OpinionS

Le journal apolitique de Débat & Vous

n° 5 juin 2007 - Spécial admissibles
L’EDITO
Au lendemain des élections législatives, nous savons quel visage aura la
politique de notre pays au cours des cinq prochaines années. Réussites pour
certains, déceptions pour d’autres, les diverses campagnes auront en tous cas
enthousiasmé les foules.

Le sursaut des législatives qui, comme à l’accoutumée, s’est fait avec plus d’un tiers d’abstentionnistes est à
l’image de ce que doit être la politique française : pleine de rebondissements. Et s’il convient de se demander si la
logique d’un double scrutin le même jour (présidentiel + législatif) ne permettrait pas d’inciter les français à voter
pour leurs députés, interrogeons nous aussi sur les raisons qui ont pu les pousser à contredire des chiffres un peu
rapidement proclamés par les sondeurs.

La confrontation d’idées est notre Graal, loin des clivages politiques qui pourraient opposer les membres de
Débat&Vous. Notre journal symbolise le caractère apolitique de notre association. Et c’est sans doute ce qui,
grâce aux remaniements récents que nous lui avons apporté, lui permet d’être aujourd’hui lu par plus de 3500
personnes. Vous retrouverez donc point par point les axes majeurs de ces campagnes et les analyses que les
étudiants peuvent en faire sans pour autant oublier ces autres thèmes qui, pour une raison ou une autre, touchent
particulièrement leurs auteurs.

Bonne chance, aujourd’hui, pour ces tests qui vous ouvriront peut-être les portes de l’ESSEC. Et charge à vous,
demain, si vous avez la chance de rejoindre notre école, de nous aider à pérenniser le journal. La barre des 5000
lecteurs n’est pas loin.
SOMMAIRE
La rédaction Débats
Travailler plus pour gagner plus p.2-3

Le libéralisme en question
Libéral ? Pourquoi pas moi p.4
Pour un recentrage du libéralisme p.4

Elections présidentielles et législatives

L’EQUIPE OpinionS
Jean Valfort (rédacteur en chef)
Maxime de Sahb (maquette)
Charly Montet (relecture)
Nadège Dedieu (relecture)
Signification de la participation des Français à la présidentielle p.6
Le gouvernement Fillon et l’ouverture à gauche p.6
Une révolution conservatrice à la française p.8
Les nouveaux centres p.8
Ségolène Royal et le PS : une nouvelle ère pour la gauche ? p.9
LA liaison dangereuse p.10
Actualité Internationale
The digital divide p.11
Du droit d’ingérence au Darfour p.12
Comment faire pour que le citoyen s’approprie l’Europe ? p.14

2 « Un grand thème de la présidentielle »
TRAVAILLER PLUS POUR GAGNER PLUS
Un des thèmes majeurs de la campagne présidentielle sera celui du pouvoir d’achat. La proposition phare
du programme présidentiel de l’UMP : l’exonération de l’impôt sur le revenu et des charges sociales pour
les heures supplémentaires. La seule véritable solution pour gagner plus serait de travailler plus.
T
ravailler plus serait le
seul moyen d’améliorer
son pouvoir d’achat.
Cette affirmation s’étaye
sur une analyse discutable, une
analyse suivant laquelle l’évolu-
tion des salaires serait principale-
ment fonction de celle du volume
d’heures travaillées. Les 35 heures
étant seules responsables de la sta-
gnation du pouvoir d’achat et à
défaut de pouvoir les abroger, il
conviendrait de poursuivre leur
démantèlement en défiscalisant les
heures supplémentaires, après
avoir déjà considérablement élevé
le plafond du contingent annuel
d’heures supplémentaires autorisé.
Lier ainsi l’évolution du pouvoir
d’achat à celle du temps de travail
hebdomadaire, c’est soutenir une
contrevérité historique. En effet,
on observe une tendance séculaire
à la diminution du temps de tra-
vail, ce qui n’a pas empêché le
pouvoir d’achat de toutes les caté-
gories de travailleurs d’augmenter.
En réalité, le véritable moteur du
mouvement de progression du
pouvoir d’achat réside dans les
gains de productivité en valeur : la
valeur ajoutée d’une heure de tra-
vail est considérablement plus éle-
vée aujourd’hui qu’il y a un siècle,
et c’est ce phénomène qui expli-
que la progression des salaires. Il
est vrai que dans une économie de
services, les gains de productivité
ont tendance à ralentir fortement,
mais dire que la seule solution
pour lutter contre la stagnation
(voire la diminution pour certaines
catégories de travailleurs) du pou-
voir d’achat est d’augmenter le
volume d’heures travaillées re-
viendrait à considérer qu’un jour
ou l’autre, le pouvoir d’achat at-
DEBAT :
teindra un plafond. Les journées
n’ont que 24 heures. Sous réserve
d’efficacité, cette proposition
s’inscrit dans une logique court-
termiste puisque la seule solution
de long terme réside dans la re-
lance des gains de productivité.
Une telle proposition exonère, de
plus, les entreprises de leur res-
ponsabilité. Même s’il est difficile
de contraindre des entreprises, par
ailleurs en bonne santé financière,
à augmenter les salaires, est-il
pour autant interdit d’insister sur
la responsabilité sociale des entre-
prises ? Les entreprises jouent un
rôle majeur dans les sociétés déve-
loppées, et elles se doivent de faire
bénéficier les salariés des fruits de
la croissance. En particulier, peut-
on proposer comme seule perspec-
tive d’avenir pour les travailleurs
pauvres (qui cumulent déjà plu-
sieurs emplois sans pouvoir vivre
décemment) de faire des heures
supplémentaires ? Il est nécessaire
que les entreprises assument leur
rôle dans la distribution des riches-
ses. Si ce dernier point est moins
déterminant que le ralentissement
des gains de productivité, il est
crucial que la politique salariale
des entreprises soit à la hauteur
des enjeux.
Voir dans la défiscalisation des
heures sup’ la panacée en matière
de pouvoir d’achat, c’est aussi
supposer que la majorité des entre-
prises vont y recourir. Les entre-
prises vont-elles effectivement y
avoir recours ? Rien n’est moins
sûr. Lors du passage aux 35 heu-
res, les entreprises se sont réorga-
nisées en conséquence, et les gran-
des entreprises en particulier n’ont
désormais plus besoin d’heures
sup’ pour revenir aux 39 heures.
Ajoutons que si les 35 heures ont
eu pour effet de créer environ
300000 emplois à court terme, on
ne peut que s’inquiéter de l’inévi-
table ralentissement des créations
de postes à court terme (en parti-
culier dans les petites entreprises)
que va engendrer cette mesure, par
le même mécanisme mais en sens
inverse, qui va accroître un niveau
de chômage déjà insupportable.
Enfin, une telle mesure pourrait se
révéler anticonstitutionnelle, car
rompant le principe d’égalité de-
vant l’impôt : toutes choses égales
par ailleurs, ceux qui bénéficie-
raient de ces heures sup’ défiscali-
sées paieraient autant d’impôts et
de cotisations sociales que ceux
qui n’en bénéficieraient pas, tout
en gagnant davantage.
Cette proposition, qui s’inscrit
dans une logique de court terme,
est de plus déresponsabilisante
pour les entreprises et aura une
portée très limitée (au prix, une
fois encore, d’exonérations de co-
tisations sociales), à considérer
qu’elle ne soit pas tout simplement
censurée par le Conseil constitu-
tionnel. Puisque ce sont essentiel-
lement les gains de productivité
qui déterminent l’évolution des
salaires, il serait bien plus perti-
nent d’investir massivement dans
les pôles de compétitivité, qui per-
mettront de créer des emplois dans
des secteurs innovants à forte va-
leur ajoutée. Cette politique per-
mettrait d’agir en faveur d’une
relance des gains de productivité,
et donc d’une véritable relance du
pouvoir d’achat.
Guillaume Aubert (E2)
DEBAT :
« Un grand thème de la présidentielle »
F
ut un temps où l’on pensait
encore social. Lorsque le
rapport de Villermé suggé-
rait la réduction du temps
de travail pour les enfants ou que,
sous Blum, on s’intéressait un peu
aux conditions de vie des travail-
leurs, les choses allaient dans le bon
sens. Mais 81 est passé par là et au-
jourd’hui nous devons batailler avec
l’idéologie plutôt qu’avec le progrès.
Qu’on s’attarde un peu sur la préten-
due division du travail. Depuis Mit-
terrand on nous rabâche ce que la
logique comptable pourrait approu-
ver mais que les faits ont toujours
trahi. Vous vouliez 430 000 emplois
supplémentaires ? Vos 39 heures
n’en ont donné que 40 000. Evidem-
ment, ces chiffres n’ont pas suffi à
madame Aubry qui persiste et signe.
Et d’un grandiose résultat de
700 000 emplois escomptés grâce
aux 35 heures, on tombe à 0 selon
l’OCDE (l’INSEE étant plus indul-
gente avec un correct 350 000). L’i-
nefficacité s’est donc alliée à la
contrainte bornée dans un pays qui
se veut pourtant berceau de la Liber-
té.
Entre temps, le coût de la main
d’œuvre s’est apprécié de 14,3% et
une augmentation notable des dépôts
de bilan s’est faite ressentir dans un
monde où la compétitivité ne cesse
de croître. Dommage, quand on sait
que les travailleurs français sont par-
mi les plus productifs au monde…
quand on regarde la productivité
horaire. Et c’est pourquoi, lorsqu’on
entend un Sarkozy dire des 35 heu-
res que « c’est la seule idée qu’on
n’a pas eu besoin de breveter, tout
simplement parce que personne ne
veut nous la piquer », on s’autorise
un léger rictus complice.
Alors que faire ? Abroger les 35
heures ? Trop tard. Ceux qui ont
retenu comme acquis leur jour de
RTT mensuel ne le verraient pas de
cet œil là. En revanche, il faudrait
aider ceux qui en ont marre de voir
les séjours à la mer s’afficher sur
leurs tubes cathodiques sans pouvoir
se les offrir ou encore ceux qui ba-
vent devant la voiture neuve qu’ils
ne pourront jamais se payer, faute de
moyens. Car on nous explique qu’en
plus de libérer de l’emploi, les 35
heures fabriquent du temps libre.
J’ai alors envie de répondre : A quoi
bon avoir du temps libre si on n’a
pas assez d’argent pour accompa-
gner ses enfants au parc ?
Or redonner de l’air aux entreprises,
ces vecteurs de croissance trop sou-
vent oubliés, se veut justement com-
patible avec l’argent que la droite
voudrait aujourd’hui faire affluer
dans le porte-monnaie de ceux qui
en veulent. En commençant par au-
toriser les heures supplémentaires,
en allant même jusqu’à exonérer les
charges et les impôts sur ce même
travail extraordinaire, on fait ainsi
revivre cette liberté trop souvent
bafouée de travailleurs qui considè-
rent la possibilité de s’épanouir dans
leur travail plus importante que le
nombre de jours de RTT.
Et la gauche de nous dire qu’elle n’y
croit pas. Rivée sur ses idées rétro-
grades que seul le génie socialiste
français fait encore tonner, elle nous
explique qu’on ne peut se permettre
d’offrir plus d’argent encore (et
Dieu sait si ils en gagnent beau-
coup…) à ceux qui en gagnent déjà
alors que d’autres ne savent pas en-
core de quoi demain sera fait, si ce
n’est d’un pointage à l’ANPE… Oui
mais messieurs, l’enfer est pavé de
bonnes intentions. La théorie et la
pratique vous donnent tort. Le par-
tage du gâteau des heures travaillées
ne fonctionne pas. 30% du travail à
temps partiel est subi et est particu-
lièrement sensible à la conjoncture.
La répartition du chômage dans le
pays n’est pas homogène. Bref, au-
tant d’idées qui, comme le relate
Olivier Marchand de l’INSEE,
« vont à l’encontre de [ce qui] a jus-
tifié les 35 heures », à savoir le par-
tage.
En revanche, les photographies de
l’évolution économique des ména-
ges jouent en votre défaveur. On ne
3
cesse d’entendre la gauche expliquer
que la société française se paupérise.
Faux ! Comme le souligne madame
Parisot, le PIB/habitant a été multi-
plié par deux au cours des trente
dernières années. Par contre, lors-
qu’on compare notre évolution à
celle de nos proches voisins, le ta-
bleau est moins rose. En 1980, le
PIB/habitant de la France représen-
tait 81% de celui des Etats-Unis et
108% de celui du Royaume-Uni.
Aujourd’hui, nous sommes respecti-
vement à 73% et 93%.
Alors non, la France ne devient pas
moins riche, elle devient moins riche
que les autres. Quand la valeur tra-
vail a su être préservée ailleurs, nous
n’avons su que nous refermer sur
cette idée qui voudrait qu’on puisse
créer de la richesse en ne mettant
pas les mains à la pâte. Lorsqu’un
candidat affirme aujourd’hui que ce
n’est pas une fatalité et qu’il faut
donner aux français les moyens de
travailler plus pour gagner plus, ce
n’est donc pas uniquement dans le
but de satisfaire son ignoble envie de
méritocratie. C’est aussi pour sortir
le France de ce circuit infernal
qu’est la débâcle économique gou-
vernée par l’idéologie.
Il faut aujourd’hui mettre à bas les
inepties sur cette fausse bonne idée
qu’est le partage du travail. On ne
peut pas raisonnablement dire que
travailler 35 heures par semaine pen-
dant 40 ans suffira pour manger,
s’offrir les bijoux de technologie que
nos amis nippons font miroiter de-
vant nos yeux, payer les études des
enfants et mettre de coté pour dé-
couvrir, une fois à la retraite, ce
monde qu’on ne voit aujourd’hui
qu’en photos sur le net. Travailler
plus pour gagner plus, donner les
moyens à ceux qui le méritent de ne
pas avoir à brider leur potentiel,
c’est donc aujourd’hui mon choix.
Espérons qu’il sera aussi bientôt
celui de la France.
Jean Valfort. (E1)

