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Table des matières

INTRODUCTION ..................................................................................................................... 1

CHAPITRE I : LES FONDEMENTS DU S.N.A.T. ............................................................. 2


1) La règle de base.....................................................................................................................2
2) Les principes de l’aménagement : .......................................................................................2

CHAPITRE II : LE PARTI D’AMENAGEMENT ................................................................. 4


1) Les composantes spatiales du Royaume du Maroc : ........................................................5
2) La synergie différentielle : ..................................................................................................7

CHAPITRE III : LA CONSTRUCTION DU S.N.A.T .......................................................... 9


1) Le « fil directeur » : risques et potentialités......................................................................9
2) L’approche systémique : ....................................................................................................10

CHAPITRE IV : LA CARTE ................................................................................................37


1) L’état des lieux :.................................................................................................................37
2) Les éléments de diagnostic :..............................................................................................40
3) Projets et projections :........................................................................................................41

CHAPITRE V : L’APPROCHE REGIONALE...................................................................49


Conclusion : ...........................................................................................................................62
Quelle gouvernance pour aménager le territoire ?.......................................................62
Gouvernance et parti d’aménagement : ...............................................................................64

ANNEXE :...............................................................................................................................66

LA DEMARCHE DE PENSEE DE L’AMENAGEMENT.................................................66

DAT– SNAT I
Introduction

Parvenu au terme du cheminement qui nous a conduit de l’analyse aux propositions


en passant par le bilan, le diagnostic, la définition de la problématique et des enjeux, il
reste à présenter le document graphique, la carte, chargée à la fois d’illustrer et de
résumer l’ensemble de ces considérations. La carte, par elle-même apporte une
dimension supplémentaire indispensable en matière territoriale, mais en même temps
elle ne saurait illustrer la totalité des propositions avancées. Tout n’est pas
cartographiable et il faut utiliser conjointement l’écrit et le dessin.

Ce rapport sera constitué de cinq chapitres :

Les trois premiers exposeront les étapes de la conception, le troisième présentera la


légende de la carte ; on terminera par un bref commentaire régional. On a joint en
annexe le commentaire du graphique illustrant la démarche d’aménagement et qui peut
être considéré comme une composante du SNAT.

- Chapitre I : Les bases du SNAT : le développement durable


et les principes généraux
- Chapitre II : Le « parti d’aménagement »
- Chapitre III : La construction du SNAT : le « fil directeur »
et la présentation systémique
- Chapitre IV : Explicitation de la logique cartographique : la légende
- Chapitre V : Commentaire régional
- Annexe : La démarche de pensée de l’aménagement.

DAT– SNAT 1
Chapitre I :
Les fondements du S.N.A.T.
Nous distinguerons ici la règle fondamentale et les principes d’aménagement :

1°) La règle de base

Le concept fondamental sur lequel repose cette construction est bien évidemment
celui de développement durable. Cela renvoie d’abord à la gestion des ressources, à
commencer par l’eau. On a dit que le mode de développement actuel n’était pas durable
et que la ressource primordiale était malmenée. Mais pour un pays comme le notre
l’exigence du développement durable ne se limite pas à la protection des nappes, des
sols, des couverts végétaux et des espaces fragiles. Il y a par ailleurs un vaste effort à
fournir pour rétablir les équilibres rompus depuis un siècle et pour reconstituer les
couverts végétaux détruits par les guerres ou le surpâturage. Cela concerne la plus
grande partie de notre territoire, tout l’espace saharien et tout l’espace aride du sud et de
l’est. C’est une tache immense et qui mobilisera les efforts de plusieurs générations ;
elle nécessitera un soutien international, tout à fait légitime au demeurant, compte tenu
de l’importance continentale de cette action.

2°) Les principes de l’aménagement :

Cette fois il ne s’agit plus d’une obligation générale, valable en tout point du globe,
mais des choix spécifiques de notre société. Ceux-ci ont été exprimés lors du Grand
Débat National sur l’Aménagement du Territoire, tenu l’an dernier, et ils sont explicités
dans la « Charte de l’Aménagement du Territoire ». Ce document constitue la base
même du S.N.A.T.

Les deux principes fondateurs de la démarche d’aménagement sont l’équité sociale


et l’efficacité économique. La tache première de l’Aménagement du Territoire consiste
précisément à œuvrer sur le terrain afin d’harmoniser concrètement ces deux principes,
qui peuvent fréquemment entrer en contradiction. Disons même que dans la situation où
se trouve aujourd’hui notre pays, les contradictions risquent fort de s’accentuer entre la
contrainte économique, durcie par l’ouverture internationale, et l’exigence sociale,
accentuée par l’accroissement de la population et par l’urbanisation. C’est bien parce
que ces deux exigences sont contradictoires, qu’il y a besoin d’aménagement du
territoire.

S’agissant des besoins de la population, la responsabilité de l’Etat est directement


engagée dans les domaines fondamentaux que sont la santé, l’éducation et la
communication. La règle est l’égalité de traitement des citoyens, sans distinction de
sexe, d’âge ou de statut, étant entendu que cette règle peut s’appliquer de façon
différenciée selon les milieux et les conditions sociales. Ainsi le droit à la santé peut être
satisfait par le secteur public comme par le secteur privé. Mais quelle que soit la formule
utilisée, le principe demeure le même : les gens doivent être soignés, les enfants doivent

DAT– SNAT 2
être scolarisés, garçons et filles, les douars doivent être desservis toute l’année par la
piste ou la route, avoir l’eau potable et l’électricité.
S’agissant du développement économique, le problème ne se pose pas dans les
mêmes termes. La responsabilité de l’Etat est aussi engagée, mais selon un autre mode ;
elle est indirecte. On n’installe pas une unité industrielle comme un lycée. L’industrie
relève du secteur privé et ses localisations obéissent à des règles économiques strictes
qui n’ont rien à voir avec celles des équipements publics. Le rôle de l’Etat n’est pas de
réglementer le développement économique ou de le prendre en charge lui-même, mais
de créer les conditions de ce développement en incitant les acteurs privés à l’initiative,
dans le respect des règles de l’économie de marché. Cette démarche générale se décline
évidemment de manière différente selon les secteurs ; ainsi par exemple, il est clair que
l’agriculture pose un problème particulier comme premier fournisseur d’emplois du
pays ; à ce titre, elle présente une dimension sociale particulièrement forte.

Alors que le domaine des équipements publics relève de l’égalité de traitement des
citoyens, celui de l’économie au contraire implique la différenciation. Chaque territoire
recèle par principe un ou plusieurs potentiels qui ont vocation à être mis en valeur et
pour ce faire, il faut que l’Etat réalise ou impulse un certain nombre d’opérations. Mais
ces potentiels sont de nature et de gabarit très différents selon les lieux et leur impact sur
l’emploi est très contrasté. La mise en valeur de certains potentiels peut même se
traduire par une baisse de l’emploi ; c’est le cas pour les vocations forestières. Par
ailleurs la valorisation des potentiels s’effectue de manière sélective en fonction des
priorités de l’économie nationale ; ainsi la pêche ou le tourisme balnéaire bénéficient
aujourd’hui d’une priorité évidente.

Ajoutons enfin que les potentiels économiques dont il est question ici ne se limitent
pas aux données naturelles ; ils concernent plus encore les potentialités humaines et
urbaines, liées aux savoir-faire, aux équipements, aux grandes infrastructures de
communication.

Penser le territoire, en termes d’aménagement, est un exercice à deux volets ; il


s’agit d’une part de faire le bilan des équipements publics et de proposer des échéanciers
réalistes pour combler les déficits ; il s’agit d’autre part –et c’est beaucoup plus
complexe– de détecter les potentiels de développement susceptibles de s’inscrire dans
les grands objectifs nationaux et de produire des résultats tangibles en termes d’emploi
et de valeur ajoutée – et ce bien évidemment, dans le contexte d’ouverture internationale
qui s’impose désormais à toutes les activités.

La problématique de l’aménagement du territoire réside dans la nécessité de


concilier, aux différentes échelles, les deux logiques qu’il faut respecter, la logique
d’égalisation de l’action publique directe et la logique de différenciation du
développement économique. Ces deux logiques sont contradictoires, ce qui ne veut pas
dire antagonistes. Elles peuvent être « conciliées » par une action conçue et déployée
aux différentes échelles ; et c’est précisément de cela qu’il est question ici.

DAT– SNAT 3
Chapitre II :
Le parti d’aménagement

Pendant des décennies, le concept de base qui servait de parti d’aménagement était
celui de « l’équilibre régional ». Ce concept est dépassé.

C’est un concept statique, qui vise à obtenir un état d’équilibre, alors que la vie
même des territoires est faite d’une constante remise en cause et d’une recomposition
permanente d’ « équilibres » qui ne peuvent être qu’instables, surtout dans une période
de grandes mutations. La marche en avant consiste toujours dans une maîtrise des
déséquilibres.

Le contenu même du concept est déplacé ; ce que l’on appelait l’équilibre régional
était en réalité une volonté de limiter les mouvements migratoires, en faisant en sorte
que chaque région garde sa population ; le souci réel était de freiner les déplacements
vers les villes qualifiés pour la circonstance « d’exode rural ». Tout cela traduisait une
attitude de refus sinon de peur à l’égard de la croissance urbaine. La grande ville était
considérée comme un lieu à haut risque.

Cette conception est erronée de manière générale, mais plus encore dans le cas du
Maroc. Il y a eu malheureusement équilibre régional au cours des trente dernières
années ; l’accroissement de la population rurale s’est entassé sur place, conduisant à un
surpeuplement dramatique dont on ne sait pas encore aujourd’hui comment on va
pouvoir le traiter. Les migrations intérieures sont pour la plupart, des migrations de
courte distance, vers le centre régional proche et il n’y a aucune adéquation entre la
croissance économique et la croissance démographique, contrairement à ce qui
devrait se produire dans un régime de développement « équilibré ».

En appliquant le concept d’équilibre aux rapport entre les régions, on se livre à une
double déformation. On pourrait parler d’équilibre à l’intérieur d’une région, en
confrontant par exemple son potentiel hydraulique et l’exploitation qui en est faite. On
pourrait parler d’équilibre au plan national en confrontant la répartition de la croissance
économique avec celle de la croissance démographique. Mais en aucun cas, on ne peut
comparer deux espaces différents en termes d’équilibre. Cela n’a pas de sens.

Le parti d’aménagement qui sera appliqué ici se définit comme la poursuite d’un
objectif global qui est « la synergie différentielle des composantes spatiales ».

Appliqué à l’échelle locale, ce concept se traduit par une formule simple, qui
constitue en quelque sorte la devise du S.N.A.T. : « De chaque territoire selon ses
potentialités économiques, à chaque territoire selon ses besoins sociaux ».

Appliqué à l’échelle nationale, la synergie différentielle consiste tout à la fois dans


la dynamisation de chaque type d’espace en fonction de ses caractéristiques propres et
dans l’impulsion des relations entre eux – et cela renvoie non pas aux régions, mais aux
composantes spatiales du royaume.

DAT– SNAT 4
1°) Les composantes spatiales du Royaume du Maroc :

L’originalité de l’espace marocain se mesure par comparaison avec son


environnement régional, c’est-à-dire la Maghreb. L’espace maghrébin typique est un
espace binaire, opposant un littoral, ouvert et plus ou moins humide à un intérieur aride ;
d’où le fameux discours d’aménagement qui consiste à déplorer la concentration
littorale, opposée à l’abandon de l’intérieur et qui propose ensuite de « rétablir
l’équilibre ». Nous avons la chance de pouvoir échapper à ce discours aberrant, parce
que ce qui définit l’espace marocain, c’est d’abord d’être un espace à quatre
composantes, deux en position littorale et deux en position continentale : (carte 1 : Les
domaines spatiaux »)

- le domaine atlantique : de Tanger à Lagouira


- le domaine méditerranéen : de Tanger à Saïdia
- le domaine intermédiaire associe le dir à la montagne, selon l’axe Fès-Marrakech
et se prolonge vers l’est par le seuil de Taza.
- le domaine aride, depuis les steppes d’alfa jusqu’au Sahara par le Tafilalt et le
Drâa.
Cette notion de domaine est tout à la fois naturelle et humaine ; c’est une histoire
inscrite dans un cadre physique.

a) Le domaine méditerranéen associe le littoral au versant septentrional du Rif ;


c’est un espace qui a subi le handicap de sa position de marge militaire face à la
chrétienté ; il a joué le rôle de glacis défensif face à la menace extérieure, ce qui a
contribué à figer les structures traditionnelles et à bloquer le développement.

b) Le domaine atlantique a été la grande victime du renversement du rapport de


force international. Depuis la date fatidique de 1.415 (occupation de Sebta par les
Portugais), il a vécu sous la pression négative de l’occident européen, ce qui a stérilisé
l’activité portuaire et conduit à l’enfermement du Maroc. C’est seulement à la fin du
XIXème et surtout au cours du XXème siècle que nous avons retrouvé l’Atlantique et
l’ouverture sur le monde – ce qui s’est traduit par le développement spectaculaire des
ports, Casablanca d’abord, puis Agadir et Tanger. Aujourd’hui, les principales
perspectives de développement, en particulier la pêche et le tourisme se situent sur ce
littoral.

c) Le domaine intermédiaire fonctionne directement sur le rapport de la montagne


au piémont et c’est le cœur même du Maroc, aussi bien du côté agro-rural (Saïss, Tadla,
Haouz), que du côté urbain (Fès-Meknès, Marrakech). La poussée spectaculaire du
littoral atlantique à l’époque contemporaine est apparue comme une remise en cause de
cette prédominance de l’intérieur, comme un « littoralisation » du pays. Il est vrai que
plusieurs facteurs ont joué dans ce sens, le plus significatif étant le glissement de la
bourgeoisie fassi en direction de Casablanca. Pour autant, le domaine intermédiaire n’a
pas été dévitalisé – loin de là. Il représente aujourd’hui 35 % de la population et 30 % du
P.I.B national ; et surtout il représente un potentiel de développement inexploité, sans
parler de son rôle de château-d’eau pour l’ensemble du pays.

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Le domaine aride se compose de trois éléments, les steppes et montagnes de
l’Oriental, la zone des oasis du Tafilalt et du Drâa, et enfin le Sahara. Les situations sont
différentes dans les trois cas, mais avec un dénominateur commun déterminant, le
manque d’eau et la destruction anthropique des milieux naturels. Ce sont des espaces où
les actions de développement, qu’il s’agisse du tourisme ou de la pêche, doivent être
soumis à l’impératif écologique. La priorité absolue est à la reconstitution des couverts
végétaux et à la gestion rigoureuse de la ressource hydraulique. Dans ce contexte,
l’écologie est à la base de toute forme de développement et il faut agir dans une
perspective de long terme.

2°) La synergie différentielle :

Appliquer à ces domaines le concept de synergie différentielle a une triple


signification :

a) Traiter chaque domaine de façon spécifique, à partir de sa problématique propre.


C’est en fonction de ce principe que l’on a proposé de définir des régions
d’aménagement du territoire.

b) Commencer par intégrer chaque domaine sur lui-même, et en particulier les


domaines littoraux et le domaine intermédiaire. C’est ce qui est engagé, au nord, avec la
Rocade Méditerranéenne. Ce principe peut être généralisé et déployé au delà du seul
secteur des routes, pour en faire un principe global d’aménagement du territoire.

c) Articuler fortement les quatre domaines, et en particulier le domaine


intermédiaire qui joue par sa position même un rôle primordial dans l’intégration
globale du territoire national.

