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net/publication/276935365
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1 author:
Joël Saucin
Haute École Galilée, Bruxelles et Université de Louvain, Louvain-la-Neuve et Mons
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All content following this page was uploaded by Joël Saucin on 12 December 2018.
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réservés pour tous pays sans l’autorisation des auteurs ou de leurs ayants droit.
4
Sommaire
Articulation
Ce cours de méthodologie de la recherche se développe en deux parties :
• d’une part, préparer le futur communicateur à acquérir une démarche
scientifique en le familiarisant à une méthodologie relative à la re-
cherche appliquée, au dépouillement des documents, ainsi qu’à la ré-
daction scientifique ;
• d’autre part, lui présenter diverses méthodes et un ensemble de notions
relatives à l’activité scientifique pour lui permettre de réaliser son mé-
moire.
PLAN
Le contenu du cours est également divisé en deux parties :
1re partie : la phase préparatoire, dont :
Chapitre I — la démarche scientifique : les différents types de sciences, les
travaux scientifiques et le travail de fin d’études, les rubriques du travail
scientifique, les critères d’évaluation ;
Chapitre II — l’heuristique ou la recherche de documents : les différents
modes de recherche, les outils documentaires ;
Chapitre III — l’apparat critique et la bibliographie : les ouvrages inspira-
teurs, l’apparat critique, les normes bibliographiques.
2e partie : la mise en œuvre, dont :
Chapitre IV — problèmes d’épistémologie : la démarcation, l’objectivité, la
vérifiabilité et la falsifiabilité ;
Chapitre V — quelques principes de la méthode scientifique : les principes
de logique, de causalité et de synchronicité ;
6 Méthodologie de la recherche
6
Introduction
Descriptif du cours
Acquis d’apprentissage
Au terme de l’activité d’apprentissage, l’étudiant :
1. mène le processus cognitif et méthodologique lui permettant de définir
une thématique de travail/projet pertinente pour le domaine de
recherche en management d’évènements ;
2. problématise la thématique définie au préalable dans un contexte
précis ;
3. comprend, choisit et mobilise les méthodes et techniques de recherche
en sciences sociales appliquées au management d’évènement ;
4. planifie de manière rigoureuse les étapes de réalisation de son article ;
5. maîtrise les principes essentiels de l’écriture scientifique et est capable
de les appliquer à la rédaction de son travail ;
6. maîtrise l’argumentation et la présentation d’un travail ;
7. maîtrise les règles de citation et de référencement bibliographique
propres à un travail scientifique et est capable de les mettre en œuvre
dans la rédaction de son travail.
8 Méthodologie de la recherche
Compétences référentielles
8
Introduction 9
Joël SAUCIN,
le 25 septembre 2018.
9
10 Méthodologie de la recherche
10
Première partie
La phase préparatoire
12 Méthodologie de la recherche
12
Présentation de la démarche scientifique 13
CHAPITRE I
PRÉSENTATION DE LA DÉMARCHE
SCIENTIFIQUE
Introduction
13
14 Méthodologie de la recherche
Un système formel est un système fermé qui construit son objet sans ré-
férence à l’expérience. Il comporte des procédures permettant de séparer
les propositions vraies des propositions fausses.
Les sciences formelles pures comprennent principalement la logique et
les mathématiques. Ces sciences sont constituées de signes et procèdent par
déduction, afin de révéler leur logos.
Un système axiomatique est un cas particulier de système formel. Il
permet de formuler une série de propositions à partir de deux types de spé-
cifications :
1 ° un ensemble d’axiomes ;
2 ° un certain nombre de règles de déduction.
14
Présentation de la démarche scientifique 15
15
16 Méthodologie de la recherche
aux savoir-faire qui sont considérés comme déterminants pour une réussite dans les
métiers de la communication.
Art. 5. § 2. – Chaque section produit, à destination de ses étudiants, un vade-
mecum décrivant les différentes étapes du travail de MFE. Chaque année, ce
vade-mecum est avalisé par le Conseil de catégorie lors de sa séance de mai ou de
juin. Il a valeur d’addendum au présent règlement et est mis à la disposition
des étudiants et des encadrants.
§ 3. — Le MFE se compose de deux épreuves (à l’exception des Masters orphe-
lins) : un mémoire médiatique, réalisé en groupe, et un mémoire théorique, réalisé
individuellement.
§ 5. – Le mémoire théorique est constitué d’un article répondant aux exi-
gences suivantes : un sujet au choix de l’étudiant pour lequel il ne se contente-
ra pas de faire un état de la question, mais sera capable d’apporter un point de
vue neuf ou personnel et bien argumenté. Il ne peut s’agir ici de simple compilation
ni de la simple découverte d’un domaine de recherche. Il faut que l’étudiant fasse
preuve d’une démarche intellectuelle originale et d’une réelle maîtrise du sujet
choisi. C’est pourquoi il est conseillé à l’étudiant de choisir a priori un sujet en rela-
tion avec sa spécialisation de master ou avec son stage, ou, selon les cas, avec ses
recherches et travaux précédents de MFE, ou avec tout sujet qu’il maîtriserait
déjà par ailleurs. Le choix du sujet sera justifié dans le texte par l’étudiant. Le
thème de l’article doit être déposé au secrétariat (formulaire ad hoc) la première
semaine complète de février.
Les responsables de chacune des sections fixent dans leur vade-mecum les
normes relatives aux articles de leur section. En termes de volume, tous les articles
seront compris entre 60 000 et 90 000 caractères, espaces comprises (soit entre
10 0 00 et 15 0 00 mots ou entre 20 et 30 pages), annexes et sources non comprises.
Il comprend en outre un résumé de 20 lignes maximum en français, en anglais et
en néerlandais ou en allemand.
L’article sera conforme aux normes et principes dont il est question aux ar-
ticles 16 et 17, sauf si l’article est destiné à une revue spécifique. Dans ce cas
d’exception, et formellement approuvé par le président de section, l’étudiant
fournira un exemplaire de cette revue ou une copie, ainsi que les exigences
formelles de son comité de rédaction, afin de permettre au jury de juger de la
conformité de l’article présenté (mise en page, typographie, apparat critique, mé-
thodologie scientifique, etc.) avec ces exigences.
Art. 6. – Avec le stage, le mémoire de fin d’études fait partie des travaux person-
nels exigés de l’étudiant au terme de ses études. Il doit être au moins déposé pour
que l’étudiant puisse participer à la première ou s’inscrire à la seconde session
des examens de fin d’études.
16
Présentation de la démarche scientifique 17
1
Le plagiat, selon le Petit Robert, est un vol littéraire. Le plagiaire copie, emprunte ou imite
les idées ou l’œuvre d’autrui sans en indiquer la provenance par le biais d’une référence.
Le plagiaire est donc une personne qui pille ou démarque les ouvrages des auteurs. Il y a
plagiat, non seulement, lorsqu’un auteur emprunte une ou plusieurs phrases à un autre
auteur sans en faire référence, mais également, lorsqu’un auteur emprunte ou résume
une ou plusieurs idées exprimées par un tiers sans le mentionner.
17
18 Méthodologie de la recherche
18
Présentation de la démarche scientifique 19
Durant ses cinq années d’étude, l’étudiant devra fournir un certain nombre
de travaux scientifiques, dont le mémoire final. Traditionnellement, l’IHECS
reconnaît comme également intéressants, non en soi, mais en tant
qu’adaptés tous et chacun à la recherche contemporaine en communication
appliquée, plusieurs genres de travaux :
Afin d’expliquer les différentes rubriques de l’article 18, nous nous baserons
sur le mémoire de validation d’hypothèse(s).
19
20 Méthodologie de la recherche
Art. 18. – Un travail théorique doit toujours être paginé sans solution de continui-
té. Il ordonne ses matières selon un ordre obligé, qui se présente comme suit :
1. Page de titre, où se trouvent mentionnés successivement :
a. HAUTE ÉCOLE GALILÉE — INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES DES COMMU-
NICATIONS SOCIALES ;
b. le titre du travail, et son sous-titre éventuel ;
c. la mention : Travail présenté dans le cadre du Mémoire de fin d’études pour
l’obtention du titre de [..] Master en Communication — Management
d’événements
d. par X (prénom et nom de l’étudiant ou des étudiants) ;
e. Promoteur : titre Prénom Nom
f. les lieux et date de présentation (ex : Bruxelles - juin 2019).
2. L’épigraphe éventuelle, la dédicace éventuelle et les remerciements (obli-
gés conventionnellement). Doivent être cités nommément tous les membres
du personnel qui ont assumé l’encadrement du MFE en vertu des disposi-
tions du présent règlement.
3. L’avant-propos éventuel du mémorant.
4. L’introduction.
5. Les sigles et abréviations (si nécessaire).
6. Le corps du travail.
7. La conclusion.
20
Présentation de la démarche scientifique 21
8. La bibliographie
9. Éventuellement l’index des noms propres et des sujets traités.
10. Les annexes (sauf si elles sont brochées à part).
11. La table des matières, paginée.
12. En quatrième de couverture, les résumés en français, anglais, néerlandais ou
allemand.
La préface
La préface est un discours préliminaire rédigé par un tiers qui est souvent
considéré comme un spécialiste dans le domaine. Ce texte, placé en tête
d’un ouvrage, le présente et le recommande aux lecteurs. Certaines préfaces
ont fait figure de manifestes littéraires, telle celle de Cromwell, de Victor
HUGO, pour le romantisme, ou celle de Pierre et Jean, de Guy de MAUPAS-
SANT, pour le réalisme. En outre, certaines préfaces peuvent s’avérer un
excellent résumé critique de l’œuvre qui suit. C’est le cas de la préface réali-
sée par Paul RICŒUR pour l’édition en langue française de La Condition de
l’homme moderne d’Annah ARENDT.
L’avant-propos
L’introduction
Il s’agit d’un texte préliminaire en tête d’un ouvrage qui sert de préparation
à l’étude proprement dite.
21
22 Méthodologie de la recherche
En résumé :
22
Présentation de la démarche scientifique 23
2
Ces termes peuvent être des concepts, des fonctions, des percepts ou des affects. Il y a
lieu de distinguer ceux-ci des représentations sociales ou des définitions fournies par les
dictionnaires. Pour de plus amples informations cf. (DELEUZE & GUATTARI, 1991, 21-206),
(STENGERS & SCHLANGER, 1991) et 2e partie du syllabus.
23
24 Méthodologie de la recherche
Que l’étudiant opte pour sa propre méthode de travail ou pour une mé-
thode ayant fait ses preuves, il devra justifier l’emploi de celle-ci.
Ces divers points visent à m ieux faire com prendre le titre, qui
doit exactem ent recouvrir le sujet traité, tant du point de vue
de la m atière que de celui des cadres. L’auteur déclare les ob-
jectifs de son travail et précise de quelle manière il espère
augmenter les connaissances existantes.
Le corps du mémoire
24
Présentation de la démarche scientifique 25
1 ° Les titres des chapitres doivent être significatifs et résumer leur contenu.
2 ° Chaque chapitre commence par un paragraphe introductif qui pré-
sente le sujet.
3 ° Les paragraphes suivants reprennent en les détaillant, chacune des idées
émises. Chaque paragraphe est consacré à une seule idée.
4 ° Le dernier paragraphe est une conclusion qui synthétise et résout, si
c’est le cas, les questions principales.
La conclusion
25
26 Méthodologie de la recherche
1 ° Elle doit reprendre les idées maîtresses et synthétiser les conclusions par-
ticulières de chaque chapitre.
2 ° La conclusion finale répond aux questions posées dans l’introduction.
3 ° Elle peut également constater les éventuelles carences et lacunes.
4 ° Elle doit surtout ouvrir de nouvelles perspectives ou orientations de re-
cherche, en posant de nouvelles questions et en évaluant l’acquis.
Les annexes
La bibliographie
26
Présentation de la démarche scientifique 27
veau universitaire de la formation et des diplômes délivrés par l’IHECS. Plus large-
ment, ces règles visent :
1. à garantir le respect de la propriété intellectuelle ;
2. à rendre possible le contrôle du bien-fondé de ce qui est avancé, tant pour
l’ensemble que pour le détail ;
3. à rendre possible le progrès des connaissances.
Cet ensemble de règles peut être catégorisé de la manière suivante :
1. Le référencement des sources, lequel s’opère à trois niveaux :
1.1. La bibliographie (en fin de volume)
1.2. L’apparat critique in textu (dans le texte)
1.3. Les ouvrages « inspirateurs » (dans l’introduction)
2. La rédaction scientifique, laquelle comprend les éléments suivants :
2.1. La citation textuelle (mot à mot)
2.2. La paraphrase (reprise de l’idée d’autrui)
2.3. La légende d’illustration
2.4. Le recours à internet
Il existe au sein de la communauté scientifique plusieurs systèmes de référencement
des sources. Par souci de pragmatisme et de clarté, l’IHECS impose le modèle au-
teur-date de l’APA (American Psychological Association), très largement employé
dans le secteur des sciences humaines à travers le monde. Les étudiants se réfè-
rent à ce modèle à tous niveaux (référencement des sources, rédaction scienti-
fique et règles pour la constitution de la bibliographie). La seule exception à ce mo-
dèle est l’interligne 1,5 exigé à l’IHECS pour tous les travaux de fin d’études, contrai-
rement au double interligne imposé dans les modèles internationaux.
La majorité des règles importantes sont reprises dans le document « écriture aca-
démique, apparat critique et bibliographie » qui se trouve sur la plateforme
Learn (learn.ihecs.be). Le site officiel de l’APA (apastyle.org) et le livre Concise
Rules of APA Style sont des sources intéressantes pour la plupart des questions des
étudiants. Enfin, pour tout arbitrage, le Publication Manual of the American Psy-
chological Association, Sixth Edition, publié en 2009 (Washington : American
Psychological Association) est l’ouvrage de référence, disponible à la biblio-
thèque de l’IHECS.
La bibliographie doit être la plus exhaustive possible et signale unique-
ment les ouvrages qui furent utilisés ou cités dans le cadre du travail.
Les divers documents (livres, articles, disques, films, interviews...) sont repris
par ordre alphabétique de noms d’auteurs (et éventuellement de pério-
27
28 Méthodologie de la recherche
L’index
Il est de plus en plus fréquent de les regrouper par ordre alphabétique des
termes en un seul index général.
Les tables
Elle reprend les titres des chapitres et les éventuels sous-titres, de même
que le type de divisions employées (chiffres romains ou arabes et lettres ma-
juscules ou minuscules). Elle doit être obligatoirement paginée .
28
Présentation de la démarche scientifique 29
29
30 Méthodologie de la recherche
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Présentation de la démarche scientifique 31
Art. 57. § 1. – Une présentation et défense orale de l’article réalisé dans le cadre du
mémoire de fin d’études se fait au plus tôt dans le courant de la première session
et au plus tard de la seconde session d’examens de MA2.
§ 2. – L’étudiant qui ne respecte pas les délais de programmation des études ou qui
échoue à la dernière session utile est tenu, s’il souhaite obtenir le diplôme, de se ré-
inscrire comme étudiant régulier de MA2.
§ 3. – Chaque étudiant a droit au maximum à deux sessions de présenta-
tion/défense, parmi celles organisées par l’IHECS ; si le mémoire est défendu en se-
conde session, l’étudiant n’a droit qu’à cette unique session.
Art. 58. § 1. – Le jury d’évaluation de l’article est composé de trois membres : le
président, le promoteur et le lecteur.
§ 2. – La présidence est assurée par le directeur de catégorie ou son délégué.
§ 3. – Les lecteurs, désignés par le CCAT sur proposition de la Commission des travaux
théoriques de mémoire, sont choisis parmi les membres du personnel directeur et
enseignant de l’IHECS, et/ou, en dehors, parmi des personnalités compétentes dans
le domaine du mémoire. Chaque mémorant sera informé dans le courant du mois
d’avril de MA2 de la composition probable de son jury. Cette probabilité ne saurait
empêcher que se produisent des cas urgents ou de force majeure, où le directeur de
catégorie, ou son délégué est habilité par le CCAT à procéder à un remplacement
d’office.
