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GEORGES BARBARIN

LA RËFORME
DU

CARACTÈRE

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18150 Gennigny fexempt
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www.georgesbarbarin.com
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ésotérique
ésotérique
ésotérique
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poésie
1ésotérique 1927
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2002
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1966
1960
1959
1962
1968

2
OUVRAGES de Georges BARBARIN édités actuettement
TARIF Jan 2008 disponible en librairie 1 à l'association ,et lou famille de l'auteur

Titres Ref Poids 1 Prix€


Editions ASTRA
laclé GB7 166g' 7
Editions COURRIER DU LIVRE
l'Invisible et Moi GB13 152 9
les Clés de la Santé GB19 202 12
les Clés du Bonheur GB21 151 9
Editions DANGLES 1DG Diffusion
Comment vaincre peurs et angoisses GB31 17,5
l'Optimisme Créateur GB45 17,5
la Vie commence à 50 ans G841 17,5
Affirmez et vous Obtiendrez GB33 17,5

Al.1~.IJ
Faites des Miracles GB58 12
Demande et tu recevras car Il y a un Trésor en toi GB29+3O 9
Sois ton propre Médecin, le Docteur Soi Même G842+62 12
Clé du Succès GB50 12
Le Mysticisme expérimental GB44 12
Dieu mon copain (inédit) GB68 12
Le Jeu Passionnant de la Vie GB34 12
Calendrier Spirituel GOO1 12
Comment le PROTECTEUR INCONNU devint l'AMI GOO3 12
Vous êtes jeunes mais vous ne le savez pas GB59 12
Le règne de l'Amour (ex le règne de l'agneau) GB16 12
Le Seigneur m'a dit GB60 12
Comment on soulève les montagnes GB39 10
Sois un As GB64 8
LIVRET: résumé du site sous plastique 40 p. avec Photos 10
La guérison par la foi G847 12
FAMillE DE l'AUTEUR (fin de série)
L'Après Mort grand format GB38 18
Vivre avec le Divin (ex Vivre Divinement) GB37 18
Le Livre de la Mort Douce GB11 15
La Nouvelle Clé GB53 15
le livre de chevet (l'ami des heures difficiles) GB25 15
Je et Moi GB27 5
J'ai Vécu 100 Vies * GOOS 5
Voyage au Bout de la Raison * GB57 5
20 Histoires de Bêtes GB54 5
France Fille Aînée de l'Esprit GB23 4
Quelques Photocopies reliées de livres épuisés (liste sur demande) Bât5
* vieilles éditions dont il faut découper les reliures de pages

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contr~ trois timbres tarif normal
AVERTISSEMENT

Nou, avon, longtemp, attendu pour écrire ce li-


vre. Il nou, ,emblait que nou, ne pouvion, nou, 1/
déterminer qu'aprè, avoir réformé complètement
notre caractère.Mai, le, année, pallent et nou, nou,
rendon, compte, chaque jour davantage, de ce que
celui-ci renferme d'imperfection. De ,orte que, Ii
nou, attendon, encore, il e,t probableque nou, mour-
ron, ,ana avoir écrit une œuvre dont l'utilité pour-
tant e,t évidente.
Nou, avon, pen,é au"i qu'un tel ouvrage ne ga-
gnerait rien à itre élaboré par un ,aint, parce qu'il
ne ,erait à la me,ure d'aucun homme ordinaire,
alor, qu'étant mOI/enet imparfait nou,-mime, n~'
,omme, en ,ituation de propo,er de, ezemple, ,de
leur niveau auz homme, moyen,.
Si le, meilleur, garde,-chg."e, ,ont d'ancien, bra-
connier" le, meilleur, réformateur, ,eront ceuz qui
auront eu le pire caractère, à la condition qu'il, ,
aient, le, una et le, autre" changé de mœur, et d'in-
clination.
Or nou, avon, été per,onnellement doté, dè, l'en-
fance, d'un caractère emporté. Nou, étion, le liège
de dé,ir,·violen". Nou, et1me, el ,ubir la contagion
de bien de, égoï,mes qui ,'ajoutèrent à notre égofl-
me naturel.
'1 '
Par bonheur, le ,en, de la ju,tice·était· en nou, et,
fort Mt, nou, prIme, no, re,pon,abilité" indivi-
duelle, et iociale,. A me,ure que nou, nou, adaption,
el l'évolution, le délir nou, vint de nou,
" '
améliorer.
-12-
Ainsi, par amputations successives de diverses ré-
gions trop personnelles, nou, avons fini par trouver,
dans cette lutte contre i1ous-m~me, un réel attrait ..
Actuellement, nous ne pouvons encore dire que
nous sommes doté d'un c bon caractère :t, mais nous
nous y efforçons chaque jour davantage. Comme tou-
jours, c'est moins le résultat qui compte que l'effort ENTREE EN MATIERE
vers le résultat.
Parmi ceux qui nous liront, il est évident que nom-
breux seront les lecteurs ou lectrices affligés d'un
mauvais caractère. C'est précisément ceux-là que Il Y a une révolution à faire tout de suite et c'est •
nou, visons parce qu'ils ont à soutenir un plu, grand la v6tre.
combat. Avoir un mauvais caractère est souvent la La révolution extérieure ne changera rien en vous.
preuve qu'on a du caractère. Avoir un bon caractère La seule qui compte pour vous est votre révolution
e,t parfois l'indice qu'on n'a pas de caractere du tout. intérieure. Car si vOllS attendez votre accomplisse-
Souvenez-vous qlle des hommes comme saint Paul, ment d'une action extérieure à vous-même, vous ar-
saint Augustin ou le Père de Foucault n'ont pas com- riverez à la fin de votre existence sans avoir c chas-
mencé par ~tre des anges. Mais la victoire que ces sé le tyran :t •..
c survoltés :t ont remportée ,ur eux-mlmes est infi- Mais si vous tuez 1.'Egoïsme en vous et prenez le
niment plus féconde que celle qu'ont obtenue les pouvoir à sa place, vous connaitrez une nouvelle vie,
nonchalants sur leurs instincts. Voilà ce qu'entendait celle du Royaume de l'Amour ..
démontrer Jésus dans ses paraboles de l'Enfant Pro- On n'a fait jusqu'ici et l'on ne propose pour le fu-
digue et de la Brebis Perdue. L'Ecriture sous-entend tur que des révolutions collectives : politiques, éco-
qu'enfant et brebis dépassèrent en zèle, par la suite, nomiques ou sociales • .or, le propre de ces révolu-
ceux qui étaient restés au bercail. tions est d'être exclusivement matérielles et ~e re-
Ne craignez donc point votre imperfection si vous poser sur l'adhésion d'une foule de gens. Comment
faites de votre mieux pour l'amoindrir ,et si vous ces gens s'entendraient-ila entre eux quand ils se
restez sans cesse sur la brèche. contredisent déjà en eux-mêmes ? Ne voit-on pas
En réformant votre caractère, vous réformez votre que leurs intérêts divergent et qu'il n'y a aucune
vie. En réformant votre vie, vous réformez celle des utilité à additionner leura différends ?
autres. En réformant la vie des autres, vous hdtez la Ce qui urge, c'est la révolution individuelle, au-
réalisation d'un monde meilleur. trement dit la révolution en soi que personne ne fe-
ra à votre place et qui restera à faire tant que vous
n'en aurez pas pris vous-même l'initiative et la res-
ponsabilité.
La plupart des révolutionnaires se bornent à sui-
vre des meneurs qui suivent à leur tour un person-
nage plus considérable, lequel est, le plus souvent,
à la remorque de ses passions et des événements.
-14- -15-
Tandis que ce que nous vous proposons c'est préci- que si nous sommes clairvoyants et équitables, c'est-
sément de ne prendre mot de personne et de réfor- à-dire si nous sommes animés envers nous-mêmes
mer souverainement le domaine où vous êtes le mai- d'un réel esprit de sincérité.
tre unique et où nul ne peut rien sans vous. Un homme contrefait désireux de suivre des cours
Et croyez bien que ce qui suit n'a pas pour but de d'esthétique ne devra pas poser d'emblée pour une
vous mettre en antagonisme avec le reste des hom- image d'Apollon. Prenant la mesure de ses défectuo-
mes. Si vous réalisez votre harmonie, vous aiderez sités, il adoptera les méthodes les plus opportunes,
à l'harmonie de la société. soit pour faire disparaitre ses tares physiologiques,
n n'est qu'un seul chemin d'amélioration du corps soit pour les atténuer. Ce n'est qu'après avoir ob-
social : celui qui passe en vous-même, puisque tout, tenu une véritable amélioration qu'il cherchera à
intégralement, de ce qui est extérieur à vous est bénéficier de sa nouvelle forme, en utilisant la grâ-
fonction de ce que vous en pensez. ce, le mérite et aussi la suggestion.
Contrairement à ce que l'on croit, vous êtes tou- Il est donc expressément convenu avec vous que
Jours l'auteur de ce que vous ressentez. Ce qu'il ur- vous vous examinerez loyalement dans votre miroir
ge de changer, ce n'est pas l'attitude ouverte des au- psychologique et que vous aurez l'honnêteté d'ad-
tres mais votre attitude cachée à vous. mettre tout ce par quoi vous péchez.
Qu'importe, en effet, si une personne est trouvée Faute de ce c fair play :t, votre désir de réforme
bonne par tous les autres si vous vous la trouvez. serait vicié dans sa base et vous ne pourriez rien es-
mauvaise 1Et qu'importe que tout l'univers la trouve pérer de durable ni de sérieux.
mauvaise si vous VOUsla trouvez bonne 1 Cette per- Commencez par vous' traiter sans ménagements.
sonne ne peut être bonne ou mauvaise pour vous que Ne vous dissimulez rien de vos appétits ou de vos
par rapport à vous et suivant la manière dont votre tendances. Numérotez avec. soin vos parties mala-
esprit la considère. C'est là d'ailleurs ce qui explique- des avant de vous reconstruire à neuf.
la diversité des jugements. Votre pire ennemi, c'est vôus.
Tout jugement implique un comportement, autre- Avant de craindre les autres, craignez-vous vous-
ment dit on se comporte avec autrui suivant la ma- même. Les coups dont vous vous plaignez, c'est vous
nière dont on le juge. Modifions donc notre jugement qui les avez portés.
intime et notre comportement externe y rèpondra. Mais votre plus grand ami, c'est vous.
Deux stades sont à envisager, en effet, dans la ré-- Vous pouvez panser toutes vos blessures. La main
forme du caractère : qui guérit c'est la vôtre. Un Dieu et un diable sont
en vous.
1°) nos rapports avec nous-même;
2°) nos rapports avec autrui . •
••
n va de soi que nous ne pouvons améliorer le sort
d'autrui que si nous nous améliorons nous-mêmes-. Nous n'ajouterons qu'un mot mais il est d'impor-
et qu'avant de prétendre redresser l'armature des tance.
autres, il est indispensable de redresser la 'nôtre, ée· . Jusqu'à présent, les méthodes qui vous ont été
qui est infiniment plus aisé. proposées reposaient, à peu près exclusivement, sur
Mais nous ne saurions nous réformer efficacement des données mentales, d'ailleurs d'une réelle effica-
-16-
cité. Ces conseils de l'intelligence, dont lei basel
lont surtout logiques, vous ont permis d'acqullrir,
en même temps qu'intérêt, mémoire et aptitude dll-
ductive, cette arme précieuse qu'est la volonté.
Toutefois, aucune 'de ces facultés n'est capable
de vous permettre une réforme totale du caractère
parce que celui-ci empiète sur les territoires de l'A-
me et comporte des prolongements spirituels.
Nous nous proposons donc de vous faire accéder
à un nouvel étage de la connaissance de vous-mê-
me. Pour cela nous serons amené à vous indiquer
certains leviers supérieurs de la Vie dont le manie-
ment suppose un esprit déJà évolué. PREMIERE PARTIE
Nous le ferons en termes acceptables pour tous,
même pour ceux qui, n'ayant pas la foi religieuse,
sont tout de même hantés par le souci d'accéder à
l'Intelligence Cachée et à l'Equilibre supllcleur.
Ceci n'a rien à voir, voui le devinez, avec les pro-
cédés de l'occultisme, si fort en honneur aujour- CE QU'IL FAUT DEMOLIR
d'hui. Au contraire, nous entendons, il la 11nde cet
ouvrage particulièrement, demeurer sur le plan de
la spiritualité pure et, par une exploration de l'Hom-
me Total, vous montrer vos merveilleuses possibi-
lités.

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1

1
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il
CHAPITl\E 1

La Peur

Vous qui nous lisez pr'sentement, vous D'avez


pas achet' ce livre pour r"ormer le caractère d'au-
troi, car vous savez bien que ce n'est pas lA votre
tAche. Votre intention et votre d'sir sont de dfor-
mer votre propre caractère afin de rendre heureux
ceux qui vous entourent et d'être vous-même·UD
homme heureux.
Dans ces conditions, il est permis de supposer
que vous n'êtes pas satisfait de votre actuel édifice
et que vous voulez remplacer une maison inconfor;.
table par un immeuble agr'able à habiter.
Commençons donc par jeter bas l'ancienne cons-
troction, sans nous attarder Autiliser les dispositions
anciennes ni A faire du neuf avec du vieux.
Si, en cours d'ex'cution, ..nous ·trouvons des ma-
t'ria~x dignes de nous servir -. et il y en a cer-
tainement - nous les mettrons de côté et les em.•
ploierons au mieux dans la CODstructionnouvelle.
n. y a partout de bonnes choses, même dans ce qui
semble le plus mauvais.
Votre caractère n'est peut-être pu si d'testable
que vous le supposez ou que votre entourage l'ima-"
glne et il suffira peut-être de bien peu de chose
pour en laire un caractère excellent.
A nous donc la pioche et,"s'il le laut, la mine 1
-20- .1

-21-
1
Jetons à terre les murs branlants, les toits crevés.
Reprenons l'ensemble par les fondations, car le mal l'égoisme, se resème, se marcotte, se bouture, et fait
est, bien souvent, à la base. Nous poserons ensuite souche de tous côtés.
1
la première assise à même le rocher.
Le vrai père des c péchés capitaux lt
L'égoïsme
Nous verrons plus loin qu'il en est exactement
Ce qu'il convient d'abattre en premier, vous l'a- de même pour l'Amour et pour l'altruisme et que ce-
vez deviné, c'est l'Egoisme, non tant pour une rai- lui qui sème ces vertus les voit croitre et multiplier
son morale que pour une raison d'intérêt. autour de lui.
Le plus grand adversaire d'un homme quelconque, Dans Le Règne de la B~te, nous avions souligné que
pris au hasard, c'est inévitablement son égoisme, l'égoisme ne figure pas sur la liste des péchés capi-
car le propre de' l'égoisme est d'être inintelligent.
Beaucoup d'égoistes se croient intelligents précisé- taux, qui sont,
l'avarice, au dire
la luxure, de l'Eglise, l'orgueil,
la gourmandise, la colèrel'envie,
et la
ment à cause de leur égoisme. Ceux-là pensent que paresse. Cela tient à ce que ces péchés ont tous pour
le fait de tout ramener' à soi-même est une cause de père l'Egoisme.
succès et d'enrichissement. On ne saurait faire de e Que celui-ci disparaisse, disions-nous, et les au-
calcul plus trompeur ni de raisonnement plus fra- e tres ne seront plus.
gile. Les déboires et les mécomptes de l'égoiste vien- e Ne penser qu'à son Moi extérieur, tout rapporter
nent justement de ce qu'il veut être le centre de e à sa personne apparente, voilà le Vice majeur de
tout. Or ses manœuvres aboutissent beaucoup plus e la Personnalité humaine ..
complètement qu'il ne le supposait, en ce sens qu'el- e L'orgueil, c'est le culte de, la carapace ; de là,
les font de hii une cible, vers laquelle se dirigent e vis-à-vis des autres, le péché d'envie. L'avarice,
le bon et le mauvais. Encore ce bon n'est-il qu'un e ou besoin d'acquérir et de garder pour soi, est le
accroissement matériel des satisfactions les plus vul':- e fruit des notions de propriété et d'argent. Luxure,
gaires, telles qu'argent, honneurs, etc. Chacune d'el- e gourmandise, colère et paresse ne visent qu'à ob-
les traine après soi la lie des jouissances humaines e tenir des satisfactions personnelles, tantôt d'une
et nul ne reçoit sans contrepartie, autrement dit il e manière active, tantôt d'une manière passive.
Y a e la note à payer :..' De plus, un homme donné e ,Mais à quoi sert de lutter contre l'orgueil, la
ne se fait pas impunément le centre d'intérêt des e colère, etc., s'il reste une seule racine d'égoisme ?
autres hommes. Dès qu'il réussit ,matériellement, e Autant couper, au ras du sol, la touffe d'oseille
l'envie, la jalousie, l'avidité, la haine qu'éprouvent e sauvage. Celle-ci repousse obstinément :..
les autres hommes naissent, grandissent,s'assem-
blent, se liguent contre lui. Plus le succès apparent C'est donc l'Egoisme qu'il faut faire disparaître
de l'égoisme est grand, plus haute se fait la bar- en premier, faute de quoi toute réforme intérieure
rière des égoismes qui l'entourent. On peut poser en est impossible. Et- nous nous proposons de VOUI
principe que' l'égoisme engendre automatiquement montrer que cette disparition est possible et que
vous en avez les moyens.
-22- -23-
Nous ne voua conseillerons rien par la suite qui De même, il est dit dans L'Ami des Heures Diffi-
ne soit il la portée d'une volonté et d'une intelligen- ciles (1) :
ee ordinaires. Noua aurions effectivement échoué c Vous qui souffrez de la grande maladie univer-
dans notre entreprise si, au lieu de l'accord de pres- c selle de la Peur ; vous qui avez peur constam-
que tous nos lecteurs et nos lectrices, nous n'em- c ment et sans vous en douter ; vous que, dans
portions que l'adhésion de quelques-uns. c chacun de vos actes, la Peur éperonne et para-
c lyse ; vous qui payez tribut il la peur, sous toutes
c les formes et dans tous les lieux ; vous qui nais-
Les fils et fille de l'égoïsme c sez il la connaissance avec la Peur et mourrez
amour-propre et peur c la Peur en croupe, sachez que votre existence spi-
c rituelle, morale, fluidique, mentale et charnelle
c est faussée d'un bout il l'autre par la Peur :..
On serait donc fondé il croire qu'il faut être fou
pour être égolate et que seule une inexplicable dé- C'est parce que les hommes ont peur de la pau-
mence conduit l'Homme à agir contre ses véritables vreté, de l'obscurité, du péché, de l'erreur, de l'in-
intérêts. ' justice, de la tyrannie, des injures, des coups, des
Comment donc est-on amené à urie attitude si op- bêtes, de l'opinion, du diable, de l'enfer, de la mort,
posée au bonheur de l'Homme et quelle puissance de l'au-delà, de l'inconnu, du surnaturel; de la, di-
inconnue porte celui-ci à jouer contre son jeu ? vinité, de la maladie, des accidents, de la faim, de
Deux mots suffisent à expliquer, en dehors du be- la soif, de la guerre, des révolutions, des événements,
soin immédiat de jouir, la naissance et la persistance des phénomènes de la nature, des sorts, du chagrin,
de l'égoïsme dans l'Homme. de la souffrance, de la solitude, etc., qu'ils sont égoïs-
Ce sont l'Amour.Propre et la Peur. tes, car ils s'imaginent de la sorte être mieux protc\-
Ces deux sentiments sont opposés et pourtant ils gés du péril. Alors qu'en réalité plus leur manteau
s'additionnent. Le cœur humain est partagé entre la d'égoïsme est tissé serré plus ils sont en butte il
crainte et l'orgueil. _ l'égoïsme des autres hommes, en vertu du principe
Dans La Clé (1), nous soulignions cette atmosphè- universel que les semblables s'attirent et que les con-
re de peur qui investit la race humaine, en dépit de traires se repoussent, comme il est facile de s'en
son arrogance et de sa fierté. rendre compte sur le terrain de l'Amour.
Si vous n'aviez pas peur de manquer, vous n'a-
c La peur est il la racine de tout ce qui est mal, masseriez pas de richesses ; si vous n'aviez pas
c de même que l'Amour est à la racine de tout ce peur d'être nu, vous n'auriez pas un excès .de
c qui est bien ••• vêtements. Chaque acte de votre individu est com-
c Votre peur s'accroit de la peur d'autrui et votre mandé et conditionné par une peur latente qui vous
c peur accroit la peur des autres ... fait redouter à la fois ou successivement la rouille,
c La Peur crée le mal, car le mal n'existe pas par le voleur, la tuile, l'épidémie, etc ..•
c lui-même. Le mal, représentation fausse de votre Que vous réussissiez il éliminer cette Peur, au
c esprit, n'est qu'une création arbitraire de la peur :..
(1) Librairie Alua. (1) Ni"'·- .• JIit,v Ro ~Cl.A~ t::.) Pai Or .
-24- -25-.
moins partiellement, et vous serez purgé d'une par- pas de construction durable. Les grands saints, les
tie de votre égoisme. L'homme qui n'a peur de rien grands héros, les grands artistes n'ont grandi que
- à supposer qu'il existe - est affranchi de tout ~ par la Foi. C'est leur .Foi qui a suscité les fondateurs
égoïsme, parce qu'il se trouve comblé comme il est. de religions, les inventeurs de génie, les rois de l'in-

1
Il vous faut donc lutter en premier contre la l, dustrie et du commerce, les chefs et les conducteurs.
1

Peur, installée en vous comme une maladie. Cher- Si vous amputez l'Homme de sa Foi, vous l'am-
cher il vous défaire des maladies ordinaires est inu- putez de ses initiatives, car l'initiative, base de toute
tile tant que vous ne serez pas débarrassé de la mère construction humaine, n'est fondée au commence-
de toutes les maladies, qui est la Peur (1). ment (inilium) que sur la Foi.

Comment se- débarrasser de la peur Où se procurer la Foi

Mais comment, objectez-vous, me délivrerai-je de


la Peur, puisque c'est le lot commun de tous les Où donc se procurer la Foi, si on ne l'a pas ? Et ,
hommes et que, sous une forme ou sous une autre, si on l'a en quantité insuffisante, comment la forti-
il n'est aucun d'entre eux qui ne lui paie tribut ? fier, l'étendre, l'enrichir ?
Plusieurs moyens s'offrent à vous dont nous avons, Il est hors de doute que certains hommes trou-
dans divers ouvrages, préconisé la puissance. Le vent la Foi dans leur berceau, comme un don des
principal est la Foi, qui est la confiance dans le célestes Fées. Ceux-là viennent au monde avec leur
Tout. Avoir la Foi c'est se confier dans ce qui est et dot. A quel miracle de grâce doivent-ils ce merveil-
dans ce qui sera. Avoir la Foi c'est s'adapter à tout leux élément, qui les fera riches toute leur vie' 't
d'avance. Avoir la Foi c'est être grand ouvert à tou- Peut-être l'apportent-ils d'autres existences, peut-
tes les compréhensions. Avoir la Foi c'est affirmer être viennent-ils au monde dans une atmosphère de
le Bien, même contre toute apparence et c'est nier le Foi. Boire le lait d'une mère pleine de Foi c'est
mal, contre toute apparence aussi. Ouvrons une pa- sucer la Foi aux mamelles de la Vie. Prendre le sein
renthèse qui nous semble indispensable pour ceux d'une mère désespérée, c'est boire l'eau du déses-
de nos lecteurs qui n'auràient pas lu nos autre,s li- poir.
vres ou qui, de formation positive et d'éducation ra- L'homme qui a congénitalement la Foi n'a donc
tionaliste, seraient peu enclins à adopter des moyens pas grand chose à faire pour entretenir la flamme
dont l'aspect semble religieux. Les religions ne sont d'énergie qui br1l1e en lui. _
pas les seules il utiliser la Foi. Celle-ci est à la base Il en est autrement de la plupart des hommes dont
de toutes les entreprises humaines et sert de moteur l'héritage moyen est fait de Joies et de peines et
aussi bien aux incroyants qu'aux croyants. Il n'y a que le scepticisme général envahit presqu'à leur
pas de réussite sans la Foi. Il n'y a pas d& victoire 't1 insu. L'étincelle de Foi qui est en eux - comme elle
sans la Foi. Sans la Foi, pas d'entreprise féconde, est toujours dans tous les hommes - ne tarde pas
à s'obscurcir dans les cendres du Doute et de la
Peur.
/

-26- -27-
Voilà pourquoi nous vous engageons premièrement Les hommes d'aujourd'hui doiv.ent s'en aller bar-
à écarter ces cendres éteintes et à ranimer l'étincel- dés de Foi. C'est une cuirasse inviolable. Et, plus
le qui, elle, ne peut pas mourir. elle est épaisse, plus elle est légère à porter.
On vous a peut-être dit que la Foi était une vertu
à l'usage des dévots et des bonnes femmes. N'en
Culture de la Foi croyez rien. Ce que nous vous conseillons ne res-
semble nullement à la Foi du charbonnier. Ces sortes
de FoLmineure sont de courte vertu comme de court
Si persuadé que vous soyez de l'impossibilité où métrage. Elles s'appliquent généralement à des objets
vous êtes de ressusciter votre Flamme, dites-vous'- mesquins, sans étendue ni relief.
et nous en parlons par expérience - qu'on peut tou- La Foi que nous vous souhaitons est une Foi in-
jours la transformer en brasier. telligente, qui peut fort bien cadrer avec le Jeu de
Il suffit d'y amasser le bois sec de l'Amour et de la raison. Autrement dit, vous avez à délibérer votre
souffler avec persévérance. Si froid et noir que soit Foi, à l'instituer en plein libre-arbitre, non pas dans
l'âtre de votre âme, il s'échauffera et s'illuminera le vague, ni pour avoir un siège dans le paradis de
un jour. St-Pierre, mais pour un objet grand et précis.
Peut-être connaissez-vous la nouvelle célèbre de La Foi doit être pour vous le véritable engrais de
Jack London: c Construire un feu :t, où l'on voit des la Vie. Quand la pensée a déposé sa semence, celle-ci
hommes de l'Arctique, chercher à faire jaillir la va nécessairl'ment germer. C'est alors qu'agira la
flamme dans le gel qui les circonscrit. Chaque mi- Foi, en proportion de ce que vous en mêlerez aux
nute perdue représente pour leurs membres engour- choses de la terre. Et· des plante~ vigoureuses s'élè-
dis une ligature nouvelle. Encore un peu et les doigts veront par-dessus les autres Jusqu'au ciel.
refuseront de faire leur office. Encore un peu et le
froid aura vaincu. Mais le danger rend industrieux.
L'Homme allumera à temps le foyer de vie et 'se Gymnastique de la Foi
soustraira à la mort.
Ce que la peur de mourir a provoqdé ne le pro-
voquerez-vous pas, vous aussi, par l'amour de vi- L'ex'ercice de la Foi doit être pour vous comme
vre ?
celui d'une gymnastique formelle. Sa pratique quo-
Si vous réussissez à allumer votre foyer invisi- tidienne vous fera des biceps moraux. Chaque pro-
ble toute votre existence resplendira comme un grès engendrera le progrès suivant et votre mus-
soleil.
culature spirituelle deviendra à ce point admirable
Au contact de la :Foi, le scepticisme fondra que vous pourrez, avec la certitude de la victoire,
tel un glaçon dans l'eau chaude. A la lueur de la vous mesurer avec les hommes et les événements.
Foi la Peur s'évanouira avec ses cauchemars. La discipline de la Foi n'est pénible - et encore
Les hommes d'autrefois s'en allaient bardés de - qu'au début lorsque les ligaments de votre âme
fer, pour affronter les événements et les hommes. n'y sont pas entrai nés et que la courbature sur-
Mais leurs cuirasses étaient pesantes et le dard vient vite.
savait en trouver le défaut.
Ayez au moins la constance de ceux qui abor-
-28- -29-
dent les exercices physiques et qui n'escomptent le, mais bien d'imagination. Et, comme l'avait si op-
pas un progrès dès le premier jour d'entrainement. portunément démontré Emile Coué, lorsque l'ima-
Cependant le dynamisme 'de la Foi est si grand gination est en connit avec la volonté, c'est tou-
qu'on obtient des résultats presque tout de suite. jours la première qui l'emporte, et cela d'autant
Ceux-ci paraissent même si invraisemblables qu'ils plus nettement que l'homme a davantage de volonté.
ont parfois l'allure de miracles et rien n'encoura- Cela tient à ce que la volonté est consciente
ge mieux les hésitants. alors que l'imagination est inconsciente. La volonté
Celui qui s'est engagé à fond dans les chemins c'est de l'intelligence; l'imagination c'est souvent
de la Foi et qui mise totalement sur celle-ci ne de l'instinct. Où notre instinct va-t-il puiser l'idée
tarde pas à devenir un maitre de la Vie. A son grand de peur sinon dans la nuit ancestrale et dans les
étonnement, à sa grande admiration, les concours tréfonds de l'hérédité ?
les plus inattendus se présentent et les obstacles Quand vous avez peur, vous ne traduisez pas seu-
s'ettacent spontanément. lement votre propre émoi, mais celui de mille gé-
Visez à devenir l'un de ces athlétes de la Foi dont nérations poursuivies, qui vous lèguent, à travers la
le pouvoir est grand sur les êtres et sur les choses, chair, les affres de leur matérialité. Et comment
sur les circonstances et sur les faits. en serait-il autrement quand, à partir des échelles
Quand la Foi nous emplit complètement il n'y inférieures de la Vie, tout un monde animal passe
a plus de place pour la Peur, qui dissocie le cou- son existence dans l'a~goisse, le ver craignant la
rage de tant d'hommes. La Foi est, en même temps, taupe, le lièvre craignant le renard, le fauve erai-
le remède et l'antidote de la Peur. gnant l'homme et l'homme redoutant le monde ma-
tériel ?
Car, ne le sentez vous pas? la Peur n'est rien
d'autre qu'un manque de Foi, de sorte que ceux qui C'est, par conséquent, en dehors de votre mental
prétendent avoir la Foi en concomitance avec la qu'il faut agir puisque votre mental est serf de vos
Peur s'égarent et s'abusent. C'est ainsi que ce soi- énergies inconscientes. Par conséquent, menez la
lutte dans les terres de l'inconscient. Cela vous est
disant c croyant. n'a pas de. Foi, qui cultive celle-
ci avec la peur de l'enfer. impossible directement car votre conscience émer-
L'homme de Foi n'a peur ni de Dieu, ni des gée n'a pas d'action immédiate sur votre conscience
hiérarchies invisibles. Sa Foi en eux est telle qu'il profonde. Mais vous avez la faculté d'agir par sim-
s'y abandonne en toute confiance et en plein Amour. ple auto-suggestion.
Et lorsque l'on a vaincu la Peur par la Foi on Certains esprits rationalistes ont raillé ces procé-
a déjà éliminé la moitié de l'Egoïsme. dés d'ordre spécial par quoi l'impuissance claire
s'adresse à la puissance cachée. Nous ne nous dis-
simulons pas qu'il s'agit là de pur empirisme et
que la logique cartésienne y perd ses droits. Mais
Impuissance claire et puissance cachée nous ne sommp.s pas ici pour faire de la casuisti-
que. Nous y sommes pour obtenir des résultats ex-
périmentaux. Or tous ceux qui ont pratiqué l'auto-
Il existe encore d'autres moyens de contrecar- suggestion et l'ont appliquée à la conduite de leur
rer la Peur, puis de la réduire, puis enfin de l'éli- vie savent quel admirable bénéfice ils ont pu en re-
miner. Ce n'est pas une question de volonté, croyez-

l
-30- -31-
tirer. Il vaut mieux triompher contre les lois de la telligent commencera par dégager la canalisation
raison qu'être défait suivant les règles de la logique. défectueuse et par aveugler la fuite. Après quoi les
Pour notre compte nous avons enregistré maintes ouvriers remettront la maison en ordre et le tra-
fois les bienfaits d'une suggestion consciente lln soi vail sera définitif.
et autour de soi.

L'intervention dans le spirituel


Vertu de l'affirmation et dans l'inconscient

Pour obtenir dans l'inconscient. il suffit d'affirmer L'intervention doit donc se faire, à la fois, dans
dans le conscient, ce qui est à la portée de tout le le spirituel et dans l'inconscient, là où se trouve le
monde. Les oraisons jaculatoires, les prières for- siège réel de la maladie et, dès lors, les réparations
melles seraient des affirmations puissantes si leur organiques auront une durable efficacité.
répétition machinale n'en détruisait pas l'effet. Au moment où nous écrivons ces lignes, nous som-
Car ce qu'il fàut, avant tout, c'est penser pro- mes le témoin d'une débAcle humorale chez un hom-
fondément son affirmation, puis l'imprimer par le me de notre voisinage, en qui tout est objéctif et
verbe dans la substance sans forme jusqu'à sa ma- matériel.
térialisation dans le domaine conscient. Cet homme, atteint d'une suppuration de la jam-
, Prenez l'exemple de la maladie organique, telle be, a essayé mille remèdes. Il a consulté les méde-
que nous l'avons décrite dans c Les Clés de la cins, subi des interventions, sans tarir son écoule-
Santé ~ (1). Il faut être malade ou médecin pour ment. Quand celui-ci s'arrête sur un point, il trou-
croire qu'une affection nait dans le corps par suite ve aussitôt une autre cheminée. Parfois, il semble
d'une déficience organique. Ce raisonnement sim- dormir, comme le chat qui joue avec la souris.
pliste prend l'effet pour la' cause et c'est l'expli- Puis une brusque griffe montre qu'il est 'là, patient,
cation de l'impuissance médicale. acharnée à gué- persévérant, inflexible. Après une rémission plus
rir seulement l'effet. Une telle méthode rappelle longue que les autres, le mal s'est frayé issue à la
celle du propriétaire d'un immeuble, inondé par base du crAne sous forme d'un volumineux anthrax.
une fuite d'eau des canalisations du sixième étage Les injections de pénicilline (cette dernière illusion
et qui s'obstine à faire reconstituer par le plAtrier des hommes) ont endigué l'éruption mais le chemi-
les plafonds endommagés, des étages inférieurs. nement obscur se fait par d'autres voies insidieuses.
Quand bien même des équipes d'ouvriers se suc- Aux dernières nouvelles, une congestion cérébrale
cèderaient, jour et nuit, pour pomper l'eau, refaire définitive s'est déclarée. Or il y a' corrélation aveu-
les escaliers, réparer les murs; reconstituer les boi- glante entre ceci et cela. Les médecins n'ont rien
series, il tombe sous le sens que la main-d'œuvre compris à cette affection déroutante. Mais rious, nous
s'usera à ce travail de Pénélope tant que l'eau con- savons parfaitement que le nom de cette maladie
tinuera à descendre des hauteurs. L'architecte in- est: la Peur.
1
Si vous voulez agir sur la maladie de la Peur, qui
(1) atnmJlr""l'\stfa. t-""I'(~
-.", \ .r est la plus gluante des maladies, c~mmencez avant

,/
,~1..
.~
-32- -33-
tout par un curetage spirituel. Débridez vos abcès
moraux, purgez-vous de VOl toxines égoistes, drai- l'endocrine, c couper» vos bras et vos jambes, com-
nez YOShumeurs inconscientes, retranchez les tu- primer votre pharynJl.
L'affirmation crée l'atmosphère. L'atmosphère
meurs de votre esprit. Alors seulement vous impose- nourrit l'imagination. L'imagination règle la vie in-
rez silence à l'instinct par des affirmations cons- consciente. Pour employer un mot actuel, failes de
cientes, telles que :
l'imagination dirigée et vous ne connaitrez plus la
JE SUIS PLEIN DE COURAGE. Peur.
MA SANTE EST EXCELLENTE.
MES ENTREPRISES PROSPERENT.
JE SUIS VHOMME DE TOUTES LES La peur est toujours la preuve d'un manque
VICTOIRES. de caractère
TOUT ME SERT.
TOUT M'AIDE.
TOUT M'AIME. Pour peu que vous réfléchissiez aux circonstan-
JE REUSSIS. ces de la Peur vous ne manquerez pas d'admettre
que celle-ci retentit directement sur le caractère.
J'Al LA FOI (1).
Que I?eut-on attendre, physiquement, mentalement,
moralement, spirituellement d'un homme qui a peur '1
Quelle stabilité, quel équilibre, quelle égalité d'hu-
Faire de l'imagination dirigée 1 meur peuvent être le lot de l'homme qui tend les
: épaules et attend, d'une minute à l'autre, le coup
qui doit l'accabler '1
Soyez persuadé que c'est il force de répéter ces Le résultat habituel de cette Peur, individuelle.
affirmations à haute voix et de les penser avec et grégaire, c'est que l'Homme d'aujourd'hui n'ose
force en vous-même que votre imagination agira plus rester en tête il tête avec lui-même de crainte
sur votre inconscient. Or l'inconscient est le grand d'y voir le spectre de sa Peur ".
peureux de votre personne intérieure. ·Nous l'avons Aussi recherche-t-il avidement tout ce qui lui
déjà comparé à un jeune cheval, dont la .force est permet de s'évader de s~i, d'échapper il sa propre
grande, mais que peut conduire un adolescent. pensée, de se plonger le plus possible dans l'anony-
Laissez-le sans bride et sanl mors et tout lui por- mat du monde extérieur. D'où son désir de fête,
tera ombrage. Il s'effraie d'une haie, d'une flaque de cinéma, de sport, de réunion, de foule, d'où son
sur la route, de son ombr~, de son propre bruit. besoin d'immerger et de fondre dans la chose col-
De même agit l'inconscient, cette puissance crèdule lective sa misérable et tremblante personnalité. D'où,
qui peut, à chaque panique, précipiter les batte- par suite, son horreur habituelle de l'isolement, de
ments de yotre cœur, ouvrir les compte-gouttes de la méditation, du silence, jusqu'au Jour où la ruine,
l'abandon, la souffrance l'obligent il se confronter
(1) Dans c Affirmez et vous obtiendrez. ~ .•• }, nous avec lui seul. S'il est mdr alors pour la compréhen-
avons groupé des modèles d'affirmations pratiques dans sion, s'il est perméable aux eaux célestes, il se réin-
un ordre progressif.
troduit en lui-même et y trouve enfin le Divin ..
3
-34-
Qu'on est bien et comme on est fort dans le voi-
sinage dun homme plein de courage 1
Qu'on est malheureux et comme on est faible
auprès d'un homme qui a peur 1
L'un galvanise tout ce qu'il y a de noble et de
grand en vous. L'autre soulève toutes les vases de CHAPITRE II
0'
la Vie. Celui-ci est un boulet pour les autres hommes.
Celui-là est un tremplin pour la société. f
1
C'est qu'en effet la Peur ne pose même plus la
question du bon ou du mauvais caractère. Pour L'Amour-propre
avoir ce dernier encore faut-il en avoir un.
En réalité la Peur fait le départ entre deux échan-
tillons humains fort opposés: l'homme qui a tou- Nous avons à maintes reprises souligné les dan-
jours peur n'a pa. de caractère; l'homme qui n'a gers de l'amour-propre, qui est, avec la Peur, l'un
jamais peur est un caractère et un grand. des facteurs de l'égoisme et que l'homme porte
comme un bandeau sur les yeux.
Tous, nous nous' abandonnons plus ou moins aUx
sollicitations de l'amour-propre et celui qui serait
totalement sans amour~propre serait véritablement Un
saint.
e Il n'y a peut-être pas d'attitude plus dangereuse"
e que celle de l'amour-propre.· Le sentiment exagéré
e de votre valeur est à l'origine de bien des ma-
e lentendus. Il ne faut pas confondre le respect de
e soi avec l'adoration de soi, ni conférer la même
e dignité à ses bons et à ses mauvais actes» (1).
On voit d'ici quel rÔle de premier plan joue
l'amour-propre dans le caractère. Il est la pierre de
touche des rapports avec les tien.

Un poison pernicieux du caractêre

c L'existence en commun serait d'une extrême


e simplicité si les humains n'y, mêlaient l'amour-
e l>ropre... Vous introduisez dans VOl relations ... un
(1) L'Ami des Heures Difficiles (JWitfell_ JU.Jbl ••,,).

t .1 . ,:) 1)" ( r''l\ P (Il 1 0 1-

~':."-~~""'j~:
j
-36- -8:1-.
e souci perpétuel de concurrence, de comparaison,
e de hiérarchie et tout votre comportement s'en C'est donc l'une des attitudes les plus opposées
e trouve faussé. (1). à la réforme du caractère, donc celle qu'il faut
vaincre et effacer en premier.
C'est, en effet, moins les dispositions du caractère, Dieu nous garde des 'personnes emportées mais
quant à soi, que les dispositions du caractère, quant bien plus des personnes susce}>tibles 1 Les réactions
aux autres hommes, qui doivent être changées pour des premières ne représentent qu'un feu de paille
aboutir à une réforme de quelque valeur. dont les résidus ne sont rien .. Celles des secondes
e Pour une satisfaction de vanité que l'amour- n'ont jamais de fin et leurs susceptibilités s'en-
e propre a cru vous procurer, vous avez enregistré gendrent les urres les autres, de telle manière que
e mille blessures silencieuses. L'homme qui a un l'être susceptible s'y trouve pris comme l'oiseau
e amour-propre exagéré est comme un écorché vif. dans le filet. Une fois dans la toile des suscepti- .
e Sa sensibilité est à fleur de peau et le moindre 1 bilités, on ne peut s'en dépêtrer, puisque. la suscep-
e choc lui esl pénible .. Aussi l'amour-propre est tibilité est sans cesse renaissante et que les grands
e toujours à la, hase de vos différends familiaux 1 susceptibles ont tous l'âme à fleur de peau.
e et professionnels. Combien de contacts et même Nous irons même plus loin dans cette décortication
e de heurts seraient demeurés inoffensifs s'il n'y de l'amour-propre. Celui-ci est à ce point aveugle
e avait pas eu,l'/lmour-propre 1 Celui-ci envenime 1 qu'il est souvent plus fort que l'égoisme et va contre
e la moindre plaie et. entretient sans cesse l'infec- ., la peur elle-même de l'individu. On a vu des hommes
etion. Considérez donc l'an"lOur-propre COIBm~un t
sacrifier leurs intérêts matériels et moraux, braver
e microbe dangereux et dont la contagion s'étend t le danger, la mort même, par simple amour-propre
c de proche en proche. Le mal, sans l'amour-propre. et dans le désir d'en imposer à autrui.
e ne serait que I;e qu'il est •. La première chose à faire désormais est donc
L'orgueil a certains côtés qui ne sont pas sans d'affaiblir l'amour-propre, de le 'décourager, -et,
s'il se peut, de l'anéantir.
noblesse. Il existe- un orgueil du bien et du beau
qui n'est pas absolument sans valeur. Sans doute e Sans doute,côntinue l'Ami des Heures difficiles,
il vaudrait mieux n'avoir pas d'orgueil du tout, mais e on ne se débarrasse pas de l'amour~propre du jour
l'Homme n'est jamais une créature parfaite et tout
ce qu'on lui demande est de se mettre en route vers
la perfection.

l
1 e au lendemain et tout le monde n'a pas la même
e qualité d'amour-propre. Mals n'importe qui peut,
e dès aujourd'hui, commencer 'à en débarrasser sa
e maison •.
e Aussitôt que vous êtes résolu à' mettre l'amour-
Hyperti:pphie de la susceptibilité e propre sous vos pieds, vous débutez par de menus
e sacrifices. Vous jugulez une petite colère. vous
L'nmour-propre, lui, n'est qu'une hypertrophie de e réprimez une impatience, vous supportez une
t,
ln sllsceptibilit~, une caricature de la sensibilité, e observation sans riposter. Les premiers temps.
parce qu'il est presque uniquement fait d'égoisme. e vous aurez l'impression d'avoir été mis en état
e d'infériorité par autrui, mais vous aurez aussi
(1) L'Ami des Heures Difficiles. 'tJId1 ••••. III L_~). e l'impression de ne plus être en 'état d'infériorité
e vis-à-vis de vous-même. :Persévérez seulement et
-38- -39-
e dites-vous que votre repli est délibéré. Agissant du monde, visible et invisible, se trouva changée du
,eainsi vous faites' preuve de force et non de fai- tout au tout. Réformant nos vues générales nous
e blesse. Et peu-à-peu, mettant la bride à votre réformâmes du même coup nos vues particulières.
c amour-propre, vous vous rendez compte qu'il de- Et cela se produisit tout naturellement, sans délibé-
e vient plus facile à votre antagoniste de brider son ration et à notre insu. Quand nous eftmes compris
c amour-propre à lui •. et mis en pratique la Loi d'Amour, notre Ame se mo-
difia et, bien que rien ne le décelât formellement
dans notre attitude extérieure, les âmes de notre
Un exemple convain~nt entourage se modifièrent aussi. Cela se fit sans mots
et sans gestes. Il n'y eut pas de plaidoiries, pas de
prêches, pas de démonstrations. Je commençai à
Il nous souvient personnellement d'avoir été jadis considérer la vieille parente avec amitié et celle-ci
en antagonisme avec une vieiIIe parente. Celle-ci commença à me considérer avec confiance. C'est
avait un·très mauvais caractère et le nôtre ne valait comme si la barrière d'amour-propre qui 'nous sépa-
pas mieux. Comme les. circonstances nous rappro- rait avait disparu sans laisser de traces, ou comme si
chaient assez souvent et nous contraignaient à vivre le masque dont nous nous couvrions était tombé. Nous
dans les mêmes conditions matérielles, nous ne per- fQ.mes, peu-A-peu, d'accord sur divers points, puis
dions pas une occasion de nous contredire et de nos sentiments s'adaptèrent. Nous constatâmes. que
nous affronter. Il suffisait que l'un s'exprimât d'une nous avions beaucoup d'opinions identiques et de
façon pour que l'autre émit une proposition adverse. points communs. Enfin vinrent l'estime et l'amitié
Nous étions en opposition constante d'opinion, de qui nous rapprochèrent db plus en plus l'un de
go~its, d'idées. Nos habitudes, nos personnes phy- l'autre. Le petit miracle social était réalisé.
siques elles-mêmes se heurtaient. Il en résultait une Nous n'avons rappelé ici ce souvenir que parce
intolérance et une incompréhension sans cesse ag- qu'il repose tout entier sur une aberration de
'gravées dont notre entourage lui-même subissait les l'amour-propre, mais la vérité nous oblige à dire que
contre-coups. On ne sait où nous en serions venus rien n'eftt été possible de 'cette singulière métamor-
de cette querelle permanente où les blessures s'ajou- phose sans l'intervention d'éléments d'ordre supé-
taient aux blessures et les dépits aux dépits. Mais rieur. Toutefois le temps n'est pas encore venu de
l'ère de notre heU spirituel survint et nos propres 1
t
parler des hautes interventions. Ce sera l'objet spé-
yeux s'ouvrirent, non sur ce cas particulier mais sur cial de notre dernière partie. Qu'il nous suffise pour
l'orientation de notre vie en- général. l'instant de montrer que tout est réalisable en ma-
tière de haine et d'Amour.

Le changement de c. décor • intérieur

1
Du Jour où notre conduite ne fut plus axée sur le
mental - lequel est impulssant à administrer sa-
gement le monde dit logique - notre conception
1

i
. \-~;."~
.. ~
:~;'~:f: 1
CHAPITRE III

L'Esprit de critique

Vous voici lixé sur les deux moteurs essentiels de


l'égolsme, celui-ci étant considéré comme le prin-
cipal obstacle à la réforme du caractère que voua
souhaitez.

ontNous
des allons voir que
coadjuteurs qui, la
bienPeur
que etdel'Amoùr-propte
second ordre,
n'en sont pas moins à éliminer ..

