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26 Janvier 2011

Plaidoyer pour une (vraie) sortie de crise énergétique au Sénégal


Par Benoît Lebot*
Conseiller Technique sur le Changement Climatique
Programme des Nations Unies pour le Développement
&
Christelle Braun
Consultante Energie Climat

*Ce plaidoyer n’engage que les auteurs et non leur organisation.

Introduction
Le secteur de l’électricité au Sénégal traverse actuellement une crise sans précédent. La prise de
conscience a lieu désormais à tous les niveaux, et des analyses et audits récents ont permis de mieux
rendre compte de la gravité du problème. Une réponse gouvernementale ferme semble se dessiner et des
discussions avec tous les acteurs du secteur ont été engagées. Début janvier 2011, un « plan Marshall » de
l’électricité a été annoncé par le Ministre de l’Energie pour pallier rapidement aux manquements les plus
criants du secteur, en particulier la réduction des délestages qui ont atteint une ampleur jusqu’alors
inégalée et affectent désormais la croissance économique nationale dans tous les secteurs tout en suscitant
une agitation sociale grandissante.

En tant qu’experts des changements climatiques et des politiques énergétiques durables et respectueuses
de l’environnement, nous souhaitons par ce plaidoyer offrir des pistes de réflexion et exposer une stratégie
pour résoudre durablement la crise énergétique dans laquelle le Sénégal est actuellement enlisé.

Crise du secteur de l’électricité


Le réseau national d’électricité a une puissance nominale installée de 514 MW (2003), dont seuls 66 MW,
fournis par le barrage hydroélectrique de Manantali, proviennent d’une source d’énergie renouvelable.
Toutes les autres centrales dépendent d’un approvisionnement en combustible fossile, principalement du
fioul. Le Sénégal n’exploite aucun gisement de ressources fossiles domestiques (il possède quelques
réserves mais leur extraction ne serait pas rentable) et est donc dans l’obligation d’importer la totalité de
ce combustible fossile, achat qui représente à lui seul un coût de 800 millions de FCFA par jour. Le parc de
centrales est âgé et vétuste, tout autant que le réseau de distribution, où les pertes s’élèvent à plus de 30%
de la capacité transportée.

Mesures annoncées
Parmi les principales mesures gouvernementales annoncées, on compte la rénovation du parc de centrales
existantes et du réseau de distribution pour se rapprocher des capacités de production théoriquement
atteignable par la puissance installée. Mais l’initiative phare entreprise par le gouvernement pour combler
la demande non satisfaite en électricité de la population est la construction de deux centrales à charbon de
125 MW chacune à Sendou, destinées à sécuriser l’offre électrique à long terme dans tout le pays. Plus
accessoirement, des centrales à énergies renouvelables d’une capacité totale ne devant pas excéder 100
MW ont été annoncées, en particulier une ferme éolienne à St-Louis, une centrales PV à Zinguinchor et
une centrale à biomasse à Ross Bethio.
Des centrales à charbon comme solution à long terme?
Le choix du charbon comme solution à long terme pour satisfaire la demande énergétique du pays,
réaffirmé début 2010 par le dirigeant de la SENELEC, Lat Soukabé Fall qui déclarait que « l’essentiel de
l'approche de développement du parc de production d'électricité va être fondé sur le charbon »1 mériterait
d’être plus amplement débattu. En effet, le charbon, tout autant que le fioul des centrales actuelles, est un
combustible fossile, donc non-renouvelable. Le charbon est de loin la source d’énergie fossile la plus
émettrice de gaz à effet de serre, sans parler des autres impacts environnementaux. Aux USA les efforts de
lutte contre le changement climatique remettent en cause de nombreux projets de nouvelles installations
de centrales au charbon. Bien que les réserves mondiales de charbon soient nettement plus importantes
que celles de pétrole et donc son coût très inférieur pour l’instant, la raréfaction déjà engagée du pétrole
accélérera sans aucun doute le recours au charbon (puisque les industries se reporteront vers le
combustible charbon pour l’utiliser soit directement, soit pour le transformer en pétrole lorsque le pétrole
sera trop cher). La concurrence accrue pour accéder aux mines de charbon bon marché finira par renchérir
son prix.