En application de ces principes, il est proposé de :

- parachever l’axe méditerranéen en le concevant comme le support d’une


démarche d’intégration économique, de synergie spatiale.
- Développer un axe atlantique continu de Tanger à Lagouira, avec un support
ferroviaire de Tanger à Tiznit. Cela permettra au passage de désenclaver Essaouira et
d’intégrer cette région dans son axe normal de développement, entre Casablanca et
Agadir.
- Développer un axe intérieur, de Fès à Marrakech, raccordé au littoral aux deux
extrémités, soit Fès-Tanger au nord et Marrakech-Agadir au sud. Il est bien entendu que
cette proposition ne relève pas du schéma routier mais qu’elle constitue une option
majeure d’organisation de l’espace national. C’est la conception même du territoire qui
est en cause. L’idée directrice de cette proposition est de combiner la mise en valeur de
l’axe intérieur avec son raccordement littoral.
- Mailler le système par un réseau de connections directes entre les axes
structurants, par la convergence des deux axes, atlantique et intérieur, et par le
croisement avec l’axe maghrébin. On accorde une place de choix à cet axe maghrébin,
Rabat-Oujda qui constitue un élément primordial aussi bien de l’organisation de
l’espace national que de l’intégration ultérieure au Grand Maghreb.
Ce parti d’aménagement peut être résumé simplement sous la forme d’un croquis :
DAT– SNAT 7
SCHEMA DE STRUCTURE

Europe

Tanger-Tétouan
Nador
RIF

GHARB Fès-Meknès
Rabat-Salé Seuil de Taza
Algérie
Oujda

Casablanca

TADLA

Moyen
Atlas ORIENTAL

Marrakech

HAUT ATLAS

Agadir DRÂA TAFILALT


SOUSS

ANTIATLAS

Laâyoune

SAHARA

Port

Non-port
Afrique
subsaharienne

DAT– SNAT 8
Chapitre III :
La construction du S.N.A.T

On commence par définir le «fil directeur » de la cartographie avant de présenter les


différentes composantes de la construction.

1°) Le « fil directeur » : risques et potentialités

Si le parti d’aménagement est à la base de la conception même du SNAT, il y a par


ailleurs un parti visuel qui concerne la conception de l’image et qui est le fil directeur de
la cartographie. Ce choix fondamental de représentation traduit lui-même une idée de
l’aménagement ; en l’occurrence il s’agit du couple « Risques / Potentialités ».

Le Schéma National d’aménagement du territoire a pour fonction première d’attirer


l’attention des acteurs sociaux et des pouvoirs publics sur les grands risques sociaux et
territoriaux qui peuvent mettre en cause gravement le développement et l’équilibre du
pays. On a considéré que parmi ces risques, il en était deux qui méritaient d’être
particulièrement soulignés, le gâchis de l’eau et la surcharge démographique .

La question de l’eau est primordiale ; le stress hydrique a commencé ; il affecte déjà


largement le sud et il va monter progressivement en latitude.

La surcharge démographique est un problème considérable. Les millions de paysans


pauvres, victimes du sous-équipement des campagnes sont au cœur d’un faisceau de
problèmes, sociaux, économiques et écologiques qui constitueront une préoccupation
lourde pendant longtemps encore.

Face à ces risques, on dispose d’opportunités tout aussi remarquables, qui


résultent parfois de la nature, mais le plus souvent de l’action humaine. C’est le cas pour
les surfaces irriguées, que l’on a tenu à mettre en évidence. C’et surtout le cas pour les
villes qui constituent l’atout majeur du développement. On a déjà noté que notre pays
disposait d’une très « belle » armature urbaine, associant un chapelet littoral avec un
chapelet intérieur. La nature y est pour quelque chose et en premier lieu le Moyen Atlas
à qui l’on doit le dir. Grâce à ce double dispositif, relayé en profondeur par les villes
oasiennes, la couverture urbaine du pays est complète, ce qui est un atout territorial de
choix, que l’on apprécie mieux en comparant le Maghreb al Aqsa avec les autres pays
du Maghreb.

Autant le dispositif urbain est satisfaisant, autant l’état des villes laisse à désirer, en
particulier pour les plus importantes. Les métropoles ne sont pas en état d’utiliser leur
potentiel et ce gâchis explique pour une part, le blocage de la croissance économique
générale. L’exemple le plus flagrant est celui de Casablanca.

Pour la représentation graphique, on a cherché le plus possible à représenter les


risques dans les teintes rouges et les opportunités dans les teintes bleues.

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2°) L’approche systémique :

Il est question ici d’approche systémique par ce que l’analyse du même nom est en
parfaite concordance avec la démarche de l’aménagement du territoire ; celle ci
s’intéresse prioritairement aux enchaînements, aux interactions, aux effets de filière, en
un mot à l’aspect relationnel des problèmes. Quelle que soit l’échelle considérée, un
territoire résulte toujours de l’articulation entre les systèmes qui y sont représentés, mais
le niveau de cette articulation varie selon l’échelle. La logique des systèmes se situe par
définition même au plan national et le territoire national constitue une véritable synthèse
de l’ensemble des systèmes, alors que les territoires locaux résultent de l’emboîtement
partiel de quelques uns des systèmes.

A cet effet, on distinguera six systèmes :


- le système de l’eau
- Le système des transports et des infrastructures
- Le système productif
- Le système écologique
- Le système patrimonial
- Le système urbain

Ces six points seront précédés d’un développement particulier consacré aux données
de base de l’aménagement du territoire.

a ) – Les données de base :

Le fond de la carte apporte les informations de base qu’il faut toujours avoir à
l’esprit lorsque l’on s’intéresse au territoire ; ces données sont à la fois d’ordre
physique et d’ordre humain.
- Sous l’angle physique, les premiers éléments sont le relief et les
précipitations. On n’a pas pu tenir compte ici des précipitations occultes, mais il faut
se souvenir qu’elles jouent un rôle important, dès la latitude de Casablanca, et
qu’elles concernent aussi bien les Doukkalas que le Souss et peut-être plus encore le
Sahara où elles constituent pratiquement la seule source d’humidité.
- Notre pays se caractérise par une articulation particulièrement étroite entre
les reliefs et les pluies. Le grand arc montagneux formé par le Haut Atlas occidental
et central, le Moyen Atlas et le Rif, correspond à l’arc des hautes précipitations,
élargi au nord sur le Haut Plateau Central et les collines sous-rifaines. Le Moyen
Atlas occupe une position remarquable, en plein centre du Maroc septentrional,
alimentant ainsi tous les grands cours d’eau, et en particulier le Sebou, l’Oum er
Rbia et la Moulouya. (Carte 2 : pentes et précipitations)

Le relief est représenté ici par les trois niveaux de pentes, faibles, moyennes et
fortes, étant entendu que le domaine le plus délicat est celui des pentes moyennes où
les sols sont en situation de grande fragilité.

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- La carte des forêts (carte 3 : Le couvert forestier) est un élément très lié au
relief et aux précipitations. Les principaux massifs forestiers sont montagnards et ils
occupent le plus souvent les pentes les plus fortes, malheureusement dans une
proportion insuffisante ; une bonne part des surfaces pentues est en attente de
reboisement mais celui-ci n’est possible qu’avec le maintien d’un minimum de
couverture pédologique, ce qui est rarement le cas.
- La carte du peuplement (carte 4 : Densités par cercles et populations
communales) utilise le cadre spatial du cercle (au sens administratif) et cela donne
une bonne image de la situation. La bande littorale regroupant les communes situées
à moins de 25 km de la côte, compte pour 40 % de la population totale ; la
littoralisation est forte, mais pas majoritaire. Les espaces de peuplement intérieurs
sont également très importants, avec le dir et le plateau des phosphates, le grand
ensemble conjoint du Saïss, des collines sous-rifaines et du Rif lui-même, et la
région d’Oujda-Berkane. La ligne des 25 habitants au km² représente une limite
notable entre deux types d’espaces, nécessitant des approches différentes, en
particulier sous l’angle du rapport entre l’économie et l’écologie. En tout lieu,
l’aménagement se pose le problème de l’harmonisation entre ces deux exigences
mais l’ordre des priorités est différent selon les types d’espaces. Dans les espaces
denses, c’est l’exigence économique qui fournit le fil directeur, alors que dans les
zones de désert ou semi-désert, il faut afficher nettement la priorité écologique.
Celle ci ne signifie aucunement que les problèmes humains passent au second plan ;
bien au contraire, cela veut dire que le véritable traitement des problèmes humains
suppose en priorité la restauration des équilibres écologiques et des couverts
végétaux. On notera que la zone aride remonte vers le nord jusqu’à englober la
région de Guercif.
- Du point de vue humain, le fait essentiel est l’intensité du surpeuplement
rural. Les proportions sont considérables ; il affecte aussi bien les montagnes que les
plaines et plateaux au sud de Casablanca ou les pourtours du Rif. La carte de la
surcharge démographique correspond aussi bien à celle du sous-équipement, qu’à
celle de l’analphabétisme ou de la pauvreté. Il est clair que les programmes de lutte
contre la pauvreté, pour nécessaires qu’ils soient, sont forcément des programmes de
lutte contre les effets de la pauvreté. Les véritables programmes de lutte contre la
pauvreté rurale seront les projets de développement et de modernisation agro-
rurale qui restent à concevoir. Pour ce qui est de la pauvreté urbaine, elle renvoie
fondamentalement aux politiques d’emploi et de logement. (carte 5 : la surcharge
démographique des campagnes)

b) - Le système de l’eau : (carte 6 : Le système de l’eau)


On peut parler de système dans la mesure ou la ressource hydraulique fait
l’objet d’une utilisation particulièrement élaborée, impliquant des infrastructures
de stockage, de pompage, de transport et de répartition, à la fois coûteux et
sophistiqués. Il s’agit d’une ressource presque intégralement humanisée et gérée
de façon unitaire. Le système comprend :
- Les précipitations
- L’hydrographie pérenne ou intermittente
- Les barrages et les canaux
- Les nappes et les forages
- Les périmètres irrigués.

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On devrait y ajouter les stations de traitement des eaux usées, mais pour l’instant
leur construction est encore en projet. On pourrait également y intégrer les
reboisements destinés à protéger les barrages de l’envasement qui constitue une
menace très sérieuse.

La carte fait apparaître clairement l’arc hydraulique central qui constitue


l’ossature du système. Le cœur du dispositif est constitué par l’alignement des
châteaux-d’eau karstiques depuis le Jbel Tazzeka, au dessus de Taza, jusqu’au Bin el
Ouidane. Du point de vue hydrologique, c’est la partie la plus précieuse du pays, et qui
mériterait d’être traitée comme telle. Le grand château-d’eau est le cœur du Maroc.

La dessus se greffent deux systèmes de nappes (on n’a représenté ici que les
neuf nappes les plus importantes) ; au nord la nappe du Saïss qui a encore une marge
d’exploitation, puis les deux nappes de la Maâmora et du Gharb, la première
surexploitée, la seconde en équilibre. Du côté sud, trois grandes nappes se succèdent,
celle du Tadla, surexploitée, celle du Haouz, largement surexploitée et celle des
Doukkala, surexploitée, en particulier dans les ouljas. On note que les périmètres
irrigués utilisent conjointement l’eau des barrages et celle des forages et qu’en général,
ils cumulent le gâchis pour la première et le surpompage pour la seconde.

En dehors de l’arc central, trois nappes méritent d’être signalées, celles de Trifa et
de la Moyenne Moulouya qui sont en exploitation moyenne et surtout celle du Souss
qui pose un problème redoutable. Le Souss ne bénéficie pratiquement pas de l’apport
des barrages ; presque toute l’eau est issue des pompages et on sait que la nappe,
alimentée avant tout par le versant méridional du Haut Atlas, subit un rabattement
régulier qui ne pourra pas se prolonger sans dommage grave. Le Souss fait mine
d’ignorer qu’il est en état de stress hydrique prononcé et on est toujours en attente
d’une véritable politique de l’eau, à la hauteur des enjeux et des risques encourus.

Pour les retenues des barrages, on a représenté à la fois le volume et la qualité de la


retenue. Les seules retenues régulières – et heureusement les plus importantes- sont
celles qui sont alimentées par le Rif. Les retenues de la zone intermédiaire, alimentées
par les cours d’eau issus du Moyen Atlas sont de régularité moyenne et ne sont pas
exemptes de risques. Les retenues du sud sont aléatoires et les taux de remplissage
peuvent descendre en dessous de 10 % ; ce qui veut dire que les barrages ne peuvent
résoudre le problème du Sud et qu’il faudra savoir retrouver (dans les conditions
d’aujourd’hui) les méthodes traditionnelles.

La priorité de l’aménagement réside dans l’économie et la gestion rationnelle


de la ressource. Cela renvoie pour une large part à la politique agricole, aussi
bien pour la lutte contre les gâchis que pour le choix des productions.

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c) - Le système relationnel :

Les infrastructures concernent avant tout les outils de relation et de


communication (carte 7 : Infrastructures) . On a indiqué l’état actuel des équipements
ainsi que les projets connus ; on a fait une exception pour le chemin de fer en direction
du Sud, en retenant le tracé proposé par l’Aménagement du Territoire et non le projet
trans-atlasique.

La carte privilégie le concept de réseau ; elle représente les données principales


concernant les transports, l’énergie et quelques éléments concernant les
télécommunications. Il a malheureusement été impossible d’accéder aux sources
concernant les télécommunications ; ce qui se traduit par une lacune regrettable.

* Les transports :
La chaîne des transports comprend :
- Les ports , représentés par la longueur de quais avec plus de six mètres de
tirant d’eau. A signaler, le projet de nouveau port trans-détroit à l’est de Tanger.
- Pour les aéroports, on a distingué trois niveaux, le hub international de
Casablanca, les trois aéroports de Fès, Marrakech et Agadir, les aéroports régionaux.
- Le réseau ferroviaire, avec ses projets d’extension, et que l’on propose de
considérer comme une composante majeure, dont la place doit être revalorisée
- Le réseau routier, avec les routes nationale et les autoroutes. En dehors des
axes qui sont déjà ou qui doivent traités en autoroutes, on attire l’attention sur
l’amélioration du réseau pour les autres liaisons majeures du territoire :
Casablanca – Beni Mellal
Fès – Tanger
Fès – Marrakech
Meknès – Errachidia
Marrakech – Zagora
Ouarzazate – Errachidia
Nador - Taourirt
* L’énergie
- L’infrastructure électrique avec les centrales y compris le projet de centrale à
cycle combiné et le réseau à haute tension, interconnecté avec l’Europe. On a indiqué
les principaux barrages, quelle que soit leur vocation. On aurait pu tout aussi bien
intégrer ces éléments à la carte du système productif, mais on a préféré les placer ici
afin d’insister sur la dimension « réseau » de l’énergie.
- Le gazoduc Maghreb – Europe, en liaison avec les nouvelles centrales

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* Les télécommunications :
La carte met en évidence :
- Le rôle croissant des relations avec l’Europe et la place privilégiée de la
péninsule tingitane.
- L’existence d’une plaque tournante nationale, à la charnière entre les deux
grands axes que sont l’axe littoral et l’axe maghrébin. L’espace concerné, situé entre
Rabat et Meknès, Khemisset et Sidi Kacem, doit faire l’objet d’une attention toute
particulière ; la première mesure concerne d’ailleurs la protection de la forêt de la
Maâmora.
- La concentration des infrastructures au nord-ouest de la ligne Oujda-Agadir –
c’est un processus normal puisque c’est là que se trouve l’essentiel de la population,
mais cela appelle, de la part des pouvoirs publics, une démarche volontariste pour faire
pénétrer ces infrastructures dans la profondeur du territoire, à un niveau correspondant
aux capacités de ces espaces.