4 Le libéralisme en question
« Je ne crois pas à la doctrine de l’Etat minimum. Je ne crois pas à la doctrine du laissez-faire.
Je ne crois pas qu’en France l’Etat puisse être réduit à un rôle secondaire ».
O
n pourrait croire à un
discours de Georges
Marchais prononcé en
1985. Détrompez-
vous. Ces mots, qui semblent sur-
gir d’une autre époque, viennent
de la bouche d’un homme qui se
prétend libéral, et qui préside au-
jourd’hui notre pays. Mais l’écla-
tant paradoxe ne s’arrête pas là :
les positions de Nicolas Sarkozy
sur la PAC, la politique commer-
ciale, les dépenses publiques, le
monopole de la sécurité sociale, le
droit opposable au logement et à la
scolarisation des handicapés, font
bondir nombre de libéraux dits
« modérés ».
Certes, le contexte électoral a sans
doute contraint le candidat à for-
muler ces propos. Nul doute que le
président, lui, ne s’aventurera pas
à remettre en cause, par exemple,
l’indépendance de la Banque Cen-
trale Européenne. Mais nombre de
libéraux s’offusquent du glisse-
ment sémantique du mot
« libéralisme ». Ils ont sans doute
raison. Car tout n’est pas libéral.
Et cette incessante déformation
lexicologique ne fait que flouter
une doxa réticente au libéralisme.
POUR UN RECENTRAGE DU LIBERALISME
L
e libéralisme est un
concept qui est autant
politique qu’économi-
que. Sa dimension politi-
que s’appuie sur l’équilibre des
pouvoirs et la représentativité d’une
démocratie alors que c’est le
concept de marché qui domine sa
dimension économique. Les deux
applications sont similaires dans
leurs imperfections comme dans
leur supériorité relative. Si la dé-
LIBERAL ? POURQUOI PAS MOI !
Mais le paradoxe s’arrête-t-
il à Monsieur Sarkozy et à ceux
qu’il préside ? Absolument pas.
Les théoriciens généralement ca-
talogués sous l’appellation
« libérale » n’ont jamais été tous
d’accord entre eux sur les grands
thèmes économiques. Chez les
classiques, de nombreux points de
désaccord sur la définition du tra-
vail, sur l’existence d’un état sta-
tionnaire, ou sur les avantages
comparatifs au niveau commer-
cial, existaient déjà.
Aujourd’hui, les « libertariens »
ou les « anarcho-capitalistes » de
David Friedman ne partagent que
peu de choses avec les monétaris-
tes de Milton Friedman. Tous sont
vulgairement réunis sous la ban-
nière « libérale ». Tous deux sont
des Friedman, certes, mais David
et Milton sont très différents.
Glissements sémantiques, encore
et toujours. Vaine tentative de
définition du « véritable » libéra-
lisme. Illusion que de vouloir
faire de « son » libéralisme
« l’unique » libéralisme.
Ne tombons pas dans le relati-
visme, car comme nous l’avons
mocratie est le plus mauvais sys-
tème après tous les autres, le mar-
ché soutient largement la comparai-
son. A partir de là, le pragmatisme
est un devoir intellectuel et moral.
Cependant, il est nécessaire de
creuser l’interaction, voire la hié-
rarchisation, inéluctable qui existe
entre les deux dimensions, car, au-
delà d’une évidente interdépen-
dance, un véritable arbitrage hu-
main est à effectuer.
DEBAT :
dit, tout n’est pas libéral. Pen-
chons-nous sur les valeurs du libé-
ralisme.
Leur énumération sera certaine-
ment plus aisée que l’examen criti-
que des propos des économistes et
des hommes politiques. Car le li-
béralisme est avant tout une philo-
sophie ouverte. Est libéral ce qui
se réfère à un certain nombre de
valeurs, unanimement partagées
par les libéraux. C’est la thèse du
penseur contemporain Alain Lau-
rent : la primauté de l’individu, de
la liberté, de la responsabilité, de
la propriété, de l’intérêt personnel,
des contrats, du pluralisme, de la
tolérance, doivent impérativement
guider l’homme qui se prétend
libéral.
Sarko est-il libéral ? L’hétéroclite
communauté libérale ne pourra pas
trancher. Et vous, pouvez-vous
revendiquer un « label libéral » ?
Oui, tant que votre action puise ses
sources dans les valeurs de cette
indéfinissable, et pourtant fabu-
leuse, philosophie.
Guillaume Kazbarian (E1)
Les crises économiques engendrent
souvent l’instabilité politique, on
peut même avancer qu’une écono-
mie sophistiquée et solide est un
élément essentiel de la bonne mar-
che d’une démocratie. En effet,
structurellement cela va de pair
avec un bon niveau d’éducation et
conjoncturellement, cela libère de
l’attention pour les questions politi-
ques plutôt que pour le pain quoti-
dien. La question de la perfor-
 DEBAT :
5 Le libéralisme en question
/… POUR UN RECENTRAGE DU LIBERALISME
mance économique se pose d’ail-
leurs avec d’autant plus de force que
la compétition mondialisée diminue
la marge de manœuvre des politi-
ques économiques nationales, tout
en exacerbant leur impact. Le libéra-
lisme économique est l’option prag-
matique permettant d’exploiter au
mieux la motivation individuelle des
différents acteurs économiques. Ce-
pendant, ce système ne se conçoit
pas sans pouvoir politique, ne serait-
ce que pour fournir un cadre de pro-
tection légale et civile.
Le rôle du pouvoir politique est
d’ailleurs bien plus profond car le
libéralisme économique n’est pas en
mesure de développer seul le vérita-
ble potentiel d’une société. La no-
tion de liberté économique ne se
dissocie que difficilement de celle
de possibilité. En effet, une société
donnée ne se présente jamais
comme une table rase. L’inertie des
inégalités à travers la reproduction
sociale est un frein monumental à
l’optimisation du libéralisme théori-
que. La différence des situations
initiales, individuelles ou nationales,
fausse l’exercice des libertés réelles
et légitime une intervention, fruit
d’un choix politique libéral car dé-
mocratique.
La démocratie permet aux hommes
de véritablement exercer leur liberté.
Quelle que soit l’interaction écono-
mique ou sociale, il existe toujours
un rapport de force, et la démocratie
permet d’assouplir ce rapport et d’é-
viter que la liberté des puissants n’é-
crase celle des démunis. Le proces-
sus de décision collective a des dé-
fauts mais il permet de garantir une
participation potentielle des différen-
tes parties prenantes aux décisions
qui les concernent. Les notions de
stakeholders en gouvernance d’en-
treprises ou de société civile reflè-
tent cette prise en compte de l’inter-
dépendance sans attendre la crise : il
s’agit de se donner les moyens de
l’anticipation plutôt que de la réac-
tion. On touche ici à l’organisation
de la complexité des libertés réelles
dans le cadre d’un intérêt durable et
bien compris et non de l’oppression
des propriétaires.
La possibilité d’équilibrer les liber-
tés à travers la démocratie dépasse le
cadre de la représentation dans les
institutions politiques, mais cette
dernière continue à représenter la
dimension la plus visible et influente
de l’impact du libéralisme politique.
La démocratie institutionnelle dé-
gage en effet une légitimité permet-
tant de compléter le rapport de force
par une certaine égalité : un homme,
une voix. Cet outil donne la possibi-
lité de dégager une vision humaine,
sociale au sens large, qui prend en
compte l’économie mais la dépasse
également. La solidarité s’ajoute
alors à l’efficacité.
La redistribution à travers les impôts
et les services publics est la consé-
quence directe de la vision de socié-
té dynamique dégagée par la démo-
cratie majoritaire. D’ailleurs, la né-
cessité de la stabilité apparaît à tra-
vers le principe de solidarité comme
un élément incontournable de la vie
économique et sociale : il vaut
mieux prévenir que guérir, même si
les deux aspects se complètent. La
notion de service public est un élé-
ment ambivalent, et je préfère ici
mettre en avant la dimension collec-
tive plutôt que l’attachement à la
gestion directe des pouvoirs publics.
Le principe de base demeure : un
cadre politique est nécessaire afin de
parvenir à une optimisation collec-
tive dans certains domaines. Cer-
tains secteurs ne peuvent pas par
nature être soumis à la concurrence :
on voit difficilement une ville équi-
pée de plusieurs réseaux de gaz, d’é-
lectricité ou d’eau parallèles. Dès
lors, un contrôle à travers une gou-
vernance collective ou un pouvoir
politique représentatif est indispen-
sable.
Plus largement, certains services
s’apparentent à des droits (accès à
l’eau, par exemple) mais ne sont pas
forcément rentables, donc viables,
sans l’intervention de l’Etat, qui
trouve alors une entière légitimité en
tant qu’acteur économique. Ensuite,
certains secteurs possèdent une di-
mension et un impact social écra-
sants : les secteurs médical et éduca-
tif en sont les illustrations les plus
instinctives, mais la recherche scien-
tifique avec ses arbitrages et ses
conséquences y appartient égale-
ment. Dans ces domaines, la possi-
bilité de l’accès est aussi importante
que la liberté de gestion. Les deux
éléments ne sont d’ailleurs pas en
opposition. Il est possible de faire
jouer la concurrence dans le cadre
des services publics : la réforme du
service national de santé anglais
(NHS) ou la loi fédérale américaine
« No child left behind » sur la ges-
tion des établissements scolaires en
sont des illustrations.
Finalement, le libéralisme reste tou-
jours une affaire d’optimisation sous
contraintes : concurrentielles, techni-
ques ou politiques. La dimension
politique est évidemment la plus
problématique mais elle est égale-
ment la plus importante, car elle est
le moteur de l’internalisation des
externalités négatives. Le défi de
l’environnement souligne à la fois la
supériorité et la complémentarité de
la dimension politique du libéra-
lisme. La taxation écologique modi-
fiera les contraintes économiques
sous lesquelles fonctionneront les
entreprises. Pourtant, le moteur de la
compétition restera la meilleure ga-
rantie d’un sentier de développe-
ment optimal.
Lelio Lemoine (E2)

