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III
Cet ouvrage fait par tie de
Opérations unitaires. Génie de la réaction
chimique
(Réf. Internet ti452)
composé de :
Industrialisation des procédés et usine du futur Réf. Internet : 42602
Opérations unitaires : tri et traitement des liquides et des Réf. Internet : 42446
solides
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Opérations unitaires. Génie de la réaction
chimique
(Réf. Internet ti452)
Jean-François JOLY
Ingénieur de l'École supérieure de chimie industrielle de Lyon, Ingénieur-
docteur de l'Université de Lyon, Directeur expert à l'IFP Énergies Nouvelles
Olivier POTIER
Responsable du Groupe Thématique de la Société Française de Génie des
Procédés (SFGP), Laboratoire Réactions et Génie des Procédés (CNRS UMR
7274, Université de Lorraine, Nancy), École Nationale Supérieure en Génie des
Systèmes et de l'Innovation (ENSGSI - Université de Lorraine)
Marie-Odile SIMONNOT
Professeur en Génie des procédés à l'Université de Lorraine (Nancy)
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
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VI
Procédés industriels de base en chimie et pétrochimie
(Réf. Internet 42329)
SOMMAIRE
Réf. Internet page
Fluorations J5670 51
Carbonylations J5780 67
Estériication J5800 69
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VII
Polycondensation des polyesters saturés J5850 95
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Gazéification du charbon
Y
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60
Capacité de gaz de synthèse (GW thermique)
50
40
30
20
10
0
Chimie Électricité Base Gaz
carburant (FT)
programmée
réelle
FT Fischer Tropsch
QP
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QT
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CO2
Claus Soufre
H2
Purif. PSA
Gaz Turbine
Électricité
à gaz
Fuel Gaz
Charbon Gazéifi- Fischer- GPL
Préparation Shift HDI Naphta
cation Trospch
Diesel
Cendres
ASU
O2
1.2 Principales réalisations industrielles qui produisent des carburants et des produits chimiques indirecte-
ment (figure 2).
Fischer et Tropsch FT ont publié leurs premiers résultats en Cet essor s’est poursuivi avec SASOL II et III dans les années
1923, et ont reçu le prix Nobel en 1932. Dans cette publication his- 1980 (environ 3 Mt/an) : près de 50 % des besoins nationaux en
torique, ils mettent en évidence les caractéristiques de base de carburants et produits variés (une centaine) étaient alors couverts
cette réaction catalysée : par ce procédé.
– les catalyseurs au Fe, Ni et Co sont les plus actifs. Le Co Suite aux deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, de nombreux
conduit aux paraffines et à l’eau comme sous-produit, le Fe plutôt travaux de R&D ont été entrepris tant dans des sociétés privées
aux oléfines et au CO2 comme sous-produit, le Ni conduit surtout que dans des instituts de recherches publics, pour développer des
au méthane ; catalyseurs et des technologies performantes. Ils n’ont pas abouti
– les conditions opératoires les plus favorables à la production à des réalisations industrielles, rattrapés par le contre-choc pétro-
de produits liquides sont : pression comprise entre 7 et 30 bar et lier de 1986. Seul SHELL a persévéré dans le développement de
température comprise entre 200 et 350 oC. son procédé SMDS (Shell Middle Distillate Synthesis) aboutissant
Suite à cette découverte, d’énormes travaux ont été réalisés en à la construction d’une unité industrielle de 0,4 Mt/an en Malaisie
Allemagne entre 1925 et 1945. La majorité des découvertes et des en 1993. Cette unité utilise uniquement des technologies mises au
mises au point (catalyseurs, conditions opératoires, réacteurs, pro- point par SHELL à partir d’une charge de gaz naturel :
duits) datent de cette époque. En effet, entre 1935 et 1945, les – oxydation partielle à l’oxygène pur ;
besoins en carburants et produits chimiques de l’économie de – synthèse FT, en lit fixe, sur catalyseur au cobalt, à basse tempéra-
guerre étant très grands, la synthèse FT permit d’obtenir une ture et moyenne pression, formant des paraffines – Traitement des
grande variété de produits de façon indépendante du pétrole, à paraffines pour produire des carburants, des solvants et des cires.
partir du charbon. Des unités industrielles voient le jour dès 1936, Une autre unité de production à partir du gaz naturel
utilisant un catalyseur au cobalt en lit fixe. Puis, en 1938, des cata- (MOSSGAS, issu de la collaboration avec STATOIL) a vu le jour en
lyseurs au fer sont mis en œuvre dans des unités de production. Afrique du Sud, à Mossel Bay, en 1992, basé sur une technologie
En 1939, on évalue à 450 kt/an la production de carburants et SASOL.
produits chimiques obtenus par cette voie. Compte tenu d’un Historiquement, la synthèse de Fischer-Tropsch a donc été utili-
accès difficile aux minerais de cobalt pendant la guerre, c’est le fer sée à la fois pour la production de carburants automobile (essences,
qui a été le plus largement utilisé. diesel) et kérosène et pour la production de produits chimiques (en
À la fin de la 2e guerre mondiale, le développement rapide et particulier alcools, oléfines et aromatiques). Aujourd’hui, l’accent
généralisé de l’industrie pétrolière n’a pas encouragé l’industriali- est plutôt mis sur la production des carburants (surtout diesel). De
sation du procédé FT dans les pays développés. Aux États-Unis, nouveaux projets sont annoncés en Chine.
seul le procédé Hydrocol, utilisant un catalyseur au fer en lit flui-
disé et un gaz de synthèse produit à partir de gaz naturel, a vu le
jour suite à des travaux menés au Texas dès 1945, mais l’unité 1.2.1 Description des procédés
industrielle n’a pas fonctionné au-delà de 1953. 1.2.1.1 Préparation de la charge
Ce n’est qu’en Afrique du Sud que les développements indus-
Le charbon éventuellement séché est broyé à la granulométrie
triels se sont poursuivis pour pallier l’absence de ressources pétro-
requise, puis il est introduit dans le gazéifieur soit :
lières liée à une situation d’embargo durant 40 ans. Ce pays a
cherché à tirer tous les bénéfices des développements réalisés en – par un système de trémies, par fluidification dans un gaz por-
Allemagne et aux États-Unis. Les premières unités industrielles ont teur, par des sas ou encore par des pompes spéciales (introduction
vu le jour, dès 1955 (SASOL I à Sasolburg, 0,3 Mt/an). Dans ces « sèche ») ;
unités, le gaz de synthèse est fabriqué à partir du charbon abon- – en phase liquide (ou slurry) mélangé à l’eau.
dant et bon marché, puis épuré (pour enlever surtout les traces de Les technologies de transport du charbon broyé sont décrites
soufre) et alimente des unités (lit fixe, lit fluide, catalyseur au fer) dans le dossier [J 5 200] Gazéification du charbon.
QU
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Syngas
N2
Brai
Atelier
Extraction Séparation Goudrons et huiles Créosote
BTX (benzène, toluène, xylènes)
(NH4)2SO4 Phénols Naphta
Rectisol
CO2 + H2S
Fischer-Trosch
Synthol
(lit fixe) Alcools Cétones
Reformage
H2O H2O
Atelier
Séparation Séparation
oxygénés
Huile C3-C4
Cires
QV
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés J 5 440 − 1
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J 5 440 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés
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Tableau 1 – Composition des gaz obtenus par gazéification de différentes charges d’hydrocarbures,
pour la production de 1 000 Nm3 de CO + H2
Charge ......................................... Gaz Naturel Naphta léger Fuel lourd Résidu sous vide Asphalte (5)
Propriétés de la charge :
● densité à 15
oC ......................... .................................. 0,67 0,97 1,04 1,09
● rapport massique H/C.............. 0,3 0,19 0,13 0,12 0,10
● soufre (% masse) ..................... .................................. 0,03 3,50 4,25 4,92
● cendres (% masse)................... .................................. .................................. 0,07 0,15 0,10
Température de préchauffage
de la charge ......................... (oC) 400 27 260 260 300
Rapport O2 /charge (1) ................ 1,1 1,24 1,05 1,01 0,98
Rapport valeur d’eau /charge .... 0,2 0,4 0,45 0,5 0,5
Naphta pour récupération
du carbone ............................ (kg) .................................. .................................. 0,8 0,8 0,8
Produits de gazéification
(40 oC, 56 bar) (2) :
● Composition (% vol. sec) :
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1. Généralités................................................................................................. J 5 460 - 2
1.1 Introduction.................................................................................................. — 2
1.2 Historique ..................................................................................................... — 2
2. Physico-chimie de la pyrolyse des hydrocarbures saturés .......... — 2
2.1 Considérations thermodynamiques........................................................... — 2
2.2 Schéma réactionnel simplifié ..................................................................... — 3
2.3 Caractéristiques cinétiques......................................................................... — 4
3. Étude des variables opératoires de la section de pyrolyse.......... — 5
3.1 Température de réaction ............................................................................. — 5
3.2 Temps de séjour........................................................................................... — 6
3.3 Pression partielle des hydrocarbures et rôle de la vapeur d’eau ............ — 6
3.4 Analyse de la notion de sévérité ................................................................ — 7
3.5 Taux de conversion...................................................................................... — 8
4. Influence de la nature de la charge sur les performances de
l’unité de vapocraquage......................................................................... — 8
4.1 Vapocraquage de l’éthane .......................................................................... — 8
4.2 Vapocraquage de naphta ............................................................................ — 8
4.3 Vapocraquage de gazoles ........................................................................... — 10
5. Mise en œuvre industrielle en four tubulaire .................................. — 10
5.1 Fours de pyrolyse ........................................................................................ — 10
5.1.1 Dimensionnement des tubes de pyrolyse ........................................ — 10
5.1.2 Conception et agencement des fours ............................................... — 12
5.2 Trempe.......................................................................................................... — 13
5.3 Cokage et durée de cycle ............................................................................ — 14
5.4 Fractionnement primaire ............................................................................ — 14
5.5 Train de séparation et de purification aval ................................................ — 15
5.5.1 Séparations ......................................................................................... — 15
5.5.2 Compression, désulfuration et séchage ........................................... — 15
5.6 Qualité des produits .................................................................................... — 15
6. Évolution technologique et contexte économique ........................ — 15
6.1 Évolution technologique ............................................................................. — 15
6.2 Contexte économique ................................................................................. — 16
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. J 5 460
p。イオエゥッョ@Z@ウ・ーエ・ュ「イ・@QYYU
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1. Généralités Depuis 1920, déjà, aux États-Unis, l’éthylène était obtenu par pyro-
lyse de l’éthane, constituant associé au méthane dans certains gaz
naturels. C’est en 1942 que la société British Celanese construisit la
1.1 Introduction première unité de craquage de gazole lourd qui fournissait l’éthylène
nécessaire à la synthèse ultérieure de l’éthanol et de l’acide acétique.
La production d’éthylène était d’environ 6 kt/an.
Le développement considérable de la pétrochimie, lié à la crois-
sance des industries productrices de matières plastiques, de fibres Dès 1950, trois complexes pétrochimiques importants traitant des
synthétiques, d’élastomères de synthèse, de détergents et de coupes pétrolières étaient construits, l’un par British Petroleum à
nombreux autres produits de la chimie organique, requiert chaque Grangemouth en Écosse, d’une capacité de 30 kt/an d’éthylène, le
année des quantités plus importantes de matières premières hydro- deuxième par Petrochemicals Ltd à Carrington dans le Lancashire,
carbonées. d’une capacité de 10 kt/an d’éthylène, enfin le troisième par ICI, à
Wilton dans le Cleverland, qui fournissait 30 kt/an d’éthylène.
Or, le gaz naturel et les fractions pétrolières obtenues par distilla-
tion, après le fractionnement primaire du brut, sont principalement Entre 1940 et 1950, la capacité moyenne des unités est passée
constitués d’hydrocarbures saturés, paraffines (alcanes) et naph- de 10 à 50 kt/an d’éthylène, mais c’est au cours de la décennie 1950-
tènes (cyclanes), dont la réactivité chimique est médiocre et qui ne 1960 que sont apparues les unités géantes produisant couramment
donnent lieu qu’à des transformations chimiques lentes et peu 300 kt/an d’éthylène à partir du naphta pétrochimique [2].
sélectives : ils ne permettent guère d’atteindre une grande diversité Actuellement, la capacité de production européenne d’éthylène est
de composés chimiques plus ou moins complexes. En revanche on de 25 Mt/an. La France, pour sa part, qui en 1953 avait monté son
peut, par vapocraquage, obtenir des hydrocarbures insaturés de premier vapocraqueur de 18 kt/an à Lavéra (Bouches-du-Rhône), a
nature aliphatique ou aromatique qui, en raison de leurs nombreuses atteint en 1983 une capacité de production de 3 Mt/an, inchangée
possibilités réactionnelles, présentent sur le plan de la synthèse depuis.
organique une souplesse d’emploi remarquable (voir Tableau synop-
tique. Pétrochimie [J 6 015] dans le présent traité).
L’acétylène, qui a été pendant de longues années l’hydrocarbure
de base le plus utilisé en chimie aliphatique, a été progressivement 2. Physico-chimie
remplacé, en raison de son coût de production élevé, par l’éthylène,
le propylène ou le butadiène, selon les synthèses envisagées de la pyrolyse
(cf. tableau A en [Doc. J 5 460]). Actuellement, l’éthylène conserve
toujours son avantage économique par rapport à l’acétylène issu du des hydrocarbures saturés
gaz naturel ou du charbon.
2.1 Considérations thermodynamiques
1.2 Historique Sur le plan thermodynamique [1], les hydrocarbures insaturés
recherchés n’apparaissent stables par rapport aux hydrocarbures
Initialement, vers 1930 et durant la Seconde Guerre mondiale, saturés qui leur donnent naissance qu’à des températures relati-
l’éthylène était produit par liquéfaction et fractionnement des gaz vement élevées (> 350 oC). Ce fait est illustré par la figure 1 qui tra-
de fours à coke, par déshydratation de l’alcool éthylique et même duit la variation, en fonction de la température T (en kelvins), de
par hydrogénation partielle de l’acétylène. À mesure que la demande o
en éthylène se faisait plus importante, on s’est tourné de manière l’énergie libre de formation ∆G form rapportée à un atome de car-
croissante, pour sa fabrication, vers la pyrolyse des fractions pétro- bone, pour quelques composés hydrocarbonés caractéristiques.
lières (gaz légers, naphta pétrochimique). Pour une température donnée, un hydrocarbure est :
— instable vis-à-vis de ses éléments constitutifs (C + H2) et de tous
Naphta pétrochimique est le nom donné à des coupes pétro- les hydrocarbures dont le point représentatif demeure situé
lières dont l’intervalle de distillation se situe entre 35 et 200 oC au-dessous du sien propre (puisque sa formation à partir de ces
environ. derniers nécessite alors un apport d’énergie) ;
— stable dans le cas contraire.
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J 5 460 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés
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J 5 460 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés
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RU
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Après leur démarrage dans les années 1980, ces procédés de conversion
sont devenus marginaux, mais connaissent depuis quelques années un regain
d’intérêt, soit dans des contextes géographiques particuliers (Chine, Inde dans
les années à venir), soit du fait de la raréfaction des débouchés futurs des
résidus pétroliers (fuels à très haute teneur en soufre, coke de pétrole...).
La production de gaz de synthèse par oxydation partielle des fuels lourds et
par gazéification du charbon fait l’objet des dossiers [J 5 440] et [J 5 200].
1. Présentation et contexte
Vapo- Conversion
Dans la fabrication du gaz de synthèse, on opère donc la trans- Purification Purification
reformage du CO
formation de C et/ou CnHm en CO, CO2 , H2 avec parfois addition
de N2 , l’oxygène étant apporté soit directement, soit par la vapeur
d’eau ou l’air. En termes d’utilisation du gaz de synthèse, on
distingue essentiellement :
– H2 purifié qui est le composant essentiel de toutes les
réactions d’hydrogénation ;
– le mélange CO + CO2 + H2 qui est à l’origine de la synthèse du
méthanol ;
– CO seul qui conduit aux réactions de carbonylation ;
– le mélange CO + H2 qui est la base des synthèses oxo et des Gaz Hydrogène
synthèses Fischer-Tropsch (Gas-to-Liquid ) ; naturel
– H2 et N2, débarrassés de tous les composés oxygénés, qui per- a production d’hydrogène par vaporeformage
mettent la synthèse de l’ammoniac, base essentielle de la chimie
de l’acide nitrique et des engrais azotés.
L’objet du présent dossier est l’étude des différentes opérations
de production et de traitement des gaz de synthèse par la voie du Vapo- Synthèse de
Purification Distillation
reformage, sachant toutefois que certaines unités de ce traitement reformage méthanol
s’appliquent aussi aux installations produisant du gaz de synthèse
par oxydation partielle de fuel lourd ou par gazéification de char-
bon. C’est le cas des unités de conversion et de décarbonatation.
Les trois schémas de la figure 1 présentent de manière synthé-
tique les chaînes de production d’hydrogène, de méthanol et
d’ammoniac à partir de gaz naturel.
Les développements récents des unités de production et de
conversion de gaz de synthèse ont essentiellement porté sur l’aug-
mentation des capacités unitaires. Gaz Méthanol
Le développement de nouvelles générations de catalyseurs, de naturel
métallurgies (en particulier pour les tubes catalytiques des fours b production de méthanol par vaporeformage
de vaporeformage) et l’introduction de technologies telles que le
reformage secondaire à l’oxygène ont facilité cette tendance à
l’augmentation des capacités unitaires.
Conversion Décarbo-
Méthanation
Les unités de grande taille atteignent aujourd’hui du CO natation
220 000 Nm3/h pour les unités d’hydrogène, 5 000 t/jour et
3 000 t/jour respectivement pour les unités de méthanol et Reformage Synthèse
d’ammoniac. Air
secondaire d’ammoniac
RV
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jUTXP
Les teneurs en impuretés des gaz sont exprimées en partie La désulfuration finale est constituée le plus souvent d’un pre-
par million (ppm), soit 10–6, en volume (sauf indications mier réacteur d’hydrogénation, suivi de deux réacteurs d’absorp-
contraires). tion de H2S (cf. figure 2 la configuration la plus fréquente).
RW
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2.2.2 Fixation du sulfure de dihydrogène Jusque vers les années 1950, seuls les hydrocarbures légers
étaient traités et ce, à basse pression.