En matière de communication, l’objectif de l’aménagement est celui d’une


desserte intégrale et hiérarchisée. Il faut desservir tout le territoire de façon
différenciée en fonction des densités de peuplement et de l’intensité du développement
économique. La structure de transport doit être à la fois ouverte et souple, offrant des
possibilités de choix aux opérateurs. Par ailleurs l’intermodalité constitue un impératif
à prendre en compte rapidement, en liaison avec la valorisation du rôle du chemin de
fer.

d)– Le système productif :

Le fond de la carte (carte 8 : Eléments du système productif) représente l’intensité


spatiale de l’activité économique, mesurée par le niveau de valeur ajoutée totale (en
milliers de dirhams) au km². La moyenne nationale est de 479 pour le territoire tout
entier et de 790 pour la moitié septentrionale

Si on met à part les provinces sahariennes qui ne sont pas concernées par ce genre
de calcul, on constate que les résultats vont de 18.000 dirhams au km² à Figuig jusqu’
47.700.000 au Grand Casablanca. En fait, Casablanca et Rabat se détachent
complètement. En dehors de l’Aire Métropolitaine centrale, deux villes se distinguent,
Fès et Tanger, suivies de Marrakech, Meknès et Agadir. Plus loin vient un groupe de
quatre provinces, Kénitra, El Jadida, Tétouan et Larache.

DAT– SNAT 20
DAT– SNAT 21
La valeur ajoutée au km² par province (définition 1994) (en milliers de Dh au km²) :

Provinces V.A Provinces V.A

Grand Casablanca 47709 Oujda-Berkane-Taourirt-Jerada 582


Rabat-Salé-Skhirate -Temara 22124 Khémisset 572
Fès 7916 Essaouira 562
Tanger-Assilah+Fahs Bni Makada 7370 El Kelaâ des Sraghna 538
Marrakech 5571 Sefrou 494
Meknès 5454 Ifrane 464
Agadir 4341 Khénifra 403
Kénitra 2840 Tiznit 377
El Jadida 2312 Taroudant 340
Tétouan 2259 Taza 337
Larache 1949 Azilal 311
Al Hoceïma 1527 Chichaoua 238
Safi 1494 Ouarzazate-Zagora 140
Khouribga 1482 Guelmim 121
Chtouka-Aït Baha 1311 Boulemane 73
Sidi Kacem 1305 Errachidia 71
Beni Mellal 1269 Laâyoune 69
Nador 1107 Tan-Tan 52
Chefchaouen 1002 Tata 35
Ben Slimane 911 Figuig 18
Settat 909 Oued Ed-Dahab 10
Taounate 745 Assa-Zag 10
Al Haouz 639 Es-Smara 6
El Hajeb 638 Boujdour 2

La partie gauche du tableau est consacrée aux provinces dont le ratio est supérieur à
la moyenne nationale et inversement à droite. Sous réserve de singularités dues aux
aléas des découpages (ainsi Oujda est associée à Berkane, Jerada et Taourirt, ce qui la
fait régresser considérablement dans le classement), ce tableau donne une bonne image
des potentiels économiques des provinces.

En principe cette carte devrait servir de base à la projection du développement


économique du pays. Mais encore faudrait-il que les différentes politiques économiques
soient suffisamment élaborées pour être représentables. Ce n’est pas le cas – ou plus
exactement, le niveau d’élaboration est très variable selon les secteurs. Certains
départements ont une vision claire de leur perspective et ils savent à la fois ce qu’ils
veulent et ce qui est possible ; mais ils sont rares. Le plus souvent, on constate un hiatus
plus ou moins prononcé entre les proclamations générales et la définition d’une véritable
politique opérationnelle. ; or la territorialisation s’effectue au niveau d’options
politiques explicites.

DAT– SNAT 22
C’est pourquoi la représentation cartographique est différenciée selon les secteurs.
Pour la pêche, le tourisme, la production d’électricité, on sait où l’on va et l’on peut
représenter une projection. Par contre, dans des domaines aussi vastes que l’agriculture
ou l’industrie, on doit se contenter de représenter l’état actuel des choses et d’évoquer
les problèmes que cela pose – ce qui au demeurant est loin d’être négligeable.

A cet égard, le secteur le plus important est celui de l’agriculture. Celle-ci soulève
un problème considérable en termes d’aménagement du territoire ; il a été posé dès le
départ, en indiquant la surcharge du peuplement et le sous-équipement rural sur le fond
même de la carte principale. Autrement dit, le niveau actuel de la réflexion globale
permet de poser les problèmes mais nous n’en sommes pas encore aux propositions
effectives ; les documents d’aménagement traduisent cette situation.

En matière industrielle, la situation est différente. La politique industrielle, dans un


contexte d’ouverture et de libéralisation, ne se prête pas à la réflexion territoriale et il
n’y a pas lieu de procéder à des projections spatiales. Par contre, l’aménagement du
territoire est en mesure de poser des problèmes et d’avancer des propositions. C’est ce
qui est fait ici, sous l’angle de la politique urbaine. En effet ce sont les opportunités de
développement offertes par les villes qui constituent le facteur d’aménagement du
territoire.

A cet égard, on a représenté ici l’artisanat urbain, considéré comme un facteur


décisif de croissance et de création d’emplois.

La pêche est représentée en fonction du nombre d’installations à terre à son service.


Pour le tourisme on a privilégie les grands projets littoraux qui ont été récemment
annoncés comme étant les priorités du Ministère concerné. On a également mentionné
les mines de phosphate, avec la production chimique qui lui est associée.

S’agissant de l’agriculture et de l’industrie, on les a représentées « en l ‘état », c’est


à dire par leur valeur ajoutée au niveau provincial, ce qui permet de situer les ordre de
grandeur.

La carte 8 met en avant l’artisanat, considéré comme un facteur de croissance et


surtout un potentiel d’emploi de premier plan. Les places concernées méritent d’être
citées ; elles sont au nombre de onze et représentent 78 % des effectifs de l’artisanat
productif, tel qu’on peut l’apprécier à partir du dernier recensement de la population. On
a considéré que cette partie de l’artisanat avait un intérêt tout particulier pour
l’aménagement.

DAT– SNAT 23
L’emploi dans l’artisanat productif (en 1994)

Agglomération Emplois Part nationale


Grand Casablanca 210.300 29.1
Salé – Rabat 80.500 11.1
Fès 72.500 10.0
Marrakech 53.300 7.4
Tanger 39.900 5.5
Meknès 27.100 3.8
Agadir 19.900 2.8
Tétouan 16.400 2.3
Kénitra 15.900 2.2
Oujda 12.800 1.8
Safi 12.000 1.7
Autres 172.100 22,3
TOTAL MAROC 722.700 100.0

Le Grand Casablanca (avec Mohammedia) représente plus de 29% du total


national et plus de deux cent mille emplois. Deux places jouent un rôle éminent, avec
environ quatre-vingt mille emplois et chacune plus de 10% du total, Salé-Rabat et Fès.
Nous disons Salé-Rabat, parce le poids de Salé dans ce domaine est nettement
supérieur à celui de Rabat, même en lui adjoignant Skhirate et Temara. A elles trois,
les places de Casablanca, Fès et Salé-Rabat pèsent plus de la moitié de l’emploi de
l’artisanat productif. C’est là qu’est l’essentiel du potentiel et qu’il y a une valorisation
à effectuer en priorité. On notera en particulier l’intérêt que présente le couple Salé-
Rabat, qui présente un beau potentiel de complémentarité.

Deux places arrivent en forte position derrière le groupe de tête, Marrakech et


Tanger. Elles aussi font partie des priorités.

Les six autres sont des places intéressantes ; ensemble elles regroupent près de
cent vingt mille emplois. L’artisanat contribue très nettement à conforter leur potentiel
de développement. Cela est particulièrement vrai pour Oujda et Safi, qui ,chacune
dans leur genre, ont un pressant besoin de croissance économique.

Pour information, on a représenté les poids de PIB des provinces avec le niveau de
PIB par habitant qui leur correspond (carte 9 : PIB par province).

DAT– SNAT 24
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En matière de développement de la production et de l’emploi, le SNAT attire
l’attention sur deux points, en termes de risques / opportunités :
- Il est urgent de définir une politique agricole et une politique industrielle ;
celles-ci font aujourd’hui gravement défaut et cela entraîne des blocages,
pour l’aménagement urbain et plus encore pour l’aménagement rural.
- La création d’emplois passe avant tout par la promotion du développement
local, en appui sur l’artisanat, au sens large (y compris les métiers). C’est là
qu’est la principale réserve de travail ; cela doit faire l’objet d’une politique
spécifique, focalisée sur les villes-clefs, mentionnées ci-dessus.

e) - Le système écologique :

Nous employons ici la notion de système écologique dans un sens qui n’est pas
coutumier ; il ne s’agit pas de faire allusion à la logique interne des milieux naturels
mais à la démarche systématique qui doit être celle des pouvoirs publics pour gérer
les milieux les plus fragiles ou les plus importants pour la vie du pays tout entier.

Le Maroc étant ce qu’il est, la priorité écologique s’applique pratiquement aux


deux tiers de l’espace. Il y a d’ailleurs une mutation intellectuelle à effectuer pour
prendre en compte pleinement cette dimension dans l’action publique. Ce chapitre et
consacré à la partie du pays située à l’est de la ligne Tiznit-Oujda.

On a mis en évidence quatre éléments majeurs (carte 10 : Le système écologique)


- Le château-d’eau central : il occupe une position charnière entre les deux
parties du pays et il est le grand dispensateur de vie des deux côtés. C’est le trésor du
Maroc et il est temps désormais de la considérer comme une priorité de la gestion
territoriale. Les agences de bassin ne peuvent pas le faire, puisque, par définition
même, elles découpent les châteaux d’eau. Il faut que cette tâche incombe aux
régions, mais certainement pas aux régions dans leur découpage actuel qui ignorent
superbement les données écologiques. Il faut des régions d’aménagement du
territoire conçues à cet effet.
- Les steppes de l’Oriental : on a indiqué la steppe d’alfa comme un des
éléments importants du système écologique. Cet espace a déjà fait l’objet de projets
intéressants en matière de développement agricole, intégrant le souci de protection
du milieu. La bonne démarche est donc d’ores et déjà engagée et elle a donné des
résultats intéressants. Cela doit être poursuivi en particulier avec le souci de protéger
plus efficacement les petites nappes de la région qui ne sont pas à l’abri des risques
de surpompage. Dans le même ordre d’idée, il faut veiller à une utilisation
écologique de la ressource en eau libérée par la fermeture de la centrale de Jerada.

Les steppes de l’Oriental ont déjà bénéficié de projets de développement. Il


serait nécessaire de passer aujourd’hui à un niveau supérieur, en développant un
projet régional intégré, associant toutes les composantes de la vie économique et
sociale, et en particulier les trois villes proches, Bou-Arfa, Outat-el-hadj et surtout
Jrada dont la conversion doit être conçue dans ce cadre.

Par ailleurs les « montagnes sèches », et en particulier le Haut Atlas oriental


méritent une prise en compte particulière.

DAT– SNAT 26
DAT– SNAT 27
- La région des oasis et celle de l’arganier : on ne peut que se réjouir de voir
notre pays doté de deux zones de biosphère d’intérêt mondial, celle des oasis et celle
de l’arganier. C’est un beau succès ; il s’agit maintenant d’être à la hauteur de
l’enjeu.

Les deux zones ont des profils différents mais elles relèvent de la même
conception, fondée sur la distinction entre le noyau central, totalement protégé, une
bande intermédiaire, à protection partielle, et enfin une zone ouverte où se trouvent
les activités économiques.

L’enjeu dans ces deux territoires sera de concilier le programme de restauration


des milieux naturels avec les exigences économiques et sociales. Ce sera difficile,
mais il y a aussi une occasion remarquable à saisir pour engager de nouvelles
démarches, à commencer par la protection de la ressource en eau. Pour cela, il faut
populariser les zones de biosphère, montrer leur caractère mondial, valoriser la
responsabilité particulière du Maroc en cette affaire, et surtout il faut se donner les
moyens d’accomplir le programme.

- Le domaine saharien :
c’est un territoire immense, avec une population très réduite, regroupée en
quelques points côtiers. L’appellation même de Sahara donne le sentiment qu’il
s’agit d’un désert où l’on ne peut espérer que des richesses minières. Cela est
inexact. Nous sommes ici dans le Sahara atlantique et il y avait un couvert végétal,
certes léger et discontinu, mais qui avait l’immense mérite d’exister et de servir de
base à un élevage nomade. Tout cela a disparu ; les conflits qui se sont succédés
pendant plus d’un siècle ont détruit cette végétation. Il faut la restaurer pour rétablir
les bases mêmes de la vie locale et pour reconstruire le pont bio-climatique reliant la
zone tropicale à la zone méditerranéenne. C’est un enjeu de niveau continental, dont
nous avons la responsabilité.

La thématique de l’environnement nous est venu des pays industrialisés, avec


les préoccupations qui sont les leurs. Il y a une véritable mutation intellectuelle
à opérer pour élaborer notre propre problématique environnementale qui est
autrement plus lourde et plus inquiétante que celle des pays tempérés. Le
Maghreb tout entier est une marge de l’œkoumène, une marge fragile, menacée
et déjà très dégradée. Il faut tout à la fois arrêter les dégâts et reconstruire les
milieux détruits.

DAT– SNAT 28
f) – Le système patrimonial :

Il est admis aujourd’hui que le patrimoine, dans toutes ses composantes,


constitue un élément majeur de l’aménagement du territoire. Il ne s’agit pas
seulement des « souvenirs » que les époques précédentes nous ont légués ou des
sites remarquables offerts par la nature ; il s’agit plus fondamentalement de
l’ensemble de l’héritage civilisationnel que l’histoire nous a confié, quelle qu’en soit
la forme. On sait par exemple que les patrimoines les plus importants sont
probablement les patrimoines invisibles, deux de la culture, des savoir-faire, des
savoir-vivre.

Tous ces éléments se prêtent difficilement à l’inventaire et à la cartographie. C’est


pourquoi il faut recourir à des listes officielles, dont on connaît les faiblesses et dont
les critères sont contestables. Elles relèvent en général d’une conception formaliste
et archaïque du patrimoine. On a utilisé ici les données issues des travaux du
Ministère de la Culture et de l’Administration des Eaux et Forêts ; par ailleurs, on y
a jouté les « lieux de mémoire », les lieux significatifs qui balisent le champ culturel
national, qu’il s’agisse de Sijilmassa, de Moulay-Idriss-Zerhoun ou de Tinemel.
L’exercice qui consiste à représenter sur une même carte, les différents éléments du
patrimoine naturel ou construit n’est pas dépourvu d’intérêt. L’image produite a un
sens, d’autant qu’on en connaît les limites. (carte 11 : Eléments de Patrimoine).