6
SIGNIFICATION DE LA PARTICIPATION DES FRANÇAIS A
LA PRESIDENTIELLE
A une époque où la baisse d’intérêt des français pour la politique et pour les politiques plus
particulièrement, est un lieu commun et une opinion peu contestée, le taux de participation pour les
présidentielles est une surprise, ou en tout cas un phénomène que le lieu commun cité précédemment
n’explique pas.
C
e phénomène est-il un
regain d’intérêt pour la
politique qui serait dû à
un sentiment de déclin
qui est devenu de plus en plus
prégnant ces dernières années, ou
pour les politiques (avec des figures
qui ont une image de personnes
« neuves » comme Mme Royal, Mrs
Sarkozy et Bayrou), ou peut être, on
peut rêver, un réveil citoyen dû à
une meilleure appréciation des
régimes démocratiques
qu’amènerait les actions terroristes
de plus en plus médiatisées et
récurrentes ?
Quoi qu’il en soit, une telle
participation n’est pas anodine et
n’est certainement pas sans
signification. Est-ce alors un regain
d’intérêt pour la politique en elle-
même ? D’après une étude récente,
nous sommes le pays en Europe qui
a le plus confiance dans la capacité
de la politique à influer sur
l’économie, la croissance et le
chômage, et dans un pays où le
libéralisme « anglo-saxon » n’a pas
la côte, cela me semble plutôt
cohérent. La méfiance en France du
marché est telle qu’on impute
beaucoup plus souvent des
LE GOUVERNEMENT FILLON ET L’OUVERTURE A GAUCHE
N
icolas Sarkozy, élu prési-
dent de la République, se
trouve confronté à l’épi-
neuse tâche de former un
gouvernement qui succédera à celui de
Dominique de Villepin. Cet exercice
politique, toujours délicat, Nicolas Sar-
kozy a su le transformer une nouvelle
fois en plébiscite de sa personne, per-
sonne se voulant résolument ouverte et
ELECTIONS PRESIDENTIELLES
mauvaises situations au marché
plutôt qu’à des erreurs commises par
nos politiques. Il existe donc, c’est je
crois indéniable, un véritable intérêt
pour la politique. Cependant, un tel
intérêt ne signifie pas forcément une
forte participation, puisque
l’antilibéralisme était aussi présent
en 2002 sans que le premier tour de
la présidentielle ne s’en soit trouvé
très plébiscité. Autre argument
contre cette idée, c’est le taux
probablement très faible de
participation à ces législatives, alors
que l’intérêt à la politique même n’a
vraisemblablement pas changé au
cours de ces cinq dernières
semaines.
Serait-ce alors les figures politiques
qui auraient changé la donne ? On
ne saurait nier le pouvoir de
fascination qu’ont exercé Ségolène
Royal, Nicolas Sarkozy et François
Bayrou sur les français pendant la
campagne. D’ailleurs, la faible
participation aux législatives, (même
si elle est traditionnellement plus
faible que pour les présidentielles)
semble corroborer cette idée.
Cependant, on peut infirmer une
telle affirmation en insistant sur le
fait que Ségolène Royale et François
opposée aux carcans idéologiques, à la
fameuse « pensée unique ». Concilier
l’ouverture et la rupture, alors que le
nouveau gouvernement voit reconduite
une grande partie des ministres du gou-
vernement précédent, relevait en effet
de l’exercice de style, domaine où no-
tre nouveau président excelle. Exercice
réussi donc pour Nicolas Sarkozy puis-
que d’aucuns applaudissent ce nouveau
Bayrou ont complètement quitté la
scène médiatique sans aucune
indignation du public, aucun de ces
deux dernier ne s’est imposé comme
l’alter ego de Nicolas Sarkozy, et il
me semble difficile de défendre
l’idée que c’est Mr Sarkozy seul qui
est à remercier pour ce taux de
participation. On peut aussi ajouter
dans le même esprit qu’aucune des
trois figures de proue de la politique
française n’a été clairement utilisée
ou mis en avant par « son » parti
pour les législatives.
Comme la dernière idée avancée
était (malheureusement) une blague,
la seule explication restante pour
moi est le sentiment d’urgence et
d’anxiété qu’ont réussi à instiller
chez les français les trois principaux
candidats à la présidence, sentiment
qui aurait eu comme conséquence
un épiphénomène : la participation
aux présidentielles. La France, c’est
pourtant bien connu, est sous
anxiolytiques (plus grosse
consommation mondiale de
psychotropes).
Lionel Hennion (E1)
gouvernement d’ouverture. Celui-ci
voit la venue de personnalités politi-
ques, anciennement étiquetées à gau-
che, tels que Bernard Kouchner
(ministre des affaires étrangères), Eric
Besson (secrétaire d’Etat auprès du
Premier ministre chargé de la Prospec-
tive et de l'évaluation des politiques
publiques), Jean-Pierre Jouyet
(secrétaire d'Etat aux Affaires euro-

