dans le do-
province. Le fait de vouloir résoudre
La coopération décentralisée permet maine s’élargit chaque jour et l’arrivée
des problèmes équivalents dans des
de développer des synergies entre dif- remarquée de grands groupements in-
contextes différents encourage les
férents acteurs et de promouvoir des ternationaux dans la sphère des services
échanges de savoirs et les transferts
processus d’action sous une forme par- publics marchands bouscule déjà les
de technologie. Cela permet de por-
ticipative. Cette vision novatrice et com- certitudes et les canevas juridiques et
ter un regard croisé sur les problèmes
plémentaire de la coopération inter- économiques d’hier.
techniques, ce qui peut-être source de
nationale, où la société civile se trouve
synergie et de créativité accrue(12). Ce procédé de gestion des services pu-
impliquée, a le mérite de donner un
blics, qui est déjà lancé, mérite d’être
• Il permet l’émergence d’une vision de nouvel élan aux politiques de dévelop-
activé et généralisé au profit d’autres
responsabilité partagée, ou «cores- pement.
secteurs pour combler les retards accu-
ponsabilité», face aux nécessités
mulés dans notre économie et partant
du développement et à ses consé-
dans notre société.
quences économiques, écologiques

GID COMMUNAUTÉ

GID FOURNISSEURS

ID REPORTING
GGID
S
GID COLLECTIVITÉS TERRITORIALE
PENSE
GESTION INTÉGRÉE DE LA DÉ

Un système flexible et sécuris


é
https://ct.gid.gov.ma

12) Idem

Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 25


SPECIAL
COLLECTIVITES
TERRITORIALES

Le développement local
Fouad BELLAOURI KOUTBI
Trésorier préfectoral de Tanger

Emergence d’un nouveau modèle

Au cours des années quatre vingt du Dans le cas du Canada, MM. Jean-Marc CARACTERISTIQUES DU DEVE-
siècle dernier, les pays développés ont FONTAINE et André LÉVESQUE ont cité
LOPPEMENT LOCAL
assisté à l’émergence d’un nouveau type plusieurs exemples d’initiatives locales
de développement, connu sous le nom ou régionales de développement local (3) : Le développement local présente cer-
de «développement local» ou «déve- taines caractéristiques qui le spécifient
• La crise économique des années 1930
loppement à la base», dans lequel les par rapport aux politiques de dévelop-
était à l’origine du Mouvement coopé-
collectivités territoriales jouent un rôle pement centralisé de l’Etat :
ratif d’Antigonish en Nouvelle-Écosse ;
central. Ainsi, ces dernières ont multiplié • Le développement local a un caractère
les projets de développement à carac- • La crise de la fin des années 1950 qui
multidimensionnel (économique, so-
tère économique et social, destinés à a entraîné la détérioration des condi-
cial et culturel) ;
améliorer les conditions matérielles des tions de vie de l’arrière pays (Gaspésie,
citoyens et à dynamiser l’activité écono- Bas du Fleuve, ...) est à l’origine de ce • Le développement local repose princi-
mique. que les auteurs appellent «les opéra- palement sur la participation active de
tions dignité» qui avaient pour objec- tous les acteurs (Communes, Etat, as-
Le développement local repose sur tif de permettre à des communautés sociations, ONG, ...) avec un rôle prédo-
une approche différente des politiques de prendre en main leur économie en minant des collectivités territoriales ;
macroéconomiques traditionnelles ; Il phase de destructuration ;
fait appel à des valeurs comme la sub- • Il se concrétise par des initiatives lo-
sidiarité, la créativité et la solidarité et • La crise économique du début des an- cales en matière de développement
dont l’objectif est la valorisation des nées 1980 a conduit à la création «des local qui visent la valorisation des res-
potentiels des collectivités territoriales. organisations de relance économique» sources des collectivités territoriales.
Pour atteindre ses objectifs, cette nou- dans les quartiers défavorisés de Mon- Elles peuvent émaner du secteur privé,
velle stratégie de développement mise tréal par des intervenants du secteur du secteur public ou de la société civile
principalement sur les acteurs locaux et communautaire. (des associations ou des individus).
tire avantage des politiques gouverne- Ces intervenants développent souvent
Mais depuis le début des années quatre
entre eux des relations partenariales ;
mentales et de l’aide externe. vingt(4), le développement local a pris
une dimension sans précédent. Les pays • Le développement local est un pro-
LE CONTEXTE D’EMERGENCE DU occidentaux se sont engagés dans une cessus complexe (multiplicité des ob-
DEVELOPPEMENT LOCAL véritable politique de décentralisation jectifs avec possibilité d’incohérence,
en transférant aux collectivités territo- incertitude des résultats des actions,
Il a été constaté que les situations d’ex-
riales une grande partie de leurs attribu- diversité des contraintes territoriales,
trême pauvreté à la suite notamment
tions économiques et sociales(5). ...).
des crises économiques, des déséqui-
libres économique et socio-régionaux, En effet, face aux imperfections structu- LES ENJEUX DU DEVELOPPE-
des guerres ou des catastrophes natu- relles du marché et de la mondialisation
relles, amènent les acteurs locaux à dé- rampante et à leur incapacité à régler
MENT LOCAL
velopper des initiatives pour répondre à les problèmes du développement éco- L’enjeu principal du développement
des besoins urgents(1). «Ces alternatives, nomique national, de nombreux États local est la lutte contre la pauvreté et
parce qu’elles viennent du milieu, répon- voient la décentralisation comme un l’exclusion. Il concerne donc en priorité
dent souvent mieux, aux besoins de la moyen pour améliorer la qualité des ser- les régions pauvres, désertiques ou en-
population et sont plus appropriées que vices rendus et de répondre aux besoins clavées. Il nécessite une bonne connais-
celles en provenance de l’État(2)». et possibilités de l’économie locale(6). sance des particularités des territoires
Ainsi, les collectivités territoriales sont concernés afin d’élaborer la stratégie
devenues des acteurs de développe- adéquate. Chaque collectivité doit faire
ment.

1) FONTAINE, Jean Marc et LEVESQUE, André. Initiation au Développement Economique Local et au Développement Economique Communautaire : expériences pertinentes et études
de cas. (IFDEC), Montréal 1992.
2) Idem p. 20.
3) Idem p. 22. L’ouvrage expose plusieurs expériences réussies tirés de l’histoire du Canada.
4) BIHR, Alain. Le mirage du développement économique local, le monde diplomatique, novembre 1992.
5) C’est dans ce cadre que s’inscrit la loi française de décentralisation de 1982-83.
6) TESSON, Frédéric. Introduction au cours de développement local L2-L3.

26
l’objet d’une stratégie d’intervention ap- • le développement de relations de coo- C’est ainsi que dans le cadre des services
propriée. pération impliquant les administra- publics locaux, plusieurs partenariats
tions, les collectivités territoriales et ont eu lieu dans les domaines de la dis-
La stratégie adoptée doit porter sur la
les associations(7). tribution d’eau et d’électricité par les
valorisation des ressources patrimo-
niales locales à l’effet de créer des va- Les programmes initiaux avaient un villes de Casablanca en 1997, Rabat en
leurs ajoutées économiques. caractère obligatoire (cas des projets 1999, Tanger et Tétouan en 2001.
hydro-agricoles). Puis dans les années Le recours à la gestion déléguée peut
Or, pour qu’il y ait valeur au sens éco-
quatre vingt dix, les programmes secto- être expliqué notamment par :
nomique du terme, il faut trouver des
riels (Programme d’Electrification Rurale
débouchés. C’est le cas des coopéra- • les raisons financières dans la mesure
Généralisée, Programme d’Ali­mentation
tives agricoles marocaines et des micro où l’importance des investissements
Groupée en Eau au milieu Rural, …) ont
entreprises artisanales qui dévelop- pourraient causer des crises de tréso-
utilisé pour la première fois la notion de
pent de nouveaux produits à partir des rerie ;
partenariat avec partage des coûts.
ressources qui étaient sous exploitées
ou destinées à l’autoconsommation Parallèlement, l’Etat a mis en place des • les compétences techniques. En effet,
(confiture des figues de barbarie, huile stratégies afin de renforcer les capacités des domaines comme l’assainisse-
d’argan, … ) et qui finissent par trouver des collectivités territoriales notamment ment, la distribution d’eau et d’électri-
des marchés porteurs. Et c’est la grande par : cité et le transport collectif nécessitent
diversité de ces créneaux, limités dans des compétences techniques qui dé-
leur volume, mais multiples, évolutifs, Le partenariat des collectivités passent les capacités des collectivités
créateurs de valeurs économiques sans territoriales avec les associations territoriales.
cesse renouvelées qui fait la force du dé- A partir du début des années 90, une L’échange d’expérience entre les
veloppement local. nouvelle forme de partenariat est née communes marocaines et les com-
En effet, l’un des grands enjeux du dé- avec l’apparition d’une nouvelle gé- munes d’autres pays ou avec des
veloppement local, en termes écono- nération d’associations, qui s’est fixée organisations internationales ou
miques, c’est sa capacité de création comme choix d’agir au niveau local
régionales, au moyen de partena-
de valeurs économiques à partir des contre l’exclusion et la pauvreté.
riats
initiatives locales et des ressources qui Ces associations étaient très actives sur
étaient sous exploitées ou destinées à le terrain, notamment dans le cadre de Les collectivités territoriales marocaines
l’autoconsommation et en dehors des l’Initiative Nationale pour le Dévelop- sont très actives dans ce domaine. A titre
circuits traditionnels de la distribution. pement Humain. Elles ont pu inciter les d’exemple, ADELMA : Association de
acteurs locaux, nationaux et étrangers à Développement Local Méditerranéen
LE DEVELOPPEMENT LOCAL AU contribuer à l’exécution des projets de (Tanger-Maroc) et Proyecto Local (Barce-
MAROC développement local. lone-Espagne), deux organisations de la
société civile ayant lancé et coordonné le
Le développement local au Maroc est Des travaux importants ont été réalisés projet PROGOL (Promotion de la Bonne
essentiellement l’œuvre de l’Etat (déve- par des associations, dans un cadre par- Gouvernance au Nord du Maroc) qui ont
loppement par le haut). tenarial en matière d’infrastructures et pris comme engagement le dévelop-
En effet, conscient de l’ampleur de la de services sociaux et éducatifs de base. pement local et la bonne gouvernance
pauvreté et de l’exclusion, notamment locale dans les villes de la Méditerranée.
Néanmoins, le partenariat entre les
en milieu rural, l’Etat a permis l’émer- PROGOL représente, en effet, une initia-
collectivités territoriales et ces associa-
gence, depuis le début des années 90, tive significative en la matière(8).
tions est relativement limité, bien que le
d’une stratégie de développement local nombre de ces dernières soit important. Les Sociétés de Développement
dont témoignent : Cette situation peut être expliquée, par Local (SDL)
• l’ampleur des programmes à caractère le manque de compétences en matière
de développement local, notamment en La société de développement local est
sectoriel ou intégré, menés par des dé-
milieu rural. l’un des outils novateurs de gestion de
partements ministériels en faveur de
la chose publique. Elle dispose à présent
localités pauvres ou enclavées ; La gestion déléguée d’un cadre juridique(9).
• l’adoption d’approches participatives Les collectivités territoriales, notam- Cette nouvelle formule de gestion des
impliquant les populations et les élus ment dans les grandes villes ont eu re- services publics locaux, ayant un carac-
locaux dans l’identification des besoins cours à ce mode de gestion même avant tère industriel et commercial, tels que
et la mise en œuvre des projets à carac- l’adoption de la loi du 14 février 2006 sur les gares routières, peut être considérée
tère local ; la gestion déléguée. comme une solution, qui peut concilier

7) Voir à ce propos le rapport «Approches participatives au Maroc bilan de l’expérience et recommandations pour la mise en œuvre de l’Initiative Nationale de Développement Humain
(INDH)». BIRD, janvier 2006.
8) BIHR, Alain. Le mirage du développement économique local. Le monde diplomatique, novembre 1992.
9) Dahir n° 1-08-153 du 18 février 2009 portant promulgation de la loi n° 17-08 modifiant et complétant la loi n° 78-00 portant charte communale.
Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 27
SPECIAL
COLLECTIVITES
TERRITORIALES

entre les exigences du service public et Il est à noter que le Maroc a connu plu- L’objectif du projet est de «renforcer les
la rationalité du secteur privé. En effet, sieurs expériences réussies en matière capacités des acteurs locaux pour élabo-
la création d’une société de dévelop- de développement local. Parmi ces ex- rer et mettre en œuvre un plan de déve-
pement local permet au service public périences, l’exemple du projet DéLIO loppement communal de l’oasis accom-
d’être géré de manière plus profession- «OASIS de Figuig»(11) qui concerne une pagné de projets pilotes fédérateurs et
nelle. oasis pauvre et enclavée. Il s’agit d’un portés par la municipalité de Figuig»(12).
projet de Développement Local Intégré
La commune urbaine de Casablanca Pour conclure, le développement local
de l’Oriental.
s’est orientée récemment vers la créa- au Maroc a été initialement l’œuvre de
tion de Sociétés de Développement Initié par l’Agence du Nord et le Pro- l’Etat. Mais avec la réforme de la charte
Local. C’est le cas des sociétés «Casa gramme des Nations Unies pour le Dé- communale, la mission principale des
Contrôle» ; «Casa patrimoine» et «Casa veloppement (PNUD), DéLIO s’inscrit collectivités territoriales, riches d’une
Animation, Casa Dev». dans le programme de valorisation et de longue expérience en matière de décen-
pérennisation de l’Oasis de Figuig, qui tralisation, s’est orientée vers le dévelop-
La création de l’Institut Marocain connaît une situation alarmante et dont pement économique et social.
pour le Développement Local la palmeraie est menacée de disparition
(IMADEL)(10) au même titre que les autres palmeraies Des efforts importants ont été ainsi dé-
du sud. ployés notamment en matière de forma-
L’Institut Marocain de Développement tion, de partage des expériences et de
Local, créé en 2008 par certains experts La stratégie du projet s’appuie sur trois partenariat pour permettre aux collec-
avec le soutien de la députation de Bar- axes : tivités territoriales de jouer pleinement
celone, a pour vocation principale le leur rôle en matière de développement
renforcement institutionnel des collecti- • mettre en place une stratégie porteuse
d’un avenir de développement intégré local.
vités territoriales.
et durable pour l’oasis de Figuig ; Ainsi, d’une action «descendante»(13) ou
Les domaines d’intervention de cet insti- de «développement par le haut» initiée
tut concernent : • fédérer les différents acteurs locaux du
développement autour de cette straté- par l’Etat on évolue vers une action «as-
• le renforcement des acteurs commu- gie ; cendante» de développement basée sur
naux (formations, stages, visites, clubs, la mobilisation sociale et qui prend en
accompagnement «élaboration des • faire émerger un développement glo- considération les besoins des habitants.
plans communaux du développe- bal et intégré de l’oasis.
ment», …) ;
• la promotion de la coopération décen-
tralisée (nord-sud et sud-sud).