Par ailleurs, il convient d’insister sur le concept de système patrimonial . Les


éléments du patrimoine composent un système, construit selon une logique que l’on
peut qualifier de « géo-historique ».

L’organisation spatiale du système est d’abord marquée par l’existence de deux


grands ensembles, au nord et au sud, articulés autour de Khénifra et de la Zaouia de
Dila.

L’ensemble nord est composé de trois régions principales :


- Le Nord proprement dit associe les villes (Tanger, Tétouan, Larache,
Chefchaouen) avec les vestiges romains et puniques (Lixus), de nombreux sites
naturels, le parc de Talasemtane et le souvenir de la bataille des Trois Rois. C’est
une association remarquable entre l’ouverture euro-méditerranéenne et la citadelle
du Rif.
- Le Saïss de Fès-Meknès est associé avec le Moyen Atlas de Sefrou et Ifrane.
C’est l’ensemble le plus riche à tous les points de vue, auquel il faut adjoindre
Volubulis-Oualila et Moulay Idriss Zerhoun. Le tout est compris dans le triangle
Khénifra – Taza - Sidi Kacem.
- Rabat-Salé constitue un groupe particulier
L’ensemble méridional est composé de trois régions principales :
- Marrakech, avec Oukaimeden et Tinemel, associe étroitement la grande ville
historique avec des sites remarquables et des lieux de mémoire.
- La région des Oasis
- Le Tafilalelt avec les souvenirs de Sijilmassa.

DAT– SNAT 29
DAT– SNAT 30
S’agissant des limites de cette image, on peut lui reprocher de sous-estimer
gravement les villes du littoral, que ce soit à Essaouira et plus encore à Casablanca ;
elle néglige également l’Oriental, que ce soit celui des steppes ou celui des montagnes
du sud, sans parler de ce bijou menacé qu’est l’oasis de Figuig. En dépit de ces
faiblesses, ce document a le mérite de poser le problème du patrimoine. On note que le
lieu le plus important du pays est Fès ; c’est exact mais dans des proportions bien plus
grandes encore que ce qui est représenté. La Médina de Fès, la plus importante du
monde, constitue dans sa globalité, une parfaite illustration de l’importance de la
question du patrimoine, en liaison étroite avec le développement économique,
l’industrie, l’artisanat et la création d’emplois. Elle constitue à elle seule un potentiel
remarquable de développement et bien plus qu’un lieu de visites pour les touristes. Ce
qui nous conduit à passer à la question des villes.

En termes d’aménagement et dans le contexte historique qui est le notre, le


patrimoine doit être abordé en priorité comme un facteur de développement
économique.

g) - Le système urbain :

S’agissant des villes, il est admis depuis longtemps qu’elle relèvent de l’analyse
systémique et qu’elles doivent être appréhendées comme un ensemble, au niveau
national. Il s’agit alors de l’armature urbaine.

Le système urbain lui-même est représenté (carte 12 : Le système urbain) en associant


les entités urbaines avec le faisceau des relations interurbaines.

1 - LES ENTITES URBAINES

On distinguera l’Aire Métropolitaine Centrale d’une part et les autres villes d’autre
part :

i- L’Aire Métropolitaine Centrale :


Elle représente à elle seule la moitié du potentiel économique du pays. C’est là que
se jouera la partie de la mise à niveau et du développement moderne. L’ensemble est
la locomotive de l’économie nationale. Les options présentées ici sont :

- traiter les deux métropoles comme un ensemble urbain ayant vocation à une
croissance des complémentarités et des synergies.
- Raisonner en termes de « région urbaine » de Kénitra à Al Jedida, de Settat à
Khemisset.
- Impulser un axe d’urbanisation entre les deux villes, sur un support ferroviaire,
et à bonne distance de la côte, afin d’unifier le tout, en soulageant la pression sur le
littoral, tout en dégageant des espaces importants pour l’urbanisation.

DAT– SNAT 31
DAT– SNAT 32
- Engager un Programme Unifié d’Infrastructures, traitant de concert tous les
problèmes lourds. Ce projet est désormais praticable, dans la mesure où on commence à
avoir une vision plus claire de la question centrale en cette affaire, à savoir celle du
développement portuaire de Casablanca. La perspective raisonnable qui se dessine
consiste à réserver le port du centre-ville aux marchandises diverses, aux voyageurs et à
la plaisance, en regroupant tous les pondéreux à Jorf Lasfar et les conteneurs à
Mohammedia. Partant de là, on peut repenser sérieusement le mode de développement
de l’agglomération et son insertion dans l’aire métropolitaine centrale.
- Le nouveau SDAU de Casablanca fournira une bonne occasion de recadrer
l’ensemble des problèmes, d’autant qu’il s’avère que la croissance urbaine effective
s’est déployée en sens inverse de ce que le Schéma précédent avait prévu. Mais il serait
tout à fait souhaitable de faire précéder ce travail par l’élaboration d’un Schéma
d’Organisation Fonctionnelle et d’Aménagement.
- Promouvoir la fonction économique de Rabat dans le domaine de la recherche-
développement , et ce en complémentarité avec Casablanca.

ii - Les autres villes d’importance nationale :


On a déjà eu l’occasion de souligner cette spécificité du système urbain national,
qui est que toutes les grandes villes (à l’exception de Rabat) sont des villes
« économiques », productrices de richesses, alors que les villes petites et moyennes
sont en majorité des « villes d’Etat », assurant, sur financement public, l’encadrement
et les services aux populations concernées. Ce rôle économique des grandes villes doit
être renforcé afin de répondre à la demande d’emplois, d’assurer la croissance du pays
et de maintenir l’équilibre global du financement public.

Pour autant, toutes les villes ne présentent pas le même profil ni les mêmes
potentialités. Le SNAT met en évidence, soit les besoins, soit les capacités
particulières de chacune d’elles. On soulignera en particulier les cas suivants :
- Villes à forte tradition artisanale et à potentiel économique élevé, en particulier
en matière industrielle : Fès et Tanger, et dans un genre différent Marrakech .Celle ci
garde un potentiel de développement touristique important, à condition de savoir
préserver son oasis et son environnement.
- Villes présentant des atouts de développement qui nécessitent un soutien public
pour se manifester : Tétouan, Oujda, Beni Mellal, Khénifra et, dans un genre bien
différent, Rabat.
- Villes en fort développement spatial, nécessitant un effort particulier
d’équipement et d’urbanisme : Agadir et Nador.
- Villes où la priorité se situe dans les fonctions de services : Meknès.
- Villes nécessitant un effort de promotion institutionnelle, en particulier dans une
perspective de régionalisation : Nador, Khénifra, Errachidia, Ouarzazate. Le cas de
Lâayoune et Dakhla est différent puisque l’effort public y est déjà considérable.
- Villes de conversion industrielle : Safi et Jérada à l’évidence- et à un autre degré
Khouribga et le bassin phosphatier.

Ajoutons enfin que notre problématique urbaine est fortement marquée par le
thème du couple, et ce, pour des raisons qui renvoient à la richesse et à la complexité
DAT– SNAT 33
de son histoire. Le couple le plus fameux et le plus difficile est celui de Fès –
Meknès ; Meknès a été créée pour « contrer » Fès ; aujourd’hui les deux anciennes
capitales se disputent le même petit territoire du Saïss et sont en compétition pour
l’implantation des grands équipements ou des industries. Le cas de Tanger et Tétouan
est différent, puisqu’il s’agit en fait d’un couple à trois, où Sebta joue un rôle non-
négligeable, sur le mode de l’illégalité tolérée.

2– LES RELATIONS ENTRE LES VILLES :

On a bien insisté sur l’idée que le SNAT n’a aucunement à empiéter sur les
compétences des ministères spécialisées. Cela vaut en particulier pour les problèmes
de transports. Il n’appartient pas à l’Aménagement du Territoire de décider quelle
forme concrète prend prendre telle ou telle liaison . Par contre il lui appartient de dire
la hiérarchie entre les liaisons, de situer chacune d’elle dans l’ensemble national. Il lui
appartient aussi de se prononcer sur la question du partage inter-modal ; ce que nous
faisons en soulignant le rôle éminent du rail et la nécessité de le revaloriser.

En laissant de côté l’Aire Métropolitaine Centrale qui relève d’une autre logique
technique, le SNAT propose de structurer le système relationnel national selon cinq
niveaux :

i) -liaisons d’importance internationale :


Il s’agit des deux grandes dorsales, historiques et économiques, celle du littoral et la
trans-maghrébine
- Agadir – Tanger par Rabat, Casablanca et Safi
- Rabat – Oujda par Meknès, Fès, Taza, Taourirt,(en y
adjoignant le branchement Taourirt – Nador).

ii - liaisons nationales de premier rang :


Il s’agit de trois axes déterminants pour les relations intérieures
- Tanger –Agadir par Fès et Marrakech ; du point de vue historique, il s’agit d’un
assemblage de trois éléments ; le tracé Tanger - Fès correspond au tronçon nord du
plus vieil axe historique du Maghreb, Sijilmassa – Sebta ; le tracé de Fès à Marrakech
suit le trik es-soltane alors que le bouclage de Marrakech à Agadir reprend une vieille
liaison régionale. Mais l’ensemble constitue un axe moderne très cohérent, la trans-
marocaine de l’intérieur, faisant pendant à l’axe littoral en appui sur le dir et les villes
impériales. La mise en avant de ce tracé constitue une option forte d’aménagement du
territoire.
- La rocade du Nord, de Tanger à Oujda, par la côte, est en cours de réalisation.
- L’axe Agadir – Lagouira est évidemment une transsaharienne, prolongeant l’axe
littoral jusqu’à l’extrémité du pays.

iii)- les liaisons régionales majeures :


Elles correspondent en général à des relations entre les ports et l’intérieur, dans
des zones denses et à forte activité économique :
DAT– SNAT 34
- Kénitra à Chefchaouen
- Casablanca à Beni-Mellal par Khouribga – il s’agit d’une
connexion primordiale au plan économique.
- Casablanca à Marrakech - qui est par ailleurs une liaison
ferroviaire
- Agadir à Taroudannt
- On peut y ajouter la liaison de Meknès à Larache, à l’intérieur.

iv) - les liaisons régionales :


Elles sont plus nombreuses et assurent les relations d’une région à l’autre sur des
distances relativement limitées :
- Taza – Al Hoceima
- Fès – Ketama
- Marrakech – Safi
- Azrou – Errachidia – Erfoud
- Marrakech – Ouarzazate - Zagora
- La boucle Khénifra- Boulemane – Fès
- La liaison orientale Midelt – Outat el Hadj – Guercif
- On y a ajouté la liaison a créer de toute pièce entre Khénifra et
Ben Slimane, afin de connecter directement l’Aire
Métropolitaine avec la région du Moyen Atlas

v) le cinquième niveau :
Il est assez composite. Il comprend surtout des liaisons à longue distance en milieu
aride. Cela concerne surtout le sud oasien :
- la grande rocade méridionale : Taroudannt – Ouarzazate – Er Rachidia – Bouarfa
– Figuig.
- La rocade ultra-méridionale Guelmim – Tata – Zagora puis le tronçon Zagora –
Erfoud
- Taroudant – Tata
- Bou Arfa – Oujda
Le deuxième groupe est celui des connexions sahariennes :
- Zag - Assa - Guelmim
- Es Smara – Tan Tan
- Es Smara – Laâyoune
- Galtat Zemmour – Laâyoune
- Aousserd – Dakhla
Le troisième groupe et celui constitué par des liaisons infrarégionales, méritant
d’être mentionnées :
- La liaison Al Hoceima – Ketama – Chefchaouen, une route historique d’intérêt
régional évident
DAT– SNAT 35
- La liaison Boulemane – Outat el Hadj par les Marmoucha
- La liaison Safi – Youssoufia – Ben Guerir – El Kalaa des Sraghna.

La carte montre que cette proposition cherche à assurer conjointement le maillage


complet du territoire et la nécessaire hiérarchisation des liens dans un ensemble
cohérent, débouchant sur les principaux ports.

C’est certainement en matière urbaine que le concept de synergie différentielle


prend toute sa signification. Il s’applique à plusieurs échelles :
- A l’échelle de l’aire métropolitaine centrale, les propositions avancées par le
SNAT visent à organiser un développement conjoint des deux capitales et des villes
qui les entourent.
- A l’échelle régionale, les notion de couples concernent Tanger-Tétouan et
surtout Fès-Meknès tandis que l’on avance pour plusieurs régions la notion
d’associations urbaines : Kenitra avec Rabat, Safi avec Casablanca, Al Hoceima avec
Nador, Figuig avec Oujda, Essaouira avec Agadir.
- A l’échelle nationale, La synergie concerne les domaines territoriaux et au
premier chef l’articulation entre le littoral et l’axe intermédiaire.

De manière générale, la forte croissance que le littoral ne manquera pas de


connaître avec le tourisme et la pêche, doit être associée avec un développement
coordonné du domaine intermédiaire.

DAT– SNAT 36
Chapitre IV :
La carte

La carte de synthèse est conçue à trois niveaux :


- L’état des lieux
- Les éléments de diagnostic
- Les projets et propositions

Les principes graphiques qui fondent la représentation sont de deux ordres :


- Utiliser les teintes fortes pour les projets et les teintes faibles pour l’existant.
- En matière de diagnostic, utiliser les teintes rouges pour les risques et les teintes
bleues pour les opportunités.

1 - L’état des lieux :

Il s’agit de mettre en évidence les « fondamentaux » du territoire.

a) Le fond physique : La vision globale du pays doit commencer par les deux
données fondamentales que sont les précipitations et les pentes.

⇒ S’agissant des précipitations, il n’est même pas utile de commenter ce choix. ;


on les a représentées dans la gamme des bleus, en distinguant quatre niveaux :
• moins de 250 mm par an = désert (avec des oasis, grâce aux apports
issus de la montagne)
• de 250 à 400 mm : précipitations faibles et aléatoires (du sud de
Casablanca jusqu’aux approches de Marrakech)
• de 400 à 600 mm : niveau moyen favorable à l’agriculture (au nord de
Khouribga et du Moyen Atlas).
• plus de 600 mm : montagnes arrosées. (châteaux d’eau). Collines et
plaines du Nord.

DAT– SNAT 37
Cette classification doit être nuancée car elle ne tient pas compte des précipitations
occultes qui jouent un rôle très important dans les régions littorales, et en
particulier au sud de Casablanca.
⇒ pour les pentes, on a voulu souligner le rôle éminent de ce facteur dans
l’utilisation de l’espace agricole. On les a représentées dans la gamme rouge en
distinguant trois niveaux :
• pentes inférieures à 4 % : situation favorable à l’agriculture (pour peu
qu’il y ait de l’humidité)
• pentes comprises entre 4 et 10 % : zones fragiles, en général
menacées par les ravinements et qui nécessitent, soit des mesures de protection,
soit une utilisation arboricole.
• pentes supérieures à 10 % : montagnes – reforestation impérative
(les limites de 4 et 10 sont indicatives, les situations étant extrêmement variables).

