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VETAGRO SUP

CAMPUS VETERINAIRE DE LYON


Année 2015 - Thèse n°

CONTRIBUTION A L'ETUDE DE LA PHYTOTHERAPIE ET


L'AROMATHERAPIE DANS LES ELEVAGES BOVINS :
PROPRIETES ANTIBACTERIENNES ET
IMMUNOSTIMULANTES DE CERTAINES PLANTES

THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I
(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 17 décembre 2015
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par
Hélène ALLARD
Née le 17 Juillet 1989
à SALLANCHES
VETAGRO SUP
CAMPUS VETERINAIRE DE LYON
Année 2015 - Thèse n°

CONTRIBUTION A L'ETUDE DE LA PHYTOTHERAPIE ET


L'AROMATHERAPIE DANS LES ELEVAGES BOVINS :
PROPRIETES ANTIBACTERIENNES ET
IMMUNOSTIMULANTES DE CERTAINES PLANTES

THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I
(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 17 décembre 2015
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par
Hélène ALLARD
Née le 17 Juillet 1989
à SALLANCHES
2
LISTE DES ENSEIGNANTS DU CAMPUS VÉTÉRINAIRE DE LYON
Mise à jour le 09 juin 2015

Civilité Nom Prénom Unités pédagogiques Grade


M. ALOGNINOUWA Théodore UP Pathologie du bétail Professeur
M. ALVES-DE-OLIVEIRA Laurent UP Gestion des élevages Maître de conférences
Mme ARCANGIOLI Marie-Anne UP Pathologie du bétail Maître de conférences
M. ARTOIS Marc UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur
M. BARTHELEMY Anthony UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences Contractuel
Mme BECKER Claire UP Pathologie du bétail Maître de conférences
Mme BELLUCO Sara UP Pathologie morphologique et clinique des animaux de compagnie Maître de conférences
Mme BENAMOU-SMITH Agnès UP Equine Maître de conférences
M. BENOIT Etienne UP Biologie fonctionnelle Professeur
M. BERNY Philippe UP Biologie fonctionnelle Professeur
Mme BERTHELET Marie-Anne UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences
Mme BONNET-GARIN Jeanne-Marie UP Biologie fonctionnelle Professeur
Mme BOULOCHER Caroline UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences
M. BOURDOISEAU Gilles UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur
M. BOURGOIN Gilles UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences
M. BRUYERE Pierre UP Biotechnologies et pathologie de la reproduction Maître de conférences
M. BUFF Samuel UP Biotechnologies et pathologie de la reproduction Maître de conférences
M. BURONFOSSE Thierry UP Biologie fonctionnelle Professeur
M. CACHON Thibaut UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences
M. CADORE Jean-Luc UP Pathologie médicale des animaux de compagnie Professeur
Mme CALLAIT-CARDINAL Marie-Pierre UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences
M. CAROZZO Claude UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences
M. CHABANNE Luc UP Pathologie médicale des animaux de compagnie Professeur
Mme CHALVET-MONFRAY Karine UP Biologie fonctionnelle Professeur
M. COMMUN Loic UP Gestion des élevages Maître de conférences
Mme DE BOYER DES ROCHES Alice UP Gestion des élevages Maître de conférences
Mme DELIGNETTE-MULLER Marie-Laure UP Biologie fonctionnelle Professeur
M. DEMONT Pierre UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur
Mme DESJARDINS PESSON Isabelle UP Equine Maître de conférences Contractuel
Mme DJELOUADJI Zorée UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences
Mme ESCRIOU Catherine UP Pathologie médicale des animaux de compagnie Maître de conférences
M. FAU Didier UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Professeur
Mme FOURNEL Corinne UP Pathologie morphologique et clinique des animaux de compagnie Professeur
M. FREYBURGER Ludovic UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences
M. FRIKHA Mohamed-Ridha UP Pathologie du bétail Maître de conférences
Mme GILOT-FROMONT Emmanuelle UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur
M. GONTHIER Alain UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences
Mme GRAIN Françoise UP Gestion des élevages Professeur
M. GRANCHER Denis UP Gestion des élevages Maître de conférences
Mme GREZEL Delphine UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences
M. GUERIN Pierre UP Biotechnologies et pathologie de la reproduction Professeur
Mme HUGONNARD Marine UP Pathologie médicale des animaux de compagnie Maître de conférences
M. JUNOT Stéphane UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences
M. KECK Gérard UP Biologie fonctionnelle Professeur
M. KODJO Angeli UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur
Mme LAABERKI Maria-Halima UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences
M. LACHERETZ Antoine UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur
Mme LAMBERT Véronique UP Gestion des élevages Maître de conférences
Mme LATTARD Virginie UP Biologie fonctionnelle Maître de conférences
Mme LE GRAND Dominique UP Pathologie du bétail Professeur
Mme LEBLOND Agnès UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur
Mme LEFRANC-POHL Anne-Cécile UP Equine Maître de conférences
M. LEPAGE Olivier UP Equine Professeur
Mme LOUZIER Vanessa UP Biologie fonctionnelle Maître de conférences
M. MARCHAL Thierry UP Pathologie morphologique et clinique des animaux de compagnie Professeur
M. MOUNIER Luc UP Gestion des élevages Maître de conférences
M. PEPIN Michel UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur
M. PIN Didier UP Pathologie morphologique et clinique des animaux de compagnie Maître de conférences
Mme PONCE Frédérique UP Pathologie médicale des animaux de compagnie Maître de conférences
Mme PORTIER Karine UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences
Mme POUZOT-NEVORET Céline UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences
Mme PROUILLAC Caroline UP Biologie fonctionnelle Maître de conférences
Mme REMY Denise UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Professeur
Mme RENE MARTELLET Magalie UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences stagiaire
M. ROGER Thierry UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Professeur
M. SABATIER Philippe UP Biologie fonctionnelle Professeur
M. SAWAYA Serge UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences
M. SCHRAMME Serge UP Equine Professeur associé
Mme SEGARD Emilie UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences Contractuel
Mme SERGENTET Delphine UP Santé Publique et Vétérinaire Maître de conférences
Mme SONET Juliette UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Maître de conférences Contractuel
M. THIEBAULT Jean-Jacques UP Biologie fonctionnelle Maître de conférences
M. TORTEREAU Antonin UP Pathologie morphologique et clinique des animaux de compagnie Maître de conférences stagiaire
M. VIGUIER Eric UP Anatomie Chirurgie (ACSAI) Professeur
Mme VIRIEUX-WATRELOT Dorothée UP Pathologie morphologique et clinique des animaux de compagnie Maître de conférences Contractuel
M. ZENNER Lionel UP Santé Publique et Vétérinaire Professeur

3
4
Remerciements

À Monsieur le Professeur Christian DUBREUIL,


De la Faculté de Médecine de Lyon,
pour nous avoir fait l'honneur d’accepter de présider le jury de cette thèse. Pour sa gentillesse
et sa disponibilité. Qu’il reçoive ici l’expression de mes hommages les plus respectueux.

À Monsieur le Professeur Laurent ALVES DE OLIVEIRA,


De VetAgro Sup, Campus Vétérinaire de Lyon,
qui m'a guidé et encadré pendant toute l'élaboration de cette thèse, avec gentillesse et
bienveillance. Qu’il trouve ici l’expression de ma sincère reconnaissance et de mes sincères
remerciements.

À Monsieur le Professeur Pierre GUERIN,


De VetAgro Sup, Campus Vétérinaire de Lyon,
qui a accepté de bien vouloir juger ce travail, Pour sa gentillesse et l'intérêt qu'il a manifesté
pour ce sujet. Qu’il trouve ici l’expression de mes remerciements les plus sincères.

5
6
Table des matières
Table des figures ...................................................................................................................... 11

Liste des abréviations ............................................................................................................... 13

Introduction .............................................................................................................................. 15

Partie 1 : La phytothérapie et l'aromathérapie - généralités ............................................. 17

1. Définition et approche du sujet .................................................................................... 17


2. Historique ..................................................................................................................... 18
3. La phytothérapie ........................................................................................................... 19
3.1. Généralités ............................................................................................................. 19
3.2. Variation des produits et parties utilisées .............................................................. 19
3.3. Formes utilisables .................................................................................................. 20
3.4. Principes actifs ....................................................................................................... 22
3.5. Toxicité .................................................................................................................. 22
4. L'aromathérapie ............................................................................................................ 22
4.1. Généralités ............................................................................................................. 22
4.2. Préparation et parties utilisées................................................................................ 23
4.3. Propriétés des huiles essentielles ........................................................................... 24
4.3.1. Propriétés physico-chimiques ......................................................................... 24
4.3.2. Propriétés antimicrobiennes ........................................................................... 25
4.3.2.1. Interactions avec les membranes bactériennes ......................................... 25
4.3.2.2. Action au niveau du cytoplasme des cellules ........................................... 25
4.3.2.3. Action sur les biofilms bactériens ............................................................ 25
4.4. Composition des huiles essentielles ....................................................................... 26
4.5. Notion de chémotype d'une huile essentielle et identification ............................... 27
4.6. Utilisation générale et voie d'administration.......................................................... 28
4.7. Toxicité et précautions d'emploi ............................................................................ 29
5. La pharmacopée ........................................................................................................... 31

Partie 2 : Les plantes - Description et propriétés antibactériennes ................................... 33

1. Recherches et méthodes d'études ................................................................................. 33


2. Les molécules végétales anti-infectieuses .................................................................... 34
2.1. Le carvacrol et le thymol .......................................................................................... 34
2.1.1. Présentation ....................................................................................................... 34
2.1.2 Synthèse ............................................................................................................. 35
2.1.3. Spectre d'action ................................................................................................. 36
2.1.4. Mode d'action et propriétés antibactériennes .................................................... 36
2.1.5. Métabolisme ...................................................................................................... 38

7
2.1.6. Toxicité.............................................................................................................. 38
2.2. Eugénol..................................................................................................................... 38
2.2.1. Présentation ....................................................................................................... 38
2.2.2. Spectre d'action ................................................................................................. 39
2.2.3. Mécanisme d'action ........................................................................................... 39
2.2.4. Toxicité.............................................................................................................. 40
2.3. L'aldéhyde trans-cinnamique ou trans-cinnamaldéhyde ......................................... 40
2.3.1. Présentation ....................................................................................................... 40
2.3.2. Spectre d'action antibactérien ............................................................................ 41
2.3.3. Mécanisme d'action antibactérien ..................................................................... 41
2.3.4. Métabolisme ...................................................................................................... 42
2.3.5. Toxicité.............................................................................................................. 42
2.4. Autres constituants ................................................................................................... 42
2.4.1. Le citral ............................................................................................................. 42
2.4.2. Le terpinène-4-ol ............................................................................................... 43
3. Les huiles essentielles .................................................................................................. 44
3.1. L'origan commun (Origanum vulgare) .................................................................... 44
3.1.1. Présentation ....................................................................................................... 44
3.1.2. Utilisation .......................................................................................................... 45
3.1.3 Composition ....................................................................................................... 45
3.1.4. Mode d'action et spectre d'activité .................................................................... 46
3.1.5 Toxicité............................................................................................................... 47
3.2. Le thym commun (Thymus vulgaris) ....................................................................... 47
3.2.1. Présentation ....................................................................................................... 47
3.2.2. Composition ...................................................................................................... 48
3.2.3. Utilisation .......................................................................................................... 48
3.2.4. Mode d'action et spectre d'activité .................................................................... 49
3.2.5. Toxicité.............................................................................................................. 49
3.3. La sarriette des montagnes (Satureja montana) ....................................................... 49
3.3.1. Présentation ....................................................................................................... 49
3.3.2. Composition ...................................................................................................... 50
3.3.3. Utilisation .......................................................................................................... 50
3.3.4. Mode d'action et spectre d'action ...................................................................... 50
3.3.5. Toxicité.............................................................................................................. 51
3.4. La cannelle de Ceylan (Cinnamomum zeylanicum) et la cannelle de Chine
(Cinnamomum cassia) ...................................................................................................... 51
3.4.1. Présentation ....................................................................................................... 51
3.4.2. Composition ...................................................................................................... 52
3.4.3. Utilisation .......................................................................................................... 52
3.4.4. Mode d'action et spectre d'action ...................................................................... 52
3.4.5 Toxicité............................................................................................................... 53
3.5. Le tea tree (ou arbre à thé) Australien (Melaleuca alternifolia) .............................. 53
3.5.1. Présentation ....................................................................................................... 53
3.5.2. Composition ...................................................................................................... 55

8
3.5.3. Utilisation .......................................................................................................... 55
3.5.4. Spectre d'action antibactérien ............................................................................ 56
3.5.5. Mode d'action .................................................................................................... 56
3.5.6. Toxicité.............................................................................................................. 56
3.6. Le lemongrass (Cymbopogon citratus (DC) Strapf) ................................................ 57
3.6.1. Présentation ....................................................................................................... 57
3.6.2. Composition ...................................................................................................... 58
3.6.3. Utilisation .......................................................................................................... 58
3.6.4. Mode d'action et spectre d'activité antibactérien ............................................... 59
3.6.5. Toxicité.............................................................................................................. 59
4. Le ginseng (Panax ginseng CA Meyer) : Un produit de phytothérapie
immunostimulant .................................................................................................................. 59
4.1. Présentation .............................................................................................................. 59
4.2. Propriétés et utilisations (médecine chinoise) .......................................................... 60
4.3. Mode de préparation et posologie ............................................................................ 61
4.4. Une plante adaptogène ............................................................................................. 61
4.5. Les constituants chimiques du ginseng .................................................................... 61
4.6. Effets immunomodulateurs ...................................................................................... 62
4.7. Toxicologie............................................................................................................... 62
5. Conclusion .................................................................................................................... 62

Partie 3 : Etudes sur l'utilité de la phytothérapie et de l'aromathérapie pour le


traitement de quelques maladies des bovins ........................................................................ 63

1. Les mammites .............................................................................................................. 63


1.1. Généralités et importance ......................................................................................... 63
1.2. Infections mammaires et pathogènes ....................................................................... 63
1.3. Etudes de la phytothérapie et de l'aromathérapie sur les mammites ........................ 66
1.3.1. Huiles essentielles de thym, origan, sarriette des montagnes et leurs composants
(thymol et carvacrol) .................................................................................................... 66
1.3.1.1. Activité antibactérienne .............................................................................. 66
1.3.1.2. Action et devenir de ces substances in vivo ............................................... 68
1.3.2. Huile essentielle de cannelle de Ceylan (Cinnamomum zeylanicum) et son
composant, le trans-cinnamaldéhyde ........................................................................... 69
1.3.3. Huile essentielle de lemongrass (citronnelle) : Cymbopogon citratus et
Cymbopogon nardus .................................................................................................... 70
1.3.4. Le ginseng comme adjuvant dans le traitement et la prévention des mammites
chez la vache ................................................................................................................ 70
2. Plaie et dermatite interdigitale ...................................................................................... 71
2.1. Utilisation de l'huiles essentielle de tea tree (Melaleuca alternifolia) sur les plaies :
généralités ......................................................................................................................... 71
2.2. L'huile essentielle de tea tree : un plus dans la prévention des dermatites
interdigitales? ................................................................................................................... 71

9
Partie 4 : Législation - Commercialisation et prescription des produits à base de plantes
.................................................................................................................................................. 73

1. Produit ayant une AMM en France .............................................................................. 73


1.1. Le dossier d'AMM pour les produits à base de plantes ............................................ 73
1.1.1. Les médicaments à base de substances d'origine végétale ................................ 73
1.1.2. Les remèdes traditionnels à base de plantes ...................................................... 74
1.2. Les produits .............................................................................................................. 75
2. Dans la pratique : législation et prescription ................................................................ 76
2.1. Approche du sujet ..................................................................................................... 76
2.2. Les plantes, des médicaments? ................................................................................. 76
2.3. Dans la pratique ........................................................................................................ 78
2.4. Huiles essentielles par voie orale : nouvelle directive ............................................. 78

CONCLUSION ........................................................................................................................ 81

Bibliographie ............................................................................................................................ 83

10
Table des figures
Figure 1 : Schéma illustrant le principe de la distillation ......................................................... 24
Figure 2 : Molécules de carvacrol et de thymol (ALLARD, 2015) ......................................... 35
Figure 3 : Schéma de la synthèse des 2 isomères : carvacrol et thymol (ALLARD, 2015) ..... 35
Figure 4 : Schéma hypothétique de l'action du carvacrol au travers des membres
cytoplasmiques (ULTEE, 1999) ............................................................................................... 37
Figure 5 : Molécules d'eugénol (ALLARD, 2015) .................................................................. 39
Figure 6 : Molécule de trans-cinnamaldéhyde (ALLARD, 2015) ........................................... 40
Figure 7 : Molécule de citral et ses 2 isomères (ALLARD, 2015) .......................................... 43
Figure 8 : Molécule de terpinène-4-ol (ALLARD, 2015) ........................................................ 44
Figure 9 : Origan commun (Origanum vulgare) (BRAUNER et KÖNIG, 1796) ................... 45
Figure 10 : Thym commun (Thymus vulgaris) (LOSCH, 1906) .............................................. 47
Figure 11 : Sarriette des montagnes (Satureja montana) (BENDER, 1957) ........................... 50
Figure 12 : Cannelle de Ceylan (Cinnamomum zeylanicum) (KÖHLER, 1887) ..................... 51
Figure 13 : Arbres et fleurs de tea tree (Melaleuca alternifolia) (SAILER, 1998) .................. 54
Figure 14 : Melaleuca alternifolia en culture (SALLER, 1998) .............................................. 54
Figure 15 : Lemon grass (Cymbopogon citratus) (YOSRI, 2005) ........................................... 58
Figure 16 : Le ginseng (Panax ginseng CA Meyer) (MEYER, 1843) ..................................... 60
Figure 17 : Extrait de l'annexe du règlement européen (UE) N° 230/2013 du 14 mars 2013
relatif au retrait du marché de certains additifs pour l’alimentation animale appartenant au
groupe fonctionnel des substances aromatiques et apéritives .................................................. 79

11
12
Liste des abréviations
AMM : Autorisation de Mise sur le Marché

ATP : Adénosine triphosphate

CT : Chémotype

DL50 : Dose létale médiane soit la dose de substance causant la mort de 50% d'un population
donnée

H+ : ion hydrogène

K+ : ion potassium

LMR : Limite Maximale de Résidus

MRSA : Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline

UE : Union Européenne

13
14
Introduction
L'utilisation des plantes et de leurs propriétés dans les soins et la prévention des
affections existe depuis l'antiquité (et peut être même avant). L'homme aurait depuis toujours
recherché dans le monde végétal de quoi se soigner. Cette pratique est à l'origine de ce que
l'on appelle aujourd'hui la phytothérapie et l'aromathérapie.

Si cette pratique a été mise de coté depuis la découverte des antibiotiques, elle est
remise au gout du jour depuis l'apparition de résistances, devenues un problème de santé
publique. L'action des vétérinaires dans la lutte contre l'antibiorésistance ne se limite pas à la
santé animale mais concerne aussi la santé humaine. En effet, des bactéries résistantes
peuvent être transmises de l'animal à l'homme par l'alimentation (exemple des Salmonelles)
ou par contact direct (exemple des S. aureus MRSA transmis du porc aux éleveurs néerlandais
en 2005) (1). Dans cette politique de diminution de l'utilisation des antibiotiques, les extraits
de plantes et les huiles essentielles sont de plus en plus populaires et sont de plus en plus le
sujet de recherches scientifiques (2). Cependant, dans la médecine vétérinaire, les études sur
l'efficacité des plantes contre les agents pathogènes sont encore peu nombreuses même si
leurs utilisations sont de plus en plus fréquentes.

L'objectif de cette thèse est de faire un point sur nos connaissances actuelles sur
l'efficacité de la phytothérapie et de l'aromathérapie dans leur action sur les agents pathogènes
en médecine bovine. On se basera en particulier sur les recherches scientifiques réalisées sur
certaines plantes et huiles essentielles dans ce domaine : L'origan (Origanum vulgare), le
thym (Thymus vulgaris), la sarriette des montagnes (Satureja montana), les cannelles de
Chine et de Ceylan (Cinnamomum Cassia et Cinnamomum zeylanicum), le lemongrass (ou
citronnelle des indes, Cymbopogon citratus), le tea tree (Melaleuca alternifolia) et le ginseng
(Panax ginseng).

