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Résumé
Introduction
Dans cet article, nous entendons présenter et expliquer les principales tendances
dans la manière dont la Lituanie a réagi à la crise financière et économique
entre 2008 et 2012. Depuis qu’elle a retrouvé son indépendance, la Lituanie a
connu trois crises en deux décennies. La première était due à l’abandon systé-
mique de l’économie planifiée au profit de l’économie de marché, qui a provoqué
un déclin économique temporaire. Les deuxième et troisième récessions ont été
provoquées par des facteurs extérieurs — en 1998-1999, un choc extérieur dû à
la crise financière en Russie, tandis qu’un autre choc, dix ans plus tard, était dû à
la crise financière mondiale.
D’autres se sont intéressés avant nous à la gestion et aux conséquences de
tiques. Nous verrons par conséquent dans cet article que même si à court terme,
la présence d’une crise peut amener les principaux acteurs à se lancer dans un
ajustement budgétaire de grande envergure, cela ne suffit pas pour produire des
réformes structurelles.
Notre article se compose de plusieurs chapitres. Après l’introduction, nous
présentons notre cadre d’analyse. Dans la troisième partie, nous présentons
l’analyse des ressources : qu’est-ce qui a provoqué la crise financière, l’assainis-
sement des finances publiques et les réformes structurelles en Lituanie ? Dans la
quatrième partie, nous expliquons la manière dont la Lituanie a réagi à la crise
en prenant différentes décisions stratégiques. La cinquième partie de notre article
examine les résultats et les conséquences des mesures d’assainissement des
finances publiques sur les plans financier/économique, du processus décisionnel
et de la répartition, ainsi que l’impact des principales réformes organisationnelles
et structurelles. Pour conclure, dans la dernière partie, nous présentons les princi-
paux aspects de l’assainissement des finances publiques et quelques observations
plus générales sur les réformes structurelles en Lituanie.
2 Le projet « Coordinating for Cohesion in the Public Sector of the Future » (COCOPS), financé
par le septième programme-cadre de l’Union européenne (http://www.cocops.eu).
Nakrošis, Vilpišauskas et Kuokštis Réformes structurelles en Lituanie 553
pas tardé à augmenter, passant de 4 % en 2007 à 14 % en 2009 et 18 % en 2010
(voir tableau 2). Ces évolutions peuvent s’expliquer par les vulnérabilités qu’avait
accumulées la Lituanie avant la récession, de même que par la réaction politique
tardive à la crise et la détérioration rapide des attentes du marché.
Pendant les années de prospérité, l’économie lituanienne avait connu un
développement très rapide, de l’ordre de 7-8 % entre 2004 et 2008. Même si
cette croissance était au départ provoquée par des gains de productivité et les
effets positifs de l’adhésion à l’UE, elle s’est de plus en plus appuyée sur l’expan-
sion de la demande intérieure, expansion favorisée par des attentes exagérément
optimistes, une explosion du crédit et des dépenses publiques en augmentation
rapide (par ex., voir Purfield et Rosenberg, 2010 : 5). L’explosion du crédit a éga-
lement donné lieu à l’inflation du prix des actifs, principalement sur le marché du
logement. D’importants déséquilibres macroéconomiques (qui s’observent dans
les énormes déficits courants) se sont développés et se sont aggravés sous l’effet
de la croissance continue des dépenses budgétaires, qui représentaient plus du
double du taux de croissance du PIB, et de l’incapacité à accumuler un excédent
budgétaire pendant les années de croissance économique rapide.
En ce qui concerne la situation budgétaire, la situation manquait de clarté.
D’une part, la Lituanie présentait un niveau relativement faible de dette publique
(voir tableau 2). D’autre part, même pendant la période de croissance élevée,
la Lituanie n’est pas parvenue à définir des budgets excédentaires. De plus,
les dépenses budgétaires augmentaient chaque année de 20-25 % pendant la
période comprise entre 2004 et 2008. La corrélation positive marquée entre la
croissance annuelle du PIB réel et la croissance de la consommation réelle du
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deuxième série de coupes en 2009, intervenue en juillet 2009, à la suite des
élections présidentielles, prévoyait des réductions plus ciblées dans les salaires
de la fonction publique (de 8 % pour les enseignants et les autres agents du
secteur public). La troisième coupe de 2009, réalisée pendant la préparation du
budget de l’État 2010, fin 2009, prévoyait de nouvelles réductions dans le fonds
des salaires des agents de l’État (de 10 %) et les autres membres du personnel
du secteur public (allant de 2 à 8 %). Par ailleurs, une réduction considérable
des dépenses sociales a été adoptée en décembre 2009, lorsque le Parlement a
réduit les pensions, les allocations de maternité et de chômage, ainsi que d’autres
dépenses sociales. Cette réduction qui, dans le cas des pensions, s’élevait en
moyenne à environ 5 % (même si elle était progressive), était censée réduire les
dépenses programmées du fonds de sécurité sociale d’environ 8-9 % et réduire
son déficit de moitié. Ce ne fut cependant pas le cas.