Perception recette municipale d’Essaouira, 1936.

(10) LMOUMNI, Nadir. Les programmes du renforcement des capacités locales au Maroc : Diagnostic et Evaluation. Février 2008, Université Mohammed V, Souissi.
(11) Développement Local Intégré de l’Oriental (DéLIO) «Oasis de Figuig» partenariat entre l’Agence de l’Oriental et le PNUD, rapport, Rabat 2008.
(12) Idem p. 1.
(13) Les spécialistes en matière de développement local utilisent les expressions «développement par le haut» ou «actions descendantes» pour désigner les décisions prises en haut sans
concertation avec les populations concernées et «développement par le bas» ou «actions ascendantes» pour désigner les actions prises sur la base des initiatives locales qui répon-
dent aux besoins des habitants.

28
‫مراد بوعنان‬
‫رئي�س م�صلحة تتبع املداخيل‬ ‫منظومة الرقابة املواكبة‬
‫والن�شاط البنكي وال�ش�ؤون القانونية‬
‫اخلزينة اجلهوية لطنجة‬ ‫لنفقات اجلماعات الرتابية‬
‫قراءة نقدية‬

‫(املطلب الثالث) قبل االنتقال اىل طرح بع�ض‬ ‫�إعداد البيانات املالية واملحا�سباتية) يف غياب‬ ‫�إن �إعادة التفكري النقدي يف املرجعيات‬
‫«امل�سالك» الإ�صالحية املمكنة يف �إطار �إعادة‬ ‫�إمكانيات قانونية �رصيحة تعطيه ال�رشعية‬ ‫عليها‬ ‫ترتكز‬ ‫التي‬ ‫والنظرية‬ ‫القانونية‬
‫هيكلة الالمركزية الإدارية و�آلياتها القانونية‬ ‫لال�ضطالع بدور حيوي يف م�سل�سل ت�أهيل‬ ‫منظومة الرقابة على تنفيذ نفقات اجلماعات‬
‫والتدبريية (املطلب الرابع)‪.‬‬ ‫اجلماعات الرتابية و تطوير م�ؤهالتها التدبريية‪.‬‬ ‫الرتابية‪ ،‬تعد من الأورا�ش الأكادميية التي‬
‫مما يجعل منطلقات هذه الرقابة واهدافها‬ ‫لها راهنيتها واهميتها يف �سياق �إعداد‬
‫املطلب الأول ‪ :‬غياب مقت�ضيات‬
‫غري من�سجمة مع التوجهات الإ�صالحية‬ ‫املتعلق باجلهات‬ ‫(‪)1‬‬
‫م�رشوع القانون التنظيمي‬
‫‪Devoir‬‬ ‫(‪)3‬‬
‫التنبيه‬ ‫واجب‬
‫التي عرفتها املالية العمومية للدولة وكذا‬ ‫واجلماعات الرتابية الأخرى املن�صو�ص عليه‬
‫‪ d’alerte‬مبر�سوم املحا�سبة‬
‫مع التطورات التي عرفها التدبري املايل‬ ‫بالف�صل ‪ 146‬من الد�ستور املغربي‪ ،‬مما يتطلب‬
‫العمومية للجماعات املحلية‬
‫واملحا�سباتي يف القانون املقارن‪ ،‬كما �أن منط‬ ‫انكباب البحث االكادميي على الن�صو�ص‬
‫�أبعاد وظيفة املحا�سب العمومي يف‬ ‫هذه الرقابة ال يتالءم ب�شكل كلي مع منط‬ ‫الت�رشيعية والتنظيمية املطبقة حاليا على‬
‫تنبيه الآمر بال�رصف‬ ‫الالمركزية‬ ‫با�ستحقاقات‬ ‫املرتبط‬ ‫التدبري‬ ‫مراقبة مالية اجلماعات املحلية‪ ،‬يتعلق الأمر‬
‫الإدارية يف �أفق جهوية مو�سعة‪.‬‬ ‫خ�صو�صا باملراقبة املواكبة لتنفيذ امليزانيات‬
‫يعترب واجب التنبيه من الوظائف التي تبلورت‬
‫املحلية املمار�سة من قبل املحا�سب العمومي‪،‬‬
‫وتر�سخت يف التجارب املالية واملحا�سباتية‬ ‫لتناول بع�ض جوانب الإ�شكالية املطروحة‪،‬‬
‫وذلك بغاية ا�ستجالء توجهها القانوين العام‪،‬‬
‫املقارنة‪ ،‬بحيث جندها ت�ضع على عاتق املحا�سب‬ ‫نقرتح البحث يف منظومة املراقبة على‬
‫والك�شف عن مدى فعاليتها يف احلماية‬
‫العمومي م�س�ؤولية �إ�شعار الآمر بال�رصف يف‬ ‫انطالقا من‬ ‫(‪)2‬‬
‫نفقات اجلماعات الرتابية‬
‫والت�أمني القانوين ‪Sécurisation juridique‬‬
‫حالة ر�صد اختالالت وخروقات مالية مت�س‬ ‫االخت�صا�صات املوكولة للمحا�سب العمومي‬
‫للنفقات العمومية من جهة‪ ،‬ومدى قدرتها‬
‫الت�سيري املايل للجماعة الرتابية‪ ،‬ال�سيما تلك‬ ‫العمومية‬ ‫املحا�سبة‬ ‫مر�سوم‬ ‫�إطار‬ ‫يف‬
‫على تكري�س وظيفة املحا�سب العمومي‬
‫املتعلقة باخت�صا�صات وم�س�ؤوليات الآمر‬ ‫للجماعات الرتابية باعتباره الإطار التنظيمي‬
‫كم�ست�شار للجماعات الرتابية‪ ،‬وكفاعل يف‬
‫بال�رصف والتي ال ميكن للمحا�سب مراقبتها‬ ‫الذي يج�سد ب�شكل تقني و�إجرائي حمتوى‬
‫دينامية الرفع من �إمكانيات وقدرات هذه‬
‫�ضمن اخت�صا�صاته الرقابية التقليدية‪.‬‬ ‫هذه الرقابة وم�ضمونها‪.‬‬
‫الوحدات الرتابية يف جمال التدبري املايل من‬
‫و لعل هذه الوظيفة التنبيهية للمحا�سب‬ ‫وهكذا‪� ،‬سنحاول التعر�ض لغياب الإ�شارة �إىل‬ ‫جهة �أخرى‪.‬‬
‫تعك�س توجها نظريا‪ ،‬يحاول جتاوز الت�أثريات‬ ‫دور املحا�سب العمومي للجماعات الرتابية يف‬
‫�إن الفر�ضية التي نود عر�ضها والتدليل عليها‬
‫ال�صارم‬ ‫الإلتزام‬ ‫�أفرزها‬ ‫التي‬ ‫ال�سلبية‬ ‫جمال تنبيه و�إ�شعار الآمر بال�رصف عند ر�صده‬
‫يف هذا املقال‪ ،‬تتمثل يف انغالق منظومة الرقابة‬
‫مببد�أ ف�صل املهام بني املحا�سب العمومي‬ ‫خلروقات واختالالت تتعلق بتنفيذ النفقات‬
‫التي ميار�سها املحا�سب العمومي للجماعات‬
‫والآمر بال�رصف‪ ،‬بحيث �أنها متكن املحا�سب‬ ‫اجلماعية (املطلب الأول)‪ ،‬كما �سنحاول اال�شارة‬
‫املحلية (القاب�ض اجلماعي‪ -‬اخلازن اجلماعي) يف‬
‫العمومي للجماعات املحلية من م�ساعدة‬ ‫ب�شكل مركز ملغزى و�أبعاد �إلغاء رقابة �صحة‬
‫منظور كال�سيكي �ضيق‪ ،‬يح�رص اخت�صا�صات‬
‫الآمر بال�رصف على �ضمان �رشعية العمليات‬ ‫االلتزام بالنفقات اخلا�صة باجلماعات املحلية‬
‫هذا االخري يف مهام تقليدية حمكومة بثوابت‬
‫املالية واملحا�سباتية للجماعة الرتابية‪ ،‬من‬ ‫‪( Contrôle de la régularité‬املطلب الثاين)‪،‬‬
‫ما يعرف باالرثدوك�سية املالية واملحا�سباتية‪،‬‬
‫خالل القيام بدور وقائي من �ش�أنه متكني امل�سري‬ ‫مع حماولة ك�شف بع�ض اخل�صائ�ص واملكونات‬
‫التي ت�ؤطر وظيفة املحا�سب العمومي يف‬
‫اجلماعي من اتخاذ �إجراءات ا�ستباقية‪ ،‬جتنبه‬ ‫البنيوية ملنظومة الرقابة املواكبة التي يقوم‬
‫تنفيذ امل�ساطر املتعلقة بامليزانية واملحا�سبة‬
‫امل�س�ؤوليات املالية واجلنائية التي ميكن �أن ترتتب‬ ‫بها املحا�سب العمومي على تنفيذ ميزانيات‬
‫(مراقبة االوامر باملداخيل‪-‬حت�صيل املداخيل‪-‬‬
‫عن هذه اخلروقات‪ .‬ومن ثم‪ ،‬ف�إن هذه الوظيفة‬ ‫اجلماعات الرتابية باملقارنة مع منظومة‬
‫مراقبة و�أداء النفقات ‪-‬م�سك املحا�سبة‪-‬‬
‫ميكن ت�أطريها يف �صلب مهام الن�صح القانوين‬ ‫الرقابة املطبقة حاليا على م�صالح الدولة‬

‫‪ )1‬ح�سب املخطط الت�رشيعي بر�سم الوالية الت�رشيعية التا�سعة‪ ،‬كما وافق عليه جمل�س احلكومة املنعقد بتاريخ ‪ 22‬نوفمرب ‪ 2012‬ف�إن القانون التنظيمي املتعلق بالنظام املايل للجهات‬
‫واجلماعات الرتابية االخرى من املرتقب ان يتم اعداد م�رشوعه وعر�ضه على الربملان يف غ�ضون �سنة ‪( 2013‬من�شور رئي�س احلكومة �ص ‪.)26‬‬
‫‪ )2‬املر�سوم رقم ‪� 441.09.2‬صادر يف ‪ 17‬من حمرم ‪ 3( 1431‬يناير‪ )2010‬ب�سن نظام للمحا�سبة العمومية للجماعات املحلية وجمموعاتها‪ -.‬اجلريدة الر�سمية عدد ‪� 23 5811-‬صفر ‪8 1431-‬‬
‫فرباير ‪2010‬‬
‫‪ )3‬ارت�أينا ترجمة ‪ Le devoir d’alerte‬بواجب التنبيه مع الإ�شارة �إىل �أن ا�ستعمال م�صطلح لتنبيه يفيد يف هذا ال�صدد‪ ،‬الإ�شعار و�إثارة االنتباه ولي�س املدلول الذي يوحي به امل�صطلح‪ ،‬ك�إجراء‬
‫فوقي تقوم به ال�سلطة الرئا�سية ‪ le pouvoir hiérarchique‬جتاه مر�ؤو�سيها‪.‬‬

