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ÉPICERIE FINE
Un nouvel eldorado
Proximité, qualité et conseil sont des demandes montantes des consommateurs…
et des atouts majeurs de l’épicerie fine !
Au menu : des recettes plus premium, originales et clean label.
En meilleure forme que les GMS Innover et faire rêver Des niches d’exception
Plaisir d’offrir
D ans le circuit des épiceries fines, le client achète avant tout par plai-
sir, par curiosité, par impulsion et aussi beaucoup pour une finalité de
cadeau », rappelle Laurence Blanloeil, responsable des relations publiques
chez Chancerelle. Les packagings se doivent donc d’être attractifs, voire collec-
tor. L’entreprise bretonne dispose de trois boutiques La Maison de la Sardine et
vend sur catalogue et internet. Sa marque d’épicerie fine Pointe de Penmac’h
DR
Lionel Flageul
DR
Yuka (10 millions d’utilisateurs en 2019)
ou Open Food Facts, ont exacerbé la pré-
des produits. Résultat : les formulations
sont parfois audacieuses. « En épicerie 81 %
Philippe Fromantin, directeur de JC David.
Chez DPAP, la DLC des taramas est pas-
occupation pour des produits sains et de fine, on peut se permettre d’aller plus loin de la clientèle des sée de 21-26 jours à 52, tout en ayant
qualité. Résultat : les Français s’orientent sur les recettes, avec des ingrédients ten- épiceries fines attend retiré les conservateurs, grâce à un pro-
vers des commerces en mesure de les infor- dance, comme le yuzu ou le sarrasin. En du conseil sur les cédé de pasteurisation lente. « L’aspect
mer, de les conseiller et de les rassurer sur GMS, il faut des produits plus simples à choix de produits et éthique est également important : engage-
les usages ; 59 %,
les origines, la qualité ou les process. C’est comprendre car le consommateur ne ments sociétaux, choix des fournisseurs »,
des nouveautés
d’autant plus vrai que certaines épiceries bénéficie pas d’aide en rayon, », explique dans l’offre ; 51 %, ajoute Nicolas Banse, directeur industriel
sont intégrées à la production en amont Antoine Ravenel, directeur de filiale chez des informations de DPAP. Les produits de l’entreprise sont
(Petrossian, La Belle-Îloise, etc.). Les profes- GlobeXplore, spécialiste des algues alimen- sur la provenance commercialisés en GMS. « Tous les pro-
sionnels doivent faire preuve de pédagogie taires. La qualité est un autre impératif. « La des produits ; 49 %, duits Dom Petroff sont de l’épicerie fine
mais aussi faire rêver. « La dimension de qualité premium des produits est exigée, des dégustations sur car ils sont très haut de gamme et non
conseil est très importante, avec une sensi- d’autant plus que le niveau de prix est sen- le point de vente. de grande consommation, assure Nicolas
bilité plus forte à l’histoire des entreprises, siblement plus élevé qu’en grande surface Source : enquête Ifop Banse. Même en GMS, les consomma-
aux modes de production, aux labels… », alimentaire », souligne Laurence Blanloeil, Infocapsule / Gourmet teurs veulent trouver des produits de
Sélection 2019
assure Serge Beaumont, directeur com- responsable des relations publiques de qualité pour se faire de petits plaisirs. »
mercial France de Petrossian. la maison Chancerelle, qui propose des L’épicerie fine, c’est un réseau, mais aussi
Plusieurs catégories de produits de la marques différentes selon les réseaux un type de produits.