Elle se faisait autrefois par adsorption et nous citerons pour La décennie 1950 vit apparaître le reformage de gaz sous
mémoire le charbon actif (additionné d’un promoteur chimique : pression.
CuO). Ce charbon actif n’avait qu’une faible capacité d’adsorption ;
aussi a-t-il été remplacé presque partout par l’oxyde de zinc avec Au cours de la décennie 1960 se développèrent les installations
une hydrogénation préalable du gaz. de reformage des hydrocarbures supérieurs, notamment les
hydrocarbures liquides : ce fut la grande période des unités de
La réaction de fixation de l’H2S peut s’effectuer à des tempéra- production d’ammoniac (1 000 t/j) utilisant les naphtas ou les
tures comprises entre 200 et 400 oC. La teneur en soufre à satu- essences légères comme matières premières.
ration dépend de la température et peut atteindre 20 à 35 kg pour
100 kg de ZnO. Les absorbants commerciaux se composent Les années 1970 virent le déclin du reformage du naphta rem-
aujourd’hui de plus de 90 % en masse de ZnO. La teneur en soufre placé progressivement par le gaz naturel de plus en plus abondant
du gaz et la durée de vie escomptée définissent la quantité de ZnO et moins onéreux.
mise en œuvre. De trop fortes teneurs en soufre conduiraient à des La quasi-totalité des unités d’ammoniac et d’hydrogène utilisant
volumes trop importants. On estime raisonnable de ne pas traiter, le reformage et construites dans le monde depuis lors est alimen-
dans ce genre d’installation, des gaz contenant plus de 100 ppm tée en gaz naturel. Bien entendu, la raison majeure de cette évo-
volume de soufre. lution est le coût de la matière première, la simplification du
reformage et de meilleures performances énergétiques.
Exemple Dans les années 1990, la plus grosse unité d’ammoniac attei-
Pour un atelier d’ammoniac de 2 000 t/j utilisant environ gnait 1 800 tonnes par jour ; puis, dans les années 2000, la taille
55 000 Nm3/h de gaz contenant 30 mg de soufre par Nm3 de gaz, la standard des unités d’ammoniac atteignait 2 000 tonnes par jour.
quantité d’oxyde de zinc mise en œuvre pour une durée de vie de Des unités de 3 000 tonnes par jour ont été construites avec le pro-
1 an est de 35 m3 environ. cédé Krupp Uhde (Dual Pressure Concept ) de synthèse d’ammo-
niac, et sont aujourd’hui les plus grandes unités d’ammoniac en
opération.
Une augmentation similaire de la capacité unitaire des unités de
On rappelle qu’un normomètre cube de gaz (1 Nm3) corres- production d’hydrogène et de méthanol a vu le jour. Actuellement,
pond à un mètre cube de gaz mesuré dans les conditions nor- les unités d’hydrogène atteignent couramment 100 000 Nm3/h, les
males de pression (1,013 bar soit 1,013 × 105 Pa) et de unités les plus importantes pouvant atteindre 200 000 Nm3/h. La
température (0 oC). taille de la section de vaporeformage est l’élément limitant l’aug-
mentation des capacités unitaires, ce qui a amené la mise en
œuvre de réacteurs de préreformage ou d’échangeurs-réacteurs.
2.2.3 Mise en œuvre industrielle Les unités de production de méthanol ont aujourd’hui des capa-
La mise en œuvre des catalyseurs d’hydrogénation et du réactif cités unitaires de 3 000 à 5 000 t par jour, suivant qu’elles mettent
d’absorption de H2S est assez simple. Le catalyseur est disposé en en œuvre un reformage secondaire à l’oxygène ou non.
un ou deux lits dans des réacteurs cylindriques verticaux.
Compte tenu des conditions de température et de la pression 2.3.2 Thermodynamique et cinétique
partielle d’hydrogène, les réacteurs d’hydrogénation et d’absorp- de la réaction
tion sont généralement construits en acier légèrement allié
contenant 1,25 % en masse de chrome et 0,5 % en masse de moly- 2.3.2.1 Principales réactions observées
bdène. Le gaz naturel et les hydrocarbures légers après désulfuration
Deux réacteurs d’adsorption à l’oxyde de zinc (figure 2) sont sont transformés en gaz de synthèse par vaporeformage.
généralement installés en série, le second assurant ainsi une garde Pour le méthane, constituant principal du gaz naturel, la réaction
à soufre complémentaire, mais peuvent également être utilisés en principale de reformage à la vapeur SMR (Steam Methane
parallèle. Reforming ) correspond à l’oxydation catalytique suivante :
En situation normale, les températures optimales vont de 350 à
400 oC. Il est recommandé de ne pas utiliser une température plus CH4 + H2O ⇔ CO + 3H2 , ∆H 760o C = 226 kJ/mol (1)
élevée que nécessaire. Les pressions opératoires vont couram-
ment de 20 à 45 bar (2 à 4,5 MPa). Il est nécessaire de veiller à ce Cette équation se généralise aux hydrocarbures légers sous la
qu’il y ait toujours un excès d’hydrogène recyclé. forme :
RX
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jUTXR
e gaz naturel est une énergie d’utilisation souple, offrant des réserves
L abondantes et émettant moins de CO2 que le pétrole pour une même
quantité d’énergie dégagée. À ce titre, il joue un rôle important dans la tran-
sition énergétique en attendant le déploiement de nouvelles énergies à
contenu moindre en carbone. Le gaz naturel permet d’aider à répondre à
l’accroissement de la demande énergétique mondiale, tout en répondant aux
besoins de respect de l’environnement.
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Le marché du gaz naturel est en croissance, avec une prévision d’une aug-
mentation de la demande en gaz de 1,6 % pour le gaz naturel et de 3 % pour le
gaz naturel liquéfié. Afin de répondre à cette demande, à un horizon 2035, les
capacités de traitement à installer constituent un enjeu majeur pour les opéra-
teurs gaziers et pour les fournisseurs de technologies.
La chaîne de traitement du gaz naturel, depuis la tête de puits jusqu’à une
utilisation commerciale, comporte plusieurs étapes successives qui vont
dépendre de la nature du gaz (composition H2S, CO2 , COS, mercaptans, hydro-
carbures lourds, aromatiques...), des conditions de disponibilité (température,
pression, débit), de l’application visée (gaz naturel liquéfié ou non) et des spé-
cifications imposées, du fait de l’application visée mais aussi variables selon
les pays. Le choix des technologies est donc dépendant de critères techniques
mais aussi de critères économiques.
L’objectif de la chaîne de traitement du gaz est de :
– désacidifier le gaz brut (élimination du CO2 et de l’H2S) afin de répondre
aux spécifications requises pour une utilisation, mais aussi afin de pouvoir
transporter le gaz ou le liquéfier ;
RY
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jUTXR
– éliminer les composés soufrés tels que les mercaptans, le sulfure de car-
bonyle (COS) ou le disulfure de carbone (CS2) qui sont présents en faibles
teneurs mais contribuent à la teneur en soufre total dans le gaz ;
– déshydrater le gaz ;
– dégasoliner le gaz traité afin de récupérer les hydrocarbures liquides
valorisables ;
– traiter le gaz acide issu de l’étape de désacidification par une chaîne de
production du soufre permettant de minimiser les rejets de gaz soufrés à
l’atmosphère (H2S, SO2).
Cet article présente une revue des technologies existantes pour réaliser les
différentes étapes nécessaires dans la chaîne de traitement du gaz naturel. Les
procédés de liquéfaction ne sont pas abordés dans ce dossier.
1. Présentation et contexte
nt
ie
pe
ue
e
CE
tin
or
an
rie
ro
iq
La production mondiale de gaz naturel est en constante aug-
N
La
cé
fr
-O
Eu
du
A
O
ue
mentation avec à ce jour une prévision moyenne de croissance de
en
e-
ue
iq
oy
si
+ 1,6 %/an pour le gaz naturel et de + 3 %/an pour le gaz naturel
ér
iq
A
M
m
ér
A
m
A
SP
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jUTXR
Europe/Eurasie
34,9 %
Amérique Nord
5,7 %
Asie/Pacifique
8,4 %
Moyen-Orient
Afrique 40,0 %
7,2 %
450 140
400 120
350 100
300 80
Gaz (bcm)
Gaz (bcm)
250 133
60
200 399
342 40
320 69
150 310
242 243 20 32 24 23 7 6
100 183
16 13 13
160 0
127 A ie e a e ie e e he ie
50 US ss a in ad gn Ital nc in
ric gr
Ch
90
kr n a a
Ru Ca m Fr t
Ho
n
0 U le Au
Al
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2014
Figure 3 – Évolution de la capacité de production mondiale de gaz par année et capacités de production des 10 plus gros pays producteurs
SQ
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Asie/Océanie Autres
22 3 Asie/Océanie Autres
4% 2%
CEI 50
Europe 26 %
Figure 4 – Répartition des installations de production de gaz et pourcentage de capacités par zones géographiques
2,0
1.3 Composition, contaminants 1,5
et spécifications 1,0
La composition des gaz en tête de puits est très variable, selon 0,5
sa localisation géographique. La figure 5 présente des valeurs
0,0
moyennes des teneurs en H2S et CO2 selon les zones géogra-
phiques. Moyen CEI Afrique Asie Am. Am. Europe Océanie
Orient Lat. Nord
Il s’agit de valeurs moyennes mais on peut observer également
une grande disparité au sein d’une même zone géographique. H2S moyenne % molaire
CO2 moyenne % molaire
Exemple : à l’ouest de la Sibérie, les gaz acides comportent du
CO2 dans des teneurs variant de 0,5 à 2 %vol, tandis que dans la mer
Caspienne, on observe des gaz comportant jusqu’à 20 %vol de CO2 Figure 5 – Valeurs moyennes des teneurs en H2S et CO2 des champs
et 20 %vol d’H2S. de gaz selon la zone géographique
SR
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SS
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Poche Gaz ou
Gaz non associé
Gaz associé
Huile Eau Eau
Eau
Gaz naturel
vers pipe ou liquéfaction
C2
Gaz désacidifié Extraction C3 Déshydratation
Déshydratation
GNL C4 Purifications
C5+
Gaz acide
CO2
Enrichissement
H2S
Rejet à l'atmosphère
Traitement de Gaz aux spécifications
Claus Incinération
gaz de queue
Étape 1 de désacidification, prétraitement des gaz très acides : gies mises en œuvre lors de cette étape (bulk removal) sont le plus
elle consiste à abaisser les teneurs en CO2 et/ou H2S, de telle souvent des procédés cryogéniques ou membranaires. La descrip-
manière à pouvoir soulager la désacidification principale et per- tion de ces procédés est détaillée dans les paragraphes 3.5 et 3.6.
mettre d’amener le gaz aux spécifications à des coûts moindres
(étape optionnelle, qui concerne les gaz bruts comportant des Étape 2 de désacidification : elle vise à éliminer le CO2 et l’H2S
teneurs supérieures à 20-30 % de CO2 ou d’H2S, cette limite étant dans le respect des spécifications requises. Le choix de la techno-
variable et dépendante du choix des technologies, des logie, à cette étape de désacidification, va principalement
contaminants et résultant d’un calcul économique). Les technolo- dépendre des teneurs en gaz acides et des contaminants, certains
ST
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jUUPP
SU
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oléfines très élevées sont exigées. De la même façon, ces composés insaturés,
précurseurs de gommes, doivent également être éliminés des coupes essences
pour assurer leur stabilité.
Les hydrogénations sélectives pour la production des oléfines sans hydrogé-
nation supplémentaire conduisant à la formation des alcanes et/ou à la
hydrogénation du cycle aromatique des différents composés de la coupe
essence, sont des réactions d’intérêt car elles permettent de valoriser au
maximum les coupes pétrolières traitées.
Les caractéristiques de ces réactions d’hydrogénation sont présentées dans
ce dossier : thermodynamique, cinétique, catalyseurs et procédés. Les hydro-
génations propres à la purification des différentes coupes pétrolières sont
ensuite décrites en fonction de leur type (sélective, partielle ou totale).
Comme il est d’usage dans la profession, les compositions indiquées sont,
sauf indication contraire, des valeurs massiques.
SV
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SW
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SX
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Le choix d’un système adapté d’élimination de l’énergie 1.5 Utilisations dans l’industrie
thermique permet d’éviter les points chauds dangereux et généra-
teurs de réactions parasites. À l’exception des coupes les plus L’hydrogénation des hydrocarbures répond à de nombreux
légères, les réacteurs fonctionnent avec les réactifs en phase objectifs qui sont résumés dans les paragraphes suivants.
liquide, elle même au contact du catalyseur. Cela permet une
meilleure efficacité thermique pour évacuer les calories produites
par la réaction dans le grain de catalyseur. L’excès d’enthalpie est 1.5.1 Provenance des charges à hydrogéner,
ainsi transféré à l’écoulement liquide et est ensuite évacué : type d’hydrogénation à effectuer
– soit par circulation de l’effluent au travers d’un échangeur en fonction de l’application des produits
externe au réacteur. La phase liquide de cet effluent refroidi est
ensuite réinjectée en entrée du réacteur en mélange avec la charge Le tableau 7 résume les principales provenances des différentes
non hydrogénée. Cela permet une dilution thermique de l’enthal- charges à hydrogéner, quel type d’hydrogénation doit être
pie de réaction dans la phase liquide au sein du réacteur et limite appliqué (totale, sélective) en fonction du type de l’application des
ainsi les gradients thermiques dans le réacteur ; produits formés.
– soit par circulation d’un fluide caloporteur dans des tubes en
contact avec les tubes contenant le catalyseur et la charge. Il s’agit
dans ce cas d’un réacteur échangeur multitubulaire ;
– soit par circulation d’un fluide caloporteur dans des sections 1.5.2 Spécifications recherchées dans les charges
d’échangeurs situées entre deux lits catalytiques. Il s’agit dans ce traitées pour la production d’intermédiaires
cas d’un réacteur échangeur à multilits adiabatiques. Ce type de pour la pétrochimie
réacteur est pour l’instant réservé à des réacteurs de petites capa-
Pour les applications ultérieures des charges hydrogénées en
cités et est issu du développement d’échangeurs à plaques multi-
pétrochimie, il faut fournir des produits sélectivement hydrogénés ou
fonctionnels.
totalement hydrogénés dans lesquels les hydrocarbures insaturés
La rapidité de la réaction implique un dimensionnement du réac- indésirables sont presque totalement éliminés, de manière à satis-
teur tel que la vitesse globale de transformation ne soit contrôlée, faire les exigences sévères des transformations chimiques ultérieu-
dans la mesure du possible, que par la cinétique chimique. Ainsi, res. Le tableau 8 rassemble les exemples principaux de ces
le transfert de matière externe au catalyseur ne doit pas influer sur hydrogénations avec les puretés exigées (spécifications) par rapport
le flux global de réaction. Pour cela, les flux de transferts de à l’hydrocarbure insaturé à hydrogéner. Ces exigences sont très gran-
matière gaz/liquide et/ou liquide/solide doivent être suffisamment des puisqu’il faut descendre généralement au-dessous de 20 ppm.
élevés dans le lit catalytique.
SY
TP
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TQ
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1. Thermodynamique
de l’hydratation
L’hydratation des oléfines appartient au groupe classique des réac-
tions équilibrées exothermiques, c’est-à-dire avec diminution
d’entropie. Elle s’effectue par ailleurs avec diminution du nombre
de molécules. La formation d’alcool par hydratation directe nécessite
donc d’effectuer la réaction à la plus basse température compatible
avec les impératifs cinétiques, conditionnés par l’activité du cataly-
seur et à la pression la plus élevée possible lorsque l’on opère en
phase gazeuse.
Les conditions de conversion maximale dépendent en fait des
stabilités relatives des alcools et des oléfines. Les constantes d’équi-
libre, exprimées en termes d’activité, et leur variation avec la tempé-
rature, peuvent être calculées à partir des entropies et des enthalpies
de formation en phase vapeur des constituants de l’équilibre, dispo-
nibles dans la littérature [1]. Les chaleurs de réaction ∆H o qui se
situent entre – 39 et – 54 kJ/mol à 298,15 K et les variations avec la
o
température (en kelvins) de la constante d’équilibre K T en phase
vapeur sont données pour les différents alcools dans le tableau 1
et représentées sur la figure 1. Il apparaît que la formation d’alcool
n’est favorisée qu’à basse température puisque, pour obtenir des
constantes d’équilibre proches de 1, la réaction devrait être effectuée
à des températures inférieures à 100 oC. Si l’on ne dispose que de
catalyseurs actifs à haute température, les taux de conversion de
l’oléfine sont alors relativement faibles. (0)
o o A
∆H 298,15 lg K T = ----- – B
Alcool Oléfine T
produit de départ
A B
(J · mol–1) (K)
Éthanol.............. Éthylène – 45 120 2 358 6,551
Propanol-2 ........ Propylène – 50 196 2 623 7,594
Alcool tert-
butylique........... Isobutène – 53 740 2 809 8,163
Butanol-2 .......... Butène-1 – 50 522 2 641 7,190
Butanol-2 .......... Butène-2 cis – 44 075 2 304 6,825
Butanol-2 .......... Butène-2 trans – 39 890 2 085 6,597
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Chloration et oxychloration
des composés aliphatiques
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Chloration et oxychloration
des composés aromatiques
Mise à jour du texte de Pierre BOUVET (PCUK) paru en 1982 dans ce traité.
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1. Mécanismes réactionnels Le mécanisme est aussi de type radicalaire en chaîne, amorcé par
un initiateur chimique ou photochimique, comme pour la substitu-
de chloration tion sur la chaîne latérale du toluène [2].
Cependant, en raison de sa toxicité vis-à-vis de l’environnement,
le lindane, qui est un insecticide puissant, tend à être de moins en
1.1 La réaction de chloration directe moins utilisé.
1.1.1 Mécanisme général [1] 1.1.2 Orientation selon les conditions opératoires
1.1.1.1 Substitution sur le noyau aromatique
Selon les conditions opératoires, la chloration directe peut être
La réaction peut s’écrire : orientée soit sur le noyau, soit sur les chaînes latérales. Lorsqu’elle
se fait sur le noyau, elle est orientée comme les autres substitutions
Ar Ð H + Cl 2 ® Ar Ð Cl + HCl électrophiles en fonction des groupes déjà présents.
avec Ar radical aryle Les facteurs déterminants sont :
Cette réaction peut être interprétée comme une substitution élec- — la température ;
trophile selon le mécanisme représenté sur la figure 1. — les radiations lumineuses ou les promoteurs ;
+ — la présence ou l’absence de catalyseurs.
