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Méthodologie de la recherche appliquée

Book · January 1994

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1 author:

Joël Saucin
Haute École Galilée, Bruxelles et Université de Louvain, Louvain-la-Neuve et Mons
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Joël SAUCIN








Méthodologie de la recherche


Master en management d’événements

Syllabus de 2e bloc

Première édition





Bruxelles

2018

© Joël SAUCIN

Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit,
réservés pour tous pays sans l’autorisation des auteurs ou de leurs ayants droit.

Imprimé en Belgique D/2018/CEICS, éditeur

4
Sommaire

Articulation


Ce cours de méthodologie de la recherche se développe en deux parties :

• d’une part, préparer le futur communicateur à acquérir une démarche
scientifique en le familiarisant à une méthodologie relative à la re-
cherche appliquée, au dépouillement des documents, ainsi qu’à la ré-
daction scientifique ;
• d’autre part, lui présenter diverses méthodes et un ensemble de notions
relatives à l’activité scientifique pour lui permettre de réaliser son mé-
moire.

PLAN

Le contenu du cours est également divisé en deux parties :

1re partie : la phase préparatoire, dont :

Chapitre I — la démarche scientifique : les différents types de sciences, les
travaux scientifiques et le travail de fin d’études, les rubriques du travail
scientifique, les critères d’évaluation ;
Chapitre II — l’heuristique ou la recherche de documents : les différents
modes de recherche, les outils documentaires ;
Chapitre III — l’apparat critique et la bibliographie : les ouvrages inspira-
teurs, l’apparat critique, les normes bibliographiques.

2e partie : la mise en œuvre, dont :

Chapitre IV — problèmes d’épistémologie : la démarcation, l’objectivité, la
vérifiabilité et la falsifiabilité ;
Chapitre V — quelques principes de la méthode scientifique : les principes
de logique, de causalité et de synchronicité ;
6 Méthodologie de la recherche

Chapitre VI — la formulation d’une hypothèse et les différents types


d’hypothèses. La notion de modèle ;
Chapitre VII — l’élaboration du plan de travail : la déduction, l’induction et
l’amplification ;
Chapitre VIII — l’élaboration de concepts ;
Chapitre IX — présentation et choix des méthodes.
Chapitre X — herméneutique et interprétation des résultats.


Conclusion : possibilités et limites de la connaissance humaine.

6
Introduction

Descriptif du cours

Préparation TFE — méthodologie de la recherche


TFME2211 │ 5 crédits │ BLOC 2 — Q1

Cette unité d’enseignement/activité d’apprentissage vise à doter les étu-


diants des bases méthodologiques permettant de mener un travail de re-
cherche et de rédaction scientifique en sciences de la communication. Ses
acquis pourront être transférés dans d’autres unités d’enseignements. La
mise en application de ces objectifs se fait essentiellement en s’articulant
avec l’AA « case studies » et le mémoire de fin d’études de l’étudiant.

Acquis d’apprentissage

Au terme de l’activité d’apprentissage, l’étudiant :

1. mène le processus cognitif et méthodologique lui permettant de définir
une thématique de travail/projet pertinente pour le domaine de
recherche en management d’évènements ;
2. problématise la thématique définie au préalable dans un contexte
précis ;
3. comprend, choisit et mobilise les méthodes et techniques de recherche
en sciences sociales appliquées au management d’évènement ;
4. planifie de manière rigoureuse les étapes de réalisation de son article ;
5. maîtrise les principes essentiels de l’écriture scientifique et est capable
de les appliquer à la rédaction de son travail ;
6. maîtrise l’argumentation et la présentation d’un travail ;
7. maîtrise les règles de citation et de référencement bibliographique
propres à un travail scientifique et est capable de les mettre en œuvre
dans la rédaction de son travail.
8 Méthodologie de la recherche

Compétences référentielles

cf. Référentiel de compétences de la section

Dispositif de l’activité d’apprentissage



L’activité d’apprentissage méthodologie propose des notions théoriques
issues de la recherche en sciences sociales, des études de cas concrètes de
recherche en management d’évènement et des exercices pratiques transfé-
rables aux différents travaux des étudiants.
La théorie est enseignée ex cathedra lors des séances de cours et est direc-
tement mise en situation par des exercices pratiques d’analyse (de textes,
de corpus, de statistiques) et de conception d’outils de recherche. Les étu-
diants sont amenés à travailler sur des thématiques qui leur sont imposées
par la titulaire de cours, mais également sur leur propre travail de fin
d’études tout au long de leur formation. Les principes de la citation et du
référencement bibliographique (en particulier la norme APA) seront abor-
dés dans la partie consacrée à l’écriture scientifique.

AA1 : Compréhension et analyse des techniques de recherche en sciences
sociales (qualitatives et quantitatives). Travaux en sous-groupes et indivi-
duels.
AA2 : Préparation et rédaction d’un projet de mémoire personnel. Choix
d’une thématique, exploration de la problématique, élaboration de la ques-
tion de recherche et du modèle d’analyse, recherches bibliographiques et
ébauche des outils de recherche, rédaction du travail individuel selon les
critères d’écriture scientifique.

Organisation de l’activité d’apprentissage

- L’unité d’enseignement se déroule en plusieurs séances de cours ex ca-
thedra ;
- Certaines séances sont consacrées au monitorat du projet de mémoire
(rendez-vous individuels) ;
- Trois à quatre séances sont dédiées à la présentation des avancées des
projets de mémoires ;
- En plus des séances, du temps sera prévu sur les terrains de recherche
des étudiants (environ 10 h) ;
- Du travail à domicile est prévu pour la préparation du projet de mémoire
(environ 20 h) ;

8
Introduction 9

Évaluation de l’activité d’apprentissage



Les critères évalués sont les suivants :

- Participation active aux séances de cours ;
- Connaissance critique des principales méthodes de recherche (en con-
naître les forces et les limites) ;
- Capacité à identifier les méthodes adéquates pour traiter une question
donnée ;
- Capacité à identifier les techniques de recherche pertinentes à la mise
en œuvre d’une méthode donnée ;
- Capacité à appliquer les techniques de recherche sur un cas concret et le
travail de fin d’études ;
- Capacité à présenter de manière claire et pertinente des résultats de
recherche.

Les modalités d’évaluation sont :

- Les travaux préparatoires au projet de mémoire (éclatement du sujet,
bibliographie/table des matières et présence aux rendez-vous de moni-
toring) (5/20).
- La présentation au cours et le travail écrit individuel portant sur le projet
de mémoire de chaque étudiant (15/20).

La réussite de l’unité d’enseignement est acquise dès lors que la moyenne
pondérée de l’ensemble des éléments d’évaluation est supérieure à 10/20
(50 %) et que chaque élément de l’unité d’enseignement obtienne la note
minimale de 7/20.

Ressources disponibles

- Supports de cours (plan détaillé, notes descriptives, présentations) ;
- Bibliographie ;
- Documentation.

Situation de l’activité d’apprentissage

L’activité d’apprentissage est un corequis à l’activité « case studies ».

Joël SAUCIN,
le 25 septembre 2018.

9
10 Méthodologie de la recherche

10

Première partie

La phase préparatoire
12 Méthodologie de la recherche

12
Présentation de la démarche scientifique 13

CHAPITRE I

PRÉSENTATION DE LA DÉMARCHE
SCIENTIFIQUE

Introduction

Science : ensemble de connaissances et de recherches ayant un degré suffisant


d’unité, et susceptibles d’amener les hommes qui s’y consacrent à des conclu-
sions concordantes qui ne résultent ni de conventions arbitraires, ni des goûts ou
des intérêts individuels qui leur sont communs, mais de relations objectives
qu’on découvre graduellement, et que l’on confirme par des méthodes de vérifi-
cation définies. (LALANDE, 1988)

Toute discipline scientifique possède une cohérence interne qui assure


l’unité de la connaissance scientifique. Cette cohérence exclut l’existence de
contradictions entre les différents énoncés qui sont formulés au sein d’une
même discipline. À cette unité interne se superpose une unité d’ensemble
entre les diverses disciplines scientifiques. L’homogénéité des diverses mé-
thodes scientifiques entraîne les diverses disciplines scientifiques vers un
point de convergence.

La critique interne garantit la cohérence des énoncés théoriques et la cri-


tique externe confronte les hypothèses et les théories aux données objec-
tives, aux faits. La démarche scientifique ne se contente pas d’énoncés sin-
guliers. Elle vise la généralité en dégageant des lois et des énoncés univer-
sels qui permettent de relier des phénomènes qui, de prime abord, peuvent
sembler fort éloignés. À partir de ces énoncés universels, la méthode scienti-
fique tire des conclusions sous la forme d’implication logique ou de déduc-
tions. Ces conclusions ne sont liées à aucune convention, aucun préjugé, et
nul arbitraire. Ce sont des vérités partielles et provisoires qui pourront être
remises en cause et affinées par les progrès de la connaissance. Ces vérités
partielles et relatives ne sont acceptées que si elles sont confirmées par
l’observation ou l’expérimentation à l’aide de méthodes propres à chaque
science.

13
14 Méthodologie de la recherche

Les différents types de sciences

Nous distinguons trois grands types de sciences :

1. Les sciences formelles pures ;


2. Les sciences empirico formelles ;
3. Les sciences herméneutiques.

Les sciences formelles pures

Un système formel est un système fermé qui construit son objet sans ré-
férence à l’expérience. Il comporte des procédures permettant de séparer
les propositions vraies des propositions fausses.
Les sciences formelles pures comprennent principalement la logique et
les mathématiques. Ces sciences sont constituées de signes et procèdent par
déduction, afin de révéler leur logos.
Un système axiomatique est un cas particulier de système formel. Il
permet de formuler une série de propositions à partir de deux types de spé-
cifications :

1 ° un ensemble d’axiomes ;
2 ° un certain nombre de règles de déduction.

Pour démontrer la validation d’une proposition donnée, il suffit de ramener


celle-ci, par applications successives des règles reconnues, à un certain
nombre d’axiomes.

Les sciences empirico formelles

Un système empirico formel est constitué d’une composante théorique


et d’une composante expérimentale. La structure théorique est semblable à
celle d’un système formel pur. Les propositions théoriques déduites des
axiomes sont comparées aux propositions expérimentales.
Les sciences empirico formelles comprennent les sciences naturelles,
la médecine, et en partie les sciences humaines. Elles reposent également
sur des signes et procèdent surtout par induction.

Les sciences herméneutiques

Le mot herméneutique signifie interprétation et caractérise la discipline,


les problèmes et les méthodes qui ont trait à l’interprétation et à la critique
des textes. Cette discipline aborde l’ensemble des problèmes de lecture,

14
Présentation de la démarche scientifique 15

d’interprétation et de compréhension. Elle vise à constituer une théorie gé-


nérale de l’inspiration. Elle souligne la pluralité et la divergence des sens, la
relativité des points de vue et la difficulté à surmonter le conflit des significa-
tions. Le sens apparaît multiple et changeant comme la vie même.
La réflexion herméneutique se voit ainsi assigner la tâche paradoxale de
surmonter la divergence des herméneutiques.
Les sciences herméneutiques comprennent en partie la philosophie,
l’exégèse, la philologie, la linguistique, l’histoire, les diverses psychanalyses,
la mythologie, la symbolique et la sémiologie. Elles s’intéressent entre autres
au langage des mythes (mythos). Le signe fait ainsi place au symbole.

Travaux scientifiques et mémoire de fin d’études

Les paragraphes suivants commentent divers articles du règle-


ment des mémoires de fin d’études qui est entré en vigueur à
l’IHECS le 1 er septembre 2018. Les principes énoncés dans ce
règlem ent sont égalem ent pertinents pour les divers travaux
« théoriques » exigés dans le cadre des cours, ainsi que pour
toutes démarches scientifiques.

Définition et caractéristiques générales du mémoire de fin


d’études

Art. 2. § 1. – Le mémoire de fin d’études (MFE) est un ensemble de travaux théo-


riques et pratiques, considérés et articulés comme un tout, par lequel l’étudiant, seul
ou en équipe, s’attache à 1 ° identifier, 2 ° investiguer et comprendre, 3 ° énoncer
et médiatiser, et enfin 4 ° évaluer et compléter (par un article) un ou plusieurs
problèmes de communication sociale appliquée.

§ 2. – Sur le plan théorique, l’étudiant doit faire la preuve qu’il maîtrise des mé-
thodes pertinentes et adaptées à son projet, utilisées dans la communauté scienti-
fique d’aujourd’hui, quelles que soient les disciplines. De façon générale, il fait la
preuve de sa capacité à user de l’esprit critique positif qui caractérise l’intellectuel.

§ 4. – Des points de vue tant scientifiques que professionnels, l’étudiant prendra en
considération la problématique intellectuelle de son temps : soit qu’il s’inscrive dans
son mouvement, soit qu’il juge meilleur et possible de la contester ou de la dépasser.
Art. 3. – Le MFE doit être conçu et réalisé en fonction des spécificités pédago-
giques et professionnelles de la section à laquelle l’étudiant ou le groupe
d’étudiants appartient, c’est-à-dire dans celui des champs d’activité professionnelle
où il est inscrit, à savoir […] le management d’événements. La pédagogie du MFE
est orientée vers le monde professionnel en formant les étudiants aux savoir-être et

15
16 Méthodologie de la recherche

aux savoir-faire qui sont considérés comme déterminants pour une réussite dans les
métiers de la communication.
Art. 5. § 2. – Chaque section produit, à destination de ses étudiants, un vade-
mecum décrivant les différentes étapes du travail de MFE. Chaque année, ce
vade-mecum est avalisé par le Conseil de catégorie lors de sa séance de mai ou de
juin. Il a valeur d’addendum au présent règlement et est mis à la disposition
des étudiants et des encadrants.

§ 3. — Le MFE se compose de deux épreuves (à l’exception des Masters orphe-
lins) : un mémoire médiatique, réalisé en groupe, et un mémoire théorique, réalisé
individuellement.

§ 5. – Le mémoire théorique est constitué d’un article répondant aux exi-
gences suivantes : un sujet au choix de l’étudiant pour lequel il ne se contente-
ra pas de faire un état de la question, mais sera capable d’apporter un point de
vue neuf ou personnel et bien argumenté. Il ne peut s’agir ici de simple compilation
ni de la simple découverte d’un domaine de recherche. Il faut que l’étudiant fasse
preuve d’une démarche intellectuelle originale et d’une réelle maîtrise du sujet
choisi. C’est pourquoi il est conseillé à l’étudiant de choisir a priori un sujet en rela-
tion avec sa spécialisation de master ou avec son stage, ou, selon les cas, avec ses
recherches et travaux précédents de MFE, ou avec tout sujet qu’il maîtriserait
déjà par ailleurs. Le choix du sujet sera justifié dans le texte par l’étudiant. Le
thème de l’article doit être déposé au secrétariat (formulaire ad hoc) la première
semaine complète de février.
Les responsables de chacune des sections fixent dans leur vade-mecum les
normes relatives aux articles de leur section. En termes de volume, tous les articles
seront compris entre 60 000 et 90 000 caractères, espaces comprises (soit entre
10 0 00 et 15 0 00 mots ou entre 20 et 30 pages), annexes et sources non comprises.
Il comprend en outre un résumé de 20 lignes maximum en français, en anglais et
en néerlandais ou en allemand.
L’article sera conforme aux normes et principes dont il est question aux ar-
ticles 16 et 17, sauf si l’article est destiné à une revue spécifique. Dans ce cas
d’exception, et formellement approuvé par le président de section, l’étudiant
fournira un exemplaire de cette revue ou une copie, ainsi que les exigences
formelles de son comité de rédaction, afin de permettre au jury de juger de la
conformité de l’article présenté (mise en page, typographie, apparat critique, mé-
thodologie scientifique, etc.) avec ces exigences.
Art. 6. – Avec le stage, le mémoire de fin d’études fait partie des travaux person-
nels exigés de l’étudiant au terme de ses études. Il doit être au moins déposé pour
que l’étudiant puisse participer à la première ou s’inscrire à la seconde session
des examens de fin d’études.

Le règlement attire notre attention sur quatre points :

- il s’agit d’un travail individuel ;

16
Présentation de la démarche scientifique 17

- original, c’est-à-dire un labeur personnel inédit, sans plagiat 1 ;


- prenant en compte la problém atique intellectuelle
d’aujourd’hui ;
- dans le domaine de la com m unication sociale appliquée. C’est-à-
dire dans celui des champs d’activité professionnelle où l’étudiant s’est
inscrit préférentiellement, à savoir le management d’événements.
Dispositions spécifiques aux travaux théoriques

Art. 10. – Le mémoire uniquement théorique du master orphelin en management


d’événements suit les mêmes règles que le mémoire théorique des masters de base
(cf. art 5 § 5 et art 6).

Art. 11. – Dans son mémoire, l’étudiant démontre sa capacité d’analyser, de
concevoir et d’évaluer des dispositifs ou des situations d’éducation aux médias, tout
en étant soucieux de contribuer au développement théorique et empirique de ce
domaine.
Art. 13. § 1. – De façon générale, les étudiants ou groupes d’étudiants choisis-
sent librement le(s) promoteur(s) des parties théoriques de leur mémoire, à
condition que ce choix s’opère parmi les membres du personnel porteur d’un
titre de docteur, de master, de licencié ou d’un diplôme du 3e degré ; à condition
aussi qu’il y ait, entre le directeur choisi et le sujet de mémoire, une affinité intellec-
tuelle suffisante.

§ 2. – La date de remise du document reprenant le choix du sujet de l’article et de
son promoteur est définie par les sections. Tous ces formulaires doivent parvenir à
la direction des études pour le dernier lundi de février au plus tard. L’étudiant qui
pour cette date n’aurait pas rendu de sujet d’article et de promoteur manifeste
ainsi son intention de ne pas s’inscrire à la première session des examens de fin
d’études.

Art. 14. § 1. – La caractéristique essentielle des recherches et travaux théo-
riques menés dans le cadre du mémoire de fin d’études à l’IHECS est d’être
« scientifique », c’est-à-dire, selon un des sens possibles du terme, d’être con-
trôlable par autrui. Pratiquement, l’étudiant doit toujours fournir au lecteur tous
les moyens de contrôler le bien-fondé de sa recherche et de la solution qu’il pro-
pose, pour l’ensemble comme pour le détail. Une étude où l’on trouve des em-
prunts littéraux non référencés est passible de sanctions pour plagiat, selon les dis-

1
Le plagiat, selon le Petit Robert, est un vol littéraire. Le plagiaire copie, emprunte ou imite
les idées ou l’œuvre d’autrui sans en indiquer la provenance par le biais d’une référence.
Le plagiaire est donc une personne qui pille ou démarque les ouvrages des auteurs. Il y a
plagiat, non seulement, lorsqu’un auteur emprunte une ou plusieurs phrases à un autre
auteur sans en faire référence, mais également, lorsqu’un auteur emprunte ou résume
une ou plusieurs idées exprimées par un tiers sans le mentionner.

17
18 Méthodologie de la recherche

positions contenues dans la note additionnelle au présent règlement, intitulée « Le


plagiat dans les e-productions des étudiants. »

§ 2. – La bibliographie, la citation, la paraphrase, le référencement des sources,
l’apparat critique, la rédaction scientifique et autres dispositions relatives à la
méthodologie du travail scientifique sont établis conformément aux dispositions
contenues dans la note additionnelle au présent règlement, intitulée
« Méthodologie du travail scientifique. Application des articles 13 § 2 et 16 ».

§ 3. – L’article est un travail scientifique alliant nécessairement le cadrage théo-
rique et l’observation de terrain. Sous certaines conditions précisées par le
vade-mecum de chaque section, ce travail peut être un article-projet ; dans ce
cas, qui demeure une exception, la recherche s’attachera à affronter un problème
concret, à l’analyser scientifiquement et à proposer des pistes de solution.

Art. 15. § 1. – Si, par la nature du travail, la discrétion sur les sources est requise
(journalisme d’investigation, problèmes sociaux ou psychologiques délicats, do-
cuments internes d’entreprise) et qu’il soit exclu de rendre publics certains élé-
ments inhérents à la recherche, l’étudiant ne peut cependant, sans cesser d’être
un récipiendaire, s’abstenir de ces références ; mais il les réservera à un cahier sé-
paré, qui devra être communiqué, sous le sceau du secret professionnel, aux seuls
membres chargés de l’évaluation.

§ 2. – Dans de rares cas et avec l’accord préalable du promoteur et de la section, un
travail peut être défini comme confidentiel (e.a. lorsqu’il dévoile des stratégies
d’entreprise et qu’il n’est pas possible de séparer les références, cf. § 1). Cette si-
tuation doit être exceptionnelle.

Art. 16. – Le mémorant n’est pas le premier à s’interroger sur un sujet, quel qu’il
soit : il s’inscrit dans une recherche collective. Il doit donc commencer par une
étude de connaissances considérées comme provisoirement établies dans le do-
maine donné. Vu le nombre de chercheurs en communication sociale aujourd’hui, la
déclaration d’un mémorant selon laquelle le domaine qu’il étudie est en friche et
n’a jamais donné lieu à une recherche antérieure est a priori irrecevable. Son tra-
vail ne peut en aucun cas être une simple compilation anarchique de données ; il
doit être organisé selon des principes hiérarchiques et logiques. Il dépasse la
simple compilation et doit démontrer l’existence d’une démarche intellectuelle
originale.

Art. 17. – Pour toutes les parties théoriques du MFE, on suivra de façon générale
les deux normes suivantes, qui sont corrélatives :

- un mémoire, sauf au niveau des conclusions, n’est pas un véhicule pour des opin-
ions personnelles ; en revanche, les observations et informations de premi-
ère main y sont bienvenues : elles doivent alors se présenter comme telles et
fournir les garanties de prise en compte pertinente du réel ;

18
Présentation de la démarche scientifique 19

- les observations, informations, idées et opinions de seconde main (c’est-à-


dire d’autrui) qui seront rapportées doivent être accompagnées des réfé-
rences bibliographiques nécessaires.

Afin de garantir ce double aspect du contrôle, l’IHECS impose à ses étudiants
l’usage du mode de référencement des sources dit « auteur/date » tel que décrit
en annexe au présent règlement (normes APA).

Tout travail scientifique doit être contrôlable par autrui, pour l’ensemble
comme pour le détail. Il est dès lors important de donner ses sources et de
noter correctement les références.

Deux normes à respecter :

– Sauf au niveau des conclusions, un mémoire n’est pas un véhicule


pour des opinions personnelles ;
– Au niveau des ouvrages inspirateurs, de l’apparat critique et de
la bibliographie, les phrases ou idées empruntées à autrui doivent
être accompagnées des références nécessaires.

Afin de garantir ce double aspect du contrôle, l’IHECS impose à ses étudiants


l’usage d’un mode de référence bibliographique dont nous analyserons plus
tard les divers principes.

Les rubriques du travail scientifique et l’ordre des matières dans


le mémoire

Durant ses cinq années d’étude, l’étudiant devra fournir un certain nombre
de travaux scientifiques, dont le mémoire final. Traditionnellement, l’IHECS
reconnaît comme également intéressants, non en soi, mais en tant
qu’adaptés tous et chacun à la recherche contemporaine en communication
appliquée, plusieurs genres de travaux :

1 ° le travail de validation d’hypothèse(s) ;


2 ° le travail conceptuel ;
3 ° le travail d’explication empirique ;
4 ° le travail d’application ;
5 ° le travail de transposition ;
6 ° le travail en complément d’une réalisation médiatique ;
7 ° l’étude de cas ;
8 ° le travail lié au stage.

Afin d’expliquer les différentes rubriques de l’article 18, nous nous baserons
sur le mémoire de validation d’hypothèse(s).

19
20 Méthodologie de la recherche

Le mémoire de validation d’hypothèse(s) est le mémoire scientifique


au sens strict. Il a l’avantage d’initier aux méthodes utilisées dans la commu-
nauté scientifique d’aujourd’hui, quelles que soient les disciplines, et de fa-
voriser le développement de l’esprit critique positif qui caractérise par excel-
lence un intellectuel. S’il est quasiment la norme unique pour la thèse de
doctorat, il ne s’impose pas pour le mémoire de second cycle, où il est ce-
pendant accessible, à condition de limiter très précisément son sujet.
Pour expliquer un phénomène jusqu’ici obscur, une hypothèse est propo-
sée ; puis des processus de vérification sont établis (enquêtes ou expé-
riences) ; en fin de parcours, l’hypothèse est ou non vérifiée. Ce travail se
déroule donc normalement en trois étapes, après une étape liminaire.
L’étape liminaire est le choix du domaine à examiner. Elle n’a pas de justifi-
cation objective à fournir. Entrent ici en jeu les affects, les commodités, les
circonstances.

Art. 18. – Un travail théorique doit toujours être paginé sans solution de continui-
té. Il ordonne ses matières selon un ordre obligé, qui se présente comme suit :

1. Page de titre, où se trouvent mentionnés successivement :

a. HAUTE ÉCOLE GALILÉE — INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES DES COMMU-
NICATIONS SOCIALES  ;
b. le titre du travail, et son sous-titre éventuel ;
c. la mention : Travail présenté dans le cadre du Mémoire de fin d’études pour
l’obtention du titre de [..] Master en Communication — Management
d’événements
d. par X (prénom et nom de l’étudiant ou des étudiants) ;
e. Promoteur : titre Prénom Nom
f. les lieux et date de présentation (ex : Bruxelles - juin 2019).

2. L’épigraphe éventuelle, la dédicace éventuelle et les remerciements (obli-
gés conventionnellement). Doivent être cités nommément tous les membres
du personnel qui ont assumé l’encadrement du MFE en vertu des disposi-
tions du présent règlement.

3. L’avant-propos éventuel du mémorant.

4. L’introduction.

5. Les sigles et abréviations (si nécessaire).

6. Le corps du travail.

7. La conclusion.

20
Présentation de la démarche scientifique 21

8. La bibliographie

9. Éventuellement l’index des noms propres et des sujets traités.

10. Les annexes (sauf si elles sont brochées à part).

11. La table des matières, paginée.

12. En quatrième de couverture, les résumés en français, anglais, néerlandais ou
allemand.

La préface

La préface est un discours préliminaire rédigé par un tiers qui est souvent
considéré comme un spécialiste dans le domaine. Ce texte, placé en tête
d’un ouvrage, le présente et le recommande aux lecteurs. Certaines préfaces
ont fait figure de manifestes littéraires, telle celle de Cromwell, de Victor
HUGO, pour le romantisme, ou celle de Pierre et Jean, de Guy de MAUPAS-
SANT, pour le réalisme. En outre, certaines préfaces peuvent s’avérer un
excellent résumé critique de l’œuvre qui suit. C’est le cas de la préface réali-
sée par Paul RICŒUR pour l’édition en langue française de La Condition de
l’homme moderne d’Annah ARENDT.

L’avant-propos

Cet avant-propos est rédigé par l’auteur lui-même. Il développe briève-


ment quelque idée préliminaire. Parfois, il situe le cadre de sa recherche
dans le temps et l’espace et en souligne éventuellement les limites. Il s’agit
en quelque sorte d’une défense écrite face au jury représenté par le lec-
teur... En ce sens, il est souhaitable que l’étudiant réalise pour son mémoire
un avant-propos afin de préparer sa défense devant le jury.

L’introduction

Il s’agit d’un texte préliminaire en tête d’un ouvrage qui sert de préparation
à l’étude proprement dite.

La première étape est le choix de la question, soumis à quatre règles :

21
22 Méthodologie de la recherche

a) Le mémorant n’est pas le premier à s’interroger : il s’inscrit dans une


recherche collective. Il doit donc commencer par une étude des con-
naissances considérées comme provisoirement établies dans le domaine
donné. Vu le nombre de chercheurs en communication sociale au-
jourd’hui, la déclaration d’un mémorant selon laquelle le domaine qu’il
étudie est en friches et n’a jamais donné lieu à une recherche antérieure
est a priori irrecevable.
b) Ce travail bibliographique devra préciser et — au moins succinc-
tement — justifier ses propres limitations. Car ces limitations sont
fatales : une recherche au niveau de la licence ne peut pas prétendre à
être exhaustive.
c) Le mémorant délimite ensuite son sujet, c’est-à-dire qu’il ré-
sume (en donnant ses sources) ce qui est considéré comme étant les
connaissances établies dans le dom aine de la recherche sur
lequel il va travailler. Ce résum é est fait, au choix, en un ou deux
temps. En un temps, on réalise une synthèse critique. En deux
temps, on rédige d’abord un com pte rendu synthétique et objec-
tif ; on expose ensuite les observations critiques qu’on a été ame-
né à faire dans le domaine de la recherche : lacunes, contradictions, pré-
supposés.
d) On déclare les objectifs de son travail, c’est-à-dire qu’on précise sur
quel point et de quelle manière on espère augmenter les connaissances
existantes telles qu’énumérées au point c précédent. Il pourra se faire
que le sujet soit déjà si bien balisé qu’il ne faille pas (ou qu’on ne puisse
pas) proposer une explication nouvelle ; le travail consistera alors à véri-
fier une explication déjà proposée.

La deuxième étape est la formulation d’hypothèse(s).

Une hypothèse est une proposition, générale dans son domaine


d’application, et à caractère prédictif (prédictif signifiant qu’une hypothèse
fixe d’avance les résultats qu’on attend de l’analyse d’un ensemble de don-
nées). Il n’existe aucune méthode fixe pour la « découverte » d’hypothèses.
C’est en effet le point de la démarche scientifique où l’intuition, la créativité
et, dans de rares cas, le génie du chercheur entrent en jeu. Pour être valable,
une hypothèse (ou un ensemble d’hypothèses) doit toutefois satisfaire à
quatre critères :

a) on définit rigoureusement son dom aine d’application ;


b) on définit rigoureusement les termes qui entrent dans sa (ou leur)
formulation ;
c) on définit rigoureusement les liens que les termes définis en-
tretiennent entre eux ;
d) on articule les hypothèses entre elles.

En résumé :

22
Présentation de la démarche scientifique 23

1 ° L’introduction rend compte de la première étape relative


au choix de la question.

1.1. L’étudiant évoque, en quelques mots, la question traitée, les in-


terrogations soulevées durant les recherches, et l’intérêt du su-
jet ;
1.2. Il restitue la problématique dans un cadre général ;
1.3. Il délimite son sujet. Il résume les connaissances établies dans le
domaine de la recherche à l’aide d’une synthèse critique ou à
l’aide d’un com pte rendu synthétique, suivi des éventuelles
observations critiques ;
1.4. Il s’inscrit dans une recherche collective en indiquant le ou les ou-
vrages inspirateurs ;
1.5. Il précise et justifie ses propres limitations du point de vue thé-
matique, chronologique et, si nécessaire, du point de vue géo-
graphique, en expliquant ce qu’il entend par cadre géographique
(limites politiques, administratives, naturelles, religieuses, judi-
ciaires...).

2 ° L’étudiant dégage de ce qui précède une ou plusieurs


hypothèses de travail.

2.1. Il définit son dom aine d’application ;


2.2. Il définit rigoureusement les termes 2 qui entrent dans sa (ou leur)
formulation ;
2.3. Il définit rigoureusement les liens entre ces termes définis ;
2.4. Il articule les hypothèses entre elles.

3 ° L’étudiant fournit ensuite un aperçu du plan suivi dans le


travail, avec l’explication des enchaînements de chapitres
pour arriver à la conclusion générale.

4 ° Éventuellem ent, s’il recourt à une ou plusieurs méthodes


de travail, il devra fournir une synthèse ou une explication
de sa dém arche m éthodologique 3.

2
Ces termes peuvent être des concepts, des fonctions, des percepts ou des affects. Il y a
lieu de distinguer ceux-ci des représentations sociales ou des définitions fournies par les
dictionnaires. Pour de plus amples informations cf. (DELEUZE & GUATTARI, 1991, 21-206),
(STENGERS & SCHLANGER, 1991) et 2e partie du syllabus.

23
24 Méthodologie de la recherche

Que l’étudiant opte pour sa propre méthode de travail ou pour une mé-
thode ayant fait ses preuves, il devra justifier l’emploi de celle-ci.

Ces divers points visent à m ieux faire com prendre le titre, qui
doit exactem ent recouvrir le sujet traité, tant du point de vue
de la m atière que de celui des cadres. L’auteur déclare les ob-
jectifs de son travail et précise de quelle manière il espère
augmenter les connaissances existantes.

Les sigles et abréviations

Sigles et abréviations doivent être classés par ordre alphabétique. Il ne s’agit,


bien entendu, pas des abréviations courantes telles que p., vol., N°, etc.

Le corps du mémoire

La validation d’hypothèse consiste à soumettre à l’analyse un (nouvel) en-


semble de données et vérifier si les résultats obtenus correspondent à ceux
prédits par l’hypothèse. Si tel est le cas, l’hypothèse se trouve validée.

La plupart du temps, il apparaît des différences entre le résultat escompté et


le résultat obtenu. Cela amène le chercheur à une seconde recherche : soit il
reformule son hypothèse de départ de telle sorte que les résultats déviants
puissent être pris en compte, soit, si la divergence entre le résultat escomp-
té et le résultat obtenu est très importante, il abandonne son hypothèse de
départ et la remplace par une autre. La nouvelle hypothèse ainsi obtenue est
sujette à une nouvelle tentative de validation. Si on obtient une concordance
entre le résultat escompté et le résultat obtenu, l’hypothèse est acceptée,
jusqu’à ce qu’une nouvelle application à de nouvelles données en ait dé-
montré les lacunes. Il faut noter que cette seconde recherche n’est pas obli-
3
La méthodologie est cette partie de la logique qui étudie a posteriori les méthodes des
différentes sciences et leurs types de connaissance. Dans le cadre d’un mémoire, il s’agit
de rendre compte de sa ou ses méthodes de travail. Cette approche permet au lecteur de
suivre l’étudiant dans sa démarche et d’éventuellement vérifier les raisonnements posés.
Outre les méthodes étudiées durant les cours, il existe également un très grand nombre
d’autres méthodes utilisées en communication et en sciences humaines. Comme
l’affirmait Nietzsche, la question du « comment ? » est parfois plus importante que celle
du « pourquoi ? » Le choix d’une méthode n’est dès lors jamais innocent et doit être plei-
nement justifié. Outre les diverses méthodes proposées durant les cours et celles qui figu-
rent en seconde partie, vous pouvez également lire divers ouvrages méthodologiques
dont (SARTRE, 1960), (FOUCAULT, 1966) et (MORIN, 1986).

24
Présentation de la démarche scientifique 25

gatoire dans un mémoire du niveau de la licence ; au reste, la non-


vérification d’une hypothèse, c’est-à-dire la démonstration qu’elle ne par-
vient pas à rendre compte des données de son domaine d’application, est
déjà un résultat important.

Le corps du mémoire est donc consacré à la validation de l’hypothèse.


L’exposé soumet à l’analyse un ensemble de données et vérifie si les résul-
tats obtenus correspondent à ceux prédits par l’hypothèse. Cet exposé est
divisé en chapitres.

1 ° Les titres des chapitres doivent être significatifs et résumer leur contenu.
2 ° Chaque chapitre commence par un paragraphe introductif qui pré-
sente le sujet.
3 ° Les paragraphes suivants reprennent en les détaillant, chacune des idées
émises. Chaque paragraphe est consacré à une seule idée.
4 ° Le dernier paragraphe est une conclusion qui synthétise et résout, si
c’est le cas, les questions principales.

Le corps du mémoire peut se diviser en chapitres comme suit :

1. Exposés des différents concepts utilisés dans le cadre du travail.


Dans cet exposé, il y a lieu de confronter divers points de vue associés
aux concepts étudiés. Par exemple, l’inconscient n’est pas défini de la
même manière par Freud, Jung, Alder, Klein ou Lacan. Un choix ou une
approche synthétique devra être dès lors établi.
2. Présentation du contexte et des différentes méthodes utili-
sées dans le cadre du travail.
3. Chapitres consacrés aux diverses hypothèses, questions ou
problém atiques abordées. L’étudiant veillera à rendre compte des
points de vue, éventuellement contradictoires, liés à ces questions.
4. Chapitre éventuel consacré aux propositions et recomman-
dations.

Surtout, ne pas oublier de rédiger une synthèse sous la form e


d’un paragraphe à la fin de chaque chapitre !

La conclusion

La conclusion fournit le résultat du travail.

25
26 Méthodologie de la recherche

1 ° Elle doit reprendre les idées maîtresses et synthétiser les conclusions par-
ticulières de chaque chapitre.
2 ° La conclusion finale répond aux questions posées dans l’introduction.
3 ° Elle peut également constater les éventuelles carences et lacunes.
4 ° Elle doit surtout ouvrir de nouvelles perspectives ou orientations de re-
cherche, en posant de nouvelles questions et en évaluant l’acquis.

Dès lors, si les résultats obtenus correspondent à ceux prédits par


l’hypothèse, celle-ci se trouve validée. Il peut arriver que l’hypothèse de dé-
part ne soit pas fondée. La non-vérification d’une hypothèse est déjà en soi
un résultat important.

Les annexes

Il s’agit d’une série de compléments d’information qui ne trouvaient pas leur


place dans le corps même du travail. On y trouve les éventuelles interviews
réalisées en cours de mémoire, des tableaux statistiques, des listes, des illus-
trations, des copies de documents... Éventuellement, ces annexes peuvent
figurer dans un cahier à part du mémoire.

La bibliographie

Art. 14 § 2. – La bibliographie, la citation, la paraphrase, le référencement des


sources, l’apparat critique, la rédaction scientifique et autres dispositions relatives
à la méthodologie du travail scientifique sont établis conformément aux disposi-
tions contenues dans la note additionnelle au présent règlement, intitulée
« Méthodologie du travail scientifique. Application des articles 13 § 2 et 16 ».

