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Les tunnels

CHAPITRE I

GENERALITE

1. INTRODUCTION
Les ouvrages souterrains constituent un domaine important et en plein
développement de la géotechnique. En effet, l’extension des voies de
communication (routes, autoroutes et voies ferrées) impose souvent
des franchissements difficiles, qui conduisent généralement à la
construction de tunnels. De même, l’encombrement de la surface du
sol des villes rend nécessaire la construction en souterrain des
nouvelles voies de circulation (voirie, métros) et de nouveaux
équipements urbains (parkings, réseaux d’assainissement, etc....). Ces
derniers ouvrages sont généralement construits à faible profondeur.
L’utilisation des cavités souterraines pour le stockage de différents
produits constitue également un domaine d’activités conséquent.
Les ouvrages souterrains sont donc de types, d’usages et de
dimensions très divers.

2. CLASSIFICATION DES OUVRAGES SOUTERRAINS


Plusieurs possibilités se présentent. A titre d’exemple on cite trois
classifications :
1. N. Barton et al. (1974) classent les ouvrages souterrains suivant
leur destination, en caractérisant la sécurité requise par ordre
croissant:
 A - Excavation minière à caractère temporaire
 B - Puits verticaux

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 C - Galeries hydrauliques (sauf conduites forcées à haute
pression), collecteurs d'assainissement, galeries de
reconnaissances et galeries pilotes
 D - Cavités de stockage, stations de traitement d'eau,
tunnels routiers et ferroviaires sur axe secondaires,
chambres d'équilibre et tunnels d'accès
 E - Usines souterraines (le plus souvent hydroélectrique),
tunnels autoroutiers, tunnels ferroviaires sur axe
principaux, galeries du métro, abris de défense civile,
 F - Centrales nucléaires souterraines, gares souterraines
salles ouvertes au public (sport, spectacles…)

2. Classification des ouvrages souterrains en fonction des


conditions naturelles dans lesquelles ils sont réalisés (Bouvard et
al. (1988)):
 A - Sol meuble ou rocher,
 B - Faible ou forte couverture,
 C - Terrain hors nappe ou aquifère,
 D- Contraintes naturelles normales (poids de la
couverture) ou élevées (contraintes résiduelles).
3. Classification des ouvrages souterrains en deux grandes
familles (Mestat et al. [1999]):

 les ouvrages de section plus ou moins régulière et de grande


longueur (tunnels, galeries, buses, tuyaux).
 les cavités souterraines et structures enterrées (usines et gares
souterraines, parkings, lieux de stockage).

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3. FACTEURS A PRENDRE EN COMPTE
Pour ce qui concerne le Génie Civil, l'opération de conception d'un
tunnel prend en compte trois types de contraintes qui sont liés
respectivement :
 au parti fonctionnel retenu,
 à l'environnement de l'ouvrage,
 au terrain encaissant.
Ces facteurs interviennent en priorité dans la définition du profil en
travers de l'ouvrage et dans le choix des procédés de construction.
Rappelons d'autre part que le tracé et le profil en long de l'ouvrage
sont eux-mêmes définis en tenant compte des contraintes liées à
l'environnement et au terrain.
3.1. Parti fonctionnel
Les conditions d'utilisation du tunnel en service déterminent le volume
utile nécessaire :
 à la circulation des véhicules, tel que défini dans le document
"Géométrie",
 aux différents équipements assurant l'éclairage et la sécurité,
 à la ventilation,
 aux conduites transitant par l'ouvrage (caniveaux d'évacuation
d'eau, égouts, câbles, etc...).
3.2. Environnement
Les contraintes liées à l'environnement concernent essentiellement :

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 la sensibilité aux déformations et vibrations des ouvrages,
constructions, sites naturels à proximité des travaux de
creusement ;
 la présence de nappe aquifère (niveau à maintenir et qualité des
eaux à conserver).

3.3. Terrain
La connaissance de la réaction du terrain au creusement est
fondamentale. En particulier les problèmes et les solutions sont de
nature très différente selon que l'on a affaire à :
 des massifs rocheux globalement stables où le soutènement
n'intervient que pour s'opposer à d'éventuelles chutes de blocs,
 des terrains dans lesquels le front de taille est stable mais qui
nécessitent un soutènement proche du front,
 des terrains dans lesquels le front de taille est instable ou bien
dans lesquels il faut parfaitement maîtriser les mouvements pour
respecter des contraintes de tassement en surface.

4. UN PEU DE VOCABULAIRE
Description d’un tunnel
La figure 1 présente les termes couramment associés à l’excavation
d’un puits ou d’un tunnel. Le terrain se déforme à deux endroits : au
front de taille on parle d’extrusion et en parois on parle de
convergence.

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Le front de taille est une surface plane dont le contour forme le profil
du tunnel. Dans la plupart des cas, on considère que les convergences
sont stabilisées après 2 diamètres en arrière du front.

Figure 1. Coupe transversale et longitudinale d’un tunnel au voisinage


du front de taille.

Petit lexique
Le lecteur trouvera ci-dessous une liste succincte de quelques termes
utilisés en travaux souterrains.
Auscultation : instrumentation et mesure de grandeurs physiques
permettant de comprendre et de maîtriser d’une part le comportement
de l’ouvrage, d’autre part son incidence sur l’environnement (terrain,
tunnel, ouvrages voisins).
Blindage : enfilage de plaques métalliques ou de planches en bois
entre les cintres de soutènement. Le blindage sert souvent de coffrage

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perdu lorsqu’il est accompagné d’un remplissage béton, il a également
un rôle structurel de maintien.
Bouclier : système de protection et de soutènement d’un tunnelier
constitué le plus souvent d’un tube métallique épais à peu près du
diamètre de la section excavée.
Calotte : partie supérieure d’un tunnel dans une excavation par demi-
sections (section supérieure).
Cintre : profilé métallique normalisé (IPE, HEA, HEB...) cintré selon
la géométrie du tunnel et qui sert à soutenir le terrain.
Confinement : application d’une pression sur les parois d’un tunnel,
par le biais d’un soutènement principalement, dans le but de limiter les
convergences et le déconfinement du terrain.
Convergence : rétrécissement diamétral d’une section de tunnel.
Débourrage : venue d’eau et/ou de matériaux meubles violente et
inattendue suite à l’excavation du front de taille.
Déconfinement : réorganisation des contraintes autour du tunnel, de
part et d’autre du front de taille. On dit que le terrain est entièrement
déconfiné lorsqu’il a atteint son équilibre final.
Décousu : zone de terrain proche du front de taille non soutenue.
Exhaure : évacuation des eaux qui s’infiltrent naturellement dans le
tunnel ou qui sont utilisées pour les besoins du chantier.
Front de taille : zone où l’excavation se réalise, fin provisoire du
tunnel en creusement.
Fontis : cloche formée par l’effondrement des terrains de proche en
proche verticalement. Dans le pire des cas les fontis peuvent se
propager jusqu’en surface.

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Injection : terme générique désignant les techniques de substitution et
de comblement des vides dans les terrains par un coulis durcissant.
Les injections ont deux utilités : augmenter la résistance et/ou
étancher.
Marinage : évacuation des marins issus de l’excavation.
Marins : déblais formés par l’excavation d’un pas d’avancement.
Pas d’avancement : longueur de terrain excavée en une seule phase.
Plan de tir : plan du front de taille où figurent les trous de forage, les
différents retards et microretards de détonateurs, les lignes de tir pour
les tirs séquentiels ainsi que les quantités d’explosifs utilisées.
Rameau : galerie reliant deux ouvrages souterrains.
Stross : partie inférieure d’un tunnel dans une excavation par demi-
sections (section inférieure).
Tunnelier : machine pleine section destinée à réaliser des tunnels,
pouvant aller du creusement à la pose du revêtement final. On parle
aussi de TBM (Tunnel Boring Machine).
Voussoir : écaille de béton armé préfabriquée. Plusieurs voussoirs
forment un anneau, et plusieurs anneaux forment le revêtement de
certains tunnels.

5. CHOIX DE LA SECTION
5.1. Profils en travers
La définition géométrique du profil en travers excavé résulte de la
recherche de la forme optimale permettant de satisfaire les exigences
relatives :

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 aux dispositions constructives induites par le respect du parti
fonctionnel ;
 aux conditions de stabilité imposées par la qualité géomécanique
du terrain encaissant ; dans un terrain très déformable ou soumis
à des contraintes importantes (faible valeur du module de
déformabilité, très importante épaisseur de couverture, terrain
gonflant, comportement différé très marqué, charge d'eau
importante, etc...) il sera recherché la forme la plus circulaire
possible ; alors que dans un terrain où l'excavation au rocher est
auto-stable, il pourra être adopté un profil en travers en voûte
surbaissée à plusieurs rayons ;
 au procédé d'exécution : l'emploi d'un tunnelier implique un
profil circulaire alors que dans le cas de tranchées couvertes
réalisées depuis la surface, le profil en travers est quasiment
toujours rectangulaire.

Les variations longitudinales de lithologie et de qualité mécanique des


matériaux encaissants peuvent conduire à des changements de
méthode ou de section d'excavation (ou des deux en même temps) au
cours de l'avancement. Pour des raisons d'économie et d'esthétique, il
convient d'adopter un profil, le plus uniforme possible, tout au long de
l'ouvrage ; en particulier, dans les cas où un profil circulaire ne
s'impose que sur une longueur assez courte, il vaudra souvent mieux
renforcer très fortement (augmenter l'épaisseur du revêtement,
ferrailler le béton, mettre en place un radier contre-voûté...) le profil

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courant non circulaire, plutôt que d'appliquer sur toute la longueur de
l'ouvrage la forme circulaire.