L’ion Cl provient du clivage hétérolytique d’une molécule de
Ces différents facteurs déterminent la forme de clivage de la
chlore sous l’effet de catalyseurs tels que les acides de Lewis (accep- molécule de chlore en ions ou en radicaux libres :
teurs de doublets électroniques) par exemple avec le chlorure d’alu-
— forme Cl permettant l’attaque électrophile du noyau (en pré-
+
minium :
sence de catalyseurs) ;
AlCl 3 + Cl 2 ® AlCl 4Ð .... Cl +
— forme Cl (chlore atomique actif ) permettant soit l’addition
sur les doubles liaisons du cycle, soit la substitution en chaîne laté-
1.1.1.2 Substitution sur les chaînes latérales rale en l’absence totale de métaux tels que Fe, Sb, Al et de leurs
Ar CH3 + Cl2 Ar CH2Cl + HCl combinaisons (à titre indicatif : 0,003 % de fer favorise la chloration
du toluène sur le noyau).
Ar CH2Cl + Cl2 Ar CHCl2 + HCl
Ar CHCl2 + Cl2 Ar CCl3 + HCl
+ +
H Cl H H Cl Cl
Cl H
H H H H H
+ + +
+ Cl + H
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jUVSP
Mise à jour du texte de Jean ANDRIOLY et Daniel PILLET (PCUK), paru en 1982 dans ce traité.
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TY
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jUVSP
Les chlorations directes des métaux concernent principalement Al, Fe, Ti, Sb
pour obtenir les chlorures anhydres correspondants. Les carbochlorations des
oxydes se limitent industriellement à celles du rutile pour l’obtention du TiO2
via TiCl4 , du zircon pour l’obtention de Zr via ZrCl4 et de l’alumine pour l’obten-
tion de AlCl3 . Dans les années 1975-1985, la carbochloration des oxydes, en par-
ticulier kaolin et alumine, a été beaucoup étudiée surtout aux États-Unis. L’idée
était d’utiliser l’électrolyse de AlCl3 pour obtenir l’aluminium, voie permettant
d’économiser de l’énergie tout en évitant de dépendre des pays fournisseurs de
bauxite. Les conditions économiques ayant évolué et probablement devant les
difficultés d’extrapolation à grande échelle de ce procédé, celui-ci n’a pas été
industrialisé.
Certains chlorures métalliques sont recherchés en tant que tels L’application à la fabrication des chlorures métalliques de la
à cause de leurs propriétés catalytiques. Il s’agit essentiellement du formule de Gibbs-Helmholtz :
chlorure d’aluminium, du chlorure ferrique ainsi que du chlorure ∆G = ∆H – T∆S
d’antimoine.
avec ∆G enthalpie libre ou énergie libre de réaction,
On procède en général par chloration directe, c’est-à-dire que l’on
fait agir le chlore gazeux sur le métal en morceaux ou liquide. C’est ∆H enthalpie de réaction,
le cas pour l’aluminium, dont la fusion est provoquée par l’exo- ∆S entropie de réaction,
thermicité de la réaction. T température absolue (en K)
démontre qu’à toute température T la chloration d’un métal est exo-
thermique. En effet, ∆HT est négatif et la variation d’entropie ∆ST
1.1 Aspect thermodynamique est généralement positive car les chlorures obtenus sont le plus
souvent fondus ou gazeux (la règle empirique de Pictet-Trouton [4]
[5] prévoit environ 92 kJ/K pour la production d’une mole de gaz),
Nota : les notions de base théoriques sont exposées en détail dans les articles Thermo- ce qui entraîne une forte augmentation d’entropie.
dynamique chimique de ce traité. Le lecteur s’y reportera avec profit ainsi qu’aux
ouvrages [1] [2]. Ces prévisions peuvent être faites facilement à l’aide d’une repré-
La réaction du chlore sur un métal est très fortement exother- sentation graphique de la relation de Gibbs-Helmholtz que l’on
mique. On parle d’ailleurs de combustion dans le chlore et beaucoup appelle diagramme d’Ellingham. Ayant remarqué que ∆H et ∆S
ont vu sans doute l’expérience classique qui consiste à plonger dans variaient très peu avec la température, Ellingham [3] a pu, avec une
un récipient rempli de chlore un fil de fer chauffé au rouge. La approximation suffisante pour la pratique, linéariser la fonction :
o o
réaction très vive s’entretient d’elle-même. ∆ G T = ∆ H T – T ∆S T
Cette exothermicité de réaction est, comme pour la combustion
et la formation des oxydes, liée au caractère électropositif du métal. avec la seule variable T, l’exposant o signifiant l’état de référence
Elle est très élevée pour les alcalins K, Na, Li et les alcalino-terreux standard.
Ba, Ca, Mg, ainsi que pour Al. La figure 1 présente les courbes d’enthalpie libre de formation des
chlorures. Les changements de pente des différents segments de
À titre d’exemple, on peut comparer les réactions :
droite proviennent évidemment des variations d’entropie ∆S résul-
2 Al + 3/2 O2 → Al2O3 tant d’un changement d’état physique des corps (réactifs ou pro-
duits) comme la fusion ou la volatilisation [6].
et
2 Al + 3 Cl2 → Al2Cl6
Avec la convention habituelle de prendre pour valeur de référence à
l’état standard (indice o) l’enthalpie des éléments à 25 oC (298 K), les
enthalpies de formation sont :
— pour Al2O3 ∆H o = 1 675 (± 6) kJ/mol ;
— pour Al2Cl6 ∆H o = 1 276 (± 10) kJ/mol.
On conçoit qu’un réacteur sensiblement adiabatique conduise à la
fusion de l’aluminium.
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Fluorations
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FLUORATIONS _________________________________________________________________________________________________________________________
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e procédé d’alkylation des oléfines par les paraffines a été développé dans
L les années 1930 et a connu un grand essor au début de la seconde guerre
mondiale pour produire des carburants aviation à hauts indices d’octane. Plus
récemment, la demande croissante en essence ainsi que la reformulation des
p。イオエゥッョ@Z@ウ・ーエ・ュ「イ・@RPPY@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPQV
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Cela s’explique par le fait que l’ion carbonium obtenu est alors butènes-2 > butène-1 > isobutène
tertiaire.
Le tableau 4 montre en effet, qu’en présence d’acide sulfurique,
Il conduit néanmoins aux autres structures isomères par réarran- l’isobutène conduit à des réactions secondaires importantes et que
gements intramoléculaires, lesquels sont plus rapides que le trans- l’indice d’octane de l’alkylat est alors plus bas que celui obtenu
fert d’hydrure qui est l’étape limitative. Les valeurs des nombres avec des n-butènes :
d’octane recherche (NOR) et moteur (NOM) indiquent que ces réar-
rangements sont souhaitables vers les triméthylpentanes et non
vers les diméthylhexanes possédant des indices d’octane beau- NOR = 93,
2comparé à 97,8.
coup plus faibles.
Les butènes se différencient également par l’importance des Cette constatation milite en faveur de la transformation de l’iso-
réactions secondaires conduisant à un mélange de paraffines plus butène préférentiellement en méthyl tert-butyléther (MTBE) avant
légères et plus lourdes que les isooctanes, comme l’indique le l’alkylation. Le nombre d’octane recherche (NOR) du MTBE est
tableau 3. Ces réactions secondaires se produisent d’autant plus égal à 118.
rapidement que la température de réaction est plus élevée. L’iso-
butène donne une quantité de sous-produits plus importante que Pour les butènes, le rendement en alkylat est compris entre 204
les n-butènes. et 208 parties en masse d’alkylats pour 100 parties de butènes.
UU
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UW
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1. Présentation générale Sur le plan industriel, ces réactions ont une grande importance
dans :
de l’alkylation — l’industrie des matières plastiques : l’addition d’éthylène
au benzène permet la production d’éthylbenzène à partir duquel
est assurée la totalité de la production de styrène, et donc des poly-
1.1 Définition de l’alkylation styrènes et des caoutchoucs qui en contiennent, et des ABS ;
— l’industrie chimique en général : l’addition de propylène au
L’alkylation est la fixation d’un ou plusieurs radicaux aliphatiques, benzène conduit au cumène dont l’hydroperoxyde est utilisé pour
c’est-à-dire saturés (alkyle), dans une molécule ou sur un atome. produire le phénol et l’acétone ;
— l’industrie des détergents : les alkylats obtenus par action
Dans le cas le plus simple, cette fixation est la conséquence de
du benzène sur des hydrocarbures ou un mélange d’hydrocarbures
la réaction d’addition d’un alcène sur un hydrocarbure saturé :
voisins des dodécènes conduisent, après sulfonation (cf. article
cas de la réaction de l’éthylène sur le benzène ; il se forme de
l’éthyl-benzène puis, la réaction se répétant, des di-, tri-, jusqu’aux Sulfonation et sulfatation [J 5 740]), à des composés ayant des
hexaéthylbenzènes. propriétés tensioactives.
Dans cette réaction, l’alcène peut être remplacé par un composé
organique susceptible de libérer un radical alkyle dans le milieu À titre indicatif, on estime qu’en 1994, 72 % du benzène
réactionnel : un alcool, un halogénure d’alkyle, un ester, un éther, consommé dans le monde, environ 17 Mt/an, était transformé
un alcane, etc. par alkylation.
Exemple :
1.2 Importance des réactions d’alkylation Cette réaction est exothermique : ∆H ≈ – 473 kJ/mol.
des composés aromatiques Elle ne s’arrête pas à ce stade, mais se poursuit par la fixation
d’autres chaînes latérales suivant le schéma :
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UX
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VP
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Mise à jour du texte de Pierre BOUVET (PCUK) paru en 1982 dans ce traité.
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VQ
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1. Présentation générale Ar H
Ar Cl Ar NO
Quelques produits finis, possédant la fonction nitro, ainsi que Les flèches en tiretés indiquent des réactions de moindre importance.
leurs applications sont présentés sur la figure 2. La figure 3 réperto- Ar radical aryle : radical dérivé d'un noyau aromatique par élimination d'un
rie quelques grands produits finis non nitrés mais issus d’un produit atome d'hydrogène, par exemple C6H5 phényle et C10H7 naphtyle.
nitré.
CO2H
HO
2.1 Nitration électrophile aromatique : jaune alizarine R N colorant
mécanisme général N
OH NO2
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C C + C O + H 2 C C
H C H O
Les deux métaux les plus efficaces pour catalyser cette réaction sont le cobalt
et le rhodium. Les formes actives de ces deux métaux sous formes d’hydrures
carbonylés sont solubles dans le milieu réactionnel, ce qui confère à l’hydrofor-
mylation le caractère d’une réaction catalytique homogène.
À partir, principalement, des oléfines linéaires terminales, les aldéhydes obte-
nus sont des produits de chimie de base importants qui peuvent être convertis
en alcools, esters, acides, amines, etc.
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Les alcools courts (C3 à C5 ) et leurs esters sont utilisés principalement comme
solvants tandis que les alcools à longue chaîne (C12 à C18) sont utilisés pour la
production de détergents. Les phtalates d’alcoyles (C8 à C10) sont employés
comme plastifiants, notamment du PVC.
Depuis 1974, la plupart des unités de production d’aldéhydes (C3, C4, C5 ) par
catalyse au cobalt ont été remplacées par des unités opérant dans des condi-
tions plus douces, à plus basse pression, en présence de catalyseurs au rho-
dium. Le rendement en aldéhy
% et même 99 % pour
certains procédés. L’utilisation du rhodium en catalyse homogène est complète-
ment maîtrisée dans le réacteur et dans les opérations de recyclage et de régéné-
ration. En particulier, le procédé Ruhrchemie-Rhône-Poulenc, qui utilise un
système biphasique avec séparation du catalyseur par décantation, a permis une
grande simplification du procédé d’hydroformylation du propène et du butène.
Avec le rhodium, le même concept de séparation du catalyseur par décantation
a permis l’industrialisation de la synthèse du butanediol par hydroformylation
de l’alcool allylique, du nonanediol par hydroformylation de l’oct-7-én-1-al et de
divers intermédiaires. Toutefois la catalyse au cobalt demeure très compétitive
dans la production des alcools utilisés pour la fabrication des détergents.
De nombreuses innovations ont provoqué un regain en recherche industrielle
et universitaire depuis 1
1. Réaction chimique important. Ainsi, l’ heptanal(n) et le 2-mé thylhexanal (iso) sont obte-
nus avec l’ hex-1-è ne suivant la ré action :
et catalyseurs Isomè re n
O
d’hydroformylation
+ CO + H2
Isomè re iso
1.1 Réaction chimique O
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HRh(CO)2L2
H2 a + CO – CO
n-butanal OC L
CH3CH2CH2CHO
Rh
H2
L H
b
OC L OC L
Rh Rh isobutanal
CH3CH(CH3)CHO
L COCH2CH2CH3 L H
CO + H2
1/2 冣2 c OC L
O Rh
OC CO L OC L
L CH(CH3)2
Rh Rh
CO + H2O CO2 + H2 d L CH2CH2CH3 L CH2CH2CH3
L triphénylphosphine
l’apparition de composés lourds qui constituent le problème majeur
des procédés d’hydroformylation. Figure 2 – Mécanisme de l’hydroformylation du propène en n-butanal
et en isobutanal catalysée par le système rhodium-
La sélectivité en produits lourds est souvent supérieure à 5 % triphénylphosphine
avec les catalyseurs au cobalt qui sont beaucoup plus acides que les
catalyseurs au rhodium. Depuis la découverte de cette réaction,
cette contrainte a toujours entraîné une plus grande complexité des
provoque une amélioration de la sélectivité (92 % dans les condi-
procédés au cobalt. Dans les procédés au rhodium dans lesquels
tions optimales). Certaines phosphines permettent des sélectivités
l’aldéhyde (butanal) est éliminé par distillation ou entraîné par des
supérieures à 96 %. Les sous-produits signalés dans le paragraphe
gaz, la masse réactionnelle contenant le catalyseur est constituée
précédent proviennent d’une modification de ce cycle catalytique
principalement de produits lourds qui s’accumulent très lentement.
(hydrogénation, isomérisation, etc.).
Dans ce cas, la sélectivité en lourds est très inférieure à 1 %. Après
plusieurs mois de production, voire une année, il est nécessaire de
changer la masse catalytique. Le catalyseur usé est traité afin de
récupérer le rhodium et une grande partie du cocatalyseur selon des
méthodes dont le détail est demeuré confidentiel. 2. Matières premières
■ Gaz de synthèse
1.2 Catalyseurs Les procédés généralement utilisés pour fabriquer le gaz de
synthèse dans ce traité destiné au procédé oxo (rapport H2 /
CO = 1 à 1,25) sont (cf. références [30] [31] dans ce traité) :
Les sels métalliques usuels de cobalt (Co2+) ou de rhodium (Rh3+)
réagissent avec un mélange d’hydrogène et d’oxyde de carbone — la conversion catalytique du gaz naturel ou d’hydrocarbures
avec formation d’hydrure de métal tétracarbonyle [HM(CO)4] solu- légers au moyen de la vapeur d’eau (reformage à la vapeur) ;
ble en milieu organique (avec M = Co, Rh). — l’oxydation partielle d’hydrocarbures par de l’oxygène ;
— la gazéification du charbon par la vapeur d’eau et l’oxygène.
L’hydrure de rhodium est engendré et stabilisé dans des condi-
tions douces (température inférieure à 100 ˚C et faible pression), ■ Hydrocarbures oléfiniques
celui de cobalt est engendré dans des conditions plus sévères et est Il existe un grand nombre de procédés industrialisés de produc-
instable si la pression diminue : le cobalt métallique précipite en tion d’oléfines.
partie. Mais, dans les conditions de la réaction, le catalyseur est
● Obtention à partir d’hydrocarbures d’origine pétrolière :
maintenu dans la phase liquide sans précipitation de métal.
— obtention d’alcènes gazeux (éthylène, propène et butènes) par
L’addition de ligands, en particulier les alkyl et arylphosphines (L), vapocraquage d’hydrocarbures (cf. référence [32] dans ce traité) ;
donne naissance à une famille de complexes en équilibre avec les — obtention d’alcènes linéaires à double liaison terminale et
hydrures de métaux carbonylés (avec n ⭐ 4 ) : d’alcènes linéaires à double liaison interne, respectivement par cra-
HM(CO)4 + n L → HM(CO)4 − n Ln + n CO quage thermique à 520 ˚C et par craquage catalytique de paraffines
à longue chaîne ;
Le système cobalt-tributylphosphine et surtout le système rho- — obtention d’alcènes linéaires à double liaison interne par dés-
dium-triphénylphosphine sont utilisés industriellement. La cinétique hydrogénation catalytique de paraffines linéaires [procédé Pacol-
et le mécanisme de la réaction avec les catalyseurs au cobalt et au Olex de Universal Oil Products Co. (UOP)] [2].
rhodium ont été étudiés dans le détail. À partir de HRh(CO)2L2 ● Obtention par oligomérisation d’un grand nombre d’alcènes
(L = TPP = triphénylphosphine), nous avons présenté (figure 2) les légers :
deux cycles catalytiques qui conduisent au n -butanal et à l’isobutanal. — obtention, sous l’action de catalyseurs Ziegler à base d’alcoyl-
La sélectivité de la réaction en présence du rhodium sans phos- aluminium, d’alcènes linéaires à double liaison terminale (hex-1-
phine est de 50 % environ ( n/n+iso ) . L’addition de ligand en excès ène, oct-1-ène, déc-1-ène, etc.), à partir de l’éthylène ;
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Carbonylations
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CARBONYLATIONS _____________________________________________________________________________________________________________________
Après le rappel des principales propriétés et des sources de CO, cet article pré-
sente quelques réactions qui conduisent à des produits industriels. Au travers de
ces réactions, les possibilités offertes seront abordées.