7
/… LE GOUVERNEMENT FILLON ET L’OUVERTURE A GAUCHE
péennes) et Martin Hirsch (haut com-
missaire aux solidarités actives contre
la pauvreté). Scandale crie la gauche,
qui s’empresse de qualifier cette ouver-
ture de « débauchage », manœuvre
électorale pour asseoir la suprématie de
l’UMP aux législatives précisent les
commentateurs politiques, ouverture
réelle argue la droite. Quoi qu’il en
soit, la décision ne passe pas inaperçue,
chacun s’empressant de défendre sa
paroisse. Le plus embarrassé reste sans
aucun doute François Bayrou, étrange-
ment silencieux : l’ouverture aux per-
sonnalités politiques les plus compé-
tentes de tout bord, leitmotiv de sa
campagne, c’est Nicolas Sarkozy qui
l’a faite.
Si l’on regarde de plus près l’histoire
politique et personnelle de ces hommes
de gauche qui ont rejoint le nouveau
gouvernement Fillon, il est difficile
d’être surpris par leurs choix. Eric Bes-
son, qui a connu de graves dissensions
(et ceci reste une litote…) avec Ségo-
lène Royale pendant la campagne pré-
sidentielle, trouve tout simplement un
nouveau souffle dans le gouvernement
Fillon après avoir quitté le parti socia-
liste (PS) avec fracas. Bernard Kouch-
ner ne s’est jamais caché de sa position
« d’électron libre » du PS, et a toujours
souffert d’une certaine incompréhen-
sion au sein d’un parti qui ne l’a jamais
réellement écouté ni même donné des
responsabilités fussent-elles symboli-
ques.
Quant à Jean-Pierre Jouyet, pourtant
proche du couple Royal-Hollande
(sortant de la même promotion en 1980
de l’ENA, la promotion Voltaire), il fut
l’un des signataires d’un appel à une
alliance PS-UDF pendant la campagne
présidentielle, empruntant le pseudo-
nyme de Gracques ; preuve que pour
lui l’ouverture n’était pas une solution
nouvelle pour refonder le parti socia-
liste actuellement en profonde recom-
position.
Enfin, pour Martin Hirsch, le choix de
rejoindre le gouvernement Fillon n’est
pas non plus surprenant : directeur de
cabinet de Bernard Kouchner quand
celui-ci était secrétaire d’Etat à la santé
et à l’action sociale en 1997, il a su
surfer sur la vague lancée par l’associa-
ELECTIONS PRESIDENTIELLES
tion Les enfants de Don Quichotte pen-
dant la campagne présidentielle pour
faire du thème de la pauvreté et de
l’exclusion l’un des thèmes centraux de
la campagne.
Ces choix n’ont donc rien de surpre-
nants. Néanmoins il en va autrement de
la stratégie de Nicolas Sarkozy qui
marque une profonde solution de conti-
nuité avec ces prédécesseurs de la
Vème République : jamais un gouver-
nement de la Vème n’avait mêlé per-
sonnalités de gauche et de droite. Si ce
pari, de beaucoup engagé en vu des
législatives, est louable par sa nouveau-
té, il pose nonobstant des problèmes de
cohésion à termes pour l’action gou-
vernementale.
En effet, les différents existent entre
ces nouveaux ministres et Nicolas Sar-
kozy. L’un des plus importants se situe
précisément dans la politique étran-
gère : alors que Nicolas Sarkozy a mar-
qué pendant la campagne un refus caté-
gorique face à l’entrée de la Turquie
dans l’Union Européenne, Bernard
Kouchner s’est déclaré à maintes repri-
ses pour. De fait, c’est le président de
la République qui aura le dernier mot,
quelque soit la question posée.
Aussi beaucoup estiment que nous
sommes passés à la VIème République,
régime présidentialiste avec un exécutif
fort, preuve que la constitution de la
Vème République témoigne d’une cer-
taine flexibilité et que le fonctionne-
ment des institutions relève plus de la
pratique empirique (et du style adopté
par le président) que d’une loi fonda-
mentale gravée dans le marbre. N’ou-
blions pas que la campagne présiden-
tielle n’a eu de cesse d’insister sur le
grave état de crise (crise morale, éco-
nomique, politique, des valeurs…) que
connaît notre pays, et qui dit temps de
crise dit président charismatique aux
pouvoirs renforcés.
Les références de Nicolas Sarkozy au
général De Gaulle, réitérées lors de son
discours au Havre le 29 mai 2007, ne
sont pas anodines : comme le général
en 1958 (et un certain 18 juin 1940),
Nicolas Sarkozy entend se présenter
comme le sauveur d’une France « qui
souffre » et en proie à de grandes diffi-
cultés. Aussi s’efforce-t-il de satisfaire
une rhétorique empreinte de références
à la chrétienté ; sans aller jusqu’à une
herméneutique des discours de Nicolas
Sarkozy, il est toutefois possible de
relever une série de symboles en ce
sens. Dès lors l’ouverture à gauche
peut être interprétée comme un écho à
la parabole du « tu aimeras ton enne-
mi » revisitée en « tu l’intégreras au
gouvernement ».
La gauche s’en relèvera-t-elle ?
Rien n’est moins sûr, car Nicolas Sar-
kozy lui a porté un coup presque fatal,
le 18 mai, jour de la nomination du
nouveau gouvernement. Se présentant
comme le président de tous les français
et au dessus des partis politiques
(même s’il reste aux commandes de
l’UMP via la nomination de lieutenants
dévoués à la tête de celui-ci), Nicolas
Sarkozy a gagné en légitimité et en
puissance; l’ouverture à gauche ne fait
que renforcer ce mécanisme qui vise à
conférer au nouveau président une légi-
timité croissante. En ce sens, elle appa-
raît aux yeux de la future opposition
comme une manœuvre politicienne qui
vise à asseoir un pouvoir, déjà qualifié
de disproportionné. Pourtant, si ce
choix relève évidemment de la tactique
politicienne, il suscite chez beaucoup
l’espoir d’un dépassement de l’éternel
clivage droite-gauche et de refondation
de la vie politique française, à l’instar
de ce qui se passe en Allemagne.
Si le centre est actuellement en pro-
fonde recomposition avec deux nou-
veaux partis le MODEM de François
Bayrou et le Nouveau Centre d’Hervé
Morin, le parti socialiste peine à entrer
dans une phase de profondes muta-
tions. Pourtant l’enjeu démocratique
est immense. Aussi la question devient
prégnante : à quand l’aggiornamento
politique du parti socialiste ? D’aucuns
se risqueront : à quand l’ouverture à
droite (entendons-nous au centre) pour
fonder un grand parti démocrate de
gauche à l’instar de la gauche euro-
péenne ?
Martin Jaunait (E1)
 ELECTIONS PRESIDENTIELLES
8

UNE REVOLUTION CONSERVATRICE A LA FRANÇAISE

Lors du meeting UMP au Palais Omnisport de Bercy le dimanche 29 avril, dans la dernière ligne
droite avant le deuxième tour de l’élection présidentielle 2007, Nicolas Sarkozy a développé des
thèmes qui laissent présager une réelle révolution conservatrice s’il était élu. Voilà un compte rendu
et une analyse de cet événement tournant.

N
icolas Sarkozy s’est
d’abord adressé au peuple
français, voulant aller au-
delà des corporatismes et
des partis. Minimisant la portée des
attaques personnelles qui lui sont
faites, il préfère rassembler. Dans le
même sens, il s’est réjouit de
l’enthousiasme déclenché par sa
campagne et même de celle de sa
rivale : avec 85% de participation au
1er tour de l’élection présidentielle,
Sarkozy pense avoir redonné le goût
de la politique au peuple français.
S’en suivent des thèmes plus
traditionnels dans son discours, mais
en même temps constamment
renouvelés et retravaillés. Ainsi de
son insistance sur l’identité nationale
et le contrôle des flux migratoires.
C’est aussi le refus de la repentance
(par rapport à la colonisation
notamment) et sa volonté de
réconciliation de la France avec son
Histoire.
Sur le plan économique, des accents
libéraux se font entendre lorsqu’il
s’agit de l’investissement, du temps
de travail et de la création
d’entreprises.
« La grande reforme courant de pensée qui a d’abord
intellectuelle et morale dont la progressé aux Etats-Unis avant la
France a besoin » France, courant de pensée qui voit
dans les contestations sociales de mai
68 et autres, la source d’une perte de
Je m’attarde volontairement sur cette
repères (perte de l’autorité et perte des
citation du discours de Nicolas
valeurs familiales et morales). Le
Sarkozy car c’est ici que l’on sort des
discours de Sarkozy s’appuie donc sur
banalités et que l’on peut comprendre
celui d’intellectuels (Finkelkraut,
la spécificité de ce meeting, aux
Ferry, Bruckner…), et parmi eux
allures de justification idéologique de
d’anciens soixante-huitards.
son programme. On touche ici à
quelque chose de profond.
En faisant un choix idéologique clair,
Nicolas Sarkozy nous assure que s’il
Le sens de cette phrase est la volonté
est élu, c’est aussi la mutation de la
affichée de Sarkozy de remettre de la
société française qu’il souhaite
morale dans la politique. Il se
accompagner, voire pousser. Et si l’on
prononce pour une rupture avec mai
assistait à l’installation de la France
68. Dans ses propres termes, cela
dans une culture de droite ?
signifie une rupture avec le
relativisme culturel et moral, une
Adrian Clevenot (E2)
rupture avec le refus de l’autorité et de
l’ordre. Et quelque part, c’est la
dénonciation de la « gauche caviar »
qui a abandonné Jaurès et Blum, c'est-
à-dire les travailleurs et la discipline
notamment à l’école.
Or rarement avait-on critiqué dans la
politique française cette période qui
représente un acquis social et un
moment de liberté. En fait, cette
critique n’est que la suite logique d’un

LES NOUVEAUX CENTRES

Les élections présidentielles et législatives ont été l’occasion d’un grand bouleversement au centre de
l’échiquier politique. Résultat exceptionnel pour François Bayrou au premier tour de la présidentielle, recom-
position des forces de centre avec la création de deux nouveaux partis entre les deux élections, redistribution
des cartes lors des législatives, autant d’événements qui ont rythmé la vie d’un centre qui historiquement s’était
plutôt distingué par sa constance.