L’affirmation, par les promoteurs de ces centrales charbon, qu’elles permettront « d'assurer et de sécuriser
les besoins énergétiques actuels et futurs tout en diminuant le coût de l'électricité » est sujet à caution,
d’autant plus que les réserves domestiques (incertaines) de charbon du Sénégal ne sont pas davantage
exploitées que celles de pétrole. Le pays passera donc d’une dépendance à une autre et n’améliorera sa
sécurité énergétique, puisque la totalité du charbon minéral nécessaire à l’alimentation des centrales sera
importé, vraisemblablement d’Afrique du Sud comme l’a affirmé en 2007 Samuel Sarr, ministre alors en
charge de l’Energie2. Déjà fin novembre 2010, une vague de froid touchant la Chine entraina subitement
une demande plus forte de ce pays en charbon qui se répercuta en une hausse de 3% du prix d’exportation
du charbon en Afrique du Sud3. Il s’agissait de la neuvième hausse consécutive de ce prix, qui atteignait
ainsi son record depuis 2008. Si le passage d’une dépendance au pétrole à une dépendance au charbon
apportera peut-être un soulagement immédiat grâce à son coût d’achat actuellement inférieur, l’accalmie
sera de courte durée et le Sénégal retombera inéluctablement dans la même spirale infernale
d’augmentation des prix du combustible, qui le forcera alors à trouver enfin une réelle solution vraiment
durable à son problème énergétique.

En outre, les centrales de Sendou entraîneront une augmentation considérable des émissions nationales
de gaz à effet de serre dans un pays où les changements climatiques menacent déjà de manière
extrêmement préoccupante certains milieux naturels et populations du Sénégal.

Une alternative propre et durable pour garantir l’approvisionnement énergétique du pays en protégeant
l’environnement existe bel et bien, et pourrait être déployée à un coût, contre toute attente, probablement
comparable aux investissements nécessaires pour les centrales à charbon de 125 MW de Sendou. Cette
solution consiste à développer massivement (par opposition aux quelques projets actuels de faible
envergure) les énergies renouvelables, en couplant cette production à une maîtrise systématique de la
demande énergétique au niveau des consommateurs. Nous démontrerons dans la suite que cette solution
est loin d’être irréaliste dès lors que le gouvernement et tous les acteurs du secteur prennent les mesures
qui s’imposent. La satisfaction des besoins énergétiques du Sénégal par des solutions économiquement
viables et compatibles avec les enjeux notamment environnementaux est parfaitement possible et peut
s’engager dès à présent. Nous espérons que ce plaidoyer ouvrira les portes du dialogue et permettra aux
dirigeants de comprendre qu’une voie est possible pour sortir de l’impasse et des délestages à répétition.
Des partenaires existent au Sénégal, dans la sous-région et dans le monde pour les accompagner et les
supporter dans cette démarche.

1 http://www.aticservices.fr/fr/fioul-trop-cher-le-senegal-mise-sur-le-charbon-pour-son-electricite
2 http://www.riaed.net/spip.php?article1412
3 http://gulfnews.com/business/features/south-africa-s-coal-prices-rise-on-strong-demand-1.717991
Le potentiel du Sénégal en énergies renouvelables
L’utilisation des énergies renouvelables associée à la maîtrise de la demande ouvre des perspectives pour
un développement rapide et durable du secteur énergétique au Sénégal comme dans tous les Etats du
monde. Le Sénégal est riche d’abondantes ressources exploitables pour la production d’énergies
renouvelables. En 2010, une étude4 menée par l’AFD et la GTZ a estimé le potentiel disponible pour la
génération d’énergie solaire, éolienne et de biomasse. Pour le solaire et l’éolien, qui ne dépendent pas d’un
approvisionnement en matière première comme la biomasse, cette étude conclut dans chaque cas que le
potentiel théorique suffit largement à la satisfaction des besoins de la population. Ainsi, des cellules
photovoltaïques posées sur une surface de 49 km2 (7 km x 7 km), soit l’équivalent de 0,03% de la surface
totale du pays, suffirait pour répondre aux besoins actuels de tous les Sénégalais en énergie électrique
(2.700 GWh/an). Le potentiel de génération d’énergies renouvelables à partir de biomasse dépend de la
quantité mal connue de biomasse renouvelable disponible, mais les quantités de typha envahissant
actuellement la région du fleuve Sénégal et sa rapidité de repousse montrent que la pénurie n’est pas
encore à l’ordre du jour.

Dans un Sénégal où l’électricité serait principalement issue des énergies renouvelables :


- Le combustible nécessaire à la production d’électricité ne sera plus jamais un problème puisque
les ressources nécessaires (soleil, vent, biomasse, etc.) sont disponibles gratuitement ou à très
faible coût et en quantité illimitée, et cela pour une durée éternelle puisqu’il s’agit de sources
renouvelables (contrairement au charbon minéral ou au fioul utilisé dans les centrales actuelles).
- La combinaison raisonnée des différentes sources d’énergies renouvelables, appuyée par un
recours modeste à certaines formes d’énergie fossiles, permettra de gérer le caractère intermittent
de l’électricité d’origine solaire ou éolienne.
- La production d’une électricité fiable, continue, et générée par des producteurs domestiques
répartis dans le pays, donc indépendante de toute importation étrangère, garantira la sécurité
énergétique totale du pays indispensable au développement économique et humain
- Chaque bâtiment, terrain ou point d’eau pourra être utilisé pour générer de l’électricité
- Les dégradations environnementales collatérales à l’exploitation des énergies fossiles
(contamination des eaux, dégradation des terres, pollution de l’air, etc.) seront réduites.
- L’économie nationale sera fortement dynamisée par le développement du secteur des énergies
renouvelables, en particulier des industries domestiques réduisant la dépendance aux
importations et créant davantage d’emplois pour les Sénégalais
- Le Sénégal deviendra un modèle en matière de développement durable et de lutte contre les
changements climatiques en Afrique et dans le monde, augmentant la confiance des investisseurs
étrangers