La combinaison des précipitations et des pentes donne une bonne image des
conditions de base de la vie agricole, opposant les zones plates et humides (Saïss –
Gharb) aux zones sèches (Chaouia) mais aussi aux zones humides-pentues
(collines sous-rifaines).

La carte des pentes donne une bonne image du relief, plus intéressante que la
traditionnelle carte hypsométrique – et surtout en prise directe avec les problèmes
de l’aménagement rural.

b) l’hydrographie :
On souligne d’abord l’importance des châteaux d’eau, qui devront faire l’objet
d’une politique spécifique

Château d’eau

La nappe saharienne mérite d’être signalée, sans se faire d’illusion sur les
possibilités d’exploitation.

Nappe saharienne

Les cours d’eau sont représentés en distinguant trois niveaux

Axes hydrographiques majeurs

Cours pérennes

Cours intermittents

Le canal de Safi qui irrigue la région des Doukkala

DAT– SNAT 38
Les lacs des principaux barrages

On a représenté les surfaces irriguées avec une grande précision ; il s’agit des
superficies par communes. Cela nous donne une information concernant un volet
très important de l’agriculture

Périmètres irrigués en hectares

c) La production :
Il n’est évidemment pas question de représenter ici tous les aspects de la
production, mais uniquement quelques aspects d’intérêt particulier. On a retenu
- Les Mines :

les gisements de phosphate

La production de phosphate est représentée en valeur par des carrés de teinte


vert pâle. La production chimique en aval est en teinte vert moyen. On a
représentés également les autres mines (métalliques) par une teinte vert plus
foncée. On note que la production du bassin de Khouribga est du même ordre de
grandeur que celle de chacun des deux pôles chimiques.

Production de phosphate

Chimie lourde

Autres mines

- Le Tourisme :
On a représenté les principales places touristiques en fonction du nombre de lits dans
les hôtels classés. La première est Agadir avec 21.000 lits en 1999. La taille du signe
est cohérente avec celle qui a été utilisée pour les productions chimiques et minières.
Les montants en valeur sont comparables. Ainsi on constate que le tourisme d’Agadir
représente une valeur comparable à celle de la production de phosphate de Khouribga.

DAT– SNAT 39
- La Pêche :
On a pris l’indicateur le plus simple, la valeur des débarquements de la pêche
côtière. Laâyoune est en tête avec 360 millions de DH. Là aussi, la taille des signes est
harmonisée avec ceux du tourisme et des mines

- Les Moyens de communication


Autoroute existante ou programmée

Route nationale

Voie ferrée à écartement normal

Voie ferrée étroite

- Cadre institutionnel :
Pour en finir avec cet aspect descriptif, on a indiqué le cadre institutionnel, avec
les limites des provinces.

Limite des provinces

2°) Les éléments de diagnostic :

Cette fois, il ne s’agit plus de description mais d’appréciations portées sur la


situation des ressources et des hommes. Ce niveau nous fait entrer de plein pied dans la
problématique de l’aménagement. Les deux urgences territoriales sont les actions à
mener pour résorber le surpeuplement rural et pour faire cesser la surexploitation
de la ressource hydraulique. C’est pourquoi on les a indiquées très fortement.

a) Le surpeuplement : le surpeuplement et le sous-équipement rural sont des


données fondamentales.
La question de l’aménagement rural est donc abordée directement. On a indiqué par un
pointillé rouge les espaces (niveau des provinces) qui cumulent le sous-équipement et le
sous-développement, en distinguant deux niveaux, en fonction de la densité de
peuplement..

DAT– SNAT 40
Cela concerne trois grandes taches, au Nord, dans le Moyen Atlas et dans le vaste
espace centre-sud. Le sous-équipement est défini à partir d’indicateurs synthétiques tirés
du Recensement Général de la Population, alors que le sous-développement est mesuré à
partir des sureffectifs, obtenus par comparaison entre la main d’œuvre permanente sur
les exploitations, avec les unités de travail humain théoriquement nécessaires pour
assurer les cultures et l’entretien du bétail, selon les données du Recensement de
l’Agriculture. Les aires représentées ainsi sont les zones prioritaires de l’aménagement
rural, étant entendu que les modalités et les contenus de cet aménagement /
développement varient selon les milieux.

b) La surexploitation des nappes :


On n’a retenu que les plus importantes, en les caractérisant par leur niveau
d’exploitation : en rouge, les plus surexploitées, en vert, celles qui ont encore de la
réserve.

Surexploitation accentuée

Surexploitation modérée

Exploitation équilibrée

Avec réserves

A lui seul, ce chapitre du diagnostic, même en ne retenant que deux facteurs,


constitue une large part du travail d’aménagement. Il s’agit en tout état de cause des
deux priorités.

3°) Projets et projections :

Ce chapitre comporte deux types d’informations, des projets élaborés par les
Ministères compétents (Tourisme, Pêche, Energie, Transports) et que nous
reproduisons en l’état – et des propositions émanant du SNAT lui-même, par exemple
celle qui touche au développement touristique de Figuig et surtout les propositions
concernant de développement urbain et l’armature urbaine.

On distingue quatre rubriques : la Production, le Système écologique, le système


urbain et le cadre opérationnel.

a) La production :
Ce chapitre concerne d’abord les projets économiques connus ; l’agriculture et
l’industrie ne sont donc pas concernés. Par contre on dispose de données concernant le
tourisme, la pêche et l’énergie. Pour ce qui est de l’artisanat, dont on a maintes fois
souligné l’importance, il est inclus dans la problématique urbaine.

DAT– SNAT 41
Projets de développement de la pêche : villages de pêcheurs

Projets de développement de la pêche : points de débarquement

Grands projets de tourisme balnéaire

Création d’un nouveau pôle touristique = Figuig

Le cas de Figuig est exemplaire de notre problématique de développement. C’est un


lieu remarquable qui recèle un potentiel de développement touristique d’intérêt national.
Comme toutes les oasis, celle-ci est en voie de dégradation rapide et il y a urgence à
intervenir avant qu’il ne soit trop tard. Une action forte à Figuig est d’autant plus
indiquée que la diaspora figuigui est toute disposée à investir au pays, pour peu que les
occasions lui soient offertes.

b) - Le système écologique :
Nous appelons ainsi l’ensemble des territoires et des mesures directement liées à la
gestion des ressources et des milieux naturels. Le carton spécialisé mentionne les
châteaux d’eau comme centre de tout le dispositif marocain. La carte générale indique
trois éléments :

* La zone de projet régional de l’Oriental et celle du projet « montagne


sèche »:
Zone de développement intégré de l’élevage ovin

Zone de protection des montagnes sèches de l’oriental

* Les deux zones de biosphère, des oasis et de l’arganier, avec les trois
signes correspondants :
- le cœur de zone

- l’espace intermédiaire

- l’espace ouvert

* Le Sahara : est composé de trois types d’espaces :

- la zone proche du littoral

- la bande intermédiaire

- l’intérieur

DAT– SNAT 42
c) – L’armature urbaine:
Ce système comporte deux volets, celui des villes proprement dites et celui des
relations interurbaines :

i) Les villes :
Il est impossible de représenter sur une carte synthétique à petite échelle, tous les
aspects d’une politique urbaine. Il faut procéder à des choix très restrictifs. On a retenu
ici une typologie simplifiée des villes en termes d’aménagement, c’est-à-dire de
perspective de développement.

1- L’Aire Métropolitaine Centrale :


- Casablanca : une capitale économique qui appelle un énorme travail de mise
à niveau en matière d’infrastructures urbaines (assainissement – transport
urbain - ports), d’équipements et de logements. Partant de là, il faudra une
série de mesures pour le développement des services à usage économique et
des industries, en particulier en direction des industries métallurgiques,
électriques et électroniques et des nouvelles technologies de l’information.
- Rabat : la capitale politique qui bénéficie de la proximité de Salé et qui doit
jouer à l’avenir un rôle plus important dans le développement économique,
en appui sur les grands équipements publics, qui la caractérisent tout autant
que la présence de l’appareil de l’Etat. C’est un lieu de choix pour la
recherche-développement, en complémentarité et en synergie avec
Casablanca.
- Les points d’appui littoraux : Kénitra couplée avec Rabat, Al Jadida couplée
avec Casablanca. Il s’agit de deux points appelés à un développement
important
- Les relais extérieurs : Khemisset et Settat
- Les relais intérieurs : Ben Slimane bénéficie d’une situation remarquable qui
mérite une valorisation.

En complément de la présentation de l’Aire Métropolitaine Centrale, on a indiqué


une infrastructure de première importance au plan économique et urbain, les plates-
formes multimodales d’intérêt national.

Plate-forme nécessaire en toute éventualité

Plate-forme éventuelle (à étudier)

DAT– SNAT 43
Les plates-formes sont celles de Casablanca-Nouaceur, Mohammedia, Fès, Tanger,
Oujda, Marrakech et Agadir. Il s’agit d’opérations lourdes, structurantes de l’espace
urbain, qui ne doivent pas être confondues avec les petits projets dont il est parfois
question actuellement.
Le cas d’El Jadida est plus complexe et nécessite une étude plus approfondie.

2- Les grandes villes


Pour des raisons de lisibilité, on a limité cette typologie à six cas que l’on peut
présenter en trois couples :
- La première distinction est celle qui différencie les capitales régionales à
dominante économique aux capitales à dominante de services publics. Dans la
première catégorie, on compte Marrakech, Tanger et surtout Fès, dans la seconde
Meknès.

Capitales régionales à dominante économique

Capitales régionales à dominante de services publics

Il s’agit bien de caractériser une dominante, puisque ces quatre villes ont bien la
double dimension. L’artisanat et l’industrie sont présents à Marrakech et à Meknès.
Pour autant, les potentiels de développement économique les plus importants se situent
dans les villes de tradition artisanale et marchande – sans compter les atouts récents de
Tanger dans le contexte d’ouverture.
- La deuxième distinction est celle qui oppose les villes en forte expansion
économique, mais avec une croissance désordonnée aux villes en récession
économique:

Villes en croissance mal maîtrisée


Villes en récession

Le record de la croissance désordonnée concerne Agadir. Même s’il y a des


différences importantes, on y a placé aussi Nador dont le potentiel est important.
Les villes en récession sont les villes minières (Jerada – Khouribga) et l’(ex) port de
pêche de Safi.
- La troisième distinction associe les villes de promotion économique aux villes
de promotion institutionnelle. Ici aussi, il s’agit de dominante et pas d’exclusivité.

Promotion économique

Promotion institutionnelle

DAT– SNAT 44
S’agissant de promotion économique, il est clair que c’est une exigence générale et
que nous ne retenons ici que les cas présentant un intérêt national. On a déjà évoqué le
cas de Rabat ; on y ajoute Tétouan et Oujda, Khénifra et Beni Mellal et enfin
Laâyoune. Chaque cas est singulier et pose des problèmes spécifiques, mais ils ont en
commun un potentiel et un besoin de développement économique marqué.

S’agissant de promotion institutionnelle, on citera les villes qui sont proposées


comme capitales de régions, étant entendu que cette promotion peut s’étaler dans le
temps et s’effectuer par étapes. Les villes concernées sont Nador, Khénifra, Errachidia
et Ouarzazate.

Enfin, la thématique urbaine comporte un élément supplémentaire, particulièrement


important en termes d’aménagement, la notion de couple urbain. On a eu l’occasion de
souligner cette particularité résultant de la proximité de deux villes, complémentaires
ou concurrentes, mais qui doivent être appréhendées « conjointement ». Le cas le plus
fameux est celui des deux capitales elles-mêmes, Rabat et Casablanca. Mais on
retrouve un schéma du même genre avec Fès-Meknès ou Tanger-Tétouan. A une
échelle plus modeste, c’est aussi le cas de Ksar el Kebir avec Larache.

Couples urbains

ii) Les relations interurbaines :


Le parti de ce document est de ne pas se substituer aux schémas de secteur des transports
ou des télécommunications. C’est pourquoi nous traitons du maillage du territoire, non pas
en termes d’infrastructures, mais en termes de niveau relationnel ; quant à savoir, sous
quelle forme concrète cela se traduira, ce sont les schémas de secteur qui en décideront en
tenant compte du contexte économique et des contraintes financières. Le rôle du SNAT se
situe à un autre niveau ; il est de donner la vue d’ensemble et de hiérarchiser les axes. On a
consacré une catégorie et une teinte particulière à l’Aire Métropolitaine centrale, en
distinguant trois liaisons :
- L’axe direct Casablanca-Rabat est l’épine dorsale
- Le dédoublement de l’axe, avec contournement des deux agglomérations
constitue une option d’aménagement majeure, conçue à la fois comme axe de
contournement du trafic et plus encore comme axe d’urbanisation nouvelle
- Les prolongements de l’Aire métropolitaine, le long du littoral, jusqu’à Kénitra
et Al Jadida, et à l’intérieur jusqu’à Settat et Ben Slimane.

En dehors de l’Aire Métropolitaine Centrale, on a distingué cinq niveaux relationnels :


- 1- Les relations nationales de premier rang et d’importance internationale : c’est
l’axe littoral de Tanger à Agadir, par Larache, l’Aire Métropolitaine centrale,
Safi, Essaouira et c’est l’axe maghrébin Rabat - Fès –Taza - Oujda, complété par
la branche Taourirt-Nador.

DAT– SNAT 45
- 2- Les relations nationales structurantes :
+ L’axe du dir prolongé : c’est le « Trik es Soultane », Marrakech – Beni
Mellal - Khénifra – Fès, prolongé au nord par Fès – Chefchaouen –
Tétouan- Tanger et au sud par Marrakech – Taroudannt - Agadir. On
obtient ainsi une grande rocade d’Agadir à Tanger par le dir. La mise en
évidence de cet axe est un élément majeur du SNAT. Il s’appuie sur
l’histoire pour proposer une nouvelle forme d’articulation entre
l’intérieur et le littoral.
+ La rocade du Nord : Tétouan – Al Hoceima – Nador – Oujda
+ L’axe saharien : Agadir – Laâyoune – Boujdour – Lagouira

- 3- Les relations interrégionales :


Les interrégionales de zone dense :
- Casablanca-Khouribga-Oued Zem- Kasba-Tadla, et Khouribga Beni
Mellal
- Casablanca-Settat-Ben Guerir-Marrakech,
- Kenitra – Chefchaouen
- Meknès – Larache prolongé par Meknès – Azrou
- Fès – Taounate -Ketama

- 4 - Les régionales importantes :


- Taza-Al Hoceima
- Safi-Chemaïa-Marrakech,
- Marrakech-Chichaoua-Essaouira
- Chefchaouen-Ketama-Targuist.
- Zeida-Tighassiline

Les pénétrantes en zone aride :


- Oujda-Bou Arfa-Figuig,
- De Fès-Meknès àAzrou, puis Midelt-Errachidia-Rissani-Taouz
- Marrakech-Ouarzazate-Zagora-Tamegrout-Mhamid
- Taroudannt-Tata-Akka qui se boucle ensuite avec Guelmim

- 5 - Les transversales à longue distance et les liaisons régionales simples:


On a d’abord le grand dispositif de la zone oasienne méridionale
- Bouarfa-Bouanâne-Boudnib-Errachidia
- Errachidia-Goulmima-Tinerhir-Boulmane-Skoura-Ouarzazate,
doublée par Rissani-Alnif-Tazzarine-Tansikht-Agdz
- elle-même prolongée par Bou Azzer-Tazenakt-Taliouine jusqu’à Taroudannt.
- et complétée par l’axe Taliouine-Tafraout-Tiznit.
DAT– SNAT 46
A cela, on peut adjoindre le système de l’Est :
- Ifrane-Boulemane-Outat el Hadj - Rhars Allah –(Tendrara)
- Midelt-Missour-Outat el Hadj Guercif (axe de la Moulouya)
- Au centre, on a mentionné un axe régional de Kalâa des Sraghna à Safi par Ben
Guerir et Youssoufia.