Art. 59. § 1. – Le promoteur dispose de 40 % des points, attribués intégrale-
ment avant la défense orale : la cote est remise à ce moment au président, ac-
compagnée d’un commentaire écrit justificatif. Le lecteur dispose de 40 % des
points, la moitié (20 %) étant attribuée après lecture et remise au président
avant la défense orale accompagnés d’un justificatif écrit contenant également
quelques-unes des questions qu’il compte poser lors de la défense, et le solde (20 %)
étant attribué après la défense orale. Le président dispose de 20 % des points, at-
tribués après la défense orale.
31
32 Méthodologie de la recherche
32
Présentation de la démarche scientifique 33
Le sujet de l’article a-t-il été bien choisi ? (Art. 4) (Ni trop ambitieux ni in-
signifiant pour un article de 30 pages.)
Le sujet de l’article a-t-il une certaine originalité, n’est pas banal ?
Le titre correspond-il au sujet effectivement traité ?
Le sujet a-t-il été suffisamment balisé par X (il n’est pas vague) ?
Autres :
DÉVELOPPEMENT GÉNÉRAL DE L’ARGUMENTATION
33
34 Méthodologie de la recherche
34
Présentation de la démarche scientifique 35
X prend-il en compte dans son travail des arguments consistants qui pour-
raient être émis par des défenseurs d’une position différente de la
sienne ?
X parvient-il à dépasser, de façon argumentée, la simple confrontation de
points de vue opposés ?
Dans le traitement du sujet, en particulier au niveau des conclusions, voit-
on apparaître la personnalité de X, une prise de position personnelle rai-
sonnée, voire un certain engagement par rapport au sujet choisi ?
Autres :
Questions repères pour le promoteur de l’article
Au cours de l’élaboration de l’article, l’assiduité de l’étudiant était-elle cor-
recte ?
L’étudiant a-t-il manifesté une bonne capacité de correction ?
L’étudiant s’est-il bien impliqué dans son travail ?
Question pour le président du jury
Par rapport aux autres articles ihecsiens dont vous avez présidé la séance
de défense orale, celui-ci vous paraît-il d’une qualité plutôt excellente (A),
très bonne (B), bonne (C), satisfaisante (D), passable (E), insuffisante (F) ?
35
Chapitre 2
La recherche documentaire
Introduction
Il est nécessaire, et même indispensable, pour le communicateur, de pou-
voir se documenter de manière rapide et judicieuse, sur n’importe quel su-
jet. Les situations ne manqueront pas. Exemples :
• rédaction d’un article de fond sur un problème politique quel-
conque ; d’un article « documenté » ; d’un éditorial,
• confection d’un catalogue d’exposition (éducation permanente),
• recherche de renseignements biographiques concernant un interlo-
cuteur à rencontrer,
• recherche d’un emploi,
• réalisation du mémoire théorique,
• recherche de notions d’histoire de l’art pour la réalisation d’une pu-
blicité, etc.
On peut multiplier les exemples à l’infini. Toutes les situations sont diffé-
rentes, variées comme sont les relations humaines. Le problème ici sera
d’éviter ce qui manque d’intérêt et de ne pas rater par ailleurs un docu-
ment capital. Dans la recherche scientifique, on recherchera l’exhaustivité.
En matière de communication sociale, il vaut mieux viser d’abord la perti-
nence. Le communicateur a rarement l’occasion de consacrer beaucoup de
temps à se documenter. Il doit être à même de rassembler la meilleure do-
cumentation possible en un minimum de temps.
Il y a plusieurs manières de s’y prendre et chacun en arrive à mettre au
point le système qui lui convient le mieux. Nous allons d’abord évoquer une
manière pratique, immédiate, puis nous parlerons de la manière scienti-
fique.
38 Méthodologie de la recherche
La manière pratique
1. On recherche des informations sur Internet via Google, Yahoo ou
d’autres moteurs de recherche.
2. On peut opérer d’emblée dans une bibliothèque (« lèche-rayons »).
3. On peut consulter d’abord un ou plusieurs experts de la question.
Demander les tendances récentes de la recherche. Demander les
ouvrages de base. Pour cela, rien de tel qu’une bonne liste
d’adresses et de bons contacts avec certains milieux (information,
universités, bibliothèques, etc.).
4. À partir de ces contacts, on pratique un système de « boule de
neige » : les premiers ouvrages, les premiers contacts, en indiquent
d’autres.
5. Dans cette manière de procéder, il faut être attentif :
a. aux auteurs et titres d’ouvrages cités souvent,
b. aux ouvrages les plus récents.
6. On réinterrogera, le cas échéant, le spécialiste, pour écarter ce qui
est hors de propos.
La méthode scientifique
Pour trouver de manière scientifique une information, on procède par
étapes :
1 ° Délimiter le problème et son cadre théorique. Se faire une idée assez
précise du domaine envisagé. Préciser les thèmes abordés, consulter
éventuellement l’un ou l’autre expert de la question et décomposer le
sujet en quelques mots-clés ;
Au départ de cette démarche : analyse logique du problème posé (cf. la
logique booléenne) ; délimitation du cadre théorique. Il faut se faire une
idée assez précise du domaine envisagé et découvrir un certain nombre
de thèmes généraux qui décomposent le sujet central. On trouve ainsi
une première liste de « mots-clés ».
2 ° Consulter des encyclopédies1 (dont Wikipedia, l’Encyclopaedia Uni-
versalis ou l’Encyclopaedia Britannica) et des dictionnaires. Découvrir
ainsi de nouveaux aspects auxquels on n’avait pas pensé du premier
coup ;
1
De nombreuses bases de données, encyclopédies spécialisées ou non, et dictionnaires sont
maintenant disponibles sur Internet.
38
La recherche documentaire 39
39
40 Méthodologie de la recherche
40
La recherche documentaire 41
41
42 Méthodologie de la recherche
Comme nous allons le voir, nombreuses sont les bibliothèques qui appar-
tiennent à deux ou plusieurs de ces catégories.
Les bibliothèques de lecture publique
Les bibliothèques publiques sont celles qui desservent une collectivité ou
une région. Moyennant une cotisation minimale, elles mettent à la disposi-
tion du public un ensemble de documents couvrant un très grand nombre
de domaines pouvant répondre aux besoins les plus variés. Ce sont les bi-
bliothèques locales (communales), principales (agglomérations ou fédéra-
tions de communes), centrales (provinciales, régionales ou communau-
taires), itinérantes, spéciales (pour les personnes qui ne peuvent fréquenter
les autres bibliothèques publiques) ou libres (paroissiales) qui sont recon-
nues par les Communautés. Parmi ces bibliothèques de lecture publique,
signalons celle des Riches-Claires, située rue des Riches-Claires, entre la
Bourse et l’IHECS. Adresse : rue des Riches Claires 24 à 1000 Bruxelles. Ho-
raires : à part le dimanche, elle est ouverte tous les jours de 13 h à 18 h,
sauf le vendredi, de 10 h à 19 h, et le samedi, de 13 h à 15 h. Téléphone :
02 548 26 10.
Les centres de documentation et les bibliothèques spécialisées
Les bibliothèques spécialisées relèvent d’une association ou d’une
organisation publique ou privée et leurs collections concernent une
discipline bien déterminée. Il s’agit des bibliothèques administratives (ou de
ministères), des bibliothèques ecclésiastiques (diocésaines, monastiques,
abbatiales), des bibliothèques d’entreprises, des bibliothèques de
recherche, et des bibliothèques de sociétés savantes. Le centre de
documentation de l’IHECS figure dans cette catégorie. Ce centre
est spécialisé dans les domaines du journalisme et de la communication.
Cet espace comprend des ouvrages de référence ou de base, des revues
scientifiques, des magazines professionnels, des documents
audiovisuels, mais également des ouvrages usuels tels que des
dictionnaires, encyclopédies, répertoires, annuaires ainsi qu’une collection
de mémoires de fin d’études. Un espace et des stations de travail
sont également mis à la disposition des étudiants à cet étage. Une salle de
presse avec les principaux titres de la presse quotidienne est également
accessible aux étudiants en journalisme. Contact :
etienne.magain@galilee.be
42
La recherche documentaire 43
43
44 Méthodologie de la recherche
Les bibliothèques de l’Université catholique de Louvain sont ouvertes à
tous, que l’on soit ou non étudiant. Elles mettent à votre disposition des
œuvres, des revues papier ou électroniques, des bases de données, une
multitude d’outils pour mener à bien vos recherches.
Les bibliothèques, ce sont également des espaces de travail, des formations
pour utiliser efficacement nos services.
(https://uclouvain.be/fr/bibliotheques/infos.html)
Parmi celles-ci, il y a celle de l’Université Saint-Louis.
« La bibliothèque de l’Université Saint-Louis comprend :
Une bibliothèque générale et de philosophie et lettres,
une bibliothèque de droit
une bibliothèque des sciences économiques, sociales, politiques et de
communication
un centre de documentation européenne
un fonds “Traduction-Interprétation” disponible sur le site de l’Institut libre
Marie Haps.
Lieux de travail privilégiés, les salles de lecture sont adaptées aux exigences
des baccalauréats. La politique d’acquisitions est aussi attentive aux besoins
des doctorats et des masters complémentaires.
Ces dernières années, la multiplication des centres de recherche dans les
trois Facultés, le dynamisme de ceux-ci et la création d’un Institut d’études
européennes ont stimulé le développement de fonds spécialisés, notamment
sous format électronique.
Membre de l’ASBL “Bibliothèque interuniversitaire de la Communauté
française de Belgique (BICfB)”, la bibliothèque participe avec les cinq autres
institutions universitaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles à des
acquisitions en consortium de documentation électronique et au
développement en commun de projets informatiques. La bibliothèque de
Saint-Louis inscrit ses projets dans le cadre de BOReAL, réseau des
bibliothèques de l’UCL, de L’UNamur et de Saint-Louis. »
(http://www.usaintlouis.be/sl/bib_presentation.html)
Il y a également pour les sciences humaines et la communication deux
bibliothèques intéressantes à Louvain-la-Neuve.
BSPO —Bibliothèques des sciences économiques, sociales, politiques et de
communication au Collège J. Leclercq, Place Montesquieu 1 à 1348 Louvain-
la-Neuve. Téléphone : 010.47.41.66
44
La recherche documentaire 45
CP
Enfin, il existe aussi une bibliothèque à l’UCLouvain à Mons qui se trouve à
la chaussée de Binche 151 à 7000 Mons.
Elle est localisée dans le bâtiment des cours (bâtiment D), au rez-de-
chaussée. Elle est généralement accessible du lundi au jeudi, de 9 h à 21 h,
et le vendredi et le samedi, de 9 h à 17 h. Vous pouvez téléphoner au
065.32.32.57 ou envoyez un courriel à bims@uclouvain.be
Les bibliothèques l’UNamur
Aux facultés universitaires Notre-Dame de la Paix, il existe deux biblio-
thèques ouvertes au public : la Bibliothèque universitaire Moretus Plantin
et celle de la Faculté de Droit
(https://www.unamur.be/bump/consultations)
Bibliothèque universitaire Moretus Plantin
Rue Grandgagnage 19, 5000 Namur
+32 81 72 46 46
Les bibliothèques de l’Université de Mons
Les bibliothèques de l’UMons, si elles s’adressent en priorité à la commu-
nauté universitaire montoise, n’en sont pas moins accessibles à tous, cher-
cheurs et curieux, car elles entendent contribuer à la vie intellectuelle et
culturelle de la région dans laquelle elles sont implantées.
L’UMONS offre à ses chercheurs et à ses étudiants les ressources
de neuf bibliothèques. Outre la Bibliothèque centrale dont les collections
sont axées sur les sciences humaines et qui abrite également les fonds pa-
trimoniaux, il existe des bibliothèques facultaires spécialisées.
PHENIX offre un accès gratuit au patrimoine documentaire de l’Université
de Mons. Cette BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE de l’UMONS s’adresse tant aux
chercheurs qu’au grand public et s’inscrit, de cette manière, dans une
dynamique visant à placer la culture à la portée de tous.
Adresse : rue Marguerite Bervoets, 2 à 7000 Mons
Tél. 065/37.30.55
bibliotheque.centrale@umons.ac.be
Horaire : du lundi au vendredi de 8 h 30 à 17 h
(https://web.umons.ac.be/fr/bibliotheques/bibliotheques-de-lumons/)
Les bibliothèques de l’Université de Liège
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46 Méthodologie de la recherche
46
La recherche documentaire 47
47
48 Méthodologie de la recherche
2
La cote est un ensemble de lettres et de chiffres qui indiquent le classement de l’ouvrage (un
peu comme au « combat naval ») ; elle renseigne le rayon où il se trouve.
48
La recherche documentaire 49
rayon, etc.). À ce moment-là, il faudra les commander comme dans les bi-
bliothèques traditionnelles.
Les bibliothèques traditionnelles : Comment commander un livre ?
Certains ouvrages des bibliothèques traditionnelles sont en fait depuis tou-
jours en consultation directe : il s’agit principalement des bibliographies,
des dictionnaires, des encyclopédies et de certains ouvrages généraux. On
les trouve souvent dans la salle de lecture ou dans une salle spéciale (salle
des bibliographies ou salle des livres de référence, par exemple). Ils y sont
accessibles sans problème ni perte de temps. Mais la plupart des livres ne
sont pas disponibles. Il faut les commander au moyen de bulletins spéciaux
à remettre au « comptoir ». Après une attente variable (il faut souvent
compter une bonne heure, sinon plus), le livre pourra être retiré à ce même
comptoir... à moins que vous n’appreniez qu’il est déjà « en lecture » !
L’accès aux périodiques
Très souvent les périodiques sont regroupés en un même endroit qu’on
appelle d’ordinaire salle des périodiques si cet endroit est localisé à part.
Qu’il s’agisse de la bibliothèque traditionnelle ou de la bibliothèque en ac-
cès direct, les périodiques sont la plupart du temps en accès direct en ce qui
concerne les numéros de l’année en cours et doivent être commandés en
ce qui concerne les numéros antérieurs. Il y a souvent à cela des raisons
pratiques, notamment l’espace disponible.
Réservation et prêt d’ouvrages
Réservation
Dans certaines bibliothèques, il est possible de demander qu’un livre en-
tamé vous soit réservé. Autrement dit, qu’il soit momentanément indispo-
nible pour tout lecteur autre que vous, tout en restant dans la bibliothèque.
Moyennant une formalité à remplir, cette opération permet de gagner du
temps sans devoir emprunter le livre. Un certain délai est imposé (par
exemple : une semaine maximum).
Prêt de livres
Certaines catégories d’ouvrages ne peuvent jamais être empruntées : dic-
tionnaires, bibliographies, encyclopédies et généralement toutes les revues.
Il faut les consulter sur place. Passons sur le cas des ouvrages rares et des
49
50 Méthodologie de la recherche
archives où une permission spéciale est déjà nécessaire... pour les consul-
ter. Les modalités d’emprunt ressemblent à celle de la commande d’un livre
en lecture : il suffit de remplir un bulletin spécial. Dans certains cas, la
contre-signature d’un professeur sera parfois nécessaire, mais cette forma-
lité tend à disparaître. Beaucoup d’étudiants ont connu cette nécessité as-
sez formelle de faire signer par un professeur un tas de tels bulletins... en
blanc. Il y a toujours un délai d’emprunt, parfois renouvelable, assorti géné-
ralement de sanctions pour retard.
Rapports inter bibliothèques
Des accords existent entre un bon nombre de bibliothèques importantes de
Belgique et entre pas mal de celles-ci et des bibliothèques étrangères. Par
ce biais, il est notamment possible d’avoir en lecture — et parfois même
d’emprunter — des ouvrages qui se trouvent dans d’autres bibliothèques
que celle où la commande est faite. C’est une pratique courante au moyen
du « bulletin circulaire ». De plus, il existe aussi des possibilités de consulter
d’ici les fichiers des bibliothèques étrangères européennes, voire des États-
Unis, par la voie des réseaux informatiques internationaux.
