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CHAPITRE I
GENERALITE
1. INTRODUCTION
Les ouvrages souterrains constituent un domaine important et en plein
développement de la géotechnique. En effet, l’extension des voies de
communication (routes, autoroutes et voies ferrées) impose souvent
des franchissements difficiles, qui conduisent généralement à la
construction de tunnels. De même, l’encombrement de la surface du
sol des villes rend nécessaire la construction en souterrain des
nouvelles voies de circulation (voirie, métros) et de nouveaux
équipements urbains (parkings, réseaux d’assainissement, etc....). Ces
derniers ouvrages sont généralement construits à faible profondeur.
L’utilisation des cavités souterraines pour le stockage de différents
produits constitue également un domaine d’activités conséquent.
Les ouvrages souterrains sont donc de types, d’usages et de
dimensions très divers.
1
C - Galeries hydrauliques (sauf conduites forcées à haute
pression), collecteurs d'assainissement, galeries de
reconnaissances et galeries pilotes
D - Cavités de stockage, stations de traitement d'eau,
tunnels routiers et ferroviaires sur axe secondaires,
chambres d'équilibre et tunnels d'accès
E - Usines souterraines (le plus souvent hydroélectrique),
tunnels autoroutiers, tunnels ferroviaires sur axe
principaux, galeries du métro, abris de défense civile,
F - Centrales nucléaires souterraines, gares souterraines
salles ouvertes au public (sport, spectacles…)
2
3. FACTEURS A PRENDRE EN COMPTE
Pour ce qui concerne le Génie Civil, l'opération de conception d'un
tunnel prend en compte trois types de contraintes qui sont liés
respectivement :
au parti fonctionnel retenu,
à l'environnement de l'ouvrage,
au terrain encaissant.
Ces facteurs interviennent en priorité dans la définition du profil en
travers de l'ouvrage et dans le choix des procédés de construction.
Rappelons d'autre part que le tracé et le profil en long de l'ouvrage
sont eux-mêmes définis en tenant compte des contraintes liées à
l'environnement et au terrain.
3.1. Parti fonctionnel
Les conditions d'utilisation du tunnel en service déterminent le volume
utile nécessaire :
à la circulation des véhicules, tel que défini dans le document
"Géométrie",
aux différents équipements assurant l'éclairage et la sécurité,
à la ventilation,
aux conduites transitant par l'ouvrage (caniveaux d'évacuation
d'eau, égouts, câbles, etc...).
3.2. Environnement
Les contraintes liées à l'environnement concernent essentiellement :
3
la sensibilité aux déformations et vibrations des ouvrages,
constructions, sites naturels à proximité des travaux de
creusement ;
la présence de nappe aquifère (niveau à maintenir et qualité des
eaux à conserver).
3.3. Terrain
La connaissance de la réaction du terrain au creusement est
fondamentale. En particulier les problèmes et les solutions sont de
nature très différente selon que l'on a affaire à :
des massifs rocheux globalement stables où le soutènement
n'intervient que pour s'opposer à d'éventuelles chutes de blocs,
des terrains dans lesquels le front de taille est stable mais qui
nécessitent un soutènement proche du front,
des terrains dans lesquels le front de taille est instable ou bien
dans lesquels il faut parfaitement maîtriser les mouvements pour
respecter des contraintes de tassement en surface.
4. UN PEU DE VOCABULAIRE
Description d’un tunnel
La figure 1 présente les termes couramment associés à l’excavation
d’un puits ou d’un tunnel. Le terrain se déforme à deux endroits : au
front de taille on parle d’extrusion et en parois on parle de
convergence.
4
Le front de taille est une surface plane dont le contour forme le profil
du tunnel. Dans la plupart des cas, on considère que les convergences
sont stabilisées après 2 diamètres en arrière du front.
Petit lexique
Le lecteur trouvera ci-dessous une liste succincte de quelques termes
utilisés en travaux souterrains.
Auscultation : instrumentation et mesure de grandeurs physiques
permettant de comprendre et de maîtriser d’une part le comportement
de l’ouvrage, d’autre part son incidence sur l’environnement (terrain,
tunnel, ouvrages voisins).
Blindage : enfilage de plaques métalliques ou de planches en bois
entre les cintres de soutènement. Le blindage sert souvent de coffrage
5
perdu lorsqu’il est accompagné d’un remplissage béton, il a également
un rôle structurel de maintien.
