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RÉSUMÉ. Depuis 1999, des nouvelles Règles Parasismiques Algériennes (RPA 99) ont été établies
sur le modèle Américain. Elles proposent une nouvelle classification des catégories de site.
Quatre catégories de site associées à quatre spectres de réponse de calcul sont alors proposées.
Dans ce travail, nous montrons que dans la gamme des hautes fréquences la modification de
l’action sismique n’est pas prise en compte par la forme des différents spectres de réponse ainsi
proposés. Nous discuterons ensuite l’état actuel de ces spectres de calcul et nous suggérons
leurs modifications.
ABSTRACT. Since 1999, a new Algerian Paraseismic Rules were established based on the Amer-
ican model. A new classification of the site categories was then adopted resulting in four site
categories associated with four response spectrums. However, in high frequencies range, the
modification of the seismic action is not taken into account by the response spectrum shapes. In
this paper, the response spectrums current state is discussed and modifications are suggested.
MOTS-CLÉS : éléments finis, analyse modale, spectres de réponse, interaction sol-structure.
KEYWORDS: finite elements, modal analysis, response spectrums, soil-structure interaction.
2 7ème Colloque National en Calcul des Structures, Giens 2005
1. Introduction
Les premières exigences, lors de la conception d’un ouvrage, sont données par les
normes de construction dans le cas de situations non sismiques. A celles-ci viennent
s’ajouter des normes ayant directement attrait à la construction d’ouvrage en zones
sismiques. Depuis le séisme d’El Asnam de 1980, de nombreux travaux de recherche
ont été menés dans le but d’atténuer les effets des séismes sur les constructions, notam-
ment les travaux du Centre National de Recherche Appliquée en Génie Parasismique
d’Alger (CGS) (Rapport-AFPS, 03). Les anciennes normes parasismiques algérienne
sont connues sous le nom RPA88, elles préconisent deux méthodes pour le calcul
dynamique des structures : la méthode statique équivalente et la méthode dynamique
approchée (RPA, 88). Depuis 1999, des nouvelles règles parasismiques ont été établies
sur le modèle Américain, elles sont connues sous le nom RPA99. Elles préconisent une
méthode dynamique spectrale (RPA, 99). Selon les règles RPA99, les sites sont clas-
sés en quatre catégories en fonction des propriétés des sols qui les constituent. Chaque
catégorie de site est caractérisée par deux périodes propres de vibration T1 et T2 . A
chaque type de site est associé un spectre de réponse élastique calculé en fonction des
caractéristiques du site considéré et de celles de la structure étudiée.
L’observation montre (Capra et al., 84), (Oudjene et al., 01) que l’intensité avec
laquelle un séisme est ressenti en un lieu donné dépend dans une large mesure de
la nature des terrains traversés par les ondes sismiques et des conditions locales. Il
convient donc d’adapter le spectre de réponse à utiliser dans les calculs à la nature
du site considéré. Par ailleurs, il est important dans certains cas de tenir compte de
l’action sol-fondation-structure.
Le rapport préliminaire de la mission de l’Association Française du Génie Para-
sismique (AFPS) en Algérie sur le séisme du 21 mai 2003, montre que le système
constructif par voiles en béton armé s’est bien comporté, bien que peu répondu. Par
ailleurs, l’expérience montre que les sollicitations imposées aux structures rigides sont
atténuées lorsqu’elles sont édifiées sur des sols déformables que lorsqu’elles sont im-
plantées sur des sols rocheux (Davidovici, 99), (Zacek, 96). Comme conséquences,
les orientations futures des règles parasismiques algériennes peuvent être la mise en
oeuvre d’une démarche de conception des structures par voile en béton armé en parti-
culier dans les zones de forte sismicité.
Dans cette perspective, nous voulons évaluer la façon dont le RPA99 prend en
compte la modification de l’action sismique par les catégories de site ainsi proposées
dans la gamme des hautes fréquences avec ou sans prise en compte de l’Interaction
Sol-Structure (ISS).
Dans la conception des structures, les étapes relatives à l’évaluation des états de
contraintes et de déformations, des caractéristiques vibratoires ou encore des possibi-
lités de ruine font largement appel à la méthode des éléments finis (Batoz et al., 90).
Pour l’analyse donc du problème, on utilise une approche numérique par éléments
finis. Le code éléments finis retenu est de type SAP90, il permet de combiner les
réponses modales obtenues en considérant systématiquement une combinaison qua-
Influence de la catégorie de site sur le comportement sismique des structures rigides 3
∀ u∗i avec u∗i = 0 sur SU , σ étant symétrique, l’équation (2) peut alors s’écrire :
Z Z Z Z Z
∗
Dij σij dV − u∗i fsi dS − u∗i fvi dV + u∗i ρüi dV + u∗i cu̇i dV = 0
V Sf V V V
³ ´ (3)
∗ 1 ∂u∗ ∂u∗
avec Dij = 2
i
∂xj + j
∂xi taux de déformation virtuelle.