50
51 Méthodologie de la recherche
Chapitre 3
Écriture académique
Un manuscrit à caractère scientifique doit être bien structuré et
l’argumentation doit être fluide. De manière générale, ne dites que ce qui
52 Méthodologie de la recherche
Italique
Dans le corps du texte, l’utilisation de l’italique est réservée aux titres de
publication, qui ne sont donc pas indiqués par des guillemets, contraire-
ment aux parties d’ouvrage. Ainsi, le titre d’un album de musique doit être
en italique, sans guillemets, et le titre d’une chanson entre guillemets. Le
titre d’un livre doit être en italique, celui d’un chapitre entre guillemets.
L’italique est également utilisé pour les expressions en langue étrangère qui
n’ont pas d’équivalent dans la langue principale du texte.
Citer et modifier une citation
Tout travail scientifique s’appuie sur de nombreux travaux antérieurs qui
constituent la fondation théorique de ce travail. Afin de montrer que vous
maîtrisez bien votre sujet et que vous êtes l’auteur d’un texte original, et
pas d’un ensemble de références et citations qui ressembleraient à un état
de la question, veillez le plus possible à intégrer vos citations directes et
indirectes à votre texte. Ce faisant, il vous faudra parfois adapter la citation
pour qu’elle respecte votre syntaxe, ou compresser la citation afin de n’en
garder que l’essentiel. Dans ces cas, indiquez tout changement en enca-
drant les mots modifiés par des crochets, et remplacez les parties de cita-
tions jugées inutiles par trois points espacés sans crochet.
Exemple Sylvain Desmille postule que « techno et rap sont comme les deux
frères ennemis de la fondation de Rome : dans leurs veines coule le même
sang, mais ils s’opposent radicalement sur la forme, les moyens et les fins.
Quand le rap privilégie la stratégie de l’opposition… la techno refuse de se
déclarer en état de siège » (2010, p. 90).
Exemple Bereni conteste le fonctionnement des partis conservateurs,
« l’idéologie dominante [y étant] plus explicitement acceptée comme une
norme » (2012, p. 245).
Pour les citations de moins de 40 mots environ, il faut impérativement
mettre la citation entre guillemets. Si la citation est plus longue, allez à la
ligne et utilisez un retrait pour toute la citation. C’est la citation en bloc
(block quote), qui ne requiert pas de guillemets.
54 Méthodologie de la recherche
Apparat critique
La science ne se construit pas de façon individuelle, d’où le principe d’un
savoir qui se construit, sur base de théories et vues d’autrui. C’est de là que
vient l’exigence de montrer d’où l’on tire son savoir. À tout moment dans le
texte, il est donc fondamental de savoir qui parle, grâce à l’usage de
l’apparat critique.
L’apparat critique est compris à l’IHECS dans son sens le plus large, à savoir
l’ensemble des références utilisées dans le corps de l’ouvrage, pour étayer
tel et tel élément du travail. Comme pour toutes les autres règles, il suit le
modèle auteur-date de l’APA, imposé à l’IHECS. Afin de faciliter le travail du
lecteur, les normes de publication de l’APA sont très précises quant au for-
mat de ces références, qui renvoient par ailleurs à la source complète qui se
trouve dans la liste des sources. Il est impératif que cette référence corres-
ponde strictement à l’entrée classée alphabétiquement dans cette liste (cf.
point 3).
Écriture académique, apparat critique et bibliographie 55
Règle générale
La règle générale est de citer systématiquement dans le texte, pour toute
référence directe (citation) ou indirecte (reprise d’une idée, paraphrase,
référence générale…) à un auteur ou un document, l’auteur, la date, et la
(les) page(s) concernées. Cette clef (Auteur, date, p.) permettra sans équi-
voque de toujours retrouver la référence complète dans la liste des sources,
et elle permet sans trop interrompre le texte de savoir qui parle à quel
moment.
Exemple 1 si les séries télévisées de qualité constituent des objets d’analyse
fascinants, « les productions courantes, moyennes ou franchement mau-
vaises… méritent attention pour les enseignements qu’elles fournissent sur
l’état d’esprit des sociétés qui les plébiscitent » (Chollet et Pieiller, 2010,
p. 4).
Lors de la première référence à un auteur, il est de bon ton de citer les nom
et prénom de l’auteur dans le texte, éventuellement accompagné de
l’année de référence, et de laisser seul le numéro de page entre paren-
thèses.
Exemple 2 comme le dit Edgard Morin à propos des stars, « Marylin Mon-
roe, Brigitte Bardot, parties toutes nues, sont devenues femmes totales,
multidimensionnelles ; déesses de l’écran et grandes filles toutes simples,
elles rayonnent de sexe et d’âme » (1972, pp. 32-33).
Exemple 3 en 1970, Jean Baudrillard faisait déjà remarquer que la société
de consommation peut mener à « un schème généralisé de la vie indivi-
duelle et sociale régie par la logique de marchandise » (p. 307).
Un auteur, plusieurs ouvrages
Si vous voulez référencer plusieurs ouvrages d’un même auteur (ou mêmes
auteurs), ils seront distingués par leur date de publication. Si un même au-
teur a publié plusieurs ouvrages une même année, ajouter la lettre a, b, c...
à côté de l’année dans la référence entre parenthèses, ainsi que dans la
liste de références en fin de travail, en suivant l’ordre alphabétique des
titres d’ouvrage.
Exemple (Fiske, 1989a, p. 28)
56 Méthodologie de la recherche
Plusieurs auteurs
Sauf s’ils sont plus de cinq, citez tous les auteurs la première fois, puis uni-
quement le nom du premier auteur, suivi de « et al. ». S’ils sont plus nom-
breux encore, ne donnez que le premier auteur suivi de « et al. » dès la
première référence.
L’auteur est une personne morale (association, groupement...)
Il arrive que des ouvrages ne soient pas signés par une personne physique,
mais bien par une personne morale. Lors de la première citation, mention-
nez le nom de l’association en entier. Par la suite, utilisez une abréviation.
Pas de personne physique comme auteur (et articles de presse)
Pour les articles de presse qui ne référencent pas de personne physique
comme auteur, on utilise le titre comme référence, suivi de la date entre
parenthèses.
Plusieurs références
Si dans un paragraphe une idée ou un concept proviennent de plusieurs
ouvrages différents, mentionnez les différentes références dans une seule
parenthèse, avec un point-virgule entre ces différentes références.
Exemple plusieurs études (Dorrow et O’Neal, 1979 ; Murray, 1970 ; Smith et
al., 1990) suggèrent que...
Référence secondaire
Bien qu’il soit toujours conseillé de consulter de la littérature originale, les
documents scientifiques font (presque) toujours référence à de nombreux
travaux. Si vous souhaitez faire référence à un de ces travaux cités dans le
document que vous avez en main, donnez d’abord l’auteur de la citation,
suivi de « cité par » l’auteur du document que vous avez en main. Dans la
liste des sources figurera bien l’auteur référencé (celui dont vous tenez le
document en main).
Exemple en 1998, Smith (cité par Hall, 2011, p. 28) a montré que...
Écriture académique, apparat critique et bibliographie 57
Interviews
Si vous voulez faire référence à une information qui n’est pas publiée, mais
que l’on a obtenue au cours d’une interview (personnelle, téléphonique, e-
mail, etc.), il convient de la rapporter à son auteur, qui est en fait
l’interviewé, en indiquant son nom, ainsi que la date précise. Toutes les in-
formations disponibles se retrouveront dans la liste des sources.
Exemple (Moens, 15 novembre 2012)
Si l’interview a été publiée, on fera référence à cette dernière comme toute
autre référence à un ouvrage publié, selon le type de source (livre, page
Internet, etc.). Si vous n’êtes pas l’intervieweur, vous ajouterez « interview
par » suivi du nom de l’intervieweur dans la référence complète de la liste
des sources.
Sources électroniques
Toutes les sources électroniques suivent les mêmes règles que les sources
traditionnelles. Par contre, dans la plupart des cas, il n’y aura pas de réfé-
rence de page dans la référence entre parenthèses puisque peu de pages
web reçoivent un numéro de page, mais plus d’information dans la liste des
sources. Si vous ne trouvez vraiment pas de date après une recherche ap-
profondie, indiquez la date de consultation de la page Internet comme réfé-
rence.
Sources
La liste des sources qui constitue une pièce maîtresse dans tout travail
scientifique. Vu l’évolution de la recherche et donc de l’écriture acadé-
mique depuis de nombreuses années, le système anglo-saxon exclut l’usage
du terme bibliographie, qui ne fait référence, stricto sensu, qu’aux livres et
écrits. Bien que ce terme soit encore souvent utilisé dans le monde franco-
phone, on utilisera le terme plus général « Sources ». Comme mentionné
dans le point 2, la base même de la liste des sources est la référence qui se
trouve dans le corps du texte. Toutes les entrées dans cette liste doivent
suivre strictement la référence donnée dans le texte, afin que le lecteur
puisse aisément avoir accès à la source complète. Attention, on ne divise
jamais cette liste selon le type de source. Vu que cet élément n’est généra-
lement pas mentionné dans le corps du texte, cela oblige le lecteur à par-
courir plusieurs divisions avant de trouver la référence recherchée. Il n’y a
donc qu’une seule liste, classée par ordre alphabétique, puis par année si
plusieurs ouvrages d’un même auteur ont été utilisés.
58 Méthodologie de la recherche
59
60 Méthodologie de la recherche
61
62 Méthodologie de la recherche
Exemple 2 Smith, M.B. (1989, 12 août). Interview par C.A. Kiesler [enregis-
trement sur cassette]. President’s oral history project, American Psycholo-
gical Association. APA Archives, Washington.
Exemple 3 Lady Gaga (2011, mise en ligne 28 avril). Interview par E. De-
generes [interview télévisée]. Récupéré le 16 novembre 2012 du site de
YouTube : http://www.youtube.com/watch?v=1AKBLJeTXnU
Mémoires et thèses de doctorat
Exemple 1 Dupont, B. (2012). La représentation de la masculinité dans la
série TV Glee. Katholieke Universiteit Leuven, Belgique.
Exemple 2 Crahay, M. (1984). Observer et réguler la construction des ac-
tions avec les objets. (thèse de doctorat non publiée). Université de Liège,
Belgique.
Sources non francophones
Pour référencer un texte en langue étrangère dans votre liste de sources, il
vous suffit de suivre la règle correspondant au type de document adéquat,
en veillant simplement à ajouter une traduction du titre du document en
français, entre crochets.
Exemple : Hyman, Michael, Tansey, Richard et Clark, James W. (1994).
Research on advertising ethics: Past, present, and future [Recherche sur
l’éthique de la publicité : passé, présent et futur]. Journal of Advertising, 23
(3), pp. 5-15.
Si la source que vous utilisez est une traduction en français d’un texte origi-
nellement en langue étrangère, il est alors nécessaire de mentionner le/la
traducteur/trice de ce document, en indiquant l’initiale de son prénom et
son nom, suivi de la mention « trad. », le tout entre parenthèses, après le
titre du document.
Exemple : Butler, Judith (2016). Défaire le genre (M. Cervulle, trad.). Paris :
Éditions Amsterdam.
DEUXIÈME PARTIE
LA MISE EN ŒUVRE
64 Méthodologie de la recherche
64
Problèmes d’épistémologie 65
Chapitre V
Problèmes d’épistémologie
Introduction
La philosophie s’intéresse au rapport du sujet à l’objet dans le processus de
la connaissance.
La logique formelle cherche la structure du raisonnement sans analyser le
contenu, ce qui pose des problèmes de mise en pratique.
Un fossé se creuse entre philosophes, s’occupant de logique, et scienti-
fiques, cherchant des méthodes de recherche. Gaston Bachelard propose
une logique concrète qui serait une théorie de la connaissance.
Les problèmes de la connaissance (GRAWITZ, 1972, 3-25)
Plusieurs disciplines traitent de ce problème :
• la gnoséologie traite du rapport entre sujet et objet à un niveau abstrait ;
• la philosophie des sciences se concentre sur les sciences et leur
développement ;
• l’épistémologie étudie les démarches scientifiques et la validité des
sciences.
L’épistémologie a tendance à recouvrir les deux autres disciplines.
Il existe également différentes philosophies qui proposent leur point de vue
sur les problèmes de la connaissance :
• l’idéalisme dit que l’esprit est plus réel que le monde extérieur ;
• le matérialisme prône que c’est l’expérience du monde extérieur qui
aboutit aux idées.
Carl Gustav Jung explique cette double démarche en introduisant les no-
tions d’introverti et d’extraverti. Le premier est davantage préoccupé de
l’intérieur de lui-même (le sujet), tandis que le second est d’abord attiré par
ce qui se passe à l’extérieur (l’objet).
65
66 Méthodologie de la recherche
66
Problèmes d’épistémologie 67
Pour lui, la déduction n’est pas une bonne méthode, car sa prétention
d’universalité ne peut valoir pour des connaissances appliquées : la déduc-
tion n’est pas suffisante pour faire une étude philosophique approfondie de
la connaissance. La déduction ne permet pas à la philosophie d’évoluer. Par
contre, multiplier les expériences, analyser les différents rationalismes,
donc induire, constitue une bonne méthode.
Une « bicertitude » est essentielle :
• le réel scientifique : le réel doit avoir une prise directe sur la rationalité ;
• les arguments rationnels qui touchent une expérience doivent être des
moments de cette expérience.
Si une de ces deux certitudes manque, on ne participe pas à l’activité scien-
tifique. Il faut donc, pour juger la pensée scientifique, atteindre un rationa-
lisme concret s’appuyant sur des expériences particulières et précises.
Pour pouvoir définir la philosophie de la connaissance scientifique comme
une « philosophie ouverte » (c’est-à-dire une philosophie pouvant travailler
sur l’inconnu en cherchant dans le réel tout ce qui pourrait contredire des
connaissances antérieures), il faut considérer la connaissance comme une
évolution de l’esprit qui accepte des variations qui touchent à l’unité et à la
continuité du je pense du philosophe.
L’objectivité n’est possible, en matière scientifique, que si l’on rompt avec
l’objet immédiat, car toute objectivité dément le premier contact avec
l’objet. Encore faut-il se mettre d’accord sur la notion de fait scientifique :
toute expérience sur la réalité déjà informée par la science est une expé-
rience sur la pensée scientifique.
La méthode scientifique est engagée, car elle met constamment en jeu sa
constitution même. Il faut multiplier les méthodes : condamner une mé-
thode, c’est en proposer une nouvelle.
67
68 Méthodologie de la recherche
L’aspect instrumental de la science
Chaque époque a son système de mesure qui, par son exactitude et son
avancée technique, témoigne d’une époque. Gaston Bachelard souligne
aussi le fait que le côté technique de la science est de la première impor-
tance pour celle-ci.
« La connaissance devient objective dans la mesure où elle devient instru-
mentale » (BACHELARD, 1974).
La pensée scientifique résulte d’une addition de travaux et de découvertes
qui, en eux-mêmes, engendre le progrès. Un travailleur isolé faisant une
découverte devra avouer qu’il n’aurait pas trouvé cela tout seul. Il existe
ainsi deux axes :
• le premier est celui de la cité théoricienne qui va étudier tout le savoir
déjà acquis par une science ;
« Il faut d’abord lire des livres, beaucoup de livres difficiles et s’établir peu à
peu dans la perspective des difficultés » (BACHELARD, 1974).
• Le deuxième axe est celui de la cité technicienne dont la tâche est
purement technique. Il faut manier, construire et inventer sans cesse de
nouveaux appareils et de nouvelles techniques permettant le progrès.
La coopération de ces deux axes et leur compréhension mutuelle construi-
sent la culture scientifique nouvelle. Le rationnel, le technique et le social
font tous trois partie intégrante de la philosophie des sciences. Si l’on ou-
blie une seule de ses objectivités, on aboutit à une utopie, et non plus à la
réalité.