Nous allons tout d'abord définir ce qu'est la phytothérapie et l'aromathérapie et leurs


principes généraux d'utilisation (en médecine bovine). Puis, nous détaillerons les principales
plantes et huiles essentielles ayant des propriétés anti-infectieuses, leur spectre et mode
d'action antibactérien et leur toxicité. Ensuite nous aborderons les études réalisées sur l'effet
de ces plantes sur deux pathologies bovines : les mammites et les affections podales. Enfin,
nous verrons la place que prennent ces pratiques dans la législation française.

15
16
Partie 1 : La phytothérapie et l'aromathérapie -
généralités

Dans cette partie, après avoir posé quelques définitions et abordé le sujet, nous allons
décrire ce qu'est la phytothérapie et l'aromathérapie et leur évolution dans le temps. Il sera
aussi expliqué ce qu'est la pharmacopée (qui sera mentionné tout au long de ce sujet).

1. Définition et approche du sujet


La phytothérapie est «le traitement ou la prévention des maladies par l'usage des
plantes» (Larousse).
L'aromathérapie est une branche de la phytothérapie. C'est «la prévention ou le
traitement des maladies par l'usage d'huiles essentielles, des composés aromatiques et
volatiles extraits de plantes» (Larousse).
Si l'utilisation des huiles essentielles fait partie de la phytothérapie, l'aromathérapie est
très souvent mise à part. Ici, nous distinguerons aussi la phytothérapie de l'aromathérapie.

Dans cette définition, la «thérapeutique» est une notion importante. On parle de


phytothérapie ou d'aromathérapie uniquement si on utilise les plantes et leurs propriétés dans
le traitement et la prévention de maladies ou la gestion de simples signes cliniques. Dans ce
cadre, les plantes sont dites «médicinales». L'utilisation des plantes comme composés
aromatiques, culinaires, etc... ne fait donc pas référence à de la phytothérapie ou de
l'aromathérapie.

Une plante médicinale est une plante que l'on utilise pour ses propriétés bénéfiques
pour la santé humaine, voire animale. Par «propriétés bénéfiques», on entend qu'elle est active
de manière positive sur la santé de l'individu tout en présentant un risque toxique faible si on
l'utilise de manière appropriée (quantité, fréquence, voie d'administration).
La définition selon la pharmacopée européenne d'une plante médicinale est «une plante
considérée comme ayant des propriétés médicamenteuses. Plus précisément, une partie de
plante ou la plante entière est explicitement désignée comme pouvant être utilisée en
thérapeutique (drogue végétale)» (3).

Apparait ainsi la notion de drogue végétale. Une drogue (Larousse) est :1° un
«Produit pharmaceutique ; médicament» ou 2° «Produit d'origine animale, chimique ou
végétale, vendu à l'état naturel, comme matière première et servant à réaliser des
médicaments».
Selon la pharmacopée européenne, les drogues végétales «sont essentiellement des plantes,
parties de plantes ou algues, champignons, lichens, entiers, fragmentés ou brisés, utilisés en
l'état, soit le plus souvent sous forme desséchée, soit à l'état frais.» (3).

17
A partit de ces définitions, nous comprenons la problématique qui tourne autour de ces
produits qui, dans le cadre de la phytothérapie et de l'aromathérapie, peuvent être vus comme
des «médicaments» mais qui peuvent aussi (dans un tout autre cadre), être utilisés pour leur
gout, leur odeur ou comme complément alimentaire.

Dans le cadre de l'utilisation des plantes pour leurs propriétés antimicrobiennes, nous
rapprocherons naturellement du premier cadre d'utilisation : La phytothérapie et
l'aromathérapie.

2. Historique
Les plantes sont utilisées pour leurs propriétés médicinales depuis des milliers
d'années et par toutes les civilisations. Dès la préhistoire, les hommes ont cherché dans les
plantes des ressources alimentaires, mais aussi des agents aux propriétés curatives voire aussi
des poisons (4). Elles ont été utilisées dans l'antiquité égyptienne, grecque et romaine, mais
aussi dans la civilisation chinoise, arabe, celte et en Amérique du Sud (Amazonie...) (5).

Dans l'antiquité égyptienne, les médecins égyptiens (environ -2000 ans avant JC)
étaient réputés avoir un très bon niveau de connaissance des plantes médicinales. Un témoin
de cette utilisation des plantes est la découverte de réglisse dans la tombe de Toutankhamon.
Les méthodes de distillation étaient connues et les plantes aromatiques étaient très utilisées
(4). La civilisation arabe a par la suite perfectionné cette technique de distillation (6).

Dans la médecine chinoise traditionnelle (durant environ la même époque que


l'antiquité égyptienne), on retrouve la cannelle, le ginseng, le réglisse et des centaines de
plantes décrites actuellement dans la pharmacopée chinoise (4).

Dans l'antiquité grecque, le romarin, l'origan et le thym étaient très utilisés. A Rome,
le basilic occupait une place importante. C'est dans l'antiquité romaine qu'apparaitraient les
massages comme moyen d'utilisation des molécules aromatiques (6). Des hommes célèbres de
l'antiquité grecque et romaine sont associés à cette utilisation et cette connaissance. Citons par
exemple (5) :
 Hippocrate : médecin et philosophe grec considéré comme le père de la médecine. Il
a institué les règles d'éthique pour les médecins sur lesquelles ils doivent (encore de
nos jours) prêter serment lors de leur soutenance de thèse (4).
 Galien : médecin grec exerçant la médecine à Rome. Il donne son nom à la pharmacie
galénique qui est la science de la préparation des principes actifs sous une forme
précise pour que celle-ci puisse être administrable et active. La forme est qualifiée de
«galénique» (ex : comprimé, gélules...).

Au Moyen-âge, ce sont les monastères qui conservent les connaissances traditionnelles


concernant les plantes médicinales (4). Le XVe siècle fut la découverte par les populations
européennes des plantes exotiques ramenées des nouveaux mondes (4). Depuis la fin du XVIe

18
siècle, plus d'une centaine d'huiles essentielles sont utilisées dans les soins. Le roi Louis XIV
les aurait même utilisées pour se parfumer (6). Cette période de la renaissance occidentale
voit aussi venir une remise en cause des connaissances de l'antiquité avec l'apparition de
nouvelles notions. Paracelse, alchimiste et médecin suisse allemand, fut un des premiers à
redéfinir la notion de dosage "Tout est toxique, rien n'est toxique, tout est question de dose"
(4).

Si leur utilisation était purement empirique (basée tout de même sur l'observation et
l'expérimentation), ce n'est qu'à partir du XIXe siècle que l'on commence à étudier les plantes
et à isoler leurs principes actifs (5). Un exemple connu reste la découverte de la morphine
extraite de l'opium. Les premières études sur les capacités à éliminer les germes des huiles
essentielles furent réalisées dès 1887 par Chamberland, physicien et biologiste français, et
c'est ainsi, en 1928, que le terme "aromathérapie" apparait, créé par René-Maurice
Gattefossé, un chercheur lyonnais (6).
Avec l'apparition des antibiotiques (début du XXe siècle), les avancées dans le
domaine des plantes furent mises de coté malgré les connaissances et les preuves scientifiques
rigoureuses qui étaient déjà présentes à cette époque (6). C'est dans les années 60 que les
études sur la phytothérapie et l'aromathérapie furent remises au gout du jour avec notamment
Jean Valnet (6).

En médecine vétérinaire, l'intérêt que l'on porte à la phytothérapie et l'aromathérapie


remonte à une vingtaine d'années même si leur utilisation remonte au XVIIIe siècle, période
où les chevaux étaient soignés avec des potions à base de plantes par les vétérinaires de l'école
de cavalerie française (7).

3. La phytothérapie

3.1. Généralités

La phytothérapie a une action sur le corps qui est dans la grande majorité des cas
douce et agissant de façon progressive (5). Elle sera surtout utilisée dans la prévention des
maladies (plutôt que le traitement) ou encore dans le soutien des fonctions vitales. On
comprend bien par là que l'on ne peut utiliser la phytothérapie seule dans le cas d'un
traitement curatif pour une maladie aiguë. Par contre, elle pourrait apporter une aide non
négligeable en tant que complément d'un traitement allopathique.

3.2. Variation des produits et parties utilisées

Contrairement aux médicaments allopathiques, les plantes médicinales ne sont pas des
produits standardisés. La composition de ces plantes et de leurs extraits dépend de la variété,
de leur zone de provenance géographique, du stade de récolte, etc... De plus, d'autres points
font varier la composition. Il s'agit de la forme utilisée (teinture mère, poudre, tisane, etc...).

19
En conclusion, l'activité de la plante (et donc son champ d'action et son efficacité) est
très variable d'une préparation à l'autre (5).

En ce qui concerne les parties des plantes utilisées, on prend celles qui sont connues
pour avoir les principes actifs en quantités suffisantes. On peut utiliser une ou plusieurs
parties voire même la plante dans son intégralité. Dans une préparation, la partie de la plante
utilisée doit être indiquée car, pour certaines d'entre elles, leurs différents organes végétaux
possèdent des propriétés différentes.

Les principales parties utilisées sont (5, 7) :


 Les feuilles et/ou les parties aériennes : elles sont très souvent utilisées car elles
fournissent beaucoup de substances actives. La feuille est un lieu ou est réalisée la
synthèse de composés chimiques. Exemple : la menthe, le niaouli, le tea tree et
l'eucalyptus,
 Les fleurs ou les sommités fleuries. Exemple : la lavande, le romarin, le thym, l'origan,
la sarriette des montagnes,
 Les graines. Exemple : la Moutarde,
 Les fruits. Exemple : le fenouil et la myrtille,
 Les Bois. Exemple : le cèdre,
 Les écorces. Exemple : la cannelle de Chine ou la cannelle de Ceylan,
 Les racines et les rhizomes. Exemple : le ginseng.

3.3. Formes utilisables

On utilise les parties de plantes sous forme de plantes sèches, d'extraits liquides, de
tisanes et d'huiles essentielles. Ces dernières seront abordées dans la partie correspondante.

Les présentations sont :

 Les plantes sèches : La partie utilisée est simplement séchée. Elle est la présentation
la moins couteuse et la plus simple (5).

 Les poudres de plantes : Les parties une fois séchées sont broyées et pulvérisées.
Cette présentation est intéressante lorsque l'on veut la mélanger à d'autres poudres,
l'incorporer avec d'autres excipients car on l'utilise peu comme telle. Elle ne se
conserve pas bien car elle possède une très mauvaise stabilité dans le temps (due à
l'éclatement des cellules végétales, l'augmentation des surfaces de contact qui facilite
les réactions d'oxydoréductions, etc...) (4).

20
 Les préparations pour tisanes. Elles sont de deux types (5) :
o Les infusions : Adaptées pour les parties qui sont fragiles (fleurs, feuilles...).
On verse de l'eau bouillante directement sur les parties à infuser puis on
récupère le liquide en filtrant.
o Les décoctions : Le principe est similaires à l'infusion mais on utilise les
parties de plantes qui sont dures (écorce, racines, fruits, graines...). Après les
avoir écrasées ou hachées, on les laisse dans de l'eau bouillante ou froide.

 Les macérations : Il faut laisser pendant un temps (de quelques heures à des
semaines) des plantes sèches ou bien fraiches dans un liquide d'extraction (alcool,
huile végétale, vin, eau...) Il existe différents types de macérations (5) :
o La teinture mère : Elle correspond à une macération alcoolique avec 1/10 (de
poids) de plantes par rapport au solvant. Le titre de l'alcool varie entre 60 à
90°. Au final, le titre en alcool de la teinture mère est d'environ 60-75°. On
peut les utiliser comme telles et elles servent de base pour fabriquer des
médicaments homéopathiques.
o Les teintures : Ce sont des macérations de plantes préparées au 1/5 du poids
de la plante. Le titre de l'alcool utilisé à la base peut être variable.
o Les extraits hydro-alcooliques-glycérinés : Même principe que la teinture
mère, avec des parties de plantes fraiches pour un taux alcoolique assez faible
(environ 20°).

 Les extraits fluides : La base est une macération de plantes sèches (entières ou en
poudres) dans un solvant (alcool), puis on passe le mélange à la presse, avec passage à
plusieurs reprises. Le liquide ainsi obtenu est concentré en substances actives (plus
concentré que la teinture mère) (4, 5).

 Les extraits secs pulvérisés : A ne pas confondre avec les poudres. On extrait les
principes actifs par macération dans de l'eau ou de l'alcool. On filtre et on concentre le
produit liquide à base pression et basse température. Puis on élimine le solvant par
séchage. La forme galénique principale est la gélule mais les comprimés existent.
L'inconvénient est que le produit n'est pas stable dans le temps (4).

 Les suspensions de plantes fraiches : On utilise l'azote liquide pour refroidir des
plantes puis on les met en suspension dans de l'alcool à faible titre (environ 30°) après
les avoir broyées. Cette technique est difficile d'emploi et couteuse (4).

21
3.4. Principes actifs

De nombreuses substances actives sont présentes dans les plantes, les principales
décrites sont (4, 5) :
 Les sucres, glucides et polysaccharides.
 Les graisses, les lipides, les huiles, les acides gras et autres.
 Les acides aminés et les protéines.
 Les alcaloïdes : Ce sont des molécules basiques (alcalines) et azotées. Il s'agit par
exemple de la morphine et de la cocaïne. Ces substances sont toxiques à des faibles
doses.
 Les mucilages : Ce sont des polysaccharides, protecteurs des surfaces (muqueuses).
Un exemple est la guimauve.
 Les saponosides : Substances qui modifient la tension superficielle de l'eau et la font
mousser (comme le savon) ce qui permet la pénétration de substance à travers la peau.
Elles seraient aussi vasoconstrictrices et anti-inflammatoires.
 Les anthocyanes et les flavonoïdes : Ce sont les pigments (bleu, violet, jaune,
orange, rouge...) qui donnent leurs couleurs aux pétales de fleurs.
 Les coumarines : Dérivés phénoliques à noyau benzo-alpha-pyrone. Elles agiraient
dans la protection des vaisseaux.
 Les lactones sesquiterpéniques : Elles auraient une activité antibactérienne.
 Les vitamines.
 Les minéraux.
 Les huiles essentielles : On les trouve dans les plantes dites aromatiques (voir
"aromathérapie").

3.5. Toxicité

En règle générale, les plantes utilisées en phytothérapie de manière traditionnelle ont


une toxicité faible. Il faut toutefois bien respecter les règles d'utilisation (fréquence, quantité,
forme utilisée, durée du traitement), et les contre-indications si elles existent (5).

4. L'aromathérapie

4.1. Généralités

C'est une branche de la phytothérapie, celle utilisant les huiles essentielles provenant
de plantes aromatiques. Les huiles essentielles sont très concentrées en principes actifs et sont
utilisables dans le traitement des maladies aiguës si celles-ci ne sont pas trop graves. On les
utilise surtout lors d'infections d'origine virale et dans le but de stimuler l'immunité (5).
Contrairement aux produits allopathiques qui possèdent un ou plusieurs principes
actifs isolés, et comme tout produit phytothérapique standard, les huiles essentielles possèdent
aussi un grand nombre de principes actifs. Une seule huile essentielle aura donc une action sur
22
un grand nombre de maladies différentes. Il faut donc bien connaitre leurs propriétés pour
pouvoir les utiliser au mieux. Un avantage à cela est que l'action principale d'une huile
essentielle (celle pour laquelle on l'a choisie, par exemple l'action antibactérienne) pourra être
complétée par d'autres qu'elle possède. En plus d'être utilisables seules, les huiles essentielles
peuvent être mélangées (5).

4.2. Préparation et parties utilisées

Les huiles essentielles sont des produits qui sont issus de plantes dites aromatiques,
c'est à dire qu'elles contiennent des composés aromatiques, des molécules dégageant une
odeur. Parmi les plantes aromatiques, on retrouve certaines familles du monde végétal, dont
voici quelques unes (5, 7) :
 Les Lauracées : cannelle, ravinstara, laurier noble...
 Les Lamiacées : origan, romarin, thym, sarriette des montagnes, menthe, basilic...
 Les Myrtacées : girofle, eucalyptus, tea tree, niaouli...
 Les Abiétacées : pin, sapin...
 Les Poacées : citronnelle de Java, palmarosa...

Toutes les parties des plantes sont utilisables et comme pour la phytothérapie standard,
on utilise celles qui ont les concentrations les plus riches en composés aromatiques (5).

Les huiles essentielles sont principalement extraites par distillation à la vapeur d'eau
des plantes aromatiques. Cette méthode est connue depuis l'antiquité (6). Les huiles
essentielles sont de meilleure qualité car il n'y a pas d'altérations hydrolytiques (eau
température...). Le dispositif est formé d'une chaudière à vapeur séparée de l'alambic (6). Les
différentes étapes de cette distillation sont (5) :
 On met les organes végétaux à distiller dans un alambic et on connecte le tout à une
bouilloire remplie d'eau que l'on met à ébullition.
 La vapeur d'eau traverse la matière et entraine les composés aromatiques.
 Le mélange gazeux formé de vapeur d'eau et de composés aromatiques est refroidi
dans un réfrigérant et se condense.
 A la fin de la condensation, on recueille deux phases liquides :
o Une phase aqueuse au dessous, (la phase la plus lourde) que l'on appelle
hydrolat. Elle contient peu de molécules aromatiques.
o Un surnageant au dessus, qui est non miscible à l'eau et d'une densité d'à peu
prêt 0.9. Il s'agit de l'huile essentielle.

23
Figure 1 : Schéma illustrant le principe de la distillation

La durée de distillation et la technique dépendent de l'huile essentielle que l'on veut


extraire. Une distillation d'huile essentielle à un rendement assez faible (environ 5g à 40g
d'huile essentielle obtenue avec 1kg de plantes aromatiques) (5).

Il existe d'autres procédés pour extraire les composés aromatiques (6):


 La percolation (ou hydrodiffusion) : plus rapide et altérant moins les composants
aromatiques. Les huiles sont cependant chargées de composés non volatiles. Ce ne
sont pas des huiles essentielles mais des «essences de percolation».
 L'extraction au CO2 supercritique, l'enfleurage, les macérations et les procédés par
épuisement.
Cependant, le terme «huile essentielle» n'est utilisable que pour les produits aromatiques
provenant de la distillation (6).

4.3. Propriétés des huiles essentielles

4.3.1. Propriétés physico-chimiques

Les huiles essentielles sont caractérisées par leur forte odeur. Ce sont des liquides
insolubles dans l'eau, volatils dans les conditions ordinaires de température et solubles dans
les alcools et les liquides hydrophobes comme les huiles végétales. Elles sont généralement
incolores mais peuvent aussi être de couleur brunâtre ou jaunâtre. Leur pH est acide (5). Elles
sont plus légères que l'eau et possèdent un pouvoir rotatoire (6).

24
Ce sont leurs propriétés lipophiles qui font qu'elles sont capables de passer au travers
de la peau des muqueuses et de toutes autres membranes biologiques (5).

Les conditions physiques qui améliorent l'activité des huiles essentielles sont les bas
pH (pH acides), les basses températures et le faible taux d'oxygène (8).

4.3.2. Propriétés antimicrobiennes

4.3.2.1. Interactions avec les membranes bactériennes

Le caractère lipophile des huiles essentielles leur permet d'interagir avec la membrane
cytoplasmique des cellules bactériennes et d'augmenter la perméabilité de celle-ci (9).

Les bactéries à Gram- possèdent une membrane externe ce qui confère a celles-ci une
surface hydrophilique (due à la présence de lipopolysaccharides (LPS)). Si les petites
molécules hydrophiles peuvent passer cette barrière (par les porines et protéines
transmembranaires), les grosses molécules et les composés hydrophobes ne le peuvent pas.
Grâce à cela, les bactéries à Gram- sont relativement résistantes aux antibiotiques et aux
médicaments à molécules hydrophobes (10). Elles sont ainsi moins sensibles à l'action des
huiles essentielles que les bactéries Gram+ (11). Cependant, certaines molécules végétales
concentrées dans les huiles essentielles peuvent désintégrer cette membrane externe (exemple:
le carvacrol, un phénol monoterpénique) (12).

Les huiles essentielles par leurs interactions avec les membranes cellulaires peuvent
aussi entrainer des fuites de constituants (ions, métabolites) en dehors de la cellule et auraient
la capacité d'agir comme transporteur transmembranaire (9).

