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RR
ANÉMIE
ORIENTATION DIAGNOSTIQUE
Dr Bénédicte Deau
Service d’hématologie (Pr Varet), hôpital Necker, 75015 Paris, France
benedicte.deau-fischer@nck.aphp.fr
Clinique
OBJECTIFS
Les autres critères biologiques caractéristiques de la lignée la sidérophiline (normale : 45 à 75 μmol/L) ou à une baisse du
rouge nécessaires pour classer une anémie sont : le volume glo- taux de la ferritine (< 10 ng/mL).
bulaire moyen (volume d’un globule rouge : hématocrite divisé Il est nécessaire, devant toute carence martiale, de rechercher
par le nombre de GR : valeur normale : 80 à 100 μ³) et la concen- une cause : la plus fréquente est un excès de perte par saigne-
tration corpusculaire moyenne en hémoglobine (quantité d’hémo- ment chronique (90 % cas) d’origine digestive chez la femme
globine rapportée à l’unité de volume des GR : valeur normale : ménopausée ou chez l’homme et gynécologique chez la femme
32 à 36 %). Ces valeurs sont modifiées lorsque l’érythropoïèse, non ménopausée. Le saignement chronique doit être formellement
est perturbée (v. Pour approfondir). éliminé devant toute anémie ferriprive par une fibroscopie gas-
Le VGM permet de séparer les anémies microcytaires (VGM trique (avec biopsie duodénale) à la recherche d’un ulcère, d’un
< 80 μ³), des anémies macrocytaires (VGM > 100 μ³), des normo- cancer de l’estomac, de varices œsophagiennes, d’une hernie
cytaires. hiatale et par une coloscopie pour mettre en évidence un cancer
La CCMH permet de différencier l’hypochromie (CCMH < 32 %) colorectal, des polypes, une rectocolite hémorragique ainsi par
de la normochromie (CCMH : 32-36 %). l’interrogatoire (durée et abondance des règles) et éventuelle-
Ainsi, l’analyse de ces différentes constantes permet de séparer : ment une échographie pelvienne (recherche d’un fibrome utérin,
les anémies microcytaires ou hypochromes (qui sont toujours d’un cancer) pour une cause gynécologique. En l’absence de
arégénératives, sauf dans les cas exceptionnels d’hémoglobi- saignement chronique, des causes plus rares seront évoquées :
nose H) des anémies normocytaires/macrocytaires normo- défaut d’absorption (maladie cœliaque, qui justifie la réalisation
chromes régénératives. de la biopsie duodénale lors de la fibroscopie gastrique), dons de
sang répétés, épistaxis récidivant (maladie de Rendu-Osler),
Diagnostic hémolyse intravasculaire chronique, syndrome de Lasténie de
Ferjol. Les carences d’apport sont exceptionnelles, sauf chez le
Anémie microcytaire (fig. 1) nourrisson, notamment en cas de prématurité ou de carence
La microcytose traduit une anomalie de synthèse de l’hémo- chez la mère. À noter, une augmentation des besoins lors de la
globine et le plus souvent est le reflet d’une anomalie d’utilisation grossesse, à l’origine d’anémies ferriprives par insuffisance d’ap-
du fer. Le dosage du fer sérique permet de différencier les ané- port (carence relative) en cas de grossesses répétées.
mies microcytaires hyposidérémiques (< 11 μmol/L chez la L’anémie inflammatoire : le diagnostic repose sur l’association
femme, < 12 μmol/L chez l’homme) des anémies microcytaires d’un fer sérique bas, d’une CTF normale ou abaissée (non aug-
normosidérémiques (ou hypersidérémiques). mentée) à un syndrome inflammatoire : accélération de la VS,
1. Anémies microcytaires hyposidérémiques augmentation de la CRP et du fibrinogène.
Elles correspondent à deux diagnostics. L’anémie n’est que la conséquence de la maladie inflammatoire.
L’anémie par carence martiale (ou « ferriprive ») : le diagnostic est En cas d’association d’une inflammation et d’une carence mar-
posé sur une anémie microcytaire associée à une baisse du fer tiale, la CTF est normale ou peu abaissée, avec un syndrome
sérique et une augmentation de la capacité totale de fixation de inflammatoire franc.
ANÉMIE NORMOCHROME ARÉGÉNÉRATIVE (réticulocytes < 150 000/mm3, VGM 80 μm3, CCMH 32 %)
Anémie Envahissement
Érythroblastopénie Myélodysplasie BOM
mégaloblastique médullaire
Aplasie médullaire
Myélofibrose
Attitude thérapeutique dans les anémies Le traitement de supplémentation repose sur un apport de fer
carentielles et suivi sous forme médicamenteuse, l’apport alimentaire s’avérant
insuffisant.
Anémie par carence martiale Il faut 100 à 200 mg de fer métal par jour pendant 4 mois par
Le traitement d’une anémie par carence martiale repose sur voie orale pour corriger une carence. Il existe différents sels de fer
deux éléments obligatoirement associés : le traitement de sup- sans différence d’absorption.
plémentation par le fer et le traitement étiologique de la carence Il faut prévenir le patient que l’administration de sels ferreux par
martiale. Le traitement de la cause est indispensable si on veut voie orale peut entraîner des troubles digestifs (nausées, consti-
éviter la récidive. pation ou diarrhée) et colore les selles en noir.
OK