Les tendances A la critique

c Imparfaits
c passez
e autres •.
votre commel
temps vo~· êtes, dit
critiquer l
et la censurer
Clé (1) vouS
les
e Le Christ a dit cependant: e Ne Jugez point,
c afin que voua ne soyez pu Jugés. Ne condamnez
c point et vous ne serez pu condamnés. Car on
e vous mesurera avec la mesure dont vous VOUI serez
e servis ••.
c Ne dites pas: c Tout irait bien ai mon mari,
\ e ma femme, ma m6re, mes enfants, mon 'Voisbi,'
l e mon chef, mea subordonnés faisaient ceci ou
e cela .•.•.

(1) Op. cU.


-42- -43-
e Vous tentez vainement ainsi de rejeter votre e Le premier est fécondant, le second est sté-
e faute sur les épaules des autres ~. e rilisant ».
e Si ceux qui vous entourent ou avec lesquels vous e L'esprit de critique vous pousse à dissocier tout
e êtes en contact dans la vie ne sont pas tels que e ce qui est, à mal user de tout, à tout condamner,
e vous les souhaitez, vouS ne pouvez vous en pren- e à mal parler de tout, à tout déplorer, à tout mé-
e dre qu'à vous ~. e connaitre ~.
e La manière d'agir de votre entourage et, dans e Les plaintes, les récriminations, les médisances,
e une certaine mesure, celle de votre ville, de votre e le scepticisme, l'indignation, la colère sont les
e clan ou de votre peuple dépendent de la direc- e enfants de l'esprit de critique ou ses petits
e tion de vos pensées et de votre propre compor- e enfants ~.
e tement ~. e Tant que vous êtes empli de l'esprit de critique,
e Vous seul êtes responsable de l'attitude des e rien ni personne ne trouve grâce devant vous.
e autres envers vous. Et, si singulier que cela puisse e Les meilleures intentions, les plus belles vertus
e paraître, ce que vous appelez la méchanceté d'au- e sont suspectées. Vous ne reconnaissez aux indivi-
e trui n'est que l'écho de votre méchanceté persan- e dus que de bas mobiles, aux collectivités que de
e nelle ~.. e laides intentions. Les événements, les phénomènes
e La preuve en est qu'il vous suffit de changer vos e de l'Univers sont taxés par vous d'incohérence.
e pensées à l'égard de votre entourage et aussitôt e Il n'est jusqu'à la providence que vous n'accusiez
e les pensées de votre entourage à votre égard chan- e d'injustice, d'impuissance et d'incompréhension ».
e geront ~. e Or l'injustice est dans votre propre cœur, rim-
e puissance est dans votre propre esprit, l'incom-
e préhension est dans. votre propre pensée, car
Esprit critique et esprit de critique e l'habitude de tout critiquer est une preuve d'im~
e puissance et .d'incompréhension ~.
Mais c'est dans les Clés du Bonheur (1) que se
trouve analysé le plus exactement l'esprit de critique,
si malfaisant dans les rapports entre hommes : La' critique est une preuve d'impuissance
e Ne confondez pas l'esprit critique qui est bien-
e faisant avec l'esprit de critique qui est nocif ~.
e Un esprit critique èst celui qui compare les Les Français, plus qu'aucun autrepeuple,sont
e êtres, les choses, les faits, les sentiments, les idées portés à l'esprit de critique. C'est là ordinairement
c et se détermine, après examen, avec sagesse et la rançon d'une plus grande finesse de l'intelligence,
e modération ~. mais aussi d'une plus grande légèreté.
e Un esprit de critique est celui qui n'est satisfait Cela s'appelle raillerie, ironie, e blague~, e ros-
serie ». Beaucoup d'entre nous ont été élevés dans
c de rien, qui trouve tout répréhensible, injuste et
e mauvais, même en lui, même chez lui, mais prin- ,~
1
cette atmosphère de mulli-critique, alimentée par les
c cipalement chez les autres ». commérages, les journaux, le théâtre, les chanson-
J niers.
(1) E4itioar:AstH. Qui ne voit là une réaction de l'opinion, cristal-
-44-
Usée dans les manifestations stériles, où l'indigna-
tion remplace l'enthousiasme, où la protestation rem-
place l'acceptation 7
. On croit faire preuve ainsi d'indépendance et de
self-détermination, alors qu'on adhère seulement au •
plus navrant conformisme, car le propre de la cri-
tique est de démolir sans rien mettre à la place. CHAPITRE IV
Quel esprit élevé adopterait celle altitude d'im-
puissant 7
Cessez donc de critiquer habituellement les événe-
ments et les hommes. La critique est toujours
inefficace et cache le vide du cœur. La Malhonnêteté
Mais faites œuvre de construction en substituant
le bon au mauvais, par la pensée, par la parole et
par l'acte. Institutions, mœurs, opinions sont ce
qu'on les fait. Par contre ne cessez jamais de proposer au monde
des actes généreux, des paroles fécondes, d'harmo-
nieuses pensées. C'est la plus.Î,,-e manière de ruiner
les édifices du Mal.
C'est uniquement dans ce but que nous insisterons
sur l'Honnêteté, vertu négligée dans les temps mo-
dernes et qu'un homme de caractère doit substituer
à la malhonnêteté.
De tout temps il y eu des hommes sans probité
mais ceux-ci abondent dans les périodes troublées.
Celle que nous abordons est de nature universelle
et se caractérise par une grandissante improbité.

La guerre, école de malhonnêteté

Affection chronique de chaque époque, la malhon-


nêteté devient à la nôtre affection aiguë. Le princi-
pal responsable est la guerre, cette école supérieure
de malhonnêteté. Les désordres engendrés par l'état
de belligérance, le renversement de toutes les lois
morales et économiques, la lubstitution, sous le cou-
vert de patriotisme, de notions fausses aux concepts
-46- -41-
de vérité, la licence des idées et des mœurs, la «pIand vous exigez de la chose vendue ou louée un
faillite des techniciens, l'e1I'ondrement des systèmes rapport excessif.
acculent nécessairement les hommes et les foules A Vous êtes malhonnête comme locataire lorsque
l'état de malhonnêteté. vous occupez à un ou à trois un appartement pour
A l'heure où ces lignes sont écrites, et bien que sept ou huit personnes, que vous refusez de payer
l'univers soit encore plein d'honnêtes gens, J'hon- votre loyer ou profitez de taux exagérément bas.
nêteté est en régression dans le monde : improbité Vous êtes malhonnête en temps que fonctionnaire,
de l'individu et des collectivités, glorification du quand vous perdez votre temps, quand vous acceptez
système D, c'est-A-dire de l'Egoïsme, adoration du une commission, quand vous êtes discourtois, quand
muffle, culte de la friponnerie, admiration pour la vous appliquez moins l'esprit que la lettre.
canaille habile ou pour le clan oppresseur. Vous êtes malhonnête 'en temps que public quand
vous récriminez sans raison, quand vous êtes de
mauvaise foi, quand vous prenez le tour de votre
voisin.
Pourquoi l'on est malhonnête
Vous êtes malhonnête en tant que contribuable,
quand vous fraudez,quand vous faites des déclara-
Cette mort de l'honnêteté caractérise de plus en tions inexactes, quand vous vous acquittez tardive-
ment .
. plus les temps modernes. Et toutes les catégories
sociales en ont la responsabilité. Vous êtes malhOnnête en tant que patron, quand
Vous êtés malhonnête èn tant que particulier vous vous montrez avide, orgueilleux, brutal, incom-
quand vous mentez, quand vous êtes hypocrite, préhensif, retardataire.
quand vous calomniez, quand vous prenez la part Vous êtes malhonnête en temps qu'ouvrier ou eoi-
des autres, quand vous ne tenez pas vos promesses, ployé, quand vous Jouez contre votre usine QUvotre
quan~ vous abjurez votre foi. Plus simplement quand entreprise par p~relle, par sabotage ou par défi.
vous passez outre à une interdiction, quand vous Vous êtes malhonnête en tant que Journaliste,
piétinez les règlements, quand vous brisez du verre quand vous publiez des nouvelles fausses, ou ten-
sur la route. dancieuses ou immorale ••
Vous êtes malhonnête en tant que producteur ou Vous êtes malhonnête en temps qu'écrivain ou
intermédiaire quand vous manquez d'activité ou de artiste quand vous prostituez votre instrument ou
courtoisie, quand vous prélevez de trop gros béné- votre plume et ne tendez qu'au profit.
fices, quand vous réalisez une fortune en trop peu
de temps.
Vous êtes malhonnête en tant qu'acheteur quand Mais ce n'est pas tout
vous faites un marché trop avantageux, quand vous
dépréciez les bonnes marchandises.
Vous êtes malhonnête en tant que propriétaire, Vous êtes malhonnête aUlli en tant que prêtre
quand vous ne faites pas de justes réparation. ou d'une religion quand vous faites le contraire de ce
-48 - -49-
que YOUSdites, quand vous servez le jeu des puis- e Il est malheureusement vrai que, dans le mon-
sances de guerre et méconnaissez les puissances e de entier, les déclarations officielles des gouver-
d'Amour. e nements sont devenues de plus en plus suspectes
VOIISêtes malhonnête en tant que chef d'un parti, e aux citoyens réfléchis. Le terme de propa-
en créant la division, en préparant la guerre civile. e gande ... a perdu maintenant tout crédit. Jadis
VOIISêtes malhonnête en tant que dirigeant 'ou e il signifiait la diffusion de la vérité. Aujourd'hui
actionnaire d'un trust, parce que vous faites une e ce terme est communément censé désigner l'er-
politique d'accaparement et que vous faussez les e reur déguisée en vérité pour servir des intérêts
lois naturelles au profit de quelques-uns. e nationaux ou ceux d'un. parti. Presque partout,
VOIISêtes malhonnête en tant que chef d'armée e des renseignements d'un' intérêt vital pour les
e peuples sont tenus secrets ou sont dénaturés :
parce que votre état vous condamne au plus grand
crime contre l'Homme, qui est de tuer l'Homme e c'est là une pratique courante de la politique
e moderne ... Quand le peuple perd confiance dans
lui-mème ou d'obliger l'homme à tuer. e la probité de ses gouvernants, la sécurité inté-
Vous êtes mal~onnête enfin en tant que philoso- e rieure et nationale est en danger ... ».
phe d'une école, par ce que vos sophismes accrois-
sent le désarroi du monde, son incertitude, son Et ce jugement sévère n'exclut personne, pas
désespoir. même le gouvernement de Sa Majesté.
Ainsi la malhonnêteté est partout et sa contagion
est redoutable, car l'exemple est de plus en plus Pour remonter le courant
funeste, à mesure qu'il vient de plus haut.

Rien n'est donc plus urgent que de remonter le


Malhonnêteté de la politique courant d'improbité qui 'semble. emporter le monde.
Aussi, comme nous l'~vons dit A plusi~mres re-
Comment l'homme de la rue résisterait-il à prises à propos d'autres attitudes, notamment dans
l'exemple qui lui vient de l'Etat, soutenu et escorté L'Invisible et Moi (1), faites, dès maintenant, votre
par le gouvernement, les Chambres, les institutions, départ personnel. Et, surtout, n'attendez pas les au':
les Académies ? tres. Commencez tout de suite, dès maintenant, votre
Si la Justice était de ce monde, chaque fois qu'un propre évolution.
individu est appelé devant les tribunaux A répondre Nous y insistons une fois encore: la révolution
d'une indignité ou d'une faute l'Etat devrait être intérieure est plus méritoire que la révolution exté-
poursuivi pour crime d'excitation et de complicité. rieure. Celle-ci ne s'obtient qu'en contraignant les
Et qu'on ne dise pas que ce mal est seulement autres; celle-lA ne s'effectue qu'en se contraignant
d'un pays. Il ronge toutes les nations du monde. soi-même, ce qui est beaucoup plus fécond.
C'est dans la sage, la correcte, la disciplinée An- Formez, ail besoin à vous seul, le parti des hon-
gleterre que l'épiscopat catholique déclarait publi-
quement le 29 avril 1946 : (ï')"'iï!-rAirill Allt•••.•.E Plh'J r;'
-50- -51-
nates gens, vous d'un côté. la société dé l'autre. Vous La collectivité peut-elle redevenir honnête? Oui,
verrez quelle force cette idée vous donnera et com- si une forte proportion des individus qui la com-
J»ien votre rÔle vous paraîtra supérieur. l posent est honnête. C'est donc à une réforme de
Mais ceci dit, et uniquement pour vous permettre l'individn que l'on vous convie, et d'abord, à une
de prendre la mesure de vos forces, vous ne tarderez réforme de votre propre individu.
pas à constater qu'il existe un très grand nombre
d'hommes disposés à faire la même conversion que
vous. Et cela non seulement parce que vous don- Réhabilitation de la loyauté
nerez l'exemple, mais aussi parce que la probité,
fille de la Justice, est ancrée congénitalement dans
le cœur humain. Le devoir le plus pressant ...des honnêtes gens,
N'avez-vous pas observé, même dans les bas-fonds lorsqu'ils ont pris notion d'eux-mêmes, est de saisir
sociaux, ce besoin inné d'une équité distributive, qui partout les leviers de commande qui sont au pou-
incite les pires malfaiteurs à user, entre eux. de voir des aigrefins.
procédés dits c réguliers. '1 C'est le plus bel hom- Ceux-ci sont persuadés qu'ils doivent à leur im-
mage rendu à la vertu dans un monde attaché au probité et à leur mauvaise foi les succès qu'ils
'Vice, mais où les purs, les droits, les désintéressés obtiennent dans le domaine des choses matérielles.
sont ~euxqui font le moins de bruit. ' Et, par contre, les honnêtes gens sont convaincus
que leur infériorité sur le terrain des réalités obJec-
tives est dtle à leur bonne foi.
Avant de réformer les autreBt réformez-voUs Dissipons ce mirage qui repose en entier sur d'in-
vous-même eonsistants sophismes. La sincérité est la plus hab~le
diplomatie, celle qui permet de triompher en tous
lieux. S'il s'y joint le désintéressement on peut poser
Si l'on procédait au recensement des honnêtes en règle absolue que le détenteur de ces deux vertus
est le maître des événements:
gens, on serait stupéfait de leur multitude et l'on
se demanderait comment une telle majorité subit la Quelle merveilleuse escrime que celle de la
loi d'une telle minorité. loyauté 1 Combien simple et efficace 1
Cela tient en partie à ce que, dans un untvers Etes-vous entouré d'intrigues, ci'.lrtifices ? Op-
industrialisé, sophistiqué" la probité prend l'allure posez-leur le bouclier de la loyauté. On dirait une
d'une maladie honteuse, qu'on n'avoue plus tout arme de diamant contre quoi s'émoussent toutes les
haut et qui n'ose même plus dire son nom. ruses et se dissipent les obscurités.
C'est contre cette défaillance de l'esprit public Il nous est Jadis arrivé, quand DOUS ne compre-
qu'il faut vous dresser. On doit avoir le courage de nions pas encore les grandes lois de la Vie, d'essayer
son honnêteté comme, on a le courage de son habi- de nous battre, sur le terrain de la logique, avec des
leté. Rendons à l'honnêteté sa considération pre- adversaires dangereux. Nous étions faible démesu-
mière en l'élevant, comme une oriflamme, au-dessus rément et l'homme d'en face nous touchait à son
du tumulte des passions. ' gré, dans un endroit ou dans l'autre, parce que nous

~~.. ,t
.•. '
-52 - -53-.
cherchions à le battre sur le terrain de sa malhon- Dites-vous bien que des quantités de gens n'at
nêteté. tendent que votre exemple pour axer leur gréga-
Or ce n'est nullement à cette stratégie que l'hon- risme dans la même direction que vous.
nêteté doit avoir recours. Il est de toute importance Partout autour de vous se. trouvent des probités,
qu'elle transporte la lutte sur son terrain a elle et ouvertes ou latentes, qui n'attendent qu'un geste,
c'est là précisément que son adversaire commence qu'un signe, pour déserter le camp de la malhonnê-
à perdre pied. teté.
Combien avons-nous vu de ces spadassins de l'im- Si vous êtes persévérant dans vos agissements et
probité qu'un assaut direct de la loyauté trouvait vos propos vous ne tarderez pas à démontrer aux
interdits et sans défense, comme il arrive dit-on, hommes de votre milieu que l'honnêteté est c ren- •
.du droitier d'escrime qui, pour la première fois table », c'est-à-dire qu'elle c paie », même matériel-
de sa vie, sc trouve en présence d'un gaucher ? lement, et qu'elle est productrice de dividende et
Il n'est rien de tel pour clarifier un débat, vider de loyer.
un abcès, purger une situation, assainir une atmos-
phère que d'y introduire, sans passion et avec calme, La loyauté est la colonne vertébrale du caractère
le fer rouge de la sincérité. Mensonge et perfidie s'y
trouvent cautérisés, Le contact est parfois brutal et
douloureux mais les lendemains sont salubres. En Les vertus humaines ont une hiérarchie. Leùr en-
. vérité c'est une étonnante chirurgie aseptique que semble forme un assemblage qui représente l'être
moral bien construit.
l'usage de la loyauté.
Il est donc de toute importance quel votre indi-
vidualité supérieure ait un bon squelette. Dans ce-
Contagion de la probité lui-ci la colonne vertébrale sera la loyauté. Loyauté
envers vous-même, loyauté envers les autres hommes,
loyauté envers les animaux et les choses, loyauté
C'est paree que trop de gens confondent probité envers les Forces cachées qui sollicitent· votre col-
avec naÏvetÙ que beaucoup dissimulent leur mérite. laboration ..
Nous en sommes venus à ce stade que les moins Il n'existe pas de grand caractère sans loyauté. Le
intelligents des hommes honnêtes ont la vergogne manque de loyauté dénonc~ toujours un petit carac-
d'être loyaux. tère. L'homme déloyal est comme une maison con:"
Bien loin de vous cacher d'être probes, il faut, taminée où la maladie sans cesse renaîtra.
non le crier sur les toits, comme font tous les mal- Si "otre caractère n'est pas absolument droit, re-
honnêtes, mllis le prouver, à chaque instant, par tous mettez-le sans cesse dans les c formes» de la
les actes de votre vie. Et cette admirable propagande loyauté et le redressement s'opérera par simple pra-
aura des fruits immédiats. tique des pensée loyales.
Rien n'est plus contagieux qu'une probité intel- La loyauté est une eau lustrale qui vous purifie en
entier.
ligente, c'est-il-dire pleine de mesure et qui s'exerce-
ra au bon endroit.
-54- -55-,
Interdisez-vous tout mensonge et le non est non. L'honnêteté des disciplines de
George Fox et de William Penn est si nette et à ce
Cela seul doit vous interdire tout usage du men- point reconnue que nul n'hésite jamais à faire fond
sur leur probité.
'Songe, même pour des fins c pieuses., même dans
un but c humanitaire., parce que le contact de Admirable situation, attitude privilégiée, qui
certains outils suffit à salir les mains. mettent ainsi l'homme moderne au niveau des pre-
L'être propre ne doit pas l'être à demi, ni aux miers chrétiens 1
trois quarts, mais totalement, de la tête aux pieds, Politique sans défaut, stratégie incomparable qui,
, du mental à l'âme, dans ses pensées, dans ses pa-
roles, dans ses actes, dans ses gestes, dans ses déci-
sions.
parce qu'elles ne sont justement ni stratégie ni po-
litique, obtiennent les résultats les plus féconds 1 •
Sans doute les Quakers primitifs ont été persécu-
Nous avons connu des femmes dévouées, dont tés, tellement la vérité porte ombrage dans une so-
certaines revêtues d'habits religieux, par ailleurs ciété mensongère, mais quelle moisson par la suite
imbues de l'esprit de devoir et de sacrifice, qui men- et quelle abondance de fruits heureux 1
taient sans cesse à propos de menues circonstances La colonisation américaine de William Penn
de la vie commune, par. crainte de la règle, par désir (l'homme qui n'avait qu'une parole) fut l'un des plus
de ménager les malades, pour ne pas éveiller d'om- grands bienfaits collectifs. Aujourd'hui encore les
brages, pour écarter les obstacles et, ce qui est plus commerçants ou ind.ustriels quakers occupent les
forl que tout le reste, afin de tout simplifier. Or pré- situations les plus prospères parce que leur sincé-
cisément rien n'est simplifié et tout est compliqué
par le mensonge. Celui qui ment habituellement, rité draine automatiquement la sincérité d'autrui. 1

même dans les meilleures intentions du monde, s'en- Chaque nature de pensées attire à soi les pensées
toure d'un réseau de fils innombrables et compliqués. de nature correspondante. L'homme de mensonge
La peur de voir un mensonge découvert entrai ne à attire à lui le mensonge; l'homme de vérité attire
à lui la vérité •.
d'autres mensonges et, d'inexactitude en inexacti-
tude, de contre vérité en contre vérité, l'esprit glisse Tout, dans la vie, est accord, syntonisation, ré-
au maquis mental des mauvaises attitudes où il est sonance. Tout s'attire ou se repousse selon d'im-
rapidement enlisé. muables lois. Le mal obéit aux mêmes sollicitations
Dans quelque état que vous soyez et quelque pro- que le bien. Comme lui,il s'allie, s'additionne, se
., , fession que vous exerciez, demeurez homme de ca- multiplie ..
ractère, c'est-A-dire droit, direct, salubre, sans ombre, Dans un jardin il y a de bonnes et de mattvaises
sans pièges et sans replis. herbes. Il dépend du jardinier de cultiver celles-ci
ou celles-là. De même vous êtes libre de plantel'dea
framboisiers, des groseilliers, des cass'ssiers ou des
Que votre oui soit oui ronces, des orties et. des épines. Mais alors ne soyez
et que votre non soit non pas surpris si, d'un arbuste à l'autre, les fruits sOnt
différents .
t
.!

·f
Soyez comme les Quakers, secte religieuse aft'ran-
chie de dogmes et de hiérarchie, dont le oui est oui
-67-
Jamais on n'eut davantage besoin d'affinper la
Essayez les gymnastiques de vérité primauté du spirituel sur le matériel.
Dire: Je suis honnlte est une réaction, une ré-
Il est clair que le plus vertueux des hommes voIte, une insurrection.
n'atteint pas à la perfection. S'il était parfait, il ne Dire: Je· suis honnlte est un consentement, une
serait plus homme. approbation, une adhésion.
On ne saurait donc prétendre à la possession Dire: Je sais honlllte ·est ·un encouragement, une
complête de la Vérité. sollicitation, une prière. }
Mais si l'on ne peut' être absolument loyal du pre- . Dire: Je sds honnlte est une libération, un ferma
mier coup, rien n'empêche, dès à présent, de s'ef- propos, une décision.
forcer de l'être. L'essentiel est, d'abord, d'en avorr
l'intention.
A partir de l'heure où vous avez résolu d'être
loyal, la loyauté s'infiltre en vous et irrigue toute
votre âme. Et si sincère que vous ayez été dans la
partie précédente de votre vie, vous vous trouvez
heureux et ù l'aise dans volre nouvelIe attitude
comme un mineur de fond d:105 du linge frais.
Jouissez du bonheur d'être lavé, purifié des noir-
ceUl's ambiantes. Et attendez seulement un peu.
roules les blnncheurs du monde viendront à von".

J'affirme l'honnêteté

Le titre de ce paragraphe est d'abord une affir-


mation.
Ceux de nos lecteurs qui ont suivit les enseigne-
ments découlant de La Clé y reconnaitront la mise
en application d'une des lois profondes de la pensée.
Tout doit être affirmé dans l'esprit avant de l'être
dans le mental. Tout doit être affirmé dans le mental
avant de l'être dans la matière. La pensée engendre •
la parole et la parole engendre les faits. }
Jamais il n'a été si urgent d'affirmer l'honnêteté
dans un monde malhonnête.
CHAPITRE V

La Colère

Nous ne parlons pas ici de 1a haine, qui est vile et


corruptrice et ronge celui qui la porte en lui.
L'homme de haine est nécessairement un être bas,
plongé dans les lour:des eaux de la matiè're et qui
n'arrive pas à en sortir.
Tant que le haineux ne se sera point séché au
grand soleil de l'Amour et, telle ~énlx, ne se sera
pas brdlé dans sa fiamme, aucune réforme de carac-
tère ne sera possible, car la Haine est une scoliose de
l'esprit. Concevoir la haine .el la conserver, rdt-ce
contre le pire ennemi, est une infirmité véritable,
plus gênante et plus durable qu'une paralysie ou
qu'une gibbosité.
Sans la grande chirurgie de l'Amour, qui ampute
l'Homme de sa haine, aucune vie spirituelle n'est
pOlSlble et la vie matérielle est elle-même empoison-
née à Jamais.
Aussi ne nous arrêteronl-nous pas l
maladie chronique, mals nous borneronl-nous
cette lente
l
l'affection algu15 de la colère dont les accès sont,
" passagers.
Alors que la haine suppose une absence de cœur
et une déviation constante du caractère, la colère
peut cohabiter avec la rectitude et un cœur aimant.
-60- -61-
Malheureusement sa flambée est si soudaine que et votre cerveau intact. Une fois lancé sur la pente,
le coléreux sc trouve jeté hors de ses gardes avant vous êtes la proie du torrent qui vous entraine.
mème parfois d'avoir e réalisé:) l'invasion. Sans doute sa force est alors irrésistible mais vous
étiez libre de ne pas vous y plonger.
Dès ce moment ce n'est plus vous qui délibérez.
L'accès de fureur est une épilepsie mentale Une autre entité agit pour vous, se servant de vous,
et une forme de la possession cavalier de mort sur cheval aveugle, vous jetant
dans la bataille où vous ne sentez même plus "Ies
coups.
Il existe deux sorles d'irascibilité. L'une se com- Où est le libre arbitre dont vous étiez fier ,.
plait dans sa faute et même en tire de l'orgueil. Qu'est devenue votre volonté orgueilleuse , VouS'
L'autre en garde repentir après coup et même vous retrouvez dégrisé ,au milieu de ruines fumantes
épmuve du remords pendant l'acte. La première est et contemplez le mal que vous avez fait.
plus difficile à guérir que la seconde parce qu'il y
a alliance avec le mal.
On a tout dit des méfaits causés par la colère non Tactique à employer contre la colère
seulement dans l'organisme d'autrui mais dans son
propre corps à soi. Le raz-de-marée de la colère ne
tient plus compte des limites. Il submerge aveuglé- Reprenons, à propos de la colère, l'Ami de. Heure •.
ment ce qui est autour de lui. Physiquement, il Difficiles :
détruit les cellules par millions; spirituellement, il e Gardez-vous donc de la colère comme vous vous
brouille toutes les ondes. L'homme en colère, mt-il e gardez d'une fièVre maligne. Quand elle est une
une des plus hautes consciences du monde, est, du- e fois déclenchée nul ne sait où elle s'arrêtera. (:on-
rant l'accès, privé de raison. e sidérez la colère comme un explosif dangereux
Provisoirement il n'est plus lui, mais un instru- e que le moindre choc réveille. Montez sans cesse
ment des forces aveugles, un mécanisme avili, un e la garde contre la colère de peur qu'elle ne boule-
jouet méprisé .. e verse votre foyer. Peut-être n'avez-vous pas cet
L'ébranlement moral de la colère est tel qu'il vide e ennemi à demeure en vous et vous êtes, dans ce
la substance nerveuse, ébranle toutes les fibres men- ' e cas, privilégié parmi les hommes, mais peut-être
tales et laisse l'homme exsangue et appauvri. e aussi lui payez-vous tribut de temps à autre sans
A quoi sert-il d'économiser toute l'année vos e pouvoir vous soustraire à sa domination :t.
forces physiques et morales, de reconstituer vos e Ne secouez pas le Joug violemment. Ce serait
énergies intérieures, de capitaliser vos possibilités e tomber d'un écueil dans l'autre. Ne vous attaquez
si, Ii propos d'un rien parfois, vous gaspillez d'un e pas aux grands accès de colère qui submergent
coup vos réserves les meilleures et jetez follement e votre raison. Mais attachez-vous, chaque jour, à
par la fenêtre des biens durement acquis' e réprimer vos colères vénielles. Mo~érez vos im-
Ce n'est pas au moment de l'accès qu'il faut ré- e patiences à mesure qu'elles naissent, Faites
fléchir, c'est avant, quand l'ivresse n'a pas gagné e d'abord la police des plus minuscules fureurs.
votre âme, lorsque votre vision est encore lucide
e Celui qui veut devenir athlète ne manie pas d'em-
-62- -63-
e blée des poids de vingt kilos, mais des haltères C'est une pente, comme nous l'avons dit, mai.
e d'une livre. Peu il peu ses muscles s'entrainent, qui, heureusement, est reversible. Dans ce jeu de
e sa résistance s'affermit. Mais ce n'est là qu'un pro- bascule, qui est celui du caractère, nous avons la
e cédé mental, impuissant à lui seul il dissiper la faculté d'orienter le tremplin dans le sens que nous.
e colère. Combattre la colère, c'est encore la recon- voulons. De sorte que, si nous le voulons, nous pou-
e naître et lui faire une place dans votre esprit. vons faire la pente en direction de l'Amour. Qui.
e POlir que la colère n'ait pas de quoi se loger, ins- aime veut aimer davantage. Et nul apprentissage
e taliez l'Arnoul' il sa place. Là où est l'Amour il ne n'est plus doux que celui de la douceur.
e reste rien pour la colère et vous échappez à votre
e ennemi. Ayez chaque jour des pensées d'Amour,
e des accès d'Amour, comme vous aviez chaque jour Chaque vice et chaque vertu crée
c des accès de colère. De la sorte vous amasserez son atmosphère
, c l'Amour d'autrui et non la colère d'autrui autour
c"de vous. Il est tout aussi aisé de prendre l'habi-
e tude de l'Amour que l'habitude de la colère •. Chaque vice, chaque vertu crée son atmosphère
spéciale et la déplace avec elle ou avec lui.
La pente Le colèrique se 'promène dans un nuage d'électri~
cités contraires, qui aimante négativement tout ce.
qu'il approche et troQble même les inoffensifs.
Lutter contre les autres est facile et il la portée du L'envieux fait naitre sous ses pas les jalousies, le.
premier venu. menteur les fourberies, l'avare .les cupidités, le mé-
Lutter contre soi n'est donné qu'aux meilleurs, à chant les haines, le concupiscent les convoitises, 10
ceux que n'effraie point la victoire sur soi-même. paresseux les inerties, etc .•.
La bataille contre autrui est spectaculaire et sa- Tout défaut attire contre lui des défaut semblables"
tisfait de violents instincts. en opposition avec lui. Toute qualité attire vers elle.
La bataille contre soi est secrète, sans profits ma- des qualités correspondantes, en sympathie avec
elles.
tériels évidents. Elle est livrée contre l'orgueil et
l'instinct et au seul bénéfice des aspirations spi- , L'anxieux communique son angoisse. L'être serein,
rituelles. communique sa paix.
La violence est la marque des faibles; la non- Chaque affection a ses germes qu~ ne demandent
violence est la marque des forts. qu'à se disséminer et à reprendre vie. Il dépend donc
Qui travaille veut travailler; qui paresse veut pa- de vous d'ensemencer votre. vie, celle des autres;
resser. Qui se met en colère, a, de plus en plus, envie hommes, celle du monde, en violence ou en bonté~
de se mettre en colère et chaque abdication de vo-
lonté engendrant d'autres abdications, la volonté
finit par être mise de côté et l'on vit dans un perpé-
tuel état de colère, qui ne laisse place ni à la bonté.
ni il l'enthousiasme, ni il la justice, ni à la clair-
voyance, ni même à la raison.
CHAPITREVI

L'Envie et la Jalousie

Quel est celui d'entre nous qui n'a jamais éprouvé


un sentiment d'envie ou de jalousie, c'est-A-diren'a
pas considéré avec hostilité et convoitise ce qui lui
paraissait constituer le lot du prochain ? .
Tout homme, pourrait-on dire aussi, a dans le
cœur un envieux quI' sommeille. L'important est de.
ne pas réveiller aelui-ci.
On est jaloux de la réussite d'autrui, des biens
qu'il a, des dons qu'il possède.'On envie sa glob:e,
sa beauté, sa santé, sa fortune, son succès, etc. Les
meilleurs ne lui veulent pas' de mal, mais si la mal-
chance fond sur lui, ils ne cachent pas un certain
sourire. En un mot, ce qu'ils croient être le bonheur
des autres obscurément les agace et ce/ qu'ils croient
être son malheur sourdement les réjouit.
Les' envieux oublient seulement .qu'ils jalouaent
une apparence car, le plus souvent, l'homme envié
n'a que l'apparence du bonheur. Et si la Providence
avait la petitesse d'esprit des envieux, elle infligerait
A ceux-ci la r~aliM de ceux qu'ils envient. Or celle-
ci est parfois une des pires faces 'du malheur.
De plus les envieux ne sont jaloux que des choses
matérielles ou de ce qui sert A en jouir. On ne voit
guère envier le sacrifice, la vertu, A moins que ce
ne soit sous les dehors de l'hérolsme, auquel cas on
n'envie pas sacrifice et vertu pour eux-même mais
,.


if

11
'.-

F',
.
-66-
-67-
bien pour la gloire et la notoriété qu'on en peut
tirer. C'est, en effet, par comparaison surtout que
s'exercent la jalousie et l'envie. Vous n'êtes pas ou
Un cancer moral vous êtes peu envieux du bonheur des Chinois ou des
Australiens. Vous n'êtes pas ou peu jaloux de la for-
tune des milliardaires américains ou de la beauté
Si votre envie est passagère ou fugitive et ré- d'une star d'Hollywood. Mais vous êtes terriblement
.primée dès sa naissance, vous avez peu il. craindre envieux du sort de votre parent, de votre ami, de
d'elle et vous trouverez les éléments de victoire dans votre concurrent, de votre adversaire. Tout cela par-
votre cœur. ce que vous avez fait de votre petit milieu le centre
Si votre envie est coutumière et durable, nous de l'Univers. Vos rancunes, vos déceptions, vos hu-
vous plaignons car le démon de la jalousie est bien miliations, vos concupiscences se sont groupées, cen-
installé au fond de vous. Dès lors, ce démon ne vous trées autour d'un quelconque noyau social. Dans
laissera pas un instant de tranquillité. Ses sugges- votre étroitesse d'esprit vous rapportez tout il. ce
tions acides tomberont sur vous goutte il. goutte, milieu et il. ce noyau, comme s'il était seul au monde
brOlant et corrodant les facultés nobles de votre et comme s'il n'existait pas sur terre d'identiques et·
esprit. innombrables compartiments de la société.
Plus vous lui donnerez d'aliments, plus il se for- Votre amour-propre n'est hérissé qu'en fonction
tifiera. Plus il sera fort, plus il vous tourmentera. de deux ou trois cents personnes, dont vous dédai-
Plus vous serez tourmenté et moins vous aurez de gnez le j1lgement individuel et dont vous adorez le
résistance, plus vous céderez il. la tentation. jugement collectif.
Cercle vicieux, cercle infernal où se trouve entraî- Que vous veniez il. quitter votre commune, votre
née l'envie. D'aveuglement en aveuglement, elle court quartier, votre région et aussitôt votre hérissement
il. sa perdition. changera d'enveloppe. En peu de temps vous serez
L'envie est un cancer moral, un dévergondage des sensible au jugement de personnalités dont hier vous
cellules spirituelles, une prolifération des sentiments ignoriez l'existence; en peu de temps vous devien-
maladifs. Il n'existe pas de médecins ni de chirur- drez insensible à l'opinion de gens perdus de vuè
giens professionnels pour vous amputer de l'envie. et dont vous oublierez même le nom.
C'est en vous seul qu'est le remède et il est grand
temps de l'employer. Pourtant ni les uns ni les autres n'auront changé
par rapport à eux. Ils auront changé par rapport à
vous et cela prouve à quel point la source du bien
Cristallisation de la jalousie et du mal est en vous-même et que vous seul pouvez,
il. volonté, l'accroître ou la tarir.

Tant que vous aurez l'amour des faux biens, c'est-


à-dire des biens matériels et des honneurs de la La cure de désintéressement
forme, vous serez incapable de vous débarrasser de
l'envie, parce que celle-ci a toujouts pour base
l'esprit de concurrence et de rivalité. Bien entendu, nous n'essaierons même pas de vous
amender si vous chérissez votre infirmité et n'avez
/
-68- -69- ..

nul désir de vous en déCaire. Par contre, si vous


êtes résolu à changer de caractère, nous vous y En étant désintéressé, VOU8 faites le mellleur
aiderons et voici le maître-mot. placement du monde
L'eall chaude du désintéressement fail fondre les
cristaux de l'envie.
Seulcment, voilà: êtes-vous capable de désintéres- - Comment, direz-vous, puis-je être désintéressé '1
sement '1 Est-ce en me privant, en épargnant '1 Est-ce en Je-
Le désintéressement, tel que nous l'entendons, ne tant l'argent par les fenètres ?
consiste pas à abandonner votre situation,. ni ce que Ce n'est ni l'un ni l'autre. Etre désintéressé, c'est
vous possédez, ni les avantages que vous ,ont con- réaliser son détachement morl\l.
scntis la Nature et les hommes. Nous ne vous de- Chercher à atteindre les hommes ou les choses,
mandons pas de déserter vos occupations, ni vos non pour soi mais pour eux et pour elles, cela est du
croyances, ni votre milieu. désintéressement.
Il VallS suffira seulement de tout quitter en esprit, Considérer les hommes ou les choses atteints
de n'envisager vos biens ou va,' facultés que comme non comme son fief ou sa propriété person~elle,
un prêt, d'abdiquer dans l'intérêt commun vos vues mais comme un objet de compréhension ou
trop particulieres, de vous considérer, en un mot, d'alliance, cela est du désintéressement.
comme lin gestionnaire de l'intérêt universel. Jouir des hommes et des choses non despotique- .
Ricn nc S'lra modifié apparemment dans votre si- ment ni pour des fins égoistes mais comme d'élé-
tuation et pourtant vous aurez donné le coup de ments nobles, sur un pied d'égalité réciproque, cela
balai véritable. Vous aurez réalisé cette indispen- est du désintéressement •.
sable révolution intime que tout homme sera inévi- Celui qui, étant disposé à réformer son caractère,
tablcment amené à Caire sous peine d'arrêter son se sent incapable d'être désintéressé n'a pas compris
évolution. le désintéressement ni son sens véritable. De même
La grande erreur moderne, en effet, consiste à qu'il y a une Jouissance inférieure à être intéressé,
tenir compte exclusivement du problème extérieur de même il y a une jouissance supérieure à être dé-
de l'Homme alors que celui-ci n'a à résoudre, en fait, sintéressé. Mais on ne peut le savoir qu'en prati-
que son problème intérieur. quant le désintéressement sous toutes ses formes.
En réalité, dans la vie, tout est subordonné au Et alors il se produit ce miracle, que toutes les in-
prcmier, alors que tout devrait être subordonné au fluences tendant à ruiner les calculs et la tactique
de l'homme intéressé s'emploient à servir les _buts
second. La plupart des hommes épargnent et tra- et la stratégie de l'homme désintéressé. De sorte '-
vaillent pour un placement positif, à la fois illusoire qu'en un temps très court le désintéressement bien
et transitoire, puisque la mort positive y mettra le compris devient, même matériellement, le meilleur
point finn!. Peu d'entrc eux misent uniquement sur placement du monde.
le placement subjectif, seul réel et valable, puisque
la mort positive nc l'atteint pns. Ce n'est pas là une affirmation gratuite et ce que
nous disons nous sommes en mesure de le prouver.
Nous avons souvent fait l'expérience du désintéres-
-70- -71-
:sement et l'avons trouvée concluante. Nous ne pen- Toute l'œuvre énorme qui a suivi et son fécond
.sons pouvoir en donner de meilleur exemple que labour sont le fruit direct de La Clé et d'une année
.celui de notre ouvrage La Clé. de sacrifices.
Le désintéressement a été l'engrais magnifique
d'où naquirent d'inappréciables moissons.
Un défi commercial Nous avons donc raison d'affirmer que le désin-
téressement ne reçoit pas seulement un salaire spi-
rituel mais encore une rémunération positive et nous
Nos lecteurs savent que nous avons signé et édité pourrions citer bien d'autres cas, non moins curieux
cette œuvre, en collaboration, dans le but le plus et suggestifs.
désintéressé du monde. Pour écrire et lancer La Clé,
nous avons abandonné, durant près d'un an, tous nos
travaux, toutes nos collaborations. Nous n'avons éco- Ne soyez jaloux que d'égaler les meilleurs
nomisé ni notre temps (dont nous étions riche) ni
notre argent (dont nous étions pauvre). Nous nous
sommes donnés, nous et notre entourage, à cette N'enviez donc jamais. Ne jalousez jamais. Substi-
œuvre, sans spéculation objective et dans un objet tuez une vertu à deux vices. Transformez les ardeurs
spirituel. Le livre écrit, imprimé, distribué, l'im- négatives de votre âme en un affirmatif élan d'ému-
primeur payé, nous en avons cédé gratuitement les lation. ,
droits d'administration, de vente et de diffusion à Soyez jaloux d'égaler les meUleurs, les plus hauts,
notre collaboratrice, en totalité, sans contre-partie les plus admirables.
et, depuis (soit qùinze ans au moment où ces lignes Ayez la noble envie d'être un héros ou un saint.
sont écrites) nO'JS n'avons pas cessé d'aider, par la Mais, en attendant d'arriver aux plus grands som-
plume et la parole, à la diffusion de ce livre dont mets, abordez les premières pentes de la montagne.
la vente ne nou, procure et ne nous a jamais procuré Gardez-vous des neiges et des précipices. Encordez-
le moindre profit matériel. vous à une équipe généreuse ayant autant de résolu-
Nous avons, délibérément, poussé si loin le désin- tion que vous. ,
téressement que nous n'avons, jusqu'à' maintenant,' A mesure que vous monterez, les petits détails
voulu toucher aucun droit d'auteur, bien que les disparaîtront dans les plaines, le paysage vous pa-
Editions du Prieuré soient passées en d'autres mains raîtra plus grandiose et l'air deviendra plus pur.
et que la vente de La Clé soit devenue très rémuné-'
ratrice.
Or, quel a été le résultat pratique d'une opération
en apparence désastreuse et qui constitue un défi à
tout esprit commercial '1 ,
Le voici: à partir de 1936, nous 'écrivimes de
nouveaux livres. Et le succès comme le nQmbre de "

ceux-ci s'avéra considérable et nous valut une au-


"

dience d'ordre étendu.


CHAPITRE VII


La Paresse

En réalité, il ,o'y a pas de paresseux. Du moins le


paresseux complet, total, idéal est un mythe. Ceux
qu'on taxe de paresse intégrale sont des hommes
qui n'ont pas trouvé le centre de leur intérêt vital~'
Car il ne s'agit pas d'autre chose que de découvrir
le sel de la Vie.

L'intérêt pour les êtres et les choses


est le sel de la vie

Les uns en ont le godt aux lèvres dès leur oai~


sance et oe le perdent même pas au momeot.de la
mort. Leur intérêt rebondit en présence des événe-
,
:i
ments et tous les intéresse dans la Vie dont ils sont
les maUres et les seigneurs. Le seul danger pour eux
est de n'exprimer le suc que des fruits matériels de
1
l'existence et de ne pas extraire le suc des éléments
"
spirituels. Leur joie alors n'est pa. complête en
raison de ce qu'elle est précaire et que l'abolition
des sens physiques ne leur permettrait plus de la
ressentir. Aussi le trai bonheur est réservé aux intel-
j ligents qui butinent le miel des choses cachées et
ne bornent point leur jouissance au monde de la
forme, toujours prêt à s'évanouir.
-74- -75-
D'autres découvrent par eux-mêmes ou par en- c'est que vous. ne l'avez pas assez cherché. En pareil
lIeignement les mérites de la Vie et dressent leur cas, plus que jamais, la recherche est encore plus
intérêt à se mettre en quête de ses richesses et de importante que la découverte. Et l'on a vu des
:ses biens. hommes qui, n'ayant jamais rencontré l'objet idéal
de leur recherche, ont pourtant réalisé une vie de
joie que pour l'avoir cherché.
Chercher la châtaigne sous les piquants Ne vous abondonnez donc point, à quelque Age que
• vous soyez parvenu. Secouez-vous et ne soyez pas
comme ce mendiant d'Arabie qui mourait d'inani-
D'autres enfin n'y parviennent jamais et ne sont tion avec un trésor à portée de sa main. Ouvrez
jamais intéressés par la Vie. C'est parce qu'ils re- grands les yeux que vous teniez jusqu'à présent '
gardent la Vie avec de mauvaises lunettes et n'ont en fermés, tendez vos oreilles qui jusqu'ici restaient
elle aucune foi. closes. Promenez vos mains sur le monde qui vous
C'est pour ceux-là plus spécialement que ces lignes entoure. Trouvez l'amande et même le trésor. "

'Sont écrites. Ils n'ont vu ou ne voient que l'écorce de Au premier résultat naîtra la curiosité, au secoQd 'Ir
la châtaigne et s'y meurtrissent les doigts. Il existe
cependant un trésor caché sous les piquants et le
véritable amateur de marrons trouve que le jeu en
, l'intérêt, au troisième l'attrait. Puis la passion sur-
viendra, la merveilleuse passion de la Vie, consi-
dérée par le dehors et le. dedans.
!

vaut la peine et dédaigne une gêne méprisable en


comparaison de l'amande qui est au bout. )Uen \

mieux: quand il tient celle-ci, il la proclame reine Il faut être votre propre jardinier
des délices. La seule cuisson du fruit qui dort sous
la cendre, l'odeur friande qu'il dégage le font sa-
liver de bonheur. Cet homme mérite d'être heureux Que restera-t-il dans ces conditions de votre soi-
par toutes les châtaignes de la Vie, en opposition à disant Paresse ? Dissoute, volatilisée; celle-ci ne
eelui qui craint les fruits véreux, l'attente et même résiste pas à 'l'intérêt.
l'indigestion. Mais il vous appartient de diriger l'intérêt, de
Cherchez donc votre intérêt, non dans le sens l'orienter avec soin, de lui ménager de nouvelles
de manifestation égoïste mais de curiosité et d'attrait découvertes, de ne pas l'enclore dans les mêmes
i1Ue la Vie éveille en v.ous. horizons.
Toute plante demande à être cultivée sous peine
de rester une herbe sauvage. Cultivez votre intérêt
Le bazar opulent de la vie comme une plante de plein air. Il vous rendra cent
pour un et vous n'aurez pas à regretter vos soins ni
vos peines. Mais songez que ce que vous faites ne
Nul bazar n'est mieux approvi;ionné que le bazar peut être fait par aucun autre. Vous devez être votre
de la Vie. Vous y pouvez faire un choix à cent propre jardinier.
étages et dans mille rayons. Soyez assuré que si vous Quand vous aurez compris toute la beauté, le bon-
n'avez pas encore trouvé le sens de votre intérêt heur et l'efficacité qu'on peut tirer de la Vie, vous

.•.
-76-
vous demanderez comment vous avez pu attendre si
longtemps pour vous en aviser. Il n'est pourtant ja-
mais trop tard, car la Vie ménage à chaque âge ses
découvertes, qui ne sont pas les mêmes pour l'ado-
lescent, pour l'adulte et pour le vieillard.
Celui qui a saisi le sens profond de la Vie, adulte CHAPITRE VIII
ne regrette pas son adolescence, vieillard ne re-
grette pas sa maturité. Il sait que tout vient exacte-
mcnt en son temps sous sa forme la plus parfaite
et que la moisson idéale n'cst pas fonction d'elle-
même mais du moissonneur.
Les Mauvaises Habitudes
Vous vous croyiez paresseux et vous ne l'étiez
point. Vous vous croyiez désabusé parce que vous
n'aviez pas usé de la Vie. Quelqu'un a dit des petits devoirs : c Comme ils
En réalité, vous faisiez inconsciemment de l'inté- sont grands 1 ~ On en pourrait dire autant des vices
rêt, comme M. Jourdain faisait de la prose, c'est-à- mineurs, des défectuosités vénielles. Ceux-ci pren-
dire sans le savoir. nent l'aIJure d'habitudes et nous imposent leurs
liens. '
Il faut peut-être une plus grande somme de vo-
lonté pour se défaire' des menues tendances de tous
les jours que des grands vices du caractère, parce
que les premières sont le nombre, la fréquènce et
la répétition.' -
Souvenez-vous de Gulliver, le héros de Swift, en-
dormi sur la, terre lilliputienne. Ce qui le réduisit
à l'impuissance fut moins le câble passé ,autour de
sa taille que la fixation de chaqûe cheveu de sa che-
velure à un piquet. Retenu par cent mille liens té-
nus; le géant resta prisonnier de minuscules adver-
saires qu'il eOt, sans cela, balayés d'un revers Ile
main. ,
Telle est la puissance et la ténacité des mauvaises
habitudes.
Vous ne serez jamais Un homme de caractère si
vous ne réussissez pas à vous débarrasser des plus
nuisibles d'entre elles, au moins dès leur début.
Nous ne prétendons pas qu'il· faille vous libérer
d'un coup. Ce serait aller contre le but en vous mon-
trant la réforme comme une tâche impossible.
-78- -79-
Gulliver lui-même ne fut dégagé que cheveu par quement à la même passion que- l'idiot du village ou
cheveu. l'ivrogne du coin. Nous en savons qui rougiraient
Certaines de nos fixations ont l'épaisseur d'un fil, d'arborer les mêmes opinions, les mêmes robes, lell
d'autres l'épaisseur d'un cordage. Peut-être même mêmes bijoux que leur ferblantier ou leur concier .•
certaines de vos habitudes pourraient-elles amarrer ge et qui alWirent platement la même pipe ou la.
un paquebot. ~ même cigarette qu'eux.
Voyons donc, de vous à nous, comment affran- Encore les gens d'humble condition ont-ils l'ex-.
chir votre caractère et le tirer de l'esclavage où le cuse de n'avoir point tant de distractions à leur·
confinent vos sens. portée, tandis que les gens dits c de bonne société ».
n'ont que le choix des leurs.