Dans cette note, il est précisé les points suivants :

Tout travail scientifique repose sur l’utilisation de sources documentaires diverses
(monographies, ouvrages collectifs, articles de périodique, articles de presse, docu-
ments statistiques, pages web, CD-ROM, entretiens, enquêtes, documents audio-
visuels, documents sonores, documents multimédias, traces matérielles, traces im-
matérielles…).

Le savoir et la pensée en sciences communicationnelles, comme dans les autres
sciences, ne se construisent jamais dans un champ vierge, mais s’appuient sur des
concepts, des théories, des méthodes, des pratiques, définis ou expérimentés
par d’autres. Le recours à des sources documentaires est régi par un ensemble de
règles dont l’application doit être rigoureuse. L’utilisation correcte et intelligente des
règles du référencement et de la rédaction scientifique est une exigence liée au ni-

26
Présentation de la démarche scientifique 27

veau universitaire de la formation et des diplômes délivrés par l’IHECS. Plus large-
ment, ces règles visent :

1. à garantir le respect de la propriété intellectuelle ;
2. à rendre possible le contrôle du bien-fondé de ce qui est avancé, tant pour
l’ensemble que pour le détail ;
3. à rendre possible le progrès des connaissances.

Cet ensemble de règles peut être catégorisé de la manière suivante :

1. Le référencement des sources, lequel s’opère à trois niveaux :

1.1. La bibliographie (en fin de volume)
1.2. L’apparat critique in textu (dans le texte)
1.3. Les ouvrages « inspirateurs » (dans l’introduction)

2. La rédaction scientifique, laquelle comprend les éléments suivants :

2.1. La citation textuelle (mot à mot)
2.2. La paraphrase (reprise de l’idée d’autrui)
2.3. La légende d’illustration
2.4. Le recours à internet

Il existe au sein de la communauté scientifique plusieurs systèmes de référencement
des sources. Par souci de pragmatisme et de clarté, l’IHECS impose le modèle au-
teur-date de l’APA (American Psychological Association), très largement employé
dans le secteur des sciences humaines à travers le monde. Les étudiants se réfè-
rent à ce modèle à tous niveaux (référencement des sources, rédaction scienti-
fique et règles pour la constitution de la bibliographie). La seule exception à ce mo-
dèle est l’interligne 1,5 exigé à l’IHECS pour tous les travaux de fin d’études, contrai-
rement au double interligne imposé dans les modèles internationaux.

La majorité des règles importantes sont reprises dans le document « écriture aca-
démique, apparat critique et bibliographie » qui se trouve sur la plateforme
Learn (learn.ihecs.be). Le site officiel de l’APA (apastyle.org) et le livre Concise
Rules of APA Style sont des sources intéressantes pour la plupart des questions des
étudiants. Enfin, pour tout arbitrage, le Publication Manual of the American Psy-
chological Association, Sixth Edition, publié en 2009 (Washington : American
Psychological Association) est l’ouvrage de référence, disponible à la biblio-
thèque de l’IHECS.

La bibliographie doit être la plus exhaustive possible et signale unique-
ment les ouvrages qui furent utilisés ou cités dans le cadre du travail.

Les divers documents (livres, articles, disques, films, interviews...) sont repris
par ordre alphabétique de noms d’auteurs (et éventuellement de pério-

27
28 Méthodologie de la recherche

diques), et par ordre chronologique des ouvrages au nom d’un même


auteur.

La bibliographie peut être signalétique (sans autre note supplémentaire),


analytique (accompagné d’une analyse ou d’un résumé), critique (les
analyses sont commentées), descriptive (complétée par des descriptions
concernant le papier, la reliure, la typographie, etc.).

L’index

Table alphabétique placée en fin d’ouvrage, et comprenant les mots princi-


paux employés par l’auteur, avec l’indication des pages où ils se trouvent.
Trop peu fréquent en langue française, l’index est pourtant un outil fort
utile pour la consultation des ouvrages scientifiques. Il permet de retrouver
très rapidement la ou les pages où figurent les principaux termes. Comme
les traitements de texte actuels offrent la possibilité de les constituer très
facilement, on ne peut que conseiller vivement leur réalisation.

Il existe divers types d’index :

- index rerum (questions traitées, mots clés, descripteurs) ;


- index nominum (noms propres) ;
- index locorum (noms des lieux).

Il est de plus en plus fréquent de les regrouper par ordre alphabétique des
termes en un seul index général.

Les tables

On peut présenter diverses tables :

– table des illustrations ;


– table des graphiques ;
– liste des planches hors-texte, etc.

La table des matières

Elle reprend les titres des chapitres et les éventuels sous-titres, de même
que le type de divisions employées (chiffres romains ou arabes et lettres ma-
juscules ou minuscules). Elle doit être obligatoirement paginée .

28
Présentation de la démarche scientifique 29

Choix du sujet, du genre et de l’espèce, et du ou


des promoteurs de mémoire

Art. 27. – L’habitude, voire la norme, est que l’étudiant ou le groupe
d’étudiants ait un projet dont il est l’initiateur. Cependant, à défaut, l’étudiant ou le
groupe doit avoir la possibilité de sélectionner un sujet dans une liste de projets de
mémoires possibles, proposée annuellement par la section où l’étudiant est
inscrit, dans le cadre de l’activité de « Maillages ». La Commission des travaux
théoriques de mémoire (ou ses chambres), dont question à la section 7 du présent
règlement, peut également prendre l’initiative de constituer une liste de projets de
mémoires, eu égard à la disponibilité et aux compétences affirmées et/ou institu-
tionnelles des enseignants de l’IHECS.

Art. 28. – De façon générale, les étudiants ou groupes d’étudiants choisissent les
promoteurs (travaux théoriques et médiatiques) et le comité d’accompagnement
de leur mémoire (travaux médiatiques). Les promoteurs, accompagnant princi-
pal et personnes ressources pressenties sont libres d’accepter ou de refuser, dans
les limites de leur contrat d’engagement. Dans certains cas, moyennant
l’accord des promoteur et accompagnant principaux choisis, un expert, éventuel-
lement extérieur, particulièrement compétent dans le domaine d’étude, pourra
être exigé ou accepté comme promoteur ou accompagnant principal associé par
la/les Commission(s) compétente(s) établies conformément aux sections 6 et 7 du
présent règlement. Le choix fait est irrévocable, sauf cas de force majeure reconnu
comme tel par le directeur de catégorie.

Art. 29. – Tant pour la partie médiatique que pour la partie théorique du mé-
moire, les sujets et thèmes une fois déposés ne pourront être modifiés que
selon les procédures prévues par ce règlement.

Art. 30. – Si un étudiant ou groupe d’étudiants ne trouve pas de promoteur ou
n’arrive pas à constituer un comité d’accompagnement après que tout ait été mis
en œuvre par les responsables de section, il en parlera en temps utile avec le di-
recteur des études, qui prendra les mesures nécessaires pour le/les guider.

Art. 31. – L’étudiant ou le groupe d’étudiants prendra régulièrement contact
avec ses promoteurs, accompagnant principal et son comité d’accompagnement et
leur soumettra, selon leur compétence respective, l’état d’avancement du tra-
vail. Il bénéficiera de leurs avis, conseils et recommandations qu’il aura à cœur de
suivre scrupuleusement.

Art. 32. – Le dépôt des travaux théoriques ou pratiques de mémoire aura lieu dans les
délais prévus par la direction des études et communiqués aux étudiants par la voie des
valves.

29
30 Méthodologie de la recherche

Sous réserve de certaines dispositions réglementaires, tout étudiant


choisit librement son sujet et son promoteur .
Les modalités de ce choix sont les suivantes :
L’habitude, voire la norme, est que l’étudiant ait un sujet choisi per-
sonnellement. Cependant, à défaut, l’étudiant doit avoir la possibilité de
sélectionner un sujet dans une liste de sujets de mémoires possibles.

Art. 48. – La Commission des travaux théoriques de mémoire est le pendant de la


Commission des travaux médiatiques de mémoire pour tout ce qui concerne les élé-
ments théoriques. Elle relève du Conseil de catégorie, auquel elle fait rapport.

Art. 49. – Cette Commission se compose du directeur de catégorie ou de son dé-
légué, qui la préside, du directeur des études, du directeur de la recherche appli-
quée et du service à la société, des coordinateurs du département des langues et
des cours généraux, des chefs de bureau d’études, s’il échet, des présidents et atta-
chés de section. La Commission elle-même siège le cas échéant en chambres spéciali-
sées selon les cinq sections.

Chaque chambre est présidée par le directeur de catégorie ou son délégué et com-
prend le directeur des études, le président de la section concernée et au minimum
deux enseignants de la section, cooptés par les membres de droit.

La Commission comme les chambres peut inviter d’autres participants qui n’auront
pas le droit de vote.

Art. 50. – Les compétences de la Commission des travaux théoriques de mémoire
sont les suivantes :

Veiller à l’application du présent règlement et de toutes les directives légales
ou réglementaires y afférentes. Elle propose, le cas échéant, au directeur de ca-
tégorie, via le CCAT dont elle relève, les modifications du présent règlement qui
paraissent souhaitables ;
vérifier l’adéquation du sujet proposé avec la problématique communica-
tionnelle de l’IHECS, avec la section où l’étudiant est inscrit, avec la compé-
tence particulière du promoteur pressenti ; elle s’assure aussi de la suffisante
précision et faisabilité du sujet. En cas de carence par rapport aux exigences ci-
dessus, l’étudiant est invité à se présenter devant la Commission. En cas de
nouvelle carence, le cas est soumis au Conseil de catégorie qui pourra, sur
proposition du président de la Commission des travaux théoriques de mémoire,
imposer une réorientation du sujet, voire un nouveau sujet et un promoteur ;
remettre au directeur de catégorie, à la demande de ce dernier, un avis sur une
demande de modification relative aux travaux théoriques de mémoire d’un
étudiant ou groupe d’étudiants ;
assister le directeur de catégorie dans la composition des jurys d’évaluation des
articles, siégeant conformément à l’article 57 du présent règlement.

30
Présentation de la démarche scientifique 31

La Commission vérifie l’adéquation du sujet proposé avec la probléma-


tique communicationnelle de l’IHECS, avec la section où l’étudiant est inscrit,
avec la compétence particulière du directeur souhaité ; elle assure aussi de
la bonne définition du genre retenu, et de la suffisante précision du sujet.

Critères d’évaluation pour le mémoire et les tra-


vaux scientifiques

Art. 57. § 1. – Une présentation et défense orale de l’article réalisé dans le cadre du
mémoire de fin d’études se fait au plus tôt dans le courant de la première session
et au plus tard de la seconde session d’examens de MA2.

§ 2. – L’étudiant qui ne respecte pas les délais de programmation des études ou qui
échoue à la dernière session utile est tenu, s’il souhaite obtenir le diplôme, de se ré-
inscrire comme étudiant régulier de MA2.

§ 3. – Chaque étudiant a droit au maximum à deux sessions de présenta-
tion/défense, parmi celles organisées par l’IHECS ; si le mémoire est défendu en se-
conde session, l’étudiant n’a droit qu’à cette unique session.

Art. 58. § 1. – Le jury d’évaluation de l’article est composé de trois membres : le
président, le promoteur et le lecteur.

§ 2. – La présidence est assurée par le directeur de catégorie ou son délégué.

§ 3. – Les lecteurs, désignés par le CCAT sur proposition de la Commission des travaux
théoriques de mémoire, sont choisis parmi les membres du personnel directeur et
enseignant de l’IHECS, et/ou, en dehors, parmi des personnalités compétentes dans
le domaine du mémoire. Chaque mémorant sera informé dans le courant du mois
d’avril de MA2 de la composition probable de son jury. Cette probabilité ne saurait
empêcher que se produisent des cas urgents ou de force majeure, où le directeur de
catégorie, ou son délégué est habilité par le CCAT à procéder à un remplacement
d’office.

Art. 59. § 1. – Le promoteur dispose de 40 % des points, attribués intégrale-
ment avant la défense orale : la cote est remise à ce moment au président, ac-
compagnée d’un commentaire écrit justificatif. Le lecteur dispose de 40 % des
points, la moitié (20 %) étant attribuée après lecture et remise au président
avant la défense orale accompagnés d’un justificatif écrit contenant également
quelques-unes des questions qu’il compte poser lors de la défense, et le solde (20 %)
étant attribué après la défense orale. Le président dispose de 20 % des points, at-
tribués après la défense orale.

31
32 Méthodologie de la recherche

§ 2. – La défense orale se passe en trois temps et dure 30 minutes. D’abord, le réci-


piendaire expose, non un résumé de ses travaux, mais l’objectif qu’il a poursuivi, les
méthodes de recherche qu’il a utilisées, les résultats objectifs auxquels il est arrivé, les
limites qu’il reconnaît à son travail. Cet exposé ne dépassera jamais 10 minutes. Le lec-
teur et le président font part à tour de rôle de leurs observations positives et néga-
tives, et éventuellement de leurs questions.

Le récipiendaire — hormis consensus en sens inverse — réplique en une fois, au
terme de chacune des interventions. Le promoteur a l’avant-dernier mot ; et le réci-
piendaire le dernier.

Les membres du jury se retirent pour une délibération où aucun chiffre ne peut
d’abord être avancé ; après discussion, le rapporteur remet la partie de sa cote
non encore attribuée, à laquelle le président ajoute la sienne. Dans sa cotation
personnelle, le président, garant du projet pédagogique de l’école et témoin de la
continuité, prend au moins en compte la scientificité générale du travail et la justice
distributive. Le total des cotes est opéré ; la cote ainsi obtenue peut encore être rele-
vée ou abaissée de maximum 5 % sur proposition du président du jury, et moyen-
nant accord de la moitié au moins des autres membres du jury, c’est-à-dire du promo-
teur et du lecteur.

Le président du jury proclame le résultat à l’issue de la séance de délibération.

§ 3. – Les délibérations du jury sont secrètes. Le président du jury est la seule per-
sonne habilitée à donner, le cas échéant, des éclaircissements aux récipiendaires.

§ 4. – L’article étant idéalement prévu pour être imprimé après accord du jury,
dans une revue, dans un journal ou en ligne (par exemple sur le site de l’IHECS), le
jury donne ou non son imprimatur, indépendamment de la cote obtenue.

Art. 60. – Les étudiants qui désirent défendre l’article pendant telle session de-
vront déposer ce travail au Secrétariat des étudiants, en quatre exemplaires pho-
tocopiés recto ou recto/verso (cinq lorsqu’il y a un promoteur associé) et en version
de fichier électronique à une date limite et selon les modalités qui seront précisées
aux valves. Au-delà de cette date, le travail ne pourra être défendu à ladite session,
même s’il s’agit de la dernière session légalement ou réglementairement possible.

Fiche d’évaluation de l’Article pour le promoteur, le lecteur et le


président
Il est loisible aux membres du jury de justifier leur évaluation de l’Article
sur une feuille annexe ou au verso de cette fiche, sans suivre point par
point les items de celle-ci. Les questions d’évaluation reprises ci-après sont,
pour l’essentiel, une adaptation aux exigences réglementaires de l’Article.
Ces questions sont donc très générales et devraient être complétées par les
indications données aux étudiant(e)s au niveau des sections. L’évaluation

32
Présentation de la démarche scientifique 33

de la grille peut se faire selon 6 niveaux ECTS (Système Européen de Trans-


fert de Crédits) :

À = B = C = D = E = F =
Excellent Très bien Bien Satisfaisant Passable Insuffisant

Sur base de l’évaluation des différents items particuliers, une évaluation
chiffrée (sur 100 points) de l’Article est proposée. Cette évaluation chiffrée
n’est en aucun cas une simple addition du nombre des qualifications ECTS
attribuées. Elle correspond à un jugement pédagogique global relevant de
la responsabilité de chaque membre du jury.

- Le président, garant du projet pédagogique de l’Institut et témoin de la
continuité, veillera à la scientificité générale du travail et à la justice dis-
tributive (Art. 57 § 2 alinéa 3 du règlement des MFE de l’Ihecs).
- L’évaluation d’un promoteur prend en considération des aspects diffé-
rents de ceux du lecteur ou du président, il veillera à ne pas surestimer
(ni sous-estimer) le suivi et la régularité du travail au cours de
l’élaboration, la capacité de correction de l’étudiant(e) et son implica-
tion. Si l’on attend d’un promoteur qu’il défende l’étudiant(e) récipien-
daire, cela ne signifie pas qu’il ait à « forcer artificiellement » une cota-
tion pour le « sauver » à tout prix, faussant par le fait même, le jeu de
l’évaluation collégiale.
- Enfin, il est attendu du lecteur qu’il distingue une évaluation avant et
après la présentation orale. D’une façon générale, lors de la présenta-
tion orale, il convient de décerner quelques éloges et de continuer par
les réserves, les questions, les reproches.

Questions repères pour l’évaluation de l’article

CHOIX DU SUJET ET DU TITRE

Le sujet de l’article a-t-il été bien choisi ? (Art. 4) (Ni trop ambitieux ni in-
signifiant pour un article de 30 pages.)
Le sujet de l’article a-t-il une certaine originalité, n’est pas banal ?
Le titre correspond-il au sujet effectivement traité ?
Le sujet a-t-il été suffisamment balisé par X (il n’est pas vague) ?
Autres :

DÉVELOPPEMENT GÉNÉRAL DE L’ARGUMENTATION

X explique-t-il bien dans l’introduction les objectifs de son article ?


Le bref rappel de l’état de la question ou des enjeux du sujet est-il satisfai-
sant ?
Le traitement global du sujet (plan d’approche global de la problématique

33
34 Méthodologie de la recherche

annoncée) est-il bien argumenté, logique, précis (sans sauter d’étapes


essentielles) ?
Le développement de l’argumentation est-il bien mis en évidence par la
structure formelle du travail (les divisions, introduction, conclusions, sous-
titres, etc. répondent bien aux nécessités du développement logique de
l’argumentation) ?
X expose-t-il bien dans la conclusion de son article les résultats auxquels il
est parvenu, ou tout au moins les apports personnels amenés par son ar-
ticle. (Que dit-il dans sa conclusion de l’apport de la rédaction de cet ar-
ticle : que montre-t-il, que prouve-t-il, que révèle-t-il ?)
Les buts annoncés et les apports affirmés dans la conclusion par X parais-
sent-ils pertinents ?
Le traitement du sujet apporte-t-il à celui-ci des éléments ou un point de
vue neuf ?
Le traitement du sujet montre-t-il une réelle maîtrise de celui-ci par X
(l’article n’est ni un état de la question ni une compilation de données hé-
téroclites) ?
Autres :

MÉTHODOLOGIE ET ARGUMENTATIONS PARTICULIÈRES

Les références à des modèles ou des théories susceptibles d’enrichir


l’argumentation vous semblent-elles suffisantes (ni étalage théorique inu-
tile ni absence de modèles) ?
Les aspects méthodologiques du travail sont-ils clairement mis en évi-
dence ?
La méthodologie est-elle pertinente et plausible ? Est-elle bien mise en
œuvre ?
Le détail de l’argumentation (les argumentions particulières) est-il poussé
assez loin (ne pas se contenter de lieux communs mal assurés) et est-il
correct (fautes dans les raisonnements particuliers) ?
Autres :

SOURCES ET VÉRIFIABILITÉ

Le sujet est-il traité de façon à permettre un contrôle, une vérification des


affirmations par autrui (pas d’affirmation gratuite, non référencée) ? (Art.
10)
La densité des sources (bibliographiques, interviews…) et données est-elle
bonne ?
X a-t-il fait un bon choix des sources disponibles (pas des sources de deu-
xième main ou douteuses) ?
Les références aux sources dans le texte sont-elles suffisantes, exactes,
précises ?
Le système de référence des sources respecte-t-il le règlement acadé-

34
Présentation de la démarche scientifique 35

mique (système anglo-saxon ?), sauf en cas de dérogations (art. 4 & 10)


Autres :

PRÉSENTATION DU TRAVAIL

La mise en page et la propreté générale du travail sont-elles soignées ?


Le vocabulaire employé l’est-il dans le sens enregistré par les diction-
naires ?
Les tours syntaxiques sont-ils généralement justes, respectant la gram-
maire ?
Le style est-il soigné ?
L’orthographe est-elle généralement respectée ?
L’ordre des matières et les règles relatives à la pagination sont-ils respec-
tés ? (Art. 11)
Les résumés (8 lignes) de l’article en anglais et en néerlandais/ou alle-
mand ont-ils été effectués et (art. 4) sont-ils satisfaisants ?
Comment qualifier la présentation de l’étudiant lors de sa défense orale ?
Autres :

POSITION CRITIQUE ET ENGAGEMENT

X prend-il en compte dans son travail des arguments consistants qui pour-
raient être émis par des défenseurs d’une position différente de la
sienne ?
X parvient-il à dépasser, de façon argumentée, la simple confrontation de
points de vue opposés ?
Dans le traitement du sujet, en particulier au niveau des conclusions, voit-
on apparaître la personnalité de X, une prise de position personnelle rai-
sonnée, voire un certain engagement par rapport au sujet choisi ?
Autres :


Questions repères pour le promoteur de l’article

Au cours de l’élaboration de l’article, l’assiduité de l’étudiant était-elle cor-
recte ?
L’étudiant a-t-il manifesté une bonne capacité de correction ?
L’étudiant s’est-il bien impliqué dans son travail ?

Question pour le président du jury

Par rapport aux autres articles ihecsiens dont vous avez présidé la séance
de défense orale, celui-ci vous paraît-il d’une qualité plutôt excellente (A),
très bonne (B), bonne (C), satisfaisante (D), passable (E), insuffisante (F) ?

35
Chapitre 2

La recherche documentaire

Introduction

Il est nécessaire, et même indispensable, pour le communicateur, de pou-
voir se documenter de manière rapide et judicieuse, sur n’importe quel su-
jet. Les situations ne manqueront pas. Exemples :

• rédaction d’un article de fond sur un problème politique quel-
conque ; d’un article « documenté » ; d’un éditorial,
• confection d’un catalogue d’exposition (éducation permanente),
• recherche de renseignements biographiques concernant un interlo-
cuteur à rencontrer,
• recherche d’un emploi,
• réalisation du mémoire théorique,
• recherche de notions d’histoire de l’art pour la réalisation d’une pu-
blicité, etc.

On peut multiplier les exemples à l’infini. Toutes les situations sont diffé-
rentes, variées comme sont les relations humaines. Le problème ici sera
d’éviter ce qui manque d’intérêt et de ne pas rater par ailleurs un docu-
ment capital. Dans la recherche scientifique, on recherchera l’exhaustivité.
En matière de communication sociale, il vaut mieux viser d’abord la perti-
nence. Le communicateur a rarement l’occasion de consacrer beaucoup de
temps à se documenter. Il doit être à même de rassembler la meilleure do-
cumentation possible en un minimum de temps.

Il y a plusieurs manières de s’y prendre et chacun en arrive à mettre au
point le système qui lui convient le mieux. Nous allons d’abord évoquer une
manière pratique, immédiate, puis nous parlerons de la manière scienti-
fique.

38 Méthodologie de la recherche

La manière pratique

1. On recherche des informations sur Internet via Google, Yahoo ou
d’autres moteurs de recherche.
2. On peut opérer d’emblée dans une bibliothèque (« lèche-rayons »).
3. On peut consulter d’abord un ou plusieurs experts de la question.
Demander les tendances récentes de la recherche. Demander les
ouvrages de base. Pour cela, rien de tel qu’une bonne liste
d’adresses et de bons contacts avec certains milieux (information,
universités, bibliothèques, etc.).
4. À partir de ces contacts, on pratique un système de « boule de
neige » : les premiers ouvrages, les premiers contacts, en indiquent
d’autres.
5. Dans cette manière de procéder, il faut être attentif :
a. aux auteurs et titres d’ouvrages cités souvent,
b. aux ouvrages les plus récents.
6. On réinterrogera, le cas échéant, le spécialiste, pour écarter ce qui
est hors de propos.

La méthode scientifique

Pour trouver de manière scientifique une information, on procède par
étapes :

1 ° Délimiter le problème et son cadre théorique. Se faire une idée assez
précise du domaine envisagé. Préciser les thèmes abordés, consulter
éventuellement l’un ou l’autre expert de la question et décomposer le
sujet en quelques mots-clés ;
Au départ de cette démarche : analyse logique du problème posé (cf. la
logique booléenne) ; délimitation du cadre théorique. Il faut se faire une
idée assez précise du domaine envisagé et découvrir un certain nombre
de thèmes généraux qui décomposent le sujet central. On trouve ainsi
une première liste de « mots-clés ».
2 ° Consulter des encyclopédies1 (dont Wikipedia, l’Encyclopaedia Uni-
versalis ou l’Encyclopaedia Britannica) et des dictionnaires. Découvrir
ainsi de nouveaux aspects auxquels on n’avait pas pensé du premier
coup ;

1
De nombreuses bases de données, encyclopédies spécialisées ou non, et dictionnaires sont
maintenant disponibles sur Internet.

38
La recherche documentaire 39

Pour enrichir cette liste de mots-clés, on recourt aux encyclopédies, aux


dictionnaires (thématiques, analogiques, des synonymes), aux glossaires,
et aux tables de codification, dont les tables de la codification décimale
universelle. Ces divers ouvrages alimentent cette réflexion. De cette
manière, on tiendra compte de plusieurs aspects auxquels on n’avait pas
pensé du premier coup. Cela sera utile pour chercher dans les fichiers
d’une bibliothèque.
3 ° Consulter les fichiers analytiques au sein des bibliothèques et centres de
documentation facilement accessibles. Lors de cette consultation, se
servir des divers mots-clés relevés dans les dictionnaires et encyclopé-
dies ;
On se rend dans une bibliothèque scientifique. On consulte le fichier
analytique (ou systématique) de cette bibliothèque (c’est-à-dire le fi-
chier par sujets). On voit ainsi ce que la bibliothèque possède sur tel ou
tel sujet, en se servant des mots-clés relevés dans les dictionnaires et
encyclopédies.
Si l’on a déjà repéré un titre ou un auteur évoqué dans les encyclopé-
dies, on peut également consulter le fichier par mots du titre ou celui
par noms d’auteur.
4 ° Consulter les bibliographies générales et spécialisées, afin de compléter
l’information déjà glanée. Il existe, entre autres, des bibliographies spé-
cialisées qui établissent un inventaire des ouvrages, articles, comptes
rendus et actes concernant un domaine précis.
Bien entendu, la bibliothèque dans laquelle on se trouve ne possède pas
tous les ouvrages. Comment faire dès lors pour connaître ce qui a été
publié sur telle ou telle question ? Réponse : les bibliographies généra-
lement disponibles sur la toile. Si on ne sait rien au départ : on consulte
d’abord une « bibliographie de bibliographies ». On trouve ainsi une
liste de bibliographies spécialisées (ex. : sur la presse, le cinéma,
l’histoire, la musique, etc.) que l’on sélectionne selon ses besoins (sujet,
langue, pays...). Ces bibliographies spéciales, à leur tour, font un inven-
taire des ouvrages, articles de revue, comptes rendu, actes, etc. concer-
nant un domaine relativement précis. Reste à pointer ici les ouvrages et
articles dont on pourrait avoir besoin et les rechercher dans une biblio-
thèque scientifique.
5 ° Lire les « abstracts », « current contents » et bulletins signalétiques qui
annoncent les dernières parutions et permettent ainsi de se tenir à jour.
Mots un peu barbares. L’idée est simple : ce sont des publications qui
annoncent régulièrement les dernières parutions d’articles et d’ouvrages
dans un domaine déterminé. Ce sont des « bibliographies courantes ».
De nos jours, les progrès scientifiques sont rapides. Comme pour
l’actualité, il faut que ces progrès soient diffusés rapidement. Les
« abstracts » permettent de se tenir à jour. L’avantage est que les réfé-
rences bibliographiques sont ici souvent accompagnées d’un résumé
(bulletins signalétiques), voire même de la table des matières (current
contents).

39
40 Méthodologie de la recherche

6 ° Consulter également les annuaires des sources électroniques, les bases


de données afin d’établir une liste plus exhaustive des ouvrages et ar-
ticles traitant de la question. Enfin, consulter les catalogues d’autres bi-
bliothèques et les répertoires d’adresses afin connaître et de visiter les
autres centres spécialisés dans le domaine ;
Si l’on a repéré un ouvrage indispensable dans une bibliographie spé-
ciale ou dans un abstract, il faut découvrir à présent dans quelle biblio-
thèque on peut le consulter, surtout s’il s’agit d’un ouvrage très spéciali-
sé. Il existe des catalogues de bibliothèque, qui correspondent en
quelque sorte aux fichiers de cette bibliothèque. Toutes les grandes bi-
bliothèques possèdent ce genre de catalogue en ligne : la Bibliothèque
royale à Bruxelles, les bibliothèques universitaires, la Bibliothèque Na-
tionale de Paris, la Bibliothèque du British Museum à Londres (London),
la Koningklijke Bibliotheek à La Haye (Den Haag), La Library of Congress
(Washington), etc. On peut également consulter le Catalogue Collectif
Belge (CCB) sous forme de base de données.
7 ° S’abonner aux périodiques spécialisés qui contiennent des comptes
rendus des derniers ouvrages parus. Certaines de ces revues annoncent
également les divers séminaires, colloques et conférences traitant du su-
jet. La plupart sont maintenant en Open Source.
C’est évidemment un moyen très efficace pour être toujours parmi les
premiers informés. Les revues spécialisées ne manquent pas. Chacun en
fera le choix en fonction de ses activités professionnelles et de ses
centres d’intérêt. Une bonne revue contient des comptes rendus des
derniers ouvrages parus (rubrique « recensions »). Comme il y a souvent
une courte analyse critique, cela évite d’acheter et de lire des ouvrages
sans intérêt ou hors de propos.

En résumé, on suivra les deux démarches suivantes :
Pour le choix des bibliothèques, partir du particulier au plus général, c’est-
à-dire :
1. Consulter un ou plusieurs experts,
2. Fréquenter le centre de documentation de sa faculté (IHECS, ULB) ou la
bibliothèque publique la plus proche,
3. Visiter les autres centres spécialisés, les bibliothèques scientifiques et les
bibliothèques universitaires,
4. Si nécessaire, rendre visite à la bibliothèque nationale.
Pour la recherche bibliographique, partir du général au particulier, c’est-à-
dire :
1. rédiger la question à l’aide des mot-clés trouvés dans les encyclopédies,
les dictionnaires, les glossaires, les thesaurus et les tables systématiques
(CDU),
2. consulter les fichiers de la bibliothèque,
3. consulter les bibliographies générales et spécialisées,
4. lire les abstracts, current contents et bulletins signalétiques,

40
La recherche documentaire 41

5. consulter les bases ou annuaires des sources électroniques, les bases de


données, les catalogues d’autres bibliothèques, et les répertoires
d’adresses,
6. s’abonner aux périodiques spécialisés.

Les outils documentaires



Les systèmes d’information documentaire

Les systèmes d’information documentaire ont pour objectif de répondre à
un besoin d’information. Leur but n’est pas de transmettre des informa-
tions originales, mais bien des informations afin de faciliter la recherche de
ces informations originales.

Il existe trois types de systèmes :

1. les bibliothèques qui permettent d’accéder à des documents primaires
(livres, périodiques...) ;
2. les centres de documentation qui mettent à la disposition des utilisa-
teurs les moyens d’accéder à des documents primaires par le biais de
documents secondaires tels que les bulletins bibliographiques, les index,
les fiches... ;
3. les centres d’information qui rédigent des synthèses et des analyses
critiques de documents primaires. Les banques de données sont ainsi
des centres d’analyse de l’information. Elles traitent les données, les or-
ganisent et permettent ensuite de les trier et d’établir d’éventuelles cor-
rélations.

Les différents types de bibliothèques et leurs fonctions

Définitions

On appelle bibliothèque, toute collection organisée de livres, de pério-
diques ou de n’importe quel document audiovisuel ou graphique servant à
des fins d’information, d’éducation, de recherche ou de distraction. Pour la
recherche documentaire, il y a lieu de distinguer diverses catégories de bi-
bliothèques en fonction des besoins et des services rendus :

• Les bibliothèques de lecture publique,
• les centres de documentation et les bibliothèques spécialisées,
• les bibliothèques scientifiques et les bibliothèques d’institutions
d’enseignement supérieur ou universitaire,
• les bibliothèques nationales.

41
42 Méthodologie de la recherche


Comme nous allons le voir, nombreuses sont les bibliothèques qui appar-
tiennent à deux ou plusieurs de ces catégories.

Les bibliothèques de lecture publique

Les bibliothèques publiques sont celles qui desservent une collectivité ou
une région. Moyennant une cotisation minimale, elles mettent à la disposi-
tion du public un ensemble de documents couvrant un très grand nombre
de domaines pouvant répondre aux besoins les plus variés. Ce sont les bi-
bliothèques locales (communales), principales (agglomérations ou fédéra-
tions de communes), centrales (provinciales, régionales ou communau-
taires), itinérantes, spéciales (pour les personnes qui ne peuvent fréquenter
les autres bibliothèques publiques) ou libres (paroissiales) qui sont recon-
nues par les Communautés. Parmi ces bibliothèques de lecture publique,
signalons celle des Riches-Claires, située rue des Riches-Claires, entre la
Bourse et l’IHECS. Adresse : rue des Riches Claires 24 à 1000 Bruxelles. Ho-
raires : à part le dimanche, elle est ouverte tous les jours de 13 h à 18 h,
sauf le vendredi, de 10 h à 19 h, et le samedi, de 13 h à 15 h. Téléphone :
02 548 26 10.

Les centres de documentation et les bibliothèques spécialisées

Les bibliothèques spécialisées relèvent d’une association ou d’une
organisation publique ou privée et leurs collections concernent une
discipline bien déterminée. Il s’agit des bibliothèques administratives (ou de
ministères), des bibliothèques ecclésiastiques (diocésaines, monastiques,
abbatiales), des bibliothèques d’entreprises, des bibliothèques de
recherche, et des bibliothèques de sociétés savantes. Le centre de
documentation de l’IHECS figure dans cette catégorie. Ce centre
est spécialisé dans les domaines du journalisme et de la communication.
Cet espace comprend des ouvrages de référence ou de base, des revues
scientifiques, des magazines professionnels, des documents
audiovisuels, mais également des ouvrages usuels tels que des
dictionnaires, encyclopédies, répertoires, annuaires ainsi qu’une collection
de mémoires de fin d’études. Un espace et des stations de travail
sont également mis à la disposition des étudiants à cet étage. Une salle de
presse avec les principaux titres de la presse quotidienne est également
accessible aux étudiants en journalisme. Contact :
etienne.magain@galilee.be

42
La recherche documentaire 43

Les bibliothèques scientifiques, universitaires, ou d’institutions


d’enseignement supérieur

Les bibliothèques scientifiques sont des bibliothèques d’érudition non spé-
cialisées orientées vers la recherche scientifique en général ou vers des sec-
teurs de connaissance ou de spécialisation plus particuliers. Par certains de
ses aspects et par l’étendue de ses fonds, la Bibliothèque Royale appartient
également à cette catégorie.

Les bibliothèques universitaires ou d’établissement d’enseignement sont
les bibliothèques rattachées à un établissement d’enseignement supérieur
universitaire ou autre. Elles servent premièrement les membres de leur ins-
titution (professeurs et étudiants), mais sont très souvent ouvertes au pu-
blic. Elles ont un caractère scientifique ou d’érudition, sans être toutefois
limitées à un seul domaine.

Les principales bibliothèques universitaires de la Communauté
française

Les bibliothèques de l’Université Libre de Bruxelles

« L’Université compte sur ses campus cinq bibliothèques principales
(Bibliothèque électronique et Collections spéciales, Bibliothèque de Droit, de
Médecine, des Sciences et des Techniques, des Sciences humaines) et des
bibliothèques spécialisées (Bibliothèque de l’Institut de Biologie et de
Médecine moléculaires, Bibliothèque de Pharmacie Achille Herlant,
Bibliothèque du Centre interdisciplinaire d’Étude des religions et de la laïcité,
Bibliothèque de l’Institut de Statistique et de Recherche opérationnelle,
Réserve précieuse). Le réseau des bibliothèques de l’ULB compte aujourd’hui
plus de deux millions de livres et de périodiques. Cible, le catalogue général
des Bibliothèques est accessible à tous via Internet. Les Bibliothèques offrent
l’accès à plus de 500 bases de données en réseau et à environ 10 000
périodiques électroniques. Toutes les informations pratiques et
documentaires sont disponibles sur le site web : http://www.bib.ulb.ac.be »
(https://www.ulb.ac.be/services/enseignants/bibliotheques.html).

Les bibliothèques de l’UCLouvain

Il n’existe pas de bibliothèque centrale de l’UCLouvain. Le réseau est placé
sous la direction d’une Commission des Bibliothèques et est constitué de
bibliothèques sectorielles et de bibliothèques facultaires.

43
44 Méthodologie de la recherche


Les bibliothèques de l’Université catholique de Louvain sont ouvertes à
tous, que l’on soit ou non étudiant. Elles mettent à votre disposition des
œuvres, des revues papier ou électroniques, des bases de données, une
multitude d’outils pour mener à bien vos recherches.
Les bibliothèques, ce sont également des espaces de travail, des formations
pour utiliser efficacement nos services.
(https://uclouvain.be/fr/bibliotheques/infos.html)

Parmi celles-ci, il y a celle de l’Université Saint-Louis.
« La bibliothèque de l’Université Saint-Louis comprend :

Une bibliothèque générale et de philosophie et lettres,
une bibliothèque de droit
une bibliothèque des sciences économiques, sociales, politiques et de
communication
un centre de documentation européenne
un fonds “Traduction-Interprétation” disponible sur le site de l’Institut libre
Marie Haps.