Tous les axes mentionnés jusqu’ici sont des axes existants et la hiérarchisation
proposée n’est pas très éloignée de celle qui prévaut actuellement. Il en va
différemment pour l’axe Khénifra-Ben Slimane qui n’existe pas aujourd’hui, mais
que l’on propose de considérer comme ayant vocation à devenir un axe régional
important dans la perspective proposée de développement d’un deuxième axe
d’urbanisation métropolitaine passant par Ben Slimane, et d’un développement plus
important pour Khénifra.

A titre exceptionnel, mais compte tenu de l’importance stratégique de la question, on a


introduit une dimension modale dans ce schéma, en représentant le réseau ferré. Il s’agit
du réseau actuel mis à niveau et complété par les liaisons déjà prévues :

Voie ferrée

- liaison directe de Kenitra à Souk el Arbâa du Gharb


- liaison Taourirt-Nador
- liaison Safi-Agadir par la voie littorale compte tenu de l’impossibilité
(financière) de traverser le Haut Atlas
- à plus long terme, Agadir - Laâyoune
- Oued Zem à Beni Mellal

DAT– SNAT 47
d) – Le cadrage opérationnel :
Reste une indication de première importance, les limites des régions
d’aménagement du territoire.

Limites des régions d’aménagement :

Les régions d’aménagement constituent un cadrage opérationnel, destiné à être


utilisé comme cadre d’études et de déploiement de projets. La question de savoir s’il
doit correspondre au cadrage institutionnel ne relève pas de l’aménagement du
territoire.

L’image finale à laquelle on aboutit cumule cinq séries d’informations :


- les données fondamentales de la géographie du pays qui constituent la toile
de fond de tous les problèmes d’aménagement : précipitations, pentes, sous-
équipement et surpeuplement des campagnes
- les risques majeurs : les risques écologiques en insistant particulièrement sur
le problème de l’eau
- les opportunités de développement, et en premier lieu les villes et leur
patrimoine
- les projets dans les domaines clefs tels que le tourisme et la pêche.
- Le système relationnel national qui constitue l’armature du pays.

DAT– SNAT 48
Chapitre V :
L’approche régionale

On a proposé ci-avant un découpage régional d’aménagement. Il ne s’agit pas d’un


découpage administratif, mais d’une division du territoire en ensembles cohérents en
termes d’aménagement et pour des nécessités méthodologiques qui relèvent de la
logique spatiale. Qu’il puisse inspirer, le cas échéant, les responsables de la
régionalisation de l’Etat, est une autre affaire. Les régions d’aménagement dont il est
question ici sont des Zones d’Etudes de l’Aménagement du Territoire et des espaces
de projets.

En termes d’aménagement, la distinction fondamentale du pays s’effectue entre la


partie dense et la partie aride . La première regroupe plus de 90 % de la population sur
28 % de la superficie ; la seconde en compte 9 % sur 72 % de la surface. Le contraste
de densité (en 1994) est de 120 à 4,4.

Il est clair que l’on n’est pas dans le même type d’espace, que les problèmes et les
modes de gestion territoriale sont complètement différents quand le rapport de densité
est de 1 à 30.

Au recensement de Surface en Densité


1994 Population km² % population % surface hts / km²
Partie dense 23 629 367 196 670 91 28 120,1
Partie aride 2 279 931 514 180 9 72 4,4
Maroc 25 909 298 710 850 100 100 36,4

(carte 13 : trafic des autocars et définition des régions d’aménagement)


(carte 14 : les régions d’aménagement et les populations)

DAT– SNAT 49
1. Fès – Meknès :

Avec plus de trois millions et demi d’habitants, cette région représente 12,6% de la
population totale et contribue au PIB à hauteur de 11,3%. En dehors de l’Aire
Métropolitaine Centrale, c’est la première région du pays.

Elle constitue un véritable modèle régional par la force de la polarisation centrale,


l’ampleur des complémentarités entre les différents espaces, l’importance de l’axe
structurant qui la traverse. Elle bénéficie d’une excellente hygrométrie, même si elle
touche à l’espace aride à l’est. Elle possède la plus grande retenue d’eau du pays.

Le Saïss est au cœur de la région, avec d’excellentes conditions pour l’agriculture.


Toute la partie septentrionale, en particulier autour de Taounate, connaît un
surpeuplement accentué ainsi que le sous-équipement rural. La clef du dispositif
régional réside dans l’articulation entre Fès et les collines sous-rifaines, dans le rôle
d’impulsion que la capitale doit jouer à l’égard de ces territoires qui lui sont d’ailleurs
associés de longue date.

La capitale régionale en a les potentialités. Elle représente à elle seule, un des atouts
majeurs de notre pays, un centre productif et culturel de stature internationale, capable
d’un grand développement pour peu qu’on lui en donne les moyens. La ville a subi un
mauvais traitement depuis plus de vingt ans qui a freiné son développement et conduit
à la dégradation de ses atouts, et en particulier de la médina.

Un des problèmes les plus délicats à traiter est celui qui résulte du bicéphalisme de
la région ; dans le nouveau contexte de décentralisation et d’initiative locale qui se met
en place, la concurrence entre les deux cités proches risque de s’exacerber ; d’où
l’intérêt qu’il y aurait à les réunir dans une même région, sous l’arbitrage d’un même
représentant de l’Etat. Autant l’association entre deux villes concurrentes est difficile,
autant sa réalisation ouvrirait des perspectives intéressantes, par la constitution au
cœur du pays d’un pôle urbain de tout premier plan, et en particulier de gabarit
international.

2. Le Moyen Atlas :

C’est une petite région d’un peu plus de huit cent mille habitants, avec une densité
relativement faible de l’ordre de 36 habitants au km². Avec 3,2% de la superficie
nationale, elle ne compte que pour 1 ,9 % du PIB. En fait c’est une région à deux
versants bien différents. L’ouest humide comprend la plus grande partie du château
d’eau du Moyen Atlas alors que le versant oriental participe du monde aride, avec le
plateau du Rekkam. Seule la nappe de la moyenne Moulouya permet l’existence des
oasis froides.

L’unité de la région se définit par des critères négatifs : enclavement et


surpeuplement. Seule la partie touristique d’Azrou et Ifrane échappe à ce diagnostic. Il
est important qu’un ensemble cumulant des difficultés soit reconnu comme une région
à part entière et non pas traité comme une annexe des zones fortes.
DAT– SNAT 50
Quatre problèmes dominent en matière d’aménagement :
- Le traitement du monde rural et en particulier de la montagne
- L’entretien du château d’eau qui est d’intérêt national et qui implique que la
solidarité nationale joue en faveur de la région.
- Le développement de Khénifra
- L’extension de l’aire touristique à partir de la base actuelle d’Azrou.

3. Beni Mellal – Khouribga :

La région atteindra bientôt les deux millions d’habitants. Elle fournit 5,2 % du PIB
grâce à deux bases d’importance nationale, le Tadla et le bassin phosphatier. C’est
avant tout le modèle du dir, associant le château-d’eau du Moyen Atlas avec le
piémont.

La structure régionale repose sur deux complémentarités :


- associer la plaine et la montagne, d’autant que le surpeuplement y est très
prononcé.
- Associer les périmètres irrigués et le bassin phosphatier, d’autant que
l’emploi minier est appelé à régresser.

Le développement des deux villes principales sera déterminant, en particulier à


Beni Mellal. Le niveau industriel de cette cité est loin de ce que l’on pourrait attendre,
et en premier lieu pour les industries agro-alimentaires. En arrière-plan se pose
évidemment le problème du devenir de la grande irrigation et des changements
importants qu’elle devra connaître.

4. La région de Marrakech :

C’est la seule région, en espace dense, à porter le nom d’une seule ville et ceci
illustre la première caractéristique de cet espace : la solitude urbaine de Marrakech, au
centre d’une région importante, de près de deux millions et demi d’habitants,
fournissant 7% du PIB national.

Nous sommes toujours dans le contexte du dir et de l’association plaine-montagne,


mais cette fois le sous-développement des campagnes est généralisé ; il affecte la
plaine comme la montagne. La capitale régionale subit les effets de cette situation et
se trouve en grande difficulté pour entraîner un espace très peuplé, mais fortement
marqué par la pauvreté et l’archaïsme. Le développement touristique est remarquable ;
la croissance industrielle est importante ; pour autant la situation d’ensemble reste très
préoccupante, d’autant que la principale base de l’économie agricole, à savoir la nappe
du Haouz est en état de surpompage accentué. L’utilisation de l’eau ne pourra pas se
poursuivre au rythme actuel et ce ne sont pas les barrages qui résoudront le problème.

DAT– SNAT 51
DAT– SNAT 52
La région doit absolument prendre les problèmes écologiques au sérieux, qu’il
s’agisse de l’entretien du Haut Atlas, de la politique de l’eau ou de la sauvegarde de la
palmeraie de Marrakech elle-même.

5. Agadir Essaouira :

Il s’agit d’une grande région à tous les points de vue ; par la surface (46.000 km²),
par la population ( près de 2,8 millions d’habitants) et par l’activité économique (7,1%
du PIB). C’et une région très caractéristique, dotée d’une forte personnalité historique
et géographique. On pourrait la qualifier de région la plus régionale du pays puisque
c’est le grand Souss, associant la plaine centrale et ses montagnes environnantes, le
Haut Atlas au nord, l’Antiatlas au sud et le Jbel Siroua à l’est pour effectuer la
jonction. C’est une variante originale du dir, en position ultra-méridionale, grâce à son
privilège de situation ; la région bénéficie de l’apport d’eau des montagnes et de
l’humidité occulte venue directement de l’océan. De tout temps, le Souss al Aqsa a été
un pôle économique et culturel à l’échelle du Maghreb et même du monde arabe.

A l’époque moderne, la région a connu à la fois un développement spectaculaire et


une extension de son aire. La société soussi a fait preuve de qualités d’initiative
remarquables pour mettre en valeur ses différents atouts. Agadir est à la fois la
capitale du tourisme balnéaire, de la pêche, de l’exportation des agrumes. Le Souss et
devenue la zone la plus dynamique de tout le pays. L’expansion d’Agadir, surtout
après la reconstruction, en a fait une grande ville au rayonnement élargi aussi bien sur
Taroudannt que sur Guelmim, Tiznit ou Essaouira, sans parler de son rôle en direction
du Sahara.

L’espace régional correspond presqu’exactement au périmètre de l’arganier et à sa


Zone de biosphère.

Mais il y a un revers à cette success-story ; le Souss est en train de scier la branche


sur laquelle il est assis. La nappe baisse régulièrement et atteint par endroit le niveau
saumâtre. Le diagnostic tient en un mot : ce développement n’est pas durable. Le plus
remarquable est que ceci est parfaitement connu et que néanmoins l’on persiste. Ce
n’est évidemment pas par hasard si le discours royal consacré à l’eau a été prononcé à
Agadir. C’est là que le problème est le plus aigu ; et c’est par cette question que la
région doit être abordée.

Le second problème est celui de l’organisation du complexe urbain qui s’est


constitué autour d’Agadir.

DAT– SNAT 53
DAT– SNAT 54
6. Casablanca – Safi :

Cette dénomination traduit la solution proposée concernant Safi et qui consiste à la


rattacher à l’espace casablancais. Safi est partagée entre plusieurs orientations, mais le
lien avec Casablanca est le plus important et surtout, c’est dans la relation avec la
capitale économique que Safi aurait les meilleures chances d’effectuer sa conversion.

C’est ici qu’est le cœur du dispositif économique national, avec près de six
millions et demi d’habitants, apportant presque le tiers du PIB total.

En termes d’aménagement, trois problèmes dominent largement :


- La mise à niveau de Casablanca en matière d’infrastructures et
d’urbanisation. Nous sommes ici au cœur de tous les systèmes déterminants,
portuaire (avec Mohammedia et Jorf Lasfar), routier, ferroviaire, aérien, télé-
communicationnel, industriel, financier. C’est le centre quasi unique des
services à usage de l’économie, mais c’est aussi une capitale culturelle dans
tous les domaines. Or tout cela est en situation de dysfonctionnement urbain
prononcé. Pas de station d’épuration, des transports collectifs inefficients,
des infrastructures saturées, une grave crise du logement, etc…Le gâchis est
considérable. L’urbanisme est à repenser en profondeur, en intégrant toutes
les composantes du développement urbain.
- L’association avec Rabat, au sein de l’Aire Métropolitaine Centrale, de façon
à mettre en valeur les synergies latentes entre les deux entités.
- La relation avec les villes de la couronne, en prenant en compte non
seulement l’agglomération de Casablanca, mais la Région Urbaine, avec El
Jadida, Settat, Ben Slimane.

Cette région doit être traitée pour ce qu’elle est, la locomotive de l’économie
nationale.

Le croquis ci-joint (15 : l’Aire Métropolitaine Centrale) illustre la proposition du


SNAT quant à la conception générale de l’Aire Centrale et à son insertion dans le
dispositif national. Celle-ci prend acte des tendances de la croissance urbaine de la
période récente, c’est-à-dire la poussée préférentielle en direction de Nouaceur et
non pas de Mohammedia. Elle prend acte du fait que la logique portuaire devrait
conduire à regrouper les vracs à Jorf Lasfar et les conteneurs à Mohammedia. De ce
fait le secteur de Mohammedia se voit doter d’une fonction logistique nettement
prédominante, ce qui clarifie la question de l’organisation fonctionnelle de
l’ensemble.

S’agissant du développement urbain, Casablanca a un grand besoin d’espaces


disponibles pour l’urbanisation, mais ceux-ci doivent être ordonnés, desservis par les
transports collectifs et dans le même temps, réduire la pression sur le littoral.
La réponse à ces trois exigences conjointes consiste à structurer l’urbanisation
nouvelle, selon un axe préférentiel reliant les deux capitales. Cet axe serait en appui
préférentiel sur une liaison ferrée qui permettrait du même coup de soulager
l’actuelle liaison littorale et d’éviter sa saturation à moyen terme.

DAT– SNAT 55
DAT– SNAT 56
A partir d’un tel schéma de structure, il serait possible d’élaborer un Schéma
d’Organisation Fonctionnelle, qui prendrait en compte conjointement les problèmes
du développement de la centralité et les problèmes logistiques (aéroport – ports –
plates-formes multimodales).

7. Rabat – Kénitra :

L’appellation Rabat-Kénitra évoque l’association non seulement entre les deux


villes, mais aussi avec le Gharb, ou du moins la plus grande partie du Gharb. Cela fait
une région de quatre millions d’habitants fournissant 15,5% du PIB total (les deux
régions participant à l’Aire Métropolitaine Centrale totalisent 48,4% de la valeur
ajoutée nationale).