Les barrières au développement des énergies renouvelables


Les sources d’énergies renouvelables du pays sont pourtant pour l’instant restées largement inexploitées,
en raison d’un ensemble de barrières techniques, financières, économiques, institutionnelles et juridiques,
ainsi que des barrières relatives au renforcement des capacités.
Ces barrières sont réelles, mais tous les pays engageant une réflexion sur un avenir énergétique durable y
sont confrontés, et le Sénégal peut aujourd’hui tirer profit de l’expérience des pays qui l’ont précédé en
évitant de commettre les mêmes erreurs et en adoptant sans plus tarder les méthodes qui ont clairement
fait leurs preuves, en particulier dans des pays au contexte socio-économique relativement proche.

4 Etude sur les aspects technique, économique et financier du cadre réglementaire pour la production d’électricité à partir des
énergies renouvelables
Les premiers projets d’énergies renouvelables
Fort heureusement et bien qu’elle soit pour l’instant balbutiante, le gouvernement a déjà amorcé la
conversion nécessaire vers les énergies renouvelables.

En considérant les projets d’électrification rurale en cours, on peut estimer une puissance installée actuelle
d’électricité générée à partir d’énergie solaire comprise entre 2,5 et 3,0 MW. En plus des systèmes
domestiques, il existe une dizaine de centrales PV ou PV hybride pour alimenter des réseaux isolés aves
des puissances installées comprises entre 10 et 100 kW, comme à Ndiebel (20 kW), Diaoulé (21,5 kW),
Dionewar-Niodor (100 kW, système hybride) ou Bassoul Bassar (80 kW système hybride). Comme
mentionné précédemment, trois projets de centrales aux énergies renouvelables plus importants sont par
ailleurs en développement : une ferme éolienne de 50 MW à Saint-Louis, une centrale PV de 7.3 MWc à
Ziguinchor et une centrale à biomasse (balles de riz et typha) de 30 MW à Ross Bethio.

Il s’agit d’un premier pas de bon augure vers une meilleure indépendance énergétique. Cependant, le
déploiement massif des énergies renouvelables permettant le remplacement progressif des centrales aux
énergies fossiles existantes ne pourra se produire qu’en réformant en profondeur la réglementation
actuelle pour poser les bases d’un cadre politique encourageant et soutenant pleinement la production
durable d’énergie propre et la maîtrise de la demande d’énergie.

Les problèmes de la politique basée sur les seuls appels d’offre


Sous la législation actuelle, tout promoteur privé qui souhaite produire de l’électricité quelle que soit la
nature du combustible doit vendre toute sa production à l’acheteur unique SENELEC, après signature d’un
contrat qui peut résulter de deux procédures : soit d’une sélection suite à un appel d’offre, soit d’une
entente directe soumise à conditions. Cependant il n’existe pas de cadre incitatif pour la production
indépendante d’électricité, a fortiori d’énergies renouvelables.

Dans le cadre d’un appel d’offre, le prix d’achat de l’électricité est fixé par un processus d’enchères. Le
producteur proposant un prix du kWh le plus faible est sélectionné et l’achat de l’électricité par les
compagnies électriques locales au cours de la période prévue par le projet est garanti par un contrat. Si ce
mécanisme présente l’avantage d’offrir au Gouvernement un moyen de contrôler étroitement la
production d’électricité et de tirer les tarifs de l’électricité vers le bas, il possède également de nombreux
inconvénients et a de ce fait été abandonné au profit de systèmes plus performants par la plupart des pays
ayant modernisé leur politique énergétique comme ont réussi à le faire quasiment l’ensemble des états
membres de l’Union Européenne.

En premier lieu, les producteurs participant à l’appel d’offre peuvent être tentés de baisser leurs prix au
point de menacer la santé de leur propre rentabilité et ainsi de fragiliser considérablement leur entreprise,
voire de la mener à la faillite. Il entraine également la plupart du temps une baisse de la qualité des
équipements proposés, puisque des solutions au coût le plus bas, généralement importées de l’étranger,
sont privilégiées. Ce phénomène pénalise donc également le secteur industriel du pays qui n’est pas mis à
contribution même si ses produits sont de meilleure qualité. Bien souvent, les prix des compétiteurs
tombent si bas que le gagnant n’est finalement pas en mesure d’assurer son contrat dans les délais,
entrainant des retards voire des annulations complètes de projets qui handicapent tout le secteur. Une
étude récente a ainsi montré qu’au niveau mondial, seuls 30% des projets énergétiques gagnés par appel
d’offre étaient effectivement réalisés5 ! Des précédents au Sénégal confirment ce constat négatif : selon des
analystes, les critères de sélection par appel d’offre des candidats expliquent par exemple pour une grande
part l’échec de la première tentative de privatisation de la SENELEC en l’an 20006.