Lieux de travail privilégiés, les salles de lecture sont adaptées aux exigences
des baccalauréats. La politique d’acquisitions est aussi attentive aux besoins
des doctorats et des masters complémentaires.

Ces dernières années, la multiplication des centres de recherche dans les
trois Facultés, le dynamisme de ceux-ci et la création d’un Institut d’études
européennes ont stimulé le développement de fonds spécialisés, notamment
sous format électronique.

Membre de l’ASBL “Bibliothèque interuniversitaire de la Communauté
française de Belgique (BICfB)”, la bibliothèque participe avec les cinq autres
institutions universitaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles à des
acquisitions en consortium de documentation électronique et au
développement en commun de projets informatiques. La bibliothèque de
Saint-Louis inscrit ses projets dans le cadre de BOReAL, réseau des
bibliothèques de l’UCL, de L’UNamur et de Saint-Louis. »
(http://www.usaintlouis.be/sl/bib_presentation.html)

Il y a également pour les sciences humaines et la communication deux
bibliothèques intéressantes à Louvain-la-Neuve.

BSPO —Bibliothèques des sciences économiques, sociales, politiques et de
communication au Collège J. Leclercq, Place Montesquieu 1 à 1348 Louvain-
la-Neuve. Téléphone : 010.47.41.66

44
La recherche documentaire 45

BPSP —Bibliothèque de psychologie, Place cardinal Mercier, 10 à 1348


Louvain-la-Neuve. Téléphone : 010.47.44.12

CP
Enfin, il existe aussi une bibliothèque à l’UCLouvain à Mons qui se trouve à
la chaussée de Binche 151 à 7000 Mons.
Elle est localisée dans le bâtiment des cours (bâtiment D), au rez-de-
chaussée. Elle est généralement accessible du lundi au jeudi, de 9 h à 21 h,
et le vendredi et le samedi, de 9 h à 17 h. Vous pouvez téléphoner au
065.32.32.57 ou envoyez un courriel à bims@uclouvain.be

Les bibliothèques l’UNamur

Aux facultés universitaires Notre-Dame de la Paix, il existe deux biblio-
thèques ouvertes au public : la Bibliothèque universitaire Moretus Plantin
et celle de la Faculté de Droit
(https://www.unamur.be/bump/consultations)

Bibliothèque universitaire Moretus Plantin

Rue Grandgagnage 19, 5000 Namur
+32 81 72 46 46

Les bibliothèques de l’Université de Mons

Les bibliothèques de l’UMons, si elles s’adressent en priorité à la commu-
nauté universitaire montoise, n’en sont pas moins accessibles à tous, cher-
cheurs et curieux, car elles entendent contribuer à la vie intellectuelle et
culturelle de la région dans laquelle elles sont implantées.
L’UMONS offre à ses chercheurs et à ses étudiants les ressources
de neuf bibliothèques. Outre la Bibliothèque centrale dont les collections
sont axées sur les sciences humaines et qui abrite également les fonds pa-
trimoniaux, il existe des bibliothèques facultaires spécialisées.
PHENIX offre un accès gratuit au patrimoine documentaire de l’Université
de Mons. Cette BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE de l’UMONS s’adresse tant aux
chercheurs qu’au grand public et s’inscrit, de cette manière, dans une
dynamique visant à placer la culture à la portée de tous.
Adresse : rue Marguerite Bervoets, 2 à 7000 Mons
Tél. 065/37.30.55
bibliotheque.centrale@umons.ac.be
Horaire : du lundi au vendredi de 8 h 30 à 17 h
(https://web.umons.ac.be/fr/bibliotheques/bibliotheques-de-lumons/)
Les bibliothèques de l’Université de Liège

45
46 Méthodologie de la recherche

Les Bibliothèques de l’Université de Liège ont pour principale mission


de mettre à la disposition des membres de la communauté universitaire et
du public l’information et la documentation dont ils ont besoin dans leurs
fonctions d’apprentissage, d’enseignement et de recherche. Le Réseau est
aussi garant d’un patrimoine exceptionnel, qu’il a pour tâche
de conserver et de valoriser. À ces fins, les Bibliothèques de l’ULiège
poursuivent les objectifs suivants :

• Conserver, promouvoir et développer les collections,
• développer des outils et fournir des services destinés à faciliter au
maximum l’accès à la documentation et son utilisation,
• gérer de manière optimale les ressources humaines, matérielles et
financières que l’Université lui attribue pour la réalisation de ses
missions.

Les Bibliothèques de l’ULiège souhaitent favoriser l’utilisation
flexible (« anytime, anyplace and anyhow ») des ressources par les usagers.
Les Bibliothèques de l’ULiège, à la suite du Recteur, ont souhaité par
ailleurs s’investir tout particulièrement dans les projets Open Access de
l’université, dont l’objectif, « permettre une diffusion la plus large possible
de l’information scientifique… », s’inscrit effectivement dans le cadre de sa
mission. (https://lib.uliege.be/fr/content/missions)

La Bibliothèque Royale Albert 1er, Bruxelles (Albertine)

Les bibliothèques nationales sont responsables de l’acquisition et de la
conservation d’exemplaires de toute publication importante dans leur pays.
Elles fonctionnent avant tout comme des bibliothèques de dépôt. Elles éta-
blissent également la bibliographie nationale et jouent le rôle d’un centre
national d’informations bibliographiques.

La Bibliothèque royale de Belgique, surnommée Bibliothèque royale Albert
Iᵉʳ, l’Albertine ou la Royale, en abrégé KBR, est la bibliothèque scientifique
nationale de l’État fédéral belge. Elle se situe à Bruxelles, au Mont des Arts,
dans le quartier royal, boulevard de l’Empereur 4 à 1000 Bruxelles. À part le
dimanche, elle est ouverte tous les jours de 9 h à 19 h, sauf le samedi (de
9 h à 17 h). Téléphone : 02 519 53 11.

La Bibliothèque royale de Belgique est un Établissement scientifique fédéral
qui relève de la Politique scientifique fédérale. Avec plus de 7 millions de
documents, elle constitue la mémoire littéraire et scientifique de notre
pays. Elle est une bibliothèque de présence, ce qui signifie que les livres
peuvent uniquement être consultés sur place et ne peuvent donc être em-
pruntés.
(https://www.kbr.be/fr)

46
La recherche documentaire 47

Suggérer une modification


Le fonctionnement interne des bibliothèques



Ce chapitre serait assez inutile à bien des égards si l’expérience démontrait
que d’habitude on se rend spontanément dans une bibliothèque. Mais en
fait, très souvent, le premier pas est difficile. D’où l’idée de décrire malgré
tout brièvement quelques repères qui pourront faciliter cette première
démarche en réduisant la zone d’inconnu.

L’accès à une bibliothèque

Retenir que les heures et jours d’ouverture sont variables d’une biblio-
thèque à l’autre. Rien n’est standardisé... en la matière, c’est parfois une
chance, souvent un ennui. Retenir aussi qu’il existe quasi toujours une dé-
marche administrative à effectuer. Il faut avoir une « carte d’accès », une
« carte de lecteur », ou tout simplement un numéro d’inscription. Cette
démarche n’est pas toujours gratuite, mais le plus souvent le droit à payer
est minime. Surtout lorsqu’on est étudiant. Parfois une ou plusieurs photos
(format carte d’identité) sont nécessaires. C’est ennuyeux de ne pas les
avoir sur soi lorsqu’on vous en demande. Où effectuer la démarche
d’inscription ? Généralement, il existe un préposé à ce genre d’opération,
mais il n’est pas toujours facile de le trouver lorsqu’on n’a jamais mis les
pieds dans la bibliothèque en question. Comment s’informer ? L’idéal, c’est
encore de discuter le coup avec un copain au courant et si possible
d’effectuer une visite des lieux avec lui. Mais les bibliothèques un peu sé-
rieuses vendent ou distribuent une « note » ou un « guide » à l’usage des
utilisateurs. Ce n’est jamais inutile d’y jeter un coup d’œil attentif.

Le « cerveau » d’une bibliothèque : la salle des catalogues

Présentation matérielle des catalogues

On appelle généralement « catalogues », le fichier de ce que possède la
bibliothèque ou le centre documentaire. On trouve ces fichiers dans la salle
des catalogues ou dans un coin de la bibliothèque réservé à cela lorsque
tout se trouve dans un même espace. Ces fichiers se présentent matériel-
lement de diverses manières, par exemple :

1. Des tiroirs avec un ensemble de fiches ;
2. Des « listings » de références ;
3. Des lecteurs de microfiches ;

47
48 Méthodologie de la recherche

4. Des terminaux ou des PC's qui permettent de consulter les dif-


férents catalogues.

Les différents types de catalogues

Une bibliothèque comprendra souvent les éléments qui suivent :

1. Un catalogue alphabétique général par noms d’auteur (sur fi-
chier papier, listing, microfiches ou fichier électronique)
2. Un catalogue analytique par sujets (appelé aussi catalogue
systématique)
3. Un catalogue des périodiques : il contient la liste (alphabé-
tique) des périodiques et des revues que la bibliothèque pos-
sède et il est complété par un inventaire des périodiques (ap-
pelé parfois grande fiche) qui précise année par année les
numéros que la bibliothèque conserve. On appelle cela : l’état
de la collection, car il peut y avoir des trous dans la collec-
tion ; il peut se faire par exemple que la bibliothèque ne pos-
sède pas la revue sans interruption depuis sa création ou que
des exemplaires aient disparus.
4. Dans certains cas, on aura aussi d’autres catalogues : un cata-
logue par titre d’ouvrage et parfois, dans les bibliothèques
universitaires, un catalogue des mémoires et des thèses, etc.

L’accès aux livres

Il faut distinguer d’abord entre différents types de bibliothèques : dans cer-
taines, la plupart des livres ne sont pas directement accessibles au lecteur.
Dans d’autres, au contraire, la plupart des ouvrages sont dans les rayons et
s’offrent à la consultation directe.

Les bibliothèques de consultation directe

Lorsqu’on a repéré, via les différents catalogues, les ouvrages dont on a be-
soin, il suffit de se rendre à l’endroit de la bibliothèque indiqué par la cote
mentionnée au catalogue2. Là-bas, on se sert dans le rayon et on s’installe à
une table de travail voisine comme si on était chez soi. Même dans de telles
bibliothèques, certains ouvrages ne se trouvent pas dans les rayons : ils
sont « en réserve » ou « à la cave » (parce qu’on en prépare la reliure, parce
qu’ils sont trop précieux, parce qu’on n’a pas encore pu les mettre en

2
La cote est un ensemble de lettres et de chiffres qui indiquent le classement de l’ouvrage (un
peu comme au « combat naval ») ; elle renseigne le rayon où il se trouve.

48
La recherche documentaire 49

rayon, etc.). À ce moment-là, il faudra les commander comme dans les bi-
bliothèques traditionnelles.

Les bibliothèques traditionnelles : Comment commander un livre ?

Certains ouvrages des bibliothèques traditionnelles sont en fait depuis tou-
jours en consultation directe : il s’agit principalement des bibliographies,
des dictionnaires, des encyclopédies et de certains ouvrages généraux. On
les trouve souvent dans la salle de lecture ou dans une salle spéciale (salle
des bibliographies ou salle des livres de référence, par exemple). Ils y sont
accessibles sans problème ni perte de temps. Mais la plupart des livres ne
sont pas disponibles. Il faut les commander au moyen de bulletins spéciaux
à remettre au « comptoir ». Après une attente variable (il faut souvent
compter une bonne heure, sinon plus), le livre pourra être retiré à ce même
comptoir... à moins que vous n’appreniez qu’il est déjà « en lecture » !

L’accès aux périodiques

Très souvent les périodiques sont regroupés en un même endroit qu’on
appelle d’ordinaire salle des périodiques si cet endroit est localisé à part.
Qu’il s’agisse de la bibliothèque traditionnelle ou de la bibliothèque en ac-
cès direct, les périodiques sont la plupart du temps en accès direct en ce qui
concerne les numéros de l’année en cours et doivent être commandés en
ce qui concerne les numéros antérieurs. Il y a souvent à cela des raisons
pratiques, notamment l’espace disponible.

Réservation et prêt d’ouvrages

Réservation

Dans certaines bibliothèques, il est possible de demander qu’un livre en-
tamé vous soit réservé. Autrement dit, qu’il soit momentanément indispo-
nible pour tout lecteur autre que vous, tout en restant dans la bibliothèque.
Moyennant une formalité à remplir, cette opération permet de gagner du
temps sans devoir emprunter le livre. Un certain délai est imposé (par
exemple : une semaine maximum).

Prêt de livres

Certaines catégories d’ouvrages ne peuvent jamais être empruntées : dic-
tionnaires, bibliographies, encyclopédies et généralement toutes les revues.
Il faut les consulter sur place. Passons sur le cas des ouvrages rares et des

49
50 Méthodologie de la recherche

archives où une permission spéciale est déjà nécessaire... pour les consul-
ter. Les modalités d’emprunt ressemblent à celle de la commande d’un livre
en lecture : il suffit de remplir un bulletin spécial. Dans certains cas, la
contre-signature d’un professeur sera parfois nécessaire, mais cette forma-
lité tend à disparaître. Beaucoup d’étudiants ont connu cette nécessité as-
sez formelle de faire signer par un professeur un tas de tels bulletins... en
blanc. Il y a toujours un délai d’emprunt, parfois renouvelable, assorti géné-
ralement de sanctions pour retard.

Rapports inter bibliothèques

Des accords existent entre un bon nombre de bibliothèques importantes de
Belgique et entre pas mal de celles-ci et des bibliothèques étrangères. Par
ce biais, il est notamment possible d’avoir en lecture — et parfois même
d’emprunter — des ouvrages qui se trouvent dans d’autres bibliothèques
que celle où la commande est faite. C’est une pratique courante au moyen
du « bulletin circulaire ». De plus, il existe aussi des possibilités de consulter
d’ici les fichiers des bibliothèques étrangères européennes, voire des États-
Unis, par la voie des réseaux informatiques internationaux.

50
51 Méthodologie de la recherche

Chapitre 3

Écriture académique, apparat critique


et bibliographie


Ce chapitre est un rappel des normes imposées par le règlement de l’IHECS,
telles qu’elles figurent dans le document placé sur la plateforme « Learn ».
Ce document est une aide pour les étudiants de l’IHECS pour l’écriture de
leurs travaux académiques (travail d’expression écrite III, État de la question
en Master, article théorique de fin d’études…) et l’application de l’apparat
critique et des normes bibliographiques. Ces dernières, conformément au
règlement de l’IHECS (cf. pp. 124-125), se basent sur les règles de l’APA
(American Psychological Association). Dans le modèle anglo-saxon dit au-
teur-date, dans lequel s’inscrit l’APA, une référence minimale dans le texte
permet de ne pas déranger ni d’interrompre la lecture. Les références com-
plètes ne se retrouveront donc que dans la liste des sources.
Nous vous invitons vivement à lire la dizaine de pages que comporte ce do-
cument, étant donné qu’une lecture complète vous permettra de com-
prendre la logique du système APA, et d’ainsi mieux l’intégrer. Ce document
tente de répondre à la plupart des questions que les étudiants peuvent se
poser sur la rédaction de leurs travaux (chapitre 1), le référencement in-
tratextuel (chapitre 2) et la rédaction de la liste des sources (chapitre 3). Un
tableau de synthèse reprenant les cas les plus courants conclut le docu-
ment. Pour toute question à laquelle ce document ne donne pas de ré-
ponse, les étudiants doivent se référer au site officiel de l’APA (apas-
tyle.org ; ou toute autre source académique ou universitaire qui aide à utili-
ser l’APA correctement) ou au livre Concise Rules of APA Style. Enfin, pour
tout arbitrage, le Publication Manual of the American Psychological Associa-
tion, Sixth Edition, publié en 2009 (Washington : American Psychological
Association) est l’ouvrage de référence, disponible à la bibliothèque de
l’IHECS.

Écriture académique

Un manuscrit à caractère scientifique doit être bien structuré et
l’argumentation doit être fluide. De manière générale, ne dites que ce qui
52 Méthodologie de la recherche

doit être dit. Tout complément (pertinent) à la matière développée se re-


trouve soit en note de bas de page, soit en annexe. Évitez les descriptions
trop détaillées, les évidences, et toute information superflue. N’incluez pas
d’illustrations si elles ne sont pas analysées dans votre texte. Ne soyez ni
trop simples ni verbeux. Une argumentation solide ne repose pas sur une
suite de phrases simples, mais évitez les phrases à rallonges.

Interligne

Une variation importante des règles de l’APA est l’interligne 1,5 qui est
d’usage à l’IHECS, contrairement aux normes internationales qui exigent
généralement l’usage du double interligne.

Division en paragraphes

La division en paragraphe est fondamentale pour le développement de
l’argumentation. Le paragraphe doit former une unité, contenir une idée
principale, être suffisamment développé (avec des éléments solides, des
exemples, etc.) et surtout doit être cohérent (avec des connecteurs lo-
giques et une argumentation fluide). En d’autres mots, les paragraphes ne
font pas moins de 5-6 lignes (et en moyenne un peu plus), et clairement
moins d’une page. Enfin, un paragraphe commence par un alinéa (retrait en
début de ligne), bien que l’IHECS tolère l’espacement supplémentaire par
souci de clarté visuelle, mais sans alinéa (qui serait alors une redondance,
chose à toujours éviter). Seul le premier paragraphe après un titre n’aura ni
alinéa ni espacement supplémentaire vu qu’il est évident qu’il s’agit, après
un (sous) titre, d’un nouveau paragraphe.

Division en chapitres

La division en chapitres est également importante pour le développement
de l’argumentation. Chaque chapitre doit être un ensemble de paragraphes
cohérent, formant une unité. L’introduction et la conclusion ne sont jamais
numérotées, et il est souhaitable de ne pas dépasser deux niveaux de divi-
sion (de hiérarchie).
Utilisation des chiffres

Les chiffres de zéro à seize inclus doivent s’écrire en toutes lettres. Par
contre, à partir de 17, utilisez les chiffres tels quels.

Écriture académique, apparat critique et bibliographie 53

Italique

Dans le corps du texte, l’utilisation de l’italique est réservée aux titres de
publication, qui ne sont donc pas indiqués par des guillemets, contraire-
ment aux parties d’ouvrage. Ainsi, le titre d’un album de musique doit être
en italique, sans guillemets, et le titre d’une chanson entre guillemets. Le
titre d’un livre doit être en italique, celui d’un chapitre entre guillemets.
L’italique est également utilisé pour les expressions en langue étrangère qui
n’ont pas d’équivalent dans la langue principale du texte.

Citer et modifier une citation

Tout travail scientifique s’appuie sur de nombreux travaux antérieurs qui
constituent la fondation théorique de ce travail. Afin de montrer que vous
maîtrisez bien votre sujet et que vous êtes l’auteur d’un texte original, et
pas d’un ensemble de références et citations qui ressembleraient à un état
de la question, veillez le plus possible à intégrer vos citations directes et
indirectes à votre texte. Ce faisant, il vous faudra parfois adapter la citation
pour qu’elle respecte votre syntaxe, ou compresser la citation afin de n’en
garder que l’essentiel. Dans ces cas, indiquez tout changement en enca-
drant les mots modifiés par des crochets, et remplacez les parties de cita-
tions jugées inutiles par trois points espacés sans crochet.
Exemple Sylvain Desmille postule que « techno et rap sont comme les deux
frères ennemis de la fondation de Rome : dans leurs veines coule le même
sang, mais ils s’opposent radicalement sur la forme, les moyens et les fins.
Quand le rap privilégie la stratégie de l’opposition… la techno refuse de se
déclarer en état de siège » (2010, p. 90).
Exemple Bereni conteste le fonctionnement des partis conservateurs,
« l’idéologie dominante [y étant] plus explicitement acceptée comme une
norme » (2012, p. 245).
Pour les citations de moins de 40 mots environ, il faut impérativement
mettre la citation entre guillemets. Si la citation est plus longue, allez à la
ligne et utilisez un retrait pour toute la citation. C’est la citation en bloc
(block quote), qui ne requiert pas de guillemets.

54 Méthodologie de la recherche

Exemple : En effet, les Cultural Studies croisent également de nouveaux re-


gistres de revendication — féministe, décoloniale, antiraciste ou queer
(p. 8). Dès lors,
si les études queer ont leur propre trajectoire historique... il n’en reste pas
moins qu’elles entretiennent avec les Cultural Studies un rapport de forte
proximité. Elles sont ainsi largement portées sur les médias et la culture
populaire, étudiées comme des lieux de reconfiguration des normes de
genre et de sexualité (Cervulle et Quemener, 2015, p. 51).

Citer une source non francophone

Votre texte ne peut comprendre plusieurs langues. Ainsi, une citation issue
d’une source non francophone devra impérativement être traduite pour
être utilisée. Cependant, le style APA considère que toute traduction per-
sonnelle est par définition une paraphrase, étant donné qu’elle implique
une reformulation des propos de l’auteur. Ainsi, seules les traductions offi-
cielles sont acceptées comme étant des citations, et peuvent être utilisées
comme telles dans le texte. Si aucune traduction officielle du document que
vous souhaitez citer n’existe, vous pouvez alors effectuer la traduction
vous-mêmes, en veillant à soigneusement respecter le texte original. Vous
présenterez alors cette traduction comme une citation indirecte (c’est-à-
dire sans utiliser les guillemets). Il est dans ce cas impératif d’indiquer la
citation originale en note de bas de page.
Pour référencer correctement les traductions (officielles ou personnelles)
dans la liste des sources, rapportez-vous au point 3.9 de ce document,
« Sources non francophones ».

Apparat critique

La science ne se construit pas de façon individuelle, d’où le principe d’un
savoir qui se construit, sur base de théories et vues d’autrui. C’est de là que
vient l’exigence de montrer d’où l’on tire son savoir. À tout moment dans le
texte, il est donc fondamental de savoir qui parle, grâce à l’usage de
l’apparat critique.
L’apparat critique est compris à l’IHECS dans son sens le plus large, à savoir
l’ensemble des références utilisées dans le corps de l’ouvrage, pour étayer
tel et tel élément du travail. Comme pour toutes les autres règles, il suit le
modèle auteur-date de l’APA, imposé à l’IHECS. Afin de faciliter le travail du
lecteur, les normes de publication de l’APA sont très précises quant au for-
mat de ces références, qui renvoient par ailleurs à la source complète qui se
trouve dans la liste des sources. Il est impératif que cette référence corres-
ponde strictement à l’entrée classée alphabétiquement dans cette liste (cf.
point 3).

Écriture académique, apparat critique et bibliographie 55

Règle générale

La règle générale est de citer systématiquement dans le texte, pour toute
référence directe (citation) ou indirecte (reprise d’une idée, paraphrase,
référence générale…) à un auteur ou un document, l’auteur, la date, et la
(les) page(s) concernées. Cette clef (Auteur, date, p.) permettra sans équi-
voque de toujours retrouver la référence complète dans la liste des sources,
et elle permet sans trop interrompre le texte de savoir qui parle à quel
moment.
Exemple 1 si les séries télévisées de qualité constituent des objets d’analyse
fascinants, « les productions courantes, moyennes ou franchement mau-
vaises… méritent attention pour les enseignements qu’elles fournissent sur
l’état d’esprit des sociétés qui les plébiscitent » (Chollet et Pieiller, 2010,
p. 4).
Lors de la première référence à un auteur, il est de bon ton de citer les nom
et prénom de l’auteur dans le texte, éventuellement accompagné de
l’année de référence, et de laisser seul le numéro de page entre paren-
thèses.
Exemple 2 comme le dit Edgard Morin à propos des stars, « Marylin Mon-
roe, Brigitte Bardot, parties toutes nues, sont devenues femmes totales,
multidimensionnelles ; déesses de l’écran et grandes filles toutes simples,
elles rayonnent de sexe et d’âme » (1972, pp. 32-33).
Exemple 3 en 1970, Jean Baudrillard faisait déjà remarquer que la société
de consommation peut mener à « un schème généralisé de la vie indivi-
duelle et sociale régie par la logique de marchandise » (p. 307).

Un auteur, plusieurs ouvrages

Si vous voulez référencer plusieurs ouvrages d’un même auteur (ou mêmes
auteurs), ils seront distingués par leur date de publication. Si un même au-
teur a publié plusieurs ouvrages une même année, ajouter la lettre a, b, c...
à côté de l’année dans la référence entre parenthèses, ainsi que dans la
liste de références en fin de travail, en suivant l’ordre alphabétique des
titres d’ouvrage.
Exemple (Fiske, 1989a, p. 28)
56 Méthodologie de la recherche

Plusieurs auteurs

Sauf s’ils sont plus de cinq, citez tous les auteurs la première fois, puis uni-
quement le nom du premier auteur, suivi de « et al. ». S’ils sont plus nom-
breux encore, ne donnez que le premier auteur suivi de « et al. » dès la
première référence.

L’auteur est une personne morale (association, groupement...)

Il arrive que des ouvrages ne soient pas signés par une personne physique,
mais bien par une personne morale. Lors de la première citation, mention-
nez le nom de l’association en entier. Par la suite, utilisez une abréviation.

Pas de personne physique comme auteur (et articles de presse)

Pour les articles de presse qui ne référencent pas de personne physique
comme auteur, on utilise le titre comme référence, suivi de la date entre
parenthèses.

Plusieurs références

Si dans un paragraphe une idée ou un concept proviennent de plusieurs
ouvrages différents, mentionnez les différentes références dans une seule
parenthèse, avec un point-virgule entre ces différentes références.
Exemple plusieurs études (Dorrow et O’Neal, 1979 ; Murray, 1970 ; Smith et
al., 1990) suggèrent que...

Référence secondaire

Bien qu’il soit toujours conseillé de consulter de la littérature originale, les
documents scientifiques font (presque) toujours référence à de nombreux
travaux. Si vous souhaitez faire référence à un de ces travaux cités dans le
document que vous avez en main, donnez d’abord l’auteur de la citation,
suivi de « cité par » l’auteur du document que vous avez en main. Dans la
liste des sources figurera bien l’auteur référencé (celui dont vous tenez le
document en main).
Exemple en 1998, Smith (cité par Hall, 2011, p. 28) a montré que...
Écriture académique, apparat critique et bibliographie 57

Interviews

Si vous voulez faire référence à une information qui n’est pas publiée, mais
que l’on a obtenue au cours d’une interview (personnelle, téléphonique, e-
mail, etc.), il convient de la rapporter à son auteur, qui est en fait
l’interviewé, en indiquant son nom, ainsi que la date précise. Toutes les in-
formations disponibles se retrouveront dans la liste des sources.
Exemple (Moens, 15 novembre 2012)

Si l’interview a été publiée, on fera référence à cette dernière comme toute
autre référence à un ouvrage publié, selon le type de source (livre, page
Internet, etc.). Si vous n’êtes pas l’intervieweur, vous ajouterez « interview
par » suivi du nom de l’intervieweur dans la référence complète de la liste
des sources.

Sources électroniques

Toutes les sources électroniques suivent les mêmes règles que les sources
traditionnelles. Par contre, dans la plupart des cas, il n’y aura pas de réfé-
rence de page dans la référence entre parenthèses puisque peu de pages
web reçoivent un numéro de page, mais plus d’information dans la liste des
sources. Si vous ne trouvez vraiment pas de date après une recherche ap-
profondie, indiquez la date de consultation de la page Internet comme réfé-
rence.

Sources

La liste des sources qui constitue une pièce maîtresse dans tout travail
scientifique. Vu l’évolution de la recherche et donc de l’écriture acadé-
mique depuis de nombreuses années, le système anglo-saxon exclut l’usage
du terme bibliographie, qui ne fait référence, stricto sensu, qu’aux livres et
écrits. Bien que ce terme soit encore souvent utilisé dans le monde franco-
phone, on utilisera le terme plus général « Sources ». Comme mentionné
dans le point 2, la base même de la liste des sources est la référence qui se
trouve dans le corps du texte. Toutes les entrées dans cette liste doivent
suivre strictement la référence donnée dans le texte, afin que le lecteur
puisse aisément avoir accès à la source complète. Attention, on ne divise
jamais cette liste selon le type de source. Vu que cet élément n’est généra-
lement pas mentionné dans le corps du texte, cela oblige le lecteur à par-
courir plusieurs divisions avant de trouver la référence recherchée. Il n’y a
donc qu’une seule liste, classée par ordre alphabétique, puis par année si
plusieurs ouvrages d’un même auteur ont été utilisés.
58 Méthodologie de la recherche

Attention, seuls les ouvrages et autres documents cités explicitement dans


le texte peuvent se retrouver dans la liste des sources. Bien souvent,
l’auteur a lu beaucoup plus de documents sur le sujet traité que de docu-
ments cités. Soit il s’agit d’ouvrages complémentaires intéressants qui peu-
vent être mentionnés en note de bas de page, et donc dans la liste des
sources, soit on ne peut les inclure dans cette liste. La seule exception à la
présence d’ouvrages utilisés dans le texte est la référence aux plus grandes
œuvres classiques, comme les grands ouvrages de l’antiquité grecque ou
romaine, ou des plus grandes religions reconnues (la bible) ou encore les
dictionnaires généralistes comme le Robert ou le Larousse.

Règle générale

Les entrées de références doivent être strictement identiques à celles du
texte même. Les zones sont séparées par des points (nom(s). Année. titre et
infos de publication). Les références doivent toujours être les plus com-
plètes possible, afin de permettre au lecteur de retrouver la source le plus
sûrement possible. Elles commencent toujours par le nom d’auteur, en en-
tier, suivi des initiales de ses prénoms. Vient ensuite l’année de publication,
entre parenthèses. Le titre, en entier, et en italique, suivi de l’édition, le
volume... Enfin viennent toutes les informations de publication, en com-
mençant par le lieu de publication, suivi de l’éditeur. Ces deux éléments
sont séparés d’un double point.

Auteur(s)
Jusqu’à sept auteurs, indiquez les noms suivis des initiales, séparés par des
virgules et les deux derniers noms par « et ». Seules la première lettre du
nom et les initiales sont en majuscules. Pour les noms à particule, la parti-
cule suit l’initiale (Exemple 4). S’il ne s’agit pas à proprement parler d’un
auteur, mais d’un éditeur ou directeur scientifique, le nom de celui-ci (ou
ceux-ci) est suivi de « (dir.) » après le nom (Exemple 5). Si l’auteur est une
association, placez le nom de celle-ci comme auteur (Exemple 6). Terminez
la zone « auteur » par un point. Lorsqu’il y a plusieurs auteurs, il faut res-
pecter l’ordre qui est celui du document, qui n’est pas toujours l’ordre al-
phabétique (Exemple 3).
Exemple 1 Chabot, P. (2012). Global burn-out. Paris : Presses universitaires
de France. Collection « Perspectives critiques. »
Exemple 2 Albert, P. et Tudesq, A.-J. (1996). Histoire de la radio-télévision
e
(5 éd.). Paris : Presses universitaires de France.
Exemple 3 Lachman, R., Lachman, J.L. et Butterfield, E.C. (1979). Cognitive
psychology and information processing : An introduction. Hillsdale : Erl-
baum.
Exemple 4 Saussure, F. de. (1995). Cours de linguistique générale. Paris :
Payot.
Écriture académique, apparat critique et bibliographie 59

Exemple 5 Auroux, S. (dir.) (2000). Histoire des idées linguistiques. Tome 3 :


L’hégémonie du comparatisme. Liège : Mardaga.
Exemple 6 Collectif le ressort. (2009). Reconquista ! Cuesmes : Éditions du
Cerisier.

Titre

Le titre principal est toujours indiqué en italique. Le cas échéant, un sous-
titre, titre d’article dans un ouvrage collectif, nom de chapitre... sont indi-
qués sans italique ni guillemets. Le titre et toutes les informations requises
doivent de toute façon suivre (cf. Exemple). Seul le premier mot est écrit en
majuscule, même en anglais, alors que dans le corps du texte, tous les mots
importants (tous sauf les articles et prépositions) des titres en anglais pren-
nent une majuscule.
Exemple Posner, M. et Snyder, C.R.R. (1975). Facilitation and inhibition in
the processing of signals. Dans P.M.A. Rabbit et S. Dornic (dir.), Attention
and performance : Vol.5. Biological aspects (pp.669-682). New York :
Academic Press.

Partie d’ouvrage (chapitre, article dans un ouvrage collectif...)

Suivez la logique du référencement, sans italique ni guillemets.
L’information complète de l’ouvrage doit suivre, introduit par la préposition
« Dans » (cf. exemple, ci-dessus).

Article de journal, de magazine et de revue scientifique

Pour ce type d’article, respectez la règle générale, et ajoutez la date précise
après l’année. Comme le titre d’un article n’est pas un titre de publication, il
est simplement mentionné sans italique ni guillemets. Par contre, le journal
ou magazine, titre officiel, est indiqué ensuite en italique. Le numéro de
page termine la référence. Attention, étonnamment, seules les revues
scientifiques ne prennent pas de p. ou pp. pour les numéros de page. Si au-
cun auteur n’est référencé, le titre de l’article est utilisé comme entrée de
référence et le titre de la publication suit, comme pour les articles signés
(ex. 6).
Exemple 1 Ritchell, M. (2010, 22 novembre). An advance or a distraction ?
Learning in the digital world. International Herald Tribune, p.18.
Exemple 2 Wolk, D. (2012, 23 juillet). To catch a thief. After 70 years of
shape-shifting, a Catwoman for the 99%. Time Magazine, pp. 46-49.
Exemple 3 Smith, R. (2011, juin-août). Le son hybride de l’après-apartheid.
Dans Révolutions sonores. Courrier international (Hors-série), pp. 80-81.

59
60 Méthodologie de la recherche

Exemple 4 Wasseige, M. de. (2007). Les représentations idéologiques dans


la série télévisée américaine contemporaine : 24 Heures Chrono. Degrés,
no 131-132, i1-i18.
Exemple 5 Ryoo, W. (2009). Globalization, or the logic of cultural hybridiza-
tion: the case of the Korean wave. Asian Journal of Communication, 19.2,
137-151.
Exemple 6 Oldest bacteria fossils ? Or are they merely tiny rock flaws?
(2002, March 12). New York Times, p.14.

Sources électroniques

Pour toutes les sources électroniques, suivez la règle générale. Avec l’année
de publication vient la date de (dernière) mise à jour. Le titre du document,
en italique, vient ensuite, suivi de
« Récupéré le » et la date de consultation, suivi de « du site » et le nom du
site. En dernier lieu vient l’URL complète. Ces deux dernières informations
sont séparées par deux points. Si le DOI (Digital Object Identifier) est men-
tionné, remplacez l’URL par ce dernier, et placez-le en dernier lieu, sans
point final, introduit par « doi : ». Si les numéros de pages existent, vous
devez les inclure.

Livre en version électronique

Exemple Shotton, M.A. (1989). Computer addiction ? A study of computer
dependency [version DX Reader]. Récupéré le 15 décembre 1999 de
http://www.ebookstore.tandf.co.uk/html/indasp
Écriture académique, apparat critique et bibliographie 61

Article de journal, magazine ou revue scientifique en version


électronique

Exemple 1 Brody, J.E. (2007, 11 décembre). Mental reserves keep brain
agile. The New York Times. Récupéré le 18 janvier 2012 de
http://www.nytimes.com
Exemple 2 (sans auteur) Italy’s deficit : The perils of procrastination (2011,
July 1). The Economist. Récupéré le 18 janvier 2012 de
http://www.economist.com.
Exemple 3 Clay, R. (2008, June). Science vs Ideology : Psychologists fight
back about the misuse of research. Monitor on Psychology, 39 (6). Récupéré
le 22 mars 2011 de http://www.apa.org/monitor
Exemple 4 Brotcorne, P. et Valenduc, G. (2009). Les compétences numé-
riques et les inégalités dans les usages d’Internet : comment réduire ces
inégalités ? Les cahiers du numérique, 5 (1), 45-68. doi:10.3166/LCN.5.1.45-
68

Documents divers

Exemple Couture, M. (2012, mise à jour 7 novembre). Revue internationale
des technologies en pédagogie universitaire. Normes bibliographiques —
Adaptation française des normes de l’APA. Récupéré le 16 novembre 2012
du site de l’auteur : http://www.teluq.uqam.ca/~mcouture/apa

Interviews

Une interview qui n’est pas publiée doit être référencée comme une inter-
view personnelle, téléphonique, e-mail ou autre. Le nom de la personne
interviewée vient en premier, suivi de ses initiales. Indiquez ensuite la date
exacte entre parenthèses. Vient ensuite le type d’interview puis le lieu si ce
dernier est pertinent (Exemple 1). Si une interview a été publiée, référen-
cez-la suivant la règle générale, et en indiquant l’interviewé précédé de
« interview par » (Exemple 2). Si une interview vous paraît très intéressante,
il est possible de l’autopublier sur un blog ou un forum et de référencer
celle-ci comme document électronique. Si elle est déjà sur Internet, réfé-
rencez-la comme une source électronique, avec toutes les informations dis-
ponibles (Exemple 3).
Exemple 1 Moens, F. (15 novembre 2012). Interview personnelle, Bruxelles.