Le problème majeur est celui du développement de Rabat ou plutôt de la


conurbation Rabat-Salé. Nous insistons sur ce point qu ‘est la reconnaissance du statut
de Salé, non pas simplement comme banlieue de Rabat, mais comme ville. C’est
l’association des villes dans une conurbation qui fait l’originalité et l’intérêt de cette
agglomération. S’agissant de Rabat elle-même, le problème se pose de définir le
contenu de la capitale ; pour l’instant c’est le lieu du pouvoir politique et des grands
équipements publics, avec une activité d’appoint dans l’artisanat. Rabat devrait être
plus que cela, et devenir un centre pour la recherche-développement dont le pays a
grand besoin – et ce en complémentarité avec Casablanca.

Comme pour toute l’aire métropolitaine, mais peut-être avec plus d’acuité à Rabat,
se pose l’inévitable question de l’environnement urbain ; la forêt de la Maâmora
appelle des mesures d’urgence.

8. Tanger – Tétouan :

La mise en couple de ces villes ne soulève pas les mêmes difficultés qu’avec
Fès-Meknès ; il est vrai qu’il y a ici un troisième larron qui joue un rôle occulte non
négligeable.

Cette région présente une originalité historique forte ; sans même remonter à la
Maurétanie Tingitane, il suffit de rappeler qu’elle a été coupée du reste du pays par le
découpage colonial, que la réunification de 1956 a comporté des aspects difficiles,
qu’il reste beaucoup de traces de la présence espagnole, en particulier en matière
foncière. Le premier élément caractéristique de la région, c’est l’amputation de Sebta
depuis 1415 ; elle a privé le royaume de son port principal et elle a privé la région de
son centre d’impulsion. Le deuxième élément, c’est le Rif occidental, zone de
surpeuplement prononcé où le cannabis constitue le principal revenu. Le troisième
élément, c’est le bipôle Tanger-Tétouan qui constitue une zone économique de
premier plan et qui est voué à une expansion rapide, du fait de la croissance des
relations avec l’Europe. Le projet d’un nouveau port entre Sebta et Tanger illustre
cette dynamique de croissance. Le tourisme, l’artisanat et l’industrie sont déjà
fortement représentées. Au sud, la région de Larache et les périmètres du Loukkos
constituent une petite région agricole remarquablement située pour l’exportation.
Ainsi composée, la région regroupe 2,3 millions d’habitants et fournit 7,8% du
PIB total, c’est à dire plus que la région de Marrakech ou que le Souss. Les atouts sont
DAT– SNAT 57
nombreux ; en matière d’aménagement, le principal problème est celui de la
concurrence pour l’occupation de l’espace, et plus particulièrement du littoral. C’est
une situation classique dans une région très peuplée (200 habitants au km²) et soumise
à une forte pression de développement ; elle se complique ici du fait de l’importance
de l’économie parallèle, qu’il s’agisse de la contrebande depuis Sebta ou du commerce
du kif.

9. Nador – Al Hoceima :

Pour l’instant, il s’agit d’une région virtuelle mais il est permis de penser que les
dynamiques de développement joueront en faveur de sa constitution. Il s’agit en
premier lieu du développement de Nador. Rappelons que l’idée de créer un pôle de
développement à Nador date de l’Indépendance et que le choix de ce site pour
l’implantation de la sidérurgie n’était pas seulement un choix industriel, mais une
option territoriale forte, à l’échelle nationale et dans une optique maghrébine. L’idée
de la liaison ferrée de Taourirt à Nador va dans ce sens. Ce grand projet a été mis en
veilleuse mais l’idée reste valable et le développement attendu des relations avec
l’Europe lui confère même une nouvelle jeunesse.

En termes d’aménagement du territoire, on peut affirmer que la place de Nador a


un rôle important à jouer dans toute la partie orientale du royaume et qu’elle à
vocation à organiser une région.

Cette région devrait associer Al Hoceima ; ce serait en tout cas plus logique que le
rattachement actuel à Taza et Taounate. En tout cas, l’association de Nador avec Al
Hoceima constitue dès aujourd’hui un ensemble de plus de 1,1 million d’habitants,
apportant 3,7 % du PIB. C’est dire qu’il s’agit d’un gabarit régional.

Comme la précédente, cette région est victime d’une amputation grave, avec
Melilla. Nador bénéficie d’un port déjà bien équipé et susceptible de développement.
L’agglomération de Nador s’étale dans une belle anarchie et couvre déjà toute la
presqu’île.

10. Oujda – Figuig :

Il s’agit des cinq provinces de Berkane, Oujda-Angad, Taourirt, Jerada et Bouarfa.


Nous l’appelons Oujda-Figuig pour mettre en valeur sa singularité, reprise de
l’actuelle région de l’Oriental, et qui consiste à accrocher une part des steppes semi-
désertiques aux espaces forts du littoral. Partout ailleurs on propose au contraire de
distinguer les régions arides et d’éviter l’accouplement du désert au littoral. La région
Oujda-Figuig constitue donc une exception à la règle émise ici-même ; elle se justifie
pour trois raisons :
- il n’y a pas de population suffisante à Figuig – Bouarfa pour constituer une
région particulière et Errachidia est à la fois trop éloignée et trop modeste pour
constituer le point de rattachement.
- La liaison de Figuig à Oujda est un axe ancien et bien installé, comme l’a
montré la carte des liaisons par autocars.

DAT– SNAT 58
- La frontière est un élément unificateur important, même quand elle joue
négativement.

Cette région reprend pour l’essentiel l’Oriental (sauf Nador) et elle affiche une
belle diversité. C’est un résumé du Maroc tout entier, depuis les plages
méditerranéennes jusqu’aux oasis sahariennes, en passant par les périmètres irrigués,
les montagnes boisées de Jerada et Debdou, le steppes d’alfa, le plateau karstique du
Rekkam, les montagnes arides des Aït Serhouchen. Au total, cela représente un peu
moins de 1,2 million d’habitants, avec un contraste considérable entre le Nord et le
Sud. La part de PIB est de 3,6 %. On note que les chiffres de population et de PIB sont
très proches de ceux de la région précédente, Nador-Al Hoceima, pour une superficie
huit fois plus vaste. Nous entrons ici dans les espaces où la distance devient une
donnée déterminante.

Les problèmes aussi sont très variés ; le premier est évidemment la fermeture de
la frontière avec l’Algérie qui porte un coup sévère à l’activité régionale. Mais il n’est
pas question d’attendre une réouverture ; des problèmes urgents se posent :
- Le développement d’Oujda et les problèmes de l’emploi, de l’alimentation en
eau, de la maîtrise urbaine.
- Le tourisme littoral et en particulier le grand projet de Saïdia qui pose à
nouveau la question de la maîtrise foncière de ce genre d’espaces.
- La pollution du périmètre irrigué par l’agriculture elle-même
- La reconversion du site de Jerada et en particulier l’utilisation de l’eau qui
constituera un choix stratégique pour la région.
- Le devenir des steppes, c’est-à-dire de l’élevage ovin
- La sauvegarde et le développement de l’oasis de Figuig qui représente un
potentiel touristique important, à condition qu’il y ait toujours une oasis et que
les infrastructures nécessaires soient créées. Le SNAT propose de considérer
Figuig comme un site prioritaire de développement touristique ; il est encore
temps d’agir à Figuig, mais bientôt il sera trop tard.

11. Le Tafilalt :

C’est la seule région mono-provinciale, mais elle s’étend sur 60.000 km² et cela avec
560.000 habitants. Le poids de PIB est évidemment modeste, de l’ordre de 1,2% du
total national, mais c’est un résultat non-négligeable pour un espace désertique.

Cette région a une charge historique particulière et elle mérite de retenir


l’attention, d’autant que la situation hydraulique est très inquiétante. La première tache
sera de remettre en cause les pratiques qui ont eu cours jusqu’ici, pour mettre au point
des méthodes douces, inspirées par la tradition.

DAT– SNAT 59
12. Le Drâa :

Elle est plus importante que la précédente, avec près de neuf cent mille habitants,
sur 68.000 km² et 1,3% du PIB.

S’agissant d’aménagement du territoire, on peut traiter conjointement le Tafilalt


d’Errachidia-Erfoud et la région du Drâa, avec le couple Ouarzazate-Zagora. Nous
entrons ici de plein pied dans le domaine à priorité écologique. Il y a une grande
mutation culturelle à opérer dans tous les domaines pour faire comprendre que la
question des milieux naturels est ici le problème décisif et la clef du développement.

Ensemble, ces deux régions couvrent 18% de la superficie totale du pays, avec
5,1% de la population. La densité moyenne est de l’ordre de 10 habitants au km², ce
qui représente un niveau de peuplement important, compte tenu du contexte.

Ces espaces subissent une dégradation bien connue ; elle affecte les nappes et les
oasis, les palmiers eux-mêmes, l’habitat traditionnel et le patrimoine. Les revenus de
l’immigration permettent le maintien d’une population privée de véritable base
économique régionale, mais ils peuvent aussi constituer une opportunité de
développement. A terme l’activité principale sera le tourisme ; aussi la réhabilitation
des patrimoines naturel et construit constitue le principal investissement productif.

Les deux régions appartiennent désormais à la Zone de biosphère des Oasis.


Ce classement au niveau international devrait aider à la prise de conscience de la
gravité des problèmes et de l’urgence des solutions. En matière d’aménagement, le
problème de fond est de tenir conjointement les différences exigences que sont :
- la réhabilitation des patrimoines
- la sauvegarde d’une activité agricole
- la promotion des villes et en premier celle des deux capitale régionales que
devraient devenir Errachidia et Ouarzazate.

13. Le Sahara septentrional :

Les quatre provinces d’Assa-Zag, Tan-Tan, Laâyoune et As Smara comptent un


peu plus de 300.000 habitants pour 137.000 km² Le niveau de PIB est élevé grâce aux
phosphates, à la pêche et à l’action de l’Etat ; le PIB par habitant est nettement
supérieur à la moyenne nationale. Malgré son très faible peuplement, on peut
considérer cet ensemble comme une région à part entière, avec une capitale assez
consistante et des potentiels de développement non négligeables.

DAT– SNAT 60
14. Le Sahara méridional :

Avec les trois provinces de Boujdour, Oued Eddahab et Aousserd, la situation est
différente. On compte moins de quatre vingt mille habitants sur plus de cent cinquante
mille km². Dakhla n’est qu’une entité très réduite. On se trouve ici devant le cas d’une
région obligatoire, pour cause de dimension.

Les problématiques d’aménagement ont donc une tonalité différente au nord et au


sud ; mais sur le fond, le problème est identique ; il s’agit d’espaces où la priorité
écologique est absolue et qu’il faut traiter, même si ils n’en ont pas encore le statut,
comme des zones de biosphère prioritaires.

Au total on peut distinguer trois types de régions


- Les régions de haute densité de population (supérieures à 200 hts / km²) qui ont à
traiter les problèmes les plus graves en matière d’urbanisation, de concurrence pour
l’occupation de l’espace et de pollution : Casablanca-Safi, Rabat-Kénitra et Tanger-
Tétouan. Cela constitue un ensemble continu qui couvre environ 8% de la superficie
du pays, avec 45% de la population et qui fournit plus de 56% de la valeur.
- Les régions de densité moyenne sont au nombre de quatre, Fès-Meknès,
Marrakech, Nador-Al Hoceima (de l’ordre de 100 hts / km²) ; on peut y adjoindre la
région d’Agadir-Essaouira, dont la densité n’est que de 60 hts / km². Le tout représente
près de 19% de la superficie du pays pour 42% de la population, soit presqu’autant
que la première zone. Mais la différence se situe au plan économique, puisque cet
ensemble n’apporte que 34% de la valeur.
- Tout le reste représente près des trois quarts de la superficie nationale, avec 13%
de la population et 10% de la valeur. Le primat écologique concerne donc les trois
quarts du territoire national. En précisant bien que cette notion de primat écologique
ne signifie pas que les problèmes des ressources et des milieux sont secondaires
ailleurs. Tout au contraire ; on a vu par exemple que le problème prioritaire du Souss
était celui de la préservation de la ressource en eau. On entend ici par primat
écologique l’idée selon laquelle l’aménagement de ces espaces doit se fixer comme
priorité la gestion-restauration des milieux naturels, que l’on soit au Sahara, au Tafilalt
ou dans le Moyen Atlas.

Part nationale en % Indice


Superficie Population Valeur PIB / ht
Régions à hautes densités 8,1 45 56,3 125
Régions de densités moyennes 18,7 41,7 34,0 81
Régions de faibles densités 73,2 13,3 9,7 73

DAT– SNAT 61
Conclusion :
Quelle gouvernance pour aménager le territoire ?

Considérée sous l’angle précis du rapport aux territoires, la gouvernance peut


s’organiser de deux manières opposées. On peut avoir une gouvernance qui polarise le
pouvoir et qui traite ensuite uniformément les différents types de territoires et les
différents niveaux d’organisation de l’espace. Inversement on peut avoir une
gouvernance qui se structure à plusieurs niveaux afin de s’adapter aux différentes
échelles territoriales. La première est une gouvernance polaire, la seconde est une
gouvernance scalaire. La différence entre les deux ne résulte pas des caractères
physiques de l’espace, mais du modèle sociétal dans lequel on se trouve. La
gouvernance polaire est en général caractéristique de sociétés relativement homogènes
sur de vastes espaces et cela correspond le plus souvent à des sociétés agro-rurales.
Dans ce cas, ce sont les contraintes de la distance qui obligent à découper le territoire
et à mettre en place des échelons intermédiaires d’exercice du pouvoir ; on a des
« gouverneurs », représentants le souverain et qui répliquent dans leur circonscription
le mode d’exercice du pouvoir central.

Les gouvernances scalaires sont de deux types. Le premier concerne les états
constitués par regroupement d’entités préexistantes, comme les états-nations unifiant
des principautés féodales. On a alors un modèle fédéral ou un système d’autonomies
où la notion d’échelle est constitutive de l’Etat lui-même, comme en Allemagne ou en
Espagne. Mais il existe un autre modèle scalaire où la notion d’échelle a été introduite
progressivement en transformant un modèle originellement polaire ; c’est le cas de la
France. Ce type d’évolution est le résultat des mutations de la société elle-même, de
l’urbanisation généralisée et du développement des classes moyennes. Ce dernier
facteur est décisif puisqu’il entraîne la création d’élites locales, capables de critiquer,
de proposer, de revendiquer, ce qui remet en question la gouvernance polaire et
conduit l’Etat à se transformer.

Les deux types de gouvernance se traduisent par deux modes de gestion des
territoires. A la gouvernance polaire correspond une gestion de type « administré »,
avec des fonctionnaires d’autorité qui appliquent des directives nationales. L’aspect le
plus significatif de ce mode d’exercice du pouvoir est la « tutelle d’opportunité » qui
confère aux représentants de l’Etat un pouvoir régalien sur les collectivités et les
territoires locaux. A la gouvernance scalaire correspond un mode de gestion
« articulé » qui contraste avec la rigidité du système administré ; chaque niveau du
territoire fonctionne comme une articulation qui permet une adaptation aux conditions
spécifiques de chaque entité spatiale considérée et une prise en compte ciblée des
aspirations locales.