Le tabac
L'incroyable puérilité du geste de fumer
Notre dessein n'est pas d'aller sur les brisées des
hygiénistes et auteurs spéciaux qui ont démontré Nous vous demandons d'observer en toute impar .•.
./ tialité le geste de l'homme qui fume et de vous re~
la nocivité du tabac quant aux fonctions physiques
et mentales. présenter cette combustion d'un peu d'herbe sèche.
Il s'agit de bien plus que cela. L'acte de fumer est dans un cylindre de .papier. Croyez-vous, de sang-
toujours le signe d'une carence du caractère. Et ê'est froid, qu'on puisse être témoin d'une telle opération
sa généralisation à notre époque qui en rend plus sans être pris pour l'opérateur d'une pitié ironique"
redoutables les effets. Et ce sont les hommes réputés les plus savants, les.
Presque tout le monde fume aujourd'hui; sans con- plus artistes, les plus graves, les mieux pourvus d'au~
sidération d'âge ni de sexe, d'état social ni de lieu. torité ou d'influence qui se livrent à ce passe-temps •.
Accru par la guerre et les bouleversements,· mais Pourquoi '1 Parce que tout le monde le fait et qu'il
faut faire comme tout le monde ..
bien plus encore par une réglementation génératrice
de concupiscences, l'usage du tabac a envahi toutes Vous pouvez donc poser en principe, 'comme nOUlt
les couches de la civilisation. Certains fument même le disions plus haut, que tout· fumeur a une faille
en mangeant, même au lit. L'homme moderne est du caractère. Même s'il s'appelle Churchill ou .Her~.
ainsi enchaîné par une des plus tyranniques habi- riot, il est part~ellement à la remorque de son ins .•.
tudes, qui mobilise son tact, sa vue, son goOt, son tinct. Ce n'est jamais parmi des fumeurs qu'il faut;
chercher les véritables conducteurs d'hommes. L'es~
odorat. A chaque heure, à chaque instant, il lui faut
manipule~ ' 1 l_.mv&, allumer, consumer l'ins- clave d'une si petite habitude est fait pour demeu~
trument de sa servitude. Et celle-ci n'est pas un vice rer dans le rang. Et peut-être ne faut-il pas cher~.
réservé à une seule catégorie, mais le plus trivial des cher plus loin les piètres résultats qu'obtiennent de.
tels c chefs ) confrontés avec les réalités de la Vie.
vices puisqu'il est le propre de tous. Jam~is l'esprit
de grégarité n'a plié les hommes à un plus strict qui, elle, n'a nul besoin de papier, d'allumettes el
de tabac.
conformisme. Des gens qui, par ailleurs, se croient
originaux, spirituels, distingués s'adonnent frénéti-
-80 - -81-
te pour vous défaire d'un de vos tyrans. Dites:
Tout fumeur est un homme diminué c J'ai la volonté de me réformer. Et la preuve, c'est
que je tords le cou aux mauvaises habitudes :.. Celle
du tabac est une des plus dangereuses. Commencez
Vous ne serez jamais un homme de grand carac- par celle-là.
tère si vous n'avez assez d'empire sur vous-même Si vous avez seulement le courage de cesser de fu-
pour vous interdire tout geste inutile ou asservis- mer un seul jour, vous aurez plus de courage pour
sant. cesser de fumer durant une semaine. Si vous avez
L'acte de manger des aliments vils ou dangereux, le courage de vous abstenir de fumer durant une se-
dont nous allons parler tout à l'heure, est bien moins maine, on ne voit pas ce qui vous obligerait à fumer
répréhensihle et dénote une absence moins dange- de nouveau un jour.
reuse de volonté. Manger est une nécessité vitale de Au bout d'un mois ou deux d'abstention, vous
notre organisme physique et, comme l'homme est vous apercevrez, pour peu que vous y prêtiez atten-
omnivore, il peut se tromper dans le choix de ses tion, que bien des anomalies physiques ou mentales
aliments. Tandis que l'usage du tabac est une habi- ont disparu. Vos vibrations subtiles ne seront plus
tude fictive de l'âge moderne. Sur les six mille ans contrariées. Votre pharynx ne sera plus en état d'in-
de l'ère adamique, quatre mille cinq cents se sont flammation chronique, les aphtes deviendront un
1
écoulés sans que l'homme paie tribut à ce faux be- 1 mythe, la digestion s'améliorera, les fonctions in-
soin. Cela n'a pas empêché nos prédécesseurs des .1 testinales aussi. La spontanéité intellectuelle repa-
époques anciennes de compter de grands conduc- raîtra, la mémoire redeviendra plus fidèle. Un état
'teurs et de grands maîtres. général d'euphorie se manifestera dans le corps et
Tout démontre, au contraire, que les hommes de dans l'esprit.
ce temps-ci n'ont plus le contrôle d'eux-mêmes. Ta- Ne vous occupez 'pas de votre entourage, de ses
bac, coktaiIs, infusions excitantes, drogue, parfums 1 tentations ou de ses critiques. Ne craignez aurtout"
synthétiques font des générations d'énervés. paa le ridicule ; celui-ci eat en face de voua. Et per-
Que peut attendre l'humanité d'une foule de gens sonne ne s'y abuse, au surplus. Le camarade ou le
à l'flme inquiète et au corps intoxiqué ? collègue qui tenterait de vous railler sait très bien
La Femme elle-même, cette survoltée, est gagnée qu'il est lui-même un homme sans courage. Croyez
par l'épidémie morale de ses compagnons mascu- bien, même si sa bouche le contredit, que, dans le
lins. Accroissant sa nervosité par des incitations fond de son cœur, il admire et envie votre force de
d'artifice, l'Ile prépare, pour la fin de l'âge, une ins- volonté.
table postérité. Ne vous cachez pas, loin de là 1 Arborez vos dé-
cisions comme une bannière. Prêchez d'exemple.
Ne craignez surtout pas le ridicule en vous
l
f
Ayez de l'audace. N'y aurait-il de propagandistes
que pour le mauvais ?
abstenant ; le ridicule est en face D'ailleurs votre corps et votre Ameplaideront pour
J vous, plus haut que vos raisonnements logiques, car
Voici pour vous une occasion d'exercer votre do-
j
vous aurez recouvré le magnétisme que précédem-
mination sur vous-même. Profitez de l'heure présen-
l ment vous aviez perdu.
-82- -83-
L'abstinence de fumer n'est pas seulement géné- est génératrice d'ondes nocives qui influencent vos
ratrice d'un mieux-être de la chair et du cerveau.
propres radiations.
Elle libère aussi vos radiations endormies, fait de Nous avons écrit dans les e Clé. de la SanU :. :
vous un foyer d'influences et un centre d'attraction.
e .•.Le péril moral est encore plus évident et plus
• pernicieux que l'autre. On connalt la plaisanterie
L'alimentation défectueuse e classique de l'amateur de volaille, qui dit en par-
c lant de la poule: e Je la transforme en chair de
e chrétien ). Or la réalité diffère beaucoup de cette
Bien loin de préconiser une abstinence complète e affirmation. Loin que l'ingestion de la chair des
de viande si vous êtes carnivore, nous ne vous in- e bêtes par l'homme élève celles-ci dans l'échelle
citerons qu'à en modérer l'usage et le choix pour e des êtres, c'est le sang des bêtes ingérées qui ra-
commencer. e mène l'homme sur un plan bestial.
Nous pensons toutefois qu'un végétarisme intégral e Toute l'animalité qui entre en vous exaspère
est p'référable au carnivorisme. c votre animalité propre et le magnétisme de cette
Sans doute la viande, pour des raisons que nous c influence est assez puissant pour diminuer la fré-
n'avons pas à reprendre ici, mais que vous trouverez c quence de vos vibrations.
exposées chez de nombreux auteurs, est mal suppor- c En mangeant les animaux tués (principalement
tée par la plupart des organismes. Elle crée une ex- c à la maison), vous vous assimilez une part de leur
citation artificielle (comme l'alcoolisme) et le corps c bestialité au détriment de votre réserve animi-
humain élimine incomplètement ses déchets. Par 1 e que .. ",
e Et que dire de la consommation des animaux
• .ailleurs, toute chair tuée est, de ce fait, automatique-
ment du cadavre et les aliments morts ne valent rien 4 c domestiques, surtout quand .on les a soi-même éle-
pour les êtres vivants. 1 c vés 1 Souvent ceux-ci vous ont 'donné leur amitié-
r.
e et participent à votre atmosphère fluidique. En les
e sacrifiant, puis en les mangeant, on s'ampute d'u-
Amorcez l'abstinence camée '\ e ne partie de soi ) ..
j Nous vous conseillons donc de proscrire en pre-
mier de votre alimentation les viandes rouges et sai-
Mais là n'est· pas le motif le plus sérieux d'une alts- pantes, à cause de leur apparence de sacrifice. et
tinence carnée, en ce qui touche le caractère tout d'immolation. Par la suite, et il mesure que votre vo-
au moins. La manière de vous alimenter influe, en lonté sera plus consciente. et vigoureuse, vous pour-
effet, beaucoup sur votre état d'A~e, par sa qualité, rez supprimer la chair des bêtes tuées par égorge-
sa quantité et son opportun·ité. ment. Enfin parvenu au stade supérieur, vous re-
Les parties hautes de vous-même qui président à noncerez il toutes les viandes de mammifères, vous
votre tenue morale sont extrêmement sensibles aux bornant, comme nous le faisio~ encore au début
effluves, aux radiations. Or la chair des animaux, noua-même, il l'usage accidentel du poisson. Le de-
généralement assassinés dans des conditions de bar- gré de nocivité des radiations animales est fonction
barie et de souffrance que l'habitude vous masque, du degré de conscience des organisines tués.
- 84- -85-
Vous pouvez faire modérément usage - et ici jouissance que vous avez formé avant que sa cara-
nous sommes en contradiction avec les végétariens pace ne soit tellement dure qu'il vous faudrait beau-
purs - d'œufs et de lait frais, produits animaux, coup plus de force encore pour l'entamer.
mais vivants. Vous en comprendrez la raison à la Mais, précisément, l'ingestion habituelle d'alcool,
faveur des considérations précédentes. même à petites doses, vous ampute insidieusement
Si vous êtes en mesure de réaliser les réforines
d'une part grandissante de votre volonté. Vous tour-
alimentaires que nous venons de dire, vouS"ferez nez ainsi vainement dans ce dilemme alcoolique sans.
preuve d'une véritable force de caractère et la ré- le moindre espoir d'en sortir •.
forme de vous-même sera en bonnes mains.
Il n'en est pas de même du vin pris de manière
intermittente, à condition qu'il s'agisse de produits
Usage des boissons alcooliques finis et naturels. Ce qui distingue, en effet, le vin de
l'alcool, c'est que le premier ne doit ses qualités
Une distinction doit être faite entre le vin et l'al- qu'au seul travail de la Nature. L'action des ferments
s'ajoute à des mois d'ensoleillement. L'alcool, par
cool. Celui-ci est nettement à proscrire. Son action contre, est le fruit d'une intervention artificielle de
sur les centres nerveux est connue et il désorganise l'homme qui concentre l'énergie fruitale par le jeu
vos véhicules supérieurs. de l'alambic.
Son emploi ne peut être qu'accidentel, sous forme Si vous buvez du vin, que ce soit rarement, tou-
de médicument (grog ou révulsif par exemple) dans jours en petite quantité et en le savourant par me-
des cas très limités. Encore le même résultat peut nues lampées pour en extraire les éthers. Ne faites
êtI·c obtenu d'une manière moins dangereuse. usage que de vin vieux et amorti dont la sagesse
En ce qui conçerne votre objectif immédiat, qui est définitive. Gardez-vous des crus dits c corsés ~,
est la réforme du caractère, il est bien évident que fuyez les c mousseux ~, les champagnes, ces carI.-
l'usage habituel,même modéré, de l'alcool, est une catures du vin 1
servitude morale dont vous êtes grevé. Soyez le maître du vin, et n'en soyez ·pas l'esclave.
La preuve, c'est la difficulté où vous vous trouvez Ayez, à tout moment, la possibilité d'y renoncer.
de vous défaire de ce penchant ou de cette habitude.
Si vous conservez celle-ci, en prétendant qu'elle est
la seule, par exemple, vous lui donnez une force Les excitants
ï
spéciale de nature à vous mieux enchainer.
Vous ne pouvez vous réformer valablement que Dans le même ordre d'idéeS, nous déconseillons
si vous êtes libre de le faire. Or comment auriez- les divers excitants, thé, café, maté, etc., qui tous,
vous les mains libres quand vous êtes enchainé '1 à des degrés divers, influent sur le caractère et l'ir-
ritent ordinairement.
Brisez les complexes d'excitation Un auteur évoquait récemment dans ses écrits la
et de jouissance mère énervée de son enfance qui, recevant beaucoup
de monde et prenant une quinzaine de tasses de thé
par soirée, distribuait généreusement autour d'elle
Brisez aussitôt le complexe d'excitation et de les horions. '
-86- -87-
Même réduite à une tasse par jour, la consomma- vivants aussi peu transformés que possible par la
tion habituelle des excitants n'est pas souhaitable. cuisson ou la science culinaire, simples, naturels
car elle aboutit à entretenir un état d'instabilité. Et et en posse96ion de toutes leurs virtualités. Refusez
comme vous n'avez pas trop de votre équilibre in- énergiquement de vous encombrer de ~xines. Votre
tégral pour mater votre caractère, nous vous lais- âme et votre corps s'en trouveront bien.
sons juge des obstacles que théisme, caféisme, etc.,
accumuleront sous vos pas.
Nous ne parlons pas, il va de soi, des stupéfiants Atmosphère et climat
dont le rôle est précisément de vous priver de ca-
ractère en abolissant la conscience et le sens des L'alimentation n'est pas tout, dans cette hygiène
responsabilités. physio-animique. Vos occupations, vos loisirs, vo-
Bien plus qu'un mal physiologique, l'intoxic~tion tre atmosphère joueront un grand rôle et c'est à
par la drogue suppose une maladie du caractère. vous d'harmoniser vos décors.
Ceci relève de la chirurgie morale et d'une rééduca- Il ne vous est pas toujours laissé la faculté de
tion totale de la volonté.
changer vos occupations, si c,elles-ci ne sont pas
accommodées à votre rythme, bien qu'à la vérité
Les aliments artificiels noUs pensions que nul n'est rivé à une tâche rebu-
tante que s'il le veut. Chacun a la faculté de choisir.
et de se libérer, même' si les apparences sont con-
traires. La soi-disant impossibilité de changer' de
Les conserves ne vous réussissent pas mieux que situation n'est bien souvent qu'un manque de foi
les excitants, si elles entrent dans votre alimenta- dans la vie et la peur de s'engager, dans l'inconnu.
tion coutumière. Nous estimons précisément que la recherche d'u~
Ne perdez pas de vue qu'elles reposent sur un pro- ne situation est un élément de premier ordre pour
cédé d'anti-décomposition. Or le processus de pu- la réforme du caractère, puisqu'il permet à celui-ci
tréfaction est très subtil et s'amorce par des voies de prendre sa mesure et de s'affirmer.
infiniment ténues. Vous n'êtes donc jamais so.r de Etes-vous capable de vous adapter à uri nouvel
ne pas tomber sur un comprimé de poisons. En met- emploi, à de nouvelles occupations, à une nouvelle
tant les choses au mieux, les conserves ne rçprésen- profession '1 Alors vous êtes capable de faire ou de
tent qu'une valeur morte où tout ce qui peut aider refaire votre caractère. Pour les mêmes raisons, re-
la Vie a disparu. ' dressez votre caractère et vous serez apte à décou-
Ayez la même horreur des charcuteries et pro- vrir de nouvelles situations.
duits en boite, d'autant plus nocifs qu'ils sont plus
habilement présentés. Proscrivez sans merci les
c plats tout Caits :t, les desserts artifiCiels et toutes Confort, votre ennemi
inventions de la chimie alimentaire, par quoi vos
sécrétions endocriniennes sont adultérées et le mou-
vement humoral contrarié. Méfiez-vous d'un confod exc~ssif, même si vous
Ne consommez, par conséquent, que des aliments appartenez à une classe modeste. II
est cent maniè-

" .
-88- -89-
res de ménager inconsidérément sa volonté et son
corps. Ceux-ci sont faits pour lutter, pour être mis Le rôle immense des lectures
à l'épreuve.
Habituez-les à se battre victorieusement contre le Vos lectures jouent un grand rôle également dans
froid, la chaleur, la faim et la soif.
l'orientation de votre caractère. A elles seules, elles
Endurcissez-vous à la peine, à la fatigue. Affrontez sont révélatrices de ce que vous êtes et de ce que
de même d'une âme ferme la souffrance morale et la vous serez.
douleur du corps. Aimez-vous exagérément les intrigues romanes-
Ne négligez aucune occasion de vous fortifier, en ques, les romans poli~iers, les fictions d'aventures'
acceptant tous les combats, toutes les luttes. Alors vous serez un sentimental indécis, un logicien
Fuyez les occasions d'affaiblissement que repré- cul-de-jatte et un voyageur assis.
sente la recherche constante de vos aises et vos Etes-vous spécialement sollicité par les œuvres
commodités. réalistes, brutales et inquiétantes '1 Alors vous atti-
Ne prenez pas l'ascenseur, la voiture, le métro ou rerez les influences pernicieuses et vous serez en
le car pour faire le chemin, si votre horaire le per- proie aux pires radiations.
met et si vos jambes peuvent le faire. Tout effort est Il est toujours mauvais de lire beaucoup et sans
une vidoire sur soi-même. Toute victoire vous rend choix. Les meilleures œuvres elles-mêmes ne ga-
capable d'ell'orts plus grands. gnent point à être lues massivement et en 'grande
Ne faites pas abus du théâtre où ne se débattent hâte, ni en compagnie d'autres œuvres qui en annu-
que d('s situations exceptionnelles, généralement im- lent l'effet.
1Il0ralps, et dont vous ne pouvez tirer aucun profit Même bonne, surtout bonne, dirons-nous, une lec-
dans \'otre vic de tous les jours. Soyez en méfiance ture doit être lente et attentive. Comment dégage-
contre les faux conflits d'une fausse intellectualité. riez-vous par une lecture superficielle la pensée
Ne grossissez pas la foule grégaire qui se dirige là où qu'un auteur de marque a cristallisée par un long
vont les autres sans espoir de bénéfice culturel. labeur '1
Eloignez-vous surtout du cinéma hebdomadaire. Ce n'est même pas le fait de lire qui enrichit or-
Pris à cette cadence, le film est une école de disper- dinairement, mais bien le fait de relire. C'est en re-
sion. C'est au cinéma que nous devons le rythme lisant maintes fois les grands livres qu'on en tire
sautiIlllnt de notre époque, incapable de jugement davantage même que l'auteur en personne n'y a
personnel et de réflexion. Le cinéma est un centre mis.
d'alimentation omnibus où l'on ne sert que des ima-
ges toutes faites, les mêmes pour toute une salle, im- Auteurs débilitants
béciles et intelligents compris. Les derniers sortent
de ces salles de confection Un peu moins intelli- La plupart des lectures sont affaiblissantes. Bien
gents; les premiers en sortent un peu plus imbécile •• peu, au contraire, sont fortifiantes.
Aucun n'y puise, en général, une raison nouvelle .. ~ Il est rare que l'anecdote ou la fiction vous appor-
d'espoir dans la Vie ni le moindre enrichissement. tent quelque chose et l'affabulation sentimentale des
romans coule comme du sable entre vos doigts.
-90- -91-
La pauvreté spirituelle d'une époque se juge au Les hebdomadaires ne valent guère mieux que les
nombre de ses romanciers. Le pullulement actuel quotidiens, surtout dans la forme américaine qui
des romans est un silr critère. Jamais il n'y eut au- semble avoir la faveur du public moderne. Le -dé-
tant à dire et jamais, pour ne rien dire, on a gas- coupage et le renvoi des articles, l'accumulation des
pillé tant de papier. illustrations et des rubriques sont formule courante
Nous ne nions pas que beaucoup de talent ne soit et évitent au lecteur la peine d'approfondir et de
dépensé pour des œuvres sans lendemain ou qui penser ..
laisseront des traces funestes. Cela ressemble aux Nous conseillons, au contraire, la lecture de cer-
nourritures sophistiquées dont nous parlions plus taines revues, quand elles sont indépendantes et
haut, d'autant plus suspectes qu'elles sont mieux en- d'esprit haut. Le souci de l'actualité immédiate ne
robées, avec un art plus savant de la présentation. les hantant point, elles peuvent se déterminer à loi-
Ayez peu de livres mais choisissez-les bien. Si sir et solliciter le jeu de la pensée, sans lequel
vous êtes incapable de faire vous-même le tri, adres- l'homme n'est qu'un simple animat
sez-vous aux personnes dont vous estimez la culture Mais la vraie manière de lire consiste à lire peu
et le caractère. et à méditer beaucoup. La Vie elle-même est un
grand livre, tellement plus passionnant que les ou-
L'action funeste des journaux vrages des hommes et tellement mieux écrit. La Na-
ture vous offre, de toutes parts, ses pages les -plus
variées, où drame, lyrisme, comédie s'entremêlent
Ne lisez pas vingt journaux dont les opinions se sans arrêt.
-contredisent et dont les intérêts matériels sont di- Est-ce parce que ces livres sont gratuits que vous
vergents. Ne lisez pas non plus un journal unique répugneriez à les lire ?
de peur d'abdiquer votre indépendance. Lisez le Ouvrez donc vos yeux sur les livres de Vie et lisez,
moins de journaux possible, car il n'yen a pas un lisez-les beaucoup.
seul qui le mérite réellement.
Tous, en effet, sont tendancieux et intéressés. Les
.plus dangereux sont ceux qui cachent leur opinion Les gestes superstitieux
sous le voile d'une information dirigée. Tous aussi
présentent leurs nouvelles à bAtons rompus, sans or- Nous ne pouvons tout examiner dans celte brève
dre et sans esprit de suite. Le journalisme est un revue des forces dissociatrices qui s'opposent au
perpétuel coq-à-l'Ane, où la richesse et la multipli- redressement du caractère, activement ou passive-
cité des titres masquent la pauvreté et la rareté des ment.
concepts. Pourtant avant de clore ce chavitre des mauvaises
Journal et cinéma sont les deux grands responsa- habitudes, il est indispensable de consacrer quel-
bles de l'inaltention moderne, les auteurs de l'opi- ques lignes aux gestes superstitieux.
nion toute faite, les pères d'un monde irrésolu. Toute pratique de superstition est la marque d'u-
Or l'irrésolution provient d'un manque de carac- ne faiblesse du caractère. C'est essentiellement un
tère. N'elpérez donc pas etre homme de caractère réflexe de peur.
avant d'etre un homme rélolu. Certains ont pris racine dans la nécessité d'éviter
-92- -93-
des périls objectifs, comme la répugnance à passer ble), vous ne considériez cependant pas cet acte
sous une échelle. comme de nature à vous exposer à de graves dan-
Inexplicables et inexcusables sont les phobies an- gers. Alors, pas d'hésitation 1 Culbutez la salière
ciennes et modernes qui interdisent, sous peine de sur la nappe !
malheur, de renverser le sel, de mettre le pain sur Cet acte minuscule ne vous parait pas représenter
le dos, de placer des couteaux en croix. grand chose dans la réforme du caractère. Eh bien 1
Non moins ridicules sont les gens qui redoutent détrompez-vous, c'est le premier pas, le plus diffi-
le croisement des poignées de mains, les voyages le cile de tous.
vendredi, le nombre treize, ceux qui portent des fé- Du jour où vous vous serez affranchi de la tyran-
tiches ou des scapulaires, utilisent des formules ma- nie du sel, vous vous débarrasserez aisément du
giques ou des man trams. souci des couteaux en· croix, du pain sur le dos et
On n'en finirait pas d'énumérer les gestes supers- autres balivernes.
titieux par lesquels des personnes sans armature Par suite, rien ne vous semblera plus naturel que
morale essaient de conjurer le Destin. Quel que soit d'affronter les glaces cassées, les vendredi treize et
le nom qu'on donne à ce dernier, Dieu, Karma, In- tout l'arsenal superstitieux.
visible, Providence, on conviendra que c'est lui fai- Enfin vous jetterez au vent les incantations magi-
re injure que de le croire intimidable par ces.pro- ques ou religieuses, comme vos pères avaient Jeté
cédés puérils. aux orties leurs giletll de flanelle et leurs bonnets
Beaucoup de rationalistes, positivistes, logiciens de coton ..
et même soi-disant libres-penseurs de la société pré- Vous ~ous apercevrez alors que, bien loin d'être
sente, touchent encore volontiers du boi. lorsqu'ils . molesté par les dieux ou les événements, vous aurez
craignent pour leurs entreprises ou leurs biens. recouvré ce libre-arbi~re sans lequel l'lIomme est
Lorsque vous êtes témoin de semblables manifes- promis à tous les déterminismes et toutes les appré-
tations, vous pouvez dire : c Ces gens sont dépour- hensions ..
vus de caractère :.. Et vous ne vous trompez pas Vous n'aurez pas encore construit, mais vous au-
une fois sur cent. rez démoli une armature vétuste où la vermine mo-
Nous espérons que vous n'êtes pas à ce niveau et rale s'entassait.
que vous ignorez ce genre de faiblesse. Toutefois, si Maintenant, vous êtes aéré Jusqu'aux profondeurs,
vous y êtes asservi vous-même, ne perdez pas cou- visité intensément par la lumière •.
, rage. Il est facile de vous délivrer. Ensemble nous allons reconstruire une maison neu-
Opérez seulement comme il suit : ayant considéré ve, avec la Paix comme fondation et la Joie en guise
vos divers gestes de peur réflexe, choisissez celui de drapeau.
d(~tOIlS qlli VOIIS parait le l'lus anodin et brisez-le.

Répandez le sel sur la nappe

Supposons, par exemple, que, sans aimer renver-


ser la salière (ne fat-ce que pour ne pas salir la ta-
DEUXIEME PARTIE ~
"

r'.

CE QUIL FAUT CONSTRUIRE

1
"
.
1
!

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CHAPITRE IX

l La Santé et le Caractère

Il n'est donc pas douteux qu'un des premiers


moyens physiques d'avoir un bon caractère est d'a-
voir une bonne santé. 0

A la vérité, dans Les Clés de la Santé, nous avon.


démontré par de nombreux exemples, dont certains
personnels, que la maladie n'avait pas d'existence
en soi et n'était qu'une construction de la personna- _
lité humaine qui dépend de l'état de l'Ame et non d~
l'état du corps .....
c Plus précisément, disions-nous"ola maladie est
c une altitude de l'esprit qui transpose ses défec-
c tuosités dans la matière organique, de sorte qu'il
c suffit de réformer ceUe attitude spirituelle pour
c réformer le comportement du corps.
e On a donc eu raison de dire qu'il n'y a pas de
e maladies, mais uniquement des malades, c'est-l-
e dire que la maladie n'est pas un fait mais seule,.
e ment une interprétation.
e .La santé humaine ne résulte pas seulement du
e bon fonctionnement de l'Ame, mais aussi de l'har-
e monie qui existe entre celle-ci et le corps.
c Quand il y a entente de l'Ame et du corps, la
e santé en découle nécessairement, sans qu'il y ait
1 e lieu de prendre des dispositions spéciales.
7

j
- 98- -99-
e La bonne santé est toujours la marque physique e Seulement, le tout forme un circuit fermé, où
e de l'accord et la maladie n'est jamais que l'ex- e se suivent effets et causes, si étroitement que la
e pression matérielle du conflit ). e plupart des hommes confondent la cause avec
e l'effet.
e Pour être plus clair, ce n'est pas la maladie de
Un grand facteur d'équilibre e foie qui détermine les caractères envieux, mais
e l'envie qui provoque les maladies de foie. L'ictère
e (ou jaunisse commune) a souvent à sa base le
Sous le bénéfice de ces observations, vous vous
e dépit.
efforcerez de vous maintenir en bonne santé, parce e On ne dira jamais à quel point l'origine du can-
que cette dernière est un excellent facteur d'équi- e cer est strictement morale. Il en est de même de '
libre.
e la tuberculose que seul un bon moral peut guérir.
Ceci n'exclut pas la possibilité d'un autre rythme e Mais nul traité médical n'a jamais appelé l'at-
et nous constaterons brièvement le bénéfice que le e tention sur cette innuence primordiale du carac-
caractère peut tirer de la souffrance et de la douleur. e tère sur la santé, de sorte que l'homme ne soup-
Pour le moment, bornons-nous à constater que les e çonne pas que la maladie visible est toujours une
hommes doués d'un excellent caractère sont rare-
e conséquence directe de la maladie invisible ).
ment des hommes malades. Scarron, ce rhumatisant
multiple, ne se montrait jovial qu'en parade et dans Soignez aussi votre' corps, tenez-le net, vigoureux
ses écrits. Le reste du temps, c'était un amas de et sain, pour éviter 'l'acrimonie qui accompagne la
chairs torturées dont le voisinage était inflniment souffrance. Ainsi votre santé contribuera à former
pénible pour son entourage immédiat. votre caractère et votre caractère à maintenir votre
Au contraire, l'homme malade a souvent mauvais santé.
caractère, surtout lorsque son mal est chronique, ce Dans nos précédents ouvrages, nous avons pré-
qui est le propre de tant de bilieux. cisé les divers moyens de se garder en bonne santé
L'état d'esprit, comme nous venons de le voir, y est
pour beaucoup et vous devez vous débarrasser des
La maladie et le caractère préjugés d'accident et de maladie, qui sont les ma-
nifestations corrosives de la Peur ..
1..
Ensuite il vous faut vous alimenter sainement,
Réalisez donc l'alliance de l'âme et du corps qui tant dans le but d'entretenir vos tissus grossiers que
vous permettra d'atteindre l'harmonie définitive. vos cellules nobles. Reportez-vous donc à ce que
C'est ce que vous fera comprendre le nouveau pas- nous avons dit (1) de l'alimentation et de la respira-
sage suivant : tion e divines ) ..
e On a cru - et beaucoup s'im,aginent encore - Quand vous saurez quoi, comment, quand et où
e que la bonne et la mauvaise santé font les bons manger, quoi, comment, quand et où ho ire, vous au-
e et les mauvais caractères, alors que ce sont les rez fait de grands progrès dans l'art de la Vie de cha-
e bons et les mauvais caractères qui font les bonnes que jour.
e et les mauvaises santés.
(1) Les Clés du Bonheur ~~).
-100- -101-,
c Ne pratiquez sur vous-même et ne laissez pra-
Les impératüs de santé e tiquer par quiconque aucune injection intravei-
e neuse ou hypodermique et ne faites pas empoison-
e ner votre sang ou celui des vôtres par les sérums
Nous ne croyons pouvoir mieux faire pour vous e et les vaccins.
aider ù gouverner votre domaine physique qu'en ex- e Dites-vous que, pour entretenir la Vie en nous,
trayant pour vous les conclusions terminales des e il faut sans cesse en appeler à la Vie. Ne tolérez
Clés de la Sant6 : e le chômage d'aucun de vos organes. L'immobilité
e Pratiquez l'exercice physique au grand air et e est le vestibule de la mort.
e en l'utilisant pour des besognes intéressantes. e Tenez-vous le plus prêt possible de l'état physi-
e N'allez jamais jusqu'à la limite de vos forces. Et, e que de nature. Ralliez-vous d'office à ce qui vous'
e si vous êtes jeune, souvenez-vous que le sport de e semble naturel.
e compétition est l'ennemi de la santé. e N'exagérez 'pas le confort. Couchez sur des lits
e En cas de défaillance ou de mauvaise disposition e durs et élastiques. Chassez les oreillers, les lits
e physique, ne restez pas longtemps sans manger e de plumes, les foulards, les flanelles, les tentures
e (t). Continuez prudemment à alimenter votre or- e et les rideaux.
e ganisme pour qu'il recommence à vivre d'une vie e Considérez l'artifice industriel comme l'ennemi
e normale, ce qui évitera une chute du tonus. e personnel de votre corps, et tenez pour l'ennemi
e Si c'est le moral qui s'affaisse, étendez-vous, 1 ee personnel
ce. de votre esprit l'artifice de l'inteIligen-
e faites une relaxation des membres et respirez cons-
e ciemment. e Ayez pour attitudes générales la sérénité, la joie,
e Ne vous alitez en aucun cas en dehors du som- e le courage, la bonté ..
e meil normal. Persévérez, malgré tout, dans vos 1 e .L'optimisme est un devoir social en même temps
e occupations habituelles. e qu'un haut bienfait pour vous-même.
e Il n'y a pas d'aliments spécialement nuisibles e Faites-vous, dans ce but précis, inaccessible à
e (il n'y a que des aliments vivants et des aliments e la Peur. Rayez les mots colère, doute, regret, cha-
1
e morts) et vous pouvez vous-même corriger vos e grin, douleur, angoisse, impatience, etc ..; de vo-
c

e
auto-suggestions.
e Aidez celles-ci dans le bon sens, au moyen de la
lecture, d'affirmations mentales et verbales et mê-
i e tre vie et de votre vocabulaire.
e Que la crainte, - surtout celle des hommes, des
e événements, des phénomènes, de la maladie, de
e me en utilisant comme supports certains remèdes, e la mort - ne vous effleurent point 1
e pour renforcer leur pouvoir extérieur de sugges- e Restez simple dans votre travail, dans votre ali-
c tioll. Dans cc cas, éloignez les poisons redouta- e mentation, dans votre logement, dans vos jeux,
c hies de la pharmacopée d'aujourd'hui. Faites plu- e dans vos relations, dans votre langage.
e tôt usage de plantes, de médicaments externes et e Accumulez en vous par les aliments et les res- 1

c de produits homéopathiques. e pirations, l'élément vital du monde. Dites-vous que


e l'homme se nourrit davantage par l'esprit que par
(1) Certes le jedne est fort utile. Mais il doit être con- e le corps ..
sidéré comme Ull moyen exceptionnel et une médication. e Administrez soigneusement votre épargne d'é-

1
<,

j t
-102 - -103 -
c nergie nerveuse. Vous êtes un accumulateur sans nous a admirablement réussi. Et ce témoignage est
e limite du fluide universel. d'autant plus instructif que nous vivons dans une
e Quel que soit votre âge, pensez que vous êtes époque hantée par la maladie, puisque l'auto-sug-
e jeune et qu'il dépend de vous de l'être encore, de gestion et la suggestion morbides ont, peu à peu,
c l'être sans cesse et toujours plus. gagné tous les milieux, même ruraux.
e Collaborez avec la Nature et avec le Ciel. Mais Une si robuste santé morale, condition nécessaire
e souvenez-vous qu'il n'y a pas de foi sans les actes. d'une belle santé physique, nous ont nécessairement
e Ayez confiance mais agissez. Unissez la foi aux procuré l'équilibre dont tout homme a un besoin
« moyens extérieurs. urgent.
« Affirmez la santé d'un verbe redoublé, mais
« faites en même temps le nécessaire pour qu'elle Egalité d'humeur
e soit bonne.
e Pesez sur les circonstances et sur les phénomè-
cnes par le corps et par l'esprit :t. Sans un équilibre complet, aucune construction
Les impératifs ci-dessus ne sont pas seulement durable n'est possible et c'est lui qui seri de base à
des mots, mis à la suite les uns des autres pour faire la poutre maîtresse du caractère qu'est l'égalité
d'humeur.
des phrases. Ce sont des comprimés de pensée dont
la formule est basée sur l'expérience des faits. Cette dernière qualité est certainement la plus
ditficile à acquérir si on ne l'a pas héritée de nais-
sance, mais c'est aussi la plus belle ,et celle dont les
Une expérimentation de vingt ans résultats sont les plus féconds.
Nous sommes loin d'y être parvenu entièrement
parce que l'inégalité d'humeur était le fondement
Nous avons nous-même -expérimenté ces diverses même de notre caractère. Pourtant, nous avons le
maximes de vie et, les appliquant à notre existence sentiment d'entrevoir le terme, avec ses conséquen-
quotidienne, nous avons littéralement transformé ces admirables et ses merveilleux bienfaits.
celle-ci. Nous reviendrons sur ce propos. Mais clès mainte-
Nous ne sommes pas conformé autrement que les nant, vous savez que la santé joue un grand rôle
autres êtres humains, nous n'avons pas davantage 1 dans votre stabilité intérieure et que la réforme de
de possibilités que vous, inais, grâce à une hygiène votre caractère dépend, en grande partie, de cette
morale bien comprise, nous avons réussi à éviter la stabilité.
plupart des maux et infirmités. Depuis vingt ans et
plus que nous nous soignons par nos propres moyens
et que nous étendons cette prophylaxie spirituelle à Exercice physique et respirations
notre entourage, nous n'avons pas passé une seule
journée de maladie dans notre lit .
Sans doute nous avons refusé de nous aliter dans l

Pour y aider, nous vous recommandons le plus
bien des cas où d'autres que nous auraient jugé in- ! que vous pourrez d'exercice physique. Le. gymnas-
dispensable de le faire. Cela, comme vous le voyez, tiques spéciales ne nous paraissent pas avoir toutes
-104 -
les vertus qu'on dit. Il faut y recourir, faute de
mieux. Mais si vous avez la possibilité de vous livrer
aux besognes domestiques, ne craignez pas de scier
du bois, de planter des clous, de monter à l'échelle,
de nettoyer les plafonds. Bêcher, biner, manier le
râteau et la fourche seront encore plus utiles. :Faites
aussi beaucoup de promenades, soit à bicyclette,
soit, de préférence, à pied. Voyagez de temps en CHAPITRE X
temps, si vos moyens et vos occupations le permet-
tent.
Enlin livrez-vous régulièrement et sans excès à
des exercices de respiration. Vous trouverez, dans Le Travail et le Caractère
nos ouvrages spéciaux (La Clé, les Clés du Bonheur,
les Clés de la Santé) toutes indications utiles.
Qu'il suffise de dire que l'essentiel est d'emplir
à bloc sa cage thoracique pour en exprimer l'air A maintes reprises, nous avons souligné que le
lentement, après une brève rétention. déséquilibre social vient de ce que l'immense ma-
Faites cela par le" nez lorsque vous y pensez : le jorité des hommes s'adonnent à un genre de travail
matin en vous éveillant pour nettoyer les poumons qui ne leur convient pas.
et inonder les sommets d'air vierge ; dans la jour- Redistribuez le travail humain suivant les goftts et
née, chaque fois que vous êtes las, oppressé, décou- les aptitudes, aussitôt le problème social est, pour
ragé ; le soir en vous endormant pour brasser vos les trois quarts, résolu.
énergies vitales.
Chacune de ces séances devra être très courte et
ne comporter qu'une dizaine d'aspirations au plus. Aimer sa tâche ou changer de métier
Bien que ces procédés soient basés sur les respi-
rations hindoues, vous ne devez en prendre que ce
qui est indispensable à votre organisme européen. Il n'y a peut-être pas un homme sur cent qui soit
Vous ne cherchez pas à devenir Yoghi ou fakir, exactement orienté vers sa profession idéale. Aimer
mais à être un brave homme et un homme brave, son métier équivaut à le connaitre. Connaitre son
capable d'exprimer avec harmonie sa nature d'Oc- métier équivaut à l'aimer.
cidental. Certains croient connaitre leur métier parce qu'ils
De la sorte, votre caractère se fortifiera, tant en vivent de lui depuis de longues années. C'est Une
raison de la discipline imposée que de l'influx de erreur économique dont souffre le corps social tout
vie qui vous irriguera tout. entier. entier. Plus on occupe longtemps l'emploi pour le-
,
:t
quel on n'est pas fait et plus la mouture qu'on en
tire est détestable. La chose la plus souhaitable est.
donc pour vous d'utiliser au mieux vos facultés.
Ou vous n'avez pas encore d'emploi et toute votre
-106 - -107 -
vie portera la marque du premier choix que vous L'un est en état d'équilibre ; l'autre en état de dé-
allez faire. Ou vous êtes déjà pourvu mais vous ne séquilibre.
parvenez pas à épanouir vos dons. Quel est donc le remède à cette inappétence du
Soyez assuré que, dans l'un et l'autre cas, votre malade ? Il suffit de trouver quelque chose qui flatte
impuissance vient d'une défaillance du caractère, son appétit. C'est ainsi que certains sont sollicités
soit que ce dernier demande une réforme, soit mê- par le sel ou par le sucre, mais de préférence par
me qu'il n'existe pas. les saveurs qui réveillent, par certaines acidités. Dès
Nous n'insisterons pas sur les moyens de vous qu'on a touché la bonne fibre tous les phénomènès
doter d'un caractère si le vôtre est inexistant. Ces
de répulsion disparaissent. Une sollicitation locale
moyens vous seront plus spécialement indiqués dans régénère l'organisme tout entier. Ce n'est pas tant
les troisième, quatrième et cinquième parties. Pour la quantité ingérée que sa présence qui est la cause
l'instant, nous nous bornerons à souligner l'utilité du c miracle ~ ; une sorte de catalyse psychologique
du travail pour obtenir un bon équilibre intérieur se met à jouer. Puis tout devient normal et l'état
et extérieur.
d'euphorie s'installe.