4.3.2.2. Action au niveau du cytoplasme des cellules

Certains composants végétaux peuvent agir directement à l'intérieur même de la


cellule bactérienne. C'est le cas du cinnamaldéhyde (présent dans certaines huiles essentielles
de cannelle) capable d'agir sur les protéines responsables de la division cellulaire (13) et de
celui de l'huile essentielle de tea tree qui pourrait induire une coagulation de constituants
intracellulaires (14) et serait capable d'inhiber la respiration bactérienne aérobie (15).

4.3.2.3. Action sur les biofilms bactériens

Certaines bactéries peuvent former un biofilm, c'est à dire une formation de cellules
adhérentes entre elles et liées par une matrice adhésive et protectrice. Les bactéries capables
de former des biofilms sont Staphylococcus aureus, Staphylococcus epidermidis,
Pseudomonas sp., Enterococcus sp. ou encore Listeria monocytogenes. Les champignons
Candida sp. en sont aussi capables. Cette capacité à se regrouper en biofilm confère à ces
cellules une protection contre les antibiotiques et une meilleure résistance aux désinfectants
chimiques et contre les phagocytes et autres défenses immunitaires de l'organisme (16).
25
Les huiles essentielles ont cependant la capacité de diffuser au travers de la matrice du
biofilm (c'est le cas du carvacrol) et de réduire ce biofilm ainsi que la viabilité des bactéries le
composant (17). Certaines huiles essentielles peuvent même détruire ce biofilm (18).

Les huiles essentielles et leurs composants possèdent donc des caractéristiques


intéressantes contre les bactéries.

4.4. Composition des huiles essentielles

La composition des huiles essentielles est très variée. Elles peuvent contenir un
nombre très élevé de molécules différentes, caractérisées par leurs fonctions chimiques. Les
propriétés des molécules déterminent celle de l'huile essentielle qui les renferme et bien sûr
ses fonctions (5). Les familles de constituants sont :

 Les phénols : Ils sont de très bons et puissants agents anti-infectieux, (bactéries, virus,
champignons) et des immunostimulants. Attention cependant, ils sont irritants pour les
muqueuses et hépatotoxiques à long terme (5). Les principaux phénols possédant une
activité antibactérienne sont : le carvacrol, le thymol et l'eugénol (19).
Exemple d'huiles essentielles à phénols : l'origan, le thym à thymol, la sarriette des
montagnes et la girofle.

 Les cétones : Elles sont moyennement antiseptiques et immunostimulantes. Elles


restent aussi très toxiques et doivent être manipulées avec précaution. Les molécules
principales sont par exemple la bornéone (=camphre), la menthone et la thuyone.
Exemple d'huiles essentielles à cétone : la menthe poivrée, la sauge officinale et le
camphrier du Japon (Ravinstara) (5).

 Les aldéhydes : Le principal aldéhyde connu est le citronellal qui donne son odeur
citronnée à l'huile essentielle d'eucalyptus citronné et à la citronnelle de Java. Mais il
existe aussi l'aldéhyde cinnamique (ou trans-cinnamaldéhyde) présent dans l'huile
essentielle de cannelle (de Chine ou de Ceylan) qui, en plus de posséder une fonction
aldéhyde, possède aussi un noyau benzénique. L'activité antibactérienne du citronellal
est bonne et celle du cinnamaldéhyde est puissante (similaire à celle des phénols) (6).

 Les alcools mono- et di-terpéniques (5, 6) :


o Les alcools monoterpéniques : Ce sont des anti-infectieux et
immunostimulants moins toxiques que les phénols mais moins efficaces. Leur
pouvoir antibactérien se situe juste après les phénols et le cinnamaldéhyde. Ce
sont par exemple le géraniol et le terpinène-4-ol présents dans l'huile
essentielle de palmarosa et de tea-tree australien.
o Les alcools diterpéniques : Leur action est similaire à celle des hormones
sexuelles. Exemple : le scaréol de la sauge sclarée.

26
 Les oxydes : On a surtout l'eucalyptol (=1,8 cinéole). Il a une action sur les poumons
(décongestion et expectoration) (5). Il est présent dans l'huile essentielle d'eucalyptus
et de niaouli. En général, l'action antibactérienne des oxydes est légère (6).

 Les esters : Ils sont réputés calmants et toniques (5). Un exemple est l'acétate de
linalyle de la lavande.

 Les éthers : Ce sont des molécules réputées antispasmodiques, calmantes et anti-


inflammatoires (5). Un exemple est l'anéthol de l'anis et du fenouil.

 Les terpènes : Ils ont des actions très variées : désinfectante, anti-inflammatoire,
calmante (5). On pourrait les utiliser en diffusion (action antiseptique atmosphérique)
(6). Comme exemple, nous avons l'α-pinène du pin sylvestre et le ρ-cimène dans le
thym.

 Les acides : Ils sont anti-inflammatoires et hypothermisants (5). L'exemple est l'acide
salicylique extrait de la gaulthérie.

4.5. Notion de chémotype d'une huile essentielle et


identification

La composition d'une même huile essentielle peu varier considérablement en fonction


de sa provenance géographique, de la nature des sols, de l'ensoleillement, etc... Cela peut
poser problème quand on ne connait pas cette composition car ses propriétés et sa toxicité en
dépendent (6).

Un des exemples les plus représentatifs est le «thym commun» ou Thymus vulgaris (5).
 La variété qui pousse dans le Var en bord de mer est riche en thymol. Comme toutes
les huiles à phénol, elle a une très bonne activité antibactérienne mais est très irritante
pour les muqueuses.
 La variété qui pousse dans l'arrière pays français est plus riche en carvacrol, un phénol
très irritant et très puissant. Le carvacrol est aussi présent dans l'origan et la sarriette
des montagnes.
 La variété qui pousse à plus haute altitude (Haute-Provence) est riche en linalol, alcool
monoterpénique, présent dans la lavande. L'activité antibactérienne est plus faible
mais l'huile est moins toxique.
 D'autres variétés existent comme le thym à thuyanol et thym à géraniol.

On appelle «chémotype» ou spécificité biochimique les différentes variantes de


composition que l'on connait pour une même espèce. Il sert à différencier ses huiles
essentielles et porte le nom du composant majoritaire (dans la majorité des cas) et/ou d'un
autre composant si l'indication thérapeutique de l'huile se rapproche de celui-ci (5).
27
On utilise l'indicatif «CT» après le nom latin pour annoncer le chémotype. Pour le thym, on a
donc : Thymus vulgaris CT thymol, Thymus vulgaris CT carvacrol. On utilise aussi le terme
de Thym à thymol, etc...

Les différents chémotypes sont déterminés par la chromatographie en phase gazeuse.


On peut aussi avec cette technique contrôler la composition d'une huile pour éviter les fraudes
et les coupages (5).

En conclusion, pour utiliser les huiles essentielles à visée thérapeutique, il existe une
identification précise qui doit comprendre (5):
 Le nom scientifique de la plante utilisée (en latin), le nom français et le chémotype si
il existe.
 Si plusieurs parties différentes sont utilisables, et si leurs propriétés diffèrent : on
ajoute la ou les parties de la plante.
On peut rajouter aussi : la provenance géographique (car la composition des plantes
varie en fonction) et le type et culture (sauvage, bio, conventionnelle)
Pour finir, le numéro de lot et la date de péremption doivent apparaitre sur le récipient.

4.6. Utilisation générale et voie d'administration

Les huiles essentielles peuvent s'employer seules ou en association synergique (ou


additive). Il ya rarement des incompatibilités entre elles (5).

Les différentes voies d'administration sont :

 Par voie orale (5, 7) : C'est une des voies les plus importantes en médecine
vétérinaire. Elle est indiquée en cas d'affections généralisées, d'affections internes
(broncho-pulmonaire, digestive, urinaire, génitale, hépatique), parasitose, etc...
On les utilise rarement pures (et c'est même contre-indiqué) mais diluées dans :
o des huiles végétales, les plus utilisées.
o d'autres huiles en fonction de leurs propriétés comme l'huile de foie de morue
en cas de besoin de complément alimentaire et l'huile de paraffine pour le
transit digestif.
o des solutés hydro-alcooliques (teinture mère de plantes) pour leur action
complémentaire. De plus, elles sont appétantes.
o des solutés hydrodispersants : des émulsions stables dans l'eau (ex : Solubol®)
o de la lécithine de soja.
o du miel (7 à 8% d'huile essentielle pour du miel liquide).
o des comprimés, gélules et capsules molles (leurs préparations est plutôt du
ressort du pharmacien.

28
 Par voie cutanée : Elle est intéressante dans le traitement des problèmes cutanés,
mais aussi des organes sous-jacents (par passage transcutané) comme par exemple: les
mamelles, les articulations, les ombilics chez le veau et dans le traitement des panaris
et des bronchites (traitées par massage du thorax).
De même, les huiles essentielles, si elles sont irritantes, doivent être mélangées à une
huile végétale pour limiter l'irritation cutanée et faciliter le massage (5). Pour une
action à visée générale (voie transcutanée), il faut une grande quantité d'huiles
essentielle (dépendante de la taille de l'animal, de la présence de poils...) diluées ou
non dans de l'huile de tournesol. On peut aussi utiliser la technique du «pour-on» en
déposant sur le dos le produit (mélangé ou non) entre les poils à l'aide d'une seringue
(5). Ces techniques, peu connues commencent à se développer.

 Par voie génitale : Les huiles essentielles sont utilisées dans le traitement des
endométrites (diluées dans une huile d'arachide, une huile d'olive ou un lait de
toilette), des infections utérines aiguës et des non délivrances (mélangées dans un
émulsifiant sans alcool pour les rendre solubles dans les sécrétions utérines, exemple :
Solubol®), pour la désinfection et la cicatrisation vaginale (pommade vaselinée, huile
végétale ou huile d'amande douce). Les huiles et lait de toilette pour bébé seraient
aussi de bons excipients (5).

 Par injection intra-mammaire : Cette pratique est délicate. Les huiles doivent être
mélangées à une huile végétale ou un émulsifiant, elles doivent être bien tolérées par
la muqueuse intra-mammaire (fragile) et l'injection doit être le plus «stérile» possible
(5). Le plus pratique reste le massage de la mamelle.

 Par voie respiratoire : Il faut des petits volumes fermés (petit box, case à veau). Cela
peut être un bon complément dans le traitement des affections respiratoires. Attention
toutefois : il ne faut utiliser que des huiles essentielles non irritantes pour les
muqueuses (7). On peut aussi mettre les huiles essentielles dans de l'eau bouillante car
elles sont volatiles et seront inhalées par les animaux (5). Cette utilisation n'est pas
beaucoup utilisée d'un point de vue pratique.

 Par voie rectale : Sur les bovins adultes, cette voie n'est pas conseillée (élimination
rapide). Sur les veaux, elle peut être utilisée (avec comme excipient une huile
végétale) mais cela reste anecdotique (5).

4.7. Toxicité et précautions d'emploi

Contrairement aux plantes de phytothérapie standard, les huiles essentielles peuvent


être très toxiques à cause de leur concentration très élevée en principes actifs. Les posologies,
la voie d'administration, le statut physiologique de l'espèce concernée, son âge et les
éventuelles contre-indications doivent être respectées scrupuleusement. Les doses et les
éventuelles dilutions dépendent de cela.

29
Voici quelques exemples de toxicité d'huiles essentielles (5, 7) :
 Irritation des tissus (dermocausticité) : C'est le cas des huiles essentielles à phénol
(huile essentielle de thym à thymol ou à carvacrol, d'origan, de sarriette des
montagnes...) et à cinnamaldéhyde (huile essentielle de cannelle). Cela intéresse la
peau et tout type de muqueuse (œsophagienne, gastrique, vaginale). Ces huiles doivent
être diluées dans de l'huile végétale ou tout autre excipient adapté. Les terpènes
peuvent aussi être dermocaustiques.
 Hépatotoxicité : C'est cas des huiles essentielles à phénols. Cela est souvent dû à des
administrations prolongées et à forte dose.
 Néphrotoxicité : Elle concerne les huiles essentielles à monoterpènes utilisées par
voie orale sur une longue durée. Exemple : les huiles de pin et de sapin.
 Neurotoxicité : C'est le cas des huiles essentielles à cétones (huiles essentielles de
camphre, de menthe poivrée et de romarin à verbénone) et les huiles essentielles à
lactones (huiles d'astéracées) en cas d'utilisation prolongée.
 Photosensibilisation : Ce sont les huiles essentielles à coumarine et de manière
générale les huiles essentielles de zeste. Un exemple connu est l'huile essentielle de
bergamote.

Quelques contre-indications existent comme par exemple (5) :


 La gestation : Les huiles à cétone sont à utiliser avec précaution. Eviter aussi les
huiles à action oestrogénique (anis, fenouil...) et attention avec les huiles à action
utérotonique comme la menthe, la cannelle et la girofle.
 La lactation : La menthe poivrée aurait une action négative supposée sur la lactation.
De plus, les huiles de camphre et d'ail ne doivent pas être utilisées pour le gout qu'elles
donnent au lait.
 Attention avec les huiles essentielles allergisantes comme le laurier noble.

Au vu des différents éléments, certaines précautions d'emploi sont à respecter


concernant l'utilisation des huiles essentielles (7) :
 Ne pas les injecter en intramusculaire ni en intraveineuse,
 Ne pas les utiliser pures sur les muqueuses (nasale, buccale, vaginale...) mais diluées
(maximum à 10%). De même, attention avec les huiles essentielles à phénols qui sont
irritantes pour la peau (à diluer au maximum à 40%) ainsi qu'aux huiles à aldéhyde
(irritantes aussi, à diluer au maximum à 20%).
 Ne pas les mettre dans les yeux (diluées ou non),
 Attention avec les huiles à cétones sur les femelles gestantes ainsi que les huiles
essentielles à action ostrogénique,
 Ne pas les administrer diluées dans de l'eau par voie orale ou intramammaire.

Comme tout principe actif, certaines plantes et constituants végétaux sont répertoriés
dans les différentes pharmacopées. Nous allons en voir l'usage et l'utilité.

30
5. La pharmacopée
La pharmacopée est un ouvrage réglementaire qui est destiné aux professionnels de santé.
Dans cet ouvrage sont définis :
 les critères de pureté des matières premières ou des préparations qui entrent dans la
fabrication des médicaments (qu'ils soient à usage humain ou à usage vétérinaire) et
leurs contenants,
 les méthodes d'analyses qu'il faut utiliser pour en assurer leur contrôle.

Selon le préambule de la pharmacopée française : «Le rôle de la PHARMACOPEE est


de participer à la protection de la santé publique par le biais notamment de l'élaboration de
spécifications communes reconnues relatives aux substances entrant dans la composition d'un
médicament. Les spécifications sont regroupées sous formes de monographies qui sont
élaborées de façon à répondre aux besoins des autorités compétentes (enregistrement,
inspection, contrôle) et des fabricants de matières premières ou de médicaments, et pouvant
être utiles à leur préparation et leur délivrance.» (20).

En cela, elle présente des monographies pour toutes sortes de substances ou formules
qui y figurent. Ces monographies sont l'ensemble des descriptifs et des critères permettant
d'assurer un contrôle optimal de la qualité d'un produit ou d'un principe actif. Ces textes font
autorité et ils constituent un référentiel qui est régulièrement mis à jour.

Les deux pharmacopées utilisées en France sont :


 La Pharmacopée française : Elle contient les textes et les monographies nationales
qui sont complémentaires à la pharmacopée européenne. «La Pharmacopée française
est élaborée et publiée en application des articles L. 5112-1, R. 5112-1, R. 5112-2, R.
5112-4 et R. 5112-5 du Code de la Santé publique» par l'ANSM (20). De nos jours, la
pharmacopée française utilisée est la 11e édition. Elle est constituée de textes
nationaux qui sont applicables par arrêtés ministériels.
 La pharmacopée européenne : Elle est élaborée et publiée par la DEQM (Direction
Européenne de la Qualité du Médicament et soins de santé). De nos jours, la
pharmacopée européenne utilisée est la 8e édition. Elle est constituée de textes
européens qui sont applicables à l'ensemble des 37 pays membres de l'UE qui ont
signés la convention relative à son élaboration. Comme dans le cas de la France, elle
peut être complétée par une pharmacopée nationale.

Toute plante médicinale est inscrite à la pharmacopée française (ou à la pharmacopée


européenne). Mais cela ne veut pas dire qu'elle a une monographie.

Depuis la 10e édition, on peut trouver dans la pharmacopée française deux listes de
plantes médicinales (20) :
 La liste A : les «plantes médicinales utilisées traditionnellement»,

31
 La liste B : Les «plantes utilisées traditionnellement en l'état ou sous forme de
préparation dont les effets indésirables potentiels sont supérieurs au bénéfice
thérapeutique attendu».

Cette liste se présente sous la forme d'un tableau. Le nom français de chaque plante
médicinale y est inscrit, ainsi que le nom scientifique, la famille botanique et la partie utilisée.
Dans la liste B, sont rajoutées la ou les parties de la plante qui sont connues pour leur toxicité
(20).

32
Partie 2 : Les plantes - Description et propriétés
antibactériennes

Dans cette partie seront abordés : les descriptions, aspects généraux, toxicité et études
sur les propriétés antimicrobiennes des principales plantes et constituants qui ont fait l'objet
des études réalisées sur les bovins présentées en 3e partie. Il s'agit de : l'origan (Origanum
vulgare), le thym (Thymus vulgaris), la sarriette des montagnes (Satureja montana), les
cannelles de Chine et de Ceylan (Cinnamomum Cassia et Cinnamomum zeylanicum), le
lemongrass (ou citronnelle des indes, Cymbopogon citratus), le tea tree (Melaleuca
alternifolia) et leurs huiles essentielles ; ainsi que le ginseng (Panax ginseng). Nous
détaillerons aussi les quelques principales molécules qui confèrent aux huiles essentielles
leurs propriétés antibactériennes et leur mode d'action. Il s'agit du carvacrol, du thymol, de
l'eugénol, de l'acide cinnamique (ou trans-cinnamaldéhyde), du citral et du terpinène-4-ol.

Toutes les plantes décrites ici sont présentes dans la pharmacopée française (excepté le
tea tree, Melaleuca alternifolia). Cependant, aucune d'elles n'a de monographie.

Dans la pharmacopée européenne, on retrouve la description du thym (thymus


vulgaris) ainsi que celle de son huile essentielle, celle de l'origan (Origanum vulgare) et de
son huile essentielle, la cannelle de Ceylan (Cinnamomum zeylanicum), le ginseng rouge
(racines de Panax ginseng soumise à la vapeur d'eau et séchée) et les constituants que sont le
thymol et l'eugénol.

1. Recherches et méthodes d'études


Le test que l'on utilise pour démontrer le pouvoir antibactérien des huiles essentielles
est appelé l'aromatogramme. Il est basé sur le principe des antibiogrammes (7). Le principe
est le suivant : sur des cultures de souches bactériennes, on dépose des disques de papier
imprégnés d'huiles essentielles et on mesure le halo d'inhibition qui se forme autour du disque
(7). C'est le test le plus réalisé (8). Dans la bibliographie anglophone, ce test est appelé «Disk
diffusion method» ou «Disk diffusion assay» (21).

D'autres tests aux principes différents existent comme par exemple (21):
 Le test de dilution dans de la gélose (Agar dilution method) où l'on observe la
croissance des bactéries en milieu liquide.
 Le test de diffusion sur puits (Well diffusion method) ou l'on mesure la quantité
d'huile essentielle à ajouter dans un puits bactérien pour qu'il y ait inhibition et
élimination des bactéries.
 Le test de dilution après avoir émulsifié les huiles essentielles (Broth dilution method).

33
Ces tests, communément utilisés avec des produits hydrophiles, demandent à être
adaptés aux propriétés lipophiles et volatiles des huiles essentielles. Généralement, on observe
l'ajout de solvant comme de l'éthanol, dimethymsulphoxide, ou encore de polysorbate 80 (ou
tween 80 ou encore monooléate de sorbitane polyoxyéthylène) utilisé comme émulsifiant et
stabilisant. Notons que ce dernier composé pourrait augmenter la sensibilité des bactéries aux
différentes huiles essentielles (21). Malgré les adaptations réalisables, ces tests ne sont
généralement pas reproductibles à l'identique. De plus, dû à la présence de toutes ces
techniques et adaptations (temps d'incubation, type de gélose, volumes utilisés, solvants), les
études ne sont pas comparables les une par rapport aux autres (21).