‫‪Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 29‬‬


‫‪SPECIAL‬‬
‫‪COLLECTIVITES‬‬
‫‪TERRITORIALES‬‬

‫املتعلقة بالنفقة(‪� )10‬أثناء �إ�شهاده على االلتزام‬ ‫مقت�ضى �رصيح يعطي لهذا الأخري الأ�سا�س‬ ‫‪ Conseil juridique‬وامل�ساعدة القانونية التي‬
‫بالنفقة ‪ ،Certification de la dépense‬مل يعد‬ ‫ال�رشعي ملمار�سة وظيفة الإ�شعار واالخبار‬ ‫يفرت�ض �أن يقوم بها املحا�سب لفائدة اجلماعات‬
‫مبقدوره من الناحية العملية ممار�سة هذا الدور‬ ‫بوجود خروقات م�سطرية �أو تدبريية ذات طابع‬ ‫الرتابية‪ ،‬ان�سجاما مع تطور مهنة املحا�سب‬
‫التنبيهي‪ ،‬مما ي�ضع امل�س�ؤولية كل امل�س�ؤولية‬ ‫مايل �أثناء قيامه باالخت�صا�صات املوكولة �إليه‬ ‫العمومي يف التجارب والنماذج املحا�سباتية‬
‫على الآمر بال�رصف يف حالة وجود خروقات‬ ‫يف جمال مراقبة الإلتزام بالنفقات اجلماعية‪.‬‬ ‫يف‬ ‫رئي�سيا‬ ‫متدخال‬ ‫باعتباره‬ ‫الأجنبية‪،‬‬
‫متعلقة ب�رشعية النفقة‪.‬‬ ‫م�سل�سل تدبري املالية املحلية‪ ،‬بحكم خربته‬
‫بل ميكن ان ن�سجل تراجع مر�سوم املحا�سبة‬
‫واطالعه على الوقائع املحيطة بتدبري النفقات‬
‫وهكذا‪ ،‬ف�إنه يف غياب مقت�ضى �رصيح ين�ص‬ ‫العمومية للجماعات املحلية (‪ 3‬يناير ‪)2010‬‬
‫العمومية‪.‬‬
‫على واجب التنبيه‪ ،‬ف�إن املحا�سب العمومي‬ ‫عن بع�ض املواد التي كانت مدرجة يف املر�سوم‬
‫مل يعد ملزما من الناحية القانونية بالإعالم‬ ‫الإلتزام‬ ‫�صحة‬ ‫مبراقبة‬ ‫املتعلق‬ ‫ال�سابق‬ ‫ونظرا لت�شعب الدور الذي يقوم به املحا�سب‬
‫�أو التبليغ بوجود اخطاء واختالالت مت�س الإلتزام‬ ‫الذي‬ ‫(‪)7‬‬
‫بالنفقات اخلا�صة باجلماعات املحلية‬ ‫العمومي لفائدة اجلماعة الرتابية‪ ،‬فقد مت‬
‫بالنفقات اجلماعية ما عدا يف حالة مالحظة‬ ‫يحيل �إىل هذه الوظيفة ب�شكل وا�ضح ال‬ ‫تقنني هذه الوظيفة يف النموذج الفرن�سي‪،‬‬
‫خمالفات ذات طابع جنائي ‪ ,‬وبالتايل ف�إن‬
‫(‪)11‬‬
‫يطرح �أي التبا�س‪ ،‬بحيث �أن املادة ال�سابعة من‬ ‫للمالية‬ ‫العامة‬ ‫املديرية‬ ‫عمدت‬ ‫بحيث‬
‫توجيهه ملالحظات للآمر بال�رصف يف هذا‬ ‫هذا املر�سوم �أكدت على �أنه �إذا خامر العون‬ ‫العمومية ‪ DGFIP‬يف اطار تدعيم جمال‬
‫ال�ش�أن‪� ،‬أ�صبح م�س�ألة اختيارية مرتبطة‬ ‫املكلف باملراقبة عند درا�سة الإلتزام املعرو�ض‬ ‫امل�ساعدة والن�صح للجماعات الرتابية �إىل‬
‫مبنهجية التن�سيق وم�ستوى التعاون املوجود‬ ‫على الت�أ�شرية �شك يف �أهمية �أو فائدة النفقة‬ ‫تثمني �أهداف هذه الوظيفة التنبيهية وت�أطري‬
‫بينها‪.‬‬ ‫امللتزم بها‪� ،‬أخرب بذلك ملا تقت�ضيه احلاجة وزير‬ ‫و�ضبط ممار�ستها مبعايري وقواعد وا�ضحة‬
‫الداخلية ووزير املالية دون �أن يرتتب عن هذا‬ ‫و جتنبها االنحراف‬ ‫ت�ضمن توحيد املمار�سة‬
‫(‪)4‬‬
‫غياب واجب التنبيه يف مرحلة مراقبة‬
‫االخبار ايقاف و�ضع التا�شرية‪.‬‬ ‫عن الأهداف املحددة لها‪ ،‬كما �أن ممار�سة هذا‬
‫�صحة النفقات‬
‫الوظيفة تتم حتت مراقبة الق�ضاء الإداري(‪،)5‬‬
‫�إن عدم التن�صي�ص على هذه الوظيفة‬
‫وفق نف�س املنهاج املعتمد يف مرحلة الإلتزام‬ ‫وذلك تفاديا لأي تداخل حمتمل بينها وبني‬
‫التنبيهية يف مر�سوم حما�سبة اجلماعات‬
‫بالنفقات‪ ،‬يالحظ ب�أن مر�سوم املحا�سبة‬ ‫مراقبة املالءمة (‪Contrôle d’opportunité)6‬‬
‫املحلية احلايل (‪ 3‬يناير‪ )2010‬يعترب مفارقة‬
‫العمومية احلايل للجماعات املحلية (‪ 3‬يناير‬ ‫التي يحيل م�ضمونها على تقييم لالختيارات‬
‫قانونية يف حد ذاتها‪ ،‬بالنظر �إىل �أن �إ�سناد‬
‫‪ )2010‬قد غيب م�س�ؤولية املحا�سب العمومي‬ ‫والقرارات املتخدة من قبل اجلماعة الرتابية‪ ،‬مما‬
‫هذا الدور للمحا�سب العمومي ال مي�س ب�أي‬
‫يف جمال التنبيه والإ�شعار بوجود �أخطاء‬ ‫مي�س يف العمق مبد�أ التدبري احلر للجماعات‬
‫حال من االحوال مراقبة املالءمة(‪ ،)8‬كما �أنه ال‬
‫�أثناء مراقبته ل�صحة النفقات ‪Contrôle de‬‬ ‫الرتابية‪.‬‬
‫ي�ؤدي �إىل عرقلة تنفيذ النفقة‪ ،‬بل ميثل اجراءا‬
‫‪ validité‬يف مرحلة الأداء(‪ ،)12‬وذلك على خالف‬
‫وقائيا فح�سب‪ ،‬وقد كان من الأجدى واملنطقي‬ ‫�إلغاء واجب التنبيه يف مرحلة مراقبة‬
‫املنحى الذي تبناه املر�سوم ال�سابق ملحا�سبة‬
‫جدا تدعيمه وتر�سيخه �ضمن اخت�صا�صات‬ ‫االلتزام بالنفقات‬
‫(‪� 30‬سبتمرب ‪ ،)1976‬الذي‬ ‫(‪)13‬‬
‫اجلماعات املحلية‬
‫املحا�سب العمومي‪ ،‬كتعوي�ض منا�سب وفعال‬ ‫�إن املالحظة التي ينبغي التقاطها و نحن‬
‫ي�شري يف مادته ‪ 68‬على �أنه �إذا كان القاب�ض‬
‫لالخت�صا�ص امللغى الذي كان ميار�سه هذا‬ ‫ب�صدد احلديث عن التطبيقات اجليدة يف‬
‫ي�ستند �إىل �أ�سباب معقولة حتمل على‬
‫الأخري يف �إطار مراقبته لقانونية النفقات و‬ ‫النموذج الفرن�سي‪ ،‬تتجلى يف عدم �إدراج‬
‫االعتقاد �أن خط�أ قد ارتكب يف و�ضع احلوالة‪،‬‬
‫�شكلية‬ ‫(‪)9‬‬
‫التي مت ا�ستبدالها مبراقبة مالية‬ ‫للجماعات‬ ‫العمومية‬ ‫املحا�سبة‬ ‫مر�سوم‬
‫تعني عليه عر�ض �شكوكه على الآمر بال�رصف‬
‫‪.Contrôle budgétaire‬‬ ‫املحلية (‪ 3‬يناير ‪ )2010‬لهذا الدور الإ�شعاري‬
‫قبل الت�أ�شري عليها لأجل الأداء‪ ،‬و�إذا �أ�رص الآمر‬
‫بال�رصف على و�ضع حوالته تعني على القاب�ض‬ ‫بل ميكن القول‪ ،‬ب�أن املحا�سب العمومي يف‬ ‫و التنبيهي �ضمن اخت�صا�صات املحا�سب‬
‫منح ت�أ�شريته على الفور لأجل الأداء ب�رشط �أن‬ ‫ظل هذه املراقبة‪ ،‬بحكم عدم تو�صله بالوثائق‬ ‫العمومي‪ ،‬بحيث يتبني ب�شكل م�ؤكد غياب �أي‬
‫يخرب بذلك وزير املالية‪.‬‬
‫‪4) Instruction N°10-020-MO du 6 août 2010, Le devoir d’alerte dans le secteur public local élaborée par la Direction Générale des collectivités locales et la Direction‬‬
‫‪Générale des finances publiques (France).‬‬
‫‪ )5‬من خالل القرار ال�صادر عن جمل�س الدولة الفرن�سي بتاريخ ‪ 21‬اكتوبر ‪ 2009‬رقم ‪ 306960‬ال ميكن للمحا�سب �إلزام الآمر بال�رصف �رضورة الإدالء مبا يثبت ب�أن مو�ضوع النفقة له ارتباط مب�صلحة‬
‫اجلماعة‪(.‬ك�رشاء الهدايا – الورود‪ -‬م�صاريف التغذية ‪ )...‬لأن ذلك يتجاوز ال�صالحيات املمنوحة له مبوجب املادة ‪ 12‬و‪ 13‬من املر�سوم ال�صادر بتاريخ ‪ 29‬دجنرب ‪.1962‬‬
‫‪6) CF.3.2.2 du chapitre 3 de l’instruction codificatrice, N°07-024-MO du 30 mars 2007 relative à la liste des pièces justificatives de dépenses, (France).‬‬
‫‪ )7‬مر�سوم رقم ‪ 577-76‬بتاريخ ‪� 5‬شوال ‪� 30(1396‬شتنرب ‪ )1976‬ب�ش�أن مراقبة �صحة الإلتزام بالنفقات اخلا�صة باجلماعات املحلية وهيئاتها‪ .‬اجلريدة الر�سمية عدد ‪ 3335‬مكرر‪ ,‬بتاريخ ‪� 6‬شوال‬
‫‪( 1396‬فاحت �أكتوبر ‪.)1976‬‬
‫‪7) Instruction relative au contrôle des engagements de dépenses des collectivités territoriales et de leurs groupements, N°72, DTC, 30 novembre 1976.‬‬
‫‪ )8‬املواد ‪ 63-64 62‬املر�سوم املتعلق ب�سن نظام للمحا�سبة العمومية للجماعات املحلية وجمموعاتها (‪ 3‬يناير ‪ ,)2010‬مرجع �سابق‪.‬‬
‫‪ )9‬الفقرة الأخرية من املادة ‪ 61‬نف�س املرجع «‪.‬يحتفظ الآمر بال�رصف املعني بامل�ستندات املثبتة املتعلقة بالبطاقة املذكورة �أعاله‪ ،‬ق�صد �إرفاقها مبلف الأمر بالدفع املتعلق بها‪.‬‬
‫‪ )10‬من خالل القانون املقارن جند ب�أن املحا�سب العمومي باعتباره موظفا عموميا‪ ،‬ملزم بالتبليغ عن الإختالالت اجلنائية التي يالحظها �إبان قيامه بوظائفه‪ ،‬وهذا ما ن�صت عليه املادة ‪ 40‬يف‬
‫قانون امل�سطرة اجلنائية الفرن�سيةيتعني على كل �سلطة‪ ،‬كل �ضابط عمومي �أو موظف‪ ،‬علم �أثناء قيامه بوظائفه‪ ،‬بوقوع جرمية �أو جنحة‪� ،‬إخبار وكيل اجلمهورية‪ ،‬ب�شكل فوري‪ ،‬مع‬
‫متكينه بجميع املعلومات‪ ،‬املحا�رض �أو القرارات املرتبطة[بهذه الإختالالت]‪.‬‬
‫‪ )11‬من خالل القانون املقارن جند ب�أن املحا�سب العمومي باعتباره موظفا عموميا‪ ،‬ملزم بالتبليغ عن الإختالالت اجلنائية التي يالحظها �إبان قيامه بوظائفه‪ ،‬وهذا ما ن�صت عليه املادة ‪ 40‬يف‬
‫قانون امل�سطرة اجلنائية الفرن�سيةيتعني على كل �سلطة‪ ،‬كل �ضابط عمومي �أو موظف‪ ،‬علم �أثناء قيامه بوظائفه‪ ،‬بوقوع جرمية �أو جنحة‪� ،‬إخبار وكيل اجلمهورية‪ ،‬ب�شكل فوري‪ ،‬مع‬
‫متكينه بجميع املعلومات‪ ،‬املحا�رض �أو القرارات املرتبطة[بهذه الإختالالت]‪ .‬كما �أن القانون اجلنائي املغربي ي�شري يف الف�صل ‪ ... 299‬يعاقب باحلب�س من �شهر �إىل �سنتني وغرامة من م�أتني‬
‫�إىل �ألف درهم �أو ب�إحدى هاتني العقوبتني وحدها‪ ،‬من علم بوقوع جناية �أو �رشوع فيها ومل ي�شعر بذلك ال�سلطات فورا‪.‬‬
‫‪ )12‬املواد ‪ 74‬و ‪ – 75‬مر�سوم املحا�سبة العمومية للجماعات املحلية‪ ,‬مرجع �سابق‪.‬‬
‫‪ )13‬املر�سوم ‪ 76-2 576‬بتاريخ ‪� 5‬شوال (‪� 30‬شتنرب ‪ )1976‬ب�سن نظام ملحا�سبة اجلماعات املحلية وهيئاتها‪ .‬اجلريدة الر�سمية ‪ 3335‬مكرر‪ ,‬بتاريخ ‪� 6‬شوال ‪( 1396‬فاحت اكتوبر ‪.)1976‬‬
‫‪30‬‬
‫العام ملعايري ومقومات ال�شفافية والنجاعة‬ ‫• الفر�ضية الثانية ‪ :‬تتعلق مبخافة حتول‬ ‫ي�ستفاد من خالل هذه املقت�ضيات ب�أن‬
‫والفعالية وجودة اخلدمات العمومية‪.‬‬ ‫هذه الوظيفة الإ�شعارية �إىل تدخل مي�س‬ ‫املحا�سب العمومي يف ظل املر�سوم ال�سابق‪،‬‬
‫با�ستقاللية اجلماعات الرتابية‪ ،‬من خالل‬ ‫كان ب�إمكانه بل من واجبه‪ ،‬تنبيه الآمر بال�رصف‬
‫و من خالل املرجعية النظرية التي حتكمت‬
‫ممار�سة املحا�سب العمومي ب�شكل غري‬ ‫يف حالة ر�صد �أخطاء م�ؤكدة ووا�ضحة‬
‫يف �صياغة املر�سوم املتعلق ب�سن نظام‬
‫‪Le contrôle‬‬ ‫املالءمة‬ ‫ملراقبة‬ ‫مبا�رش‬ ‫الآمرة‬ ‫امل�صالح‬ ‫ارتكبتها‬ ‫‪Manifestes‬‬
‫للمحا�سبة العمومية للجماعات املحلية‬
‫‪ d’opportunité‬التي ال تدخل يف نطاق‬ ‫بال�رصف‪ ،‬وذلك للعمل على ت�صحيحها قبل‬
‫وجمموعاتها (‪ 3‬يناير ‪ )2010‬يتبني ب�أن م�سطرة‬
‫اخت�صا�صاته التقليدية ‪.‬‬ ‫الت�أ�شري على النفقة و �أدائها‪ .‬و يف حالة عدم‬
‫الرقابة على تنفيذ النفقات‪ ,‬غري من�سجمة‬
‫جتاوب الآمر بال�رصف مع مالحظات املحا�سب‬
‫ومتنا�سقة مع الت�صور الإ�صالحي العام الذي‬ ‫• الفر�ضية الثالثة ‪ :‬التي جندها �أكرث �إقناعا‪،‬‬
‫العمومي‪ ،‬ف�إن هذا االخري يكون ملزما بالت�أ�شري‬
‫م�س النفقات العمومية للدولة‪ .‬وهذا ما ميكن‬ ‫تتمثل يف تكري�س مر�سوم حما�سبة اجلماعات‬
‫على النفقة ب�شكل فوري‪ ،‬مع �إخبار وزير املالية‬
‫�إثباته من خالل مقارنة هذه املنظومة الرقابية‬ ‫املحلية (‪ 3‬يناير ‪ )2010‬لتوجه عام يهدف �إىل‬
‫باملالحظات امل�سجلة‪.‬‬
‫باملقت�ضيات الواردة باملر�سوم املتعلق مبراقبة‬ ‫تقلي�ص جماالت تدخل وزارة املالية يف حقل‬
‫نفقات الدولة ال�صادر يف ‪ 4‬نوفمرب ‪،)15(2008‬‬ ‫التدبري املايل املحلي‪ ،‬من خالل ت�ضييق‬ ‫�إن التوجه الذي ر�سخه نظام املحا�سبة‬
‫مما ي�سمح بالوقوف عند �أوجه التمايز اجلوهري‬ ‫اخت�صا�صات املحا�سب العمومي مبا يف‬ ‫العمومية للجماعات املحلية‪ ،‬من خالل‬
‫املوجود بينهما‪ ،‬ال�سيما فيما يتعلق باملوقع‬ ‫ذلك �إلغاء اخت�صا�صات ومهام ال تعرقل‬ ‫عدم اال�شارة �إىل �إلزامية املحا�سب العمومي‬
‫والوظيفة التي ميار�سها املحا�سب العمومي‬ ‫بتاتا تنفيذ النفقات املحلية وال تتناق�ض‬ ‫الإ�شعار بوجود خروقات قانونية �أو تدبريية‬
‫يف كلتا امل�سطرتني‪.‬‬ ‫مع التوجه الإ�صالحي الرامي �إىل تخفيف‬ ‫يتم مالحظتها �إبان �أدائه للنفقات‪ ،‬ال ميكن‬
‫املراقبة القبلية على اجلماعات الرتابية‪.‬‬ ‫ا�ستيعابه من الناحية املنطقية‪ ،‬ال�سيما و�أن‬
‫لكن قبل ذلك‪ ،‬نرى من املفيد الوقوف عند‬
‫هذا الإ�شعار ال يوقف �أداء النفقات ‪N’est‬‬
‫دالالت �إلغاء رقابة �صحة الإلتزام بالنفقات‬ ‫�إن غياب م�ساطر تنظيمية مبر�سوم املحا�سبة‬
‫‪pas suspensif du paiement de dépenses‬‬
‫‪ Contrôle de la régularité‬املمار�سة من طرف‬ ‫العمومية اخلا�ص باجلماعات املحلية‪ ،‬ت�ؤطر‬
‫كما ت�شري اىل ذلك املادة ال�سابعة من مر�سوم‬
‫املحا�سب العمومي‪ ،‬وكذا خمتلف الت�سا�ؤالت‬ ‫مهام التن�سيق بني املحا�سب العمومي والآمر‬
‫حما�سبة اجلماعات املحلية امللغى‪ ،‬وكما هو‬
‫والإ�شكاليات املرتبطة بها‪.‬‬ ‫بال�رصف‪ ،‬يعد من امل�ؤ�رشات الدالة على وجود‬
‫من�صو�ص عليه يف املادة ‪ L.1617-2‬من املدونة‬
‫بنية قانونية و تنظيمية جامدة تعك�س منطق‬
‫ت�سا�ؤالت حول �إلغاء مراقبة �صحة‬ ‫العامة للجماعات الرتابية بفرن�سا‪ ،‬بحيث‬
‫املحا�سبة العمومية التقليدية التي مل يعد‬
‫الإلتزام بالنفقات وغياب �آليات‬ ‫�أن قيام املحا�سب ب�إثارة انتباه الآمر بال�رصف‬
‫مبقدورها التجاوب مع م�ستلزمات الفعالية‬
‫املواكبة‬ ‫بوجود �شكوك وخروقات مفرت�ضة ال ي�شكل‬
‫و النجاعة و التدبري بوا�سطة الأهداف التي‬
‫ال بد من الت�أكيد يف البداية‪ ،‬على �أن الرقابة‬ ‫ب�أي حال من الأحوال �أية عرقلة لتنفيذ‬
‫جندها يف �أغلب الإ�صالحات امليزانياتية‬
‫القبلية املطبقة على نفقات اجلماعات‬ ‫القرارات املتخذة من طرف الآمر بال�رصف‪.‬‬
‫واملحا�سباتية الأجنبية‪.‬‬
‫املحلية قد عرفت حتوال نوعيا يف م�ضمونها‬ ‫�إن حتجيم دور املحا�سب وعدم تخويله‬
‫املطلب الثاين ‪ :‬ارتهان منظومة‬
‫وم�ساطرها من خالل �إلغاء مراقبة �صحة‬ ‫�صالحيات التنبيه يطرح عدة ا�ستفهامات‪،‬‬
‫قانونية‬ ‫لبنية‬ ‫الرقابة‬
‫�ضمنيا مبوجب املادة ‪9‬‬ ‫الإلتزام بالنفقات‬
‫(‪)16‬‬
‫ميكن �صياغتها يف ثالثة فر�ضيات �أ�سا�سية ‪:‬‬
‫وتنظيمية جامدة ومنطية‬
‫من القانون رقم ‪ 08-45‬املتعلق بالتنظيم‬
‫• الفر�ضية الأوىل ‪� :‬إن عدم التن�صي�ص �رصاحة‬
‫وا�ستبدالها‬ ‫(‪)17‬‬
‫املحلية‬ ‫للجماعات‬ ‫املايل‬ ‫جتدر الإ�شارة يف البداية‪� ،‬إىل �أنه �إذا كانت‬
‫على دور املحا�سب العمومي يف التنبيه‬
‫مبراقبة مالية ‪ ،Contrôle budgétaire‬ميار�سها‬ ‫منظومة مراقبة امل�صاريف العمومية من‬
‫والإ�شعار بوجود خروقات مت�س �رشعية و�صحة‬
‫املحا�سب العمومي على مقرتحات الإلتزام‬ ‫خالل بعدها القانوين‪ ،‬تهدف �إىل �ضمان‬
‫النفقات اجلماعية‪ ،‬يعترب نتيجة توجه ينبني‬
‫بالنفقات طبقا ملقت�ضيات املادة ‪ 61‬من‬ ‫وت�أمني التدبري ال�رشعي للإنفاق العمومي‬
‫على عدم جدوى وفعالية هذا الدور‪ ،‬ورمبا‬
‫مر�سوم حما�سبة اجلماعات املحلية امل�شار �إليه‬ ‫وحماية الأموال العامة من اال�ستعمال‬
‫االقتناع بعدم فعالية وجود هذه الوظيفة‬
‫�أعاله‪ ،‬من خالل التحقق من العنا�رص التالية ‪:‬‬ ‫غرياملقنن‪ ،‬ف�إنها تعد كذلك من خالل �أبعادها‬
‫يف حد ذاتها يف مر�سوم املحا�سبة العمومية‬
‫• توفر الإعتمادات واملنا�صب املالية‬ ‫الأخرى‪ ،‬من امل�ؤ�رشات التي متكن من قيا�س‬
‫للجماعات املحلية‪.‬‬
‫يف التدبري املايل‬ ‫(‪)14‬‬
‫م�ستوى احلكامة املالية‬
‫• الإدراج املايل للنفقة‬
‫املحلي‪ ،‬باعتبارها تعك�س مدى احرتام املرفق‬