Nous obtenons la forme discrète du principe du travail virtuel par la méthode des
éléments finis en suivant la démarche ci-après (Dhatt et al., 84) :
PV e
– Discrétisation de la géométrie : V = où V est le volume total et V e est le
volume élémentaire.
P e
– Discrétisation de la forme variationnelle : W = W en utilisant {u} =
[N ]{un } et {D} = [B]{un }
où [N ] est la matrice des fonctions de forme, [B] est la matrice des dérivées des fonc-
tions de forme et {u} est le vecteur des variables nodales de l’élément.
La forme variationnelle W e s’écrit de la façon suivante :
³ ´
W e = Winert
e
+Wame e
+Wine e
+Wext = hu∗n i [m] {ün }+[c] {u̇n }+[k] {un }−{fn }
(4)
avec :
Z Z
t t
[m] = ρ [N ] [N ] dV , [c] = c [N ] [N ] dV
Ve Ve
Z Z Z
t t t
[k] = [B] [H] [B] dV , {fn } = [N ] {fs } dS + [N ] {fv }dV
Ve Sfe Ve
nelem
X ³ n o n o ´
∀ U∗ et ∀ t, W = W e = hU ∗ i [M ] Ü + [C] U̇ + [K] {U } − {F } = 0
e=1
(5)
Le signe somme représente en éléments finis un assemblage des n éléments, ce qui
donne :
[M ]{Ü } + [C]{U̇ } + [K]{U } = {F } (6)
avec les conditions initiales à t = 0 {U } = {U0 } et {U̇ } = {U̇0 } et les conditions aux
limites ∀ t, {U } = {Ū }, {U ∗ } = {0} sur SU .
Dans le problème aux valeurs propres équivalent (sans amortissement), est donné par :
³ ´
[K] − w2 [M ] [Φ]N ×r = 0
[Ω2 ] est la matrice diagonale des valeurs propres et [Φ]N ×r est la matrice des vecteurs
propres de dimension N × r vérifiant les propriétés suivantes :
T £ ¤ T
[Φ] [K] [Φ] = Ω2 et [Φ] [M ] [Φ] = [I]
Dans le cas où l’amortissement [C] est de type Rayleigh et pour une normalisation en
masse unitaire, nous avons :
T £ ¤
[Φ] [C] [Φ] = α [I] + β Ω2 = [CD ]
avec, CDi = α + βωi2 , et i = {1, ..., r} où les coefficients α et β peuvent être évalués
en connaissant deux coefficients d’amortissement ξm et ξn .
£ ¤
[I] {q̈} + [CD ] {q̇} + Ω2 {q} = {P (t)}
6 7ème Colloque National en Calcul des Structures, Giens 2005
Les matrices [CD ], [I] et [Ω2 ], et sont diagonales, l’équation modale du mouvement
correspondant à r modes devient maintenant un ensemble de r équations découplées :
j = {1, ..., r} et ξj = 2 αωj + βωj . Les conditions initiales {U0 } et {U̇0 }, de l’espace
réel sont transformées en {q0 } et {q̇0 } modaux.
Selon le RPA99 les sites sont classés en quatre catégories en fonction des proprié-
tés mécaniques des sols qui les constituent (RPA, 99). Les différentes catégories des
sites sont les suivantes :
– S1 : site rocheux, caractérisé par une vitesse d’onde de cisaillement ≥ 800m/s.
– S2 : site ferme, caractérisé par une vitesse d’onde de cisaillement ≥ 400m/s à
partir de 10m de profondeur.
– S3 : site meuble, caractérisé par une vitesse d’onde de cisaillement ≥ 200m/s à
partir de 10m de profondeur.
– S4 : site très meuble, caractérisé par une vitesse d’onde de cisaillement ≤
200m/s dans les 20 premiers mètres.
Les périodes caractéristiques T1 et T2 de chaque catégorie de site sont données dans
le tableau 1.
Sites S1 S2 S3 S4
1.25A (1 + T /T1 (2.5ηQ/R − 1)) 0 ≤ T ≤ T1
2.5η (1.25A) (Q/R) T1 ≤ T ≤ T2
Sa /g = 2/3
2.5η (1.25A) (Q/R) (T2 /T ) T2 ≤ T ≤ 3.0s
2/3 5/3
2.5η (1.25A) (T2 /3) (3/T ) (Q/R) T > 3.0s
s
7
avec A : coefficient d’accélération de zone, η = ≥ 0.7 : correction d’amor-
(2 + ξ)
tissement (si ξ 6= 5%)
ξ : pourcentage d’amortissement critique, R : coefficient de comportement de la struc-
ture, Q : facteur de qualité.
