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Construction de maillages
de qualité. Maillage unité
par Houman BOROUCHAKI
découpe locale des éléments du maillage permet Pour cette discrétisation, on peut remarquer que
d’envisager la construction de maillages adaptés à la la valeur r du rayon du contour intérieur est calcu-
physique des problèmes traités. Dans une première lée de manière à identifier le maillage équilatéral du
phase, un maillage du domaine est construit par domaine (au sens du meilleur maillage possible).
l’emploi de telle ou telle méthode, puis un premier Ce maillage, illustré sur la figure 1a comporte en
calcul de la solution du problème est effectué. Après effet 12 couches de triangles presque équilatéraux.
choix d’un critère pertinent (gradient de la solution, Puis, on considère une discrétisation légèrement
champ dérivé, estimation d’erreur, etc.), on détecte différente du contour intérieur en prenant un pas
dans le maillage initial les zones à adapter, par raffi- 2πr
nement ou par déraffinement, et on génère un nou- égal à ------------ + 0,007 . La figure 1b montre un
80
veau maillage mieux adapté au problème ; ce maillage presque équilatéral du domaine corres-
processus est itéré jusqu’à l’obtention d’un maillage pondant à cette nouvelle discrétisation. Comme le
vérifiant le critère spécifié. En dimension quelconque montre cette figure, on peut remarquer que des
(en pratique en dimension 2 ou 3), la procédure de triangles non réguliers apparaissent au niveau des
raffinement est bien maîtrisée (par exemple [12] cinquième et sixième couches.
[13] [14] [15]) tandis que celle de déraffinement est
loin d’être complètement résolue. Par suite, au lieu Dans un cadre classique, deux types de discrétisa-
de cette approche basée sur des modifications loca- tion du contour du domaine sont principalement
les, on considère une méthode globale dans laquelle envisageables.
le maillage est alors entièrement recréé à chaque ité-
ration en fonction des résultats obtenus à l’itération
précédente. Le critère d’adaptation indique, en géné-
ral, la taille souhaitée des éléments. Une générali-
sation de cette dernière est de considérer localement
des tailles variables suivant les directions. Cela
conduit à considérer la taille non pas dans la métri-
que usuelle euclidienne, mais dans une métrique
riemannienne [16], permettant ainsi de considérer le
cas anisotrope. La plupart des méthodes classiques
de génération de maillages (et en particulier la
méthode frontale) peuvent être généralisées au cas
de génération de maillages adaptés à un champ de
tailles. Le cadre classique peut être considéré comme
un cas particulier de génération de maillages adaptés
à un champ de tailles dans la mesure où un champ de
tailles virtuel est défini afin d’assurer la régularité
globale du maillage.
2. Maillage équilatéral,
maillage unité a
1 – ----------π
80
12
3
r = centré aussi à l’origine. Dans un
∫ M (X ) ( e ) dX
m ( e ) = e
------------------------------------------------
- (1)
∫
e
dX
et en posant
e = PQ et X = P + t PQ
on obtient :
1
m ( PQ ) =
∫
0
M ( P + t PQ )
( PQ ) dt (2)
tailles h. Formulé ainsi, le problème est mal posé. En respecte le champ h si m ( PQ ) = h m ( PQ ) . Pour évi-
effet, si PQ est une arête du maillage, sa longueur ter le calcul de hm (PQ ), on redéfinit la métrique M de
manière que hm (PQ ) = 1, ce qui implique (de
euclidienne PQ doit vérifier simultanément :
manière générale) h ( X, d ) = 1 et, dans ce cas, on
PQ = h ( P, PQ ) = h ( Q, QP ) obtient tout simplement m ( PQ ) = 1 .
ce qui suppose que les sommets P et Q sont cons- Par suite, nous allons donner quelques remarques
truits de manière à ce que : sur la construction de la métrique M (X ) à partir du
h ( P, PQ ) = h ( Q, QP ) champ de tailles h ( X, d ) . L’idée consiste à trouver
une métrique M (X ) vérifiant au mieux ce champ.
Cette dernière relation est impossible si l’on sup-
Rappelons qu’une métrique M (X ) définie au point X
pose que le champ de tailles vérifie :
est la donnée d’une matrice carrée symétrique d’ordre
deux définie positive (que l’on note aussi par M (X )).