L’articulation en question peut s’effectuer selon deux voies bien différentes. Il


peut s’agir d’une simple réorganisation de l’appareil d’Etat sous forme de
déconcentration ; on a alors une articulation « fonctionnelle ». Mais il peut aussi s’agir
d’une intervention des représentants des territoires locaux et cette fois, l’Etat s’engage
dans un tout autre processus, qui est celui de négociations avec les élites locales ; on a
alors une articulation « transactionnelle ». Ces deux modes d’articulation sont donc
profondément différents, mais dans la réalité ils fonctionnent de concert, surtout dans
les pays qui sont passés de la gouvernance polaire à la gouvernance scalaire.

DAT– SNAT 62
GOUVERNANCE ET TERRITOIRE

GOUVERNANCE

POLAIRE SCALAIRE

Mode de gestion

Administré Articulé

ARTICULATION

Fonctionnelle Transactionnelle

CONTRATS
DE PLAN

La cohabitation des deux formes d’articulation, fonctionnelle et transactionnelle,


présente de multiples avantages mais elle pose un problème de cohérence de l’action
DAT– SNAT 63
publique. Elle suppose des mécanismes d’harmonisation et de mise en cohérence sous
peine de déboucher sur une grande confusion. On ne peut pas avoir un double système
d’autorité, sans une forte coordination.

C’est exactement à ce point que se trouve aujourd’hui notre pays ; il est engagé
dans un vaste processus de rénovation, de mise à niveau de la gouvernance. La mise à
niveau dont il s’agit ici ne se réfère pas à un modèle international, mais à l’état
d’avancement de notre propre société. L’Etat est en train de s’adapter aux mutations et
aux progrès réalisés par la société depuis vingt ans.

L’évolution souhaitable est celle qui est d’ores et déjà engagée, privilégiant la
déconcentration au niveau régional et la décentralisation au niveau des villes. Cette
formule est parfaitement cohérente mais le diptyque décentralisation / déconcentration
ne peut pas fonctionner correctement sans une « courroie de transmission », adaptée à
ce genre de problème ; c’est la démarche contractuelle. Celle ci est tout simplement la
traduction institutionnelle du choix politique qu’est la gestion transactionnelle. Toute
négociation débouche sur un contrat. La formule du Contrat de Plan est donc le
complément indispensable au processus de réformes ; c’est le liant sans lequel rien ne
pourrait fonctionner.

Gouvernance et parti d’aménagement :

Il y a une liaison étroite entre la conception de la gouvernance et la vision de


l’aménagement. La notion d’équilibre régional qui avait cours dans le passé, posait
comme acteurs territoriaux les régions et l’Etat ; on considérait que les premières
avaient tendance à diverger et à créer des « déséquilibres » ; les régions motrices
étaient même accusées d’accaparer la croissance au détriment des autres ; dans cette
optique, c’était évidemment à l’Etat qu’incombait la mission de les rééquilibrer. Cela
impliquait une gouvernance polaire avec un mode d’exercice du pouvoir centralisé et
administré. L’équilibre régional était en réalité le prolongement, en termes de
territoire, de la gouvernance autoritaire. Il était porteur d’une grande confusion car il
rendait l’Etat responsable non seulement de la juste répartition des équipements, mais
aussi d’une distribution égalitaire du développement économique ; ce qui n’est
concevable qu’en économie administrée et qui finit par déboucher sur les résultats que
l’on sait.

Réciproquement, il y a un emboîtement exact entre la notion de gouvernance


scalaire et le concept de synergie différentielle. C’est même la notion d’articulation
transactionnelle qui correspond le plus exactement à ce parti d’aménagement ; en effet,
ce cadre permet aux différences locales de s’exprimer de façon positive, selon une
démarche d’harmonisation concertée, dans la perspective de l’intérêt national.

Notre pays est engagé dans un processus historique qui est précisément celui du
passage de la gouvernance polaire à la gouvernance scalaire. Cela implique une
nouvelle approche du territoire et une nouvelle conception de l’Aménagement.
La cohérence entre le parti d’aménagement et la conception de la
gouvernance constitue la pierre angulaire de ce Schéma National.

DAT– SNAT 64
GOUVERNANCE

Polaire Scalaire

PARTI D’AMENAGEMENT

Equilibre régional Synergie différentielle

Administré Articulé

Mode de gestion

Sens du mouvement

DAT– SNAT 65
Annexe :
La démarche de pensée
de l’aménagement

Commentaire du carton méthodologique


Le mécanisme se déroule en trois temps : position des principes – déclinaison de ces
principes en objectifs – traduction des objectifs en options.
a)Rappel des principes :
L’aménagement du territoire consiste à articuler sur le terrain deux grandes règles, la
citoyenneté et l’efficacité économique. La citoyenneté, en matière territoriale, renvoie à l’égalité
de traitement des citoyens par les pouvoirs publics, quelle que soit leur localisation. Plus
précisément, cela passe par une couverture intégrale du territoire pour les équipements (santé –
éducation – communication) et services de base (eau potable – électricité) et par une
organisation des services publics qui assure l’égalité des chances entre les citoyens.
L’efficacité économique se mesure avec deux paramètres, la création de valeur et la
création d’emplois ; on peut les réunir en évoquant la notion « d’emploi efficace ».
Quant au concept de développement durable, il ne relève pas du champ des principes, qui
sont des grands choix de société, des orientations politiques fondamentales. Le développement
durable n’est pas un choix, c’est une obligation générale et permanente qui concerne tous les
domaines de la vie économique et sociale. La règle de la « soutenabilité » du développement
s’impose d’autant plus qu’il s’agit d’aménagement du territoire et que nous sommes au
Maghreb. En effet la perspective temporelle du SNAT est d’une vingtaine d’années ou d’une
génération, ce qui correspond exactement à la question que pose le développement durable :
quel territoire léguerons-nous à nos enfants ? Par ailleurs, nous sommes en milieu
méditerranéen et de marge désertique, c’est-à-dire dans le contexte le plus fragile qui soit, pris
en tenaille entre l’érosion des sols et le stress hydrique. La problématique du développement
durable est la toile de fond de tous les problèmes d’aménagement.

b) - les orientations :
Chacun de ces deux principes peut être décliné en objectifs.
S’agissant de la citoyenneté et de l’équité sociale, on a retenu, pour la confection de la
carte, trois objectifs :
- Intégrer l’espace national : c’est une formulation très générale qui vise ici avant tout la
question de la gouvernance et en particulier au niveau régional. Un consensus se dessine
actuellement dans notre pays pour considérer que l’échelon régional à un rôle important à jouer,
en matière de développement économique et de mise en œuvre des politiques publiques et en
particulier sous l’aspect de la déconcentration.
- Valoriser l’héritage : les options fondamentales du Royaume insistent toujours sur
l’équilibre à tenir entre les deux axes forts que sont l’ouverture sur le monde et le
développement de l’identité nationale. La citoyenneté dont il est question ici n’est pas n’importe
quelle citoyenneté, c’est une citoyenneté marocaine, ancrée dans une histoire spécifique. Le
concept d’héritage culturel et patrimonial intéresse au premier chef l’aménagement du territoire ;
- Rattraper le retard du monde rural : le problème est suffisamment connu pour qu’il soit
inutile d’y insister. Le déficit accumulé au cours des dernières décennies concernant
l’équipement de la majorité des campagnes est une négation des conditions élémentaires de la
citoyenneté. Un effort important est heureusement en cours, qui doit être poursuivi et intégré au
plan territorial. Il y en a pour dix ans.

DAT– SNAT 66
S’agissant de l’efficacité économique, on a retenu cinq objectifs :
- Créer des emplois : cette priorité relève de l’évidence ; il faut pourtant préciser qu’il ne
s’agit pas seulement d’un objectif social mais d’un objectif économique. Les emplois à créer
doivent être productifs de valeur et être inscrits, fut-ce modestement, dans une perspective
d’efficacité économique.
- Maîtriser la croissance urbaine : là aussi on peut considérer qu’il s’agit d’un objectif à
fort contenu social ; mais il faut insister sur la primauté de la dimension économique. Le gâchis
des potentiels urbains est un des facteurs importants de la non-croissance ; et c’est sur ce plan
qu’il faut agir en priorité
- Intégrer l’agriculture : nous avons non pas une mais au moins deux agricultures, qui ne
fonctionnent ni au même niveau ni à la même vitesse ; et surtout l’écart tend à se creuser entre
l’agriculture moderne et exportatrice d’une part, et le bour paysan microfundiaire qui n’assure
qu’une survie précaire à sa population.
- Economiser les ressources : cela concerne la trilogie classique :
eau, sols, végétation. On sait que la situation se dégrade dans tous les domaines. Certaines
oasis ont été tuées par un surpompage incontrôlé subsidié par l’Etat. L’existence même des
régions les plus brillantes du pays est menacée (Souss, Haouz)
- Protéger les espaces fragiles : le protection des espaces menacés n’est pas une luxe
réservé aux pays riches, mais une nécessité économique, surtout pour un pays où le tourisme
est appelé à jouer un rôle important. Peut-on développer le tourisme oasien si les oasis sont
desséchées et les palmeraies à l’abandon ? peut-on promouvoir le tourisme littoral si les
cordons dunaires sont massacrés par des sablières sauvages, les littoraux pollués par les
déchets urbains et industriels en tous genres rejetés par les fleuves ou jetés directement à la
mer, si les constructions se multiplient dans le désordre, y compris sur le domaine public ?

c) – les options d’aménagement :


Alors que les grands principes se déclinent directement en objectifs, le passage des
objectifs aux options est de nature différente ; il s’agit cette fois de traduction et certaines
options renvoient à plusieurs objectifs qui se combinent ; Il peut y avoir en particulier croisement
entre des objectifs de nature sociale et de nature économique. Par ailleurs, les options elles-
mêmes doivent être associées au niveau de la mise en œuvre.
- La résorption du sous-équipement : elle doit être traitée au plan provincial, en
l’associant avec les orientations en matière agricole et avec les politiques de gestion de l’eau et
de protection des espaces fragiles.
- La promotion des patrimoines : il ne s’agit pas simplement de sauvegarde, mais de bien
plus que cela ; les patrimoines doivent être valorisés et contribuer au développement, en
particulier dans les villes.
- Le confortement des régions : dans un cadre régional défini de façon cohérente, les
institutions régionales auront un rôle éminent, dans un premier temps les institutions
déconcentrées et progressivement les institutions décentralisées. Elles assureront en particulier
le lien entre les politiques nationales et le développement local. Elles traduiront de manière
coordonnée les deux grands objectifs que sont l’intégration nationale et la création d’emplois.
- Les espaces à statut particulier : pour la forêt et les oasis, il s’agit de sauvegarde ; les
programmes à élaborer dans ce domaine seront conçus en intégrant les objectifs de résorption
du surpeuplement et de mise à niveau des équipements publics.
Pour le littoral, il s’agit de protection renforcée.
- La gestion de l’eau : en matière d’aménagement, la question de l’eau se décline dans
différents secteurs : la reconnaissance du statut de château d’eau avec les mesures de
protection afférentes, la gestion rigoureuse des nappes, l’équipement des cours d’eau, la mise
en valeur optimale des périmètres irrigués, la lutte contre la pollution des fleuves et des littoraux.
Les connexions les plus fortes relèvent de l’agriculture, en particulier pour ce qui touche aux
économies d’eau.

DAT– SNAT 67
- La résorption du surpeuplement : la surcharge démographique du bour et des
montagnes est une question majeure qui affecte toute l’économie nationale. Sa résorption
passe à la fois par un développement agricole cohérent avec l’ouverture économique et
respectueux des capacités des milieux, et par une diversification des activités du monde rural
qui devra s’effectuer en majeure partie dans les villes petites et moyennes des espaces
concernés. Mais cette croissance elle-même a besoin d’une base économique stable qui ne
peut se développer qu’en liaison avec l’agriculture ; il est donc primordial de définir les
orientations de politique agricole pour être en mesure de faire de l’aménagement rural cohérent.
En matière agricole, on sera très probablement amené à définir un zoning des
« vocations agricoles » ; cette opération doit être menée avec prudence car la notion même de
vocation peut prêter à confusion. Il n’y pas de vocation naturelle permanente, mais des
vocations économiques, déterminées par les conditions du marché, et donc conjoncturelles.
- Communication et transport : ce sont des composantes évidentes de l’aménagement
qui relèvent à la fois des objectifs économiques et sociaux. Dans ces domaines, le problème est
de tenir conjointement les deux bouts de la chaîne ; d’un côté il faut assurer une desserte
intégrale du territoire en poussant les réseaux (pistes, électricité, télécommunications) jusqu’au
plus profond, de l’autre il faut promouvoir une intégration de haut niveau aux échanges
internationaux (ports, aéroports, réseau ferré).
- Développement des activités : on aborde ici la vaste question du développement
économique. Il est exclu de traiter tout cela dans un simple document cartographique. On a
voulu attirer l’attention sur des aspects essentiels :
Le rôle de la pêche et du tourisme balnéaire
L’artisanat dans les grandes villes historiques
L’industrie et les services dans les métropoles
- La mise à niveau des villes : c’est le principal enjeu de l’aménagement du territoire. Le
problème primordial est celui de la gouvernance. Une première ouverture a été faire avec
l’affirmation du principe de l’unité de la ville. Il reste à développer cette perspective pour créer
les conditions d’une véritable décentralisation, avec des autorités urbaines responsables et
dotées des moyens de faire face aux problèmes considérables qu’elles ont à traiter, et en
particulier dans les plus grandes villes.

La problématique et la politique d’aménagement doivent être définies en priorité selon


l’axe du rapport villes-campagnes. Il s’agit de tenir conjointement la mutation du monde rural
et la croissance urbaine. L’Europe du XIXème siècle a résolu son problème démographique
par l’émigration de masse et par le surpeuplement des campagnes ; on a d’abord stocké
l’excédent de population résultant de l’explosion démographique dans les campagnes et les
villes ont puisé dans ce réservoir au fur et à mesure de leurs besoins, en particulier industriels.
C’est aussi ce qui a été tenté dans notre pays au cours des dernières décennies, mais cela
s’est soldé par un échec ; désormais, cette méthode n’est plus praticable, car le milieu rural ne
peut pas le supporter, sous peine de dégradation irréversible. Il y a une obligation
d’urbanisa tion, à tous les niveaux de l’armature.

LA CHARNIERE :
En termes de stratégie, les deux options centrales sont le confortement des régions et la mise
à niveau des villes. Villes et régions ont vocation à être fortement articulées, et ce de trois
façons :
- dans la conception même des espaces régionaux, qui doivent être conformes aux
aires de rayonnement des villes principales, dans les zones les plus actives du pays.
- dans le contenu des politiques d’aménagement.
- dans le mode de gestion du développement régional et urbain par les pouvoirs
publics. Cela passe par la politique contractuelle ; les contrats de plan constitueront l’outil
central de l’action publique et le moyen privilégié d’intervention de l’aménagement du territoire.
C’est pourquoi les contrats de Plan constituent la charnière qui permet de faire fonctionner
l’ensemble du dispositif.

DAT– SNAT 68

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