A
u lendemain du pre-
mier tour de l’élection
présidentielle, il y
avait comme un air de
fête au 133 bis rue de l’Université,
siège du feu UDF. Avec 18,5 %
des voix, François Bayrou signe le
meilleur score du parti centriste
depuis Valéry Giscard d’Estaing.
Ce score confirme l’excellente
campagne menée par le leader cen-
triste qui a su s’imposer comme le
troisième homme d’une campagne
largement dominée par le bipar-
tisme. Nonobstant, si la campagne
ELECTIONS LEGISLATIVES
SEGOLENE ROYAL ET LE PARTI SOCIALISTE :
UNE NOUVELLE ERE POUR LA GAUCHE ?
Les résultats des législatives, que d’aucuns avaient déjà tenus pour acquis, ont montré combien un
scrutin pouvait être l’occasion de surprises et de soubresauts.
C
ertes la droite avec 343
députés (dont 20 pour le
PSLE, le parti de centre
droit d’Hervé Morin) reste
majoritaire dans l’hémicycle, mais la
gauche s’est contre toute attente rele-
vée de sa défaite aux présidentielles
portant le nombre de ses députés à la
chambre à 205. Comme le titrait le
Monde ou le Figaro au lendemain des
résultats, le scrutin a été l’occasion
d’un « rééquilibrage » face au score
historiquement élevé de Nicolas Sar-
kozy aux présidentielles, mais il a
surtout valeur « d’avertissement »
adressé au nouveau président. Si ce-
lui-ci peut se targuer d’avoir obtenu la
confiance des français, cela ne
l’exempte en aucun cas d’un dialogue
avec la principale force d’opposition,
que les français ont voulu nombreuse
au parlement. Ainsi par leurs votes les
11 et 17 juin, les français ont montré
leur attachement à un certain plura-
lisme et à un parlement au cœur de
l’espace public de discussion.
De fait c’est une chance inespérée
pour la gauche de se relever des der-
nières défaites et d’entrer dans une
phase de profonde recomposition :
cette législative sera sans aucun doute
celle d’un nouveau souffle pour le
parti socialiste qui devra faire ses
preuves dans l’exercice délicat d’op-
position et de construction politique.
La seule contestation des orientations
du gouvernement ne suffira pas à faire
vivre le débat démocratique, il faudra
du béarnais fut sans faute, la négo-
ciation de l’entre deux tours et la
préparation des législatives se sont
révélées nettement plus hardies
pour lui. Par son positionnement
complexe, certes, vecteur de suc-
cès pendant la campagne présiden-
proposer et construire une ligne nou-
velle et originale à valeur d’aggiorna-
mento politique. Ségolène Royal de-
meure actuellement la mieux placée
pour mener à bien cet aggiornamento.
En effet, un grand nombre de députés
socialistes proches de Ségolène Royal
se sont vu reconduits ou on fait leur
entré dans l’hémicycle. Ces parlemen-
taires, que l’on nomme déjà les
« ségodéputés », parmi lesquels figu-
rent Arnaud Montebourg, Aurélie
Filippetti et Catherine Quéré pourront
relayer la parole de l’ex-candidate
socialiste à l’élection présidentielle au
parlement. Aussi c’est une occasion
inespérée pour le parti socialiste de
dépasser les clivages qui minent de-
puis déjà bien longtemps le parti.
Parmi les propositions de refondation
du parti socialiste figure en priorité
l’ouverture au centre. En effet, mathé-
matiquement nombre de députés so-
cialistes doivent leurs élections au
second tour à un report favorable des
voix des électeurs du MODEM, le
nouveau parti de François Bayrou.
François Hollande, qui selon ses dires
ne briguera pas d’autre mandat à la
tête du parti socialiste, entend termi-
ner son mandat sur la refondation du
PS pour en faire un grand parti qui
irait de la gauche jusqu’au centre.
Dans une interview donné au Monde
le mardi 19 juin, il précise que cette
refondation se fera en insistant sur la
place de l’individu dans la société et
le défi du « vivre ensemble ». Les
tielle, François Bayrou n’a pu se
prononcer de manière claire pour
le second tour de l’élection prési-
dentielle, hypothéquant de faite
tout alliance pour les législatives.
Cette tactique, quelque peu hasar-
deuse, aurait pu lui valoir un cer-
9
nouveaux défis, et l’aggiornamento
idéologique consubstantiel, prendront
place dans une économie mondialisée
et non simplement dans un cadre éco-
nomique strictement national, ajoute-
il. En outre, sa séparation avec Ségo-
lène Royal, annoncée certes tardive-
ment pour d’évidentes raisons de
communication, permettront au parti
socialiste de se libérer des querelles
d’ordre personnel et individuel, autant
d’obstacles à la conduite rationnelle et
pragmatique d’un parti qui a jusqu’ici
que trop pâti des affrontements de
personnes.
Aussi le principal défi auquel Ségo-
lène Royal semble confrontée, sera de
fédérer les différents courants, encore
très actifs aujourd’hui au PS. Son rôle
sera d’incarner la principale force
d’opposition sans se laisser aller à la
facilité de la contestation systémati-
que des propositions du gouverne-
ment. Elle devra plutôt composer avec
lui, jouer un rôle dynamique à la table
des négociations aux côtés des syndi-
cats, et faire valoir sa différence et son
originalité dans les débats concourants
aux nombreuses réformes qu’entend
mener le gouvernement Fillon.
Martin Jaunait (E1)
tain succès quant à l’élection de
députés UDF à l’hémicycle, si ce
n’était sans compter les dissen-
sions qui commençaient à naître
au sein de son parti. En effet, ce
que François Bayrou n’avait pas
prévu, ou refusait de voir, c’était
 10 ELECTIONS LEGISLATIVES
/… LES NOUVEAUX CENTRES
l’attachement de certains de ses
députés à leurs sièges et par là-
même à leur alliance avec l’UMP.
Aussi en marquant son indépen-
dance et son refus de toute al-
liance avec quelque parti que ce
soit, dans le continuum de la cam-
pagne hermétique à la personne de
Nicolas Sarkozy qu’il avait mené,
François Bayrou signait la mort de
l’UDF.
Le parti explosa, en effet, très peu
de temps après le second tour
donnant naissance à deux nou-
veaux partis centristes. Les an-
ciens députés UDF, refusant la
nouvelle ligne politique de Fran-
çois Bayrou, rejoignirent le nou-
« LA » LlAISON DANGEREUSE
L
orsque lors d’un rassemble-
ment des secrétaires de sec-
tion, Monsieur Hollande
disait avec conviction
«Nous devons lutter contre toutes les
peurs, et n’avoir peur de rien pour
nous-mêmes.» il aurait dû rajouter :
« Par contre, méfions-nous de ma
femme. »… Mais François n’est pas
Montebourg et jamais nous ne le ver-
rons s’aventurer dans ce genre de bou-
tade.
Ségolène, en revanche, ne semble pas
s’embarrasser de la bienséance conju-
gale. Peu encline à s’estimer cause de
la défaite du PS aux présidentielles,
elle comptait bien surfer sur cette va-
gue bleue tant annoncée par ses
confrères pour mettre la main sur ce
qui était jusqu’à présent le joujou de
son cher et tendre. Or, si certains
avaient tendance à oublier que Ma-
dame Royal est « la femme du renou-
veau », elle ne l’oublie pas, elle…
S’emparer du Parti, oui. Mais cela
passait inévitablement par la mise au
placard de ce vieux François aux allu-
res de paratonnerre. Dès lors, com-
ment faire ?
vellement créé « nouveau centre »
ou PSLE (Parti Social Libéral Eu-
ropéen) dirigé par Hervé Morin.
François Bayrou de son côté re-
fondait l’UDF en créant le Mo-
Dem (pour mouvement démo-
crate), tout en restant conscient
des risques d’une telle stratégie.
Aussi les résultats aux législatives
ne furent guère surprenants : le
PSLE, s’alliant à l’UMP, obtint 20
sièges tandis que le MoDem,
jouant cavalier seul, n’obtint que
4 députés.
Les élections passées,
qu’adviendra-t-il du centre ? Le
MoDem se rapprochera-t-il tou-
jours plus d’un parti socialiste lui-