En outre, l’appel d’offre ne laisse que peu de chance aux entreprises locales face aux grands groupes
étrangers qui peuvent beaucoup plus facilement se permettre de casser leurs prix et sont prêts à tout pour
monopoliser le marché, quitte à ne pas respecter leurs engagements ensuite. Ainsi, l’appel d’offre crée un

5 Powering the Green Economy, The feed-in tariff handbook, p.175


6 Privatization of Senegal Electricity, Nilgün Gökgür, Leroy Jones, Boston Institute for Developing Economies (BIDE), October, 2006
climat de compétition peu sain entre les acteurs du secteur de l’énergie tout en pénalisant en premier lieu
l’économie nationale.

Privilégier une politique basée sur un prix d’achat garanti


Face à ce constat, quelles sont les alternatives et que choisir ?

Au cours des 20 dernières années, d’innombrables mécanismes d’incitation aux énergies renouvelables ont
été expérimentés dans le monde avec plus ou moins de succès. La plupart des pays ayant adopté une
politique visant à augmenter rapidement la production d’énergies renouvelables de manière simple,
efficace et durable ont cependant fini par adopter le même mécanisme, qui a effectivement permis un
déploiement des énergies renouvelables à une échelle bien supérieure et à un coût bien plus faible que
toute autre stratégie alternative connue.

Cette stratégie est celle du prix d’achat garanti, ou Feed-in Tariff (FiT), déjà adoptée par 57 pays dans le
monde, y compris 20 pays sur 27 dans l’UE et 28 pays en développement, dont 6 en Afrique (Afrique du
Sud, Algérie, Île Maurice, Kenya, Tanzanie, Ouganda). La supériorité de cette stratégie en terme
d’efficacité et de réduction des coûts engagés par rapport aux autres types d’incitations aux énergies
renouvelables a été confirmée unanimement par les plus éminents spécialistes du secteur7.

Le FiT repose sur l’obligation pour le ou les opérateurs d’un réseau électrique d’acheter à un prix fixé et sur
une longue durée (15-20 ans) l’électricité produite par un particulier ou une entreprise à partir d’énergie
renouvelable. Avec ce système, une famille ou une entreprise sénégalaise pourrait par exemple investir
dans des panneaux solaires et les raccorder au réseau, puis être rémunérée pour chaque kWh produit et
injecté sur le réseau. En d’autres termes le courant électrique circule dans le sens inverse du sens
conventionnel, c’est à dire du consommateur (devenu producteur indépendant) au distributeur historique
d’électricité (devenu acheteur du courant produit).

Pour être efficace, le FiT doit reposer sur quelques grands principes.

Détermination du tarif
Tout d’abord, le tarif d’achat du kWh injecté par un producteur indépendant d’électricité sur le réseau doit
être fixé, de telle sorte qu’il soit à hauteur suffisante pour stimuler les investissements et garantir un
amortissement à long terme des équipements, sans pour autant devenir excessif ce qui rendrait le système
trop coûteux ou économiquement irrationnel. Le choix d’un tarif adéquat est une opération délicate, mais
de grands principes sont désormais identifiés pour le déterminer, ainsi que des méthodes pratiques pour
calculer plus facilement le tarif optimal8. La plupart des pays ayant mis en œuvre une politique de FiT ont
dans un premier temps eu recours à un calcul simplifié du tarif avant de le complexifier progressivement
en fonction des expériences acquises et grâce à une révision périodique des mesures adoptées. Le Sénégal
pourra suivre cette approche en décidant par exemple d’une révision annuelle du tarif de rachat pour
l’adapter rapidement aux éventuelles évolutions, ce changement ne s’appliquant qu’aux nouveaux inscrits
et non à ceux s’étant précédemment engagés et dont le tarif est garanti par la loi soutenant le FiT sur toute
la durée de l’engagement.
Le principe fondamental du calcul du tarif est qu’il reflète les coûts réels de l’équipement acquis pour la
production d’énergies renouvelables en permettant un bon retour sur investissement, ce qui implique en
particulier qu’il varie en fonction de la technologie. Ainsi, de l’électricité produite à partir de panneaux
photovoltaïques, plus coûteux à l’achat, sera rémunérée plus généreusement que l’électricité produite à
partir d’autres sources moins coûteuses (éoliennes, biomasse). Les coûts d’échelle, qui rendent une
installation plus importante comparativement moins chère qu’un petit équipement, peuvent aussi être
facilement reflétés par un tarif variant en fonction de la taille de l’installation. Pour être encore plus juste
et éviter, par exemple, des concentrations d’éoliennes dans les sites les plus venteux, certains pays font

