Sunteți pe pagina 1din 38

III) Les mesures organisationnelles, des enjeux forts pour les

entreprises.

Introduction.
Avec l’arrivée du virus H1N1 en France, beaucoup d’entreprises sortant à peine de la crise
économique ont pris peur en imaginant les conséquences que pourrait avoir une pandémie sur
leur propre économie. D’autres mal informées ne s’inquiètent que peu de la grippe A et de la
situation économique française, pourtant si le virus venait à s’étendre, les entrepreneurs
auraient à faire face à un taux d’absentéisme élevé, ce qui remettrait en cause tout le
fonctionnement de l’entreprise et mettrait en danger son économie. Le gouvernement et les
organisations patronales, en ces temps de crise, ont donc pour objectif, dans un premier temps
de tenter de ralentir la contagion au sein des entreprises, et dans un deuxième temps de
permettre aux entreprises de fonctionner, même en mode dégradé si la pandémie devait être
déclarée. C’est dans cette optique de maintien d’activité économique que les organisations
patronales, avec le gouvernement, ont développé des mesures, sociales, sanitaires et
économiques, plus ou moins applicables dans toutes les entreprises, elles sont censées
permettre à l’entrepreneur de poursuivre son activité. Mais en explorant ces mesures et
directives, on se rend vite compte que certains secteurs ou type d’entreprises sont en quelque
sorte lésés, dans la mesure où elles sont presque standard pour toutes les entreprises. Il existe
des mesures particulières par secteur, mais elles relèvent plus de directives que de mesures
visant à aider les entrepreneurs. Dans quelle mesure les conseils diffusés par les organisations
patronales et l’Etat aident-ils les entreprises à poursuivre leur activité? C’est une question à se
poser en temps de crise, mais il est possible de la formuler différemment, car ces instances
n’aident pas toujours les entreprises, au contraire, on peut se demander de quelle manière elles
les handicapent, avec des mesures qui devraient aider mais pourraient également avoir des
conséquences économiques grave sur les entreprises.

1) La pandémie: problèmes sanitaires, crise économique et sociale, des


acteurs actifs tentent de maintenir l’activité.

Le risque de pandémie fait aujourd’hui planer une incertitude quant à la pérennité du


système économique en France. On sait en effet qu’en état de pandémie, les entreprises
françaises seraient amenées à faire face à de nombreux problèmes socio-économiques qui

1
remettraient en cause leur système organisationnel habituel. Dans l’optique de prévenir cette
crise et d’anticiper d’éventuelles conséquences qui pourraient s’avérer désastreuses pour la
vie économique, plusieurs acteurs se mobilisent, et notamment les organisations patronales
ainsi que l’Etat. Tous deux se montrent particulièrement actifs et se distinguent par différentes
actions. Il sera donc intéressant dans cette première partie, de voir comment les organisations
patronales et le gouvernement s’investissent dans la vie des entreprises en temps de crise.

1.1. Un risque pandémique qui affecte directement les entreprises.

Aujourd’hui, la pandémie n’est pas encore déclarée, nous sommes, selon le plan
gouvernemental en phase cinq1, si jamais l’état de pandémie devait être déclaré, dans quelle
mesure affecterait-il la vie de l’entreprise?
Plusieurs problèmes apparaissent avec l’expansion de l’épidémie; un des problèmes majeurs
soulevé par les entreprises, les organisations patronales et les pouvoirs publics est le risque
d’absentéisme dû à la grippe A. Nous sommes aujourd’hui en phase cinq du plan
gouvernemental et le taux d’absentéisme ne semble que peu élevé pour le moment du moins,
car les pouvoirs publics craignent l’absence de 25% du personnel durant quatre à huit
semaines (durée de ce que l’on appelle la vague épidémique), et de 40% de ceux-ci pendant
environ deux semaines de pointe (durée de la vague pandémique). Ce qui apparaît de manière
certaine c’est que le virus progresse de manière égale dans presque toutes les régions à
présent. La Bretagne, en retrait jusqu’à maintenant concernant les cas de contamination, se
retrouve rattrapée par la maladie et affiche une nette augmentation des cas de grippe A. Selon
les chiffres du GROG2, depuis le début du mois d’Août, environ 3824000 personnes ont été
contaminées, dont 993000 entre le 23 et le 29 novembre. Des chiffres suffisamment explicites
et qui semblent aller dans le sens de la crainte exprimée par le gouvernement, les entreprises
et les organisations patronales: un fort taux d’absentéisme risque de s’abattre sur les
entreprises françaises et de perturber fortement leurs activités sociales et économiques.
D’autre part, si la France était amenée à passer à la phase supérieure du plan gouvernemental,
c’est-à-dire la phase six, ou déclaration de l’état de pandémie, des mesures très lourdes
seraient prises au niveau des restrictions de circulation. Le ministre chargé des transports ainsi
que les préfets de zone avec les préfets départementaux et régionaux seraient alors amenés à
aménager voir interrompre la circulation. Avec des transports collectifs suspendus ou
restreints, l’activité de certaines entreprises serait mise à mal. L’exemple de l’usine PSA à

1
Se référer à l’annexe n°7
2
Groupes régionaux d’observation de la grippe

2
Rennes est tout à fait démonstratif des proportions que pourrait prendre ce type de mesures.
En effet, PSA met à la disposition de ses employés (en accord avec Rennes Métropole) un
certain nombre de cars qui passent à différentes heures de la journée, selon l’emploi du temps
des salariés, récupérer ou déposer ces derniers. Ces cars sillonnent la campagne avoisinant
Rennes et desservent un grand nombre de communes. Dans le cas de cette usine, la restriction
des transports se révèlerait particulièrement handicapante, car après avoir interrogé un certain
nombre de ceux-ci, il s’avère que beaucoup d’entre eux ne possède pas de véhicule ou
seulement un par famille. Leur épouse l’utilisant, les salariés de cette entreprise se
trouveraient assignés à domicile malgré eux. L’activité de l’usine qui nécessite que chaque
membre soit à son poste pour fonctionner s’en trouverait nécessairement ralentie voir
suspendue. Et PSA est un exemple, bien d’autres entreprises pâtiraient d’une restriction de
circulation.
Cette restriction de circulation aurait nécessairement des effets sur les échanges commerciaux,
que ce soit au plan régional, national ou international. Le transport de marchandise comme les
transports collectifs seraient en temps de crise, susceptibles d’être fortement réduits, n’allant
pas jusqu’à la suspension en ce qui concerne le transport marchand, du fait du caractère vital
de certains produits transportés. La SNCF se prépare déjà à ces éventuelles perturbations et
déclare qu’en période de restriction, la priorité irait aux transports qui relient domicile et lieu
de travail pour les transports collectifs et à l’acheminement des trafics les plus importants,
comme les hydrocarbures, les eaux minérales, les produits de la chimie ou encore les céréales.
Tous les produits secondaires seraient contraints d’attendre la fin de la pandémie et la levée
des restrictions de circulation pour recommencer à être distribués. Mais cette menace reste des
plus sérieuses car sans moyens de transport, les diverses marchandises qui alimentent les
rayons des différents commerces n’atteindraient jamais les entrepôts et encore moins les
rayons des commerces qui finiraient par se vider sans pouvoir être réapprovisionnés.
Il faut ajouter le fait que la pandémie provoquerait un renforcement certain des contrôles aux
frontières1 avec une possible fermeture des frontières internationales aux personnes et aux
marchandises; notamment lorsqu’elles proviennent des pays contaminés. Sur ces mesures, les
avis sont partagés, le docteur Ron St John, responsable du centre d’urgences de l’agence de
santé publique du Canada, dit à propos de la grippe aviaire en 2007 : « Personne ne croit
vraiment que les contrôles aux frontières peuvent arrêter une épidémie. Mais nous espérons
la freiner [...] »2. En effet avant la fermeture des frontières, ce qui reste une éventualité que les
autorités écartent au maximum, des contrôles sanitaires y sont installés. De nombreux pays les

1
Se référer à l’annexe n°8
2
http://www.influenza-h5n1.org/article-896685.html

3
ont déjà mis en place, et bien que leur efficacité à arrêter le virus soit sérieusement mise en
doute, cela permettrait au moins de détecter un certain nombre de cas et de mettre ces
personnes en quarantaine, freinant la contamination. Les pays du Maghreb n’ont détecté
aucun cas de grippe A pour le moment, pourtant, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie ont d’ors et
déjà mis en place un système de contrôles sanitaires dans les aéroports, allant même jusqu’à
installer des détecteurs de fièvre1. Cela leur permet de contrôler les passagers dés leur arrivée
et par là même de surveiller la situation du pays et d’anticiper une éventuelle contamination.
D’autre part, il faut souligner le rôle joué par l’OMS2, qui, dans les conseils qu’elle diffuse
dans ses circulaires ou sur son site Internet, s’oppose fortement à la fermeture des frontières,
mais encourage l’installation de contrôles sanitaires; dans les aéroports, et plus
particulièrement sur les voyageurs provenant des pays contaminés3. Pendant la pandémie de
grippe avaire, le contrôle des frontières à diviser l’opinion. Un manque de solidarité entre les
pays a été déploré concernant la mise en place de ces contrôles. Tous ne respectaient pas les
règles de l’OMS et seulement seize pays sur trente environ, envisageaient l’installation de
contrôles aux frontières.
Outre les problèmes de transports, qu’ils soient humains ou marchands, une pandémie
risquerait fort de perturber l’univers des télécommunications. Indispensables à la vie d’une
entreprise, le téléphone, Internet, la distribution d’énergie, la télévision, la radio ou encore les
circuits financiers, pourraient être fortement perturbés, si le personnel des entreprises
concernées se trouvait atteint. En ce qui concerne la télévision, elle reste le média favori des
Français. Elle est comme la radio, un moyen de s’informer et notamment de suivre l’actualité
de la pandémie. Un nombre incroyablement élevé de personnes travaillent pour permettre à la
télévision et à la radio de fonctionner, il est évident qu’en période de crise, si beaucoup de
salariés devaient être contaminés, la télévision comme la radio, cesseraient de diffuser. Les
conséquences seraient évidemment lourdes, tant sur le plan humain qu’économique, car sans
source d’information, les directives données par le ministère de la santé ne se transmettraient
plus et sans ce lien direct avec l’actualité pandémique, la population serait angoissée, une
vague de panique pourrait vite atteindre le pays et impacter l’économie. D’autre part, le
téléphone, le fixe comme le mobile, ainsi que l’internet, seraient également mis à mal par la
pandémie. Scott Mac Pherson, spécialiste de la préparation à la pandémie et de l’internet aux
Etats-Unis, dit à propos d’internet en temps de pandémie: « Je suis pessimiste quant à la
capacité pour l’internet de rester viable durant une sévère pandémie. ». En effet, les risques
sont les mêmes pour le téléphone et le Web, de divers et nombreux échanges phagocyteraient
1
Se référer à l’annexe n°9
2
Organisation mondiale de la santé
3
http://www.who.int/fr/

4
les réseaux, provoquant la saturation du système, les techniciens n’étant plus sur le terrain
pour intervenir, aucune priorité ne serait envisageable au niveau du flux des informations. Le
réseau internet tout comme le réseau téléphonique deviendrait alors inutilisable, pour les
entreprises ainsi que pour les particuliers. En plus de ces problèmes de réseau, il n’y aurait
plus de service client, bien que les grandes entreprises comme France-Telecom aient déjà mis
un système de prévention de la pandémie en place, lorsqu’un salarié est touché, c’est tout son
service qui doit fermer, c’est-à-dire tout un plateau téléphonique, toute une agence ou une
cellule technique. Si cela devait arriver, les gens ne pourraient plus être dépannés, les fax ne
seraient plus acheminés… Les entreprises seraient extrêmement handicapées si les systèmes
de communication venaient à être suspendus, elles ne pourraient plus passer de commandes,
et les dirigeants ne pourraient plus envoyer leurs directives vers les différentes succursales.
D’autre part, les circuits financiers risqueraient eux aussi d’être touchés par la pandémie, bien
que les banques, comme les entreprises de télécommunication mettent en place un système de
prévention et de lutte contre l’épidémie, si une partie du personnel devait être touchée, les
agences et services des banques seraient amenés à fonctionner au ralentis voir à être
suspendu. Cela aurait, bien entendu, des conséquences importantes sur la vie des entreprises,
qui verraient, dans un contexte économique déjà difficile, leurs disponibilités financières
réduire. Ajoutons à cela une probable perturbation dans la distribution de l’énergie, qui
pourrait bien faire défaut par manque de personnel. L’électricité serait alors répartie par
priorités, et irait d’abord aux groupes hospitaliers avant d’être distribuée aux entreprises. Il va
de soi que si l’on devait un jour manquer d’énergie, tout le système économique en souffrirait
et s’en trouverait suspendu.
Cela nous permet de constater qu’une pandémie affecte directement les entreprises et ce à tout
niveau, car en attaquant les salariés, le virus s’en prend à l’organisation de l’entreprise même,
mettant à mal son économie. Les entreprises tentent de réagir et d’anticiper les risques
provoqués par une pandémie, appuyées par le gouvernement et les organisations patronales.
Étant donnée l’ampleur d’une pandémie et le grand nombre de salariés qu’elle touche, dans
quelle mesure une entreprise peut-elle prévenir une pandémie, et quelles conséquences celle-
ci peut-elle avoir sur la vie économique de l’entreprise ?