Bouclier : système de protection et de soutènement d’un tunnelier
constitué le plus souvent d’un tube métallique épais à peu près du
diamètre de la section excavée.
Calotte : partie supérieure d’un tunnel dans une excavation par demi-
sections (section supérieure).
Cintre : profilé métallique normalisé (IPE, HEA, HEB...) cintré selon
la géométrie du tunnel et qui sert à soutenir le terrain.
Confinement : application d’une pression sur les parois d’un tunnel,
par le biais d’un soutènement principalement, dans le but de limiter les
convergences et le déconfinement du terrain.
Convergence : rétrécissement diamétral d’une section de tunnel.
Débourrage : venue d’eau et/ou de matériaux meubles violente et
inattendue suite à l’excavation du front de taille.
Déconfinement : réorganisation des contraintes autour du tunnel, de
part et d’autre du front de taille. On dit que le terrain est entièrement
déconfiné lorsqu’il a atteint son équilibre final.
Décousu : zone de terrain proche du front de taille non soutenue.
Exhaure : évacuation des eaux qui s’infiltrent naturellement dans le
tunnel ou qui sont utilisées pour les besoins du chantier.
Front de taille : zone où l’excavation se réalise, fin provisoire du
tunnel en creusement.
Fontis : cloche formée par l’effondrement des terrains de proche en
proche verticalement. Dans le pire des cas les fontis peuvent se
propager jusqu’en surface.
6
Injection : terme générique désignant les techniques de substitution et
de comblement des vides dans les terrains par un coulis durcissant.
Les injections ont deux utilités : augmenter la résistance et/ou
étancher.
Marinage : évacuation des marins issus de l’excavation.
Marins : déblais formés par l’excavation d’un pas d’avancement.
Pas d’avancement : longueur de terrain excavée en une seule phase.
Plan de tir : plan du front de taille où figurent les trous de forage, les
différents retards et microretards de détonateurs, les lignes de tir pour
les tirs séquentiels ainsi que les quantités d’explosifs utilisées.
Rameau : galerie reliant deux ouvrages souterrains.
Stross : partie inférieure d’un tunnel dans une excavation par demi-
sections (section inférieure).
Tunnelier : machine pleine section destinée à réaliser des tunnels,
pouvant aller du creusement à la pose du revêtement final. On parle
aussi de TBM (Tunnel Boring Machine).
Voussoir : écaille de béton armé préfabriquée. Plusieurs voussoirs
forment un anneau, et plusieurs anneaux forment le revêtement de
certains tunnels.
5. CHOIX DE LA SECTION
5.1. Profils en travers
La définition géométrique du profil en travers excavé résulte de la
recherche de la forme optimale permettant de satisfaire les exigences
relatives :
7
aux dispositions constructives induites par le respect du parti
fonctionnel ;
aux conditions de stabilité imposées par la qualité géomécanique
du terrain encaissant ; dans un terrain très déformable ou soumis
à des contraintes importantes (faible valeur du module de
déformabilité, très importante épaisseur de couverture, terrain
gonflant, comportement différé très marqué, charge d'eau
importante, etc...) il sera recherché la forme la plus circulaire
possible ; alors que dans un terrain où l'excavation au rocher est
auto-stable, il pourra être adopté un profil en travers en voûte
surbaissée à plusieurs rayons ;
au procédé d'exécution : l'emploi d'un tunnelier implique un
profil circulaire alors que dans le cas de tranchées couvertes
réalisées depuis la surface, le profil en travers est quasiment
toujours rectangulaire.
8
courant non circulaire, plutôt que d'appliquer sur toute la longueur de
l'ouvrage la forme circulaire.
9
Figure 2. Exemples de profils en travers pour un tunnel routier.
10
La maîtrise des mouvements engendrés en surface et en
profondeur par le creusement, en particulier lorsque l’ouvrage
est construit à faible profondeur ou à proximité d’autres
structures (creusement en site urbain) ;
La maîtrise des phénomènes hydrauliques liés aux travaux et à la
présence de l’ouvrage ;
Des problèmes spécifiques liés aux projets de stockage de
matériaux à basse températures (gaz liquéfié) ou à haute
température (déchet radioactifs), pour lesquels les contraintes
thermiques s’ajoutent aux contraintes mécaniques dues au
creusement ;
La résistance du revêtement des tunnels aux incendies. Suite à
plusieurs accidents d’incendies meurtriers dans les tunnels
routiers et les métros, les recherches ne sont actuellement
accentuées pas uniquement sur l’amélioration de la résistance du
béton mais aussi à sa résistance au feu (l’utilisation des fibres
métalliques est déconseillée par exemple).