7The Stern Review: The Economics of Climate Change (Stern, 2006)


8Voir, par exemple, la méthode de l’”indice de profitabilité” développée par B. Chabot pour le tarif français (http://www.wind-
works.org/PricingWorksheets/BackgroundontheCostofGenerationandtheChabotPIMethod.html).
également varier le tarif en fonction du lieu géographique de l’implantation et de la vitesse moyenne du
vent, en réduisant le tarif sur les lieux les plus propices. Cela suppose d’analyser en détail le potentiel de
chaque région, donc d’avoir réalisé au préalable les études et atlas nécessaires, qui restent à produire au
Sénégal nous semble-t-il. En fonction du contexte, d’autres paramètres comme l’inflation ou une
indexation dégressive d’évolution technologique peuvent être pris en compte pour que les tarifs reflètent
avec encore plus de précision les coûts réels des technologies engagées. Des méthodes économétriques
existent pour définir la grille de tarif de rachat garanti qui soit à la fois optimum pour l’ensemble des
consommateurs et suffisamment attractif pour attirer les opérateurs9.

Durée du paiement garanti


La durée du paiement versé grâce à la politique de FiT doit être suffisante pour que le producteur
indépendant obtienne un retour sur investissement sur le long terme. Cette condition est indispensable
pour réduire le risque et donc stimuler les investissements, en permettant aux banques d’accorder des
prêts aux conditions avantageuses pour leurs clients. Cette durée doit donc être liée au montant du tarif :
plus la durée de paiement est courte, plus le montant du tarif doit être élevé pour amortir rapidement
l’achat. La durée qui s’est imposée dans les pays ayant un FiT est de 15-20 ans, ce qui correspond à la
durée de vie de la plupart des équipements d’énergies renouvelables.

Obligation d’achat

Outre la garantie à long-terme du paiement de l’électricité, une autre condition essentielle d’un FiT est
l’obligation, pour le distributeur d’électricité, d’acheter toute l’électricité produite à partir d’énergies
renouvelables, quelle que soit la demande des consommateurs raccordés au réseau. Cette condition est
tout autant nécessaire à la diminution des risques liés à l’investissement dans les énergies renouvelables,
puisqu’elle garantit au producteur indépendant un revenu effectivement proportionnel à la quantité
d’électricité injectée sur le réseau, sans risque de produire une électricité qui ne sera pas rachetée. Grâce à
cette mesure, les énergies renouvelables prennent véritablement le pas sur les énergies fossiles reléguées
au rang d’énergies secondaires utilisées uniquement pour combler la demande résiduelle non satisfaite par
les énergies renouvelables sur le réseau. Progressivement, le développement des énergies renouvelables
notamment issu de la gestion durable de la biomasse réduira cette demande résiduelle jusqu’à l’éliminer,
lorsque les énergies renouvelables permettront de satisfaire entièrement la demande. Il deviendra alors
même possible d’exporter l’électricité supplémentaire pour la vendre aux pays voisins. Le principe
d’obligation d’achat est par exemple en vigueur depuis plusieurs années déjà dans de nombreux pays
Européens, où le distributeur doit acheter immédiatement et sans condition l’électricité produite à partir
d’énergies renouvelables, au tarif fixé par le FiT.

Accès prioritaire au réseau

Dans les pays comme le Sénégal, où un opérateur unique (en l’occurrence la SENELEC) gère la plus
grande partie de la production tout en étant responsable du transport et de la distribution, l’introduction
d’un FiT peut entrainer le risque que l’opérateur connecte en priorité ses propres installations et laisse
traîner voire refuse les demandes de raccordement des promoteurs extérieurs vus comme concurrents à sa
production. Cette situation est d’autant plus à craindre qu’un plafond de capacité totale de production
éligible au FiT au niveau national est fixé (voir plus loin) et nécessite de limiter le rachat d’électricité aux
premiers producteurs raccordés au réseau (sur le mode des premiers inscrits, premiers servis). Les textes
définissant et réglementant le FiT doivent donc clairement spécifier l’obligation pour l’opérateur de
raccorder prioritairement tous les producteurs indépendants qui en font la demande, dans l’ordre de leur
candidature, jusqu’à ce que le plafond soit atteint. Pour éviter tout litige, il serait préférable de confier cet
ordonnancement à un organisme indépendant recueillant les demandes de raccordement des producteurs
indépendants et les transmettant à la SENELEC tout en vérifiant que celle-ci les exécute dans l’ordre
indiqué.