Le manque de standardisation des méthodes d'études de la sensibilité des bactéries et


autres agents pathogènes aux huiles essentielles, les mesures (doses minimales inhibitrices ou
bactéricides (en %, ou concentrations) ou zone d'inhibition (en mm)) ne peuvent être
analysées car elles peuvent varier d'une étude à l'autre de part leurs valeurs et leurs unités de
mesure. Malgré tout, on peut déterminer si oui ou non, il y a sensibilité (21). Donc, dans les
paragraphes qui vont suivre, nous pourrons déterminer sur quelles souches bactériennes
peuvent agir les huiles essentielles mais aucune dose ne sera précisée.

Pour conclure, la difficulté de l'avancée des études sur les propriétés antimicrobiennes
des extraits de plantes et autres huiles essentielles réside en partie dans le fait qu'il n'existe
aucun standard dans les méthodes d'études de la sensibilité et qu'aucune méthode d'étude n'est
réellement adaptée aux propriétés lipophiles et volatiles des liquide étudiés. Cependant, des
efforts sont faits pour trouver et standardiser une méthode.

2. Les molécules végétales anti-infectieuses


Les quatre constituants majeurs qui possèdent les propriétés antimicrobiennes les plus fortes
sont :
 trois phénols monoterpéniques : le carvacrol, le thymol et l'eugénol
 le cinnamaldéhyde, un aldéhyde aromatique (4).

Nous compléterons cette étude avec deux autres composés : le citral et le terpinène-4-ol.

2.1. Le carvacrol et le thymol

2.1.1. Présentation

Le carvacrol (5-isopropyl-2-methylphénol) est un phénol monoterpénique, isomère


du thymol (19). Ce composant est en quantité majoritaire dans les huiles essentielles d'origan
(Origanum sp.), de thym à carvacrol (Thymus vulgaris CT carvacrol) et de sarriette des
montagnes (Satureja montana) (19).

34
Le thymol (5-méthyl-2-(1-méthyléthyl)phénol) est majoritairement retrouvé dans le
thym à thymol (Thymus vulgaris CT thymol).
Comme le thymol, le carvacrol est un constituant qui confère des propriétés
antibactériennes à l'huile essentielle qui le contient (22). Ils seraient aussi tout deux
antiseptiques, antioxydants, antispasmodiques, antifongiques, anti-inflammatoires,
expectorants, antitussifs et immunomodulatoires (23).

Figure 2 : Molécules de carvacrol et de thymol (ALLARD, 2015)

2.1.2 Synthèse

Le γ-terpinène et le ρ-cymène (deux terpènes) sont les précurseurs du thymol et du


carvacrol (24). Contrairement à ces derniers, ils ne possèdent pas de pouvoir antibactérien
(25). Au sein de la plante, l'γ-terpinène subit une aromatisation donnant ainsi le ρ-cymène.
L'hydroxylation du ρ-cymène aboutit à la formation du carvacrol ou du thymol (24).

Figure 3 : Schéma de la synthèse des 2 isomères : carvacrol et thymol (ALLARD, 2015)

35
2.1.3. Spectre d'action

Le carvacrol à une action bactériostatique et bactéricide à spectre large démontrée


sur des bactéries à Gram+ comme Listeria monocytogenes, Staphylococcus aureus,
Staphylococcus epidermis, Bacillus cereus, etc... ; Et des bactéries à Gram- comme
Escherichia coli, Salmonella enterica serovar Typhymurium, Pseudomonas aeruginosa, et
Klebsiella pneumoniae (9, 12, 26, 27, 28, 29).

De plus, le carvacrol permet d'inhiber la formation d'un biofilm par certaines bactéries
comme S. aureus, S. enterica serovar Typhimurium, S. epidermidis, E. coli et L.
monocytogenes (17). En effet, même s'il s'agit d'une molécule lipophile, le carvacrol possède
aussi une relative caractéristique hydrophile. Cette propriété hydrophile permet la diffusion du
carvacrol au travers de la matrice polysaccharidique du biofilm. Il aide à la réduction du
biofilm par destruction partielle de son architecture et diminue à viabilité des cellules qui le
composent (17).

Le thymol (comme le carvacrol) possède aussi une activité à spectre large avec une
action antibactérienne démontrée contre les bactéries à Gram+ comme Listeria
monocytogenes et Staphylococcus aureus et contre les bactéries à Gram- comme E. coli,
Salmonella typhimurium, Pseudomonas aeruginosa et Klebsiella pneumoniae (12, 26, 28, 29).

Comme le carvacrol, il a aussi une action inhibitrice sur les biofilms (démontrée sur
Salmonella sp.) (30).

Le carvacrol a une action inhibitrice sur la croissance de C. albicans voire même une
action fongicide à concentration deux fois supérieure (28, 31). Le thymol a aussi une action
antifongique contre C. albicans (28).

2.1.4. Mode d'action et propriétés antibactériennes

Leur activité antibactérienne est due à la présence du groupe hydroxyle associé au


système d'électrons délocalisés (cycle aromatique) de leur structure moléculaire (9). Ils
pourraient déstabiliser la membrane cytoplasmique et diminueraient le potentiel membranaire
(cette propriété étant en commun avec le ρ-cymène, l'hypothèse serait que le cycle aromatique
est en cause). Ils peuvent aussi diminuer le pH intracellulaire (donc diminuer le gradient de
pH) et ainsi inhiber la synthèse d'ATP (Adénosine Triphosphate) par la pompe ATPase (qui
utilise ce gradient de pH et plus particulièrement les protons H+ qui le définissent) (9).

Sur Bacillus cereus, il a été mis en évidence une sortie d'ions potassium (K+) associée
à une entrée de protons (H+) dans la cellule en présence de carvacrol (32). Ultee et al. (32)
propose un schéma hypothétique du mécanisme visant à expliquer la diminution du pH intra

36
cytoplasmique par une action du carvacrol comme transporteur transmembranaire (par la
fonction hydroxyle) d'ion H+ à l'intérieur de la cellule et d'ion K+ à l'extérieur de celle-ci (voir
figure 4). Cependant, même si la fonction hydroxyle semble être l'élément en cause, on peut
supposer que le cycle aromatique associé reste nécessaire à l'activité antibactérienne car les
alcools non aromatiques (menthol) sont bien moins antibactériens (9).

Figure 4 : Schéma hypothétique de l'action du carvacrol au travers des membres


cytoplasmiques (ULTEE, 1999)
Le carvacrol diffuse à l'intérieur de la cellule au travers de la membrane cytoplasmqiue, puis
il s'ionise en libérant un proton (H+) de sa fonction hydroxyle dans le cytoplasme. Un ion
potassium (K+) est alors associé au groupe. Le carvacrol transporte cet ion à l'extérieur de la
cellule et la relâche. Un proton se lie de nouveau à la molécule qui traverse la membrane.

Une fuite de K+ en dehors de la cellule est aussi mise en évidence par Walsh et al. (33)
sur E. coli et S. aureus en présence de thymol. Sa structure étant similaire au carvacrol, le
mécanisme hypothétique de Ultee et al. pourrait aussi s'appliquer au thymol.

De plus, sur les bactéries à Gram-, le carvacrol et le thymol pourraient aussi entrainer
une désintégration de la membrane externe et un relargage des matériaux de cette membrane
(LPS, protéines, lipides) (12).

37
Les études montrent uniquement des actions au niveau membranaire, cela n'exclut pas
un potentiel d'action de ceux-ci au niveau du périplasme de la cellule comme le fait le trans-
cinnamaldéhyde (12). De plus, il semblerait que le carvacrol aurait avec le thymol un effet
additif (22).

2.1.5. Métabolisme

Le métabolisme et l'excrétion du carvacrol et du thymol sont très rapides. Selon une


étude réalisée sur les porcs, 29% de la dégradation s'effectue dans le caecum. Leurs demi-vie
dans le tractus digestif (après une administration per-os de 13 mg/kg) est de environ 2 heures.
Le carvacrol et le thymol sont quasi-complètement absorbés par l'estomac et la portion
proximale de l'intestin grêle (34).
La concentration plasmatique (du carvacrol et du thymol) est maximale 1h30 après
administration per-os et est suivie par une élimination rapide dans les urines (34). Sur des rats,
peu de molécules et leurs métabolites sont excrétés après 24 heures et plus aucun après 48 à
72 heures après administration orale (35).

La voie de dégradation prioritaire est l'estérification de la fonction alcool avec de


l'acide glucuronique ou de l'acide sulfurique. Le carvacrol (ainsi que le thymol) sont donc très
majoritairement excrétés sans transformation (ou comme conjugué glucuronique ou
sulfurique) (35). Il existe une autre voie relative en l'oxydation du groupe méthyl et du groupe
isopropyl en alcool primaire (19, 35).

2.1.6. Toxicité

La toxicité générale du carvacrol varie entre 0.1 à 0.8 g/kg et la toxicité du thymol
varie entre 0.9 à 1.8 g/kg (23). Ce sont donc des molécules de faible toxicité.

2.2. Eugénol

2.2.1. Présentation

L'eugénol (4-allyl-2-methoxyphenol) est un phénol monoterpénique (36). Il est


présent en quantité majoritaire dans l'huile essentielle de giroflier «clou de girofle» (Eugenia
caryophyllus = Syzygium aromaticum) et l'huile essentielle de feuilles de cannelle de Ceylan
(Cinnamomum zeylanicum = C. verum).
Il est reconnu pour ses propriétés antibactériennes, antifongiques et anti-
inflammatoires, mais aussi comme analgésique, antioxydant, anticancéreux, antispasmodique,
antiviral et anthelminthique. Il est aussi utilisé comme pesticide et était intégré dans les soins
dentaires (37).

38
Figure 5 : Molécules d'eugénol (ALLARD, 2015)

2.2.2. Spectre d'action

Il a une action antibactérienne démontrée sur les bactéries à Gram+ : Staphylococcus


aureus, L. monocytogenes, Bacillus cereus, Streptococcus pneumoniae et sur les bactéries à
Gram- : E. coli, Pseudomonas aeruginosa, Klebsiella pneumoniae et S. enterica sevovar
typhimurium (26, 29, 37).
Il a aussi une action fongicide contre le champignon C. albicans (28) et il est capable
de détruire le biofilm de P. aeruginosa (18).

2.2.3. Mécanisme d'action

Comme pour le carvacrol et le thymol, il agit sur la membrane cellulaire des bactéries.
Sur S. typhimurium, il augmente la perméabilité membranaire et peut endommager la
membrane cytoplasmique et entrainer un relargage de constituants intracellulaires (protéines)
(38).
Gill et Holley (39) observant l'effet de l'eugénol contre L. monocytogenes. mettent en
avant son rôle vis à vis du glucose dans la synthèse d'ATP. Ils émettent 2 hypothèses :
 Une première hypothèse : l'eugénol (agissant sur les protéines membranaires) comme
perturbateur membranaire, inhiberait l'absorption de glucose par la bactérie ce qui
inhiberait la synthèse d'ATP,
 Une deuxième hypothèse : l'eugénol inhiberait l'utilisation du glucose par la bactérie
en agissant au niveau des étapes enzymatiques de la glycolyse (39).
De plus amples études seront nécessaires pour confirmer ou infirmer ces hypothèses.

Deux autres hypothèses sur l'action de l'eugénol peuvent être émises à partir de l'expérience
de Walsh et al. (33) qui ont démontré l'existence d'un relargage d'ions K+ par E. coli et S.
aureus en présence d'eugénol :
 La première hypothèse est que l'eugénol serait un inducteur de fuite membranaire de
K+,
 La deuxième hypothèse serait que l'eugénol (comme phénol) suivrait le modèle du
carvacrol de Ultee et al. et agirait comme transporteur transmembranaire de K+.

En conclusion, si chacune de ces hypothèses demande à être confirmée, toutes


pourraient être valables (les unes n'empêchant pas l'existence des autres).

39
De plus, il peut agir en synergie et potentialiser l'activité antibactérienne des
antibiotiques. C'est le cas avec les antibiotiques hydrophiliques comme la vancomycine et les
β-lactamines contre les bactéries à Gram- (40).

2.2.4. Toxicité

Sa toxicité est faible. Sur des rats, une exposition à de l'eugénol en inhalation pendant
4h n'entraine pas de mortalité, mais des signes de ptyalisme, irritabilité et une respiration
anormale qui disparaissent en 1 jour (41).

2.3. L'aldéhyde trans-cinnamique ou trans-cinnamaldéhyde

2.3.1. Présentation

Le trans-cinnamaldéhyde (3-phényl-2-propenalphénol) ou acide trans-cinnamique


est un aldéhyde aromatique présent majoritairement dans les huiles essentielles de feuilles et
d'écorces de cannelle de chine (Cinnamomum cassia = C. aromaticum) et dans l'écorce de
cannelle de Ceylan (Cinnamomum zeylanicum = C. verum) (36). On l'appelle souvent par le
simple nom de cinnamaldéhyde ou aldéhyde cinnamique.

C'est un antibactérien puissant, un antiviral, un antifongique et un antiparasitaire. Il


pourrait aussi être immunostimulant, hyperthermisant, anticoagulant et serait même réputé
aphrodisiaque (7).

Figure 6 : Molécule de trans-cinnamaldéhyde (ALLARD, 2015)

Remarque : Des travaux expérimentaux ont montré un effet sédatif du cinnamaldéhyde


sur le Système nerveux central de la souris (voie intrapéritonéale) et un effet de stimulation
respiratoire et myocardique chez le chien (voie intraveineuse). Son action hypotensive chez le
chien et le cobaye serait du à une vasodilatation périphérique (23).

40
2.3.2. Spectre d'action antibactérien

Le trans-cinnamaldéhyde a un spectre d'action antibactérien large. Il a une action


bactériostatique et bactéricide démontrée contre les bactéries à Gram+ comme L.
monocytogenes et contre les bactéries à Gram- comme E. coli et S. typhimurium (12, 13, 29,
42).
C'est aussi un fongicide démontré contre Candida albicans (7).

2.3.3. Mécanisme d'action antibactérien

Son action antibactérienne est très probablement liée au groupe réactif qu'est le groupe
carbonyle (36).

D'après Helander et al. (12), contrairement aux phénols (carvacrol et thymol), le trans-
cinnamaldéhyde ne montre pas de désintégration de la membrane externe des bactéries à
Gram- ni de diminution de l'ATP intracellulaire. Le trans-cinnamaldéhyde aurait accès
directement au périplasme et aux parties profondes de la cellule. Cependant, Kim et al. (42)
ainsi que Di Pasqua et al. (43) démontrent par observation au microscope électronique de
bactéries E. coli et aussi de S. aureus et S. typhimurium, que le cinnamaldéhyde peut tout de
même endommager et détruire la structure de la surface bactérienne.

Une autre étude de Gill et Holley (39) n'est pas tout à fait en accord avec la théorie de
Helander et al. Comme pour l'eugénol, ils démontrent que l'ATP intracellulaire sur L.
monocytogenes diminue en présence de cinnamaldéhyde, mais que cette diminution est moins
importante quand les bactéries sont au préalable mises en présence de glucose. Ils émettent
plusieurs hypothèses suite à l'expérience :
1- Le cinnamaldéhyde agit comme modificateur membranaire inhibant l'absorption du
glucose par la bactérie ce qui inhiberait la synthèse d'ATP,
2 - Le cinnamaldéhyde inhiberait l'utilisation du glucose par la bactérie en agissant
sur le système enzymatique de la glycolyse.

Ils émettent aussi une 3e hypothèse selon laquelle le cinnamaldéhyde perturberait la


membrane cytoplasmique et induirait la fuite de protons (H+) et d'autres ions (mais pas de
grosses molécules comme l'ATP), perturbant la force protomotrice et la synthèse d'ATP. Ne
possédant pas de fonction hydroxyle comme le carvacrol, le thymol, l'hypothèse du
cinnamaldéhyde comme transporteur transmembranaire de protons et d'ions K+ est peu
probable, selon eux (39).

Indépendamment, de cela, il a été démontré que le cinnamaldéhyde peut se lier à la


protéine FstZ. La protéine FstZ est une protéine procaryote homologue à la tubuline (protéine
du cytosquelette des cellules eucaryotes). Sa polymérisation permet la séparation des cellules
filles lors de la division cellulaire. Par sa liaison, le cinnamaldéhyde perturberait ainsi sa
polymérisation et donc la multiplication cellulaire (13).

41
En conclusion, le mode d'action antibactérien du cinnamaldéhyde reste à préciser.
L'action au sein même de la cellule et la capacité à endommager la surface des bactéries est
démontrée. Cependant, des interrogations persistent concernant l'action ou non de cette
molécule sur les membranes cellulaires et toutes les études ne sont pas d'accord sur ce point.

2.3.4. Métabolisme

Après ingestion orale, le cinnamaldéhyde est absorbé dans l'estomac et la partie


proximale de l'intestin grêle puis il est dégradé dans le jéjunum et le caecum. Sa demi-vie
intestinale est rapide (inférieure à 2h) (34).

2.3.5. Toxicité

Le cinnamaldéhyde est (comme tout aldéhyde aromatique) dermocaustique et irritant


pour les muqueuses. Il faut éviter de l'utiliser pur sur la peau et le diluer dans des huiles
végétales pour une concentration qui ne doit pas dépasser 10%. Il pourrait aussi être allergène
(7).

La toxicité du cinnamaldéhyde est fonction de la voie d'administration (per os, la


DL50 est de 2.22 g/kg chez le rat) (23).

2.4. Autres constituants

2.4.1. Le citral

Le citral (3,7 diméthyl-2,6-octadienal) est le nom que l'on donne à un mélange de 2


aldéhydes monoterpéniques isomériques : le géranial (E-citral = trans-citral = citral A) et le
néral (Z-citral = cis-citral = citral B) (44). Il est majoritairement présent dans les huiles
essentielles de lemongrass (Cymbopogon flexosus) et citronnelle des indes (Cymbopogon
citratus) aussi appelé lemongrass par les anglophones.
Il est (comme tous les aldéhydes terpéniques) antibactérien et antifongique. Il aurait
aussi des propriétés calmantes et hypotensives (7).

42
Figure 7 : Molécule de citral et ses 2 isomères (ALLARD, 2015)

Remarque : Ce n'est pas le citral qui agit comme répulsif sur les moustiques mais le
citronnellal, présent en majorité dans la citronnelle de Java (Cymbopogon winter.)

Le citral a une activité à large spectre démontrée contre les bactéries à Gram + comme
L. monocytogenes et S. aureus et contre les bactéries à Gram- comme E. coli (29, 45). Il peut
aussi montrer un faible effet inhibiteur sur P. aeruginosa 26 et une action fongicide sur C.
albicans (45,46).

Il a une toxicité faible. Il n'y a pas d'effet secondaire sur des rats et des souris recevant
10 fois la dose journalière que prend un humain dans son alimentation (dose estimée) pendant
2 ans. Cependant, des lésions rénales sont observables à très hautes doses (environ 300 fois
plus forte) et le citral pourrait induire des lymphomes malins (cette deuxième information
reste à prouver) (47).

2.4.2. Le terpinène-4-ol

Le terpinène-4-ol ou 4-terpinénol (1-isopropyl-4-méthyl-3-cyclohexène-1-ol) est un


monoterpénol présent en majorité dans l'huile essentielle de tea tree (arbre à thé, Melaleuca
alternifolia).
Il est un anti-infectieux qui serait aussi immunostimulant.

43
Figure 8 : Molécule de terpinène-4-ol (ALLARD, 2015)

Le terpinène-4-ol a une action antibactérienne démontrée contre les bactéries à Gram+


comme S. aureus et Clostridium perfringens et les bactéries à Gram- comme Salmonella
enterica et aussi contre E. coli, Klebsiella pneumoniae et Pseudomonas aeruginosa (26, 29,
48).
Il est aussi actif contre les S. aureus résistants à la mupirocine, l'acide fusidique, la
vancomycine et les MRSA (49). Il a aussi une action contre C. albicans (48).