5.2. Division de la section


La puissance des moyens de terrassement et le développement des
procédés de pré-soutènement et de renforcement du front de taille
permettent de plus en plus souvent d'envisager le creusement des
tunnels en pleine section, ou tout au moins avec une demi-section
supérieure importante.

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Figure 2. Exemples de profils en travers pour un tunnel routier.

6. PROBLEMES MAJEURS LIES A LA CONSTRUCTION DES


OUVRAGES SOUTERRAINS
Les problèmes liés à la construction des ouvrages souterrains peuvent
être :
 La stabilité du terrain pendant les travaux, notamment au front
de taille ;
 Le choix du type de soutènement et de revêtement à mettre en
œuvre pour assurer la tenue des parois à court terme, puis à long
terme ;

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 La maîtrise des mouvements engendrés en surface et en
profondeur par le creusement, en particulier lorsque l’ouvrage
est construit à faible profondeur ou à proximité d’autres
structures (creusement en site urbain) ;
 La maîtrise des phénomènes hydrauliques liés aux travaux et à la
présence de l’ouvrage ;
 Des problèmes spécifiques liés aux projets de stockage de
matériaux à basse températures (gaz liquéfié) ou à haute
température (déchet radioactifs), pour lesquels les contraintes
thermiques s’ajoutent aux contraintes mécaniques dues au
creusement ;
 La résistance du revêtement des tunnels aux incendies. Suite à
plusieurs accidents d’incendies meurtriers dans les tunnels
routiers et les métros, les recherches ne sont actuellement
accentuées pas uniquement sur l’amélioration de la résistance du
béton mais aussi à sa résistance au feu (l’utilisation des fibres
métalliques est déconseillée par exemple).

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CHAPITRE II

TECHNIQUES DE CREUSEMENT DES OUVRAGES


SOUTERRAINS

Il existe plusieurs méthodes pour creuser un tunnel. On distingue deux


grandes tendances :
– Le creusement conventionnel (Explosifs / Attaque ponctuelle) ;
– Le creusement au tunnelier.

Type de creusement Description des techniques


Technique de découpage utilisée
en milieu rocheux. Les
Creusement à l’explosif ébranlements du massif peuvent
être contrôlés par réglages des tirs
et par le pré découpage du massif.
Creusement à attaque ponctuelle

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L’abatage peut être assuré par
différents moyens mécanisés ou
non (pelle mécanique, etc.), le
creusement s’effectue en pleine
section ou en sections divisées.

Creusement au tunnelier
L’abattage est effectué à l’aide
d’une roue de coupe munie de
molettes (roches) ou de pics
(sols). Dans le cas des sols, le
creusement est réalisé à l’aide
d’un « bouclier », assurant la
protection des parois de
l’excavation entre le front de taille
et la partie revêtue de l’ouvrage.
La stabilité du front est alors
assurée par diverses techniques.

1. CREUSEMENT CONVENTIONNEL

1.1. Creusement à l’explosif

La technique de creusement à l’explosif n’est appliquée que pour les


terrains rocheux. C’est une méthode économique, couramment utilisée
en travaux souterrains.

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En souterrain on utilise des explosifs brisants (vitesse de détonation >
4000 m/s) dont l’effet sur la roche est double :
 L’énergie de choc véhiculée par une onde fissure le terrain ;
 L’énergie de gaz, engendrée par le dégagement d’un important
volume de gaz à haute température et pression, ouvre ces fissures et
disloque le matériau. Le "surplus" de cette énergie expulse les blocs
disloqués.

Les explosifs actuels sont dits de sûreté car ils ne peuvent détoner sous
l’action d’un simple choc ou d’une élévation de température. Ils
détonnent sous l’action d’une onde de choc générée par des
détonateurs électriques instantanés ou à retard
L’abattage se fait par passes ou volées dont la longueur varie suivant
le type de roches (1 à 5m). Il peut être pleine section (on excave toute
la section du tunnel) ou par sections divisées. En général on réalise au
maximum deux sections dites Calotte et Stross avec un décalage
suffisant pour attendre la stabilisation des convergences.
Dans le creusement aux explosifs, il est essentiel d’établir un « plan de
tir ». Le plan de tir (Fig. 3) est le plan d’implantation des forages où
sont introduits les explosifs. Y figurent également les différents
retards des détonateurs. Il faut répartir les charges explosives et leurs
retards de façon optimale pour obtenir le résultat escompté : le moins
possible de hors-profils
(Sur-excavation) ou de en-profils (sous-excavation) et le minimum de
vibrations. Dès qu’une charge est mise à feu, elle va entraîner la roche
brisée vers la surface libre la plus proche. Classiquement on retrouve :

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 au centre, le bouchon. C’est lui qui sera abattu en premier. On
l’obtient en réalisant des forages sur un maillage plus rapproché, et
en laissant certains trous vierges d’explosif pour le dégagement des
roches ;
 tout autour du bouchon, une seule ligne de tirs en spirale ou
plusieurs concentriques si le tir est séquentiel. Dans ce cas, chaque
ligne est alimentée avec un décalage temporel. Ce retard est à
combiner avec celui de chaque détonateur. Les roches sont
successivement expulsées vers la cavité centrale qui s’élargit. Il
s’agit de l’abattage ;
 près des bords de la section et du profil théorique, des trous plus
rapprochés et moins chargés pour réaliser un post-découpage ou
découpage soigné.

Un tir complet peut donc durer plusieurs secondes en additionnant les


retards.
Seule une personne compétente et diplômée est autorisée à placer les
charges explosives dans les forages. C’est le travail du préposé aux
tirs, aussi appelé "boute-feu". Il place d’abord le détonateur en fond de
trou, puis la charge d’explosif et enfin la bourre qui confine et bouche
le forage.
Après le tir, il faut ventiler et disperser les gaz toxiques (CO, CO2,
NOx,...) pour les diluer. Une réglementation très stricte existe à ce
sujet.

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Figure 1. Plan de tir séquentiel optimisé pour le tunnel de Chamoise
(1993).

1. 2. Creusement à attaque ponctuelle


Dans les roches tendres (craies, marnes, schistes altérés...), l’usage de
l’explosif est efficacement remplacé par l’emploi de machines à
attaque ponctuelle. Le creusement s’effectue en pleine section ou en
sections divisées.
Pour les terrains de bonne qualité et des sections de tunnel limitées, le
creusement est généralement effectué en pleine section. Pour les
tunnels de très faibles sections, cette technique est couramment
utilisée, quelles que soient les caractéristiques du massif.

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Lorsque la technique précédente n’est pas applicable ou présente des
risques de stabilité, ou lorsque la section de l’ouvrage est trop
importante (diamètre important), la construction est réalisée en deux
ou plusieurs phases d’excavation (creusement en sections divisées).
L’abattage peut être assuré par différents moyens mécanisés ou non
(pelle mécanique, etc.). Elles s’inspirent directement du travail du
mineur :
Un bras articulé vient "gratter" et abattre le terrain du front (Fig. 2).
Progressivement l’engin excave la section entière par un cheminement
adapté. Ces machines mobiles peuvent être une adaptation directe des
haveuses à pics de l’industrie minière, un Brise-Roche Hydraulique
(BRH) ou bien simplement une pelle retro de chantier. Lorsque le
terrain s’y prête (Rc < 80 MPa), le rendement de cette méthode est
bien meilleur que l’explosif.
Ce procédé de creusement apporte toutefois son lot d’inconvénients :
bruits, poussières et chaleur dégagée difficiles à combattre dans un
milieu confiné.

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Figure 2. Machine à attaque ponctuelle sur le tunnel de Tartaiguille

Phase 0 : Etat initial Phase 1 : Excavation


simultanée des deux
galeries

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Phase 2 : Mise en place du soutènement Phase 3 : Bétonnage
des piédroits

Phase 4 : Excavation de la demi-section Phase 5 : Mise en place


du soutènement
supérieure (calotte) demi-section
supérieure

Phase 6 : Excavation du stross Phase 7 : Mise en


place du revêtement après
achèvement des travaux
d'excavation

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Figure 3: Phasage d’exécution du métro d’Alger sous l’Hôpital
Mostfa Bacha

1.3. Purge et marinage


L’opération de purge est assez délicate, puisqu’elle consiste à faire
tomber de la voûte et du front les blocs et les écailles non stables. Elle
se fait à l’aide d’un pic manuel spécialement conçu pour cet usage, la
pince à purger. L’autre opération simultanée ou venante juste après,
qui consiste à charger et évacuer les déblais, s’appelle le marinage. Il
est réalisé à l’aide d’une pelle classique et d’un camion benne
(dumper).
Lorsque la distance l’impose, on peut être amené à utiliser une
locomotive tractant des berlines ou encore un convoyeur à bande.
Dans ce dernier cas, il convient de prévoir un concasseur pour réduire
la taille des blocs transportés.