11
CHAPITRE II
12
L’abatage peut être assuré par
différents moyens mécanisés ou
non (pelle mécanique, etc.), le
creusement s’effectue en pleine
section ou en sections divisées.
Creusement au tunnelier
L’abattage est effectué à l’aide
d’une roue de coupe munie de
molettes (roches) ou de pics
(sols). Dans le cas des sols, le
creusement est réalisé à l’aide
d’un « bouclier », assurant la
protection des parois de
l’excavation entre le front de taille
et la partie revêtue de l’ouvrage.
La stabilité du front est alors
assurée par diverses techniques.
1. CREUSEMENT CONVENTIONNEL
13
En souterrain on utilise des explosifs brisants (vitesse de détonation >
4000 m/s) dont l’effet sur la roche est double :
L’énergie de choc véhiculée par une onde fissure le terrain ;
L’énergie de gaz, engendrée par le dégagement d’un important
volume de gaz à haute température et pression, ouvre ces fissures et
disloque le matériau. Le "surplus" de cette énergie expulse les blocs
disloqués.
Les explosifs actuels sont dits de sûreté car ils ne peuvent détoner sous
l’action d’un simple choc ou d’une élévation de température. Ils
détonnent sous l’action d’une onde de choc générée par des
détonateurs électriques instantanés ou à retard
L’abattage se fait par passes ou volées dont la longueur varie suivant
le type de roches (1 à 5m). Il peut être pleine section (on excave toute
la section du tunnel) ou par sections divisées. En général on réalise au
maximum deux sections dites Calotte et Stross avec un décalage
suffisant pour attendre la stabilisation des convergences.
Dans le creusement aux explosifs, il est essentiel d’établir un « plan de
tir ». Le plan de tir (Fig. 3) est le plan d’implantation des forages où
sont introduits les explosifs. Y figurent également les différents
retards des détonateurs. Il faut répartir les charges explosives et leurs
retards de façon optimale pour obtenir le résultat escompté : le moins
possible de hors-profils
(Sur-excavation) ou de en-profils (sous-excavation) et le minimum de
vibrations. Dès qu’une charge est mise à feu, elle va entraîner la roche
brisée vers la surface libre la plus proche. Classiquement on retrouve :
14
au centre, le bouchon. C’est lui qui sera abattu en premier. On
l’obtient en réalisant des forages sur un maillage plus rapproché, et
en laissant certains trous vierges d’explosif pour le dégagement des
roches ;
tout autour du bouchon, une seule ligne de tirs en spirale ou
plusieurs concentriques si le tir est séquentiel. Dans ce cas, chaque
ligne est alimentée avec un décalage temporel. Ce retard est à
combiner avec celui de chaque détonateur. Les roches sont
successivement expulsées vers la cavité centrale qui s’élargit. Il
s’agit de l’abattage ;
près des bords de la section et du profil théorique, des trous plus
rapprochés et moins chargés pour réaliser un post-découpage ou
découpage soigné.
15
Figure 1. Plan de tir séquentiel optimisé pour le tunnel de Chamoise
(1993).
16
Lorsque la technique précédente n’est pas applicable ou présente des
risques de stabilité, ou lorsque la section de l’ouvrage est trop
importante (diamètre important), la construction est réalisée en deux
ou plusieurs phases d’excavation (creusement en sections divisées).
L’abattage peut être assuré par différents moyens mécanisés ou non
(pelle mécanique, etc.). Elles s’inspirent directement du travail du
mineur :
Un bras articulé vient "gratter" et abattre le terrain du front (Fig. 2).
Progressivement l’engin excave la section entière par un cheminement
adapté. Ces machines mobiles peuvent être une adaptation directe des
haveuses à pics de l’industrie minière, un Brise-Roche Hydraulique
(BRH) ou bien simplement une pelle retro de chantier. Lorsque le
terrain s’y prête (Rc < 80 MPa), le rendement de cette méthode est
bien meilleur que l’explosif.