1.2.Des conséquences économiques importantes pour les entreprises, quelles


possibilités d’anticipation pour ces dernières ?

Si l’on peut prévoir les risques d’une pandémie et en déterminer les conséquences
économiques, il n’est pas aisé pour une entreprise de réagir et d’anticiper d’éventuelles

5
contaminations de ses salariés.
Comme il a été dit précédemment, de nombreux services sensibles seraient susceptibles de se
dégrader avec l’arrivée d’une pandémie. En ce qui concerne les transports, la SNCF fait partie
des entreprises qui doivent se soumettre aux contraintes émises par les pouvoirs publics. En
effet, certains trains pourraient bien être supprimés si les frontières devaient être fermées ou
soumises à un droit de passage très stricte. Les transports en commun sont également
susceptibles d’être complètement arrêtés ou au moins ralentis, les liaisons domicile-travail
seraient alors privilégiées. En ce qui concerne la marchandise, la SNCF dit mettre tout en
œuvre pour pouvoir, en cas de pandémie, maintenir le transport de certaines marchandises
vitales, telles que l’eau, les céréales… Il paraît pourtant difficile, dans une entreprise aussi
vaste que la SNCF, d’imposer des mesures qui soient vraiment efficaces aux salariés. Bien
que contrainte par le gouvernement de prévoir un plan de continuation de l’activité, avant
d’en arriver là, la SNCF a décidé d’équiper son personnel de huit millions de masques en cas
de pandémie avérée et éventuellement selon les postes de favoriser le télétravail. En revanche,
les contrôleurs, directement en contact avec les voyageurs, continueraient de sillonner les
couloirs, et il est fort peu probable que des masques suffisent à protéger ce personnel si l’état
de pandémie devait être déclaré. Si un trop grand nombre de salariés devaient subir le virus,
les conséquences seraient non seulement très graves pour la SNCF qui verrait son activité
économique se dégrader progressivement voir même s’arrêter, et pour les très nombreuses
entreprises qui utilisent le chemin de fer pour acheminer diverses marchandises. En Bretagne,
le secteur agricole est particulièrement développé, et un site1, partenaire de la chambre
d’agriculture, prévoit un guide particulier pour les agriculteurs2, leur permettant de
comprendre et de connaître les risques liés à une pandémie et à une éventuelle perturbation
des trafics routiers et ferroviaires. En effet, les exploitations agricoles seraient sérieusement
mises en danger sur le plan économique si les transports, routiers et ferroviaires, étaient
touchés et devaient se dégrader. Les entreprises agricoles utilisent en permanence les réseaux
de transport, une pandémie remettrait en cause, non seulement l’approvisionnement, ce qui
toucherait directement l’élevage (compléments alimentaires pour le bétail, soins…),mais aussi
l’écoulement de la production. Les conséquences seraient lourdes pour les producteurs qui
d’une part ne possèdent pas toujours des capacités de stockage suffisantes et d’autre part
produisent des denrées soumises à une date de péremption. Le lait, les fruits et légumes, les
volailles doivent être acheminés et vendus dans un délais précis; si ce n’était pas fait dans les
temps, l’exploitation se verrait dans l’obligation de détruire l’intégralité de cette marchandise.

1
http://www.msaportesdebretagne.fr
2
Se référer à l’annexe n°10

6
Les agriculteurs sont donc face à un risque économique non négligeable, et doivent penser à
adapter leur production, ce qui ne sera, bien entendu, pas toujours possible.
Une pandémie ferait nécessairement plusieurs victimes, et si un secteur doit craindre d’être
touché plus que les autres, c’est l’industrie du tourisme. En effet, déjà perturbées par la crise
économique depuis septembre 2009, les agences de tourisme et les compagnies aériennes
redoutent une demande encore plus faible. En 2003, l’épidémie de SRAS1 qui touchait
principalement l’Asie a eu de fortes conséquences sur le commerce du tourisme. Selon
l’OMT2, le nombre de voyageurs internationaux aurait à cette époque subi une baisse de
1,4%. D’autre part, le trafic aérien des compagnies asiatiques et pacifiques aurait également
déploré une baisse de 50% ; selon l’IATA3, ces compagnies auraient perdu six milliards de
dollars de chiffre d’affaires sur cette période. Une pandémie impacte de donc fortement
l’industrie du tourisme. En ce qui concerne l’épidémie de grippe A, les compagnies de
transport américaines qui gèrent de nombreux flux de touristes vers le Mexique devraient
pâtir en premières de la pandémie; mais avec l’extension du virus, l’Europe devrait
rapidement être touchée. L’OMT craint que le tourisme ne baisse, et prévoie une chute de 2%
sur 2009/2010; déjà ralentie par la crise économique, l’industrie du tourisme aura du mal à
remonter la pente. Tout ce qui est dit à propos du tourisme est également valable concernant
le commerce du loisir ou encore les activités culturelles, qui ne sont pas nécessaires à la
survie. On peut penser que tout déplacement qui impliquerait un quelconque contact physique
avec d’autres personnes serait évité si la pandémie devait être déclarée. En effet, si les écoles
fermaient, les centres aérés et les loisirs en groupes pour les enfants seraient également
suspendus et même si certains centres restaient ouverts, il est peu sûr que des parents laissent
leurs enfants aux contacts d’autres personnes en temps de pandémie. Il faut souligner le fait
que si les déplacements venaient à être réduits, affectant directement le tourisme qui ne fait
pas parti des déplacements nécessaires, la Bretagne risquerait d’être fortement touchée; c’est
toute une partie de l’économie régionale qui serait mise en danger. La Bretagne est la
quatrième région de France en termes de fréquentation touristique, elle dispose d’une grande
façade maritime, propice au tourisme, aux sports et loisirs nautiques. On y trouve également
de belles forêts et des chemins de grandes randonnées qui attirent un grand nombre de
marcheurs. Avec trois cent dix sites classés et milles monuments historiques, la Bretagne
attire et se révèle propice au développement de l’industrie du tourisme. Cette région
comprend à elle seule, 4,9% des hôtels français, 9,4% des campings, 10,4% des gîtes de

1
Syndrome respiratoire aigu sévère
2
Organisation mondiale du tourisme
3
Association internationale du transport aérien

7
France1… En tout, 5,3% du tourisme français2 s’effectue en Bretagne, permettant à cette
région de vivre et à ses habitants de travailler. Si le tourisme devait ralentir, voir s’arrêter,
c’est la région tout entière qui en subirait les conséquences, des villes comme Locminé dans
le Finistère ou Bécherel en Ille et Vilaine, fonctionnent comme le Mont Saint-Michel, les
commerçants ne vivant que du tourisme; sans le tourisme, ce sont des villes « mortes », sans
aucune activité économique et sans avenir pour leurs habitants.
Toutes ces perturbations économiques ne sont pas sans effet sur la bourse, qui, dès le mois de
Mai 2009, a vu les actions des groupes de transport aérien ainsi que les compagnies de voyage
chuter en bourse. Les investisseurs craignant l’annulation de beaucoup de vols ont retiré leurs
actions. Par exemple, Air France KLM a subi une chute de 6,57%. D’autre part, les monnaies
de référence telles que l’Euro ou le Dollar ont elles aussi chuté du fait de leur caractère risqué,
le Yen, valeur refuge, lui, a pris de la valeur, l’Asie n’étant pas touchée par le virus. Le Wall
Street Journal tire les conclusions de ces changements de placement : « La tendance
classique en temps d’épidémie est à l’abandon des actions et autres actifs risqués et à un
regain sur les valeurs refuges, type bons du trésor. ». Ces mouvements au niveau de la bourse
montrent clairement les difficultés économiques éprouvées par les pays contaminés. Les
entreprises de ces pays qui connaîtront déjà des problèmes économiques liés à la pandémie
n’en seront que plus en difficulté. Les seules gagnantes sont les entreprises pharmaceutiques
liées à la demande de vaccin, par exemple, la société Chugai Pharmaceutical du groupe
Roche, avec l’anti-viral Tamiflu, s’est vue remonter de 14% en bourse. L’économiste
Kenneth Broux déclare à propos du virus H1N1: « Si la grippe porcine devient une pandémie,
cela sera catastrophique pour l’économie, qui est déjà à genoux. »3. En effet, alors que le
SRAS en 2003 n’avait touché que l’Asie, la grippe porcine touche les économies
occidentales, qui sont aujourd’hui les relances de l’économie mondiale. Selon Broux, une
pandémie empêcherait la reprise de la croissance. Si l’on prend l’exemple du SRAS, en moins
d’un an la bourse d’Hong Kong avait perdu 17% et la bourse du Japon 33%, en tout, la région
Asie Pacifique a perdu dix-huit milliards de dollars. Une pandémie comporte donc des risques
économiques importants, mettant en danger l’économie de tout un pays voir du monde.
L’économie de la Bretagne est elle aussi susceptible de se dégrader, en effet, dans cette
région, le secteur tertiaire est de loin le plus important, si l’agriculture et la pêche ont encore
leur place dans l’économie bretonne, elles ne comptabilisent que 6% des emplois, quant à
l’industrie qui est un secteur important, elle comprend aujourd’hui 25% des actifs bretons. Le
secteur tertiaire, c’est-à-dire le commerce et les services, recense à lui seul 70% des emplois
1
Source : INSEE, ORTB-données 2007/2008
2
Source : INSEE, direction du tourisme, réseau Margoat, données 2007
3
Wall Street Journal

8
en Bretagne. Il apparaît clairement qu’une pandémie mettrait rapidement en danger
l’économie bretonne, car elle toucherait de plein fouet le commerce. D’une part, comme il a
été dit auparavant, le commerce lié au tourisme n’aurait plus d’activité, car il n’y aurait plus
de touristes, d’autre part, certains commerces auraient à subir une forte absence de salariés et
pourraient être contraints de fermer pendant la durée de la pandémie. Il faut également ajouter
que la demande risquerait de chuter et que les gens qui ne seraient pas malades resteraient
chez eux au maximum, pour s’occuper des malades, et pour éviter tout risque de
contamination. On peut penser que tous les produits liés aux loisirs, au vestimentaire, les
coiffeurs, les bars ou les restaurants, risquent de ne pas avoir le moindre client si une
pandémie venait à être déclarée. Ce secteur comprenant plus de cent cinquante mille emplois
sur la région, s’il venait à être déstabilisé, c’est toute l’économie bretonne qui s’en trouverait
perturbée et elle aurait bien du mal à s’en remettre. Pour les commerces, il est très difficile de
réagir et d’anticiper une pandémie. Les salariés seraient équipés de masques si le
gouvernement passait en phase six du plan, les boutiques sont d’ors et déjà équipées de gels
hydroalcooliques et des affichettes sont généralement placardées dans les sanitaires,
concernant le lavage des mains. Ces solutions peuvent éventuellement freiner le virus dans ce
secteur où les gens se trouvent en permanence au contact d’autres personnes, mais ne peuvent
l’arrêter; si l’épidémie se développait encore, le commerce risquerait d’être le premier secteur
touché.
Le secteur industriel aussi serait affecté en cas de pandémie, les chaînes de production
d’usines nécessitent que chaque employé soit à son poste pour fonctionner, et si un nombre
important de salariés était touché, la production se trouverait fortement ralentie dans un
premier temps voir même suspendue du fait de manque de main d’œuvre. Les grandes usines
disposant d’un réseau national pensent déjà à des solutions de remplacement des employés
par d’autres, quittes à les faire venir d’une autre région. Mais pour les petites usines
régionales, le remplacement du personnel malade risque de s’avérer difficile voir impossible.
De plus, les fournisseurs et les sous-traitants, comme les distributeurs devraient également
être fortement perturbés et pourraient ne plus assurer leur rôle, sclérosant ainsi le système de
fonctionnement des usines.
Un virus est susceptible de toucher n’importe quel employé, et la pandémie pourrait tout à fait
provoquer l’indisponibilité simultanée de plusieurs dirigeants. Dans certaines entreprises,
cette absence ne poserait pas de réel problème, mais dans une entreprise à fortes
responsabilités pour le responsable, cela pourrait être particulièrement handicapant. Non
seulement, sans responsable, il n’y a plus personne pour relayer l’information relative à la
pandémie, à moins d’avoir nommé une personne pour cela et que cette personne ne soit pas

9
malade, mais en plus les responsables détiennent parfois des connaissances nécessaires au bon
fonctionnement de l’entreprise, que ce soit sur le matériel, la gestion ou sur le personnel, il
permet de structurer l’activité tout en se préoccupant de la situation économique de
l’entreprise. Il est aisé d’imaginer que sans responsable en temps de crise, certaines
entreprises auront plus de mal encore à rester viables.
Une pandémie aurait donc de graves conséquences sur l’économie au niveau international,
national et même régional, les entreprises cherchent à mettre en place des solutions de
préventions et tâchent de limiter la contamination, mais l’efficacité de ces mesures contre une
pandémie reste faible et c’est pour cela que les organisations patronales, avec le
gouvernement interviennent et proposent des solutions dans un objectif de maintient de
l’activité économique.