‫‪ )14‬حممد ال�شطون‪ .‬التدبري املايل باملغرب‪� :‬س�ؤال احلكامة ووظيفة الرقابة‪ .‬جملة م�سالك عدد مزدوج رقم ‪� ,2011 ,15-16‬ص ‪.5‬‬
‫‪ )15‬املر�سوم رقم‪� 2 1235.07‬صادر يف ‪ 5‬ذي القعدة ‪ 4( 1429‬نوفمرب ‪ )2008‬املتعلق مبراقبة نفقات الدولة‪ ,‬اجلريدة الر�سمية‪ ,‬عدد ‪ 5682‬ال�صادرة يف ‪ 13‬نوفمرب ‪.2008‬‬
‫‪ )16‬املر�سوم ال�سابق ب�ش�أن مراقبة �صحة الإلتزام بالنفقات اخلا�صة باجلماعات املحلية وهيئاتها (‪� 30‬شتنرب ‪ –)1976‬م �س‪.‬‬
‫‪ )17‬الدورية امل�شرتكة بني وزير االقت�صاد و املالية و وزير الداخلية رقم ‪ 38‬بتاريخ ‪ 21‬ماي ‪ 2009‬مذكرة اخلازن العام للمملكة حول م�سطرة تبليغ مقرتحات الإلتزام بنفقات اجلماعات املحلية‬
‫للقبا�ض اجلماعيني‪ ,‬رقم ‪/38‬م ق و ت �ش‪/‬ق م ح ت‪ /‬بتاريخ ‪ 25‬ماي ‪.2009‬‬