La modification de l’action sismique est prise en compte donc par la forme du
spectre de réponse. Il est indispensable alors, de connaître la nature du sol de fondation
avant de choisir le spectre de réponse à utiliser dans les calculs.
5. Exemple d’application
L’exemple décrit par la figure 2 est une tour contreventée par des voiles de 20cm
d’épaisseur en béton armé. Elle possède les caractéristiques suivantes : hauteur d’étages
de 3m avec un RDC à usage commercial de 4m de hauteur. Sa hauteur totale est de
60m. Elle possède les dimensions en plan suivantes : 35.90m x 28.45m. Le système
de fondation est un radier général superficiel. La structure est classée dans le groupe
d’usage 2 (voire RPA 99) et supposée être implantée en zone de moyenne sismicité
(zone II).
compte le sol, est de le représenter par un tapis de ressorts répartis sous le radier et
reliant les noeuds de celui-ci à une base rigide à laquelle on impose le mouvement.
Le sol est donc modélisé par un ressort horizontal, un ressort vertical et un ressort de
basculement en chaque noeud du radier (Capra et al., 84), (Oudjene et al., 01). Un tel
système est schématisé par la figure 3.
La loi de comportement du sol est supposée linéaire élastique. Les non linéarités
introduites par le phénomène de décollement du radier ne sont pas prises en compte.
Les différents sites considérés sont constitués d’une importante couche de sol homo-
gène et ne présentent aucun risque d’instabilité. Le modèle ressorts de sol définit les
réactions élastiques de ce dernier (sol) à l’égard des composantes de déplacement sta-
tique de la fondation. Plusieurs formulations de calcul des raideurs des ressorts de
sol sont proposées. Parmi celles-ci les formules de NEWMARK-RESENBLUETH,
les formules de DELEUZE et la méthode simplifiée de VELETSOS (Davidovici, 99),
(Zacek, 96). Ici, les valeurs des raideurs des ressorts de sol sont calculées à l’aide
des relations données dans le tableau 2 en considérant les caractéristiques des sites
données dans le tableau 3.
Les valeurs des coefficients sans dimension βx,y , βz et βϕ,ψ , du tableau 2 sont
données par des abaques spécifiques en fonction du rapport des dimensions du radier
et la direction de l’action sismique considérée (Zacek, 96).
Le tableau 4 donne les valeurs de la raideur globale du tapis de ressorts dans les
différentes directions et pour chaque catégorie de site.
16(1−ν)ER E
√
Horizontal x ou y Kx,y = (7−8ν).(1+ν) Kx,y = 2(1−ν 2 ) βx,y b.a
2ER E
√
Vertical Kz = 1−ν 2 Kz = 2(1−ν 2 ) βz b.a
4ER3 E 2
√
Basculement Kψ,ϕ = 3(1−ν 2 ) Kψ,ϕ = 2(1−ν 2 ) βψ,ϕ b b.a
8ER3
Rotation Kθ = 3(1+ν)
6. Résultats et discussion
La figure 4 montre que l’accélération spectrale est identique entre 0 et 0.3s pour les
cas de site S1 , S2 , S3 et S4 . Comme conséquence, l’effort tranchant total à la base de la
structure est constant quelque soit la catégorie de site d’implantation de celle-ci, voire
figure 5. La somme des masses modales effectives pour les modes retenus est égale
90% de la masse totale de la structure. Le code SAP90 considère systématiquement
une corrélation entre les modes de vibration. La force sismique pour le mode j est
calculée suivant la relation :
celle-ci de plus en plus le sol est déformable. Cet allongement atteint 100% envi-
ron dans le cas du site S4 comparé à la valeur de référence obtenue avec un modèle
encastré à la base. Les modes propres de déformation observés montrent que les dé-
placements relatifs de niveaux sont nettement réduits, ce qui implique une diminution
des efforts tranchants de niveaux. En revanche, l’effort sismique total à la base de la
fondation est amplifié, voire figure 5. En effet, sous l’effet de l’ISS, la masse du radier
participe à l’effet d’inertie du système et donc à la réponse dynamique de la structure.
Par ailleurs, beaucoup de paramètres, notamment les masses modales effectives et les
termes de corrélation modale sont perturbés, figure 7. De plus, l’accélération spectrale
des masses reste constante dans cette gamme de fréquences. Toutes ces considérations,
justifient l’augmentation de l’effort sismique à la base de la structure, puisque celui-ci
en dépend principalement (relation 8 et 9).
7. Conclusion
Figure 5. Effort sismique (en tonne)à la base en fonction du site, avec ou sans ISS.
Figure 7. Evolution de la masse effective du 1er mode en fonction du site, sous l’effet
de l’ISS
8. Bibliographie