Ne faites qu'un travan qui vous intéresse Votre emploi idéal vous attend quelque part

Ne faites donc qu'un travail qui vous plait, vers De même, pour le mal pourvu, ce qui importe
quoi vous êtes instinctivement orienté, pour quoi c'est de changer de métier. Si l'intéressé a du ca-
vous vous sentez des aptitudes. ractère il y parviendra coQ.te que coQ.te. Car n'ou-
Non seulement vous arriverez à la perfection dans bliez pas ce principe qui doit conditionner vos .re-
ce travail, mais encore vous vous en acquitterez en cherches: L'emploi idéalement fait pour vou, exÎlte
vous jouant. La séance de travail ne sera plus pour et il vou, attend quelque part de toute éterniM.
vous le rocher hissé péniblement sur le haut de la Si vous ne vous mettez pas en marche vers lui, il
colline et qui, retombant chaque soir, doit être re- ne se mettra pas en marche vers vous. Mais dès que
monté chaque matin. vous aurez fait le premier pas dans sa direction, il
Lorsqu'il y a harmonie en~re votre travail et vous, fera le premier pas dans la vôtre. Ce n'est pas là une
toutes vos p.ossibilités, internes et externes, sont ex- question. de relations, de recommandations ou de lo-
citées. Et leur épanouissement vous permet, avec le gique, c'est une question de relation, de résonance et
minimum de fatigue, d'arriver au résultat maximum. d'accord.
Si vous n'avez pas de goQ.tpour votre travail, vous Lorsque les ouvriers forent un tunnel, deux équi-
~tes comme le malade ou le convalescent qui se met : pes attaquent simultanément chaque versant de la
à table sans appétit et, d'avance, appréhende la 1 montagne. Et longtemps elles cheminent dans le noir
nourriture. Tandis que l'homme bien portant sou- .1
.. avant de se rencontrer. Mais les calculs des hommes
haite leur venue et salive à la vue des mets, l'inap- c
sont établis si objectivement que, dans leur progres-
pétent n'éprouve que dégoQ.t, celui-ci allant jusqu'à sion objective, les équipes doivent nécessairement
la nausée rien qu'à l'idée même de manger. faire leur jonction.
-108 - -109 -.
Il n'en est pas autrement du cheminement subjec- qu'il vous contraint de vivre dans une atmosphère
tif dans la montagne de l'Idée. Percez d'abord votre bruyante ou malodorante. Répétez-vous sans cesse,
trou en pensée, et il en découlera des résultats ob- en ouvrant bien grandes vos oreilles ou en aspirant
jectifs. De son côté, le subjectif percera son trou avec délices : c Jamais je n'entendis plus douces
dans la matière et vous trouverez la besogne à moi- harmonies ni ne respirai plus suaves odeurs :t.
tié faite quand vous-même serez à moitié chemin. Ceci n'est pas le comportement d'un fou ou d'un
Rien de plus utile que cette prospection, ce fora- imbécile. C'est la contre-attaque d'un esprit équili-
ge, cc terrassement pour l'amélioration du carac- bré et intelligent. L'homme qui se trouve en présen-
tère, si vous y mettez autant d'acharnement et de ce d'un fauve dans le désert a le choix entre deux
persévérance que pour faire de la culture physique attitudes : ou prendre la fuite, ce qui amène auto-
ou un quelconque entraînement. matiquement l'agression de la bête, ou attaquer de •
Ainsi donc vous êtes pourvu d'un emploi, d'un face courageusement.
métier, d'une profession, mais ceux-ci vous ennuient Si, dans le deuxième cas, l'Homme dit : c Je suis
ou vous font horreur. Faites, au propre et· au figuré, le plus fort parce que je suis l'Homme :t, il n'aura
ce qu'il faut pour attirer à vous la situation vers pas proféré une sottise, mais une grande idée,celle
quoi votre nature vous aimante. Vous y rencontrerez de sa supériorité. Alors, ce n'est plus seulement le
les mêmes jouissances et les mêmes possibilités. faible animal vertical qu'il lancera contre la puis-
Vous n'auriez cependant rien compris aux lois de sante animalité horizontale, mais bien la force de la
votre destinée si vous vous relâchiez, durant que Pensée contre la faiblesse de la bestialité. La preu-
vous êtes en posture d'attente, de vos présentes ac- ve, c'est que le lion chassé à coups de bâton, dit-on,
tivités.
en Afrique australe, prend la fuite comme un animal
domestique, parce que la vue de la matraque levée
lui fait c une âme de chien :t.
Trouvez bon par délibération ce qui vous déplaît
par instinct
Ayez de l'amitié pour votre travail
C'est précisément quand vous n'aimez pas ins-
tinctivement votre emploi qu'il vous faut l'aimer C'est quand vous détestez votre travail qu'il vous
délibérément, en fonction d'une volonté arrêtée. Ain- faut l'aimer sans arrière-pensée. De deux choses
si vous fonderez votre caractère, si vous n'en avez l'une : ou bien votre travail changera d'aspect pour
pas encore et vous fortifierez ce caractère si vous en vous ; ou bien vous changerez de travail, la muta-
avez un. 1 tion étant déterminée par votre nouvelle attitude.
VoilÙ le .cus ou jamuis de suivre le conseil si sou- Dans la plupart des cas, le travail que vous abhor-
vent donné à nos lecteurs : Pensez contre l'appa- rez n'est pas fait pour vous. Mais, souvent aussi,
rence, c'est-à-dire ne vous laissez pas imposer une l vous êtes fait pour lui, à votre insu et sans que per-
conviction par les choses formelles et sachez con- \
sonne ne s'en doute. Seulement vous n'avez pas réus-
tredire le témoignage de vos sens. si à établir la correspondance et celle-ci est demeu-
Supposons que votre. emp~oi vous répugne parce rée cachée entre lui et vous.
-110 - - 111-
Ayez seulement un peu d'amitié pour votre tra-
vail et vous verrez comme il vous le rendra sous les Les « filons »
formes les plus diverses. Ayez de l'amour pour lui
et votre travail vous aimera.
Le travail en lui-même est un facteur de calme et D'où la nécessité pour tout homme qui n'aime
de détente. Dans les pires orages de la vie il exerce point son travail et l'exécute sans chaleur, à titre
son role pacilkateur. d'assurance alimentaire, d'avoir ce que les prospec-
Le travail des mains est toujours possible et meu- teurs appellent un autre c filon :t ••
ble les plus mauvaises heures. Il freine la surexcita- Représentez-vous un mineur occupé tout le jour
tion nerveuse et absorbe l'excès de potentiel. à extraire le charbon de la mine et qui, dans son
Le travail intellectuel peut, de même, dériver les travail au fond de la terre, songerait à la découverte
idées noires, quoique certaines organisations céré- en surface d'une mine d'or. Ne pensez-vous pas que
braies aient plus de peine que d'autres à se libérer l'idée de la seconde se superposerait à l'idée de Ja
des préoccupations ou des chagrins. Même dans ce première et que le reflet brillant de J'or lui ferait
cas, on peut appliquer SOD esprit à .des besognes oublier le reflet obscur du charbon ?
mentales vulgaires qui n'exigent nul apport de l'ima- Or les filons neufs abondent autour de vous et
gination et de la sensibilité. Il est rare qu'un tra- vous n'avez que votre main Ii étendre : musique,
vail de plume ou d'art n'aboutisse pas à une dériva- peinture, poésie, travaux d'art, œuvres d'entr'aide
tion des idées, pour peu qu'on ait hl volonté de s'y sociale, recherches techniques, etc., s'offrent à vous.
astreindre malgré soi. Les premières minutes seu- Ces c mines d'or :t ne rémunèrent pas en dollars,
lement sont coiiteuses et pénibles. Les suivantes de- ni en livres, ni même en francs-coupures. Leurs di-
viennent de plus en plus faciles, à mesure qu'elles videndes sont d'une autre sorte, qui est sans prix.
accaparent l'attention. dans le domaine de l'Esprit. Et là vous avez le choix,
autrement dit vous êtes le maître d'adopter un filon
ou un autre, de Je pro~pecter seul ou avec plusieurs
Il n'y a pas de chômeur total compagnons. Ceux-ci vous les aurez triés selon vos
inclinations et vos sympathies. Vous n'aurez donc
Le travail est, lui aussi, une de ces choses que rien à reprocher au Desti'n ni à personne puisque
l'on trouve toujours gratuitement à sa portée. Il n'y vous serez entièrement le maître de votre c mine
d'or :t.
a pas un homme sur terre à qui le travail soit ab-
solument refusé. Le chômeur ne manque pas de tra-
vail, mais seulement de besogne rémunérée. C'est Le grand but
vous dire qu'indépendamment du travail qui vous
procure un salaire, vous avez toujours la faculté
d'entreprendre un travail gratuit. Il est, en effet, de toute nécessité que l'homme
Si le travail fait pour rien nec nourrit pas son ait plusieurs buts: d'abord un grand, le premier de
homme :t, il n'en joue pas moins son rôle de remè- tous, qui soit l'axe de toute sa vie (1). Il va de soi
de, qui consiste à meubler les instants pénibles de
la vie et à favoriser l'évasion en esprit. (1) Voir le développement de l'Idée Unique dans
c Comment on 'OuUve les Montagne, :t QUIlalls,,_ .
OQ,W~1lL4
-112 - -113 -
qu'un but si grandiose ne peut pas être exclusive- nes, des mois, des années de votre vie. Ils ne sont
ment matériel. Ce sera votre Idéal, auquel vous vous pas hors de votre portée et vous pouvez les attein-
raccrocherez pendant votre existence et qui n'aura dre dans l'espace et dans le temps. La plupart n'en 1

aucune limite, pas même celle de la vie du corps. représentent pas moins des efforts de longue ha-
Celui que nous vous proposons est votre propre leine qui ne suffisent pas encore complètement A
évolution, en fonction de l'évolution universelle. En épuiser la somme d'intérêt de l'homme moyen.
termes moins abstraits : que votre ambition premiè-
re soit de vous perfectionner physiquement, menta-
lement, moralement et spirituellement un peu plus Les petits buts quotidiens
chaque jour. Ce faisant, vous atteindrez du même
coup un autre but aussi grand, car votre perfection-
nement individuel aide au perfectionnement de tou- C'est pourquoi, outre le Grand But et les buts se-
te la famille humaine. condaires, vous vous assignerez des buts quotidiens
Si vous êtes de nature religieuse, votre but pri- et de proportions réduites qu'il vous sera loisible
mordial, n'en prendra que plus de valeur et vous de réaliser tous les jours. Ainsi votre existence en-
serez aidé puissamment par l'Intelligence Invisible, tière sera admirablement meublée et il n'y aura pri-
carrefour des tendances idéales et centre des buts se en elle ni pour l'insatisfaction ni pour l'ennui.
idéaux. Votre squelette moral sera, de la sorte, harmonieu-
sement constitué, avec une colonne vertébrale qui
centrera l'édifice, les contreforts des bras, des jam-
Les buts secondaires moyens bes, des, épaules, du bassin, des côtes pour équili-
brer la charpente et toutes sortes de menus os des-
tinés à parfaire la construction. •
Mais, en dehors de ce Grand But, que votre vie L'édification d'une telle armature correspond A
d'homme tout entière ne parviendra pas A attein- une refonte complète du caractère et c'est dans cet
dre, mais dont chaque journée constructive vous objet précis que nous vous la proposons.
rapprochera insensiblement, il est non moins in-
dispensable que vous ayez des buts secondaires,
ceux-là plus aisément accessibles, tels que la réussite
d'une entreprise et la découverte d'une situation.
Vous pouvez également, en dehors de vos occupa-
tions professionnelles ordinaires, vous adonner aux
sciences et aux arts.
Chaque but, même le plus humble, nécessite un
lent travail de conquête et c'est ce travail même
qui vous affinera, vous enrichira, vous "améliorera.
Ces buts secondaires, suivant la taille que vous
leur prêtez et la part de vous-même que vous leur
consacrez, sont susceptibles de meubler des semai-
8
CHAPITRE XI

Les Bonnes Habitudes

Au chapitre VIII nous ne vous avons pas mis en


garde contre les mauvaises habitudes pour faire seu-
lement œuvre négative.
Après avoir détruit, il faut construire et substituer
de bonnes habitudes à celles dont vous vous serez
délivrés.
En principe, l'Homm"e ne doit se rendre esclave
d'aucune sorte d'habitudes, celles-ci fussent-elles in-
signifiantes, telles que la propension à enfiler son
veston par la manche gauche ou à se lever par le.
pied droit. Toute habitude est un lien, tout lien pa-
ralyse la volonté qui doit rester libre. Cependant,
en dehors de ces tyrannies locales, il est des habi-
tudes générales qu'il est excellent d'adopter. L'habi-
tude de la bonté, du sourire, de" l'hygiène, etc., en-
gendre une pente d'esprit in1lniment souhaitable. TI
faut seulement veiller à ce que les gestes matériels
par quoi de telles habitudes se réalisent ne tournent
pas à la manie et au procédé rituel:

Les menues disciplines

Ne redoutez pas le contact de l'eau, surtout si vous


avez eu des parllnts modernes. Suivez leur exemple
et livrez-vous à de fréquentes et régulières ablutions.
-116 - -117 -
Vous êtes libre de pratiquer celles-ci sous la forme harnais et les œillères dont vous ont revêtu la tra-
glacée ou fraîche, mais c'est l'affusion d'eau tiède dition et l'éducation.
qui vous conviendra le mieux. Celle-ci a d'ailleurs
le mérite d'être acceptée par tous les organismes, Aprenez à marcher, il manger, il parler, il pen-
ulon que la réaction du corps contre lleau froide est ser en homme libre, c'est-il-dire sans le concours
i Ilsuffisante chez certains. ou la férule des autres.
Si l'l'UU tiède elle-même vous déplaît, effectuez Réveillez en vous l'âme indépendante et restituez
avec la main sur tout le {~orps des frictions sèches. lui sa fierté. Ne restez pas éternellement une péniche
Ne négligez aucune partie de la surface. Insistez qui suit aveuglément son remorqueur. Ayez votre
pm'ticulièrcrnent sur les pieds et les orteils. propre moteur et dirigez-vous vous-même.
Etirez-vous longuement le matin au lever et le Délaissez l'usage des artifices destinés à vous ex-
soir au coucher. Faites de menues gymnastiques et citer ou vous énerver. Au lieu des parfums, des dro-
ne manquez pas de respirer profondément comme gues et des alcools, sollicitez les odeurs de la Natu-
il a été dit ci~dessus. re. Respirez à pleins poumons la mer, la montagne,
Soyez peu couvert et utilisez des lainages de pré- la forêt.
férence. Méfiez-vous des tissus imperméables. Lais- Sachez extraire de tout ce qui est naturel une se-
sez votre gorge il découvert. mence de vie.
Chaussez-vous largement.· Ne vous serrez pas il la Soyez persuadé que vous êtes en santé parfaite et
taille. Gardez-vous comme de la peste des indéfrisa- votre inconscient s'y conformera.
bles et n'abusez pas des sehampoings.

Le succès doit naturellement venir à vous


Ne vous faites pas toujours remorquer
ayez votre moteur autonome
Soyez certain de votre valeur, de votre qualité.
Affirmez-les il haute voix pour vous-même, dans la
Buvez à petits coups un verre d'eau le matin à solitude. Répétez-vous les maîtres-mots de la réus-
jeun et un autre le soir avant de vous coucher. Bu- site qui sont : c Le succès vient naturellement à
vez peu il tabl..e et jamais en dehors des repas. moi :..
Si vous n'avez pas un dégodt physique absolu de Ayez foi dans tou~e qui est pour que tout ·ce qui
certains mets, entraînez_vous il manger de toutes est vous fasse confiance. C'est par de tels moyens,
espèces de fruits, de légumes, de céréales. Se con- en apparence sans action sur les hommes, les événe-
traindre régulièrement et efficacement il accomplir ments et les choses, que vous obtiendrez infaillible-
certains actes qui vous répugnent constitue une ex- ment l'alliance des choses, des hommes, et des évé-
cellente gymnastique morale dont vous ressentirez nements.
les effets rapidement.
Toute cette escrime intérieure, toute cette gym-
Supprimez un par un tous les aliments qui vous
nastique morale développeront votre caractère et le
sont néfastes. -BFisez, fibre par fibre, les mille tyran-
nies dont vous vous êtes doté vous-même. Otez le muscleront. C'est alors que vous recueillerez le bé-
néfice de vos nouvelles attitudes, car, il mesur~ que
- 118-
votre caractère s'affirmera, vous serez de plus en
plus conscient de vos pouvoirs.
Or, nous allons vous révéler ici un des secrets de
la vie intelligente. La .upériorité de certaina ltre,
3ur les autre, dépend du degré de conacience qu'il,
en ont.
CHAPITRE XII
Qui n'a de la vie, des êtres, des circonstances,
qu'une conscience nulle ou balbutiante, n'exerce au-
cune action sur la vie et sur ce qu'elle contient.
Pour être admis à jouer pleinement sa partie dana
l'existence, l'homme doit développer sa conscience L'Armature
et en porter les perceptions au plus haut degré. A
ce stade, il échappe à la poussière déterministe où
s'enlisent la plupart des hommes et parvient à l'éta-
ge des conducteurs. Dans le chapitre précédent, nous avons qualifié
de moyens mentaux ceux qui faisaient appel à votre
intelligence cérébrale. Malgré nous, et parce que la
frontière entre les deux altitudes est imprécise, nous
avons utilisé déjà les moyens moraux.
De même, ici, nous verrons que certains procédés
moraux se réclament, eux aussi, d'attaches menta-
les et si nous avons séparé, en apparence, deux faces
du même problème, c'est pour vous faciliter la hié-
rarchisation des disciplines et, par suite, leur com-
préhension.
Peu d'hommes sont de taille à réformer directe-
ment les autres hommes. Tout le monde peut tenter
immédiatement de se réformer.

En vous réformant, vous réformez les autres

\ Chacun en se réformant réforme automatiquement


le. autre., par ses pensées d'abord (attitude inté-
rieure) par ses paroles et par ses actes ensuite (at-
titude extérieure), enfin par son exemple, si agis-
sant sur l'entourage (parents, voisins, amis) et sur
toute la société.
Vous devez donc, en premier,. instituer certaines
-120 - -121-
disciplines qui vous mettront en possession du plus Délibérez ainsi, par exemple :
indispensable de vos outils : la Volonté.
Ne vous effrayez pas de ce mot: Volonté, si vous' - Je ferai des paquets, des courses.
- Je m'astreindrai à un jelÎne, à une abstinence.
êtes timide, hésitant, peureux, sans énergie ni per-
sévérance. Ne vous le représentez pas surtout comme - Je me plierai à une démarche.
un immense édifice "que vous ne savez par où abor- - Je me soumettrai A une attente, etc., etc ...
deI".
Il en résultera pour vous d'immenses profits de_
Dites-vous que le plus grand immeuble a un es- toutes sortes. Vous y élargirez votre caractère et
calier et qu'il suffit de le prendre. On ne vous de- aussi vos possibilités d'action.
mande pas de bondir miraculeusement d'une envo- Vous serez surpris de tout ce qui naîtra de vos
lée jusqu'à la hauteur des toits. nouvelles résolutions, de vos nouvelles occupations .•
Montez une marche d'abord, puis une seconde, Vous aurez le reflet de chaque geste effectué, l'écho
puis une troisième. Si vous êtes las entre deux éta- de chaque parole prononcée. Vos efforts désintéres-
ges, arrêtez-vous sur le palier. La première fois, sés, même les plus humbles, reviendront A vous
vous serez un peu essoufflé, puis l'entraînement sous d'autres formes, agrandis, multipliés.
viendra. Vous prendrez l'habitude du deuxième souf-
fle. Vous utiliserez de moins en moins la rampe et
les banquettes. Puis, un jour, en attendant de les es- Attention aux graines que vous semez
calader quatre par quatre, vous commencerez A gra-
vir les marches dëux par deux.
Vous ne cultiverez pas seulement votre volonté,"
mais aussi votre sentiment, c'est-A-dire votre facul-
La première marche té émotionnelle. La moisson de là vie sera en pro-
portion de ce que vous y aurez mis de sensibilité.
Attribuez un nouveau sens à l'esprit de dignité.
Laissez-nous donc vous aider à lever le pied sur Celui-ci ne comporte à l'égard des tiers ni hauteur,
la première marche .. ni mépris, ni indifférence, ~ais bien, au contraire.
Il existe, dans les traités mentaux, toutes sortes sympathie et compréhension.
de menus exercices destinés à éduquer patience et C'est en croyant vous grandir que vous vous ra-
volonté. Tel est celui, par exemple, qui consiste à petissez. C'est en vous abaissant vers les autres que
mettre des jetons à l'intérieur d'un rond de serviet- vous grandirez dans leur âme et dans la vôtre.
te, il la cadence d'un je~on par deux ou trois secon- Une fois de plus, le grand adage se confirme :
des, Semez des épines et il poussera des épines. Semez des
men!.en s'interdisant "d'aller plus vite ou plus lente-
fleurs et il poussera des fleurs.

ne Ces
sontméthodes
d'aucune ontutilité
une irhmédiate
r~elle efficacité
pour mais elles
personne.
Exécutez, pur conséquent, des exercices qui ne soient
pas purement formels, mais qui s'avèrent, en même
temps, disciplinaires et utiles.

. .1
CHAPITRE XIII

Le Détachement

Il Y a une chose à laquelle vous n'avez pas prêté


attention et que bien peu d'esprits modernes Jugent
digne de leur jugement et de leur critique : c'est
que la raideur et l'aspérité du caractère résultent
d'un attachement excessif.

Les attachements

Etre attaché démesurément aux apparences, aux


êtres visibles et aux choses formelles vous entraine
obligatoirement dans le monde de la passion.
A partir du moment où vous vous passionnez, vous
perdez le sens de l'équité et de l'équilibre. Vous su-
bordonnez votre conduite à ce vers quoi vous porte
votre intérêt. Votre caractère s'en ressent puisqu'il
n'apprécie les êtres avec lesquels il est en contact
que dans la mesure où ils servent l'objet de ses pré-
férences, celles-ci pouvant d'ailleurs être différentes
et même contradictoires suivant l'heure et suivant
le lieu.
Vous constatez ainsi que l'attachement, pris dans
son sens général d'intérêt pour les objets sensibles,
est opposé à la réforme du caractère qu'il contrarie
au lieu de l'aider.
- 124- -125 -
LI' déhH'hcment des êtres, des objets, des circons- plus de joie au ciel pour un pécheur qui se repend
tan('('s est donc indispensable pour qui est vraiment que pour mille justes qui n'ont pas failli ). Comme
déh'l'miné il hâter son évolution. nous l'avons déjà dit, Saint Paul, Saint Augustin et
·1 tant d'autres bienheureux modernes ont été d'abord
Allssi vous ne serez pas médiocrement surpris si
nous vous disons que le premier pas vers le déta- des dévoyés.
chement est l'attachement. Cela ne constitue pas un Ils n'ont pu se détacher à ce point que parce qu'ils
soph isme ni un parmloxe, nulis une vérité d'éviden- 1 avaient été attachés davantage.
ce (Ille vous allez admettre aisément. Mais pour aller de l'extrême dissipation à l'ex-'
1
trême sagesse, il faut avoir l'âme des saints.
1 Vous qui n'avez pas plus que nous l'ambition d'ê-
L'attachement conditionne le détachement tre un saint et qui vous contentez de buts plus mo-
destes, attachez-vous donc d'abord à la Vie, mais
sans excès,
1'()lIr pmwoir se détacher il faut avoir été attaché. Ceux qui sont ,c revenus de tout'), n'ont pu reve-
Tel est le grand axiome de base. Si vous n'êtes nir que parce qu'ils étaient allés. Allez donc et fai-
pas allé jusqu'à l'étreinte des choses, comment vous tes de même, c'est-à-dire commencez à rompre vos
détacheriez-vous valablement de celles-ci '1 attachements excessifs.
Vos désirs inassouvis laisseraient votre âme insa-
tisfaite. Vous croiriez avoir vaincu vos désirs alors
que vous les auriez seulement refoulés. Le détachement de soi-même
L'homme n'a pas été mis duns un corps muni de
cinq sens principaux pour y vivre uniquement d'u-
ne vil' ungélique. Il lui faut tenir compte de ses be- L'ardeur de vos attachements conditionne l'in-
soins animaux. Le danger est de ne satisfaire que 1
transigeance de votre caractère, car si vous vous
éeux-cÎ alors que la créature humaine est un être examinez impartialement vous-même, vous consta-
double, qui repose sur deux vies, dont l'une est de terez que vous êtes attaché uniquement par égols-
la chair et l'autre de l'Esprit. Mais c'est précisé- ~ me et en fonction de votre intérêt personnel. Si vous
ment cette possibilité du choix, basée sur le libre- étiez attaché aux gens, aux animaux et aux choses
arbitre, qui lui confère sa noblesse, son pathétique uniquement pour leur bien à eux et sans préoccupa-
et son eflicacité. tion égoiste, vous n'auriez pas besoin de vous dé-
Pour vivre entièrement la Vie, il faut en faire l'ex- tacher car cet attachement apparent serait du dé-
périence. L'enfant qui serait élevé en vase clos saDS 1 tachement réel.
j
que les formes de la Vie puissent le visiter ou l'at- Vous nous avez enfin compris. Vous ne pouvez
teindl'e ne sentit qu'une caricature humaine venue vous détacher justement du monde extérieur qu'en
sur terre sans motif. vous détachant de vous-meme. L'attachement à au-
Or l'expérience vous attachera et, plus vous serez 'j trui et aux choses n'est condamnable que ,parce qu'il
attaché, plus vos tentatives de détachement seront
'",
s'exerce à travers soi.
valables. C'est toute la signification des paraboles Vous avez cent occasions de vous entrainer au dé-
'., tachement dans la vie courante. En matière de nour-
de la Brebis perdue et du Fils Prodigue. c Il y a ;
-126 -
riture vous pouvez renoncer successivement à tous
les aliments grossiers ou néfastes ; en matière de
breuvage, vous êtes libre de repousser les poisons.
S'agit-il d'une affection excessive pour certaines
personnes au détriment de certaines autres ? Dimi-
nuez l'ampleur de vos manifestations à l'égard des
premières et accroissez la fréquence de vos démons- CHAPITRE XIV
trations à l'endroit des secondes. Vous rétablirez
l'équilibre menacé.
Le Contentement
Le sacrifice en esprit

Tenez-vous exagérément à vos livres, à votre mo- Il est une sorte de culture que n'enseignent pas
bilier, à vos objets d'art, à vos instruments, à votre les traités, ni encore moins les philosophies, ni en-
radio, ù votre maison, à votre voiture ? Distribuez core moins les religions .•
à de moins pourvus ce que vous avez la force d'en C'est celle du contentement et du sourire.
distraire. Et, pour le reste, faites-en le sacrifice en N'est-il point paradoxal que la joie ne soit recom-
esprit. - 1 mandée que par les matérialistes, les jouisseurs, la
Il n'est pas absolument indispensable, pour être littérature vulgaire, les chansonniers imbéciles qui,
en état spirituel de pauvreté, de faire l'abandon ma- les uns et les autres, n'ont à distribuer qu'une joie
tériel de vos possessions objectives. Dès que celles- basse, inférieure, sans qualité et sans lendemain ?
ci ne vous tiennent plus à cœur et que vous vous Et que les penseurs, les religieux, les esprits affinés,
sentez de taille à les quitter pour une .autre forme les âmes vertueuses n'ont à vous offrir que peine.
de Vié, vous cessez d'être riche en esprit. tristesse, crainte et remords ? .
Exercez-vous méthodiquement au jeu de l'aban- Ne cherchez pas ailleurs les raisons du succès de
don. Vous verrez combien les premiers sacrifices fa- la mauvaise joie ou les motifs de triomphe du rire
ciliteront les autres, au point que, bientôt, il vous épais. Les hommes ont soif de détente dans la gran-
de contention de la Vie. Ils sont, dans le désert hu-
sessions. n'être que locataire de vos anciennes pos-
semblera
main, à la recherche des oasis. Faute d'eaux jail-
Un tel état d'esprit est éminemment favorable à lissantes et de palmeraies splendides, ils se conten-
une maturation du caractère qui assouplit celui-ci. tent de buissons maigres et de puits bourbeux.
le rend malléable et propre à de grandes transfor-
mations.
Pourquoi la vertu aurait-elle un visage austère 1

Il semble que les plus ~obles aient été les plus


tourmentés et se soient à plaisir crucifiés eux-lOê-
-128 - -129 -
mes. L'ascétisme intellectuel des jansénistes devait
engendrer Pascal et rien n'est davantage propre- à Multipliez les feux de joie
donner l'horreur et la méfiance de la Vie qu'une
existence si brève, empoisonnée par l'angoisse el la
Peur. Aussi nous vous disons à nouveau : Faites la cultu-
Lll férocité religieuse et le doute philosophique re de la Joie et du Contentement.
ont ensemencé en mal d'innombrables générations. Il existe des formes nobles, pures de la gaieté et
Tout a été bouleversé dans la conscience des braves du rire. Aucune d'elles n'est incompatible avec la
gens par la notion de dieux formidables, indulgl'mts sainte simplicité .•
à leurs propres vices et sévères pour nos vertus. Mais, pour être un bon jardinier, il ne faut pas
D'm'. la nécessité de réformer votre conception de craindre la fatigue, surtout au début, quand les mau-
la morille du monde, la divine d'abord et l'humaine vaises herbes ont tout envahi. -
après. Portez donc la hache, la faux, le croissant, la pio-
che et la serpe dans votre sylve intérieure. Multi- 1

pliez les abatis. Brûlez ce qui ne pourra être utilisé.


N'ayez 'pas peur de vos all~gresses Multipliez les feux de joie. La flamme dissipe l'om-
bre et éclaircit les fourrés.
Faites un terrain net, débarrassé des ronces et des 1
Non, il n'est pas exact que vous soyez condamné lianes. Laissez de place en place quelques beaux ar-
à l'éternelle tristesse et au continuel ennui. bres élancés. Puis labourez profondément pour re-
Non, il n'est pas vrai que vos bonheurs, que vos tourner l'humus vierge et semez, semez la joie à pro-
joies soient une offense au Divin. fusion, des deux mains .
. Il faut rayer de votre esprit tout cet ensemble noir Qu'importe si vos voisins ont semé de la tristessel
de menaces, de châtiments, d'imprécations, d'anathè- Celle-ci a beau être contagieuse, la vraie joie l'est .
mes par quoi tant de théologiens et de faux prophè- encore plus. Car la tristesse est. inconsciente, donc
tes ont souillé les esprits humains. sans racines délibérées, tandis que la vraie joie est
Il faut vous délivrer de ces complexes d'infério- consciente et pousse des pivots profonds.
rité et d'appréhension devant la Vie .. Nous ne nous bornerons pas, dans cet enseigne-
Il faut aérer votre âme, ouvrir les fenêtres de vo- ment, au langage des métaphores. Voici comment
tre cœur, croire au jour non à la nuit, au soleil non s'opère la culture de la Joie, même chez les inexpé-
à la pluie, aux roses non aux épines, à la beauté rimentés.
non à la laideur, à l'indulgence non à la sévérité, à
l'amour non à la haine.
Vous étouffiez jusqu'ici dans une atmosphère d'op- Faites la planche
pression.
Pourtant il ne tient qu'à vous de chasser tous les L'un des plus grands besoins de l'être humain
démons et même tous les mauvais anges, tous les dans cette école de tension perpétuelle qu'est la Vie
scorpions et les vampires qui feraient de vous un est la détente, c'est-à-dire le relâchement des liga-
enfer.
ments physiques et des ressorts moraux.
9 1

1 ..1
-130 - -131 -
Du point de vue physiologique ce sont les animaux - Ton arc demeure-t-il toujours bandé ?
de la maison qui vous fournissent l'exemple idéal - Non, certes, car le boyau perdrait sa résistan-
de la détente. Voyez le chien ou le chat allongés de- ce. Et il n'aurait plus la force de lancer sa flèche
vant le poêle ou la cheminée ; tous leurs muscles quand je voudrais m'en servir.
sont en jachère, tous leurs rierfs à l'abandon. L'ins- Amasis rit plus fort.
tant d'avant ils étaient, l'instant d'après ils seront - Ainsi de moi, vois-tu. Mon esprit est une corde
en pleine contraction musculaire et nerveuse et le raide qui ne peut rester toujours tendue au sein des
réveil de leurs énergies sera d'autant plus intégral - délibérations. Laisse donc l'arc se débander et mon'
et foudroyant que leur sommeil aura été plus total. esprit se détendre; Mes jugements n'en seront que
Quand vous êtes fatigué, surmené, inquiet, irrité, meilleurs.
commencez par une relaxation de tous vos muscles.
Effectuez quelques respirations profondes. Affirmez
mentalement et extérieurement le calme et la paix. Ayez de temps en temps une âme de petit enfant
Evertuez-vous alors à faire le vide dans votre esprit,
à chasser toute pensée de votre Ame. Ne soyez plus
qu'une chose inerte, flottante, qui fait la planche de- Si vous êtes grave, sérieux, compassé, si vous êtes
vant l'Esprit. vieux, triste, fatigué, sachez vous faire, de temps à
Ne croyez pas qu'il s'agisse d'une désertion en autre, une âme de petit enfant.
face de l'ennemi. Non point. C'est l'abandon cons~ Quelle que soit votre situation, votre valeur intel-
cient aux Forces Eternelles qui, déjà par ce simple lectuelle ou morale, sachez vous mettre au niveau
geste, crée l'état de sécurité. des simples, lorsque votre esprit .en sent le besoin.
Un bain de simplicité contient les eaux vierges de
la Vie.
Si vous estimez que ·Ia joie est indigne de vous, N'ayez pas de honte à vous faire petit. Cette pe-
c'est que vous êtes indigne de la joie titesse-là exige de la hauteur de caractère, parce
qu'elle est consentie et délibérée pour un lieu et
pour un temps.
Ne considérez pas la Joie comme indigne de vous. Se faire petit n'est ni s'humilier, ni s'abaisser. Se
Si vous avez cette pensée, dites-vous, au contraire, faire petit n'est pas s'incliner devant les événements
que c'est vous qui êtes indigne de la joie. La Joie et les hommes. Se faire petit c'est se mettre au ni-
n'est pas une· faiblesse, c'est une distinction. N'im- veau même de la création.
porte qui ne peut s'élever sur les plans supérieurs Si vous êtes une célébrité de l'âge mllr, vous n'a-
de la Joie. vez pas toujours endossé l'habit d'une personne il-
J ndis, le pharaon d'Egypte Amasis jouait au mi- lustre. A la naissance, vous étiez semblable à vous-
lieu de ses courtisans et l'un de ceux-ci, qui se sou- même, c'est-à-dire au reste des humains. De même,
venait des règnes précédents, faits de sévérité, de à la mort, vous ne serez rien de plus que les autres
raideur et d'injustice, exprima sa surprise au roi et hommes. La simplicité, vous le voyez, est votre point
le mit en garde contre son manque de majesté. de départ et votre but.
Amasis rit et dit : Exercez-vous à retrouver l'état initial et flnal, qui
-132 - -133 -
est voire élat véritable. Posez de temps en temps vo- infiniment plus dangereuse que celle dont les corps
tre vêtement factice et alignez-vous sur l'état com- sont menacés.
mun. Le jel1ne d'honneurs et de dignités sera pour L'amertume et la critique portées à ce point équi-
votre esprit la meilleure des cures et votre carac- valent à une vraie gangrène de l'Ame. Comment le
tère y puisera les plus belles raisons d'être homme, caractère de ces hommes malheureux ne serait-il
dans la véritable dignité. pas une source de maux 1

Gardez-vous des mécontents, peste subtile Le mécontentement de l'esprit engendre


le mécontentement des organes

Pour peu que vous cherchiez autour de vous, vous


avez certainement rencontré, dans vos relations ou Il est rare qu'un pareil état d'esprit n'ait pas sa
votre voisinage, un de ces éternels mécontents dou- correspondance dans l'état physique. Les troubles
blés de perpétuels malchanceux. fonctionnels de l'âme engendrent les troubles fonc-
La tristesse, le découragement, la crainte, le dé- tionnels du corps.
nigrement suintent de leurs propos et de leurs ges- Combien d'insuffisants du foie ou de bilieux plé-
tes. thoriques doivent leurs maladies et leurs souffran-
Tout ce qu'ils touchent est hostile ; tout ce qu'ils ces à la déviation de leur esprit 1
gOlltent est amer. Il Y a pis : l'âme peut avoir de véritables lésions
Ils voient des ennemis partout, sc défient de leurs morales, créatrices à leur tour de vraies lésions or-
amis. soupçonnent leur entourage. Leurs pères leur ganiques. On ne compte plus les maladies de cœur
semblent injustes et leurs enfants ingrats. provoquées par un dérèglement spirituel. Apoplel\,ie
Patrons, ils ont le mépris de l'employé. Employés, et congestion sont souvent le fait de la colère. Il
ils ont la haine du patron. n'est jusqu'au cancer lui-même qui ne soit la tra-
duction cellulaire d'une tumeur de l'esprit.
Leurs marchés ne sont jamais assez avantageux,
leurs l'écoltes jamais assez belles. Ils suspectent le
gouvernement, l'administration, les individus, les Il existe des contrefaits de l'âme
collectivités, se révoltent contre les circonstances,
les phénomènes de la nature. Ils accusent leur santé,
le hasard, le Destin, la Providence. Ils se croient les Si vous étiez bien· persuadé de tout ceci, à quoi la
uniques vidimes du monde coalisé,
plupart des médecins ne comprennent goutte (et
Ces hOllllIIes ne sont point des impuissants, com- c'est ce qui explique leur impuissance dans les cas
me on aUl'ait tendance à le croire, Leurs pensées invétérés) vous réformeriez sur le champ votre ca-
persévérantes dans le pire attirent sur eux les forces ractère.
du Mal.
Vous procéderiez sans retard au redressement de
Dieu vous garde d'être jamais dans le rayon d'ac- votre structure intime et vous feriez de l'antisepsie
tion de tels êtres 1 Ils sont les véhicules d'une peste morale, parce que c'est ce qui importe avant tout.
-134 - -135 -
Ne doutez pas qu'il y ait des bossus de l'esprit et et ineffable simplicité. Une seule appartenait à un
des boiteux de l'âme, des amputés sentimentaux et milieu social élevé, dans le sens que nous lui don-
des culs-de-jatte émotionnels. Tout ce que vous pour- nons en ce monde. Les autres étaient du petit peu-
rez tenter pour réformer l'infirmité apparente sera ple ou d'une bourgeoisie modeste. Et nul d'entre
parfaitement inutile tant que vous n'aurez pas mo- eux ou d'entre elles ne soupçonnait son rayonnement.
difié le gabarit intérieur.

Une sainte du peuple


Mais il Y a aussi des bien faits de l'esprit
La première, dans le voisinage de laquelle nous
En opposition n'avez-vous jamais découvert dans avons vécu à l'âge de cinq ans, était femme d'un vi-
le flot des personnes qui se sont confrontées à votre gneron et sc livrait' aux plus humbles travaux do-
vie, quelques êtres radiants, faits de compréhension mestiques. Son mari et ses fils étaient des êtres bons
et de bonté? mais grossiers. Aucun d'eux ne s'avisa jamais qu'il
Dès qu'une présence de cette sorte se manifeste ( vivait dans l'intimité d'une sainte. Et c'était une
autour de nous, nous en sentons la chaleur et la lu- sainte vraiment dont la vertu s'imposait. Les cœurs
mière. Ses radiations couvrent le voisinage et essai- frustes qui l'entouraient en subissaient la chaude
ment en tous lieux. Son contact est de douceur et haleine. Et bien qu'ils ne comprissent rien au par-
de contentement, ses gestes sont apaisants, ses pa- fum céleste qui s'en exprimait, tous avaient le sen-
roles consolatrices. Son visage même réfléchit le timent d'une grandeur insolite et de quelque chose
Divin qui est en lui. qui les dépassait.
Ce phénomène d'irradiation ressemble à la c Grâ- Maintes fois l'enfant que nous étions fut pris dans
ce • catholique, sans qu'on puisse connaître objecti- ses bras et élevé jusqu'à la hauteur de son visage.
vement la raison de tels privilèges ni de tels privi- Après tant d'années, il nous semble revoir ses yeux
légiés. clairs. Une telle bonté en coulait que son flot m'inon-
Car c'est bien d'un privilège divin qu'il s'agit. Et dait jusqu'au fond de l'âme. Et jamais nous ne la
celui-ci ne tient compte ni-de la position sociale, ni quittâmes sans nous trouver un peu plus loin du
de l'âge, ni de la race. Il semblé cependant que la ciel.
femme y soit davantage prédisposée que l'homme à
cause de ses exceptionnelles qualités d'émotion. La parente c effacêe »

Les êtres de grâce La seconde était couturière en atelier et gagnait


1
durement sa vie. Elle était vaguement de la famille
l et nos parents la voyaient de loin en loin. Nous nous
Nous avons, au cours de la présente existence, ~ souvenons fort bien de l'avoir considérée avec admi-
connu personnellement un certain nombre de ces ration dans notre Jeunesse. Il n'y avait place pour
c géants d'âme ., tous marqués au coin de la pure aucune inimitié et aucune plainte dans son esprit.
v
-136 - -137 -
Comme celle dont nous avons parlé plus haut, elle comme un minus habens de la profession à cause de
était presque totalement dépourvue d'instruction et la transparence de son Ame.
savait tout juste lire et écrire. Sa pauvreté intellec- Nul ne l'avait jamais vu irrité ou mécontent. Son
tuelle s'effaçait devant sa richesse spirituelle, car pouls physique battait à quarante mais son pouls
elle portait en elle son trésor. Les siens ne reçurent spirituel battait à mille. Il n'avait pas de religion
d'elle que l'exemple d'une vie satisfaite, toujours ni d'opinion préconçues. Il était sans préceptes,
heureuse d'elle-même et des autres .et prête à tous sans obligation, sans dogmes, congénitalement sim-
les humbles dévouements. Les ouvrières parmi les- ple et bon. Il n'en avait pas le soupçon et certes on
quelles elle travaillait étaient du type le plus vul- l'eilt étonné lui-même si on lui avait dit que sa car-
gaire, mais elle ne voyait pas leurs défauts ni n'en- rure morale dépassait vraisemblablement celle de
tendait leurs récriminations. Elle souriait presque bien des chefs religieux.
toujours d'un petit sourire usé, à force d'avoir servi
dans sa vie et acceptait simplement de n'avoir pour
foyer que celui des autres et de ne pouvoir utiliser Celle qui crut avoir c travaillé • pour le roi
pour elle-même toutes les richesses de son cœur. de Prusse
Elle a dil gagner la vieillesse sans rien perdre de
son lime adolescente, puis aller à la mort comme à
une fête espérée depuis longtemps. La quatrième était une cousine germaine appelée,
.. à cause de la "différence d'âge,e petite tante _ et
que, depuis nos jeunes années, nous considérions
L'enfant aux cheveux blancs comme un être d'ascension ..
Instruite, artiste et instinctivement poète, elle
avait été e brimée _ par l'existence et, presque tou-
Le troisième était un vieux professeur d'un mo- jours, réduite à servir. Tour à tour institutrice, "di,-
deste collège de province. Son visage de poupon rectrice de pensionnat, puis encore préceptrice, elle
rose contrastait avec ses cheveux blancs. Quand promenait inlassablement dans la vie son cœur éper-
nous l'avons rencontré pour la première fois, il vi- du d'amour.
vait au sein de la nature et communiait en elle avec Nous gardons toujours l'écho de sa voix musi-
des rires d'enfant. cienne, si douce et si pure qu'elle caressait l'esprit.
C'était bien un enfant, en effet, au sens le plus au- Elle était catholique d'éducation et même prati-
guste de ce terme, c'est-à-dire une âme de fraicheur, quante. Mais l'observance des rites ne la desséchait
d'enthousiasme et de sensibilité. Mais il n'avait de point. Elle mêlait naturellement à l'idée de devoir
l'enfance ni l'égoïsme spontané, ni l'avidi~é, ni l'im- l'idée de tendresse. lJien qu'elle ne fut pas belle de
patience. C'était un enfant, mais un enfant parfait. visage son sourire l'embellissait.
Tout le monde l'aimait sans distinction d'opinion. Son existence entière fut consacrée à une famille
Ses élèves ne parlaient de lui, et ne lui parlaient ..J, légère et avide. Du feuillage de ses rêves de vierge
qu'avec une familiarité respectueuse. Supérieurs et elle fit un bilcher. Et, toujours bonne,'toujours 'égale,
collègues l'estimaient avec une nuance de commisé- toujours compréhensive, elle abordait son âge mdr
ration. Sans nul doute l'Alma Mater le considérait quand la mort la vint chercher.
-138 - -139 -
Celle qui n'avait jamais pu réaliser son milieu, as- lui ressemble, droite et aérée comme elle, avec des
seoir ses affections, constituer son foyer sur terre, jambages de bonté.
happée qu'elle était sans cesse par ceux qui vivaient Nous sommes sQ.rs qu'elle rougirait si, lisant ces
de ses sentiments, celle-là, disons-nous, n'eut même lignes, elle pensait qu'il s'agit d'elle. Mais elle est
pas la stabilité de l'heure dernière. Une obstruction si sainte et si simple qu'elle ne se reconnaîtrait pas.
intestinale la terrassa au cours de vacances chez des
étrangers .••
On nous a rapporté qu'avant de mourir, quand la La soupape du rire
fin lui parut irrémédiable, elle s'écria, pensant à la
longue série de ses sacrifices personnels :
c A quoi tout cela sert-il ? J'ai travaillé pour le Il est bon de savoir rire en temps et lieu, car le
roi de Prusse 1 :t - rire est une soupape nerveuse.
Réplique naïve de Jehanne doutant de ses voix Ne nous arrive-t-il point à nous-même, après les
sur le bQ.cher. Mais, comme Jehanne aussi, ses yeux matinées de travail intellectuel et les heures de ten-
spirituels s'ouvrirent et elle comprit, au dernier sion nerveuse, de jouer, courir, lutter, bêtifier avec
~oment, qu'elle avait œuvré pour le Grand Roi. notre fille de dix-huit ans ?
Celle-ci n'a pas grand effort à faire pour se re-
plonger dans l'extrême enfance. On n'est jamais
Une haute figure . complètement une grande fille pour son père, même
quand, physiqu,ement, on n'est plus à la mesure de
ses bras. Il s'ensuit de fougueuses confrontations
Enfin la dernière qui nous soit connue à ce jour et des rires inextinguibles, pour rien, pour le fait de
appartient à l'aristocratie étrangère. Elle vit encore rire et la détente qui est au bout.
et, de ce fait, nous ne pouvons en parler qu'à demi Mais, ceci dit, le rire n'est pas le contenteme'nt,
mot. il n'en représente que la frange extrême. :Le conten-
La première fois qu'on nous en parla, il nous fut tement n'a même pas besoin du rire, car lui n'est
dit : ni intermittent ni convulsif.
c Elle est toute blanche. En trente ans, personne
ne l'a jamais entendue faire une critique, ni parler
en mal de quelqu'un :t. Source secrète, eau évidente
En effet, la première fois que nous la vîmes, ses
yeux d'abord nous frappèrent. C'étaient vraiment
les ouvertures de son âme et son âme en sortait vrai- Le contentement est encore bien plus que la Joie
ment. et même que l'allégresse, dans lesquelles il y a tou-
Le sourire habite ses lèvres à elle aussi et c'est jours un bondissement.
un très délicat sourire, juste ce qu'il faut pour par- :La Joie est dynamique exclusivement et momen-
fumer la vie de ceux qui l'approchent et éclairer le tanée comme toutes les énergies. Le contentement·
monde de son soleil intérieur. est statique parce qu'il constitue un état permanent.
Elle enrichit par simple évocation et son écriture Son dynamisme n'en est cependant pas moins grand
-140 - -141,-
à demeurer caché. Il s'exerce avec une continuité e que l'aimant attire. Mais dire qu'il e aime ~ est
admirable et enrobe les circonstances de la vie, les e bien plus vrai.
plus humbles et les plus hautes, d'un grand soleil e L'aimant est, dans les choses matérielles, ce qui
de vertu. e peut nous faire toucher le mieux la vertu de l'A-
Avoir le contentement intérieur, c'est porter en e mour.
soi une source secrète d'ori ta grtlce coule invisible- e Il transmet sa force d'attraction, même sans
ment. Cela ne peut être obtenu que par une répudia- e contact, à ce qu'il .e aime :t ou attire. Et, loin
tion de toutes les petitesses de l'existence, un parti- e d'être affaibli par ce don, il n'en est que plus for:'
pris obstiné de ne' plus voir le laid ni le mal. e tement aimanté.
Celui qui entre dans la voie du contentement dé- e L'aimant qui a donné son magnétisme à l'acier
pouille son caractère. Il rabote ses angles, ses épines, e n'a rien perdu de son poids. Avant comme après
devient lisse, net et blanc. Chaque homme, chaque e l'aimantation, celui-ci reste le même. L'amour de
animal, chaque plante, chaque chose lui devient un e l'aimant est donc impondérable et constitue l'âme
e matérielle du minerai.
objet de contemplation satisfaite et d'idéale expli-
cation. L'homme content se contente de tout et con- e Il y a plus : le magnétisme de l'aimant ne se
tente tout ce qui l'environne et cela aussi naturel- e borne pas à aimanter l'objet placé dans son rayon
lement que le sel sale et que le sucre adoucit. e d'influence. Il communique à celui-ci la même
e faculté de transmettre et d'aimer.
e En sorte qu'une source unique d'amour suffit à
Le magnétisme de « l'aimant » e alimenter intarissablement tout ce qui l'approche
e et, par le canal des choses e aimées :t, fait la
e boule de neige de l'amour :t •
. C'est lorsqu'une créature humaine est parvenue à
cet état d'intérieure félicité qu'elle dégage certains
effluves, parfois en si grand nombre et d'une telle Les comblés
puissance que tout autour d'elle en est inondé.
Cette imprégnation, qui se communique et fait
tache d'huile, est le magnétisme avec ses phénomè- Le résultat le plus direct d'une attitude extérieu-
nes inouïs d'aimantation. re de contentement est d'amener la même attitude
Ainsi nous nous trouvons amenés à la notion d'A- intérieure. Dès que le contentement est intérieur,
mour, cette éternelle loi magnétique que nous avons celui qui le possède se sent comblé.
proposée sous la forme suivante dans LE REGNE On sait ce que veut dire comblé dans le langage
DE VAGNEAU (1) : . ordinaire. C'est, par exemple, pour un vase, être
plein à déborder. Ce débordement, à lui seul, mon-
e On peut aussi dire de l'Amour qu'il est l'état tre qu'on a reçu plus que pour soi-même et qu'il y
e magnétique engendré par l'éternel Aimant. a du profit de reste dont tout ce qui approche le
e Le mot français a déjà une force en lui. On dit vase est imbibé. ~
Evertuez-vous, par conséquent, à être comblés,
(1) Ed. 811."",,; l-. \J, •• r c'est-à-dire à vous considérer comme tel - car vous
-142 - -143 -
ne connaissez pas l'étendue innombrable de vos ri- Sans doute la jeune Amérique n'a pas codifié la
chesses - et à distribuer vous-même, sciemment et joitl ni dogmatisé le rire. Mais certains de ses écri-
inconsciemment, le surplus. vains préférés ont cultivé le e jeu du contentement :..
Parvenu au comble du contentement, vous deve- Les e Polyana :. d'Eléonore H. Porter, ont davantage
nez un répartiteur de biens. Stocker est bon pour fait pour bouturer la joie que mille pédagogues
celui qui a toujours peur de manquer. :Mais vous, pour disséminer le doute et l'ennui.
comment auriez-vous peur de manquer, puisque ce Et que l'on ne me dise pas que tout cela est du
qui vous est octroyé dépasse de loin ce qui vous est pragmatisme d'Outre-Océan, bon tout au plus à exal-
nécessaire, excédent et superflu compris ? ter des consciences primaires. Nous et notre entou-
Vous vous croyiez dénué et vous manquiez seule- rage en avons fait nous-mêmes l'expérience. Nulle
ment de gratitude pour tout ce que la Providence culture n'est plus passionnante ni plus rémunéra- ,
Invisible vous avait envoyé. trice que celle du contentement.
Nous avions donc raison dans Les Cantiques de la
Vie Heureuse (1) d'exprimer ainsi l'effusion du con-
tentement :
e La Joie m'emplit comme une vasque et déborde
e de mon cœur.
e La joie descend en cascades tous mes escaliers
e intérieurs.
e Ma joie fuse en jets vers les nues
e Terminée par une fleur de cristal,
e Vivante, renaissante, épanouie
e Et multicolore comme l'arc-en-ciel,
e Puis qui retombe sans cesse à mesure qu'elle
e remonte, .
e Et inonde tout, autour de moi, d'un bruit de
e larmes heureuses,
e D'une odeur d'eau contente et de sanglots frais.
e 0 fontaines du Divin, Grandes Eaux de l'Allé-
e gresse 1 :.