Aucune coupe à l’échelle des pouvoirs publics n’a plus été réalisée ensuite
jusqu’à la fin 2011, lorsqu’il a fallu revoir un projet de budget de l’État pour 2012
en raison de la détérioration de la situation de l’économie lituanienne. Une nou-
velle réduction de 4 % pour l’ensemble des gestionnaires du budget de l’État a
été approuvée, fin 2011. Cette réduction à l’échelle du gouvernement n’était pas
avaient décidé d’abandonner les coupes dans les pensions de 2009, rétablissant
ainsi les niveaux des pensions d’avant la crise (à partir du 1er janvier 2012).
Par ailleurs, début 2009, le Parlement lituanien a réduit la part de cotisations
de sécurité sociale transférée aux fonds de pension privés du deuxième pilier à
3 %, inversant ainsi la tendance de la réforme des pensions et créant une incerti-
tude à propos de sa continuité. Cette incertitude s’est encore aggravée lorsque la
deuxième coupe dans les dépenses publiques a été adoptée au printemps 2009,
réduisant encore la part des cotisations, qui passait à 2 %. Cependant, malgré
la volonté déclarée de poursuivre la réforme des pensions à l’avenir, la part de
contributions de sécurité sociale dans les fonds de pension privés du deuxième
pilier a encore été réduite pour passer à 1,5 % fin 2011.
Si les réductions des dépenses de la Lituanie étaient au départ généralisées,
des réductions plus progressives ont ensuite été adoptées dans d’autres domaines
de dépenses publiques (Hawkesworth et al., 2010 : 7). Les coupes généralisées
(horizontales) à l’échelle de la plupart des secteurs étaient plus simples à définir,
plus rapides à mettre en œuvre et semblaient plus équitables. L’ancien ministre
des Finances a reconnu que « quand on est assis autour d’une table avec qua-
torze collègues du gouvernement, personne ne va se porter volontaire pour une
réduction de ses dépenses » (entretien avec Šimonytė). Cependant, lorsque le
gouvernement a ensuite décidé de laisser plus de latitude aux responsables des
institutions budgétaires pour définir les coupes en fonction de leurs priorités,
bon nombre d’institutions se sont contentées de « durcir » temporairement leurs
budgets pour supporter la crise sans imposer de changements axés sur l’efficacité
(entretien avec Kubilius ; entretien avec Šimonytė).
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Mesures opérationnelles. Dans cette partie, nous examinons les coupes opérées
dans les dépenses de personnel et les licenciements de personnel, ainsi que les
mesures axées sur l’efficience prises par les autorités lituaniennes dans le cadre
de la crise financière.
En Lituanie, les dépenses du budget de l’État se composent de dépenses d’im-
mobilisation et de dépenses d’exploitation qui couvrent séparément les dépenses
de personnel (le fonds des salaires). Le fonds des salaires s’est réduit de 17 % en
moyenne dans l’ensemble des domaines stratégiques pendant la période allant
de 2008 à 2011. Cette réduction a été la plus marquée dans les services du
Premier ministre (36 %), les domaines stratégiques de l’agriculture (32 %), de la
justice (30 %) et de l’économie nationale (29 %), tandis que les secteurs des soins
de santé et de la défense ont subi des coupes relativement réduites dans leurs
dépenses de personnel (Saulėlydžio komisija, 2012). Ces mesures sont liées au
contenu des décisions en matière d’assainissement des finances publiques prises
aux niveaux gouvernemental et ministériel.
Les salaires de la fonction publique ont baissé de 8 à 36 % dans le cadre de
la crise (Saulėlydžio komisija, 2012) ; les baisses les plus marquées ont touché les
tops managers en raison de la nature progressive des baisses de salaires dans la
tionnelle lituanienne.