Ce procédé de creusement apporte toutefois son lot d’inconvénients :
bruits, poussières et chaleur dégagée difficiles à combattre dans un
milieu confiné.
17
Figure 2. Machine à attaque ponctuelle sur le tunnel de Tartaiguille
18
Phase 2 : Mise en place du soutènement Phase 3 : Bétonnage
des piédroits
19
Figure 3: Phasage d’exécution du métro d’Alger sous l’Hôpital
Mostfa Bacha
20
travail au front s’appelle le décousu. Selon la qualité du terrain, le
décousu peu aller de quelques décimètres à plusieurs mètres.
21
2 CREUSEMENT MECANISE A ATTAQUE GLOBALE
(TUNNELIERS)
2.1 Introduction
Sont considérées comme techniques d’excavation mécanisée
toutes les techniques de creusement où l’abattage est réalisé
mécaniquement à l’aide de dents, pics ou molettes, par
opposition aux techniques dites conventionnelles utilisant l’explosif
comme moyen d’abattage.
Sont définies sous le terme "pleine section" ou "à attaque globale ou
pleine face" les machines capables d'excaver en une seule fois la
section du tunnel à réaliser, à l'inverse des machines "à attaque
ponctuelle" qui abattent le terrain de manière sélective et par partie.
Apparus à la fin du XIXe siècle, les tunneliers ou TBM (Tunnel
Boring Machines) regroupent sous le même terme l’ensemble des
machines permettant une excavation mécanique à pleine section. La
puissance, l’avancement journalier, l’aisance et la précision du
pilotage, ainsi que l’adaptation à tous les types de terrains rencontrés
sont autant d’atouts qui font l’objet d’améliorations continuelles
depuis les premiers modèles archaïques. Chaque machine est un
prototype, conçu pour un tunnel précis, mais qui peut être réutilisé sur
un autre chantier pour peu que la géométrie et la géologie
conviennent. Le tunnelier du métro de Lille a par exemple été réutilisé
à Rennes. Son coût de fabrication et de fonctionnement élevé le rend
compétitif pour les gros projets ou les longues galeries dans des
horizons géologiques assez homogènes.
22
Sauf exception, le tunnelier réalise un tunnel de forme circulaire :
Dans le rocher, l'excavation peut ainsi se faire par attaque
globale à l'aide d'une machine foreuse pleine section qui prend
généralement appui directement au terrain par l'intermédiaire de
grippers ou patins d'ancrage latéraux.
En terrain tendre nécessitant un soutènement important, la forme
circulaire est la mieux adaptée à la reprise des efforts. Le
tunnelier comporte alors un bouclier et le front peut être
pressurisé
C’est en 1881 que la première machine de creusement mécanique
d’un tunnel a été conçue et réalisée par le Colonel de
BEAUMONT lors des premiers travaux de reconnaissance en vue
de la construction du tunnel sous la MANCHE. Cette machine,
était mue à l’air comprimé et était destinée à être utilisée dans un
matériau à la fois tendre, cohérent et relativement homogène, à
savoir la craie Bleue du Pas de Calais. Elle a creusé avec succès 2.5
kms de galerie de 2.14 m de diamètre en 1882 et 1883.
Les progrès techniques et technologiques ont permis au fil du
temps de créer des machines permettant d’une part de s’attaquer
à des roches de plus en plus dures et d’autre part d’évoluer dans
des terrains de moins en moins cohérents, voire meubles et aquifères.
Les techniques d’excavation mécanisée se répertorient en fonction
de la
réponse plus ou moins élaborée qu’elles apportent aux fonctions
principales de la réalisation d’un tunnel, à savoir :
l’abattage des terrains
23
le soutènement des terrains, à la fois radial et frontal
l’excavation des déblais (« marinage »)
la mise en œuvre du revêtement définitif
Figure : tunnelier
24
(Collecteur d’eau pluvial à Brême)
25
Figure : Coupe schématique d’un tunnelier à pression de terre
26
mouvement circulaire de la tête de forage sur laquelle sont montés les
outils. La position des molettes ou disques sur la tête est telle que les
sillons décrits à chaque rotation soient suffisamment proches (de 6 à
10 cm) pour provoquer la rupture de l'arête rocheuse. Les molettes
sont maintenant capables de pénétrer dans des terrains extrêmement
durs tels que les granites (200 MPa) ; dans les terrains meubles on
utilise des pics ou dents en nombre plus important.