1.4. Pose du soutènement


Le plus proche possible du front, mais pas trop près non plus, on vient
placer un soutènement. Autrefois provisoire, en attendant le
revêtement, il est de plus en plus prévu pour participer à la reprise des
efforts du terrain à long terme. Parfois il peut même rester le seul
chemisage du tunnel après son achèvement lorsque la configuration
hydro-géologique le permet. Il a un rôle de protection et de sécurité
pour le personnel travaillant sous terre (chutes de petits blocs), de
supportage pour assurer la stabilité des gros blocs et de confinement
pour limiter la convergence du terrain. L’espace non-soutenu durant le

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travail au front s’appelle le décousu. Selon la qualité du terrain, le
décousu peu aller de quelques décimètres à plusieurs mètres.

1.5. Pose de l’étanchéité


En général, entre le soutènement et le revêtement définitif en voûte,
on place un film synthétique (PVC par exemple) qui assure
l’étanchéité partielle de l’ouvrage. Il convient donc de prévoir un
réseau de drains et d’assainissement en piédroits pour l’évacuation des
eaux d’infiltration collectées par cette membrane protectrice.
Dans certains cas, afin de ne pas perturber le réseau hydrologique
local, une étanchéité totale « voûte et radier » est requise. Dans ce cas
le tunnel devient un véritable sous-marin et le revêtement doit être
capable de supporter des pressions hydrostatiques élevées.

1.6. Pose du revêtement


Après stabilisation des convergences, loin du front pour ne pas
perturber le chantier et parfois même à la fin du creusement, on vient
poser -plutôt couler- le revêtement définitif du tunnel. Il a une
fonction de résistance, car il doit reprendre les efforts à long terme
(fluage, gonflement ou pression hydrostatique) et ceux dus à la perte
éventuelle de résistance du soutènement (rouille, vieillissement,...). Il
a également une fonction de protection de l’étanchéité, de support des
structures internes (panneaux, ventilateurs...) et enfin esthétique
puisque c’est lui que les futurs usagers verront lors de leur passage.

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2 CREUSEMENT MECANISE A ATTAQUE GLOBALE
(TUNNELIERS)

2.1 Introduction
Sont considérées comme techniques d’excavation mécanisée
toutes les techniques de creusement où l’abattage est réalisé
mécaniquement à l’aide de dents, pics ou molettes, par
opposition aux techniques dites conventionnelles utilisant l’explosif
comme moyen d’abattage.
Sont définies sous le terme "pleine section" ou "à attaque globale ou
pleine face" les machines capables d'excaver en une seule fois la
section du tunnel à réaliser, à l'inverse des machines "à attaque
ponctuelle" qui abattent le terrain de manière sélective et par partie.
Apparus à la fin du XIXe siècle, les tunneliers ou TBM (Tunnel
Boring Machines) regroupent sous le même terme l’ensemble des
machines permettant une excavation mécanique à pleine section. La
puissance, l’avancement journalier, l’aisance et la précision du
pilotage, ainsi que l’adaptation à tous les types de terrains rencontrés
sont autant d’atouts qui font l’objet d’améliorations continuelles
depuis les premiers modèles archaïques. Chaque machine est un
prototype, conçu pour un tunnel précis, mais qui peut être réutilisé sur
un autre chantier pour peu que la géométrie et la géologie
conviennent. Le tunnelier du métro de Lille a par exemple été réutilisé
à Rennes. Son coût de fabrication et de fonctionnement élevé le rend
compétitif pour les gros projets ou les longues galeries dans des
horizons géologiques assez homogènes.

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Sauf exception, le tunnelier réalise un tunnel de forme circulaire :
 Dans le rocher, l'excavation peut ainsi se faire par attaque
globale à l'aide d'une machine foreuse pleine section qui prend
généralement appui directement au terrain par l'intermédiaire de
grippers ou patins d'ancrage latéraux.
 En terrain tendre nécessitant un soutènement important, la forme
circulaire est la mieux adaptée à la reprise des efforts. Le
tunnelier comporte alors un bouclier et le front peut être
pressurisé
C’est en 1881 que la première machine de creusement mécanique
d’un tunnel a été conçue et réalisée par le Colonel de
BEAUMONT lors des premiers travaux de reconnaissance en vue
de la construction du tunnel sous la MANCHE. Cette machine,
était mue à l’air comprimé et était destinée à être utilisée dans un
matériau à la fois tendre, cohérent et relativement homogène, à
savoir la craie Bleue du Pas de Calais. Elle a creusé avec succès 2.5
kms de galerie de 2.14 m de diamètre en 1882 et 1883.
Les progrès techniques et technologiques ont permis au fil du
temps de créer des machines permettant d’une part de s’attaquer
à des roches de plus en plus dures et d’autre part d’évoluer dans
des terrains de moins en moins cohérents, voire meubles et aquifères.
Les techniques d’excavation mécanisée se répertorient en fonction
de la
réponse plus ou moins élaborée qu’elles apportent aux fonctions
principales de la réalisation d’un tunnel, à savoir :
 l’abattage des terrains

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 le soutènement des terrains, à la fois radial et frontal
 l’excavation des déblais (« marinage »)
 la mise en œuvre du revêtement définitif

Figure : tunnelier

Tableau 1. Chronologie d’évolution des boucliers


CHRONOLOGIE D’EVOLUTION DES BOUCLIERS
1825 La première utilisation du bouclier en Angleterre (Brunel)
propulsé par des vérins à vis
1897 Bouclier de Greathead propulsé par des vérins hydrauliques en
Angleterre
1901 Premier bouclier mécanisé Markham en Angleterre
1936 Premier bouclier à abattage manuel au Japon
1960 Premier bouclier à pression de boue en Angleterre
1965 Premier bouclier à pression de boue au Japon
1974 Premier bouclier à pression de terre au Japon par
ISHIKAWAJIMA-HARIMA
1981 Premier bouclier à pression de terre utilisé aux Etats Unis à San
Francisco
1984 Premier bouclier à pression de boue utilisé en France (métro de
Lyon)
1988 Premier bouclier à pression de terre utilisé en France
(Collecteur de Villeneuve St-Georges)
1990 Premier bouclier à pression de terre utilisé en Allemagne

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(Collecteur d’eau pluvial à Brême)

2.2. Les organes d’un tunnelier


Un tunnelier présente très souvent trois parties distinctes
 Tout d’abord la roue de coupe ou tête d’abattage, organe muni
de dents et/ou de molettes, qui par le double effet d’une rotation
(moteurs hydrauliques ou électriques) et d’une translation
(vérins s’appuyant sur les voussoirs ou les parois du tunnel)
creuse le terrain ;
 Ensuite le bouclier, anneau métallique protégeant la machine et
les hommes pendant la pose du revêtement définitif (on le classe
comme soutènement latéral). Sa partie finale peut être articulée
et se terminer par une jupe métallique ;
 Enfin le train suiveur, constitué de remorques successives où
sont installés les différents ateliers nécessaires à l’avancement
du chantier : approvisionnement en voussoirs, injections de
bourrage derrière les anneaux du revêtement, pose de la
ventilation, alimentation électrique, cabine de pilotage, système
de marinage, etc... Le train roule directement sur les voussoirs,
lorsqu’il y en a, ou sur des rails posés à même le rocher

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Figure : Coupe schématique d’un tunnelier à pression de terre

Figure : Schéma général constitutif d’une machine pleine section

2.3. Principe et fonction d’un bouclier


On utilise le double effet du poinçonnement des outils dans le rocher
du front de taille par l'intermédiaire des vérins de poussée et du

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mouvement circulaire de la tête de forage sur laquelle sont montés les
outils. La position des molettes ou disques sur la tête est telle que les
sillons décrits à chaque rotation soient suffisamment proches (de 6 à
10 cm) pour provoquer la rupture de l'arête rocheuse. Les molettes
sont maintenant capables de pénétrer dans des terrains extrêmement
durs tels que les granites (200 MPa) ; dans les terrains meubles on
utilise des pics ou dents en nombre plus important.
La progression s'effectue "en chenille" par reprise des appuis
solidaires du corps de la machine.
La course unitaire de forage est variable suivant le type de machine et
les caractéristiques du terrain :
 de l'ordre de 1 à 1,50 m dans les terrains durs à tendres ne
nécessitant pas de soutènement,
 de la valeur d'un espacement de cintres ou d'une largeur de
voussoirs quand la machine progresse par réaction contre
l'anneau du revêtement d'un voussoir.

Figure : Principe de fonctionnement d’une machine pleine section

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Un tunnelier avance dans le terrain telle une chenille : le creusement
est coordonné à la poussée sur les vérins. Ceux-ci s’appuyant sur le
dernier anneau posé, il faut avancer suffisamment pour pouvoir rentrer
leurs tiges et dégager l’espace nécessaire à l’assemblage des nouveaux
voussoirs. Durant la pose des voussoirs, le creusement est bien
entendu arrêté. Le bouclier assure en même temps et d’une manière
continue les fonctions suivantes:
1. Le soutènement des parois latérales, assuré par la jupe (virole
métallique articulée ou monolithique);
2. Le revêtement définitif, mis en place immédiatement derrière la
jupe avec des érecteurs ou par injection du béton;
3. Le remplissage du vide annulaire dégagé derrière la jupe entre le
revêtement et le sol;
4. L’abattage du front, c’est la destruction du terrain en place et la
préparation des déblais en vue de leur évacuation;
5. Le soutènement du front de taille, dont la stabilité est assurée pour
éviter le tassement et les fontis. La manière d’assurer cette fonction
est la base de classement des boucliers;
6. L’étanchéité du tunnel;
7. Le marinage, c’est l’évacuation des déblais de la chambre
d’abattage vers l’extérieur du tunnel;
8. La propulsion du bouclier par des vérins hydrauliques en
s’appuyant sur le revêtement ou sur le coffrage;
9. Le guidage, c’est le maintien du bouclier sur l’axe théorique.