‫‪Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 31‬‬


‫‪SPECIAL‬‬
‫‪COLLECTIVITES‬‬
‫‪TERRITORIALES‬‬

‫املجال�س اجلهوية للح�سابات(‪ ,)26‬التي‬ ‫القبلية للمحا�سب‪ ،‬باعتبارها �شكلت �صمام‬ ‫• �صحة العمليات احل�سابية ملبلغ الإلتزام‬
‫�أكدت وال تزال وجود اختالالت هيكلية يف‬ ‫بالن�سبة للآمرين بال�رصف فيما يخ�ص‬ ‫�أمان‬
‫(‪)21‬‬
‫• جمموع النفقة التي تلتزم بها اجلماعة‬
‫تدبريالنفقات �سواء فيما يتعلق باحرتام‬ ‫حت�صني �رشعية العمليات املالية‪.‬‬ ‫املحلية �أو املجموعة طيلة ال�سنة التي‬
‫املقت�ضيات القانونية والتنظيمية(‪،)27‬‬ ‫�أدرجت خاللها‪.‬‬
‫و دون ترجيح تيار على �آخر‪ ،‬فالنقا�ش حول‬
‫�أو فيما يتعلق ب�ضعف احلكامة يف‬
‫للجماعات‬ ‫واملحا�سباتية‬ ‫املالية‬ ‫الرقابة‬ ‫ويت�ضح من خالل طبيعة هذه الرقابة‪ ،‬ب�أن‬
‫تخطيط وبرجمة هذه النفقات وتدبريها‬
‫الرتابية البد �أن ي�ستقيم على منطلقات‬ ‫املحا�سب العمومي‪ ،‬مل يعد من �صميم‬
‫العملي وتتبع وتقييم نتائجها‪.‬‬
‫نظرية جديدة‪ ،‬ومقاربة براغماتية ترتكز على‬ ‫اخت�صا�صاته‪� ،‬إثارة عدم �رشعية النفقات‬
‫وهكذا ف�إن فر�ضية اعتبار الرقابة‬ ‫اجلدوى من الرقابة ودورها الفعال لي�س فقط‬ ‫امللتزم بها من قبل الآمر بال�رصف‪ ،‬بل �إن‬
‫القبلية متناق�ضة مع مبادئ الفعالية‬ ‫يف حماية �رشعية النفقات فح�سب‪ ،‬و�إمنا يف‬ ‫ممار�سة هذا االخت�صا�ص‪ ،‬قد �أ�صبح غري ممكن‪،‬‬
‫و االقت�صاد والنجاعة التي من املفرت�ض‬ ‫ت�أهيل اجلماعات الرتابية و تدعيم قدراتها‬ ‫بحكم عدم توجيه الآمر بال�رصف للوثائق‬
‫�أن ت�شمل التدبري املايل للجماعات الرتابية‪.‬‬ ‫التدبريية يف ت�سيري املال العام‪.‬‬ ‫املثبتة بالنفقات يف مرحلة الإلتزام بالنفقات‪،‬‬
‫ف�إىل �أي حد يعترب �إلغاءها ب�شكل �شامل‬ ‫و�إرفاقها الحقا مبلف الأمر بالدفع املتعلق‬
‫انطالقا من هذه الر�ؤية‪ ،‬يحق �أن نت�سائل‬
‫وقطعي بدون �أية منهجية انتقائية يف‬ ‫بها(‪.)18‬‬
‫ب�صيغة ا�ستنكارية عن مدى �إ�سهام رقابة‬
‫التطبيق ح�سب نوعية النفقة و وفق م�ستوى‬
‫�صحة الإلتزام بالنفقات امللغاة يف حماية‬ ‫وقد ا�ستند هذا اال�صالح على حجة تخفيف‬
‫الكفاءة التدبريية للم�صالح الآمرة بال�رصف‬
‫ال�رشعية و يف تطوير الأداء التدبريي للجماعات‬ ‫م�سطرة املراقبة القبلية للنفقات‪ ،‬بل هناك‬
‫حال �سديدا و مقنعا من الناحية النظرية‬
‫الرتابية؟ ال�سيما و�أن هذه الرقابة كما ذكر‪ ،‬تعد‬ ‫من يرى ب�أن هذه املراقبة القبلية ل�رشعية‬
‫والعملية؟ و �إىل �أي حد ميكن اعتبار تعوي�ض‬
‫رقابة �شكلية ذات �صبغة �إجرائية م�سطرية(‪،)22‬‬ ‫النفقات مل تعد فعالة بالنظر لطابعها‬
‫هذه الرقابة القبلية ب�آليات قانونية وتنظيمية‬
‫وامل�ساطر‬
‫(‪)23‬‬
‫القانون‬ ‫احرتام‬ ‫على‬ ‫حتر�ص‬ ‫�شكلية‪،‬‬ ‫قانونية‬ ‫علىعقالنية‬ ‫املرتكز‬
‫ت�سمح للمحا�سب العمومي مبمار�سة مهام‬
‫من خالل فح�ص �أوراق الإثبات املدىل بها‪،‬‬ ‫(‪)19‬‬
‫ولكونها تتغذى من ر�ؤية معيارية تقليدية‬
‫الن�صح واملواكبة والدعم للآمر بال�رصف كما‬
‫دون �إمكانية التحقق من مادية النفقة‬ ‫‪Conception‬‬ ‫‪normative‬‬ ‫!‪traditionnelle‬‬
‫هو احلال يف التجارب املقارنة املماثلة للنظام‬
‫‪ La matérialité de la dépense‬و�إجنازها على‬ ‫مل تعد مالئمة للتطورات التي م�ست‬
‫املايل واملحا�سباتي املطبق باملغرب حال ناجعا‬
‫�أر�ض الواقع‪ .‬كما �أنه يف غياب �أنظمة للمراقبة‬ ‫مناهج وغايات التدبري املايل العمومي املنحاز‬
‫من ال�رضوري ا�ستح�ضاره عند �إعداد الن�صو�ص‬
‫الداخلية ‪ ،Contrôle interne‬ف�إن هذه الرقابة‬ ‫للمقاربات االجنلو�ساك�سونية‪ ،‬القائمة على‬
‫حما�سبة‬ ‫و‬ ‫مبالية‬ ‫املتعلقة‬ ‫التنظيمية‬
‫تتم بطريقة ميكانيكية دون �أية �آليات لتتبع و‬ ‫ترجيح منطق النتائج و �آليات التدقيق‬
‫اجلماعات الرتابية؟‬
‫ر�صد �أ�سباب االختالالت والعمل على تقلي�ص‬ ‫واملراقبة الداخلية‪.‬‬
‫�إن االقرتاب من هذه اال�شكاليات يقت�ضي �أوال‬ ‫خماطر ‪ Risques‬وقوعها‪.‬‬
‫و �إجماال‪ ،‬ف�إن �إلغاء مراقبة �صحة االلتزام‬
‫بناء منظور جديد لنظام حما�سبة اجلماعات‬
‫وهكذا‪ ،‬ف�إن هذه الرقابة بالرغم من طابعها‬ ‫بالنفقات التي مار�سها املحا�سب العمومي‬
‫الرتابية‪ ،‬مع ما يتطلبه ذلك من �رضورة‬
‫الوقائي(‪ ،)24‬ف�إن تطبيقها بطريقة منطية‬ ‫ب�شكل قبلي على النفقات‪ ،‬قد طرحت نقا�شا‬
‫ك�شف بع�ض اخل�صائ�ص اجلوهرية التي تطبع‬
‫و�شكلية(‪ ،)25‬مل ي�ساهم ب�شكل فعلي يف‬ ‫�سيا�سيا �أكرث منه �سجاال �أكادمييا ر�صينا‪،‬‬
‫منظومة الرقابة املواكبة التي ميار�سها حاليا‬
‫الت�صدي لأ�سباب الأخطاء ذات الطابع‬ ‫بحيث توزع هذا النقا�ش بني توجه يدعم هذا‬
‫املحا�سب العمومي‪ ،‬ال�سيما ما يتعلق بعدم‬
‫القانوين ويف حت�سني الأداء التدبريي‬ ‫الإلغاء و يعتربه من�سجما مع روح الالمركزية‬
‫مالءمتها لطبيعة النفقات وعدم اعتبارها‬
‫للم�صالح املالية للجماعة الرتابية‪ ،‬وهذا‬ ‫الإدارية و التدبري املرتكز على النتائج(‪ ،)20‬يف‬
‫مل�ستوى الكفاءات التدبريية للم�صالح الآمرة‬
‫ما تزكيه اخلروقات املتواترة التي تر�صدها‬ ‫مقابل توجه �آخر ي�شدد على �أهمية املراقبة‬

‫‪ )18‬من اال�شكاليات العملية التي �أفرزها عدم تو�صل املحا�سب العمومي بالوثائق املثبتة مع مقرتحات االلتزام بالنفقات‪ ،‬عدم �إمكانية تنبيه الآمر بال�رصف بوجود اخطاء واختالالت ميكن �أن‬
‫تكون �سببا يف عدم الت�أ�شري على النفقة يف مرحلة االداء من خالل رقابة �صحة النفقات‪ ،‬ال�سيما وان املر�سوم قد �أدرج يف نطاق هذه املراقبة �رضورة الدالء بامل�ستندات املثبتة‪ ،‬املن�صو�ص‬
‫عليها يف االنظمة املعمول بها (املادة ‪ ، )74‬وهكذا ف�إن عدم الت�أ�شري ميثل م�شكلة حقيقية بالن�سبة للآمر بال�رصف بعد تنفيذ اخلدمة واجناز اال�شغال لفائدة اجلماعة‪.‬‬
‫‪19) HADDAD Abderrahmane. La gestion budgétaire locale : Les rationalités dominantes Les finances des collectivités locales dans les Etats du Maghreb, Actes des VIème‬‬
‫‪journées Maghrebines de Droit, Marrakech les 15 et 16 Avril 2011. Imprimerie El Maârif Al Jadida, Rabat 2011.‬‬
‫‪ )20‬ن�صري مكاوي‪ .‬تدبري مالية اجلماعات املحلية‪ ,‬دار الن�رش‪� EMALIV. 2012 ,‬ص ‪.16‬‬
‫‪ )21‬حممد باهي‪ .‬قراءة يف القانون اجلديد املنظم للمالية املحلية جريدة ال�صباح‪ ,‬عدد ‪� 30 ,2816‬أبريل ‪2009‬‬
‫‪ )22‬عبد اللطيف بروحو‪ .‬ميزانية اجلماعات املحلية بني واقع الرقابة ومتطلبات التنمية‪ .‬ر�سالة لنيل الدكتوراه يف القانون العام‪ ،‬كلية العلوم القانونية االقت�صادية واالجتماعية ‪,REMALD‬‬
‫�سل�سلة موا�ضيع ال�ساعة‪ ,‬عدد ‪� ,2011 ,70‬ص ‪.78‬‬
‫‪� )23‬إن مراقبة �صحة االلتزام بالنفقات مل تكن بقدر كبري من التحديد والدقة بالنظر اىل ال�صيغة العامة التي ت�ضمنها الف�صل ‪ 2‬من مر�سوم رقم ‪ 577-76‬بتاريخ ‪� 5‬شوال ‪� 30( 1396‬شتنرب‬
‫‪ )1976‬ب�ش�أن مراقبة �صحة الإلتزام بالنفقات اخلا�صة باجلماعات املحلية وهيئاتها‪ ,‬مرجع �سابق‪ .‬تهدف هذه املراقبة �إىل الت�أكد مما �إذا كان االلتزام �صحيحا بالن�سبة للقوانني واالنظمة‬
‫املطبقة عليه‪.‬‬
‫‪ )24‬ن�صري مكاوي‪ .‬تدبري مالية اجلماعات املحلية‪ ,‬مرجع �سابق‪� ,‬ص ‪.16‬‬
‫‪25) KHEIDRI, Mustapha. Gouvernance financière du développement local. Séminaire organisé par la CGEM, op-cit.‬‬
‫!‪ )26‬يوم درا�سي حول مل�س�ؤولية التدبريية يف اجلماعات املحلية منظم من قبل املجل�س اجلهوي للح�سابات بالعيون بتعاون مع الغرفة اجلهوية للح�سابات باجلهة الو�سطى بفرن�سا‪ ،‬بالعيون‬
‫‪ 7‬فرباير ‪ .2012‬وثائق العمل ‪� :‬ص من ‪� 6‬إىل ‪.18‬‬
‫‪27) Rapport d’activités de la Cour des comptes pour l’exercice 2011.‬‬
‫‪32‬‬
‫وتتم عملية االفتحا�ص املتعلقة بتقييم‬ ‫مل ي�شمل �سوى بع�ض �أنواع النفقات(‪ )29‬ذات‬ ‫بال�رصف كما هو احلال بالن�سبة للقواعد‬
‫امل�صالح الآمرة بال�رصف‪ ،‬باال�ستناد على نظام‬ ‫الأهمية ال�ضعيفة والتي ال تطرح خماطر‬ ‫الرقابية املطبقة على الدولة‪ ،‬كما �أنه يتعني‬
‫مرجعي ‪ Un Référentiel d’audit‬يركز على‬ ‫كبرية يف حالة وقوع اختالالت يف تدبريها‪.‬‬ ‫الإ�شارة اىل عدم التن�صي�ص على دور املحا�سب‬
‫املحاور التدبريية التالية ‪:‬‬ ‫العمومي يف جمال الن�صح املايل لفائدة الآمر‬
‫عدم مالءمة م�ساطر الرقابة ح�سب‬
‫بال�رصف باعتبار هذه الوظيفة �إحدى املداخل‬
‫• كفاءة التدبري املايل‪,‬‬ ‫الكفاءات التدبريية للم�صالح الآمرة‬
‫الأ�سا�سية للقطيعة مع ثوابت االرثدوك�سية‬
‫• الكفاءة يف تنفيذ النفقات‪,‬‬
‫بال�رصف‬
‫املالية واملحا�سباتية‪.‬‬
‫بالإ�ضافة �إىل غياب مالءمة م�سطرة الرقابة‬
‫• كفاءة املراقبة الداخلية‪,‬‬ ‫عدم مالءمة الرقابة وفق طبيعة‬
‫ح�سب طبيعة النفقة‪ ،‬ف�إن منظومة الرقابة‬
‫• الكفاءة التدبريية للمعلوميات‪.‬‬ ‫على نفقات اجلماعات املحلية ي�رسي تطبيقها‬
‫النفقات والإمكانيات التدبريية للآمر‬
‫ب�شكل موحد على جميع اجلماعات املحلية‬
‫بال�رصف‬
‫كما �أنه قد مت �إ�سناد للخزينة العامة‬
‫للمملكة م�س�ؤولية و�ضع منظومة تتبع‬ ‫بغ�ض النظر عن تفاوت �إمكانياتها التدبريية‪.‬‬ ‫عدم مالءمة الرقابة ح�سب طبيعة‬
‫‪ Système de suivi‬امل�صالح امل�ستفيدة من‬ ‫النفقات و�أهميتها‬
‫وعليه‪ ،‬ف�إنه مل يتم التن�صي�ص على الآليات‬
‫الرقابة املخففة‪ ،‬من خالل الت�أكد من جودة‬ ‫امل�سطرية املواكبة للجماعات الرتابية يف‬ ‫يت�ضح من خالل مر�سوم حما�سبة اجلماعات‬
‫�سالمة م�ساطر تنفيذ نفقات الدولة وذلك‬ ‫تنفيذ النفقات العمومية‪ ،‬ومل يتم الإ�شارة‬ ‫املحلية‪ ،‬ب�أن منظومة الرقابة املواكبة التي‬
‫بغاية معرفة مدى احتفاظ هذه امل�صالح‬ ‫�إىل �رضورة تقوية القدرات التدبريية للآمر‬ ‫يقوم بها املحا�سب العمومي‪ ،‬تت�سم بنوع من‬
‫التي خولت‬ ‫على نف�س الكفاءة التدبريية‬
‫(‪)32‬‬
‫بال�رصف كما مل يتم ت�أطري تدخل املحا�سب‬ ‫اجلمود وغياب املرونة‪ ،‬بالنظر لتطبيقها ملعايري‬
‫لها اال�ستفادة من امتيازات الرقابة الرتاتبية‪.‬‬ ‫العمومي يف دينامية تتبع وحت�سني جودة‬ ‫موحدة و جاهزة ‪ Standard‬دون اعتبار لنوعية‬
‫غياب التن�صي�ص ال�رصيح على دور‬ ‫النفقات وت�أهيل امل�صالح الآمرة بال�رصف‪ ،‬كما‬ ‫النفقات اخلا�ضعة للرقابة‪ ،‬بحيث �أن امل�ساطر‬
‫املحا�سب العمومي يف جمال الن�صح‬ ‫هو احلال بالن�سبة لنفقات الدولة‪.‬‬ ‫املعتمدة �سواء يف مرحلة الإلتزام بالنفقة‬
‫املايل والقانوين‬ ‫يف مقابل هذه املقاربة املحافظة وال�ضيقة‬
‫(املراقبة املالية ‪� )Contrôle budgétaire -‬أو‬
‫عند �أداء النفقة (مراقبة �صحة النفقات‬
‫ان�سجاما مع الت�صور ال�ضيق الذي طبع بنية‬ ‫التي اعتمدها مهند�سو منظومة مراقبة‬
‫(‪)Contrôle de validité de la dépense)28‬‬
‫املر�سوم املتعلق بنظام حما�سبة اجلماعات‬ ‫نفقات اجلماعات املحلية‪ ،‬ف�إن مراقبة نفقات‬
‫تتم ب�شكل منطي ‪ Systématique‬ال يراعي‬
‫املحلية (‪ 3‬يناير ‪ ،)2010‬ف�إننا ال جند ما‬ ‫الدولة قد �سلكت اجتاها منفتحا على‬
‫طبيعة النفقة وهام�ش املخاطر املرتبط بها‬
‫يفيد �رصاحة �أو �ضمنيا �إمكانية املحا�سب‬ ‫التطبيقات اجليدة ‪Les bonnes pratiques‬‬
‫‪ la marge des risques‬وكذا مبلغها املايل‪،‬‬
‫العمومي القيام مبهام املواكبة والدعم‬ ‫املوجودة يف النماذج املقارنة‪ ،‬ال�سيما من خالل‬
‫مما يجعل تدبري النفقات العمومية للجماعات‬
‫وامل�ساعدة للجماعات املحلية‪ ,‬وذلك على‬ ‫اعتماد الرقابة الرتاتبية ‪Le Contrôle modulé‬‬
‫الرتابية بالرغم من �إ�صدار املر�سوم املتعلق بها‬
‫خالف املنظومة الرقابية لنفقات الدولة‪،‬‬ ‫‪ de la dépense‬للنفقة والتي حدد املر�سوم‬
‫بعد املر�سوم املنظم لنفقات الدولة‪ ،‬لي�س‬
‫بحيث جند �أن املادة ‪ 32‬من املر�سوم املتعلق‬ ‫املتعلق مبراقبة نفقات الدولة (‪ 4‬نوفمرب ‪)2008‬‬
‫فقط خارج منطق الرقابة الرتاتبية املطبقة‬
‫مبراقبة نفقات الدولة (‪ 4‬نوفمرب ‪ )2008‬قد‬ ‫ال�سالف الذكر بداية تطبيقها منذ فاحت يناير‬
‫يف التجارب املقارنة فح�سب‪ ،‬بل خارج كذلك‬
‫خولت ب�شكل وا�ضح للمحا�سبني العموميني‬ ‫‪.)30(2012‬‬
‫ن�سق الإ�صالحات اجلوهرية التي م�ست التدبري‬
‫القيام بهذا الدور‪ ،‬ذلك �أنه بالإ�ضافة �إىل‬ ‫وب�شكل عام‪ ،‬ف�إن هذه الرقابة الرتاتبية‬ ‫املايل لنفقات الدولة‪.‬‬
‫املهام املوكولة �إليهم مبقت�ضى هذا املر�سوم‪،‬‬ ‫املطبقة على نفقات الدولة تنبني على‬
‫(ف�إنهم يقومون) مبهمة امل�ساعدة واال�ست�شارة‬ ‫يف املقابل‪ ،‬ف�إن املر�سوم املتعلق مبراقبة نفقات‬
‫ت�صور ديناميكي للرقابة‪ ،‬بحيث تعترب مبثابة‬
‫لدى امل�صالح الآمرة بال�رصف‪.‬‬ ‫الدولة (‪ 4‬نوفمرب ‪ )2008‬جنده قد تبنى توجها‬
‫رقابة خمففة ‪ Contrôle allégé‬تطبق على‬
‫قانونيا خمالفا‪ ،‬يت�أ�س�س على م�سلمة عدم‬
‫و يعترب هذا املقت�ضى ال�رصيح‪ ،‬متنا�سقا‬ ‫امل�صالح الآمرة بال�رصف التي تتوفر على‬
‫وجود تطابق ومتاثل بني جميع �أنواع النفقات‬
‫متاما مع املنطق القانوين العام الذي يحكم‬ ‫املقومات التدبريية الكافية‪ ،‬و التي يتم‬
‫من حيث الأهمية واملخاطر‪ ،‬بحيث مل يتم‬
‫املنظومة القانونية لتنفيذ نفقات الدولة‪ ،‬من‬ ‫تقييمها من خالل افتحا�ص تنجزه املفت�شية‬
‫�إلغاء مراقبة �صحة الإلتزام بالنفقات ب�شكل‬
‫خالل الت�أكيد على �رضورة ن�سج عالقات التعاون‬ ‫العامة للمالية �أو اخلزينة العامة للمملكة‪،‬‬
‫�شامل كما هو احلال يف النظام الرقابي املطبق‬
‫والتن�سيق بني املحا�سب و الآمر بال�رصف يف‬ ‫�أو �أية هيئة تفتي�شية معتمدة بقرار للوزير‬
‫على نفقات اجلماعات الرتابية‪ ،‬بل �إن الإعفاء‬
‫جمال تنفيذ النفقات‪ ،‬وهذا ما �أكدته اخلزينة‬ ‫املكلف باملالية(‪. )31‬‬

