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ALAIN GRIOTTERAY

A PROPOS
DES LIENS
ENTRE L E SOCIALISME E T L E FASCISME

D epuis quelques mois le débat sur les liens histori-


ques entre le socialisme et le fascisme rebondit.
Des livres, des discussions et une ferme volonté de ne plus
tomber dans les pièges du pouvoir socialiste avivent cette recher-
e
che des vraies responsabilités dans les désastres du xx siècle.
Je me souviens que, sous le septennat précédent, certains
esprits forts de la gauche se permettaient de parler du giscar-
disme comme d'un « fascisme rampant ». Nous avions sans doute
tort de hausser les épaules devant le grotesque de telles accusa-
tions. C'est ainsi, les libéraux, qui n'ont de leçon à recevoir de
personne sur ce sujet, ne savent trop comment répondre quand
on les assimile, plus ou moins directement, au fascisme. L a
réponse est pourtant simple : le fascisme et le socialisme sont
issus d'une même famille intellectuelle et leur façon de gouver-
ner connaît plus de différences de degré que de nature.
Depuis mai 1981, le pouvoir socialiste ne s'est pas privé
de « sataniser » ses adversaires, c'est-à-dire tous ceux qui ne sont
pas « l u i » , en pratiquant l'amalgame entre la droite, l'extrême
droite ou le fascisme.
Jusqu'à présent le spectre de la vie politique française a
été clairement défini.
D'un côté on y trouve les « progressistes » — ce que le
politologue François Goguel nomme aimablement « les partis du
mouvement » — qui vont des radicaux de gauche à la Ligue
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communiste en passant par le parti socialiste ou le parti commu-


niste. Ce sont les « démocrates par définition », ceux que la
pureté de leurs intentions — décrétée une bonne fois pour
toutes — a placés dans le camp des « gagnants de l'histoire ».
Nul « accident historique » ne les en fera sortir.
E n face i l y a ce que le même François Goguel nomme
« les partis de l'ordre » et qui iraient du C.D.S. au fascisme.
Car i l est entendu depuis toujours que, à la droite de la droite,
il y a le fascisme.
e
Parallèlement, l'histoire du xx siècle est simple. L a démo-
cratie de type libéral-parlementaire n'était qu'un voile dont
usaient les « classes dirigeantes » pour maintenir leur domination.
Aux premiers « craquements » dus aux retombées de la guerre
et à la crise économique de 1929, le monstre polycéphale que
constitue le « capitalisme » se réfugia dans les bras du fascisme.
Ainsi, par ce que le sociologue Jules Monnerot a nommé
un « pilotage des croyances collectives », le fascisme est devenu
cette insulte suprême de la vie politique, dont i l nous faut sans
cesse nous démarquer.
A longueur de journée s'opèrent des glissements séman-
tiques entre « nazi », « fasciste », « réactionnaire », « de droite ».
Finalement la droite est sans arrêt suspectée de vouloir faire le
lit du fascisme. A cette accusation infâme, mais constante, cer-
tains répondent par un mépris silencieux, tandis que d'autres
développent un sentiment morbide de culpabilité.

FAUSSES FENETRES ET VRAIES PARENTES

C'est peut-être cela qui est en train de changer en France.


Une véritable « réévaluation » des positions est en train de se
faire. Il y a bien longtemps qu'un tel mouvement a été engagé
chez les Anglo-Saxons où les théories d'Hannah Arendt sur le
système totalitaire ont connu une très large diffusion. De la
même façon, les théoriciens de l'école de Vienne, exilés par le
nazisme, Hayek, Mises, n'ont jamais cessé dans leurs écrits
d'analyser le fascisme et le nazisme comme i l convenait, c'est-à-
dire comme une forme de socialisme.
Récemment encore, l'historien israélien Zeev Sternhell mon-
trait dans son livre Ni droite, ni gauche la parenté intellectuelle
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entre le socialisme et le fascisme. Il n'y a pas non plus à solli-