Est-ce parce que nous sommes des peuples trop


vi~ux, trop sceptiques, trop e civilisés :. que l'Eu-
rope a perdu la sdence du sourire ?
Celle-ci est laissée à l'initiative individuelle, c'est-
à-dire à l'empirisme et au hasard.

(1) Vivre divinement~:


TROISIEME PARTIE

RELATIONS AVEC LE DEHORS

.;
CHAPITRE XV

Le Caractère et Autrui

Nulle occasion plus favorable ne peut être offerte


de passer de la théorie A la pratique que dans ce
chapitre consacré spécialement A vos relations avec
autrui.
Autrui, c'est toute la partie de l'humanité qui n'est
pas vous, c'est-A-dire les autres hommes. Votre exis-
tence y est A ce point liée que ri~n ne peut vous en
détacher. Force vous est donc de tenir compte de
ce facteur essentiel de la vie humaine : l'Humanité
ne peut se détacher de vous qui, ii petit que vous
soyez, lui êtes indispensable, exactement au même
titre que le plus grand savant ou le plus grand sei-
j gneur. Le tout est indisaociablè et ne peut que se
resserrer d'Age en Age, parce que ce' resserrement
1 psychique et physique des hommes est conforme à
l'Unité.
Une loi identique gouverne votre corps, associa-
1 tion d'atomes et de cellules, de tluidea et d'hJ1meurs.
,
\
Aucune partie ne peut rien sana le concours des au-
i tres parties. Vous êtes un volume solidaire à la re-
cherche, lui aussi, de son unité.
VoilA qui vous démontre clairement A quel point
vous êtes obligé de tenir compte des autres hommea
comme les autres hommes sont obligés de tenir
compte de vous.
-148 - -149 -.
Qu'est-ce que le prochain ? Ne mettez pas sur le dos des autres..•
Mais autrui est un terme général, une vaste raison
sociale qui, si elle régit moralement toute la Maison Nous ne voulons pas savoir si vous êtes plus in-
Humaine, ne s'applique pas expressément au milieu telligent ou plus adroit que vos sœurs et que vos
restreint dans lequel vous vous mouvez. frères, ni si vous avez plus de science ou plus de
Si grand voyageur que vous soyez vous ne vous vertu que vos parents. En effet, notre but n'est pas
trouverez en contact, mentalement et physiquement, d'améliorer votre famille, mais de vous améliorer
qu'avec une infime partie de la race humaine. Mais vous-même. C'est donc uniquement à votre point.
autrui a un sous-multiple que nous appellerons le de vue que nous nous placerons.
prochain. . Vous êtes en difficulté ou en opposition avec votre
Le dictionnaire assimile assez faussement le pro- père ou votre mère ou l'un quelconque des mem-
chain à autrui, à l'Humanité. C'est une définition bres de votre famille et vous en accusez le sort.
inexacte. Le prochain est la part d'autrui qui nous Force nous est de vous décevoir et de vous dire
est proche. En d'autres termes, le prochain est, plus que l'opposition est dans votre propre conscience
particulièrement, ce que notre esprit et nos sens et que le débat extérieur est la conséquence du dé-
sont à même d'approcher. bat qui est en vous.
Car là commence la difficulté véritable de réfor- Vous êtes libre, à tout moment et dès maintenant,
mer votre caractère. Rien de plus facile pour vous de sortir de l'état d'opposition pour pénétrer dans
que (le réaliser théoriquement, comme nous le di- l'état d'harmonie parfaite. Vous êtes libre de chan-
sions plus haut, l'entente parfaite avec un colon des ger de conscience alors que vous n'êtes pas Ii.bre
antipodes. que vous ne verrez jamais, ou avec un de changer la conscience d'autrui.
nègre de Tombouctou, que vuus n'avez jamais vu. Autrui, d'ailleurs, lui non plus, n'est pas capable
n n'en est pas de même avec votre voisin immédiat, de modifier votre conscience. Il ne peut que modi-
avee votre employeur ou votre employé, avec votre fier la sienne à votre endroit.
COnl"IIlTent d'affaires, avec votre famille, avec votre Toute l'incompréhension vient de ce que vous n'a-
ami. avec votre client. Tous ceux-ci sont dans le vez pas réfléchi à votre autonomie spirituelle. Vous
chmnp de votre susceptibilité, nous voulons dire de êtes le maître d'instituer chez vous la réglementa-
votre amoUl'-propre ; tous ceux-ci sont dans le champ tion que vous voulez. Si donc cette réglementation
de votre intérêt, nous voulons dire de votre égoïs- ne vous donne pas les résultats désirés, c'est qu'elle
me immédiat. est défectueuse ou nuisible et il vous appartient de
Commen\'uns dOllc par envisager vos relations la remplacer.
avec votre prochain le plus propre, celui dont vous Par conséquent, n'imputez à personne ce dont
respirez l'air et mangez la nourriture, celui avec vous êtes uniquement responsable et ne mettez pas
qui vous menez l'existence en commun. Car avant sur le dos des autres ce que vous vous croyez inca-
de sc confronter avec l'étranger, l'homme se con- pable de supporter.
fronte avec sn famille.
-150 - -151-
clavier de vos propres cordes. Pincez-les toutes
La paille et la poutre l'une après l'autre jusqu'à ce que vous ayez trouvé
l'accord. Dès que celui-ci sera obtenu, vous enten-
drez chanter la corde syntonique de votre frère, et
c Pourtant, direz-vous, mon frère est menteur, le miracle que vous croyiez impossible sera réalisé.
gourmand, voleur, dissipateur et moi je suis franc,
sobre, honnête et économe.
c Dois-je, moi qui ai de la vertu et de la sagesse, La notion de rivalité et de ,concurrence
céder à mon frère qui n'en a point ? :t
Raisonnement inattaquable en apparence mais dé-
nué de valeur réelle. Le jugement que vous porte. A la base de presque tous les désaccords entre, '
sur votre frère est nécessairement partial. Nul homme frères et sœurs, il yale sentiment pitoyable de la
n'est entièrement mauvais, nul homme n'est totale- jalousie, soit que celle-ci vienne de vous, soit que
ment bon. Tout être humain change à chaque heure. vous l'ayez inspirée à l'autre par vos actes ou vos
Vous ne connaissez pas les mobiles profonds de tous propos. Dans les deux cas, c'est vous qui êtes res-
vos actes. Comment connaitriez-vous ceux des actes ponsable de cette jalousie.
d'autrui? ' La notion de rivalité et de concurrence joue un
Ce qui vous semble mensonge, gourmandise, vol, grand rôle dans les rapports fraternels. Peut-être
dissipation chez votre frère, n'est peut-être que crain- êtes-vous mécontent d'être l'ainé parce que l'indul-
te, appétit, sans-gêne et même générosité. gence des parents va au dernier-né, alors que les
Par contre, vous êtes peut-être avare, cynique, sévérités vous ont été réservées. Peut-être êtes-vous
mesquin, difficile et vous qualifiez cela du nom d'é- fâché d'être le cadet, parce que celui-ci ne compte
conomie, de franchise, d'honnêteté et de sobriété. guère entre le plus' jeune et le plus âgé. Peut-être
supportez-vous mal d'être le petit dernier, parce
que vous n'êtes pas pris au sérieux par les autres.
Savoir pincer la bonne corde Ou bien garçon, vous êtes jaloux des fllles et fille,
vous êtes jalouse des garçons.
Cet état de mécontentement provient de ce que
Si vous étiez vraiment sage et vertueux, vous ne vous n'êtes pas maitre de vos hnpulsions lorsque
jugeriez pas sévèrement votre frère, mais, recher- vous êtes encore au voisinage de l'adolescence. Alors
chant en vous les causes de la mésentente, c'est en vous n'avez pas la patience d'attendre que la vie ait
vous que vous les détruiriez. donné à chacun de vous la place qu'elle lui doit. Car
Dans votre frère, comme dans tout homme, il y a la Vie vous apportera exactement ce que vous avez
au moins une corde qui peut vibrer, mais vous n'a- mérité, sans s'occuper de vos fausses raisons, de
vez en lui aucun accès direct à cette corde. Vous vos arguments tendandeux ou de vos p~éoccupa-
ne pouvez l'émouvoir que par résonance en faisant tions égoïstes. Et, venu l'Age adulte, vous assisterez
vibrer la corde correspondante de votre cœur. Cher- à des c remises en place :. qui ne tiendront compte
chez bien cette corde spécialement dans tout le ni des pauvres mobiles, ni des calculs intéressés.
-152 - - 153 -;-

Non seulement les glaces fondront autour de vous,


Utilisez votre fausse monnaie mais vos radiations adouciront l'atmosphère et tout
le climat se modifiera insensiblement. Vous verrez
d'abord la -terre apparaitre sous la croQte gelée, puis
Maintenant vous voici en état d'agir, par tri de des plantes insoupçonnées germeront.
vos inclinations et élimination de vos faiblesses. Avec une prodigieuse rapidité, la végétation s'é-
Vous n'ignorez pas que tout résultat se paie, que tou- tendra et il surgira de véritables forêts affectives et
te réussite s'achète et vous êtes disposé à acheter et de sentimentales oasis.
à payer. Déboursez donc honnêtement ce qu'il faut Ne vous récriez pas et ne criez pas au miracle.
pour aboutir à une entente honnête. Les bienfaits C'est là un phénomène assez fréquent et, au demeu'\
de la paix sont si grands que vous ne regretterez rant, naturel. Nous pourrions vous citer et vous con-
pas cc que vous aurez sacrifié. naissez certain~ment vous-même des personnes ayant
L'amôUI'-propre, lu malice, l'esprit de critique, le c secret ~ du charme, c'est-à-dire la propriété de
l'envie, l'égoïsme ne sont que de la fausse monnaie répandre naturellement de la grâce autour de soi.
dont vous pouvez vous défaire sans regret, car elle Au voisinage de tels êtres, qui sont très souvent des
n'Il par elle-même ni valeur ni pouvoir d'achat. Elle femmes, tout s'harmonise et se transforme, s'idéa-
ne peut que vous causer des ennuis, vous attirer des lise et s'épanouit. La douceur ambiante s'élève de
complications et, bien loin d'être un élément de ri- plusieurs degrés lorsqu'ils sont là, mais,' chose
chesse, ne peut que vous appauvrir de plus en plus. inouïe, elle ne baisse pas immédiatement lorsqu'on
Or c'est elle qui doit 'précisément vous faciliter la les quitte. On dirait que leur chaleur spirituelle leur
transaction sentimentale avec votre sœur ou avec survit. -
votre frère. Faites coup double en vous libérant Avant eux, on est comme dans un clair-obscur, une
d'une dette réelle avec la monnaie illusoire de vos chambre mal éclairée. La pénombre met un voile
défauts. Ainsi la réforme du caractère vous affran- sur l'intelligence et l'esprit . .A peine sont-ils là que
chira du pire et vous dotera du meilleur. toute l'âme est illuminée. On croit passer d'une sou-
pente enfumée dans une cathédrale pleine d'orgues
et de feux. '
Faire fondre les neiges autour de soi Et l'émerveillement dure après eux, comme l'o-
deur de l'encens mystique qu'on emporte, à travers
la nuit et la neige, dans l'encensoir de son cœur.
De quoi s'agit-il effectivement '1 Il y a des exemples fameux de ces créatures en-
De vous transformer en foyer de sympathie, d'ac- chanteresses qui, par don et vertu, magnifiaient tout
croître votre magnétisme spirituel, en même temps autour de soi. A leur contact les méchants deve-
que votre rayonnement mental. naient bons, les bons devenaient saints, les scepti-
Si vous parvenez à cet état du corps et de l'esprit, ques dépouillaient leur indifférence, les découra-
si vous devenez effectivement un centre d'attrac- gés se reprenaient à vivre et les sots acquéraient de
tion intérieure, vous serez comm~ une source d'eau l'esprit.
chaude dans un paysage boréal.
-154 - -155 -
1

Une enchanteresse : Mme de Girardin 1


Nettoyez le verre de votre lampe
)
1

Mme de Girardin parfuma de son rayonnement la Nous savons des gens qui cultivent avec prédilec-
première moitié du dernier siècle. En une vie aussi tion la rancœur et les idées noires. Leurs lectures
brève elle accumula des dons triomphants. Nul ne sont désespérantes, leurs fréquentations attristées,
résistait à tant de beauté heureuse, mêlée à tant de leurs disciplines malheureuses, leurs jouissances
grâce vivante, nul n'échappait à cette séduction in- même souillées de fiel. Leur cœur est bon cepen-
consciente qui dégageait d'elle ses effluves subtils. dant et juste et même altruiste. Mais leur lampe por-
Certains de ses plus notoires familiers ont souli- te un verre noir. Ils pourraient s'éclairer et éclairer
gné ce pouvoir qui, loin de se concentrer en lui- autour d'eUX,rien qu'en changeant le verre de leur
même, s'éparpillait en gerbes de parfums. Au point lampe. Or ils se complaisent dans leur mélancolie
et leur obscurité.
qu'avec c Delphine ~, on se sentait naturellement
bon, spirituel, qu'auprès d'elle on vivait double et Ces gens-là s'étonnent de rencontrer les ténèbres
que les plus désespérés comme les plus pauvres la autour d'eux quand ils font un geste vers la Vie. Ils
quittaient heureux et enrichis. ne savent pas que la Vie ne donne rien sans con-
tre-partie ; on n'y trouve que la lumière qui est en
soi. Elles exigent du bonheur alors qu'elles ont re-.
fusé de lui créer l'atmosphère qui l'attire et sans la-
Changer la peau de son cœur quelle, au surplus, il ne saurait être le bonheur.
Il se peut que vous soyez de ces gens:'.}àet que
vous n'ayez pas le dessein de verser les arrhes exi-
Cette admirable faculté n'est pas donnée gratui- gées, comme le paresseux qui voudrait faire de la
tement à tous en cadeau de naissance. Mais tous culture physique sans sortir de son lit.
peuvent gratuitement, quoiqu'à des degrés divers, Vous, levez-vous et réformez-vous. Prenez tout de
. l'acquérir. suite le contre-pied de vos attitudes passées. La Vie
Il suffit que vous vous mettiez à fabriquer du con- ne demande qu'à faire u~e moitié du chemin pour
tentement comme vous fabriquiez du mécontente- aller à votre rencontre, mais c'est vous et non pas
ment. Dès que votre âme sera ensoleillée, vous ver- un autre qui avez à faire l'autre moitié.
rez le soleil se refléter partout autour de vous.
C'est surtout si vous êtes habituellement triste ou
maussade, brusque ou boudeur, mécontent ou gro- La police des pensées
gnon que vous avez besoin de faire des miracles et
de changer la peau de votre cœur. Pour peu que
vous ayez la volonté d'effectuer ce dépouillement, Ce que nous avons dit précédemment de l'entente
vous en serez récompensé avec faste et votre terne entre frères et sœurs est valable pour toute votre
existence se muera en illumination. famille, de même que pour vos amis.
-156 - -157 -
Le procédé général ne change pas, qu'il s'agisse temps que votre caractère, la notion que vous avez
de vos relations avec votre père, votre mère, votre de votre influence sur le prochain.
mari, votre femme, vos oncles et tantes, vos neveux 1 Contrairement à ce que vous supposez et à ce que
~ tout le monde suppose, il n'y a pas besoin d'étre deux
et cousins, parce que tout dépend de votre compor-
tement intime dont les ondes, bien loin de demeurer pour s'entendre: un seul qui pense bien suffit.
en vous-même, vont à toute distance faire vibrer Par contre, pour se quereller, il faut être au moins
les autres circuits accordés. deux et ceci vous apporte la preuve opposée.
Si vous êtes en état d'hostilité ou de dénigrement, A la vérité, tous les pouvoirs d'entente et de con-
les ondes mauvaises que vous engendrez ainsi éveil- ciliation sont en vous seul.
lent, sans distinction de lieu, les facultés d'hostilité
ou de dénigrement qui sommeillent, ou sont éveil-
lées chez les autr,es hommes. Peut-être la malice qui Gare au faux dégel !
vous habite présentement n'est-elle que la résonan-
ce d'une malice étrangère dont les radiations sont c Mais si mon prochain, rétorquez-vous, répond
parvenues jusqu'à vous. Il vous importe donc de c à mes pensées de compréhension, à mes paroles
faire la police de vos pensées et de rejeter ~mmédia- c d'amitié et à mes actes généreux par de mauvai-
tement toutes celles qui sont malheureuses ou capa- c ses pensées, de mauvaises paroles, de mauvais ac-
bles de faire du mal.
c tes, comment persisterais-je dans une voie où je
Vous le pouvez si vous le voulez. Et vous le vou- c fais toutes les avances sans recevoir de retour '1 )
drez si vous avez le sentiment de la justice en même
temps que celui de l'efficacité. Lorsque le vent du Sud souffle sur la neige, ce n'est
pas aux premières bouffées que celle-ci ~'attiédit et
fond. Il faut aux flocons soudés le temps de s'aper-
Tous les pouvoirs d'entente sont en vous seul cevoir que l'atmosphère n'est plus la même. Alors
• le phénomène de décristalIisation s'amorce, puis
la construction artificielle du froid s'abolit.
A partir d'aujourd'hui vous décidez et ce, à titre Si, à ce moment, le vent du Sud cesse de souffler,
..déflnilif, que vous êtes bon fils ou bonne fille, bon la cristallisation recommence. C'est ce qu'en météo-
parent, bon époux ou bonne épouse, bonne sœur rologie pratique on appelle un faux dégel.
ou bon frère, et pour attester la sincérité de vos Mais si, au contraire, la brise chaude s'exerce
dires, vous conformez votre pensée, puis vos paro- avec constance, la neige 10ut entière se met à fon-
les, puis vos actes à cette décision. dre .et attendrit le sol gelé.
Bien entendu, vous ne manquerez pas de dire, en A vous aussi de persévérer dans votre comporte-
vertu de la pente acquise : ' ment jusqu'à ce que l'Ame d'autrui se dégèle. Pour
c Mon désir de conciliation ne suffit pas. Encore peu que vous n'y mettiez aucun amour-propre mais
c faut-il que mon interlocuteur ait la même vertu de la persévérance, .vous serez confondu par les
c que moi ). résultats que vous obtiendrez.
C'est là qu'est votre erreur et le présent livre se- Les cœurs les plus coriaces sont peut-être ceux
rait inutile s'il ne tendait pas à réformer, en même que l'on gagne le plus aisément par une attitude si
-158 - -159 -
contraire aux lois du monde, lequel se réfère à l'an- e si ? Apprenez que vous n'êtes pas responsable
cien texte : e Œil pour œil, dent pour dent ~. e de votre semblable, mais seulement de vos pro-
Un peuple, celui des Israélites, l'appliqua jadis e pres affaires et que si chaque homme attendait
comme une règle inflexible. Cet usage du talion fit e pour bien faire que son voisin commençAt, il n'y
de lui la nation la plus persécutée de l'Univers. e aurait nul progrès de la communauté. Pour autrui,
e vous aussi vous êtes le mur sur lequel il exerce sa
e patience. Même si vous vous prêtiez à toutes ses
e fantaisies, vous ne pourriez faire son travail pattI"
C'est le mur qui a commencé e lui. Chacun doit accomplir sa tAche jusqu'au voi-
e sinage de la perfection sans s'occuper de la tâche'
c de ses frères et c'est ce perpétuel effort qui mène ,
Mais, à ce point de notre exposé, reprenons la
lecture de e L'AMI DES HEURES DIFFICILES ~ (1) e à la compréhension. Vous tirez mille déboires de
et relisons la page où se trouve démonté le mécanis- e vos parents, de vos amis, de vos relations, de vos
me des relations avec les tiers : e concitoyens, de vos coreligionnaires, alors que
e vous pourriez tirer d'eux, au sens le plus noble,
e Ne croyez pas que vous serez obligé de souffrir' e tant d'aide et tant de profit.
e de vos relations avec autrui. Il dépend unique-
e ment de vous de supprimer les heurts et les meur-
e trissures, car vous devez considérer autrui non Les agrès du caractère
e comme un adversaire, mais comme un mur. Si
e vous heurtez le mur, le mur n'y est pour rien, mais
e votre souffrance n'en est pas moins forte. Plus e Pourtant, la seule méthode efficace pour vous
e vous vous cognez contre la pierre, plus vous pA- e servir d'eux consisterait à les utiliser chaque j~ur
e tissez, mais c'est votre entêtement et non la pierre e comme les agrès d'un portique jusqu'à ce que l'en-
e qui vous fait mal. Usez d'intelligence et de com- e trainement de toutes les heures fasse de vous un
e préhension avec le mur et le mur vous servira e athlète consommé. Celle de vos relations qui mon-
e d'appui, de défense, 'au lieu de faire figure de e tre de la paresse serait votre corde lisse. Vous
e geôlier et de bourreau. Vous dites : C'est le mur e auriez tout à faire pour vous élever à la force des
e qui a commencé. Du moins c'est ce qui vous sem- e bras. Celui de vos parents qui serait sujet à la
e ble. Or le mur n'a pas d'autre riposte que celle e colère servirait de corde à nœuds, dont l'aspect
e que vous lui prêtez. Sans vous le mur ne heurte- e semble plus bourru mais dont l'ascension est plus
e rait ni n'emprisonnerait personne. En d'autres e facile, parce que les violents ont des paliers nom-
e termes, vous ne savez pas vous servir du mur. e breux. Et pourquoi ne feriez-vous pas des an-
e Vous dites encore : Un mur n'est ni affectif ni e neaux avec tel qui est changeant et ductile? Vous
e intelligent. Mon semblable l'est au même degré e épouseriez ses dérobades et vous adapteriez à ses
e que moi-même. Ce que vous me demandez de fai- e revirements. Si vous pratiquiez du matin au soir
cre, pourquoi mon semblable ne le fait-il pas aus- e cette gymnastique du cœur et de la volonté, du
e fact et de l'intelligence, vous deviendriez d'une
(1) Op. cil. e telle force que nul ne vous résisterait ~.
l
-160 - r - 161-:-

Pour créer le climat d'amitié On peut tout changer par la pensée


1
i
Nous avons, à la page 38, cité l'exemple de la Certaines paroles et actes sont pour beaucoup
vieille parente dont nous étions séparés par l'a- dans le succès, parce qu'ils provoquent en retour
mour-propre et dont nous ffimes rapproché par l'A- des paroles et des actes de même sorte •.
mour. . 1
Mais paroles et actes ne sont pas indispensables
Il serait facile de multiplier de tels exemples. Dès et la pensée seule peut tout changer.
qu'on a saisi et appliqué les lois supérieures de l'Es- Nous avons cité dans La Clé une de ces curieuses
prit, on vole de victoire en victoire et tout semble métamorphoses, dues à une invocation intérieure
du domaine des possibilftés. de l'ordre, du calme et de la paix :
Dans d'autres circonstances ultérieures de notre
vie, nous nous sommes heurté à des voisinages re- e Les époux X... vivaient en état de mésintelligen-
belles et incompréhensifs. Parfois ceux-ci étaient e ce, à cause de la présence de la mère de la fem-
invétérés au point d'avoir réalisé contre eux l'hos- e me. Après plusieurs années de cohabitation, les
tilité de toute une contrée. Nous leur avons opposé e discussions allèrent en s'accentuant. Les choses
l'inaltérable bouclier de notre paix. e en étaient venues à ce point que les trois person-
Sans doute, comme nous le disions tout haut, la cnes ne s'adressaient plus la parole que pour se
e dire des choses blessantes. Aussi l'existence en
malveillance n'a pas fondu au premier souffle. Il a
fallu accumuler la bienveillance et, contre toute ap- e commun était devenue impossible à ces êtres di-
e visés.
parence, créer le climat d'amitié.
Nous pouvions jeter de l'huile sur le feu. Nous e Un jour, Mme X... confia sa peine à une amie
avons préféré mettre de l'huile dans les rouages. Ré- e qui connaissait les lois de la pensée. Celle-ci lui
sultat : le feu est demeuré sage, honnête ; le méca- e conseilla d'employer les affirmations et de s'en
e remettre à Dieu.
nisme s'est trouvé lubrifié.
Nous avons fait sourdr:e la courtoisie et même e En rentrant chez elle, Mme X... répéta avec con-
l'affection de terrains ingrats et à surface stérile. Il e fiance : e Dieu est en moi et dans chaque mem-
y avait en eux des eaux heureuses que nous avons e bre de ma famille. Là où est Dieu, il y a la paix ~.
amenées à fleur de sol. e A partir de ce moment, et sans qu'aucune pa-
Ce fut notre lot exclusif, car les autres' n'y eurent croie spéciale ait été prononcée, la bonne entente
point de participation et continuèrent à susciter les e revint et l'ordre régna à nouveau dans la maison ~.
mêmes méfiances, ce qui prouve surabondamment Comme nous avons eu personnellement connais-
que le vent heureux venait de notre côté. sance de ce cas, nous ajouterons des précisions
A l'heure actuelle, nous appliquons de plus en nouvelles. Dans les' dernières semaines de la mésen-
plus le même procédé, non plus hésitant et scepti- tente, M. X... en était arrivé à ne plus paI:ler du
que, comme au début, mais certain de la réussite, tout. Quand la femme commença à penser la paix et
tellement celle-ci est obligatoire dans tous les cas. à diriger sur son mari le faisceau de ses pensées
11
i

j
-162 - - 163-:-
bienveillantes, celui-ci n'avait pas articulé un mot bévues, les étourderies, les fautes et oubliez les ser·
depuis plusieurs jours. vices rendus.
La projection pensante commença un soir, à la ' Pourquoi vous trouvez-vous dans cet état d'esprit
tombée du jour, se poursuivit une partie de la nuit malveillant ? Peut-être parce que votre pensée a été
et reprit dans la matinée. touchée par une pensée malveillante d'en face. Mê-
Au cours de l'après-midi, et sans la moindre solli- me dans ce cas, soyez le premier à donner le coup
citation extérieure de quiconque, M. X... ouvrit la de barre qui remettra les choses dans le droit che-
bouche et parla à sa femme et à sa belle-mère sans min. Si vous répondez à une émission de méchan-
la moindre gêne et même avec un désir de compré- ceté par une émission de malice, l'atmosphère de
hension. 1 votre âme deviendra irrespirable et vous en souf-
Il n'en fallait pas plus pour désagréger l'affreux frirez le premier. Cessez donc d'alimenter de vos
et insurmontable embâcle accumulé par des mois propres mains le feu qui vous brfile et ne projete~
d'incompréhension et d'inimitié. plus vous-même l'acide qui vous corrode. L'essen-
tiel pour valls n'est pas d'avoir raison, mais d'avoir
la paix.
L'essentiel n'est pas d'avoir c raison ]t, mais 1
d'avoir la paix
La fausse notion d'honneur
1
Il vous est loisible, dans ces conditions, de mo-
difier unilatéralement tout ce qui vous entoure. t
L'automobiliste qui vient de droite, s'il se trouve
Vous'pouvez avec autant de facilité et d'efficacité,
métamorphoser vos amis, vos supérieurs, vos subor-
donnés, vos voisins, vos clients et même les gens
i
~.
l'
en face d'un confrère malhonnête qui vient de gau-
che, ne cherche pas, à tout prix, à exercer son droit
de priorité. Il y a, en effet, quelque chose depréfé-
que vous ignorez. rable au fait d'avoir raison en droit, c'est de n'être
Pour peu que vous continuiez à critiquer vos amis, point mutilé en fait, par suite d'un entêtement in-
vos voisins, ceux-ci seront animés du même esprit excusable. Car si deux fous se rencontrent, on abou-
de critique et cette escrime invisible que vous pra- tit à la catastrophe, tandis que si le fou rencontre
tiquez les uns contre les autres multipliera les pi- 1
le sage, celui-ci s'efface devant le fou.
qdres et aigrira les cœurs. Ici, nécessairement, certains invoqueront la faus-
Parfois vous vous sentez irrité contre un ami sans
se notion d'honneur, ce succédané de l'amour-pro-
savoir pourquoi. Mais comme il faut, pour haïr ef- pre, que la société a promu à l'état d'idole tant de
ficacement, au moins un prétexte, vous alimentez vo- l'individuel que du social. Con,çu sous cette forme
tre mécontentement à l'aide du premier incident basse, l'honneur est le plus vil sentiment qui puisse
venu. Celui-ci n'est pas malaisé à découvrir car la s'emparer de l'âme humaine. C'est ce Moloch obtus
vie en est peuplée et il dépend de chacun de lui qui présidait jadis aux formes surannées du due~.
faire un sort heureux ou malheureux. ~, , Lui, qui s'alimente également des exaspérations col-
Aussitôt, vous partez de là pour faire le procès de lectives et mène au fléau de la guerre d'ineptes hu-
l'amitié incriminée. Vous c montez en épingle :t les manités.
-162 - - 163 "7'"'

bienveillantes, celui-ci n'avait pas articulé un mot bévues, les étourderies, les fautes et oubliez les ser·
depuis plusieurs jours. vices rendus.
La projection pensante commença un soir, à la ' Pourquoi vous trouvez-vous dans cet état d'esprit
tombée du jour, se poursuivit une partie de la nuit malveillant ? Peut-être parce que votre pensée a été
et reprit dans la matinée. touchée par une pensée malveillante d'en face. Mê-
Au cours de l'après-midi, et sans la moindre solli- me dans ce cas, soyez le premier à donner le coup
citation extérieure de quiconque, M. X... ouvrit la de barre qui remettra les choses dans le droit che-
bouche et parla à sn femme et à sa belle-mère sans min. Si vous répondez à une émission de méchan-
la moindre gêne et même avec un désir de compré- ceté par une émission de malice, l'atmosphère de
hension. 1 votre âme deviendra irrespirable et vous en souf-
Il n'en fallait pas plus pour désagréger l'affreux frirez le premier. Cessez donc d'alimenter de voà
et insurmontable embâcle accumulé par des mois propres mains le feu qui vous br6le et ne projete~
d'incompréhension et d'inimitié. plus vous-même l'acide qui vous corrode. L'essen-
tiel pOlir valls n'est pas d'avoir raison, mais d'avoir
L'essentiel n'est pas d'avoir c raison
d'avoir la paix
]t, mais 1 la paix.

La fausse notion d'honneur


Il vous est loisible, dans ces conditions, de mo-
difier unilatéralement tout ce qui vous entoure. L'automobiliste qui vient de droite, s'il se trouve
Vous'pouvez avec autant de facilité et d'efficacité, en face d'un confrère malhonnête qui vient de gau-
métamorphoser vos amis, vos supérieurs, vos subor- che, ne cherche pas, à tout prix, à exercer son droit
donnés, vos voisins, vos clients et même les gens de priorité. Il y a, en effet, quelque chose de 'préfé-
que vous ignorez. rable au fait d'avoir raison en droit, c'est de n'être
Pour peu que vous continuiez à critiquer vos amis, point mutilé en fait, par suite d'un entêtement in-
vos voisins, ceux-ci seront animés du même esprit excusable. Car si deux fous se rencontrent, on abou-
de critique et cette escrime invisible que vous pra- tit à la catastrophe, tandis que si le fou rencontre
tiquez les uns contre les autres multipliera les pi- le sage, celui-ci s'efface devant le fou.
qfires et aigrira les cœurs. Ici, nécessairement, certains invoqueront la faus-
Parfois vous vous sentez irrité contre un ami sans
se notion d'honneur, ce succédané de l'amour-pro-
savoir pourquoi. Mais cQmme il faut, pour haïr ef- pre, que la société a promu à l'état d'idole tant de
ficacement, au moins un prétexte, vous alimentez vo- l'individuel que du social. Co~çu sous cette forme
tre mécontentement à l'aide du premier incident basse, l'honneur est le plus vil sentiment qui puisse
venu. Celui-ci n'est pas malaisé à découvrir car la s'emparer de l'âme humaine. C'est ce Moloch obtus
vie en est peuplée et il dépend de chacun de lui qui présidait jadis aux formes surannées du due~.
faire un sort heureux ou malheureux.
Lui, qui s'alimente également des exaspérations col-
Aussitôt, vous partez de là pour faire le procès de lectives et mène au fléau de la guerre d'ineptes hu-
l'amitié incriminée. Vous c montez en épingle :t les manités.
-164 - -165 -
On accuse volontiers de lâcheté l'homme qui ne Ces brandons invisibles iront allumer partout d'au-
riposte pas à un coup ou à une injure. Cela est vrai tres menus incendies et, peu à peu, grâce à vo~
pour qui ne s'abstient que par peur. Pourtant, mê- et à ceux qui vous ressemblent, le monde ne sera
me de celui-là qui Crémit de son impuissance, monte plus qu'un vaste brasier.
une haine silencieuse, plus terrible animiquement L'action de votre pensée jointe à votre comporte-
pour l'agresseur qu'une ouverte hostilité. ment quotidien agit sur votre état d'esprit et sur le
comportement de votre maison, de votre quarti~r,
de votre région, de votre pays, de votre continent, .
La violence est toujours une marque de faiblesse de votre planète. Vous êtes, par conséquent, respon-
sable de la plupart des événements que vous déplo-
rez. Vous avez semé le Ceu individuellement et vous'
Mais l'homme qui se contraint délibérément, et voudriez moissonner collectivement une brise Crai-
par haute raison morale, celui-là est proprement che. Ne sentez-vous pas ce que !dut cela peut avoir
de contradictoire et d'abusiC ?
héroïque et touchera, un jour ou l'autre, le salaire
de sa vertu. Il aura réalisé, en effet, la plus grande
et la plus difficile des victoires, celle qu'on obtient
sur soi-même, par obéissance à un idéal. La loi christique, morale de vainqueurs
11 y a un abime entre le lâche vrai, incapable
d'aucun courage d'aucune sorte et le non-violent qui,
pour des raisons spirituelles, écarte les solutions de Jésus Cormulait la plus grande loi morale de tous
brutalité. les temps lorsqu'il disait ces phrases lapidaires :
Une des plus grandes figures de ce temps, celle c Aimez vos ennemis, Caites du bien à ceux c1ui
de Gandhi, s'appuya sur la non-violence. Et il ne c vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent,
viendrait il l'esprit de personne de discuter le cou- c priez pour ceux qui vous maltraitent., Si quel-
rage d'un pareil témoin. e qu'un te Crappe sur une joue, présente-lui aussi
L'homme, au contraire, qui par un faux sentiment c l'autre. Si quelqu'un prend ton maoteau, ne l'em-
d'honneur, se croit obligé, devant l'opinion, de' ré- c pêche pas de prendre encore ta, tunique. Donne
pondre à un geste violent par un geste identique, c à quiconque te demande et ne réclame pas ton
celui-là n'a aucun empire sur lui-même et doit être e bien à celui qui s'en empare :..
considéré comme le jouet de ses passions.
c La violence, a-t-on dit justement, est toujours Le Christ n'a pas seulement dit ces paroles, il les
une marque de Caiblesse :.. Mais il y a pis : le vio- a appliquées dans ~a personne et en a Cait la dé-
lent traîne une c aura :. de violence après lui, de monstration jusqu'à la mort. Ainsi prouvait-il que
sorte que sa violence se multipliera au carré, en la non-violence est la Corme la plus élevée du cou-
vertu d'affinités arithmétiques qui attireront sur lui rage.
les violences extérieures aussi si\rement que le pa- Lui seul, dans la brutalité de son siècle, encore
ratonnerre attire le fluide ambiant. pire que celui-ci, connaissait l'admirable vertu de
Pensez violence, brutalité, vengeance et rien de la bienveillance et ses cheminements souterrains. Il
cela ne sera perdu pour vous comme pour le monde. savait qu'à l'homme de douceur la récompense vient
-166 - -167 -
au centuple et qu'à l'homme de colère sont promis Lorsque vous vous engagez dans une profession,
les bains de sang. lorsque vous vous consacrez à une branche de l'art,
Des philosophes et des politiciens arriérés, qui lorsque vous montez une entreprise, vous savez hi en -
croient déguiser l'égoïsme ancien sous des formules que le succès ne viendra pas d'emblée, mais sera le
nouvelles, discréditent la loi évangélique en la pré- fruit d'une succession d'efforts. Comment, dès lors,
sentant comme une morale de vaincus. n'auriez-vous pas la patience qu'il faut dans cette
Eux aussi, et le monde moderne avec eux, sont incomparable, profession, dans cette œuvre d'art,
victimes des apparences. Ils jugent les hommes et dans cette entreprise idéale qu'est la conquête p'a-
les événements à leurs résultats partiels et immé- cifique de votre prochain ? Mettez en balance la
diats. Ils font comme certains médecins d'aujour- carrière d'un Vincent de Paul pour qui la vie hu-
d'hui qui camouflent provisoirement la douleur sous maine justifiait tous les respects, toutes les aides'
les alcaloïdes, sans souci d'une automatique et ul- et la carrière d'un Hitler pour qui les existences hu-
térieure croissance du mal. L'homéopathe, à l'op- maines n'étaient rien. Vous comprendrez alors pour-
posé, calme rarement les symptômes apparents. Il quoi le sillage du premier est éblouissant alors que
ne renonce pas à l'aide de la douleur, il respecte le le sillage de l'autre est lugubre. L'un s'est fait pour-
concours de la fièvre. Son action tend à inciter l'or- voyeur de la Vie, l'autre pourvoyeur de la mort.
ganisme physique lui-même vers un équilibre nor-
mal.
De même, la solution christique n'entraine pas Amor~ez des cycles angéliques
d'effets abrupts et locaux, mais engendre des con-
séquences durables par quoi seront transfigurés les
individus et les nations. Après avoir investi votre cercle familial et amical
Il faut, pour suivre le Cllrist, triompher préalable- et l'avoir baigné dans la confiance, n'hésitez pas à
ment de soi-méme. étendre votre action sur tous ceux que vous rencon-
La loi christique est bien une morale de vainqueur, trez, dans votre vie de tous les jours.
Etes-vous subordonné ? Ne considérez vos chefs
qu'avec bienveillance et sympathie. Vous avez peut-
La conquête pacifique du prochain être une attitude extérieure déférente sous laquelle
ml1rit l'exaspération. Tant que vous garderez cet
Quand vous aurez .fait macérer votre famille et état d'esprit, vos relations avec vos supérieurs seront
vos amis dans l'huile de votre paix, vou~ sentirez empoisonnées. Car vos pensées hostiles touchent les
les tensions diminuer. Puis vous constaterez un leurs sans que vous vous en doutiez. D'où un rai-
amollissement des amours-propres. Enfin, les an- dissement de leur part, une incompréhension gran-
gles qui vous heurtaient s'adouciront et tendront à dissante et, par suite, une accumulation de pensées
s'évanouir. Tout cela parce que vous aurez fait le mauvaises, qui viendront choquer les vôtres à leur
premier pas, suivi du deuxième et, s'il le -faut, de tour. Et le cycle .c infernal :. commencera, toujours
plusieurs autres. Ce qui importe, ce n'est pas d'ob- aggravé par de nouveaux échanges, jusqu'à l'explo-
tenir un résultat foudroyant, mais d'obtenir sOre- sion, la rupture et tout le cortège d'inimitiés qui en
ment un résultat. suit.
-168 - - 169 -;-

Pourquoi procéder ainsi si ce n'est parce que vous désirez qu'il devienne, cherchez dans vos relations
êtes l'esclave de votre amour-propre '1 Rien ne vous passées avec lui les rares gestes ou paroles qui peu-
empêche d'amorcer un cycle c angélique ), A l'aide vent être retenus A son actif. Evoquez-les en secret.
d'émissions mentales· contraires et selon le même Louez-le en vous-même. Essayez de vous mettre un
procédé. instant A sa place, c'est-A-dire dans son état de san-
Posez en vous-même les premières pierres d'un té, sa situation de famille, son âge, son tempérament,
complexe de supériorité au bénéfice du cheC qui vous son éducation. Faites cela, même en rageant iplé-
est le plus antipathique. Cela sera sans doute méri- rieurement contre l'opération mentale que vous vous
toire mais aussi merveilleusement productiC. contraignez Ii faire.
Si vous avez la patience de nourrir ce complexe
de bienveillance pendant quelques jours, vous ob~
En matière de caractère, inutile de raisonner serverez les premiers résultats. En effet, non seule-
ment vous n'ensemencez plus les pensées de votre
supérieur avec vos pensées inamicales mais encore.
Notez bien qu'au début vous serez obligé de pen- en vertu de la croissance inconsciente du complexe,
ser contre l'apparence en disant: c Ce chef est mon vous aurez, malgré vous, A votre insu, des attitudes,
ami ~, bien que vous l'ayez toujours considéré com- des gestes, des paroles qui attesteront votre propre
me votre ennemi. Affirmez ensuite régulièrement et changement.
pe.-sévéramment : c C'est un esprit élevé. un homme
intelligent et juste ), ceci en dépit de votre opinion
réelle qui le tient pour nul, inique et de petit esprit. Les phénomènes de sympathie et d'antipathie
Ne cherchez pas à raisonner ni à faire de la lo-
gique. Ce que nous vous demandons de faire n'a rien
à voir avec la logique et la raison. Notre méthode Nous avonS eu l'occasion dans d'autres ouvrages,·
semblera Colle aux esprits logiques et raisonnables. d'analyser les phénomènes· de sympathie et d'anti-
TouteCois, avant de vous ranger à leur avis, voyez pathie. Faisant allusion aux auras invisibles et aux
ce qu'en pareil cas obtiennent les raisonnements lo- zones magnétiques dont chaque homme est environ-
giciens. Logiquement et raisonnablement, quand un né, nous montrions comment ces mêmes phénomènes
supérieur et un inCérieur sont animés l'un contre sont dus A l'interpénétration des régions humaines
..
l'autre, la chose ne peut finir que par une mesure extérieures aux corps organiques et qui permettent
disciplinaire et un coup d'éclat. NeuC fois sur dix, aux hommes d'entrer, sans contact physique, en con-
le subordonné est vaincu, en sa qualité de pot de tact subtil.
terre et il doit chercher ailleurs le pot de fer avec Tout un intense travail s'opère donc dans vos en-
lequel il s'entendra. veloppes magnétiques, dès que vous faites le renver-
Revenons donc à notre méthode à nous, déraison- sement intime de vos valeurs et le reclassement de
nable et illogique, mais qui a fait maintes fois ses. vos émotions. Il s'ensuit que votre espace fluidique
preuves dnns les cas les plus épineux. personnel - qui se déplace partout avec vous -
Ayant Cortement imaginé et affirmé tout ce que vo- est chargé de radiations attractives au lieu des ra-
tre supérieur hiérarchique n'est pas, mais que vous diations négatives qu'il émettait précédemment. Que·
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l'espace fluidique et émotionnel de votre chef vien- si que, tout s'unit pour jeter le froid entre nous. Ce
ne à entrer - comme c'est le cas tous les jours - refroidissement engendra l'hostilité et les brimades
avee le vôtre, aussitôt un nouveau travail s'effectue commencèrent. Celles-ci n'étaient pas graves, du cÔ-
en lui. Les radiations négatives qu'il émettait de son té chef, puisqu'elles se bornaient à ladésapproba-
eôté se trouveront déconcertées par l'appel inhabi- tion et à l'absence de paroles cordiales. Elles se ré-
tuel qui sera fait à son comportement positif. vélèrent efficaces et agressives, du côté subordonné.
Dès lors sera amorcée la possibilité du nouveau De menus complots furent ourdis, des mystificati9ns
cycle. Renforcez le sens de celui-ci par des affirma- stupides imaginées, bref toute une atmosphère en-
tions redoublées et par une concentration intérieure nemie fut créée autour de notre supérieur. Le pau-
de bonté. Faites, en même temps, du côté matériel, vre homme tenta d'abord de faire front et les cho-
ee qu'il faut pour que votre travail soit irréprocha- ses s'envenimèrent. Le moindre incident devint pré-'
ble et tout l'ancien appareil de mauvaises relations texte ù propos et gestes désobligeants. Une vérita-
sera disloqué. ble inimitié commençait à gangrener le cœur de
Vous n'aurez plus qu'à entretenir et fortifier ce tout le monde. Nous n'avions pour excuse que d'être
que vouà aurez obtenu et l'ancienne animosité hiérar- très jeune et lui, le pauvre, d'être presque .vieux.
chique se transformera en estime mutuelle, peut- Nous ne savons jusqu'où le mal eGt pu aller si
être même en amitié. notre chef, prenant conscience de sa faiblesse, n'a-
vait brusquement résolu de mettre son amour-pro-
pre sous ses pieds. Un jour que nous avions été
De subordonné à supérieur spécialement odieux, il attendit la sortie de nos col-
lègues et, nous entreprenant seul à seul, il nous dit :
- Pourquoi me persécutez-vous? Je ne suis qu'ùn
Nous aimons bien prouver ce que nous avançons, homme malade et ne désire en tyranniser aucun au-
car ce qui précède n'est pas du domaine de la théo- tre. Je vous demande de me laisser finir ma carriè-
rie ni de l'hypothèse, mais a été maintes fois dé- re en paix.
montré par la pratique et l'expérimentation. Ces simples mots nous touchèrent au fond du
Ici nous placerons un souvenir ancien. Alors que cœur. Certes, nous sentimes alors ce qu'avait d'in-
nous appartenions à l'administration et occupions excusable notre conduite mais, par-dessus tout, nous
une fonction subalterne, un nouveau chef, beaucoup fûmes bouleversé par l'abaissement apparent à quoi
plus :igé que nous, nous fut imposé. Cet homme avait , cet homme s'était résolu. Nous en éprouvt1mes une
été malade pendant de longs mois, avait fait sans grande humiliation personnelle parce que nous nous
doute de J'anémie cérébrale et réintégrait son em- mimes instantanément à sa place et que nous lui
ploi, ('IH~(JJ'e ailIri et lléprimé. tînmes compte de tout ce dont nous nous faisions
NOlls étions loin d'Nre lin modèle il l'eUe époque grief.
de nI/Ire vic. Présomption, suffisance et amour-pro- Nous lui serrâmes la main avec effusion et jamais
pre tl'naient beaucoup de plaee en nous. Le rappel plus il n'eut de défenseur aussi ardent que nous-mê-
de la neurasthénie bien connue de notre chef, joint me. Nous lui fîmes don spontanément de tout ce
à ce que nous savions de certaines de ses exigences, que nous avions de juvénilité. Et cet entrain de nos
la première entrée en matière, le comportement phy- jeunes ans une fois mis à son service, fut si commu-
-172 - - 173 -;-
nicatif, qu'il apprit à sourire, puis à rire et finale-
ment fut heureux. N'objectez pas surtout que cet ouvrier ou cet em-
ployé a une nature foncièrement mauvaise et qu'on
Par la suite, il devint notre confident et notre n'en peut tirer rien de positif. Cela prouverait seu-
ami. Bien des fois, nous l'entendîmes nous dire lement que vous n'êtes pas digne d'être chef puis-
- Vous m'avez sorti du trou où j'étais. qu'il vous manque, avec la perspicacité hiérarchi-
que, ce je ne sais quoi d'intuitif qui vous fait dire
Nous ne devions pas avoir la même sagesse, avec les mots et effectuer les gestes qu'il faut ..
d'autres, par la suite. Et nous considérons comme Tout homme, fut-il le plus grand paresseux, le
une rude épreuve telle partie de notre vie qui nous pire bandit ou le plus total imbécile, a en lui un
opposa, croyions-nous alors, il des chefs malinten- territoire par où l'on peut atteindre son cœur. Par-
tionnés. fois, ce territoire est réduit à une simple bande et
A la vérité, si nous avions connu, dans ce temps, même à un simple point. Celui-ci n'en est que plus
les méthodes de vie que nous vous proposons à cet- névralgique et si vous savez toucher là, avec la scien-
te heure. nous aurions transformé notre existence. ce voulue, vous pouvez tout obtenir.
Mais nos yeux n'étaient pas encore ouverts.