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2.4. Les principaux types de tunnelier
2.4.1 Les tunneliers à appui radial (tunneliers dits« roches dures
»)
Un tunnelier à appui radial est une machine équipée d’une tête
d’abattage circulaire et rotative capable d’excaver en une seule
opération la totalité de la section. L’effort de poussée sur la tête
d’abattage est mobilisé par des « grippers » ou patins de vérins
latéraux qui prennent appui radialement sur le parement naturel de
l’excavation.
Les grippers sont solidaires d’une structure d’appui maintenue
fixe pendant la phase d’excavation, la tête foreuse progressant en
coulissant à l’intérieur de cette structure par l’intermédiaire de
vérins longitudinaux.
Dans la phase suivante les grippers sont repliés, la tête de
forage est immobile, et la structure est avancée de la longueur
des vérins longitudinaux (= « stroke »), puis on déplie les grippers et
le cycle recommence.
Ce genre de machine ne crée pas de soutènement de
l’excavation, mais on peut y associer un atelier de boulonnage
ou de pose de cintres métalliques à quelque distance du front.
L’évacuation des déblais se fait le plus souvent au moyen de
godets périphériques qui se déversent dans une trémie centrale à la
partie supérieure de la machine lors de chaque passage en position
haute.
Ce type de tunnelier trouve par définition son emploi dans des
terrains rocheux suffisamment durs et compacts (donc à priori

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imperméables) pour supporter une pression élevée sans
poinçonnement sous les patins des grippers, et ne nécessitant bien sûr
pas de soutènement immédiat.
2.4.2. Les boucliers mécanisés à front ouvert
Ces machines se distinguent des précédentes par le fait qu’elles
comportent un bouclier, c'est-à-dire une structure cylindrique rigide
qui progresse au fur et à mesure du creusement et qui assure la
stabilité des parois de l’excavation (mais non du front).
Ce sont les plus anciens types de boucliers constitués d’un tube à front
ouvert. Ce dernier étant accessible, l’abattage peut être manuel, semi-
mécanisé ou mécanisé. L’abattage peut se faire par section (roue
garnie de pics et des molettes) ou de façon ponctuelle. La palette des
outils d’abattage pour l’attaque ponctuelle est très large. Ils vont des
outils manuels (pelle, pioche, pic, marteau perforateur...) aux robots
excavateurs.
Ce genre de bouclier est adapté aux terrains qui, d’une part ont une
cohésion suffisante pour assurer la stabilité du front, et d’autre part
sont hors nappe ou à très faible gradient hydraulique. L’utilisation de
cette technique en présence d’eau nécessite des travaux annexes
coûteux et encombrants (rabattement, injection, congélation...). Ce
type de tunnelier est donc réservé aux terrains cohérents mais pas
trop résistants, et relativement imperméables (roches tendres/sols
indurés).
Le soutènement peut être constitué soit de cintres métalliques,
soit de boulons et grillage, soit encore de voussoirs préfabriqués en
béton ou métalliques.

30
La tendance actuelle dans de telles conditions est d’abandonner ce
genre de procédé.

2.4.3 Les boucliers mécaniques à front confiné (Boucliers fermés)


Les boucliers à front confiné constituent ce que l’on pourrait
appeler la dernière génération de tunneliers, à savoir un matériel
capable de faire face à des situations géologiques particulièrement
difficiles qui, jusqu’à leur apparition, nécessitaient la mise en
œuvre de méthodes spéciales longues et onéreuses de traitement
de terrain.
Ce type de tunneliers trouve fondamentalement son emploi dans
les terrains meubles et aquifères mais permet également de
s’adapter à des situations géologiques intermédiaires.
Ils sont, à l’exception des boucliers à soutènement mécanique,
pourvus à l’avant d’une chambre d’abattage isolée de l’arrière du
tunnel par une cloison étanche dans laquelle sont installés les
moyens d’excavation (tête de coupe) et où est maintenue une pression
de confinement destinée à soutenir activement le front d’excavation et
équilibrer la charge développée par la pression hydrostatique.
La progression est assurée par des vérins de poussée prenant
appui longitudinalement sur le revêtement en voussoirs monté à
l’arrière de la jupe à l’aide d’un érecteur.
Les boucliers fermés se divisent en quatre catégories principales, selon
l’agent qui assure le soutènement du front :
 bouclier à pression mécanique ou aveugle (soutènement
mécanique);

31
 bouclier à pression d’air (soutènement avec de l’air comprimé);
 bouclier à pression de boue (soutènement avec de la boue);
 bouclier à pression de terre (soutènement avec la terre excavée).
De ces quatre catégories principales découlent d’autres variétés qui
utilisent une combinaison de deux agents pour soutenir le front. Cette
technique permet d’utiliser les avantages de deux variétés, tout en
diminuant leurs inconvénients.

Type de
Caractéristiques Schéma
bouclier

Description : Le creusement est


généralement mécanisé et
l’avancement assuré par des vérins
Bouclier hydrauliques s’appuyant sur le
à front soutènement déjà installé à l’abri
de la jupe du bouclier.
ouvert Utilisation : Réservé aux sols
cohérents sans problèmes de
stabilisation du front de taille ou
dans les roches tendres.
Bouclier Description : Cette technique est
«aveugl de moins en moins utilisée. Le
soutènement du front de taille est
e» à assuré par le tunnelier.
pression Utilisation : L’utilisation est
limitée aux sols mous, très
mécaniq plastiques à fluides, sans

32
ue possibilité de venues d’eau.

Bouclier Description : Il fonctionne comme un bouclier à front


ouvert, mais le soutènement du front par pression d’air
à air permet le creusement dans des terrains meubles aquifères,
compri les outils d’abattage se situent dans la chambre.
mé Utilisation : Sols à faibles perméabilités et suffisamment
homogènes, fins.
Description : Le soutènement du
front de taille est effectué par la
pression de boue bentonitique dont
la circulation permet aussi
Bouclier d’évacuer les déblais. La boue
à forme un cake imperméable en
équilibrant les forces exercées sur
pression le front.
de boue Utilisation : Applicable à une
grande variété de terrains : des
argiles aux sables et graviers, sous
une charge d’eau de plusieurs
mètres.
Description : Le soutènement du
Bouclier front de taille est effectué par le
confinement des déblais dans la
à
chambre d’abattage, qui se trouve
pression entre le front et une paroi étanche.
Utilisation : Cette technique
de terre
nécessite un sol suffisamment
fluide et homogène.

Figure 5. Classification des boucliers (d’après Mestat (1999))

2.4.3.1. Bouclier à soutènement mécanique

33
Le bouclier à soutènement mécanique est un tunnelier équipé
d’une tête d’abattage à attaque globale (sous forme de trousse
coupante ) et dont le soutènement frontal est réalisé par la mise en
pression des terres abattues contenues devant la tête d’abattage.
Les déblais sont extraits par des orifices disposés sur la tête et
équipés de volets à ouverture ajustables en temps réel. Les
dimensions de ces ouvertures sont réglables en fonction de la vitesse
d’avancement du bouclier et de la compressibilité du sol.
Ce genre de bouclier convient pour les sols mous, d’une consistance
allant de très plastiques à fluides, de cohésion inférieure à 30 kPa et de
d20 inférieur à 0.02 mm. Des risques d’instabilité sont à prévoir dans
les terrains à faible cohésion et avec débit d’eau.

2.4.3.2. Bouclier à pression d’air


La partie avant de ce bouclier ressemble beaucoup à un bouclier non
pressurisé. La différence est que le front est soumis à une pression
d’air comprimé. Le confinement est réalisé par mise en pression de
l’air contenu dans la chambre d’abattage. L’air comprimé fait refouler
l’eau de la nappe phréatique et soutient le front. Une cloison étanche
sépare la partie avant du tunnel (sous pression) de la partie arrière, le
passage entre les deux parties se fait à travers un sas de
décompression.
Ce genre de bouclier convient aux terrains homogènes, à fine
granulométrie, à faible perméabilité (k < 10-5m/s) et à poussée
hydrostatique réduite. Autrement, dans les terrains hétérogènes et à
faible couverture, il y a fréquemment des pertes d’air telles qu’il

34
devient très difficile de gérer et maîtriser correctement la contre-
pression indispensable au front. De plus, la pression exercée par l’air
sur le terrain est uniforme alors que la pression dans le terrain
augmente avec la profondeur (Figure 6).
Cette méthode à un coût de main d’oeuvre très élevé, elle est très
risquée pour le personnel qui travaille près du front. La tendance
actuelle dans la conception de ces boucliers est dans l’automatisation
des tâches qui se font sous pression. L’air comprimé pose un problème
dans certains sols. A titre d’exemple, on peut évoquer les problèmes
survenus avec le tunnelier Robbins lors du chantier du RER à la
Défense (France) dans les années 60. Une couche de lignite contenant
du soufre se trouvait au toit de la galerie.
L’air comprimé a pénétré dans les terrains sus-jacents et a échauffé le
lignite, qui a pris feu. Il a fallu alors procéder à des injections dans les
terrains, ce qui a ralenti le creusement.
On note que même dans les cas favorables en site urbain, on hésite à
utiliser ce type de soutènement car il a été prouvé que la fuite d’air
dans les terrains augmente la pression interstitielle, qui en se dissipant
lentement après le passage du bouclier provoque des tassements
considérables à long terme en surface.