‫‪ )28‬املادة ‪ 74‬من املر�سوم املتعلق ب�سن نظام للمحا�سبة العمومية للجماعات املحلية وجمموعاتها (‪ 3‬يناير ‪ ,)2010‬مرجع �سابق‪.‬‬
‫‪ )29‬ح�سب مقت�ضيات املادة ‪ 10‬من املر�سوم املتعلق مبراقبة نفقات الدولة (‪ 4‬نوفمرب ‪ )2008‬ف�إنه ال تخ�ضع ملراقبة �صحة الإلتزام بالنفقات ‪ :‬نفقات املوظفني والأعوان املرتبطة بالو�ضعيات‬
‫الإدارية والرواتب با�ستثناء تلك املتعلقة بقرارات التعيني والرت�سيم و�إعادة الإدماج و تغيري الدرجة ومغادرة اخلدمة‪ ،‬مهما كان مبلغها ‪ -‬النفقات املتعلقة بالتحويالت و الإعانات املقدمة‬
‫للم�ؤ�س�سات العامة وال�رضائب والر�سوم والقرارات الق�ضائية والإيجارات ‪ -...‬نفقات املوظفني والأعوان غري تلك امل�شار �إليها �أعاله التي يقل مبلغها �أو ي�ساوي ‪ 5000‬درهم ‪ - 4 -‬نفقات‬
‫املعدات واخلدمات التي يقل مبلغها �أو ي�ساوي ع�رشين �ألف درهم‪.‬‬
‫‪ )30‬املادة ‪ 2‬من املر�سوم املتعلق مبراقبة نفقات الدولة (‪ 4‬نوفمرب ‪ -)2008‬م �س‪.‬‬
‫‪ )31‬املادة ‪ 27‬نف�س املرجع‪.‬‬
‫‪ )32‬املادة ‪ 21‬نف�س املرجع‪.‬‬
‫‪Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 33‬‬
‫‪SPECIAL‬‬
‫‪COLLECTIVITES‬‬
‫‪TERRITORIALES‬‬

‫املحلية (املقت�ضيات املتعلقة بتنفيذ النفقات)‪،‬‬ ‫اختالف اجلهاز املفاهيمي امل�ستخدم‬ ‫العامة للمملكة يف خمتلف مذكراتها‬
‫يت�ضح مدى االرتهان للمنطق القانوين ال�ضيق‬ ‫يف املنظومتني املتعلقتني بنفقات‬ ‫الداخلية(‪ ,)33‬بحيث �أوكلت للمحا�سب‬
‫املحكوم بخلفيات االرثدوك�سية املالية التي‬ ‫الدولة واجلماعات املحلية‬ ‫العمومي مهمة دعم قدرات التدبري امليزانياتي‬
‫ت�ضيق جمال املحا�سب العمومي يف نطاق‬ ‫و املايل للم�صالح الآمرة بال�رصف‪ ،‬كما �شددت‬
‫من خالل تفكيك بنية املر�سوم املتعلق مبراقبة‬
‫تنفيذ امليزانية املحلية فقط‪.‬‬ ‫على هذه التوجهات من خالل الت�أكيد على‬
‫نفقات الدولة (‪ 4‬نوفمرب ‪ )2008‬وحماولة‬
‫�رضورة ممار�سة الن�صح املايل ‪Le Conseil‬‬
‫ولت�أكيد االختالف اجللي يف م�ضمون‬ ‫ا�ستخراج املفاهيم الأ�سا�سية التي يرتكز‬
‫‪ financier‬لي�س فقط من خالل مذكرات‬
‫املنظومتني الرقابيتني لنفقات الدولة‬ ‫عليها‪ ،‬و مقارنتها باملفاهيم و امل�صطلحات‬
‫املالحظات ‪ ,Les notes de rejet‬املوجهة‬
‫واجلماعات الرتابية‪� ،‬سنحاول من خالل‬ ‫القانونية الواردة مبر�سوم حما�سبة اجلماعات‬
‫من طرف املحا�سبني العموميني للآمرين‬
‫اجلدول التايل القيام بجرد �شامل للمفاهيم‬ ‫املحلية (‪ 3‬يناير ‪ ،)2010‬يتبني ب�أن التوجه‬
‫بال�رصف مبوجب اخت�صا�صات املراقبة املخولة‬
‫وامل�صطلحات املوظفة من قبل املر�سوم‬ ‫العام الذي �سارت يف �إطاره نفقات الدولة‬
‫لهم‪ ،‬بل يتعني ممار�سة هذا الن�صح املايل‬
‫املتعلق بنفقات الدولة وذلك من �أجل �إثبات‬ ‫‪L’approche‬‬ ‫القانونية‬ ‫يتبنىاملقاربة‬
‫يف جميع مراحل �إعداد الطلبيات العمومية‬
‫االختالف اجلوهري بني هذا الن�ص وبني املنطق‬ ‫!‪ juridique‬املوازية للمقاربة التدبريية‪،‬‬
‫‪� Les commandes publiques‬سواء يف مرحلة‬
‫القانوين الذي يحكم املر�سوم املتعلق بنظام‬ ‫‪ L’approche Managérielle‬يف حني �أنه من‬
‫�إعداد ملف الإعالن عن املناف�سة‪� ،‬أو يف مرحلة‬
‫املحلية‬ ‫للجماعات‬ ‫العمومية‬ ‫املحا�سبة‬ ‫خالل ر�صد و حتليل للحقل الداليل ‪champs‬‬
‫حت�ضري ملف الإلتزام بالنفقة ‪.‬‬
‫(‪ 3‬يناير ‪.)2010‬‬ ‫‪ sémantique‬ملر�سوم حما�سبة اجلماعات‬

‫ت�صنيف املفاهيم الواردة باملر�سوم املتعلق مبراقبة نفقات الدولة (‪ 4‬نوفمرب‪ )2008‬ح�سب دالالتها‬

‫طبيعة احلقل الداليل الذي تنتمي‬


‫عدد تكرارها‬ ‫املواد التي وردت بها‬ ‫املفاهيم وامل�صطلحات‬
‫�إليه هذه املفاهيم وامل�صطلحات‬

‫‪ 4‬مرات‬ ‫‪21-22-25-26‬‬ ‫منظومة تتبع‬


‫‪ 3‬مرات‬ ‫‪22-23-24‬‬ ‫م�ؤ�رشات تتبع جودة تنفيذ النفقات‬ ‫م�ؤ�رشات و�أدوات القيا�س‬
‫‪ 3‬مرات‬ ‫‪27‬‬ ‫النظام املرجعي لالفتحا�ص‬
‫‪ 3‬مرات‬ ‫‪12-15-27‬‬ ‫نظام مراقبة داخلية‬
‫‪ 8‬مرات‬ ‫‪( - 15‬م ‪ 6 : 27‬مرات) ‪31 -‬‬ ‫نظام افتحا�ص‬ ‫مناهج التقييم‬
‫مرتني‬ ‫‪25-26‬‬ ‫افتحا�ص جديد‬
‫‪ 3‬مرات‬ ‫‪14-27‬‬ ‫تقييم الكفاءة التدبريية‬
‫‪ 3‬مرات‬ ‫‪14-15-16‬‬ ‫تخفيف �إ�ضايف لفائدة الآمر بال�رصف‬
‫مرتني‬ ‫‪21-22‬‬ ‫جودة تنفيذ النفقات‬ ‫اهداف االفتحا�ص‬
‫مرة واحدة‬ ‫‪21‬‬ ‫�سالمة م�ساطر تنفيذ النفقات‬
‫مرة واحدة‬ ‫‪26‬‬ ‫الت�أهيل‬
‫مرة واحدة‬ ‫‪27‬‬ ‫كفاءة التدبري املايل‬
‫مرة واحدة‬ ‫‪27‬‬ ‫كفاءة املراقبة الداخلية‬ ‫مو�ضوع االفتحا�ص‬
‫مرة واحدة‬ ‫‪27‬‬ ‫الكفاءة التدبريية للمعلومات‬
‫مرة واحدة‬ ‫‪32‬‬ ‫مهمة امل�ساعدة‬ ‫مهام املحا�سب العمومي‬
‫مرة واحدة‬ ‫‪32‬‬ ‫مهمة اال�ست�شارة‬
‫‪ 7‬مرات‬ ‫‪2-12-14-17-18-21-26-27‬‬ ‫املراقبة الرتاتبية‬ ‫حتديد الو�ضعية القانونية التي‬
‫مرة واحدة‬ ‫‪12‬‬ ‫املراقبة املخففة‬ ‫يخ�ضع لها الآمر بال�رصف‬
‫مرة واحدة‬ ‫‪35‬‬ ‫تقرير حول ظروف تنفيذ قانون املالية‬
‫حميط تدبري نفقة امل�صلحة الآمرة‬
‫مرة واحدة‬ ‫‪23‬‬ ‫حتليل حميط وظروف تنفيذ‬
‫بال�رصف‬
‫النفقات‬
‫الإ�ستنتاجات امل�ستخرجة من منظومة‬
‫مرة واحدة‬ ‫‪25‬‬
‫تتبع الرقابة‬

‫‪33) Note de service TGR DRNC/ N°44 du 31 Décembre 2008 sur la mise en œuvre de la réforme du contrôle des dépenses de l’Etat. p. 21.‬‬