Le déterminisme
Le déterminisme émet l’hypothèse que tout est déterminé à l’avance. Il
s’oppose ainsi à l’empirisme qui avance par expérience. Le déterminisme
s’attache à décrypter les symptômes et les énigmes de la nature pour la
comprendre. Le déterminisme pense en termes de totalité, de solidarité, et
d’infini. L’univers serait un ensemble qui fonctionnerait en tant que tel et
non en petites entités distinctes. Gaston Bachelard introduit la notion de
causalité dans le déterminisme. La fonction humaine est de saisir les causes
majeures de l’univers pour l’expliquer.
Les causes sont cachées. Elles se font chercher, et ces recherches aboutis-
sent à des erreurs qui, balbutiantes, nous mèneront petit à petit à un frag-
ment de vérité. Remarquons finalement que la technique humaine, la ma-
68
Problèmes d’épistémologie 69
nière dont l’humain a utilisé et apprivoisé la nature pour ses propres be-
soins, se fait malgré la nature elle-même chaotique et non maîtrisée.
69
70 Méthodologie de la recherche
70
Problèmes d’épistémologie 71
71
72 Méthodologie de la recherche
72
Problèmes d’épistémologie 73
Élimination du psychologisme
Pour la psychologie empirique, il s’avère intéressant de savoir comment se
crée une idée nouvelle dans l’esprit humain. L’analyse logique de la con-
naissance scientifique est concernée par des questions de justification ou le
« quid juris » de Kant ? La tâche de la logique de la connaissance s’oppose à
la psychologie empirique. Il faut distinguer le processus de conception
d’une nouvelle idée, des méthodes et résultats de son examen logique. La
méthode logique ne se confond en rien avec le fait d’avoir de nouvelles
idées.
Procédé déductif de mise à l’épreuve (testing) des théories
Pour mettre les théories à l’épreuve, il importe de suivre la même dé-
marche : d’une nouvelle idée (prévision, hypothèse...), on tire des conclu-
sions par déduction logique, soit :
1. comparer ces conclusions,
2. rechercher la forme logique de la théorie,
3. comparer la théorie avec d’autres théories,
4. mettre à l’épreuve par des applications empiriques des conclusions
tirées.
Dans ce cas, l’expérience constitue une méthode permettant de distinguer
un système théorique d’autres systèmes théoriques.
Les problèmes de la base empirique
73
74 Méthodologie de la recherche
74
Problèmes d’épistémologie 75
75
76 Méthodologie de la recherche
Il est possible de disposer les degrés de falsifiabilité de divers énoncés sur
une « échelle de falsifiabilité » selon une formule qui exprime la double exi-
gence de cohérence et de falsifiabilité. La probabilité logique d’un énoncé
est complémentaire de son degré de falsifiabilité : elle croît lorsque le degré
de falsifiabilité s’abaisse (POPPER, 1973, 117 à 119).
Le contenu logique est la classe conséquente d’un énoncé (elle comprend
tous les énoncés non tautologiques pouvant être déduits). Le contenu em-
pirique est la classe des falsificateurs virtuels de l’énoncé. Leur comparaison
menant au même résultat, il sera possible de comparer des degrés de falsi-
fication d’après les relations de déductibilité.
Toute méthode qui se veut scientifique cherche à déduire des énoncés
d’autres énoncés d’une universalité supérieure, qui auront donc un contenu
empirique (ou logique) plus grand, et donc un degré de falsifiabilité plus
élevé.
Le degré de composition des énoncés de base détermine leur « capacité » à
contredire les théories, et peut donc servir de base à une comparaison des
degrés de falsifiabilité des théories.
Ces méthodes permettant la comparaison des degrés de falsifiabilité peu-
vent aider à résoudre les problèmes de la simplicité ou de la probabilité des
hypothèses (corroboration).
76
Problèmes d’épistémologie 77
Conclusions
Toute méthode est liée à des problèmes épistémologiques et logiques.
Chaque époque possède ses certitudes, plus ou moins démolies par la sui-
vante. Il faut se méfier des évidences. Seul un mélange de doute et de cu-
riosité peut amener des progrès dans la compréhension des vérités provi-
soires. La connaissance scientifique est limitée par son aspect instrumental
(les techniques dont elle dispose), l’expérience, le sentiment de l’avoir,
l’animisme, la libido, et l’imagerie des mots. Pour qu’un énoncé soit consi-
déré comme scientifique, il doit être à la fois vérifiable et falsifiable. Le seul
critère de démarcation de la science par rapport aux autres disciplines est la
falsifiabilité. Une falsifiabilité plus élevée correspond à une plus grande
simplicité.
77
78 Méthodologie de la recherche
78
Chapitre V
Principe de causalité
Selon le principe de causalité, si un système est décrit par un ensemble
déterminé de variables, son état ultérieur défini par un nombre précis de
variables peut être prévu avec un certain degré de probabilité.
Le principe de causalité établit une relation linéaire de cause à effet entre
des phénomènes fort éloignés de prime abord. La démarche scientifique
recherche avant tout ces relations de causalité, car la répétition des
phénomènes semble intimement associée aux relations de causalité. Le
principe de causalité permet dès lors d’atteindre plus facilement à la
prévision. Karl Popper fait du principe de causalité une règle
méthodologique qui guide l’action du chercheur :
80
Quelques principes de la méthode scientifique 81
81
82 Méthodologie de la recherche
effet que le temps, loin d’être une abstraction, soit un continuum concret : il
inclut certaines qualités ou conditions fondamentales qui se manifestent
simultanément en différents lieux avec un parallélisme que ne peut
expliquer la causalité. C’est le cas, par exemple, lorsque des idées, des
symboles ou des états psychiques identiques apparaissent simultanément. »
(JUNG, 1979, 114)
Très vite, des physiciens et astrophysiciens, comme Pauli et Reeves, se sont
intéressés à ce nouveau principe, du fait qu’ils étaient confrontés dans le
cadre de leur recherche à une multitude de coïncidences significatives non
causales.
« J’ai choisi le terme de “synchronicité” parce que l’apparition simultanée de
deux événements, liés par la signification, mais sans relation causale, me
semble être un critère essentiel. J’emploie donc ici le concept général de
synchronicité dans le sens spécial de coïncidence dans le temps de deux ou
plusieurs événements sans relation causale et qui ont le même contenu
significatif ou un sens similaire, et ce par opposition à “synchronisme” qui
indique simplement l’apparition simultanée de deux phénomènes. » (JUNG
et PAULI, 1952, 26)
« La synchronicité n’a rien de plus énigmatique ni de plus mystérieux que les
discontinuités dans la physique. Notre conviction profondément enracinée
de la toute-puissance de la causalité crée, à elle seule, les difficultés qui
s’opposent à notre entendement et fait paraître impensable que des
événements a-causaux puissent se produire ou exister. Les coïncidences
d’événements liés par le sens sont pensables comme pur hasard. Mais plus
elles se multiplient et plus la concordance est exacte, plus leur probabilité
diminue et plus grandit
leur invraisemblance, ce qui revient à dire qu’elles ne peuvent plus passer
pour simple hasard, mais doivent, vu l’absence d’explication causale, être
regardées comme arrangements sensés. Leur inexplicabilité ne provient pas
de ce qu’on en ignore la cause, mais du fait que notre intellect est incapable
de la penser... » (JUNG et PAULI, 1952, 105)
Depuis la théorie de la relativité d’Einstein, la réalité n’est plus perçue de
manière linéaire dans un espace-temps continu et hiérarchique, mais
semble être davantage envisagée comme une combinaison d’éléments
associés au sein d’ensembles régis par différentes lois. Les relations entre
ces divers éléments ne sont pas toujours linéaires, hiérarchiques,
déterministes ou causales, mais peuvent être d’ordres multiples, comme,
par exemple, les éléments d’un rhizome ou d’un plateau (DELEUZE &
GUATTARI, 1980).
82
Quelques principes de la méthode scientifique 83
83
84 Méthodologie de la recherche
Modus Tollens
Mode d’inférence falsifiant ou manière dont la falsification d’une
conclusion entraîne la falsification du système dont il est dérivé.
Procédure de falsification : si p = hypothèse et q = conséquence, nous
obtenons par le modus tollens : p->q, or pas q, alors pas p.
Le point de départ est toujours un problème ou une question qu’on essaye
de résoudre en formulant une hypothèse, une théorie. On va en déduire
des prévisions qui pourront être réfutées et soumises à certains tests. Si ces
prévisions sont réfutées, la théorie sera rejetée. Par contre, si ces prévisions
ne
sont pas réfutées, on acceptera cette théorie, mais sans savoir si elle est
vraie ou pas. Ce processus se répète : la théorie engendre de nouveaux
problèmes...
84
Quelques principes de la méthode scientifique 85
Conclusions
Il n’existe pas de théorie scientifique au rang de vérité incontestable !
Au niveau de la méthode scientifique, il existe quelques grands principes :
1. les principes de logique (principe d’identité, principe du tiers exclu,
principe de non-contradiction, et modus tollens) ;
2. le principe de causalité ;
3. le principe de synchronicité.
85
86 Méthodologie de la recherche
86
87
Chapitre VI
88
Les étapes de la recherche, l’hypothèse et la notion de modèle 89
L’hypothèse
(GRAWITZ, 1972, pp. 351-355)
Définition et rôle
(GRAWITZ, 1972, p. 351)
Une hypothèse est une proposition de réponse, elle sélectionne les faits
observés et interprète, leur donne une signification qui deviendra théorie.
L’hypothèse doit être vérifiable et falsifiable. Bref, une hypothèse est une
affirmation, une explication plausible admise provisoirement avant d’être
soumise au contrôle de l’observation ou de l’expérience.
89
90 Méthodologie de la recherche
Type d’hypothèse
(GRAWITZ, 1972, p. 353)
L’hypothèse porte sur un objectif restreint ensuite généralisé. Il y a trois
niveaux d’abstraction :
1. L’uniformité qui quantifie des distributions de comportements (diffé-
rence) ;
2. Le lien logique, le particulier dans les groupes minoritaires ;
3. Les relations entre les variables analytiques ou complexes.
En fonction de ces trois niveaux, nous avons deux types d’hypothèse :
1. Les hypothèses généralisatrices : ce sont des énoncés induits à partir
d’un grand nombre d’observations. Ce type d’hypothèse postule la régu-
larité des processus analysés et se fonde sur l’induction. Elles demeurent
sujettes aux limites.
2. Les hypothèses créatrices d’entités théoriques : ce sont des entités qui
ne sont pas directement observables, mais qui peuvent expliquer cer-
tains phénomènes. Exemples : l’inconscient ou le big bang.
Condition de validité
(GRAWITZ, 1972, p. 354)
L’hypothèse doit être :
1. Explicite, c’est-à-dire formulée à l’aide de concepts bien définis ;
2. Provisoire, c’est le rôle de l’observation et de l’analyse de confirmer ou
d’infirmer son propos ;
3. Relationnelle, c’est-à-dire qu’elle établit au moins une relation entre
deux concepts ou deux phénomènes ;
4. Vérifiable, elle doit mettre en cause des faits réels ;
5. Falsifiable, elle peut être contredite. Les concepts doivent pouvoir être
observés, voire mesurés. L’hypothèse doit également nous apporter de
l’information.
90
Les étapes de la recherche, l’hypothèse et la notion de modèle 91
Le modèle
Le modèle au niveau de la démarche inductive
Il est rare qu’une seule hypothèse suffise à répondre à la question. En géné-
ral, c’est un ensemble d’hypothèses, logiquement articulées, qui vont ten-
ter de rendre compte de la problématique. En ce sens, un modèle est un
système d’hypothèses qui anticipent les relations entre divers concepts.
Pour que le modèle soit corroboré, il faut que :
1. toutes les hypothèses le soient ;
2. les observations montrent que le taux de réussite est le plus élevé lors-
que toutes les conditions sont respectées.
Le modèle au niveau de la démarche déductive
Le modèle a un emploi très large dans la méthodologie des sciences.
L’Encyclopaedia Universalis définit également le modèle comme « un objet
réduit qui reproduit, sous une forme simplifiée, les propriétés d’un objet de
grandes dimensions. » Il sert à fixer les lois sur un objet bien structuré et
cela favorise alors la conception et l’expérimentation.
Dans la perspective épistémologique, le modèle donne une base matérielle
et a une fonction médiatrice entre ce qui est concret et abstrait. Dans la
démarche déductive, les hypothèses naissent des concepts censés rendre
compte du problème abordé.
La modélisation est contrôlée et a pour fond la démarche prospective et la
critique du savoir. La modélisation intervient aussi bien dans les sciences de
faits que dans les sciences qui s’installent dans le registre des symboles.
Le modèle mathématique se situe dans la théorie des ensembles. Il se ré-
fère à un type de discours plutôt qu’à un sens précis du mot modèle. Pour
chaque théorie de la mathématique, il serait possible de donner une image,
dans un domaine concret, de certains concepts abstraits. On voit apparaître
le modèle mathématique dans des sciences expérimentales.
Le modèle en physique se propose de donner une simplification systéma-
tique de l’expérience effective. La notion de modèle en biologie a pris toute
son importance lorsque la biologie s’est rapprochée de la physique au ni-
veau des raisonnements. Un même système peut être représenté par plu-
sieurs modèles suivant l’angle sous lequel on le considère. Ainsi distingue-t-
on des modèles physiques, numériques, cybernétiques et par schéma.
91
92 Méthodologie de la recherche
La simulation
La simulation est l’expérimentation sur un modèle, une reproduction artifi-
cielle du phénomène à étudier.
Il existe deux types de situations dans lesquelles la simulation est néces-
saire : d’une part, quand le recours à l’expérimentation directe n’est pas
possible, d’autre part, quand les bases théoriques dont on dispose ne
s’avèrent pas assez solides.
Le modèle simulable a pour base une théorie, théorie qui est une descrip-
tion abstraite de différents aspects de la réalité.
La simulation analogique dépend du chercheur ou plutôt du but de ses re-
cherches ainsi que des connaissances qu’il a à l’origine du phénomène qu’il
étudie. Il faut que le chercheur ait une très bonne connaissance des rela-
tions entre les variables dont il est question dans le phénomène.
La méthode de Monte-Carlo (sur ordinateur numérique) : cette machine
peut traiter toute information codée sous forme numérique. Le projet Si-
mulmatics est un exemple simple de simulation. Réalisé en 1960, lors de la
campagne électorale de J.F. Kennedy, le modèle de ce projet est absolu-
ment déterministe, ce qui signifie qu’aucune place n’est laissée au hasard
quant aux mécanismes, c’est-à-dire que l’on peut en prévoir les consé-
quences.
La simulation de modèles stochastiques par la méthode de Monte-Carlo
facilite l’utilisation de théories dont on ne saurait déduire les conséquences
pratiques.
La correspondance entre le modèle simulable et la réalité qu’il représente
s’avère être le problème principal d’une expérience simulatoire. Trois
92
Les étapes de la recherche, l’hypothèse et la notion de modèle 93
93
94 Méthodologie de la recherche
94
95
Chapitre VII
La déduction
On peut schématiser la démarche déductive de la manière suivante :
loi universelle (classification) -> conditions initiales (description) -> explica-
tion et prédiction
Exemple de déduction : le syllogisme.
1. Tous les hommes sont mortels (classification, loi universelle)
2. Socrate est un homme (description, condition initiale)
3. Socrate est mortel (explication et prédiction)
Le raisonnement déductif se base sur les principes de logique. Les proposi-
tions (1) et (2) forment les prémisses du raisonnement. La vérité des pré-
misses entraîne celle de la conclusion (3).
Ce type de raisonnement repose sur une chaîne linéaire de type causal.
L’induction
On peut schématiser la démarche inductive de la manière suivante :
96
L’élaboration du plan de travail 97
observations -> lois et théories (classification) -> prédictions et explications
La démarche inductive repose sur les faits observés. Les théories sont ex-
traites de l’observation et de l’expérience. Ce sont des énoncés
d’observation singuliers qui sont le point de départ des lois et des théories.