1. Caractéristiques générales
du monoxyde de carbone Hydrure
métallique
M
L
Métal
Ligand
CO H NuH Nucléophile
Nu Ln M CO
1.1 Propriétés générales L
H 0 4 1
NuH
Le monoxyde de carbone est un gaz incolore et inodore et haute-
ment inflammable à température ambiante. Sa température d’ébul-
O H H
lition est de − 190 ˚C à pression atmosphérique normale et sa
température de solidification de − 207 ˚C [1] [25] [26]. LnM Ln – 1 M CO
Le monoxyde de carbone est un gaz t o xique. De par son affinité
pour l’hémoglobine, 200 fois supérieure à celle de l’oxygène dans le
sang, son inhalation conduit progressivement à l’asphyxie. L’utilisa- H
tion de ce réactif que ce soit en laboratoire ou dans l’industrie néces-
site l’application d’importantes normes de sécurité. La 3 2
concentration maximale admissible dans l’air pour une exposition L M
de 8 heures par jour, recommandée par l’INRS est de 50 ppm (partie Ln – 1 CO
par million en volume) soit 55 mg/m3 [2].
Nota : pour plus de renseignements, le lecteur se reportera dans ce traité à l’article Pro- 1.3.1 Catalyse organométallique
duction des gaz de synthèse [J 5 480], référence [30].
Découvert à la fin du XVIIIe siècle, le monoxyde de carbone a été Deux mécanismes généraux peuvent être écrits, un pour l’activa-
fabriqué industriellement à partir des années 1920 par les industriels tion des doubles et triples liaisons, l’autre pour les composés
allemands. Les trois grandes voies de préparation du monoxyde de halogénés et leurs dérivés.
carbone sont le réformage à la vapeur de produits pétroliers
(méthane essentiellement), l’oxydation partielle d’hydrocarbures et ■ Dans le cas des oléfines (ou acétylures), l’espèce active est un
la gazéification du charbon. Tous ces procédés conduisent à la for- hydrure organométallique. La réaction de carbonylation fait interve-
mation de gaz de synthèse, c’est-à-dire d’un mélange monoxyde de nir successivement les étapes suivantes (figure 1) :
carbone/hydrogène, en proportions variables selon la matière pre-
mière et le procédé. Selon l’utilisation désirée du gaz de synthèse, le — 1 : ligandage de la liaison insaturée sur le métal ;
ratio CO/H2 peut être ajusté en utilisant la réaction de gaz à l’eau : — 2 : transfert de l’hydrure, formation d’une liaison métal-car-
bone de type sigma ;
CO + H2O → CO2 + H2 ∆H 0 (298 ˚C) = − 41,16 kJ/mol — 3 : formation d’un complexe acyl-métal par insertion du CO ;
La préparation de monoxyde de carbone pur nécessite une sépa- — 4 : solvolyse du complexe organométallique avec un nucléo-
ration qui est généralement effectuée soit par distillation cryogéni- phile pour obtenir le produit.
que [3] [27], soit par absorption/désorption utilisant des sels de Si le nucléophile est de l’hydrogène, on obtient un aldéhyde (syn-
cuivre [4] [28]. thèse oxo ou hydroformylation), si le nucléophile est de l’eau, un
alcool, une amine, on obtient respectivement un acide, un ester ou
un amide par des réactions appelées hydroxycarbonylation, alcoxy-
carbonylation ou aminocarbonylation.
1.3 Mécanisme réactionnel général
des réactions de carbonylation ■ Dans le cas des halogénures, l’espèce active est le complexe
organométallique et la réaction de carbonylation fait intervenir suc-
cessivement les étapes suivantes (figure 2) :
Quelques grands principes sont à la base des mécanismes de tou- — 1 : insertion oxydante du métal sur la liaison carbone-
tes les réactions chimiques dans lesquelles le monoxyde de carbone halogénure ;
intervient [5]. Étant peu réactif, son activation nécessite l’utilisation
d’un catalyseur. Ces catalyseurs peuvent être classés en deux — 2 : formation d’un complexe acyl-métal par insertion du CO ;
catégories : les catalyseurs organométalliques et les catalyseurs aci- — 3 : élimination réductrice ou solvolyse du complexe organo-
des. métallique avec un nucléophile pour obtenir le produit.
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Estérification
1. Définitions.................................................................................................. J 5 800 - 2
1.1 Esters, estérification, lactides, lactones ..................................................... — 2
1.2 Transestérification ....................................................................................... — 2
1.3 Interestérification......................................................................................... — 3
1.4 Esters minéraux ........................................................................................... — 3
2. Mise en œuvre industrielle.................................................................... — 4
2.1 Méthodes d’obtention des esters............................................................... — 4
2.2 Aspects thermodynamiques....................................................................... — 5
2.3 Aspects cinétiques....................................................................................... — 5
2.4 Procédés d’estérification............................................................................. — 6
2.5 Stockage, manipulation, transport............................................................. — 7
2.6 Toxicologie ................................................................................................... — 8
3. Principaux esters et polyesters d’intérêt industriel ...................... — 9
3.1 Monomères .................................................................................................. — 9
3.2 Polymères..................................................................................................... — 10
Références bibliographiques ......................................................................... — 11
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ESTÉRIFICATION _______________________________________________________________________________________________________________________
CH2 CH2
R CH C O
1.1 Esters, estérification, lactides, OH HO CH2 CH2
lactones acide g-alcool R CH C O + H2O
O
g-lactone
1.1.1 Esters, estérification
Un acide alcool de ce type est constamment en équilibre avec la
lactone correspondante. Les acides b-alcools conduiraient à un
Les esters sont des composés qui, par hydrolyse, conduisent à la cycle à quatre atomes peu stables et donc ne forment pas de lac-
formation d’alcools, de phénols et d’acides suivant la réaction : tone.
RA + H2O R OH + HA Les lactones macrocycliques comportant un cycle de 12 chaînons
ou plus sont appelées des macrolides.
RA : ester (R = groupe aryle ou alkyle), ROH : alcool, phénol, HA :
acide organique (cf. § 1.4 pour les esters minéraux).
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______________________________________________________________________________________________________________________ ESTÉRIFICATION
obtenus par transestérification d’huiles de tournesol, de maïs, de sente un comportement à la fusion différent de celui de la graisse
soja, etc., par le méthanol ou l’éthanol. d’origine sans que les autres propriétés en soient changées (ici le
point de fusion est abaissé).
O O ■ Acides sulfoniques
C C Les esters d’acides sulfoniques sont aisément obtenus en partant
OEt O + EtOH des chlorures d’acides :
CH2 OH CH2 SOCl2 R ' OH
phtalide R SO3H R SO2Cl
ou PCl5
R SO2OR'(R = alkyl ou aryl)
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alcoxydes (chlorures par exemple), ceux-ci sont de loin les plus employés du fait
de leur réactivité modérée et de leur grande modularité. En effet, le choix du
groupement alkyle permet de moduler la réactivité de l’alcoxyde en fonction des
propriétés finales envisagées pour le matériau.
Comme nous le verrons dans cet article, la réactivité de l’alcoxyde dépend éga-
lement beaucoup de la nature du métal (ou métalloïde), et il peut être nécessaire
d’utiliser des additifs pour diminuer ou augmenter cette réactivité selon les cas.
Nous allons notamment détailler les différents modes de catalyse et d’inhibition
rencontrés dans les procédés sol-gel.
■ Bien que le terme « gel » ait reçu de nombreuses définitions dans 300 210 120 030
la littérature, il est généralement admis, notamment dans la
« communauté sol-gel », que :
Condensation
201 111 021
(Al-O-Al)3
Nous nous conformerons à cette définition dans la suite. Dans la
plupart des cas, ce sont les liaisons chimiques covalentes qui sont à
la base du réseau du gel (comme dans les gels de silice) [39], mais il Figure 1 – Schéma réactionnel de la formation de gel dans le cas
arrive que ce réseau repose sur des liaisons chimiques plus faibles, de l’aluminium
comme des liaisons de coordination ou des liaisons hydrogène. La
structure du gel peut changer avec le temps (c’est d’ailleurs généra-
lement le cas), grâce à la création de nouvelles liaisons ou, au d’halogénures), étant donné que ceux-ci font l’objet de 95 % des tra-
contraire, la destruction de liaisons, ou les deux à la fois : cepen- vaux décrits dans la littérature, nous nous limiterons ici à leur étude.
dant, un certain nombre de liaisons est nécessaire pour maintenir le La polymérisation sol-gel peut être « hydrolytique », c’est-à-dire
caractère « gel ». nécessiter l’ajout d’eau et donc inclure une ou plusieurs étapes
d’hydrolyse ou, au contraire, être « non hydrolytique » lorsqu’elle
■ Avant que l’état de gel ne soit atteint, le système est dans l’état est réalisée sans eau. Le cas des gels hydrolytiques est de loin le
liquide : il est constitué d’un mélange d’oligomères colloïdaux et de plus important et le plus répandu [2].
petites macromolécules ainsi que, selon le degré d’avancement de
la réaction de polymérisation, de différents monomères partielle-
ment hydrolysés. Cette solution liquide est appelée « sol ».
2.1 Procédé hydrolytique
Le temps nécessaire au « sol » pour se transformer en « gel »
est appelé temps de gel (ou point de gel), et noté tg. Dans ce cas, le procédé sol-gel inclut au moins une étape d’hydro-
lyse avant la polymérisation. On peut ainsi décrire la réaction en
deux étapes : hydrolyse de l’alcoxyde (équation (1)), suivie de la
■ Lorsque le gel vieillit, le phénomène de réticulation conduit au condensation (équation (2)) :
rétrécissement du matériau avec expulsion du solvant : on parle
alors de « synérèse ». Indépendamment de la synérèse, il est possi- M ( OR ) n + m H 2 O → M ( OH ) m ( OR ) n – m + m ROH (1)
ble de sécher le gel, soit en conditions atmosphériques, soit en
conditions supercritiques. Dans les deux cas, on obtient un réseau
plus ou moins dense sans solvant, appelé « xérogel » lorsque le 2 M ( OX ) n → ( OX ) n – 1 M O M ( OX ) n – 1 + X 2 O avec X = R ou H (2)
séchage a lieu en conditions atmosphériques, et « aérogel » [40] [41]
en conditions supercritiques. Les xérogels sont généralement plus Les équations ci-dessus décrivent le schéma global du processus
denses que les aérogels, mais ce point sera discuté plus loin. sol-gel, lequel peut faire intervenir plusieurs chemins réactionnels
possibles, qui seront détaillés dans le cas où M est le silicium.
Pour obtenir une vitesse de réaction acceptable, il peut être néces-
saire d’ajouter un catalyseur ou, au contraire, un inhibiteur. De plus,
2. Aspects chimiques de les métaux étant le plus souvent multivalents, de nombreuses espè-
ces différentes sont susceptibles d’intervenir dans le schéma
la polymérisation sol-gel réactionnel conduisant à la formation du gel.
La figure 1 montre, dans le cas de l’aluminium, un exemple de ces
différentes espèces : les 3 chiffres dans chaque case symbolisent
Bien qu’il soit possible de réaliser la polymérisation sol-gel à par- successivement, de gauche à droite, le nombre de substituants
tir d’autres précurseurs que les alcoxydes (par exemple, à partir alcoxy, hydroxy et d’ordre supérieur (c’est-à-dire reliés à d’autres
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+ +
RO
RO ORH ORH RO OR
H2O
Si(OR)4 + H+ Si H2O Si Si + ROH + H+
Figure 2 – Mécanisme réactionnel de
RO OR OR OR HO OR la catalyse acide dans le cas des alcoxydes
de silicium
espèces O M ) sur le métal. Chacune des flèches est associée à ■ Tous ces mécanismes dépendent fortement de la concentration
une réaction possible, qui peut être effective ou non selon le type en catalyseur, ainsi que des contraintes stériques inhérentes à la
d’alcoxyde et les conditions opératoires. L’étape d’hydrolyse repré- nature de l’alcoxyde. En particulier, même si les mécanismes sont
sente la conversion de fonctions alcoxy en fonctions hydroxy, alors similaires, les vitesses peuvent changer notablement entre l’hydro-
que l’étape de condensation représente la conversion de fonctions lyse et la condensation selon le type de catalyse, avec des
hydroxy (ou plus rarement alcoxy) en espèces M O M . répercussions importantes sur la morphologie et le temps de gel.
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Polymérisations en chaîne
Mécanismes
par Thierry HAMAIDE
Professeur
Université Claude Bernard Lyon 1
Ingénierie des matériaux polymères, Villeurbanne, France.
Cet article est la version actualisée de l’article [J 5 830] intitulé « Polymérisation », rédigé
par Alain GUYOT et publié en 2000.
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kp L · mol–1 · s–1 Constante de vitesse de propagation Note : en pratique, le terme polymère présente une signifi-
cation ambiguë puisqu’il désigne aussi bien une substance
kt L· mol–1 · s–1 Constante de vitesse de terminaison
polymère qu’une macromolécule. Le terme macromolécule
Dans une copolymérisation, fait référence à une molécule individuelle constituée d’unités
constante de vitesse de propagation monomère et le terme polymère désigne une substance
kAB L · mol–1 · s–1 constituée de macromolécules.
de la chaîne en croissance (centre
actif) A sur le monomère B On notera que dans le guide pour les monomères et les
polymères, l’agence européenne des produits chimiques,
Concentration du monomère au conformément au règlement REACH (article 3, paragraphe 5),
[M(t)] mol · L–1
temps t définit une « molécule de polymère » (soit une macromolé-
cule) comme une molécule qui contient une séquence d’au
g · mol–1 Masse molaire moyenne en nombre
moins 3 unités monomère, liées de façon covalente à au
g · mol–1 Masse molaire moyenne en masse moins une unité monomère ou un autre réactif [1].
Le terme polymère peut être utilisé sans ambiguïté comme
Mi g· mol–1 Masse molaire de l’espèce i substantif et adjectif (mélange polymère, par exemple). Les
adjectifs polymérique et monomérique n’existent pas. Il est
mi g Masse de l’espèce i préconisé de ne pas accorder monomère dans l’expression
Ni Nombre de moles de l’espèce i unités monomère, car on fait référence à des unités de type
monomère (cf. liaisons hydrogène = liaisons de type hydro-
Dans un copolymère, probabilité gène).
conditionnelle pour qu’une unité
PAB
monomère A soit suivie d’une unité
monomère B Il est d’usage de représenter une réaction de polymérisation en
faisant apparaître le(s) monomère(s) et l’unité de répétition
Rapport de réactivité du monomère (figure 1). On ne précise pas les extrémités de chaîne.
rAB A dans la copolymérisation des
deux monomères A et B Les homopolymères sont formés à partir d’un seul monomère.
Degré de polymérisation moyen en Dans ce cas, l’unité monomère constitue à elle seule l’unité de
masse répétition (tableau 1). L’utilisation de plusieurs monomères
conduit à des copolymères.
wi Fraction massique de l’espèce i
Exemple : copolymères à base de butadiène et de styrène (BS),
isobutène et isoprène (caoutchouc butyle), éthylène et acétate de
vinyle.
1. Définitions et notions
de base Dans ce cas, les unités monomère peuvent se distribuer de diffé-
rentes manières dans les macromolécules selon le protocole opé-
ratoire et la réactivité des monomères.
Bien que l’objet de cet article soit la synthèse macromoléculaire
par polymérisation en chaîne, il est nécessaire de définir au préa- Exemple : la figure 2 illustre la répartition des unités monomère
lable un certain nombre de termes de chimie et de physico-chimie dans un fragment de chaîne d’un copolymère statistique à base de
macromoléculaires. Les définitions de l’IUPAC, traduites en fran- styrène et d’acrylonitrile.
çais par la Commission d’enseignement du groupe français des
polymères [1] [2] sont gardées dans cet article, même si l’usage et
le monde industriel utilisent assez souvent des termes différents Il est alors souvent impossible de définir une unité de répétition,
spécifiques à chaque domaine d’application des polymères, hérités sauf si les unités monomère sont parfaitement alternées
d’anciennes nomenclatures. (copolymères alternés). L’unité de répétition est alors constituée
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n
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La nature des extrémités de chaînes dépend des conditions expérimentales
b synthèse du poly(éthylène téréphtalate) à partir de l’acide téréphtalique et de l’éthylène glycol
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On parle de réseau covalent lorsque les connections sont for- étant le degré de polymérisation moyen en nombre qui
mées de liaisons chimiques covalentes. Des interactions faibles se définit aussi par le rapport du nombre d’unités monomère,
(liaisons hydrogène, forces de van der Waals) peuvent aussi mener autrement dit le nombre de monomères ayant polymérisé, sur le
à un assemblage macromoléculaire non covalent. Ces réseaux nombre de macromolécules :
physiques forment des gels viscoélastiques de faible module élas-
tique qui présentent un comportement de solide lorsqu’ils sont au
repos (liquides qui ne coulent pas à l’échelle de temps de leur uti- (6)
lisation). La suppression de ces interactions conduit à des macro-
molécules individuelles. Il existe un continuum de la solution
visqueuse au gel sans frontière bien définie et la transition sol-gel Cette relation générale est particulièrement utile en synthèse
apparaît lorsque la viscosité tend vers l’infini. macromoléculaire : le nombre de macromolécules formées est fixé
par la chimie de polymérisation utilisée (polymérisation en chaîne
radicalaire ou ionique) tandis que la conversion indique le nombre
1.3 Distribution des masses molaires d’unités monomère. On a donc facilement accès au degré de poly-
mérisation moyen en nombre.
En pratique, il est impossible d’obtenir un polymère dont toutes
les macromolécules présentent exactement le même nombre
d’unités monomère, et donc ayant la même masse molaire. On Il faut noter que les propriétés des polymères dépendent
définit une masse molaire moyenne en nombre par le rapport non seulement de leur structure moléculaire et des interac-
de la masse de polymère sur le nombre de moles de tions intra- et interchaînes qui en découlent, mais aussi de
macromolécules : leurs masses molaires, tant par leur valeur moyenne que par
leur distribution. On sait déterminer expérimentalement ces
valeurs moyennes par différentes techniques analytiques, par
(1) exemple par chromatographie liquide d’exclusion stérique
(SEC), viscosité en solution diluée... [A 3 060].