‫‪34‬‬
‫املر�سوم (مر�سوم نفقات الدولة) ال تتم من‬ ‫• اعتماد مر�سوم نفقات الدولة لالفتحا�ص‬ ‫�إح�صائي‬ ‫بجرد‬ ‫القيام‬ ‫حماولة‬ ‫�إن‬
‫الناحية العملية ب�شكل مثايل ودون وجود‬ ‫التدبريية‬ ‫القدرات‬ ‫لتقييم‬ ‫كمنهجية‬ ‫الدالالت‬ ‫ذات‬ ‫واملفاهيم‬ ‫للم�صطلحات‬
‫�إكراهات‪ ،‬وبالتايل‪ ،‬ف�إنه يتعني و�ضع امل�سافة‬ ‫للم�صالح الآمرة بال�رصف‪ ،‬و ذلك بالإ�ستناد‬ ‫التدبريية التي اعتمدها املر�سوم املتعلق‬
‫املو�ضوعية بني القول بوجود ت�صور تدبريي‬ ‫�إىل �إطار مرجعي يحدد معايري و مو�ضوعات‬ ‫مبراقبة نفقات الدولة‪ ،‬لي�س الغاية منه تقدمي‬
‫يحكم بنية املر�سوم املتعلق بنفقات الدولة‬ ‫التقييم‪.‬‬ ‫قراءة و�صفية لهذا املر�سوم‪ ,‬بل �إن ما نرمي‬
‫وبني القول ب�أن هذا الت�صور التدبريي قد وجد‬ ‫�إليه يتمثل يف حماولة الت�أكيد على وجود‬
‫• حتديد مر�سوم نفقات الدولة الرفع من‬
‫فعال طريقه للتطبيق‪ .‬وهكذا ف�إن نظام‬ ‫توجه رقابي لنفقات الدولة يق�ضي بتدعيم‬
‫امل�ؤهالت التدبريية للم�صالح الآمرة بال�رصف‬
‫الرقابة على نفقات اجلماعات املحلية يعرف‬ ‫مهام املحا�سب العمومي يف جمال الن�صح‬
‫يف جمال تدبري نفقاتها العمومية كهدف‬
‫�أزمة ن�ص تنظيمي �أوال‪ ،‬تن�ضاف �إليها جمموع‬ ‫واملواكبة والتتبع والت�أهيل للم�صالح الآمرة‬
‫�أ�سا�سي لتدخل املحا�سب العمومي‪ ،‬يف‬
‫الإعاقات املرتبطة مبنهجية تدبري الرقابة على‬ ‫بال�رصف‪ ،‬يف مقابل املقاربة اجلامدة التي‬
‫مقابل غياب �أية �إ�شارة مبر�سوم حما�سبة‬
‫�أر�ض الواقع‪.‬‬ ‫تخ�ضع لها منظومة تدبري نفقات اجلماعات‬
‫اجلماعات املحلية حتيل اىل توجه الن�صح‬
‫املحلية والتي ظلت منغلقة يف احلقل الداليل‬
‫�إن الطابع املت�صلب الذي يكر�سه مر�سوم‬ ‫املايل والقانوين للآمر بال�رصف‪.‬‬
‫‪ Le Champ sémantique‬للمفاهيم املالية‬
‫املحلية‪،‬‬ ‫للجماعات‬ ‫العمومية‬ ‫املحا�سبة‬
‫• اعتماد منظومة الرقابة املتعلقة بنفقات‬ ‫الكال�سيكية (الت�أ�شري ‪ -‬الإ�شهاد ‪ -‬املراقبة‬
‫والذي يوحي بتوجه رقابي كال�سيكي‪ ،‬ين�ضاف‬
‫اجلماعات املحلية لإطار قانوين �ساكن ومنطي‬ ‫‪ -‬تعليق الت�أ�شرية‪ )... ,‬يف غياب بات ومطلق‬
‫�إىل غياب ت�صور �شامل لن�سق تدبري نفقات‬
‫‪ Standard et statique‬ال يكيف املقت�ضيات‬ ‫للمفاهيم ذات املحتوى التدبريي املن�سجمة مع‬
‫اجلماعات الرتابية و مراقبتها‪ ،‬وذلك ب�شكل‬
‫القانونية والتنظيمية مل�سطرة املراقبة‬ ‫وظيفة امل�شورة املالية وامل�ساعدة القانونية‪.‬‬
‫متناق�ض ومعاك�س ملبادرات الإ�صالح التي‬
‫ح�سب نوعية النفقة (معيار املخاطر‬
‫م�ست فل�سفة و منهجيات تدبري نفقات‬ ‫ومن خالل �إعادة تركيب امل�صطلحات املوظفة‬
‫ومبلغ النفقة) وح�سب القدرات التدبريية‬
‫الدولة‪.‬‬ ‫يف مر�سوم املحا�سبة العمومية للجماعات‬
‫للم�صالح الآمرة بال�رصف كما هو الأمر‬
‫املحلية ومر�سوم «مراقبة نفقات الدولة» ميكن‬
‫املطلب الثالث ‪ :‬عدم �شمولية‬ ‫بالن�سبة ملنطق املراقبة الرتاتبية املطبقة‬
‫�أن نخل�ص �إىل جملة من الإ�ستنتاجات التي‬
‫�إ�صالح منظومة الرقابة على‬ ‫على م�صالح الدولة‪.‬‬
‫ت�ؤكد الفر�ضيات التي �سبق الإدالء بها‪:‬‬
‫نفقات اجلماعات املحلية‬
‫عموما‪ ،‬ف�إن بنية اللغة امل�ستخدمة يف �صياغة‬
‫• �إيالء النظام الرقابي على نفقات الدولة‬
‫لعل الت�سا�ؤل‪/‬الإ�شكالية التي يفرت�ض طرحه‬ ‫املر�سوم املتعلق بنفقات اجلماعات املحلية‬
‫�أهمية كبرية ملنظومات تتبع تنفيذ النفقات‬
‫خارج الإطار القانوين و التقني ال�ضيق‪ ،‬يتعلق‬ ‫(ال�شق املتعلق بالنفقات)‪ ،‬تك�شف عن ر�ؤية‬
‫باال�ستناد على م�ؤ�رشات دقيقة لقيا�س �أداء‬
‫مبدى �إمكانية �إ�صالح منظومة الرقابة على‬ ‫من�سجمة مع ذاتها‪ ،‬عملت على �إعادة �إنتاج‬
‫امل�صالح الآمرة بال�رصف‪ ،‬على خالف مر�سوم‬
‫نفقات اجلماعات املحلية يف غياب منظور‬ ‫قواعد املحا�سبة العمومية الكال�سيكية‪،‬‬
‫اجلماعات املحلية الذي �أوكل للمحا�سب‬
‫كامل ومتعدد الأبعاد‪ ،‬ال�سيما و �أن التوجه‬ ‫مع ما يقت�ضيه ذلك من ت�صور تقليدي لدور‬
‫�إعداد البيانات والو�ضعيات ذات الطابع‬
‫ال�شمويل للرقابة الذي ي�أخذ بعني االعتبار‬ ‫املحا�سب العمومي‪ ،‬ال مينحه موقعا فاعال يف‬
‫الإخباري فقط‪.‬‬
‫خمتلف �أبعاد الفعل الرقابي بات ي�شكل �إحدى‬ ‫دينامية الت�أهيل الذي من املفرت�ض ان تتحمله‬
‫املظاهر احلديثة للتطور الذي عرفته النظريات‬ ‫الدولة جتاه اجلماعات الرتابية‪.‬‬ ‫• تركيز منظومة رقابة النفقات املتعلقة‬
‫الرقابية العمومية ‪ ,‬و عليه‪ ،‬ف�إن التفكري يف‬
‫(‪)37‬‬
‫بالدولة على تقييم �أداء تدبري امل�صالح الآمرة‬
‫يف حني جند ب�أن املفاهيم املوظفة مبر�سوم‬
‫�إ�صالح الرقابة على اجلماعات الرتابية‪ ،‬ال ميكن‬ ‫بال�رصف لي�س فقط من حيث �سالمة امل�ساطر‬
‫نفقات الدولة‪ ،‬تعك�س ت�صورا حاول خلق نوع‬
‫�أن ينف�صل عن التفكري يف الإ�صالح الهيكلي‬ ‫مما‬ ‫املطبقة‪ ،‬و�إمنا كذلك من حيث جودتها‬
‫(‪)34‬‬
‫من التوازن بني الإخت�صا�صات الكال�سيكية‬
‫للجماعات الرتابية‪ ،‬بل �أ�صبح من ال�رضوري‬ ‫من جهة‬ ‫يتطلب من املحا�سب العمومي‬
‫(‪)35‬‬
‫للمحا�سب العمومي و املتعلقة باملراقبة‬
‫احلر�ص على مالءمة هذه الإ�صالحات والت�أكد‬ ‫الإملام بامل�ساطر القانونية و من جهة �أخرى‬
‫وتنفيذ الأوامر ال�صادرة عن الآمر بال�رصف وبني‬
‫من كونها ت�ساهم فعال يف تدعيم الالمركزية‬ ‫الإطالع على خمتلف اجلوانب التدبريية التي‬
‫املهام التي ترتبط بحقل التدبري العمومي‬
‫الإدارية ‪ ,‬مع ما يتطلبه ذلك من و�ضع‬ ‫(‪)38‬‬
‫و كذا‬ ‫حتيط بتنفيذ النفقات العمومية‬
‫(‪)36‬‬
‫مبختلف حموالته النظرية والتطبيقية‪ ،‬مع‬
‫ت�صور ن�سقي ي�شمل خمتلف �أبعاد منظومة‬ ‫القدرة على التقييم و التحليل و اقرتاح‬
‫الت�شديد على �أن التج�سيد العملي ملختلف‬
‫النفقات‪ :‬التقنية والقانونية وامل�ؤ�س�ساتية‬ ‫احللول التي من �ش�أنها جتاوز الإختالالت‪.‬‬
‫الت�صورات التدبريية التي يحملها هذا‬
‫والتدبريية(‪. )39‬‬
‫‪ )34‬املادة ‪ 21‬من املر�سوم املتعلق بنفقات الدولة‪ ,‬مرجع �سابق‪.‬‬
‫‪ )35‬ح�سب مقت�ضيات املادة ‪ 24‬من املر�سوم املتعلق بنفقات الدولة‪ ،‬يعد املحا�سب العمومي كل ن�صف �سنة و�ضعية تتبع النفقات اخلا�صة بكل م�صلحة �آمرة بال�رصف بناء على م�ؤ�رشات‬
‫تتبع جودة تنفيذ تلك النفقات ويوجهها �إىل اخلازن العام للمملكة‪.‬‬
‫‪ )36‬ت�شري املادة ‪ 23‬من نف�س املر�سوم تن�صب م�ؤ�رشات تتبع جودة تنفيذ النفقات على م�سار تنفيذ النفقة وعلى �أية معلومة �أخرى متوفرة لها عالقة مبحيط تدبري نفقة امل�صلحة الآمرة‬
‫بال�رصف‪.‬‬
‫‪ )37‬جنيب جريي‪� .‬إ�صالح منظومة الرقابة املالية باملغرب بني التقنني والتفعيل جملة طنجي�س جملة القانون واالقت�صاد لكلية العلوم القانونية واالقت�صادية واالجتماعية‪ ,‬طنجة‪ ,‬العدد‬
‫‪� ,10/2012‬ص ‪.179‬‬
‫‪38) KHEIDRI, Mustapha. Gouvernance financière du développement local. Séminaire organisé par la CGEM. op. cit.‬‬
‫‪ )39‬بالرغم من ان تقرير اجلهوية املو�سعة قد طرح بع�ض اال�شارات القوية حول حماور اال�صالح التي يجب �أن تت�ضمنها مالية اجلهوية املو�سعة‪ ،‬ف�إن هذه املقرتحات ما زالت حتتاج اىل مزيد‬
‫من البحث والتدقيق من �أجل ا�ستك�شاف مكامن اخللل وجماالت اال�صالح املوازية بني منطق االنفتاح على التجارب االجنبية والقانون املقارن وبني فهم وا�ستيعاب خ�صو�صية بنية‬
‫اجلماعات الرتابية باملغرب واكراهاتها‪.‬‬