Tout énoncé singulier se réfère à :
1. Un état observable (limite thématique) ;
2. En un lieu précis (limite spatiale) ;
3. Dans un temps donné (limite temporelle).
Pour passer d’un nombre limité d’énoncés d’observation singuliers à une loi
universelle, il faut que :
1. Le nombre d’observations soit élevé ;
2. Les observations puissent être répétées dans un grand nombre de condi-
tions différentes ;
3. Aucun des énoncés d’observation singuliers ne soit en conflit avec la loi
universelle qui en est dérivée.
Le principe d’induction peut s’exprimer de la manière suivante :
• Si un grand nombre de x ont été observés dans des circonstances va-
riées ;
• Et si tous les x observés possèdent sans exception la propriété y ;
• Alors tous les x ont la propriété y.
Le raisonnement inductif se base sur le principe de causalité. Il est égale-
ment linéaire.
L’amplification
L’Amplification est l’extension et l’approfondissement d’un élément appar-
tenant à un ensemble au moyen d’associations centrées autour de cet élé-
ment et de parallèles tirés des sciences naturelles ou humaines, ou encore
de l’histoire et des symboles (mythologie, mystique, folklore, religion, eth-
nologie, art, etc.). Grâce auquel cet élément devient accessible à
l’interprétation. Il est nécessaire de connaître le contexte dans lequel appa-
raît cet élément, de connaître également les relations entre les différents
éléments et de confronter les matériaux analogues, afin de connaître
l’anatomie comparée de tous les éléments de l’ensemble. Cet arrière-plan
permettra de mieux comprendre ce qui est spécifique et d’apprécier
97
98 Méthodologie de la recherche
98
99
Chapitre VIII
L’élaboration de concepts
Le concept est une « façon de concevoir » essentielle à toute observation.
« Il organise la réalité en retenant les caractères distinctifs des phéno-
mènes » (GRAWITZ, 1972, p. 333). C’est une abstraction qui a sa significa-
tion en fonction du contexte d’où il est issu.
100 Méthodologie de la recherche
L’interchangeabilité des indices : le choix des indicateurs est délicat, car les
concepts psychologiques et sociologiques sont complexes. Le nombre des
indicateurs que l’on peut utiliser en science sociale est limité.
Le plan d’immanence
Le plan d’immanence est composé de concepts. Le plan d’immanence est
une image de la pensée qui implique une répartition de droit et de fait. La
pensée revendique en droit le mouvement de l’infini : un aller-retour. Le
mouvement en provoque un autre qui tisse sans fin le plan d’immanence.
Ces différents mouvements mêlés les uns aux autres forment les concavités
du plan. L’histoire comporte des plans d’immanence variés. La philosophie
crée à la fois des concepts et instaure le plan d’immanence. L’histoire de la
philosophie présente des plans différents, car chacun a sa façon de faire
l’immanence. C’est à chacun de tracer son propre plan qui, peut-être, se
recoupera avec d’autres. Cela rend la philosophie comme un devenir infini
qui est une coexistence de plans. Spinoza est le philosophe qui a pensé le
plan d’immanence dégagé de toute transcendance et illusion. (DELEUZE &
GUATTARI, 1991, pp. 38-59)
Concept et définition
(GRAWITZ, 1972, p. 23)
Les notions de concept et de définition se recoupent. Elles dépendent de la
différenciation entre réalité (correspondance à l’observation) et vérité (cor-
respondance à une convention).
Il existe deux types de définitions :
• La définition nominale est une définition par synonymes ou périphrases.
Le concept acquiert une signification fixée arbitrairement et n’a qu’un
intérêt méthodologique.
100
L’élaboration de concepts 101
Même si les notions de concept et de définition se recoupent, il ne faut nul-
lement les confondre. En pratique, l’étudiant partira de la définition figu-
rant au dictionnaire. Ensuite, il recensera le concept tel qu’il est conçu chez
différents auteurs. Enfin, il établira le concept tel qu’il l’utilisera dans le
cadre de son travail.
Par ailleurs, il distinguera les concepts des fonctifs, prospects, percepts et
affects.
Concepts et fonctifs
(DELEUZE & GUATTARI, 1991, pp. 111-127)
La science a pour objet des fonctions dont les éléments sont appelés fonc-
tifs. Contrairement à la philosophie, dont les concepts ont pour but de don-
ner une consistance au virtuel en gardant la notion d’infini, la science se
propose de gagner une référence capable d’actualiser le virtuel pour des
fonctions en renonçant à la notion d’infini. En science, la matière s’actualise
par ralentissement, c’est-à-dire en posant une limite qui forme une cons-
tante universelle. Avec les vitesses, qui sont des variables déterminées, les
limites forment les premières fonctions. La référence est alors le rapport
entre les valeurs et la limite. Chaque limite engendre des systèmes de coor-
données composés de deux variables indépendantes au moins. Celles-ci
déterminent une troisième variable à titre d’état de choses. Un état de
choses actualise un virtuel chaotique en lui empruntant un potentiel se dis-
tribuant dans le système de coordonnées. Le passage de l’état de choses à
la chose même implique un rapport entre plusieurs axes suivant des va-
riables interdépendantes. La chose devient un corps quand elle passe par
des changements de coordonnées.
Les concepts philosophiques ont pour consistance des événements (la phi-
losophie extrait de l’état de choses un événement consistant), tandis que les
fonctions scientifiques ont pour référence des états de choses (la science
actualise, par fonction, l’événement).
La philosophie est la relativité du vrai. La science est la vérité du relatif. Ce
qui approche ces deux domaines, c’est :
1. Qu’aucune création n’est possible sans expérience (ni concept ni fonctif
ne préexistent)
2. science et philosophie essaient de déterminer un rapport par ce qu’elles
ne savent pas. Leur but est d’adapter les éléments correspondant en
101
102 Méthodologie de la recherche
Concepts et prospects
(DELEUZE & GUATTARI, 1991, pp. 128-151)
Les propositions acquises de la science, les propositions de fait ou les
simples opinions sont des prospects. Les prospects représentent avant tout
les éléments de la proposition ou les modalités de jugement. L’opinion va
proposer une solution, afin de ne plus confondre concept philosophique et
fonction ou proposition scientifique. Elle définit le rapport entre l’état d’un
sujet et le passage d’un état à un autre. Une opinion sera considérée
comme vraie uniquement lorsqu’elle représentera l’avis du plus grand
nombre. Aujourd’hui, la philosophie de la communication a pour but la re-
cherche d’une opinion universelle comme consensus. Le concept philoso-
phique se réduit au domaine de l’opinion parce qu’il y a une confusion entre
le concept et la fonction. Cette erreur place la science comme concept par
excellence et remplace le concept philosophique par un concept logique.
Le fondement du concept provient des événements. L’événement
s’actualise dans un vécu, dans un état de corps ou un état de choses. Cet
état de choses se définit comme un temps entre deux instants.
États de choses et événements sont comme la philosophie et la science :
inséparables, mais évoluant seuls, chacun est une entité autonome. Con-
cept philosophique et fonction scientifique doivent se croiser, parce que la
philosophie a besoin de la science et que les concepts font allusion à la
science.
102
L’élaboration de concepts 103
Les affects ne sont plus des sentiments ou affections, ils débordent la force
de ceux qui passent par eux (DELEUZE & GUATTARI, 1991, p. 154).
Grâce aux percepts, aux affects et aux blocs de sensations, l’art construit un
monument qui répond à la loi de la conception qui est de tenir debout tout
seul. L’acte du monument n’est pas la mémoire, mais la fabulation. Il est
toujours en devenir. L’artiste en créant des affects nous les donne et nous
fait devenir avec eux.
La phénoménologie doit s’ouvrir à l’art, car les fonctions transcendantales
qu’elle détermine traversent le vécu et se développent en créant des sensa-
tions vivantes. La sensation est l’opinion originaire, le devenir de toute
chose.
L’art se définit par la composition esthétique dans laquelle interviennent
des notions techniques. C’est en créant de nouveaux percepts et affects
que l’art progresse.
L’art, comme la science et la philosophie, veut affronter le chaos. L’art crée
du fini qui aboutit à de l’infini et dresse des monuments avec des sensa-
tions. Par contre, la philosophie tente de sauver l’infini en lui donnant de la
consistance. Elle fait surgir des événements avec des concepts.
Du chaos au cerveau
(DELEUZE & GUATTARI, 1991, pp. 189-206)
Pour nous protéger du chaos, nous avons besoin d’ordre. Nos idées doivent
s’enchaîner suivant des règles constantes. Mais, il existe aussi un anti-chaos
objectif : il n’y aurait pas un peu d’ordre dans les idées, s’il n’y en avait aussi
dans les choses. C’est-à-dire qu’à l’intersection du signifiant et du signifié,
une sensation se produit.
L’art, la science et la philosophie ne tentent pas seulement de se protéger
du chaos, mais de le vaincre : ils en tirent des plans. Lutter contre le chaos
implique une certaine affinité avec lui. L’art, par exemple, lutte avec le
chaos pour le rendre plus sensible. La science le place dans un système de
coordonnées et forme un chaos référé qui devient nature.
L’art, la science et la philosophie sont des réalités produites sur des plans
qui recoupent le chaos. Ces plans sont :
• un plan d’immanence pour la philosophie,
• un plan de composition pour l’art,
• un plan de référence ou coordination pour la science.
103
104 Méthodologie de la recherche
La sensation, le concept et la connaissance sont les trois aspects du cerveau
sujet. Le troisième aspect, la connaissance, est une fonction créatrice du
cerveau-sujet. Elle discerne et distingue tous les fonctifs ou prospects qui
forment une proposition scientifique. Chaque fonction constitue un pli du
cerveau ; il se charge d’inscrire, par exemple, les variables d’un plan de ré-
férence.
Les trois plans sont irréductibles avec leurs éléments :
• le plan d’immanence de la philosophie forme du concept ;
• le plan de composition de l’art forme de la sensation ;
• le plan de référence de la science forme de la connaissance.
104
L’élaboration de concepts 105
Ces quatre fonctions contribuent à l’orientation de la conscience. Ces
quatre fonctions sont d’autant plus importantes qu’elles participent à toute
communication.
C’est pourquoi la communication appliquée ne doit pas se contenter d’être
purement théorique (fonction pensée) ni médiatique (fonction sensation).
Elle doit prendre en compte les aspects innovateurs et créatifs (fonction
intuition) et les aspects idéologiques, spirituels, politiques, et affectifs (fonc-
tion sentiment). Ces deux dernières fonctions nous semblent de plus en plus
délaissées. Elles sont cependant primordiales. Elles donnent toutes leurs
valeurs aux acquis régis par les deux autres fonctions. Ce sont elles qui don-
nent une âme à l’ensemble.
L’intuition et sa part de créativité permettent au communicateur de se réa-
liser, de s’affirmer. Il n’est pas simplement un numéro parmi une collectivi-
té. Il est avant tout un être humain, une volonté créatrice, une potentialité
en perpétuel devenir.
Le sentiment oriente et justifie ses choix. Il propose un but à ses réalisa-
tions. Le sentiment sert de lien entre le moi et son alter ego, entre le moi et
son inconscient, entre le moi et le Soi, entre le Soi et l’Homme cosmique
(vous pouvez l’appeler Dieu, le Christ, le Bouddha, Krishna, Léviathan,
Gayomart, Purusha, l’Univers, le Cosmos, le Vide ou le Grand Architecte,
etc.)
Ces quatre fonctions constituent la base de toute perception. C’est à partir
de cette base que peut agir la volonté.
À ces quatre fonctions, il nous faut ajouter d’autres éléments qui aident à
l’orientation dans l’espace psychologique intérieur.
1. C’est tout d’abord la mémoire, c’est-à-dire la somme des souvenirs et la
faculté de reproduire des matériaux antérieurement enregistrés. Com-
muniquer, c’est aussi retenir et restituer le savoir acquis. Le communica-
teur doit, comme le futur compositeur, connaître les règles de
l’harmonie tout en s’entraînant à faire des gammes.
2. C’est aussi les contributions subjectives des fonctions. Nous sommes tou-
jours le siège de pensées subsidiaires, plus ou moins clairement perçues
de notre pensée intentionnelle, qui provoquent toute une série de sen-
timents, d’intuitions, de perceptions que l’on s’efforce en général de ré-
duire au silence.
3. De l’intérieur nous viennent également d’autres affects. Ceux-ci consis-
tent en des réactions involontaires de nature spontanée. Ils ne consti-
tuent pas une fonction volontaire, mais des événements intérieurs, dont
nous sommes le champ. Il s’agit d’une libération d’énergie qui échappe à
105
106 Méthodologie de la recherche
106
L’élaboration de concepts 107
Ces différents plans et fonctions interviennent dans toute recherche appli-
quée au domaine de la communication. C’est pourquoi nous devons tenir
compte à la fois des concepts, des fonctifs, des prospects, des percepts et
des affects, en distinguant ceux-ci des définitions du dictionnaire et des
représentations sociales qui relèvent de l’avis et de l’opinion du plus grand
nombre.
107
108 Méthodologie de la recherche
108
109
Chapitre IX
110
Présentation et choix de quelques méthodes 111
La recherche de la fidélité et de la validité d’observations non systémati-
quement recueillies s’avère difficile. Par contre, les méthodes quantitatives
offrent ce type de garantie lors de la recherche.
Au niveau des résultats, la validité d’une technique de recherche dépend
des objectifs qu’elle permet d’atteindre. Il faut faire attention au forma-
lisme excessif de la quantification qui détourne l’attention du contenu réel
de la recherche vers un langage mathématique abusif. Cela implique qu’il
faut faire la part des choses quant aux domaines susceptibles d’être quanti-
fiés. La plupart des chercheurs en sciences sociales reconnaissent qu’il n’y a
pas opposition entre qualitatif et quantitatif, mais bien un continuum allant
de la recherche qualitative systématisée, jusqu’à des formes de mesure plus
rigoureuses.
111
112 Méthodologie de la recherche
112
Présentation et choix de quelques méthodes 113
113
114 Méthodologie de la recherche
114
Présentation et choix de quelques méthodes 115
La théorie de l’information et de la cybernétique : Le système (plus statique)
et la cybernétique (dynamique) sont considérés comme deux aspects d’une
même construction théorique.
La méthode dialectique
(GRAWITZ, 1972, pp. 407-410)
Cette méthode dialectique représente une tendance d’explication des faits
sociaux. C’est-à-dire qu’elle est directement liée à la notion de totalité. Elle
est une attitude vis-à-vis de l’objet : empirique et déductive, elle com-
mande une certaine façon de recueillir des données concrètes.
Elle s’articule sur les trois temps suivants :
1. Thèse ;
2. Antithèse ;
3. Synthèse.
Le matérialisme dialectique, issu de la dialectique, se veut une analyse
concrète, un instrument de recherche. Engels pense que la théorie est un
système clos et que philosophie et religion posent de faux problèmes.
Marx, lui, pense que le contact avec le monde aboutit à une pensée qui
permet une action efficace. Léenine, enfin, pense que matérialisme et idéa-
lisme sont des postulats philosophiques appelés à disparaître lors de la fu-
sion des sciences particulières, de la Science et de la Philosophie (GRAWITZ,
1972, 13-16).
115
116 Méthodologie de la recherche
116
Présentation et choix de quelques méthodes 117
La recherche opérationnelle
(GRAWITZ, 1972, pp. 432-433)
Elle consiste à obtenir par des méthodes de logique mathématique un op-
timum d’organisation et de gestion d’ensembles très complexes. La re-
cherche opérationnelle est très utilisée dans le domaine économique.
La notion de modèle
(GRAWITZ, 1972, pp. 434-435)
C’est l’établissement d’un schéma simplifié et symbolique destiné à fournir
un cadre de raisonnement rigoureux pour expliquer une réalité quelconque.