∀( P, Q ) , h ( P, PQ ) ≠ h ( Q, QP ) Le lieu géométrique des points Y respectant la métri-
que M (X ) au point X est généralement une ellipse
En fait, le calcul de la longueur euclidienne de PQ t
E (X ) donnée par l’équation XY M ( X ) XY = 1 .
ne prend pas en compte la variation du champ h. Il
convient alors de reformuler autrement ce problème Cette forme particulière de la métrique impose une
de construction de maillages. taille souhaitée égale à l’unité calculée dans cette
métrique. En effet, pour tout point Y appartenant à
Pour cela, on considère alors la nouvelle définition E (X ), on a :
suivante. 2
M ( X ) ( XY ) = 〈 XY , M ( X ) XY〉
Un maillage respecte le champ de tailles h si L’ensemble des points de E (X ) est appelé le cercle
toute arête du maillage a une longueur moyenne unité associé à la métrique M (X ). Si H (X) désigne
égale à la moyenne des tailles spécifiées sur de lieu géométrique des points respectant le champ
l’arête. Il nous reste à définir la longueur de tailles h ( X , d ) au point X, la métrique M (X) peut
moyenne d’une arête en présence d’un champ de être caractérisée comme étant celle dont le cercle
tailles. unité associé E (X ) a une surface maximale incluse
1
------------------ 0
h2 ( X )
M (X ) = 1 (3)
------------------
0 h2 ( X )
Si P est un sommet du maillage unité de Ω et PX internes seront bien placés par rapport aux entités
une arête issue de P, alors la relation suivante doit du maillage qui sont déjà construites (en l’occurrence
être vérifiée : des arêtes du maillage). De même, le noyau de
1 Delaunay permet d’établir des connexions plus ou
moins optimales entre ces points.
∫
t
PX M 2 ( P + t PX ) PX dt = 1 (5)
0
3.2.1 Stratégie de placement des points
internes
La méthode de génération comprend deux étapes :
la discrétisation en segments unité du contour Γ de Ω Une arête du maillage courant est considérée
et la génération du maillage unité de Ω à partir de la comme élément du front si elle sépare un triangle
discrétisation obtenue à l’étape précédente. unité d’un triangle non unité. Un soin particulier doit
être apporté pour remplir correctement le domaine.
Ainsi, un triangle non unité peut être considéré
3.1 Discrétisation unité de , comme unité. Le point optimal par rapport à une
la frontière du domaine arête du front est défini, du même côté que le trian-
On suppose que Γ, le contour du domaine, est gle non unité associé, de manière à former un trian-
défini à partir d’un modèle mathématique (analyti- gle unité avec le front. Soit fi une arête du front à
que). Cela veut dire que le contour Γ est constitué u
l’itération i séparant le triangle unité K i = ( f i , P i ) où
des segments courbes : u
P i est le sommet de Ki autre que les extrémités de
γi : t ∈ [ a i , b i ] → γ i ( t ) ∈ 2 de classe C 2 nu
fi du triangle non unité K i = ( f i , P i ) où Pi est le
Le problème de discrétisation se réduit alors à la nu
discrétisation d’un segment courbe : sommet de K i autre que les extrémités de fi . Le
Rappelons que la longueur de Ω en tenant en manière que le triangle ( f , P * ) soit unité. Si le point
i i
compte la structure riemannienne M2 est donnée
par : P*i est situé à une distance inférieure à un de Pi alors
1 nu
le triangle non unité K i est considéré comme unité
∫
t à la prochaine itération i + 1. Cela veut dire que le
M2 ( γ ) = γ ′ ( t ) M 2 ( γ ( t ) ) γ ′ ( t ) dt (6)
nu
triangle non unité K i est, malgré tout, formé et
0
que l’on ne peut pas faire mieux. Une variante de ce
Pour discrétiser γ en des segments de taille unité, procédé est de considérer tous les triangles non uni-
dans un premier temps on calcule l’entier n le plus tés s’appuyant sur des arêtes du front de l’itération i
proche de M2 ( γ ) (γ doit donc être discrétisé en n comme unités à l’itération i + 1. Évidemment, ces
triangles vont être pris en compte (dans la définition
segments), puis on détermine les valeurs réelles ti ,
du front de l’itération i + 1) s’ils ne sont pas modifiés
1 i n – 1 ( t 0 = a et t n = b ) de manière que : après insertion des points optimaux par rapport aux
arêtes du front de l’itération i. Par ailleurs, le point
ti + 1
M2 ( γ ) optimal P* est généré s’il appartient au domaine et
∫
t i
--------------------
- = γ ′ ( t ) M 2 ( γ ( t ) ) γ ′ ( t ) dt (7)
n s’il n’est pas trop proche (c’est-à-dire de distance
ti inférieure à une distance unité) d’un point déjà exis-
tant.