Selon une étude de Carson et al. (50), le terpinène-4-ol, peut prédisposer les souches
bactériennes S. aureus à la lyse cellulaire (mais ne l'induit pas elle même). De plus, il peut
induire la perte de matériel (absorbant à 260 nm) et une perte de tolérance au NaCl (chlorure
de sodium). Ils ont aussi pu observer un changement de morphologie des souches
bactériennes au microscope électronique avec apparition de mésosomes et perte de matériel
cytoplasmique suggérant des dommages membranaires. Tout cela laisse à penser que le
terpinène-4-ol agit sur la membrane cytoplasmique des cellules bactériennes sans pour autant
la lyser.

3. Les huiles essentielles

3.1. L'origan commun (Origanum vulgare)

3.1.1. Présentation

Le genre Origanum fait partie de la famille des lamiacées et il est composé de 38


espèces et 27 taxons, provenant du bassin Méditerranéen, surtout l'Italie, la Grèce et la
Turquie (51). Les espèces appartenant à ce genre font partie des plus importantes. Nous
pouvons citer O. vulgare (Origan commun, ou marjolaine sauvage ou encore grande
marjolaine), O. Compactum (Origan compact), O. majorana (marjolaine ou origan des
jardins), O. dictamnus, O. onites, O. heracleoticum et O. syriacum, toutes commercialisées.

44
L'espèce d'origan que nous allons voir, l'origan commun (ou Origanum vulgare), est
une plante herbacée buissonnante de 30 à 90 cm de hauteur. Les feuilles sont ovales et
glanduleuses et les inflorescences sont de couleur rouge pâle, de 4 à 7 mm et se présentent en
touffes (52).

Figure 9 : Origan commun (Origanum vulgare) (BRAUNER et KÖNIG, 1796)

L'huile essentielle est obtenue par distillation à la vapeur d'eau de sommités fleuries
d'origan (5). L'origan referme au moins 25ml/kg d'huile essentielle (23).

3.1.2. Utilisation

Les médecins de l'antiquité auraient utilisé cette herbe contre les empoisonnements,
comme désinfectant et comme moyen de conservation (52). Elle pourrait être utilisée dans
toutes pathologies infectieuses : infections respiratoires, diarrhées du nouveau-né et de
l'adulte, infections urinaires et génitales (métrites et endométrites), infections cutanées
(abcès), etc... Elle est souvent administrée par voie orale et locale (cutanée) (5). Cependant, la
voie orale ne serait pas recommandée en usage humain (52).

3.1.3 Composition

Les principaux composants actifs de l'huile essentielle d'origan sont deux phénols et
un monoterpène : le carvacrol (composé majoritaire), le thymol et le ρ-cymène. Le 4ème
composant est le γ-terpinène, un autre monoterpène.

45
Suivant la variété d'origan, son huile essentielle aurait une proportion différente en ses
composants. Par exemple, l'huile essentielle d'Origanum vulgare contient environ 80% de
carvacrol et 2.5% de thymol contre environ 60% de carvacrol et 0.5% de thymol pour
Origanum dictamnus. Quoi qu'il en soit, l'huile essentielle d'origan doit avoir une teneur en
carvacrol et thymol au minimum de 60% (Pharmacopée européenne ,6e édition) (23).

Concernant les huiles essentielles commerciales d'origan, certaines peuvent ne pas être
"typiques" dans le sens ou elles peuvent être composées de 0.5% de carvacrol et 32% de
thymol (le constituant majoritaire est alors le ρ-cymène à 40%) (25).

3.1.4. Mode d'action et spectre d'activité

La propriété antibactérienne est due en partie à la propriété hydrophobique de l'huile


essentielle. Celle-ci a accès à la membrane cytoplasmique des bactéries (contrairement à
beaucoup d'antibiotiques) (12). Pour rappel, l'huile essentielle d'origan et ses constituants
(thymol et carvacrol) augmente la perméabilité membranaire, ce qui entraine un déséquilibre
ionique (fuite de K+), une perturbation de l'homéostasie du pH cytoplasmique (qui diminue) et
donc une diminution de l'ATP intracellulaire (22).

Les huiles essentielles d'origan ont un grand pouvoir antibactérien et un spectre large
démontré contre (25, 29, 51, 52, 53, 54) :
 Les colibacilles : Escherichia coli, dont une activité bactéricide contre E. coli
O157:H7,
 Les staphylocoques : Staphylococcus aureus, Staphylococcus carnosus,
Staphylococcus xylosus,
 Les salmonelles : Salmonella typhimurium,
 Les streptocoques : Streptococcus pneumoniae,
 Klebsiella pneumoniae,
 Listeria monocytogenes.

La plus grande activité est observée contre les levures (Candida albicans). Cette
inhibition est dose-dépendante et concerne la formation des tubes germinatifs par les
blastopores (31). Elle peut aussi être fongicide pour cette même levure (55).

L'activité antibactérienne sur Pseudomonas aeruginosa n'est pas la même entre les
études. Certaines études tentent à montrer qu'elle semble résistante à l'huile essentielle
d'origan (25, 51) et d'autres études ont tendance à montrer le contraire (53,56). Le carvacrol et
le thymol étant démontrés comme actifs sur cette bactérie, on sera plus enclin à confirmer
cette hypothèse.

46
3.1.5 Toxicité

Il ne faut pas l'utiliser pure car le carvacrol et le thymol sont (comme tous les phénols)
irritants pour la peau et les muqueuses. Un surdosage pourrait entrainer des convulsions (5).
En usage humain, il est recommandé de ne pas dépasser 1% dans les mélanges (52).

Sur des souris, une administration par voie orale de 650 mg/kg de poids vif d'huile
essentielle d'origan est létale. Par contre, des doses plus petites (environ 100-200 mg/kg)
administrées quotidiennement et mélangées avec de l'huile d'olive sont très bien tolérées (31).

3.2. Le thym commun (Thymus vulgaris)

3.2.1. Présentation

Il s'agit d'un petit sous arbrisseau de Provence vivace et persistant à fleurs roses
appartenant à la famille des lamiacées. Il mesure entre 10 à 30 cm de haut, ses petites feuilles
aux limbes foliaires entiers ont un duvet blanc en face inférieure et ses fleurs violet claire
mesuren de 4 à 5 mm (52).

Figure 10 : Thym commun (Thymus vulgaris) (LOSCH, 1906)

47
L'huile essentielle de thym est obtenue par distillation à la vapeur de sommités
fleuries. Le rendement est de 120 kg des sommités fleuries de thym pour obtenir 1 kg d'huile
essentielle (52). Il existe plusieurs variétés de thym aux propriétés différentes (suivant leurs
chémotypes). La principale variété que nous verrons sera le thym commun (Thymus vulgaris)
(5).

3.2.2. Composition

La composition et donc les propriétés varient selon les chémotypes de thym


(correspondant aux principales constituants). Une demi-douzaine de ceux-ci sont décrits pour
la seule région méditerranéenne (23). Il existe des thyms à phénols (thym à thymol et thym à
carvacrol) et des thyms à alcools (thym à géraniol, à thuyanol et à linalol) (5).
Cette composition varie de même suivant les conditions de croissance, l'âge et le statut
nutritionnel de l'espèce de thym considérée (24). Ici, nous ne nous intéresserons qu'au thym
dit rouge (Thymus vulgaris) dont les chémotypes principaux sont le thymol (environ 65% de
thymol et 5 à 10% de carvacrol) et le carvacrol (environ 85% de carvacrol et 1 à 5 % de
thymol) (57).

Les autres composants principaux sont : le ρ-cymène (15-28%), et l'γ-terpinène (5-


10%), le β-myrcène (1-3%), linalol (4-6.5%), et le terpinén-4-ol (0.2-2.5%) (23).
L'huile essentielle de thym (Thymus vulgaris) contient au minimum 40% de thymol et
de carvacrol mélangés (23) et selon la pharmacopée européenne, l'huile essentielle de thym
doit contenir au minimum du thymol (36-55%) et du carvacrol (1-4%) (57) ainsi que du p-
cymène (15-28%), y-terpinène (5-10%), linalol (4-6.5%), b-myrcène (1-3%) et du terpinén-4-
ol (0.2-2.5%) (58).

3.2.3. Utilisation

Les romains appréciaient déjà son arôme stimulant et l'employaient comme


désinfectant (52). On peut utiliser le thym (T. vulgaris) à thymol et le thym (T. vulgaris) à
carvacrol pour les maladies respiratoires, les maladies digestives, les arthrites et les plaies (5).
L'huile essentielle de thym (Pharmacopée européenne, 6e édition) et le thymol entrent dans la
formulation de diverses spécialités : pommades antiseptiques et cicatrisantes, sirops pour le
traitement des affections des voies respiratoires, préparations pour inhalation (23).
On peut les administrer par voie orale, et par voie locale (intra-utérine et cutanée) (5).

48
3.2.4. Mode d'action et spectre d'activité

L'huile essentielle de thym a une activité antibactérienne démontrée sur les bactéries à
Gram- et les bactéries à Gram+ (59). L'huile essentielle de thym à thymol est active sur (28,
29, 53, 54, 57, 60) :
 un bon nombre de souches cliniques de S. aureus dont les souches résistantes à
certains antibiotiques (béta-lactamines et macrolides) et les souches MRSA,
 E.coli, sur des souches cliniques de E. coli résistantes aux béta-lactamines et
aminosides) et sur E. coli O157:H7 (activité bactéricide),
 Klebsiella pneumoniae,
 Salmonella typhimurium,
 Listeria monocytogenes et sur P. aeruginosa.
Parmi ces types de bactéries, P. aeruginosa est la plus résistante (28, 57). Sur les souches d' E.
coli, l'activité bactéricide et bactériostatique de l'huile essentielle de thym est meilleure que
celle du thymol seul (61).

Concernant les bactéries sous forme de biofilm, L'huile essentielle de thym est capable
de détruire le biofilm de P. aeruginosa (elle est de plus, plus efficace sur le biofilm que sur P.
aeruginosa sous forme planctonique) (18). Elle est active et fongicide contre C. albicans (28,
53, 55).

3.2.5. Toxicité

Comme pour l'huile essentielle d'origan (à phénol), il ne faut pas l'utiliser seule car elle
est irritante pour la peau et les muqueuses (5). La toxicité aiguë de l'huile essentielle est faible
(DL50 = 4.7g/kg) (23). L'huile est très efficace dans des concentrations faibles (0.5% par
exemple) (52).

3.3. La sarriette des montagnes (Satureja montana)

3.3.1. Présentation

La sarriette des montagnes appartient à la famille des lamiacées. Cette herbe


aromatique est originaire de la méditerranée. Elle mesure 10 à 30 cm de hauteur, est très
ramifiée à la base et porte des feuilles opposées lancéolées à pointes effilées. Les petites fleurs
blanches poussent à l'aisselle des feuilles et forment de longues grappes unilatérales de petits
glomérules (23, 52). Il ne faut pas la confondre avec la sarriette des jardins (S. hortensis).

49
Figure 11 : Sarriette des montagnes (Satureja montana) (BENDER, 1957)

L'huile essentielle provient de la distillation à la vapeur d'eau d'herbes en fleurs. 600


kg sont nécessaires pour obtenir 1 kg d'huile essentielle (52).

3.3.2. Composition

L'huile essentielle de sarriette des montagnes est riche en carvacrol (45% jusqu'à 80%
dans certains échantillons) ou en thymol. Parmi les carbures (des monoterpènes), le ρ-cymène
est toujours le plus abondant (de 12% jusqu'à 25%) mais il existe aussi le γ-terpinène (environ
8%). Pour rappel, ces 2 terpènes sont les précurseurs du thymol et du carvacrol (23, 62, 63).
On remarque ainsi une forte incidence de la période de récolte sur la composition (23).

3.3.3. Utilisation

L'huile de sarriette est fortement antibactérienne et antiseptique in vitro (23). Même à


de faibles doses, elle agirait positivement sur les défenses immunitaires et digestives et elle
régulerait aussi la production interne de cortisol. Elle serait aussi utilisée comme anti-
infectieux dans la lutte des infections aiguës des bronches et du tractus digestif en cas de
diarrhée (52).

3.3.4. Mode d'action et spectre d'action

Comme les huiles essentielles à carvacrol (l'origan par exemple), l'huile essentielle de
sarriette des montagnes a une activité antibactérienne à large spectre démontrée contre les
bactéries à Gram+ comme Staphylococcus aureus ou les bactéries à Gram- comme E. coli.
Elle peut aussi agir contre les MRSA et les champignons comme C. albicans (62).

50
3.3.5. Toxicité

Elle ne doit être employée que diluée sur la peau et on ne doit pas dépasser 1 %. De
plus, une utilisation prolongée peut nuire au foie (52).

3.4. La cannelle de Ceylan (Cinnamomum zeylanicum) et la


cannelle de Chine (Cinnamomum cassia)

Nous verrons l'huile essentielle provenant de deux variétés de cannelle : Cinnamomum


cassia (la cannelle de Chine ou Cinnamomum aromaticum) et Cinnamomum zeylanicum (la
cannelle de Ceylan ou encore appelée Cinnamomum verum). C. zeylanicum est la plus connue
(et la plus documentée) mais elle reste chère donc nous trouverons plus souvent C. cassia.,
moins chère et aux propriétés voisines.

3.4.1. Présentation

Le genre Cinnamomum appartient à la famille des lauracées. Le cannelier est un arbre


sempervirent de 6 à 12m de hauteur, avec une écorce brune et membraneuse. Les branches
cylindriques portent de grandes feuilles persistantes, ovales, opposées et longues de 12 à 20
cm. Les fleurs (regroupées en cymes) sont invisibles, blanc-crème et à 6 pétales (23, 52). C.
zeylanicum est originaire du Sri Lanka (52) et pousse aussi en Inde, Indonésie et Madagascar
(64). C. cassia est originaire du Sud-ouest de la Chine (23).

Figure 12 : Cannelle de Ceylan (Cinnamomum zeylanicum) (KÖHLER, 1887)

51
Cette huile essentielle est obtenue par distillation de feuilles ou d'écorces de cannelle
(5). L'huile essentielle de feuilles de cannelier est plus douce que l'huile d'écorces de cannelier
(52). L'écorce de cannelle contient au minimum 12% d'huile essentielle et fournit 20 ml/kg de
cette huile (23).

3.4.2. Composition

Dans la cannelle de Ceylan (C. zeylanicum), les principales substances actives


dépendent de la partie de la plante utilisée. Nous trouvons (52) :
 Pour l'huile essentielle de feuille de cannelier : les phénols (l'eugénol à 70-85%) (23),
 Pour l'huile essentielle d'écorce de cannelier : les aldéhydes aromatiques (le trans-
cinnamaldéhyde à 45-97%) (23, 64).

L'huile essentielle de cannelle de Chine (C. cassia, feuilles et jeunes rameaux)


contient majoritairement du trans-cinnamaldéhyde (70-90%) (23).

3.4.3. Utilisation

L'huile essentielle de cannelle est utilisée contre les agents pathogènes et comme
stimulant du système immunitaire et du corps tout entier (52). L'huile essentielle de feuilles de
cannelier serait utilisée dans le traitement des bronchites et les douleurs rhumatismales alors
que l'huile essentielle d'écorce de cannelier serait utilisée contre presque tous les types
d'infections et les troubles de la circulation.

De plus, l'huile essentielle de cannelle aurait une activité cytotoxique et inductrice


d'apoptose sur les cellules, une propriété utile comme potentiel agent anticancéreux (64).

3.4.4. Mode d'action et spectre d'action

Les huiles essentielles de cannelle (de tout type) ont un spectre antibactérien large.
Elles ont une action antibactérienne démontrée sur les bactéries à Gram+, les bactéries à
Gram- et les champignons (56, 59).

L'activité antibactérienne de l'huile essentielle de cannelle de Ceylan (riche en trans-


cinnamaldéhyde) à été démontrée in vitro contre (23, 29, 55, 64, 65) : Escherichia coli (une
activité bactéricide à été démontrée contre E. coli O157:H7), Pseudomonas aeruginosa,
Staphylococcus aureus, Salmonella typhimurium, Streptococcus pyogenes, Streptococcus
pneumoniae, Clostridium perfringens, Listeria monocytogenes, Bacillus cereus...). Elle a
aussi une activité antifongique contre Candida albicans.

L'huile essentielle de feuille de cannelle de Ceylan (riches en eugénol) a quant à elle


une activité inhibitrice et bactéricide sur S. aureus, E.coli et S. enterica.

52
Concernant P. aeruginosa, des études montrent aucune activité (28) et d'autres une
plus faible activité inhibitrice (et non bactéricide) (66).

L'huile essentielle de cannelle de Chine n'a pas d'action sur L. monocytogenes (56).
Elle est cependant active sur P. aeruginosa et elle est capable de la détruire sous forme de
biofilm (18).

3.4.5 Toxicité

Il ne faut jamais les utiliser pures. Les cannelles à cinnamaldéhyde sont des huiles
essentielles qui sont très irritantes et caustiques pour les muqueuses et la peau (utiliser donc
dans des excipients et à faible dose) (5). La concentration maximale est de 0.5% et ne doit être
utilisée qu'en application externe (52). Elle est contre indiquée en cas de gestation (23).

La toxicité aiguë de l'huile essentielle est très faible (DL50 = 4.16 g/kg chez le rat par
voie orale) (23).

La consommation de cannelle ne présente pas de risques à la dose journalière


acceptable pour l'humain a été fixée à 1.25 mg/kg de cinnamaldéhyde (23).

3.5. Le tea tree (ou arbre à thé) Australien (Melaleuca


alternifolia)

L'huile essentielle d'arbre à thé ou tea tree Australien (Melaleuca alternifolia) est l'une
des plus étudiées. Au premier rang viennent ses vertus désinfectantes, bactéricides et
fongicides. C'est une huile polyvalente sur les problèmes infectieux.

3.5.1. Présentation

Le tea tree australien (Melaleuca alternifolia) appartient à la famille des myrtacées.


Cette famille est connue pour avoir des feuilles riches en terpènes avec des variations
quantitatives et qualitatives considérables en ces constituants (67).

Il est présent et cultivé en Afrique, Australie et Nouvelle-Zélande mais il est originaire


des régions subtropicales costales de la Nouvelle-Galles du Sud en Australie (68). C'est un
arbre sempervirent de 5 à 8 m de haut (pouvant aller jusqu'à 30 m de haut) avec une écorce
membraneuse. Les feuilles sont étroites, pennées et lancéolées. Les fleurs sont blanches
jaunâtres, à petits pétales et forment des touffes ramifiées (52). Les arbres âgés de plus de
trois ans fleurissent généralement en Octobre et en Novembre (69).

Attention : Cet arbre à thé n'a rien à voir avec le théier (Camellia sinensis (L.) Kuntze) (68).

53
Figure 13 : Arbres et fleurs de tea tree (Melaleuca alternifolia) (SAILER, 1998)

Figure 14 : Melaleuca alternifolia en culture (SALLER, 1998)

L'huile essentielle de tea tree provient de la distillation des feuilles et des tiges
terminales de Melaleuca alternifolia (mais aussi M. linariifolia, M. dissitiflora ou M.
uncinata). En effet, le standard international de l'huile essentielle de tea tree ne précise pas
quelles espèces de Melaleuca peuvent être utilisées. Dans la pratique, la principale plante
utilisée reste M. alternifolia (69).

54
Toutes les huiles essentielles à Melaleuca sp. ne sont pas des huiles de tea tree. Par
exemple, l'huile essentielle de Melaleuca quinquenervia donne la très connue huile essentielle
de Niaouli et l'huile essentielle de Melaleuca cajeputii a comme nom : huile essentielle de
Cajeput (69).

3.5.2. Composition

Les constituants majoritaires de Melaleuca alternifolia sont les terpènes : le


terpinène-4-ol (entre 30 et 40%), alpha-terpinène (environ 10%) et gamma-terpinène
(environ 20%) et les alcools : le 1-8 cinéole (68). Cependant, cette composition peut varier et
certaines huiles essentielles de tea tree contiennent majoritairement d'autre composants : β-
terpinène, α-pinène, ρ-cymène, ε-carène, terpinolène, trans-anéthol et limonène (69, 70).