61
62 Méthodologie de la recherche

Exemple 2 Smith, M.B. (1989, 12 août). Interview par C.A. Kiesler [enregis-
trement sur cassette]. President’s oral history project, American Psycholo-
gical Association. APA Archives, Washington.
Exemple 3 Lady Gaga (2011, mise en ligne 28 avril). Interview par E. De-
generes [interview télévisée]. Récupéré le 16 novembre 2012 du site de
YouTube : http://www.youtube.com/watch?v=1AKBLJeTXnU

Mémoires et thèses de doctorat

Exemple 1 Dupont, B. (2012). La représentation de la masculinité dans la
série TV Glee. Katholieke Universiteit Leuven, Belgique.
Exemple 2 Crahay, M. (1984). Observer et réguler la construction des ac-
tions avec les objets. (thèse de doctorat non publiée). Université de Liège,
Belgique.

Sources non francophones

Pour référencer un texte en langue étrangère dans votre liste de sources, il
vous suffit de suivre la règle correspondant au type de document adéquat,
en veillant simplement à ajouter une traduction du titre du document en
français, entre crochets.
Exemple : Hyman, Michael, Tansey, Richard et Clark, James W. (1994).
Research on advertising ethics: Past, present, and future [Recherche sur
l’éthique de la publicité : passé, présent et futur]. Journal of Advertising, 23
(3), pp. 5-15.
Si la source que vous utilisez est une traduction en français d’un texte origi-
nellement en langue étrangère, il est alors nécessaire de mentionner le/la
traducteur/trice de ce document, en indiquant l’initiale de son prénom et
son nom, suivi de la mention « trad. », le tout entre parenthèses, après le
titre du document.
Exemple : Butler, Judith (2016). Défaire le genre (M. Cervulle, trad.). Paris :
Éditions Amsterdam.

DEUXIÈME PARTIE

LA MISE EN ŒUVRE
64 Méthodologie de la recherche

64
Problèmes d’épistémologie 65

Chapitre V

Problèmes d’épistémologie

Introduction

La philosophie s’intéresse au rapport du sujet à l’objet dans le processus de
la connaissance.
La logique formelle cherche la structure du raisonnement sans analyser le
contenu, ce qui pose des problèmes de mise en pratique.
Un fossé se creuse entre philosophes, s’occupant de logique, et scienti-
fiques, cherchant des méthodes de recherche. Gaston Bachelard propose
une logique concrète qui serait une théorie de la connaissance.

Les problèmes de la connaissance (GRAWITZ, 1972, 3-25)

Plusieurs disciplines traitent de ce problème :

• la gnoséologie traite du rapport entre sujet et objet à un niveau abstrait ;
• la philosophie des sciences se concentre sur les sciences et leur
développement ;
• l’épistémologie étudie les démarches scientifiques et la validité des
sciences.

L’épistémologie a tendance à recouvrir les deux autres disciplines.

Il existe également différentes philosophies qui proposent leur point de vue
sur les problèmes de la connaissance :

• l’idéalisme dit que l’esprit est plus réel que le monde extérieur ;
• le matérialisme prône que c’est l’expérience du monde extérieur qui
aboutit aux idées.

Carl Gustav Jung explique cette double démarche en introduisant les no-
tions d’introverti et d’extraverti. Le premier est davantage préoccupé de
l’intérieur de lui-même (le sujet), tandis que le second est d’abord attiré par
ce qui se passe à l’extérieur (l’objet).

65
66 Méthodologie de la recherche

C’est la nuance de ces deux tendances qui donnera la phénoménologie.


Husserl notamment dit que l’observation n’est jamais empirique, car elle
part d’une intention et donne lieu à une interprétation.

Les moyens de la connaissance : méthode, théorie, procédure

La méthode est toujours liée à des problèmes épistémologiques et logiques.

• La déduction est une méthode démonstrative : des vérités assurées
conduisent à des conséquences certaines.
• L’induction est une méthode où l’observation conduit à la généralisation
aux autres cas semblables.

De ces deux démarches découlent deux théories :



• le rationalisme prône une pensée déductive, où le critère de vérité est
intellectuel ;
• l’empirisme prône une pensée inductive où l’origine de la connaissance
est l’observation.

Les questions de l’épistémologie

Gaston Bachelard suggère aux philosophes d’abandonner leur ambition de
trouver un seul point de vue fixe. La philosophie des sciences devrait,
d’après lui, être une philosophie dispersée qui resterait néanmoins une mé-
thode de dispersion bien ordonnée. Les savants devraient détourner la
science de sa volonté d’objectivité pour découvrir ce qui reste de subjectif
dans les méthodes les plus sévères. De cette manière, l’esprit scientifique
apparaîtrait dans une véritable dispersion psychologique et donc philoso-
phique. Chaque hypothèse, chaque problème réclamerait sa philosophie. Le
devenir d’une pensée scientifique correspondrait à la transformation de la
forme réaliste en une forme rationaliste (BACHELARD, 1974, 9-26).

Le rationalisme appliqué (BACHELARD, 1974, 106-


135)

Gaston Bachelard établit une différence entre deux méthodes
d’investigation épistémologique :

• D’une part la déduction, qu’il nomme le rationalisme a priori,
• d’autre part l’induction ou le rationalisme a posteriori.

66
Problèmes d’épistémologie 67


Pour lui, la déduction n’est pas une bonne méthode, car sa prétention
d’universalité ne peut valoir pour des connaissances appliquées : la déduc-
tion n’est pas suffisante pour faire une étude philosophique approfondie de
la connaissance. La déduction ne permet pas à la philosophie d’évoluer. Par
contre, multiplier les expériences, analyser les différents rationalismes,
donc induire, constitue une bonne méthode.

Une « bicertitude » est essentielle :

• le réel scientifique : le réel doit avoir une prise directe sur la rationalité ;
• les arguments rationnels qui touchent une expérience doivent être des
moments de cette expérience.

Si une de ces deux certitudes manque, on ne participe pas à l’activité scien-
tifique. Il faut donc, pour juger la pensée scientifique, atteindre un rationa-
lisme concret s’appuyant sur des expériences particulières et précises.
Pour pouvoir définir la philosophie de la connaissance scientifique comme
une « philosophie ouverte » (c’est-à-dire une philosophie pouvant travailler
sur l’inconnu en cherchant dans le réel tout ce qui pourrait contredire des
connaissances antérieures), il faut considérer la connaissance comme une
évolution de l’esprit qui accepte des variations qui touchent à l’unité et à la
continuité du je pense du philosophe.

L’objectivité n’est possible, en matière scientifique, que si l’on rompt avec
l’objet immédiat, car toute objectivité dément le premier contact avec
l’objet. Encore faut-il se mettre d’accord sur la notion de fait scientifique :
toute expérience sur la réalité déjà informée par la science est une expé-
rience sur la pensée scientifique.

La méthode scientifique est engagée, car elle met constamment en jeu sa
constitution même. Il faut multiplier les méthodes : condamner une mé-
thode, c’est en proposer une nouvelle.

Le matérialisme technique (BACHELARD, 1974,


136-157)

Gaston Bachelard aborde un double problème :

• Le premier est l’aspect instrumental de la science,
• le second est le déterminisme.

67
68 Méthodologie de la recherche


L’aspect instrumental de la science

Chaque époque a son système de mesure qui, par son exactitude et son
avancée technique, témoigne d’une époque. Gaston Bachelard souligne
aussi le fait que le côté technique de la science est de la première impor-
tance pour celle-ci.

« La connaissance devient objective dans la mesure où elle devient instru-
mentale » (BACHELARD, 1974).

La pensée scientifique résulte d’une addition de travaux et de découvertes
qui, en eux-mêmes, engendre le progrès. Un travailleur isolé faisant une
découverte devra avouer qu’il n’aurait pas trouvé cela tout seul. Il existe
ainsi deux axes :

• le premier est celui de la cité théoricienne qui va étudier tout le savoir
déjà acquis par une science ;
« Il faut d’abord lire des livres, beaucoup de livres difficiles et s’établir peu à
peu dans la perspective des difficultés » (BACHELARD, 1974).
• Le deuxième axe est celui de la cité technicienne dont la tâche est
purement technique. Il faut manier, construire et inventer sans cesse de
nouveaux appareils et de nouvelles techniques permettant le progrès.

La coopération de ces deux axes et leur compréhension mutuelle construi-
sent la culture scientifique nouvelle. Le rationnel, le technique et le social
font tous trois partie intégrante de la philosophie des sciences. Si l’on ou-
blie une seule de ses objectivités, on aboutit à une utopie, et non plus à la
réalité.

Le déterminisme

Le déterminisme émet l’hypothèse que tout est déterminé à l’avance. Il
s’oppose ainsi à l’empirisme qui avance par expérience. Le déterminisme
s’attache à décrypter les symptômes et les énigmes de la nature pour la
comprendre. Le déterminisme pense en termes de totalité, de solidarité, et
d’infini. L’univers serait un ensemble qui fonctionnerait en tant que tel et
non en petites entités distinctes. Gaston Bachelard introduit la notion de
causalité dans le déterminisme. La fonction humaine est de saisir les causes
majeures de l’univers pour l’expliquer.

Les causes sont cachées. Elles se font chercher, et ces recherches aboutis-
sent à des erreurs qui, balbutiantes, nous mèneront petit à petit à un frag-
ment de vérité. Remarquons finalement que la technique humaine, la ma-

68
Problèmes d’épistémologie 69

nière dont l’humain a utilisé et apprivoisé la nature pour ses propres be-
soins, se fait malgré la nature elle-même chaotique et non maîtrisée.

La psychanalyse de la connaissance objective


(BACHELARD, 1974, 158-184)

Principe

Il existe des causes d’inertie à la connaissance scientifique. Ainsi, la science
s’oppose à l’opinion qui doit pouvoir être dépassée afin d’accéder à une
connaissance objective. Avoir une pensée scientifique, c’est avant tout po-
ser des questions objectives, or l’esprit humain préfère ce qui confirme son
savoir à ce qui le contredit. L’épistémologue étudie le développement histo-
rique de la pensée et de la pratique de l’éducation scientifique, et tente d’y
débusquer les obstacles. Pour ce faire, il s’efforce de saisir les concepts
scientifiques, dans des synthèses psychologiques progressives, c’est-à-dire
dans une échelle de concepts (un même mot peut évoquer différents con-
cepts).

1. Premier obstacle : l’expérience première. En effet, l’esprit scientifique
doit se former contre la Nature, l’impulsion, l’instinct et l’éducation.
2. Deuxième obstacle : l’obstacle réaliste. Le réalisme est considéré comme
une philosophie innée, il n’est pas discuté, ni même enseigné. Être
réaliste, c’est croire qu’on possède la richesse du réel. Pour y remédier,
il faudrait instituer une psychanalyse du sentiment de l’avoir.
3. Troisième obstacle : l’obstacle animiste. L’homme tend à donner plus de
valeur à une substance animée qu’à un être inerte. En effet, le mot vie
est un mot valorisé.
4. Quatrième obstacle : la « libido ». Une psychanalyse complète de
l’inconscient scientifique devrait entreprendre une étude de sentiments
plus ou moins inspirés par la libido. Examiner en particulier la volonté de
puissance que la libido exerce sur les choses, les animaux : volonté de
puissance qui est somme toute une volonté de dominer les hommes. Si
l’on examinait ce qui se passe dans un esprit en formation placé devant
une expérience nouvelle, on serait surpris de trouver de prime abord
des pensées sexuelles (de telles vues sont de véritables obstacles).
5. Cinquième obstacle : l’imagerie et la magie des mots. Les mots
permettent d’exprimer des phénomènes variés. On croit les expliquer,
donc les connaître. On aboutit à des images généralisées, exprimées par
un seul mot. L’accumulation des images fait tort à la raison. Toute la
pensée est instruite sur une image, et quand on veut l’effacer, la
fonction de l’image subsiste toujours.

69
70 Méthodologie de la recherche

La logique de la découverte scientifique (POPPER,


1973, 1-75)

Né en 1902, Popper s’intéresse à tous les grands courants de pensée qui
ont suivi la Première Guerre mondiale et la révolution russe. Pour lui, le
marxisme et la psychanalyse diffèrent de la relativité, car ils ne possèdent
pas de critères de scientificité bien établis. Il en cherche la raison et trouve
la clef de son problème dans le critère de démarcation, principe fondamen-
tal sur lequel reposent les bases de la connaissance scientifique. Marxisme
et psychanalyse sont en fait irréfutables, car leur interprétation est sans
limites. Ces deux disciplines peuvent assimiler n’importe quelle conception.
Certes, K. Popper accepte la spéculation comme source de progrès. La dé-
couverte joue également un rôle capital dans la progression de la connais-
sance. Mais ces notions n’ont de véritable valeur que par la conjoncture
(l’hypothèse) et la réfutation auxquelles est soumise leur théorie. Conjec-
ture et réfutation sont fondamentales dans l’enrichissement de la connais-
sance.

Du point de vue du contenu, Popper analyse l’idée de causalité (le devenir
comme succession d’étapes conditionnées). Il traite du problème de
l’induction (les lois scientifiques seraient tirées de faits dépouillés
d’observations). Il clarifie la simplicité théorique et critique l’empirisme
classique, le positivisme (la critique de toute métaphysique et de leurs
causes précises) et l’instrumentalisme (l’intelligence comme outil de
l’action).

Enfin, il restitue en épistémologie l’attitude réaliste de l’homme de science
à l’œuvre dans son effort créateur. Il considère cette même épistémologie
comme réelle et vécue, mais fatalement correspondante à une éthique, un
choix de valeurs.

Pourtant, Popper évoque la cosmologie comme seul problème véritable et
prétend que toute science est cosmologie dans son intérêt à contribuer
dans l’étude du monde. Il présente le problème de l’épistémologie comme
le problème de la croissance de la connaissance (scientifique, précisément).
Il admet difficilement le remplacement de cette étude de la connaissance
par celle du système langagier.

Karl Popper pense à une méthode de discussion rationnelle pour poser les
problèmes avec clarté et examiner avec un esprit critique les diverses solu-
tions proposées. Le tout est de dépasser le problème au lieu de le défendre
et surtout de tenir compte de ce que d’autres ont pensé.

70
Problèmes d’épistémologie 71

Le problème de la démarcation et autres problèmes fondamen-


taux (POPPER, 1973, 23 — 45)

Trouver un critère pour distinguer la connaissance scientifique des connais-
sances non scientifiques constitue le problème de la démarcation. Les posi-
tivistes interprètent souvent ce problème d’une manière naturaliste. Pour
eux, l’expérience prime en dehors de toute métaphysique. Pour les anciens
positivistes, les concepts sont dérivés de l’expérience. Pour les positivistes
modernes, la science n’est pas constituée de concepts, mais bien d’un sys-
tème d’énoncés. Mais Popper refuse de croire que les lois scientifiques
soient réductibles à des énoncés d’expérience élémentaires. Il insiste sur le
fait que la tâche la plus importante réside dans le fait de tracer une ligne de
démarcation précise entre la science et les idées métaphysiques.

La confrontation des énoncés avec les faits observés

Un des traits essentiels de la méthode scientifique est la confrontation des
énoncés avec les faits observés. Cette caractéristique n’est cependant pas
un critère suffisant pour distinguer les sciences des pseudosciences. Tout
d’abord, parce que les sciences formelles (logique et mathématique) ne font
pas référence aux faits d’observation. Ensuite, parce qu’il n’y a pas
d’observation sans interprétation. Enfin, parce que tout observateur est issu
d’une culture déterminée fondée sur certains paradigmes qui structurent la
vision du réel.

L’objectivité

Une autre caractéristique de la connaissance scientifique est son objectivi-
té. Il existe trois conceptions de l’objectivité :

1. L’objectivité comme conformité à l’objet. Cette conception se base sur
l’observation et son interprétation. Elle ne tient pas compte du décalage
entre objectivité et vérité ni du point de vue relatif de l’observateur ;
2. L’objectivité comme intersubjectivité. Une connaissance scientifique
serait une connaissance objective dans la mesure où plusieurs sujets
engagés dans une même pratique obtiendraient les mêmes résultats.
Pendant des siècles, tous les savants ont cru objectivement et de
manière intersubjective que le soleil tournait autour de la terre...
3. L’objectivité comme exercice de l’esprit critique. Pour K. Popper, une
pratique est objective si elle est ouverte à la discussion. Popper rejoint

71
72 Méthodologie de la recherche

Kant en ce qui concerne son usage des termes objectif et subjectif.


L’objectivité de tout énoncé réside dans le fait qu’il peut être soumis à
des tests. Selon Kant, le terme subjectif s’applique à nos sentiments de
conviction. Un énoncé ne peut jamais être vérifié par une expérience
subjective ou un quelconque sentiment de conviction. Dès lors, affirme
Popper, si nous voulons être objectifs, les énoncés faisant partie de la
base empirique se doivent d’être objectifs. Ils doivent pouvoir être
soumis à des tests, car, en science, il ne peut exister des énoncés ultimes
(des énoncés qu’on ne peut tester).

Ces trois conceptions de l’objectivité nous permettent de dire que si la con-
naissance scientifique est contrôlable par autrui et soumise à la discussion
critique, elle n’est cependant pas exempte de subjectivité. Toute conclusion
scientifique demeure relative, partielle et susceptible d’être remise en
question.

La vérifiabilité

Selon les néopositivistes, l’expérience sensible fournit la seule base légitime
de la connaissance. Pour eux, le savoir scientifique n’est constitué que
d’énoncés dérivés de l’expérience sensible. Un énoncé empirique est scien-
tifique si et seulement s’il peut être vérifié, c’est-à-dire s’il peut être recon-
nu comme vrai ou faux.

Le problème de l’induction

Pour Karl Popper, la vérité d’un énoncé ne peut reposer sur la seule expé-
rimentation. Une théorie n’est jamais vérifiée par l’expérience, tout au
plus est elle corroborée ou confirmée. Karl Popper rejette la méthode in-
ductive, car elle ne fournit pas de critère de démarcation adéquat. Ce n’est
pas parce que nous avons observé un grand nombre de cygnes blancs
qu’une observation supplémentaire ne pourrait révéler un cygne d’une
autre couleur.

Le problème de l’induction correspond à la question de savoir si les infé-
rences inductives sont justifiées ou à quelles conditions elles le sont. Pour
les justifier, il faut créer un principe d’induction qui soit un énoncé universel
synthétique dont la négation est logiquement possible. Un principe
d’induction ne peut être fondé sur l’expérience, car il conduirait à une ré-
gression à l’infini. Les difficultés liées à la logique inductive sont insurmon-
tables, surtout celles qui engendrent une doctrine selon laquelle les infé-
rences inductives sont « probables ».

72
Problèmes d’épistémologie 73

Élimination du psychologisme

Pour la psychologie empirique, il s’avère intéressant de savoir comment se
crée une idée nouvelle dans l’esprit humain. L’analyse logique de la con-
naissance scientifique est concernée par des questions de justification ou le
« quid juris » de Kant ? La tâche de la logique de la connaissance s’oppose à
la psychologie empirique. Il faut distinguer le processus de conception
d’une nouvelle idée, des méthodes et résultats de son examen logique. La
méthode logique ne se confond en rien avec le fait d’avoir de nouvelles
idées.

Procédé déductif de mise à l’épreuve (testing) des théories

Pour mettre les théories à l’épreuve, il importe de suivre la même dé-
marche : d’une nouvelle idée (prévision, hypothèse...), on tire des conclu-
sions par déduction logique, soit :
1. comparer ces conclusions,
2. rechercher la forme logique de la théorie,
3. comparer la théorie avec d’autres théories,
4. mettre à l’épreuve par des applications empiriques des conclusions
tirées.

L’expérience comme méthode



La science empirique représente un seul monde réel, celui de notre expé-
rience. Notre système empirique doit respecter trois exigences :

1. Être synthétique (représentation d’un monde possible),
2. satisfaire au problème de démarcation (ne pas relever de la
métaphysique),
3. constituer un système se distinguant des autres (puisqu’il est le seul à
représenter notre monde expérimental).


Dans ce cas, l’expérience constitue une méthode permettant de distinguer
un système théorique d’autres systèmes théoriques.

Les problèmes de la base empirique

73
74 Méthodologie de la recherche

Les problèmes de la base empirique sont exclusivement liés à la théorie de


la connaissance. Ils concernent le caractère empirique des énoncés singu-
liers ainsi que la manière de les soumettre à des tests. Si les expériences
perceptives fournissent une sorte de justification aux énoncés de base,
ceux-ci ne peuvent être justifiés que par des énoncés. Pour ce faire, il con-
vient de distinguer nos expériences subjectives des relations logiques objec-
tives existant dans chacun des systèmes d’énoncés.

La falsifiabilité comme critère de démarcation

Il faut pouvoir décider définitivement de la vérité ou de la fausseté de tous
les énoncés de la science empirique : donc, pouvoir les vérifier et les falsi-
fier. Pour Popper, il importe d’abord de prendre la falsifiabilité et non la
vérifiabilité comme critère de démarcation. En effet, tout système de
science empirique doit pouvoir être réfuté par l’expérience.

La falsifiabilité (POPPER, 1973, 76-91)



Hypothèse de base : il existe un énoncé singulier (énoncé de base). Cet
énoncé (ou hypothèse) peut être considéré comme étant scientifique si l’on
peut le contredire, le falsifier. Exemple : « Si je joue, je peux gagner » est un
énoncé infalsifiable, donc il n’est pas scientifique.

Notons qu’une théorie ne peut être falsifiée que par des événements ayant
un effet reproductible, car la science ne donne aucune signification aux
événements singuliers non reproductibles. Le but de Popper est de démon-
trer que son critère de démarcation (permettant de distinguer un énoncé
scientifique d’un autre) est applicable à tous les systèmes théoriques.

Pour déterminer si un système théorique est de type conventionnaliste ou
empirique, il faut considérer la méthode qui y est appliquée. Popper préco-
nise de ne pas utiliser les méthodes conventionnalistes, car il est toujours
possible de sauver une théorie falsifiée en ayant recours à des hypothèses
« ad hoc » (non testables en dehors des phénomènes qu’elles tentent
d’expliquer) ou en adoptant une attitude sceptique quant à la confiance à
accorder à l’expérimentateur, ou encore en rejetant les hypothèses sous
prétexte qu’elles ne sont pas scientifiques.

Tout système théorique doit également remplir la condition de cohérence
pour la simple raison qu’un système théorique incohérent ne peut pas don-
ner lieu à des conclusions satisfaisantes et ne peut donc fournir aucune in-
formation.

74
Problèmes d’épistémologie 75

Le problème de la base empirique (POPPER, 1973,


92-111)

La question est ici de savoir si l’on peut réduire les sciences empiriques à
des perceptions sensorielles, et donc à nos expériences. La logique induc-
tive y est liée. Selon Fries, pour éviter qu’un énoncé scientifique soit consi-
déré comme un dogme, il doit être justifié. Or, seuls des énoncés peuvent
justifier des énoncés. Cela mène automatiquement à une régression. Pour
éviter l’un et autre, il recourt au psychologisme, qui permet également la
justification d’énoncés par des expériences perceptives.

Reininger, Neurath et Carnap ont développé une théorie à propos des
énoncés de base représentant les expériences, qu’ils nomment énoncés
protocolaires ; ils servent à contrôler les énoncés de la science. Quel que
soit l’avis des auteurs sur l’irréfutabilité ou non de ces énoncés, Popper les
rejette, car ils n’éclairent pas la question. Les expériences perceptives ne
peuvent être la seule source des sciences empiriques.

La seule manière de garantir l’objectivité d’une science empirique et par là
même sa validité, c’est de scinder la chaîne de raisonnements en un grand
nombre de petites étapes, de sorte qu’elle puisse plus facilement être sou-
mise à des tests.

Les énoncés de base affirment « qu’un événement observable a eu lieu dans
une région particulière déterminée de l’espace et du temps » (POPPER,
1 973 p.103). Ils permettent, sous certaines conditions, de dire si une théo-
rie est falsifiable ou non. Chaque fois que nous soumettons une théorie à
des tests, nous décidons de nous arrêter à un énoncé de base que nous ac-
ceptons et qui peut également facilement être testé. Il appartient au cher-
cheur de déterminer un point d’arrêt au raisonnement.

Popper donne la préférence à la théorie qui prouve qu’elle est la plus apte à
survivre aux tests les plus rigoureux. Cette décision libre est relative
puisqu’elle dépend des questions posées par la théorie. La base empirique
de la science objective ne comporte donc rien d’absolu.

Les degrés de falsifiabilité (POPPER, 1973, 112-


135)

Certaines théories ont plus de falsificateurs virtuels que d’autres ; elles sont
donc « falsifiables à un degré plus élevé ». Elles nous communiquent une

75
76 Méthodologie de la recherche

plus grande quantité d’informations à propos des modalités de


l’expérience, car elles excluent une plus grande classe d’énoncés de base.
L’avantage d’une théorie hautement falsifiable est qu’elle réduit à son mi-
nimum l’éventail des événements permis au cours de son expérimentation.
L’objet d’une science théorique est donc de découvrir une théorie haute-
ment falsifiable, où toute restriction supplémentaire conduirait en fait à la
falsification de la théorie par l’expérience.

Les classes de falsificateurs virtuels sont des ensembles infinis, auxquels il
est difficile d’appliquer les notions de « plus » et « moins ». Popper étudie
trois moyens pour y remédier :

• le concept de cardinalité qu’il juge inefficace ;
• le concept de dimension : celui-ci différencie les classes selon
l’abondance des relations de voisinage de leurs éléments ;
• la relation de classe à sous-classe : soit les classes comparées sont
identiques, soit l’une est un sous-ensemble de l’autre. S’il n’existe
qu’une intersection, elles ne sont pas comparables en fonction de cette
relation.


Il est possible de disposer les degrés de falsifiabilité de divers énoncés sur
une « échelle de falsifiabilité » selon une formule qui exprime la double exi-
gence de cohérence et de falsifiabilité. La probabilité logique d’un énoncé
est complémentaire de son degré de falsifiabilité : elle croît lorsque le degré
de falsifiabilité s’abaisse (POPPER, 1973, 117 à 119).

Le contenu logique est la classe conséquente d’un énoncé (elle comprend
tous les énoncés non tautologiques pouvant être déduits). Le contenu em-
pirique est la classe des falsificateurs virtuels de l’énoncé. Leur comparaison
menant au même résultat, il sera possible de comparer des degrés de falsi-
fication d’après les relations de déductibilité.

Toute méthode qui se veut scientifique cherche à déduire des énoncés
d’autres énoncés d’une universalité supérieure, qui auront donc un contenu
empirique (ou logique) plus grand, et donc un degré de falsifiabilité plus
élevé.

Le degré de composition des énoncés de base détermine leur « capacité » à
contredire les théories, et peut donc servir de base à une comparaison des
degrés de falsifiabilité des théories.

Ces méthodes permettant la comparaison des degrés de falsifiabilité peu-
vent aider à résoudre les problèmes de la simplicité ou de la probabilité des
hypothèses (corroboration).

76
Problèmes d’épistémologie 77

La simplicité (POPPER, 1973, 136-145)



Le concept de simplicité soulève des difficultés par le fait qu’il est inexpli-
qué. Il n’est pas évident de déterminer quelles sont les théories les plus
simples, même si nous admettons les utiliser pour des raisons de simplicité.
Popper exclut l’application de cette notion à un exposé ; il se propose
d’essayer de distinguer des théories qui ne sont pas logiquement équiva-
lentes en fonction de leur degré de simplicité. Pour clarifier la notion, il
l’assimile à celle du degré de falsifiabilité.

En vertu de la relation de proportionnalité établie entre le degré
d’universalité et de précision d’une théorie et son degré de falsifiabilité,
Popper identifie le degré de rigueur au degré de falsifiabilité. Une falsifiabi-
lité plus élevée correspond à une plus grande simplicité. L’avantage d’un
énoncé plus simple est donc le même que celui d’un énoncé hautement
falsifiable : il véhicule plus d’informations, possède un plus grand contenu
empirique, et est plus facile à tester.

Les conventionnalistes choisissent les théories les plus simples en fonction
d’un concept qui leur est fondamental, mais sans rapport avec le degré de
falsifiabilité ; leur recours à la simplicité ne les sauve donc jamais de
l’arbitraire. Selon Popper, un système est complexe au plus haut degré si,
comme les conventionnalistes, on le considère comme irréfutable et qu’on
le sauve par le biais d’hypothèses auxiliaires.

Conclusions

Toute méthode est liée à des problèmes épistémologiques et logiques.
Chaque époque possède ses certitudes, plus ou moins démolies par la sui-
vante. Il faut se méfier des évidences. Seul un mélange de doute et de cu-
riosité peut amener des progrès dans la compréhension des vérités provi-
soires. La connaissance scientifique est limitée par son aspect instrumental
(les techniques dont elle dispose), l’expérience, le sentiment de l’avoir,
l’animisme, la libido, et l’imagerie des mots. Pour qu’un énoncé soit consi-
déré comme scientifique, il doit être à la fois vérifiable et falsifiable. Le seul
critère de démarcation de la science par rapport aux autres disciplines est la
falsifiabilité. Une falsifiabilité plus élevée correspond à une plus grande
simplicité.

77
78 Méthodologie de la recherche

78
Chapitre V

Quelques principes de la méthode


scientifique

Le problème d’une théorie de la méthode


scientifique (POPPER, 1973, 46-53)

Il faut distinguer la logique de la découverte et la théorie de la méthode.
La théorie de la méthode concerne le choix des méthodes, la manière de
traiter les énoncés scientifiques selon un objectif défini.
Pour Karl Popper, il existe deux types de réponses aux questions : « Peut-il y
avoir une théorie des règles de la méthode scientifique et pourquoi en
avons-nous besoin ? » :

• selon que l’on considère la science empirique comme un système
d’énoncés satisfaisant des critères logiques, pleinement pourvus de
sens, vérifiables ;
• selon que l’on considère les énoncés empiriques comme révisables avec
la possibilité d’être critiqués et supplantés.

Pour Karl Popper, il n’existe pas de théorie scientifique au rang de vérité


incontestable ! Dès lors, ceux qui défendent un système scientifique
adoptent une attitude contraire à l’attitude critique propre au savant. Seuls,
ceux qui adoptent le second point de vue exercent leur rôle de savant en
tenant compte de la progression de la science.
Pour les positivistes, les problèmes philosophiques sont considérés comme
des pseudo-problèmes, des problèmes dépourvus de signification. Ils
considèrent naïvement l’expérience comme étant une garantie.
L’expérience est pour eux un programme, non un problème. À l’inverse, Karl
Popper considère l’expérience comme la méthode de la science empirique.
La conception naturaliste qui considère la méthodologie comme une
science empirique en elle-même (l’étude de la véritable procédure de la
science) a sa propre valeur. Cependant, Popper rejette cette conception,
car le sens critique lui fait défaut.

« Les défenseurs du positivisme ne parviennent pas à comprendre que
chaque fois qu’ils croient avoir découvert un fait, ils ont seulement proposé
une convention » (POPPER, 1973).
80 Méthodologie de la recherche

Ces règles méthodologiques considérées comme des conventions sont


cependant différentes des règles de la logique pure. Il conviendrait mal de
placer une recherche sur la méthode au même niveau qu’une recherche
purement logique, car :

• le jeu de la science est un principe sans fin jusqu’à sa vérification
définitive ;
• une hypothèse ayant fait ses preuves (tests), on n’est plus autorisé à la
supprimer sans passer à un argument de degré supérieur de falsifiabilité.

Il ne faut cependant pas attendre d’une méthodologie de profondes vérités,


mais elle peut apporter une aide pour clarifier la situation logique. Par
ailleurs, le problème de l’exigence d’objectivité scientifique peut être
interprété comme une règle méthodologique.

De quelques principes de la méthode scientifique



Principes de logique

Il existe de grands principes qui servent de base à la pensée rationnelle
classique :
• le principe d’identité : A = A ;
• le principe du tiers exclu : À et non A, le tiers étant exclu (il n’existe pas
de troisième terme entre A et non A) ;
• le principe de non-contradiction : A ne peut être au même point de vue
et en même temps non A. Les travaux de Gödel tendent à montrer que
le principe du tiers exclu n’est pas universel. Il existe en effet des
propositions autoréférentes qui sont indécidables.

Principe de causalité

Selon le principe de causalité, si un système est décrit par un ensemble
déterminé de variables, son état ultérieur défini par un nombre précis de
variables peut être prévu avec un certain degré de probabilité.
Le principe de causalité établit une relation linéaire de cause à effet entre
des phénomènes fort éloignés de prime abord. La démarche scientifique
recherche avant tout ces relations de causalité, car la répétition des
phénomènes semble intimement associée aux relations de causalité. Le
principe de causalité permet dès lors d’atteindre plus facilement à la
prévision. Karl Popper fait du principe de causalité une règle
méthodologique qui guide l’action du chercheur :

80
Quelques principes de la méthode scientifique 81

« Nous ne devons pas nous arrêter de chercher des lois universelles et un


système théorique cohérent ni jamais renoncer à nos essais en vue
d’expliquer par un lien causal toute espèce d’événement que nous pouvons
décrire » (POPPER, 1973, 59).

Néanmoins, les relations causales ne sont pas forcément des relations
univoques du type si A alors B. Il existe également des relations
multivoques de nature intrinsèquement probabiliste du type si A alors B ou
C ou D...
En affirmant que le futur dépend du présent, le principe de causalité
postule implicitement l’existence d’un temps absolu. Or, nous savons
depuis Einstein que les notions classiques d’espace et de temps absolus ont
perdu leur signification. Par ailleurs, la description d’un phénomène n’est
jamais unique, elle dépend toujours d’un point de vue relatif et partiel.

Principe de synchronicité

Synchronicité et Synchronistique sont des termes forgés par le psychiatre
et psychanalyste suisse Carl Gustav Jung et le physicien et prix Nobel
Wolfgang Pauli pour exprimer une coïncidence significative ou une
correspondance :

• Entre un événement psychique et un événement physique qui ne sont
pas causalement reliés l’un à l’autre. De tels phénomènes
synchronistiques se produisent, par exemple, quand des phénomènes
intérieurs (rêves, visions, prémonitions) semblent avoir une
correspondance dans la réalité extérieure : l’image intérieure ou la
prémonition s’est montrée « vraie ».
• Entre des rêves, des idées analogues ou identiques se présentant
simultanément à différents endroits. Ni les unes ni les autres de ces
manifestations ne peuvent s’expliquer par la causalité.

Elles semblent plutôt être en relation avec des processus archétypiques de


l’inconscient. C. G. Jung écrit :

« Ma préoccupation relative à la psychologie des processus inconscients m’a
obligé, depuis longtemps déjà à rechercher — à côté de la causalité — un
autre principe d’explication, puisque le principe de causalité me semblait
impropre à expliquer certains phénomènes surprenants de la psychologie de
l’inconscient. Je trouvais ainsi des phénomènes psychologiques parallèles
qui ne pouvaient pas être causalement rattachés les uns aux autres ; mais ils
devaient être reliés différemment par un autre déroulement des
événements.
Cette connexion des événements me semblait être essentiellement donnée
par leur relative simultanéité, d’où le terme “synchronistique”. Il semble en

81
82 Méthodologie de la recherche

effet que le temps, loin d’être une abstraction, soit un continuum concret : il
inclut certaines qualités ou conditions fondamentales qui se manifestent
simultanément en différents lieux avec un parallélisme que ne peut
expliquer la causalité. C’est le cas, par exemple, lorsque des idées, des
symboles ou des états psychiques identiques apparaissent simultanément. »
(JUNG, 1979, 114)

Très vite, des physiciens et astrophysiciens, comme Pauli et Reeves, se sont
intéressés à ce nouveau principe, du fait qu’ils étaient confrontés dans le
cadre de leur recherche à une multitude de coïncidences significatives non
causales.

« J’ai choisi le terme de “synchronicité” parce que l’apparition simultanée de
deux événements, liés par la signification, mais sans relation causale, me
semble être un critère essentiel. J’emploie donc ici le concept général de
synchronicité dans le sens spécial de coïncidence dans le temps de deux ou
plusieurs événements sans relation causale et qui ont le même contenu
significatif ou un sens similaire, et ce par opposition à “synchronisme” qui
indique simplement l’apparition simultanée de deux phénomènes. » (JUNG
et PAULI, 1952, 26)

« La synchronicité n’a rien de plus énigmatique ni de plus mystérieux que les
discontinuités dans la physique. Notre conviction profondément enracinée
de la toute-puissance de la causalité crée, à elle seule, les difficultés qui
s’opposent à notre entendement et fait paraître impensable que des
événements a-causaux puissent se produire ou exister. Les coïncidences
d’événements liés par le sens sont pensables comme pur hasard. Mais plus
elles se multiplient et plus la concordance est exacte, plus leur probabilité
diminue et plus grandit
leur invraisemblance, ce qui revient à dire qu’elles ne peuvent plus passer
pour simple hasard, mais doivent, vu l’absence d’explication causale, être
regardées comme arrangements sensés. Leur inexplicabilité ne provient pas
de ce qu’on en ignore la cause, mais du fait que notre intellect est incapable
de la penser... » (JUNG et PAULI, 1952, 105)

Depuis la théorie de la relativité d’Einstein, la réalité n’est plus perçue de
manière linéaire dans un espace-temps continu et hiérarchique, mais
semble être davantage envisagée comme une combinaison d’éléments
associés au sein d’ensembles régis par différentes lois. Les relations entre
ces divers éléments ne sont pas toujours linéaires, hiérarchiques,
déterministes ou causales, mais peuvent être d’ordres multiples, comme,
par exemple, les éléments d’un rhizome ou d’un plateau (DELEUZE &
GUATTARI, 1980).