L’État et les institutions municipales lituaniens ont fait l’objet de licenciements
de personnel considérables pendant la crise financière. Le nombre total de postes
(postes vacants inclus) dans la fonction publique a été réduit d’environ 10 % (soit
7282 postes) entre 2008 et 2011. Ces réductions étaient réparties de manière
inégale entre les services et les niveaux de gouvernement. Le nombre de postes
occupés au sein de l’exécutif lituanien et de ses institutions a baissé de 11 %, tan-
dis que le Parlement lituanien et les institutions responsables devant le Parlement
ont connu une baisse de 2 % à peine (Saulėlydžio komisija, 2012).
En outre, un certain nombre de mesures axées sur l’efficience ont été adop-
tées par les autorités lituaniennes pendant la crise. Premièrement, une politique
de gestion commune des avoirs de l’État a été mise en place afin d’améliorer
la rentabilité des entreprises publiques. À la suite de cette politique, le volume
de dividendes affectés au budget de l’État est passé de 11,9 millions d’euros
(en 2009) à 134,3 millions (en 2011) (State-Owned Enterprises in Lithuania,
2013).
Deuxièmement, afin d’améliorer l’efficience dans les résultats des institutions
au niveau central, les autorités lituaniennes ont commandé une évaluation de
l’efficience pour plusieurs fonctions du personnel (développement des ressources
humaines, marchés publics, gestion IT, gestion des biens, etc.) pour l’ensemble
des 329 institutions responsables devant le gouvernement. Malgré certaines
améliorations dans les indicateurs d’efficience de plusieurs agences gouverne-
mentales, aucune évolution majeure n’a été observée dans ce domaine dans
l’ensemble du système administratif à la suite de cette évaluation en raison de
Nakrošis, Vilpišauskas et Kuokštis Réformes structurelles en Lituanie 559
résidentiel et sur les voitures, mais ces mesures n’ont finalement pas été adoptées
en raison de l’opposition des partis libéraux et du Président de Lituanie (qui a
opposé son veto à l’introduction d’une taxe sur les voitures). Par ailleurs, même si
l’idée d’une taxe forfaitaire de 19 ou 20 % pour la TVA, les bénéfices et les reve-
nus des particuliers semblait au départ bienvenue, elle a finalement été modifiée
en raison de l’opposition des partis libéraux de la coalition.
Il fallait par ailleurs réagir rapidement et le temps manquait dès lors pour les
développements techniques et l’établissement du consensus politique nécessaires
pour procéder à des changements importants dans le système fiscal. La politique
de coalition et les contraintes de temps ont par conséquent eu un impact majeur
sur la composition finale des changements dans la fiscalité. Fin 2008, le gouver-
nement s’est empressé de produire une liste complète des changements dans la
fiscalité afin de les appliquer dès le 1er janvier 2009. Ces mesures seront ensuite
qualifiées de « réforme fiscale de nuit », afin de souligner la nature précipitée et
éclectique de ces changements. Les mesures en matière de fiscalité s’appuyaient
essentiellement sur une hausse des taxes à la consommation. Le taux standard
de TVA est passé de 18 à 19 %, puis à 21 % à partir du 1er septembre 2009, et
plusieurs types d’exonérations de TVA ont été supprimés. Les accises sur l’alcool,
le carburant et le tabac ont elles aussi été augmentées.
S’agissant de la taxation des revenus, l’impôt sur le revenu des particuliers a
été réduit, passant de 24 à 21 %. Les déductions d’impôt pour les prêts hypo-
thécaires et l’achat d’ordinateurs personnels ont été supprimées. La taxation des
revenus des dividendes est passée de 15 à 26 %. En outre, le paiement de coti-
sations à la caisse d’assurance maladie s’est étendu à des groupes de particuliers
560 Revue Internationale des Sciences Administratives 81 (3)
Même si les autorités lituaniennes ont réduit le volume des dépenses du budget
de l’État d’environ 1,6 milliard d’euros dans le cadre des cinq phases de coupes au
niveau de l’État (voir tableau 1 plus haut), les dépenses publiques globales n’ont
baissé que de 0,2 milliards d’euros entre 2008 et 2012. Ce phénomène s’explique
par la part croissante de l’aide européenne dans le budget de l’État, qui s’élevait à
5,7 milliards d’euros en 2011. Malgré cela, peu de besoins en dépenses publiques
ont été retirés des programmes budgétaires non cofinancés par les Fonds struc-
turels européens pour être réaffectés à des programmes cofinancés. Même si
cette façon de procéder aurait pu réduire la nécessité de réduire d’importantes
dépenses non cofinancées dans le budget de l’État, seuls quelques ministères
lituaniens ont saisi cette occasion pendant la crise. Par exemple, le ministère de
l’Éducation et des Sciences n’a pas hésité à recourir aux financements européens
pour faire avancer et financer la réforme de l’enseignement supérieur (entretien
avec Putinaitė, 14 février 2013).