Ce changement dans la composition (en particulier le taux de terpinène-4-ol) est dû au


fait qu'elle varie en fonction du stade de la feuille. Les jeunes poussent ont peu de terpinène-
4-ol et une plus grande concentration en α-pinène et β-pinène. Sa concentration en terpinène-
4-ol augmente avec leur maturation. La proportion de 1,8 cinéole ne semble pas changer avec
l'âge de la plante (71).
Il existe donc plusieurs chémotypes d'huile essentielle de Melaleuca sp. : un à
terpinène-4-ol, un à terpinolène et quatre chémotypes à 1,8 cinéole (69). Même si le standard
international ne précise pas l'espèce, l'huile essentielle de tea tree doit être une huile de
«Melaleuca sp. à chémotype terpinène-4-ol» (69). Elle doit posséder au minimum 30% de
terpinène-4-ol et au maximum 15% de 1,8 cinéole (réputé irritant pour la peau) (68).

L'activité antimicrobienne est due en partie au terpinène-4-ol (mais aussi au 1,8


cinéole), les huiles essentielles de tea tree qui ont les plus faibles concentrations en ce premier
composant montrent la plus faible activité antibactérienne (48, 69).

3.5.3. Utilisation

Pour les aborigènes australiens, c'est un arbre sacré et un remède de la plus haute
Antiquité. C'est un antibactérien réputé. Elle pourrait être utilisée dans le traitement de l'acné,
dans le traitement des affections orales (gingivites), dans le traitement des vaginites,
dermatites et la guérison des plaies cutanées (23, 69). Elle serait aussi antivirale,
immunostimulante et anti-inflammatoire (4).
L'huile essentielle de tea tree aurait une bonne activité anti-oxydante sur les cellules en
balayant les radicaux libres. Cette activité serait dose-dépendante (70).

Elle est beaucoup utilisée dans les produits cosmétiques (lotion, gel moussant,
masque...) comme principe actif et aussi comme conservateur de produits cosmétiques (68).

55
3.5.4. Spectre d'action antibactérien

Elle a une très bonne activité antimicrobienne qui serait même 10 fois supérieure à
celle des huiles essentielles à phénols (69). Son activité antibactérienne et celle du terpinène-
4-ol s'étendent sur un large spectre (Gram- et Gram+). Son action a été démontrée contre (23,
53, 49, 70, 72) :
- Staphylococcus aureus : l'activité antibactérienne contre cette bactérie est forte et elle
est active sur les MRSA et les S. aureus résistants à la mupirocine, à l'acide fusidique et à la
vancomycine.
- E. coli : cette bactérie est aussi très sensible,
- Listeria monocytogenes,
- Klebsiella pneumoniae,
- Salmonella typhimurium.

Elle peut aussi être active contre Pseudomonas aeruginosa (18) et a une action
antifongique contre C. albicans (53).

3.5.5. Mode d'action

Son pouvoir de pénétration à travers les surfaces cutanées est grand et profond ce qui
permet un traitement des couches sous-cutanées et une guérison plus rapide (69).

Gustafson et al. (14) démontrent, par observation d'E. coli au microscope électronique
en présence d'huile essentielle de tea tree, une perte de matériel cellulaire de forte densité
électronique accompagnée d'une formation de gouttelettes extracellulaires elles aussi de forte
densité électronique. De plus, ils observent des images de coagulation de constituants
cytoplasmiques.
Des études supplémentaires (Cox et al.) (15) montrent que l'huile essentielle de tea
tree, sur E. coli et S. aureus, induit une perte de K+ intracellulaire et accélère l'absorption de
propidium iodide (ce qui serait en faveur d'une augmentation de la perméabilité
membranaire). De plus, elle inhiberait la respiration bactérienne (traduite par une diminution
de l'oxygène dans le milieu).

3.5.6. Toxicité

En cas d'application externe à long terme et à forte dose, elle peut dessécher la peau
(52, 73). Cette irritation de la peau serait due au 1.8-cinéole (67). Une exposition de l'huile
essentielle de tea tree sur des souches de cellules fibroblastiques humaines montre une
absence de cytotoxicité pour les faibles doses (concentration à 5% pendant moins de 3h). Au
delà, on peut obtenir un déclin de ces cellules (70). Des réactions allergiques seraient
possibles sur les sujets prédisposés (73). Donc en règle générale, l'utilisation de l'huile
essentielle de tea tree en application cutanée locale est relativement sans danger car les effets
secondaires sont faibles et limités (69).

56
La DL50 chez le rat par administration d'huile essentielle se situe entre 1.9 à 2.6
ml/kg. Chez le chat, un contact dermique avec l'huile essentielle de tea tree pure peut
entrainer de l'hypothermie, ataxie, déshydratation, nervosité, tremblements voire coma (74).
Chez des jeunes enfants, des cas d'intoxication par ingestion d'huile essentielle de tea tree se
sont traduit par des ataxies, somnolence et dans un cas, un état comateux (23).

En conclusion, hormis quelques cas isolés, l'huile essentielle de tea tree a une toxicité
assez faible. Les effets secondaires sont mineurs, limités et s'ils ne le sont pas, occasionnels.
Une toxicité par ingestion peur apparaitre à forte dose et une irritation cutanée est possible à
forte concentration (73). Cependant, il manque de publications sur ce sujet pour en avoir la
certitude.

3.6. Le lemongrass (Cymbopogon citratus (DC) Strapf)

3.6.1. Présentation

Le lemongrass (Cymbopogon citratus (DC) Strapf, une variété de citronnelle)


appartient à la famille des poacées.

L'huile essentielle de citronnelle peut provenir de différentes plantes : Cymbopogon


citratus (citronnelle des indes ou lemongrass), C. nardus (citronnelle de ceylan) ou C.
flexuosus (aussi appelé lemongrass) (52). La citronnelle de Java (C. winter) entre aussi dans
cette catégorie (5).

Il s'agit d'une graminée tropicale persistante à racines serrées. Les feuilles sont glabres
et longilignes, large de 3 à 5 cm et elles ont la pointe effilée (52). Elle est originaire de l'Asie
du Sud-Est (pour C. flexosus), et de l'Afrique (en particulier l'Afrique de l'Est) et de
l'Amérique du Sud (pour C. citratus) (52, 75).

57
Figure 15 : Lemon grass (Cymbopogon citratus) (YOSRI, 2005)

Même en petite quantité, l'huile essentielle agit fortement contre les virus et les
bactéries, elle peut aussi agir contre d'autres germes et agents pathogènes (52). La distillation
à la vapeur de 50 kg d'herbes fraiches donne 1 kg d'huile essentielle (52).

3.6.2. Composition

Le lemongrass (ou citronnelle des indes, C. Citratus) est composé majoritairement de


citral (géranial et néral) (65-85%) avec de faibles quantités de géraniol, d'acétate de
géranyle et de monoterpènes (principalement le myrcène) (46). C. flexosus (le lemongrass) est
aussi majoritairement composé de citral (23) .

La citronnelle de Java (C. winter) est majoritairement composée de citronellal (30-


45%) et de géraniol (20-25%) (23). Elle contient aussi du limonène, de l'acétate de
citronellyle, du néral et du géranial (citral), de l'acétate de géranyle, et du citronellol.

3.6.3. Utilisation

Elles sont réputées insectifuges (pour les huiles essentielles contenant une majorité de
citronnellal comme la citronnelle de Java, C. winter) (23) et possèderaient aussi des propriétés
antivirales, antibactériennes et anti-inflammatoires (4).

En médecine traditionnelle brésilienne, le thé de C. citratus est utilisé comme


anxiolytique, sédatif et anticonvulsivant. Testées sur des souris, des extraits per os de C.
citratus augmentent le temps de sommeil (76). Ce thé serait aussi réputé antispasmodique et
antipyrétique (46).

58
A Cuba, on utilise C. citratus comme hypotenseur, diurétique et anti-inflammatoire.
Après des tests sur des rats, Carbajal et al. (77) seraient en accord avec les propriétés
hypotensives et diurétiques mais ils n'ont pas prouvé la propriété anti-inflammatoire.

3.6.4. Mode d'action et spectre d'activité antibactérien

L'huile essentielle de C. citratus est un bactériostatique démontré à large spectre,


agissant contre les bactéries à Gram+ et à Gram- comme Escherichia coli, Klebsiella
pneumoniae, Salmonella typhimurium, Staphylococcus aureus et Pseudomonas aeruginosa
(29, 53, 73). Elle a aussi une action contre Streptococcus agalactiae et Bacillus cereus (78).
Elle semble toutefois (comme le citral) peu active sur Pseudomonas aeruginosa (75).

Elle est aussi active contre les espèces de champignons Candida sp. et surtout contre
Candida albicans (46).

L'huile essentielle de lemongrass (C. flexosus) et son constituant majoritaire le citral


est bactéricide pour Staphylococcus aureus. Elle peut aussi prévenir et réduire la formation
d'un biofilm par cette bactérie mais ne peut pas détruire le biofilm déjà formé (16). Elle est
aussi active contre les S. aureus MRSA et agit en synergie avec l'amoxicilline sur ces souches
en augmentant l'activité de cet antibiotique. La synergie des deux composés entraine des
dommages des membranes internes et externes des bactéries (79).

3.6.5. Toxicité

L'huile essentielle de C. citratus est très peu toxique. Elle induirait tout de même chez
les souris une réduction de l'activité avec des perturbations du système moteur pour des doses
supérieures à 1g/kg, sans gravité (76). Elle peut être irritante pour les muqueuses (46).

4. Le ginseng (Panax ginseng CA Meyer) : Un produit de


phytothérapie immunostimulant

4.1. Présentation

Panax ginseng (nom complet Panax ginseng CA Meyer) est aussi appelé le ginseng de
Corée (Il existe d'autres espèces comme P. quinquefolium dit le ginseng américain).
Originaire de Corée, du Nord-Est de la chine et de la Sibérie, il a été introduit en France dans
les années 1770 (80). La partie active utilisée est la racine séchée. La plante entière ou coupée
est appelée ginseng blanc de P. ginseng. La racine soumise à la vapeur d'eau et séchée,
désignée sous le nom de ginseng rouge, est aussi acceptée par la pharmacopée européenne
(81). Les plants de ginseng sauvage sont récoltés s'ils ont 7 ans ou plus (en moyenne 10 ans).

59
Plus le plant est vieux, meilleur est le produit médicinal (80). Il y a donc deux
présentations du ginseng : en poudre séchée (en gélule souvent) ou en racine entière en
décoction de 10 à 15 minutes (82).

Figure 16 : Le ginseng (Panax ginseng CA Meyer) (MEYER, 1843)

4.2. Propriétés et utilisations (médecine chinoise)

Les propriétés du ginseng décrites dans la médecine chinoise sont nombreuses et son
emploi thérapeutique est large. Voici les principales utilisations qui seraient décrites (80) :
 Situation d'urgence : collapsus cardiaque (employé à forte dose),
 Ptose organique : déficience importante de l'énergie fonctionnelle de la rate et du foie,
 Toux et dyspnée,
 Insomnie, troubles mnésiques et palpitations en rapport avec une insuffisance
d'énergie du cœur,
 Hémorragie,
 Infection virales et bactériennes des voies aériennes supérieures,
 Problème érectile et infertilité,
 Hémiplégie (séquelle d'accidents vasculaires cérébraux),
 Syndrome épileptiformes avec syncope,
 Dans le reflux gastro-œsophagien et les vomissements.

60
4.3. Mode de préparation et posologie

Pour rappel, la partie utilisée en médecine est la racine séchée de Panax ginseng. Elle
est généralement préparée en décoction à l'eau. La dose est de 5 à 10 g par jour (pour un
homme) dans les affections courantes. Le ginseng peut être donné à 15-30 g par jour dans les
traitements d'urgence, et ce de manière fractionnée. Il peut être également donné en poudre à
la dose de 1.5 à 2 g par jour (80).

En médecine humaine, selon la pharmacopée française, la racine de ginseng contient


au minimum 2% de saponosides. Selon la monographie de la commission européenne (1991),
la drogue s'administre par infusion, par poudre, et autres formes galéniques, à la dose de 1 à
2g de drogue par jour (80). En France, la Note explicative de l'Agence du médicament(1998)
admet qu'il est possible de revendiquer, pour la racine de ginseng, l'indication thérapeutique
dans les cas d'asthénie fonctionnelle (par voie orale). Elle préconise de ne pas dépasser 2 g par
jour (23).

4.4. Une plante adaptogène

Le ginseng est une plante dite «adaptogène». D'après la définition de Lazarev, 1957
«L'adaptogène est une substance pharmacologique capable d'induire, dans un organisme, un
état de résistance augmentée non spécifique, permettant de contrebalancer les signaux de
stress et de s'adapter à un effort exceptionnel». D'après Wagner, 1994 «Les adaptogènes
doivent renforcer le pouvoir non spécifique et la résistance contre les agents stresseurs,
augmenter la capacité à affronter les situations de stress et donc d'exercer une certaine forme
de protection à l'égard des maladies consécutives au stress» (80).

4.5. Les constituants chimiques du ginseng

Selon les données actuelles, les constituants admis comme principes actifs sont les
ginsénosides. Ce sont des hétérosides triterpéniques tétracycliques du type dammarane et en
majorité des hétérosides du protopanaxadiol (Ra1, Ra2, Rb1, Rb2, Rc, Rd) et du
protopanaxatriol (Re, Rf, Rg1, Rg2, Rh1). Les ginsénosides sont surtout présents dans
l'écorce de la racine. Il existe aussi un autre ginsénoside (Ro) qui est une saponine particulière
dérivant de l'acide oléanolique (80).
Parmi ces ginsénosides, les composés majoritaires sont les ginsénosides Rb1, Rb2 et
Rg1 (81). Le ginseng contient au minimum 0.4% de la somme de ginsénosides Rg1 et Rb1
d'après la pharmacopée européenne (23).

61
4.6. Effets immunomodulateurs

Les effets immunomodulateurs du ginseng sont de plusieurs ordres et comprennent :


une action permettant une augmentation du chimiotactisme, une augmentation de la
phagocytose, une augmentation de la production de lymphocytes, une augmentation du
rapport T4/T8 et une stimulation des cellules Natural Killer (NK). Les différents ginsénosides
agiraient de manière différente sur les lymphocytes. Par exemple : Rb1 et Re stimule la
prolifération de lymphocytes alors que Rg1 n'a pas d'action à ce niveau (80).

4.7. Toxicologie

D'après des études de toxicité aiguë sur des rats et des souris et des études de toxicité à
moyen et long terme (20 à 180 jours) réalisées sur des souris, des rats, des cobayes et des
poules, il n'y a pas d'effet ou des risques toxiques constatés (80).
En médecine humaine, il existerait un potentiel d'interaction avec les inhibiteurs de la
monoamine oxydase (IMAO), une classe d'antidépresseurs et il est déconseillé de l'utiliser
avec des stimulants, antipsychotiques et lors de traitements hormonaux (74).

Il existe aussi des contre-indications en cas de : diarrhée, gestation et hémorragie


vaginale (80).

5. Conclusion
Parmi les constituants phénoliques, les plus efficaces contre les bactéries sont en
premier le carvacrol, puis le thymol suivi de l'eugénol (28, 54). Vient ensuite le trans-
cinnamaldéhyde.

Toutes les huiles essentielles vues précédemment sont des huiles à large spectre
antibactérien avec une bonne activité. Pseudomonas aeruginosa semble être la bactérie la plus
résistante sauf contre les huiles essentielles d'origan, de thym, de tea tree et de cannelle à
cinnamaldéhyde (56).

Le ginseng n'a pas d'activité antibactérienne reconnue. Cependant, il pourrait être


utilisé pour ses propriétés immunostimulantes et comme complément dans le traitement et la
prévention des affections bactériennes.

Nous verrons par la suite les études réalisées sur ces plantes en vue du traitement et de
la gestion de certaines maladies des bovins.

62
Partie 3 : Etudes sur l'utilité de la phytothérapie et
de l'aromathérapie pour le traitement de quelques
maladies des bovins
Dans cette partie, nous nous intéresserons à deux types de maladies et aux études
réalisées sur le sujet dans le cadre de traitement avec de la phytothérapie et de
l'aromathérapie. La première maladie est la mammite. Nous verrons l'utilité des huiles
essentielles des quelques plantes étudiées dans la partie précédente sur ces mammites (origan,
thym, sarriette des montagnes, cannelle et lemongrass) et nous verrons qu'il existe des essais
prometteurs sur les facultés du ginseng comme simulant de l'immunité. Puis nous évoquerons
quelques notions sur le traitement des plaies (et plus particulièrement les dermatites
interdigitales) avec l'huile essentielle de tea tree.

1. Les mammites

1.1. Généralités et importance

Dernièrement, nous avons pu observer une évolution dans l'industrie laitière mondiale
traduite par une augmentation de la taille des troupeaux, une mécanisation de la traite, des
systèmes de gestion de l'alimentation plus complexes, un plus grand contrôle de
l'environnement, etc... Dans les pays développés, la mammite bovine est devenu l'infection la
plus courante et la plus importante d'un point de vue économique et sanitaire dans les
élevages laitiers (83).

1.2. Infections mammaires et pathogènes

Chez les bovins, les infections mammaires se manifestent de deux façons : par des
mammites subcliniques (ou inapparentes) ou par des mammites cliniques qui peuvent être
subaiguës ou bien suraiguës. L'infestation mammaire entraine une inflammation qui
s'accompagne essentiellement d'un afflux de cellules dans le lait du quartier infecté. Lors de
mammites subcliniques, l'augmentation du taux cellulaire du lait est généralement le seul
signe clinique visible. Lors de mammites cliniques subaiguës, on observe une inflammation
de la mamelle qui s'accompagne plus ou moins d'une modification de l'aspect du lait. L'état
général de la vache n'est de manière générale pas affecté; S'il l'est, il s'agit d'une mammite
clinique suraiguë (84).
Le caractère clinique ou subclinique des mammites dépend des espèces bactériennes
en cause. Celles-ci peuvent avoir pour réservoir les mamelles elles mêmes ou bien
l'environnement (84).

63
Parmi ces bactéries, cinq espèces sont responsables de 90% des infections. Elles se
différencient par leurs caractéristiques pathogéniques (durée et sévérité des infections) et
écologiques (réservoir et transfert) (84). Il s'agit de :

 Staphylococcus aureus :
Il s'agit d'une bactérie à Gram+ à coagulase positive (83). Ces bactéries sont à
réservoir mammaire (dans les quartiers infectés et sur les trayons). Ainsi, elles sont
transmises du trayon infecté vers les trayons des autres vaches du troupeau à
l'occasion de la traite. Ces espèces donnent le plus souvent des infections subcliniques
persistantes (84).
Une fois installés dans un troupeau, S. aureus est difficile à éliminer et les
guérisons spontanées sont d'autant plus rares (85). S. aureus adhère et envahit les
cellules épithéliales mammaires ainsi que le tissu interstitiel et il peut causer des
dommages permanents du parenchyme des glandes mammaires infectées avec de la
fibrose et des possibles formations d'abcès (83, 85).
D'autres souches de S. aureus peuvent former des colonies adhérentes
entourées par un biofilm les rendant inaccessibles aux phagocytes et aux antibiotiques
(83). Les souches de S. aureus à hémolysine A peuvent aussi être responsables de
mammites gangréneuses. Cette infection mammaire est rare et sévère et elle provoque
une vasoconstriction empêchant l'irrigation de la partie distale du quartier infecté; ce
qui entraine ainsi la nécrose des tissus (84).

 Streptococcus agalactiae :
Ce sont aussi des bactéries à réservoir mammaire. Les mammites à S.
agalactiae sont essentiellement subcliniques et persistantes mais il existe des formes
aiguës (84, 85). S. agalactiae adhère aux cellules épithéliales des glandes mammaires
et se localise dans les conduits lactifères. Les tissus mammaires peuvent alors être
endommagés et se fibroser (83).

 Streptococcus dysgalactiae :
Comme S. agalactiae, il est à réservoir mammaire. La prévalence de S.
dysgalactiae est moins importante que S. agalactiae et les signes cliniques de
mammite apparaissent plus précocement (85).

 Streptococcus uberis :
Il s'agit d'une bactérie à réservoir environnemental (bouse, litière, eau, etc...) et
il est le streptocoque environnemental le plus souvent associé aux mammites cliniques
(85). Concernant S. uberis, certaines souches peuvent se comporter comme des
bactéries à réservoirs mammaires et se transmettre au cours des traites (84).