82
Quelques principes de la méthode scientifique 83

Les théories (POPPER, 1973, 57-75)



Les théories scientifiques sont des énoncés ou des systèmes d’énoncés
universels ne se référant ni à l’espace, ni au temps, ni à des conditions
particulières. Elles permettent de donner une explication causale d’un
phénomène, c’est-à-dire déduire un énoncé décrivant cet événement à
partir d’un ou plusieurs énoncés universels (lois) et de certains énoncés
singuliers.
Les énoncés universels ont le caractère d’une loi universelle de la nature
tandis que les énoncés singuliers se rapportent à l’événement particulier.
De la conjonction des deux énoncés se déduit un énoncé singulier appelé
prévision.

Universalité au sens strict et universalité numérique

Universels au sens strict : énoncés synthétiques représentant des théories
ou lois naturelles. Ils ne peuvent être remplacés par la conjonction d’un
nombre fini d’énoncés singuliers concernant une région spatio-temporelle
déterminée.
Numériquement universels : énoncés synthétiques représentant certains
énoncés singuliers ou conjonction d’énoncés singuliers.

Concepts universels et concepts individuels

Les concepts ou noms universels sont des concepts ne nécessitant pas de
référence à des noms propres.
Les concepts ou noms individuels sont des concepts dans la définition
desquels les noms propres sont indispensables. On les retrouve dans tout
énoncé singulier.
L’identification d’une chose individuelle par ses seules propriétés et ses
relations universelles, la définition de noms universels à partir de noms
individuels et l’abstraction sont vouées à l’échec.

Énoncés universels au sens strict et énoncés existentiels

Les énoncés universels au sens strict sont des énoncés où n’apparaissent
que des noms universels et qui mettent l’accent sur la non-existence de
certaines choses. Ils ne sont pas limités quant à l’espace et au temps. Ils ne
sont pas vérifiables, mais falsifiables. La négation de ceux-ci équivaut à des
énoncés existentiels au sens strict et inversement.

83
84 Méthodologie de la recherche

Les énoncés existentiels ou purs énoncés existentiels ont une référence à


une région spatiotemporelle particulière et limitée. Ils sont vérifiables, mais
non falsifiables.

Systèmes théoriques

Un système axiomatisé est un système présentant des hypothèses
appelées axiomes ou postulats, propositions primitives. Il est choisi de sorte
que d’autres énoncés peuvent être dérivés par transformation. Ses
conditions fondamentales d’existence sont :
1. système d’axiomes exempt de contradiction.
2. Système doit être indépendant.
3. Axiomes suffisants afin de déduire des énoncés.
4. Axiomes nécessaires à la déduction -> pas de présuppositions
superflues.

Les systèmes d’axiomes : conventions ou hypothèses empiriques



• Comme conventions, ils déterminent l’usage des notions fondamentales.
Pour comprendre ce système, on peut utiliser un système d’équations :
à partir d’une fonction-énoncé, on obtient une équation-énoncé. On
appellera modèle de ce système d’axiome, tout système de concepts
satisfaisant à un système d’axiomes.
• Comme hypothèse empirique, les énoncés du système deviennent des
énoncés relatifs à des objets empiriques -> énoncés synthétiques. La
difficulté ici est de définir une manière empirique de définir un concept.

Modus Tollens

Mode d’inférence falsifiant ou manière dont la falsification d’une
conclusion entraîne la falsification du système dont il est dérivé.
Procédure de falsification : si p = hypothèse et q = conséquence, nous
obtenons par le modus tollens : p->q, or pas q, alors pas p.
Le point de départ est toujours un problème ou une question qu’on essaye
de résoudre en formulant une hypothèse, une théorie. On va en déduire
des prévisions qui pourront être réfutées et soumises à certains tests. Si ces
prévisions sont réfutées, la théorie sera rejetée. Par contre, si ces prévisions
ne
sont pas réfutées, on acceptera cette théorie, mais sans savoir si elle est
vraie ou pas. Ce processus se répète : la théorie engendre de nouveaux
problèmes...

84
Quelques principes de la méthode scientifique 85

Conclusions

Il n’existe pas de théorie scientifique au rang de vérité incontestable !
Au niveau de la méthode scientifique, il existe quelques grands principes :

1. les principes de logique (principe d’identité, principe du tiers exclu,
principe de non-contradiction, et modus tollens) ;
2. le principe de causalité ;
3. le principe de synchronicité.

Les théories scientifiques sont des systèmes d’énoncés universels ne se


référant ni à l’espace, ni au temps, ni à des conditions particulières. Elles
permettent de donner une explication causale d’un phénomène. Il faut
distinguer les énoncés universels des énoncés singuliers. De la conjonction
des deux énoncés se déduit un énoncé singulier appelé prévision.
Un système axiomatisé est un système présentant un ensemble
d’hypothèses appelées axiomes. Il est choisi de sorte que d’autres énoncés
peuvent être dérivés par transformation.

85
86 Méthodologie de la recherche

86
87

Chapitre VI

Les étapes de la recherche, la formula-


tion d’une hypothèse et la notion de
modèle

Les étapes classiques de la recherche


(GRAWITZ, 1972, p. 325)

Toute recherche implique :

1. Une observation,
2. Une hypothèse,
3. Une expérimentation.

Cette méthode à trois points est aussi connue sous le nom de division clas-
sique.

Les conditions de l’observation


(GRAWITZ, 1972, pp. 325-329)

Les prénotions : si l’on demande aux savants ce qu’il faut d’abord faire, on
obtient des réponses différentes. Bacon utilise une méthode inductive et
Descartes une méthode déductive. Mais tous les savants sont d’accord sur
un point, c’est-à-dire qu’il faut d’abord éliminer de son esprit les idées pré-
conçues.
La définition provisoire : Durkheim dit qu’il faut d’abord définir les choses
pour que tout le monde sache de quoi l’on parle. Cette définition n’est pas
complète puisque ce n’est qu’à la fin de la recherche que l’on peut aboutir à
cette définition. Pour établir une définition provisoire, Durkheim dit qu’il ne
faut prendre comme objet de recherche :

88 Méthodologie de la recherche

[…] qu’un groupe de phénomènes préalablement établis par cer-


tains caractères extérieurs qui leur sont communs et comprendre
dans la même recherche tous ceux qui répondent à cette définition.
(DURKHEIM cité par GRAWITZ, 1972, p. 329).

Construction de l’objet
(GRAWITZ, 1972, pp. 330-332)

1. Construction de l’objet : la construction de l’objet est primordiale pour la
recherche. Il faut définir l’objet à construire selon le type de recherche.
2. Réalité sociale et réalité sociologique : certains objets donnent
l’impression d’être construit. Le progrès a consisté à analyser la réalité,
mais c’est encore une description.
3. Objets réels et objets construits : Construire l’objet, c’est découvrir des
faits sociaux liés par un système de relations propres au secteur étudié.
4. L’objet construit et l’objectif : cet objet dépend de l’objectif de la re-
cherche.

Particularité de l’observation dans les sciences humaines


(GRAWITZ, 1972, pp. 344-346)

Les sciences humaines, dont fait partie la communication, sont confrontées
à quatre difficultés :

1. L’objet à trouver est humain : Durkheim a traité les faits sociaux comme
des « choses ». Les faits sociaux sont uniques et historiques. Il est diffi-
cile de généraliser les faits sociaux, il faut tenir compte des contextes
particuliers. Les faits sociaux deviennent des actes sociaux.
2. L’observateur est un être humain : il est l’instrument de mesure des faits
sociaux. Aussi y-a-t-il possibilité d’interférence de sa personnalité, c’est
le problème de l’objectivité du chercheur.
3. Les instruments d’observation sont l’interprétation et la recherche
d’explication.
4. La réflexion est un outil de recherche : les techniques d’observation se
sont perfectionnées en fonction du langage.

L’observation peut être plus ou moins systématisée ou quantifiée.

Si l’observation est plus ou moins systématisée :

1. L’observation non systématisée suscite une orientation générale ;
2. L’observation préparée permet de recueillir les données dans un do-
maine déterminé ;
3. On peut également avoir une observation armée : c’est le test.

88
Les étapes de la recherche, l’hypothèse et la notion de modèle 89

L’observation plus ou moins quantifiée est une comparaison d’ordre de


grandeur :

1. Les préalables sont intellectuels et qualitatifs :

1.1. L’observation qualitative se limite à une description, elle étudie des
phénomènes complexes et prépare une observation quantitative. Elle
prépare une généralisation ;
1.2. L’observation quantitative substitue des résultats précis à des im-
pressions subjectives.

2. Les éléments directement quantifiables sont :

2.1. les statistiques pour comparer des ordres de grandeur ;
2.2. la mesure d’opinion étant les résultats à un ensemble.

3. Les données qualitatives doivent être quantifiées : c’est-à-dire mesurer
ou dénombrer. Les indicateurs permettent la traduction d’une caracté-
ristique en chiffre.

L’hypothèse
(GRAWITZ, 1972, pp. 351-355)

Définition et rôle
(GRAWITZ, 1972, p. 351)

Une hypothèse est une proposition de réponse, elle sélectionne les faits
observés et interprète, leur donne une signification qui deviendra théorie.
L’hypothèse doit être vérifiable et falsifiable. Bref, une hypothèse est une
affirmation, une explication plausible admise provisoirement avant d’être
soumise au contrôle de l’observation ou de l’expérience.

89
90 Méthodologie de la recherche

Type d’hypothèse
(GRAWITZ, 1972, p. 353)

L’hypothèse porte sur un objectif restreint ensuite généralisé. Il y a trois
niveaux d’abstraction :

1. L’uniformité qui quantifie des distributions de comportements (diffé-
rence) ;
2. Le lien logique, le particulier dans les groupes minoritaires ;
3. Les relations entre les variables analytiques ou complexes.

En fonction de ces trois niveaux, nous avons deux types d’hypothèse :

1. Les hypothèses généralisatrices : ce sont des énoncés induits à partir
d’un grand nombre d’observations. Ce type d’hypothèse postule la régu-
larité des processus analysés et se fonde sur l’induction. Elles demeurent
sujettes aux limites.
2. Les hypothèses créatrices d’entités théoriques : ce sont des entités qui
ne sont pas directement observables, mais qui peuvent expliquer cer-
tains phénomènes. Exemples : l’inconscient ou le big bang.

Condition de validité
(GRAWITZ, 1972, p. 354)

L’hypothèse doit être :

1. Explicite, c’est-à-dire formulée à l’aide de concepts bien définis ;
2. Provisoire, c’est le rôle de l’observation et de l’analyse de confirmer ou
d’infirmer son propos ;
3. Relationnelle, c’est-à-dire qu’elle établit au moins une relation entre
deux concepts ou deux phénomènes ;
4. Vérifiable, elle doit mettre en cause des faits réels ;
5. Falsifiable, elle peut être contredite. Les concepts doivent pouvoir être
observés, voire mesurés. L’hypothèse doit également nous apporter de
l’information.

L’expérimentation ou vérification de l’hypothèse


(GRAWITZ, 1972, pp. 355-357)

C’est l’expérimentation invoquée qui propose au chercheur des variations
naturelles. L’expérimentation devient observation systématique des résul-
tats. Dans la méthode expérimentale ce qui importe c’est sa logique.

90
Les étapes de la recherche, l’hypothèse et la notion de modèle 91

Le modèle

Le modèle au niveau de la démarche inductive

Il est rare qu’une seule hypothèse suffise à répondre à la question. En géné-
ral, c’est un ensemble d’hypothèses, logiquement articulées, qui vont ten-
ter de rendre compte de la problématique. En ce sens, un modèle est un
système d’hypothèses qui anticipent les relations entre divers concepts.

Pour que le modèle soit corroboré, il faut que :

1. toutes les hypothèses le soient ;
2. les observations montrent que le taux de réussite est le plus élevé lors-
que toutes les conditions sont respectées.

Le modèle au niveau de la démarche déductive

Le modèle a un emploi très large dans la méthodologie des sciences.
L’Encyclopaedia Universalis définit également le modèle comme « un objet
réduit qui reproduit, sous une forme simplifiée, les propriétés d’un objet de
grandes dimensions. » Il sert à fixer les lois sur un objet bien structuré et
cela favorise alors la conception et l’expérimentation.
Dans la perspective épistémologique, le modèle donne une base matérielle
et a une fonction médiatrice entre ce qui est concret et abstrait. Dans la
démarche déductive, les hypothèses naissent des concepts censés rendre
compte du problème abordé.

La modélisation est contrôlée et a pour fond la démarche prospective et la
critique du savoir. La modélisation intervient aussi bien dans les sciences de
faits que dans les sciences qui s’installent dans le registre des symboles.

Le modèle mathématique se situe dans la théorie des ensembles. Il se ré-
fère à un type de discours plutôt qu’à un sens précis du mot modèle. Pour
chaque théorie de la mathématique, il serait possible de donner une image,
dans un domaine concret, de certains concepts abstraits. On voit apparaître
le modèle mathématique dans des sciences expérimentales.

Le modèle en physique se propose de donner une simplification systéma-
tique de l’expérience effective. La notion de modèle en biologie a pris toute
son importance lorsque la biologie s’est rapprochée de la physique au ni-
veau des raisonnements. Un même système peut être représenté par plu-
sieurs modèles suivant l’angle sous lequel on le considère. Ainsi distingue-t-
on des modèles physiques, numériques, cybernétiques et par schéma.

91
92 Méthodologie de la recherche

Les sciences sociales ont eu recours aux modèles mathématiques quand


l’observation s’est développée et a entraîné une grosse quantité
d’informations à analyser.

Le modèle en psychologie définit un ensemble d’éléments hypothétiques
qui sont les états possibles supposés chez le sujet. Le modèle est, par prin-
cipe, erroné et permet ainsi à la connaissance d’avancer. Dans les années
cinquante apparaît le modèle linguistique. Il est formalisé et découle du
contact entre les linguistes (Chomsky) et les logiciens.

La simulation

La simulation est l’expérimentation sur un modèle, une reproduction artifi-
cielle du phénomène à étudier.

Il existe deux types de situations dans lesquelles la simulation est néces-
saire : d’une part, quand le recours à l’expérimentation directe n’est pas
possible, d’autre part, quand les bases théoriques dont on dispose ne
s’avèrent pas assez solides.

Le modèle simulable a pour base une théorie, théorie qui est une descrip-
tion abstraite de différents aspects de la réalité.

La simulation analogique dépend du chercheur ou plutôt du but de ses re-
cherches ainsi que des connaissances qu’il a à l’origine du phénomène qu’il
étudie. Il faut que le chercheur ait une très bonne connaissance des rela-
tions entre les variables dont il est question dans le phénomène.

La méthode de Monte-Carlo (sur ordinateur numérique) : cette machine
peut traiter toute information codée sous forme numérique. Le projet Si-
mulmatics est un exemple simple de simulation. Réalisé en 1960, lors de la
campagne électorale de J.F. Kennedy, le modèle de ce projet est absolu-
ment déterministe, ce qui signifie qu’aucune place n’est laissée au hasard
quant aux mécanismes, c’est-à-dire que l’on peut en prévoir les consé-
quences.

La simulation de modèles stochastiques par la méthode de Monte-Carlo
facilite l’utilisation de théories dont on ne saurait déduire les conséquences
pratiques.

La correspondance entre le modèle simulable et la réalité qu’il représente
s’avère être le problème principal d’une expérience simulatoire. Trois

92
Les étapes de la recherche, l’hypothèse et la notion de modèle 93

grands domaines d’application et de simulation sont définis par les rapports


entre le modèle et la réalité :

• La construction de théories,
• la décision,
• la formation de l’homme.

Ainsi, le chercheur est parfois amené à abandonner certaines variables se-
condaires, dont les effets sur le processus à simuler seront négligeables. En
conclusion, la simulation est une démarche scientifique nouvelle qui devrait
connaître un essor important dans les disciplines encore peu formalisées de
la science.

Par exemple, dans les entreprises japonaises, les managers utilisent le jeu
de go comme modèle de simulation afin de prendre certaines décisions en
matière de stratégie (SAUCIN, 1987).

93
94 Méthodologie de la recherche

94
95

Chapitre VII

L’élaboration du plan de travail



Les niveaux de la recherche et le plan de travail


(GRAWITZ, 1972, pp. 358-410)

Il s’agit ici d’envisager les sciences sociales, sous l’aspect du but scientifique
ou du niveau d’explication qu’elles permettent d’atteindre. La notion de
niveau évolue et reçoit des significations différentes dans le développement
historique et cette conception évolutionniste du niveau permet de com-
prendre l’aspect mobile des faits sociaux. L’emploi du terme niveau s’est
généralisé dans le langage courant. On distingue :

• la notion hiérarchique du terme (ex. : au niveau du ministre, niveau
d’eau) suggère une possibilité de découpage, une hiérarchie et ne dé-
signe qu’un aspect de la réalité ;
• la notion dynamique fait référence à l’interférence des niveaux (au ni-
veau des cellules s’implique le niveau de l’atome).

En sciences sociales, il s’agit d’une notion fondamentale qui rend compte
de la complexité de la nature humaine et concilie les données contradic-
toires de la recherche.

Trois niveaux se retrouvent fréquemment dans les sciences sociales :

1. La description : il s’agit de l’objectif même de la recherche. C’est la
phase la moins élaborée de la science. Ce niveau comporte plusieurs ni-
veaux possibles.
2. Le rôle de la science, c’est d’atteindre l’explication en passant souvent
par le stade de classification : cette mise en ordre ou catégorisation
dans les sciences sociales permet de faire des comparaisons. Il faut ici
préciser la différence entre type et catégorie. Une catégorie ordonne,
classe selon des caractéristiques. Elle implique d’autres catégories. Un
type s’inscrit dans une catégorie qu’il illustre, caractérise. Dans les
sciences sociales, les résultats d’une analyse impliquent souvent des
problèmes au niveau de l’interprétation et de la détermination de ce qui
est essentiel. Il faut une typologie systématique pour analyser une série
d’observations, issues d’une recherche, dans laquelle chaque type est
96 Méthodologie de la recherche

caractérisé par un certain nombre d’attributs essentiels combinés de fa-


çon logique. Mais il faudra tout de même faire preuve d’intelligence
pour traiter rigoureusement les éléments significatifs.
3. L’explication : elle correspond à la recherche scientifique traduite en
termes objectifs. Avant d’aborder la recherche classique de l’explication
par la causalité, il faut faire remarquer que les nombreuses crises traver-
sées par les sciences humaines ont toujours été liées au problème de
l’explication. La causalité dans les sciences physiques et naturelles se
ramène à la loi les mêmes causes produisent les mêmes effets. Cette loi
causale ne s’applique pas dans les sciences sociales. Car ce rapport de
cause à effet n’exprime que d’une façon incomplète, fragmentaire, la
réalité et son mouvement dans les sciences sociales. Chaque cause ren-
voie à une autre et un effet devient cause à son tour. D’où on passe de la
causalité à la réciprocité d’action. Toutes les explications sont fondées
sur des théories très souvent provisoires.

Le plan de travail visera à articuler ces trois niveaux que sont la description,
la classification et l’explication en fonction du type de raisonnement envi-
sagé (raisonnement déductif, raisonnement inductif et raisonnement syn-
chronistique).

La déduction

On peut schématiser la démarche déductive de la manière suivante :

loi universelle (classification) -> conditions initiales (description) -> explica-
tion et prédiction

Exemple de déduction : le syllogisme.

1. Tous les hommes sont mortels (classification, loi universelle)
2. Socrate est un homme (description, condition initiale)
3. Socrate est mortel (explication et prédiction)


Le raisonnement déductif se base sur les principes de logique. Les proposi-
tions (1) et (2) forment les prémisses du raisonnement. La vérité des pré-
misses entraîne celle de la conclusion (3).
Ce type de raisonnement repose sur une chaîne linéaire de type causal.

L’induction

On peut schématiser la démarche inductive de la manière suivante :

96
L’élaboration du plan de travail 97


observations -> lois et théories (classification) -> prédictions et explications

La démarche inductive repose sur les faits observés. Les théories sont ex-
traites de l’observation et de l’expérience. Ce sont des énoncés
d’observation singuliers qui sont le point de départ des lois et des théories.
Tout énoncé singulier se réfère à :

1. Un état observable (limite thématique) ;
2. En un lieu précis (limite spatiale) ;
3. Dans un temps donné (limite temporelle).

Pour passer d’un nombre limité d’énoncés d’observation singuliers à une loi
universelle, il faut que :

1. Le nombre d’observations soit élevé ;
2. Les observations puissent être répétées dans un grand nombre de condi-
tions différentes ;
3. Aucun des énoncés d’observation singuliers ne soit en conflit avec la loi
universelle qui en est dérivée.

Le principe d’induction peut s’exprimer de la manière suivante :

• Si un grand nombre de x ont été observés dans des circonstances va-
riées ;
• Et si tous les x observés possèdent sans exception la propriété y ;
• Alors tous les x ont la propriété y.

Le raisonnement inductif se base sur le principe de causalité. Il est égale-
ment linéaire.

L’amplification


L’Amplification est l’extension et l’approfondissement d’un élément appar-
tenant à un ensemble au moyen d’associations centrées autour de cet élé-
ment et de parallèles tirés des sciences naturelles ou humaines, ou encore
de l’histoire et des symboles (mythologie, mystique, folklore, religion, eth-
nologie, art, etc.). Grâce auquel cet élément devient accessible à
l’interprétation. Il est nécessaire de connaître le contexte dans lequel appa-
raît cet élément, de connaître également les relations entre les différents
éléments et de confronter les matériaux analogues, afin de connaître
l’anatomie comparée de tous les éléments de l’ensemble. Cet arrière-plan
permettra de mieux comprendre ce qui est spécifique et d’apprécier

97
98 Méthodologie de la recherche

l’exception à sa juste valeur. Amplifier signifie élargir un thème en en re-


cueillant de nombreuses versions analogues (von FRANZ, 1987, p.58).

Il ne s’agit plus de présenter des relations linéaires, mais bien un amalgame
de relations en fonction :

1. D’associations analogiques ou autres avec des éléments extérieurs à
l’ensemble ;
2. Des relations (logiques ou causales) entre les éléments ;
3. Du ou des contextes dans le(s)quel(s) se trouve cet ensemble.

Bien que dépassant la libre association d’idées, cette démarche n’est pas à
proprement parler une démarche scientifique. Elle essaie d’expliquer ou
d’interpréter la relation entre un amalgame d’éléments en établissant des
corrélations et des correspondances analogiques. Elle peut entre autres ser-
vir dans la formulation d’hypothèses, de modèles ou de simulation. Elle
permet également d’augmenter le degré de prévision d’un phénomène
sans atteindre pour autant la probabilité prévisionnelle d’une relation lo-
gique ou même causale. Elle réduit quelque peu le hasard.

Cette démarche est basée sur le principe de synchronicité et tente
d’expliquer une coïncidence significative ou une correspondance entre :

• Un événement psychique et un événement physique qui ne sont pas
causalement reliés l’un à l’autre,
• des idées analogues ou identiques se présentant simultanément à diffé-
rents endroits.

Il s’agit de rendre compte de coïncidences dans le temps de deux ou plu-
sieurs événements sans relation causale et qui ont le même contenu signifi-
catif ou un sens similaire. Par exemple, certaines discontinuités en phy-
sique. Pour rappel :

Notre conviction (...) de la toute-puissance de la causalité (...) fait pa-
raître impensable que des événements a-causaux puissent se produire ou
exister. Les coïncidences d’événements liés par le sens sont pensables
comme pur hasard. Mais plus elles se multiplient et plus la concordance
est exacte, plus leur probabilité diminue et plus grandit leur invraisem-
blance, ce qui revient à dire qu’elles ne peuvent plus passer pour simple
hasard, mais doivent, vu l’absence d’explication causale, être regardées
comme arrangements sensés. Leur inexplicabilité ne provient pas de ce
qu’on en ignore la cause, mais du fait que notre intellect est incapable de
la penser (JUNG et PAULI, 1952, p. 105).

98
99

Chapitre VIII

L’élaboration de concepts

Définition du concept (GRAWITZ, 1972, pp. 21-25)



Les concepts sont des aspects universels recouvrant une série
d’observations singulières. Un concept se définit par deux propriétés oppo-
sées :

• L’extension rend compte du nombre d’objets que recouvre le concept,
• la compréhension est le nombre de caractéristiques dont tient compte
le concept.

Les empiristes et les rationalistes s’opposent sur l’origine des concepts : ils
viennent de l’observation de situations à caractéristiques semblables pour
les uns ; ce sont des propriétés abstraites permettant la classification
d’observations possédant la propriété pour les autres.

Pour Deleuze et Guattari,

1. Il n’existe pas de concept simple.
2. Un concept est une multiplicité de composantes qui sont elles-mêmes
des concepts.
3. Le concept est le contour, la configuration, la constellation d’un
événement à venir. Il renvoie à des problèmes mal définis ou mal posés.
4. En tant que carrefour du problème, le concept s’allie à d’autres concepts
existants pour en créer un nouveau.
5. Les concepts débordent les opinions courantes comme les affects
débordent les affections (DELEUZE & GUATTARI, 1991, pp. 21-37).


Le concept est une « façon de concevoir » essentielle à toute observation.
« Il organise la réalité en retenant les caractères distinctifs des phéno-
mènes » (GRAWITZ, 1972, p. 333). C’est une abstraction qui a sa significa-
tion en fonction du contexte d’où il est issu.

100 Méthodologie de la recherche

Pour construire un concept, il faut appliquer l’essentiel de la recherche,


c’est-à-dire déterminer l’objet. Pour construire ce concept, Lazarfeld nous
indique une procédure : l’Indicateur des dimensions :

• Représentation imagée du concept : perçut intuitivement.
• Spécification : il s’agit de découvrir les composantes ou dimensions.
• Indicateurs des dimensions : un indicateur est une donnée observable
permettant d’appréhender les dimensions, la présence ou l’absence de
tel attribut dans la réalité étudiée (GRAWITZ, 1972, pp. 337-339)


L’interchangeabilité des indices : le choix des indicateurs est délicat, car les
concepts psychologiques et sociologiques sont complexes. Le nombre des
indicateurs que l’on peut utiliser en science sociale est limité.

Le plan d’immanence

Le plan d’immanence est composé de concepts. Le plan d’immanence est
une image de la pensée qui implique une répartition de droit et de fait. La
pensée revendique en droit le mouvement de l’infini : un aller-retour. Le
mouvement en provoque un autre qui tisse sans fin le plan d’immanence.
Ces différents mouvements mêlés les uns aux autres forment les concavités
du plan. L’histoire comporte des plans d’immanence variés. La philosophie
crée à la fois des concepts et instaure le plan d’immanence. L’histoire de la
philosophie présente des plans différents, car chacun a sa façon de faire
l’immanence. C’est à chacun de tracer son propre plan qui, peut-être, se
recoupera avec d’autres. Cela rend la philosophie comme un devenir infini
qui est une coexistence de plans. Spinoza est le philosophe qui a pensé le
plan d’immanence dégagé de toute transcendance et illusion. (DELEUZE &
GUATTARI, 1991, pp. 38-59)

Concept et définition
(GRAWITZ, 1972, p. 23)

Les notions de concept et de définition se recoupent. Elles dépendent de la
différenciation entre réalité (correspondance à l’observation) et vérité (cor-
respondance à une convention).

Il existe deux types de définitions :

• La définition nominale est une définition par synonymes ou périphrases.
Le concept acquiert une signification fixée arbitrairement et n’a qu’un
intérêt méthodologique.

100
L’élaboration de concepts 101

• La définition réelle désigne les caractéristiques de l’objet. Le concept a


un intérêt scientifique si elles correspondent à la réalité.


Même si les notions de concept et de définition se recoupent, il ne faut nul-
lement les confondre. En pratique, l’étudiant partira de la définition figu-
rant au dictionnaire. Ensuite, il recensera le concept tel qu’il est conçu chez
différents auteurs. Enfin, il établira le concept tel qu’il l’utilisera dans le
cadre de son travail.

Par ailleurs, il distinguera les concepts des fonctifs, prospects, percepts et
affects.

Concepts et fonctifs
(DELEUZE & GUATTARI, 1991, pp. 111-127)

La science a pour objet des fonctions dont les éléments sont appelés fonc-
tifs. Contrairement à la philosophie, dont les concepts ont pour but de don-
ner une consistance au virtuel en gardant la notion d’infini, la science se
propose de gagner une référence capable d’actualiser le virtuel pour des
fonctions en renonçant à la notion d’infini. En science, la matière s’actualise
par ralentissement, c’est-à-dire en posant une limite qui forme une cons-
tante universelle. Avec les vitesses, qui sont des variables déterminées, les
limites forment les premières fonctions. La référence est alors le rapport
entre les valeurs et la limite. Chaque limite engendre des systèmes de coor-
données composés de deux variables indépendantes au moins. Celles-ci
déterminent une troisième variable à titre d’état de choses. Un état de
choses actualise un virtuel chaotique en lui empruntant un potentiel se dis-
tribuant dans le système de coordonnées. Le passage de l’état de choses à
la chose même implique un rapport entre plusieurs axes suivant des va-
riables interdépendantes. La chose devient un corps quand elle passe par
des changements de coordonnées.

Les concepts philosophiques ont pour consistance des événements (la phi-
losophie extrait de l’état de choses un événement consistant), tandis que les
fonctions scientifiques ont pour référence des états de choses (la science
actualise, par fonction, l’événement).
La philosophie est la relativité du vrai. La science est la vérité du relatif. Ce
qui approche ces deux domaines, c’est :

1. Qu’aucune création n’est possible sans expérience (ni concept ni fonctif
ne préexistent)
2. science et philosophie essaient de déterminer un rapport par ce qu’elles
ne savent pas. Leur but est d’adapter les éléments correspondant en

101
102 Méthodologie de la recherche

cours de détermination (par exemple, en science, choisir telle variable,


tel observateur partiel, tel instant...).

Concepts et prospects
(DELEUZE & GUATTARI, 1991, pp. 128-151)

Les propositions acquises de la science, les propositions de fait ou les
simples opinions sont des prospects. Les prospects représentent avant tout
les éléments de la proposition ou les modalités de jugement. L’opinion va
proposer une solution, afin de ne plus confondre concept philosophique et
fonction ou proposition scientifique. Elle définit le rapport entre l’état d’un
sujet et le passage d’un état à un autre. Une opinion sera considérée
comme vraie uniquement lorsqu’elle représentera l’avis du plus grand
nombre. Aujourd’hui, la philosophie de la communication a pour but la re-
cherche d’une opinion universelle comme consensus. Le concept philoso-
phique se réduit au domaine de l’opinion parce qu’il y a une confusion entre
le concept et la fonction. Cette erreur place la science comme concept par
excellence et remplace le concept philosophique par un concept logique.

Le fondement du concept provient des événements. L’événement
s’actualise dans un vécu, dans un état de corps ou un état de choses. Cet
état de choses se définit comme un temps entre deux instants.

États de choses et événements sont comme la philosophie et la science :
inséparables, mais évoluant seuls, chacun est une entité autonome. Con-
cept philosophique et fonction scientifique doivent se croiser, parce que la
philosophie a besoin de la science et que les concepts font allusion à la
science.

Concept, percept et affect


(DELEUZE & GUATTARI, 1991, pp. 154-188)

L’art est le langage des sensations transposées par des matériaux (les mots,
les couleurs, les sons ou les pierres selon l’art en question). L’art n’a pas
d’opinion, il véhicule des percepts et des affects. L’œuvre d’art est un bloc
de sensations, c’est-à-dire un composé de percepts et d’affects.

Les percepts ne sont plus des perceptions, ils sont indépendants d’un état de
ceux qui les éprouvent. (DELEUZE & GUATTARI, 1991, p. 154) Un percept
rend sensibles les forces insensibles qui nous touchent et nous font devenir.
Les matériaux devenant sensations, l’art pénètre dans l’affect, zone
d’indétermination qui comme le percept dépasse tout vécu.

102
L’élaboration de concepts 103


Les affects ne sont plus des sentiments ou affections, ils débordent la force
de ceux qui passent par eux (DELEUZE & GUATTARI, 1991, p. 154).

Grâce aux percepts, aux affects et aux blocs de sensations, l’art construit un
monument qui répond à la loi de la conception qui est de tenir debout tout
seul. L’acte du monument n’est pas la mémoire, mais la fabulation. Il est
toujours en devenir. L’artiste en créant des affects nous les donne et nous
fait devenir avec eux.

La phénoménologie doit s’ouvrir à l’art, car les fonctions transcendantales
qu’elle détermine traversent le vécu et se développent en créant des sensa-
tions vivantes. La sensation est l’opinion originaire, le devenir de toute
chose.
L’art se définit par la composition esthétique dans laquelle interviennent
des notions techniques. C’est en créant de nouveaux percepts et affects
que l’art progresse.

L’art, comme la science et la philosophie, veut affronter le chaos. L’art crée
du fini qui aboutit à de l’infini et dresse des monuments avec des sensa-
tions. Par contre, la philosophie tente de sauver l’infini en lui donnant de la
consistance. Elle fait surgir des événements avec des concepts.

Du chaos au cerveau
(DELEUZE & GUATTARI, 1991, pp. 189-206)

Pour nous protéger du chaos, nous avons besoin d’ordre. Nos idées doivent
s’enchaîner suivant des règles constantes. Mais, il existe aussi un anti-chaos
objectif : il n’y aurait pas un peu d’ordre dans les idées, s’il n’y en avait aussi
dans les choses. C’est-à-dire qu’à l’intersection du signifiant et du signifié,
une sensation se produit.

L’art, la science et la philosophie ne tentent pas seulement de se protéger
du chaos, mais de le vaincre : ils en tirent des plans. Lutter contre le chaos
implique une certaine affinité avec lui. L’art, par exemple, lutte avec le
chaos pour le rendre plus sensible. La science le place dans un système de
coordonnées et forme un chaos référé qui devient nature.

L’art, la science et la philosophie sont des réalités produites sur des plans
qui recoupent le chaos. Ces plans sont :

• un plan d’immanence pour la philosophie,
• un plan de composition pour l’art,
• un plan de référence ou coordination pour la science.

103
104 Méthodologie de la recherche

Le cerveau est à la jonction de ces trois plans. Il existe deux conceptions du


cerveau sujet :

• Le cerveau-esprit : dans ce cas, le cerveau est un je qui perçoit. Et ce je
n’est pas seulement le je conçois du cerveau comme philosophie, c’est
aussi le je sens du cerveau comme art.
• Le cerveau-force : ces sensations du cerveau ne sont pas de simples
vibrations qui se transmettraient de cellules nerveuses vers d’autres
centres nerveux, mais ce sont des vibrations dont l’énergie est
conservée. Elle est gardée en mémoire et sera utilisée pour affronter le
chaos.


La sensation, le concept et la connaissance sont les trois aspects du cerveau
sujet. Le troisième aspect, la connaissance, est une fonction créatrice du
cerveau-sujet. Elle discerne et distingue tous les fonctifs ou prospects qui
forment une proposition scientifique. Chaque fonction constitue un pli du
cerveau ; il se charge d’inscrire, par exemple, les variables d’un plan de ré-
férence.
Les trois plans sont irréductibles avec leurs éléments :

• le plan d’immanence de la philosophie forme du concept ;
• le plan de composition de l’art forme de la sensation ;
• le plan de référence de la science forme de la connaissance.

Communication et fonctions psychiques


(JUNG, 1986 et 1987)

Il existe quatre fonctions grâce auxquelles notre conscience parvient à
s’orienter par rapport à l’existence :

1. la sensation (c’est-à-dire la perception de la réalité des choses, la
somme des données extérieures qui nous sont communiquées par
l’activité de nos cinq sens) révèle que quelque chose existe ;
2. la pensée révèle et analyse ce que c’est. Elle découpe la réalité et classe
les différents éléments en diverses catégories ;
3. l’intuition révèle d’où provient la chose, et vers quoi elle tend. Elle est
une fonction synthétique qui perçoit les choses de manière globale ;
4. le sentiment (le feeling anglais, le gefühl allemand) nous dit si c’est
agréable ou non. Il faut comprendre ce terme dans le sens « avoir le
sentiment qu’il serait bon d’agir de telle façon ». Cette fonction nous
permet d’apprécier et d’évaluer l’expérience. Elle ordonne les éléments
en se référant à des jugements de valeur (l’agréable ou le désagréable, le
bon et le mauvais).

104
L’élaboration de concepts 105


Ces quatre fonctions contribuent à l’orientation de la conscience. Ces
quatre fonctions sont d’autant plus importantes qu’elles participent à toute
communication.

C’est pourquoi la communication appliquée ne doit pas se contenter d’être
purement théorique (fonction pensée) ni médiatique (fonction sensation).
Elle doit prendre en compte les aspects innovateurs et créatifs (fonction
intuition) et les aspects idéologiques, spirituels, politiques, et affectifs (fonc-
tion sentiment). Ces deux dernières fonctions nous semblent de plus en plus
délaissées. Elles sont cependant primordiales. Elles donnent toutes leurs
valeurs aux acquis régis par les deux autres fonctions. Ce sont elles qui don-
nent une âme à l’ensemble.

L’intuition et sa part de créativité permettent au communicateur de se réa-
liser, de s’affirmer. Il n’est pas simplement un numéro parmi une collectivi-
té. Il est avant tout un être humain, une volonté créatrice, une potentialité
en perpétuel devenir.

Le sentiment oriente et justifie ses choix. Il propose un but à ses réalisa-
tions. Le sentiment sert de lien entre le moi et son alter ego, entre le moi et
son inconscient, entre le moi et le Soi, entre le Soi et l’Homme cosmique
(vous pouvez l’appeler Dieu, le Christ, le Bouddha, Krishna, Léviathan,
Gayomart, Purusha, l’Univers, le Cosmos, le Vide ou le Grand Architecte,
etc.)

Ces quatre fonctions constituent la base de toute perception. C’est à partir
de cette base que peut agir la volonté.