mer entrent dans le cadre de l’épicerie (Connétable en GMS, Phare d’Eckmühl en Un réseau et des produits qui ont tenu
fine. En sec, on retrouve principalement magasin bio, Pointe de Penmarc’h en épi- salon à Paris au mois de septembre. Depuis
les conserves et les tartinables (rillettes cerie fine). Sans pour autant aller trop loin. dix ans, le salon Gourmet Sélection réunit
de poisson, produits à base d’algues). « Même sur des produits d’exception, le marques et exposants de tout le secteur. Ils
Les poissons fumés haut de gamme (voir prix doit être juste et pouvoir être justifié », étaient 600 pour cette édition 2019, qui
PDM 196), les œufs de poisson et déri- affirme Karin Nebot, directrice générale de a attiré 5 000 visiteurs professionnels de
vés (caviar, tarama, etc.) se font aussi une la maison Kaviari. l’épicerie fine. Les produits de la mer repré-
place. Et ce, d’autant plus que les épiceries Autre critère apprécié : le clean label. sentaient 15 % des produits à découvrir. Et
fines proposent de plus en plus des « cor- « De plus en plus de consommateurs sont ils ont fait bonne figure, puisque parmi les
ners » de produits frais, voire de véritables vigilants en regardant les ingrédients utili- quinze primés au concours Best of 2019,
espaces de restauration. sés : plus la liste est courte, mieux c’est ! on trouvait deux ex æquo issus de la filière :
L’impulsion et la curiosité sont de mise En allant dans des épiceries fines, ils L’Atelier du Poissonnier avec un tartinable
sur ces achats plaisir, d’autant que le client recherchent des produits propres et sains, de thon au curry rouge et JC David avec un
peut être conseillé sur la mise en œuvre sans additifs ni conservateurs », souligne foie de morue fumé. n
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osciètre (Acipenser gueldenstaedtii en éle- Caspienne.
vage ou Acipenser persicus en sauvage) et Couleur, saveur, texture... tous les paramètres pèsent leur poids dans l'art du caviar.
beluga (Huso huso). « L’interdiction de la
pêche depuis 2008 a modifié la donne. Les Karin Nebot, directrice générale de la mai- tient principalement à la maturité sexuelle
caviars sont désormais issus d’esturgeons son Kaviari. tardive de l’espèce. « Il faut 18 à 20 ans pour
d’élevage », explique Serge Beaumont, Le nec plus ultra reste le beluga, qui s’af- obtenir une maturité sexuelle chez la femelle
directeur commercial France de Petrossian. fiche à plus de 10 000 euros/kg (de 8 000 à beluga, là où il suffit de 6 ou 7 ans pour l’Aci-
Selon l’espèce, le rendu visuel et gustatif 13 000 euros chez Petrossian, selon la caté- penser baerii », indique Serge Beaumont.
sera différent. « La variété de grains, de gorie). Ce caviar se caractérise par ses gros Résultat : des coûts d’élevage élevés.
couleurs, de saveurs et de textures est ce grains (3 à 4 mm), gris, onctueux et longs Plus gros des poissons d’eau douce, l’es-
qui fait toute la magie du caviar », souligne en bouche. Son niveau de prix ultrapremium turgeon Huso huso peut peser 1 000 kg en
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d’esturgeon blanc (transmontanus) revient aussi une note anisée) et soja hibiscus (recette la plus corsée, à la saveur
à la gamme, sous le nom commercial Alverta. umami). « Les quatre recettes présentent des couleurs bien distinctes
Du côté des alternatives, forts d’un prix de vente consommateur et sont proposées en verrines de 50 grammes », précise Nicolas Banse,
autour de 300 euros/kg et d’un goût raffiné, les œufs de brochet directeur industriel de DPAP.
« De l’hameçon ...
« From the sea ...
... à l’assiette !»
... to the plate !»
Thon G
Th Germon frais, Thon Albacore frais, Espadon frais, poissons fumés.
Fresh Albacore Tuna, fresh Yellowfin Tuna & smocked fish.
Baron de saumon
Carpaccio
Tartinable
Emincés
Macaron
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LA GAMME MAREE
Première gamme de conserves fines, riches en
poissons…le haut de gamme de la mer !