On se souvient de ce procès intenté à
Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué
par le couple de Mougins pour La
Femme Fatale, livre qui finalement
ne portait pas si mal son nom mais
qui avait eu le tort d’être publié trop
tôt. Trop tôt car, paraissant au lende-
main de la défaite des présidentiel-
les, il ne pouvait que mettre le doigt
sur ce parallèle facile entre Ségolène
Royal et la victoire de la droite. Seu-
lement, un mois plus tard, la donne a
changé. Et c’est François Hollande
qui pouvait faire office de bouc
émissaire lors des législatives. Déjà
dans une mauvaise passe au sein de
son parti, malmené par des déclara-
tions et des dérives à répétition, le
premier secrétaire avait déjà annoncé
son proche départ. Cela même alors
que celle qui, un jour, a partagé son
lit, annonçait qu’elle se posait en
candidate pour 2012…
Quelle meilleure place alors, pour
celle que seul l’Elysée fait encore
rougir, que le trône du père de ses
enfants ? Elle l’avait dit. C’est ce
poste qu’elle convoite. Il faut dire
que voir celui qui gouvernait la ma-
chine de guerre UMP se retrouver
même en profonde recomposi-
tion ? Le PSLE restera-t-il loyal à
l’UMP, ne s’avérant qu’un avatar
du courant libéral déjà existant au
sein du parti majoritaire ? Autant
de questions qui restent, à l’heure
actuelle, en suspens et qui font
toute la richesse et la complexité
de la vie centriste française. No-
nobstant cet éclatement n’est pas
forcément de bon augure au mo-
ment où les problématiques euro-
péennes (avec la révision du traité
constitutionnel) auxquelles le cen-
tre est historiquement attaché,
demeurent des plus prégnantes.
Martin Jaunait (E1)
aujourd’hui dans le fauteuil qu’elle
aurait pu occuper a sans doute joué en
faveur de cette candidature. Madame
Royal n’oublie pas que c’est dans les
vieux pots qu’on fait les meilleures
campagnes. Et c’est sans doute pour
cette raison que notre soirée de di-
manche, qui s’annonçait pourtant
électorale, a viré people. Même si
Ségolène se défend de tout strata-
gème, expliquant que la révélation de
sa rupture avec François ne devait
avoir lieu qu’en milieu de semaine, les
faits sont là. La victoire, certes miti-
gée, de la droite aux législatives met-
tant pour ainsi dire un point final à la
dernière lutte démocratique de cette
décennie devait signer la nouvelle ère
du socialisme. Celle de la victoire...
Celle qui avait déjà été investie au nez
et à la barbe des éléphants, grâce à des
stratagèmes dont elle seule semble
avoir le secret, pourrait donc avoir
encore frappé. Annoncée, sa sépara-
tion avait le goût d’une mise à mort :
mise à mort du vieux PS et de son
désormais démodé patron. Et ouver-
ture sur le renouveau, avec elle…
Jean Valfort (E1)
 11 Problématiques EUROPEENES et INTERNATIONALES
Over the last twenty years, information technology (IT) has grown from extreme high tech machin-
ery to affordable communication tools, at least in developed countries. The internet and other com-
puter-based applications have drastically changed the way people work, teach and learn.
E
ven if this technologic
breakthrough appears as
a very powerful tool to
make knowledge avail-
able to everyone, and thus reduce
inequality, IT leaves behind sig-
nificant parts of the population. In
developed countries, people are
excluded from this virtual commu-
nity because they lack the skills to
access online media. In underde-
veloped countries, where the prob-
lem is even deeper, most people
don’t even have access to a com-
puter.
As computer use becomes a pre-
requisite to be an actor of the
world economy, there are several
reasons to believe this Information
Revolution will result in a “Digital
Divide” that may increase ine-
qualities. Is this growth of inequal-
ity in developed countries a transi-
tory phenomenon that will correct
itself? Can IT help poorer coun-
tries to catch-up with richer coun-
tries?
From 1994 to 2000, the NASDAQ
index rose from 775 to more than
4’600, which represents a 600%
increase. Even if we know today
this index - heavily influenced by
price of high-tech stocks- was
overestimated, there has been un-
deniably at the end of the twentieth
century a boom of the IT industry.
The innovations in IT have started
to transform the organization of
economic activity and its concep-
tion.
In most developed countries, the
IT development coincides with the
widening of the gap between low-
income workers and high-income
workers. In the United States for
example, statistics show that the
THE DIGITAL DIVIDE
poorest citizens earn less in com-
parison to the richest citizens than
twenty years ago. Economists
think this polarization is mostly
due to an increasing demand for
highly qualified labor, thus making
it harder for low-skilled workers to
be competitive candidates on the
job market.
In fact, computers only change the
productivity of some workers, but
not of all of them: workers who do
not use computers will not be
made more productive by this
technological breakthrough. Both
low-skilled and high-skilled work-
ers may be better off by taking ad-
vantage of the benefits information
technology can bring, but the ef-
fect on their income will not be
equal, which would result on the
macroeconomic scale in an in-
crease of inequality.
In developed countries, we might
tend to think this inequality would
result in a stimulus for young peo-
ple to get a better education, in
order to have a better salary. Re-
ducing the difference of skill levels
would probably reduce inequality
on the long term.
Technology not only increases ine-
quality within the workforce in
developed countries, but also exac-
erbates inequality between devel-
oping and developed countries.
Most developing countries do not
have the infrastructure to take part
as equal partners in this worldwide
media adventure. According to
Bruce Girard, former director of
Latin America's community radio
Pulsar, the 20% of world popula-
tion that live in developed country
possess 95% of all computers and
75% of the world’s telephone
lines. Information Technology
seems only for the happy few.
“While this phenomenon can be
illustrated by the American exam-
ple above, India brings another
interesting argument to the debate.
Food First, the “Institute for Food
and Development Policy” claims
in one of its report that the idea
that IT revolution benefits the poor
in India is a myth. "Information
technology only contributes 2 per-
cent of total GDP and employs
fewer than one million people” the
report said, whereas more than
"230 million people are employed
in the agricultural sector," and they
are "unlikely to benefit directly
from the technology boom". In
India, there are approximately 1.5
telephone lines per 100 persons:
most scientists do not have the
telephone, the internet, and their
universities receive only a few in-
ternational newspapers. With such
poor IT equipment, it seems obvi-
ous that developing countries are
excluded form the Information
Revolution.
Whereas IT is a major step towards
and broadens our perspectives for
human future, the effect both at the
national and international scale is
to increase inequality. How can
low-skilled workers get in the pace
of accelerated modernization?
How can a developing country use
IT to catch up with the first world
if its scientists cannot even browse
the internet? Paradoxically, IT
comes across as a major impedi-
ment to the development of third
world countries, and the reduction
of inequalities.
Jean-Nicolas REYT (E3)
 Problématiques EUROPEENES et INTERNATIONALES
12