Mettez-vous bien à la place de l'autre


De supérieur à subordonné
Le mot de science vous effraie sans .doute, en rai-
Retournez la situation et voyez la sous l'angle su- son de ce que l'idée suppose de connaissances psy-
périeur-subordonné, dans le cas Oll vous êtes chef chologiques. Mais nous ne l'entendons pas dans le
vous-même. La leçon sera double, si, comme il ar- sens intellectuel.
rive souvent, vous êtes en même temps supérieur et Laissez seulement parler votre sentiment, c'est-à-
subordonné. dire votre faculté émotionnelle en même temps que
Ne dites pas que tel de vos inférieurs est excel- l'esprit de justice qui est en vous.
lent et tel autre lamentable. Dites que vous avez Là, comme dans le cas précédent, entrez dans la
pincé la bonne corde pour le premier et que vous peau de votre subordonné, essayez de penser com-
ne l'avez pas trouvée pour le second. Nous conve- me lui, de réagir comme lui et demandez-vous ce
nons que certains inférieurs ont un si grand nombre que, dans le cas présent, vous feriez exactement à
de bonnes cordes que, même en étendant la main au sa place. Oh 1 nous le savons, c'est une opération
hasard, vous êtes presque toujours sO:r de les saisir. délicate et qui suppose un grand désir de compré-
Nous admettons aussi que d'aub'es inférieurs ont un hension de votre part. Mais c'est surtout parce que
si petit nombre de bonnes cordes qu'il faut un grand vous êtes chef que vous ne pouvez vous soustraire
mérite pour les toucher à coup sûr. à cette obligation primordiale : connaftre les hom-
mes que le sort a placés au-dessous de vous.
Mais quel chef seriez-vous si vous ne connaissiez
pas le maniement des hommes et si vous ne vous don- Comment connaîtriez-vous vos subordonnés si
niez pas la peine de les conquérir ? vous les jugez seulement avec vos yeux de patron ou
de maître ? Comment surtout les condamneriez-vous
-174 - -175 -
au moyen lies idées, des préjugés, des habitudes de et même les surnoms. Mais c'était calcul de sa part,
votre milieu? C'est exactement comme si vous vou- car, gonflé d'ambition malsaine, le même homme re-
liez juger les Martiens avec les codes de la terre ou gardait avec indifférence râler ses grenadiers dans
les terdens a\'ec les codes dl' l\lnrs. la boucherie d'Eylau. C'est là une escroquerie du
cœur infiniment condamnable, qui justifie le can-
cer de Sainte-Hélène et l'enchaînement de l'Homme
Emplissez-vous de l'esprit de bienveillance sur son rocher.

Il vous faut absolument descendre de votre plan Patrons compréhensifs


olympien pour vous mettre au niveau du reste des
hommes, auxqul'!S vous rattachent d'ailleurs tant de
liens d'esprit d de chair. Lit non plus, nous ne serions pas embarrassé pour
Nous ne vous demandons pas de vous abaisser en citer des exemples en sens contraire, nous voulons
descendant it J'étage de la trivialité ou de la sottise dire de patrons humains et compréhensifs.
mais de vous pencIll'r sur vos inférieurs pour les Nous pensons spéciulement à deux d'entre eux,
hisser avec: vous. l'un et l'autre manufacturiers, dont nous connais-
Et croyez-vous, au surplus, qu'il n'existe pas, aux sons le cœur et la vie privée et qui, depuis de lon-
derniers échelons de l'échelle hiérarchique, des gues années, nous honorent de leur amitié.
hommesqni, pour n'nvoir pas subi le laminage d'é- Leurs ateliers sont divers et occupent un nombre
tudes supédeures, n'en sont pas moins des cœurs relativement élevé d'hommes et de femmes. Chaque
et des cerveaux ? Certains d'entre eux mériteraient entreprise dispose de services administr.atifs. Or il
d'être vos chefs s'ils n'étaient retenus par l'humilité nous est arrivé d'entrer en contact avec les uns et
de lem' origine ou même p8l' un désintéressement les autres. La discipline semblait strictement con-
supérieur. sentie et la visite du maître, bien loin d'obscurcir
Il n'est pas rare de trouver chez un ouvrier des les fronts, les éclairait .•
facultés d'invention inconnues chez un major de Nous nous souvenons que le premier de ces pa-
Polytechnique. Et nous avons, pour notre part, con- trons interrogea devant nous un jeune ouvrier et
nu des administrateurs bons tout au plus à faire une vieille ouvrière. Sa voix était affectueuse et c'est
des garçons de bureau, comme aussi des garçons de .:1
avec le même accent qu'on lui répondait. Quant au
bureau qui eussent fait d'excellents administrateurs. i second, que nous estimons depuis plus de vingt ans,
Emplissez-vous donc, en tant que chef, de l'esprit il crée le soleil partout où il passe. Nous-même lui
de bienveillance sans lequel il n'y aura aucune per- sommes redevable de notre premier sourire admi-
méahilité ('ntr!' vos subordonnés et VOIIS. nistratif. ,Jamais nous ne l'avons vu s'entretenir avec
Ne vous contentez pas d'un semblant d'intérêt ou un chef de service, un employé, un contremaître, un
d'une fausse bonhomie, dans le lmt misérable de vous chaull'eur, un domestique autrement qu'avec une ai-
faire une popularité. Napoléon, déjà cité, était par- sance cordiale et ceUe tendresse communicative qui
venu à se faire aimer de sa vieille Garde, dont, ra- met le bonheur autour de lui. Personne ne le traite
conte-t-on, il connnissait les blessures individuelles avec familiarité, mais tout le monde le considère
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comme le chef de sa famille. Sa puissance de radia- Pour avoir le bénéfice intégral de votre nouvelle
tion est intense et se fait sentir à tous les échelons. attitude, vous ne devez assigner ,.ucune limite à
Ce qui est admirable et exceptionnel, c'est que pour . celle-ci. Ouvrez-vous largement à la compréhension
arriver à la compréhension universelle, ce chef n'a, de tous les êtres, non seulement ceux que vous con-
pour ainsi dire, pas eu d'effort à faire. Sa bienveil- naissez et avec qui vous êtes en relation constante,
lance est congénitale et de tous les instants. Non mais aussi avec ceux que vous croisez dans la rue
seulement il ne souffre pas de donner et de se don- et dans la vie. Ce sont des frères humains.
ner, mais encore c'est retenir et se retenir qui serait Avez-vous réfléchi, lorsque vous êtes dans une rue
pOlir lui line souffrance. Il sourit comme il respire. fréquentée, que les passants ne se limitent pas à
Il rend service comme il parie. C'est l'idéal faiseur leurs contours matériels ? Indépendamment de leurs
de climat. zones physiques, tous ont en propre, comme nous le '
Cc qu'une telle attitude peut engendrer vous le de- disions plus haut à propos de la sympathie, des zo-
vinez Sllns peine. Elans, dévouements, espoirs, bon- nes magnétiques et fluidiques qui débordent large-
nes volontés, enthousiasmes pullulent autour de lui. ment les limites de leurs corps. On a dit que l'aura
Nous avons fréquenté d'autres chefs à grande ar- du Bouddha s'étendait à plusieurs centaines de mè-
mature morale. Aucun ne nous a paru présenter cet tres à la ronde, d'où il résulte qu'une foule entière
ensemble unique de qualités dans les relations avec pouvait tenir dans son aura. S'il en était ainsi, tou-
autrui. Certains étaient des êtres de devoir, rigou- tes les auras individuelles de cette foule devaient
reux pour eux-mêmes et presque autant pour les au- s'en trouver influencées, car c'est toujours l'aura la
tres. Nul n'avait cette audience des cœurs ni 4:e plus puissante qui prédomine et qui agit.
rayonnement persuasif. Pour n'avoir point cette étendue, les auras des
Nous ne prétendons pas vous voir marcher de passants d'une rue occidentale n'en tiennent pas
front avec ce~ distributeurs d'optimisme, mais ten- moins beaucoup plus de place que les amalgames
tez seulement de les suivre et la question sociale se corporels destinés à leur servir de contrepoids. Leur
résoudra du même coup. Car les chefs de cette en- ensemble représente un brassage continuel où tout
vergure ne sont effrayés par aucune hardiesse. Ils se mélange sans rien perdre de son autonomie. Et
se trouvent de plain-pied avec l'esprit de l~ur temps. lorsque ces champs magnétiques individuels se sé-
Souvent même ils sont en avance sur lui, parce que parent, chacun d'eux retrouve intégralement ses élé-
leur stature morale leur permet de voir par-dessus ments constitutifs.
les têtes et au-delà des intérêts personnels.
L'âme des foules
Psychologie du passant
Il n'en est pas moins vrai que tant que dure le mé-
L'esprit de bienveillance peut être exercé partout, lange et le brassage, il se crée une aura de foule, une
d'une manière individuelle et collective. Celui qui psychologie collective, un agrégat magnétique spé-
s'y adonne avec persévérance parvient à une réelle cial. Mais le propre de ces auras et agrégats collec-
virtuosité. tifs est d'être surtout passifs, c'est-à-dire de ne se
12
-178 - -179 -.
déterminer qu'en vertu d'une poussée collective. Ce dans votre autobus, dans votre rame de métro, dans
sont de grandes. forces en jachère, parfois d'immen- le salon d'attente, dans le bureau de mairie ou de
ses énergies inemployées et laissées à la disposition ministère, dans le grand magasin, etc .•.
de n'importe qui. La quasi unanimité des personnes qui composent
Supposez que vous vouliez utiliser ce dynamisme ces foules inconscientes n'ont même pas l'idée qu'u-
vacant et anonyme, rien de plus facile. Il s'agit d'a- ne partie de leur âme (la ph!.s considérable peut-
gir sur lui par la pensée, par la parole ou par l'ac- être) est accessible aux volontés conscientes de
tion. Comme le dynamisme collectif est d'ordre peu quelques-uns. Cela est cependant et nous n'en vou-
élevé et toujours inférieur en qualité à celui des lons pour preuve que le soin avec lequel les méta-
dynamismes individuels qui le composent, il va de psychistes composent l'assistance au cours de leurs.
soi qu'on a moins de peine à le mettre en branle si séances d'expérimentationc supranormale :t. Il suf-
on lui imprime des sollicitations d'ordre bas. fit d'un seul spectateur ou témoin mal intentionné
Ceci vous expliquera le pouvoir de domination pour vicier toute la réunion. Ce tiers n'aura pas ou-
des meneurs et des .tribuns sur une foule dont ils vert la bouche cependant, ni manifesté son opinion
brassent l'énergie inconsciente afin de la projeter par un jeu de physionomie ou par un geste, mais, à
vers des buts généralement mauvais. son insu même, il aura projeté sa pensée contre la
Des événements contemporains nous ont montré, pensée des autres et adultéré le processus d'amal-
une fois de plus, que le pouvoir de suggestion col- game des autres subconscients.
lectif était susceptible d'être étendu à un parti, à Ce que ce témoin àura obtemf inconsciemment,
une race, à un peuple et même, sous forme de mys- par simple différence de jugement, vous pouvez l'ob-
tique politique, à une partie de l'Humanité. tenir consciemment et avec beaucoup plusd'efftca-
cité par volonté délibérée. Mesurez de là sorte l'é-
tendue des pouvoirs dont vous ~tes investi. Il "dé-
Les champs de conscience extérieurs pend de vous d'utiliser ces pouvoirs pour' accroître
la somme du mal sur cette terre et, dans ce cas, ne
soyez point surpris d'en avoir le choc en retour.
Mais vous, vous pouvez orienter cette force col- Mais il dépend de vous également d'utiliser les niê-
lective inconsciente vers le bien et, ce faisant, YOUS mes pouvoirs pour accroître la somme de bien sur
renforcerez votre propre énergie spirituelle. la terre et, dans ce cas, préparez-vous à en recevoir
directement ou indirectement les ricochets heureux.
Ne perdez pas une occasion d'agir favorablement
sur tous les champs de conscience extérieurs aux Vous pouvez freiner l'évolution spirituelle du mon-
vôtres, même si vous ne les connaissez pas. Bénissez de ou l'accélérer. Vous pouvez la fausser ou l'har-
l'inconnu qui passe sous vos fenêtres, l'homme ou moniser. Vous êtes seul comptable de vos pensées et
la femme que vous croisez, l'écolier qui court avec de vos actes. Nous croyons inutile d'insister sur
son cartable, l'ouvrier qui va à sa besogne, l'em- l'incroyable action qu'exerceront sur votre carac-
ployé qui revient de son travail. Bénissez le pas du tère des pensées constructives et de nature à favo-
riser l'Evolution.
voyageur attardé dans la nuit, le cri du marchand
anonyme dans )a rue. Bénissez les gens assemblés
- 180- -181-
pens des excédentaires d'énergie. Ils sont donc par-
Toute amélioration en vous provoque faitement responsables par manque de volonté.
une amélioration en autrui Aidez-les spirituellement de loin et uniquement
par la pensée. :Mais fuyez leur contact physique et
magnétique permanent.
Si nous vous engageons à avoir en vous un climat Ceci ne vaut, bien entendu, que pour les étran-
d'universelle bienveillance, c'est afin que vous en gers et ne saurait être appliqué aux membres de vo-
profitiez d'abord et ensuite que vous en fassiez pro- tre famille que vous avez le devoir d'amener, coOte
fiter autrui. Toute amélioration en vous provoquera que coûte, à un état meilleur.
une amélioration en autrui; toute amélioration d'au- Dans ce cas, vous pouvez recharger les déficients
trui entrainl'ra la vôtre. C'est une loi mathématique nerveux pendant leur sommeil, par simple incita-'
plus précise <Ille celle d'ulle addition. tion de la pensée. Cette opération purement spiri-
Ne négligez donc rien de cc qui peut agrandir le tuelle ne diminuera pas vos propres réserves puis-
champ de votre bienveillance envers les hommes. qu'elle s'alimentera dans le Tout.
Ne jugez aucune race, aucune caste, aucun peuple
indigne de vos préoccupations. Faites crédit d'a-
vance il toute créature humaine, quelque raison men- Ne « ressassez lt pas vos griefs
tale que vous ayez de la craindre ou de la mésesti-
mer.
Ayez celle forme d'égoïsme supérieur qui fait les Mais faites d'abord· la paix avec vos voisins et
vos proches, c'est-à-dire avec ceux que vous cou-
sainls. les hÜos. les marl~Ts, les mères par quoi doyez tous les jours. Si vous n'êtes pas en harmonie
ils se proje! en1 sans cesse vers plus d'altitude et
1
avec eux, vous ne pouvez l'être avec l'étranger. ni
visent en amour toujours au-dessus d'eux. avec vous-même.
Vous n'êtes pas obligé de vivre ell contact phy- Evitez donc tout ce qui ressemble à une querelle.
sique constant avec tous les hommes de votre com- N'ayez pas de trop longues discussions.
partiment du monde. Il suffit que vous ne soyez pas Si votre interlocuteur s'entête ou se passionne, re-
en rupture de sympathie avec eux. Cela vous per- doublez de sang-froid et de tolérance. Dites ce que
met d'éviter le voisinage fluidique de ceux qu'on vous avez à dire d'une voix égale et laissez tomber
nomme c pompeurs ~ ou c vampires ~ et qui aspi- la conversation. Puis enchainez sur un sujet moins
rent continuellement l'énergie nerveuse de ceux qui scabreux et, s'il est nécessaire, quittez la pièce, sans
les approchent, par insuffisance de leur propre acrimonie et avec un air obligeant.
fonds.
Ne vous laissez pas aller au vain torrent des re-
Si ces êtres dangereux étaient irresponsables de proches. Ceux-ci ne servent qu'à irriter l'amour-pro-
leur état, votre devoir serait de les alimenter de pre de ceux qui en sont l'objet.
temps en temps sur votre propre substance, comme Ne ressassez pas vos griefs.
font, sur le plan physique, les donneurs de sang. N'excédez pas les gens par votre raison et votre
Mais les c vampires nerveux ~ trouvent plus com- logique. Logique et raison diffèrent selon les cir-
mode de ne pas faire d'efforts et de ':ivre aux dé- constances et les individus. Le motif qui parait V8-
- 182- -183 -
lable à celui-ci n'a aucune valeur pour celui-là. Ce grés divers, soit par la pensée seule, soit par les ac-
qui semble démontré pour l'un est insoutenable pour tes seuls, soit par la pensée unie aux actes. Cette
l'autre. Ne croyez pas que votre optique soit tou-' dernière formule est de beaucoup la meilleure pour
jours la bonne. Il y a autant d'optiques qu'il y a vous qui êtes d'esprit et de chair.
d'yeux. Nous ne pouvons en donner d'exemple plus curieux
Nous voudrions vous montrer comment l'esprit de que celui d'un certain M. Forbes, d'outre-Atlantique,
malveillance, quand il est chronique et généralisé, tel qu'il fut traduit dans un numéro de e Culture
fait aisément tache d'huile et accumule la malveil- Humaine ~ (1), d'après un résumé de Reader's Di-
lance universelle autour de son point de départ. gest.
Jadis, nous avons eu, parmi nos relations, un jeu- La citation est peut-être un peu longue, mais elle
ne fonctionnaire, marié lui-même à une institutrice, suscitera certainement en vous le même intérêt que.
et dont la situation était plutôt enviable dans ce chez nous-même et retiendra les esprits positifs par
temps. Il disposait d'un jardin, d'une maison con- son pragmatisme bon enfant :
fortable et e~t été fort heureux, s'il n'avait vu l'exis- e Comme' la plupart des gens, je fus élevé à con-
tence en noir. Sa bile se déversait constafDment sur e sidérer la vie comme une procédure de e rece-
ses collègues, sur son entourage. Tout lui était pré- e voir ~. L'idée de e me donner moi-même ~ me
texte à plaintes, menaces et récriminations. Il fit le e: vint par hasard. Une nuit, étendu, éveillé, sur ma
vide autour de lui, coalisa les antipathies ••et, pos- e: couchette dans l'express Twentieth Century en
sédant tout ce qu'il fallait pour être heureux, cons- e route pour New-York, je me mis à songer où peu-
truisit de ses mains son propre malheur. e: vent bien se croiser la nuit les Centuries '1 Ceci,
Nous ignorons ce qu'il est devenu, mais nous pou- e pensai-je, ferait un bon sujet pour une annonce
vons le supposer avec certitude. S'il n'a pas ren- e de chemin de fer du e New-York Central ~ : e Où
contré une influence assez puissante pour modifier e se croisent les Centuries '1 ~ Le lendemain matin,
la pente de son caractère, il est allé de chute en e j'écrivis à la compagnie de New-York Central, ex-
chute et de heurt en heurt. e posant mon idée en ajoutant : ,e Sans aucune
Sa volonté bien arrêtée de ne rendre service à e obligation ~. Je reçus une réponse courtoise et
personne, de voir des ennePlis partout, d'envier sans e le renseignement que les Centuries se croisent
cesse les autres l'ont certainement amené dans une e près de Albol Springs, N. Y., à neuf mille à l'ouest
impasse d'où il n'a jamais pu sortir. e de Buffalo.
e Quelques mois plus tard, je reçus une seconde
e lettre m'informant que mon idée serait le sujet
Une curieuse expérience d'outre-Atlantique e du calendrier New-York Central, pour la nou-
e velle année. Vous vous en souvenez peut-être :
e l'image d'une locomotive d'un Century-Express
Par opposition, nous avons pratiqué des gens af- e avançant dans la nuit et la plate-forme de l'autre
fables, bienveillants et qui gagnaient les cœurs de e Century-Express, un spectacle riche en couleurs
proche en proche, faisant en même temps que leur e et romanesque.
bonheur propre, la félicité d'autrui.
Cette action heureuse peut être obtenue, à des de- (1) Qliven.
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c Cc même été, je voyageai beaucoup et, presque e ont du temps, de l'énergie, de l'habileté, des idées.
cdans chaque station ou hall d'hôtel ou agence de
cvoyage où je pénétrais, même en Europe, je vis ' c D'autres ont un talent spécial. Tous nous pouvons
cIllon calendrier ~. Ceci ne manquait jamais de me c manifester de l'appréciation, de l'intérêt, de l'en-
c couragement, lesquels ne comportent aucune dé-
ccauser une petite satisCaction. C'est alors que je c pense d'argent, tout au plus celle d'un timbre-
cfis l'importante découverte que tout ce qui nous
ccause un véritable plaisir est au delà de tout cal- c poste ou d'un appel téléphonique.
c Le donneur devrait s'en tenir aux objets qui lui
ecul monétaire dans ce bas monde où il y a, en e sont familiers et en rester là. N'ayant moi-même
cgénéral, trop de tracas et trop peu de joie.
c Je commençai de suite l'expérience e' de me e pas de talent particulier, je me spécialise en idées,
c donner ~ et je fis la découverte que cela était e approbations et surprises variées. Si j'achète, au
c plein d'intérêt. Si l'idée me Crappe que la devan- c coin de la rue, du mais sur une charrette et, que '
e deux gamins me guettent avec envie, j'en achète
c ture du magasin voisin pourrait être plus attrayan- c trois sacs, je paie, tends aux gamins leurs sacs
c te, j'entre et je suggère la chose au propriétaire. e et m'éloigne sans mot dire, Cela ne manque ja-
c S'il arrive un incident qui pourrait intéresser le
e mais de rendre la vie plus intéressante pour trois
c prêtre catholique de la paroisse, je le téléphone et c personnes.
c le lui communique, quoique je ne sois pas catho- c Naturellement vous serez tentés d'abandonner
clique moi-même. Si je tombe sur un article qui e ces expériences. Un jour, il me vint en tête une
c pourrait intéresser un sénateur, je le lui expédie c idée que je crus pouvoir être profitable à un grand
c par la poste. ParCois même, j'envoie à des gens c magasin. e Ah 1 Ah 1 cette idée-là vaut de l'ar-
c que je ne connais pas des livres, quand je suis c gent ~, me dis-je. e J'essaierai de la vendre •. c Tu
c persuadé que la c trouvaille ~ que j'ai faite peut c ne feras rien de pareil ~, dit mon e moi • inté-
ee dées
les intéresser.
là-dessus Quelques
1 belles amitiés se sont Con-
e rieur, plus sage. ,c Tu ne perdras pas ton temps
c Pour réussir dans le don de soi-même, il faut ee àtu vouloir négocier une
c le cultiver, de même' que le don c de recevoir ~. en débarrasseras tonidée\!
esprittu•.enJ'écrivis
feras part et
donc
c Les occasions sont aussi éphémères que les occa- c une lettre à l'un des plus Cameux grands maga-
c sions de profits rapides. Vous trouverez que l'idée c sins, exposant l'idée et la leur présentant. Elle
c fut immédiatement adoptée avec empressement
c de donner est comme une variété de fleurs: plus c et maintenant j'ai pour ami un grand magasin.
c vous en cueillez, plus il en fleurit. c Donner ~
e Une simple approbation, par exemple, est une des
c rend la vie tellement plus intéressante que je le e formes les plus appréciées ~e e donner •. J'ai
c recommande vivement comme marotte.
e constaté qu'auteurs, acteurs, conférenciers, fonc-
c Ne vous tourmentez pas si vous manquez d'ar- e tionnaires, même les plus hauts placés, sont sen-
c gent. De toutes les choses qu'une personne peut e sibles aux sincères expressions d'approbation.
e donner, l'argent procure le moins de plaisir et le
e Nous les croyons comblés alors que trop souvent
c plus de regret au donateur. Emerson était· sage e ils ne reçoivent que peu d'encouragements. La
c et pratique quand il écrivit : c Le seul don est
c celui d'une partie de soi-même ~. e publicité factice qui est créée pour leur avance-
« Les gens ont bien des choses à donner. Les uns
e ment ne réchauffe pas leur cœur. Ce qu'ils dési-
e rent ardemment c'est l'approbation spontanée,
1

-186 - -187 -
e humaine, amicale de ceux qu'ils essaient de ser- c re de temps, j'obtins la boite. Un vrai miracle •..•
e vir. e Après plusieurs années d'expérience, voici ce que
e L'autre jour, je me trouvais dans le restaurant e je sens au sujet de ma marotte. J'ai un travail qui
e d'un hôtel où jouait un orchestre. C'était un bon e me rapporte assez pour vivre, pourquoi donc es-
e orchestre, exécutant un bon programme bien joué. e saierais-je de marchander durement avec le mon-
e En sortant, un mouvement impulsif me porta à e de les idées et impulsions qui me viennent en plus?
e m'arrêter et à dire :e Messieurs, j'ai énormément e Je dis, donnons-les au monde, si elles ont quel~
e joui de votre musique ~. Un instant, ils parurent e que valeur. Je trouve ma compensation dans le'
e presque interdits. Puis tous les visages s'i11uminè- e sentiment que je suis une partie de la vie de mon
e rent d'un sourire et je partis les laissant rayon- e époque,· faisant ce que je peux pour rendre les
e nants avec leùrs instruments. Ma propre journée e choses plus intéressantes et vivantes aux autres.
e ne s'en trouva que plus réussie. e Et ceci rend ma vie plus fraterneIle et agréable et
e Une autre découverte que j'ai faite est qu'il est e mon esprit plus ardent. Comme si cela ne suffi-
e presque impossible de donner sans recevoir quel- e sait pas, je trouve que les amis deviennent plus
e que chose en retour, à condition que vous ne e nombreux et que les bonnes choses me viennent de
e cherchiez pas à obtenir une récompense. Généra- e tous côtés.
e lement, ce e retour ~vous arrive d'une façon e J'ai donc remarqué que c le donneur ~ reçoit
e inattendue, quelquefois des mois et des années e toujours des compensations, à condition qu'il soit
e après. Par exemple, un dimanche matin, la poste e désintéressé ~.
e locale m'apporta à la maison une importante let-
e tre-express, malgré qu'eIle fût adressée à mon bu-
e reau et que la poste eilt, en somme, rempli son Mise en application
e obligation en essayant de l'y déposer. J'écrivis
e un mot de remerciement au directeur de la poste.
e Plus d'un an après, j'eus besoin d'une boîte aux Le soir où nous Itlmes cette traduction, nous en
e lettres pour une affaire nouvelle que j'entrepre- discutâmes en famille. Et il fut admis, entre nous,
e nais. On me dit au guichet qu'il ne restait point que nous nous essaierions à ce jeu.
e de boîte et que mon nom devait être inscrit au A peine notre détermination était-elle prise que
e bout d'une longue liste d'attente. Comme je quit- l'Invisible nous tendit la perche. Le lendemain mê-
e tais la poste, le directeur parut sur le seuil de la me, on pouvait lire dans Le Monde à peu près le
e porte. Il avait entendu la conversation : e N'est- texte qui suit :
e ce pas vous qui nous avez écrit cette lettre l'an-
e Je cherche ouvrage sur la radiesthésie du Dr.
e née dernière concernant cette lettre-express por- Savoir et de Jacqueline Chantereine. Faire offre à
c tée à votre domicile '1 ~ Je dis oui.e Eh bien ,
e vous aurez certainement une boîte aux lettres dans M. X...., etc ..• ~.
e notre poste, eussions-nous à en faire une spéciale Par quel hasard exceptionnel, lisions-nous juste-
c pour vous. Vous ne savez pas ce qu'une lettre pa- ment cette petite annonce '1 Peut-être inconsciem-
e reille veut dire pour nous. Généralement, nous ne ment dans le but d'une aide quelconque à autrui.
e recevons que des critiques acerbes •. En une heu- Toujours est-il que ces lignes nous frappèrent. Nous
,1
.,'

-188 -
disposions nous-même du livre recherché et nous
l'envoyâmes aussitôt à l'an non cier.
L'ouvrage était accompagné d'un simple billet où
nous nous disions heureux d'être agréable, sans la
moindre intention de profit et à titre fraternel. Le
destinataire nous remercia cordialement et nous en-
voya des pâtes alimentaires, denrée inconnue dans CHAPITRE XVI
nos campagnes pendant la guerre et dont nous avions
perdu le goût depuis' quatre ans. Nous répondîmes
par le don d'un ouvrage personnel et la riposte fut
un deuxième et copieux envoi de choses rares. No- Education des Enfants
tre correspondant, en effet, dirigeait une importante
fabrique de produits alimentaires dans l'Est.
Pour placer la question sur un terrain plus élevé,
nous avons souvent remarqué que toute action vrai- Force nous est de consacrer un chapitre spécial
ment désintéressée recevait sa récompense, même à l'éducation des enfants, car la présence de ceux-
matérielle, au centuple, et ce d'autant plus tardive- ci influe beaucoup sur le caractère et ce dans un
ment mais aussi plus fastueusement que l'acte était sens souvent péjoratif.
grand et important. On comprend qu'il nous est impossible de traiter
Cc qui nous a spécialement frappé, ainsi que no- ce sujet à fond, car il nécessiterait plusieurs livres.
tre entourage, c'est que les succès les plus considé- Nous ne pouvons que l'envisager sous l'angle spé-
rables de toutes nos existences dérivent en droite cial où nous nous plaçons.
ligne d'une année déjà lointaine d'efforts altruistes
et désintéressés (1).
Et si nous insistons là-dessus, c'est pour bien mon- Pour faire le caractère de vos enfants,
trer au lecteur non encore convaincu ,que notre mé- il vous faut refaire le vôtre
thode est c payante :t et, bien mieux, ne comporte
aucun des aléas d'une entreprise ordinaire, car ce-
lui qui se fait créancier de l'Invisible est toujours Vos enfants ont une double utilité. Vou. ave% â
et inévitablement remboursé à profusion.
faire leur caractere et, en mime temps â refaire le
v6tre. C'est de la méconnaissance de cette loi pri-
mordiale que naissent la plupart de vos déboires
en tant que parents.
Quand vous vous croyez destiné il éduquer vos
enfants, vous n'avez envisagé qu'une face du pro-
blème et la moins importante. Ce 80nt surtout les
enfants qui sont destinés il éduquer leurs parents.
Entendons-nous bien. Il ne s'agit pas, pour les en-
(1) Sc reporter à c Un défi commercial ~, page 58.
-190 - -191 -
fauls, de commander aux parents, mais, pour les
parents éclairés, d'utiliser Il'urs enfants comme au- Méfiez-vouS des enfants trop soumis
tanl de moyens vivants de se perfectionner eux-mê-
mes.
\' OIIS del1ez 110llS édllquer Cil éduquant. Les éducateurs spirituels les plus clairvoyants ont
observé que rien n'est plus trompeur que la soumis-
sion obtenue par peur et par force. Ils ont même
Domination ou persuasion ? constaté que plus un enfant est obéissant et discipli-
né, plus l'anarchie s'incruste dans son cœur. Nul ne
s'aperçoit des progrès de cette révolte intérieure.
La venue des enfants limite les frontières de vo- L'adolescent lui-même la subit parfois à son ipsu.
tre liberté et la disposition spontanée et intégrale Elle ne s'en développe pas moins, au point d'attein-
de votre existence. Dès l'âge le plus tendre, ils cons- dre, en certains cas, des proportions effrayantes,
tituent une gêne, un obstacle, un embarras continuels. dont le danger principal est qu'on ne sait jamais
En dépit des grâces d'état attachées, par la Nature quand ni où l'explosion se produira.
et le sentiment, à l'obligation d'être père et mère, C'est souvent plusieurs années après, et même en-
ceux-ci n'envisagent pas sans impatience les res- core plus tard, au milieu de la vie, que l'enfermé se
trictions que le nouveau-né impose à leur vie quo- libère de son excessif refoulement. Dans ce cas, il
tidienne et à leur libre vouloir. le fait toujours avec une violence inouïe qui laisse
Plus tard, les enfants deviennent turbulents, fron- habituellement son entourage interdit.
delll"s. Pills tnrd eneore, raisonneurs et c'est la pé- Il n'y a pas d'autre explication à l'expression po-
riode la plus difficile. Durant cc temps, votre lige pulaire :c Quand les moutons devienRent enra-
s'accuse. Et quand l'expérience est terminée, vous gés / ... :t
vous sentez presque vieux.
Deux méthodes d'éducation s'offrent à vous : la De quoi ragent ceux-ci, en effet ? D'avoir été des
moutons. Moutons par tradition, par éducation, par
plus vieille et la plus récente, la première étant celle instruction, moutons de· toute une enfance, de tout
de la domination et de la force, la deuxième celle de un début de vie, mais las de bêler avec les autres et
l'alliance et de la persuasion.
de penser en rond.
Nous n'hésitons pas à vous dire que la première est
à rejeter. Sa faillite est d'ailleurs éclatante, particu- Ce sont ceux-là qui font les pires agitateurs, les
lièrement à l'époque de self-détermination à laquel- plus terribles réformateurs, les plus obstinés des ni-
le nous sommes parvenus. hilistes. Les autres, ceux qui se sont dissipés 'pen-
L'autorité brutale et absolue du chef de famille dant leur enfance, s'assagissent avec les ans.
Il JlII avoir su raison ·d'être 1000sque la vic matérielle Evidemment, il Y a des exceptions dans les deux
ne dépendait que d'énergies élémentaires. A mesure sens, mais nous ne parlons que pour la règle. Aux
que la créature humaine s'est émancipée en esprit, natures exceptionnelles les traitements exception-
sa rébellion s'est affirmée avec une assurance tou- nels.
jours plus grande contre les méthodes de contrainte
et de brutalité.
-192 - -193 -
pendant bonne .à dire, est qu'il ne peut y avoir d'é-
Ce sont les parents qui ont besoin d'être élevés ducation c omnibus ~. A chaque sorte de parents
et à chaque sorte d'enfants correspond une éduca-
tion spéciale que seules l'expérimentation et la pra-
Vous choisirez donc l'alliance et la persuasion tique assidues permettent d'orienter idéalement.
parce que, el\ ce qui vous concerne personnellement, Ce qui est bon pour celui-ci, n'est pas bon pour ce-
l'usage habituel de la force ct de l'autorité ne ferait lui-là. Chaque enfant représente un cas d'espèce.
qu'aggraver votre caractère en l'entrainant à la co- Chaque cas d'espèce diffère de l'autre, dans la mê-'
lèrc, à l'injustice, à L'impatience, à la vengeance, à me année, dans la même journée, dans le même ins-
la brutalité. tant.
Pour adopter l'attitude contraire, il faudra faire Nous dirons de l'éducateur ce que nous avons dit
appcl à tout ce qui est bon et sage en 'vous, faire tai- du médecin: Tant vaut l'homme, tant vaut celui qui
re votre égoïsme, exalter vos vertus endormies, vous éduque. Si ce dernier est i~intelligent et d'âme bas-
rééduquer vous-même en un mot. se, comment formerait-il des êtres' intelligents et
Ce sont les parents qui sont mal élevés. Comment élevés '1
prétendraient-ils obtenir de leurs enfants ce dont ils Ne mettez donc pas la ch,arrue avant les bœufs et
sont eux-mêmes incapables '1 Aussi l'enfant consti- ne tentez pas de former les autres avant de vous
tue le terrain difficile, mais de choix, sur lequel vous être réformé vous-même sous peine de propager, vos
pouvez vous entrainer chaque jour. tares et d'être le premier agent de contamination.
Croyez-nous. Nous avons, nous aussi, fait l'essai Ceci doit vous convaincre de l'intérêt capital que
de la contrainte et de la force. Cela n'a abouti qu'à présente pour les parents éducateurs la réforme préa-
la désharmonie, et au viol de nos vibrations. Pen- lable de leur caractère.
dant toute cette période de mauvaise éducation,
nous avons eu le sentiment d'être en porte-à-faux,
dans une cacophonie sentimentale, où sérénité, jus- Dans la culture de l'enfant, l'erreur de taille
tice, équilibre, étaient compromis. Cet état d'insta- n'est pas permise
bilité n'a cessé que du jour où la collaboration de
l'éducateur et de l'éduqué a été possible par compré-
hcnsion ct pénétration mutuelles, par intime asso- Il n'y a pas, en effet, de plante plus fragile que la
ciation. conscience de l'enfant et sa culture est une de celles
où les erreurs et les bévues ne sont pas permises.
Réformez-vous d'abord N'importe qui peut s'instituer jardinier ou arbori-
culteur. Ses mécomptes du début ne seront funestes
qu'à sa bourse et à des végétaux sans conscience,
Nous ne prétendons pas vous donner les lois ri- ou du moins dont la conscience est rudimentaire
goureuses de l'éducation parfaite. Ceci pour plu- comme aussi la sensibilité. Tandis qu'une erreur de
sieurs raisons, dont la première est que l'éducation taille, d'engrais, de traitement sur une plante hu-
parfaite n'existe point. La seconde raison, dont la maine est parfois irrémédiable et retentira sur tou-
première pourrait nous dispenser, mais qui est ce- te la vie physique et psychique du sujet.
13
-194 - -195 -
Pénétrez-vous donc bien de ceci, c'est que vous cation, bien que l'éducation enfantine en soit la
n'avez pas le droit de faire sur vos enfants des ex- principale bénéficiaire, mais encore en matière d'é-
périences désinvoltes sans souci des graves consé-' ducation personnelle et de relations avec autrui.
quences que votre ignorance, votre indécision ou Un tel axiome semblera une manière d'hérésie
votre malfaisance entraîneront.
pour des cultivateurs matériels, astreints à détruire
Vous êtes comptable, au premier chef, de tout ce les mauvaises herbes qui poussent dans leurs champs.
que vos enfants feront dans le cours de leur exis- Et nous reconnaissons qu'en matière de culture or;,
tence. Vous êtes responsable, au deuxième chef, de dinaire rien ne semble plus préjudiciable aux plan-
t'e que feront les enfants de vos enfants. tes cultivées que le chiendent, la cuscute, le coque-
En déclenchant le phénomène de reproduction par licot, etc ...
la chair vous vous êtes engagé, corps et ûme, dans· Encore existe-t-il une, école, d'ailleurs timide' et
une expérience intégrale que vous ne pouvez ni fuir peu importante, qui préconise la culture jardinière
ni détourner.
Pesez donc bien cette responsabilité, au moment sans sarclage et avec la collaboration des herbes
où, semblable A tant de parents superficiels, vous poussées spontanément.
vous disposez A élever vos enfants c comme tout le Mais là n'est point la question. Nous voulons sou-
monde ~, c'est-A-dire un peu au hasard. ligner, comme nous l'avons fait précédemment, la
différence considérable qui existe entre l'éducation
végétati ve et l'éducation animique de l'enfant.
La clé de l'éducation
Ce que veut dire arracher l'ivraie
Bien qu'il ne puisse être fait état de lois rigides
en pareille matière, on peut mettre en évidence un
certain nombre de poteaux indicateurs. c Arracher l'ivraie ~, c'est faire ce que font pres-
Le plus grand de tous, celui dont la pancarte de- que tous les parents, c'est-A-dire souligner avec for-
vrait être éclairée de jour et de nuit par tous les ce et à haute voix les méfaits ou erreurs dont l'en-
projecteurs éducatifs de la terre, est celui qui porte fant s'est rendu coupable, sa paresse, ses menson-
l'inscription suivante dont, chaque fois que nous ges, son égoïsme, sa gourmandise, ses colères, ses
en avons trouvé l'occasion, à la suite du clairvoyant maladresses, sa malice, ses peurs.
M. F. C. H. (1), nous avons montré la vertu : Or cette attitude traditionelle est justement la seu-
« NE PitS ARllACHER T:/VRAIE. MAIS AllllO- le que vous ne devez pas prendre, parce qu'elle est
SIW U~ /ION (a/MN ~. inopérante, inefficace, ce qui est déjà grave et, en
outre, dangereuse et funeste, ce qui l'est bien plus.
Cette simple phrase est la clé de toutes les réussi- En affirmant les défauts ou les fautes de vos en-
tes harmonieuses non seulement en matière d'édu- fants, vous donnez au mal qui est en eux, d'une fa-
çon vague et indéfinie, une '.orme, une existence que,
(1) Voir « L'Invisible et Moi ~ el le « Jeu Passionnant sans vous, il n'aurait pas.
de la Vie ~. Vous attirez la notion de mal de leur subconscien-
- 196- -197 -
ce, où elle est endormie, dans leur conscience claire,
où elle se réveille. Là, elle prend contact avec elle- Ce que signifie arroser le bon grain
même, se réalise et vit dès lors ..
Si vous ne faisiez à ce mal qu'une allusion rapide
et passagère, le voile de la mémoire enfantine re- .c Arroser le bon grain ~, c'est développer toutes'
tomberait vite sur lui. Mais vous ne perdez aucune les initiatives heureuses, mettre en éviden<;e toutes
occasion de récidiver, d'appuyer sur le point dé- les intentions louables, harmoniser toutes les bon-
nes volontés.
faillant, de souligner la faiblesse. A haute voix, par
affirmation, par prétérition, par allusion, par évoca- c Arroser le bon grain ~, c'est souligner tout ce
tion, par remémoration, vous faites revivre ce qui qui, dans la pensée, la parole, les actes enfantins,
était mort et vous revigorez ce qui tombait en fai- dénote un désir de s'élever, de rendre servic~, de.
blesse. En même temps, vous créez de vos propres bien faire.
mains, chez l'enfant, un complexe d'infériorité. Arrosez principalement quand la bonne intention
C'est là, d'ailleurs, ce que recherchait l'ancienne est maladroite et a des résultats malheureux. Gar-
méthode d'éducation, uniquement préoccupée, sous dez-vous, dans ce cas, de triompher sur l'enfant, de
prétexte d'humilité et de modestie, de ravaler, d'a- piétiner férocement sa tentative avortée, en vous
baisser, de refouler, d'éteindre les élans et flambées retranchant derrière votre expérience d'adulte com-
des adolescents. De même que la lumière n'est pas me si vous ne l'aviez pas assise vous-même sur mille
erreurs.
faite pOlir être enfermée SOllS le boisseau, de même
l':ime enfantine ne doit pas être mise sous cloche. Evitez les c Je te l'avais dit ... ~. c Tu ne m'é-
Ce à quoi tend l'évllution des temps modernes n'est coutes jamais ... ~.c Tu veux tout savoir mieux que
autre que la création d'un dynamisme spirituel. personne ~. Car : 1 ° vous avez déjà eu tort de le
Mais quel dynamisme obtenir de jeunes âmes hu- dire ; 2° votre enfant vous écoute parfoIs encore ;
miliées et maintenues, bon gré, mal gré, dans les 3° il ne peut rien faire de mieux que de chercher
épinettes de la tradition ? par lui-même à savoir. -
Ne dites donc jamais à votre enfant : c Tu es Ne brisez pas le verre fragile de sa bonne volonté,
laid, tu es maladroit, tu es malpropre, tu es bête ~. même onéreuse, même maladroite, même indiscrète,
sous peine de le voir vous refuser sa confiance, sans
Ou bien : c Tu n'as pas de courage, tu n'as pas de
laquelle c'en est à jamais fini d'une vraie et féconde
conscience, tu n'as pas de honte, tu n'as pas de éducation.
cœur ~.
Ayez toujours l'arrosoir à la main pour arroser
..
",
Ou encore : c Tu mourras sur l'échafaud, ou tu
diligemment et sans jamais y manquer ce que votre
mourras sur la paille ~. enfant sèmera, à bonne intention. Ne vous servez
Ou enfin : c Tu es impossible, tu es incorrigi- que d'eau tiède, la plus féconde, la plus chargée de
ble ~. vie et d'amour. 1 .