‫‪Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 35‬‬


‫‪SPECIAL‬‬
‫‪COLLECTIVITES‬‬
‫‪TERRITORIALES‬‬

‫وحتويلها �إىل معلومات م�ساعدة يف اتخاذ‬ ‫�أمام هذا الواقع‪� ،‬أ�صبح من ال�رضوري التفكري‬ ‫و باملقارنة مع ال�سياق الإ�صالحي العام‬
‫القرارات‪ ،‬مما �سي�ؤدي �إىل تثمني الن�صح املايل‬ ‫يف �إعادة النظر ب�شكل جدري يف املنطلقات‬ ‫ملنظومة تدبري نفقات الدولة‪ ،‬يتبني ب�أن هذه‬
‫والرفع من فعاليته وجودته‪.‬‬ ‫القانونية والتنظيمية والتدبريية والتقنية‬ ‫الأخرية قد اندرجت يف �إطار �إ�صالح هيكلي‬
‫يف هذا ال�سياق‪ ،‬البد من ا�ستح�ضار ور�شة‬ ‫ملراقبة اجلماعات الرتابية‪ ،‬ت�أ�سي�سا على‬ ‫يت�سم بقدر كبري من الو�ضوح ‪La visibilité‬‬
‫لنفقات‬ ‫املندمج‬ ‫التدبري‬ ‫نظام‬ ‫تطبيق‬ ‫فكرة امل�س�ؤولية املزدوجة للدولة يف ال�سالمة‬ ‫يف الت�صور و املنهج‪ ،‬كما يتميز بر�ؤية �شمولية‬
‫اجلماعات الرتابية ‪ GID CT‬الذي عملت‬ ‫القانونية للتدبري املايل و املحا�سباتي العمومي‪،‬‬ ‫تخ�ص جميع م�ستويات تدبري النفقات‪ ،‬بحيث‬
‫اخلزينة العامة للمملكة بتن�سيق مع وزارة‬ ‫و يف خلق التنا�سق و التجان�س بني مكونات‬ ‫�أن م�سل�سل هذا الإ�صالح قد تبلور من الناحية‬
‫الداخلية على تعميمه على خمتلف اجلماعات‬ ‫هذه املنظومة‪.‬‬ ‫التنظيمية مع املر�سوم ال�صادر يف ‪ 13‬فرباير‬
‫‪ 2006‬القا�ضي بدمج مديرية مراقبة الإلتزام‬
‫الرتابية مع مطلع �سنة ‪ ،2014‬باعتباره‬ ‫املطلب الرابع ‪� :‬إ�صالح نظام‬
‫بنفقات الدولة باخلزينة العامة للمملكة‪،‬‬
‫�أحد الرهانات والتحديات اجل�سيمة‪ ،‬التي‬ ‫املعلومات من خالل منظومة‬
‫كما �شمل هذا الإ�صالح عدة �آليات لتنميط‬
‫ت�شكل ال حمالة �أحد املحاور الأ�سا�سية يف‬ ‫لنفقات‬ ‫املندمج‬ ‫التدبري‬
‫و�إدراجها يف �صريورة‬ ‫النفقات العمومية‬
‫اجلماعات الرتابية‬
‫(‪)40‬‬
‫م�سل�سل �إ�صالح نظام املعلومات ‪Système‬‬
‫‪ d’information‬املتعلق بالتدبري املايل لهذه‬ ‫�إ�صالح �شامل للتدبري امليزانياتي ‪La Réforme‬‬
‫يعترب �إ�صالح نظام املعلومات ‪Système‬‬ ‫‪ budgétaire‬من خالل تر�سيخ التدبري املرتكز‬
‫الوحدات الرتابية‪.‬‬
‫املايل‬ ‫بالتدبري‬ ‫املتعلق‬ ‫‪d’information‬‬ ‫على النتائج ‪La gestion axée sur les résultats‬‬
‫ولعل اخلربة التقنية و التنظيمية لتي‬ ‫حلقة‬ ‫الرتابية‬ ‫للجماعات‬ ‫واملحا�سباتي‬ ‫عو�ض منطق التدبري بوا�سطة الو�سائل‪ .‬و قد‬
‫راكمتها اخلزينة العامة للمملكة من خالل‬ ‫�أ�سا�سية حمددة ‪ Déterminante‬يف تدبري‬ ‫جت�سد التدبري املرتكز على النتائج من الناحية‬
‫جتربة منظومة التدبري املندمج لنفقات‬ ‫فعال وناجع للنفقات العمومية‪ ،‬ومن ثم‪،‬‬ ‫القانونية والتقنية يف �شمولية الإعتمادات‬
‫(‪)41‬‬

‫الدولة املطبقة ابتداءا من �سنة ‪2009‬‬ ‫ف�إن ت�أ�سي�س منظومة معلوماتية مندجمة‬ ‫‪/Globalisation‬‬ ‫وال�رشاكة‬
‫(‪)42‬‬
‫التعاقد‬ ‫و‬
‫بالن�سبة مل�صالح الدولة قد �شكلت منطلقا‬ ‫بني املحا�سب العمومي و الآمر بال�رصف من‬ ‫كما‬ ‫‪.Contractualisation/Partenariat‬‬
‫�إيجابيا لنجاح هذا امل�رشوع بالن�سبة للجماعات‬ ‫�شانه �أن ي�ساهم ب�شكل كبري يف �رسعة تدفق‬ ‫ظهرت بع�ض املقاربات اجلديدة يف برجمة‬
‫الرتابية‪ ،‬مما �سي�ساهم بدون �شك ب�شكل‬ ‫املعلومات بني هذه امل�صالح و الرفع من جودتها‪،‬‬ ‫وتنفيذ وتقييم تدبري نفقات الدولة‪ ،‬من قبيل‬
‫تدريجي على حت�سني نوعية اخلدمات املقدمة‬ ‫كما من �شانه �أن يخفف من حجم املعامالت‬ ‫تدبري النفقات على املدى املتو�سط (‪CMD 3‬‬
‫للجماعات الرتابية وتقلي�ص �آجال تدبري‬ ‫البريوقراطية التي حتيط بتبادل املعلومات بني‬ ‫�سنوات) و مقاربة امليزانية املرتكزة على النوع‬
‫الطلبيات العمومية و تب�سيط للم�ساطر‬ ‫امل�صالح‪ ،‬مما �سي�ساهم يف تقلي�ص �آجال �إنتاج‬ ‫‪Budget sensible au genre‬‬ ‫االجتماعي‬
‫(‪)43‬‬

‫و �سهولة احل�صول على املعلومات املالية‬ ‫املعلومات كما �سيمكن من �إعطاء الآمر‬ ‫و �إطالق املنظومة املعلوماتية للتدبري املندمج‬
‫املرتبطة بتنفيذ النفقات يف زمن حقيقي‬ ‫بال�رصف ر�ؤية �أكرث و�ضوحا ‪ Une visibilité‬حول‬ ‫لنفقات الدولة ‪La gestion intégrée de la‬‬
‫‪.Temps réel‬‬ ‫الو�ضعية املالية للجماعة يف كل حلظة وحني‪،‬‬ ‫‪ dépense‬ك�إ�صالح عميق لنظام املعلومات‬
‫�إ�ضافة �إىل الإنعكا�سات البديهية على جودة‬ ‫دون حاجة للتقيد بامل�ساطر الإدارية املطلوبة‬ ‫املتعلق بتدبري النفقات العمومية للدولة‪.‬‬
‫تنفيذ النفقات اجلماعية‪ ،‬ف�إن تطبيق هذه‬ ‫لالطالع على املعلومات‪.‬‬
‫يف هذا ال�سياق‪ ،‬ف�إن حالة الفراغ التنظيمي‬
‫املنظومة من �ش�أنه العمل على ‪:‬‬ ‫كما يجب الت�أكيد على �أن وجود هذه املنظومة‬ ‫والرتدد يف �إطالق مبادرات �إ�صالحية جدرية‬
‫• تر�شيد املوارد الب�رشية بالن�سبة للخزينة‬ ‫امل�شرتكة‪� ،‬سينعك�س حتما على وظيفة‬ ‫ملحا�سبة اجلماعات الرتابية‪ ،‬مل يعد له من مربر‬
‫العامة وكذا بالن�سبة مل�صالح اجلماعات‬ ‫الن�صح املايل املقدم للجماعات الرتابية‪ ،‬من‬ ‫تاريخي‪ ،‬ال�سيما �أمام رهانات تطوير الالمركزية‬
‫الرتابية نظرا لتقلي�ص مدة الإجناز و تعوي�ض‬ ‫خالل االرتقاء بوظيفة املحا�سب العمومي‬ ‫الإدارية وبعد �أن تبني ب�شكل وا�ضح ف�شل‬
‫التدخل الب�رشي بالتنفيذ الأوتوماتيكي‬ ‫من وظيفة م�سك احل�سابات والتحكم يف‬ ‫مقاربات الو�صاية التقليدية يف ت�أهيل هذه‬
‫ملجموعة من الإجراءات و امل�ساطر ال�شكلية‪.‬‬ ‫�إىل م�ستوى �إنتاج اخلربة املالية‬ ‫(‪)44‬‬
‫املعلومة‬ ‫الوحدات الإدارية ومتكينها من ممار�سة حريتها‬
‫‪ L’expertise financière‬وحتليل املعطيات‬ ‫وا�ستقالليتها يف القرار والتدبري‪.‬‬

‫‪40) AIDEN El Hassania. Réforme budgétaire au Maroc : cadre juridique et institutionnel Revue Marocain d’audit et de développement, N° 21/2005.‬‬
‫‪41) Circulaire du Premier ministre en date du 25 décembre 2001 relative à l’adaptation de la programmation et l’exécution du budget de l’Etat au cadre de la déconcen-‬‬
‫‪tration.‬‬
‫‪43) AL MOUJADIDI Noufissa. Les fondements de la budgétisation du genre au Maroc. Revue Marocaine d’audit et de développement. N° Spécial, 25/2008.‬‬
‫‪ )44‬هناك جمموعة من الو�ضعيات و البيانات املحا�سباتية واملالية التي يتعني على املحا�سب العمومي �إعدادها ب�شكل دوري‪ ،‬مما ميثل من الناحية العملية عبئا �إ�ضافيا ينعك�س �سلبا على ادائه‬
‫يف جمال الن�صح املايل و امل�ساعدة القانونية‪.‬‬

‫‪36‬‬
‫و ختاما‪� ،‬إن التفكري يف مراجعة نظام مراقبة‬ ‫الأوتوماتكية (�صحة احل�سابات‪-‬العمليات‬ ‫• تدعيم �آليات املراقبة الداخلية‪ ,‬من خالل‬
‫نفقات اجلماعات الرتابية‪ ،‬بقدر ما يطرح‬ ‫احل�سابية املتعلقة مبراجعة الأثمان‪)... ,‬‬ ‫الإمكانية التي توفرها هذه املنظومة يف‬
‫�إ�شكاليات و ت�سا�ؤالت متخ�ص�صة ذات طابع‬ ‫بع�ض‬ ‫تفادي‬ ‫يف‬ ‫الإ�سهام‬ ‫ب�إمكانه‬ ‫جمال تتبع م�سل�سل تنفيذ النفقات ور�صد‬
‫تقني و قانوين‪ ،‬بقدر ما يطرح على حمك‬ ‫الأخطاء ال�شكلية التي تكون لها �آثار على‬ ‫الإختالالت املرتبطة بها‪ ،‬مما ميكن من اتخاذ‬
‫املراجعة و النقد خمتلف الأبعاد ال�سيا�سية‬ ‫امل�س�ؤوليات القانونية امللقاة على عاتق‬ ‫التدابري الوقائية املمكنة ملواجهة املخاطر‬
‫و التدبريية املرتبطة جدليا باملالية املحلية‪،‬‬ ‫املحا�سب العمومي والآمر بال�رصف‪.‬‬ ‫ذات الطابع التقني واملهني التي من �ش�أنها‬
‫و من هذا املنطلق‪ ،‬ف�إن �صياغة م�شاريع‬ ‫ت�أخري تنفيذ الطلبيات العمومية ‪Les‬‬
‫و كما هو ال�ش�أن بالن�سبة لأي م�رشوع‪ ،‬ف�إن‬
‫القوانني التنظيمية املتعلقة مبالية اجلماعات‬ ‫‪.commandes publiques‬‬
‫ح�سن تطبيق منظومة التدبري املندمج‬
‫الرتابية والن�صو�ص التنظيمية املرتبطة بها‪،‬‬
‫لنفقات اجلماعات الرتابية ال يتوقف فقط‬ ‫• الإ�سهام التقني يف تخليق تدبري النفقات‬
‫تعد �ش�أنا عاما يتطلب حكامة جيدة‪ ،‬يف‬
‫على ا�ستح�ضار فر�ص النجاح ‪Opportunités‬‬ ‫اجلماعية‪ ،‬بحيث �أن التنفيذ الأوتوماتيكي‬
‫منهجية �إعدادها‪ ،‬بعيدا عن املنطق ال�ضيق‬
‫املتمثلة يف تراكم اخلربة التقنية والتنظيمية‬ ‫‪L’automatisation‬‬ ‫‪des‬‬ ‫للم�ساطر‬
‫الرامي �إىل بحث الأطراف املتدخلة يف‬
‫لدى اخلزينة العامة‪ ،‬بل يتطلب الأمر‬ ‫‪ procédures‬يقل�ص �إىل �أبعد احلدود التحكم‬
‫التدبري املايل املحلي عن �إعادة فر�ض موقعها‬
‫كذلك القيام مبواكبة م�ستمرة لهذا الور�ش‬ ‫الب�رشي يف وترية التنفيذ‪ ،‬كما �أنه ميكن من‬
‫‪ Repositionnement‬داخل منظومة الرقابة‪،‬‬
‫الإ�صالحى‪ ،‬و الإنتقال به من جمرد م�رشوع‬ ‫تتبع م�سار النفقة يف خمتلف مراحلها‬
‫يف غياب ت�صور تن�سيقي‪ ،‬ي�ستح�رض الغاية‬
‫تقني �إىل م�رشوع ا�سرتاتيجي مما يتطلب‬ ‫و بالتايل معرفة مكامن اخللل و�أ�سبابه‬
‫الإ�سرتاتيجية من التدبري املايل للجماعات‬
‫انخراطا و تفاعال �إيجابيا لكل املتدخلني يف‬ ‫احلقيقية‪.‬‬
‫الرتابية‪ ،‬ك�أداة لتحقيق التنمية ال�شاملة‬
‫تدبري النفقات العمومية للجماعات الرتابية‪،‬‬
‫التي مل تعد حتتمل الت�أجيل يف ظل مناخ‬ ‫القانوين‬ ‫التنفيذ‬ ‫�سالمة‬ ‫تدعيم‬ ‫•!‬
‫ال�سيما م�صالح وزارة الداخلية باعتبارها‬
‫�سيا�سي واقت�صادي دقيق للغاية‪.‬‬ ‫للنفقات‬ ‫‪Sécurisation‬‬ ‫‪juridique‬‬
‫�سلطة الو�صاية املوكول لها دعم وم�ساعدة‬
‫العمومية‪ ،‬بحيث �أن وجود �آليات املراقبة‬
‫الإدارة اجلماعية على تطوير �أدائها(‪.)45‬‬

‫‪Trésorerie de Rabat, 1930‬‬

‫‪ )45‬مادة ‪ 68‬من القانون رقم ‪ 00-78‬املتعلق بامليثاق اجلماعي ال�صادر بتنفيذه الظهري ال�رشيف رقم ‪ 271-02-1‬بتاريخ ‪ 25‬من رجب ‪ 3( 1423‬اكتوبر ‪ )2002‬اجلريدة الر�سمية عدد ‪16 – 5058‬‬
‫رم�ضان ‪ 21( 1423‬نوفمرب ‪ )2002‬كما مت تعديله بالقانون رقم ‪ 08-17‬عدد ‪ 5711‬بتاريخ ‪ 23‬فرباير ‪.2009‬‬

‫‪Revue de la Trésorerie Générale du Royaume 37‬‬


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38
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Trésorerie Générale du Royaume


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Hay Ryad - Rabat
BP : 21495, Av. Annakhil
Hay Ryad - Rabat

Tél :. 212 (0) 537 57 81 90

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