1.3.Gouvernement et organisations patronales, des solutions pour assurer le


maintien de l’activité économique.

Face à cette menace pandémique qui met l’économie en péril, le gouvernement et les
organisations patronales se mobilisent et mettent en place des sites Internet, des numéros
verts, font paraître des circulaires, avec pour objectif le soutient des entreprises et par là
même la continuité de l’activité malgré la pandémie.
Les organisations patronales en tant de crise épidémique travaillent dans un seul et même but,
le maintien de l’économie. Elles tentent donc de venir en aide aux entreprises et mettent en
place différents systèmes d’information. Le MEDEF1 par exemple, qui est une des
organisations patronales les plus importantes, à dès le début de l’épidémie de grippe A,
réactivé la cellule de veille sanitaire qu’elle avait mise en place lors de la grippe aviaire. Cette
cellule qui a pour responsable Jean-René Buisson a pour but d’anticiper les questions
sanitaires, économiques et sociales. Elle suit l’actualité de l’épidémie de près, permettant au
MEDEF de donner des informations précises et actualisées aux entreprises. Le site2 est
régulièrement mis à jour et selon l’évolution du virus, donnent les directives à suivre, les
mesures à prendre. Il explique également les moyens prévus par l’Etat selon les étapes du plan
gouvernemental et les conséquences que cette épidémie pourrait avoir sur la vie économique
de l’entreprise. On trouve sur le site du MEDEF, une vidéo tournée dans une agence de
communication, qui met en relief les problèmes liés à la transmission du virus et des solutions
pour tenter d’en freiner la propagation. Cette vidéo permet aussi aux entreprises de

1
Mouvement des entreprises de France
2
http://www.medef.com/

10
comprendre le risque pandémique et les enjeux qu’il comprend. D’autre part, l’organisation à
édité un guide de préparation à l’attention des entreprises et publie régulièrement des
recommandations, des circulaires. Des vidéos, des podcasts et des applications mobiles ont
aussi été développés avec l’HCFDC1, permettant ainsi aux patrons de suivre l’évolution
épidémique en temps réel. De plus on peut quotidiennement trouver un flash info sur le site,
permettant aux entreprises de s’informer de manière journalière sur l’évolution du virus et les
conseils diffués par l’organisation patronale. Le MEDEF est également présent dans les
régions, et met un site à disposition de chaque département, proposant des programmes de
réunions d’information en région et une page dédiée à la grippe A. Les entreprises peuvent,
sur les sites départementaux, poser leurs questions. En revanche, il n’y a aucune adaptation
régionale, si l’on regarde le site MEDEF Finistère, on peut constater qu’aucun conseil
particulier n’est appliqué, alors que les secteurs dominants dans le Finistère ne sont pas les
mêmes qu’en région parisienne. L’agriculture prime sur les autres secteurs dans ce
département, on peut également citer la pêche qui est caractéristique du Finistère; et bien il
n’est rien dit à destination des entreprises concernées sur le site départemental du MEDEF.
Si le MEDEF est actif et met en place de nombreuses aides à destination des entreprises,
d’autres organisations patronales ne semblent pas se préoccuper particulièrement de
l’épidémie, qui pourtant menace l’économie. La FNSEA, par exemple2, ne met rien en ligne,
son site ne propose même pas un article, que ce soit le site national ou le site régional, la
grippe A ne semble pas être la priorité dans l’agriculture, malgré les risques qui pèsent sur son
économie. Pour être informés, les agriculteurs doivent se rendre sur le site du ministère de
l’agriculture ou sur le portail de l’enseignement agricole, qui mettent en place un portail
informatif et délivres des conseils pour anticiper l’épidémie. Mais même sur ces deux sites,
les informations concernant le virus n’apparaissent pas immédiatement en page d’accueil, il
faut faire une démarche de recherche dans le site pour trouver les articles, et télécharger les
conseils pour les lire. Mais plusieurs problèmes se posent relativement au secteur concerné ;
En effet, les agriculteurs n’ont pas toujours pour priorité de posséder un ordinateur et encore
moins Internet, selon le type et l’importance de l’exploitation, on trouvera ou non un accès
Internet et un ordinateur. En Bretagne, de nombreuses exploitations agricoles sont
« familiales », les propriétaires sont leurs propres patrons et ont souvent peu d’employés, la
plupart sont des PME ou des TPE3. Le cas se présente de la même manière pour les pêcheurs,
qui ne sont pas toujours des férus de technologie, les propriétaires et employés des chalutiers
travaillent toute la semaine avec des horaires difficiles et ne sont pas toujours à la page en ce
1
Haut comité français de défense civile
2
Fédération nationale des syndicats d’exploitations agricoles
3
Petites, moyennes et très petites entreprises

11
qui concerne les moyens de communication. Bien qu’Internet soit en plein développement,
tout le monde n’a pas d’ordinateur ou d’accès Internet à sa disposition. Par exemple,
l’entreprise de production de cidre Benoit-Bouvier, située à Lamballe dans les Côtes d’Armor,
répertoriée en tant que PME, ne possède pas d’ordinateur, et Monsieur Benoit admet même ne
pas avoir d’ordinateur. De ce fait, l’entreprise n’a pas pris de mesures particulières, les
employés comme les patrons sont informés de l’évolution du virus par la télévision mais ne
comptent pas mettre en place des mesures au seins de la société.
La CGPME1, pour sa part, réagit face à la menace pandémique et met à jour son site Internet,
dans l’optique de diffuser des conseils utiles aux petites et moyennes entreprises. Comme l’a
fait Laurence Parisot, présidente du MEDEF, Jean-Eudes Mesnil, secrétaire général de la
CGPME, publie une vidéo dans laquelle il explique l’épidémie, les risques encourus par les
PME et les TPE et les mesures à prendre pour conserver une activité au sein de l’entreprise.
D’autre part, plusieurs liens publiés sur le site, renvois au plan national et aux circulaires
ministérielles, permettant aux dirigeants de ces entreprises de se tenir informés. Il est
également possible de se rediriger en direct vers certains sites comme celui du ministère de la
santé ou de l’INVS2, qui prodiguent eux aussi conseils et mises en garde concernant
l’évolution du virus. En plus de cette mise à jour quotidienne du site et de la publication de
recommandations, la CGPME s’est associée à la SVP (qui est une société de service destinée
aux professionnels) et met en ligne un dialogue permettant aux dirigeants de PME de plus de
vingt salariés, de poser leurs questions et d’obtenir des réponses d’experts. En parallèle à la
CGPME, il existe plusieurs sites dédiés aux petites, très petites et moyennes entreprises. Le
site soutien-pme en lien avec le MEDEF ne parle pas de l’épidémie, aucun n’article ne lui est
consacré, sur le portail PME du gouvernement, on peut trouver des articles, des synthèses de
presse et la publication de certaines mesures selon le secteur concerné. Il faut donc se rendre
sur des sites précis et faire un certain nombre de recherches avant de pouvoir trouver des
informations sur l’épidémie, concernant les TPE et les PME. De plus, les TPE ne bénéficient
pas réellement de conseils, car les mesures prises dans une entreprise de cinquante personnes
ne peuvent être les mêmes pour une entreprise de moins de dix salariés. Il faut également
ajouter qu’un certain nombre de très petites entreprises (coiffeurs, bouchers, petites
exploitations agricoles), peut se trouver éloigné des agglomérations, mais également de
l’information. Les organisations patronales semblent moins impliqué dans la prévention des
TPE, et certaines de ces organisations, ne mentionnent même pas l’épidémie, selon les
secteurs, les syndicats semblent plus ou moins intéressés par le virus et les conséquences qu’il

1
Confédération générale de petites et moyennes entreprises
2
Institut de veille sanitaire

12
peut avoir, comme nous l’avons déjà vu, les organisations patronales liées à l’agriculture ne
mentionnent pas l’épidémie, mais ce ne sont pas les seules, il en va de même pour la pêche.
Ce qui laisse aussi penser que les secteurs d’activité liés au régionalisme et au terroir se
sentent moins concernés ou sont moins informés, n’ayant pas toujours accès aux mêmes
systèmes de communication que des entreprises plus importantes.
Les organisations patronales ne sont pas les seules à se mobiliser en ce temps de crise, le
gouvernement met lui aussi en place, un site dédié à la pandémie grippale. Ce site donne des
informations détaillées sur l’épidémie et les risques qu’elle comporte, on trouve également les
informations liées à la grippe aviaire. Plusieurs plaquettes sont à télécharger, à destination des
particuliers et des professionnels (plan de prévention national, guides pratiques…). Des liens
sont aussi publiés, vers d’autres sites d’information (OMS, INVS…). De plus, il est possible
pour les entreprises, de se diriger vers une page qui leur est dédiée et qui délivre les
circulaires du gouvernement, solutions proposées pour faire face à la pandémie et des
plaquettes à télécharger selon le secteur dont fait partie l’entreprise (agriculture, transport,
restauration…). On retrouve à peu près les mêmes informations que sur les sites
d’organisations patronales qui abordent la pandémie, avec en plus une spécialisation selon les
secteurs. Concernant les TPE et PME, on ne trouve pas directement d’article les concernant,
mais Hervé Novelli, secrétaire d’Etat en charge du commerce, de l’artisanat, des PME et des
TPE lance un kit adressé aux responsables des entreprises concernées, afin de les aider à
préparer une éventuelle pandémie. Ce kit sera distribué par les réseaux professionnels et
proposera des mesures et des solutions afin de limiter la transmission du virus. Les petites
entreprises, déjà fragilisées par la crise économique pourraient rencontrer de graves difficultés
et une aide pourrait être demandée à l’Etat si jamais le taux d’absentéisme devenait trop élevé.
Jean Eudes du Mesnil (secrétaire général de la CGPME) déclare se méfier des grosses
entreprises, du fait que les mesures prises contre la pandémie pourraient être leur être
adaptées, mais être un handicap pour les petites entreprises.
Bien qu’une partie des organisations patronales et l’Etat se mobilisent, les mesures et
directives qu’ils diffusent ne sont pas nécessairement adaptées à tous les types d’entreprises,
et les moyens de communication utilisés risquent de ne pas être efficaces pour toutes les PME
et TPE.

2) Des mesures organisationnelles mises en place pour faire face à la


pandémie, mais qui font naître d’autres problèmes.

Le risque pandémique effraye tant les entreprises que le gouvernement ou les organisations

13
patronales, qui de ce fait diffusent conseils et mesures organisationnelles sur leurs sites
Internet ou par le biais de circulaires. Des kits sont distribués, des numéros verts mis à la
disposition des entreprises par les organisations patronales dans le but de leur permettre de
freiner la contamination de leurs employés et de continuer leur activité normalement le plus
longtemps possible. Que ce soit sur le plan sanitaire, social ou économique, tout est prévu
pour pallier un fort taux d’absentéisme et pour prévenir celui-ci. Seulement, ces mesures ne
sont-elles pas susceptibles d’handicaper l’entreprise autant qu’elles doivent la protéger ?

2.1.Des mesures sanitaires ou la révision des normes liées à l’hygiène.

Les premières mesures organisationnelles à être arrivées dans les entreprises, concernent
l’hygiène. Craignant que l’épidémie ne s’étende, le gouvernement et les organisations
patronales ont rapidement fait parvenir des directives aux chefs d’entreprises.
D’une part, des dispositions sont à prendre vis-à-vis des personnes rentrant de voyage, et plus
particulièrement en provenance d’un pays contaminé et présentant les symptômes de la
maladie (fièvre supérieure à 38°, courbatures, toux…). Cette personne doit être isolée à
domicile et si les symptômes surviennent sur le lieu de travail, elle doit tout suite être isolée
dans une pièce, contacter un médecin et être renvoyée à son domicile sans utiliser les
transports en commun. La personne atteinte par le virus H1N1, est contagieuse entre vingt-
quatre heures et sept jours, de ce fait, si un salarié est entré en contact direct avec ses
collègues, il est tout à fait susceptible de leur avoir transmis la maladie. Certaines entreprises
ont donc pris leurs dispositions face à ce risque, et la direction Bretagne de France Telecom
par exemple, demande la fermeture de toute boutique ou de tout plateau téléphonique, ayant
accueilli un salarié malade. L’entreprise espère ainsi pouvoir freiner la propagation du virus.
Cette décision propre à cette entreprise ne fait pas partie des directives données par les
organisations patronales, qui préconisent le port de masques chirurgicaux ou de protection
respiratoire, ainsi que l’utilisation des gels hydro alcooliques et l’isolement des déchets. En
temps de pandémie, les entreprises sont responsables des décisions qu’elles prennent envers
leurs salariés.
D’autre part, les organisations patronales et le gouvernement recommandent fortement aux
entreprises de se fournir en masques, chirurgicaux, ou masques de protection respiratoire de
type FFP2. Le fait de s’équiper en masques pour protéger le personnel relève de la
responsabilité de l’entreprise, seulement, en cas de contamination, le personnel est en droit de
faire un procès à l’entreprise, s’il s’avère que le ou les salariés ont été infectés sur leur lieu de
travail. Il y a deux sortes de masques, les masques chirurgicaux et les masques anti-projection