Mais vous pouvez lui dire, sans qu'il entende, pour Nous qui avons commis tant de fautes en matière
vous seul et Ii. voix basse : c Tu es mal élevé ~.
éducative, au point de considérer l'éducation com-
Ce sera exact.
me habituellement impossible-, nous n'avons obtenu
de résultats valables que par l'alliance avec l'enfant.
-198 - -199 -
Or il ne peut y avoir alliance que s'il y a d'abord atmosphère de suspicion qu'engendre l'emploi nor-
confiance. Cette confiance de votre enfant en vous mal de la force 1 Les pensées y sont troubles, les
ne peut naitre que de votre confiance en votre en- paroles dénaturées, les gestes faussés. Sous un ordre
fant. apparent c'est la maison entière qui est en désordre.
A cet état de guerre larvée substituez l'état de paix.
Soyez toujours en état d'alliance Vous réconcilier avec vos enfants, même les plus
turbulents ou les moins appliqués, c'est vous récon-
cilier avec vous-même. '
La notion de confiance prime tout en matière d'é- Et n'avez-vous pas songé à l'autre péril, celui de
ducation. Car seule elle permet l'alliance. la division entre père et mère, car il est rare que la
Or vous n'ignorez pas que, pour être alliés, il faut même température sévisse chez les deux édl1ca- ,
au moins être deux. teurs '1 En vérité, dans l'alternative de lutte, vous
Votre enfant ne peut rien sans vous dans le do- avez matériellement et moralement tout à perdre et,
maine éducatif - et la démonstration en est faite dans l'alternative d'alliance, matériellement et spi-
par ces amputés 'sentimentaux que sont les enfants rituellement tout à gagner.
sans père ni mère - mais vous, dans le même do-
maine, vous ne pouvez rien sans votre enfant.
Son concours volontaire ne vous est pas seulement Vous êtes l'exemple permanent
utile ; il vous est indispensable. Or, pour obtenir ce
concours, il est essentiel d'affranchir l'enfant de
toute idée de peur. Pendant un temps vous pouvez gouverner vos en- T

Votre enfant qui a peur (peur de vous, de votre ju- fants avec la seule intelligence, mais vous ne ferez
gement, de votre geste) n'est plus votre enfant, mais véritablement leur conquête que par le sentiment.
un étranger. Le pont est coupé entre votre affecti- Si vous réussissez à établir. en eux le climat émo-
vité et la sienne. Ce qui vous lie, dans' ce cas, est tionnel idéal, vou •• aurez gagné la partie, car on·peut
d'ordre précaire et conventionnel. Si vous êtes dis- oublier - et on oublie effectivement - ce que vous
posé à vous contenter de cela, tant mieux pour vous, a enseigné l'intelligence, mais on n'oublie .jamais
mQmentanément r Vous ne tarderez pas à vous aper- ce qu'on a appris par le sentiment.
cevoir que les résultats obtenus sont uniquement de Mais ne voyez-vous pas que c'est d'abord en vous
surface et que l'inconnu demeure en-dessous. que ce climat idéal est à créer et que, si vous ne l'a-
Pour nous, il nous est impossible de concevoir l'es- vez pas en vous-même; tout ce que vous pourrez ten-
ter pour le faire passer dans l'âme des autres sera
prit familial
que où, dans autrement
la maison que comm}l
de verre de un don récipro-
la tendresse, les d'avance stérile et caduc '1
échanges sont continuels. Quand nous vous disions que l'éducateur a, pour
Sans doute, vous obtiendrez parfois des résultats premier devoir, de s'éduquer lui-même, nous ne for-
immédiats par la rigueur et par la contrainte. Mais, 1
mulions pas une hypothèse mais un axiome impé-
nous vous le demandons sincèrement, ne sentez-vous ratif.
pas, au trouble de votre âme, tout ce que votre en- La réforme de votre caractère doit donc être à la
fant et vous y perdez '1 Dieu vous garde de cette base de votre action éducative. Vous vous le devez

f

1
-200- - 201- "

à vous-même pour l'obtenir chez autrui. D'ailleurs, Vos enfants ont passé l'âge de la foi totale sinon
comment exigeriez-vous de vos enfants des vertus de la confiance dans leurs parents. Devenus grands,
de caractère que vous n'avez pas acquises et com- adolescents, ils cherchent à se pr~longer dans .la
ment réprimeriez-vous en eux des défauts de carac- forme et leur curiosité les incite à foncer dans l'u-
tère dont vous n'êtes pas affranchi '1 ii nivers matériel.
Vous n'ignorez pas que le plus grand coefficient Quel que soit votre âge, ils vous rattraperont. Pre-
Il
éducatif est l'exemple et que toutes les paroles du nez garde qu~ils ne vous dépassent 1 Ce jour-là vous
monde sont salive perdue si les actes n'y sont pas • ne serez pour eux qu'un vestige du passé. Or tou\es
accordés. Pensez que, pour votre enfant, vous êtes leurs aspirations sont tendues vers cet avenir qui,
l'exemple permanent, immédiat. celui qu'il ne peut 1
dès la maturité, vous inquiète et, dès la vieillesse,
pas ne pas voir, celui qui, consciemment ou incons- vous fait peur. '
ciemment, est sans cesse devant lui, celui auquel, du Souvenez-vous alors que votre âge n'est pas celui
matin au soir, il se confronte, celui que, dès les pre- de votre état civil, ni même, comme on le répète
mières compréhensions, il considère comme le dé-
tenteur de la Vérité. complaisamment, celui de vos artères. Votre âge vé-
ritable est celui de vos curiosités. Dès que l'intérêt
Vous n'avez peut-être pas réfléchi à cela, qui est faiblit en vous, la sénilité du caractère commence,
à la fois si émouvant et si gros de conséquences, combien plus redoutable que la sénilité du corps.
c'est que votre enfant a foi en vous. Cela vous donne
tous les moyens d'impression et de conviction sur N'oubliez pas que vous êtes en plein courant évo-
son âme malléable. Cela engage aussi lourdement lutif et que, dès que vous vous arrêtez, celui-ci vous
votre responsabilité. dépasse et, au lieu de vous porter, vous presse et
vous meurtrit.
Vous ne pouvez abuser de cette foi, la trahir, la
décevoir, l'ébranler, enfin la détruire sans encourir Dès que vous reve~ez habituellement sur votre pas-
le châtiment de la faute impardonnable contre l'Es- sé, vous êtes vieux. Dès que vous vous sentez débor-
t prit. dé par votre époque, vous avez cessé d'être jeune.
Mais nous savons que votre désir le plus cher, vo- Aussi quel effrayant décalage entre vous, pour qui
tre ambition la plus ardente est d'éveiller, d'alimen- le manège de la Vie tourne trop vite et vos enfants
ter, de réchauffer, de justifier cette foi pour mieux pour qui le manège de la Vie tourne trop lentement!
l'épanouir. C'est à ce stade que se disloquent, ordinairement,
Répétez donc sans cesse : c Enfant, j'ai foi en les amitiés familiales, non faute de tendresse, mais
toi, comme tu as foi en moi et de ces confiances faute de compréhension.
mêlées nous ferons la divine alliance contre la- Aussi, ne vous laissez pas rattraper et, surtout,
quelle rien ne prévaudra ~. ne vous laissez pas dépasser, dans cette course au
futur qu'est la vie des hommes. N'allez pas au trot
Ne vous laissez pas dépasser quand le monde galope, ni au pas quand il trotte, et
ne vous arrêtez point quand il est au pas.
Mais quittons ces hauteurs et revenons dans le
siècle.
-202-
Projetez-vous en avant

Que votre esprit comme votre âme soient toujours


projetés en avant, plus haut 1 La lassitude du corps
n'est rien, c'est celle de l'âme qui est redoutable. Ne CHAPITRE XVII
soyez pas misonéiste. Espérez, ne redoutez pas ce
qui vient. Fédérez-vous d'avance, par adhésion spon-
tanée, avec les générations qui montent et détachez-
vous du monde qui descend. Sociabilité
Si vous avez cette volonté, vous aurez aussi cette
audace el, sans cesser de vous aimer, vos enfants
vous respecteront.
Etre c à la page :t, c'est ce que les jeunes de ce Vos premières frictions avec autrui vous ont en-
temps et de tous les temps ont pour devise et c'est seigné vos frontières. Ces frontières humaines sont
d'ailleurs conforme à l'accélération du rythme évo- délicates et tout en nerfs.
lutif. Les événements vont si vite en ee dernier siè- Il en est déjà de même dans votre enveloppe phy-
cle de notre ère que les jeunes eux-mêmes ont fort sique dont la superficie est extrêmement sensible en
à faire pour ne pas être débordés. Beaucoup d'entre raison de la multitude des épanouissements nerveux
eux restent en deçà, frappés de vieillesse prématu- qu'on trouve spus la peau. Cette sensibilité est jus-
rée. Par contre, beaucoup d'hommes mfirs se trans- tement faite pour vous aider à maintenir votre in-\
cendent ail delà des événements. tégrité corporelle. Toute attèinte à cette intégrit~ ex-
Si vous réussissez ce rétablissement, vous aurez térieure met en btanle les sonnettes d'alarme de la·
élargi, fortifié et revivifié votre caractère et vous douleur. La sensibilité des tissus profonds est très
serez, dès lors, bien près d'être un homme complet. atténuée. Un coup de bistouri n'est douloureux qu'en
incision superficielle et la conscience est peualer-
tée par une incursion en tissu profond. Il ne faut
pas cependant que, par exagération de son rôle, la
douleur devienne l'objet principal alors qu'elle est
seulement un moyen de préservation.
De même votre caractère est extrêmement sensi-
ble en surfacè et le moindre heurt est ressenti par
lui. Pour ceux qui sont braves et familiarisés avec
les chocs, ceux-ci passent à peu près inaperçus et
semblent une rançon normale de la vie. Pour ceux
que hérisse l'inflammation chronique de l'amour-
propre, un simple frôlement devient odieux.
Il faut donc que vous pratiquiez une bonne hy-
-204- -205-
gii'ne 11101';dcl'l quc vous endurcissiez votre lime le monde fait son devoir pour ne pas faire le véHre '/
au:-- c\lnt:ll'ts psychiques t'OIllIllC on cndurcit son Vous jouiriez de ce que la non-susceptibilité des au-
C/lrps ;111:-. ('lJlltads matériels, tres vous procure pour vivre en marge, dans le pa-
'1 ; III 1 qll<' ""US rl'slercz en liai de s{'nsibilité ex- lais de votre susceptibilité '1
('('ssj',.', '''IlS Sl'I'l'Z l1lalheUl'{'w., d:llls YOS rapports Poser la question en fait, c'est la résoudre en mo-
:1"l'" :1Utl'll j, rale. Vous savez, bien que vous n'avez pas le droit
Et il SO' pr"clllil':1 ('('c'i, {"csi qlll' pills vous serez de vous retirer du circuit social. Ou, si vous le fai-
st'Il.'iihle, pills "IIIIS Il- ('{'marqnerel. l'l, plus vous le tes, cc doit être complètement, c'est-à-dire en abdi-
rl'llIarql\(~rl'l., plus VOHSserez sensihle, jllsqu'au mo- quant les droits puisque vous refusez les charges.
nll'Ilt oÙ, d'irritatioll en irritation, vous deviendrez Mais nous sommes persuadé que vous n'êtes pas
IIll ( l'l'ordl{~ vif ». si égoïste et que vous comprenez votre véritable in-
,\ cc nl/lillelll, IIOUSnc donn/llls pas cher de votre térêt.
honhelll' IIi el'illi des personncs qlli VOIISentourent Faites une guerre de tous les instants à votre sus-
Il i IIlêllle d(~ ('l'iles avee lesqll"'les "CHISêtes appelé t'eptihililé si vous ne voulez pas que celle-ci s'ins-
il c'Iltrl'r C'IIcOlltlld. talle, ne sc plaise chez vous et ne s'y fige à demeure,
anqud cas vous aurez grand' peine à la mettre de-
hors.
La susc(~ptibilité est une maladie du caractère

La dérivation de l'attention
D'autant que le propre de celte véritable c mala-
die de l'csprit » qu'on nODlme la susceptibilité est
de sc chérir elle-même et de sc complaire dans le Evitez tout ce qui peut ressembler à de l'irrita-
domaine monstrueux qu'elle s'est créé. tion et s'il vous arrive de vous passionner jusqu'à
Imaginez un monde oÙ tous les hommes auraient entamer une querelle, efforcez-vous, par tous les
cl'lte même susceptibilité outrée. Croyez-vous que moyens, de vous dominer. Ce n'est pas en poursui-
cles rapports normaux seraient possibles et que tout vant la discussion, ni en continuant les gestes de la
le moncle Il'en s{'rait pas ébranlé '! Le boulanger re- colère, que vous avez la moindre chance d'éviter
fuserait dc' faire du pain, pan'c que son client en celle-ci.
aurait critiqué la forme. L'acheteur refuserait d'en- Non. Nous vous conseillions plus haut, dans ce
trer dnns Il' magasin parce qu'il n'aimel"llit pas la cas, ou cIe garder le silence ou de quitter le lieu de
manil'rl' dll vendeur. L'architede sc vexerait, le mé- la dispute et de l'accès. Si vous ne le pouvez maté-
d"c'ill sc' C'nhrcl":iÎl, le libraire c'adl('I'ait son étalage. riellelllent ou si rien d'imm-édiat ne le justifie, pre-
Lc' paysan garckrnit son hlé, 1•. hallc\llÎer ferlllerait nez un livre, absorbez-vous dans un compte, télé-
son guichet. Le Iccleur changcl"llit de journal cha- phonez, jouez de la musique ou tournez le bouton,
que mntin et l'ouvrier de patron chaque semaine. de la radio. De toute façon, changez le cours de vo-
Or, pas du tout. Ces gens s'acquittent normalement tre esprit. Pendant l'irritation, vous n'êtes plus vous-
dt~ leur tflche, parce qu'ils n'y mettent pas un excès même. Le fluide collectif du mal vous .habite et c'est
de susceptihilité. El vous profiteriez de ce que tout son influence que vous traduisez. Dérivez ailleurs
-206- -207-
votre attention, ne fut-ce que durant quelques mi-
nutes et, le plus souvent, cela suffira pour que vous Polissez-vous sur les reliefs
redeveniez vous-même et considériez les choses plus
impartialement.
Dès que vous sentez votre irritation mollir, ayez Vous êtes beaucoup trop intelligent, bien que sus-
la llolonté de vous imposer une phrase bienveillante. ceptible. pour ne pas avoir remarqué que la vie s0-
un Reste courtois qui atteindront de plein fouet l'in- ciale vous serait totalement interdite si tous ceux
terlocuteur. Ainsi vous changerez la plupart des à qui vous avez affaire professaient la même lUS-
comportements de ceux qui vous approchent et vous ceptibilité que vous.
les aiderez eux-mêmes à se défaire de leur suscepti- Et vous n'êtes pas non plus sans avoir constaté
bilité. qu'auprès des êtres doués d'égalité d'humeur, la vie
devient très facile •. '
Car ce qui importe. ce n'est pas tant d'avoir, par
Ne boudez pas crises. l'âme d'un saint, que d'être un brave homme
ou une brave femme tous les jours.
Vos efforts incessants doivent tendre, non à la
Ne boudez jamais. Ne conservez jamais de ran- parfaite égalité d'humeur, qui est hors de la portée
cune. La poussée aiguë est curable. L'affection chro- de beaucoup d'hommes, mais à une inégalité tou-
nique est plus malaisée à guérir. jours décroissante; par amputations successives des
La rancune va contre. son objet. qui est d'attirer pensées méfiantes, des paroles mauvaises et des ges-
le mal sur l'adversaire, mais elle n'aboutit, dix fois tes nocifs.
sur dix, qu'à attirer le mal sur le rancunier. N'invoquez pas surtout les défauts ou malforma-
La rancune est en vous comme de la bile accu- tions que vous rencontrez chez les autres. On ne po-
mulée. L'image est d'ailleurs exacte physiquement. lit bien son caractère que sur des reliefs et des ir-
C'est moins votre partenaire humain qui en pâtit régularités. Quand VOUs voulez raviver le métal ou
que vous-même. Lui, peut se soustraire à votre le bois, vous ne lui offrez pas une surface onctueuse.
champ visuel et auditif. Vous, llOUS ne pouvez pas mais vous le passez au papier de verre, à la lime' ou
vous fuir. Vous êtes captif de vous-même, contraint au rabot.
jour et nuit, d'entendre vos propres plaintes, d'en- Ce traitement n'ira pas sans protestation de votre
durer vos propres récriminations. part, mais c'est là que vous manifesterez votre vo-
Et nul autre que vous ne peut vous libérer de cette lonté de changer de vie. :Plus la meule est dure, plus
tyrannie intérieure qui trouble vos idées et fausse aussi l'objet à repasser fait d'étincelles. C'est une
vos jugements. Personne ne peut vous désintoxiquer double usure qui prépare le fil..
de ce poison qui ronge vos moelles psychiques. Nous-
même ne pouvons que vous indiquer l'antidote qui On c fait » un ennemi plus facilement qu'un ami
est en vous. Vous êtes libre de le prendre ou de le
rejeter, mais nous ne 'pouvons faire le geste à votre
place. Délivrez-vous donc vous-même puisque la pos- Nous vous avons dit aussi mais nous répétons :
sibilité est à portée de votre main. c Ne cherchez pas à démontrer les torts d'autrui.
-208- -209-
Autrui peut faire de même et vous ne serez pas plus e Il n'y a pas d'inimitié qui résiste à votre ami-
avancé. N'assénez pas vos vertus, si vous en avez, e tié, car l'inimitié comme l'amitié sont en vous et
sur la tête des autres. Ne vous dressez pas du haut e c'est en vous que vous pouvez les faire naitre ou
de vos qualités. e disparaître ...
Votre prochain voit ce qui est mal et ce qui est e Beaucoup seront étonnés d'apprendre qu'ils sont
bien et, le cas échéant, en fait silencieusement le e les auteurs responsables de l'inimitié de leurs en-
compte. Là est justement la valeur de l'exemple dont e nemis et ne comprendront pas comment cette ini-
nous parlions précédemment. Mais si vous vous ser- e mitié qu'ils croient née en dehors d'eux peut être
vez de ce que vous faites de bien pour ravaler ou e détruite en eux-mêmes. C'est parce qu'ils n'ont
diminuer l'elfort des autres, vous découragez ceux- e pas réfléchi que l'inimitié qu'on leur manifeste a
ci et les indlez à ne rechercher en vous que ce qui e justement pris naissance en eux..
esl mal ~. e La haine est comme l'amour. Elle n'a pas de
C'est pourquoi nous vous disons : e On fait un e génération spontanée. Il a fallu, pour que votre
ennemi plus aisément qu'un ami ~, car il suffit d'un e ennemi vous haisse, qu'il en trouvât le sujet au-
mot malheureux pour engendrer une inimitié re- e dedans de vous. Aussi longtemps que la source de
doutable, alors qu'il faut beaucoup d'actes heureux e cette inimitié subsistera en vous, la haine de votre
pour construire une amitié. e ennemi persistera, à moins que l'Amour pur aussi
e ne le saisisse, auquel cas celui-là, mais celui-là
e seul, cessera d'être votre ennemi.
« Renversez la vapeur lt e Le palier que doit franchir l'apprenti d'Amour
e est, par conséquent, d'utiliser les inimitiés en mo-
e difiant sincèrement son attitude intérieure. Votre
Mais, à tout moment, vous pouvez e renverser la e ennemi est toujours le miroir de votre Ame, celui-
vapeur ~ et supprimer votre ennemi, non pas com- e ci mt-il caricatural.· .
me le font les meurtriers dans leur niaiserie, mais e On a rarement à apprendre d'un ami, on a tou-
,. en sapant en vous les racines de son inimitié. e jours à apprendre d'un ennemi. Il faut donc bé-
Citons à nouveau Le Règne de l'Agneau: e nir, du fond de son cœur, ceux qui se disent vos
e Il faut bien se persuader qu'on mérite toujours e ennemis et c'est là le dernier stade. Ainsi con-
e ses amis. Ils sont ce que nous les faisons les uns e naitrez-vous le sens et l'importance de la béné-
e et les autres. e diction ~.
e Mais pourquoi avoir des ennemis ? Il dépend
e de nous, et de nous seuls, de n'en pas avoir. La contre-pente
c Un homme peut se déclarer votre ennemi. Pour
c que cela soit effectif, il faut que vous le recon-
c naissiez comme tel, ce à quoi il n'y a rien qui Tout le monde sait que la répétition d'un acte tend
e vous contraigne. Et s'il vous plaît de le considé- à rendre cet acte plus facile. Vous créez ainsi un
c rer comme votre ami, bien qu'il se prétende vo- courant qui vous entrai ne et qu'il vous sufflt d'en-
e tre ennemi, qui a le pouvoir de vous en empê- tretenir.
c cher ? Plus ce courant est fort dans un sens, plus il est
14
- 210- - 211-
difficile de le remonter dans l'autre sens. C'est ce tres. A ceux-là toute amélioration est facilitée par
que nous appelons la pente. une naturelle disposition. Certains, par contre, sont
Or celle-ci se fait sentir dans la direction du bien naturellement insociables et fuient le contact de la
comme dans la direction du mal. r.
plupart de leurs semblables pour éviter les chocs
Etre toujours de mauvaise humeur c'est continuer et les heurts.
à descendre la mauvaise pente et celui qui se trou- Cette insociabilité est rarement congénitale. L'en-
ve engagé dans cette descente a une peine inouie à fant recherche naturellement ·des camarades et l'a-
rebrousser chemin pour remonter la côte et redes- dolescent a généralement besoin de compagnes' et
cendre l'autre versant. de compagnons.
Etre toujours de bonne humeur, c'est se laisser al-
ler sur la bonne pente. Une fois la descente amor- Ce n'est donc qu'aux confins de l'âge adulte l'tr
cée. il est beaucoup moins facile de revenir en sens plus souvent encore, aux confins de la vieillesse
contraire et de retrouver le versant de la mauvaise que l'homme commence à éviter ses semblables par
hUlIleur. neurasthénie, mauvaise hygiène morale ou raisons
Un mouvement d'impatience rend plus aisé un de santé. Muis, par un phénomène singulier et qui
second mouvement de même sorte. Plusieurs accès prouve l'erreur de cette attitude, l'insociable est,
de colère dans la journée rendent plus probables les presque toujours dans l'impossibilité de se passer
(~(llèresdes jours suivants. d'une humanité qui lui inspire tant d'éloignement.
Par contre, un effort de bienveillance et de con- Autrui le froisse, le blesse, l'exaspère, l'horripile et
ciliation facilite les efforts ultérieurs de même es- pourtant une inclination invincible le pousse au
pèce. Quelques sacrifices accumulés dans les vingt- voisinage d'autrui.
quatre heures ouvrent la porte à l'abnégation des Cela seul vous permet de comprendre l'égoisme
lendemains. profond de telles attitudes. Comme nous t'indiquions
Il y a une lancée initiale, dans le bien comme dans ci-dessus, l'égoiste recherche l'aide sociale mais en
le mal, puis une poussée entretenue, grâce à quoi fuit les obligations.
la bonne ou la mauvaise orientation du caractère Si vous êtes un insociable-né .ou un homme que
tend à s'affirmer. les malheurs ou l'insuccès acculent à une vie soli-
Tel est le phénomène de la pente, c'est-à-dire du
bien ou du mal en sÜie. Ne permettez que les séries (
'j
taire, soyez conséquent avec vous-même et vivez
dans un strict isolement. Cela. aura la vertu d'une
heureuses, créatrices d'euphorie et de bien-être. Eli- <. cure physique et morale. La méditation, la concen-
minez les séries malencontreuses, dispensatrices de 1· tration, le spectacle de la nature vous aideront à r~
malaise et d'ennui. 1 trouver l'équilibre menacé •.
Mais si vous n'êtes qu'un insociable par méchan-
1 ceté, c'est-il-dire un homme qui a besoin de ses sem-
Sociables. - Insociables blables pour s'en faire une cible .et extérioriser sa

On ne saurait nier. (et nous l'avons vu précédem-


ment) que certains êtres sont plus sociables que d'au- i mauvaise humeur, alors vous n'avez droit à aucune
indulgence, pas plus la vôtre que la nOtre, et vous
ne sauriez ir,nputer qu'à vous-même les déboires in-
nombrables au devant desquels 'Vons allez.

1
- 212- - 213:-
Votre c croix lt dans les tissus. Elle est comme un ferment empoi-
sonné. L'infection se perpétue par sa seule présence.
Tous les cataplasmes du monde ne pourront qu'un
Comment réagir fructueusement contre ce mau- temps l'endormir.
vais état d'esprit '1 Si vous voulez nous suivre sincè- Votre préoccupation continuelle à l'endroit du
rement et croire une expérience déjà longue, vous c corps étranger ~ dont vous souffrez aggrave sa
imiterez l'exemple des grands dominateurs spiri- présence. Chaque jour vous y ajoutez inconsciem-
tuels. Ceux-ci savaient ce qu'ils faisaient, lorsqu'ils ment un fétu de peine, un atome de· douleur •.
disaient, l'un : c Je n'ai jamais pu supporter de Vous faites exactement le contraire de ce qu'il
laisser mes souffrances inemployées ~, l'autre: c Uti- faudrait que vous tissiez pour expulser l'hôte indé-
lisez vos ennemis ~. sirable, •
Il est proposé, dans la vie, à chacun de nous, une Vous vous déclarez intérieurement prêt à tout pour
expérience à même le sentiment ou la pensée. Nous vous délivrer et vous affranchir.
avons tous, ou nous avons tous eu, mêlé à notre exis- Et cependant vous n'adoptez pas le seul moyen de
tence, un être au moins sur lequel doit s'exercer no- libération que vous offrent les lois psychologiques.
tre patience et que nous considérons comme la sour- Au lieu de spéculer uniquement sur le mal local,
ce de tous nos maux. commencez par renverser l'attitude pénible qui est
C'est comme une blessure mal fermée, une .sorte en vous.
de plaie douloureuse dont la cicatrisation ne se fait Cette écharde, cette épine, cette plaie que tous vos
jamais et qu'on meurtrit au moindre contact. efforts tendent à rejeter, à expulser, à fermer, ac-
Précisément à cause de cette sensibilité, vous re- ceptez-la comme un don majeur de la Providence,
marquez tout ce qui a trait à la zone délicate, et le comme le royal cadeau fait à l'un de ses enfants
souci que vous en avez accroit son irritation. choisis.
C'est véritablement une épine dans votre chair, C'est précisément pour vous que cet être - ou
autour de laquelle celle-ci se hérisse et se boursou- parfois cette circonstance - est là, incrusté dans
fle et qui, à la longue, formera abcès et laissera cou- votre vie, pour vous perfectionner dans la partie la
ler du pus. plus défectueuse de vous-m~me, là où vous en avez
Il eftt suffi au début d'avoir un peu de courage et, le plus grand besoin.
par une incision légère, de débrider les tissus, Sans Vous considérez c votre peine ~ comme le poison
doute, l'écharde s'oppose à ce qu'on la retire à con- et c'est précisément le remède. Seulement vous n'o-
tre-sens mais l'arrachement ne dure qu'une seconde. sez pas le boire, parce qu'il est amer ..
Cela n'est-il pas préférable à une longue attente, Il faut, de toute nécessité; que vous l'ingériez avec
Rl'osse d(~ lIIille complications '1
foi, cette foi qui double la valeur des remèdes et que
vous vous contraigniez à le trouver bon et doux.
L'écharde dans votre âme
~- Cessez de nourrir votre mal
Il en est de même de l'écharde entrée dans votre
âme, Il n'y a aucune chance de la voir s'enkyster 1 Quand vous aurez cessé de faire du siège de votre
- 214- - 215-
mal le ('lad-lieu de vos préol"'lIpalions, quand vous En réalité, la deuxième personne est demeurée
ne 1l<lllrJ'ire7.plus ce callcer moral toujours croissant sans changement, mais la première qui, d'abord, n'é-
en \'III1S-II1I;mt" vous mcllre7. Ii Il Ù J'anarchie de vos tait capable d'enregistrer que les sentiments vils
('ellllies sentimentales et votre 1issu psychique rede- correspondant à ses propres vibrations inférieures,
viendra fort et sain. aura ensuite découvert les sentiments nobles de la
Cest précisément ù l'encontre de la person~e que deuxième personne, dès que ceux-ci auront été au
vous aimez le moins qu'il faut réformer votre carac- niveau de ses vibrations.
tère, I3énissez-là, priez pour elle, pensez à elle avec Plus un caractère est élevé, plus il est à même 'de
douceur. Voyez là comme ane sœur en Dieu cons- comprendre les caractères moins élevés. Toutefois,
tituée d'une certaine manière, peut-être absolument i à mesure qu'il monte, il perd le sentiment des for-
différente de la vôtre, mais qui, à son rythme et 1
mes les plus basses. Et ceci explique que le saint ne'
d'une autre sorte, s'achemine vers le Divin. voit le mal nulle part autour de lui.
Si vous êtes victorieux de cette victoire-là, vous
aurez du coup remporté toutes les victoires, car vous
verrez s'effondrer tout le système mental défectueux. Ne vous remémorez que le bon,
Vous jugerez peut-être que c c'est cher payé :..
Mais nous, nous vous disons : c Ce serait l'opéra-
tion la plus fructueuse de votre vie ~, Tout ce qui précède s'applique avec force il votre
entourage immédiat, celui avec lequel vous vivez
du matin au soir et, parfois du soir au matin, s'il
Commentaire s'agit de votre époux ou de votre compagne.
Ce sont d'ordinaire les mécomptes qui séparent les
hommes. Mais vous, employez les déboires il vous
Ce n'est pas, en effet, tellement à .c l'autre :. que unir. Supportez ensemble les c coups durs •. Pro-
votre acte profitera, mais à vous d'abord, dont tou- fitez-en pour vous aider, vous souder et vous par-
tes les conditions d'existence seront transformées au faire au lieu de vous affronter et de vous désunir.
point que, du jour au lendemain, vous vous croirez Ne pensez pas aux autres, principalement il ceux
transporté sous un merveilleux climat. de votre entourage, en vous remémorant leurs fau-
En realité, c'est ce merveilleux climat qui se sera tes et leurs torts ..
installé en vous et qui aura fait une oasis de l'ancien Fermez délibérément et obstinément les yeux sur
désert de votre Ame. leurs défauts, leurs tics, leurs anomalies, leurs er-
Si, au cours de son évolution spirituelle, la per- reurs, en considération des vôtres qui 'vous échap-
sonne qui avait des sentiments bas, mais a réussi pent le plus souvent.
à les atténuer pour les remplacer par de plus élevés, Songez à eux en vous remémorant le bien qu'ils
se trouve, à intervalle éloigné, en contact avec une vous ont fait ou les vertus qu'ils possèdent.
autre personne qu'elle jugeait défavorablement, la Faites-leur surtout la vie heureuse pendant qu'ils
première sera persuadée que la deuxième s'est beau- sont encore avec vous.
coup améliorée et a modifié profondément son ca-
ractère.
.
Dites-vous enfin que les, hommes sont sans cesse
- 216-
menacés par la Nature et que celle-ci a beau jeu pour
brimer les hommes divisés entre eux.
Mais si les hommes sont unis, ils peuvent heureu-
sement faire face aux duretés de la Nature.
Un jour, nous vous expliquerons la différence qu'il
y :1 entre l'Homme, la Nature et Pieu.
CHAPITRE XVIII

Le Caractère et les Choses

Vous n'avez pas toujours quelqu'un auprès de vous.


Mais toujours vous êtes au milieu des choses.
Celles-ci sont les compagnes assidues de votre
existence matérielle et, partout, vous êtes entouré
des choses de la Forme dans ce monde formel.
C'est donc peut-être encore plus souvent aux cho-
ses qu'à vos semblables que vous vous heurtez et il
en résulte que vous devez compter avec elles pour
la réforme de votre caractère ..
Dès que vous agissez, les choses se trouvent en
contact avec vos cinq sens. Mais lors même que vous
ne bougez point, vous demeurez au voisinage des
choses. Le sol ou le lit sur lequel vous reposez, les
vêtements qui vous habillent, le toit qui vous cou-
vre, les bruits et les odeurs qui vous parviennent,
autant d'éléments de friction constante entre l'animé
et l'inanimé.

La soi-disaIit hostilité des choses

Une porte qui s'ouvre mal, un tiroir qui vous pin-


ce le doigt, une cheminée qui fume, un papier qui
se déchire, un cordon qui se noue, un verre qui tom-
- 218- - 219 -:-

be sont prétexte il votre impatience ou il votre ner- Alors, la machine refuse de fonctionner, la-laine se
vosité. 1 mêle, l'outil se brise, le robinet s'engorge, le lait se
De même un parfum trop véhément, des cris d'en- l~ sauve, la vitre cède et le gâteau est brillé.
fant dans la rue ou la vue d'une chose répugnante 1

heurtent votre vue, votre ouïe ou votre odorat.


Bien d'autres comportements des objets vous in-
citent, suivant l'expression commune, c il sortir de Les choses n'ont pas d'amour-propre
votre caractère ) et c'est la raison pour laquelle
nous pensons que vous avez beaucoup il apprendre
de cette incessante confrontation. ,
..
A la vérité les objets n'y sont pour rien. La sub-
version a lieu dans votre conscience intime. C'est ta
Il y a des gens qui s'irritent tout seuls en présence
du moindre empêchement et ne peuvent se tenir de déviation de votre caractère qui a tout faussé. Vos
le montrer par une manifestation extérieure. C'est gestes sont devenus plus maladroits, la rage ou la
ainsi qu'on entend certains solitaires maugréer ou malice ont dénaturé vos réflexes et les petites ca-
bougonner à demi-voix. Faute d'interlocuteur évi- tastrophes s'ajoutent les unes aux autres parce que
dent, ils s'adressent il un interlocuteur invisible, vous avez fait un faux départ.
l'adjurent ou le gourmandent, le pressent et le bous- Votre erreur est d'autant plus regrettable qu'il faut
culent par le geste et par la voix. D'autres s'en pren- beaucoup' moins de vertu pour s'entendre avec les
nent, faute de mieux, aux objets qui les entourent, objets qu'avec les hommes. LeI chOIes n'ont pas
les insultent s'il y a lieu et, au besoin, c tapent ) d'amour-propre et, partant, avec elles vous n'en au-
dessus. rez pas non plus.
Il nous souvient fort bien d'avoir vu, dans notre C'est un grand bienfait pour vous qu'il .n'y ait au-
jeunesse, une personne de notre famille qui battait cun orgueil des choses, sans quoi, votre orgueil y
sa cuisinière à coups de pique-feu lorsque celle-ci répondant, l'existence vous semblerait un mauvais
tirait mal. Dans sa rage, il arrivait que le pique-feu rêve. Vous comportant avec les objets comme vous
lui meurtrît les doigts, auquel cas elle jetait l'usten- vqus comportez avec vos semblables, aucune minu-
sile par terre et le piétinait rageusement. te de paix ne vous serait laissée et vous seriez en
Cuisinière et pique-feu n'en étaient nullement af- état constant de rébelIion.
fectés en eux-mêmes, mais la colère humaine n'en Imaginez la vie quotidienne d'u~ être humain qui
faussait pas moins toutes relations entre l'homme serait brouillé avec ses appareils de chauffage et
et l'objet. La conséquence habituelle de ces batail- d'éclairage, d'une ménagère qui se disputerait avec
les entre la conscience et la matière est une adul- ses casseroles, d'un peintre qui aurait de l'inimitié
tération de cette même conscience qui la porte il pour ses pinceaux.
multiplier les erreurs. Supposez un musicien jaloux de son violon, une
Nous avons souvent remarqué ce pullulement des couturière en mésintelIigence âvec ses aiguiIles, un
circonstances défectueuses lorsque nous les envisa- commerçant hostile à sa marchandise, un paysan
geons incorrectement. On dirait alors que les cho- vexé contre sa charrue, un maçon il couteaux tirés
ses s'unissent, se coalisent, que les objets se liguent, avec son fil à plomb •.
se soutiennent pour faire front il l'ennemi commun •

.-"
.:,,--;..
-220- -221-
Nous connaissons ainsi d'admirables alliances qui
Derrière l'apparence des objets existe une réalité se sont nouées entre l'artisan et l'outil. Demandez à
non formelle ce vieux menuisier ce qu'il pense du rabot de vingt
années, pour lequel sa main est idéalement faite et
qui est fait idéalement pour sa main.
Tout ceci vous semble enfantin. Aussi enfantine N'avons-nous pas, sous nos propres yeux, un stylo
est votre révolte à l'endroit des choses, dès que, par décoloré qui nous servit à écrire plus de vingt ou-
impatience ou par maladresse, vous vous en servez vrages, sans compter les notes, la correspondance et
i nfrnctueusement. tout ce à quoi nous ne pensons plus.
llien que les choses n'aient pas la même âme que N'est-cc pas un véritable collaborateur, un hum-
vous et, surtout, pas la même conscience, elles re- ble associé de notre vie qui nous a fourni jusqu'à
posent cependant, bien qu'apparemment toute ma- hier un concours de tous les instants ?
tière, sur la substruction de l'Esprit. Sa plume est usée, son bec d'ébonite aussi. L'es-
Derrière l'apparence des objets il existe une réa- tomac de caoutchouc a été remplacé, le filetage du
lité non formelle qui radie invisiblement. C'est avec chapeau n'est plus visible. Tel quel, il donnerait en-
ces radiations des choses qu'il vous faut accorder core volontiers une aide si le successeur venait à
vos propres radiations, de peur d'être en discordan- défaillir.
ce avec le reste de la nature. Il est là, à la place d'honneur, jouissant tranquille-
Et vous le sentirez nettement vous-même pour peu ment de sa retraite et, chaque fois que nous le re-
que vous y prêtiez attention. gardons, c'est avec des yeux reconnaissants.
N'avez-vous pas des jours, des heures parfois, où
votre plume, votre ustensile semblent marcher tout
seuls et abattent une excellente besogne ? La même
alacrité heureuse semble alors unir l'instrumentiste
et l'instrument.
N'avez-vous pas, au contraire, des moments et mê-
me des journées entières où vos meilleurs outils vous
échappent ou s'obstinent à aller de travers ? Alors 1
l,
tout semble se désorganiser en vue d'une confusion 1
'1
croissante. Il y a dissonance aiguë entre les objets
et vous.

Faites confiance aux choses comme aux gens

'oj
Faites confiance aux choses comme aux gens. Les ,

choses, comme les gens, y répondront d'une ma- 1

nière favorable.
,.

CHAPITRE XIX

Le Caractère et les événements"

La vie individuelle et sociale ne repose pas uni-


quement sur le contact des êtres et des choses. Elle
se manifeste encore par ses relations avec les événe-
ments.
Pour n'être pas enregistrés toujours par les sens,
les événements n'exercent pas moins une grande in-
fluence sur le caractère qui les consid,ère avec cu-
riosité mais aussi avec effroi. . "
De fait les hommes redoutent les événements dans
la mesure où ceux-ci les intéresient. Cette appréhen-
sion vient de ce que, pour eux, les événements sor-
tent de l'inconnu. Le culte du positivisme et l'in-
cohérence déterministe qu'il entralne font que vous
croyez votre existence et vous-même abandonnés au
hasard.
Parce que vous n'avez pu démêler les lois spiri- "
tuelles de la Vie, vous cherchez à expliquer son do-
maine invisible par son domaine visible, ce qui ac-
croit votre confusion.
Vouloir expliquer la cause par l'effet ne viendrait
à l'esprit d'aucun homme raisonnable. C'est cepen-
dant ce que font la majeure partie des savants et des
philosophes de ce temps.
-224- -225-
Mciles, son audience reste universelle en considé-
Allez à la source et ne vous limitez pas ration des résultats obtenus par les véritables clair-
à l'expression voyants.
Cependant la vision et l'interprétation des plus
qualifiés de ceux-ci est encore fluctuante et précai-
Les événements naissent dans l'Invisible d'où ils re, ce qui démontre à l'évidence combien le monde
se manifestent dans le visible. Si vous voulez les invisible nous est fermé. Transgresser cette loi ~u
comprendre, il faut aller à la source et ne pas vous secret au bénéfice de curiosités indiscrètes c'est al-
limiter à l'expression. ler contre le vœu général de la Vie qui est de nous
Si rationaliste que vous soyez (et si épris de logi- dérober les lignes précises de l'Evolution.
que cartésienne), vous savez aussi bien que nous Tout au plus nous est-il permis d'en dégager cer- •
l'impuissance de l'intelligence mentale à interpré- taines lois générales sans contrainte occulte, sans
ter l'événement futur.
magie et par pur développement spirituel.
La science la plus récente et la mieux outillée n'a
aucune certitude touchant l'événement qui se pro-
duira dans un siècle, dans une année, dans un mois, La foi dans les événements
dans une journée, dans une heure, dans une seccnde.
Elle ne peut que formuler des hypothèses et l'aveu
cruel de sa faiblesse est contenu dans la fameuse
loi des probabilités. Nous avons en main un instrument bien moins
Que la science positive en soit réduite à calculer ,dangereux et autrement efficace pour prendre con-
par probabilités et par moyennes, voilà qui en dit tact avec les circonstances et en mesurer les con-
long sur la vertu des connaissances dites exactes tours ..
mais qui ne représentent, tout au plus, que des con- C'est exactement le même qui nous sert à mesùrer
naissances d'approximation (1). la conscience des êtres. Les moins religieux l'appel-
lent la confiance et les plus religieux le nomment
la Foi.
L'homme et l'incertitude Avoir foi dans les événements c'est s'adapter d'a-
vance aux conjonctures, épouser idéalement leur
déroulement, quel qu'il soit ; non seulement ne pas
Cette incertitude quant aux événements et même les craindre mais les espérer, non seulement ne pas
aux circonstances les plus ténues de la vie explique les fuir, mais les rechercher. Avoir foi dans ce qui
l'engouement dont bénéficient les tireuses de cartes, vient c'est déjà en modeler la forme par adhésion
devineresses et fakirs. préventive, alliance et assimilation.
Bien que ce monde spécial soit composé pour les Déclarer la paix à ce qui sera, c'est se déclarer la
trois-quarts de charlatans, de prétentieux et d'im- paix à soi-même. Si nous sommes l'écho du monde,
le monde aussi est notf'e écho. Délibérons le monde,
par conséquent, et avec lui les circonstances du
(1) Voir
tions dans le dévelopyement
Dieu complet de
est-i Math~maticien ces considéra-
? (Ed. Astra). monde et nous ferons corps ave,c les événements.
15
-226- -227.-,
Alors les événements ne nous seront plus oppo- Tout ce que vous pourrez tenter extérieurement à
sés mais favorables. Nous cesserons d'aller contre vous pour agir sur les circonstances extérieures se-
la pente et contre le vent. ra perpétuellement inutile ou dangereux. Vous res-
semblerez au paysan qui, pour éviter une réparation
onéreuse, fouille dans l'intérieur de sa montre avec
Ne mettez pas vos doigts dans l'engrenage la pointe d'un couteau.
Vos doigts ne sont pas moins malhabiles ni moiQs
Le grand M. F. C. H., dans la correspondance qu'il grossiers lorsque vous intervenez du dehors dans la
entretenait avec nous, parlait souvent de c Divine marche du monde, pour qui de semblables tentati-
Song :., la petite musicienne de Ceylan qui, par sa ves sont d'aussi piètres choses que l'excursion 'd'une
méthode du Partenaire (1) avait résolu son problè- fourmi dans le bâti de la Tour Eiffel.
me économique et c ne se souciait certes pas du
gouvernement de son lIe :.. Vous êtes comme un pilote de planeur
Or les individus ont tous la prétention de parti-
ciper à la conduite 'des affaires publiques alors
qu'ils ne sont même pas capables de résoudre leurs Par contre, agissez en vous par la Foi. Manifestez
problèmes particuliers. votre confiance en toutes choses.
Ce qui importe, c'est de progresser soi-même in- Acceptez d'avance les événements comme des au-
dividuellement sans se préoccuper de ce qui se pas- xiliateurs, des amis.
se ailleurs, car nous ne pouvons résoudre le pro- Jouez gagnant sur eux, sans vous préoccuper de
blème des autres à leur place, mais seulement trou- ce qu'ils seront. Casquez-Ies d'avance de succès, cui-
ver notre solution personnelle et la proposer à au- rassez-les d'optimisme.
trui pour qu'il trouve sa propre solution. Tenez-vous prêt à les aider, à faciliter leur évolu-
Cessez donc absolument de critiquer les hommes tion. Vous ne pouvez rien contre eux mentalement
et les institutions, n'introduisez pas étourdiment le ni matériellement. Eux peuvent beaucoup contre
doigt dans les rouages politiques, n'essayez pas de vous en matière physique et mentale.
démonter le mécanisme économique, ne vous imis- Prêtez-vous à la lame, ne faites pas d'opposition
cez point dans l'escrime théologique ou la gymnas- brutale. Sachez profiter des courants.
tique philosophique, avec la prétention de diriger Vous êtes comme un pilote de planeur qui ne dis-
les événements. pose d'aucun moteur et a pris son essor sur sa pre-
Plus vous serez intelligent mentalement et plus mière lancée. A partir de là, rien ne compte plus
il y aura contradiction entre votre pensée et la mar- que sa manœuvre et sa compréhension du milieu
che secrète des choses. où il se tient. A lui de se prêter aux forces ascen-
Les plus grands génies terrestres n'ont absolument sionnelles, d'éviter les ondes turbulentes, d'utiliser
rien compris à l'organisation générale du monde et au maximum les forces ascendantes, de déceler les
celle-ci n'a été pressentie que par de rares esprits tourbillons. Le vol plané est une adaptation idéale
simples, capables de raisonnements premiers. aux phénomènes de l'atmosphère et, comme le di-
sait M. F. C. H. à propos de la bicyclette (mais sur
(1) Voir L'lnvi.ible et Moi (~. un plan majeur) c de l'équilibre en mouvement ~.
-228- -229-
Réaliser dans sa journée le plus grand nombre
Regarder devant, non derrière possible de bienveillances, de tolérances, de com-
préhensions, d'indulgences.
Ne dites jamais : c Si j'étais le gouvernement . S'abstenir de toute critique, de tout jugement, de
Si l'on m'écoutait ... Si j'avais voix au chapitre . toute impatience, de tout doute, de toute tristesse,
Moi à leur place ... :t et autres phrases d'incapacité. de toute peur.
Bénissez les événements qui s'écoulent, bénissez Tel est le programme de l'efficient et de l'homme
de caractère •.
les hommes qui passent. Les uns comme les autres
en ont le plus grand besoin.
Et, considérant votre rôle à vous et votre fonc-
tion sociale dans la vie, évertuez-vous à les jouer où
à les remplir de façon parfaite et à constamment
les ennoblir.
Ne considérez jamais votre tâche comme terminée
ou votre effort comme inutile. Tout ce que vous au-
rez fait avec une intention élevée vous élèvera à
votre tour.
Tournez résolument le dos au passé. Vous n'avez
rien à faire parmi les cendres. Ne ramassez pas de
bois mort.
Ne cherchez pas à pénétrer l'avenir. Celui-ci dé-
pendra du Présent, donc c'est le Présent qui impor-
te. :Mais pesez, de toute votre hauteur morale, sur
les circonstances de votre Présent.
Perdez instantanément la mémoire du mal. Ayez
la mémoire tenace du bien.
Regardez devant, non derrière.
Allez de tout cœur, en toute confiance et avec joie
au devant de ce qui vous attend.

Faire de chaque journée un chef-d'œuvre

Décider chaque jour de faire de sa journée un


chef-d'œuvre.
Ne pas s'attarder à considérer la journée précé-
dente, si celle-ci n'a pas été bonne, construire du
neuf.
QUATRIEME PARTIE

RELATIONS AVEC SOI·MJBœ


,
·
i
j
·
j

1
Il
1

CHAPITRE XX

Personnalité et Individualité

Serrons le problème de plus en plus. Pour pell


, "

· que vous ayez suivi nos précédents ouvrages, vous.


comprenez l'importance que nous attachons à dis-
tinguer votre individualité de votre personn~ité et
votre JE de votre MOI (1).
Cependant, et daos le cas où vous prendriez con-
tact pour la première fois avec notre œuvre, nous.
attirons votre attention sur le fait que,.pour nous,
et contrairement à d'autres philosophies, le t~rme
JE s'applique à votre essence, donc à la racine de
vous-même et que le terme MOI s'applique à votre
enveloppe, c'est-à-dire à votre être extérieur.

Distinpez votre Je de votre Moi

Rappelons donc que votre personnaliM n'est que


votre apparence, axée sur le physique et le mental,
alors que votre individualit~ (2) est votre réalité
même, uniquement d'ordre spirituel.
Votre JE est votre partie supérieure et immortelle.