Si l’on fractionne le polymère en familles de macromolécules
ayant sensiblement la même masse molaire Mi , la masse molaire
moyenne en nombre peut être écrite sous la forme : 1.4 Chimies macromoléculaires
1.4.1 Grandes chimies de polymérisation
(2)
Selon la polymérisabilité des monomères, on distingue habituel-
lement deux grands modes de chimie macromoléculaire, à savoir
la polymérisation par étapes et la polymérisation en chaîne. Les
avec mi masse de la famille de masse molaire Mi , mécanismes et les intermédiaires réactionnels sont fondamentale-
Ni nombre de moles de macromolécules de masse molaire ment différents et il est essentiel d’en connaître les bases pour
Mi , comprendre la façon dont les macromolécules se construisent [3]
fi fraction molaire de la famille de masse molaire Mi . [4] [A 3 040].
Si la masse molaire moyenne en nombre est très souvent utili- La polymérisation par étapes fait appel à des monomères au
sée pour caractériser un polymère, certaines propriétés des maté- moins difonctionnels porteurs de fonctions chimiques réactives
riaux polymères, notamment les propriétés rhéologiques, sont telles qu’alcool, acide, amine, isocyanate, époxyde... Les réactions
sensibles, non pas à la fraction molaire, mais à la fraction mas- entre ces fonctions chimiques conduisent à des entités difonction-
sique wi des populations. Par exemple, l’ajout d’une faible fraction nelles qui assurent la croissance des macromolécules par
molaire de macromolécules de masse molaire élevée dans une couplages successifs de chaînes toujours plus grandes avec libéra-
solution de polymère peut suffire à augmenter notablement la vis- tion éventuelle de molécules de faible masse molaire (eau, éthy-
cosité du système. On est ainsi amené à considérer une masse lène glycol...) (figure 3a ) [J 5 831].
molaire moyenne en masse définie par :
(4)
Figure 3 – Polymérisation par étapes et polymérisation en chaîne
XP
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La polymérisation en chaîne concerne principalement les olé- l’extrémité active se transfère de la chaîne macromoléculaire en
fines, les diènes conjugués, les monomères vinyliques et plusieurs croissance à une autre molécule, dite agent de transfert, qui
hétérocycles oxygénés ou azotés. La croissance des chaînes se fait devient à son tour active.
par réactions successives des molécules de monomère sur un Certaines polymérisations en chaîne peuvent aussi avoir lieu
centre actif porté par la chaîne en croissance (figure 3b ). selon un mécanisme de coordination-insertion dans une liaison
métal-carbone ou métal-oxygène. La polymérisation des oléfines
Cet article est consacré aux polymérisations en chaîne par catalyse Ziegler-Natta et métallocène (formation des PEHD,
par voies ioniques et radicalaires avec un focus particulier PELLD, PP notamment) met en œuvre les liaisons métal-carbone.
sur ces dernières car de loin les plus pratiquées industrielle- Cet article ne traite pas de la polymérisation catalytique des
ment. oléfines [J 1 260]. Un exemple de la polymérisation par coordina-
tion-insertion des lactones est développé dans le paragraphe 2.1.1.
Les polymérisations en chaîne sont encore souvent appelées 1.4.3 Ingénierie macromoléculaire
polyadditions car le mécanisme global peut aussi être vu
comme une succession d’additions de molécules de mono- L’ingénierie macromoléculaire, ou architecture macromolécu-
mère sur un centre actif. De même, toutes les polymérisations laire, a pour objet la préparation de polymères dont la structure est
par étapes sont appelées polycondensations. La nomenclature parfaitement contrôlée. Le contrôle peut porter sur n’importe quel
officielle IUPAC distingue les polymérisations en chaîne et les élément de la structure macromoléculaire :
polymérisations par étapes. – les masses molaires et leur distribution, en particulier pour cer-
taines applications une recherche de distribution des masses
molaires étroite ;
1.4.2 Généralités sur les polymérisations – la nature des extrémités de chaîne : oligomères et polymères
en chaîne fonctionnalisés ;
– les modes d’enchaînement des motifs : copolymères à blocs,
Que l’on soit en mode ionique ou radicalaire, la construction de statistiques ;
la chaîne commence toujours par une réaction d’amorçage qui – les ramifications : polymères et copolymères greffés,
consiste en la réaction d’un centre actif, le plus souvent issu d’un copolymères peignes, voire le taux de réticulation (élastomères et
amorceur, avec une première molécule de monomère. Le centre thermodurs) ;
actif peut être un ion (anion, cation) ou un radical et nécessite – le contrôle de la stéréochimie des enchaînements (polymère
l’apport d’un amorceur dans le milieu réactionnel. La nature du isotactique ou syndiotactique).
centre actif définit le type de polymérisation (anionique, catio- D’une manière générale, le contrôle de la distribution des masses
nique, radicalaire, complexe métallique). Cette réaction d’amor- molaires passe le plus souvent par le contrôle des réactions de ter-
çage conduit à une nouvelle molécule porteuse d’un centre actif minaison des chaînes de façon à obtenir un caractère « vivant »
capable de réagir avec une autre molécule de monomère. La nou- pour le type de mécanisme considéré (§ 2.1.1). Cet adjectif est sou-
velle molécule issue de cette réaction porte aussi à son extrémité vent accolé à la polymérisation anionique. Il est plus difficile de
un centre actif capable de réagir avec une autre molécule de contrôler les polymérisations cationiques et il a fallu attendre les
monomère, et ainsi de suite. La figure 4 explicite ces trois modes années 1990 pour trouver des systèmes efficaces pour la polyméri-
de polymérisation en chaîne anionique, cationique et radicalaire sation radicalaire contrôlée (PRC). Quelques exemples d’ingénierie
d’un monomère porteur d’une double liaison polymérisable macromoléculaire sont donnés au fur et à mesure de l’article.
(dérivé vinylique...).
La construction de la chaîne se poursuit par un grand nombre de
réactions de cette nature (réactions de propagation). On appelle
chaîne cinétique une chaîne macromoléculaire constituée d’un 2. Polymérisations ioniques
certain nombre d’unités monomère et porteuse d’un centre actif à
son extrémité (extrémité active). La croissance de la chaîne peut
s’arrêter par une réaction de terminaison bimoléculaire entre 2.1 Polymérisations anioniques
deux chaînes cinétiques provoquant la destruction de ces deux
centres actifs. La croissance de la chaîne cinétique peut aussi être 2.1.1 Amorceurs et construction
interrompue par une réaction de transfert, au cours de laquelle de la chaîne macromoléculaire
Le centre actif est un carbanion ou un oxanion associé à un
contre-ion le plus souvent métallique. La polymérisation peut se
R R faire par ouverture d’une double liaison vinylique (styrène,
A A diène, méthacrylate de méthyle...) ou d’un hétérocycle (oxirane,
A R R lactone, lactame, cyclosiloxane...). Les amorceurs sont des com-
posés organométalliques tels que le butyl lithium (BuLi), le
diphénylméthane potassium, le cumyl potassium, des alcoolates
R R alcalins (éthanolate de potassium...) ou des systèmes généra-
teurs d’ions radicaux (naphtalène sodium) qui agissent par
A A
A R R transfert d’électrons. Le choix de l’amorceur dépend non seule-
ment du monomère, mais aussi de l’architecture des macromolé-
cules recherchées. La polymérisation se fait en solution dans un
R R solvant inerte vis-à-vis du centre actif (solvant aprotique tel que
A cyclohexane, tétrahydrofurane, dioxane, DMSO...).
A
A R R
La figure 5 rappelle l’ensemble des réactions élémentaires mises
en œuvre lors de la polymérisation anionique du styrène
A = centre actif issu de l’amorceur amorcée par le BuLi. En l’absence de toute autre molécule pré-
sente sous forme d’impureté ou introduite volontairement suscep-
Figure 4 – Les trois modes de polymérisation en chaîne tible de réagir avec le centre actif, les réactions de propagation se
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XR
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Polymérisations en chaîne
Procédés
XS
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XT
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Propriétés physico-chimiques
Quel polymère ? Quel(s) monomère(s) ?
des monomères ; dangerosité
Hétérogène
Précipitation du polymère ? Procédés Homogène
Milieu dispersé de polymérisation Masse, solution ?
Suspension, émulsion ?
Quelle quantité ?
Équipements
Transfert de chaleur Atmosphère inerte
Agitateurs
Transfert de masse Humidité
Réfrigérant
Transfert de fluides Lumière
chauffage
Récupération du polymère
Mise en forme pour
utilisation ultérieure
Certains polymères sont aussi fabriqués selon différents procé- ioniques, en fonction des contraintes inhérentes à la mise en
dés pour obtenir des produits ayant des applications différentes. œuvre d’une chimie ionique. Plusieurs exemples en seront donnés
Ainsi, le polystyrène peut être polymérisé en masse ou en milieu dans cet article.
dispersé.
■ Les procédés en milieu homogène font référence à un sys-
Même si les procédés de polymérisation sont souvent décrits tème monophasique parfaitement mélangé jusqu’à l’échelle molé-
dans le cadre de la polymérisation radicalaire, il est évident que culaire. On distingue habituellement les polymérisations en masse
ces mêmes procédés peuvent aussi s’adapter aux polymérisations et les polymérisations en solution.
XU
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jUXSR
Pour les polymérisations en masse, le milieu réactionnel n’est mini-émulsion à l’échelle industrielle soit limité, en particulier par
constitué que des monomères et du polymère soluble dans les la nécessité de mettre en œuvre un procédé de dispersion beau-
monomères. Il n’y a pas de solvant et les amorceurs et autres addi- coup plus énergivore que pour la polymérisation en suspension,
tifs sont tous solubles dans le milieu réactionnel. La polymérisa- ses potentialités sont importantes et abordées dans cet article.
tion peut y être rapide, mais conduit à une augmentation notable
Enfin, quel que soit le procédé utilisé, celui-ci se doit aussi d’inté-
de la viscosité et rend difficile le contrôle de la chaleur de réaction.
grer les contraintes environnementales (limitation, voire absence
de solvants, limitation de la teneur résiduelle en monomère, rejets
Exemple : considérons la polymérisation homogène de 100 g de des effluents, comme souligné dans les directives environnemen-
styrène (∆Hp = 0,67 kJ · g–1) en solution dans 400 g de toluène tales, sanitaires de la Commission européenne [4] [5]).
menée à 80 % de conversion. Si l’on suppose que la réaction est
effectuée dans des conditions adiabatiques, la chaleur Q dégagée est
égale à 100 × 670 × 0,8 = 53 600 J. Si l’on suppose une capacité
thermique massique (chaleur spécifique) moyenne de l’ensemble (sol-
vant + polymère + monomère résiduel) c = 2 J · g−1 · K−1, l’élévation
2. Polymérisation en masse
de température ∆T est telle que Q = m c ∆T, soit ∆T = 53,6 °C. Cette
élévation de température augmente la vitesse de réaction, et donc la
chaleur dégagée. 2.1 Polystyrène cristal et polystyrène
choc (HIPS)
Dans le cas des polymérisations radicalaires, l’approximation de
l’état quasi-stationnaire est plus difficile à respecter dans la
mesure où la diffusion des macroradicaux nécessaire pour assurer Le polystyrène est un polymère de commodité que l’on
les réactions de terminaison bimoléculaires devient de plus en trouve sous plusieurs formes, notamment le polystyrène cristal
plus lente de par l’augmentation notable de la viscosité. L’énergie développé pour ses propriétés optiques, le polystyrène choc
d’activation de la réaction de décomposition de l’amorceur est qui incorpore du polybutadiène afin d’améliorer sa résistance
souvent la plus importante, d’où la plus grande sensibilité de cette au choc, le polystyrène expansé et les résines échangeuses
réaction à la température. Une variation de température entraîne d’ions.
l’élargissement de la distribution des masses molaires. Enfin, à
conversion élevée, il est nécessaire de maintenir une température
de réaction supérieure à la température de transition vitreuse ou Parmi toutes ces formes, seul le PS cristal est effectivement
de cristallisation du polymère. obtenu par polymérisation radicalaire en milieu homogène dans la
mesure où l’on observe un milieu monophasique tout au long de
Le PE-BD et ses copolymères, le PS, le PMMA, de même que la la réaction. Les points essentiels de l’élaboration du PS cristal sont
production du PA-6, sont élaborés par ce procédé. Le cas particulier rappelés ci-après.
des procédés de polymérisation en masse des lactones (lactide,
ε-caprolactone) par extrusion réactive est aussi abordé dans cet
article. Pour plus de détails, se reporter aux articles Polystyrène-
Polymérisation en continu [J 6 550] et Polystyrène [AM 3 340].
Les polymérisations en solution requièrent un solvant des
monomères et du polymère formé. La dilution permet de limiter
l’augmentation de viscosité et favorise d’autant l’échange ther- ■ Le styrène présente une enthalpie de polymérisation élevée
mique avec l’extérieur. Le système reste liquide même à haute (670 J · g–1). La polymérisation est effectuée en continu dans une
conversion dans la plupart des cas. Les cinétiques de polymérisa- série de réacteurs travaillant à températures croissantes de 120 à
tion suivent les mêmes lois que les polymérisations en masse, 180 °C (figure 2) [AM 3 340]. On peut aussi ajouter au milieu réac-
mais sont ralenties de par la dilution des espèces actives et des tionnel une petite quantité d’éthylbenzène (précurseur du styrène)
monomères. Les inconvénients résident dans la toxicité de certains de façon à abaisser la viscosité et favoriser les échanges ther-
solvants organiques, le coût de la séparation du solvant et la diffi- miques (procédé masse-solution). La polymérisation est effectuée
culté d’éliminer totalement celui-ci du polymère (contamination du en continu dans une série de réacteurs agités ou dans un réacteur
polymère par des traces de solvant). de type piston. La conversion dépasse les 80 % et le monomère
résiduel est éliminé sous vide à 230 °C, puis recyclé. Après dévola-
■ Dans les procédés hétérogènes (polymérisation en milieu dis- tilisation, le polymère est repris dans une extrudeuse pour être mis
persé), l’eau est le plus souvent le milieu continu ; les monomères sous forme de granulés. La masse molaire moyenne en nombre
et les polymères sont dispersés dans l’eau (dispersion « directe » est de l’ordre de 105 g/mol. Ce polystyrène, dit cristal car trans-
huile dans eau : H/E). Lorsque la phase continue est de nature parent, est amorphe (sans phase cristalline) avec une température
organique, on parle de dispersion « inverse » eau dans huile : E/H. de transition vitreuse de 100 °C. Les granulés de PS sont ensuite
Les procédés en milieu dispersé permettent de contrôler plus faci- mis en œuvre par moulage par injection ou extrusion.
lement la température du milieu réactionnel par échange de la cha-
leur de réaction avec la phase continue et de limiter fortement la
■ Le PS cristal reste un matériau fragile. Ses propriétés mécaniques
peuvent être adaptées aux besoins par addition de nodules élasto-
viscosité globale du milieu réactionnel. Ils permettent aussi de
mères à base de polybutadiène. Le PS choc HIPS (High Impact PS ),
récupérer en fin de réaction les produits sous une forme qui se
est obtenu par polymérisation en masse du styrène dans lequel des
prête davantage à leur application finale que ne l’autorisent les
particules de polybutadiène (environ 6 % en masse) ont été préala-
procédés en milieu homogène. Par exemple, les résines échan-
blement dissoutes ou gonflées. On peut ajouter un solvant pour
geuses d’ions et les liants polymères des peintures « à l’eau » sont
diminuer la viscosité et un agent de transfert pour limiter les masses
élaborés par polymérisation en milieu dispersé.
molaires si besoin. Le milieu est initialement homogène et le reste
Selon la taille des objets dispersés dans la phase continue, on jusqu’à environ 2 % de conversion. Le polystyrène formé et le poly-
classe les milieux dispersés de la suspension à la microémul- butadiène sont incompatibles : il se forme une émulsion de
sion, en passant par l’émulsion et la mini-émulsion. L’industrie polymères constituée d’une phase continue de PBd en solution dans
utilise essentiellement les deux procédés de polymérisation en le styrène et une phase dispersée de PS en solution dans le styrène.
suspension et en émulsion conventionnelle (macroémulsion). Bien Les domaines dispersés sont stabilisés par des copolymères greffés
que le développement du procédé de polymérisation en PBd-g-PS, formés en même temps que les macromolécules de PS,
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Eau
R3
D1
P6 D2
R1
E2
B
E1 R2
H P7
P4 P5 P8
G F
P9
Polybutadiène
I Polystyrène
C
Air (vers stockage) Fluide
V caloporteur
A Styrène
P3 P2 P1
qui stabilisent les domaines dispersés en se plaçant aux interfaces donc influe directement sur les propriétés physico-chimiques du
et en diminuant les tensions interfaciales. matériau final.
Le styrène de la phase PS-styrène continue à polymériser et le
volume de la phase dispersée augmente jusqu’à une inversion de Il y a une différence majeure entre les émulsions conven-
phase qui apparaît entre 10 et 20 % de conversion : la phase tionnelles (type H/E) et les émulsions de solutions de
PBd-styrène devient la phase dispersée dans une phase styrène-PS polymères. Dans le premier cas, les deux phases en présence
continue. Le styrène de la phase dispersée PBd-S continue à poly- sont de polarités très différentes et l’immiscibilité résulte de
mériser et entraîne une nouvelle démixtion avec formation d’occlu- l’incompatibilité entre ces deux phases. Dans les émulsions de
sion PS-S dans cette phase. La polymérisation du styrène solutions de polymères, le solvant est le même dans les deux
augmente la taille de ces occlusions et fait apparaître d’autres phases et l’immiscibilité des liquides est la conséquence de
occlusions (lors de l’inversion de phase, le styrène solubilisant le l’incompatibilité des deux polymères en solution. Les molé-
PBd entraîne aussi un peu de PS). La figure 3 [6] [J 5 830] donne cules de solvant peuvent passer librement d’une phase à
une idée de l’évolution du système. l’autre. Dans le cas du PS choc, c’est la polymérisation du sol-
Tout au long de ce processus, la quantité de copolymère vant (le styrène) qui conduit in fine à un matériau ayant les
PBd-g-PS formé gère le nombre et la distribution de taille des propriétés mécaniques recherchées. On note aussi le rôle fon-
domaines dispersés, tant les nodules de PBd dans la phase conti- damental du copolymère greffé PBd-g-PS dans la structure
nue de PS que les occlusions de PS dans les nodules de PBd, et finale du matériau (structure en « salami »).