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sauvage, plutôt 300 à 400 kg en élevage. À sélectionner la matière première », explique de maturation et d’affinage en laboratoire,
l’autre bout du spectre, le baeri (espèce la Karin Nebot. Kaviari propose notamment propre à chaque fabricant. En fonction de
plus répandue dans les élevages européens, un caviar labellisé « fermier », produit par l’origine et de la variété, il faut de six à neuf
notamment français et italiens) et le trans- un petit élevage français, et un caviar Kristal mois pour que se développent tous les
montanus (esturgeon blanc ou Acipenser issu d’un producteur chinois labellisé Friend arômes du caviar, lesquels vont venir rem-
transmontanus) comptent parmi les plus of the Sea. Si l’aliment des esturgeons est placer la sensation salée initiale. Un cavia-
économiques. « À 1 600 euros/kg, le trans- généralement élaboré à partir de poissons rologue prélève des boîtes pour vérifier le
montanus offre une bonne accessibilité sauvages, l’un des fournisseurs de Kaviari niveau de maturité et décider de la mise
prix et un goût délicat, même si ses grains propose un aliment à base d’insectes. « Le en commercialisation. Le caviar est alors
ne tiennent pas très bien », explique Karin travail sur les poissons est important : nous changé de boîtage pour de plus petits for-
Nebot. Entre les deux, on retrouve l’os- choisissons nos fermes et avons un cahier mats : 30, 50, 125, 250, 500 grammes ou
ciètre (espèce mythique qui présente une des charges précis en termes de nourri- 1 kg en formats réguliers. Plutôt que l’ori-
forte variabilité de grains), mais aussi des ture ou d’abattage par exemple », souligne gine, Petrossian met l’accent sur la qualité
hybrides, comme le Kristal chez Kaviari (croi- Serge Beaumont. L’acheteur de Petrossian du caviar, avec trois niveaux de sélection :
sement d’Acipenser schrenckii et d’Huso se rend sur place pour assister au prélève- royal, tsar impérial et – le meilleur – spécial
dauricus) ou le Daurenki chez Petrossian. ment des œufs (en moyenne 10 à 15 % réserve. Les critères de qualité d’un caviar
Europe, Chine, Amérique du Nord… : du poids de la femelle) et sélectionner le sont nombreux. « Il faut une belle structure
les lieux d’élevage des esturgeons sont très caviar, qui est salé sur place et mis en boîte de grain et une absence de jus. Le caviar
variés. « Nous avons des liens historiques d’1,8 à 1,9 kg. doit être luisant à l’ouverture de la boîte et,
avec quatre à cinq éleveurs chez qui nous Si l’étape de l’élevage est importante, bien sûr, sans aucun faux goût de métal ou
nous rendons plusieurs fois par an pour la véritable expertise réside dans le travail de terre », liste Serge Beaumont. n
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L’apéro est un usage qui se développe.
Cet automne, la société Émile Fournier &
Taramas sans conservateurs Fils (marque Accary) lance six références de
rillettes océanes et six de « dip’océan » (à la
DPAP réussit à proposer une DLC de 52 jours pour texture plus fine, permettant d’y tremper
ses taramas Dom Petroff (contre 21 à 26 jours des légumes). Elles associent poissons fumés
habituellement en rayon), tout en se passant de et condiments parfois bio, à l’instar des
conservateurs. « Ceci est rendu possible grâce à la recettes de hareng fumé à la moutarde
pasteurisation lente, process que nous utilisons aussi bio ou de maquereau fumé au poivre et
sur notre crabe royal décortiqué », explique Nicolas citron confit bio. Saumon fumé, haddock,
Banse, directeur industriel de DPAP. La base des cabillaud fumé et lieu noir fumé sont aussi
recettes part de poches (rogues) d’œufs de cabillaud à l’honneur.
salées, fumées et grattées. Différentes versions sont « C’est un moyen de valoriser les coproduits
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ce marché ?
la première fois un producteur d’huîtres,
L’épicerie fine compte effectivement parmi ce qui est emblématique. Les classiques
les marchés alimentaires les plus dyna- restent le caviar, le saumon fumé, la pou-
miques. Les ventes du secteur sont esti- targue ou le tarama. Ce sont souvent des Les deux finalistes de la catégorie produits de la mer
mées à 1,5 milliard d’euros et le chiffre produits avec une DLC plus courte que ce du concours Best of (dont le foie de morue fumé
d’affaires des enseignes leaders a pro- qu’on attend d’habitude en épicerie. Les de JC David) ont fini ex æquo parmi les 15 gagnants
gressé de 2,5 % en 2018. Les Français conserves de la mer, de leur côté, sont du salon (sur 35 produits présentés).