(1) Se reporter à La CU et à Je et Moi (EcL-Ama).-


(2) Etymologiquement : qui ne peut être divisé.
-234- -235-
Votre MOI n'est que votre partie inférieure et pé- d'autres termes, votre personnalité, si elle est bien
rissable. Vous comprenez déjà qu'il faut exalter l'un composée, peut donner de vous une idée plus bril-
et abaisser l'autre. La réforme profonde du carac-· lante que ne le comporte l'avancement véritable de
tère est à ce prix. votre individualité.
Cette dualité impose cependant d'autres devoirs Voici déjà longtemps qu'une telle remarque nous
à l'être à deux vies que vous êtes. Aucun des élé- a été faite à nous-même. Mais cela n'est nullement
ments majeurs qui vous composent ne doit tyranni- décourageant, si le cœur est désintéressé. Avoir une
ser l'autre, mais il faut qu'il y ait un maître et un apparence supérieure à sa réalité implique une obli-
serviteur. Le chef ne peut être que votre JE et le gation spirituelle, celle de ressembler à l'idéal qu'on
subordonné ne peut être que votre MOI, car lorsque s'est formé.
celui-ci sera effacé. ou dispersé par la maladie ou _Ainsi conçue, une telle idée remorque inten~ément
par la mort, celui-là, qui ne périt point, aura mis- vers les hautes sphères en direction de l'Unité.
sion de continuer la Vie. Le caractère constitue le compartiment le plus
D'autre part, en raison de l'instinct qui la solli- élevé de la personnalité humaine, à câuse du rôle
cite, votre personnalité victorieuse abaisserait votre de premier plan qu'il joue dans ses rapports avec
individualité. C'est donc à cette dernière de prendre l'individualité.
le commandement, sans âpreté comme sans despo- A mesure qu'il se fait, s'améliore, se perfectionne,
tisme, en demeurant bonne et compréhensive pour le caractère s'étend de plus en plus dans le champ
l'instrument qu'elle a choisi. de l'individualité.
Vous échappez encore actuellement à votre JE Tout l'art consiste à passer habilement d'un do-
et votre MOI vous échappe. Quand vous prendrez maine dans l'autre, selon les nécessités.
conscience de l'un et quand vous dominerez l'autre,
un grand pas dans le contrôle de vous-même sera
accompli. Sachez vous retrancher dans votre Je"
Le JE et le MOI sont également susceptibles d'é-
ducation, en ce sens que le premier peut être déga-
gé et que le second peut être épuré, ce qui les amè- Prenons des exemples concrets. Une injure vous
ne à se rapprocher l'Un de l'autre et, tant que dure est faite. Nécessairement grief et outrage ne vous
l'expérience charnelle, à se comprendre et à s'unir. atteignent que dans votre personnalité. Votre indi-
vidualité étant d'essence divine n'a cure de ces in- .
cidents minuscules qu'elle ne comprend même pas.
Apparence et réalité Mais votre personnalité est blessée dans sa suscepti-
bilité et son amour-propre. Son premier mOl;lvement
est de riposter et parfois elle le fait si promptement
Comme le MOI n'est que l'apPlirence, ainsi que que votre JE n'a pas le temps d'intervenir. Dès lors
t. nous venons de le dire et que c'est la partie de vous- le conflit est ouvert entre votre MOI et celui d'un
même que vous présentez .au MOI des autres hom- autre, avec tout ce que cela entraine de troubles et
mes, il peut se faire que cette apparence soit trom- d'ennuis.
peuse, c'est-à-dire plus brillante que la réalité. En Supposons que votre MOI soit parfaitement dres-
-236- -237-
sé et habitué à en référer à votre JE, en toutes cir- tité songeait à leur impersonnalité. Car votre imper-
constances. Dans le cas qui nous occupe, celui-ci sonnalité ne peut souffrir, de même que votre imper-
imposera silence à votre amour-propre et ne permet-· sonnalité ne peut craindre. Malheureusement, vos
lra que J'action de votre Amour. rapports constants (pensées, paroles, actes, attitu-
Quand on s'isole dans son JE, qu'importe la bles- des) s'échangent entre personnalités.
sure reçue dans son MOI 1 Les déboires sentimen- Méditez un peu là-dessus. Et, peu à peu, il vous
taux, considérés hors du Moi, ont tellement peu ~pparaitra qu'il y a en vous et dans vos proches
d'importance. d'autres êtres que ceux que vous connaissez .•
Il en est de même en cas de maladie. Celle-ci ne Ceux qui vous connaissent ne vous connaissent pas
frappe que vos enveloppes, fussent-elles magnéti- réellement et vous, vous ne connaissez pas réelle-
ques et fluidiques, en même temps que physiques et ment les êtres que vous croyez le mieux connaître,
organiques. La maladie est inconnue de votre indi- tout cela uniquement parce que vous jugez des per-
vidualité. C'est parce que vous ne l'envisagez que sonnalités avec votre personnalité.
sous l'angle de la personnalité que votre MOI souf-
fre d'être malade. Si vous envisagez votre MOI du
haut de votre individualité, la maladie n'a pas Essayez de regarder hors du champ de vos
d'existence pour votre JE. œillères
Voilà qui vous aidera à comprendre les extraor-
dinaires résultats qu'obtiennent, par exemple, les
c Christian Scientistes ~, par pur décalage et par Si vous vous trouvez, pour la première fois, en
simple transposition des plans matériels et spiri- -contact avec les idées exprimées dans les lignes
tuels.
précédentes, vous ne pouvez manquer d'être surpris
et déconcerté. Yous avez jusqu'à présent été si ëtroi-
tement contenu dans le champ de vos œillères tra-
Connaître la personnalité de ceux qui vous ditionnelles que toute incursion vous effraie dans
entourent n'est pas connaître ceux qui les terres de la liberté.
vous entourent Toutefois, ne vous cabrez pas sans réfléchir. Es-
sayez de vous dégager de l'ornière profonde où tant
d'hommes avant vous se sont enlisés. Pourquoi, pen-
Transportez-vous dans le domaine sentimental de sant mal et incité à bien penser, seriez-vous plus
vos rapports avec ceux que vous aimez. Si vous les entêté que les savants modernes qui passent leur
chérissez d'un amour spirituel vous ne sauriez crain- temps à bâtir et à démolir leurs propres lois '1
dre pour leur santé physique. ,Mais c'est parce que Sortez-vous donc d'une manière d'agir et de pen-
vous les chérissez d'un amour physique que votre ser qui, jusqu'ici, ne vous a donné que des déboires.
MOI redoute pour le leur. Et adoptez enfin une attitude d'efficacité.
Yotre personnalité pense sans cesse à leur person- Mais vous êtes déjà converti, sans quoi vous ne
nalité et c'est là ce qui cause vos inquiétudes. Yous seriez pas venu jusqu'au présent chapitre et ceci
n'auriez jamais d'inquiétude si votre impersonna- est l'indice certain que votre caractère va changer.
-238- -239-
bitudes mesquines pour vous hausser à l'étage su-
Ne pas penser et ne pas parler « personnel lt périeur.
Tendez à répudier tout mot, toute phrase, toute
expression de nature trop personnelle. Ne faites pas
Une excellente posture d'esprit est celle qui con- abus des termes : ma maison, mes objets, ma fonc-
tion, mes connaissances, mon chien, mes relations,
siste à ne pas penser c personnel :t et, surtout, à ne ma famille, etc.
pas parler c personnel •. Tous ces êtres et toutes ces choses, que vous ten-
Pensez et parlez en tant qu'individu, c'est-à-dire tez de vous inféoder par simple déclaration ver-
habituez-vous il avoir et à manifester des idées gé-
nérales. bale sont des choses et des êtres pourvus, eux aussi,
d'une individualité qui vous échappe complètement .•
Ecartez-vous de ceux qui sont incapables de telles Vous n'avez pas davantage de droits sur leurs per-
idées et qui ramènent sans cesse la conversation à . sonnalités qui existaient peut-être avant vous et de-
des personnalités. meureront peut-être après vous. Respectez donc leur
Ces sortes d'êtres inférieurs ne considèrent la vie
libre disposition d'elles-mêmes et entraînez-vous,
qu'à travers les personnes et même presque unique- sans attendre, à recouvrer votre propre liberté.
ment à travers celles qu'elles fréquentent tous les
jours.
Leurs propos sont pleins de détails oiseux et de
jugements, généralement malveillants, sur les êtres
et les choses qui gardent le contact avec eux.
Ils sont incapables de parler d'autre chose que
de leurs enfants, de leurs maladies ou infirmités, de
leurs relations, de leurs affaires, en un mot, ils ef-
fleurent seulement la surface de la vie et refusent
d'en sonder les profondeurs.
Rien pis, ils n'envisagent qu'ulle partie dérisoire
dt, l'cltc surfacc et n'ont aUCIII1evue d'el1semhh',
1.1.'111'
perspective est limitée il 1111tout petit coin
du monde, comme le cloporte dont l'univers s'ar-
rête au-dessous d'un vieux pot cassé !
Ces sortes de préoccupations et conversations dé-
notent toujours un esprit petit, sans horizon sur la
Vie et hlême un égoïsme aveugle dans les rapports
sociaux.
Si vous avez personnellement le malheur d'être
ainsi, il faut vous extraire d'un état et d'une situa-
tion qui prédisposent à toutes les déceptions, tous
les chagrins, toutes les sottises et vous purger d'ha-
CHAPITRE XXI

Vons êtes plus grand


que vous ne le croyez

En effet, YOUS vous croyiez libre et vous ne l'étiez


pas. Votre JE était paralysé par votre MOI. E~ un
mot, vous n'étiez pas vous-même.
Essayez, par conséquent, d'abord de vous recon-
naître et d'établir votre géographie intérieure, com-
me nous l'avons préconisé dans Les Clés du Bon-
heur (1).
Vous êtes beaucoup plus grand et plus étendu que
vous ne le pensez. Vous ne vous bornez pal à votre
physique et à votre mental. Vous n'êtes même pas
limité par votre être magnétique et fluidique. Une
immense partie de vous-même vous échappe et, dans
le domaine invisible, reste pour vous, sans emploi.
Mais cette puissance inconnue, dont vous pourriez
disposer yous-même si vous la connaissiez, une In-
telligence Supérieure en dispose à votre place et
l'utilise sans votre aveu.

Jusqu'à maintenant vous n'avez pas su vous


servir de vous-même

Jusqll'ci maintenant vou.~ n'avez pas su vousser-


vir de vOlls-même. Vous avez cru que l'instruction

16
-242- -243-
livresque el l'expérience des sens suffisait à vous de bonnes relations avec vous-m6me. Celles-ci se-
enseigner votre métier d'homme et c'est aujourd'hui ront basées sur la connaissance de toutes vos vir-
seulement que vous vous apercevez de tout ce qu'a' tualités. Pour gagner la batailJe de votre vie, il ne
de factice votre éducation d'homme incomplet. faut négliger aucune de vos armes, surtout les meil-
Tant que vous vous maintenez dans le monde sen- leures et les plus subtiles, celles qui ne se rouillent
sible, c'est-à-dire dans celui des phénomènes men- jamais ..
taux et physiques, votre logique vous permet d'ob-
tenir des résultats physiques et mentaux.
C'est ainsi que vous pouvez faire des calculs, cons- Quittez votre âme d'inférieur
truire des ponts, fabriquer des machines, conserver
des nourritures, établir des systèmes et rédiger des
traités. Vous savez lire, compter, peser, analyser, dé- Prenez donc conscience de votre supériorité en
duire. Vous avez même, dans une certaine mesure, tant que JE d'essence immortelle, apparenté au Con-
domestiqué le monde inanimé. Mais vous êtes im- naisseur de toutes choses et promis aux plus nobles
fins.
puissant devant le chagrin, le doute, la jalousie, la
médisance. Vos plus grands ingénieurs, vos plus Ainsi, révélé à vous-même comme fils privilégié de
grands généraux, vos plus grands chimistes, vos plus l'Esprit, au même titre que les plus illustres des au-
grands philosophes sont de petits enfants en face de tres hommes, vous acquerrez le sentiment d'être avec
la douleur. tous les autres sur un pied de complète égalité.
Agissant dans le monde formel, vous êtes impuis- Qu'importent les différences de personnalités, ap-
sant dans le monde sans forme qui, cependant, vous parentes et transitoires, comme aussi le fait que l'un
entoure et vous investit. Ingénieux à l'endroit de la est ministre et l'autre jardinier. 1 Les personnalités
vie qui est hors de vous, vous êtes infirme à l'égard humaines tiennent le plus grand compte de ces dif-
de la vie qui vous pénètre. Vous êtes comme celui férences, mais croyez 1 bien que celles-ci ne pèsent
qui voudrait faire la loi chez les autres sans savoir pas un milligramme dans le jugement des individua-
lités.
ce qui se passe chez lui.
Tant que vous n'aurez pas acquis cette conviction
profonde que vous êtes de même souche et de même
Raisons de votre impuissance fin que n'importe quelle autre créature humaine,
vous vous méconnaitrez et, vous méconnaissant, vOus
aurez une âme d'inférieur.
Aussi d'avance vos projets sont frappés de sté-
rilité, parce qu'ils n'ont pas de base valable. C'est en
vous qu'ils devraient avoir leurs fondations et c'est Comment gravir sa rampe intérieure
en dehors de vous que vous les appuyez. Comment,
en dépit d'apparents succès, pourraient-ils être via-
bles ? Ils n'ont de solidité que celle que vous leur Mais si, vous connaissant spirituellement et fier de
donnez. votre condition véritable, vous passez par dessus
Voilà pourquoi il est si important que vous ayez votre condition apparente, sans ·honte et sans re-
- 244- -245-
grct, alors votre caractère granllira lI'un seul coup, esprit. De cette confrontation sincère naîtront les
vous changerez véritablement d'iime, vous vous his- intuitions supérieures, sans lesquelles vous ne se-
serez vous-même aux étages élevés. riez qu'une créature comme les autres, dotée d'aus-
Le tout est de parvenir il ce plan où les choses si faibles moyens. Mais si vous êtes persévérant et
s'harmonisent, où les êtres sont transfigurés. Vous attentif, loyal et clairvoyant dans çette attente spi-
ne pouvez gravir par le dehors votre rampe inté- rituelle, des moyens nombreux, variés, efficaces,
rieure. C'est donc en vous qu'il faut procéder à vo- vous seront fournis à point nommé.
tre élévation.
Si paradoxal que cela puisse vous sembler, pour
faciliter vos relations avec autrui, vous commence- Ne doutez pas de vous
rez par nouer de bonnes relations avec vous-même
et vous serez pour cela contraint d'abord à l'asep-
sie morale et au repli. Pratiquement, ne doutez pas de vous. Ayez la cer-
titude de votre valeur morale.
N'hésitez pas A vous dire : c Je suis d'une nature
Redressez .votre pont-levis élevée... Je suis grand •.. Je suis compréhensif ...• Je
suis fort. .. ).
Ne faites pas comme le violoniste ou le peintre
Mettez-vous bien dans l'esprit que tout pèse sur qui vont se répétant : ',C Je suis nul ... Je ne ferai
le caractère. Veillez A l'influence des objets qui vous rien de bon ... J'accumule les maladresses ... )
entourent. Les mauvais livres, même fermés, vous Ce serait inopérant d'abord, ensuite cela serait
bombardent de leurs radiations. Une bibliothèque faux. Persuadez-vous bien qu'il y a en VOUI tous les
trop éclectique est une sorte de pandémonium d'où éléments d'un grand caractère et qu'il dépend de
naissent plus d'ondes nuisibles que d'ondes utiles. vous de les unir.
Certains tableaux, certaines gravures ont un pou- Quand ces éléments constitutifs de votre MOI amé-
voir malfaisant. lioré seront assemblés sous le contrôle de votre JE,
Ne livrez pas vos photographies à autrui. Interdi- vous vous sentirez accru en puissance ,et maître de
sez la reproduction de votre image, fuyez surtout la vos délibérations.
grande publicité. Un nom, une photo sont une partie C'est alors, et alors surtout, que vous bénéficierez
vivante de vous qui est livrée A la foule, c'est-A-dire de l'Assistance Invisible que nous allons évoquer
jetée aux bêtes. dans les chapitres ci-après.
Sachez vous conserver pour vous.
Aussi, de temps à autre, il est bon de monter la
garde autour de soi, de se retrancher du monde ex-
térieur pour gravir sa propre montagne et y recueil-
lir les tables de sa loi.
Dans les chambres secrètes de votre cœur, loin du
conformisme des foules, sans pression ni surexcita-
tion extérieures, vous vous confronterez avec votre
CINQUIEME PARTIE

RELATIONS AVEC L'INVISmLE

-
.~
..
CHAPITRE XXII

Le présent ouvrage n'aurait pas sa pleine effica- •


cité s'il ne visait à une audience universelle. Nous
voulons dire par là qu'il doit être valable pour tous
les hommes et toutes les femmes désireux de réfor-
mer leur caractère, quelles que soient leur philoso-
phie et leur religion. Les uns seront des positivis-
tes, des logiciens, des irreligieux, des athées ; les
autres appartiendront à une confession et à une
mystique ou même .chercheront par des voies in-
dépendantes à atteindre le Divin.
Nous croyons qu'il y a place pour tous dans l'ef-
fort d'évolution de l'Homme, même si 01\ leur pro-
pose des méthodes qu'ils n'ont point encore utili-
sées et dont ils n'ont pas éprouvé eux-mêmes la
vertu ..
Ouvrir les portes de la spiritualité ce n'est pas né-
cessairement forcer le lecteur à c croire » sur pa-
role, mais l'inciter à pénétrer dans un nouveau do-
maine de la connaissance pour en apprécier les
possibilités.
Même ceux qui n'ont pas le support initial de la
Foi peuvent accéder aux joies supérieures et nous'
aimerions les conduire au voisinage des Forces Hau-
tes dont il dépend de nous que nous soyions les ad-
versaires ou les alliés.
Après les joies purement mentales, quel esprit no-
ble n'accepterait de se hausser jusqu'aux jouissan-
ces spirituelles dont ceux qui les ont connues nous
disent l'incommensurable bienfait '1
- 250- - 251-
C'est dans le sens de ce qui précède que, délais- conseils par la vertu de vos propres forces et de
sant partiellement le monde de l'apparence et de la votre seule volonté ,
forme, nous convions les· plus audacieux A nous Nous croyons que certains êtres le peuvent. Seule-
suivre dans le domaine du sans forme et même de
l'irrationnel. ment ils sont fort rares. Et le chemin qu'ils ont A
suivre est. difficile et long. Nous n'hésitons pas à
Si vous n'êtes pas préparé A admettre d'emblée vous dire que si nous-même n'avions compté que
le monde de l'invu, c'est-A-dire de ce que nos sens sur nos propres possibilités pour obtenir une am.-
ne peuvent toucher, voir ou entendre, laissez-nous lioration sensible de notre caractère, nous en se-
vous rappeler que la· science moderne pénètre cha- rions. encore au premier stade, celui de la faiblesse
que jour plus avant dans le monde des radiations. et de la fragilité.
Indépendamment de l'univers intra-atomique, dont
l'existence nous a été révélée au cours de ce dernier
demi-siècle, vous avez vous-même la possibilité de Pourquoi rester seul 1
prendre contact avec l'empire invisible des ondes,
ne mt-ce que par la radio. Ce monde a existé de tout
temps et les radiations traversaient l'e~pace et les Franchement nous avons cru qu'il ne nous était
hommes bien avant que ces derniers n'eussent trou- pas permis de faire le chemin tout seul, A cause de
vé le moyen de les révéler A nos sens. l'impureté de notre armature et de la puissance de
Ce que réalisent les lampes de votre récepteur nos instincts. Nous nous sommes senti trop petit,
n'est rien d'autre que la transformation en phéno- trop faible, trop inégal, trop sceptique, trop égois-
mènes du monde visible des phénomènes du monde te pour gagner la bataille sur nous-mêmes avec les
inapparent. Cela semble tout naturel au petit enfant seules forces dont, physiquement et moralement,
d'aujourd'hui alors que son grand-père d'hier l'edt nous disposions.
traité de sorcellerie. Vous pouvez donc constater, Et c'est tout naturellement que, dans notre im-
par cet exemple grossier, que toutes sortes d'éner- puissance A trouver l'aide qu'il fallait dans le mon-
gies invisibles nous entourent et qu'il vous est loi- de visible, nous l'avons cherchée dans le monde
sible, même empiriquement, de vous en servir, com- invisible où, de toute éternité, elle nous attendait •..
me vous vous servez A chaque instant de l'inconnais- comme elle vous attend.
sable, inexplicable et invisible électricité.

Les « invisibles _ secondaires


Qu'est-ce que l'invisible ?
Le procédé n'est pas neuf et il fut connu de tout
S'il vous était possible de suivre intégralement temps. De tout temps aussi, il fut uti~isé avec des
tous les conseils des chapitres précédents, vous trans- fortunes diverses qui venaient de ce que n'importe
formeriez du tout au tout votre caractère et vous qui n'est pas A même de s'en servir.
deviendriez, sans aucun doute, un homme supérieur. En général, le secours supérieur fut jugé d'ordre
Mais êtes-vous capable de suivre intégralement ces divin, c'est-A-dire émanant d'êtres infiniment évo-
- 252- - 253-
lués et d'essence infiniment subtile, au point qu'il quis l'intelligence mentale, douta de l'existence d'un
était difficile de les toucher par des moyens maté- Pouvoir ultra-mental mais, à ce moment, l'aide di-
riels. vine avait été expérimentée de tant de manières que
C'est cependant sous cette forme inférieure que sa valeur ne faisal! plus de doute pour ceux qui s'a-
nombre de religions tentèrent d'invoquer la divinité visaient de la rechercher ..
et crurent se la rendre propice par des sacrifices de
créatures vivantes. Puis ce sentiment grossier évo-
lua et, avec lui, la 'conception que l'homme se fai- Croyants et incroyants
sait des dieux.
On a tendance uujoUl'd'hui il sous-estimer les dieux

"
"

C'est ainsi que l'homme en est venu, dans la so-


mythologiques, connus seulcment des modernes par ciété moderne, à se partager en deux fractions :
les fablcs enveloppées de la tradition. C'est de la celle qui nie et celle qui affirme le Divin. Parmi
même façon élémentaire que les hommes de l'an les négateurs du premier clan beaucoup ne savent
4000 jugcront la plupart dcs dieux d'à présent. pas cxactement ce qu'ils nient ; beaucoup d'autres
On n'empêchera jamais la foule simpliste d'ado- répudient seulement la divinité anthropomorphe de
rer dcs divinités simplistes, ni de faire escorter cel- la plupart des religions. Un grand nombre, enfin, mé-
les-ci par d(~s entités secourables de second plan. prisent le Divin ù travers le sectarisme ; bien peu
Chez les Andens, Mercure équivalait à Saint-Antoi- sont des athées véritables au sens étymologique du
ne de Padoue et les rites llIugiques religieux d'au- mot. De même, parmi les affirmateurs du second
jourd'hui sont la réplique des rites magiques de Lao- clan, certains ne savent pas exactement ce qu'ils
coon. croient, beaucoup admettent seulement la divinité
d'apparence humaine que leur présentent tant de
L'invisible supérieur confessions. Un grand nombre enfin n'affirment' le
Divin que dans un esprit de lutte et comme une po-
litique de l'Esprit ; bien peu sont de véritables ado-
Mais, de tout temps aussi, des hommes se sont éle- rateurs, au sens élevé et mystique.
vés parmi les hommes et ont tendu leurs bras vers
un Dieu supérieur. pans leur impuissance à le nom-
mer, les Grecs dressaient un autel au c Dieu In- Ne tenons compte que des résultats vitaux
connu :t.
C'est cet Inconnu, Invisible, Intouchable, Indici-
ble que les meilleurs et les plus intelligents d'entre Mais nos lecteurs savent que nous n'aimons pas
lcs hOlllll\cs unt toujours tenté de joindre au-delà des nous encombrer d'affirmations théoriques. Toute
sens et du cerveau. notre vie est, depuis longtemps, basée sur les faits
L'entreprise eût été difficile au début, si l'homme acquis.
n'avait alo~s bénéficié de sa simplicité première et Nous nous moquons des lois, calculs, considéra-
de la foi native qu'il portait en lui. Ainsi obtint-il tions et théories pour ne tenir compte que des ré-
les premiers résultats qui l'incitèrent à utiliser le sultats vitaux. C'est là de l'empirisme expérimental
Protecteur Invisible. Plus tard, l'Homme, ayant ac- mais point différent de celui des savants, inventeurs,
1~
.'

i
1
-254-
médecins, industriels ou artistes qui doivent à cet
empirisme le meilleur de leur expérimentation.
Déjà l'abbé Mermet, le grand sourcier genevois.
disait à propos des négateurs radiesthésiques : c Il
y a ceux qui trouvent des explications et ceux qui
trouvent de l'eau ).
C'est parce que nous avons trouvé l'eau, nous aus- CHAPITRE XXIII
si, c'est-à-dire la Source Inépuisable, que nous vous
disons comme tout à l'heure : c Servez-vous d'elle,
comme vous vous servez de l'électricité dont tout
le monde ignore la Nature et que tout le monde em- Le Protecteur inconnu (., .:~
ploie les yeux fermés ).

Qu'importe le nom de l'intelligence cachée Sans le Divin, il est impossible de réaliser une ré-
forme complète et profonde du caractère. Rien de
Ne vous préoccupez pas exagérément de lui don- ce qui se fait dans ce sens par des voies purement
ner un nom. D'autres l'ont tenté avant vous depuis humaines n'est définitif.
les origines. On a appelé l'Intelligence Invisible : Ce qu'on acquiert alors ne l'est jamais qu'à titre
Zeus, Jupiter, Drahma, Bouddha, Odin, Esus, Osiris, provisoire et les défauts qu'on élimine sont généra-
le Grand Manitou, Christ, Allah. Certains ont préféré lement peu accusés.
s'adresser à lui sous des vocables plus généraux : Les grandes réformes, les conversions radicales.
Dieu, Esprit, Père, Ciel, Providence. D'autres enfin les hautes victoires sur soi"même ne peuvent être
l'ont évoqué dans ses parties : Isis, Marie, etc ... envisagées qu'avec le soutien spirituel.
Dans nos précédents ouvrages, nous l'avons, pour
notre part, qualifié d'INVU, d'INVISIBLE et plus
spécialement, comme aussi plus familièrement, par Cherchez l'aide à travers vous-même
le simple mot : AMI (1).
Voici de longues années que nous poursuivons no-
tre expérimentation terrestre en intime alliance avec Or on ne trouve Dieu qu'à travers soi, comme nous
lui, dans le jeu vital du Partenaire (2). Et, chaque avons eu si souvent l'occasion de le dire. Les rites
année, plus que la précédente, nous nous émerveillons extérieurs nous le cachent plus qu'ils ne nous l'é-
des fruits obtenus. C'est qu'en vérité, nul secours clairent et les théologies, bien loin de le rapprocher
humain ne revêt la constance, l'intelligence, l'habi- des hommes ordinaires, le leur rendent plus loin-
leté de l'Aide Invisible. Celui que le Divin accom- tain. Nous n'en prétendons pas moins que l'aide
pagne n'est plus jamais nu et seul. d'une religion est des plus utiles à ceux qui ne peu-
vent encore progresser sans un secours extérieur.
(1) L'Ami des 11eures difficiles (Niclaus). Mais si vous êtes assez évolué, vous n'avez besoin,
(2) Le Jell pa •• ionnant de la Vie (Astra). pour rencontrer l'Esprit en vous, d'aucune religion
l'
;,/ J 1
-256- - 257 - ,

et d'aucun intermédiaire. Il suffit de lui donner ren-


dez-vous en vous-même et l'Esprit sera toujours C'est précisément cela que nous vous ménageons,
exad il ce rendez-vous. non pas en vous dirigeant vers notre Guide à nous,
Cessez de vous raidir et de vous cabrer devant mais vers le pdtre à vous, qui n'est exactement sem-
celle assertion dans votre petite logique mentale. blable pour aucun homme, tout en étant le même
pour tous.
Détendez-vous, soyez humble. Abandonnez-vous à
Lui.
Les premiers pas avec l'Ami
Apprenez à téléphoner dans l'invisible
Quand, une fois, vous aurez fait quelques pas en
Et gardez votre intelligence en éveil pour saisir compagnie de l'AMI, aucune autre société ne vous
la Voix qui s'élèvera en vous-même, car tout dépen- paraîtra sûre ni efficace. Vous serez si vite comblé
dra de votre interprétation. et réjoui, vous aurez une sécurité si grande que tout
Pour commencer, vous ne serez peut-être pas très vous semblera permis.
habile il mener celle conversation unilatérale, puis Et, de fait, vous commencerez à récolter le jour
les idées et les répliques vous viendront. Vous ces- même où vous aurez semé. Et vos moissons s'accroi-
serez alors d'être un apprenti pour devenir un vrai tront toujours en dépit des météores et vous devien-
partenaire de la Vie et chaque réalisation vous ai- drez, chaque jour, un peu plus riche agriculteur de
dera davantage à comprendre vos possibilités. l'Esprit.
Tous les hommes, sans exception, même les cor- Ne vous fiez qu'aux résultats, ceux-ci engendre-
rompus, même les sceptiques, ont la même faculté ront votre confiance ..
de recourir à l'Aide Invisible et de résoudre leur Vous en viendrez à être serré à ce point et si af~
problème avec la coopération de l'Ami. Que très peu fectueusement contre l'Ami intérieur que vous aurez
d'entre eux en usent, par ignorance ou méchanceté, l'impression de vivre continuellement en sa présen-
c'est leur affaire. La Vie se chargera de leur ensei- ce et de tout faire avec lui.
gner le chemin. Comment, devant lui, oserait-on agir non divine-
ment ? Comment agissant avec lui et en lui, pense-
rait-on mal et agirait-on de même ?
V otre protecteur idéal
L'idée constante de l'eUe Présence suffit à impri-
mer à toute l'existence une noblesse qui est celle de
Mais vous, qui n'êtes ni sceptique ni corrompu, l'Eternel Témoin.
mais seulement animé du plus ardent désir de bien
faire, comment renonceriez-vous au concours le plus
efficace qu'un être humain puisse trouver ? Vous avez droit de regard sur le grand livre
Si l'on vous offrait de vous présenter à un Protec-
teur puissant et désintéressé, vous seriez tenté for-
tement par celle offre et vous franchiriez tous les Que de fois, jusqu'ici, vos efforts vous ont sem-
obstacles pour vous assurer un tel appui. blés vains 1 Que de fois vous avez eu le sentiment
que vos intentions rencontraient le vide 1 Et, pour-
17

1
1

1
-258-
tant, cette impression était fausse. Alors cependant,
il vous était tenu compte de vos élans, paroles, réa-
lisations, gestes vertueux, même larvés, même tron-
qués, même inspirés de considérations particulières,
car nulle intention n'est perdue dans la Grande
Comptabilité.
Et voilà que vos yeux s'ouvrent. Vous avez un 1
droit dc regard sur le Grand Livre. Vous vous aper- CHAPITRE XXIV
ecvcz que votre passif n'cst pas si lourd que vous
lc supposiez et qu'il y a tout de même des choses à 1
votre actif. .
Ayez le courage - et l'habileté - de comparer la Comment obtenir l'aide de l'Esprit Divin
Vie sans l'Ami à l'existencc avec l'Ami. Vous cons-
taterez, comme nous-même, que la première est un j
jcu de dupe et la seconde un gain incessant.
Profitez de cc que vous êtes à un grand tournant,
celui précisément où vous désirez changer de ca- c Mais pratiquement, demanderez-vous, que me
ractère pour faire une lessive générale de vos an- faut-il faire, et que dois-je dire pour obtenir l'aide
de l'Esprit? :t
ciennes habitudes, pour liquider vos vieiHes fréquen-
tations. Chaussez-vous de neuf. Jetez vos harnais, vos Rien n'est plus aillé et n'entraine moins de démar-
ches.
béquilles, vos œillères. Considérez le monde comme
un royaume d'aveugles où les simples gens qui voient Au réveil,
élevez dès que
votre âme vers votre
lui. conscience sort du rêve,
clair sont automatiquement des rois. Et présentez-
vous au maUre de ces pays qui vous t~nd ses mains Dites : c Je te reconnais pour mon guide, pour
amies et cherche en vous un fils, un cQllaborateur, mon ami, pour mon maUre. Conduis-moi. Dirige-
un allié. moi ... Montre-moi le vrai chemin.
Quand vous êtes levé et lorsqu'étendu sur le dos
vous pratiquez certaines grandes respirations que
nous avons conseillées, rassemblez votre attention
sur l'acte de Vie puis, voua. eance.trnnt sur l'idée
suivante, pensez fortement : c Je ,uta de plus. en pllU
parfait en Toi parfait :t.
A partir de ce moment et quelle •. que soient voa
occupations de la journée, songn au merveilleux
Compagnon qui marche aoyccvoua. Si vous vous p.
nétrez suffisamment de cette Présence Invisible, VOua
la sentirez sans cesse à· vos côtés. Sana ouvrir la hou.-
che, vous converserez avec elle et.. lOuvent, vous. en-
tendrez sa réponse qui suivra de près votre interro-
gation.
-260- - 261- 1

étonnante a'tenture et comment, en cent circonstan-


ces, l'Esprit avait marché devant nous. C'était si
La force des forces flagrant, si évident, qu'il eftt fallu être aveugle et fou
1 pour douter de l'Intervention Invisible. Or nous n'é_
,
Si vous entrez sincèrement dans le Jeu de l'Invi- tions ni l'un ni l'autre, et nos facultés d'observation
étaient singulièrement en éveil.
sible, vous ne connaitrez plus jamais l'impression de Celui qui ne nous connaît pas' personnellement
solitude et d'abandon. Vous serez accompagné, es- peut croire que nous sommes illuminé ou dans l'état
corté. L'Esprit vous servira d'avant-garde, de flanc- 1 de fièvre mystique. Qu'il se détrompe 1 Nous .avons
garde, d'arrière-garde. Vous n'agirez plus seul, vous parfaitement .c les pieds par terre ~ et notre ~qui- \
ne parlerez plus seul, vous ne penserez plus seul. \
Par. suite, vous acquerrez une force, un courage, libre est entier. La vie naturelle et frugale que nous
une initiative, une f()i, une audace dont jusqu'alors menons, la santé physique dont nous jouissons et le
vous ne vous seriez jamais cru capable. sens de la mesure qui est le nôtre font que nous som-
Vous le constaterez avec étonnement, puis avec mes, mieux que quiconque, fondé il porter un juge-
ment rassis.
joie. Mais le plus extraordinaire, c'est que vos pro- Depuis tant d'années que nous expérimentons -
ches, vos compagnons habituelS, vo\ chefs, vos su- et avec quel fruit 1 - l'Aide Invisible, nous avons
bordonnés, les étrangers eux-mêmes s'en apercevront
aussi. Ils ne sauront pas pourquoi vous êtes changé, enregistré des résultats si brillants, quoique irra-
tionnels et illogiques, que nous renonçons il les ex-
ni en quoi, et cependant ils auront le sentiment de pliquer par la logique et la raison.
n'être plus en face du même homme. Sans qu'un pli
de votre visage ou de vos vêtements soit modifié,
une nouvelle force se trouvera devant eux. Simple comparaison

Nous aussi, nous avons commencé par le doute Ce que nous vous disions plus haut de l'électrici.
avant de finir par la certitude té peut être dit de beaucoup de choses. Votre récep-
teur radiophonique, nous vous l'avons indiqué au
début de ce chapitre, permet de détecter et d'ampli-
Vous pensez bien que nous n'affirmons pas cela fier l'onde porteuse et l'onde 'Sonore, bien que cel·
gratuitement et que nQus avons, jadis, pàssé comme les-ci soient invisibles et même inaudibles normale-
vous par le doute et l'ironie. Notre logique s'est hé- ment. Or personne ne connait la nature exacte de
rissée comme la vôtre contre de pareils propos. Nous ces ondes, pas plus que celle de la pensée, pas plus
avons lutté de toutes les forces de notre raison rai- que celle du Protecteur divin.
sonnante pour refuser le secours qui nous était Branly et Marconi eussent été bien embarrassés
ainsi offert. Mais nous avions à faire à plus fort que pour définir ce qu'ils avaient découvert - d'ail_
nous et les circonstances furent telles que nous dft- leurs par les mêmes procédés que nous, c'est-à-di .•
mes tenter l'expérience malgré nous et contre nous. re par pur empirisme - et en interprétant logique-
Nous avons conté ailleurs par le menu (1) cette ment d'irrationnelles constatations.
Disons, il leur honneur, qu'aucun d'eux n'eut la
(1) L'Invisible et Moi.

-262- -263-
prétention de le faire et que le grand SaTaDt et N'est-il pas plus simple d'expérimenter vous-mê-
l'homme modeste qu'étail Branly s'étonna toujours me et de modifier votre jeu du tout au tout ?
du rôle personae1 qu'on lui attribuait dans la dé- En commençant la lecture de ce livre, vous aviez
couverte de la T.S.F. l'intention de réformer votre caractère. Or ce n'est
pas seulement votre caractère que vous réformerez
L'interlocuteur ineffable mais toute votre vie et, dans une large mesure, celle
d'autrui.
Quand vous serez à ce point lié à l'Ami que vous
La découverte de la téléphonie sans fil avec le sortirez avec lui, marcherez avec lui, dialoguerez
Divin se fait toujours spontanément et s'exploite avec lui, agirez avec lui, dormirez avec lui, quand
sans intermédiaire. C'est ce que nous avons défini vous aurez si bien pris l'habitude de ne rien laire,
en disant que tout homme était relié à l'Esprit par et de ne rien penser sans son approbation tacite,
fil spécial : Dieu-direct. On est parfaitement libre quand enfin vous l'aurez constitué le témoin infini-
de ne pas se servir de son appareil téléphonique ou ment clairvoyant de votre existence, vous n'aurez
de ne pas tourner la manivelle, ou de ne pas com- plus jamais rien à craindre des forces du mal et du
poser le numéro. l'dais qùand on a échangé un cer- doute, des puissances de ruine et de désespoir.
tain nombre de conversations divines, il devient Vous êtes à la croisée des chemins. Il dépend de
imposSible de continuer à faire comme les autres vous d'aller à gauche ou à droite, de vous epgager
hommes, qui, même parmi leurs proches, passent dans la voie de la stérilité, de l'inefficacité, du ha-
leur vie à monologuer. sard, de l'inimitié, de la solitude, du doute ou dans
1 Quoi que vous fassiez et si cher ou intelligent la route de la fécondité, de l'efficacité, de la certitude,
que soit l'être humain qui vous donne la réplique, de l'amitié, de l'alliance et de la foi. :.
il y a toujours des terrains sur lesquels vous n'êtes Votre vie sera telle que vous allez décider qu~elle
pas compris. soit à partir de l'heure où ces lignes vous seront.
Pour peu que vous vous familiarisiez avec l'Inter- présentées.
locuteur Invisible, vous arriverez à une si harmonieu- C'est là un cheminement par lequel l'Esprit tente
se entente que tout sera clair entre vous. Il n'aura de vous atteindre aujourd'hui, lui qui guette votre
pas encore parlé que vous aurez déjà saisi. Vous adhésion depuis toujours.
n'aurez pas encore pensé qu'il aura déjà lu votre Jamais peut-être une semblable occasion ne vous
pensée. sera offerte de vous reconstruire entièrement à neuf.
Ainsi serez-vous de\'enu un homme comblé et un Nul ne pèse sur votre esprit. Nul n'essaie d'oppri-
homme neuf. mer votre conscience. Vous avez à vous prononcer
avec votre libre-arbitre intact.
Allez donc' et décidez-vous.
Vous êtes l la eroisée des chemins
1
Nous ne pouvons que vous souhaiter : Bonne
Chance'

A quoi bon citer de nouveaux exemples, ajoutés à


ceux de nos précédents ouvrages ?
TAB:LE DES MATIERES

Pages
AVERTISSEMENT ..•.•...................•• 11
ENTREE EN MATIERE 13

PREMIERE PARTΠ:
CE QU'IL FAUT DEMOLIR .
CHAPITRE 1. - La peur . 19
L'égoïsme. Le vrai père des c péchés ca-
pitaux ~ ~. Les fils et filles de l'égoïsme :
Amour-propre et Peur. - Comment le dé-
barrasser de la Peur. - Ota se procurer la
Foi. - Culture de la Foi. - Gymnastique de
la Foi. - ImpuilSance claire et puissance ca-
chée. - Vertu de l'affirmation. - L'interven-
tion dans le spiritnel et dans l'inconscient.
- Faites de l'imagination dirigée. - La Penr
elt toujours la prenve d'un manque de carac-
tère.
35
CHAPITRE L'amour-propre
II. - pernicieux
Un poilOn •.•. -: .•...••
du caract6re. ~
trophie de la sUlceptibllité. - Un exemple
convaincant. - Le changement de c décor »
intérieur.
41
CHAPITRE m. - L'e.prit
Les.tendances lia critique.
de critique
- Ksprlt•.••...•
critique
et esprit de critique. - La critique est une
preuve. d'impuissance.
. ; ,
CHAPITRE "IV. - La malhonn8teté •...•..... 45
1
La ,uerre, école de malhonnêteté. - Pour-
1 quoi. l'on est malhonnête. - Mail ce n'elt pal
1 tout ... - Malhonnêteté de la Politique. -
Pour remonter le courant. - Avant de ré-
former les autres, réformez-voui vous-mê-
.!l me. - RéhabllitatIon de la loyauté. - Con-
tagion de la probité. - La loyauté est la co-
lonne vertébrale du caractère. - Interdlsez-
vous tout mensonge. - Oue votre oui 10it
-266- - 267-
Pages 'P.ages
oui, que votre non soit non 1 - Essayez les
gymnastiques de Vérité. -- J'afftrme l'Hon- CHAPITRE X. - Le travail et le caractëre .. ,. 105
néteté. Aimer sa tlche ou changer de mélier. -
CHAPITRE V. - La colère . 59 Ne Caites qu'un travail qui vous intéresse. -
L'accès de fureur est une épilepsie menWe Votre emploi Idéal vous attend quelque parL-
et une Corme de la possession. - Tactique à Trouvez bon par délibération ce qui vous dé-
employer contre la colère. - La pente. - platt par instinct. - Ayez de l'amitié pour
, votre travail. - Il n'y a pas de chômeur to-
Chaque vice et chaque vertu a son atmosphère. tal. - Les c filons~. - Le Orand But. - Les
CHAPITRE VI. - L'envie et la Jalousie . 65 buts secondaires et moyens. - Les petits buts
Un cancer moral. - La cure de désintéres-
quotidiens. '
sement. - En étant désintéressé, vous faites le
meilleur placement du monde. - Un défi com- CHAPITRE XI. - Le, bonnes habitudes 115
mercial. - Ne soyez jaloux que d'égaler les Les menues disciplines. - Ne vous Caites
mellleurs. pas toujours remorquer; ayez votre moteur
73 autonome. - Le succès doit naturellement ve-
CHAPITRE VII. - La paresse . nir à vous.
L'intérêt pour les étres et les choses est
le sel de la Vie. - Chercher la chAtalgne sous CHAPITRE XII. - L'armature 119
les piquants. - Il vous faut être votre propre En ,'ou, réformant vous réformez les autres.
jardinier. - La première marche. - Attention aux grai-
CHAPITRE VIII. - Les mauvaises habitudes .. 77 nes que vous semez 1
Le tabac. - L'Incroyable puérilité de l'acte CHAPITRE XIII. - Le détachement 123
de fumer. - Tout fumeur est un homme dimi-
Les attachements. - L'attachement condi-
nué. - Ne craignez surtout pas le ridicule en tionne le détachemenL, - Le détachemênt de
vous abstenant; le ridicule est en face. - sol-même: - Le , sacrifice en esprit. '
L'alimentation défectueuse. - Amorcez l'absti-
nence carnée. - Usage des boissons alcooli- CHAPITRE XIV. - Le contentement , 127
ques. - Brisez les complexes d'excitation et N'ayez pas peur de vos allégresses. - Mul-
de jouissance. - Les excitants. - Les ali- tipliez les feux de joie. - Faites c la planche ~
ments artificiels. - Atmosphère et climat. devant Dieu. - SI vous estimez que la joie est
- Confort, votre ennemi. - Le rôle Immense Indigne de vous, c'est que vous êtes Indigne
des lectures. - AuteUl'l débilitants. - L'ac- de la joie. - Ayez, dè temps à autre, une Ame
tion funeste des journaux. - Les gestes su- de petit enfant. - Oardez-vous des mécontents,
perstitieux. - Répandu le sel sur la nappe. peste subtile . .L- Le mécontentement de l'esprit
engendre le mécontentement des organes. -
DEUXIEMB PARTIE : Il existe d_ contrefaits de l'Ame.- Mals aussi
des bien Calts de l'Esprit. -'Les êtres de grAce.
CE QU'IL FAUT, CONSTRUIRE - Une sainte du peuple. - La parente effacée•
. CHAPITRE IX. - La sant. et le caractère ••.• 97 - L'enfant aux cheveux blancs. - Celle qui
Un facteur d'équillhre. - La DUlIadieet le crut avoir c travaillé pour le roi de Prusse ~.
"
caractère. - Les Impératifs de santé. - Une - Une haute Clgure. - La soupape du rire. -
expérimentation de vinet ans. - Egalité d'hu- Source secrète, eau évidente. - Le magnétisme
meur. - Exerolces physiques et resplrations.- de c l'almant~. - Les comblés.

-268- -269-
Pages ,Palel
TROISŒME PARTŒ : n'est pas permise. - La Clé de l'Education" -
RELATIONS AVEC LE DEHORS Ce que veut dire c arracher l'ivraie _. - Ce que
signifie. c arroser le bon grain _. - Soyez tou~
CHAPITRE XV. - Le caractère et autrui •..•.. 147 jours en état d'alliance. - Vous êtes l'exemple
Qu'est-ce que le prochain ? - Ne mettez pas permanent. - Ne ,vous laissez pas dépasser. -
sur le dos des autres ... - La paille et la pou- Projetez-vous en .avant.
tre. - Savoir pincer la bonne corde. - La CHAPITRE XVII. - Sociabilité 203
notion de rivalité et de concurrence. - Utili-
sez votre c fausse monnaie _. - Filtre fondre La susceptlbllfté est une maladie du caractè-
re. - La dérivation de t'attention. - Ne bou-
les neiges autour de soi. - Une enchanteresse:
Mme de Girardin. - Changer la peau de son dez pas. - Pol!ssez-vous sur les reliefs. -
cœur. - NeUoyez le verre de votre lampe. - On c fait _ un ennemi plus aisément qu'un'
La police des pensées. - Tous les pouvoirs ami. - Renversez la vapeur. - La contre-
d'entente sont en vous seul. - Gare au faux pente. - Sociables. - Insociables. - Votre
c croix _. - L'écharde dans votre Ame. -
dégel J - C'est le mur qui a commencé. - Cessez de nourrir votre mal. - Commentai-
Les agrès du caractère. - Pour créer le climat re. - Ne vous remémorez que le bon.
d'amitié. - On peut tout changer par la pen-
sée. - L'essentiel n'est pas d'avoir c raison _, CHAPITRE XVIII. - Le caractère et les choses 217
mais d'avoir la paix. - La fausse notion d'hon- La soi-disant hostilité des choses. - Les
neur. - La violence est toujours une marque choses n'ont pas d'amour-propre. - Derrière
de faiblesse. - La loi christique, morale de l'àpparence des' objets existe une réalité non
vainqueurs. - La conquête pacifique du pro- formelle. - Faites confiance aux choses comme
chain. - Amorcez des cycles c angéliques _. aux gens.
- En matière de caraetère, Inutile de raison-
ner. - Les phénomènes de sympathie et d'an- CHAPITRE XIX. - Le caractère et les événe-
tipathie. - De subordonné Il supérieur. - De ments •...••..••.••• , ..•....•••...•••• 223
supérieur Il subordonné. - Mettez-vous bien Allez Il la source et ne vous limitez pal Il
Il la place de l'autre. - Emplissez-vous de l'expression. - L'homme et l'incertitude. -
l'esprit de bienveillance. - Patrons compré- La fol dans' les événements. - Ne mettez pas
hensifs. - Psychologie du passant. - L'Ame \os doigts dans l'engrenage. - Vous êtes com-
des foules. - Les champs de conscience exté- me un pilote de planeur. - Regardez devant,
rieurs. -Toute amélioration en vous provoque- nou derrière.' - Faire de chaque' journée un
ra uneamélioratfon en autrui. - Ne c ressas- chef-d'œuvre.
sez _ pas vos griefs. - Une cùrieuse expérience
d'Outre-Atlantique. - Mise en apPlication. QUATRŒME PARTIE
CHAPITRE XVI. - Education des enfants .... 189 RELATIONS A VEC ~Ol-MEME
Pour faire le caractère de vos enfants, Il
vous faut refaire le vôtre. - Domination ou CHAPITRE XX. - Personnalité et individualité 233
persuasion ? - Méfiez-vous des enfants trop Distinguez votre JE de votre MOI. - Ap-
soumis. - Ce sont les parents qui ont besoin parence et réalité. - Sachez vous retrancher
d'être élevés. - Réformez-vous d'abord. - dans votre JE. - Connaltre la personnalité de
nans la culture de l'enfant, l'erreur de taille ceux qui vous entourent n'est pas connaltre

- 270-
Pages
ceux qui VGUSentourent. - Ellayez de regar-
der hors du champ de VOl œillères. - Ne pu
penser et ne pai parler c personnel ~.
CHAPITRE XXI. - Voa, Ites plus grand que
vous ne le croyez .•..•....•.•.••.••.••• 241
Jusqu'il. maintenant vous n'avez pas su vous
servir de vous-mtme. - Raisons de votre Im-
puiss.nce, - Quittez votre Ame d'inférieur. -
Comment gravir sa rampe intérieure. - Re-
dressu ,·otre pont-levis. - Ne doutez pas de
vous.

CINQUIEME PARTIE :
RELATIONS AVEC L'INVISIBLE
CHAPITRE XXII. - Ouest-ce que l'invisible? .. 249
Pourquoi resterseui ? - Les Invisibles IMPRIMERIE
secondaires. - L'Invisible supérieur. - M. L A BAL L E R Y
Croyants et incrOYlU1ta.- Ne tenons compte 12, Rue Porte-d'Auxerre
que des résultata vitaux. - Qu'importe le
nom de l'intelligence cachée l C L"AMEC y (Nièvre)
2" Trimestre 1953
CHAPITRE XXIII. - Le protecteur inconnu .. 255
Cherches l'aide à travers vous-mtme. - Ap-
prenez" téléphoner dans l'Invisible. - V.otre
Protecteur idéal. - Les premiera pas avec
l'Ami. -Vous avez droit de regard sur le
Grand Livre.
CHAPITRE XXIV. - Comment obtenir l'aide
de l'esprit •••••.•••.••••.•.•••••..•••• 259
La Poree dei PGI'lIeS.- Noui aUlll noui
avons commencé par le doute avant de finir
par la certitude - Simple comparaison. -
L'Interlocuteur Inelfable. - VOUI ttes " la
croisée des chemins.
GB33
GB68
GB6
GB27Flammarion
Astra/
Astra
Amour
Prix
GB15
GB18
GB20 Du
Ret Astra
J.Olillen
Rocher
GB22Niclaus
GB26
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GB28Aillaud
GB29
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GB40
GB41
GB42
GB43Niclaus
GB44
GB66Auteur
GB48
GB53
GB55
GB56Niclaus
GBS7
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GB3
GBS
GB2
GB4
Courrier
J.Olivenl
EDITIONS
Bazainville
GB11
GB23
GB45
GB50
GB54
GB63
GB10
GB30
GB31
GB36Niclaus
GB37
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GB46
GB49
GBS1
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GB7
GBB
GB9
GB1
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Stock
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Crepin-leblond spirituel
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