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XX
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Polycondensation, polyaddition
et modification des polymères
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1. Définitions et exemples. [réaction (7)]. Par contre, la réaction (6) ne peut s’appliquer à P*m
car, si elle réagissait avec une autre chaîne active (P*n), leurs grou-
Écriture des pes actifs seraient détruits et il se formerait une ou deux chaînes
incapables de croître (chaîne morte).
polycondensats
Les termes polycondensation et polyaddition sont les mêmes
en français et en anglais. Par contre, la littérature anglo-saxonne
1.1 Définitions officielles données utilise aussi, et très souvent, les termes : step-polymerization,
par l’IUPAC et autres dénominations step-growth polymerization et step-polyaddition qui sont totale-
ment bannis dans la nomenclature officielle et, qui plus est, sont
équivoques.
Les réactions générales (1) et (2) décrivent à la fois les poly-
condensations et les polyadditions :
Dans ce qui suit, seul le mot polycondensation est utilisé quand il
(n + 1) A C X C A + (n + 1) B C Y C B → n’y a pas lieu de distinguer la polycondensation de la polyaddition.
A C [X C A′B ′ C Y C B ′A′]n C X C A′B ′ C Y C B + C (1)
(n + 1) A C Z C B → A C [Z C B ′ C A′]n C Z C B + C (2)
1.2 Exemples
En général C est un produit, ou un ensemble de produits, de
faible masse molaire ; sa présence est caractéristique des poly-
condensations mais il est absent dans les polyadditions. Les réactions (8) à (11) (cf. encadré 2) montrent à la fois la diver-
sité des produits et l’importance de la nature des extrémités de
Les monomères A C X C A, B C Y C B et A C Z C B renferment chaîne. Même si les fonctions terminales sont difficiles à mettre en
des fonctions réactives A et B dont la condensation ou l’addition est évidence, particulièrement quand la masse molaire est élevée, il est
à l’origine de la croissance des chaînes. A′ et B′ sont les groupes A nécessaire d’avoir à l’esprit qu’elles peuvent jouer un rôle important
et B après réaction (encadré 1). au moment de la mise en œuvre du polymère et dans ses diverses
utilisations. Enfin, les groupes terminaux sont essentiels dans les
oligomères-α,ω-difonctionnels ou encore nommés oligomères télé-
Encadré 1 − Exemples de polycondensation chéliques bien qu’il s’agisse d’un abus de langage.
avec élimination d’eau
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■ Formation d’un polyamide aromatique à partir d’un dichlorure d’acide aromatique et d’une diamine aromatique :
+ (2n + 1) HCl
+ (2n + 1) CH3OH
(n + 1)O C N R N C O + (n + 1) HO R' OH
(11)
O C N R NH C O R' O C NH R NH C O R' OH
O O O n
Les radicaux ainsi formés se polyadditionnent selon le schéma La formation des sites réactionnels a été décrite dans le
réactionnel (14) : paragraphe 2. La croissance de la chaîne est l’étape essentielle qui,
avec la terminaison, a une influence déterminante sur la valeur des
masses molaires et leur distribution, sur la répartition des unités
Couplage des radicaux R1• constitutives dans la chaîne, lorsque plus de deux monomères sont
2R1• R1 R1 utilisés, et sur la formation des branchements.
Plusieurs caractéristiques importantes la distinguent de la phase
Attaque de R1 R1 par un radical (R • ou R1• ) « propagation » des polymérisations en chaîne :
(R1 R1) (R1 R1) •
— en polycondensation et polyaddition, il n’y a pas permanence
R 2• (1 4) d’une espèce active portée par une extrémité de la chaîne ; chaque
Couplage des radicaux étape doit être activée ;
R1• + R2• R1 R2 — la croissance se fait par réaction de x-mères :
R2• + R2• R2 R2 monomère + monomère → dimère
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3.2 Cessation de croissance des chaînes La préparation la plus classique des polyesters insaturés consiste
à polycondenser un mélange de diols et d’anhydrides renfermant
presque toujours de l’anhydride maléique et, pour certains grades,
Elle limite le degré de polymérisation et peut être de deux natures de l’anhydride phtalique. La réaction principale est la suivante (18) :
différentes.
O
■ T erminaison physique
C
Les groupes fonctionnels ne sont pas détruits ; il s’agit d’une ces- HO R OH + HC CH + O
sation de croissance due, par exemple, à une augmentation impor-
tante de la viscosité du milieu qui empêche la diffusion des chaînes C C C
et les mouvements segmentaires de se produire. L’addition d’un O
O O O (18)
agent diluant ou une élévation de température peut alors éventuel-
lement permettre le redémarrage de la réaction.
ROOC CH CH COOR OOC COO R OOC
■ Terminaison proprement dite
Les groupes fonctionnels sont détruits en partie ou en totalité par
des réactions très diverses.
● Décarboxylation La parenthèse indique que l’anhydride phtalique est présent ou
non.
R COOH R H + CO2 (15) Cette réaction principale est accompagnée de nombreuses réac-
tions secondaires ; trois d’entre elles (19), (20), (21) sont données ci-
le symbole désigne la chaîne. dessous :
● Formation d’un sel — quand H O C R C OH est le pr opane-1,2-diol
(CH3 C CHOH C CH2OH), deux unités constitutives isomères sont
R NH2 + HCl R NH3+ + Cl – (16) formées :
Lorsque l’hexaméthylènediamine (HMD) est polycondensée avec — les hydroxy terminaux peuvent s’additionner aux doubles
l’acide succinique (acide butane-1,4-dioïque), la croissance des chaî- liaisons :
nes est limitée par une contribution importante des cyclisations
(encadré 3). O C CH CH C O
O O
O O
4. Réactions secondaires R O C CH CH C O R OH
O
(21)
La plupart des polycondensations et des polyadditions sont R O C CH CH2
accompagnées de réactions dites secondaires qui peuvent être très O C O
différentes de la réaction principale. Les progrès de l’analyse chimi- R O
que ont permis de montrer des anomalies structurales dans des sys-
tèmes considérés longtemps comme purs. Par ailleurs, l’exigence — la configuration cis de l’anhydride maléique est transformée
croissante des applicateurs oblige le producteur à détecter et à éli- en configuration trans ; il s’agit bien d’une réaction secondaire mais
miner au maximum ces phénomènes parasites. Le cas des poly- très positive puisque seules les chaînes trans peuvent se copolymé-
esters insaturés est typique de ces phénomènes. riser avec le styrène.
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5. Contrôle des masses Il est essentiel de souligner que la relation (27) ne peut être utili-
sée que quand N A0 = N B0 ; un tel mélange est dit stœchiométrique.
molaires Quand N A0 est différent de N B0 (le mélange est dit non stœchio-
métrique), f ne peut être calculé par la relation (27). Dans un sys-
Les relations données dans cette partie permettent de préparer un
mélange réactionnel menant à un polymère ayant une masse tème A C A + B C B où N A0 < N B0 , les groupes ( N B0 Ð N A0 ) B, en excès,
molaire déterminée et, éventuellement, à des groupes terminaux ne peuvent réagir et ils ne doivent pas être pris en considération
bien définis. Il est évident que des phénomènes imprévus (réactions dans l’application de (27) où N B0 doit être remplacé par N A0 :
secondaires, précipitation partielle ou totale du polymère) peuvent
conduire à des écarts aux valeurs données par ces relations ; elles
sont cependant précieuses dans la mesure où elles permettent de N A0 + N A0 2 n A0 f A N A0 n A0 f A n A0 f A
f = ----------------------- = --------------------
- r = -------- = --------------
- n B0 = --------------
- (28)
déterminer une composition approchée du mélange réactionnel et, 0
nA + nB 0 n A0 + n B0 NB 0 n B0 f B rf B
par conséquent, de limiter le nombre d’expériences préalables.
2 n A0 f A 2 rf A f B
f = ------------------------------
- = ------------------- (29)
n A0 f A f A + rf B
5.1 Relations générales et systèmes n A0 + ---------------
rf B
A C A + B C B ou A C B + A C B
Compte tenu de (26)
Soit un système constitué de deux types de monomères : des f A + rf B
2
molécules portant fA groupes A et des molécules portant fB DP n = ----------------- = -------------------------------------------
- (30)
groupes B ; fA et fB sont respectivement les fonctionnalités de cha- 2 Ð pf f A + rf B Ð prf A f B
cun de ces monomères.
où r = N A0 ⁄ N B0 est appelé rapport stœchiométrique du système.
n A0 , n B0 , nA et nB sont les nombres de molécules de chacun de ces
monomères au temps zéro et au temps t. Quand N A0 est différent de N B0 , ce sont les groupes minoritaires
N A0 , N B0 , NA et NB sont les nombres de fonctions A et B au temps qui sont désignés par A et, par conséquent, N A0 < N B0 et r < 1. Lors-
zéro et au temps t : que N A0 = N B0 ; r = 1.
Deux cas sont particulièrement importants :
N A0 = n A0 f A et N B0 = n B0 f B (2 2)
fA = fB :
Le degré d’avancement, dit encore conversion, est le paramètre p
défini par les relations (23) et (24). Si N A0 = N B0 , p est commun aux 1+r
deux fonctions ; par contre, si N A0 est différent de N B0 , p doit être DP n = --------------------------------- (31)
1 + r Ð rf A p A
défini pour chaque fonction, ainsi pour pA :
fA = fB = 2 :
N A0 Ð N A 2 ( n A0 Ð n A )
p A = ---------------------- = ----------------------------
- (23)
NA 0 n A0 f A 1+r 1+r 1+r
DP n = --------------------------------- = --------------------------------- = ------------------------------ (32)
1 + r Ð 2 rp A 1 + r Ð 2 rp B 1 + r Ð 2 rp
2 n
ou p A = ----- 1 Ð ------A- (24)
fA n A0
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YS
YT
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YV
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PET 258 78
100
PTT 230 51
PBT 228 48 0
1 993 1994 19 9 5 1996 1997 1998 1999 2000
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YW
YX
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jUXVP
Mise à jour de [J 5 860] rédigé par Alain ZALMANSKI (PCUK) en 1982 puis par Patrick
ARLAUD (Cray Valley) en 1994
YY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
jUXVP
1.2.1 Production
1.1 Remarque préliminaire
En France, la capacité totale de production de polyesters insatu-
Le terme générique polyesters recouvre une famille de poly- rés est voisine des 180 000 tonnes par an.
mères dont les motifs unitaires sont constitués par des groupe-
ments alcooliques unis à des groupements acides. Leur formule La production totale métropolitaine, nettement supérieure à la
générale est la suivante : consommation nationale annuelle de l’ordre de 100 000 t environ,
s’ouvre de plus en plus à l’exportation et plus particulièrement
OH[( CH2)n O C ( CH2)m C O]p H vers l’Europe de l’Est dont le marché est en fort développement.
O O
Le marché de l’Europe de l’Ouest est actuellement de 600 000 t
Les différents polyesters utilisés dans l’industrie sont environ avec une constante progression depuis ces dix dernières
principalement : années. Les applications dans le domaine du moulage avec renfort
– les polyesters thermoplastiques (linéaires et saturés), à struc- de fibres de verre représentent plus de 70 % de la résine
ture cristalline hautement orientée qui les rend aptes au filage et à consommée et des nouvelles applications comme celles des pales
la préparation de films ; d’éoliennes et des revêtements pour rénovation de canalisations
enterrées ont vus le jour ces derniers temps.
Exemple : le poly(éthylène téréphtalate) bien connu sous les
marques Mylar, Dacron ou Tergal, etc.
– les plastifiants polyesters, obtenus par action d’un diacide 1.2.2 Applications
saturé sur un polyol et utilisés essentiellement pour plastifier les
polymères vinyliques et les dérivés nitrocellulosiques ; Elles sont de deux types :
– les résines alkydes (glyptals ou glycérophtaliques), obtenues – principalement sous forme de polyesters insaturés renforcés
par condensation d’anhydride phtalique et de polyols, et générale- de fibres de verre (25 à 40 % en masse), en présence ou non
ment modifiées par des huiles ou des acides gras pour la fabrica- d’autres charges telles que le carbonate de calcium (tableau 1) ;
tion de peintures et de certains revêtements ;
– les polyesters pour polyuréthannes, à haute teneur en groupe- – dans une moindre mesure, sous forme de polyesters insaturés
ment OH (polyols) susceptibles de réagir avec les isocyanates pour non renforcés, essentiellement pour les vernis, la production de
l’obtention de mousses, d’élastomères, de revêtements, etc. boutons, les bétons de résines, les mastics pour carrosseries et les
gel coats.
L’étude de ces différents produits fait l’objet de plusieurs dos-
siers dans la base Plastiques et Composites de notre collection et
ne sera pas abordée dans ce dossier consacré aux polyesters insa-
turés et à leur procédé de fabrication.
Tableau 1 – Répartition de la consommation
en Europe de l’Ouest de polyesters
Aperçu historique Secteur d’utilisation (kT) (%)
On peut noter dès 1894 la préparation des maléates et APPLICATIONS AVEC RENFORT DE VERRE 424,6 75,96
fumarates d’éthyléneglycol par l’Allemand Vorlander. Il fallut
ensuite attendre les travaux de Bradley, vers 1937, aux Bâtiment
États-Unis, qui montrèrent, à la suite des théories de Principalement plaques ondulées,
Carothers, que la formation d’un polyester infusible et insolu- sanitaire, piscines, parements et autres 106,4 19,03
ble était due à la présence des doubles liaisons dans la chaîne
macromoléculaire. Transport
Puis, à la même époque, Ellis découvrit que l’addition d’un Secteurs du ferroviaire et de l’automobile,
monomère insaturé à un polyester également insaturé aug- panneaux pour camions frigorifiques et
mentait la vitesse de durcissement de ce dernier dans de autres 91,3 16,33
notables proportions. On transformait en réalité un polymère
linéaire thermoplastique, à tendance plus ou moins siccative, Corps creux
en un polymère réticulé par un monomère, donc tridimension- Cuves, tuyaux, réparation canalisations etc. 83,2 14,88
nel et thermodurci.
Le premier polyester commercialisé vers 1941 fut le polycar- Électricité
bonate d’allyldiglycol ou Allymer Cr 39 de la société Pittsburgh Eoliennes, pièces diverses moulées 41,5 7,42
Plate Glass ; puis l’American Cyanamid fournira un polyester
en solution dans le styrène, dont les applications furent essen- Marine
tiellement militaires. La fin de la guerre fit chuter la production Plaisance, pèche, transport passagers etc. 70,6 12,62
de ces polyesters qui n’était plus, aux États-Unis, que de 500 t
en 1947. Pièces industrielles
Le marché repartira en flèche lors de l’apparition des pre- Pièces pour applications diverses 31,6 5,65
miers stratifiés verre-résine mettant en évidence la facilité de
préparation de plastiques renforcés de fibres de verre. Au fur et APPLICATIONS SANS RENFORT DE VERRE 134,4 24,04
à mesure de l’étude des propriétés et des applications des Bétons polyester, gel coat, mastic, boutons
polyesters (renforcés ou non) se développaient les techniques etc.
de préparation et de contrôle et se créaient de nouvelles appli-
cations (§ 1.2.2). TOTAL 559,00 100,00
QPP
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jUXYP
Oxyalkylations
Oxyéthylations et oxypropylations
par Philippe LOLL
Docteur-ingénieur de l’École nationale supérieure de chimie et de physique de Bordeaux
Responsable technique – ICI C&P France SA
Mise à jour de l’article de Messieurs D. Aftalion et J.-M. Plecety (ICI France) paru en 1989.
1. Généralités................................................................................................. J 5 890 - 2
1.1 Les oxydes d’alkylène OE et OP ................................................................. — 2
1.2 Obtention des oxydes d’éthylène et de propylène ................................... — 2
1.3 Importance industrielle des oxyalkylations et produits obtenus............. — 2
2. Mise en œuvre industrielle.................................................................... — 4
2.1 Réactions générales d’oxyalkylation ......................................................... — 4
2.2 Catalyse ........................................................................................................ — 5
2.3 Sécurité......................................................................................................... — 6
3. Procédés continus ................................................................................... — 7
3.1 Schémas de principe ................................................................................... — 7
3.2 Production des éthylèneglycols et des propylèneglycols ........................ — 7
3.3 Production des éthers de glycols ............................................................... — 8
3.4 Production d’éthanolamines et de propanolamines ................................ — 9
3.5 Production d’alkyléthanolamines............................................................... — 9
3.6 Production de chlorure de choline ............................................................. — 10
4. Procédés discontinus.............................................................................. — 10
4.1 Types de réacteurs utilisés.......................................................................... — 10
4.2 Schéma de principe ..................................................................................... — 10
4.3 Cinétique des oxyalkylations en discontinu.............................................. — 11
4.4 Produits obtenus.......................................................................................... — 11
4.5 Problèmes spécifiques aux dérivés de l’OP .............................................. — 12
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 5 890
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QPQ
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jUXYP
OXYALKYLATIONS ______________________________________________________________________________________________________________________
CH3 O CH3
Oxyde de propylène + MPC
Les autres termes des oxydes d’alkylène ont une utilisation indus-
trielle limitée. On connaît quelques débouchés pour l’oxyde de
butylène, mais la réactivité diminuant très rapidement avec l’aug-
mentation de masse molaire de l’oxyde d’alkylène, les utilisations
majeures concernent l’OE et l’OP.
Le premier conduit à la formation d’alcool terbutylique TBA (ter-
tiobutyl alcohol) utilisé par Lyondell. Le second conduit à la forma-
tion de méthylphénylcarbitol MPC (methylphenyl carbitol) utilisé
1.2 Obtention des oxydes d’éthylène par Shell.
et de propylène
Sumitomo a développé un nouveau procédé passant par le
peroxyde du propylène [9], et devrait démarrer une nouvelle unité
■ Oxyde d’éthylène de 200 000 t/an au Japon en 2002.
Quasiment toutes les unités de production utilisent un procédé
d’oxydation directe de l’éthylène par l’oxygène [10], en présence
d’un catalyseur entre 240 et 270 ºC et sous une pression de 15 à
25 atm (1,5 à 2,5 MPa) selon la réaction : 1.3 Importance industrielle
C2H4 + 1/2 O2 → C2H4O + 103,4 kJ/mol des oxyalkylations
et produits obtenus
Une faible capacité de production en Chine utilise encore l’ancien
procédé à l’éthylène chlorhydrine (2-chloroéthanol H2C CH2 ).