14
ou de protection respiratoire, de type FFP2. Le premier type de masque sert à protéger
l’entourage d’un malade ou à se protéger des projections. En effet, on peut attraper le virus
par des projections, qui vont jusqu’à deux mètres, ces masques permettent donc de lutter
contre ce risque. En revanche, ce masque ne protège pas des risques d’inhalation de particules
présentes dans l’air et qui seraient susceptibles aussi de contaminer le personnel. Le deuxième
type de masques, c’est-à-dire le modèle FFP2, protège des particules présentes dans l’air,
ainsi que des gouttelettes projetées par les malades. Ce mode de protection est réservé en
priorité aux personnels de santé, mais il est également conseillé quand un salarié travaille à
moins de deux mètre du client et que certains dispositifs prévus par le plan national n’ont pu
être installés ( écrans, hygiaphones…). C’est valable, par exemple, pour les personnes
travaillant à la caisse ou au guichet, ou encore dans des boutiques, au contact direct de la
clientèle. Une fois équipée de masques, l’entreprise doit les mettre à disposition des salariés,
et demander à un médecin d’évaluer la capacité du salarié à porter un masque (les femmes
enceinte par exemple, risquent d’avoir des difficultés à porter un masque du fait d’une
capacité respiratoire réduite). Il faut également que l’entreprise affiche un « mode
d’emploi »1, qui est distribué par les fabricants de masques, ou que l’on peut trouver sur
certains sites d’organisations patronales (MEDEF, CGPME), ou encore, sur le site du
gouvernement (site dédié à la pandémie, ministère de la santé…). Pour être efficaces, les
masques doivent être changés au bout de quatre heures, ou lorsqu’ils sont mouillés.
Le fait de s’équiper en masque est donc plutôt contraignant pour les entreprises, et plusieurs
problèmes se posent clairement. D’une part, toutes les entreprises n’ont pas le même budget,
si pour certaines grosses sociétés le fait d’acheter des masques ne pose aucun problème, pour
un certain nombre de petites entreprises, cela créer une dépense imprévue, ce qui peut
s’avérer être un véritable handicap, en sortie de crise. Pour les PME en difficulté face à
l’achat de masques, une entreprise publique est mobilisée à la demande de Christine Lagarde,
ministre en charge de l’économie, de l’industrie et de l’emploi, il s’agit de l’entreprise OSEO,
qui propose un soutien aux projets de financement des entreprises, seulement, pour bénéficier
de cela, un grand nombre de démarches est nécessaire. Cette aide publique agit en
collaboration avec les banques qui doivent, en temps de crise, soutenir les petites et moyennes
entreprises en difficulté. Même si la mise en place de cette aide peut s’avérer utile dans
certains cas, il reste un problème majeur, comment les entreprises peuvent-elles se fournir en
masques, alors que la France est en rupture de stock? Les fabricants de masques ont été pris
d’assaut, la société Alltex, par exemple, produit cent mille masques par jour, mais doit faire
face à une demande qui va parfois jusqu’à deux millions par jour. L’entreprise se voit dans

1
Se référer à l’annexe n°11

15
l’obligation de renvoyer ses clients vers les ventes flash qui ont lieu sur Internet le mercredi
matin. Les commandes qui ont été passées au mois d’août ne sont livrées qu’au mois de
décembre, mais l’entreprise ne s’en plaint pas, le PDG, Eric Durand, explique avoir acheté
une machine permettant la fabrication des masques FFP2 au moment de la grippe aviaire,
mais cela n’avait pas vraiment marche, aujourd’hui, avec le virus H1N1, il pense en acquérir
une deuxième. Finalement, l’épidémie n’est pas négative pour tout le monde. Même constat
dans une entreprise des Côtes d’Armor, qui fabrique elle aussi des masques, et tente
aujourd’hui de répondre à une commande de vingt-cinq millions, passée par l’Etat.
L’entreprise Sperian, de Plaintel, avoue que la crise sanitaire actuelle est un véritable booster
pour elle, qui compte même effectuer plusieurs dizaines de recrutement pour répondre au
contrat du gouvernement, qui doit être honoré d’ici la fin de l’année. Ce problème de stock
touche directement les PME et les TPE, qui sont souvent en attente, et selon la CGPME,
malgré les commandes passées, connaissent de gros problèmes de livraison. Il paraît quand
même étonnant que ces entreprises ne puissent se fournir en masques, alors que des
entreprises comme France Telecom ou Mac Donald, s’équipent de tous les types de masques
et en nombre plus que suffisant. L’agence France Telecom Rennes Alma, par exemple,
déclare disposer des trois types de masques1 en quantité suffisante pour subvenir aux besoins
des salariés pendant plusieurs mois. Il en va de même pour la succursale de Mac Donald,
située à Villejean. Si ces grandes entreprises n’ont aucun mal à se procurer des masques alors
que certaines PME ou TPE rencontrent de nombreuses difficultés, que ce soit au niveau de la
livraison ou au niveau de la commande, cela laisse penser qu’une sorte de passe-droit existe,
et que ce sont les entreprises disposant des moyens financiers les plus importants qui sont
prioritaires. Il ne faut tout de même pas généraliser cette situation, qui si elle s’avérait
systématique, serait un vrai problème pour la Bretagne. En effet, au mois de décembre 2009,
la plupart des entreprises, PME ou grandes entreprises sont équipées en masques, par
exemple, la biscuiterie de la pointe du Raz en Bretagne, explique avoir mis du temps avant de
pouvoir se procurer des masques, mais les a reçus depuis quelques semaines. Reste le
problème des TPE, car beaucoup de celles-ci ne sont pas équipées, et cela, soit par volonté du
responsable de l’entreprise, soit à cause de problèmes liés à la commande ou à la livraison de
masques. Si les organisations patronales conseillent fortement le port du masque, elles
n’apportent pas leur aide aux entreprises qui éprouvent des difficultés à s’en procurer. La
situation est difficile pour les entreprises n’arrivant pas à obtenir de masques, car sans
masque, elles risquent de se faire attaquer en jugement si un des salariés tombait malade, et
cela relèverait de sa responsabilité, même si les masques sont commandés et en cours de

1
Masques chirurgicaux, FFP2 et FFP2 avec soupape

16
livraison.
Outre les masques, de nombreuses directives relatives à l’hygiène sont adressées aux
entreprises. Ces conseils sont disponibles sur les sites des organisations patronales qui
publient à propos de l’épidémie ou sur les sites du gouvernement. Avec le nouveau virus
H1N1 par exemple, de nombreuses campagnes sont faites autour de l’hygiène des mains, le
ministère de la santé, associé à l’INPES (ainsi que les fabricants de masques), publie des
fiches pratiques1 à l’adresse des entreprises, afin que celles-ci les affichent dans les sanitaires
ou près des points d’eau. Ces fiches décrivent la manière dont les salariés doivent se laver les
mains s’ils veulent éviter l’extension du virus au maximum. Une révision des normes à été
effectuée au niveau du temps passé à se laver les mains, dans la restauration de type fast-food
par exemple, jusqu’à aujourd’hui le temps réglementaire de lavage des mains était de quinze
secondes, il est maintenant passé à trente. Ces dispositions sont prises dans tous les secteurs,
et ne concernent pas uniquement la restauration. Ces fiches sont simplement à afficher dans
les sanitaires pour que le personnel soit informé et suivent ces indications; cela peut paraître
simple, mais il semble douteux que cela soit appliqué dans toutes les entreprises, et que les
salariés consacrent plus de temps au lavage des mains.
En lien avec cette fiche pratique, le ministère de la santé et les organisations patronales
invitent les entreprises à s’équiper de gels hydroalcooliques qui permettent de se laver les
mains plus souvent et dans le cas où l’eau et le savon ne seraient pas accessibles. Comme
pour le lavage des mains ; des fiches pratiques sont disponibles sur le site du gouvernement
ou de certaines organisations patronales, destinées à être affichées à la portée du personnel2.
Les problèmes posés par les gels hydroalcooliques sont un peu différents de ceux posés par
les masques. En effet, bien que les entreprises aient parfois eu du mal à commander ces
produits qui ont eux aussi connu des ruptures de stock, elles n’ont aujourd’hui plus vraiment
de mal à s’en procurer. De nombreux sites d’instituts pharmaceutiques les proposent. En
revanche, leur prix a considérablement augmenté, et si on trouve du gel hydroalcoolique dans
toutes les grandes entreprises ou presque, il n’en va pas de même pour les PME ou les TPE,
qui ne trouvent pas toujours nécessaire d’utiliser ce produit, et par là même d’investir dans
son achat.
Il est également conseillé aux entreprises de modifier leur système d’aération et de
ventilation, il leur est demandé d’arrêter si possible le recyclage de l’air, et d’aérer plus
régulièrement. En effet, des scientifiques ont émis l’idée de la mutation du virus H1N1, qui
pourrait bien être propagé dans l’air et devenir contagieux de cette manière. Cette mesure

1
Se référer aux annexes n°12
2
Se référer à l’annexe n°13

17
relative à la ventilation pourrait bien poser problème à certaines entreprises dans lesquelles les
systèmes de ventilation sont déjà réglés et recyclent l’air (l’entreprise Malo en Bretagne par
exemple), la modification de ces systèmes n’est pas toujours possible, et si l’entreprise veut
vraiment intervenir à ce niveau, cela risquerait d’avoir un coût important.
D’autre part, avec le risque de pandémie, le ministère de la santé et les organisations
patronales poussent à une nouvelle gestion des déchets et du nettoyage des locaux. Pour une
protection optimale des salariés, les surfaces qui entrent en contact avec les mains doivent être
nettoyées plus souvent, et dans les bureaux, surtout ceux qui servent à plusieurs employés, il
faudrait mettre à disposition du personnel, des lingettes désinfectante, pour les téléphones,
souris, claviers d’ordinateurs…Ainsi qu’un gel hydroalcoolique. En ce qui concerne le
traitement des déchets, pour empêcher toute contamination du personnel à cause des
poubelles, l’entreprise devrait faire l’acquisition de nouveaux sacs-poubelles étanches et à
poignées, de poubelles avec commande au pied et de gants de protection personnels destinés
aux salariés susceptibles d’être en contact avec les déchets. Car c’est dans les poubelles
communes que sont jetés les mouchoirs, les lingettes… Des objets porteurs du virus, et qui
laissent des bactéries partout où ils sont posés. De plus, du fait d’un nouveau besoin né de
l’épidémie, les organisations patronales conseillent de réviser les contrats passés avec les
entreprises de nettoyage et de les faire venir plus fréquemment. Seulement, cette mesure,
encore une fois a un coût, et toutes les entreprises ne disposent pas nécessairement d’une
entreprise de nettoyage. Au centre commercial Rennes Alma, par exemple, SFR qui est une
très grosse boutique, délègue aux vendeurs, le fait de faire le ménage le soir avant de partir, si
quelque chose traîne par terre, ils sont tenus de le ramasser et ils ne sont pourtant pas équipés
de gants. D’autre part, même les entreprises employant une société de nettoyage risquent de
ne pas faire augmenter leur contrat, tous n’en n’ont pas les moyens.
D’autres bonnes pratiques relatives à l’hygiène sont diffusées par les organisations patronales
et le gouvernement, expliquant comment réagir en cas d’éternuement, de toux, où jeter ses
mouchoirs, éviter de toucher les objets que les autres touchent sans se protéger avec une
lingette (poignées de portes, barres dans les bus ou les metro…).
Toutes ces bonnes pratiques sont liées à l’information, car si les moyens de communication
utilisés ne sont pas efficaces, les salariés risquent de ne pas les respecter. Dans certaines TPE
en Bretagne, il n’existe aucune communication à propos de la pandémie et des mesures qui
doivent être prises. Dans l’agriculture, les sites des principales organisations patronales ne
contiennent pas d’information sur le virus, donc à moins que les agriculteurs, qui, selon
l’ENST Bretagne font parti des secteurs les moins connectés à Internet, aillent sur le site du
ministère de la santé, les informations liées aux bonnes pratique d’hygiène ne sont pas

18
diffusées. Dans l’entreprise Benoit-Bouvier, producteur de cidre à Lamballe, aucune
affichette n’est placardée, et les habitudes n’ont pas changé. D’autre part, à l’agence France
Telecom Rennes Alma, les mesures d’hygiène concernant le lavage des mains et les gels
hydroalcooliques ont été affichées, mais aujourd’hui, les feuillets pendent dans les sanitaires,
à moitié déchirés, ou sont cachés par des panneaux indiquant les bonne pratiques de vente.
L’information et la communication ne sont donc pas toujours adaptées aux entreprises, dont
les responsables semblent avoir d’autres priorités que de mettre en avant les nouvelles
mesures d’hygiène.
Les mesures, distribuées tant par les pouvoirs publics que par les organisations patronales,
demandent aux entreprises un réel effort de réorganisation. Au niveau informationnel et
communicationnel d’une part, des affichettes devraient être placardées à proximité des
salariés et des sanitaires, au niveau de la mise à disposition de matériel adapté à la protection
des employés d’autre part, mais également au niveau du fonctionnement même de l’entreprise
et de ses collaborateurs. Cette rééducation des salariés risque de prendre du temps, d’autant
plus que certaines entreprises ne s’en préoccupent pas du tout, de plus, il n’est pas certain que
toutes les entreprises, et en particulier les TPE et les PME soient prêtes à investir dans la lutte
anti-épidémie, à peine sorties de la crise économique. L’application des mesures concernant
l’hygiène semble donc difficile, et plus particulièrement dans certaines entreprises. Les sites
gouvernementaux et les organisations patronales préconisent également la mise en place de
mesures sociales, de quelle manière peut-on changer les habitudes des salariés, et tenter de
réduire les contacts sans perturber l’activité économique de l’entreprise ?