À ces quatre fonctions, il nous faut ajouter d’autres éléments qui aident à
l’orientation dans l’espace psychologique intérieur.

1. C’est tout d’abord la mémoire, c’est-à-dire la somme des souvenirs et la
faculté de reproduire des matériaux antérieurement enregistrés. Com-
muniquer, c’est aussi retenir et restituer le savoir acquis. Le communica-
teur doit, comme le futur compositeur, connaître les règles de
l’harmonie tout en s’entraînant à faire des gammes.
2. C’est aussi les contributions subjectives des fonctions. Nous sommes tou-
jours le siège de pensées subsidiaires, plus ou moins clairement perçues
de notre pensée intentionnelle, qui provoquent toute une série de sen-
timents, d’intuitions, de perceptions que l’on s’efforce en général de ré-
duire au silence.
3. De l’intérieur nous viennent également d’autres affects. Ceux-ci consis-
tent en des réactions involontaires de nature spontanée. Ils ne consti-
tuent pas une fonction volontaire, mais des événements intérieurs, dont
nous sommes le champ. Il s’agit d’une libération d’énergie qui échappe à

105
106 Méthodologie de la recherche

notre contrôle. Ces affects altèrent la conscience et nous poussent à un


comportement insensé. Ce n’est plus le moi qui est le maître de nos ac-
tions, mais en quelque sorte une entité différente du moi qui se mani-
feste sous forme de colères ou d’émotions, développant une vasodilata-
tion, empourprant le visage, tendant les muscles ou excitant certaines
glandes.

Ces affects, prospects et percepts participent aussi de la communication.
Nous devons également en tenir compte ;
4. Le quatrième élément est constitué des pensées soudaines qui nous
viennent on ne sait d’où. Ces irruptions de l’inconscient surgissent et se
révèlent dans la conscience, comme des éclairs, sans fracas affectif. Elles
peuvent se concrétiser sous la forme d’une impression soudaine, d’une
opinion, d’un préjugé ou d’une illusion. Elles jouent un très grand rôle au
niveau de l’intuition et de la créativité.

En continuant notre pérégrination intérieure de la psyché, nous rencon-
trons une zone obscure, l’ombre, dont l’expérience des associations et des
rêves nous enseigne qu’elle contient des éléments, des complexes person-
nels qui pourraient être tout aussi bien conscients. Ce sont des éléments
refoulés, des potentialités inexploitées, de nature fort diverse, qui demeu-
rent inconscients. Apprendre à connaître son ombre, c’est apprendre à
mieux se connaître, à développer des potentialités inexploitées. C’est ap-
prendre à s’ouvrir à de nouvelles perspectives. Méconnaître son ombre,
c’est laisser la porte ouverte à l’intolérance, aux phénomènes de rejet, aux
projections négatives sur autrui et aux idées reçues.

Il existe également une couche psychique commune à tous les humains,
faite chez tous de représentations similaires — qui s’est concrétisée au
cours des âges dans les mythes et les contes. Cette couche n’est pas le pro-
duit d’expériences individuelles, mais nous est innée, au même titre que le
cerveau différencié avec lequel nous venons au monde (JOUVET, 1992) (VA-
LATX, 1994, p. 68). Cette couche psychique constitue notre héritage com-
mun. Elle relie (re-ligion) tous les êtres humains entre eux, et nous permet
de communier avec les autres êtres vivants et le cosmos tout entier. Le
communicateur n’est pas simplement un cerveau sur pattes, il est égale-
ment un être fait de chair et de sang...

Conclusions : fonctions psychiques et plans



La communication appliquée met en jeu les différents plans et les quatre
fonctions :

• Le plan d’immanence de la philosophie forme des concepts. Il relève de
la fonction pensée ;

106
L’élaboration de concepts 107

• le plan de composition de l’art forme des percepts et des affects. Il


relève des fonctions sensation et sentiment ;
• le plan de référence de la science forme des fonctifs et des prospects. Il
relève des fonctions pensée et intuition.


Ces différents plans et fonctions interviennent dans toute recherche appli-
quée au domaine de la communication. C’est pourquoi nous devons tenir
compte à la fois des concepts, des fonctifs, des prospects, des percepts et
des affects, en distinguant ceux-ci des définitions du dictionnaire et des
représentations sociales qui relèvent de l’avis et de l’opinion du plus grand
nombre.

107
108 Méthodologie de la recherche

108
109

Chapitre IX

Présentation et choix de quelques mé-


thodes

Les conflits théoriques de méthode


(GRAWITZ, 1972, pp. 291-323)

On distingue :

• La méthode au sens philosophique,
• la méthode comme attitude concrète vis-à-vis de l’objet,
• la méthode liée à une tentative d’explication,
• la méthode liée à un domaine particulier.

Toute recherche en communication doit comporter l’utilisation de tech-
niques. Le choix de celle-ci dépend de la méthode de travail. Il y a une con-
fusion fréquente entre technique et méthode : Moyen et conception intel-
lectuelle.

L’approche est une manière d’agir, fréquente dans la recherche, une façon
d’être et d’observer, caractérisée par l’état d’esprit plus que par des étapes
rigides.

Les oppositions théoriques
(GRAWITZ, 1972, pp. 296-299)

Partisans du monothétique et défenseurs de l’idéographique

Les rationalistes sont hostiles aussi bien à la recherche des données qualita-
tives qu’à la quantification. Les empiristes réconcilient le qualitatif de
l’idéographique et le quantitatif du monothétique. Le cas particulier est ici
utilisé en étude approfondie, soit pour suggérer des hypothèses, que la re-
cherche quantitative vérifiera soit pour donner un sens aux données que
propose cette dernière.

110 Méthodologie de la recherche

La méthode clinique et la méthode expérimentale


(GRAWITZ, 1972, pp. 300-303)

La méthode clinique est l’étude approfondie de cas individuels.
La méthode expérimentale s’applique plutôt à l’étude de l’homme en géné-
ral comme recherche des généralisations.

Ces deux méthodes présentent des limites. La méthode clinique n’est pas
assez théorique, car elle ne se préoccupe que de cas particuliers. La mé-
thode expérimentale isole les variables, car elle travaille en laboratoire.

En sciences sociales, la complexité des facteurs humains oriente souvent les
chercheurs vers la méthode clinique.

Qualitatif ou quantitatif : conflit de méthodes
(GRAWITZ, 1972, pp. 305-307)

Les communications sociales peuvent-elles bénéficier de l’outil mathéma-
tique ? Cela dépend du type d’instrument mathématique et du type
d’information contenue dans les données.

Les qualités requises de l’instrument de mesure
(GRAWITZ, 1972, pp. 311-317)

La recherche en communication appliquée peut être confrontée à un cer-
tain nombre d’erreurs. Il existe ainsi plusieurs types d’erreurs :

• l’erreur de fait dépend de l’enquête qui fournir de faux renseignements ;
• l’erreur relative se mesure en fonction de l’objectif poursuivi.
• Les inexactitudes peuvent provenir des données qualitatives elles-
mêmes qu’il s’agit de quantifier.

Les précautions à prendre pour éviter ces différents types d’erreurs : il faut
déterminer la validité et la fidélité de la méthode de recherche.

• La fidélité réside dans la concordance d’observations faites par des cher-
cheurs différents sur les mêmes sujets.
• La validité implique l’exactitude du résultat par rapport à l’objectif cher-
ché.

Comparaison entre méthodes qualitatives et quan-


titatives
(GRAWITZ, 1972, pp. 318-323)

110
Présentation et choix de quelques méthodes 111


La recherche de la fidélité et de la validité d’observations non systémati-
quement recueillies s’avère difficile. Par contre, les méthodes quantitatives
offrent ce type de garantie lors de la recherche.
Au niveau des résultats, la validité d’une technique de recherche dépend
des objectifs qu’elle permet d’atteindre. Il faut faire attention au forma-
lisme excessif de la quantification qui détourne l’attention du contenu réel
de la recherche vers un langage mathématique abusif. Cela implique qu’il
faut faire la part des choses quant aux domaines susceptibles d’être quanti-
fiés. La plupart des chercheurs en sciences sociales reconnaissent qu’il n’y a
pas opposition entre qualitatif et quantitatif, mais bien un continuum allant
de la recherche qualitative systématisée, jusqu’à des formes de mesure plus
rigoureuses.

Méthodes proposées pour atteindre l’explication


(GRAWITZ, 1972, pp. 377-410)

Il s’agit des méthodes qui répondent à la question comment et sont liées au
problème de l’explication.

La méthode comparative
(GRAWITZ, 1972, pp. 378-380)

Pour les premiers sociologues, la méthode expérimentale et statistique
était insuffisante vu l’incapacité d’observer toute la société et
l’interdépendance de tous les éléments.

La méthode comparative fait de la comparaison l’unique moyen d’analyser
les données concrètes afin d’en dégager les éléments constants, abstraits et
généraux. Cette méthode est spécifique aux sciences humaines et implique
la constitution de types idéaux.

La méthode comparative tend à systématiser une tendance de notre esprit.
Nous comparons ce que nous voyons.

1. Cette méthode est utilisée pour des études vastes ou de secteurs parti-
culiers, pour des études de type qualitatives ou quantitatives.
2. Elle est employée à tous les stades de la recherche (observation, hypo-
thèses...).
3. Elle trouve sa place à tous les niveaux de la recherche (description, clas-
sification, explication souvent limitée)
4. Elle est cependant limitée. Il y a peu de rigueur dans la définition et la
méthode.

111
112 Méthodologie de la recherche

On ne va pas au-delà du simple bon sens, même si la multiplication des


recherches sur le plan international a suscité une amélioration de la mé-
thode dans le sens de la rigueur.

La méthode comparative est utile, mais sa validité dépend de la rigueur
avec laquelle on définit les termes. Elle peut aussi susciter des hypothèses.

La méthode historique
(GRAWITZ, 1972, pp. 381-382)

Le débat entre histoire et sociologie est ancien, mais nous assistons à une
réconciliation. En effet, la méthode sociologique atteint un résultat discon-
tinu sur un objet relativement continu. Tandis que la méthode historique
comble les lacunes des faits et événements en s’appuyant sur un temps,
peut-être artificiellement reconstruit, mais assurant une continuité aux
phénomènes.

Il existe une différence entre l’histoire concrète, conçue comme un maté-
riau et l’histoire comme connaissance de ce matériau. Les données de
l’histoire humaine sont fournies par l’histoire concrète qui s’identifie avec la
réalité sociologique elle-même. La connaissance historique ne constitue
qu’une explication partielle, parmi beaucoup d’autres, de cette réalité. En
fait, les deux disciplines (histoire et sociologie) doivent se compléter et col-
laborer : la sociologie fournit à l’histoire des cadres conceptuels, l’histoire
fournit à la sociologie les matériaux concrets, puisqu’issus de la réalité.

La méthode génétique
(GRAWITZ, 1972, p. 383)

La méthode génétique cherche la genèse des événements, c’est-à-dire les
antécédents. Elle pose les questions « quand, pourquoi, comment ». C’est
un processus se déroulant dans le temps (explication diachronique). Cette
méthode est distincte de l’explication historique. En effet, pour la géné-
tique, le temps est secondaire, car elle cherche avant tout la causalité dans
les faits eux-mêmes.

La méthode fonctionnelle
(GRAWITZ, 1972, pp. 384-388)

La notion de fonction souffre d’une ambiguïté de langage.

112
Présentation et choix de quelques méthodes 113

Malinowski est le père du fonctionnalisme. Il définit la culture comme une


réalité instrumentale qui satisfait les besoins de l’homme. Ses postulats
sont :

• la fonction est conçue par rapport au système social entier ;
• tous les êtres sociaux et culturels remplissent des fonctions sociales ;
• ces êtres sont indispensables.

Merton démontre la contradiction des hypothèses avec la réalité. Il dis-
tingue les dysfonctionnements qui gênent l’adaptation au système. D’après
lui :

• des usages et des sentiments sociaux peuvent être fonctionnels pour
certains groupes et ne pas l’être pour d’autres dans la même société (ex.
Religion) ;
• il faut justifier les rôles des survivances sociales et des coutumes n’ayant
apparemment plus de fonctions à remplir ;
• l’interprétation fonctionnaliste est nécessaire.

Le fonctionnalisme joue un rôle dans l’évolution de la sociologie, de
l’anthropologie et de la narratologie. L’idée de fonction implique la consta-
tation de la façon dont une institution fonctionne dans le système social
auquel elle appartient. Le fonctionnalisme explique bien pourquoi les
choses subsistent, mais il n’explique pas pourquoi elles changent. Cette mé-
thode a connu un certain succès en URSS, en France et aux USA dans les
domaines de la sociologie et de la sémiologie.

En fait, le fonctionnalisme est commode et recouvre une idéologie. Théorie
de dynamisme, d’utilité, d’équilibre rassurant et d’optimisme, le fonction-
nalisme réunissait les qualités adaptées à la mentalité américaine.

Les principaux fonctionnalistes sont Malinowski, Merton, Chklovski, Toma-
chevski, Eikhenbaum, Bakhtin, Volochinov et Propp.

Le structuralisme
(GRAWITZ, 1972, pp. 389-399)

Selon Piaget, la structure comprend les trois caractères de totalité, de
transformation et d’autoréglage ; elle doit pouvoir donner lieu à une forma-
lisation. Cette notion de structure traduit une intention scientifique com-
mune à l’ensemble des sciences.

Définition intentionnelle : la structure apparaît comme un système, un en-
semble de caractères interdépendants.

113
114 Méthodologie de la recherche

Définition effective : la structure de l’objet apparaît comme quelque chose


dont il faut déterminer les éléments et dont il faut se référer au-delà de ce
qui est observable.

La société donne le point de départ au structuro-fonctionnalisme. Les élé-
ments qui composent la société sont considérés comme faisant partie d’un
système global où ils tendent à perpétuer l’équilibre nécessaire pour que
persiste la société.

Il n’y a pas de méthode structurale, mais seulement des théories structu-
rales particulières correspondant au développement de certains domaines.
Il existe trois conceptions principales de la structure :

1. La structure est une construction (définition effective) ;
2. La structure, c’est l’essence ou l’intelligible (définition intentionnelle) ;
3. La structure est une constance relative, un équilibre instable (définition
intentionnelle).

Le structuralisme a connu de nombreux développements dans les diverses
sciences humaines :

en linguistique, avec Bloomfield, Jakobson et Sapir ;
en ethnologie et anthropologie, Claude Lévi-Strauss ;
avec
en philosophie, avec Michel Foucault ;
en psychanalyse, avec Jacques Lacan ;
en sémiologie, avec Roland Barthes, A.J. Greimas,
Claude Bremond, Umberto Eco,
Jules Gritti, Violette Morin,
Tzvetan Todorov, Gérard Genette ;
en sociologie, avec Georges Gurvitch.


L’analyse systémique
(GRAWITZ, 1972, pp. 399-406)

L’interdépendance des parties par rapport au tout est le fondement de la
notion de système. La recherche systémique a pour but de construire un
modèle ou un cadre théorique adapté à l’analyse du système socioculturel.

Orientation structuro-fonctionnaliste : Le système est considéré comme un
ensemble d’objets et leurs attributs. L’organisation sociale comprend le sys-
tème social et le système culturel qui sont à la fois distingués et reliés par
l’institualisation. Celle-ci traduit les éléments culturels généraux.

114
Présentation et choix de quelques méthodes 115


La théorie de l’information et de la cybernétique : Le système (plus statique)
et la cybernétique (dynamique) sont considérés comme deux aspects d’une
même construction théorique.

La méthode dialectique
(GRAWITZ, 1972, pp. 407-410)

Cette méthode dialectique représente une tendance d’explication des faits
sociaux. C’est-à-dire qu’elle est directement liée à la notion de totalité. Elle
est une attitude vis-à-vis de l’objet : empirique et déductive, elle com-
mande une certaine façon de recueillir des données concrètes.

Elle s’articule sur les trois temps suivants :

1. Thèse ;
2. Antithèse ;
3. Synthèse.

Le matérialisme dialectique, issu de la dialectique, se veut une analyse
concrète, un instrument de recherche. Engels pense que la théorie est un
système clos et que philosophie et religion posent de faux problèmes.
Marx, lui, pense que le contact avec le monde aboutit à une pensée qui
permet une action efficace. Léenine, enfin, pense que matérialisme et idéa-
lisme sont des postulats philosophiques appelés à disparaître lors de la fu-
sion des sciences particulières, de la Science et de la Philosophie (GRAWITZ,
1972, 13-16).

Utilisation des mathématiques



Théories mathématiques utilisées dans les sciences sociales
(GRAWITZ, 1972, pp. 417-423)

Il existe différents types de mathématiques :

1. Le calcul des probabilités ;
2. La théorie des réseaux ou graphes : Cette théorie cherche à établir les
caractéristiques et régularités de différents types de relations non régies
par une véritable syntaxe. Pour les sciences sociales, elle permet tout au
plus de concevoir certaines expériences ;
3. La théorie des jeux : elle traite des problèmes de décision. Elle tente aus-
si de formaliser mathématiquement les stratégies. Cette théorie a donné

115
116 Méthodologie de la recherche

des résultats tangibles en science économique. En sciences sociales, elle


a inspiré quelques expériences ;
4. La théorie des catastrophes : cette théorie, élaborée par René Thom,
traite des perturbations et des catastrophes en topologie. En économie,
elle a inspiré Jacques Attali.

Les applications mathématiques
(GRAWITZ, 1972, pp. 424-437)

La théorie de l’information
(GRAWITZ, 1972, pp. 424-430)

La théorie de l’information s’appuie sur le calcul des probabilités et la théo-
rie des réseaux. Elle s’intéresse à :

1. la mesure de l’information : l’information jusqu’ici qualitative apparaît
comme une grandeur ;
2. la circulation de l’information : dans différents réseaux de communica-
tion, il y a différents systèmes. Un système peut être autorégulateur,
c’est à dire commandé par la réintroduction en lui-même des résultats
de son action, ceci peut s’appliquer, avec beaucoup d’aménagement,
aux systèmes humains d’information.
3. L’application de la théorie dans le domaine des communications : par
exemple, la télégraphie ou les traductions...
4. la nature de l’information : Les informations doivent pouvoir être clas-
sées d’une certaine manière. Il s’agit d’une quantification de l’ordre, une
sorte de mathématique de la qualité.

La théorie générale des systèmes
(GRAWITZ, 1972, p. 431)

C’est l’étude de la complexité des ensembles organisés. La théorie générale
des systèmes, discipline logico-mathématique, doit nous permettre de for-
muler et de généraliser des principes généraux valables pour les systèmes
en général. Son application en sciences humaines s’est fortement dévelop-
pée ces dernières années.

116
Présentation et choix de quelques méthodes 117

La recherche opérationnelle
(GRAWITZ, 1972, pp. 432-433)

Elle consiste à obtenir par des méthodes de logique mathématique un op-
timum d’organisation et de gestion d’ensembles très complexes. La re-
cherche opérationnelle est très utilisée dans le domaine économique.

La notion de modèle
(GRAWITZ, 1972, pp. 434-435)

C’est l’établissement d’un schéma simplifié et symbolique destiné à fournir
un cadre de raisonnement rigoureux pour expliquer une réalité quelconque.
Ce sont les économistes qui ont le plus largement utilisé cette méthode
empruntée aux mathématiques. Cette notion est aussi utilisée en ethnolo-
gie et en sciences politiques.

Limites des modèles : ils impliquent une certaine prévision des comporte-
ments, non généralisable actuellement, le non mesurable l’emportant sur le
mesurable. Malgré tout, les modèles sont un instrument de travail utile.

Théorie et recherche dans les sciences sociales



Il y a deux aspects dans l’opposition entre théorie et recherche :

• la réflexion théorique qui s’oppose aux recherches concrètes ;
• la recherche fondamentale qui s’oppose à la recherche appliquée.

Dans les sciences sociales, la première opposition est de moins en moins
discutée, mais le choix entre recherche fondamentale ou appliquée reste un
problème.

Recherche théorique et recherche concrète

La question du rapport entre théorie et recherche n’est pas posée en ma-
tière de science. En sciences sociales, on ne s’appuyait jusqu’il y a peu que
sur la réflexion théorique, mais la nécessité des observations sur le terrain a
été démontrée, si bien qu’à l’heure actuelle la question ne se pose plus.

Les théories permettent d’ordonner la réalité, d’émettre des hypothèses...

117
118 Méthodologie de la recherche

La recherche ne sert pas seulement à vérifier les théories, mais elle remplit,
selon Merton, quatre fonctions majeures :

1. Elle suscite : le chercheur, quand il vérifie une hypothèse, peut rencon-
trer un fait inattendu qui nécessitera la formulation d’une nouvelle hy-
pothèse ;
2. Elle répond : la refonte d’une théorie vient d’un fait pertinent qui avait
été négligé jusque-là et nécessite un élargissement du schéma concep-
tuel ;
3. Elle réoriente : le développement des techniques permet d’aborder des
domaines non étudiés en utilisant de nouveaux moyens d’observations ;
4. Elle clarifie les concepts : la recherche exige de la rigueur et de la préci-
sion dans les définitions.

Recherche fondamentale et recherche appliquée

Il existe deux attitudes psychologiques contradictoires concernant la con-
ception de la science : la science désintéressée et la science utilitaire.

Science fondamentale et science appliquée diffèrent quant à l’objet étudié.
Celui-ci est plus précis en science appliquée, qui est en fait un prolongement
de la science fondamentale, car elle bénéficie de son aspect théorique.
Mais parfois, il arrive que la science appliquée précède la science fonda-
mentale.

L’évolution des rapports entre recherche fondamentale et recherche
appliquée
(GRAWITZ, 1972, pp. 445-448)

Avant 1940, le rapport entre la recherche et l’industrie est faiblement orga-
nisé. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la situation change. Les savants,
vu la puissance qu’ils détiennent dans ce contexte et leurs intérêts finan-
ciers, travaillent en collaboration directe avec les gouvernements. Depuis
1945, il existe une pression de l’industrie et du gouvernement pour orienter
savants et ingénieurs vers la recherche appliquée. Mais le travail en groupe
qu’on exige n’est pas toujours très créateur.

Au niveau des sciences sociales, les rapports semblent devenir meilleurs. À
l’origine, il n’y avait pas d’intermédiaire entre recherche et application.
Mais depuis le brusque développement des sciences humaines, les inter-
médiaires se sont multipliés, ce qui a provoqué l’inquiétude des sociologues
et psychologues sur les déformations éventuelles de leurs recherches. Sur-
tout en sciences sociales, le chercheur et l’utilisateur ont des points de vue
différents. La tradition humaniste des sciences sociales rend les chercheurs

118
Présentation et choix de quelques méthodes 119

relativement timides devant les recherches d’application, mais leur brusque


extension dans une atmosphère de science appliquée et leur volonté de se
voir reconnaître un statut scientifique les obligent à prendre position. Il
demeure cependant quelques difficultés psychologiques : les communica-
tions entre savants et utilisateurs sont encore difficiles. Leurs objectifs voire
leurs impératifs sont différents. Ils n’ont pas le même cadre ce qui rend une
collaboration difficile.


Par exemple, l’utilisateur qui s’adresse à un psychosociologue doit ainsi
remplir certaines conditions :

1. Il a pris conscience du problème qui se pose, même s’il en ignore la na-
ture.
2. Il voit une solution possible.
3. Il adopte une attitude expérimentale face à l’innovation. Pour faire ap-
pel à des spécialistes en sciences sociales, il faut donc être informé de ce
qui existe et de ce qui est possible, donc être ouvert à expérimenter
autre chose.

Depuis le début de la crise en 1973, les restrictions budgétaires au niveau
de l’enseignement et de la recherche fondamentale, ont obligé les universi-
tés et les chercheurs à trouver des moyens financiers auprès des entre-
prises. Du même coup, le dialogue entre les chercheurs et les utilisateurs
est devenu plus fécond.

Les enquêtes
(GRAWITZ, 1972, pp. 531-557)

Les étapes préliminaires

Les enquêtes nécessitent tout d’abord une préparation intellectuelle résu-
mée en dix points :

1. L’idée de l’enquête : connaître son origine et celle du problème ;
2. La définition de l’objectif ;
3. La construction de l’objet : formulation d’hypothèses ;
4. La précision des critères à retenir et les définitions ;
5. La détermination des variables en fonction des objectifs ;
6. La limitation de l’enquête par l’objectif lui-même ;
7. La généralisation des hypothèses pour les vérifier ;
8. Le test des instruments prévus pour une préenquête ;
9. Le compte rendu des travaux antérieurs et de la bibliographie ;

119
120 Méthodologie de la recherche

10. Le compte rendu des documents pour expliquer l’interprétation de la


situation vécue.

Deuxièmement, il faut vérifier l’existence du problème et la possibilité de
l’étudier.

Ensuite, le chercheur doit se présenter comme le représentant de la science
et doit savoir que les enquêtés sont libres de ne pas répondre et sont gui-
dés par la prudence. Il faut donc préparer le milieu d’enquête.

Enfin, l’argent de l’enquête peut provenir d’organismes internationaux,
étrangers, publics ou privés. L’origine de cet argent, le genre de recherche,
le type d’enquête influencent l’enquête. Son coût dépend de la dimension
de la zone et du nombre de variables à étudier, et des techniques utilisées.
Le budget prévu est très souvent dépassé.

Étapes terminales de la recherche

Ce stade de l’analyse et de l’interprétation des résultats est délicat, car le
chercheur réfléchit en termes abstraits et généraux. Deux idées sont impor-
tantes :

• sur le plan technique, l’analyse est influencée par l’objectif et par les ma-
tériaux de l’enquête ;
• sur le plan méthodologique, l’analyse relève de l’application de la mé-
thode scientifique et de la personnalité du chercheur.

L’enquête qualitative entraîne des commentaires méthodologiques limités
et repose sur la valeur du chercheur. Ses données soulèvent de nouveaux
problèmes et relèvent des faits. Elles suggèrent d’une part des corrélations
ou des processus, d’autre part une idée centrale.

Les enquêtes à résultats quantifiés doivent indiquer les éléments qualita-
tifs. L’analyse des matériaux quantifiés est fonction du type d’enquête. La
présentation statistique, quantifiée des résultats demande une généralisa-
tion réfléchie. L’aspect statistique d’une enquête dépend de l’objectif et du
nombre de variables que l’on veut mesurer.

L’analyse primaire possède des règles définies et se déroule selon l’objectif
initial de l’enquête.
L’analyse secondaire repose sur des indications moins précises :
l’interprétation des éléments quantifiés. On recherche les corrélations, les
relations causales entre les facteurs.

120
Présentation et choix de quelques méthodes 121

Mais il faut éliminer les variables extérieures et situer dans le temps


l’apparition des variables indépendantes, intervenantes, dépendantes. Ceci
correspond à l’explication, à l’interprétation, à la spécification.

La recherche est illimitée et une question fondamentale se pose : que faut-il
chercher et quelles variables isoler ? La réponse dépend de la connaissance
du domaine observé et de la richesse des matériaux recueillis.

L’effet des enquêtes est un feed-back : les enquêtés ont des réactions de
prise de conscience par rapport aux résultats de l’enquête.

La propriété des résultats de l’enquête dépend de son financement et de
ses problèmes : une liberté de l’investigation, un droit des firmes, une pro-
priété et un droit au secret, une limite au droit d’utilisation des résultats.

La publication de l’enquête rencontre un problème : le laps de temps qui
s’écoule entre la fin de l’enquête et sa parution.

La présentation des résultats de l’enquête dans le compte rendu est fonc-
tion du type de recherche entrepris et du public auquel le chercheur
s’adresse. Son but est de communiquer avec les publics qui sont les scienti-
fiques, le public, les utilisateurs.

Ce rapport d’enquête doit présenter :

1. L’objectif de l’enquête,
2. Les hypothèses,
3. Les limites du travail,
4. Les indications méthodologiques, qui dépendent de la nature de
l’enquête et de l’importance que le chercheur attache à ces problèmes.

Ce rapport doit respecter un point important, le langage doit être précis et
clair. Le langage et le style dépendent aussi du type d’enquête et du public.
Pour les utilisateurs, les rapports écrits posent le problème de la dimension
et des limites, financières ou psychologiques, du compte rendu d’enquête.

L’interview ou l’entretien
(GRAWITZ, 1972, pp. 629-717)

L’interview est un procédé d’investigation scientifique utilisant un proces-
sus de communication verbale pour recueillir des informations en relation
avec le but fixé.

121
122 Méthodologie de la recherche

Les types d’interviews


(GRAWITZ, 1972, pp. 629-648)

On distingue trois étapes dans l’évolution de l’interview :

• L’interview abordée sous l’angle de la validité. Utilisée en psychothéra-
pie et en psychotechnique, il s’agit de prévoir le comportement d’un
seul sujet ;
• L’angle de la fidélité. Utilisée comme technique d’enquête d’opinion. Il
s’agit de connaître, grâce aux observations concordantes des enquê-
teurs, l’opinion d’un grand nombre d’individus ;
• L’angle de la sincérité. Le peu de lien entre les réponses d’enquêtés et la
réalité attire l’attention sur l’interview elle-même, c’est-à-dire, sur ce qui
se passe entre l’enquêteur et l’enquêté.

L’utilisation de tel ou tel type d’interview dépendra du type de recherche et
de l’objectif poursuivi. On peut classer les interviews sur un axe :

1. À l’extrême gauche, on trouve le pôle maximum de liberté qui laisse les
interlocuteurs se traduire par leur présence et la forme de leurs ques-
tions/réponses. Les questions sont rigoureuses. Les réponses sont
riches, à contenu profond. L’entretien est centré sur la personne. Il s’agit
par excellence du cas de l’interview clinique utilisé en psychanalyse et
en psychothérapie.
2. À droite se trouve le pôle maximum de profondeur. Les questions y sont
formulées d’une façon rigide, les réponses y sont courtes, précises. Très
peu de liberté est laissée à l’interviewer/interviewé. L’entretien est cen-
tré sur l’information, l’objectif de l’enquête. Il s’agit du cas de
l’interview à questions fermées.
3. Entre ces extrêmes, il existe d’autres techniques d’interview à degré de
liberté et de profondeur différent :

• L’interview en profondeur où l’enquêteur dirige l’interview et où
l’enquêté a une grande liberté dans la façon d’y répondre. Le but est
centré sur la personne tout en ramenant l’enquêté à l’objectif.
• L’interview à réponses libres ou l’interview guidé et sur l’interview
centrée : seuls les thèmes sont précisés, les questions ne sont pas
formulées d’avance, d’où une très grande liberté laissée à
l’enquêteur. Néanmoins, l’interview centrée a pour but de focaliser
l’attention sur un sujet déterminé.
• L’interview à questions ouvertes : l’enquêteur pose des questions
précises, mais laisse cependant une large liberté de réponse à
l’enquêté.

La méthode des questionnaires est limitée par la nature même de
l’information qu’elle permet d’obtenir. S’il s’agit de faits précis, on peut

122
Présentation et choix de quelques méthodes 123

considérer l’information recueillie comme juste. Mais si l’on veut connaître


les raisons profondes des attitudes des personnes (c’est-à-dire faire une
étude de motivation), la méthode consistant à poser des questions ne per-
met pas de recueillir une information exhaustive. En effet, ce type
d’information nous est parfois inconscient, car quelques fois, nos raisons
d’agir nous échappent. Le problème de l’enquêteur est alors de faire livrer
par l’enquêté des informations significatives qu’il pourra interpréter.

Une interview voulant aller au-delà de l’information superficielle nous
oblige à connaître la vision que l’enquêté se fait du monde extérieur. Ceci
permet de prévoir les conduites de l’individu. Diverses méthodes
d’interview s’adaptent aux différentes situations :

• Situation 1 : l’enquêté connaît les raisons qui l’incitent à répondre et
accepte donc de répondre. Il s’agit alors d’une communica-
tion-information. Un questionnaire structuré suffit à renseigner
l’enquêteur.
• Situation 2 : l’enquêté manque d’information ou ne possède pas de mo-
tivation particulière pour répondre. L’interview impliquera, pour obtenir
l’information, une technique d’exploration en utilisant des interviews di-
rectifs ou non directifs, directs ou indirects, extensifs ou intensifs.

Il existe différentes façons de conduire un entretien :

• Entretien directif ou non directif : l’interview est caractérisée par
l’attitude de l’enquêteur. L’entretien non directif a été mis au point par
Carl Rogers dans le cadre de la psychothérapie. L’enquêteur introduit un
thème sur lequel disserte l’enquêté. Il s’agit ainsi d’une interview peu
structurée, tendant à évoluer vers un entretien libre, sans oublier le rôle
actif joué par l’enquêteur ;
• Interview directe ou indirecte : il s’agit de la façon de recueillir les don-
nées. Lors de l’interview directe, l’enquêteur s’interdit d’interpréter ce
que dit l’enquêté. La méthode indirecte implique une interprétation de
la part de l’enquêteur de ce que dit l’enquêté. Le sens réel de la réponse
est différent du sens apparent qui est parfois inconscient à l’enquêté ;
• Entretien extensif ou intensif : l’étude intensive vise à obtenir des types
de réponses individuelles permettant d’établir le profil de la personne.
Elle est réservée à l’étude clinique. Lors d’une étude extensive, on inter-
roge un grand nombre d’individus avec peu de questions, de manière à
établir des statistiques sur un sujet déterminé.

Les différents types d’entretien ne s’opposent pas. Chaque technique
s’adapte à la nature de l’information à rechercher. Si l’on n’a pas fixé à
l’avance la nature de cette information, alors on procède par étapes :

123
124 Méthodologie de la recherche

1. Phase d’exploration, entretien non directif afin d’énoncer des hypo-


thèses provisoires ;
2. Élaboration d’un guide d’entretien ;
3. Phase de l’étude quantitative.

Le rapport enquêteur-enquêté
(GRAWITZ, 1972, pp. 649-667)

L’interview est parfois malaisée, car chaque humain est doté d’un système
de protection face aux autres (les risques d’influence, etc.) L’enquêteur,
pendant le temps privilégié de l’entretien, doit faire disparaître ces blo-
cages. L’interview est donc une interaction entre l’enquêté et l’enquêteur.

Dans cette interaction, ce sont surtout les défenses de l’enquêté qui vont
jouer. La première difficulté à surmonter de sa part est d’accepter ou de
refuser l’interview. Il acceptera d’autant mieux l’interview s’il l’a sollicité et
qu’il peut en retirer quelque chose de positif (exemple : la visite médicale).
Quelques grands types de mécanismes de défense étudiés par Freud : la
fuite (le refus de répondre) ; la rationalisation (l’enquêté fournit une expli-
cation de son avis peu conforme à la réalité) ; les mécanismes de projection,
d’introjection, d’identification, et le refoulement.

Il existe cependant des facteurs positifs incitant l’enquêté à répondre :

• Le transfert (développement d’une attitude émotionnelle d’amour ou de
haine envers l’analyste : mécanisme découvert par Freud) ;
• Un réflexe de politesse ;
• Le désir d’influencer (l’enquête et l’enquêteur étant confusément perçus
comme un moyen d’obtenir un changement) ;
• Le besoin de parler, de communiquer.

Par son attitude, l’enquêteur doit :

• éveiller l’intérêt de l’enquêté en lui indiquant l’objectif de l’enquête ;
• rassurer l’enquêté sur l’anonymat de l’entretien ;
• informer l’enquêté sur ce que l’on attend de lui ;
• exploiter le besoin de parler.

Un bon enquêteur doit réunir les qualités suivantes : sympathie, chaleur et
compréhension (reprendre l’opinion de l’enquêté en l’explicitant sans le
déformer).

Les relations enquêteur-enquêté engendrent une série d’erreurs :

124
Présentation et choix de quelques méthodes 125

• Erreurs provenant de l’enquêté : la validité de l’enquête décroît si


l’enquêté tente de produire une impression sur l’enquêteur ;
• Erreurs provenant de l’enquêteur : elles sont souvent provoquées par
des différences (intellectuelles, etc.) existant entre enquêteurs et en-
quêtés.

Remarque : Si l’enquêté peut se comparer à l’apparence physique
(exemple : même tenue vestimentaire) de l’enquêteur, la quantité (mais
non la validité) de données recueillies est plus grande et l’atmosphère plus
confiante...

Ce n’est pas tant les opinions de l’enquêteur qui exercent une influence,
mais plutôt l’idée qu’il se fait de l’enquêté, autrement dit, les préjugés de
l’enquêteur :

• Préjugés tirés d’une impression générale : étant donné que l’enquêteur
présente telles et telles caractéristiques sociales ou économiques, il est
probable qu’il pense de telle manière... ;
• Préjugés tirés à partir d’éléments plus précis, contenus dans les ré-
ponses mêmes de l’enquêté : d’après les premières réponses,
l’enquêteur structure, imagine l’enquêté plus rationnel qu’il ne l’est.

Ce genre de préjugés a pour conséquence de normaliser les réponses, en
risquant d’omettre les plus intéressantes ou originales.

Les moments dangereux de l’entretien se situent d’abord au début, lorsqu’il
s’agit de motiver l’enquêté : ne pas se montrer assez convaincant, entrete-
nir une relation trop affective avec l’enquêté, trop insister sur la nécessité
pour l’enquêté de coopérer.
D’autres erreurs peuvent survenir au cours de l’interview :

• L’enquêteur suggère trop la réponse,
• la manière de transcrire,
• la manière de compléter la réponse.

Vu la grande variété d’enquêtes, il n’y a pas de véritable sélection des en-
quêteurs, mais il y a des aptitudes générales (apparence sympathique, etc.)
et des défauts inacceptables (timidité excessive). La formation implique
d’abord la prise de conscience par l’enquêteur, de sa propre attitude et des
interactions qui se produisent dans un interview. De plus, l’enquêteur doit
être motivé et donc communiquer son enthousiasme à l’enquêté.