35
diagramme
diagramme vertical de la
vertical des pression d'air
contraintes au front
dans le sol

Figure 6. Diagrammes de pression au front

2.4.3.3. Bouclier à pression de boue (slurry shield)


Dans ce type de bouclier (figure 7), le soutènement du front de taille
est assuré par la boue sous pression. Ce bouclier est équipé d’une
cloison étanche située derrière la roue d’abattage. La chambre, ainsi
délimitée par le front et cette cloison, est remplie d’une suspension à
base de bentonite en Europe et à base d’argile au Japon.
La boue est mise sous pression dans la chambre d’abattage, elle
permet de contrebalancer les contraintes exercées en sens inverse par
le terrain au niveau du front de taille. Cette boue offre la possibilité de
maîtriser la stabilité du front de taille:
 le diagramme de pression est de même forme que celui du terrain
(figure 8);
 les mesures de pression sont fiables (comportement fluide de la
boue).

36
Raidisseurs Jupe Joints à brosse

Roue de Cloison
coupe étanche Voussoir

Erecteur de
Diamètre voussoir Diamètre
6.00 m 6.24 m
Diamètre Diamètre
6.27 m 6.00 m
Diamètre
5.30 m

Alimentation
Extraction
Vérin

4.65 m 2.20 m

Figure 7 Principe du bouclier à pression de boue utilisé dans


l’extension de la ligne D du métro de Lyon

La boue pénètre dans les terrains, colmate les pores et constitue ce


qu’on appelle le fameux "cake", qui réalise un écran étanche et permet
le report des pressions dans le terrain. La boue sous pression est
évacuée avec le déblai de forage, puis traitée de manière à permettre

37
sa récupération et son recyclage. En fin, la boue permet également de
diminuer les frottements entre la jupe du bouclier et le terrain.
Deux systèmes sont actuellement proposés sur le marché pour le
contrôle de la pression de la boue au front:
 le système allemand utilise une bulle d’air avec paroi plongeante,
qui contrebalance les variations de la pression du support. Cette
bulle d’air fournit par l’intermédiaire d’un régulateur de pression
d’air, une pression de support presque constante (fluctuation
maximum +/- 5 kPa);

 dans le système japonais, la régulation de la pression constante est


assurée par une compensation de la différence de volume entre
l’entrée et la sortie par des pompes et des valves. Une surveillance
contrôlée par ordinateur et une direction assistée est utilisée. La
difficulté majeure pour maintenir la pression de confinement de la
boue constante est due au temps de réponse des pompes et des
valves pour corriger les différences de pression.

diagramme
diagramme vertical de la
vertical des pression d'air
contraintes au front
dans le sol

38
Figure 8. Diagrammes de pression au front

Ce type de bouclier, qui a l’inconvénient de nécessiter une station de


traitement de boue, offre la possibilité d’emplacement d’un
concasseur à l’intérieur de la chambre d’abattage permettant de
réduire la taille des cailloux de manière à les faire passer dans les
tuyaux.
Pour rentrer dans la chambre d’abattage, le remplacement de la boue
par l’air comprimé ne demande pas de travaux supplémentaires. Ainsi
le changement d’outils, ou l’enlèvement de blocs qui n’ont pas été
suffisamment réduits, ou le passage à un soutènement du front par
l’air comprimé, est plus ou moins facile.
Cette méthode a un domaine d’application très large, des argiles aux
sables et graviers, de perméabilité k=10-8 m/s à 10-2 m/s, sous de fortes
pression hydrostatiques. Ses limites d’utilisation sont liées à la
formation du cake. Le processus de formation de ce dernier dépend
des propriétés de la boue et des terrains à traverser.

2.4.3.4. Bouclier à pression de terre (Earth Pressure Balanced


Shield -EPBS-)
Ce type de bouclier est basé sur le principe du confinement du terrain
dans la chambre d’attaque (figure 9). L’excavation s’effectue à l’aide
d’une roue de découpage. Les déblais abattus, placés et confinés dans
la chambre d’abattage, à travers les ouvertures de la roue, équilibrent
les contraintes dans le terrain. Pour maîtriser le confinement du front,
39
il faut extraire de la chambre d’abattage le même volume que celui
qu’on excave.
La vis d’extraction est associée à un système de tapis et de chariots.
La vitesse d’extraction des déblais de la chambre constitue le principal
moyen de contrôle de la pression dans la chambre d’abattage. Le
volume excavé et le volume extrait sont équilibrés par synchronisation
de la vitesse de rotation de la vis d’extraction et la vitesse
d’avancement du tunnelier.
Dans un bouclier à pression de terre, un concasseur ne peut être placé
dans la chambre d’abattage. Les blocs et les cailloux peuvent mettre
en danger la vis d’extraction et les barres de malaxage fixées derrière
la roue de coupe. L’intervention dans la chambre d’abattage d’un
bouclier à pression de terre est une opération difficile. Il faut procéder
d’abord à une consolidation du front par injection avant de vider la
chambre d’abattage pour pouvoir y accéder.
L’utilisation du bouclier à pression de terre est appropriée dans les
sols homogènes. Il est très utilisé au Japon dans des terrains très
spécifiques constitués de sables denses et fins. Néanmoins, ce type de
bouclier possède un problème technologique non encore résolu en
terrains hétérogènes:
 la régulation de la pression dans la chambre d’abattage est très
difficile à gérer;
 la mesure de pression au front n’est pas fiable (la mesure ne se fait
pas dans un fluide mais plutôt dans un sol confiné);
 l’agent de soutènement est le terrain excavé, cet agent n’est pas
généralement très bien défini.

40
Figure 9 Principe de fonctionnement d’un tunnelier à pression de terre
(d’après Fujita 1989)

4.2.3 Choix du type de bouclier


Le choix du type de bouclier dépend de l’importance des mouvements
de terrains encaissant sur les constructions existantes, des
caractéristiques mécaniques et physiques de terrains que le tunnel va
traverser et leurs influences sur les organes et les fonctions du
bouclier.
Les caractéristiques physiques (densité, indice de vide, porosité,
teneur en eau, degré de saturation, limites d’Atterberg, structure du
sol, courbe granulométrique...) sont décisives pour la stabilité du front

41
et, par la suite, pour le mode de travail et l’influence sur l’outil de
coupe (usure et bourrages). Ces caractéristiques sont aussi décisives
sur le moyen d’évacuation des déblais (marinage hydraulique, vis
d’extraction).
En revanche, la résistance mécanique est le paramètre qui doit
permettre de définir le moyen d’abattage le plus adapté (plateau rotatif
équipé de pics ou de molettes, bras de fraises pelle hydraulique) et les
caractéristiques de ces matériels (puissance, poussée et couple sur la
roue). Ces paramètres sont décisifs sur le moyen d’évacuation des
déblais (marinage hydraulique, vis d’extraction).
A souligner, l’effet abrasif des sols granulaires pulvérulents sur les
outils d’abattage et sur la paroi latérale du bouclier et, avec les
matériaux argileux, les risques de collage et de bourrage qui ne
doivent pas être sous estimés.
Le schéma proposé par Briglia et al [1989] donne quelques éléments
pour sélectionner le type de tunnelier adapté à un projet déterminé
(Figure 10) :

Sol
cohérent
Ouvert
Cu>30kPa
Sans
presio Sol Ouvert
n granulaire
hydro. avec
cohésion

Cu>30kPa

42
Sol d20>0.02
Ouvert
granulaire mm
sans
Aveugle ouvert
cohésion d20>0.02
Cu<30kPa mm
Air comprimé
K<10-
5 confinement-
ms-1
boue
D<6m
K>10-
5 Confinement-
ms-1
C/D>2 boue
Sol D>6m Boue
cohérent
Cu C/D<2 Boue
>30kPa
C/D>2 Boue
confinement
D>6m
Sol
Boue
Avec granulaire -
C/D<2 K>10 confinement
pressi avec
D<6m 5ms-1
on cohésion
Boue
hydro. Cu
confinement
>30kPa
Air comprimé
K<10- Boue
5
ms-1 confinement
Sol
granulaire
Boue lourde
sans
cohésion

C  hauteur de couverture D  diamètre


du tunnel

Figure 10 : Choix d’un type de tunnelier (D’après Briglia et al.


[1989])

43
Dans un terrain meuble et aquifère deux techniques ont prouvé leur
efficacité: le bouclier à pression de terre et le bouclier à pression de
boue. Les constructeurs offrent sur le marché ces types de boucliers
avec la possibilité de creuser à pression d’air.
Le tunnelier devient une machine de plus en plus complexe,
permettant la réalisation d’ouvrages souterrains dans des conditions
très difficiles (milieu urbain, passage sous rivière ou sous mer).
Néanmoins, malgré la grande sophistication des dernières techniques,
le problème des tassements n’est pas encore totalement résolu.

4.4 La problématique du confinement dans les tunneliers actuels

4.4.1. La nécessité de la maîtrise du confinement au front de taille

4.4.1.1. La variabilité des configurations géologiques

Dans tout creusement de tunnel il peut exister des situations «


anormales », c’est à dire s’écartant du schéma géologique prévu
(lequel est en général intellectuellement « figé » dès que les géologues
l’ont couché sur papier) et qui généralement nécessitent
l’établissement, le plus souvent immédiat, d’un confinement au front
de taille afin d’éviter des incidents majeurs de type fontis.