2.2.Des mesures sociales, une tentative pour changer les habitudes liées aux
lieux de travail.

Des mesures liées à l’hygiène sont proposées, et plusieurs acteurs tentent de les faire
appliquer au sein des entreprises. Mais sans mesures sociales, relatives aux relations entre les
employés, les efforts de l’hygiène au travail auront été inutiles. Le but, pour les organisations
patronales ainsi que pour le gouvernement, est donc de trouver un moyen de faire changer ces
habitudes, sans impacter l’économie de l’entreprise.
Plusieurs conseils sont donc donnés aux entreprises, et à transmettre aux salariés pour la
plupart. Dans cette optique de ralentissement de l’épidémie, il est d’abord primordial pour une
société, de limiter le nombre de personnes présentes en même temps sur leur lieu de travail et
dans une même pièce. Seulement, pour certaines entreprises ou succursales d’entreprises, il

19
n’est pas possible de réduire le nombre de salariés. Par exemple, une boutique dans une
galerie marchande, qui est un lieu toujours très fréquenté ne peut réduire son personnel, car il
faut obligatoirement un minimum de deux personnes présentes en même temps sur la
boutique. Ces deux salariés sont en contact permanent, même s’ils se trouvent dans des angles
opposés du magasin, l’arrière-boutique est la même, ainsi que les sanitaires… Des problèmes
se poseraient également dans une usine de travail à la chaîne, qui, s’il manque un maillon,
c’est-à-dire un salarié, à un poste important, ne peut plus fonctionner. Dans cet type
d’entreprise chaque employé a son importance, et c’est justement le travail en groupe qui fait
que l’usine peut produire. Il n’est donc pas envisageable non plus, dans ce cas de réduire le
nombre de personnes sur place. Il en va de mêmes pour les centres de loisirs, ou même pour
les endroits où sont pratiqués certains loisirs, centres équestres, centres nautiques, par
sécurité, un certain nombre de personnes doit être sur le terrain. Le problème est également
présent dans l’univers des télécommunications, car sur les plateaux téléphoniques, on peut
difficilement réduire le nombre de salariés présents si l’on veut répondre à la demande client.
Ce conseil, semble donc difficilement applicable et ce pour un grand nombre de secteurs.
Dans le même esprit, il est conseillé aux entreprises d’éviter au maximum les réunions et les
rassemblements, mais ici aussi, plusieurs problèmes se posent. D’une part, les salariés ont des
habitudes, par exemple les fumeurs, se rassemblent souvent à certaines heures à l’extérieur, et
à moins de changer ces habitudes ou de surveiller en permanence le personnel, il sera difficile
d’empêcher les gens de se voir et de discuter entre eux. En ce qui concerne les réunions, elles
sont essentielles dans certaines entreprises et ce sont également elles qui permettent
d’informer le personnel à propos de la pandémie, on propose donc aux entreprises plusieurs
solutions alternatives à la réunion physique. Il est donc recommandé de favoriser la
communication par courriel, téléphone, et d’organisation des audioconférences ou des
visioconférences, évitant ainsi qu’il y ai le moindre contact. Bien sûr ces solutions ont un
coût, car si la plupart des entreprises disposent au minimum du téléphone et généralement
d’Internet, elles n’ont pas tous les moyens d’organiser ce type de conférences.
L’audioconférence est un système simple, mais qui doit être installé et permit par l’entreprise,
qui aura auparavant consulté une agence de télécommunication. En ce qui concerne la
visioconférence, il faut d’abord équiper les personnels de téléphones avec une capacité de
Visio ou de visiophones (ce qui aujourd’hui introuvable), et cela coûte cher. De plus, il paraît
douteux que, dans les petites entreprises, on investisse dans ce genre d’appareil, et encore
moins dans les exploitations agricoles, même dans les très grandes. Si on prend l’exemple de
chantiers, dans le secteur du bâtiment ces mesures sont inenvisageables, les ouvriers
travaillent ensemble, discutent ensemble, et partagent les informations au moment où cela est

20
nécessaire. Tous les métiers qui nécessitent de travailler en groupe et de partager des
informations, parfois vitales dans l’instant, ne peuvent appliquer ce type de mesures. Ajoutons
que dans une région comme la Bretagne disposant d’un certain nombre de secteurs peut
ouverts à Internet, l’échange par mail n’est pas vraiment démocratisé, et parfois pas des plus
adapté.
Toujours dans cette optique de diminution des contacts, il a été conseillé par les organisations
patronales comme par l’Etat, d’établir des règles au sein même des entreprises, concernant les
contacts physiques présents entre les employés ou avec les clients. Il est à présent demandé
aux salariés des entreprises qui appliquent ces règles, de ne plus se serrer la main, ni entre
eux, ni aux clients, et de ne plus se faire la bise. Ces mesures s’avèrent difficiles à appliquer,
les habitudes sont dures à changer et si dans les entreprises où ces règles sont établies,
certains essayent de les suivre, d’autres n’en tiennent absolument pas compte et cela devient
même sujet à plaisanteries. Dans les entreprises où les salariés sont en contact direct avec le
client, il est extrêmement difficile de ne plus serrer la main, qui est souvent symbole, de
politesse, de cordialité et d’entente professionnelle. Dans le milieu du CHR1par exemple, il
est difficilement envisageable de mettre ces conseils en application, car dans ce milieu où les
mesures relatives à la pandémie ne sont pas appliquées, le fait de ne pas se serrer la main ou
de ne pas se faire la bise passe pour de l’impolitesse. Les commerciaux de ce milieu et en
général ne respectent, pour la plupart, pas ces règles, afin de ne pas nuire à leur relation client.
Dans les entreprises traditionnelles, comme certaines exploitations agricoles, et comme il en
existe beaucoup en Bretagne, le fait de se serrer la main est un symbole, et si cette
information concernant les contacts humains est arrivée jusqu’à eux, il est plus que douteux
qu’elle soit prise au sérieux et appliquée. Dans l’enceinte de l’université de Rennes II même,
alors que c’est une université, pleine d’érudits, de chercheurs et d’apprentis chercheurs, on
voit les professeurs et les étudiants serrer des mains et faire la bise à leurs collègues. Dans la
boutique France Telecom de Rennes Alma, ces directives ont été données il y a longtemps
déjà, mais la seule personne à les respecter est l’adjointe de la boutique, car même le
responsable continue à serrer les mains des clients et des vendeurs. Selon le responsable de
cette boutique, Jean-Jacques Lemarchand, ces règles sont mises en place à Paris et il n’y a pas
de difficulté particulière à les faire appliquer, seulement dans une région traditionnelle comme
la Bretagne, ancrée dans des coutumes, et fonctionnant un peu en dehors du système français,
les habitudes sont dures à changer, et les habitants ne prêtent que peu d’attention aux
directives du patronat, dont ils ne sont pour la plupart pas très proches. En lien avec ces
règles, un autre conseil est donné au personnel, qui devrait également se tenir au minimum à

1
Cafés, hôtels, restaurants

21
deux mètres d’une personne afin de ne pas risquer la contamination si celle-ci était malade.
Encore une fois, cette mesure paraît difficile à mettre en place, car dans le domaine
commercial, par exemple, lorsqu’on passe un contrat avec quelqu’un, il n’est pas possible de
se tenir à deux mètres de cette personne. Dans une boutique, c’est également impossible, les
employés risquent d’avoir du mal à se tenir en permanence à deux mètres les uns des autres,
et les clients ne restent pas non plus à deux mètres des commerçants. Pour éviter ce type de
situations, le plan national conseille aux entreprises d’installer des écrans et des hygiaphones,
mais ce genre de mesure n’est applicable que dans un très petit nombre de secteur et dans une
région comme la Bretagne, mis à part dans les postes, ou les banques, ou les lieux dans
lesquels les clients n’ont pas besoin d’un contact direct, cela paraît difficilement envisageable.
D’autant plus que cela mobiliserait un budget conséquent, que peu d’entreprises sont prêtes à
investir actuellement. Dans ce sens, les pouvoirs publics ainsi que les organisations patronales
appellent les entreprises à mettre en place des procédures pour les visiteurs et les clients.
Outre l’installation d’interphones, d’écrans… ,il faudrait réussir à limiter le nombre de clients
et visiteurs en tout genre, et limiter aussi les files d’attentes dans lesquelles les gens sont
serrés les uns aux autres. Cette mesure est inapplicable dans presque tous les lieux
commerciaux, et même chez le médecin, la salle d’attente représente un risque. Si un médecin
peut s’arranger pour espacer suffisamment les visites et qu’il n’y ait pas la queue dans son
cabinet, il n’en est pas de même pour les centres commerciaux, les coiffeurs, les bars et les
restaurants… Si le nombre de clients fréquentant ces endroits devait être limité, le chiffre
d’affaire de ces entreprises risquerait fortement de chuter, et cela toucherait donc l’économie.
Pour la Bretagne, première sur le nombre de grandes surfaces, une telle mesure serait une
vraie menace pour l’économie régionale.
D’autre part, pour éviter le rassemblement de salariés au même endroit, il est conseillé de
réaménager la restauration du personnel et de penser à une alternative à la restauration
collective. Seulement, dans certaines grandes entreprises, et dans certaines régions, la
restauration collective permet aux salariés de bénéficier d’un repas beaucoup moins cher le
midi, car l’entreprise paye une partie de ce repas. Lorsque ce type de restaurants d’entreprise
est mis en place, les salariés n’ont pas accès aux chèques déjeuner. C’est par exemple le cas
d’entreprises comme La Poste ou France Telecom. À Rennes, il existe plusieurs restaurants de
ce genre, à Saint-Jacques, boulevard Albert Ier… Les syndicats de salariés ont beaucoup lutté
pour la conservation de ces endroits qui risquent bien de finir par disparaître. Si le mode de
restauration devait être revu, l’entreprise devrait revoir les contrats de ses employés, et y
inclure les chèques déjeuners. En revanche, que les salariés se rendent dans un restaurant
d’entreprise ou un restaurant indépendant, cela revient au même dans la mesure où ils croisent

22
le même nombre de personnes et déjeunent côte à côte. L’entreprise peut également laisser les
gens rentrer chez eux sur l’heure du déjeuner. Mais alors que la pause de midi n’était que
d’une heure, elle pourrait bien devoir être rallongée, car le fait de rentrer chez soi et de se
faire à manger demande plus de temps. De plus, certains employés habitent parfois à une
heure voir plus de leur lieu de travail, et dans ces cas-là, il faudrait revoir complètement les
horaires de ces salariés, qui devraient passer sur du mixte, c’est à dire un jour le matin, un
jour l’après-midi. Cela demanderait une réorganisation totale au niveau horaire, plannings et
postes de travail. Il est peu sûr que les entreprises soient prêtes à réorganiser totalement leur
mode de fonctionnement, même sous la menace d’une éventuelle pandémie.
Pour tenter de mettre en place toutes ces mesures liées à la vie de l’entreprise, il faut aussi
développer un réseau informationnel. En effet, dans certains secteurs, ces directives n’ont pas
été communiquées au personnel; dans certaines petites ou moyennes entreprises, les salariés
ne sont pas au courant et continuent de se saluer comme ils ont l’habitude de le faire. Dans
une entreprise du bâtiment, à Noyal sur Vilaine, les ouvriers admettent même boire
régulièrement dans les mêmes bouteilles ou récipients. A l’agence France Telecom de Rennes
Alma, les informations, transmises par la direction nationale, arrivent bien jusqu’aux
employés, en revanche, elles ne sont que rarement appliquées.
Il paraît évident qu’il existe une carence dans l’information, les moyens de communication ne
sont pas toujours adaptés aux entreprises ou aux secteurs. D’autre part, on peut également
constater que si les organisations patronales, relayées par l’Etat, diffusent leurs conseils aux
entreprises, elles ne se rendent pas sur le terrain, et ne mobilisent pas de moyens pour les faire
appliquer. Donc, si les entreprises ne se rendent pas sur Internet, ou ne se penchent pas sur les
éventuelles circulaires et communiqués qu’elles reçoivent, elles sont en dehors de l’actualité
du virus,et courent donc un risque plus important.

2.3.Des mesures économiques, une volonté de maintenir l’activité dans les


entreprises.