DU DEVOIR D’INGERENCE AU DARFOUR

« Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice ». C’est ainsi que Zola justifiait son
engagement en faveur du capitaine Dreyfus. Courageux, l’écrivain français prit le risque de
sacrifier son excellente réputation et de s’aliéner une majeure partie de la France pour défendre « le
Juif ». Pour définir le devoir d’ingérence, l’on pourrait substituer le verbe au profit de l’action :
mon devoir est d’agir, je ne veux pas être complice.

C
e concept a été théorisé
dans les années 1980
par Bernard Kouchner.
En réalité le French
doctor approfondit ce que Jean-
François Revel avait appelé le
droit d’ingérence, c’est-à-dire le
droit qu'ont une ou plusieurs na-
tions de violer la souveraineté na-
tionale d'un autre État, dans le ca-
dre d'un mandat accordé par l'auto-
rité supranationale, afin de défen-
dre la population civile. Bernard
Kouchner est allé plus loin. Offus-
qué par ce qu’il découvrit au Bia-
fra en 1969, il affirma que les
puissances internationales avaient
non seulement le droit, mais sur-
tout le devoir de s’immiscer dans
les affaires intérieures d’un Etat
quand une partie de la population
était menacée d’être massacré :
leur puissance matérielle leur
donne une responsabilité morale.
C’est ainsi qu’il défendit les bom-
bardements de l’OTAN - sans l’a-
val de l’ONU - en Yougoslavie en
1994 après une apparition remar-
quée et engagée aux côtés du Pré-
sident Mitterrand à Sarajevo deux
ans auparavant. C’est dans cet es-
prit qu’il fonda en 1971 Médecins
sans Frontières, dont le nom même
évoque l’impératif transnational de
l’aide aux populations civiles tou-
chées.
Toutefois le problème fondamen-
tal de l’ingérence c’est qu’elle ne
peut être uniquement ponctuelle :
il s’agit certes d’une mesure d’ur-
gence qui vise à mettre un terme à
un massacre en cours, mais elle ne
peut être pérenne que si elle s’ac-
compagne d’une reconstructions,
aussi bien matérielle et psycholo-
gique que politique. Par consé-
quent le cadre de l’intervention
doit être institutionnel, car aucun
Etat, fût-il la première puissance
mondiale, ne peut assurer et assu-
mer ce travail seul.
La légitimité de l’intervention re-
pose sur la légitimité de l’institu-
tion. Car dans ce long travail de
reconstruction, la tâche la plus dé-
licate est de se faire accepter par
une population, qui à la moindre
erreur considérera la force
de libération comme une force
d’occupation. Ainsi associer une
institution, mondiale ou régionale,
réduit les méfiances de la popula-
tion touchée.
On ne peut donc que s’enthousias-
mer, se réjouir et espérer devant la
nomination de Bernard Kouchner
au poste de Ministre des Affaires
étrangères et européennes. En effet
appliquer le devoir d’ingérence à
la politique étrangère de la France,
c’est rompre d’une part avec l’iso-
lationnisme lâche et confortable et
le relativisme culturel pour agir et
faire triompher les valeurs univer-
selles de droits de l’homme et de
démocratie, et d’autre part avec le
réalisme froid et les relations
condescendantes et postcoloniales
pour faire en sorte que chaque in-
tervention de la France ne soit pas
une intervention pour la France.
Hubert Védrine peut être rassuré,
il ne s’agit pas de conduire une
politique « droit de l’hommiste »,
comme il se plaît à la qualifier, car
la France ne peut pas subordonner
sa politique étrangère à l’expan-
sion des droits de l’homme, mais
de les prendre en considération
quand ceux-là sont trop manifeste-
ment bafoués.
Venons-en au Darfour. Que le
terme génocide soit approprié ou
pas ne nous intéresse pas ici : la
querelle sur les mots est insultante
au regard de la violence des faits.
Depuis 2003 la guerre au Darfour
a fait 200 000 morts et 2,5 millions
de déplacés sur une population
totale de 36 millions d’habitants.
Cette situation est l’héritage du
coup d’Etat de 1989 du dirigeant
soudanais actuel, le lieutenant gé-
néral Omar Hassan al-Béchir.
Ce coup d’Etat s’inscrit dans le
problème global de l’islamisme au
Soudan. En effet en 1989 le gou-
vernement et le Parlement démo-
cratiquement élus s’apprêtaient à
pacifier le Soudan en abandonnant
la charia qui établit une discrimi-
nation entre Musulmans et non
Musulmans. Or le gouvernement
soudanais était en guerre avec le
Sud du pays précisément parce
que celui-ci, en majorité chré-
tienne et animiste, refusait l’appli-
cation de la charia.
Ainsi le coup d’Etat de 1989 per-
mit de conserver cette loi inique.
Le conflit au Darfour, région à
l’ouest du Soudan, grande comme
la France et peuplée de 6 millions
Problématiques EUROPEENES ET INTERNATIONALES
d’habitants, est dû à la fin progres-
sive de la coexistence pacifique
entre Noirs musulmans et Arabes
musulmans, à cause d’une politi-
que de plus en plus injuste déve-
loppée par le Président soudanais.
Non content d’instaurer une inéga-
lité de droit entre Musulmans et
non Musulmans, il approfondit sa
théorie raciale en promouvant les
Musulmans arabes au détriment
des Musulmans noirs.
Ainsi en 1995 les structures tradi-
tionnelles sont démantelées et pro-
fitent aux populations arabes loca-
les. Par réaction, des mouvements
de résistance se créent pour s’op-
poser à la politique raciste de Bé-
chir. Ce dernier, incapable de ma-
ter la rébellion par l’armée régu-
lière, décide d’instrumentaliser des
milices arabes pour qu’elles
« s’occupent » des populations
noires.
Mohammed Izadein raconte dans
Le Point de la semaine du 24 mai
2007 la venue dans son village de
deux représentants du gouverne-
ment qui ont affirmé : « Vous êtes
des Arabes ! Les Noirs veulent
vous prendre vos terres et vos bê-
tes. Protégez-vous ! ». C’est ainsi
que Mohammed fut enrôlé dans
les Janjawids, accusés de toutes les
atrocités du Darfour. Toujours
dans ce même journal, Adeja re-
late la violence des « cavaliers du
diable ». Après avoir été violée par
Retrouvez tout le contenu de l’association sur
www.esseclive.fr/debatetvous/
quatre d’entre eux, après avoir été
détruite physiquement, elle fut
achevée psychologiquement. « Ils
m’ont dit : « Tu es une esclave ! »
Ils ont ramassé de la terre et l’ont
jetée sur le sexe. Après ils sont
partis. » Au Darfour, les hommes
à la solde d’Omar al-Béchir cra-
chent sur la vie humaine et piéti-
nent le corps de l’autre. Leur com-
portement brutal reste impuni. Les
Janjawids sont craints car tout-
puissants.
C’est là que peut intervenir la
France. Notre nouveau Ministre
doit faire appliquer la résolution
1706 qui prévoit le déploiement de
20 000 soldats appartenant à une
force hydride ONU-UA (Union
africaine). Actuellement le chef de
l’Etat soudanais refuse cette arri-
vée de soldats étrangers et sait
qu’il peut compter sur la Chine, à
qui il vend 60% de son pétrole,
contre un soutien diplomatique à
l’ONU et une profusion d’armes.
C’est précisément là que le devoir
d’ingérence entre en jeu. Si M.
Béchir persiste à refuser, il faudra
y aller quand même, n’en déplai-
sent aux isolationnistes, allergi-
ques à l’intervention, et aux réalis-
tes, qui ne voudraient surtout pas
froisser le dragon chinois. Pourtant
la pression sur Pékin est indispen-
sable, car si l’Empire du Milieu
13
cède, alors, privés de leader, les
partisans de la non-intervention se
rangeront aux côtés des Améri-
cains et des Européens. Par consé-
quent tous les moyens sont bons,
et la proposition de Bernard-Henri
Lévy de menacer de boycotter les
JO de Pékin est à retenir pour la
simple raison qu’elle sera efficace,
tant les Chinois sont soucieux de
briller lors de cette manifestation.
Les grandes instances mondiales
doivent toutes travailler dans un
seul but, s’engager au Darfour
pour que le massacre cesse. On ne
peut que s’étonner que des organi-
sations comme MSF et MDM ne
soient pas plus virulentes à l’égard
de Khartoum. Peut-être que Jacky
Mamou, président de MDM pen-
dant 10 ans et aujourd’hui prési-
dent du collectif Urgence Darfour,
détient l’explication. « Pour une
fois, les « méchants » ne sont pas
des Blancs soutenus par les Amé-
ricains mais des Arabes aidés par
les Chinois. On a remplacé les
humanitaires par des
«progressistes» ». Quoi qu’il en
soit ceux-là et les autres ne pour-
ront pas dire : « nous ne savions
pas ».
Sébastien Méjean (E1)
 Problématiques EUROPEENNES ET INERNATIONALES
14
COMMENT FAIRE POUR QUE LE CITOYEN EUROPEEN
L’article suivant est la synthèse d’un travail issu d’une collaboration menée au sein d’un cours à
l’ESSEC intitulé « Etre citoyen d’Europe » et dispensé par Viviane de Beaufort, titulaire de la chaire
Jean Monnet à l’ESSEC.
L
’Europe ne passionne pas
les foules, c’est un constat
amer, mais qui doit être
fait. De nombreux
indicateurs témoignent d’un
désintérêt croissant des citoyens
européens face à la question
européenne. Le plus significatif
d’entre eux demeure l’abstention
croissante qui marque les élections
au parlement européen : en 1979,
quand celui-ci fut instauré le taux
d’abstention était de 37%, en 2004,
date des dernières européennes, ce
taux était de 55%. Moins d’un
citoyen sur deux n’ont fait cette
année là le chemin des urnes pour
choisir ses représentants au
parlement de Strasbourg. Aussi un
déficit de légitimité menace celui-ci
si rien n’est fait pour intéresser les
électeurs. Nonobstant, il y a plus
grave, car au désintérêt fait écho
aujourd’hui un certain
mécontentement face à une
« Europe qui s’est faite sans les
peuples».
Déjà, en 1993, l’approbation du
referendum de Maastricht en France,
s’était faite avec une très courte
majorité. En 2005, le non français et
hollandais au referendum pour le
traité instaurant une constitution
pour l’Europe (et déjà à travers cette
expression longue de pas moins de
huit mots, on pouvait trouver les
raisons de son échec) met un terme à
l’Europe qui s’était pratiquée depuis
le traité de Rome de 1957.
Il faut en effet repenser celle-ci en
l’associant aux citoyens européens.
Inutile de blâmer les technocrates de
Bruxelles, qui font un travail
admirable de diplomatie face à des
nations peu enclin au consensus.
Sans doute faut-il plus pointer du
doigt la lâcheté des hommes
politiques nationaux qui ont
instrumentalisé « l’Europe de
Bruxelles » et s’en sont servi de
bouc-émissaire, pour expliquer leurs
défaillances au moment de juguler la
foultitude de problèmes
économiques qui assaillaient les
maisons France, Allemagne, Italie
and Co.
L’Europe souffre d’un déficit de
légitimité car elle s’est construite
sans les citoyens, aussi est-il temps
de les associer à la question
européenne. Néanmoins, au
préalable il reste à leur expliquer
l’Europe, leur faire connaître celle-
ci. En effet le rejet et l’indifférence
trouvent souvent leur source dans la
méconnaissance. Peu de citoyens
européens sont en mesure
actuellement de parler des
institutions européennes : celles-ci
demeurent largement méconnues du
grand public. Aussi un travail de
communication et de marketing
s’impose pour présenter l’Europe, et
n’ayons pas peur des mots, pour la
vendre.
La tâche à satisfaire est
essentiellement didactique. Aussi,
l’école a un rôle prépondérant à
jouer pour faire changer les
mentalités à long terme. Outre le
renforcement de l’U.E. dans les
programmes scolaires, peuvent être
mis en place des enseignements
transversaux, comme les TPE
(travaux pratiques encadrés) en
classe de première et de terminale
sur des problématiques
EUROPE
économiques, scientifiques ou
culturelles propres à l’Europe, qui
permettraient à l’étudiant de prendre
la mesure de l’utilité de la nécessité
de coopérations supranationales.
Des classes européennes sur le
modèle des classes vertes pourraient
être proposées dès le plus jeune âge
pour sensibiliser les plus jeunes aux
modes de vie de nos voisins
européens. De nombreux jumelages
existent déjà entre communes et
villes européennes, il suffit de les
mettre à profit, l’U.E. pouvant aider
au financement de ces échanges.
Enfin, à l’heure où il était question
pendant la campagne présidentielle
de l’hypothétique mise en place
d’un service civil national en France,
il aurait été intéressant de
l’envisager au niveau européen. En
effet, un service civil européen
permettrait de renforcer de beaucoup
les solidarités entre jeunes européens
et il permettrait, en outre, à ceux qui
n’en ont pas eu la chance de voyager
dans un autre pays membre de
l’Union et ainsi découvrir d’autres
horizons.
Si l’école peut faire changer les
mentalités à long terme et en
profondeur, les symboles peuvent
également participer au
changement : mettre en avant plus
souvent le drapeau et l’hymne
européen lors de compétitions
sportives internationales
constituerait une première étape. Le
sport apparaît en effet comme un
vecteur essentiel de l’identité
nationale et de la citoyenneté. Aussi
envisager de constituer des équipes
européennes pour c ertaine
 Problématiques EUROPEENNES ET INTERNATIONALES
15
EUROPE
S’APPROPRIE LA CONSTRUCTION EUROPEENNE ?