Nous en développerons ci-après quelques exemples.

4.4.1.1.1. Abaissement du toit d’une couche résistante

Le creusement se fait par exemple dans des horizons géologiques


sédimentaires, dans une couche dure surmontée de couches de terrains
meubles.

44
En général il s’agit de couches horizontales ou subhorizontales
(pendages faibles).

Le creusement se fait dans une couche dure choisie parce qu’elle est
résistante, et généralement globalement imperméable. Le tracé du
tunnel est confronté à l’abaissement brutal ou progressif du contact
entre la couche dure et le terrain meuble sus-jacent.

Type de tunnelier concerné : généralement tunnelier à mode ouvert


ou tunnelier à pression de terre fonctionnant en mode ouvert.

Traitement possible de l’incident : décision de passer en mode


fermé, augmentation de la pression de confinement : la décision doit
se faire sur un intervalle de temps très court.

Figure 13. Abaissement du toit d’une couche résistante

4.4.1.1.2. Présence d’un obstacle à l’avancement

Par exemple présence inopinée de fondations, récentes (massifs béton)


ou anciennes (pieux en bois), de canalisations d’assainissement (buses
ou ovoïdes).

La rencontre de l’obstacle perturbe l’avancement de la machine et très


souvent implique son arrêt. Pour empêcher alors toute dégradation il y
a lieu d’établir ou de maintenir un confinement au front de taille.

45
Tous les types de tunneliers sont concernés.

Traitement possible de l’incident : très souvent le problème est réglé


par une intervention in situ, généralement hyperbare. Une solution de
confortement / consolidation de l’existant depuis la surface implique
très souvent un arrêt prolongé de la machine pendant lequel il y a lieu
de savoir maintenir le confinement.

4.4.1.1.3. Creusement en terrains karstiques

Les karsts prennent potentiellement la forme d’un vide de taille


variable, dont la localisation est aléatoire, et qui peut concerner toute
la section.

Le creusement est initialement prévu dans le calcaire, donc une roche,


donc hors eau, mais très souvent le karst communique avec la ou les
nappes sus-jacentes.

Type de tunnelier concerné : généralement tunnelier à mode ouvert


ou tunnelier à pression de terre fonctionnant en mode ouvert, chambre
à moitié remplie, avec éventuellement une pression d’air.

Traitement possible de l’incident : si le karst n’est pas trop


important, passage en mode fermé, augmentation de la pression de
confinement. Si par contre le karst est important ou mal situé (sous la
machine), tentative de remplissage par injection de coulis depuis la
surface ou éventuellement depuis le tunnelier. D’où le grand intérêt
d’avoir des informations concernant le volume du karst (emploi d’une
méthode de détection par reconnaissance géophysique, comme par
exemple le cylindre électrique).

4.4.1.1.4. Transition entre milieu rocheux et terrain meuble

46
Franchissement de la surface de contact entre 2 milieux de
caractéristiques bien distinctes : passage du rocher au terrain meuble,
lequel peut être boulant et aquifère.

Le contact est matérialisé par une surface généralement gauche,


rarement plane, impliquant l’existence d’une zone de transition.

Type de tunnelier concerné : pression de boue ou pression de terre

Traitement possible de l’incident : passage du mode ouvert au mode


fermé dans le cas du tunnelier à pression de terre (sens : rocher >
terrain meuble). Dans le sens opposé, modification de la configuration
de la tête de coupe.

47
Figure 14. Transition entre milieu rocheux et terrain meuble

4.4.1.1.5. Remontée du substratum rocheux

48
Creusement dans des terrains meubles ou tout au moins tendres, avec
une machine adaptée à ce type de terrains (configuration de la tête
d’abattage).

Rencontre inopinée du substratum rocheux sous forme de remontée


locale : surface gauche située sous le tunnelier. Fonctionnement
généralement sous nappe.

Fonctionnement en section mixte perturbant le régime de


fonctionnement du tunnelier et imposant un surcroît d’efforts à la
machine. Le creusement est ralenti et les conditions sont propices à
une instabilité (circulation d’eau à l’interface sol /rocher, surfaces de
contact de faible résistance). Il faut donc pouvoir maîtriser à tout
moment le confinement.

Type de tunnelier concerné : pression de boue ou pression de terre

Conséquences de l’incident : modification de la configuration de la


tête de coupe (ajout de molettes).

Figure 15. tunnel de Caluire, BPNL,Lyon

49
4.4.1.1.6. Discontinuités au sein d’un massif rocheux

Présence de surfaces de discontinuité au sein d’un massif rocheux. Le


fonctionnement normal du tunnelier est à priori sans eau. Présence
d’une faille, remplie de matériaux broyés, de faible résistance,
généralement en charge. L’épaisseur de la discontinuité peut être très
variable, de

20 cm à plusieurs mètres.

Type de tunnelier concerné : tunnelier roche dures, fonctionnant en


mode ouvert.

Exemple : creusement de galeries hydrauliques dans des barrages

Traitement possible de l’incident : par injections préalables de la


zone faillée, à partir du tunnel.

Figure 16. Discontinuités au sein d’un massif rocheux

4.4.1.2. Les phénomènes hydrauliques

4.4.1.2.1. Dans les sols

Sans rentrer dans le détail de calculs d’écoulement sophistiqués, on


peut dire que le creusement d’un tunnel dans un milieu homogène
50
baigné par une nappe provoque un abaissement de la pression
interstitielle qui se propage dans le terrain avec le temps.

En cas d’arrêt du creusement le régime hydraulique se stabilise avec


un écoulement permanent dans le tunnel, évidemment variable avec la
perméabilité du revêtement mis en place. A cet écoulement
correspondent des gradients hydrauliques susceptibles de provoquer
via les forces d’écoulement des entraînements de particules fines dans
les sols et des débourrages de fissures dans les massifs rocheux.

Dans les sols, il faut avoir conscience que dans des sols de
perméabilités voisines de 10-5 m/s le temps d’établissement du régime
permanent dans un terrain boulant peut n’être que de quelques
secondes et donc les phénomènes d’écoulement sont instantanés.

La réduction des perméabilités observées lors d’injections, même avec


des coulis adaptés (gel d’étanchement, résines…) n’est pas de nature à
résoudre le problème puisque le temps au bout duquel on peut
craindre une instabilité a augmenté certes mais insuffisamment ; il faut
en réalité que ce temps soit compatible avec les cycles d’avancement
et le délai disponible pour s’opposer à ou maîtriser l’écoulement, ce
qui conduit dans la pratique à des niveaux d’étanchement hors de
portée des traitements habituels.

Contrairement à une pratique courante, le traitement préalable par


injection n’est donc pas toujours la réponse appropriée au problème
des terrains boulant sous nappe, et la solution la plus appropriée
consiste en un confinement efficace.

51
4.4.1.2.2. En terrains rocheux

L’altération du substratum Briovérien se présente non pas comme un


phénomène de type « couche horizontale altérée au-dessus d’un
substratum sain » mais plutôt comme de véritables plans de faiblesse
inter stratifiés au milieu des différentes couches de schistes et de grès,
et ces plans de faiblesse peuvent pénétrer significativement dans le
massif. Les zones dites broyées relèvent de la même logique, et
correspondent à des interfaces entre deux couches rigides ou à une
couche plus faible pincée entre deux couches plus rigides, sur lesquels
se sont exercées des contraintes tangentielles lors des plissements
tectoniques (« millefeuilles»).

L’action de l’eau est l’agent principal de l’altération par


transformation minéralogique de la roche, or l’eau circule dans le
substratum rocheux à la faveur des discontinuités (plans de joints)
lesquelles semblent avant tout correspondre aux interfaces entre les
différents bancs, orientés suivant la stratification /schistosité.

Figure 17. Les phénomènes hydrauliques

52
4.4.1.4. La maîtrise des tassements

En dehors des situations géologiques exceptionnelles qui justifient


d’un confinement, une autre raison motive la mise en place d’un
confinement ajusté en permanence à la nature des terrains rencontrés :
la maîtrise des tassements.

Le tassement obtenu en surface lors du passage d’un tunnelier se


décompose en quatre composantes :

 Le tassement en avant du front,

 Le tassement au droit de la jupe, lié à la conicité de celle-


ci,

 Le tassement lié à la différence de diamètre entre le


diamètre intérieur de la jupe et le diamètre extérieur de
l’anneau de voussoirs,

 Enfin le tassement lié au comportement retardé des terrains


sous l’effet de la modification de l’état de contraintes
autour du revêtement (dissipation des pressions
interstitielles dans les terrains argileux, fluage…)

53
Figure 18. Evolution des tassements le long d’un tunnelier

Un confinement adapté est donc de nature à maintenir les tassements


sous des valeurs de seuils compatibles avec les déformations
admissibles pour les constructions et les ouvrages sensibles en surface.

4.4.1.5. Estimation des tassements

Il existe un certain nombre de méthodes permettant d'estimer de


manière simple les tassements à la surface du sol engendrés par le
creusement d'un tunnel.

Ces méthodes reposent souvent sur une démarche comportant les


étapes suivantes :

 évaluation des pertes de volume générées par le creusement du


tunnel (pertes dues à l’extrusion du front de taille, à la
convergence des parois, à un mauvais remplissage du vide
annulaire derrière la jupe d'un tunnelier),

54
 évaluation de la part de ces pertes se répercutant en surface, (en
cas de tunnel à faible profondeur, on fait généralement
l'hypothèse d'une transmission intégrale du volume perdu en
surface),

 choix de la forme de la cuvette de tassement, détermination de sa


largeur à partir des caractéristiques géométriques du tunnel
(dimension, profondeur) et de la nature du terrain,

 calcul de la profondeur de cette cuvette pour retrouver en surface


un volume égal à celui des pertes prises en compte.