Par ailleurs il est à noter que l’instrument que constituent les Feed-in Tariff s’applique également à la
production d’électricité issue de la cogénération. Des industriels pourraient par des FiT êtres encouragés à

9Méthode de l’”indice de profitabilité” développée par B. Chabot pour le tarif français (http://www.wind-
works.org/PricingWorksheets/BackgroundontheCostofGenerationandtheChabotPIMethod.html).
investir dans des systèmes de cogénération s’ils ont l’assurance de pouvoir revendre sur le réseau national
les éventuels excès de production d’électricité.

Le profil des opérateurs pouvant bénéficier d’une politique nationale et transparente sur les Feed-in Tariff
est ainsi très diversifié : les auto producteurs industriels déjà présent (qui actuellement ne revendent pas
leur excès d’électricité sur le réseau), des opérateurs publics ou privés se positionnant comme
gestionnaires de futurs parcs éoliennes ou de centrales solaires, hydrauliques ou utilisant la biomasse,
mais également les innombrables particuliers qui aujourd’hui mettent en route leur générateur au
moindre délestage. En effet, ces derniers accepteraient probablement d’investir dans des panneaux
solaires sur le toit de leur domicile si les bases juridiques, techniques et financières sont établies. En
échange du rachat par la SENELEC de l’électricité qu’ils ne consommeront pas sur place, leur production
soulagerait une partie des tensions sur le réseau, contribuant ainsi à réduire le recours au délestage. On
pourrait imaginer un dispositif doublé d’un engagement contractuel pour que le particulier s’équipant de
panneaux solaires ne subisse plus jamais de délestage. Juste retour des choses en effet, les consommateurs
ayant les moyens de recourir à un générateur sont d’une part ceux qui auraient les moyens d’investir dans
les panneaux photovoltaïques et d’autre part ceux qui souhaitent se garantir un accès à l’électricité 24 h
par jour.

Le financement du FiT
Dans la plupart des pays ayant adopté le FiT, la rémunération obtenue par les producteurs indépendants
d’électricité provient d’un surcoût sur le tarif d’électricité réparti équitablement sur l’ensemble des
consommateurs du pays. Plus le nombre de producteurs indépendants augmente, plus ce surcoût
augmente, mais à l’inverse l’augmentation du nombre d’abonnés au réseau national réduit le surcoût
appliqué à chaque consommateur. Réparti sur l’ensemble des consommateurs, ce surcoût reste
généralement dans les limites acceptables: En Allemagne par exemple, la facture des consommateurs a
augmenté de moins de 7%, tandis que la part d’électricité à base d’énergies renouvelables dans le mix total
a atteint 15% grâce au FiT. Par ailleurs, des études ont prouvé que les bénéfices indirects obtenus grâce aux
énergies renouvelables (création d’emplois locaux, protection de l’environnement, etc.) dépassent
largement la valeur de ce surcoût.

Il est à noter qu’au niveau du consommateur, l’augmentation programmée des tarifs n’entrainent pas
nécessairement une augmentation de la facture si les mesures de maîtrise de la demande d’électricité sont
mises en place comme nous allons le détailler plus loin.

Le grand avantage des prix d’achat garanti est qu’elle fonctionne en « circuit fermé », les consommateurs
rémunérant indirectement (par le surcoût sur leur facture) les producteurs d’énergies renouvelables qui
revendent leur électricité au réseau. Elle ne dépend ainsi d’aucun financement extérieur, ni
gouvernemental ni international, et reste à l’abri des éventuelles instabilités politiques pouvant survenir
au cours de la durée de paiement garanti et surtout à l’abri de l’augmentation inéluctable des prix des
énergies fossiles.

Si cette stratégie ne pose généralement pas de problème aux consommateurs des pays industrialisés, pour
lesquels le surcoût résultant du FiT représente une augmentation modeste et acceptée sur leur facture
d’électricité, il n ‘en est pas forcément de même dans les pays en développement où les populations ont des
capacités de paiement très largement inférieures et sont donc beaucoup plus sensibles aux variations
même minimes du prix de leurs factures. Au Sénégal en particulier, le prix de la facture d’électricité est un
sujet politique extrêmement sensible et l’argument du coût plus faible du kWh est bien souvent celui qui
l’emporte sur tous les autres dans les débats touchant au secteur énergétique.