Voici quelques conseils concernant les détails techniques et pratiques :

• Façon d’obtenir l’entretien : la façon de joindre l’enquêté dépend du
type d’enquête et de l’échantillon prévu.

125
126 Méthodologie de la recherche

• Le déroulement de l’entretien : il est souhaitable d’obtenir que


l’enquêté soit seul. De plus, il ne faut jamais exposer le sujet de
l’enquête avant l’entretien ni communiquer le questionnaire.
• La fin de l’entretien : le questionnaire se termine souvent par une
question subsidiaire demandant à l’enquêté ce qu’il pense de celui-ci.

Le questionnaire
(GRAWITZ, 1972, pp. 668-699)

Un questionnaire est le moyen de communication essentiel entre
l’enquêteur et l’enquêté. Il comporte une série de questions concernant les
problèmes sur lesquels on attend de l’enquêté des informations.

Il existe deux types de questionnaires :

1. Le questionnaire écrit, envoyé par la poste, concerne des domaines
n’exigeant pas de réponses d’opinion ou de réponses complexes.
2. L’interview, face à face, permet des questions ouvertes et une explora-
tion du sujet.

Inconvénients de l’un et l’autre :

Le questionnaire écrit Le questionnaire d’interview
on ignore qui a répondu au ques- la présence de l’enquêteur peut être
tionnaire un facteur de perturbation
il élimine la spontanéité de la ré- prix de revient élevé
ponse
il nécessite un certain niveau
d’instruction et écarte donc cer-
taines personnes

Avantages de l’un et l’autre :

l’enquêté n’est pas gêné par la l’enquêteur peut inciter l’enquêté à
présence de l’enquêteur donner une réponse plus complète
prix de revient assez bas
mais faible pourcentage de ré-
ponse

Pour augmenter le taux de réponse aux questionnaires, il faut :

• Intéresser l’enquêté,
• expliquer le but de façon claire et précise,
• mentionner que certaines personnes importantes s’intéressent au sujet,

126
Présentation et choix de quelques méthodes 127

• limiter le nombre de questions,


• promettre l’anonymat.


Le contenu d’un questionnaire est déterminé par les objectifs à atteindre. Il
doit être un compromis sur l’étendue du domaine étudié, tout en évitant de
poser des questions auxquelles on sait d’avance n’obtenir aucune réponse.
Ainsi, il doit être réalisé par plusieurs personnes pour acquérir une variété
de points de vue.

Il existe différents types de questions en ce qui concerne leur contenu :

• les questions de fait : exemple, les questions d’état civil ;
• les questions d’opinion ou de croyance : recherche de l’opinion de
l’enquêté sur un sujet ;
• le pourquoi ? : recherche des explications sur la conduite ou les opinions
de l’enquêté.


Il faut, en formulant les questions, se préoccuper de la réaction de
l’enquêté, de ses réticences, de son niveau d’information. De plus, il ne faut
pas que le contenu de la question influence la réponse et il est également
important d’utiliser un vocabulaire qui sera compris par tous. Il est ainsi
recommandé de tenir compte du niveau social de l’enquêté.

Il existe trois types de questions :

1. La question fermée : il faut souvent répondre par oui ou par non. Elle
convient parfaitement lorsqu’il s’agit de classer l’individu dans une
catégorie ou de filtrer des enquêtés. De plus, elle peut mettre la
personne en confiance avant de passer à des questions ouvertes ;
2. la question ouverte : elle laisse l’enquêté libre d’organiser sa réponse
comme il l’entend. Ce type de question est nécessaire lorsque l’on veut
connaître l’opinion de quelqu’un, mais peut parfois poser des problèmes
de classement ;
3. la question préformée : c’est un dérivé de la question fermée, suggérant
plusieurs nuances de réponses.


Il est aussi possible d’obtenir une réponse par un moyen détourné. C’est
ainsi que l’on distingue les questions indirectes des questions directes. On
peut par ce biais obtenir certaines réponses par des recoupements, plutôt
que par des questions directes.

Le nombre de questions sera déterminé par l’étendue du sujet et le temps
dont on dispose. Quant à leur ordre, elles doivent paraître se succéder na-
turellement. Il faut éviter de demander des renseignements signalétiques

127
128 Méthodologie de la recherche

en début de questionnaire, ce qui donnerait à celui-ci des allures policières.


Il faut également être conscient de ce que l’on appelle l’effet de halo ou de
contagion : la réponse à une question influence la réponse suivante. Il est
donc nécessaire d’éviter que certaines questions se suivent. Signalons enfin
que certains facteurs psychologiques peuvent intervenir dans la réponse : la
tendance à dire oui, la résistance au changement et une personnalisation de
la question dans laquelle l’enquêté se sent plus concerné.


Analyse et interprétation des interviews
(GRAWITZ, 1972, pp. 701-710)

La vérification
(GRAWITZ, 1972, p. 701)

Lorsqu’on reçoit les comptes rendus des interviews, il s’agit de :

• Contrôler les questionnaires,
• vérifier si le rapport de l’entretien est complet,
• contrôler qu’il n’y a pas de contradiction entre les réponses,
• vérifier la clarté des notes prises par les enquêteurs.

Le rassemblement des questions
(GRAWITZ, 1972, p. 702)

Dans un premier temps, il est préférable d’examiner les réponses par en-
quêtés. Cela permet de détecter les contradictions, de voir le lien entre cer-
taines réponses et d’évaluer le travail de l’enquêteur.
Dans un second temps, une étude de toutes les réponses, question par
question, reflétera mieux l’opinion globale sur un point précis.

Le codage
(GRAWITZ, 1972, pp. 703-705)

Au niveau du codage, il existe quatre étapes :

• L’établissement des catégories : opération consistant à classer en
catégories les diverses positions que reflètent les réponses et
permettant ainsi une présentation quantifiée des résultats. Pour des
questions fermées, le codage est prévu. En ce qui concerne les réponses
aux questions ouvertes, une véritable analyse de contenu s’impose.

128
Présentation et choix de quelques méthodes 129

• Analyse de contenu d’interviews : la principale difficulté de cette


analyse est la suivante : pour une même question ouverte, on constate
des réponses très variées. Il s’agit donc, au-delà de ce matériel verbal,
de découvrir certaines attitudes, certains traits personnels ou une
structure cognitive.
• Nombre de catégories : le problème de ce nombre provient de la variété
des réponses possibles. Cette tâche de désignation du nombre de
catégories incombe au codeur. Aucune règle générale n’existe.
• Le classement des réponses : correspond à la vérification des catégories.
Il est souhaitable d’opérer sur un tableau reprenant les différentes
catégories et de donner un numéro d’ordre à chaque enquêté.


Validité et fidélité du codage
(GRAWITZ, 1972, p. 706)

Les codeurs doivent faire preuve de certaines qualités : subtilité et intuition.
Ils ne peuvent être ni trop rapides (superficiels), ni trop lents (indécis). Le
codage nécessite une finesse certaine, un jugement sain et un sens de
l’essentiel. Pour les enquêtes importantes, on appelle des codeurs spéciali-
sés. Dans le cas d’enquêtes limitées, les enquêteurs font aussi le codage des
questions ouvertes non codées.

La validité est difficile à apprécier. Il faut tout d’abord vérifier que les diffé-
rentes catégories correspondent bien aux objectifs de la recherche et que
les différents contenus ont été classés dans les bonnes catégories.

Le principe de fidélité n’est jamais totalement observé. Ainsi, un même
codeur peut effectuer différemment un classement déjà fait quelques an-
nées auparavant. Ou encore, plusieurs codeurs peuvent classer d’une autre
manière les réponses d’une même enquête. Cette différence entre codeurs
résulte de leur sélection et de leur formation.

Tabulation
(GRAWITZ, 1972, p. 708)

Le dépouillement peut se faire de deux manières :

• Manuellement : utilisable jusqu’à 400 enquêtés. L’utilisation de fiches
est recommandée. Une fois les fiches classées, on les rassemble dans un
fichier ;
• par machine : cette façon de faire met en œuvre l’informatique et
engendre des obligations prises dès le départ : 1) toutes les questions et
éventualités de réponses doivent être prévues et numérotées en

129
130 Méthodologie de la recherche

fonction d’un code ; 2) la machine doit être programmée en fonction des


types de problèmes qui lui seront posés. Il existe une série de tableurs
(Excel, Lotus 123...) et de logiciels de base de données (DBase IV, ...) qui
facilitent énormément le travail.

Les tests
(GRAWITZ, 1972, pp. 720-750)

« Un test est une épreuve définie, impliquant une tâche à remplir, iden-
tique pour tous les sujets examinés, avec une technique précise pour
l’appréciation du succès ou de l’échec ou pour la notion numérique de la
réussite » (PIERON cité par GRAWITZ, 1972, p. 720)

La méthode des tests est née de l’apparition de problèmes pratiques, posés
par le développement technique, coïncidant avec l’amélioration des
moyens d’investigation.

La construction des tests
(GRAWITZ, 1972, pp. 723-726)

La méthode des tests suppose une relative stabilité des comportements
rendant possible leur prévision.

1 Les postulats :

• Il existe des aptitudes différentes suivant les individus.
• Les aptitudes se manifestent dans certaines activités et sont
responsables de réussites ou d’échecs.


2 Mesure de l’aptitude

• Les procédés d’étalonnage : établir une échelle de réussite.
• Analyse interne du test, question par question. On étudie deux
aspects particuliers :
• le degré de difficulté de chaque question ;
• l’étude du pouvoir discriminatoire de chaque question
(permet de dire dans quelle mesure chacune distingue les
sujets en bons et moins bons.).

130
Présentation et choix de quelques méthodes 131

La notion de validité
(GRAWITZ, 1972, pp. 727-735)

1 La notion de critère : il faut savoir sur quel critère on établit le classe-
ment obtenu d’après les résultats du test (exemple : test sur la rapidité).

2 La validité logique et la validité empirique :

2.1. La validité logique implique deux contraintes :

• Le test doit mesurer avec exactitude ce qu’il est censé me-
surer.
• l’aptitude décelée doit se retrouver dans une situation ré-
elle

2.2. La valeur empirique : une prévision juste est la meilleure preuve
que le test mesurait bien ce que l’on voulait mesurer.

• L’aptitude est identique au résultat du test, le test est le
moyen de mesurer l’aptitude.
• La validité statistique : l’aptitude est liée statistiquement au
résultat du test.

3 Le coefficient de validité : degré de concordance entre le classement
des individus suivant le critère et le classement par le test. La validité
n’est pas une fonction du test, mais bien l’usage pour lequel le test est
envisagé.

Fidélité, classification, valeur et intérêt des tests
(GRAWITZ, 1972, pp. 737-750)

1 La fidélité concerne les diverses étapes de la transmission du test et
de la façon dont les données sont recueillies. En réalité, la fidélité
masque des contenus différents dont les principales sources dépen-
dent : du sujet, du test même ou de son opérateur. Le rôle des obser-
vateurs est très important, car la fidélité traduit la réciprocité de leurs
notations, celles-ci détermineront le degré de fidélité d’un test. On
essayera alors d’améliorer sa fidélité en perfectionnant ses conditions
de présentation et d’appellation ; ce qui devrait diminuer ses erreurs
de mesure.

2 La classification : les tests sont extrêmement nombreux. On peut
alors les ranger d’après leur présentation ou d’après leur fonction.

131
132 Méthodologie de la recherche

Certains auteurs font par contre la distinction entre les tests analy-
tiques, s’adressant au développement d’une fonction spécifique
(exemple sensoriel) et les tests synthétiques étudiant des aptitudes
plus complexes telles celles à la musique. Tout ceci prouve que ce
n’est pas seulement ce qu’on cherche par le test qui est important,
mais aussi la façon dont on le cherche ; car il faut tenir compte de cer-
tains traits de la personnalité. Cela nous mène à un autre affronte-
ment entre ceux qui insistent sur la précision des tests ; et ceux qui es-
timent que l’être humain, vu sa complexité, ne peut être réductible à
une mesure. Cette complexité se traduit par la conduite de l’individu,
c’est-à-dire un comportement plus global que l’ensemble de ses réac-
tions concrètes. Par conséquent, il existe des méthodes plus com-
plexes, dont :

• La méthode synthétique des traces, basant son diagnostic sur
l’écriture ou le dessin.
• Les questionnaires et les inventaires explorant les aspects
affectifs ou connotatifs de la personnalité ont pour défaut que
le sujet se doute de la valeur indicative de sa réponse.
• Les tests projectifs (dont les particularités sont que le sujet
ignore la signification de sa réponse, qu’il n’y a pas de réponse
juste...) ne sont reconnus comme valides qu’après de très
nombreuses expériences.

3 Valeur et intérêt des tests : la méthode des tests représente un


moyen objectif et assez rapide pour aider à sélectionner un grand
nombre d’inconnus et pouvant servir à porter un jugement, à prendre
une décision. Mais comme la nature humaine est complexe, on se re-
trouve face à un double courant :
1. ceux qui sont pour une extension de l’utilisation des tests, no-
tamment dans :

1.1. L’enseignement pour obtenir des renseignements complé-
mentaires et objectifs à côté des examens classiques.
1.2. La formation et la sélection du personnel ou de cadres
d’entreprises.
1.3. l’aide technique aux pays sous-développés avec des tests,
adaptés à des individus peu scolarisés, afin de déterminer
leur « éducabilité ».

2. ceux qui au contraire critiquent l’utilisation et les limites des tests,
car :

2.1. Le test ne nous offre pas de certitudes et il est incomplet (un
échec professionnel ne provient pas toujours de l’inaptitude
à acquérir les gestes professionnels).

132
Présentation et choix de quelques méthodes 133

2.2. Le test est établi par rapport à une moyenne, car il est essen-
tiel d’insister sur le fait qu’un test n’est pas révélateur d’une
aptitude en soi, mais par rapport à celle d’autres individus !
2.3. Le test est établi et interprété par des hommes, ce qui fait
que l’influence du créateur du test est considérable et ren-
ferme une part d’arbitraire.
2.4. Le test projectif viole la personnalité du sujet, qui n’est même
pas au courant des résultats de ses aptitudes et/ou fai-
blesses.

Pour conclure, les tests devraient être conçus en fonction de l’intérêt du
sujet, de celui de l’entreprise et de celui de la société !

Les techniques de mesure des attitudes : les


échelles
(GRAWITZ, 1972, pp. 757-782)

Il existe deux types de technique :

1. La technique des échelles qui rapporte des données qualitatives à un sys-
tème de référence ;
2. La technique de l’enquêteur qui juge l’attitude d’un individu et attribue à
chaque individu un score qui correspond à la position numérique d’une
échelle.

Les échelles d’attitude doivent séparer les attributs de l’attitude elle-
même. Elles doivent prévoir le comportement. Le continuum correspond à
l’ensemble des attributs.
Les items forment l’ensemble des questions posées. La valeur d’une échelle
dépend du lien entre item et attitude. Pour qu’une échelle soit efficace, les
items doivent pouvoir situer les individus d’après leur réponse. L’échelle
doit mesurer l’attitude en question et seulement celle-là : elle est unidi-
mensionnelle.

Les mesures sont plus ou moins certaines selon :

• La nature des données,
• la façon dont elles sont recueillies,
• le niveau de mesure qu’elles permettent.

Les degrés de mesure des échanges ne sont pas seulement caractérisés par
leur propriété mathématique, mais aussi par des procédés différents de
collectes de données.

133
134 Méthodologie de la recherche

Les différents types d’échelles sont :



1. L’échelle nominale : l’échelle substitue des symboles et des objets hié-
rarchisés à des objets concrets. Notions d’équivalence ou d’inégalité.
2. L’échelle partiellement ordonnée : l’échelle introduit une comparaison,
notion de plus ou de moins en moins favorable.
3. l’échelle ordinale : l’échelle classe par ordre de référence
4. L’échelle métrique ordonnée : l’échelle ou la distance entre les échelons
présentent des intervalles réguliers. C’est le degré le plus poussé de la
mesure.
5. L’échelle d’intervalles : l’échelle ordonne selon une évaluation des inter-
valles.

Pour le niveau de la mesure, l’obtention et l’analyse des données, il faut
savoir devant quel type de donnée on se trouve, choisir un instrument qui
correspond à la nature des données et à la nature de la mesure à laquelle
on se place. Il faut une correspondance entre les chiffres et la réalité qu’ils
expriment.

Il existe différentes données qualitatives (opinion verbale) :

1. La question/stimuli :
• selon la préférence de l’individu, on s’intéresse au sujet lui-même
ou à son choix,
• par rapport à un attribut, on s’intéresse au stimulus.

2. Le comportement :
• indépendant, on ne juge qu’un stimulus,
• relatif, on compare les stimuli en créant un tableau à double en-
trée.

La méthode d’obtention détermine le genre d’information, la méthode
d’analyse définit l’information :

comportement indépen- comportement relatif
dant
préfé- Obtention : stimuli pré- Obtention : méthode de choix,
rence sentés un par un et ré- de l’ordre de préférence, des
ponses indépendantes. intervalles apparemment égaux,
réponse subjective de comparaisons par paires ou
Analyse : échelle de Likert triades.
(plus maniable que Thurs- Analyse : technique du parallé-
tone). logramme ou déploiement pour
classer les réponses contenant
divers choix.

134
Présentation et choix de quelques méthodes 135

attribut Obtention : stimuli pré- Obtention : questions par rap-


sentés un par un et ré- port à un attribut.
ponses indépendantes. Analyse : échelle de Thurstone,
réponse plus objective loi du jugement comparatif.
Analyse : échelle de Likert Classement ordinal permettant
(plus maniable que Thurs- de dégager des normes collec-
tone). tives.

L’échelle est considérée comme fidèle lorsqu’elle donne les mêmes résul-
tats quand elle est confiée à des observateurs différents et présentée aux
mêmes sujets. Pour vérifier la fidélité, il faut :

1. Présenter deux fois l’échelle aux mêmes personnes et comparer
(test-retest) ;
2. Présenter une échelle sous des formes différentes (multiform) ;
3. Présenter une même échelle divisée en deux parties (split-half).

Il n’existe pas de validité générale d’une échelle. Une échelle est valide
quand elle mesure réellement ce qu’elle prétend mesurer et permet une
prédiction :

• Validité logique, interne : difficile d’en apporter la preuve.
• Validité empirique, prédiction : la validité d’un instrument de
mesure s’évalue par rapport à l’usage particulier qui en sera fait.

La technique du panel
(GRAWITZ, 1972, pp. 782-787)

La technique du panel est une technique ayant pour objectif l’étude de
l’orientation des changements, de leur mesure. Elle cherche à fournir une
explication, une prévision. Les mêmes questions sont posées aux mêmes
personnes à intervalles réguliers dans une période fixe de temps. Son but
est double :

1. Situer les gens qui changent d’opinion ;
2. Préciser les facteurs déterminants de ces changements.

Ce double objectif est atteint quand on peut tirer des conclusions générali-
sables sur un type d’individu, d’opinion, d’attitudes les plus susceptibles de
changement.

La technique du panel pose divers problèmes techniques :

135
136 Méthodologie de la recherche

1. Quel genre de changement observer ? Quel critère retenir ? Toute indica-


tion d’évolution est utile quand elle met sur la voie des facteurs
d’influences intéressants.
2. Comment distinguer les vrais changements ? Comment distinguer les
vrais facteurs de changements ? La solution est de constituer un groupe
témoin comparable échappant à l’influence du facteur mesuré.
3. Combien de fois faut-il répéter l’expérience ? Avec quel intervalle ? Il faut
répéter l’expérience avant et après chaque événement pouvant exercer
une influence sur l’attitude observée.

Enfin, il faut se méfier de la lassitude possible des enquêteurs et de l’effet
de répétition.

Les techniques d’étude des collectivités et des


groupes
(GRAWITZ, 1972, pp. 789-896)

Il convient de distinguer le sondage et l’enquête sur le terrain.
L’enquête par sondage recueille ce que l’enquêté dit à un moment donné.
L’enquête sur le terrain, quant à elle, observe directement le comporte-
ment de collectivités dans leur contexte social. La recherche de facteurs ob-
jectifs est donc plus déployée dans le second cas. Cependant, la subjectivité
de l’enquêteur entre en jeu de manière plus dangereuse que dans
l’enquête par questionnaire.

L’enquête sur le terrain
(GRAWITZ, 1972, pp. 789-826)

L’enquête sur le terrain effectue une recherche limitée, mais globale.
N’étudiant qu’un seul ensemble, limité dans l’espace, elle peut découvrir
des processus, des facteurs déterminants encore inconnus. Au contraire,
l’enquête par sondage a une portée plus étendue puisque ses résultats vi-
sent à mesurer un univers connu.
L’enquête sur le terrain est beaucoup plus exigeante que le sondage d’où la
nécessité d’une qualification supérieure à celle des enquêteurs d’opinion.

Les critères de distinction des diverses formes d’enquête sur le terrain
sont :

• Le but qui détermine la population à étudier et les moyens de re-
cherche,
• la taille du terrain à investiguer,
• le degré de mesure.

136
Présentation et choix de quelques méthodes 137


Pour la taille du terrain, deux types d’études coexistent :

• D’une part, les « area studies » qui ont un objectif large,
• d’autre part les « case studies » qui recueillent un maximum
d’informations sur un sujet plus précis dans un simple souci de descrip-
tion et non de mesure.

Au niveau du degré de précision ou de mesure, trois catégories d’enquêtes
sont à envisager :

• Les enquêtes d’exploration qui font appel à la description et permettent
de découvrir les facteurs ayant un rôle. L’observation peut aboutir à
une classification avec vérification des hypothèses par les autres formes
d’enquête ;
• les enquêtes de diagnostic ou d’analyse : stade entre la simple explora-
tion et la véritable expérimentation. Elles cherchent une réponse à une
question pratique ;
• les enquêtes expérimentales vérifient les hypothèses émises.

L’observation, pour qu’elle soit efficace, doit être étudiée a priori et a pos-
teriori.

A priori, l’enquête peut être d’exploration ou de diagnostic selon que
l’observateur est actif ou passif, selon que les comportements sont imprévi-
sibles ou codifiables. Dès le départ, il convient de décider du degré de par-
ticipation de l’observateur/enquêteur et des observés/enquêtés. Il est
aussi primordial de définir les objectifs et le temps nécessaire pour les at-
teindre.

A posteriori, il faut interpréter, tendre à l’objectivité par une systématisa-
tion des observations reçues sur le terrain afin de donner un sens aux résul-
tats, de rendre l’image d’un puzzle composé de pièces qui sont autant
d’observations qualitatives ou quantitatives. Pour cela, il faut évaluer,
comparer, catégoriser pour permettre finalement de généraliser scientifi-
quement.

Cependant, pour mener à bien ces observations,

« Il faut être assez honnête pour abandonner les hypothèses auxquelles
on tenait si les éléments rassemblés ne les confirment pas, assez souple
et inventif pour en imaginer d’autres, assez humble pour voir toutes les
lacunes de son travail, mais assez passionné pour le continuer tout de
même, en y trouvant des satisfactions » (GRAWITZ, 1972, 818).

137
138 Méthodologie de la recherche

La notion de validité des enquêtes sur le terrain dépend de l’objectif de


celles-ci et des techniques employées : l’enquête d’exploration vise
l’élément intéressant et l’observation quantifiée cherche à obtenir des ré-
sultats significatifs.

L’observation qualitative non systématisée ou observation-participation
présente quelques avantages : c’est une observation directe permettant
l’accès à des éléments significatifs. De plus, elle résout mieux les problèmes
de rapport observateur-observé. La réaction des observés dépendra de la
nature du groupe et de son genre d’activités. L’observation-participation
donne accès aux réactions individuelles et au contexte social des membres
du groupe.

L’observation-participation est limitée : elle est souvent le résultat du tra-
vail d’un seul chercheur et l’observateur ne peut être partout à la fois.

En ce qui concerne l’observation systématisée, la méthode et la façon dont
on l’applique sont essentielles. Cependant se pose le problème de la fidéli-
té, c’est-à-dire l’accord entre les observateurs mettant en cause la méthode
et ses résultats. La qualification des observateurs et leur tâche influencent
cette fidélité. Il y a également un problème de validité. Il en existe deux
notions :

• La validité logique : les observations mesurent-elles ce qu’elles
doivent mesurer ?
• La validité empirique : les observations permettent-elles une
prévision ?


L’observation systématique procède par étapes pour proposer une hypo-
thèse, rendant compte de tous les aspects de la réalité. Cela nécessite une
vue globale.

Ces deux techniques d’observation se complètent et correspondent à des
objectifs différents, à des moments différents de l’enquête.

L’interview de groupe, quant à elle, est une technique utilisée pour des re-
cherches de motivations (enquête de marché). Elle peut s’adresser à des
groupes naturels ou artificiels. Il s’agit bien d’une technique de groupe par
l’interaction qu’il y a entre les membres. Ceci favorise la mise en évidence
de toutes les attitudes.

138
Présentation et choix de quelques méthodes 139

L’expérimentation en laboratoire
(GRAWITZ, 1972, pp. 831-850)

L’expérimentation en laboratoire a surtout été développée au sein de la
psychologie des groupes. Elle a pour but de vérifier l’hypothèse tirée à par-
tir de changements remarqués entre deux groupes semblables au départ et
suite à l’introduction d’une variable au sein d’un des deux groupes.

Les deux groupes consistent en un groupe d’expérimentation où est intro-
duite la variation et un groupe de contrôle. Ce dernier s’établira soit rigou-
reusement (contrôle de précision), soit statistiquement, soit selon le ha-
sard.

Les expériences seront classifiées selon le genre de manipulations et de vé-
rifications pratiquées. Elles sont dites soit d’avant-après, soit de contrôle
après, soit ex post, facto, soit de simulation. L’expérience se déroulant en
situation artificielle, des questions se posent quant à sa validité et la repré-
sentativité des individus de l’expérience.

Concernant la recherche en matière de groupe, on a constaté que le groupe
agit sur la perception individuelle, sur l’opinion et sur la production indivi-
duelle. Les besoins n’étant pas toujours apparents et évoluant avec le
temps, les fonctions du groupe sont diverses.

Un élément déterminant pour le groupe est son volume. Moreno a mis en
évidence la notion de sous-groupe (sociométrie) présente dans tout groupe.
Le rôle des individus dépend de leur personnalité et de leur place au sein
du groupe. La structure du groupe dépend du commandement de celui-ci,
du moral et de la structure de ses communications ; la notion de leader dé-
pend de ces trois facteurs.

« Action research » ou recherche active et l’intervention psychoso-
ciologique
(GRAWITZ, 1972, pp. 856-896)

La recherche active est une étude qui, ayant un certain projet de change-
ment, transpose des connaissances théoriques dans le milieu naturel étudié
et en dégage des enseignements susceptibles de généralisation pour abou-
tir à la production d’un savoir théorique.

139
140 Méthodologie de la recherche

L’intervention au niveau des structures


(GRAWITZ, 1972, pp. 856-867)

Cette recherche active trouva son point de départ et son orientation grâce
à la théorie de changement de Lewin. À partir de cette théorie, Lewin crée
le champ psychologique qui exprime l’état des relations d’une personne
avec son environnement social à un moment donné. Ce champ comprend
toutes les perceptions, toutes les motivations qui le renouvellent dans une
perpétuelle recherche d’équilibre. Chaque situation est une combinaison
d’influences qui crée une tension et provoque de nouveaux comporte-
ments.

L’intervention au niveau de l’information du groupe
(GRAWITZ, 1972, pp. 869-870)

La théorie de changement peut également se vérifier avec la sociométrie de
Moreno : cette dernière cherche à mesurer les rapports de sympathie et
d’antipathie qui existent dans un groupe et auprès de chacun des membres
du groupe. Ces données vont permettre d’établir un sociogramme résu-
mant graphiquement les interactions qui jouent dans le groupe : pôle
d’attraction, rejets, scissions. Cette technique doit permettre à un observa-
teur impartial d’élucider le conflit existant dans le groupe constitué. Pour
arriver à rééquilibrer les individus, les adapter à la vie en société par la libé-
ration de spontanéité et son réapprentissage, de nombreuses techniques
sont utilisées comme le psychodrame, qui est une méthode psychothéra-
peutique de groupe consistant en un jeu dramatique auquel participent
médecins et malades. Ces derniers sont invités à mettre en scène leur pro-
blème afin de se libérer de certaines tensions.

L’expérience de Floyd Mann montre tout comme dans la théorie Lewinienne
que l’information est non seulement l’élément actif de la transformation,
mais aussi l’élément d’efficacité de la recherche active. Donc, le psychoso-
ciologue a pour but de faciliter et de provoquer l’information pour qu’il y ait
éventuellement après l’enquête, une prise de conscience du groupe et une
modification d’état d’esprit.

L’intervention clinique
(GRAWITZ, 1972, pp. 873-878)

Dans l’intervention clinique non directive, un objectif pratique (question) se
pose dès le départ. L’information provoque la prise de conscience du
groupe et la transformation d’état d’esprit au cours de l’enquête, et non
plus à la fin comme dans la recherche active. Le psychosociologue joue le
même rôle aussi bien dans la recherche active que dans l’intervention cli-

140
Présentation et choix de quelques méthodes 141

nique non directive, c’est-à-dire qu’il intervient pour aider le groupe à évo-
luer : il utilise donc une technique distancée.

Trois grandes tendances sont à l’origine de ces divers développements :

1. D’inspiration Lewinienne : les training group laboratories aux USA.
L’idée initiale est que tout le monde vit et travaille en groupe sans per-
cevoir sa façon d’agir. Pour une meilleure communication, on doit donc
lever les obstacles intérieurs. Le Training group est un groupe artificiel
créé pour un travail psychosociologique. Il consiste en une réunion de
gens ne se connaissant pas avec un animateur n’ayant pas un rôle diri-
geant. Le but étant le déconditionnement social par une confrontation
avec la réalité, les autres devant expliquer la façon dont ils nous perçoi-
vent.
2. D’inspiration psychanalytique en Grande-Bretagne : les groupes de tra-
vail réels existant dans l’entreprise indépendamment de l’intervention.
3. D’inspiration rogerienne en France : part d’une tendance à la maturation
et à l’intégration de la personnalité de l’individu. Cette technique con-
siste à aider le sujet à prendre conscience de sa perception du monde et
de lui-même.

Phénomènes apparaissant dans les groupes:

1. la vie émotionnelle des groupes :

1.1. Quand un groupe se crée, des liens de solidarité non perçus entre
ses membres s’établissent ;
1.2. Naissance également d’un sentiment d’anxiété ;
1.3. Présence du paradoxe d’ambivalence et d’ambiguïté.

2. Le rôle d’observateur : il a une fonction d’évaluation, car il aide le
groupe à comprendre ce qu’il se passe.

La dynamique de groupe fait découvrir l’efficacité d’une intervention non
directive.

Champ de recherche et d’application :

1. Formation et thérapie : les discussions de groupe visent la formation de
ceux dont le métier consiste à éduquer les autres ou dont la profession
comporte une part de commandement.
2. Intervention psychosociologique dans le cadre de l’entreprise :

2.1. La conduite des réunions : trois types de fonctions :
• communication,
• traitement de l’information,

141
142 Méthodologie de la recherche

• de conduite.
Différents types de réunions :
• de commandement : c’est le conducteur de la réunion qui dé-
cide,
• stratégique : le conducteur sait ou il veut en venir, mais il veut
amener le groupe à découvrir par lui même sa solution,
• de discussions : le groupe discute et prend la décision.
2.2. La formation et la discussion de groupe : le but est d’offrir à des
adultes figés dans des rôles l’occasion de prendre conscience de la
façon dont les autres les voient.

3. Les applications pédagogiques : les notions découlant des expériences
d’intervention psychosociologique peuvent être adaptées à notre ensei-
gnement traditionnel, grâce aux méthodes actives d’enseignement.

4. Dangers d’une utilisation abusive de l’intervention psychosociologique :

4.1. Maladresse, abus : il y a un risque de manipulation, d’exagération,
et d’utilisation inopportune. Les méthodes non directives ne doi-
vent donc pas être trop vulgarisées.
4.2. Méconnaissance des structures : aussi bien au niveau de
l’entreprise que dans l’enseignement, on ne peut méconnaître les
structures générales, les rapports de force et de faits. Il faut donc
modifier les systèmes et les opinions.
4.3. Méconnaissance des problèmes collectifs : la transposition de pro-
cessus observés dans un petit groupe à un groupe plus large est
dangereuse, car ils ne se manifestent pas de la même façon.

Au point de vue de la formation au sens le plus large, la discussion de
groupe est efficace, car l’expérience est enrichissante, elle les sensibilise
aux problèmes des autres et les éclaire sur leurs propres comportements.
Ainsi, la psychosociologie, par une étude des interactions qui tisse la vie du
groupe, a montré que la vie collective ne pouvait se suffire d’une fusion
avec la masse et que le lien d’homme à homme restait la réalité la plus con-
crète.

Éléments de statistique

La statistique est liée à chaque étape de la recherche, elle est dépendante
de l’objectif poursuivi, mais en même temps, elle est un moyen pour at-
teindre ce but.

Les données statistiques sont :

142
Présentation et choix de quelques méthodes 143

1. Population : ce terme désigne un ensemble dont les éléments sont tous


de même nature. Une partie de cet ensemble s’appelle échantillon.
2. Catégorie : on range les données d’observation par catégorie. Les caté-
gories et leurs fréquences s’appellent distribution de fréquence.
3. Graphique : la distribution de fréquence peut être représentée graphi-
quement par un diagramme en points, un polygone des fréquences, un
histogramme ou encore par des courbes de fréquences.
4. Les paramètres : ce sont des nombres calculables directement à partir
des données, ils sont de deux sortes : les paramètres typiques (le mode,
la moyenne arithmétique, la moyenne géométrique, la moyenne qua-
dramétrique, la médiane) et les paramètres de dispersion (écart moyen,
variances et écart type).

La statistique nous permet d’avoir une probabilité pour qu’il existe ou non
une relation entre deux phénomènes :

1. Étude qualitative : recherche d’association des phénomènes ;
2. Étude quantitative : corrélation des phénomènes représentée par le
coefficient de corrélation.

Les probabilités

U désigne l’ensemble des probabilités,
l’événement est une partie de cet ensemble,
la réalisation est toute possibilité qui appartient à cet événement.
La probabilité est la somme des événements.

En conclusion, la statistique permet d’estimer les probabilités et d’étudier si
elles sont compatibles avec l’observation.

Les méthodes et techniques d’étude de docu-


ments
(GRAWITZ, 1972, pp. 587-625)

Deux sortes de méthode : les méthodes classiques et l’analyse de contenu.

Les méthodes classiques (historique, littéraire, psychologique, juridique,
sociologique, linguistique) présentent soit un caractère rationnel soit un
caractère plus ou moins intuitif, personnel et subjectif. L’élément qualitatif,
l’authenticité prime sur ce qui pourrait être quantifié.

Berelson définit l’analyse de contenu comme une technique de recherche
pour la description objective, systématique et quantitative, du contenu ma-
nifeste des communications, ayant pour but de les interpréter. Les mé-

143
144 Méthodologie de la recherche

thodes scientifiques utilisées pour l’analyse du contenu permettent de


mieux comprendre ce qu’il y a dans le texte.

Il existe divers types d’analyse de contenu :

1. L’analyse d’exploration et de vérification d’une hypothèse. Sur le plan
de la systématisation, il faut admettre l’analyse dirigée afin d’éviter le
gaspillage de temps et d’efforts ;
2. L’analyse qualitative, qui repose sur la présence ou l’absence d’une ca-
ractéristique donnée, et l’analyse quantitative, qui recherche la fré-
quence des thèmes, mots, symboles retenus ;
3. L’analyse directe qui s’intéresse uniquement à ce qui est dit, et l’analyse
indirecte qui recherche ce qui est latent sous le langage exprimé.

Certains éléments de la communication (silence, rythme, choix des mots)
caractérisent l’auteur du message qui réalise une communication instru-
mentale, qui agit sur le récepteur, ou qui informe sur l’état de l’émetteur.

Le renouveau de la critique va étendre le principe de l’analyse de contenu,
en allant plus loin, en s’intéressant aux alentours du texte, du mot... selon
les auteurs.

Actuellement, l’analyse de contenu s’est adaptée à des objectifs variés sui-
vant les besoins ou buts. Elle demande beaucoup d’imagination de la part
de l’analyste. Afin d’utiliser correctement les méthodes d’analyse de conte-
nu, il conviendra, pour un texte analysé, de se poser et de répondre à une
série de questions :

1. Concernant la relation entre émetteur/récepteur :

• Qui parle ? (étude de l’émetteur)
• pour dire quoi ? (contenu du message)
• à qui ? (étude du récepteur)
• comment ? (moyens utilisés)
• quel résultat ? (effets du message)

2. À propos du ou des contextes :

• Où ? (espace) (un Iranien ne s’exprime pas de la même ma-
nière à Téhéran ou à Paris)
• quand ? (temps) (le message de Germinal est différent en
1993)

3. Au niveau de l’émetteur, du récepteur et des éventuels observateurs :

• Conscient ?

144
Présentation et choix de quelques méthodes 145

• Inconscient ?

4. Au niveau des groupes auxquels appartiennent ces différents protago-
nistes

• Quelle culture ? (la perception et les catégories varient
d’une culture à l’autre)
• quel groupe ? (un individu réagira de manière différente à
la Splendeur de la Vérité, selon qu’il est catholique ou libre-
penseur)
• quel rôle ? (un individu visionne un film de manière diffé-
rente selon qu’il est simple spectateur ou critique)
• quelles règles ? (on interprète un message de manière différente
selon qu’on adopte la grille de Gritti ou celle de Greimas).