Ces méthodes, à caractère empirique ou semi-empirique, sont très


utiles lors des phases d'études préliminaires et donnent des ordres de
grandeur que l'on peut ensuite confronter à des résultats de calculs
plus complets des déplacements autour du tunnel, utilisant notamment
la méthode des éléments finis.

Il faut toutefois être attentif au fait que la méthode des éléments finis,
utilisée avec des lois classiques de comportement élasto-plastique des
terrains, conduit souvent à des cuvettes de tassement éloignées de la
réalité : cuvettes trop larges et trop peu profondes.

55
56
5. Les différents types de soutènement
Dans le domaine de creusement souterrain, il convient de faire la
distinction entre présoutènement, soutènement et revêtement :

 Un présoutènement est mis en place en avant du front de taille afin


de contenir les déformations du terrain ;

 Le soutènement est installé au cours des travaux d’excavation pour


garantir la stabilité à cours terme des parois latérales de
l’excavation ;

 Le revêtement est mis en place parfois plusieurs mois après le


soutènement. Il doit assurer la stabilité à long terme, généralement
en association avec le soutènement.

Lorsque le terrain n’est pas stable sans soutènement (durée


d’auto stabilité nulle), il faut alors mettre en place le soutènement
avant même d’effectuer le creusement (C’est le pré soutènement ou le
pré confinement).

5.1. Soutènement métallique

Le premier type de soutènement employé dans les souterrains est le


soutènement métallique qui comprend 4 catégories principales :

5.1.1. Soutènement par boulons d'ancrage

Ceux-ci sont de deux types : boulons à ancrage ponctuel, boulons à


ancrage continu.

57
Le choix entre ces deux types est essentiellement lié à la nature du
terrain :

 Boulons à ancrage ponctuel : ce sont les plus anciens ; ils sont


fixés au rocher à leur extrémité par une coquille qui s’écarte
lorsqu’on visse la tige. Sur la paroi, on visse l’écrou du boulon
sur une plaquette. On privilégiera ces boulons pour les roches
dures.
 Boulons à ancrage réparti par scellement : comme leur nom
l’indique, ils sont scellés au terrain sur toute leur longueur. On
distingue deux sous-familles technologiques :
– Les boulons scellés : le scellement peut-être du mortier ou de
la résine synthétique.
– Les boulons à friction : ils n’ont pas besoin de scellement et
sont directement au contact des parois du forage par un
emmanchement à force (tube fendu) ou par hydro-gonflage
(dépliage d’un tube). Ces boulons, particulièrement adaptés aux
roches tendres, ont maintenant pratiquement remplacé leurs
aînés à ancrage ponctuel car ils sont très rapides à mettre en
place et agissent immédiatement.
La simplicité de pose d’un boulon, surtout les boulons à friction qui
agissent tout de suite, en ont fait aujourd’hui l’élément essentiel des
soutènements souterrains. On peut facilement en poser deux ou trois à
un endroit, en prévention là où la roche risque de se rompre, ou les
préconiser de façon systématique sur tout ou partie de la paroi du
tunnel. On définit alors une densité de boulonnage (1,5 par m2 par

58
ex.), une longueur (environ un rayon de tunnel) et un diamètre (Ø 18
par ex.).

59
Figure 5.1. Différents types de boulons d’ancrage

5.1.2. Soutènement par cintres réticulés

Dans certaines circonstances, notamment pour les mauvais terrains,


les grandes sections et les sections divisées, il peut s’avérer nécessaire
de renforcer le béton projeté-boulonné par des armatures beaucoup
plus résistantes qu’un simple treillis soudé. On a ainsi inventé des
cintres constitués de 3 aciers HA reliés entre eux par des aciers de plus
faible section et facilement cintrables à la forme de l’excavation. Une

60
fois placés contre le terrain, ces cintres réticulés sont recouverts de
béton projeté pour former une coque solidaire.

L’espacement entre cintres est généralement inférieur au mètre, pour


qu’il se crée une voûte de béton entre deux éléments (voûtains de
béton).

Leur emploi est déconseillé lorsque de fortes sollicitations sont


prévisibles avant que le béton projeté puisse remplir son rôle.

61
Figure 5.2. Types des cintres

62
5.1.3. Soutènement par cintres lourds et blindage

Pour les terrains de mauvaise qualité ou lorsqu’on traverse une zone


plus difficile que prévue, les soutènements "classiques" présentés ci-
avant, utilisant pleinement les propriétés de déformabilité du rocher
trouvent leurs limites. On choisit alors des techniques de soutènements
lourds plus rigides, qui se déforment moins et qui doivent par
conséquent reprendre plus de charges. Ces soutènements sont toujours
constitués de profils normalisés cintrés suivant le rayon de courbure
du tunnel. Ces cintres sont assemblés près du front puis placés contre
la paroi au moyen d’un érecteur (pelle équipée spécialement pour cet
usage).

Entre chaque élément métallique, il se crée une voûte de terrain qui


suffit dans de nombreux cas à reporter les charges sur ceux-ci (Fig.
5.3). On réalise parfois un blindage ou un remplissage béton entre les
cintres pour trois raisons principales :

– pour éviter que le terrain ne s’éboule sous le voutain naturel (rôle


protecteur) ;

– pour répartir les charges sur les éléments porteurs lorsque le terrain
ne permet pas d’avoir un effet de voûte suffisant (blindage lourd) ;

– pour éviter un effet "domino" en cas d’effondrement au front de


taille (rôle d’écartement et de maintien).

Le blindage est réalisé le plus souvent par un remplissage de béton


(projeté ou coffré). Dans les puits ou les galeries de petites sections,
on adopte souvent les tôles métalliques mais le bois est encore utilisé
car il se prête bien à la technique minière de l’enfilage. Cette dernière

63
consiste à enfiler les planches entre les cintres unes à unes, avec un
blocage par un système de coins (Fig. 5.3).

Figure 5.3. (a) Voûtain de terrain entre deux cintres (b) Technique de
l’enfilage.

5.1.4 Soutènement par cintres coulissants

Lorsque les efforts qui transitent dans le soutènement sont trop


importants – autrement dit à grande profondeur dans des terrains de
faible tenue, on a recours à une technologie de cintres métalliques
développée par l’industrie minière. Plutôt que de réaliser un cintre
monolythique, ou éventuellement constitué d’un assemblage encastré
et rigide de plusieurs morceaux de cintre, il est possible d’assembler
entre eux plusieurs éléments qui coulissent les uns dans les autres. Par
ce biais, lorsque les efforts de chargement dépassent un certain seuil,
le seuil de coulissement, les morceaux glissent les uns sur les autres
par frottement et évitent ainsi la plastification de l’ensemble. Pour
augmenter l’efficacité de ce principe et faciliter le coulissement, ces
cintres ont un profil spécial en forme de " ". On les appelle cintres

64
TH du nom du premier fabricant qui a commercialisé ces profilés
(Toussaint-Heitzmann).

Les éléments TH sont assemblés par des éclisses de serrage. Le couple


de serrage des ces éléments donne la valeur de l’effort normal
maximum que le cintre pourra supporter avant de coulisser. Le
comportement en compression peut donc s’assimiler à de l’élasto-
plasticité.

Figure 5.4. Cintres TH, boulons radiaux et béton projeté.

5.2. Soutènement en béton projeté

Le béton projeté a deux principaux usages, qui peuvent s’additionner :

65
– Pour de faibles épaisseurs (< 5cm) il a un rôle protecteur, et forme
une coque mince épousant la géométrie du terrain. En cela il empêche
les blocs de roche ou le sol de s’altérer et de se détacher de la paroi ;

– Il peut aussi avoir un véritable rôle structurant, et reprend les


charges issues du terrain. Son épaisseur est alors variable en fonction
du terrain, de l’ordre d’une vingtaine de centimètres.

Seul, le béton projeté est de moins en moins utilisé. Il est souvent


associé à des panneaux de treillis soudés ou, de plus en plus, à des
fibres métalliques qui lui confèrent une certaine résistance en traction
et en cisaillement.

5.3. Les différents types de revêtement

5.3.1. Revêtement en béton coffré sans radier

Dans tous les tunnels creusés de façon traditionnelle, un deuxième


chantier suit généralement celui de l’excavation et de la pose du
soutènement : c’est la réalisation du revêtement. Il s’agit d’un atelier
de coffrage type "grimpant" à l’horizontale, sur roues et pliable pour
le faire avancer, qui est élaboré spécialement pour le tunnel en
construction. On réalise le bétonnage par plots successifs, chaque
"levée" de bétonnage pouvant atteindre une dizaine de mètres. Cette
longueur est pilotée par des choix économiques et par la fissuration
due au retrait. Le revêtement ne travaille pratiquement pas en tension,
essentiellement en flexion composée. On tolère une petite partie
fissurée sur l’épaisseur totale : il ne nécessite donc pas d’armatures, en
général. Certains endroits doivent tout de même résister en traction
(aux angles saillants ou en clef de voûte pour les sections en ellipse

66
par ex.) ; il est alors tout à fait possible d’y loger une plaque de treillis
soudé. L’épaisseur d’un revêtement de tunnel est de l’ordre d’une
trentaine de centimètres minimum. Il est largement surdimensionné au
vu des faibles sollicitations qu’il devra subir à terme, mais pas au
moment du décoffrage. La tenue au feu est également un critère très
important pour sa conception.