Les mesures sanitaires et sociales sont conseillées par les organisations patronales et les
pouvoirs publics dans le même but: garder une activité économique malgré la pandémie. Elles
font d’ailleurs partie du plan de continuité de l’activité, que conseillent les organisations
patronales et le gouvernement (pour toutes les entreprises, y compris les très petites.).Pour
constituer leur PCA1, les entreprises peuvent se rendre sur les sites Internet des organisations
professionnelles ou sur le site mis en ligne par l’Etat, donnant les phases du plan national, et
1
Plan de continuité de l’activité

23
la manière d’établir un PCA, qui doit être pensé en fonction de la taille et de l’activité de
l’entreprise. Plusieurs étapes sont nécessaires à sa constitution, c’est une démarche assez
lourde, et son élaboration implique une réorganisation totale du fonctionnement d’une société.
Bien que cette mesure ne soit pas obligatoire, elle est fortement recommandée par les
pouvoirs publics, relayés par les organisations patronales,qui donnent elles aussi leurs
conseils, mais, malgré le risque de pandémie, il est peu probable que toutes les entreprises
mobilisent du personnel et du temps afin de mettre en place un PCA.
Dans un premier temps, le patron d’une entreprise cherchant à mettre en place un PCA, doit
désigner un responsable « relais », chargé de penser le plan de continuité de l’activité, c’est-à-
dire, de prévoir tous les changements nécessaires à sa mise en œuvre, au niveau horaires,
budgets, effectifs… Pour les grandes entreprises, ou mêmes pour les moyennes entreprises,
cela ne pose pas vraiment problème ; leurs effectifs sont suffisants pour pouvoir leur
permettre de se passer d’une personne, déléguée uniquement à la mise en place du PCA. De
plus dans une entreprise relativement importante, les postes de travail et les tâches sont assez
diversifiés pour permettre à la société de trouver un employé suffisamment qualifié, qu’elle
puisse déléguer à ce poste. En revanche, dans certaines petites ou très petites entreprises, les
salariés sont moins nombreux, et souvent tous nécessaires au bon fonctionnement de
l’entreprise. D’autre part, les salariés ne sont pas toujours tous aptes à penser un PCA, qui est
une mesure difficile à mettre en place. Dans la plupart des exploitations agricoles de petite ou
de moyenne taille, le patron estime souvent n’avoir pas le temps de prévoir un PCA, et n’a
pas toujours les connaissances requises. De plus, son personnel, lui est indispensable, chaque
poste est primordial. Le fait même de mettre en place un PCA risque donc de poser problème
à certaines entreprises ; et outre le fait de donner des conseils pour son élaboration, les
organisations patronales, qui ont pour rôle d’épauler les entreprises, ne semblent pas
réellement impliquées au sein de celles-ci, du moins pas suffisamment pour réussir à proposer
des solutions et des alternatives aux entreprises en difficulté face au PCA.
Dans un deuxième temps, il s’agit pour les chefs d’entreprises, d’identifier les fonctions
primordiales qui auraient besoin, en temps de pandémie, d’une priorité sur les autres
(production, services, ressources humaines…). C’est-à-dire, voir quelles activités pourraient
fonctionner à distance, voir être arrêtées pendant un temps. Cela permettrait de déterminer les
effectifs nécessaires, car avec un taux d’absentéisme plus ou moins élevé, il faudra savoir
faire face à une carence de salariés. Dans ce sens, il est important que les entreprises
déterminent les postes indispensables à la production, même si elle doit être minime, et
également les postes s’occupant de l’entretien du matériel servant cette production. Ces
activités vitales pour l’entreprise devront être envisagées en tenant compte d’un taux

24
d’absentéisme, les patrons devront penser aux salariés qui pourraient remplacer les détenteurs
de ces postes si jamais ils devaient être malades. Cette mesure, pose elle aussi problème, à
plusieurs secteurs d’activité. En effet dans une usine, chaque personne a son poste et c’est
cela qui permet la production, un fort taux d’absentéisme empêcherait le travail à la chaîne et
par là même, la production. Chez les marins pêcheurs, l’équipage doit être au complet pour
fonctionner, les équipages étant souvent composés de deux personnes, aucun remplacement
n’est envisageable à long terme. Dans une exploitation agricole, il en va de même, chaque
salarié a sa tâche à accomplir, dans ce type de situation, à moins d’embaucher du personnel, il
n’y a aucune solution, et le PCA risque d’être très difficile à prévoir.
Compte tenu de l’absentéisme prévu, des mesures sont également à prendre au niveau des
horaires, des plages d’ouverture (ou d’activité), et de l’éventuelle mise en place du télétravail.
Plusieurs entreprises émettent l’idée de rallonger les heures des salariés afin de pallier
l’absentéisme, ce qui est une solution possible mais très limitée, dans la mesure où les
entreprises sont soumises au code du travail. Les horaires peuvent également être raccourcis
dans certains secteurs, afin que compte tenu du nombre d’absent, les salariés en activité soient
plus nombreux, sur une plage horaire réduite certes, mais qui permettrait à l’entreprise de
fonctionner, même si c’est en mode dégradé. Dans une usine par exemple, cela est
envisageable, car les ouvriers n’ont pas tous les mêmes horaires, il y en a qui font les trois,
d’autres travaillent de nuit, et certains travaillent le jour. Si des salariés devaient être absents,
en ouvrant la journée uniquement, l’entreprise pourrait continuer à fonctionner, bien qu’elle
produise au ralenti. Dans une exploitation agricole, même comprenant beaucoup d’employés,
c’est difficilement imaginable, surtout en ce qui concerne les denrées soumises à une date de
péremption. Par exemple, des ouvriers travaillant dans une laiterie doivent être là à heure fixe,
car le lait doit être tiré d’une part, et les vaches doivent êtres sortis le matin et rentrées le soir
d’autre part. Ajoutons à cela que le lait se périme et que les producteurs ne disposent pas de
possibilités de stockage illimitées, ils dépendent donc également d’autres entreprises qui
viennent collecter le lait, et qui par là même ne peuvent elles non plus aménager leurs
horaires. Dans l’agroalimentaire, les entreprises fonctionnent de manière circulaire,
producteurs, transporteurs et distributeurs se complètent, si la chaîne est brisée, c’est toute
l’économie du producteur qui s’effondre. De plus, les producteurs de lait sortent d’une crise
économique dont ils ont bien du mal à se relever, des débats concernant le prix du lait ont
encore lieu aujourd’hui, il paraît donc inenvisageable pour ces entreprises d’embaucher du
personnel actuellement. La mise en place du télétravail, pose également plusieurs problèmes,
en effet peu de postes le permettent. Il n’est pas possible chez les manuels comme les
couvreurs, les ouvriers du bâtiment, les éboueurs… Il n’est en fait envisageable que pour les

25
personnes travaillant dans des bureaux, et n’ayant pas la nécessité d’être sur le terrain. Mais le
télétravail demande lui aussi un effort organisationnel de la part de l’entreprise, qui doit, si le
salarié n’en est pas déjà équipé, fournir le matériel indispensable (Internet, téléphone,
Visio…). D’autre part, de nombreuses règles sont liées au télétravail, notamment le fait que le
refus de travailler depuis son domicile ne constitue pas une faute de la part d’un salarié. Les
entreprises sont donc soumises à la bonne volonté de leurs employés. Cela demande
également la mobilisation d’une partie du personnel, car le salarié bien qu’il travaille depuis
son domicile, doit toujours être suivi par un supérieur hiérarchique, qui devra le contacter
plusieurs fois par jour et vérifier ses activités. On peut donc constater que de nouvelles
difficultés apparaissent dans l’élaboration du PCA.
Outre ces conseils, le gouvernement et les organisations patronales encouragent les
entreprises à contacter dés maintenant leurs fournisseurs et prestataires, afin de savoir si ils
ont prévu un plan de continuité de l’activité, et si c’est le cas, comment s’organisent-ils. En
effet, si les entreprises de transport de marchandises devaient fonctionner en mode dégradé, il
serait certainement question de donner la priorité à certaines sociétés, et si l’entreprise qui
nécessite les services des transporteurs n’est pas sur la liste prioritaire, il lui faudra donc
penser à prévoir des remplaçants, et contacter d’autres sociétés de transport. Cela serait, bien
entendu, un problème, car tout le monde ne peut être prioritaire, et il est probable que la
priorité irait à d’importantes entreprises, une fois encore les TPE et PME risqueraient de se
trouver délaissées.
Ajoutons à cela deux autres mesures que le gouvernement ainsi que les organisations
patronales poussent à mettre en place. D’une part, il faudrait, en lien avec les problèmes
relatifs au transport, trouver une solution pour le transport de salariés, car si beaucoup
empruntent les transports en commun, il risque d’y avoir plus de malades d’une part, et ceux-
ci pourraient à leur tour contaminer leurs collègues, et d’autre part, avec les problèmes de
transports qu’une pandémie amèneraient, beaucoup de salariés ne pourraient plus se rendre
sur leur lieu de travail. Cela pousserait, bien entendu, le taux d’absentéisme, alors que les
entreprises comme les organisations patronales veulent à tout prix éviter le chômage partiel
(inenvisageable dans beaucoup de sociétés). Ajoutons, qu’il est conseillé aux entreprises, en
vue de ces problèmes de transport, d’aménager les horaires des employés, afin de limiter les
déplacements, par exemple, les faire passer sur des matinées uniquement ou des après-midi,
évitant ainsi le déplacement du déjeuner, et également les rassemblements qu’il provoque.
Plusieurs problèmes apparaissent à nouveau, car le fait d’organiser le transport des salariés
n’est pas facile, l’entreprise PSA par exemple, dispose d’un réseau de transport pour ses
salariés, mais en cas de pandémie, ce réseau subirait les mêmes problèmes que d’autres

26
entreprises de transport et PSA aurait autant de mal que les autres à acheminer ses employés
jusqu’à leur lieu de travail. De plus, concernant l’aménagement des horaires, il faut les penser
en fonction des droits du travail, et également en prenant en compte des volontés des salariés
qui sont en droit de refuser certains aménagements de leurs horaires. De plus, dans certaines
entreprises, l’aménagement des horaires est impossible, comme nous l’avons déjà dit, une
exploitation agricole a besoin de ses employés durant toute la journée, et parfois même la
nuit.
Un numéro est mis à disposition des entreprises par le gouvernement afin de les aider à
préparer leur PCA, mais on peut se demander si cela est vraiment suffisant. Les mesures
économiques conseillées devraient permettre à un certain nombre d’entreprises de
fonctionner, mais pour quelques-unes d’entre elles, de nombreux problèmes se posent et les
organisations patronales ne semblent pas s’impliquer suffisamment pour aider ses entreprises
et leur trouver des solutions adaptées. On peut donc se demander dans quelle mesure, les
organisations patronales s’adaptent aux régions et aux secteurs d’activité ?

3) Un manque d’adaptation des mesures organisationnelles face aux


secteurs d’activité et aux différents types d’entreprises.

De nombreuses mesures organisationnelles ont été mises en place dans le but de contrer une
éventuelle pandémie, mais après analyse de celles-ci, il apparaît de manière évidente que
certaines de ces mesures ne sont pas adaptées à tous les secteurs d’activité, et qu’elles
pourraient avoir des conséquences économiques importantes sur les entreprises. De plus, les
systèmes d’informations ne paraissent pas suffisamment développés et n’atteignent pas toutes
les entreprises, les régions ne sont pas prises en compte et dans une région comme la
Bretagne, avec un large réseau d’exploitations agricoles, beaucoup d’entrepreneurs ne
prennent même pas de mesures, certains n’en ont même pas connaissance, pour contrer la
grippe A.

3.1.Des secteurs délaissés par les mesures organisationnelles, les


organisations patronales ne semblent pas s’adapter.