La progression s'effectue "en chenille" par reprise des appuis
solidaires du corps de la machine.
La course unitaire de forage est variable suivant le type de machine et
les caractéristiques du terrain :
de l'ordre de 1 à 1,50 m dans les terrains durs à tendres ne
nécessitant pas de soutènement,
de la valeur d'un espacement de cintres ou d'une largeur de
voussoirs quand la machine progresse par réaction contre
l'anneau du revêtement d'un voussoir.
27
Un tunnelier avance dans le terrain telle une chenille : le creusement
est coordonné à la poussée sur les vérins. Ceux-ci s’appuyant sur le
dernier anneau posé, il faut avancer suffisamment pour pouvoir rentrer
leurs tiges et dégager l’espace nécessaire à l’assemblage des nouveaux
voussoirs. Durant la pose des voussoirs, le creusement est bien
entendu arrêté. Le bouclier assure en même temps et d’une manière
continue les fonctions suivantes:
1. Le soutènement des parois latérales, assuré par la jupe (virole
métallique articulée ou monolithique);
2. Le revêtement définitif, mis en place immédiatement derrière la
jupe avec des érecteurs ou par injection du béton;
3. Le remplissage du vide annulaire dégagé derrière la jupe entre le
revêtement et le sol;
4. L’abattage du front, c’est la destruction du terrain en place et la
préparation des déblais en vue de leur évacuation;
5. Le soutènement du front de taille, dont la stabilité est assurée pour
éviter le tassement et les fontis. La manière d’assurer cette fonction
est la base de classement des boucliers;
6. L’étanchéité du tunnel;
7. Le marinage, c’est l’évacuation des déblais de la chambre
d’abattage vers l’extérieur du tunnel;
8. La propulsion du bouclier par des vérins hydrauliques en
s’appuyant sur le revêtement ou sur le coffrage;
9. Le guidage, c’est le maintien du bouclier sur l’axe théorique.
28
2.4. Les principaux types de tunnelier
2.4.1 Les tunneliers à appui radial (tunneliers dits« roches dures
»)
Un tunnelier à appui radial est une machine équipée d’une tête
d’abattage circulaire et rotative capable d’excaver en une seule
opération la totalité de la section. L’effort de poussée sur la tête
d’abattage est mobilisé par des « grippers » ou patins de vérins
latéraux qui prennent appui radialement sur le parement naturel de
l’excavation.
Les grippers sont solidaires d’une structure d’appui maintenue
fixe pendant la phase d’excavation, la tête foreuse progressant en
coulissant à l’intérieur de cette structure par l’intermédiaire de
vérins longitudinaux.
Dans la phase suivante les grippers sont repliés, la tête de
forage est immobile, et la structure est avancée de la longueur
des vérins longitudinaux (= « stroke »), puis on déplie les grippers et
le cycle recommence.
Ce genre de machine ne crée pas de soutènement de
l’excavation, mais on peut y associer un atelier de boulonnage
ou de pose de cintres métalliques à quelque distance du front.
L’évacuation des déblais se fait le plus souvent au moyen de
godets périphériques qui se déversent dans une trémie centrale à la
partie supérieure de la machine lors de chaque passage en position
haute.
Ce type de tunnelier trouve par définition son emploi dans des
terrains rocheux suffisamment durs et compacts (donc à priori
29
imperméables) pour supporter une pression élevée sans
poinçonnement sous les patins des grippers, et ne nécessitant bien sûr
pas de soutènement immédiat.
2.4.2. Les boucliers mécanisés à front ouvert
Ces machines se distinguent des précédentes par le fait qu’elles
comportent un bouclier, c'est-à-dire une structure cylindrique rigide
qui progresse au fur et à mesure du creusement et qui assure la
stabilité des parois de l’excavation (mais non du front).
Ce sont les plus anciens types de boucliers constitués d’un tube à front
ouvert. Ce dernier étant accessible, l’abattage peut être manuel, semi-
mécanisé ou mécanisé. L’abattage peut se faire par section (roue
garnie de pics et des molettes) ou de façon ponctuelle. La palette des
outils d’abattage pour l’attaque ponctuelle est très large. Ils vont des
outils manuels (pelle, pioche, pic, marteau perforateur...) aux robots
excavateurs.