Ce sont les économistes qui ont le plus largement utilisé cette méthode
empruntée aux mathématiques. Cette notion est aussi utilisée en ethnolo-
gie et en sciences politiques.
Limites des modèles : ils impliquent une certaine prévision des comporte-
ments, non généralisable actuellement, le non mesurable l’emportant sur le
mesurable. Malgré tout, les modèles sont un instrument de travail utile.
117
118 Méthodologie de la recherche
La recherche ne sert pas seulement à vérifier les théories, mais elle remplit,
selon Merton, quatre fonctions majeures :
1. Elle suscite : le chercheur, quand il vérifie une hypothèse, peut rencon-
trer un fait inattendu qui nécessitera la formulation d’une nouvelle hy-
pothèse ;
2. Elle répond : la refonte d’une théorie vient d’un fait pertinent qui avait
été négligé jusque-là et nécessite un élargissement du schéma concep-
tuel ;
3. Elle réoriente : le développement des techniques permet d’aborder des
domaines non étudiés en utilisant de nouveaux moyens d’observations ;
4. Elle clarifie les concepts : la recherche exige de la rigueur et de la préci-
sion dans les définitions.
Recherche fondamentale et recherche appliquée
Il existe deux attitudes psychologiques contradictoires concernant la con-
ception de la science : la science désintéressée et la science utilitaire.
Science fondamentale et science appliquée diffèrent quant à l’objet étudié.
Celui-ci est plus précis en science appliquée, qui est en fait un prolongement
de la science fondamentale, car elle bénéficie de son aspect théorique.
Mais parfois, il arrive que la science appliquée précède la science fonda-
mentale.
L’évolution des rapports entre recherche fondamentale et recherche
appliquée
(GRAWITZ, 1972, pp. 445-448)
Avant 1940, le rapport entre la recherche et l’industrie est faiblement orga-
nisé. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la situation change. Les savants,
vu la puissance qu’ils détiennent dans ce contexte et leurs intérêts finan-
ciers, travaillent en collaboration directe avec les gouvernements. Depuis
1945, il existe une pression de l’industrie et du gouvernement pour orienter
savants et ingénieurs vers la recherche appliquée. Mais le travail en groupe
qu’on exige n’est pas toujours très créateur.
Au niveau des sciences sociales, les rapports semblent devenir meilleurs. À
l’origine, il n’y avait pas d’intermédiaire entre recherche et application.
Mais depuis le brusque développement des sciences humaines, les inter-
médiaires se sont multipliés, ce qui a provoqué l’inquiétude des sociologues
et psychologues sur les déformations éventuelles de leurs recherches. Sur-
tout en sciences sociales, le chercheur et l’utilisateur ont des points de vue
différents. La tradition humaniste des sciences sociales rend les chercheurs
118
Présentation et choix de quelques méthodes 119
Les enquêtes
(GRAWITZ, 1972, pp. 531-557)
Les étapes préliminaires
Les enquêtes nécessitent tout d’abord une préparation intellectuelle résu-
mée en dix points :
1. L’idée de l’enquête : connaître son origine et celle du problème ;
2. La définition de l’objectif ;
3. La construction de l’objet : formulation d’hypothèses ;
4. La précision des critères à retenir et les définitions ;
5. La détermination des variables en fonction des objectifs ;
6. La limitation de l’enquête par l’objectif lui-même ;
7. La généralisation des hypothèses pour les vérifier ;
8. Le test des instruments prévus pour une préenquête ;
9. Le compte rendu des travaux antérieurs et de la bibliographie ;
119
120 Méthodologie de la recherche
120
Présentation et choix de quelques méthodes 121
L’interview ou l’entretien
(GRAWITZ, 1972, pp. 629-717)
L’interview est un procédé d’investigation scientifique utilisant un proces-
sus de communication verbale pour recueillir des informations en relation
avec le but fixé.
121
122 Méthodologie de la recherche
122
Présentation et choix de quelques méthodes 123
123
124 Méthodologie de la recherche
124
Présentation et choix de quelques méthodes 125
125
126 Méthodologie de la recherche
Le questionnaire
(GRAWITZ, 1972, pp. 668-699)
Un questionnaire est le moyen de communication essentiel entre
l’enquêteur et l’enquêté. Il comporte une série de questions concernant les
problèmes sur lesquels on attend de l’enquêté des informations.
Il existe deux types de questionnaires :
1. Le questionnaire écrit, envoyé par la poste, concerne des domaines
n’exigeant pas de réponses d’opinion ou de réponses complexes.
2. L’interview, face à face, permet des questions ouvertes et une explora-
tion du sujet.
Inconvénients de l’un et l’autre :
Le questionnaire écrit Le questionnaire d’interview
on ignore qui a répondu au ques- la présence de l’enquêteur peut être
tionnaire un facteur de perturbation
il élimine la spontanéité de la ré- prix de revient élevé
ponse
il nécessite un certain niveau
d’instruction et écarte donc cer-
taines personnes
Avantages de l’un et l’autre :
l’enquêté n’est pas gêné par la l’enquêteur peut inciter l’enquêté à
présence de l’enquêteur donner une réponse plus complète
prix de revient assez bas
mais faible pourcentage de ré-
ponse
Pour augmenter le taux de réponse aux questionnaires, il faut :
• Intéresser l’enquêté,
• expliquer le but de façon claire et précise,
• mentionner que certaines personnes importantes s’intéressent au sujet,
126
Présentation et choix de quelques méthodes 127
Le contenu d’un questionnaire est déterminé par les objectifs à atteindre. Il
doit être un compromis sur l’étendue du domaine étudié, tout en évitant de
poser des questions auxquelles on sait d’avance n’obtenir aucune réponse.
Ainsi, il doit être réalisé par plusieurs personnes pour acquérir une variété
de points de vue.
Il existe différents types de questions en ce qui concerne leur contenu :
• les questions de fait : exemple, les questions d’état civil ;
• les questions d’opinion ou de croyance : recherche de l’opinion de
l’enquêté sur un sujet ;
• le pourquoi ? : recherche des explications sur la conduite ou les opinions
de l’enquêté.
Il faut, en formulant les questions, se préoccuper de la réaction de
l’enquêté, de ses réticences, de son niveau d’information. De plus, il ne faut
pas que le contenu de la question influence la réponse et il est également
important d’utiliser un vocabulaire qui sera compris par tous. Il est ainsi
recommandé de tenir compte du niveau social de l’enquêté.
Il existe trois types de questions :
1. La question fermée : il faut souvent répondre par oui ou par non. Elle
convient parfaitement lorsqu’il s’agit de classer l’individu dans une
catégorie ou de filtrer des enquêtés. De plus, elle peut mettre la
personne en confiance avant de passer à des questions ouvertes ;
2. la question ouverte : elle laisse l’enquêté libre d’organiser sa réponse
comme il l’entend. Ce type de question est nécessaire lorsque l’on veut
connaître l’opinion de quelqu’un, mais peut parfois poser des problèmes
de classement ;
3. la question préformée : c’est un dérivé de la question fermée, suggérant
plusieurs nuances de réponses.
Il est aussi possible d’obtenir une réponse par un moyen détourné. C’est
ainsi que l’on distingue les questions indirectes des questions directes. On
peut par ce biais obtenir certaines réponses par des recoupements, plutôt
que par des questions directes.
Le nombre de questions sera déterminé par l’étendue du sujet et le temps
dont on dispose. Quant à leur ordre, elles doivent paraître se succéder na-
turellement. Il faut éviter de demander des renseignements signalétiques
127
128 Méthodologie de la recherche
128
Présentation et choix de quelques méthodes 129
Validité et fidélité du codage
(GRAWITZ, 1972, p. 706)
Les codeurs doivent faire preuve de certaines qualités : subtilité et intuition.
Ils ne peuvent être ni trop rapides (superficiels), ni trop lents (indécis). Le
codage nécessite une finesse certaine, un jugement sain et un sens de
l’essentiel. Pour les enquêtes importantes, on appelle des codeurs spéciali-
sés. Dans le cas d’enquêtes limitées, les enquêteurs font aussi le codage des
questions ouvertes non codées.
La validité est difficile à apprécier. Il faut tout d’abord vérifier que les diffé-
rentes catégories correspondent bien aux objectifs de la recherche et que
les différents contenus ont été classés dans les bonnes catégories.
Le principe de fidélité n’est jamais totalement observé. Ainsi, un même
codeur peut effectuer différemment un classement déjà fait quelques an-
nées auparavant. Ou encore, plusieurs codeurs peuvent classer d’une autre
manière les réponses d’une même enquête. Cette différence entre codeurs
résulte de leur sélection et de leur formation.
Tabulation
(GRAWITZ, 1972, p. 708)
Le dépouillement peut se faire de deux manières :
• Manuellement : utilisable jusqu’à 400 enquêtés. L’utilisation de fiches
est recommandée. Une fois les fiches classées, on les rassemble dans un
fichier ;
• par machine : cette façon de faire met en œuvre l’informatique et
engendre des obligations prises dès le départ : 1) toutes les questions et
éventualités de réponses doivent être prévues et numérotées en
129
130 Méthodologie de la recherche
Les tests
(GRAWITZ, 1972, pp. 720-750)
« Un test est une épreuve définie, impliquant une tâche à remplir, iden-
tique pour tous les sujets examinés, avec une technique précise pour
l’appréciation du succès ou de l’échec ou pour la notion numérique de la
réussite » (PIERON cité par GRAWITZ, 1972, p. 720)
La méthode des tests est née de l’apparition de problèmes pratiques, posés
par le développement technique, coïncidant avec l’amélioration des
moyens d’investigation.
La construction des tests
(GRAWITZ, 1972, pp. 723-726)
La méthode des tests suppose une relative stabilité des comportements
rendant possible leur prévision.
1 Les postulats :
• Il existe des aptitudes différentes suivant les individus.
• Les aptitudes se manifestent dans certaines activités et sont
responsables de réussites ou d’échecs.
2 Mesure de l’aptitude
• Les procédés d’étalonnage : établir une échelle de réussite.
• Analyse interne du test, question par question. On étudie deux
aspects particuliers :
• le degré de difficulté de chaque question ;
• l’étude du pouvoir discriminatoire de chaque question
(permet de dire dans quelle mesure chacune distingue les
sujets en bons et moins bons.).
130
Présentation et choix de quelques méthodes 131
La notion de validité
(GRAWITZ, 1972, pp. 727-735)
1 La notion de critère : il faut savoir sur quel critère on établit le classe-
ment obtenu d’après les résultats du test (exemple : test sur la rapidité).
2 La validité logique et la validité empirique :
2.1. La validité logique implique deux contraintes :
• Le test doit mesurer avec exactitude ce qu’il est censé me-
surer.
• l’aptitude décelée doit se retrouver dans une situation ré-
elle
2.2. La valeur empirique : une prévision juste est la meilleure preuve
que le test mesurait bien ce que l’on voulait mesurer.
• L’aptitude est identique au résultat du test, le test est le
moyen de mesurer l’aptitude.
• La validité statistique : l’aptitude est liée statistiquement au
résultat du test.
3 Le coefficient de validité : degré de concordance entre le classement
des individus suivant le critère et le classement par le test. La validité
n’est pas une fonction du test, mais bien l’usage pour lequel le test est
envisagé.
Fidélité, classification, valeur et intérêt des tests
(GRAWITZ, 1972, pp. 737-750)
1 La fidélité concerne les diverses étapes de la transmission du test et
de la façon dont les données sont recueillies. En réalité, la fidélité
masque des contenus différents dont les principales sources dépen-
dent : du sujet, du test même ou de son opérateur. Le rôle des obser-
vateurs est très important, car la fidélité traduit la réciprocité de leurs
notations, celles-ci détermineront le degré de fidélité d’un test. On
essayera alors d’améliorer sa fidélité en perfectionnant ses conditions
de présentation et d’appellation ; ce qui devrait diminuer ses erreurs
de mesure.
2 La classification : les tests sont extrêmement nombreux. On peut
alors les ranger d’après leur présentation ou d’après leur fonction.
131
132 Méthodologie de la recherche
Certains auteurs font par contre la distinction entre les tests analy-
tiques, s’adressant au développement d’une fonction spécifique
(exemple sensoriel) et les tests synthétiques étudiant des aptitudes
plus complexes telles celles à la musique. Tout ceci prouve que ce
n’est pas seulement ce qu’on cherche par le test qui est important,
mais aussi la façon dont on le cherche ; car il faut tenir compte de cer-
tains traits de la personnalité. Cela nous mène à un autre affronte-
ment entre ceux qui insistent sur la précision des tests ; et ceux qui es-
timent que l’être humain, vu sa complexité, ne peut être réductible à
une mesure. Cette complexité se traduit par la conduite de l’individu,
c’est-à-dire un comportement plus global que l’ensemble de ses réac-
tions concrètes. Par conséquent, il existe des méthodes plus com-
plexes, dont :
• La méthode synthétique des traces, basant son diagnostic sur
l’écriture ou le dessin.
• Les questionnaires et les inventaires explorant les aspects
affectifs ou connotatifs de la personnalité ont pour défaut que
le sujet se doute de la valeur indicative de sa réponse.
• Les tests projectifs (dont les particularités sont que le sujet
ignore la signification de sa réponse, qu’il n’y a pas de réponse
juste...) ne sont reconnus comme valides qu’après de très
nombreuses expériences.
132
Présentation et choix de quelques méthodes 133
2.2. Le test est établi par rapport à une moyenne, car il est essen-
tiel d’insister sur le fait qu’un test n’est pas révélateur d’une
aptitude en soi, mais par rapport à celle d’autres individus !
2.3. Le test est établi et interprété par des hommes, ce qui fait
que l’influence du créateur du test est considérable et ren-
ferme une part d’arbitraire.
2.4. Le test projectif viole la personnalité du sujet, qui n’est même
pas au courant des résultats de ses aptitudes et/ou fai-
blesses.
Pour conclure, les tests devraient être conçus en fonction de l’intérêt du
sujet, de celui de l’entreprise et de celui de la société !
133
134 Méthodologie de la recherche
2. Le comportement :
• indépendant, on ne juge qu’un stimulus,
• relatif, on compare les stimuli en créant un tableau à double en-
trée.
La méthode d’obtention détermine le genre d’information, la méthode
d’analyse définit l’information :
comportement indépen- comportement relatif
dant
préfé- Obtention : stimuli pré- Obtention : méthode de choix,
rence sentés un par un et ré- de l’ordre de préférence, des
ponses indépendantes. intervalles apparemment égaux,
réponse subjective de comparaisons par paires ou
Analyse : échelle de Likert triades.
(plus maniable que Thurs- Analyse : technique du parallé-
tone). logramme ou déploiement pour
classer les réponses contenant
divers choix.
134
Présentation et choix de quelques méthodes 135
La technique du panel
(GRAWITZ, 1972, pp. 782-787)
La technique du panel est une technique ayant pour objectif l’étude de
l’orientation des changements, de leur mesure. Elle cherche à fournir une
explication, une prévision. Les mêmes questions sont posées aux mêmes
personnes à intervalles réguliers dans une période fixe de temps. Son but
est double :
1. Situer les gens qui changent d’opinion ;
2. Préciser les facteurs déterminants de ces changements.
Ce double objectif est atteint quand on peut tirer des conclusions générali-
sables sur un type d’individu, d’opinion, d’attitudes les plus susceptibles de
changement.
La technique du panel pose divers problèmes techniques :
135
136 Méthodologie de la recherche
136
Présentation et choix de quelques méthodes 137
Pour la taille du terrain, deux types d’études coexistent :
• D’une part, les « area studies » qui ont un objectif large,
• d’autre part les « case studies » qui recueillent un maximum
d’informations sur un sujet plus précis dans un simple souci de descrip-
tion et non de mesure.
Au niveau du degré de précision ou de mesure, trois catégories d’enquêtes
sont à envisager :
• Les enquêtes d’exploration qui font appel à la description et permettent
de découvrir les facteurs ayant un rôle. L’observation peut aboutir à
une classification avec vérification des hypothèses par les autres formes
d’enquête ;
• les enquêtes de diagnostic ou d’analyse : stade entre la simple explora-
tion et la véritable expérimentation. Elles cherchent une réponse à une
question pratique ;
• les enquêtes expérimentales vérifient les hypothèses émises.