Plusieurs secteurs craignent donc d’être touchés de plein fouet par l’épidémie de grippe
H1N1, et craignent un ralentissement de leur activité économique. Ainsi, les restaurateurs,
organisateurs de salons ou de congrès, les bars et les discothèques redoutent d’être les

27
premiers touchés. En effet, outre la restauration collective, ces activités ne sont pas vitales ;
les gens peuvent tout à fait se passer de dîners au restaurant ou de sorties nocturnes pendant
quelque temps, et si l’épidémie venait à s’étendre, ces endroits qui sont un facteur évidents de
risque de contagion, pourraient bien voir la fréquentation des consommateurs diminuer. Pour
permettre à ces entreprises de continuer à fonctionner, le gouvernement publie un guide dédié
aux restaurateurs1 sur son site internet dédié à la pandémie grippale. Plusieurs mesures sont
conseillées à ces secteurs, en plus des mesures lambda adressées à toute entreprise.
Dans un premier temps, les restaurants doivent réorganiser l’espace réservé à la clientèle,
c’est-à-dire qu’avec les risques de contagion, des distances limites sont à respecter entre
chaque personne, et les tables doivent donc se trouver à deux mètres minimum les unes des
autres2, afin que chaque client ne se trouve pas à moins de deux mètres d’un autre. D’autre
part, les clients doivent si possible être répartis dans des pièces différentes, afin d’éviter la
concentration dans une même pièce. Il est également recommandé de ne pas accepter de
banquets, qui provoquent nécessairement des rassemblements. Ces mesures risquent tout de
même de diminuer la capacité d’accueil des établissements, qui en plus ne disposent pas tous
de plusieurs pièces. Cela entraînerait inévitablement une chute du chiffre d’affaire de ces
entreprises. Ajoutons qu’il faudrait également organiser l’entrée et la sortie des
consommateurs, mais pour les restaurants ne disposant que d’une porte étroite, c’est tout à fait
impossible, car il est peu probable que le restaurateur délègue un membre du personnel au
contrôle des entrées et sorties de l’établissement. Bien sûr cela sera possible dans certains cas,
lorsque le restaurant dispose déjà d’un agent à la porte, mais c’est cas sont peu nombreux et
souvent réservés aux restaurants haut de gamme. Outre cette réorganisation spatiale, les
restaurants auraient à s’équiper de plusieurs poubelles avec commande au pied, afin que
celles-ci soient à la disposition de tous, clients, personnels, prestataires, et qu’ils puissent y
jeter leurs mouchoirs, masques utilisés… Un des membre du personnel équipé de gants se
chargera de les vider, en mettant le sac-poubelle étanche dans un deuxième sac avant de le
jeter. Les restaurateurs doivent donc investir dans ce matériel et consacrer du temps au
traitement des déchets, ce qui risque de s’avérer difficile en cas d’absentéisme élevé, mais
paraît tout de même tout à fait envisageable dans la mesure où le restaurateur est prêt à
acheter le matériel.
Dans un deuxième temps, afin de palier à ce manque de place provoqué par la réorganisation
spatiale, il est conseillé aux restaurants d’allonger leurs plages horaires en ce qui concerne le
service. Ce qui permettrait d’accueillir plus de consommateurs, et de diminuer le flux client.
1
« Repères sur la restauration hors foyer »
2
Se référer à l’annexe n°14

28
Certains restaurants à Paris seraient ouverts de onze heures trente le matin, à vingt-trois
heures le soir. Plusieurs problèmes se posent ici, car si certains grands restaurants disposent
du personnel nécessaire à l’allongement des horaires, d’autres en revanche n’ont pas cette
possibilité, car les entreprises peuvent rallonger les heures de leurs employés, mais toujours
dans le respect des droits du travail,et les personnels de restaurant travaillent souvent plus que
ce que leurs droits leur permettent. Les petits restaurants peuvent embaucher des extras
pendant ces périodes, mais avec l’absentéisme prévu, il risque de devenir difficile de trouver
du personnel sur le marché du travail. Ceux qui peuvent travailler iront aux plus offrants, et
les petits restaurants devraient avoir du mal à se fournir en salariés. De plus, si l’allongement
des horaires peut fonctionner dans une ville comme Paris qui est en perpétuel mouvement,
dans une région comme la Bretagne, même si un restaurant reste ouvert toute la journée, il y a
peu de chance qu’il accueille aucun client l’après-midi, et il n’est pas certain que les
consommateurs apprécient de venir prendre un repas en pleine après-midi. Pour contrer la
baisse de fréquentation, le gouvernement demande aux restaurateurs de penser à la vente à
emporter, ce qui se fait déjà beaucoup dans les pizzerias ou certains restaurants de cuisine du
monde. Seulement, les grands restaurants gastronomiques, ne pourraient adapter leur carte à
la vente à emporter, et même si ils le faisait et revoyaient leurs menus, lorsque les gens
s’offrent un dîner gastronomique, ils aiment aussi profiter du lieu qui les accueille. Il paraît
donc douteux que la vente à emporter compense une baisse de la fréquentation de ces
endroits.
Enfin, le gouvernement recommande une simplification des cartes, il faudrait proposer des
repas froids, ou des prestations uniques, ce qui permettrait de faciliter le travail en cas
d’absentéisme élevé et de pallier les problèmes de livraison, si les prestataires étaient touchés.
Mais le fait de mettre en place ce type de cartes, risque de faire chuter la fréquentation, car
quand les consommateurs vont au restaurant, c’est rarement pour manger une salade qu’ils
pourraient faire chez eux, et plutôt pour avoir un large choix dans les plats proposés.
Outre la restauration pour les particuliers, ces mesures s’adressent aussi à la restauration
collective. En effet, afin d’éviter le regroupement du personnel lors des pauses déjeuner, le
gouvernement conseille de faire livrer des plateaux-repas individuels aux salariés usant de ce
service. La restauration collective ne serait en revanche pas garantie dans les entreprises, car
elles sont susceptibles d’être réquisitionnées par l’Etat afin de fournir les établissements
prioritaires, tels que les hôpitaux ou les prisons. Le personnel des entreprises non prioritaires
qui ne bénéficie plus de ce service devrait alors manger sur place et l’employeur serait dans
l’obligation d’acquérir le matériel nécessaire à la conservation et au réchauffage de la
nourriture, ce qui serait un nouvel investissement.

29
Si la restauration collective ne semble pas être mise en danger par le virus H1N1, du fait de
son caractère vital pour certaines établissements (hôpitaux, prisons…), il n’en est pas de
même pour les restaurateurs grand public, qui, au lieu de trouver des solutions dans les
directives gouvernementales, n’y trouvent que des conseils, souvent susceptibles de perturber
leur activité économique. Quant aux organisations patronales des restaurateurs et hôteliers,
elles ne semblent pas impliquées directement, ou très peu, l’UPIH1, ne diffuse aucune
information à propos du virus sur son site et le SYNHORCAT2 semble proposer des solutions,
ou du moins aborde le PCA, mais n’est accessible que pour les adhérents. Rien n’est indiqué
pour les cafés, bars ou discothèques, ni même pour les traiteurs. Les organisations semblent
peu impliquées face à la menace pandémique, et le gouvernement ne paraît pas prendre tous
les types d’entreprises en compte, le milieu du CHR est quelque peu délaissé. Aucun
restaurant, que ce soit à Rennes, à Saint-Malo ou à Dinard, ne semble avoir pris de mesures
particulières, le restaurant La Taverne de la Marine à Rennes, qui dispose d’un étage pour les
réunions, se contente comme toujours de n’ouvrir que la salle du bas en début de semaine, ne
voyant pas l’intérêt d’espacer les clients.
Les bars et les discothèques ne semblent pas pris en compte, ce sont pourtant des endroits à
risque, dans lesquels il est presque impossible d’appliquer les mesures gouvernementales.
Dans ces endroits, tous les clients et les employés se serrent la main, ou se font la bise. Dans
une ville bretonne comme Rennes, qui est assez familiale, tout le monde se connaît et il n’est
pas question d’arrêter de se dire bonjour, cela passerait pour une offense. De même pour les
boîtes de nuit, dans lesquelles les gens sont proches les uns les autres, et les contacts ne sont
pas rares. Dans ce milieu, on peut constater qu’aucune mesure n’est prise, et que les sites, du
gouvernement et des organisations patronales ne leurs proposent aucune solution, et ne les
évoquent même pas. Cela nous permet de constater que tous les secteurs d’activité ne sont pas
pris en compte par les instances qui prennent en charge la pandémie.
En ce qui concerne le commerce ou l’artisanat, tous deux sont un des secteurs des plus
concernés, et bénéficient à ce titre de directives très précises de la part des organisations
patronales et des pouvoirs publics. Ces directives, peuvent parfois se révéler utiles, mais
peuvent également poser problème, car plusieurs conseils diffusés par les sites internet ou les
circulaires s’avèrent difficiles à appliquer lorsqu’on est en contact direct avec les clients. La
première mesure qui pourrait poser problème à ces entreprises est le port du masque, pour le
moment il n’est pas obligatoire, mais si les commerçants commençaient à en porter, on peut
être surs que la fréquentation des magasins baisserait et que le chiffre d’affaire de ces

1
Union patronale de l’industrie hôtelière
2
Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs

30
entreprises ferait de même. D’autre part, le fait de se tenir à deux mètres, comme nous l’avons
déjà dit est particulièrement difficile, si le magasin est petit ou dispose de rayons exigus, le
client sera toujours proche du vendeur ou du conseiller commercial. De plus, en boutique, les
clients ont parfois tendance à s’approcher du vendeur, et il n’est pas évident de les repousser
sans qu’ils se vexent. D’autre part, les plans de travail, les objets de démonstration les TPE,
pour les cartes bancaires, toutes ces choses sont manipulées par les vendeurs et les clients, qui
ne se sont pas nécessairement frotté les mains avec du gel hydroalcoolique, là encore, malgré
les mesures du gouvernement et les conseils des organisations patronales, sachant tous les
risques de contamination, si l’épidémie devait prendre de l’ampleur, les commerces
risqueraient bien d’être désertés.
Cette liste de secteurs ne se veut pas exhaustive, plusieurs autres secteurs connaissent des
difficultés liées aux mesures, qui engendrent souvent des problèmes et risquent d’avoir des
conséquences économiques importantes sur un certain nombre d’entreprises, si elles sont
appliquées. De plus on constate que les organisations patronales, que l’on pourrait penser
impliquées, cherchant des solutions pour les secteurs dont elles s’occupent, n’adaptent pas
réellement les mesures, et parfois même ne parle pas de l’épidémie. Des questions se posent
également relativement aux régions, qui développent, selon leur positionnement géographique
et leur histoire, certains secteurs d’activités en particulier. Il est intéressant de constater que
l’information n’est pas diffusée partout de la même manière.

3.2.Une information qui peine à se diffuser au sein des entreprises de


Bretagne, un manque de réaction de la part des organisations patronales et du
gouvernement.

Les méthodes de communication utilisées sont les mêmes pour toutes les régions, l’île de
France reçoit les informations de la même manière que la Bretagne ou l’Auvergne, qui sont
pourtant des régions bien plus rurales, disposant de moyens de communication moins
perfectionnés. En prenant l’exemple de la Bretagne, il est aisé de voir qu’il existe de réelles
carences dans l’information transmise, car beaucoup de cette information se perd en chemin,
et dans une région où la tradition orale est toujours bien présente, les propos sont rapidement
déformés, voir perdus.
En Bretagne, il reste encore un nombre important d’entreprises non reliées à internet, et
comme nous avons pu le voir, la plupart des informations concernant la pandémie et relatives

31
aux entreprises se trouvent diffusée sur les sites internet du gouvernement et des organisations
patronales. Quelques circulaires sont envoyées, mais l’information est loin de toucher tous les
entrepreneurs, dans une région comportant autant d’exploitations agricoles, il est étonnant
qu’aucune mesure particulière n’est été prise. Dans le département d’Ille et Vilaine, dès que
l’on s’éloigne de trente kilomètres de Rennes, on se trouve dans la campagne, dans le pays de
Brocéliande, qui est une région vallonnée, il existe encore un grand nombre de petits villages
et de hameaux qui ne disposent même pas d’une boulangerie (Cardroc, La Baussaine, Miniac
sous Bécherel…), bien que ces endroits soient souvent dotés d’un commerce, café, épicerie ou
autre, il sont rarement équipés d’un accès internet, et les agriculteurs et divers commerçants
qui y vivent ne savent absolument pas se servir d’internet. Bien que cela soit entrain de
changer et que ces villages se modernisent peu à peu, aujourd’hui, avec l’épidémie qui se
développe, il n’est pas logique qu’une partie des entreprises, sous prétexte qu’elles n’ont pas
internet ne soient pas informées. D’autre part, les agriculteurs travaillent souvent énormément
et ne comptent pas leurs heures, dans les petites exploitations, les mesures à prendre contre la
grippe H1N1 sont loin d’être leur priorité, et la plupart de ces producteurs ne se sentent pas
mis en danger par l’épidémie. De plus, il est hors de question pour eux que leurs employés
cessent de venir travailler, ou changent d’horaires pour cette raison. Ces personnes ont des
habitudes sociales très fortes ancrées dans la tradition régionale, il est absolument
inenvisageable pour eux de ne pas se saluer, ou de ne pas saluer leurs connaissances lorsqu’ils
vont dans les commerces. La majeure partie des commerces dans ces villages fonctionnent de
cette manière, ils sont toujours pleins d’habitués, qui discutent entre eux, sans penser à porter
un masque. Puisque l’information n’arrive pas jusqu’à eux, il est normal qu’ils n’aient pas
conscience des risques que comporte une épidémie hautement contagieuse. De ce fait, les cas
de grippe A, devraient être plus élevés dans cette région que dans une autre, pourtant, la
Bretagne a mis du temps à passer au même stade que les autres au niveau des cas, elle fait
partie des régions qui ont mis le plus de temps à être contaminées, alors qu’elle n’est de loin
pas la moins peuplée. En revanche, si la pandémie devait être déclarée et que le taux
d’absentéisme devait augmenter, ces entreprises risqueraient d’être les premières à en subir
les conséquences.
Il faut ajouter, que la Bretagne à une tradition de marchés, tous les jours il y a des marchés
dans différentes villes, et certains commerçants ne fonctionnent qu’avec ces marchés.
Pourtant même sur les marchés de Rennes, on ne voit aucune mesure appliquée, il n’y a pas
de masques, et les commerçants ne comptent pas tous s’en procurer, les gens se serrent la
main, discutent à proximité les uns des autres, les commerçants de produits frais servent leurs
clients avec les mains… D’autant plus que, sur un marché, on ne peut pas se laver les mains,