5.3.2. Revêtement en béton coffré avec radier contre-voûté

Le revêtement précédent est celui que l’on rencontre dans la majeure


partie des cas : la partie inférieure, le radier, n’est pas coffrée et la
structure de chaussée est réalisée à même le terrain. Les sollicitations
du revêtement sont alors relativement faibles.

Dans certaines circonstances cependant, les effets à long terme sont


tellement importants (gonflement ou fluage) qu’il faut fermer le
revêtement en réalisant un radier contre-voûté. Ce radier, souvent très
ferraillé, agit véritablement comme une voûte de tunnel : il clave le
profil et permet de "circulariser" la section pour bénéficier au
maximum de l’effet de voûte

5.3.3. 1.5.3 Voussoirs préfabriqués

Il existe une technique permettant de réaliser des tunnels au tunnelier


avec un procédé de revêtement similaire au béton coffré. Il faut bien
avouer que la technique du voussoir est indissociable de l’excavation
au tunnelier, tant elle a d’avantages : section parfaitement circulaire,
efficacité immédiate, appui possible du tunnelier pour sa propulsion,
maîtrise de la qualité, pose simple et rapide facilement automatisable.

67
Un voussoir est une écaille de béton armé qui arrive sur le chantier
déjà fabriquée et prête à poser. Par un assemblage précis, plusieurs
voussoirs forment un anneau. Ce sont ces anneaux qui, mis bout à
bout, constituent le revêtement du tunnel. Sous le bouclier du
tunnelier, on vient assembler les voussoirs selon un plan de calepinage
conçu à l’avance. Le dernier voussoir, qui permet de claveter
définitivement l’anneau, est appelé voussoir de clef. Pour pouvoir
suivre le tracé théorique du tunnel, en long et en plan, on a mis au
point le principe des anneaux universels (Fig. 5.5). La largeur
longitudinale de l’anneau n’est pas constante, ce qui permet de tourner
à gauche, à droite, monter ou descendre selon l’agencement avec
l’anneau précédent.

L’étanchéité est assurée par des joints posés sur chaque élément. Ils
sont mis en compression par le chargement dû au massif environnant
et la poussée du tunnelier. Entre le terrain et l’anneau de voussoir, un
vide annulaire est laissé par le bouclier lors de son avancement. Pour
le combler on vient injecter du mortier ou des graviers. Cette
opération porte le nom d’injection de bourrage.

68
Figure 5.5. Principe des anneaux universels

5.4. Près-soutènement et soutènement au front de taille

La maîtrise des convergences en parements par les différents


soutènements présentés peut suffire à assurer la stabilité du front de
taille et la sécurité des ouvriers mineurs y travaillant. Une simple
couche de béton projeté suffit habituellement à maintenir les blocs qui
pourraient se décrocher accidentellement du front.

Dans les mauvais terrains cependant, une extrusion trop importante


peut entraîner un effondrement localisé ou, plus grave, un fontis. Il
convient dans ce cas de prévoir un soutènement du front de taille et
un présoutènement selon l’état du terrain :

5.4.1. Près-soutènement

L'opération de pré-soutènement consiste à créer une structure jouant


un rôle de soutènement, en avant du front de taille, à la périphérie de
la section qui sera excavée.

69
Outre ce rôle de soutènement, le pré-soutènement peut contribuer à la
préservation du noyau de terrain en avant du front de taille, qui est
fortement décomprimé par le creusement. Le pré-soutènement est très
souvent utilisé en accompagnement d'une action de renforcement
direct du front lui-même.

On peut classer les pré-soutènements en trois types :

• Voûte-parapluie

• Pré-voûte

• Anneau renforcé.

5.4.1.1 Voûte-parapluie

 Enfilage : Pratiqué de longue date, l'enfilage en calotte (figure


5.6) consiste à mettre en place des barres ou des plaques d'acier
longitudinales, à la périphérie du front de taille, le plus souvent
sur le tiers ou le quart supérieur de la circonférence. L'objectif de
l'enfilage est d'assurer la sécurité immédiate de l'excavation
avant la pose du soutènement.

70
Figure 5.6. Enfilages

 voûtes-parapluie emboîtées : Le système des voûtes-parapluie


emboîtées (figure 5.7) peut être considéré comme une extension
du précédent, avec un objectif plus large : créer une véritable
structure de soutènement, constituée de tubes métalliques (ou
plus généralement de pieux) disposés en couronne
subhorizontale suivant le contour de la section qui sera excavée
et prenant appui sur des cintres posés au fur et à mesure de
l'avancement.
Elles sont constituées, soit de barres (Ø 32 ou 40 mm) ou de
tubes injectés (Ø 90 à 200 mm), soit de colonnes de jet-grouting
(Ø 60 à 80 cm). La longueur des voûtes successives ne dépasse
pas 12 à 15 m, la longueur de recouvrement étant généralement
de 3 à 4 m.
Après insertion du tube, la gaine peut être injectée à faible
pression avec du coulis de ciment, puis une injection à haute
pression peut être prévue pour consolider et comprimer le terrain
entre deux tubes contigus.
Des cintres sont mis en place au fur et à mesure du creusement,
généralement avec un inter –axe de 0,75 m à 1 m. Ces cintres
sont à rayon variable pour suivre la divergence de la voûte.
Le soutènement en arrière du front est complété par mise en
œuvre de béton projeté entre les cintres, associé éventuellement
à un boulonnage radial.
Les voûtes-parapluie de ce type sont généralement utilisées pour
le creusement de la demi-section supérieure, le creusement du

71
stross se faisant après confortement éventuel des piédroits, par
exemple par colonnes de jet-grouting ou micropieux.

Figure 5.7. voûtes-parapluie emboîtées

5.4.1.2 Pré-voûte

Il s'agit d'une structure de pré-soutènement conçue pour travailler sans


difficulté en voûte transversalement à la progression du tunnel. La
pré-voûte peut être réalisée par différents procédés, généralement :

- La mise en place de béton à l'intérieur d'une saignée réalisée par


prédécoupage mécanique (figure 5.8) ;

- La création d'une coque à l'aide de colonnes de jetgrouting


juxtaposées, par la même méthode que celle mise en oeuvre pour les
voûtes-parapluie.

72
Lorsque le terrain s'y prête, l'utilisation du jet-grouting permet
d'obtenir des pré-voûtes de plus grande longueur sous réserve d'une
très bonne qualité d'exécution si l'on veut que les colonnes soient
réellement jointives et aptes à transmettre des efforts
transversalement.

73
Figure 5.8 pré-voute

74
5.4.1.3. Anneau renforcé

Il s'agit de créer un anneau épais de terrain renforcé autour du tunnel


et en avant de celui-ci, généralement par un boulonnage assez dense
associé à des injections (figure 5.9).

Les boulons, de 5 à 10 mètres de longueur environ, sont disposés en


couronne inclinée vers l'avant du front. Ils peuvent être de même type
que les boulons de renforcement du front de taille. L'anneau de terrain
renforcé peut également être réalisé par boulonnage radial à partir
d'une galerie pilote précédant l'excavation principale

Figure 5.9. Anneau renforcé

75
5.4.2 Soutènement du front de taille

Le renforcement du front comprenant à la fois :

76
 l'obtention d'un front de surface bien régulière, plutôt concave
(cf. figure 5.9),

 la mise en œuvre d'une peau en béton projeté éventuellement


armé de fibres, de façon à éviter la dégradation superficielle du
terrain et à se prémunir contre des instabilités mineures
susceptibles de se propager vers l'intérieur du front,

 la mise en œuvre d'inclusions pouvant être constituées de


boulons destructibles en fibre de verre ou de colonnes de jet-
grouting horizontales (figure 5.10).

Ce type de renforcement peut être associé à chacun des procédés de


pré-soutènement décrits précédemment.

Les boulons en fibre de verre utilisés se présentent sous forme de


tubes ou de lanières disposées autour d'un tube central servant à
l'injection. Il s'agit de boulons passifs scellés au terrain par un coulis
de ciment. Les boulons sont mis en œuvre par une machine spéciale
comportant des glissières de grande longueur. Ces boulons sont en
fibre de verre car ils résistent très bien en traction et peu en
cisaillement (excavation possible).

On utilise couramment des boulons de 18 mètres de longueur ; Si l'on


considère que les quatre premiers mètres de ceux-ci sont perdus en
raison de la "jeunesse" du scellement et que les quatre derniers sont
nécessaires à l'ancrage minimum du boulon, il reste environ 10 mètres
de longueur de boulon dit "utile". Ceci doit être pris en compte dans le
calcul du nombre de boulons à réaliser.

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En général on cherche à maintenir un renforcement assez constant en
renouvelant un certain nombre de boulons à chaque pas d'avancement.

La force résistante des boulons (généralement quelques centaines de


kN) et le schéma de boulonnage doivent être adaptés à la nature du
terrain et à l'objectif poursuivi (stabilité du front, maîtrise des
déplacements). La densité des boulons peut varier dans de larges
proportions : de 1 boulon pour 4 ou 5m2 à 2 boulons par m2.

Figure 5.10 Exemple de boulon de front de taille en fibre de verre

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