64
 Escherichia coli :
C'est un coliforme à Gram- omniprésent dans l'environnement (son réservoir)
et responsable de mammites dites colibacillaires (83, 85). Lors d'infection par E. coli,
1/3 des animaux présentent des symptômes mineurs (lait anormal), 1/3 des animaux
présentent des symptômes modérés (lait anormal et signes locaux sur les mamelles) et
1/3 présentent des symptômes systémiques (83).
En cas de réaction immunitaire insuffisante ou trop tardive, les bactéries se
multiplient activement dans le lait et leurs endotoxines provoquent chez l'animal un
état de choc. La vache est couchée (elle peut restée debout dans les cas moins sévères),
peut présenter de la diarrhée et se déshydrate progressivement (84). Des formes de
mammites gangréneuses sont aussi rapportées avec E. coli (84).

C'est bactéries ne sont cependant pas les seules à être mise en cause. Il existe d'autres
bactéries pathogènes dont la prévalence est moins importante (83, 84, 85):
 Les mycoplasmes : Mycoplasma bovis est la plus fréquente,
 Les staphylocoques à coagulase négative : S. chromogenes, S. xylosis, S. warneri et S.
simulans,
 Arcanobacterium pyogenes (anciennement Corynebacterium et Actinomyces
pyogenes) : bacille responsable de la mammite d'été,
 Bacillus cereus, Pseudomonas sp., Serratia sp., Mycobacterium sp., Nocardia sp.,
mais aussi Prototheca Sp. (une algue), Corynebacterium bovis, Clostridium
perfringens de type A, Staphylococcus hyicus, et Pasteurella multilocida.

La liste des causes bactériennes n'est pas exhaustive. Cependant, nous pouvons ajouter
à celle ci des causes fongiques. Les mammites dites à levures sont souvent causées par
Candida sp. mais peuvent aussi être dues à Aspergillus sp. ainsi que Trichophyton beigelii
(85).

65
1.3. Etudes de la phytothérapie et de l'aromathérapie sur les
mammites

Face à l'émergence de résistances bactériennes aux antibiotiques, des études in vitro


sur les pathogènes présents lors de mammites et in vivo sur des vaches atteintes de mammites
ont été réalisées. Nous allons détailler les résultats en fonction de chaque plante ou huile
essentielle utilisée.

1.3.1. Huiles essentielles de thym, origan, sarriette des montagnes et


leurs composants (thymol et carvacrol)

1.3.1.1. Activité antibactérienne

 Etudes de l'activité du Thym (Thymus vulgaris CT thymol)

L'extrait alcoolique de thym (Thymus vulgaris) possède une activité antimicrobienne


sur les streptocoques résistants aux antibiotiques (dont l'amoxicilline et les tétracyclines),
l'étude étant réalisée in vitro sur 1371 échantillons extraits de lait de vaches à mammites et
contenant ces bactéries (86). Les souches de streptocoques identifiées sont : S. agalactiae, S.
dysgalactiae et S. uberis. Les autres formes de produit à base de thym (poudre, extrait
aqueux) n'ont aucune action.

Testée in vitro sur des souches de staphylocoques isolées ou non à partir de mammites
cliniques, l'huile essentielle de thym à thymol (Thymus vulgaris CT thymol) à une activité
antimicrobienne démontrée sur les cinq staphylocoques testés : S. aureus, S. chromogenes, S.
warneri, S. xylosus, S. sciuri (87).
L'activité de l'huile essentielle de thym (Thymus vulgaris) à thymol, ne dépendrait pas
du type de résistance de la souche. Son activité antibactérienne sur S. aureus (testée in vitro
sur trente deux isolats provenant de lait à mammite clinique) est quasiment la même qu'elle
soit sensible aux antibiotiques, ou résistante (aux pénicillines, tétracyclines et à
l'érythromycine) (88).
Cette huile essentielle aurait aussi une efficacité concentration-dépendante (étude
réalisée in vitro sur quatre souches bactérienne E. coli, S. agalactiae, S. epidermis et S.
aureus, à trois concentrations différentes) (89). L'absence de contrôle négatif manque
cependant à cette étude.

 Autres études de l'activité du thym au travers d'un produit : Phyto-Mast ® US

Aux Etats-Unis d'Amérique, un certain nombre d'études ont été réalisées sur un
produit intra-mammaire Phyto-Mast®, utilisé dans le traitement des mammites bovines. Le
principe actif de ce produit est l'huile essentielle de thym (Thymus vulgaris CT thymol) et
nous nous servirons de ces études pour évaluer l'activité de cette huile essentielle.

66
Des tests in vitro, (réalisés à trois reprises avec des contrôles positifs et négatifs) sur
des souches bactériennes de Staphylococcus aureus, Staphylococcus chromogenes et
Streptococcus uberis isolées à partir de lait de vaches à mammites montrent que ce produit
peut tuer complètement ces bactéries à partir de 2% par volume de lait (90).
D'autres tests in vitro (91) (réalisés à cinq reprises) sur des souches mises en contact
avec 9% de produit Phyto-Mast® par volume de lait montrent que le Phyto-Mast® peut
inhiber la croissance de E. coli et de S. agalactiae de manière significative mais ne démontre
pas de différence significative sur S. aureus, S. epidermis et S. bovis par rapport au contrôle
négatif.
Les deux études étant différentes, les résultats ne peuvent pas être comparés.
Cependant, le potentiel d'action de cette huile essentielle ne peut être négligé.

Une étude in vivo (92), pour ce même produit à 2 traitements par jour pendant 3 jours
(selon les posologies indiquées par le laboratoire), a été réalisée sur 194 cas de mammites
cliniques de vaches en lactation. Peu d'effets significatifs sur la guérison des mammites
cliniques et bactériologiques (principalement à E. coli et S. aureus) sont observables à 4 jours
post-traitement. Il n'y a pas d'effets significatifs sur la guérison bactériologique après 28 jours
post-traitement mais une rémission clinique plus rapide est observée pour le groupe traité.
En début de tarissement, son utilisation pourrait réduire la probabilité de réinfection
des quartiers aussi bien que le fait un traitement conventionnel pénicilline-
dihydrostreptomycine (étude réalisée sur 192 vaches au tarissement en comparaison avec un
traitement au Quatermaster® de Zoetis). Cependant, cela reste à confirmer (les intervalles de
confiance à 95% étant très grands pour cette expérience) (93).
Lors de ces études in vivo, aucun effet secondaire n'a été noté.

 Etudes de l'activité antibactérienne de l'origan (O. vulgare) et de la sarriette des


montagnes (S. montana)

Comme pour l'huile essentielle de thym (Thymus vulgaris) à thymol, les huiles
essentielles de sarriette des montagnes (Satureja montana) et d'origan (Origanum vulgare) ont
une activité antimicrobienne sur les cinq staphylocoques testés (S. aureus, S. chromogenes, S.
warneri, S. xylosus, S. sciuri) (87).
Ajoutons que selon la même étude, l'huile essentielle de Sarriette des montagnes aurait
en plus une activité antimicrobienne sur E. coli (87). De plus, comme pour le thym, l'activité
de l'huile essentielle d'origan commun ne dépendrait pas du type de résistance de la souche.
Son activité antibactérienne sur S. aureus est identique que la souche soit sensible aux
antibiotiques, ou résistante (aux pénicillines, tétracyclines et à l'érythromycine) (88).

67
 Activité antibactérienne des mélanges d'huiles essentielles et activité de certains
de leurs composants : le thymol et le carvacrol

Le mélange des deux huiles essentielles de sarriette des montagnes et de thym à


thymol a une activité plus forte et un spectre plus large (sur les 5 Staphylocoques et sur E.
coli) que les deux huiles testées séparément. Il en est de même pour le mélange d'huile
essentielle de sarriette des montagnes et d'origan (actif aussi sur les six bactéries) même si
l'activité de ce 2e mélange est moins forte (Fratini et al. (87)).

Selon cette même étude, le thymol et le carvacrol mélangés ont une activité
antibactérienne (sur les staphylocoques et E. coli) deux fois plus importante que le mélange
d'huile essentielle de sarriette des montagnes et de thym à thymol dont ils sont des
composants (87). Non mélangés, le thymol et le carvacrol seraient aussi tout deux plus
efficaces que les huiles essentielles de thym à thymol et d'origan (88).
De plus, le thymol aurait une action inhibitrice dose-dépendante (testée in vitro) sur
l'internalisation de S. aureus dans les cellules épithéliales mammaires bovines (94).

1.3.1.2. Action et devenir de ces substances in vivo

Après administration intra-mammaire (sur cinq chèvres comme modèle bovin, d'après
l'étude) du produit à base d'huile essentielle de thym (Thymus vulgaris CT thymol, Phyto-
Mast®), le thymol est encore détectable dans le lait 12h après l'administration mais plus après
24h. Dans le sang, on détecte le thymol 15 minutes après l'injection intra-mammaire, le
maximum est observé à 30 minutes et il n'est plus détectable après 4h. Ce produit n'est pas
irritant et aucun effet secondaire n'est relevé (95). Le thymol (suivant sa forme) serait vite
éliminé dans le flux sanguin mais possède une meilleure rémanence dans les quartiers
mammaires. Cependant, le manque d'études et d'échantillons ne permet pas de l'affirmer.

L'ingestion du thymol diminuerait le taux de lactate ruminal, la production de


méthane et la fermentation microbienne à forte dose (500 mg/L de contenu ruminal) (36).
L'ingestion chez une vache laitière de feuilles d'origan (Origanum vulgare) ne modifierait pas
la production ni la composition du lait (pour des valeurs inférieures à 750 g d'origan par jour
pendant 20 jours) (96). De même pour ces études, l'échantillon (8 vaches) est trop petit pour
émettre une réelle conclusion à ce sujet et mérite d'être confirmée.

68
1.3.2. Huile essentielle de cannelle de Ceylan (Cinnamomum
zeylanicum) et son composant, le trans-cinnamaldéhyde

 Etudes des activités antibactériennes

Une étude in vitro réalisée sur 65 isolats de Staphylococcus spp. provenant de vaches
et de chèvres à mammites démontre que l'huile essentielle de cannelle de Ceylan (provenant
de l'écorce) et son composant principal, le trans-cinnamaldéhyde ont une activité
bactériostatique et bactéricide contre les staphylocoques (97). Le trans-cinnamaldéhyde serait
plus efficace que l'huile essentielle de cannelle de Ceylan, ce qui est en accord avec le fait que
c'est ce composant qui donne à l'huile essentielle de cannelle ses propriétés antibactériennes.
De plus, l'activité ne dépend pas non plus de la sensibilité des souches (plus ou moins
résistantes aux pénicillines, aux tétracyclines, à l'érythromycine, et à la céfalotine, une
céphalosporine de 1e génération) (97).
Testé in vitro sur 3 isolats de chaque bactérie isolée à partir de cas de mammites
cliniques bovines, le trans-cinnamaldéhyde à une action bactéricide sur Staphylococcus
aureus, Streptococcus agalactiae, Streptococcus dysgalactiae, Streptococcus uberis et
Escherichia coli. Il tue les bactéries présentent en 24h (pour une dose équivalente à 0.45% de
volume de trans-cinnamaldéhyde par volume de lait) (98).

Un produit intra-mammaire américain (Cinnatube®) à base de cannelle (Cinnamomum


sp.), d'Eucalyptus globuleux (Eucalyptus globulus) et tea tree (Melaleuca alternifolia),
diminuerait les risques de réinfection au tarissement (testé sur 192 vaches). Il n'y a
malheureusement pas d'étude qui rapportent son efficacité en conditions de terrain (93).

 Action sur l'organisme

L'administration de cinnamaldéhyde per-os sur 25 vaches laitières n'entrainerait pas de


modification de la production laitière ni de la composition du lait (99). Elle n'affecterait pas
non plus les performances, ni le taux de gestation et pourrait augmenter l'insulinémie et
diminuer la cholestérolémie mais cela reste à prouver car cette dernière étude n'a été réalisée
que sur 4 vaches (100).

Remarque : Comparaison trans-cinnamaldéhyde, thymol et carvacrol et eugénol


Le trans-cinnamaldéhyde serait plus efficace in vitro que le thymol, le carvacrol et
l'eugénol sur les bactéries Staphylococcus aureus, Streptococcus agalactiae, Streptococcus
dysgalactiae, Streptococcus uberis et Escherichia coli présentes dans le lait de vache à
mammite (98).

69
1.3.3. Huile essentielle de lemongrass (citronnelle) : Cymbopogon
citratus et Cymbopogon nardus

L'huile essentielle de lemongrass (Cymbopogon citratus) a une activité antibactérienne


in vitro contre quatre bactéries isolées à partir de vaches présentant des mammites cliniques et
subcliniques que sont Staphylococcus aureus, Streptococcus agalactiae, Escherichia coli et
Bacillus cereus (les différents tests ont été réalisés à trois reprises) . B. cereus semble être le
plus sensible des quatre et le citral seul, un des principaux constituants antibactérien isolé de
l'huile essentielle de lemongrass, est moins efficace et n'est pas actif sur E. coli (78). Ce
dernier résultat soulève la question sur les souches cliniques d'E. coli testées dans cette étude
car les propriétés in vitro du citral ont été démontrées sur les souches d'E. coli standards (29,
45).

Cette même étude démontre que les souches de S. aureus sous forme de biofilm sont
plus résistantes à l'huile essentielle de lemongrass et au citral, que leurs homologues
planctoniques (sous forme libre), ce qui est en accord avec les études vues dans la partie 2
(78). Néanmoins, cette étude démontre que l'huile essentielle de lemongrass et le citral
peuvent inhiber la formation du biofilm de S. aureus et peuvent diminuer les biofilms
préformés. Ce qui peut être intéressant à noter est que cette action est plus efficace sur les
souches de S. aureus standard (ici DMST 4745) que sur les souches isolées de mammite (78).

De plus, l'huile essentielle de lemongrass modifie la surface des cellules des souches
cliniques de S. aureus. Des images au microscope électronique montrent des pertes de
matériel cytoplasmique et une modification de la densité de la membranaire cytoplasmique.
L'huile essentielle de lemongrass interfère aussi avec l'attachement de ces souches aux
surfaces, inhibant donc la formation d'un biofilm (78).

L'huile de citronnelle de Ceylan (C. nardus) communément utilisée aux Brésil dans le
traitement des mammites possède aussi une activité antimicrobienne contre S. aureus
provenant de vaches atteintes de mammite (test réalisé in vitro sur 15 souches isolées de
vaches à mammite) (101).

1.3.4. Le ginseng comme adjuvant dans le traitement et la prévention


des mammites chez la vache

Selon Hu et al. (102), des injections sous-cutanées d'extrait de racine de ginseng


pendant six jours sur des vaches en mammite subclinique à S. aureus (au moins un quartier
atteint et un taux cellulaire dans le lait augmenté), entraineraient en une semaine une
diminution du nombre de quartier atteint dans le troupeau et une diminution du taux cellulaire
dans le lait. De plus, ces injections provoqueraient une stimulation du système immunitaire
(phagocytes, lymphocytes et monocytes). Cependant, l'étude n'est réalisée que sur six vaches
donc les résultats ne sont pas généralisables.

70
Une autre étude réalisée par la même équipe (103) démontre que le ginseng et son
composant le ginsénoside (Rb1) peuvent servir d'adjuvant dans la réalisation d'un vaccin
intramusculaire contre S. aureus chez les bovins, en vue de les protéger contre certaines
affections mammaires (et ce sans effet secondaire notable). Testé sur 36 vaches, l'injection
intramusculaire d'extrait de ginseng (4 mg par injection à 2 semaines d'intervalle) ne modifie
pas l'état général ni la production de lait. Sur 18 vaches, des vaccins intramusculaires
administrés à 2 semaines d'intervalle, contenant des antigènes de S. aureus et 4 mg d'extrait
de ginseng, induisent une augmentation significative des lymphocytes sanguins. Ce même
antigène avec 4 mg de ginsénoside (Rb1) (injecté suivant le même protocole) induit une
augmentation significative des lymphocytes sanguins et aussi une augmentation significative
du taux d'anticorps anti-S. aureus.

Ces quelques éléments sur une potentielle utilisation de l'extrait de ginseng ou de ses
composants (ici le ginsénoside Rb1) comme adjuvant d'un vaccin contre S. aureus dans les
affections mammaires ou comme immunostimulant sont prometteurs. Bien sûr, cela demande
des études complémentaires.

En conclusion sur les mammites, même si un certains nombre d'études in vitro sur des
bactéries isolées de lait de vaches à mammite sont réalisées, ces essais sont encore trop peu
nombreux pour confirmer l'efficacité des huiles essentielles sur ces bactéries. De plus, on
manque beaucoup d'étude in vivo et celles existantes ne sont pas assez solides. Une propriété à
suivre est le potentiel rôle adjuvant du ginseng dans les vaccins.
Tout cela peut être prometteur mais demande à être vérifié.

2. Plaie et dermatite interdigitale

2.1. Utilisation de l'huiles essentielle de tea tree (Melaleuca


alternifolia) sur les plaies : généralités

L'huile essentielle de tea-tree est un adjuvant prometteur dans le traitement des plaies
de part son activité antimicrobienne et son activité anti-inflammatoire. En médecine humaine,
elle est intéressante dans son utilisation sur les plaies difficiles à traiter et infectées par des
Staphylocoques résistants à la méthicilline (MRSA). Elle permet une guérison plus rapide des
plaies infectées par S. aureus (104).

2.2. L'huile essentielle de tea tree : un plus dans la prévention


des dermatites interdigitales ?

En médecine bovine, l'utilisation d'huile de tea-tree mélangée avec des acides


organiques dans un bain de pieds dans des élevages bovins montrerait une diminution des
lésions de dermatites interdigitales. L'étude est réalisée sur trois cheptels de (120, 170 et 200

71
vaches). En deux mois, le nombre de lésions est significativement moins important. On peut
cependant noter l'absence dans cette étude de contrôle négatif (105). On remarque qu'il y a
moins de lésions après le traitement mais une comparaison avec un lot non traité permettrait
d'être sûr que ce résultat est dû au bain à l'huile essentielle de tea tree et non à d'autres
éléments.

La dermatite interdigitale est une inflammation des couches superficielles de


l'épiderme sans extension aux tissus sous-cutanés, les lésions débutent sur la peau interdigitale
et s'étendent jusqu'au talon (84, 106). La cause principale est un manque d'hygiène dans
l'environnement. Deux bactéries sont mises en cause : Dichelobacter nodosus (une bactérie de
l'épiderme du pied qui ne résiste que quelques jours dans une pâture) et Fusobacterium
necrophorum (une bactérie des voies digestives qui peut survivre jusqu'à 11 mois en milieu
humide, froid et anaérobie) (84). Des spirochètes peuvent aussi être mis en cause comme le
genre Treponema sp. (83).
Les moyens de lutte contre cette affection sont : la mise en place d'un pédiluve
pendant quelques jours par mois (en curatif et en prévention), mais aussi un parage
fonctionnel des pieds et une bonne hygiène des locaux (84).

En conclusion, si en médecine humaine, l'huile essentielle de tea tree est prometteuse


dans le traitement des plaies chroniques à S. aureus ou dans le traitement de plaies infectées
par le S. aureus MRSA, les études en médecine bovine sont limitées. Même si nous n'avons
pas beaucoup d'information, cet aspect a quand même été mentionné car cette huile est très
reconnue, étudiée, et il serait dommage de ne pas en parler.

72
Partie 4 : Législation - Commercialisation et
prescription des produits à base de plantes
Dans cette dernière partie, nous verrons l'utilisation de la phytothérapie et de
l'aromathérapie du point de vue de la législation et nous pourrons remarquer que cela n'est pas
aussi simple que l'on pense. En premier lieu, nous parlerons des conditions d'obtention
d'AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) pour les produits à base de plantes. Enfin, nous
verrons leur classification et ce que cela implique pour les vétérinaires dans la pratique.

1. Produit ayant une AMM en France

1.1. Le dossier d'AMM pour les produits à base de plantes

Il y a deux types de produits qu'il faut considérer : les médicaments à base de


substance d'origine végétale et les remèdes traditionnels à base de plantes (définis en
médecine humaine) (107).

1.1.1. Les médicaments à base de substances d'origine végétale

Pour commercialiser un médicament à base de substances d'origine végétale, on peut


obtenir une AMM dite «allégée». Cette AMM peut être obtenue auprès de l'ANSM (Agence
Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de Santé), créée sous le nom de l'Agence
du Médicament (1993) et anciennement AFSAPPS (1998) (3).