5. À propos du message et du code :

• Analyse formaliste, structurale, syntagmatique, paradigma-
tique, sémiologique ?
• Interprétation symbolique, herméneutique ?
• Association libre ou amplification ?

etc.

L’analyse de contenu et l’interprétation d’un message sont liées à divers
points de vue relatifs : ceux de l’émetteur, du récepteur, de l’observateur,
des différents groupes et cultures auxquels appartiennent ces trois acteurs,
des fonctions et des règles auxquelles ils sont soumis, du message lui-
même, de son code, des autres messages dans lesquels celui-ci vient
s’imbriquer, des paradigmes, du lieu, du temps, du contexte, etc.

Étapes techniques de l’analyse de contenu

Toute observation peut nous amener à formuler des hypothèses. Une ana-
lyse de contenu est un moyen scientifique destiné à vérifier nos hypo-
thèses, à en quantifier le degré de véracité et à en dégager une loi plus gé-
nérale. Une fois notre hypothèse exprimée, il nous faut rechercher un
échantillon représentatif de faits observables proportionnel à la réalité.
Toute notre analyse se fera sur base de cet échantillon ; il est donc indis-
pensable qu’il réponde à ces critères. Ensuite, nous allons décomposer
notre hypothèse en catégories significatives de manière à ce que leur
nombre soit le plus restreint possible, et que chaque élément de notre
échantillon trouve sa place dans une et une seule de ces catégories. Celles-
ci peuvent concerner le contenu. Afin de quantifier nos échantillons, nous
déterminerons des unités d’analyse (phrase, mot, surface, temps...) et con-
vertirons tous nos éléments. Plus il y a d’unités d’analyse, plus notre étude

145
146 Méthodologie de la recherche

sera pertinente. Il nous reste alors à placer la valeur (en unité d’analyse) de
chaque élément de notre échantillon dans la colonne de la catégorie à la-
quelle il se rapporte, puis à faire le total de ces colonnes. Les résultats ob-
tenus sont alors comparés pour confirmer ou infirmer nos hypothèses, et si
possible, en dégager des lois au champ d’application plus général. L’analyse
de contenu est une science sociale et est donc sujette à des appréciations
tant qualitatives que quantitatives. Mais sa valeur dépend avant tout de la
formulation des hypothèses, du choix de l’échantillon et de la conception
des catégories.

146
147

Chapitre X

Herméneutique et
interprétation des résultats

L’herméneutique

L’herméneutique est la méthode de l’interprétation des textes anciens. Son
but est de faire une théorie générale de l’interprétation des textes.
L’herméneutique existait déjà avec Aristote qui disait : « dire quelque chose
de quelque chose, c’est déjà dire autre chose, interpréter ».
L’herméneutique moderne souligne la pluralité des sens, « le sens apparaît
multiple et changeant comme la vie même » et donc « il n’y a pas
d’herméneutique générale [...], mais des théories séparées » (ENCYCLOPAE-
DIA, UNIVERSALIS).

L’herméneutique souligne le fait qu’il y a toujours un rapport essentiel
entre ce qui est exprimé directement et indirectement dans un texte. Pour
pouvoir interpréter convenablement un texte, il faut être du même monde
historique, avoir un intérêt commun entre l’homme et le texte.

Le problème essentiel de l’herméneutique est qu’il y a des interprétations
différentes de mêmes textes (voir analyse de contenu et interprétation dans
le chapitre X)

Les conditions et les limites de l’interprétation


(ECO, 1992, pp. 235-285)

Les conditions minimales de l’interprétation
(ECO, 1992, pp. 235-252)

Il n’est question d’interprétation que s’il y a communication. Cette inter-
prétation va s’établir à partir de systèmes de signes résultant de la combi-
naison de plusieurs systèmes syntaxiques.
148 Méthodologie de la recherche

Pourra être interprétée, toute séquence permise par le système syntaxique


et procédant de l’association de ce système avec un système sémantique
(par exemple l’Eau se définit également par H2O, un liquide potable trans-
parent, un échantillon d’eau ou une image représentant l’eau). Il s’agit d’un
processus infini, mais il est toujours possible de contester les expressions
d’un système de signes donné ainsi que de déterminer les interprétations
les plus appropriées au contexte. Un système de signes est réversible au
niveau de l’interchangeabilité des rôles d’expression et de contenu, mais la
proposition « Eau signifie H2O » et la proposition « H2O signifie eau » ne
délivrent pas la même information.

Distinction sémiosis/sémiotique
(ECO, 1992, p. 238)

La sémiotique est un discours théorique sur la sémiosis, dont elle définit la
nature et la variété des phénomènes. S. Peirce envisage l’interprétation
comme une action ou une influence caractérisée par la relation d’un signe,
d’un objet et d’un interprétant. À partir de ce principe, Umberto Eco déli-
mite le phénomène sémiotique :

1. Un objet donné ou état du monde : Objet dynamique pour Peirce, et qui
pourra être remplacé par son interprétation ;
2. Représenté par un representamen : Objet immédiat (par exemple : rose)
c’est-à-dire une expression matérielle telle qu’un mot, un signe... dont
3. Le signifié fera office d’interprétant : paraphrase, signe équivalent, dis-
cours... (par exemple : fleur rouge) constituant lui-même un autre repre-
sentamen.

Tout phénomène est sémiotique à partir du moment où il est considéré
comme signe d’une autre chose (par exemple : s’il y a de la fumée alors il y
a du feu), et si l’objet appartient à un système de signes (ce qui n’est pas le
cas de l’être humain).

Contrairement à la relation de cause-effet stimulus-réponse — où, selon un
processus dyadique, A implique B, A et B coexistant et pouvant se déduire
l’un de l’autre —, le processus sémiotique est toujours triadique : l’élément
absent (A ou B) sera découvert à l’aide d’une troisième notion « C », le code
ou le processus d’interprétation déployé à partir du code.

L’interprétation nécessite une décision d’interpréter et exige qu’une ex-
pression reçue soit analysée en fonction d’un système de signe donné.

Modèle triadique et modèle dyadique
(ECO, 1992, pp. 243-247)

148
Herméneutique et interprétation des résultats 149


Pour différencier les comportements humain et biologique, Umberto Eco
établit deux modèles abstraits :

1. Dyadique : A provoque B sans intermédiaire : C tient lieu de l’espace de
l’indétermination supposée tandis que le non-espace entre A et B de-
vient un espace de détermination inévitable ;
2. Triadique : A et B sont séparés par une série imprévisible et potentielle-
ment infinie de C ; ce modèle s’applique généralement aux processus
biologiques. C’est dans cet espace C que se définissent les contextes
communicatifs, nécessaires à l’élaboration de tout bon système de
signes et exigeant la notion de conscience. D’où l’importance du proces-
sus inférentiel de la sémiotique permettant d’identifier des contextes in-
connus et de réorganiser son réseau d’informations : l’abduction, qui
consiste à formuler une nouvelle règle en regard des expériences pas-
sées. Cette hypothèse tend à devenir loi et joue un rôle essentiel dans
l’explication d’événements communicatifs ambigus — homonymes...

La reconnaissance est un processus triadique par lequel on reporte sa per-
ception actuelle x1 (par exemple, un visage qu’on a connu) et sa perception
passée x2 à un type abstrait, mental x (le visage dont on n’a perçu que
quelques traits pertinents, pertinence dont les critères ne répondent à au-
cune règle). Dans les processus sémiotiques, les critères de reconnaissance
sont fonction du contexte. Les traits pertinents de l’objet peuvent être
structurés par des modèles de deux types utilisant des supports et des ré-
seaux de relations différents :

• Le modèle à l’échelle reproduit la forme de l’objet original.
• Le modèle analogique reproduit des structures abstraites ou des sys-
tèmes de relations ; il est donc indispensable de connaître les propriétés
de ce modèle.

Par exemple, une carte géographique se définit comme un modèle à
l’échelle comprenant des éléments de modèle analogique.

Trois types d’abduction
(ECO, 1992, pp. 248-281)

Dans sa recherche d’un type de division performant pour formuler une dé-
finition correcte, Aristote avance diverses notions :

1. Définir un item (S) c’est fournir un genre et une différence spécifique
(M). M permettant à S de détenir des caractéristiques de P (autre item).
2. Il pose une différence entre une définition et un syllogisme : le syllo-
gisme est un raisonnement qui prouve qu’un objet ou un fait existe. Une

149
150 Méthodologie de la recherche

définition se limite à dire ce qu’il est (et pas qu’il existe). Cependant, dire
ce qu’il est signifie aussi dire pour quoi il est, et donc connaître la cause
de son existence. Cette cause sera prise comme le moyen terme du syl-
logisme, ce dernier permettant d’inférer l’existence de l’objet. Notons
que souvent on trouve diverses causes à son existence, il faut alors choi-
sir la cause finale. Ceci pose un fait : définir, c’est isoler le moyen terme,
la cause, ce qui implique un choix, c’est-à-dire décider de ce qui doit être
expliqué. Décision prise, il faut alors « poser une règle telle que, si le ré-
sultat qu’on veut expliquer était un cas de cette règle, ce résultat ne se-
rait plus surprenant. » La définition sera valable si et seulement si tous
les S qui sont P sont M.

Il n’y a pas de réelle différence entre le modèle d’inférence d’Aristote (per-
mettant de formuler une définition) et l’hypothèse ou abduction de Peirce.
Tous deux cherchent à dire ce qu’est un objet en expliquant, par hypothèse,
pourquoi il est comme il est. Hypothèse devant être confirmée. Remar-
quons qu’Aristote n’identifie pas ce travail définitoire à l’apagogie alors que
Peirce identifie l’abduction à cette dernière.

Selon Peirce, il y a une différence entre induction et hypothèse.

• L’induction est l’inférence d’une règle à partir d’un cas et d’un résultat.
• L’hypothèse est l’inférence du cas à partir d’une règle et du résultat. On
sait que règle et cas sont corrélés, il faut alors trouver un bon moyen
terme, car il est l’élément clé du processus inférentiel.

Notons que certaines règles, par leur évidence, nous permettent de choisir
un moyen terme parmi tant d’autres, privilégiant l’explication la plus éco-
nomique.

Il existe quatre types de raisonnement inférentiel :

1. Hypothèse ou abduction hypercodée : dans ce cas, on isole une règle,
une loi déjà codifiée à laquelle un cas est corrélé par inférence. L’hypo-
thèse se résume en une activité de décodage, on remarque un phéno-
mène, on le reconnaît comme appartenant à un tel type grâce à un tra-
vail d’interprétation et de confrontation à des lois connues et prééta-
blies. L’importance du contexte n’est pas à négliger. Exemple : je re-
marque des traces sur le sol, je les reconnais comme étant celles de sa-
bots de cheval, car le manuel de boy-scout m’a appris que le fer posé sur
le sabot du cheval en était la cause. On peut relever différents phéno-
mènes :

1.1. Des symptômes : le phénomène est dû à une force extérieure ayant
agi sur la matière.

150
Herméneutique et interprétation des résultats 151

1.2. Des indices : des objets laissés par un agent sur un lieu, me permet-
tant de trouver la nature de cet agent.

2. Abduction hypocodée : lorsqu’on est face à de multiples faits décodés,
n’ayant au premier abord aucun lien entre eux, nous sélectionnons une
règle, un topique textuel visant à organiser les divers faits en une sé-
quence cohérente. Cette règle est choisie parmi d’autres règles, tout
aussi probables, que nous propose la connaissance du monde. On opère
un choix de règles parmi d’autres ce qui prouve qu’il n’y a aucune certi-
tude quant à l’exactitude de l’explication avancée.

3. Abduction créative : dans ce cas-ci, la règle n’est pas préétablie, elle doit
être inventée et dépend de la créativité de l’individu. C’est le cas des
déductions de Sherlock Holmes. Il s’invente un monde textuel en fonc-
tion de ses critères esthétiques qui guident son intuition, le but étant de
deviner la nature, la cause d’un résultat. (Mme X serait la meurtrière ?)
On comprend que la règle avec laquelle il a organisé les divers indices ne
soit pas légion.

4. Meta-abduction : elle concerne uniquement les abductions créatives.
Dans ce cas, on décide si l’histoire, le monde textuel créé est identique
au monde réel. Cette décision est due à une rationalisation et à une
croyance en l’infaillibilité de sa propre abduction créative. Cette meta-
abduction ne s’effectue pas avec les hypothèses et abductions hypoco-
dées puisqu’elles se basent sur des lois déjà contrôlées dans notre
monde. Holmes confronte sans cesse ses abductions créatives à la réali-
té ; il y retrouve une parfaite concordance entre les deux.

Sémantique, pragmatique et sémiotique du texte
(ECO, 1992, pp. 286-386)

La sémiotique est constituée de trois branches différentes qui sont nom-
mées : sémantique, syntactique et pragmatique. Le risque d’indépendance
de ces trois sciences représente un danger.

La sémiotique ne s’occupe pas de l’étude d’un type particulier d’objets,
mais d’objets ordinaires en tant qu’ils participent à la sémiosis qui, en
termes peircéens, est une action qui implique une implication de trois su-
jets : le signe, son objet et son interprétant, telle que cette influence trirela-
tive ne puisse en aucun cas se résoudre en actions entre couples.

Selon Morris, les éléments contextuels qui ont un rôle dans une interaction
linguistique sont des termes non strictement sémiotiques. Or, cette as-
somption contraste avec sa sémiotique, car celle-ci concerne les phéno-
mènes linguistiques, mais aussi tous les systèmes de signes.

151
152 Méthodologie de la recherche


L’étude pragmatique du contexte de l’interaction verbale ne peut être
qu’enrichie par une sémantique des langages non verbaux.

Dans ce qui oppose la langue et les autres systèmes non verbaux, la prag-
matique, au lieu d’être une science avec son propre objet exclusif est da-
vantage l’une des dimensions d’une recherche sémiotique plus générale. Il
est important de savoir que la sémiotique étudie non seulement la struc-
ture abstraite des systèmes de significations, mais aussi les processus au
cours desquels les usagers appliquent pratiquement les règles de ces sys-
tèmes afin de communiquer. Même si l’on a l’impression que la sémantique
concerne les systèmes de signification alors que la pragmatique traite des
processus de communication. L’opposition signification/communication ne
recouvre pas entièrement l’opposition sémantique/pragmatique.

On peut constater que les approches sémantiques et pragmatiques sont
étroitement liées. En effet, la sémantique (qui est une branche de la sémio-
tique) traite de la signification des signes et il existe une pragmatique de la
signification et une pragmatique de la communication. Même dans les
définitions classiques les plus abstraites de la signification, on trouve des
éléments pragmatiques.

Pour Umberto Eco, les définitions du signe prennent en compte le rapport
entre expressions et la relation mentale de l’interprète. Il y a donc une
toute nouvelle approche sémiotique unifiée entre signification et communi-
cation.

Sur la présupposition
(ECO, 1992, pp. 307-342)

Étant donné que la notion de présupposition ne définit pas une série de
phénomènes grammaticaux homogènes, elle n’est qu’un artifice de la théo-
rie linguistique et ne peut être expliquée que d’un point de vue discursif.

La distinction du genre de phénomènes présuppositionnels relève d’une
distinction linguistique du signifié. Certaines informations sont en effet plus
importantes que d’autres :

• d’une part, il y a l’information placée sur le fond du discours, à savoir le
cadre contextuel constitué par le signifié présupposé de l’énoncé, accep-
té implicitement par l’émetteur et le destinataire ;
• d’autre part, il y a l’information placée en relief du discours, à savoir le
signifié affirmé.

Parmi ces phénomènes présuppositionnels, on distingue :

152
Herméneutique et interprétation des résultats 153


• les présuppositions lexicales véhiculées par les termes-p pourvus dès le
départ d’un pouvoir présuppositionnel et auquel pourrait contextuelle-
ment se référer un schéma d’action ;
• les présuppositions existentielles ou contextuelles insérées dans le pro-
cessus communicatif ainsi que dans des énoncés référentiels et acqué-
rant un pouvoir présuppositionnel.

Par ce pouvoir présupposionnel, les termes et énoncés acquièrent un pou-
voir positionnel c’est-à-dire le pouvoir d’imposer des présuppositions et
donc un processus de contextualisation et d’identification des informations
données par l’émetteur.

Mais la nature de ce pouvoir positionnel est différente selon le type de pré-
supposition : il peut, soit être lié, pour les termes-p, à une description sé-
mantique ou soit, pour les énoncés, à un contrat fiduciaire établit entre
l’émetteur et le destinataire que l’on appelle principe coopératif permettant
l’échange entre ceux-ci.
En matière de probabilité, le cadre de fond est moins propice à la contesta-
tion alors que le relief l’est plus. En effet, puisque le cadre de fond est pour-
vu d’un pouvoir positionnel, le nier reviendrait à changer la topique tex-
tuelle.

Sémiosis illimitée et dérivée
(ECO, 1992, pp. 369-383)

On peut définir deux idées d’interprétations d’un texte :

• La première selon laquelle on tente de comprendre la signification vou-
lue par l’auteur.
• La seconde selon laquelle il n’existe pas une seule et unique interpréta-
tion d’un texte, mais bien une infinité d’interprétations.

La dérive hermétique peut être principalement caractérisée par son habile-
té à glisser de signifié à signifié, de ressemblance à ressemblance, d’une
connexion à une autre. Quant à la sémiosis hermétique, elle affirme que
n’importe quoi agit en sorte que toute chose se connecte à toute autre
chose.

Selon Pierce, un signe est quelque chose par la connaissance duquel nous
connaissons quelque chose d’autre. Cela veut dire que plus le signe reçoit
de déterminations, plus la connaissance — au sens piercéen — est grande.
Il y a croissance du signifié. On s’approche alors d’une connaissance ma-
jeure du contenu de la représentation. Mais, on n’arrive pas à la connais-
sance totale et finale, car la sémiosis est illimitée. Cependant, nos objectifs

153
154 Méthodologie de la recherche

cognitifs jouent un rôle dans la réduction du nombre infini de possibilités. Il


y a alors construction d’un univers du discours déterminé et donc limité.

Derrida nie, lui aussi, l’idée d’un signifié absolu et unique. Il affirme que le
pouvoir du langage s’étend plus loin que ce qu’il prétend dire littéralement.
Il soutient aussi l’idée qu’un signifié glisse vers un autre signifié dans une
chaîne sans fin. Pierce est convaincu que l’interprétation est infinie ou en-
core qu’il existe une infinité d’interprétations. Il admet cependant qu’il est
possible d’affirmer quelque chose, et ce uniquement à l’intérieur d’un uni-
vers du discours donné et limité.

Tout acte sémiotique est déterminé par un Objet dynamique. Cet objet peut
être un élément du monde physique ou encore un sentiment, une pensée...

L’Objet textuel est ce qui est écrit par l’auteur. Il devient un Objet dyna-
mique à partir du moment où il prend son indépendance vis-à-vis de
l’auteur. Il deviendra ensuite Objet immédiat lors de l’interprétation du
texte. On ne peut donc dire d’un Objet dynamique qu’il est objectif (car on
le perçoit à travers un Objet immédiat).

Pierce ne peut évoquer l’idée du signifié sans une référence à un but.
L’habitude est également un élément important qui arrête le processus
sans fin de l’interprétation. La reconnaissance d’une habitude implique
l’existence d’une communauté. La connaissance appartient à une commu-
nauté et cette connaissance constitue la réalité.

Lorsqu’une communauté décide d’une interprétation donnée, il y a création
d’un signifié intersubjectif (il ne sera en effet jamais objectif). Celui-ci est
alors privilégié par rapport à tout autre signifié. Ces notions socialement
partagées sont reconnues par la communauté comme étant vraies. Il y a
accord sur le type d’objet dont elle s’occupe. IL y a dès lors présence d’un
noyau d’idées communes.

154
155

Conclusion

Possibilités et limites
de la connaissance



La connaissance de la connaissance
(MORIN, 1986, pp. 9-30)

L’abîme

Afin d’appréhender la connaissance de la connaissance, Edgar Morin prend
en compte six éléments :

1. La demande : La connaissance repose sur la recherche possible de la
connaissance.
2. L’inconnu de la connaissance : on ignore ce que signifie connaître,
quand on interroge la connaissance, elle se multiplie.
3. Le multidimensionnel et l’inséparable : la connaissance nécessite un
cerveau et une culture pour se développer en différents processus.
4. La brisure : entre les savoirs permettant la connaissance de la connais-
sance.
5. La pathologie du savoir : le processus augmente les connaissances, pro-
duit de nouvelles ignorances sur les savoirs existants et engendre un
nouvel obscurantisme.
6. La crise du fondement de la connaissance : elle a commencé au XIXe
siècle avec Nietzsche et Heidegger. Au XXe siècle, la science pensait
avoir trouvé le fondement empirico-logique de la vérité. À la suite de la
découverte de l’absence de tels fondements par Karl Popper, cela abou-
tit à un constat d’échec.

156 Méthodologie de la recherche

Du méta-point de vue

Edgar Morin propose de passer de la notion de sciences cognitives à celle de
science de la cognition en partant des exigences fondamentales suivantes :

1. L’ouverture bio -anthropo-sociologique : la relation entre la société et la
vie est concernée par la connaissance de la connaissance.
2. La réflexivité permanente : science et philosophie.

• Origine philosophique de la connaissance de la connaissance : la ré-
volution copernicienne de Kant fait de la connaissance l’objet cen-
tral de la connaissance de la connaissance.
• De la philosophie à la science : les recherches scientifiques sur la
connaissance sont confrontées aux mêmes problèmes que ceux po-
sés par Kant et la philosophie (relation corps-esprit).
• Il faut effectuer le difficile dialogue entre réflexion subjective et
connaissance objective.

3. La réintégration du sujet : le sujet connaissant devient objet de sa con-
naissance tout en demeurant sujet afin de considérer de manière objec-
tive le caractère subjectif de la connaissance.
4. La réorganisation de l’épistémologie : considérons les sciences cogni-
tives comme objets de l’épistémologie et vice-versa. But : établir une re-
lation entre eux pour accéder à la connaissance de la connaissance et
réorganiser le savoir. L’épistémologie complexe examine les instruments
de connaissance et les conditions de production de ces instruments.
5. Le maintien de l’interrogation radicale : il est impossible de fonder et
d’achever la connaissance.
6. La vocation émancipatrice : prendre conscience des conditions de pro-
duction et d’organisation de la connaissance. Plus la connaissance les
connaît, mieux elle peut s’en détacher. Toute connaissance a besoin de
se réfléchir : pas de connaissance sans connaissance de la connaissance.

L’aventure

L’aventure cognitive s’articule selon trois principes :

1. Le tabou et la résignation : imposés par les perversions de l’organisation
disciplinaire de la connaissance. Il faut revendiquer le droit de traiter des
problèmes.

156
Conclusion 157

2. Le mot « Méthode » : « La Connaissance de la connaissance » est une


aide à la stratégie. Le but de la méthode est d’aider à penser par soi-
même pour répondre au défi de la complexité des problèmes.
L’opérateur de la connaissance doit devenir en même temps l’objet de la
connaissance.
3. L’inachèvement : Vu les lacunes de notre culture, nous devons prendre
conscience de l’inachèvement du savoir et donc de notre travail.

L’animalité de la connaissance
(MORIN, 1986, pp. 53-67)

L’appareil neuro-cérébral

Le développement du cortex puis du néocortex différencie le cerveau le
plus évolué (homo sapiens) de celui des invertébrés. Notre tissu nerveux se
différencie à partir de l’ectoderme donc, il s’est formé à partir
d’interactions avec le monde extérieur. Une boucle autogénératrice allant
des neurones de la perception (sensorium) aux neurones de l’action (moto-
rium) a créé le cerebrum, centre de computations traitant la connaissance,
l’action et les interactions connaissance/action. Bien que dépendant de ces
neurones, le cerveau les commande, car si l’action et la connaissance sont
distinctes, elles sont en même temps impliquées l’une à l’autre. Les déve-
loppements du cerebrum sont inséparables de celui :

1. D’un code/langage ;
2. De relations interindividuelles ;
3. De stratégies collectives d’attaque et de défense ;
4. De la transmission d’informations ;
5. De l’acquisition de connaissances auprès d’autrui ;
6. Des procédures de vérification des événements.

La sensibilité transforme les événements extérieurs affectant l’être en évé-
nements intérieurs et l’affectivité projette en manifestations extérieures les
événements intérieurs agitant l’organisme.

157
158 Méthodologie de la recherche

La connaissance cérébrale

Il s’agit d’une mégacomputation de microcomputations (neuronales), de
mésocomputations (régionales) et d’intercomputations (entre neurones et
entre régions). Cette computation cérébrale constitue un computo (acte
auto -exoréférent) et dispose :

1. D’une double mémoire (héréditaire et acquise) ;
2. De terminaux sensoriels divers qui lui fournissent les informations ;
3. De principes spécifiques qui organisent la connaissance dans un conti-
nuum spatio-temporel.

Dès lors, l’appareil neuro-cérébral perçoit analytiquement puis développe
une représentation.

Apprendre : c’est acquérir des savoir-faire et faire acquisition de savoir.
Une forte compétence cérébrale (innée) procure l’aptitude à acquérir.
Donc, plus il y a d’inné et plus il y a aptitude à acquérir. La connaissance
cérébrale nécessite des stimuli de l’environnement pour se développer.
Donc l’inné est à la fois un acquis et un construit du processus évolutif cé-
rébral.

Stratégies cognitives : modifications, selon le surgissement des événements
ou la réception d’informations, de la conduite de l’action envisagée. Elle
suppose donc :

• l’aptitude à entreprendre ou à chercher dans l’incertitude en tenant
compte de l’incertitude ;
• l’aptitude à modifier l’action en fonction de l’aléa et du nouveau.

Il est donc utile à la stratégie de disposer de séquences programmées
(automatismes) qui agissent lorsqu’il n’y a ni choix, ni aléa, ni nouveau. Les
stratégies cognitives ont pour mission :

• d’extraire des informations de l’océan du « bruit »
• d’effectuer la représentation correcte d’une situation
• d’évaluer les éventualités et d’élaborer des scénarios d’action

La définition shannonienne de l’information-résolution d’une incertitude
correspond à la connaissance en milieu écologique. Le développement des
choix/décisions nécessite le développement des connaissances.

C’est là qu’intervient le choix entre simplification :

1. Sélectionner ce qui présente de l’intérêt pour le connaissant ;

158
Conclusion 159

2. Computer le stable et éviter l’incertain, l’ambigu ;


3. Produire une connaissance traitable pour et par l’action.

et complexification :

1. chercher à tenir compte au maximum d’informations concrètes
2. Chercher à reconnaître et computer le variable, l’ambigu et l’incertain.

Curiosité : les jeunes mammifères en particulier sont animés par une pul-
sion cognitive, dépourvue d’utilité immédiate, que l’on peut nommer curio-
sité, c’est-à-dire le plaisir et le désir de connaître. Cette curiosité animale
mène à notre esprit de recherche et curiosité intellectuelle. Au cours de
l’hominisation, le développement de la connaissance et de l’intelligence ne
peut éluder celui des interactions sociales.

L’esprit et le cerveau
(MORIN, 1986, pp. 69-84)

On peut résumer le débat sous la forme de l’opposition entre le matéria-
lisme et le spiritualisme. Sur le plan cérébral, le spiritualisme fut obligé
d’accepter le rôle du cerveau, du moins comme « antenne » captant les
messages informationnels et psychiques. Ainsi, se conclut entre le cerveau
et l’esprit un dualisme collaborateur un peu contraint : l’unidualité esprit-
cerveau. On ne peut que soutenir cette reconnaissance des deux réalités,
parce que l’une et l’autre sont inséparables et nécessaires. Cela nous en-
traîne à considérer une double subordination :

1. Dépendance de l’esprit par rapport au cerveau. Un manque d’une sorte
de complexe moléculaire cérébral peut provoquer certains états psycho-
logiques comme la dépression ;
2. Dépendance du cerveau par rapport à l’esprit. Certains maux de l’esprit
peuvent se répercuter sur le corps (psychosomatiques).

Malgré une relative autonomie des deux termes, s’établit un cercle à effet
mutuel où le cerveau ne peut se définir que via l’esprit et l’esprit ne peut se
concevoir que par le cerveau. L’émergence de l’esprit nécessite la présence
d’une culture et à travers elle, d’un langage. Mais, quels arguments peuvent
nous aider à démonter la disjonction entre la matière et l’esprit :

1. Argument d’ordre physique : l’information (au sens de Shannon),
l’énergie et l’organisation ne peuvent être réduites ni à un élément im-
matériel ni matériel ;
2. Argument d’ordre biologique puisque l’être et le connaître sont réunis
dans la computation.

159
160 Méthodologie de la recherche

En se basant sur les acquis des paragraphes précédents, on peut déterminer


que le cerveau, système neuro-cérébral, développe et métamorphose chez
l’homme les computations en pensées par le langage. Mais le cogito (pen-
sée) et le computo (computation) sont indissociables. La pensée émerge au
sein de l’esprit, en même temps que la conscience acquise par l’homme à
propos de ce qu’il sait et ce qu’il est. Ainsi, le cerveau dont l’évolution abou-
tit à la naissance de l’esprit n’en reste pas moins une description-
représentation produite par l’esprit, organisateur essentiel pour la connais-
sance et l’action. Tout ce système hétérogène est rassemblé par l’unité de
la computation qui permet que les stimuli extérieurs deviennent des idées.
Il faut reconnaître que le dynamisme récursif cerveau-esprit (qui se confond
avec celui de computo-cognito) construit l’homme comme être sujet de
connaissance.

Les limites, incertitudes, et misères de la connais-


sance
(MORIN, 1986, pp. 222-228)

Les problèmes des incertitudes relèvent des conditions fondamentales de la
connaissance. Les sources d’incertitudes sont multiples :

1. Incertitudes inhérentes à la relation cognitive (sépara-
tion/communication/traduction) :

1.1. Ces incertitudes viennent de notre incapacité à connaître autre-
ment que par computation de signes/symboles, ce qui rend incer-
taine la nature profonde de la réalité ;
1.2. Ces incertitudes viennent aussi des risques d’erreur liés à toute
communication ;
1.3. Elles viennent enfin des risques d’erreur et de déformation liés à
toute traduction.

2. Incertitudes relevant de l’environnement. Celui-ci comporte des évé-
nements aléatoires, et il est difficile de décider si un phénomène aléa-
toire obéit ou non à un déterminisme.

3. Incertitudes liées à la nature cérébrale de la connaissance. Ces incerti-
tudes viennent :

3.1. De la clôture relative de l’appareil cognitif ;
3.2. De nos limites sensorielles ;
3.3. De la multiplicité des intercommunications et des intertraductions
cérébrales ;

160
Conclusion 161

3.4. de la nature de la représentation, étant donné :



3.4.1. Les soustractions et additions qu’effectue la perception par
rapport aux messages sensoriels ;
3.4.2. La composante hallucinatoire de la perception ;
3.4.3. La composante hystérique de la représentation ;
3.4.4. L’unité du réel et de l’imaginaire au sein de la représenta-
tion ;
3.4.5. Les attentions sélectives et les rationalisations d’origine cul-
turelle au sein même de la représentation ;
3.4.6. Les infidélités, oublis et déformations de la mémoire.

4. Incertitudes relevant de l’hypercomplexité de la machine cérébrale
humaine. Ces incertitudes viennent :

4.1. Des instabilités dialogiques entre les deux hémisphères (notam-
ment dans la relation analyse/synthèse, abstrait/concret) et entre
les trois instances (pulsions, passion, raison) ;
4.2. Des risques inévitables que doivent prendre les stratégies cogni-
tives dans les situations complexes comportant aléas innombrables
et interrétroactions enchevêtrées ;
4.3. De la difficulté de doser la nécessité de simplifier (pour atteindre
rapidement un objectif) et de complexifier (pour tenir compte de
tous les aspects d’une situation).

5. Incertitudes relevant de la nature spirituelle de la connaissance. Ces
incertitudes viennent :

5.1. De la nature même des théories, y compris scientifiques ;
5.2. De l’ignorance du prix par lequel se paie la connaissance théorique ;
5.3. Des limites et des insuffisances de la logique ;
5.4. Des paris que nulle pensée ne saurait éviter de faire ;
5.5. Des conflits toujours renaissants entre l’empirique et le rationnel ;
5.6. Des tendances toujours renaissantes à l’idéalisme et à la mythologi-
sation ;
5.7. Des interactions et interférences inconscientes entre la pensée em-
pirique/rationnelle et la pensée symbolique/mythologique.

6. Incertitudes relevant de l’égocentrisme inhérent à toute connaissance.

7. Incertitudes relevant des déterminations culturelles et sociocentriques
inhérentes à toute connaissance.

Ainsi la connaissance comporte des relations d’incertitude et un risque
d’erreur. Il existe des trous noirs de la connaissance qui tiennent :

161
162 Méthodologie de la recherche

1. À la nature et à la structure du cerveau (séparations et dialogiques entre


les diverses instances cérébrales) ;
2. À l’unidualité esprit/cerveau ;
3. À la multiplicité virtuelle des personnalités au sein de soi-même ;
4. À la nature même de la conscience, toujours épiphénoménale et d’une
certaine façon séparée de nous-mêmes.

Les vérificateurs
(MORIN, 1986, pp. 227-228)

La connaissance et la pensée disposent de moyens multiples pour contour-
ner les limitations, travailler avec l’incertitude, reconnaître les trous noirs,
surmonter les carences et mutilations. Elles disposent :

1. Du contrôle environnemental ;
2. De moyens pratiques d’investigation, prospection, observation, manipu-
lation, expérimentation, vérification ;
3. Des possibilités d’échanges interindividuels ;
4. Du contrôle logique ;
5. De l’aptitude critique ;
6. De la conscience réflexive ;
7. Du pouvoir d’organisation complexe propre à la pensée, qui permet de
lier dialogiquement la lutte contre la certitude (destructions d’illusions
ou d’erreurs) à la lutte contre l’incertitude (acquisition de certitudes).

162
163

Sources


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1974 Épistémologie, Paris, Presse Universitaire de France,
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1989 Les Vedettes du catalogue-auteurs. Choix, forme et


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1960 Questions de méthode. Paris, Gallimard, coll. idées,
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1978 b Presses Universitaires de Bruxelles, 3 fascicules.
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1987 L’interprétation des contes de fées, (1re éd. 1979,


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Pierre.


165
166 Méthodologie de la recherche

166
Table des matières 167

TABLE DES MATIÈRES



Sommaire 5

Introduction : Descriptif du cours 7

première partie : La phase préparatoire 11

Chapitre I : la démarche scientifique 13

Introduction 13
Les différents types de sciences 14
Travaux scientifiques et mémoire de fin d’études 15
Choix du sujet, du genre et de l’espèce, et du ou des promoteurs
de mémoire 29
Critères d’évaluation pour le mémoire et les travaux scientifiques 31

Chapitre II : la recherche documentaire 37

Introduction 37
La manière pratique 38
La méthode scientifique 38
Les outils documentaires 41
Le fonctionnement interne des bibliothèques 47

Chapitre III : écriture académique, apparat critique et bibliogra-
phie 51

Écriture académique 51
L’apparat critique 54
Sources 57

Deuxième partie : la mise en œuvre 63

Chapitre IV : problèmes d’épistémologie 65

Introduction 65
Le rationalisme appliqué 66
Le matérialisme technique 67
La psychanalyse de la connaissance objective 69
La logique de la découverte scientifique 70
La falsifiabilité 74
Le problème de la base empirique 75
168 Méthodologie de la recherche

Les degrés de falsifiabilité 75


La simplicité 77
Conclusions 77

Chapitre V : quelques principes de la méthode scientifique 79

Le problème d’une théorie de la méthode scientifique 79
De quelques principes de la méthode scientifique 80
Les théories 83
Conclusions 85

`Chapitre VI : les étapes de la recherche, la formulation d’une
hypothèse et la notion de modèle 87

Les étapes classiques de la recherche 87
Les conditions de l’observation 87
L’hypothèse 89
Le modèle 91
La simulation 92

Chapitre VII : l’élaboration du plan de travail 95

Les niveaux de la recherche et le plan de travail 95
La déduction 96
L’induction 96
L’amplification 97

Chapitre VIII : l’élaboration de concepts 99

Définition du concept 99
Le plan d’immanence 100
Concept et définition 100
Concepts et fonctifs 101
Concepts et prospects 102
Concept, percept et affect 102
Du chaos au cerveau 103
Communication et fonctions psychiques 104
9.9. Conclusions : fonctions psychiques et plans 106

Chapitre IX : présentation et choix de quelques méthodes 109

Les conflits théoriques de la méthode 109
Comparaison entre méthodes qualitatives et quantitatives 110
Méthodes proposées pour atteindre l’explication 111
Utilisation des mathématiques 115
Théorie et recherche dans les sciences sociales 117

168
Conclusion 169

Les enquêtes 119


L’interview et l’entretien 121
Le questionnaire 126
Les tests 130
Les techniques de mesure des attitudes : les échelles 133
La technique du panel 135
Les techniques d’étude des collectivités et des groupes 136
L’expérimentation en laboratoire 139
Éléments de statistique 142
Les méthodes et techniques pour l’étude de documents 143

Chapitre X : Herméneutique et interprétation des résultats 147

L’herméneutique 147
Les conditions et les limites de l’interprétation 147

Conclusion : possibilités et limites de la connaissance 155

La connaissance de la connaissance 155
L’animalité de la connaissance 157
Les limites, incertitudes et misères de la connaissance 160
Les vérificateurs 162

Sources 163

Table des matières 167

169

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