Ce genre de bouclier est adapté aux terrains qui, d’une part ont une
cohésion suffisante pour assurer la stabilité du front, et d’autre part
sont hors nappe ou à très faible gradient hydraulique. L’utilisation de
cette technique en présence d’eau nécessite des travaux annexes
coûteux et encombrants (rabattement, injection, congélation...). Ce
type de tunnelier est donc réservé aux terrains cohérents mais pas
trop résistants, et relativement imperméables (roches tendres/sols
indurés).
Le soutènement peut être constitué soit de cintres métalliques,
soit de boulons et grillage, soit encore de voussoirs préfabriqués en
béton ou métalliques.
30
La tendance actuelle dans de telles conditions est d’abandonner ce
genre de procédé.
31
bouclier à pression d’air (soutènement avec de l’air comprimé);
bouclier à pression de boue (soutènement avec de la boue);
bouclier à pression de terre (soutènement avec la terre excavée).
De ces quatre catégories principales découlent d’autres variétés qui
utilisent une combinaison de deux agents pour soutenir le front. Cette
technique permet d’utiliser les avantages de deux variétés, tout en
diminuant leurs inconvénients.
Type de
Caractéristiques Schéma
bouclier
32
ue possibilité de venues d’eau.
33
Le bouclier à soutènement mécanique est un tunnelier équipé
d’une tête d’abattage à attaque globale (sous forme de trousse
coupante ) et dont le soutènement frontal est réalisé par la mise en
pression des terres abattues contenues devant la tête d’abattage.
Les déblais sont extraits par des orifices disposés sur la tête et
équipés de volets à ouverture ajustables en temps réel. Les
dimensions de ces ouvertures sont réglables en fonction de la vitesse
d’avancement du bouclier et de la compressibilité du sol.
Ce genre de bouclier convient pour les sols mous, d’une consistance
allant de très plastiques à fluides, de cohésion inférieure à 30 kPa et de
d20 inférieur à 0.02 mm. Des risques d’instabilité sont à prévoir dans
les terrains à faible cohésion et avec débit d’eau.
34
devient très difficile de gérer et maîtriser correctement la contre-
pression indispensable au front. De plus, la pression exercée par l’air
sur le terrain est uniforme alors que la pression dans le terrain
augmente avec la profondeur (Figure 6).
Cette méthode à un coût de main d’oeuvre très élevé, elle est très
risquée pour le personnel qui travaille près du front. La tendance
actuelle dans la conception de ces boucliers est dans l’automatisation
des tâches qui se font sous pression. L’air comprimé pose un problème
dans certains sols. A titre d’exemple, on peut évoquer les problèmes
survenus avec le tunnelier Robbins lors du chantier du RER à la
Défense (France) dans les années 60. Une couche de lignite contenant
du soufre se trouvait au toit de la galerie.
L’air comprimé a pénétré dans les terrains sus-jacents et a échauffé le
lignite, qui a pris feu. Il a fallu alors procéder à des injections dans les
terrains, ce qui a ralenti le creusement.
On note que même dans les cas favorables en site urbain, on hésite à
utiliser ce type de soutènement car il a été prouvé que la fuite d’air
dans les terrains augmente la pression interstitielle, qui en se dissipant
lentement après le passage du bouclier provoque des tassements
considérables à long terme en surface.
35
diagramme
diagramme vertical de la
vertical des pression d'air
contraintes au front
dans le sol
36
Raidisseurs Jupe Joints à brosse
Roue de Cloison
coupe étanche Voussoir
Erecteur de
Diamètre voussoir Diamètre
6.00 m 6.24 m
Diamètre Diamètre
6.27 m 6.00 m
Diamètre
5.30 m
Alimentation
Extraction
Vérin
4.65 m 2.20 m
37
sa récupération et son recyclage. En fin, la boue permet également de
diminuer les frottements entre la jupe du bouclier et le terrain.
Deux systèmes sont actuellement proposés sur le marché pour le
contrôle de la pression de la boue au front:
le système allemand utilise une bulle d’air avec paroi plongeante,
qui contrebalance les variations de la pression du support. Cette
bulle d’air fournit par l’intermédiaire d’un régulateur de pression
d’air, une pression de support presque constante (fluctuation
maximum +/- 5 kPa);
diagramme
diagramme vertical de la
vertical des pression d'air
contraintes au front
dans le sol
38
Figure 8. Diagrammes de pression au front
40
Figure 9 Principe de fonctionnement d’un tunnelier à pression de terre
(d’après Fujita 1989)
41
et, par la suite, pour le mode de travail et l’influence sur l’outil de
coupe (usure et bourrages). Ces caractéristiques sont aussi décisives
sur le moyen d’évacuation des déblais (marinage hydraulique, vis
d’extraction).