Dans l'AMM allégée, les parties sur l'efficacité et l'innocuité peuvent être remplacées
par des références bibliographiques qui reconnaissent l'usage traditionnel de la phytothérapie
et de l'aromathérapie en France.
L'inconvénient est que l'enregistrement du produit est compliqué et couteux et que
pour obtenir l'AMM allégée, il faut que l'usage médical soit bien établi c'est à dire utilisé
depuis plus de 10 ans en Union Européenne, tel que mentionné dans l'arrêté du 1er Septembre
2009 concernant les demandes d'autorisation de mise sur le marché (108). Voici les textes y
faisant référence :

 Arrêté du 1er Septembre 2009 concernant les demandes d'autorisation de mise sur le
marché
«Pour les médicaments dont la ou les substances actives ont un usage vétérinaire bien
établi tel que mentionné au 1° de l'article R. 5141-18 du code de la santé publique ou visé à
l'article 13 bis de la directive et présentant une efficacité reconnue ainsi qu'un niveau
acceptable de sécurité, les règles spécifiques énumérées ci-après s'appliquent. Le demandeur
soumet les première et deuxième parties, telles que décrites au titre Ier de la présente
annexe.

73
Pour les troisième et quatrième parties, une bibliographie scientifique détaillée couvre tous
les aspects liés à la sécurité et à l'efficacité. »

 1° de l'article R. 5141-18 du code de la santé publique (109).


« Lorsque le demandeur démontre, par référence à une documentation
bibliographique appropriée, que la demande porte sur un médicament vétérinaire dont la ou
les substances actives sont d'un usage vétérinaire bien établi depuis au moins dix ans en
France ou dans l'Union européenne, le dossier fourni à l'appui de la demande comporte,
outre les données pharmaceutiques, la documentation bibliographique appropriée.»

 Article 13 bis de la directive 2001/82/CE du parlement européen (110).


«Par dérogation à l'article 12, paragraphe 3, premier alinéa, point j), et sans
préjudice de la législation relative à la protection de la propriété industrielle et commerciale,
le demandeur n'est pas tenu de fournir les résultats des essais d'innocuité et d'analyses de
résidus, ni des essais précliniques ou cliniques s'il peut démontrer que les substances actives
du médicament sont d'un usage vétérinaire bien établi depuis au moins dix ans dans la
Communauté et présentent une efficacité reconnue ainsi qu'un niveau acceptable de sécurité
en vertu des conditions prévues à l'annexe I. Dans ce cas, le demandeur fournit une
documentation bibliographique scientifique appropriée.»

Toutefois, il faut noter que cette démarche applicable pour les médicaments humains
ne l'est toujours pas pour les médicaments vétérinaires car l'AMM allégée n'est pour le
moment pas définie pour ces produits. Elle est cependant amenée à le devenir.

1.1.2. Les remèdes traditionnels à base de plantes

Pour les remèdes ou "médicaments" traditionnels à base de plantes, il faut qu'ils soient
définis par la pharmacopée européenne (ou au moins la pharmacopée française) pour
l'utilisation souhaitée (selon la directive 2001/82/CE). Le dossier d'AMM est aussi allégé car
on se base de même, sur l'utilisation traditionnelle pour les sections concernant l'innocuité et
l'efficacité. Cependant, il faut des données suffisamment fournies concernant l'usage
traditionnel, relatif à l'efficacité et l'innocuité, et un usage médical d'environ 30 ans voire plus
(107).
Depuis la directive européenne 2004/24/CE, la procédure d'AMM simplifiée devient
un «enregistrement de l'usage traditionnel» (111). Cela est étendu à l'ensemble des
médicaments traditionnels à base de plantes et dans le but d'attester le fait que les indications
montrées n'ont pas été rigoureusement démontrées. Avant l'indication thérapeutique, la
mention « traditionnellement utilisé dans » doit apparaitre (3).

Remarque : Il existe d'autres produits à base de plantes sans AMM. Il s'agit de


préparations de phytothérapie ou d'aromathérapie qui sont soit décrites pas la pharmacopée
française (préparations officinales), soit préparées par un vétérinaire ou un pharmacien
(préparations magistrales) (3).

74
1.2. Les produits

Dans cette partie, nous évoquerons à titre d'exemple quelques produits ayant obtenu
une AMM en France pour les animaux de production (les descriptions sont tirées du
Dictionnaire des Médicaments Vétérinaires 2015) (113).

 Cothivet® (Laboratoire Vétoquinol)


Utilisation : Solution externe cicatrisante et antiseptique pour toutes espèces
Principes actifs :
 Huile essentielle de Lavande, de Romarin, de Thym et de Cyprès
 Teinture de Marronnier, de Luzerne, Carline acaule, et d'Hydrocotyle
Précautions : Ne pas faire avaler.
Eviter toute pulvérisation sur les conjonctives oculaires.
L'innocuité du produit n'a pas été testée chez la femelle gestante ou allaitante.
Cependant, l'utilisation de la spécialité pendant la gestation et l'allaitement ne semble pas
poser de problème particulier.
Délai d'attente : viandes, abats et lait : 0 jours

 Iveman® (Laboratoire Coophavet)


Utilisation : Crème d'hygiène mammaire pour vaches laitières
Principe actif : Camphre
Pas de délai d'attente

 Vétébiol® Pommade vétérinaire (Laboratoire Alizes)


Utilisation : Chez les bovins, utilisation en cas de congestion de la mamelle. Les effets de la
pommade sont calmants, décongestionnants et cicatrisants.
Principes actifs :
 Huile essentielle de tea tree, huile essentielle de cajeput, huile essentielle de noix de
muscade et de cèdre,
 Eucalyptol, huile de laurier, camphre, menthol, chlorophylle.
Précautions d'emploi : L'application du produit, en raison de sa saveur aromatique, peut
rendre le lait impropre à la consommation. Le produit est indiqué comme non caustique et non
nocif.
Pas de délai d'attente.

75
2. Dans la pratique : législation et prescription

2.1. Approche du sujet

L'utilisation des produits de phytothérapie et d'aromathérapie dans le cadre d'un


traitement vétérinaire est délicate vis à vis de la loi car aucune législation n'est vraiment
adaptée et ne prend vraiment en compte cette pratique. Cela est en partie dû au fait que le
produit à base de plante se situe entre les produits et compléments alimentaires et les
médicaments. Pour soigner les animaux par les plantes, le vétérinaire doit bien connaitre ses
produits et les réglementations en vigueur.

Les substances à base de plantes se divisent en deux catégories (114) :


 Les substances actives non concentrées (poudre) utilisables comme matière
première;
 Les substances actives concentrées (teintures mères, huiles essentielles, etc...) qui
se divisent en trois autres catégories :
 Les additifs sensoriels de type aromatiques (huiles essentielles) qui
n'ont pas de visée thérapeutique mais qui nécessitent une autorisation,
 Les médicaments vétérinaires qui ont une visée thérapeutique.
Comme tout médicament, ils nécessitent une AMM, sinon, un temps
d'attente forfaitaire est attendu. L'automédication avec ces produits est
illégale,
 Les médicaments (ou remèdes) traditionnels à base des plantes qui
sont aussi à visée thérapeutique mais qui bénéficient d'une AMM
allégée si l'usage traditionnel est démontré.

Les deux catégories nous concernant sont les médicaments vétérinaires et les remèdes
traditionnels à base de plantes.

2.2. Les plantes, des médicaments ?

Par médicament vétérinaire, on entend « substance ou composition présentée comme


possédant des propriétés curatives ou préventives à l'égard des maladies animales; ou toute
substance ou composition pouvant être utilisée chez l'animal ou pouvant lui être administrée
en vue soit de restaurer, de corriger ou de modifier des fonctions physiologiques en exerçant
une action pharmacologique, immunologique ou métabolique, soit d'établir un diagnostic
médical» (Article premier de la directive 2001/82/CE du parlement européen) (110).

76
Selon une note de l'ANSES (Agence Nationale de Sécurité sanitaire
de l’alimentation, de l’Environnement et du travail) sur le statut juridique du médicament
vétérinaire au regard des produits à base de plantes (115), «L’usage de produits à base de
plantes (huiles essentielles, additifs alimentaires...) dans le cadre de médecines alternatives
en lieu et place de médicaments chimiques, notamment dans le cadre d’une politique de
réduction d’usage de certaines catégories de médicaments induisant des résistances tels que
les antibiotiques ou les antiparasitaires entraîne de facto la classification de statut de
médicament vétérinaire pour ces produits.»

Or, selon l'article 9 de la directive 2001/82/CE du parlement européen (110) : «Aucun


médicament vétérinaire ne peut être administré à un animal si l'autorisation de mise sur le
marché n'a pas été délivrée, sauf dans le cas d'essais de médicaments vétérinaires [...],
acceptés par les autorités nationales compétentes, après notification ou autorisation,
conformément à la législation nationale en vigueur.»

Donc les plantes dans le cadre qui est le notre sont des médicaments vétérinaires.

En sachant qu'il n'y a pas de produits vétérinaires sous forme d'huile essentielle ayant
obtenu une AMM pour l'espèce bovine (112), on peut donc en déduire que leur utilisation
dans le traitement des maladies des animaux d'élevage n'est pas conforme aux directives
européennes. Il faudrait pouvoir obtenir une AMM (ou encore une autorisation temporaire
d'utilisation/ATU) pour chacun de ces produits. Et même si on peut obtenir des AMM
allégées, cela reste difficile et dissuasif. En général, très peu de produits à base de plante ont
une AMM en France.

De plus, si on prend en compte dans le choix des produits à prescrire le principe de la


cascade défini par l'article L. 5143-4 du code de santé publique, l'utilisation de produits à base
de plantes sans AMM reste à justifier et sont de la seule responsabilité du vétérinaire.

En règle générale, on utilise et prescrit des produits à base de plantes sous le nom de
«compléments alimentaires» et non comme «médicaments». Les produits à base de plantes
du commerce présentés comme des «compléments alimentaires» ou «produits d'hygiène» ne
nécessitent pas d'AMM (5). Même si la composition doit être indiquée, les fabricants ne
mentionnent aucune indication thérapeutique car cela n'est valable que pour les médicaments.
Toutes indications thérapeutiques et/ou posologies sont même interdites pour ces produits
(112). Leur présence fait passer automatiquement ces produits dans la catégorie des
«médicaments».

77
2.3. Dans la pratique

Pour tout type de produit (AMM ou non), lorsque l'on veut prescrire un traitement à
base de plantes à un animal, la rédaction d'une ordonnance selon les règles établies par le code
de la santé publique reste obligatoire. De même, l'éleveur doit, comme pour un traitement
allopathique standard, inscrire les soins réalisés dans le registre sanitaire de l'élevage (112).

Pour une partie des substances à base de plantes, des limites maximales de résidus
(LMR) sont définies dans le tableau 1 du règlement (UE) n° 37/210 de la commission du 22
décembre 2009 relatif aux LMR (116). Si elles ne sont pas définies par ce tableau (ce qui est
souvent le cas), elles sont sans objet, c'est à dire que l'on ne pense pas que l'évaluation des
LMR soit nécessaire (112). Dans ce cas, le délai d'attente est de zéro. Sauf exception, les
produits de phytothérapie et d'aromathérapie n'ont pas de délai d'attente (5).

Dans le cas d'un usage hors AMM d'un produit possédant au moins une LMR pour une
espèce et un tissu concernés, un temps d'attente forfaitaire s'applique. Défini par le point 2 de
l'article 11 de la directive européenne 2001/82/CE (100), il doit être d'au moins 7 jours pour le
lait et 28 jours pour la viande et les abats. S'il n'existe aucune donnée concernant ce produit, le
temps d'attente forfaitaire n'est pas applicable.

Certaines expériences commencent à être conduites pour déterminer les LMR des
principes actifs des plantes. Il y a entre autre l'identification et la quantification du thymol et
du carvacrol (par chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse et
microextraction sur phase solide) réalisée sur le lait et le plasma sanguin de vaches laitières.
La méthode étant sélective, linéaire et efficace (surtout pour le thymol), elle pourrait être
utilisée pour analyser les résidus et donc déterminer les LMR du lait et du sang chez les
bovins (117).

2.4. Huiles essentielles par voie orale : nouvelle directive

Suite à la mise en place du règlement d'exécution (UE) n°230/2013 de la commission


du 14 Mars 2013, publié dans le journal officiel de l'Union Européenne (118), certains additifs
appartenant au groupe des substances aromatiques et apéritives doivent être progressivement
retirés du marché dans les produits d'alimentation. Une liste en annexe de ce règlement
détaille l'ensemble des produits et stipule les espèces concernées.

Les huiles essentielles font partie des substances qui ne pourront plus être administrées
per-os. L'ensemble des plantes et huiles essentielles vues précédemment sont dans cette liste
(figure 17). La spécificité «huile essentielle» n'est décrite que pour la sarriette des montagnes.
Cependant, les huiles essentielles font partie de ce que l'on appelle «extraits » et donc,
peuvent rentrer dans la liste des substances à retirer.

78
Figure 17 : Extrait de l'annexe du règlement européen (UE) N° 230/2013 du 14 mars
2013 relatif au retrait du marché de certains additifs pour l’alimentation animale
appartenant au groupe fonctionnel des substances aromatiques et apéritives

79
En conclusion, il y a trop peu de produits à base de plantes possédant une AMM
vétérinaire en France. De plus, la définition des produits à base de plantes (en donc la
législation en vigueur) reste floue car ils sont à la fois des «médicaments» s'ils sont utilisés en
phytothérapie et en aromathérapie, et à la fois des compléments alimentaires. La pratique de
cette médecine par le vétérinaire demande des connaissances et ne s'improvise pas car la
législation ne la prend encore pas très bien en compte. De plus, on dispose de très peu
d'études sur les LMR et même si les plantes sont souvent considérées comme ne nécessitant
pas de LMR, aucune étude scientifique ne prouve qu'il n'y a pas de résidus suite à leur
utilisation. A partir de maintenant, une attention particulière devra être demandée pour toute
administration par voie orale concernant la substance à ingérer.

80
CONCLUSION
La phytothérapie et l'aromathérapie correspondent aux soins des affections par les extraits de plantes et
les huiles essentielles. Dans la dynamique mondiale de réduction de l'utilisation des antibiotiques, cette médecine
présente un regain d'intérêt. Dans ce contexte, l'utilisation de produits à base de plantes dans les élevages
ruminants se développe. Dans ce travail bibliographique, nous avons souhaité faire une mise au point sur
l'activité antibactérienne et immunostimulante de certaines plantes et sur leurs actions sur deux des principales
maladies chez les bovins : les mammites et les affections podales (dermatites interdigitales).

Les huiles essentielles d'origan (Origanum vulgare), de thym à thymol (thymus vulgaris CT thymol), de
sarriette des montagnes (Satureja montana), de cannelle de Chine et de Ceylan (Cinnamomum cassia et
Cinnamomum zeylanicum), de lemongrass (Cymbopogon citratus ou citronnelle de chine) et de tea tree
(Melaleuca alternifolia ou encore arbre à thé) possèdent une activité antibactérienne à large spectre démontrée
contre les bactéries à Gram+ et à Gram-. Elles interagissent avec les membranes cytoplasmiques des bactéries et
peuvent aussi agir à l'intérieur même des cellules. Elles ont aussi une action sur les biofilms formés par les
bactéries et sur les bactéries résistantes aux antibiotiques.
Des études in vitro sur des souches bactériennes isolées de lait de vache à mammite démontrent l'activité de
l'huile essentielle d'origan, de thym à thymol, de sarriette, de cannelle et de lemon grass. Cependant, peu d'études
in vivo démontrent l'action de ces constituants sur les bovins. L'huile essentielle de tea tree, bien que très étudiée
et reconnue pour sa capacité à guérir les plaies et les infections cutanées chroniques, ne bénéficie encore que de
peu d'études sur les bovins.

Le Ginseng (Panax ginseng) est quant à lui, une plante aux propriétés immunostimulantes. Il pourrait
servir d'adjuvant dans la préparation d'un vaccin contre Staphylococcus aureus dans le but de prévenir les
mammites causées par cet agent pathogène.

La législation des produits à base de plantes reste peu adaptée à la phytothérapie et à l'aromathérapie qui
sont à la fois considérées comme des médicaments et qui sont aussi utilisées comme compléments alimentaires.
Peu d'AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) existent pour l'espèce bovine et quasiment aucune étude n'est
réalisée pour déterminer les Limites Maximales de Résidus (LMR) chez les animaux de rente. Leur prescription
et leur utilisation relèvent de la seule responsabilité du vétérinaire.

Même si les propriétés antibactériennes des plantes et de leurs huiles essentielles dans le traitement et la
prévention des maladies des bovins sont encore peu étudiées, le contexte actuel encourage cette démarche. Le
développement de la phytothérapie et de l'aromathérapie est appelé à se poursuivre et la législation, de ce fait, est
amenée à évoluer.
Thèse de Mme ALLARD Hélène

81
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108. Arrêté du 1er septembre 2009 fixant la nature et les modalités de présentation des
informations administratives et de la documentation scientifique fournies à l’appui des
demandes d'autorisation de mise sur le marché mentionnées aux articles R. 5141-16, R.
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111. DIRECTIVE 2004/24/CE DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 31 mars
2004 modifiant, en ce qui concerne les médicaments traditionnels à base de plantes, la
directive 2001/83/CE instituant un code communautaire relatif aux médicaments à usage
humain.

112. BOUIN V (2014). TRaitement et prévention des mammites bovines : actualités -


Médecines alternatives et pathologie mammaire. Dépêche Tech., 136, pp. 36-37.

113. ANONYME (2011). Dictionnaire du médicament vétérinaire (DMV), 16e éd., Wolters
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des produits à base de plantes.

116. RÈGLEMENT (UE) No 37/2010 de la commission du 22 décembre 2009 relatif aux


substances pharmacologiquement actives et à leur classification en ce qui concerne les
limites maximales de résidus dans les aliments d'origine animale.

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118. Règlement (UE) n°230/2013 de la commission du 14 mars 2013 relatif au retrait du


marché de certains additifs pour l'alimentation animale appartenant au groupe fonctionnel
des substances aromatiques et apéritives.

92
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NOM Prénom : ALLARD Hélène

TITRE : Contribution à l'étude de la phytothérapie et de l'aromathérapie dans


les élevages bovins : propriétés antibactériennes et immunostimulantes de
certaines plantes.

Thèse d’Etat de Doctorat Vétérinaire : Lyon, le 17 Décembre 2015

RESUME :
La phytothérapie et l'aromathérapie correspondent aux soins des affections par les extraits de
plantes et les huiles essentielles. Dans la dynamique mondiale de réduction de l'utilisation des
antibiotiques, ces produits présentent un regain d'intérêt et leur utilisation se développe dans
les élevages bovins. Les huiles essentielles d'origan (Origanum vulgare), de thym à thymol
(thymus vulgaris CT thymol), de sarriette des montagnes (Satureja montana), de cannelle de
Chine et de Ceylan (Cinnamomum cassia et Cinnamomum zeylanicum), de lemongrass
(Cymbopogon citratus) et de tea tree (Melaleuca alternifolia) possèdent une activité
antibactérienne à large spectre contre les bactéries à Gram+ et à Gram-. Même si les études in
vitro démontrent une activité sur les bactéries isolées de lait de vaches à mammites, peu
d'études démontrent cette activité sur les bovins in vivo. De même, l'huile essentielle de tea
tree, bien que très étudiée et reconnue dans le traitement des affections cutanées, ne bénéficie
encore que de peu d'études sur les bovins. Une autre plante le ginseng (Panax ginseng),
pourrait servir d'adjuvant dans un vaccin contre Staphylococcus aureus pour prévenir les
mammites causées par cette bactérie. La législation des produits à base de plantes reste peu
adaptée. Leur prescription et leur utilisation relèvent de la seule responsabilité du vétérinaire.
Le développement de la phytothérapie et de l'aromathérapie est donc amené à évoluer.

MOTS CLES :
- Phytothérapie vétérinaire - Antibactériens
- Aromathérapie vétérinaire - Adjuvants immunologiques
- Bovins - Maladies

JURY :
Président : Monsieur le Professeur Christian DUBREUIL

1er Assesseur : Monsieur le Professeur Laurent ALVES DE OLIVEIRA


2ème Assesseur : Monsieur le Professeur Pierre GUERIN

DATE DE SOUTENANCE : 17 Décembre 2015

ADRESSE DE L’AUTEUR :
357 Route du Rosay
74700 SALLANCHES

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