citer l'histoire pour montrer que le parcours politique de diri-
geants fascistes prend sa source dans le socialisme. Mussolini
bien sûr, mais aussi les inspirateurs du fascisme français, Sorel,
Valois, Doriot, Déat... Quant à Hitler, il s'affirmait certes
comme « le vainqueur du marxisme » mais aussi comme son
« réalisateur ». Ses conversations avec Herman Rauschning sont,
à cet égard, très révélatrices : Hitler s'y dépeint comme un chef
socialiste.
Au-delà des mots, les parentés entre les systèmes devraient
être sans cesse soulignées.
Dans les pays du « socialisme réel » comme dans les pays
fascistes on retrouve ce rôle messianique du chef et du parti
chargés d'enfanter « l'homme nouveau ». On retrouve aussi ce
contrôle plus ou moins étendu de l'économie du pays. L'écono-
mie nazie est tout sauf l'économie dont auraient pu rêver les
industriels censés avoir porté Hitler au pouvoir. Outre les natio-
nalisations, la cartellisation forcée de la production, le contrôle
quasiment total des fonctions du marché, i l faudrait aussi évo-
quer la socialisation qu'implique le passage à l'économie de
guerre. Dans tous les cas aussi, on retrouve la suppression de
syndicats libres et le contrôle étroit de l'information.
Oui, le socialisme et le fascisme sont des frères, ennemis
peut-être, mais des frères quand même.
Mais, dira-t-on, il est un socialisme non autoritaire qui ne
peut être confondu avec le fascisme. Certes, mais le goût du
changement par les manipulations étatiques est partagé par tou-
tes les formes de socialisme. Roland Huntford, dans les Nou-
veaux Totalitaires a bien montré les dérapages liberticides que
connaît la social-démocratie suédoise par la simple hypertrophie
de l'Etat-providence. Il faudrait y songer, en France, à l'heure
actuelle.

GLISSEMENTS VERS LE FASCISME ?

Quelle est, à l'heure actuelle, la situation des libertés en


France ? O n sait que la concentration du pouvoir est extrême
et qu'elle fait peser des menaces considérables sur notre pays.
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Sans nul doute, si le « Huron » débarquait et étudiait nos insti-


tutions, i l jugerait que la liberté est une idée morte en France.
Que dire d'autre devant un pouvoir politique qui concentre entre
ses mains une part importante du pouvoir économique, la tota-
lité du pouvoir financier, l'information, et entretient des liens
privilégiés avec le syndicalisme. Il faut ici se rappeler la célèbre
trilogie qui fonde le pouvoir totalitaire selon Hannah Arendt :
monopole politique, monopole d'information et monopole syn-
dical. Cela suffit pour déterminer que la France dispose encore
de plages de liberté, mais que celles-ci sont menacées par l'im-
portance de ce pouvoir « monopoleur ». Dans le domaine de
l'information, en particulier audiovisuelle, tout est dit depuis
longtemps. Sur le plan syndical, c'est une chance historique pour
la France que les mouvements ouvriers soient divisés et, souvent,
désunis. Cela peut conduire à une certaine surenchère, néfaste
pour les entreprises, mais cela évite d'avoir une centrale syndi-
cale trop puissante qui serait entièrement contrôlée par le pou-
voir politique. Enfin, dans l'ordre politique précisément, la tenue
d'élections assez rapprochées a permis à l'opposition née en 1981
d'établir, au travers des cantonales ou des municipales, quelques
solides contre-pouvoirs.
Encore faut-il ne se faire aucune illusion. J'ai relevé dans
un livre (1) les manquements au suffrage universel constatés lors
des dernières élections municipales. Ils ne remettent pas en cause
la démocratie, mais ils indiquent des perversions graves. Au-delà
même du « bourrage des urnes » et des « votes multiples » il y a
toutes les manœuvres de découpage — dont on sait qu'elles sont
à l'étude — et surtout d'intimidation qui peuvent'influencer le
vote des électeurs. Les élections municipales marseillaises furent
« exemplaires » à cet égard.

UNE AFFAIRE EN DEUX ACTES

L a reconduite des socialistes à la mairie de Marseille tient


en trois temps.
1) une «fraude légale», c'est-à-dire l'adoption d'une loi
d'exception ;

(1) La Fraude électorale de ta gauche (Albatros).