Pour limiter ce surcoût, on pourra dans un premier temps plafonner la capacité totale d’électricité issue de
sources renouvelables pouvant bénéficier du FiT dans le pays. Le Sénégal pourrait par exemple décider
d’un FiT couvrant uniquement 200 MW installés au niveau national, de telle sorte que les premiers
producteurs indépendants bénéficieraient du tarif jusqu’à ce que les 200 MW soient atteints. Les
nouveaux producteurs indépendants qui s’ajouteraient ensuite ne seraient pas rémunérés à un tarif
préférentiel, et les dirigeants pourraient donc calculer à l’avance le coût maximal de la politique de FiT et
sa répercussion sur la facture des consommateurs. Afin d’éviter que tous les bénéfices des tarifs soient
absorbés par une ou deux centrales aux énergies renouvelables de grande capacité (au détriment des petits
producteurs indépendants qui ne bénéficieraient plus du tarif préférentiel), on pourra aussi fixer un
plafond à la capacité maximale de chaque installation éligible au FiT (par exemple 50 MW en Espagne).

Si malgré tout le surcoût induit sur la facture du consommateur reste trop important, on pourra envisager
la création d’un « fonds FiT » alimenté par l’Etat ou par des donneurs extérieurs pour prendre en charge
ce surcoût. Une planification à long terme devra être mise en œuvre pour sécuriser les fonds sur toute la
durée du paiement garanti. Aujourd’hui, la prise de conscience globale de la nécessité de lutter contre les
changements climatiques et de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre offrent de
nouvelles perspectives pour alimenter un tel fonds. Le « Fonds Vert pour le Climat » annoncé à Cancun en
décembre dernier pourrait tout à fait s’inscrire dans cette perspective et contribuer au fonds FiT. Par
ailleurs, la Deutsche Bank a lancé en avril 2010 son programme GET FiT10 destiné à lever les barrières
financières au développement du FiT dans les pays en développement. En 2009, le World Future Council
(WFC) a également publié un guide dédié spécifiquement à la mise en œuvre des FiT dans les pays
africains. Ces ressources proposent une panoplie de mécanismes et bonnes pratiques capables de faciliter
l’adoption du FiT dans un pays en développement, dont le Sénégal pourrait s’inspirer pour accompagner
sa transition et donner l’exemple aux autres pays de la région.

Parmi ces mécanismes, la finance carbone représente une source de financements envisageable, le Sénégal
étant un pays éligible aux projets du Mécanisme de Développement Propre (MDP). Ainsi les réductions
d’émissions de CO2 obtenues grâce au déploiement des énergies renouvelables (et donc grâce au FiT)
pourraient être capitalisées dans des projets MDP, dont les bénéfices seraient par exemple reversés dans le
fonds FiT pour payer le surcoût à la place des consommateurs. Cette option reste cependant sujette à
l’incertitude de l’avenir du MDP et la fluctuation du prix du carbone sous le régime post-Kyoto, ainsi qu’à
l’arbitrage à effectuer entre les bénéfices finaux des crédits carbone et les importants coûts de transaction
à mettre en oeuvre pour le développement d’un projet MDP.

Il est toutefois important de souligner que le principal argument des opposants à une politique de FiT, à
savoir qu’il s’agit d’une politique au prix élevé pour l’Etat et les consommateurs, a été largement réfuté par
les pays l’ayant effectivement mise en œuvre. Ainsi en Allemagne, de récentes études11 ont confirmé que la
politique de FiT, qui avait été vivement décriée comme étant trop chère avant d’être mise en place, a
finalement permis à l’Etat et aux consommateurs de faire des économies en comparaison de la situation
précédente, en raison des nombreuses externalités que les énergies renouvelables ont permis d’éviter
(importations d’énergies fossiles, pollution atmosphérique, etc.).

Il n’est ainsi pas exclu que les consommateurs sénégalais acceptent une hausse très limitée des tarifs
d’électricité, si celle-ci signe l’arrêt définitif des délestages, la mise en œuvre d’une gestion efficace et
transparente de la production et du réseau d’électricité, et la perspective pour un grand nombre de
consommateurs de devenir également acteurs en produisant leur propre électricité pour, à terme, générer
des profits, tout en assurant la sécurité énergétique du pays en total respect avec l’environnement.

La politique de FiT pourrait en outre ouvrir de nouvelles perspectives de résolution des conflits
empoisonnant actuellement les relations publiques, notamment entre les collectivités locales et le
gouvernement. La SENELEC pourrait en effet proposer aux consommateurs et collectivités ayant des
impayés de rembourser en investissant dans une installation de génération d’énergies renouvelables et en
générant leur propre électricité pour l’injecter sur le réseau sans recevoir le tarif préférentiel qui servirait à
rembourser progressivement la dette, pour bénéficier du FiT une fois la dette remboursée. La SENELEC
soulagerait ainsi sa trésorerie tout en obtenant « gratuitement » une production d’électricité
supplémentaire à redistribuer aux consommateurs.