■ Oxyde de propylène Cl OH Les réactants, les produits obtenus et leurs principales applications
Il existe deux procédés principaux d’obtention. sont donnés dans les tableaux 1 et 2 et en [Doc. J 5 890].
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QPR
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jUXYP
_____________________________________________________________________________________________________________________ OXYALKYLATIONS
(0)
T ableau 1 – Oxyéthylations
Réactant (1) Produits obtenus Applications
• Liquides de refroidissement
• Fibres polyesters
Eau Monoéthylèneglycol • Explosifs
• Résines, solvants
Alcools gras de C7 à C20
Nonylphénol • Détergents à usage domestique
Éthoxylats • Tensioactifs industriels
Octylphénol • Produits pharmaceutiques
Monoéthylèneglycol
Propylèneglycol • Détergents à usage domestique
Alcools gras de C7 à C20 • Détergents à usage industriel
Copolymères • Textiles
Éthylènediamine • Cosmétiques
Polyols (triméthylolpropane TMP, glycérine...) • Lubrifiants
Éthanol
Méthanol • Solvants pour peintures et encres
Éthers de glycol
Buthanol • Fluides hydrauliques (liquides de freins)
Phénol
• Agents de purification pour traitement des gaz
Ammoniac Éthanolamines • Tensoactifs industriels
• Intermédiaires chimiques
Glycérine HOCH 2 CHOH CH 2 OH (+ OP)
Saccharose C12H22O11 (+ OP) • Polyuréthanes
Polyols • Lubrifiants
Divers polyols (+ OP)
Triméthylolpropane (+ OP)
Huile de ricin Corps gras éthoxylés • Tensioactifs (émulgateurs, dispersants, mouillants...)
Ester de sorbitan (Span ®) Tween ® • Cosmétique (émulgateurs)
• Biocides pour traitement des eaux
Amines grasses de C8 à C22 Dérivés d’amines grasses • Détergents à usage domestique ou pour l’agrochimie
• Inhibiteurs de corrosion
Méthylamines Aminoéthanols
• Agents de purification pour traitement des gaz
• Intermédiaires, en particulier agents de floculation
Éthylamines Chlorure de choline • Aliments pour animaux
(1) (+ OP) signifie que l’on part d’un réactant propoxylé qui est ensuite éthoxylé. Par exemple, lorsqu’il y a écrit Triméthylolpropane (+ OP), cela veut dire que ce
qui est utilisé est du TMP propoxylé (donc du TMP + n OP) qui est ensuite éthoxylé. Dans la pratique, on part d’un TMP propoxylé sur lequel on ajoute quelques
moles supplémentaires d’OP, puis quelques moles d’OE.
(0)
Tableau 2 – Oxypropylations
Réactant (1) Produits Applications
• Produits antigel
Eau Monopropylèneglycol • Résines polyesters insaturées
• Produits pharmaceutiques et cosmétiques...
Divers (+ OE) Polyols • Lubrifiants
Éthanol
Méthanol
Éthers de glycols • Solvants pour peintures et encres
Butanol
Phénol
Propylèneglycol (+ OE)
• Détergents à usage domestique
Alcools gras de C7 à C20 (+ OE) • Détergents à usage industriel
Copolymères
Polyols (+ OE) • Textiles
• Cosmétiques
Éthylènediamine (+ OE)
Ammoniac Propanolamines • Agents de purification pour traitement des gaz
(1) (+ OE) signifie que l’on part d’un réactant éthoxylé qui est ensuite propoxylé. Par exemple, lorsqu’il y a écrit Alcools gras de C7 à C20 (+ OE), cela signifie que
l’on part d’alcool gras sur lequel on fixe quelques moles d’OE puis quelques moles d’OP.
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QPU
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1. Réaction d’isomérisation
I
80
1.1 Aspect thermodynamique
L’isomérisation est une réaction équilibrée et faiblement exother- 70
mique (4 à 20 kJ/mol). II
La formation des structures ramifiées (isomères à indice d’octane
élevé) étant favorisée à basse température (figure 1), on recherche 60
industriellement l’opération à la température aussi faible que pos- 0 50 100 150 200 250
sible. Mais quelle que soit la température opératoire, on obtient Température t (°C)
toujours en sortie de réacteur un mélange de paraffines normales i –– C5
Courbe I : = f (t )
et d’isoparaffines. i –– C5 + n –– C5
H3C
avec i –– C5 isopentane CH CH2 CH3
1.2 Catalyseurs H3C
et n –– C5 pentane normal
Ce sont des catalyseurs acides permettant la formation de carbo-
i –– C4
cations, reconnus comme espèces actives intermédiaire [1]. Courbe II : = f (t )
i –– C4 + n –– C4 H3C
Depuis l’utilisation, en phase liquide ou sur support, des cataly-
seurs monofonctionnels de Friedel et Crafts (catalyseurs dits de avec i –– C4 isobutane CH CH3
première génération) pour l’isomérisation du n-butane [1], les H3C
auteurs distinguent trois générations de catalyseurs [2]. et n –– C4 butane normal
Les catalyseurs des deuxième et troisième générations, ou cata-
a pentanes et butanes
lyseurs bifonctionnels d’hydro-isomérisation, ont à la fois une acti-
vité acide apportée par un support de grande surface spécifique
(200 à 300 m2/g) et une fonction hydrogénante – déshydrogénante 80
Composition molaire (% par rapport à l’ensemble des isomères en C6)
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Reformage catalytique
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Méthylcyclopentane Cyclohexane
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QPY
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QQQ
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jQRQW
Comme il est d’usage dans la profession, les compositions sont sauf précision contraire
massiques.
1. Catalyse bifonctionnelle catalyseurs bifonctionnels très particuliers sont examinés ici. Par
ailleurs, de nombreuses zéolithes acides étant choisies comme
redox-acide composants acides des catalyseurs bifonctionnels industriels, les
structures poreuses des principales zéolithes sont présentées dans
le tableau 2 .
La catalyse bifonctionnelle redox-acide joue un rôle essentiel en
raffinage du pétrole et en pétrochimie [1] [2] [3]. Les principaux
procédés de conversion auxquels elle participe sont présentés
dans le tableau 1, les charges traitées, les produits désirés, les Le lecteur peut trouver des informations complémentaires
sur le site de l’Association internationale des zéolithes
catalyseurs utilisés étant précisés. Tous ces procédés, à l’exception
du dernier qui traite de l’aromatisation des alcanes légers sur des (http://www.iza-structure.org)
QQR
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A–, M+ Hydrogénolyse
A+, M– Craquage acide
Le symbole + signifie que les sites sont nombreux et (ou) très actifs, le symbole – qu’ils sont peu nombreux et (ou) peu actifs.
Figure 1 – Relation entre les propriétés des sites acides (A) et des sites métalliques (M) de catalyseurs bifonctionnels et le mode de craquage
des alcanes [4]
1.1 Catalyseurs et catalyse – avec intervention des seuls sites acides (craquage par catalyse
acide) ;
bifonctionnels – avec intervention des seuls sites métalliques (hydrogénolyse
par catalyse métallique) ;
Si d’évidence, tous les processus de catalyse bifonctionnelle – sans qu’aucun site du catalyseur n’intervienne (craquage
redox-acide exigent l’utilisation de catalyseurs bifonctionnels, la thermique) [4].
mise en œuvre d’un catalyseur bifonctionnel n’implique pas néces-
Le deuxième cas est également observé en isomérisation sque-
sairement que la réaction désirée se produise par catalyse bifonc-
lettale d’alcanes légers C5-C6 sur Pt/alumine fortement chlorée
tionnelle.
(donc fortement acide) à 120-150 oC sous faible pression d’hydro-
Pour une même réaction (par exemple, craquage), les caractéris- gène. Si sur ce catalyseur bifonctionnel, l’isomérisation se produit
tiques respectives des sites acides et des sites métalliques des uniquement par catalyse acide, le platine joue cependant un rôle
catalyseurs bifonctionnels (et les conditions opératoires) détermi- important : l’hydrogène qu’il active limite la formation de produits
nent le schéma réactionnel (figure 1) [4] : de condensation responsables de la désactivation des sites acides.
Le platine catalyse la formation d’HCl à partir de l’agent chloré
– avec intervention successive des deux types de sites (hydro- introduit en continu, maintenant ainsi la « superacidité » proto-
craquage par catalyse bifonctionnelle) ; nique du catalyseur [5].
QQS
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jQRQW
Tableau 2 – Structure poreuse des zéolithes utilisées comme composants acides des principaux
catalyseurs bifonctionnels du raffinage du pétrole et de la pétrochimie
Charpente
Zéolithe Structure Système microporeux Procédé
(matériau type)
Zéolithes
à
larges pores <111> 12 7,4 × 7,4***
FAU (Faujasite) Hydrocraquage
Supercages 13 Å Ø
Isomérisation des C8
[001] 12 6,5 × 7,0* ↔
aromatiques,
MOR (Mordenite) {[010] 8 3,4 × 4,8
hydroisomérisation
↔ [001] 8 2,6 × 5,7}*
des alcanes légers
AEL
[001] 10 4,0 × 6,5* Déparaffinage (SAPO-11)
(AlPO-11)
Zéolithes à taille
de pores intermédiaires
MFI
(ZSM-5)
{[100] 10 5,1 × 5,5 ↔
Déparaffinage
[010] 10 5,3 × 5,6}***
TON
(Theta-1)
Dans la description de leur système microporeux (colonne 3), chaque système de canaux équivalents est caracterisé par :
– la direction des canaux ;
– le nombre des atomes T : Al et Si (indiqué en gras) des ouvertures de canaux ;
– les diamètres cristallographiques libres des canaux (en Å).
– la dimensionnalité du système : 1, 2 ou 3 astérisques pour mono, bi ou tridimensionnel.
QQT
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jQRQW
Il convient de souligner que la plupart des procédés du raffinage tionnel Pt/H zéolithe sont présentées figure 2. Bien que cette réac-
traitent des charges complexes, nécessitant de multiples réactions, tion semble se produire en une étape apparente unique (seules
certaines exigeant une catalyse bifonctionnelle redox-acide, des traces des alcènes intermédiaires sont détectées), elle requiert
d’autres ne nécessitant qu’une catalyse monofonctionnelle acide 7 étapes successives :
ou métallique. Ainsi, les principaux composants des charges de – 3 étapes chimiques, deux d’entre elles catalysées par les sites
reformage des essences, ayant de 6 à 10 atomes de carbone, vont : métalliques (étapes 2 et 6), une par les sites acides protoniques
– pour les alcanes s’isomériser ou se déshydrocycliser par cata- (étape 4) ;
lyse bifonctionnelle ; – 4 étapes physiques, c’est-à-dire diffusion des molécules de
– pour les naphtènes se déshydrogéner en aromatiques par cata- n-C6 de la phase gaz vers les sites de Pt (étape 1), diffusion des
lyse métallique ;
n-hexènes (n -C6= ) des sites métalliques aux sites acides de la
ce qui répond dans les deux cas à l’objectif souhaité d’augmen-
zéolithe (étape 3), des méthylpentènes (MP=) des sites acides aux
tation de l’indice d’octane [6] [7] [8]. Des réactions secondaires
sites métalliques (étape 5) et des molécules de MP des sites métal-
sont également observées : hydrocraquage et formation de coke
liques à la phase gaz.
par catalyse bifonctionnelle, hydrogénolyse d’alcanes, naphtènes
et alkyl aromatiques par catalyse monofonctionnelle sur des Remarquons que si les étapes 3 et 5 se produisent au sein des
ensembles de sites métalliques contigus [9]. micropores de la zéolithe, les étapes 1 et 7 se produisent soit uni-
quement en phase gaz si le platine est localisé sur la surface des
cristallites de zéolithe, soit en phase gaz et dans les micropores si
1.2 Schéma d’un processus catalytique il est localisé à l’intérieur des cristallites. Les arguments en faveur
de ce schéma réactionnel tirés des références [9] [10] [11] [12] sont
bifonctionnel résumés dans le tableau 3, les principaux étant illustrés dans les
figures 3 [53].
Les diverses étapes impliquées dans l’isomérisation du
n-hexane (n-C6) en méthyl pentanes (MP) sur un catalyseur bifonc-
1 7
n – C6 n – C6 i – C6 i – C6
Diffusion Diffusion
+ H2 6
– H2 2
3 4 5
n – C 6= n – C 6= i – C 6= i – C 6=
Diffusion Diffusion
Figure 2 – Étapes chimiques (2, 4, 6) et physiques (1, 3, 5, et 7) de l’hydroisomérisation du n-hexane (n-C6) sur un catalyseur bifonctionnel
Pt/zéolithe
(1) Participation des sites hydrodéshydrogénants et des sites acides protoniques à la catalyse
– Effet de synergie : activité (A) de mélanges mécaniques de Pt/γ-Al2O3 + acide > somme des A des composants (figure 3a)
– Mise en évidence d’un effet des concentrations des sites hydro-déhydrogénants et des sites acides sur l’activité (figure 3b)
– Effet de poisons des sites métalliques (H2S) et des sites acides (NH3) sur l’activité (figure 3c)
QQU
QQV
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jQRQX
Catalyse bifonctionnelle
Application en valorisation des alcanes
légers et en chimie fine
QQW
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QQX
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jQRQX
1.1.1 Schémas réactionnels CH3 -CH+3 -CH2 -CH3 formé avec production d’hydrogène ou par trans-
fert d’hydrure de cette molécule à un ion carbenium préexistant ;
Comme les n-alcanes plus longs, le n-butane peut s’isomériser à la – soit par protonation du butène résultant de la déshydro-
fois sur des catalyseurs purement acides tels que les zéolithes proto- génation du n-butane sur les sites métalliques des catalyseurs
niques, la zircone sulfatée (SZ), l’alumine fortement chlorée, etc. et bifonctionnels.
sur des catalyseurs bifonctionnels associant une phase hydro-
génante (généralement le platine) à ces mêmes solides acides. Cette Cette isomérisation squelettale étant par conséquent très lente, un
isomérisation présente toutefois la particularité d’être toujours processus bimoléculaire d’alkylation-isomérisation-craquage, plus
accompagnée d’une dismutation du butane avec formation de facile car n’impliquant que des ions carbenium secondaires et tertiai-
propane et pentanes [3] [6]. Cette particularité s’explique par la res prend sa place et cela quel que soit le type de catalyse, purement
formation d’un ion carbenium primaire (CH3 )2CHCH2+ , donc très acide ou bifonctionnelle. Les schémas bifonctionnels d’isomérisation
instable lors de l’isomérisation squelettale de l’ion carbenium secon- monomoléculaire et bimoléculaire sont présentés sur la figure 2.
daire CH-CH+-CH2-CH3 . L’ion carbenium secondaire est formé :
Le schéma réactionnel bimoléculaire d’isomérisation du
– soit par protonation d’une molécule de n-butane sur un site pro- n-butane a été démontré sur de nombreux catalyseurs acides
tonique très fort suivie de la décomposition de l’ion carbonium (HMOR, alumine chlorée, zircone sulfatée etc) et bifonctionnels
– H2 + H+ +
C—C—C—C C—C C—C C—C—C—C
+ +
C—C—C—C + C—C C—C C—C—C—C—C—C
—
—
C C
+
C—C—C—C—C—C
—
+ C C
C—C—C—C—C—C ~ CH3, H
—
—
C C +
C—C—C—C—C—C
—
C C
C
+ +
—
C—C—C—C—C—C C—C—C—C + C—C C
—
C C –H+
C—C C—C
+ +
C—C—C—C—C—C C—C—C + C C—C—C
—
—
C C –H+ C
C—C C
– H2 + H+ +
C—C—C—C C—C C—C C—C—C—C + H2
C—C C C—C—C
H+
C C + H2
+ — + C—C C—C C—C—C—C
—
+
C—C—C C—C C C—C—C C C
C
— —
+
C—C—C—C—C
—
C C
~ CH3, H
C—C C—C
+ C
C—C—C
— —
+
—
C—C—C—C—C
C ~ H saut d’hydrure
—
C
—
C—C C
Figure 2 – Schémas bifonctionnels de l’isomérisation monomoléculaire et bimoléculaire du n-butane en absence et en présence d’isobutène
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(Pt/zéolithes, Pt/alumine chlorée, Pt/zircone sulfatée, etc.) par la for- celle-ci comportant souvent deux réacteurs successifs, le premier
mation simultanée d’isobutane et d’un mélange équimolaire (au opérant à température élevée pour approcher rapidement
moins à faible conversion) de propane et pentanes [5] [7] [8]. l’équilibre thermodynamique, le second à température plus basse
D’autres observations confirment ce mécanisme : pour compléter l’isomérisation dans des conditions thermodyna-
– ordre en n-butane généralement supérieur à 1, parfois égal à 2 miquement plus favorables [5].
pour l’isomérisation [7] ;
– composition des produits résultant de la transformation
d’espèces marquées au carbone 13 (n-butane 13C-1 [9] ou double-
1.2 Transformation d’alcanes légers
ment marqué sur les carbones 1 et 4 [10]). par un processus successif
Avec ce mécanisme bimoléculaire, la sélectivité en isobutane de réactions de déshydrogénation
dépend de la conversion du n-butane, la formation initiale d’ions et de catalyse acide
carbenium intermédiaires en C8 par réaction entre un ion car-
benium et un alcène à squelette n-C4 (figure 2b) étant peu à peu 1.2.1 Déshydroisomérisation du n-butane
remplacée par des réactions plus faciles entre molécules de n -C =4
et i -C =4 avec formation d’ions carbenium en C8 de grande réactivité Comme l’hydroisomérisation des n-alcanes plus longs, la déshy-
(figure 2c). La présence d’hydrogène et son activation par des droisomérisation du n-butane (n-C4) en isobutène (i -C =4 ) implique
sites métalliques qui réduisent la teneur en oléfines dans le milieu deux types de réactions :
réactionnel provoquent une diminution de l’activité mais ont un – déshydrogénation, généralement sur le platine ;
effet bénéfique à la fois sur la sélectivité en isobutane et la stabilité – isomérisation squelettale des n-butènes (n -C =4 ) sur des sites
des catalyseurs [5]. Ces effets sont respectivement expliqués par acides protoniques.
une inhibition du processus bimoléculaire, le processus monomo-
léculaire étant moins affecté, et par une réduction de la formation Toutefois, le schéma réactionnel bifonctionnel est beaucoup
de butadiène, donc de coke. plus simple, n’impliquant qu’une seule fois ces deux réactions et
non la succession de nombreuses étapes réversibles d’hydrodés-
hydrogénation et isomérisation impliquée dans l’hydroisomérisa-
Les zéolithes, des aluminosilicates cristallisés microporeux, tion bifonctionnelle des n-alcanes [J 1 217]. Si deux chemins
sont les composants acides de très nombreux catalyseurs réactionnels sont théoriquement possibles, celui qui implique suc-
bifonctionnels utilisés industriellement. Le tableau 2 de cessivement la déshydrogénation du n-butane et l’isomérisation
[J 1 217] présente la structure poreuse des zéolithes, les plus des n-butènes par catalyse acide est très largement favorisée ; la
couramment utilisées : BEA, FAU, MOR, MFI, etc. déshydrogénation du n-butane est en effet beaucoup plus rapide
que la première étape du second chemin potentiel, son isomérisa-
tion par catalyse acide.