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2) une manœuvre d'intimidation pour faire pencher la


balance, la première mesure n'ayant pas suffi ;
3) des irrégularités graves le jour du scrutin.
Sur l'adoption de la loi dite « P . L . M . » (Paris, Lyon, Mar-
seille) tout est connu. Pour chacune des villes un découpage par-
ticulier a été adopté, en espérant que les socialistes pourraient,
dans les deux premières, se tailler des « fiefs » à défaut d'em-
porter la mairie centrale et, pour la troisième, tout simplement
conserver une ville où d'innombrables abus avaient fait perdre
toute crédibilité au pouvoir en place. On sait la suite. A Paris,
comme à Lyon, les socialistes ne purent enlever aucun arrondis-
sement, en revanche, à Marseille, en étant minoritaire en voix,
Gaston Defferre a pu être réélu contre son brillant challenger,
Jean-Claude Gaudin. C'était là un exploit. Or, on ne répétera
jamais assez que c'est par ce genre d'attitudes que les partis
totalitaires arrivent ou se maintiennent au pouvoir.
Cependant, le découpage et les fraudes avérées ne suffi-
saient pas. A u soir du premier tour, la municipalité sortante
apparaissait comme très menacée. Il fallait « forcer le destin »
et ce fut l'affaire « de la synagogue », moins connue des Fran-
çais, mais pourtant très grave.
Dans la nuit du 7 au 8 mars 1983 deux hommes sont
tués par l'explosion d'une bombe avec laquelle, l'enquête devait le
révéler plusieurs semaines après, ils envisageaient de « punir »
un de leurs concurrents du « milieu ». Dans la mesure où les
deux hommes étaient fichés par la police, et connus comme de
pâles malfrats, tout devait porter à croire qu'il s'agissait d'une
affaire de racket comme il y en a, hélas ! si souvent.
Dans les heures qui suivirent l'explosion, prenant prétexte
que celle-ci avait eu lieu à quelques dizaines de mètres d'une
synagogue, Gaston Defferre multiplia les déclarations hâtives,
affirmant en particulier dans un éditorial du Provençal que « la
gauche a toujours combattu l'antisémitisme, pas la droite » et
allant jusqu'à affirmer que l'antisémitisme était une création de
la droite.
Je ne m'appesantirai pas sur les responsabilités de chacun
à l'égard de cette infamie qu'est l'antisémitisme. Il faut cepen-
dant rappeler la force d'un courant antisémite virulent au sein
de la gauche. Presque tous les pères fondateurs du socialisme en
338 LE SOCIALISME ET L E FASCISME

furent coupables. Je renvoie le lecteur aux travaux d'Annie Krie-


gel ou de F . - G . Dreyfus, parmi d'autres, sur ce point.
E n effet, au-delà de l'aspect misérable de cette accusation,
il y eut très vite la formidable campagne orchestrée pour démon-
trer que cet attentat était l'affaire de « l'extrême droite ». Le
préfet de police n'hésita pas à monter en lice pour l'affirmer
publiquement oubliant, pour le moins, le devoir de réserve où
le tenait sa fonction. Très vite — car i l y avait urgence électo-
rale... — tous les éléments d'un montage politique furent réunis
entre la droite, l'extrême droite, le S.A.C., des adhérents de
l ' U . D . F . et du R . P . R . , etc. Et l'orchestre de la désinformation
se mit en route, puissamment relayé par la presse du pouvoir
et sa télévision.
Or, i l est bien là l'engrenage du totalitarisme. Ce sont ces
pratiques qui conduisent à l'affaire Matteotti, à l'incendie du
Reichstag, ou au « complot des blouses blanches ».

APOLOGIE POUR NOS DEMOCRATIES

Churchill l'a dit une bonne fois pour toutes : « La démo-


cratie est le pire des régimes, mais c'est le seul qui vaille. » Il
est mensonger de faire du fascisme une sorte d'aboutissement
de la démocratie libérale quand celle-ci serait en crise. Lors-
qu'il s'est agi de combattre un régime méprisé — et i l est vrai
e
méprisable — c'est-à-dire la III République finissante, c'est
dans le vivier de la gauche qu'il a fallu trouver ses contempteurs.
Déat, Doriot, et tant d'autres, n'ont jamais appartenu à la droite
libérale, puisqu'ils venaient du socialisme ou du communisme.
Tant dans l'ordre politique qu'économique, le socialisme et
le fascisme sont la négation de ce que prône le libéralisme
auquel nous sommes attachés. Il serait donc temps de se défaire
de cette tunique de Nessus. Nous ne sommes pas responsables
du fascisme.

ALAIN GRIOTTERAY

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