compétition, regroupant les
meilleurs joueurs européens dans
une discipline, pourrait également
participer à renforcer cette logique
symbolique. Parmi les symboles
ignorés des citoyens européens, la
journée de l’Europe, le 9 mai de
chaque année, constitue une
formidable occasion de fêter
l’Europe sur tout le territoire de
l’U.E. De nombreuses
manifestations pourraient être
organisées durant cette journée, qui
se devrait d’être fériée : il pourrait
en effet être célébrés de concert
l’armistice 1945, qui a lieu le 8 mai,
et cette journée de l’Europe, durant
une seule et même journée.
Parallèlement à toutes ces actions
dont l’horizon est le long terme, un
travail à court terme peut également
être réalisé grâce aux média. Des
émissions populaires s’intéressant à
l’Europe sous toutes ses coutures, à
l’instar de l’émission Union Libre
proposée par France 2 il y a
quelques années, permettrait de
rendre accessible à tous l’idée
européenne. En effet, de grands
rendez-vous populaires comme
l’Eurovision ou Jeux sans Frontières
ont participé et participent toujours
(dans le cas de l’Eurovision) à
renforcer les solidarités intra-
européennes. A ceci pourrait
s’ajouter un journal télévisé
européen, qui, présent sur chaque
chaîne quotidiennement,
s’attacherait à traiter l’actualité avec
un regard européen. Il s’agit
également pour les institutions
européennes de mieux
communiquer sur ses travaux et ses
actions, et ce notamment au sujet
des questions internationales. En
effet, les citoyens sont relativement
peu informés des travaux de la
commission européenne ou même
du parlement européen, sauf quand
ces derniers prêtent à polémique
(comme ce fut le cas pour la
directive Bolkestein) : il s’agirait
donc de relayer ces travaux et les
débats subséquents par le biais des
grands média nationaux.
Enfin, l’un des enjeux majeurs de
l’appropriation de l’Europe par le
citoyen est de réduire la distance qui
le sépare des instances de décisions
de l’U.E. En effet, dans l’imaginaire
collectif « Bruxelles », métonymie
dévastatrice, surgit tel un Léviathan
pour imposer une loi contingente et
systématiquement opposée à
l’intérêt général national, fiction
entretenue par les parties
souverainistes.
Aussi est-il urgent de réduire cette
distance. Les Maisons de l’Europe
ont été crées pour cela : elles
constituent le relai, à une échelle
locale, entre le citoyen et les
institutions. Malheureusement, leur
existence reste quasiment inconnue
du grand public et leur action à
l’heure actuelle demeure timide. Il
s’agirait donc de leur redonner sens
en redéfinissant leur rôle. Elles
pourraient en effet être en charge
d’organiser les manifestations
culturelles en lien avec l’Europe
toute au long de l’année, avec pour
point d’orgue la journée de
l’Europe, le 9 mai.
Elles pourraient également être en
charge d’un travail en partenariat
avec les écoles, collèges et lycées
afin d’organiser atelier et jeux pour
faire connaître et expliquer
institutions et mécanismes qui
gouvernent l’Union. Il serait aussi
naturel qu’elles pilotent la gestion
des échanges scolaires, tant au
niveau du secondaire qu’au niveau
de l’enseignement supérieur : elles
pourraient en effet prendre en charge
l’organisation des programmes du
type d’Erasmus, afin d’en faciliter
les démarches.
Ainsi il existe une multitude de
mesures simples à mettre en place et
nombreuses sont les pistes qui ne
demandent qu’à être explorées. Il
s’agit en effet plus de bonne volonté
de la part des hommes politiques
nationaux et de réflexion en termes
de communication et de marketing
que de moyens financiers à réunir.
Il semble en effet essentiel
d’augmenter sensiblement le budget
communication de l’U.E. afin de
promouvoir et de faire connaître
l’action des grandes institutions de
l’U.E. Sans cela, mythes et erreurs
perdureront, par méconnaissance, et
continueront de freiner la
construction politique de l’Europe.
Martin Jaunait (E1)

Bureau D&V 2006-2007 CONTACTEZ-NOUS !!!!

Président : Martin Jaunait (E1) martin.jaunait@essec.fr ( 06 60 96 29 49 )
Vice-président : Adrian Clevenot (E2) adrian.clevenot@essec.fr
Trésorière : Juliana Varney (E1) juliana.varney@essec.fr
Vice-Trésorière : Mia Bengelloun (E1) mia.bengelloun@essec.fr
Secrétaire : Maxime de Sahb (E1) maxime.desahb@essec.fr
 Présentation de Débat & Vous
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Présentation Débat
Le pôle débat, comme son nom l’indique, organise des débats entre ESSECs sur des thèmes sociétaux et politiques
Débat et Vous (D&V)
qui touchent à des grands enjeux contemporains. Cette année, avec l’élection présidentielle et les législatives, de
est l’association de nombreux débats ont été organisés pour échanger sur les grands enjeux de l’élection présidentielle.
débats de référence à
l’ESSEC. Si la politique t’intéresse, si tu es passionné(e) par les grands problèmes de la société française, ou même par
l’actualité internationale, rejoins-nous et vient participer aux débats que nous organisons tous les mois. Liberté de
Débats sur des sujets ton, écoute, réflexion, échange sont les maîtres mots de nos joutes oratoires.
politiques et sociétaux
en amphi, émissions de
radio où D&V invite des OpinionS
personnalités Afin de faire vivre le débat sous toutes ses formes, le journal OpinionS a été crée par Débat & Vous en Mars
politiques, publication 2006. Le premier numéro a été publié en Avril 2006.
d’un Journal (Opinions)
où chacun peut écrire OpinionS vit de l'implication des membres de D&V. Si tu aimes échanger des idées et exprimer ton
un article, il y en a point de vue par écrit, nous avons besoin de toi pour rédiger des articles (un par mois). Si tu suis
particulièrement l'actualité internationale, nous avons besoin de toi pour rédiger un petit "bloc-note"
pour tous les goûts.
mensuel qui résumerait les faits marquants du mois de l’actualité internationale.

D&V propose aussi aux Pour résumer, si tu veux t'impliquer dans ce projet qui vise à diffuser le plus largement possible
élèves en partenariat une tribune étudiante de qualité et non orientée sur le campus, nous avons besoin de toi !
avec les professeurs
de langue de s’initier Debating
et de participer au
Debating, sport Le debating est une forme de concours d’éloquence en anglais. Il prend la forme d’un
rhétorique anglo- débat sur un sujet posé à l’avance, qui voit s’affronter deux blocs antagonistes composés
saxon, désormais en général de deux équipes de deux personnes. Les débateurs sont jugés tant sur la
implanté dans toutes forme donnée à leurs idées, le fond, que sur leur éloquence et souvent leur humour.
les grandes
universités et écoles Débat et Vous a lancé cette année le debating à l’ESSEC et à organise un tournoi
dans le monde. international à Paris (le Paris IV) avec trois écoles d’ingénieurs. Tout le monde peut
aussi assister aux sessions de debating qui se déroulent au sein même de l’ESSEC. Les
meilleurs débateurs pourront ainsi défendre les couleurs de leur école dans les
Débat et Vous est
nombreux tournois internationaux. Une expérience unique !
une jeune A partir de l’année scolaire 2007, l’équipe pédagogique propose en lien avec D&V un cours de debating en MBA et
association , qui une initiation au debating pour les étudiants de première année.
fêtera ses deux ans à
la prochaine rentrée. « Des Hauts et Débats – Rêve FM »
Si tu souhaites
t’impliquer à fond
Des Hauts et Débats
dans la vie
associative à Est la nouvelle émission de radio réalisée par des membres de Débat & Vous sur la radio de l’ES-
l’ESSEC, réaliser des SEC, RÊVE FM. Tous les 15 jours, nous invitons une personnalité de la vie politique locale pour échanger sur des
projets ambitieux thèmes qui touchent à la vie politique nationale. L’émission a d’ores et déjà reçu sénateurs et députés pour parler
dans l’école, acquérir de l’élection présidentielle.
rapidement des La responsabilité de ce pôle de D&V serait entièrement confiée à un E1 membre de l’assoce, donc libre à
responsabilités au vous de former une équipe et de décider de vos sujets d’émissions !!!!!
sein de l’assoce, SOIT
LE (LA) BIENVENU(E).