En dépit des hausses dans les taux d’imposition, les recettes fiscales totales
(cotisations sociales incluses) ont baissé de 18 % en 2009. Elles ont encore baissé
de 2,5 % en 2010 (selon les calculs de l’auteur, basés sur des données Eurostat 3).
En 2009, les recettes fiscales directes et indirectes ont baissé (de 18 % et 47 %
respectivement), tandis que les recettes des cotisations de sécurité sociale ont
augmenté de 10 % (calculs des auteurs, basés sur des données Eurostat et de
3 Gouvernement général, produit total des impôts et des cotisations sociales (y compris cotisa-
tions sociales imputées) après déduction des montants évalués, mais peu susceptibles d’être
perçus.
Nakrošis, Vilpišauskas et Kuokštis Réformes structurelles en Lituanie 561
4 Données sur les recettes fiscales (en tant que part du PIB) extraites de la Commission euro-
péenne (2014) ; données relatives au PIB nominal extraites d’Eurostat.
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déficits excessifs a été ouverte contre la Lituanie en 2009 dans le but de ramener
le déficit sous la barre des 3 % en 2011. Compte tenu des graves effets de la
crise, l’échéance a ensuite été étendue à 2012. Cependant, même si la Lituanie
n’était toujours pas parvenue en 2012 à atteindre cet objectif, la procédure a été
clôturée compte tenu du niveau relativement faible de la dette publique et du
faible écart par rapport à l’objectif.
Comme indiqué plus haut, la réforme fiscale lituanienne, fin 2008, a été
qualifiée de « réforme de nuit », plus de soixante changements législatifs ayant
été imaginés et adoptés par le Parlement en un temps record. Les décisions ont
également été prises rapidement du côté des dépenses, les autorités lituaniennes
ayant préparé et adopté relativement vite les cinq coupes dans les dépenses
publiques pour répondre à l’évolution de la situation économique. La nature
précipitée du processus décisionnel n’a pas permis de réaliser une évaluation ex
ante suffisamment poussée de l’impact de ces changements, ni une concertation
en bonne et due forme avec les acteurs sociaux.
La réponse de la Lituanie à la crise mondiale a quelque peu contribué à la
centralisation de l’autorité et du processus décisionnel au sein du gouvernement
lituanien et dans le cadre des différents domaines stratégiques. L’urgence de la
crise et le leadership central du Premier ministre et des ministres des Finances qui
lui ont succédé ont permis au gouvernement lituanien de prendre des décisions
rapides en matière d’assainissement des finances, mais leur contenu dépendait
de l’issue de négociations complexes au sein de la coalition. Il est cependant
devenu nettement plus difficile d’adopter d’importantes décisions politiques
lorsque le sentiment d’urgence budgétaire s’est atténué, que le gouvernement
Nakrošis, Vilpišauskas et Kuokštis Réformes structurelles en Lituanie 563
sitions stratégiques.
Globalement, en l’absence de données empiriques pertinentes, la différencia-
tion des réductions des dépenses dans les différents domaines stratégiques peut
s’expliquer par la politisation de différents secteurs stratégiques. Les dépenses
affectées à la défense et à la fonction publique, qui étaient perçues comme
bénéficiant d’un soutien moindre chez l’électeur et comme moins soutenues par
des groupes d’intérêts, ont subi des coupes plus importantes, contrairement à
des dépenses sociales plus populaires dans les secteurs de la protection sociale,
de l’éducation et des soins de santé, qui ont subi des coupes moins importantes
(voire des augmentations).
l’État ont augmenté de 24,0 % de 2008 à 2011, cette hausse a en grande partie
servi à compenser la baisse des cotisations des travailleurs et des employeurs
dans le Fonds national d’assurance-maladie (un des fonds hors budget) due à la
hausse du chômage et à la baisse des salaires sur le marché du travail. De plus, le
domaine stratégique de l’enseignement supérieur a été privilégié au début de la
crise lorsque des ressources supplémentaires ont été affectées à partir du budget
de l’État (y compris de l’assistance financière de l’UE) pour financer l’introduc-
tion de bons d’études dans le cadre du processus de réforme de l’enseignement
supérieur.