En revanche, la résistance mécanique est le paramètre qui doit
permettre de définir le moyen d’abattage le plus adapté (plateau rotatif
équipé de pics ou de molettes, bras de fraises pelle hydraulique) et les
caractéristiques de ces matériels (puissance, poussée et couple sur la
roue). Ces paramètres sont décisifs sur le moyen d’évacuation des
déblais (marinage hydraulique, vis d’extraction).
A souligner, l’effet abrasif des sols granulaires pulvérulents sur les
outils d’abattage et sur la paroi latérale du bouclier et, avec les
matériaux argileux, les risques de collage et de bourrage qui ne
doivent pas être sous estimés.
Le schéma proposé par Briglia et al [1989] donne quelques éléments
pour sélectionner le type de tunnelier adapté à un projet déterminé
(Figure 10) :
Sol
cohérent
Ouvert
Cu>30kPa
Sans
presio Sol Ouvert
n granulaire
hydro. avec
cohésion
Cu>30kPa
42
Sol d20>0.02
Ouvert
granulaire mm
sans
Aveugle ouvert
cohésion d20>0.02
Cu<30kPa mm
Air comprimé
K<10-
5 confinement-
ms-1
boue
D<6m
K>10-
5 Confinement-
ms-1
C/D>2 boue
Sol D>6m Boue
cohérent
Cu C/D<2 Boue
>30kPa
C/D>2 Boue
confinement
D>6m
Sol
Boue
Avec granulaire -
C/D<2 K>10 confinement
pressi avec
D<6m 5ms-1
on cohésion
Boue
hydro. Cu
confinement
>30kPa
Air comprimé
K<10- Boue
5
ms-1 confinement
Sol
granulaire
Boue lourde
sans
cohésion
43
Dans un terrain meuble et aquifère deux techniques ont prouvé leur
efficacité: le bouclier à pression de terre et le bouclier à pression de
boue. Les constructeurs offrent sur le marché ces types de boucliers
avec la possibilité de creuser à pression d’air.
Le tunnelier devient une machine de plus en plus complexe,
permettant la réalisation d’ouvrages souterrains dans des conditions
très difficiles (milieu urbain, passage sous rivière ou sous mer).
Néanmoins, malgré la grande sophistication des dernières techniques,
le problème des tassements n’est pas encore totalement résolu.
44
En général il s’agit de couches horizontales ou subhorizontales
(pendages faibles).
Le creusement se fait dans une couche dure choisie parce qu’elle est
résistante, et généralement globalement imperméable. Le tracé du
tunnel est confronté à l’abaissement brutal ou progressif du contact
entre la couche dure et le terrain meuble sus-jacent.
45
Tous les types de tunneliers sont concernés.
46
Franchissement de la surface de contact entre 2 milieux de
caractéristiques bien distinctes : passage du rocher au terrain meuble,
lequel peut être boulant et aquifère.
47
Figure 14. Transition entre milieu rocheux et terrain meuble
48
Creusement dans des terrains meubles ou tout au moins tendres, avec
une machine adaptée à ce type de terrains (configuration de la tête
d’abattage).
49
4.4.1.1.6. Discontinuités au sein d’un massif rocheux
20 cm à plusieurs mètres.
Dans les sols, il faut avoir conscience que dans des sols de
perméabilités voisines de 10-5 m/s le temps d’établissement du régime
permanent dans un terrain boulant peut n’être que de quelques
secondes et donc les phénomènes d’écoulement sont instantanés.
51
4.4.1.2.2. En terrains rocheux
52
4.4.1.4. La maîtrise des tassements
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Figure 18. Evolution des tassements le long d’un tunnelier
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évaluation de la part de ces pertes se répercutant en surface, (en
cas de tunnel à faible profondeur, on fait généralement
l'hypothèse d'une transmission intégrale du volume perdu en
surface),
Il faut toutefois être attentif au fait que la méthode des éléments finis,
utilisée avec des lois classiques de comportement élasto-plastique des
terrains, conduit souvent à des cuvettes de tassement éloignées de la
réalité : cuvettes trop larges et trop peu profondes.