1.1.2 Comparaison des catalyseurs bifonctionnels Le schéma réactionnel simple de la déshydroisomérisation du
n-butane :
Les catalyseurs les plus étudiés se classent dans l’ordre sui- Déshydrogénation Isomérisation
vant d’activité décroissante (ou de température d’utilisation n-C4 ←
→ n-C= ←
4
→ i -C=
4
n-butane n-butène isobutène
croissante) :
suggère que cette transformation peut non seulement être mise en
Pt/Al2O3 chlorée > Pt/zircone sulfatée (SZ) > Pt /HMOR œuvre sur un catalyseur bifonctionnel mais aussi sur des lits suc-
cessifs de catalyseurs déshydrogénant et acide. L’intérêt de ce sys-
tème de lits successifs est lié à la possibilité de choisir des
La grande activité de SZ (assez proche de celle de l’alumine chlo- catalyseurs et des conditions optimaux pour les deux réactions
rée) a d’abord été attribuée à une superacidité de ses sites désirées : déshydrogénation du n-butane (premier lit) et isomérisa-
protoniques [11] [12], superacidité infirmée par la suite [13] [14] [15] tion squelettale des n-butènes (second lit).
[16] : les sites protoniques de SZ ne sont pas superacides comme
ceux de l’alumine fortement chlorée mais seulement de force voi-
sine de ceux des zéolithes. Cette activité élevée ne peut donc prove- Ces réacteurs à double lit ont été expérimentés par Bellussi et
nir, comme sur l’alumine chlorée, d’une initiation de l’isomérisation al. (cf. brevet en [Doc. J 1 218]), avec un premier lit constitué de
par protonation du n-butane mais d’un autre mode d’initiation, Pt/alumine sylilée promu par In et Sn et un second lit constitué d’une
démontré [17] comme étant la déshydrogénation oxydante de boralite, et par Pirngruber et al. [19], avec des lits successifs de
molécules de butane physisorbées sur des espèces soufrées : Pt/HMFI et d’une zéolithe HMWW (H-MCM-22). Ce dernier système
s’est révélé respectivement plus actif et plus sélectif ou plus stable
que les catalyseurs bifonctionnels Pt/HMFI et Pt/HMWW.
CH3 -CH2 -CH2 -CH3 + SO 3 ( CH3 -CH —
— CH-CH3 + SO 2 + H2O
La première étape de la déshydroisomérisation du n-butane
(déshydrogénation) est fortement endothermique, donc thermo-
Notons que si pour l’isomérisation des essences légères C5-C6, dynamiquement favorisée à température élevée, la seconde (iso-
un procédé commercial (Par-isom) utilisant le catalyseur Pt/SZ est mérisation squelettale des n-butènes) étant légèrement
maintenant opérationnel [18], seul le Pt/alumine chlorée est utilisé exothermique [19], donc favorisée à basse température :
industriellement pour l’isomérisation du n-butane [5]. Sa grande
activité, donc la possibilité d’être mis en œuvre dans des 0 = + 131 kJ/mol
n -C 4H10 ( n -C 4H8 + H2 ∆H 298
conditions de température thermodynamiquement plus favorables,
compense en effet sa grande sensibilité à l’eau et aux n -C 4H8 ( i -C 4H8 0 = − 16,1 kJ/mol
∆H 298
contaminants soufrés et azotés et la nécessité d’un appoint continu
de chlore. Les conditions opératoires typiques sont : température Pour choisir les conditions opératoires optimales, une réaction
entre 160 et 200 °C, pression de 15 à 20 bar, rapport H2/butane endothermique supplémentaire, la déshydrogénation des
entre 0,5 et 2, les faibles valeurs de ce rapport constituant le n-butènes en butadiène, précurseur du coke bien connu, doit
meilleur compromis pour limiter la formation de coke sans trop nécessairement être considérée [19] [20]. Pour minimiser sa forma-
affecter l’activité isomérisante. Pour optimiser l’opération, un déi- tion donc la désactivation des catalyseurs, la déshydroisomérisa-
sobutaniseur est généralement associé à l’unité d’isomérisation, tion du n-butane est mise en œuvre en présence d’hydrogène et à
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=
Pt + H2, H
C 1 + C3
= C2= C2
C 2 + C2 H+
,C
P C3= C3
H+, PD
= =
n-C4 n- C4= H+, Ol C8-C12 H+, Cr
i - C4= i-C4
oligomères
Pt, DH
yd C5= C5
,H
H2
Pt+
C1,C2,C3
C6= C6
Figure 4 – Schéma réactionnel de la déhydroisomérisation du n-butane sur un catalyseur bifonctionnel Pt/HMFI [3]
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importante liée à la localisation sur leur surface externe d’une La déshydroalkylation présente les mêmes attraits que la déshy-
grande partie du Pt sous la forme de larges cristallites. Par ailleurs, droisomérisation du n-butane :
si le catalyseur Pt/HMWW est beaucoup moins hydrogénolysant – elle permet d’économiser l’étape de production des alcènes
que Pt/HFER et Pt/HTON, il est beaucoup plus sensible à la désacti- par vapocraquage, peu sélective, énergétiquement intensive et
vation par le coke [19]. productrice de larges quantités de CO2 ;
Notons que la substitution du platine par un composé – de l’hydrogène qui joue un rôle clé en raffinage est coproduit.
bimétallique tel que Pt-Cu [23] [24], Pt-In ou Pt-Sn [24] permet de De plus, les alkyaromatiques étant liquides, leur transport est
limiter notablement l’importance de l’hydrogénolyse, réaction dite bien plus facile, moins dangereux et moins coûteux que celui des
« exigeante » car demandant pour sa catalyse l’intervention de plu- alcanes gazeux ; la mise en place de l’alkylation sur le site de pro-
sieurs sites métalliques adjacents [25]. La dilution de Pt par un duction des alcanes légers est donc particulièrement
second métal provoque donc son inhibition sans affecter notable- bénéfique [27], d’autant qu’elle évite leur élimination partielle par
ment les réactions non exigeantes de déshydrohydrogénation. torchage.
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QRS
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Benzène (C6)
Xylènes (C8)
1
Toluène (C7) 6 2
5 3
4
1,2-diméthylbenzène 1,3-diméthylbenzène 1,4-diméthylbenzène
(orthoxylène) (métaxylène) (paraxylène)
Éthylbenzène (C8)
QRT
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jUYRP
Aniline Polyuréthanes
Nylon 6 Caprolactame Polystyrène
Nitro Autres 7 %
Nylon 66 Acide adipique
benzène
8% Styrène
Vapo
craquage Cycloh
hexane
2008 12
2% ÉthylBenzène
Production 53 %
Autres
21 %
53 %
Benzène Cumène
(40 %) 20 %
47 %
Diisocyanate
Phénol (polyuréthanne)
Résines
25 % (acétone) 6%
Toluène
(20 %)
75 % Carburants, mX, EB
3% Solvant
oX 13 %
4% 9%
Xylènes Solvants
(40 %) 4% Dismutation
96 % Hydrodésalkylation
60 %
Anhydride
phtalique
Résines
Films
PET
7 % Divers Benzène
14 % 6% Plastifiants Xylènes
Reformage
catalytique
Polyéthylènenaphtalate
PTA (93 %) pX
DMT (7 %) 84 % Résines
Fibres Autres (< 1 %) rigides
Pourcentages massiques 73 %
1.3 Produits cibles et leur valorisation lement consommés sous forme de pX. Ce dernier, par l’intermé-
diaire du diméthyltéréphtalate (DMT) et surtout de l’acide
Les produits aromatiques sont caractérisés par l’existence d’un téréphtalique pur (PTA) obtenu par oxydation du pX, est à l’origine
noyau benzénique dans leur molécule. Ce noyau est d’une grande des fibres polyesters utilisés pour les vêtements et les résines et
stabilité, ce qui explique qu’à la différence des oléfines, les aroma- films de polyéthylène-téréphtalate (PET).
tiques existent dans le pétrole brut. Les principaux aromatiques L’orthoxylène, présent dans la coupe C8-aromatiques en quan-
cibles dans le complexe aromatique sont le benzène, le toluène et tité voisine de celle du pX, constitue également un isomère relati-
les trois isomères des xylènes (ortho-, méta- et para-). vement recherché (9 %) car il conduit à l’anhydride phtalique,
À titre d’exemple, la production mondiale de benzène en 2008 est matière de base pour l’obtention de plastifiants.
estimée à 39,7 millions de tonnes, celle de toluène de 19,7 millions Le métaxylène constitue l’isomère majoritaire de la coupe
de tonnes et 39,2 millions de tonnes pour les xylènes dont 33,0 de C8-aromatiques (≈ 40 %), mais il est de bien moindre intérêt. Il est
paraxylène et 3,6 d’orthoxylène. donc préférentiellement transformé par isomérisation catalytique.
Les utilisations principales des aromatiques BTX sont décrites Enfin, l’éthylbenzène présent dans la coupe C8-aromatiques ne
sera qu’exceptionnellement produit au sein du complexe aroma-
figure 2.
tique (97 % de l’éthylbenzène est produit par alkylation du ben-
Les principaux débouchés du benzène sont : zène) et est converti dans l’unité d’isomérisation, soit en benzène
– l’éthylbenzène (53 %) par alkylation du benzène par l’éthylène, par désalkylation lorsque ce produit est recherché, soit en xylènes
vers une utilisation en styrène après déshydrogénation ; par isomérisation pour maximiser le rendement en paraxylène.
– le cumène (20 %) par alkylation du benzène avec le propylène, Le taux d’accroissement annuel des aromatiques est d’environ
qui par oxydation fournira le phénol et l’acétone ; 4 %/an. Le paraxylène a cependant un taux supérieur d’accrois-
– le cyclohexane (12 %) obtenu par hydrogénation du benzène ; sement d’environ 5-6 %/an.
– le nitrobenzène.
Concernant le toluène, ses principales valorisations sont le ben-
zène par hydrodésalkylation ou dismutation et les xylènes (par dis- 1.4 Description du complexe aromatique
mutation ou transalkylation avec des aromatiques à plus de huit
Les produits pétrochimiques sont des produits de haute pureté
atomes de carbone AC9+) (60 %). (pureté requise de 98 % à 99,7 % en masse selon le produit
Bien que présent en quantité minoritaire (≈ 20 %) dans la coupe considéré) qui vont nécessiter l’utilisation d’unités de purification
C8-aromatiques, le paraxylène (pX) connaît les applications les sophistiquées. De même, les quantités d’aromatiques présentes
plus importantes puisque plus de 80 % des xylènes sont fina- dans les essences aromatiques ne correspondent pas aux quantités
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1 Raffinat
2 Benzène
Extraction Hydrodésalkylation
Essence d’aromatiques Toluène
C7 –
de pyrolyse
Hydrogénation
Dismutation
sélective
Transalkylation 5
Toluène/AC9+
Hydrotraitement Reformage
Paraxylène
H2 C8
Extraction Isomérisation
C8 + du paraxylène des xylènes
Naphtas
AC9 + AC10
Boucle C8-aromatiques
Aromatiques
lourds AC10 +
4 C9 +
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1. Obtention et composition présents dans ces goudrons présentent un indice d’aromaticité plus
faible que les goudrons de haute température.
des goudrons
1.4 Composition du goudron de houille
1.1 Goudrons de haute température
Le goudron de houille est un mélange complexe composé pres-
que exclusivement de composés aromatiques. Les principaux com-
Actuellement, la majeure partie des goudrons est constituée par
posants du goudron sont le naphtalène, le phénanthrène, le
les goudrons de haute température obtenus au cours de la pyrolyse
fluoranthène, le pyrène, l’acénaphtène, l’anthracène, le carbazole, la
du charbon pour fabriquer le coke sidérurgique destiné à la produc-
quinoléine, le phénol et quelques composés soufrés comme le thio-
tion de la fonte dans les hauts fourneaux. Cette carbonisation
naphtène.
s’effectue dans des fours à coke à une température comprise entre
1 000 et 1 200 °C et pendant une durée comprise entre 12 et 20 h. Le nombre total de constituants est estimé à 10 000, mais dans
Une tonne de charbon produit environ 750 kg de coke sidérurgique, des proportions très variables, seulement 150 ont été identifiés [1].
30 kg de goudron, 11 kg de benzol, le reste étant constitué de gaz
Les teneurs moyennes pour les constituants principaux [2] sont
(370 m3) d’ammoniac et d’eau.
les suivantes.
L’Europe de l’Ouest produit actuellement dans ses cokeries sidé-
rurgiques environ 2,2 millions de tonnes de goudron et il existe des H y drocarbures :
capacités de traitement de ces goudrons égales à 2,4 millions de naphtalène C10H8 : 10,0 %
tonnes.
phénanthrène C14H10 : 4,5 %
fluoranthène C16H11 : 3,0 %
Seules les unités sur le procédé Lurgi pour la gazéification du phénol C6H6O : 0,7 %
charbon produisent des goudrons. En Europe de l’Ouest, on ne m-crésol C7H8O : 0,4 %
trouve pas d’unités industrielles de ce type, bien que de nombreu-
p-crésol C7H8O : 0,2 %
ses unités expérimentales aient été montées et exploitées, il y a
quelques dizaines d’années. o-crésol C7H8O : 0,2 %
En Afrique du Sud, la compagnie Sasol exploite une unité indus- diméthylphénols C8H10O : 0,4 %
trielle importante et produit également des goudrons de basse tem- Nota : les pourcentages indiqués dans cet article sont toujours des pourcentages mas-
pérature riches en composés phénoliques. Les hydrocarbures siques.
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J 5 925 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés
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2. Traitement industriel remplacé par des procédés continus qui s’apparentent au fraction-
nement primaire du brut dans les raffineries de pétrole.
des goudrons de houille
Le traitement industriel des goudrons de houille consiste à sépa-
3.2 Procédés continus
rer par distillation une fraction vaporisable dénommée huile de
goudron de houille, d’une fraction lourde non volatile à une tempé-
rature de l’ordre de 360 °C sous pression atmosphérique. Cette frac- 3.2.1 Procédés en colonne unique [3]
tion lourde résiduelle est appelée « brai de houille ».
Ce procédé a été mis au point et développé lors de la mise en
Historique place des premières installations travaillant en continu qui sont tou-
tes basées sur le même principe (figure 1).
L’utilisation et la valorisation des produits obtenus après le Le goudron brut est envoyé à travers une série d’échangeurs et
traitement de distillation a évolué notablement au cours du chauffé aux environs de 160 °C pour être déshydraté. Au cours du
temps. préchauffage, une petite quantité de soude diluée est injectée pour
Au XIXe siècle, les goudrons étaient distillés essentiellement neutraliser les chlorures d’ammonium et éviter la corrosion dans
pour séparer le brai et utiliser ce dernier comme revêtement l’installation.
pour le calfatage des bateaux.
Pendant la première moitié du XXe siècle, la distillation des Le goudron déshydraté est ensuite chauffé à travers un four sous
goudrons s’est perfectionnée de manière à extraire par des trai- une pression requise et à une température suffisante pour vaporiser
tements supplémentaires tels que l’extraction physico-chimi- toutes les huiles contenues dans le goudron.
que, la cristallisation, la rectification, un certain nombre de Cette vaporisation s’opère dans un ballon de « flash » qui sépare
molécules aromatiques qui ont jeté les bases de la chimie orga- les vapeurs d’huile du brai résiduel. Les huiles vaporisées sont frac-
nique industrielle. tionnées dans une colonne et soutirées en continu à différents
On peut citer dans ce contexte : niveaux en fonction de leur température d’ébullition (tableau 1).
— le benzène ;
— le toluène et les xylènes ;
— le phénol ;
— les crésols et les xylénols ;
— le naphtalène ;
Tableau 1 – Caractéristiques des huiles extraites
— les méthylnaphtalènes ; à la colonne
— l’anthracène ;
— le carbazole ; Température Fraction du goudron
— la pyridine ; Fraction d’ébullition (indicatif)
— les picolines ; (°C) (%)
— la quinoléine. Huile légère (benzol) 80 - 160 1,5
L’utilisation du brai se faisait principalement dans trois appli-
cations : Huile phénolique 160 - 210 4
— l’agglomération des fines de charbon pour les boulets des- Huile naphtalénique 210 - 240 12,5
tinés aux chauffages domestiques ;
— la formulation de goudrons routiers destinés à la construc- Huile acénaphtène 240 - 300 9
tion et à l’entretien des routes ; Huile anthracénique 290 - 360 12
— la formulation de produits d’étanchéité et de revêtement
anticorrosion. Huile chrysène 320 - 400 12
À partir de la seconde guerre mondiale, la chimie organique a
connu un développement exceptionnel pendant une vingtaine
d’années. La disponibilité en molécules aromatiques issues des
goudrons de houille n’était plus suffisante pour répondre aux Le procédé Ab-der-Halden utilisé en France est probablement le
besoins de l’industrie et c’est ainsi que la chimie organique s’est plus simple des procédés à une passe fonctionnant à pression
développée à partir des distillats de pétrole brut et des traite- atmosphérique.
ments en aval des raffineries de brut.
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés J 5 925 − 3
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