D’autre part, les groupes qui ont subi des pertes financières comprenaient les
retraités, en particulier ceux qui percevaient des pensions plus importantes, ainsi
que la population active qui épargnait dans le deuxième pilier des fonds de pen-
sion, et certains autres groupes qui percevaient des allocations de maternité et
autres. Il convient de noter que la réduction des dépenses a eu des conséquences
plus importantes parce que dans bien des cas, ces dépenses avaient été consi-
dérablement augmentées juste avant la crise. La plupart des réductions étaient
progressives et affectaient dès lors davantage les ménages plus aisés. Par ailleurs,
les hausses d’impôts étaient proportionnelles et affectaient davantage les familles
Si l’on en croit les données d’Eurostat, entre 2007 et 2010, la migration nette pour 1000 habi-
5
œuvre dans les trois principales villes de Lituanie (Vilnius, Kaunas et Klaipėda) en rai-
son de la résistance des autorités locales et d’autres parties prenantes, et l’ampleur
de ces changements a été réduite dans le cadre du processus de mise en œuvre.
La mise en œuvre de la réforme de l’enseignement supérieur, adoptée en 2009
(lorsque le gouvernement bénéficiait d’un large appui au Parlement), s’est avérée
plus efficace en ce qui concerne l’introduction de changements considérables
dans le système de financement et de gouvernance de l’enseignement supérieur
et de la recherche. Dans ce cas, les préparatifs en vue de la réforme à la veille des
élections parlementaires ont permis une mise en œuvre rapide, profitant d’une
« de lune de miel » en matière de soutien à la réforme en 2008-2009. On peut
cependant douter de la durabilité de ses résultats compte tenu de l’arrêt défa-
vorable rendu par la Cour constitutionnelle et du désaccord marqué du nouveau
gouvernement lituanien de 2012-2016.
Dans le cas de l’énergie, l’appui du nouveau Président élu en 2009, l’introduc-
tion du 3e paquet Énergie de l’UE, qui prévoyait la possibilité d’opter pour une
privatisation complète, et la coordination des réformes en matière d’énergie dans
le cadre du plan d’interconnexion des marchés énergétiques de la région de la
Baltique (BEMIP) ont permis de progresser. Ces phénomènes pourraient renforcer
la continuité des grands projets qui ont été révisés au terme de chaque élection
parlementaire.
D’une manière générale, l’analyse de la réponse lituanienne à la crise finan-
cière fait ressortir la nature fragmentée et progressive des réformes structurelles.
Cette tendance s’explique par des facteurs institutionnels et politiques impor-
tants, dont les implications sont examinées dans la conclusion de notre article.
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Conclusion et analyse
Des facteurs économiques tels que la situation des finances publiques avant la
crise ou la longueur de même que la profondeur de la récession expliquent en
grande partie le calendrier de la politique d’assainissement des finances publiques
et le lancement des réformes structurelles en Lituanie. La forte pression du mar-
ché était la principale raison à l’origine de l’assainissement. Des mesures sérieuses
n’ont été prises que lorsque cette pression s’est fait durement sentir dans la
hausse rapide des coûts d’emprunt, la possibilité de manquer à ses engagements
et l’aide financière correspondante du FMI/UE, tandis que la réglementation bud-
gétaire européenne n’avait pas joué un rôle vraiment contraignant. La décision de
défendre le taux de change fixe explique le fait que la Lituanie ait opté pour une
réponse budgétaire procyclique.
Ce sont surtout les facteurs politiques, comme les cycles électoraux, la poli-
tique de coalition et l’absence de résistance organisée du côté des groupes d’in-
térêts, qui expliquent le fait que l’assainissement des finances publiques et les
décisions y afférentes soient axés sur les dépenses. Les considérations électorales
ont aussi influencé le calendrier de la politique d’assainissement des finances
Remerciements
Les auteurs souhaitent remercier Tiina Randma-Liiv et Walter Kickert pour la coor-
dination du travail du projet COCOPS « Coordination after the crisis », ainsi que
les lecteurs de l’article pour leurs commentaires utiles.
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Annexe
Entretiens :
Andrius Kubilius, ancien Premier ministre, 13 mars 2013, Vilnius, Lituanie.
Ingrida Šimonytė, ancienne ministre des Finances, 11 février 2013, Vilnius, Lituanie.
Nerija Putinaitė, ancienne vice-ministre de l’Éducation et des Sciences, 14 février 2013,
Vilnius, Lituanie.