10http://www.dbcca.com/dbcca/EN/_media/GET_FiT_Program.pdf
11Böhme, D., Duerrschmidt, W., & van Mark, M. (Eds.). (2009). Renewable energy sources in figures: National and
international development. Berlin, Germany: Federal Ministry for the Environment, Nature Conservation and
Nuclear Safety.
La maîtrise de la demande énergétique
S’il est crucial de trouver rapidement une solution durable à l’approvisionnement énergétique du pays afin
de satisfaire la demande grandissante des Sénégalais et soutenir la croissance économique, il n’est pas
moins important d’apprendre à économiser l’énergie produite pour espérer atteindre les objectifs de
production tout en minimisant les coûts et externalités.

Le temps est venu pour le Sénégal d’engager des programmes de transformations des biens d’équipements
pour augmenter leur efficacité énergétique, en commençant sur le court terme par les systèmes d’éclairage.
Il est indispensable d’éliminer totalement et définitivement les inefficaces ampoules à incandescence et
donc de poursuivre et renforcer le programme de lampes basses consommation (LBC) initié par le
gouvernement mais pour l’instant suivi de peu d’effets réels. Le Programme des Nations Unies pour
l’Environnement (PNUE) a récemment estimé que la promotion systématique des LBC au Sénégal
permettrait de réduire les factures des consommateurs Sénégalais de $29 Million par an tout en réduisant
les émissions de gaz à effet de serre de 200 000 tonnes de CO2 (équivalent à la pollution de 50 000
voitures particulières)12. Le potentiel de réduction de la demande d’électricité sur les appareils de
réfrigération et d’air conditionné (climatisation) est encore plus important.

Autre mesure nécessaire et urgente : l’étiquetage et la définition de normes affichant la performance


énergétique de tous les équipements. Sur le moyen terme, le Sénégal pourra compter sur la mise en place
d’une réglementation thermique dans le domaine des bâtiments que le Programme des Nations Unies
pour le Développement (PNUD) contribue à mettre en place grâce à un financement du Fonds pour
l’Environnement Mondial (FEM) en partenariat avec les autorités nationales. Il serait opportun de
s’inspirer de la démarche Négawatt, notion faisant référence à l'énergie économisée (non dépensée) par un
changement de technologie ou de comportement. En France, l'association NégaWatt13, animée par un
collège de 23 experts, a pour objectif de promouvoir et développer ce concept par une démarche fondée
sur l’association de 3 actions : la sobriété énergétique (on évite le gaspillage, par exemple en allumant la
climatisation uniquement lorsque c’est vraiment nécessaire), l’efficacité énergétique (on réduit les pertes
énergétiques, par exemple en isolant les murs pour que la fraicheur d’une pièce se conserve plus
longtemps) et le recours aux énergies propres (énergies renouvelables et cogénération, avec abandon
progressif du nucléaire). L’association a également conçu en 2003 un « scénario NégaWatt », réactualisé
en 2006, proposant une politique énergétique (2000-2050) pour la France permettant d’atteindre
l’objectif annoncé par le Premier ministre d'une division par 4 des émissions de gaz à effet de serre de la
France d'ici 2050. A quand un scénario NégaWatt pour orienter la politique énergétique du Sénégal ?

Au niveau régional, le Sénégal peut compter sur l’appui du Centre Régional de la CEDEAO pour les
Energies Renouvelables et l’Efficacité Energétique (CEREEC). Cette entité vise à atténuer les barrières
pour l’implantation et l’application de technologies et services d’énergies renouvelables et d’efficacité
énergétique dans la région, et agit en coopération avec le secteur publique et privé, avec la société civile et
d’autres institutions nationales et internationales qui œuvrent dans le domaine de l’énergie (par exemple,
WAPP, ERERA, IRENA, UNIDO, REEEP, GFSE). Le CEREEC œuvre en particulier à l’élaboration et la
mise en œuvre des principaux programmes et projets régionaux avec d’autres partenaires et à la
mobilisation des financements. Le Sénégal pourrait par exemple initier avec l’aide du CEREEC un
workshop régional sur les politiques d’énergies renouvelables (en particulier le FiT) et d’efficacité
énergétique afin d’échanger avec les autres pays de la région sur ces thématiques clés.

Conclusion
Le PNUD accompagne déjà les gouvernements du Nigeria, du Ghana, du Cap-Vert, de la Mauritanie, du
Sierra Leone et de nombreux autres états sur le continent africain à la mise en place de cadres de
politiques nationales pour la réduction de la demande d’électricité et la diversification de la production à
partir de ressources renouvelables. Le Sénégal pourrait tout à fait bénéficier à son tour d’un tel

12 http://www.enlighten-
initiative.org/CountryLightingAssessments/MapoftheCountryLightingAssessments/tabid/29417/Default.aspx
13 http://www.negawatt.org
accompagnement, et l’équipe régionale du PNUD basée à Dakar se tient disponible pour contribuer et
participer à tout effort pour réduire à la fois les coupures de courant et les émissions de gaz à effet de serre.
Nous disposons non seulement des compétences nécessaires, mais également d’une sincère motivation.

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