32
et les solutions hydroalcooliques ne courent pas les stands. Malgré le potentiel à risque de ces
endroits, il n’apparaît aucune mesure leur étant destinée. Personne ne s’adresse à ces
commerçants, ni les organisations patronales, ni le gouvernement. Des marchés existent
pourtant dans toutes les régions, et le fait de ne pas leur destiner d’information pousse les
commerçants mais aussi les consommateurs à ne pas s’inquiéter du virus. Car bien que l’on en
parle à la télévision, puisque rien n’est apparent, certaines personnes sous-estiment le risque
pandémique.
La région Bretagne est aussi un pays d’éleveurs, de pêcheurs, et de producteurs en tout genre,
seulement, pour perdurer, ces entreprises ont besoin non seulement de leurs salariés, mais
également des sociétés de transport, qui s’occupent d’acheminer leur marchandise. Toutes les
petites entreprises disposant de capacités de stockage limitées et de produits comprenant une
date limite de consommation devraient prévoir des sociétés de transport de secours, au cas ou
leur prestataire habituel s’avérait dans l’incapacité de les servir. Malheureusement, étant
donnée la carence d’information dans ces secteurs, les entrepreneurs n’ont pour la plupart pas
prévu de PCA et n’ont généralement pas pensé à des solutions de secours. En temps de
pandémie, s’il n’était plus possible de transporter les produits en Bretagne, ce serait
catastrophique pour l’économie régionale, sans parler de l’économie des producteurs de
produits qui ne se gardent pas (lait, crustacées, viandes, poissons…).
On a également pu voir les nombreux problèmes que les mesures posaient au commerce ou au
milieu du CHR, sachant que le commerce est de loin le secteur qui prime sur les autres en
Bretagne, avec les cafés, hôtels et restaurants, c’est inquiétant, dans la mesure où cela en fait
une région sensible, qui pourrait être dans les premières touchées.
La Bretagne, comme certaines autres régions à tendance rurale, ne bénéficie donc pas de
moyens de communication adaptés, provoquant ainsi une carence d’informations et donc un
risque de crise économique (due à la pandémie), plus élevé. Les organisations patronales, qui
devraient chacune cibler leurs secteurs par région, ne mettent en place aucune mesure
spécifique et ne s’impliquent pas particulièrement dans les entreprises, mais n’est-ce pas
dangereux, de les laisser ainsi livrées à elles-mêmes? Et comment les organisations patronales
justifient-elles leur rôle et les cotisations des entreprises dans la mesure où elles ne leur
proposent aucune solution réellement adaptée? Ce problème touche également les petites, très
petites et moyennes entreprises, quelles mesures sont prises spécifiquement pour elles?

3.3.Très petites, petites et moyennes entreprises, beaucoup de problèmes et peu


de solutions.

Les petites, très petites ou moyennes entreprises, sont, bien entendu, moins armées que les

33
grandes entreprises pour affronter une pandémie. Elles disposent de moins de personnel, n’ont
pas de succursales qui leur permettraient de réduire les effectifs, elles ont moins de budget
pour s’armer contre le virus et n’ont généralement pas de moyen de communication
suffisamment développés pour transmettre et relayer les informations importantes. Sans
compter sur le fait que rares sont celles qui disposent d’une cellule capable de mettre en place
un PCA en lui consacrant du temps et de l’argent. Les organisations patronales sont là pour
soutenir les entreprises dont elles s’occupent, pourtant, on peut aujourd’hui faire le constat
d’un manque d’implication de leur part au sein de ces entreprises, qui pour une partie d’entre
elles ne comptent même pas élaborer un PCA, et ne connaissent finalement pas réellement les
risques économiques liés au virus.
Au mois de Septembre 2009, près de 60% des chefs d’entreprises se disaient prêts à faire face
à la grippe H1N1, pourtant, sur le terrain, on ne peut que constater le contraire. En effet, que
ce soit dans les grandes ou les petites entreprises, on voit toujours les gens se serrer la main,
ou du moins serrer la main des clients. Les mesures relatives aux rapports entre collègues sont
appliquées dans une partie des entreprises, plus de bises, moins de contacts… Mais la majeure
partie des entreprises n’a pas vraiment de contrôle sur ses salariés qui continuent de se saluer
comme ils en ont l’habitude. Dans les boutiques, les commerçants ne se tiennent pas à deux
mètres des clients, et, dans les restaurants, aucune mesure n’est appliquée. Les entrepreneurs
qui se disaient prêts auraient pu commencer à mettre en place des mesures de prévention dés
maintenant afin de limiter la propagation du virus et prévenir un éventuel absentéisme.
D’autre part, ce chiffre ne semble pas prendre toutes les entreprises en compte, car il est
douteux que toutes les TPE et PME en Bretagne par exemple aient été interrogées, et il est
encore plus douteux que ces entrepreneurs se disent prêts à affronter une pandémie, alors
qu’ils manquent de moyens pour mettre les mesures en place.
Le dix-sept septembre, Hervé Novelli, secrétaire d’Etat en charge des PME, a rassemblé les
responsables des organisations patronales, afin d’organiser l’information des entrepreneurs de
TPE et PME à propos de la grippe H1N1. C’est ainsi qu’ils ont publié le « kit grippe A à
l’usage du chef d’entreprise », ce kit contient en fait tous les documents publiés au cours du
mois d’août par le gouvernement (conseils contre la propagation du virus, guide
d’accompagnement dans la préparation d’un PCA…). En parallèle, Xavier Darcos, ministre
du travail, a fait envoyer depuis le début du mois d‘août, une plaquette expliquant le
fonctionnement d’un PCA, et la façon de le mettre en place à tous les chefs d’entreprises
cotisant à l’URSSAF. Ce guide, tiré à plus d’un million d’exemplaires a d’abord été distribué
aux entreprises de plus de cinquante salariés, puis à celles de plus de neuf mais moins de
cinquante salariés et enfin aux entreprises de moins de dix salariés. La distribution s’est faite

34
entre le trois août et le dix septembre. Le site internet TPE-PME.com, donne lui aussi des
conseils aux entreprises, concernant les masques à se procurer, dans quelle quantité, le
télétravail… Seulement, le problème pour ce type d’entreprises est que les conseils qu’on leur
donne sont les mêmes ou presque que ceux qui sont distribués aux grandes entreprises, il n’y
a pas de réelle adaptation au nombre de salariés et aux moyens de l’entreprise. Quand le
gouvernement envoie les plaquettes, il envoie les mêmes aux entreprises de plus de cinquante
salariés et aux entreprises de moins de dix salariés, qui n’ont pourtant pas les mêmes marges
niveaux employés, si le taux d’absentéisme devait augmenter. Elles n’ont pas non plus les
mêmes moyens et il n’est pas aussi aisé pour elles de se procurer des masques et des gels
hydroalcooliques; sachant en plus, qu’un certain nombre de petits entrepreneurs ne compte
pas équiper leurs salariés. Il y a donc bien un problème à ce niveau, car organisations
patronales et pouvoirs publics sont conscients des difficultés qui pourraient se présenter aux
TPE et aux PME sorties tout juste de la crise économique, mais aucune solution ne leur est
adaptée.
D’autre part, si les grandes entreprises ont déjà un PCA, et l’ont certainement appliqué à la
grippe A, il est moins évident que les PME et les TPE en aient un. C’est certainement le cas
pour quelques-unes d’entre elles, mais le fait de mettre en place un PCA, demande la
mobilisation d’un personnel particulier ayant les capacités de le faire, du temps et des moyens
pour le mettre en œuvre. Le ministère du travail tente donc d’accompagner ces entreprises
dans leur préparation de PCA et publie plusieurs articles pouvant leur être utile sur le site
info’pandémie grippale. Mais le manque d’adaptation encore une fois se fait sentir, car bien
que ce soit à destination des PME ou des TPE, le guide est le même que pour les autres (bien
que les grandes entreprises n’aient pas vraiment besoin de guide, elles disposent généralement
du personnel qualifié pour mettre en place un PCA, ou embauche si le besoin se fait sentir.).
On trouve sur ce site d’information, plusieurs guides, un pour l’hygiène et la sécurité au sein
des entreprises en temps de pandémie grippale, un autre concernant l’élaboration d’un PCA,
une plaquette sur le télétravail et les dérogations relatives au temps de travail en pandémie.
Les petites, très petites et moyennes entreprises peuvent se servir de ces documents, mais elles
doivent les penser différemment afin de les adapter à leurs effectifs ainsi qu’à leurs moyens.
Le gouvernement, très investi dans la pandémie, tente d’aider ces entreprises en vue d’une
éventuelle pandémie, pourtant, on sait que les TPE et les PME ont des difficultés à se procurer
en masques ou en gels hydroalcooliques, les fournisseurs ne suivent pas et les commandes
s’accumulent. Sachant cela, comment le gouvernement peut-il mobiliser les trois quarts des
stocks de masques disponibles ou à venir? Bien que les pouvoirs publics nécessitent eux aussi
un certain nombre de masques, il n’est pas normal qu’il réquisitionne un tel pourcentage de la

35
production au détriment des acteurs économiques du pays.
On peut donc constater que, comme pour les régions, les organisations patronales et l’Etat
semblent peu impliqués dans les PME et les TPE, car bien qu’ils publient tous deux conseils
et mesures à l’adresse de ces entreprises, rien en semble vraiment prendre en compte les
effectifs moins importants et le budgets réduits, d’autant plus que ces entreprises sont fragiles
en sortie de crise économique et qu’une pandémie serait un coup dur pour leur économie.
D’autre part, l’économie d’une région comme la Bretagne est en grande partie construite sur
des TPE et des PME, il paraît donc étonnant qu’une organisation patronale comme la CGPME
ne se penche pas plus sur la région et ne dispense pas de conseils adaptés, au moins envers les
secteurs les plus importants. Ces entreprises sont donc un peu délaissées, et l’on peut se
demander quel rôle joue les organisations patronales, si elles n’aident pas leurs chefs
d’entreprise en temps de pandémie.

Conclusion.

Nous avons donc pu voir à travers ce dossier, qu’une pandémie était un réel danger pour les
entreprises, car elle influe sur tout le système organisationnel. Les transporteurs, les circuits
financiers, les chaînes de productions, tout le monde est susceptible de connaître un
ralentissement de son activité et de voir son économie s’écrouler du fait d’un absentéisme trop
important. Les conséquences de cette crise sanitaire pourraient être graves, car si des
restrictions de circulation étaient mises en place, à l’intérieur des frontières ainsi qu’à
l’extérieur, la production ne pourrait plus circuler, ce qui serait dramatique pour l’économie
de tout le pays. D’autre part, les gens sortiraient le moins possible de chez eux et le chiffre
d’affaire des commerces serait en chute libre, mis à part l’alimentaire et l’hygiène. Des
secteurs seraient, bien entendu, plus touchés que d’autres et certaines activités cesseraient
complètement, telles que les centre de loisir, les associations… Le tourisme accuserait
certainement une baisse du fait des restrictions de circulation. Cela serait problématique pour
la Bretagne dont le commerce est grande partie fondé sur le tourisme. Anticipant tous ces
problèmes, le gouvernement et les organisations patronales mettent en place différentes
mesures, afin de permettre aux entreprises de prendre leurs dispositions et de n’être pas
surprises par les problèmes qui pourraient apparaître avec la pandémie. Seulement, on
constate un manque d’adaptation de la part des pouvoirs publics et des organisations
patronales, qui mettent en place des mesures relatives à l’hygiène, lourdes avec un coup assez
élevé, et de plus les produits ne sont pas toujours accessibles faut de stock. Il y a également
les mesures sociales, qui doivent être mises en place au sein même des entreprises, et qui

36
risquent d’avoir beaucoup de mal à être appliquées par les salariés, tout comme les patrons
auront du mal à les faire appliquer, les habitudes au travail ne changent pas du jour au
lendemain même en temps de pandémie, et surtout dans certains secteurs plus familiaux,
relativement à une tranche d’âge et aux traditions liées à la région. Enfin, des mesures
économiques ont été pensées par les organisations patronales et le gouvernement, et entre
autres, le PCA. Seulement, les conseils liés au PCA sont tous les mêmes, alors que les
entreprises sont très différentes les unes des autres, si l’entreprise ne délègue pas une
personne à son élaboration, quelqu’un qui tienne compte du budget, des effectifs, des salariés,
de leurs habitudes, de leurs capacités à travailler hors de leur lieu de travail habituel… Et le
fait de déléguer un employé n’est pas possible pour toutes les entreprises. Un manque
d’adaptation est donc à déplorer concernant les mesures mises en place, car le fait de
continuer l’activité économique en temps de crise est primordial pour les entreprises, les
régions et le pays tout entier. Si les organisations patronales, qui sont pourtant spécialisées,
par région et par secteur n’ont pas cette faculté d’adaptation aux différents types d’entreprise,
alors, qui peut aider ces entrepreneurs? D’autre part, on peut également se poser la question
de l’utilité des organisations patronales en temps de crise sanitaire, car on retrouve sur leurs
sites, les mêmes conseils que ceux diffusés par l’Etat,et on ne peut constater une implication
particulière au sein des entreprises ou des régions.

37
-

38

S-ar putea să vă placă și