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5. Les différents types de soutènement
Dans le domaine de creusement souterrain, il convient de faire la
distinction entre présoutènement, soutènement et revêtement :
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Le choix entre ces deux types est essentiellement lié à la nature du
terrain :
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ex.), une longueur (environ un rayon de tunnel) et un diamètre (Ø 18
par ex.).
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Figure 5.1. Différents types de boulons d’ancrage
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fois placés contre le terrain, ces cintres réticulés sont recouverts de
béton projeté pour former une coque solidaire.
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Figure 5.2. Types des cintres
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5.1.3. Soutènement par cintres lourds et blindage
– pour répartir les charges sur les éléments porteurs lorsque le terrain
ne permet pas d’avoir un effet de voûte suffisant (blindage lourd) ;
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consiste à enfiler les planches entre les cintres unes à unes, avec un
blocage par un système de coins (Fig. 5.3).
Figure 5.3. (a) Voûtain de terrain entre deux cintres (b) Technique de
l’enfilage.
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TH du nom du premier fabricant qui a commercialisé ces profilés
(Toussaint-Heitzmann).
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– Pour de faibles épaisseurs (< 5cm) il a un rôle protecteur, et forme
une coque mince épousant la géométrie du terrain. En cela il empêche
les blocs de roche ou le sol de s’altérer et de se détacher de la paroi ;
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par ex.) ; il est alors tout à fait possible d’y loger une plaque de treillis
soudé. L’épaisseur d’un revêtement de tunnel est de l’ordre d’une
trentaine de centimètres minimum. Il est largement surdimensionné au
vu des faibles sollicitations qu’il devra subir à terme, mais pas au
moment du décoffrage. La tenue au feu est également un critère très
important pour sa conception.
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Un voussoir est une écaille de béton armé qui arrive sur le chantier
déjà fabriquée et prête à poser. Par un assemblage précis, plusieurs
voussoirs forment un anneau. Ce sont ces anneaux qui, mis bout à
bout, constituent le revêtement du tunnel. Sous le bouclier du
tunnelier, on vient assembler les voussoirs selon un plan de calepinage
conçu à l’avance. Le dernier voussoir, qui permet de claveter
définitivement l’anneau, est appelé voussoir de clef. Pour pouvoir
suivre le tracé théorique du tunnel, en long et en plan, on a mis au
point le principe des anneaux universels (Fig. 5.5). La largeur
longitudinale de l’anneau n’est pas constante, ce qui permet de tourner
à gauche, à droite, monter ou descendre selon l’agencement avec
l’anneau précédent.
L’étanchéité est assurée par des joints posés sur chaque élément. Ils
sont mis en compression par le chargement dû au massif environnant
et la poussée du tunnelier. Entre le terrain et l’anneau de voussoir, un
vide annulaire est laissé par le bouclier lors de son avancement. Pour
le combler on vient injecter du mortier ou des graviers. Cette
opération porte le nom d’injection de bourrage.
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Figure 5.5. Principe des anneaux universels
5.4.1. Près-soutènement
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Outre ce rôle de soutènement, le pré-soutènement peut contribuer à la
préservation du noyau de terrain en avant du front de taille, qui est
fortement décomprimé par le creusement. Le pré-soutènement est très
souvent utilisé en accompagnement d'une action de renforcement
direct du front lui-même.
• Voûte-parapluie
• Pré-voûte
• Anneau renforcé.
5.4.1.1 Voûte-parapluie
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Figure 5.6. Enfilages
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stross se faisant après confortement éventuel des piédroits, par
exemple par colonnes de jet-grouting ou micropieux.
5.4.1.2 Pré-voûte
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Lorsque le terrain s'y prête, l'utilisation du jet-grouting permet
d'obtenir des pré-voûtes de plus grande longueur sous réserve d'une
très bonne qualité d'exécution si l'on veut que les colonnes soient
réellement jointives et aptes à transmettre des efforts
transversalement.
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Figure 5.8 pré-voute
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5.4.1.3. Anneau renforcé
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5.4.2 Soutènement du front de taille
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l'obtention d'un front de surface bien régulière, plutôt concave
(cf. figure 5.9),
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En général on cherche à maintenir un renforcement assez constant en
renouvelant un certain nombre de boulons à chaque pas d'avancement.
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