L’observation, pour qu’elle soit efficace, doit être étudiée a priori et a pos-
teriori.
A priori, l’enquête peut être d’exploration ou de diagnostic selon que
l’observateur est actif ou passif, selon que les comportements sont imprévi-
sibles ou codifiables. Dès le départ, il convient de décider du degré de par-
ticipation de l’observateur/enquêteur et des observés/enquêtés. Il est
aussi primordial de définir les objectifs et le temps nécessaire pour les at-
teindre.
A posteriori, il faut interpréter, tendre à l’objectivité par une systématisa-
tion des observations reçues sur le terrain afin de donner un sens aux résul-
tats, de rendre l’image d’un puzzle composé de pièces qui sont autant
d’observations qualitatives ou quantitatives. Pour cela, il faut évaluer,
comparer, catégoriser pour permettre finalement de généraliser scientifi-
quement.
Cependant, pour mener à bien ces observations,
« Il faut être assez honnête pour abandonner les hypothèses auxquelles
on tenait si les éléments rassemblés ne les confirment pas, assez souple
et inventif pour en imaginer d’autres, assez humble pour voir toutes les
lacunes de son travail, mais assez passionné pour le continuer tout de
même, en y trouvant des satisfactions » (GRAWITZ, 1972, 818).
137
138 Méthodologie de la recherche
L’observation systématique procède par étapes pour proposer une hypo-
thèse, rendant compte de tous les aspects de la réalité. Cela nécessite une
vue globale.
Ces deux techniques d’observation se complètent et correspondent à des
objectifs différents, à des moments différents de l’enquête.
L’interview de groupe, quant à elle, est une technique utilisée pour des re-
cherches de motivations (enquête de marché). Elle peut s’adresser à des
groupes naturels ou artificiels. Il s’agit bien d’une technique de groupe par
l’interaction qu’il y a entre les membres. Ceci favorise la mise en évidence
de toutes les attitudes.
138
Présentation et choix de quelques méthodes 139
L’expérimentation en laboratoire
(GRAWITZ, 1972, pp. 831-850)
L’expérimentation en laboratoire a surtout été développée au sein de la
psychologie des groupes. Elle a pour but de vérifier l’hypothèse tirée à par-
tir de changements remarqués entre deux groupes semblables au départ et
suite à l’introduction d’une variable au sein d’un des deux groupes.
Les deux groupes consistent en un groupe d’expérimentation où est intro-
duite la variation et un groupe de contrôle. Ce dernier s’établira soit rigou-
reusement (contrôle de précision), soit statistiquement, soit selon le ha-
sard.
Les expériences seront classifiées selon le genre de manipulations et de vé-
rifications pratiquées. Elles sont dites soit d’avant-après, soit de contrôle
après, soit ex post, facto, soit de simulation. L’expérience se déroulant en
situation artificielle, des questions se posent quant à sa validité et la repré-
sentativité des individus de l’expérience.
Concernant la recherche en matière de groupe, on a constaté que le groupe
agit sur la perception individuelle, sur l’opinion et sur la production indivi-
duelle. Les besoins n’étant pas toujours apparents et évoluant avec le
temps, les fonctions du groupe sont diverses.
Un élément déterminant pour le groupe est son volume. Moreno a mis en
évidence la notion de sous-groupe (sociométrie) présente dans tout groupe.
Le rôle des individus dépend de leur personnalité et de leur place au sein
du groupe. La structure du groupe dépend du commandement de celui-ci,
du moral et de la structure de ses communications ; la notion de leader dé-
pend de ces trois facteurs.
« Action research » ou recherche active et l’intervention psychoso-
ciologique
(GRAWITZ, 1972, pp. 856-896)
La recherche active est une étude qui, ayant un certain projet de change-
ment, transpose des connaissances théoriques dans le milieu naturel étudié
et en dégage des enseignements susceptibles de généralisation pour abou-
tir à la production d’un savoir théorique.
139
140 Méthodologie de la recherche
140
Présentation et choix de quelques méthodes 141
nique non directive, c’est-à-dire qu’il intervient pour aider le groupe à évo-
luer : il utilise donc une technique distancée.
Trois grandes tendances sont à l’origine de ces divers développements :
1. D’inspiration Lewinienne : les training group laboratories aux USA.
L’idée initiale est que tout le monde vit et travaille en groupe sans per-
cevoir sa façon d’agir. Pour une meilleure communication, on doit donc
lever les obstacles intérieurs. Le Training group est un groupe artificiel
créé pour un travail psychosociologique. Il consiste en une réunion de
gens ne se connaissant pas avec un animateur n’ayant pas un rôle diri-
geant. Le but étant le déconditionnement social par une confrontation
avec la réalité, les autres devant expliquer la façon dont ils nous perçoi-
vent.
2. D’inspiration psychanalytique en Grande-Bretagne : les groupes de tra-
vail réels existant dans l’entreprise indépendamment de l’intervention.
3. D’inspiration rogerienne en France : part d’une tendance à la maturation
et à l’intégration de la personnalité de l’individu. Cette technique con-
siste à aider le sujet à prendre conscience de sa perception du monde et
de lui-même.
Phénomènes apparaissant dans les groupes:
1. la vie émotionnelle des groupes :
1.1. Quand un groupe se crée, des liens de solidarité non perçus entre
ses membres s’établissent ;
1.2. Naissance également d’un sentiment d’anxiété ;
1.3. Présence du paradoxe d’ambivalence et d’ambiguïté.
2. Le rôle d’observateur : il a une fonction d’évaluation, car il aide le
groupe à comprendre ce qu’il se passe.
La dynamique de groupe fait découvrir l’efficacité d’une intervention non
directive.
Champ de recherche et d’application :
1. Formation et thérapie : les discussions de groupe visent la formation de
ceux dont le métier consiste à éduquer les autres ou dont la profession
comporte une part de commandement.
2. Intervention psychosociologique dans le cadre de l’entreprise :
2.1. La conduite des réunions : trois types de fonctions :
• communication,
• traitement de l’information,
141
142 Méthodologie de la recherche
• de conduite.
Différents types de réunions :
• de commandement : c’est le conducteur de la réunion qui dé-
cide,
• stratégique : le conducteur sait ou il veut en venir, mais il veut
amener le groupe à découvrir par lui même sa solution,
• de discussions : le groupe discute et prend la décision.
2.2. La formation et la discussion de groupe : le but est d’offrir à des
adultes figés dans des rôles l’occasion de prendre conscience de la
façon dont les autres les voient.
3. Les applications pédagogiques : les notions découlant des expériences
d’intervention psychosociologique peuvent être adaptées à notre ensei-
gnement traditionnel, grâce aux méthodes actives d’enseignement.
4. Dangers d’une utilisation abusive de l’intervention psychosociologique :
4.1. Maladresse, abus : il y a un risque de manipulation, d’exagération,
et d’utilisation inopportune. Les méthodes non directives ne doi-
vent donc pas être trop vulgarisées.
4.2. Méconnaissance des structures : aussi bien au niveau de
l’entreprise que dans l’enseignement, on ne peut méconnaître les
structures générales, les rapports de force et de faits. Il faut donc
modifier les systèmes et les opinions.
4.3. Méconnaissance des problèmes collectifs : la transposition de pro-
cessus observés dans un petit groupe à un groupe plus large est
dangereuse, car ils ne se manifestent pas de la même façon.
Au point de vue de la formation au sens le plus large, la discussion de
groupe est efficace, car l’expérience est enrichissante, elle les sensibilise
aux problèmes des autres et les éclaire sur leurs propres comportements.
Ainsi, la psychosociologie, par une étude des interactions qui tisse la vie du
groupe, a montré que la vie collective ne pouvait se suffire d’une fusion
avec la masse et que le lien d’homme à homme restait la réalité la plus con-
crète.
Éléments de statistique
La statistique est liée à chaque étape de la recherche, elle est dépendante
de l’objectif poursuivi, mais en même temps, elle est un moyen pour at-
teindre ce but.
Les données statistiques sont :
142
Présentation et choix de quelques méthodes 143
143
144 Méthodologie de la recherche
144
Présentation et choix de quelques méthodes 145
• Inconscient ?
4. Au niveau des groupes auxquels appartiennent ces différents protago-
nistes
• Quelle culture ? (la perception et les catégories varient
d’une culture à l’autre)
• quel groupe ? (un individu réagira de manière différente à
la Splendeur de la Vérité, selon qu’il est catholique ou libre-
penseur)
• quel rôle ? (un individu visionne un film de manière diffé-
rente selon qu’il est simple spectateur ou critique)
• quelles règles ? (on interprète un message de manière différente
selon qu’on adopte la grille de Gritti ou celle de Greimas).
5. À propos du message et du code :
• Analyse formaliste, structurale, syntagmatique, paradigma-
tique, sémiologique ?
• Interprétation symbolique, herméneutique ?
• Association libre ou amplification ?
etc.
L’analyse de contenu et l’interprétation d’un message sont liées à divers
points de vue relatifs : ceux de l’émetteur, du récepteur, de l’observateur,
des différents groupes et cultures auxquels appartiennent ces trois acteurs,
des fonctions et des règles auxquelles ils sont soumis, du message lui-
même, de son code, des autres messages dans lesquels celui-ci vient
s’imbriquer, des paradigmes, du lieu, du temps, du contexte, etc.
Étapes techniques de l’analyse de contenu
Toute observation peut nous amener à formuler des hypothèses. Une ana-
lyse de contenu est un moyen scientifique destiné à vérifier nos hypo-
thèses, à en quantifier le degré de véracité et à en dégager une loi plus gé-
nérale. Une fois notre hypothèse exprimée, il nous faut rechercher un
échantillon représentatif de faits observables proportionnel à la réalité.
Toute notre analyse se fera sur base de cet échantillon ; il est donc indis-
pensable qu’il réponde à ces critères. Ensuite, nous allons décomposer
notre hypothèse en catégories significatives de manière à ce que leur
nombre soit le plus restreint possible, et que chaque élément de notre
échantillon trouve sa place dans une et une seule de ces catégories. Celles-
ci peuvent concerner le contenu. Afin de quantifier nos échantillons, nous
déterminerons des unités d’analyse (phrase, mot, surface, temps...) et con-
vertirons tous nos éléments. Plus il y a d’unités d’analyse, plus notre étude
145
146 Méthodologie de la recherche
sera pertinente. Il nous reste alors à placer la valeur (en unité d’analyse) de
chaque élément de notre échantillon dans la colonne de la catégorie à la-
quelle il se rapporte, puis à faire le total de ces colonnes. Les résultats ob-
tenus sont alors comparés pour confirmer ou infirmer nos hypothèses, et si
possible, en dégager des lois au champ d’application plus général. L’analyse
de contenu est une science sociale et est donc sujette à des appréciations
tant qualitatives que quantitatives. Mais sa valeur dépend avant tout de la
formulation des hypothèses, du choix de l’échantillon et de la conception
des catégories.
146
147
Chapitre X
Herméneutique et
interprétation des résultats
L’herméneutique
L’herméneutique est la méthode de l’interprétation des textes anciens. Son
but est de faire une théorie générale de l’interprétation des textes.
L’herméneutique existait déjà avec Aristote qui disait : « dire quelque chose
de quelque chose, c’est déjà dire autre chose, interpréter ».
L’herméneutique moderne souligne la pluralité des sens, « le sens apparaît
multiple et changeant comme la vie même » et donc « il n’y a pas
d’herméneutique générale [...], mais des théories séparées » (ENCYCLOPAE-
DIA, UNIVERSALIS).
L’herméneutique souligne le fait qu’il y a toujours un rapport essentiel
entre ce qui est exprimé directement et indirectement dans un texte. Pour
pouvoir interpréter convenablement un texte, il faut être du même monde
historique, avoir un intérêt commun entre l’homme et le texte.
Le problème essentiel de l’herméneutique est qu’il y a des interprétations
différentes de mêmes textes (voir analyse de contenu et interprétation dans
le chapitre X)
148
Herméneutique et interprétation des résultats 149
Pour différencier les comportements humain et biologique, Umberto Eco
établit deux modèles abstraits :
1. Dyadique : A provoque B sans intermédiaire : C tient lieu de l’espace de
l’indétermination supposée tandis que le non-espace entre A et B de-
vient un espace de détermination inévitable ;
2. Triadique : A et B sont séparés par une série imprévisible et potentielle-
ment infinie de C ; ce modèle s’applique généralement aux processus
biologiques. C’est dans cet espace C que se définissent les contextes
communicatifs, nécessaires à l’élaboration de tout bon système de
signes et exigeant la notion de conscience. D’où l’importance du proces-
sus inférentiel de la sémiotique permettant d’identifier des contextes in-
connus et de réorganiser son réseau d’informations : l’abduction, qui
consiste à formuler une nouvelle règle en regard des expériences pas-
sées. Cette hypothèse tend à devenir loi et joue un rôle essentiel dans
l’explication d’événements communicatifs ambigus — homonymes...
La reconnaissance est un processus triadique par lequel on reporte sa per-
ception actuelle x1 (par exemple, un visage qu’on a connu) et sa perception
passée x2 à un type abstrait, mental x (le visage dont on n’a perçu que
quelques traits pertinents, pertinence dont les critères ne répondent à au-
cune règle). Dans les processus sémiotiques, les critères de reconnaissance
sont fonction du contexte. Les traits pertinents de l’objet peuvent être
structurés par des modèles de deux types utilisant des supports et des ré-
seaux de relations différents :
• Le modèle à l’échelle reproduit la forme de l’objet original.
• Le modèle analogique reproduit des structures abstraites ou des sys-
tèmes de relations ; il est donc indispensable de connaître les propriétés
de ce modèle.
Par exemple, une carte géographique se définit comme un modèle à
l’échelle comprenant des éléments de modèle analogique.
Trois types d’abduction
(ECO, 1992, pp. 248-281)
Dans sa recherche d’un type de division performant pour formuler une dé-
finition correcte, Aristote avance diverses notions :
1. Définir un item (S) c’est fournir un genre et une différence spécifique
(M). M permettant à S de détenir des caractéristiques de P (autre item).
2. Il pose une différence entre une définition et un syllogisme : le syllo-
gisme est un raisonnement qui prouve qu’un objet ou un fait existe. Une
149
150 Méthodologie de la recherche
définition se limite à dire ce qu’il est (et pas qu’il existe). Cependant, dire
ce qu’il est signifie aussi dire pour quoi il est, et donc connaître la cause
de son existence. Cette cause sera prise comme le moyen terme du syl-
logisme, ce dernier permettant d’inférer l’existence de l’objet. Notons
que souvent on trouve diverses causes à son existence, il faut alors choi-
sir la cause finale. Ceci pose un fait : définir, c’est isoler le moyen terme,
la cause, ce qui implique un choix, c’est-à-dire décider de ce qui doit être
expliqué. Décision prise, il faut alors « poser une règle telle que, si le ré-
sultat qu’on veut expliquer était un cas de cette règle, ce résultat ne se-
rait plus surprenant. » La définition sera valable si et seulement si tous
les S qui sont P sont M.
Il n’y a pas de réelle différence entre le modèle d’inférence d’Aristote (per-
mettant de formuler une définition) et l’hypothèse ou abduction de Peirce.
Tous deux cherchent à dire ce qu’est un objet en expliquant, par hypothèse,
pourquoi il est comme il est. Hypothèse devant être confirmée. Remar-
quons qu’Aristote n’identifie pas ce travail définitoire à l’apagogie alors que
Peirce identifie l’abduction à cette dernière.
Selon Peirce, il y a une différence entre induction et hypothèse.
• L’induction est l’inférence d’une règle à partir d’un cas et d’un résultat.