Enfin, la discrétisation de γ est constituée des seg-
ments droits γ (ti) γ (ti+1). Une description détaillée 3.2.2 Noyau de Delaunay généralisé
est donnée dans [20].
Le noyau de Delaunay [22] est une procédure clas-
3.2 Maillage unité du domaine sique permettant d’insérer un point dans un
maillage. Il est basé sur des critères de proximité liés
Le schéma global de génération du maillage unité aux métriques euclidiennes et consiste, dans un pre-
est classique : un maillage grossier (sans point mier temps, à trouver tous les éléments qui sont en
interne) du domaine est construit par une méthode conflit de proximité avec le point à insérer, puis à
classique de Delaunay, puis enrichi par des points détruire ces éléments et enfin à créer des nouveaux
internes et enfin optimisé. Les points internes sont éléments. Dans un cadre classique, le noyau de
définis de manière itérative. À chaque itération, un Delaunay peut s’écrire formellement comme [23]
ensemble d’arêtes du maillage courant, qui constitue [24] [25] [26] :
le front, est retenu et les points internes :
T = T – C (P ) + B (P ) (8)
— sont générés à partir du front de manière à for-
mer des triangles unités (possédant trois arêtes de avec C (P ) cavité associée au point P, ensemble
longueur unité), des triangles K dont le disque ouvert
— sont insérés dans le maillage courant en utili- circonscrit Disc (K ) contient P,
sant le noyau de Delaunay [21] appliqué dans un B (P ) remaillage de C (P ) s’appuyant sur P
contexte riemannien. en joignant P aux arêtes frontalières
Ce processus est répété tant que le maillage cou- de la cavité (T désignant le maillage
rant est modifié. En appliquant ce procédé, les points courant).
Une extension de cette approche consiste à redéfi- schéma consiste à appliquer itérativement des bas-
nir la cavité C (P ) dans un contexte riemannien [26]. cules d’arêtes suivies de bougés de points.
Pour cela, dans un premier temps, on définit la mesure
de Delaunay α M2 associée au couple (P, K ) par rap-
5. Exemples d’application
port à une métrique M2 :
en mécanique
OK P La méthode décrite est implémentée dans les
α M2 ( P, K ) = ---------------------
- (9) mailleurs BL2D-V2 [27] et BLSURF [28]. Pour mon-
rK
trer son efficacité, deux exemples d’application en
M2
mécanique sont considérés.
avec OK (resp. rK) centre (resp. rayon) du disque
circonscrit au triangle K, ■ Le premier concerne un écoulement trans-
sonique (à Mach 0,95 et Reynolds 5000) autour d’un
* indique que cette quantité est profil d’aile d’avion (Naca-0012) réalisé grâce au sol-
M2
évaluée dans l’espace euclidien veur Navier-Stokes NSC2KE [29]. Une configuration
caractérisé par la métrique M2 . de queue de poisson (Fish Tail ) est obtenue avec une
Puis, on remplace le critère usuel de proximité, instationnarité due à l’interaction entre le choc droit
P ∈ Disk (K ), par : et le sillage. La génération des maillages adaptés à la
physique de ce problème a permis la capture de phé-
α M2 ( P ) ( P, K ) + ∑ α M2 ( V ) ( P, K ) < 4 (10) nomènes de natures différentes comme les chocs,
V ∈K couches limites et sillages avec un nombre minimal
d’éléments de maillage et un temps de calcul opti-
où V parcourt les sommets de K. mal. Les figures 12 et 13 montrent des maillages et
On peut montrer que la cavité généralisée est étoi- des isodensités à l’itération initiale, à deux itérations
lée par rapport à P et que la triangulation B (P ) est intermédiaires, et à l’itération finale d’adaptation de
valide. maillage.
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