• L’hypothèse est l’inférence du cas à partir d’une règle et du résultat. On
sait que règle et cas sont corrélés, il faut alors trouver un bon moyen
terme, car il est l’élément clé du processus inférentiel.
Notons que certaines règles, par leur évidence, nous permettent de choisir
un moyen terme parmi tant d’autres, privilégiant l’explication la plus éco-
nomique.
Il existe quatre types de raisonnement inférentiel :
1. Hypothèse ou abduction hypercodée : dans ce cas, on isole une règle,
une loi déjà codifiée à laquelle un cas est corrélé par inférence. L’hypo-
thèse se résume en une activité de décodage, on remarque un phéno-
mène, on le reconnaît comme appartenant à un tel type grâce à un tra-
vail d’interprétation et de confrontation à des lois connues et prééta-
blies. L’importance du contexte n’est pas à négliger. Exemple : je re-
marque des traces sur le sol, je les reconnais comme étant celles de sa-
bots de cheval, car le manuel de boy-scout m’a appris que le fer posé sur
le sabot du cheval en était la cause. On peut relever différents phéno-
mènes :
1.1. Des symptômes : le phénomène est dû à une force extérieure ayant
agi sur la matière.
150
Herméneutique et interprétation des résultats 151
1.2. Des indices : des objets laissés par un agent sur un lieu, me permet-
tant de trouver la nature de cet agent.
2. Abduction hypocodée : lorsqu’on est face à de multiples faits décodés,
n’ayant au premier abord aucun lien entre eux, nous sélectionnons une
règle, un topique textuel visant à organiser les divers faits en une sé-
quence cohérente. Cette règle est choisie parmi d’autres règles, tout
aussi probables, que nous propose la connaissance du monde. On opère
un choix de règles parmi d’autres ce qui prouve qu’il n’y a aucune certi-
tude quant à l’exactitude de l’explication avancée.
3. Abduction créative : dans ce cas-ci, la règle n’est pas préétablie, elle doit
être inventée et dépend de la créativité de l’individu. C’est le cas des
déductions de Sherlock Holmes. Il s’invente un monde textuel en fonc-
tion de ses critères esthétiques qui guident son intuition, le but étant de
deviner la nature, la cause d’un résultat. (Mme X serait la meurtrière ?)
On comprend que la règle avec laquelle il a organisé les divers indices ne
soit pas légion.
4. Meta-abduction : elle concerne uniquement les abductions créatives.
Dans ce cas, on décide si l’histoire, le monde textuel créé est identique
au monde réel. Cette décision est due à une rationalisation et à une
croyance en l’infaillibilité de sa propre abduction créative. Cette meta-
abduction ne s’effectue pas avec les hypothèses et abductions hypoco-
dées puisqu’elles se basent sur des lois déjà contrôlées dans notre
monde. Holmes confronte sans cesse ses abductions créatives à la réali-
té ; il y retrouve une parfaite concordance entre les deux.
Sémantique, pragmatique et sémiotique du texte
(ECO, 1992, pp. 286-386)
La sémiotique est constituée de trois branches différentes qui sont nom-
mées : sémantique, syntactique et pragmatique. Le risque d’indépendance
de ces trois sciences représente un danger.
La sémiotique ne s’occupe pas de l’étude d’un type particulier d’objets,
mais d’objets ordinaires en tant qu’ils participent à la sémiosis qui, en
termes peircéens, est une action qui implique une implication de trois su-
jets : le signe, son objet et son interprétant, telle que cette influence trirela-
tive ne puisse en aucun cas se résoudre en actions entre couples.
Selon Morris, les éléments contextuels qui ont un rôle dans une interaction
linguistique sont des termes non strictement sémiotiques. Or, cette as-
somption contraste avec sa sémiotique, car celle-ci concerne les phéno-
mènes linguistiques, mais aussi tous les systèmes de signes.
151
152 Méthodologie de la recherche
L’étude pragmatique du contexte de l’interaction verbale ne peut être
qu’enrichie par une sémantique des langages non verbaux.
Dans ce qui oppose la langue et les autres systèmes non verbaux, la prag-
matique, au lieu d’être une science avec son propre objet exclusif est da-
vantage l’une des dimensions d’une recherche sémiotique plus générale. Il
est important de savoir que la sémiotique étudie non seulement la struc-
ture abstraite des systèmes de significations, mais aussi les processus au
cours desquels les usagers appliquent pratiquement les règles de ces sys-
tèmes afin de communiquer. Même si l’on a l’impression que la sémantique
concerne les systèmes de signification alors que la pragmatique traite des
processus de communication. L’opposition signification/communication ne
recouvre pas entièrement l’opposition sémantique/pragmatique.
On peut constater que les approches sémantiques et pragmatiques sont
étroitement liées. En effet, la sémantique (qui est une branche de la sémio-
tique) traite de la signification des signes et il existe une pragmatique de la
signification et une pragmatique de la communication. Même dans les
définitions classiques les plus abstraites de la signification, on trouve des
éléments pragmatiques.
Pour Umberto Eco, les définitions du signe prennent en compte le rapport
entre expressions et la relation mentale de l’interprète. Il y a donc une
toute nouvelle approche sémiotique unifiée entre signification et communi-
cation.
Sur la présupposition
(ECO, 1992, pp. 307-342)
Étant donné que la notion de présupposition ne définit pas une série de
phénomènes grammaticaux homogènes, elle n’est qu’un artifice de la théo-
rie linguistique et ne peut être expliquée que d’un point de vue discursif.
La distinction du genre de phénomènes présuppositionnels relève d’une
distinction linguistique du signifié. Certaines informations sont en effet plus
importantes que d’autres :
• d’une part, il y a l’information placée sur le fond du discours, à savoir le
cadre contextuel constitué par le signifié présupposé de l’énoncé, accep-
té implicitement par l’émetteur et le destinataire ;
• d’autre part, il y a l’information placée en relief du discours, à savoir le
signifié affirmé.
Parmi ces phénomènes présuppositionnels, on distingue :
152
Herméneutique et interprétation des résultats 153
• les présuppositions lexicales véhiculées par les termes-p pourvus dès le
départ d’un pouvoir présuppositionnel et auquel pourrait contextuelle-
ment se référer un schéma d’action ;
• les présuppositions existentielles ou contextuelles insérées dans le pro-
cessus communicatif ainsi que dans des énoncés référentiels et acqué-
rant un pouvoir présuppositionnel.
Par ce pouvoir présupposionnel, les termes et énoncés acquièrent un pou-
voir positionnel c’est-à-dire le pouvoir d’imposer des présuppositions et
donc un processus de contextualisation et d’identification des informations
données par l’émetteur.
Mais la nature de ce pouvoir positionnel est différente selon le type de pré-
supposition : il peut, soit être lié, pour les termes-p, à une description sé-
mantique ou soit, pour les énoncés, à un contrat fiduciaire établit entre
l’émetteur et le destinataire que l’on appelle principe coopératif permettant
l’échange entre ceux-ci.
En matière de probabilité, le cadre de fond est moins propice à la contesta-
tion alors que le relief l’est plus. En effet, puisque le cadre de fond est pour-
vu d’un pouvoir positionnel, le nier reviendrait à changer la topique tex-
tuelle.
Sémiosis illimitée et dérivée
(ECO, 1992, pp. 369-383)
On peut définir deux idées d’interprétations d’un texte :
• La première selon laquelle on tente de comprendre la signification vou-
lue par l’auteur.
• La seconde selon laquelle il n’existe pas une seule et unique interpréta-
tion d’un texte, mais bien une infinité d’interprétations.
La dérive hermétique peut être principalement caractérisée par son habile-
té à glisser de signifié à signifié, de ressemblance à ressemblance, d’une
connexion à une autre. Quant à la sémiosis hermétique, elle affirme que
n’importe quoi agit en sorte que toute chose se connecte à toute autre
chose.
Selon Pierce, un signe est quelque chose par la connaissance duquel nous
connaissons quelque chose d’autre. Cela veut dire que plus le signe reçoit
de déterminations, plus la connaissance — au sens piercéen — est grande.
Il y a croissance du signifié. On s’approche alors d’une connaissance ma-
jeure du contenu de la représentation. Mais, on n’arrive pas à la connais-
sance totale et finale, car la sémiosis est illimitée. Cependant, nos objectifs
153
154 Méthodologie de la recherche
154
155
Conclusion
Possibilités et limites
de la connaissance
La connaissance de la connaissance
(MORIN, 1986, pp. 9-30)
L’abîme
Afin d’appréhender la connaissance de la connaissance, Edgar Morin prend
en compte six éléments :
1. La demande : La connaissance repose sur la recherche possible de la
connaissance.
2. L’inconnu de la connaissance : on ignore ce que signifie connaître,
quand on interroge la connaissance, elle se multiplie.
3. Le multidimensionnel et l’inséparable : la connaissance nécessite un
cerveau et une culture pour se développer en différents processus.
4. La brisure : entre les savoirs permettant la connaissance de la connais-
sance.
5. La pathologie du savoir : le processus augmente les connaissances, pro-
duit de nouvelles ignorances sur les savoirs existants et engendre un
nouvel obscurantisme.
6. La crise du fondement de la connaissance : elle a commencé au XIXe
siècle avec Nietzsche et Heidegger. Au XXe siècle, la science pensait
avoir trouvé le fondement empirico-logique de la vérité. À la suite de la
découverte de l’absence de tels fondements par Karl Popper, cela abou-
tit à un constat d’échec.
156 Méthodologie de la recherche
Du méta-point de vue
Edgar Morin propose de passer de la notion de sciences cognitives à celle de
science de la cognition en partant des exigences fondamentales suivantes :
1. L’ouverture bio -anthropo-sociologique : la relation entre la société et la
vie est concernée par la connaissance de la connaissance.
2. La réflexivité permanente : science et philosophie.
• Origine philosophique de la connaissance de la connaissance : la ré-
volution copernicienne de Kant fait de la connaissance l’objet cen-
tral de la connaissance de la connaissance.
• De la philosophie à la science : les recherches scientifiques sur la
connaissance sont confrontées aux mêmes problèmes que ceux po-
sés par Kant et la philosophie (relation corps-esprit).
• Il faut effectuer le difficile dialogue entre réflexion subjective et
connaissance objective.
3. La réintégration du sujet : le sujet connaissant devient objet de sa con-
naissance tout en demeurant sujet afin de considérer de manière objec-
tive le caractère subjectif de la connaissance.
4. La réorganisation de l’épistémologie : considérons les sciences cogni-
tives comme objets de l’épistémologie et vice-versa. But : établir une re-
lation entre eux pour accéder à la connaissance de la connaissance et
réorganiser le savoir. L’épistémologie complexe examine les instruments
de connaissance et les conditions de production de ces instruments.
5. Le maintien de l’interrogation radicale : il est impossible de fonder et
d’achever la connaissance.
6. La vocation émancipatrice : prendre conscience des conditions de pro-
duction et d’organisation de la connaissance. Plus la connaissance les
connaît, mieux elle peut s’en détacher. Toute connaissance a besoin de
se réfléchir : pas de connaissance sans connaissance de la connaissance.
L’aventure
L’aventure cognitive s’articule selon trois principes :
1. Le tabou et la résignation : imposés par les perversions de l’organisation
disciplinaire de la connaissance. Il faut revendiquer le droit de traiter des
problèmes.
156
Conclusion 157
L’animalité de la connaissance
(MORIN, 1986, pp. 53-67)
L’appareil neuro-cérébral
Le développement du cortex puis du néocortex différencie le cerveau le
plus évolué (homo sapiens) de celui des invertébrés. Notre tissu nerveux se
différencie à partir de l’ectoderme donc, il s’est formé à partir
d’interactions avec le monde extérieur. Une boucle autogénératrice allant
des neurones de la perception (sensorium) aux neurones de l’action (moto-
rium) a créé le cerebrum, centre de computations traitant la connaissance,
l’action et les interactions connaissance/action. Bien que dépendant de ces
neurones, le cerveau les commande, car si l’action et la connaissance sont
distinctes, elles sont en même temps impliquées l’une à l’autre. Les déve-
loppements du cerebrum sont inséparables de celui :
1. D’un code/langage ;
2. De relations interindividuelles ;
3. De stratégies collectives d’attaque et de défense ;
4. De la transmission d’informations ;
5. De l’acquisition de connaissances auprès d’autrui ;
6. Des procédures de vérification des événements.
La sensibilité transforme les événements extérieurs affectant l’être en évé-
nements intérieurs et l’affectivité projette en manifestations extérieures les
événements intérieurs agitant l’organisme.
157
158 Méthodologie de la recherche
La connaissance cérébrale
Il s’agit d’une mégacomputation de microcomputations (neuronales), de
mésocomputations (régionales) et d’intercomputations (entre neurones et
entre régions). Cette computation cérébrale constitue un computo (acte
auto -exoréférent) et dispose :
1. D’une double mémoire (héréditaire et acquise) ;
2. De terminaux sensoriels divers qui lui fournissent les informations ;
3. De principes spécifiques qui organisent la connaissance dans un conti-
nuum spatio-temporel.
Dès lors, l’appareil neuro-cérébral perçoit analytiquement puis développe
une représentation.
Apprendre : c’est acquérir des savoir-faire et faire acquisition de savoir.
Une forte compétence cérébrale (innée) procure l’aptitude à acquérir.
Donc, plus il y a d’inné et plus il y a aptitude à acquérir. La connaissance
cérébrale nécessite des stimuli de l’environnement pour se développer.
Donc l’inné est à la fois un acquis et un construit du processus évolutif cé-
rébral.
Stratégies cognitives : modifications, selon le surgissement des événements
ou la réception d’informations, de la conduite de l’action envisagée. Elle
suppose donc :
• l’aptitude à entreprendre ou à chercher dans l’incertitude en tenant
compte de l’incertitude ;
• l’aptitude à modifier l’action en fonction de l’aléa et du nouveau.
Il est donc utile à la stratégie de disposer de séquences programmées
(automatismes) qui agissent lorsqu’il n’y a ni choix, ni aléa, ni nouveau. Les
stratégies cognitives ont pour mission :
• d’extraire des informations de l’océan du « bruit »
• d’effectuer la représentation correcte d’une situation
• d’évaluer les éventualités et d’élaborer des scénarios d’action
La définition shannonienne de l’information-résolution d’une incertitude
correspond à la connaissance en milieu écologique. Le développement des
choix/décisions nécessite le développement des connaissances.
C’est là qu’intervient le choix entre simplification :
1. Sélectionner ce qui présente de l’intérêt pour le connaissant ;
158
Conclusion 159
159
160 Méthodologie de la recherche
160
Conclusion 161
161
162 Méthodologie de la recherche
Les vérificateurs
(MORIN, 1986, pp. 227-228)
La connaissance et la pensée disposent de moyens multiples pour contour-
ner les limitations, travailler avec l’incertitude, reconnaître les trous noirs,
surmonter les carences et mutilations. Elles disposent :
1. Du contrôle environnemental ;
2. De moyens pratiques d’investigation, prospection, observation, manipu-
lation, expérimentation, vérification ;
3. Des possibilités d’échanges interindividuels ;
4. Du contrôle logique ;
5. De l’aptitude critique ;
6. De la conscience réflexive ;
7. Du pouvoir d’organisation complexe propre à la pensée, qui permet de
lier dialogiquement la lutte contre la certitude (destructions d’illusions
ou d’erreurs) à la lutte contre l’incertitude (acquisition de certitudes).
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163
Sources
BACHELARD, Gaston
1974 Épistémologie, Paris, Presse Universitaire de France,
coll. SUP, 216 p.
BIBLIOTHÈQUE ROYALE ALBERT 1er
1952 Naturerklärung und Psyche, Zurich, Rascher, 20.
164 Méthodologie de la recherche
LAROUSSE
1977-1979 Larousse. Encyclopédie en couleurs. Paris, Librairie
Larousse — éd. du Club France Loisirs, 22 vol.
LE CROSNIER, Hervé
164
Sources 165
165
166 Méthodologie de la recherche
166
Table des matières 167
168
Conclusion 169
169