Objets connectés : les Toulousains de Sigfox espèrent enfin imposer leur technologie 23/11/2019 23(31

Objets connectés : les Toulousains

de Sigfox espèrent enfin imposer
leur technologie
A Singapour, la start-up toulousaine, qui affiche
toujours des pertes, neuf ans après sa création, a
présenté ses offres pour rendre connectables, dʼici
à 2023, plus dʼun milliard dʼobjets.
Par Vincent Fagot Publié hier à 17h31, mis à jour hier à 18h15

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Le patron de Sigfox, Ludovic Le Moan, à Paris, en février 2018. Benoit Tessier / REUTERS

Sigfox veut croire que son heure a sonné. A lʼoccasion de sa troisième

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convention annuelle, organisée cette fois à Singapour, où elle a convié la

presse, mercredi 20 et jeudi 21 novembre, la start-up toulousaine, qui a
développé un réseau mondial consacré aux objets connectés (IoT), a
voulu faire la démonstration que celui-ci était désormais en phase
dʼadoption massive.

En 2019, sa technologie devrait alimenter 16 millions dʼobjets, contre

2,2 millions en 2017 et 3,5 millions en 2018. « Aujourdʼhui, Sigfox, ce nʼest
plus un concept, cʼest une réalité. Ça fonctionne », a lancé sur scène
Ludovic Le Moan, le patron de lʼentreprise, considérée comme une
potentielle « licorne » française (une société valorisée à plus dʼun milliard
de dollars). Les chiffres avancés semblent donner raison à lʼentrepreneur,
alors que son pari a longtemps semblé audacieux.

Loin du discours dominant mettant en valeur les technologies de

communication à haut débit, comme la 4G et bientôt 5G, Sigfox parie
depuis neuf ans sur lʼexact opposé : ce quʼil nomme la « 0G ». Son projet
permet de connecter des objets à son réseau, en utilisant des modules qui
communiquent un minimum de données (juste lʼessentiel) et sont peu
énergivores, grâce à un maillage dʼantennes radio peu onéreuses à
installer. La solution est aujourdʼhui disponible dans 65 pays et la société
va déployer en 2020 des satellites pour renforcer sa couverture des zones
les plus reculées, notamment les déserts et les océans.

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Cette technologie se prête bien à la logistique. Cʼest par exemple le choix

quʼa fait cette année DHL en Allemagne, en connectant 250 000 chariots
au réseau de Sigfox afin dʼassurer une distribution plus efficace et de
réduire le nombre dʼunités égarées. Pour creuser son sillon dans ce
secteur, la société a dévoilé une solution à coût encore plus réduit
permettant dʼéquiper de « traceurs » les palettes de marchandises.

Cependant, la logistique nʼest pas le seul secteur intéressé par lʼIoT.

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Veritas a décidé dʼaccélérer son partenariat avec la société toulousaine

pour assurer la connectivité de désormais 8 millions de dispositifs de
sécurité (notamment des systèmes dʼalarme), contre 2,5 millions
auparavant. Amadeus, un géant des services dans les aéroports, a conclu
une alliance stratégique avec la société afin dʼassurer le suivi des
bagages. Le japonais Nicigas a officialisé un contrat lui permettant
dʼassurer la surveillance de 850 000 compteurs de gaz… Et Sigfox a déjà
le regard fixé sur dʼautres horizons : les assurances (avec La Parisienne),
les « smart cities », la gestion des exploitations agricoles ou la prévention
des chutes des personnes âgées…

« Perspectives de croissance »
Aux yeux de la société, tous les éléments sont réunis pour que la fusée
décolle. Son réseau a atteint une taille critique. De plus en plus
dʼentreprises ont pris conscience du bénéfice quʼoffre sa technologie. Et
les coûts pour sʼabonner à ses services, comme pour acquérir les
« traceurs », sont de plus en plus bas, notamment grâce à un partenariat
noué en août avec le japonais Alps Alpine, un constructeur capable de
produire des pièces par millions.

« Jusque-là, il nous a fallu évangéliser, déployer nos antennes, investir

dans la communication », estime Ludovic Le Moan. Mais la signature des
derniers gros contrats lui fait penser que la société est désormais entrée
dans une nouvelle phase. « On a des clients qui nous donnent des
perspectives de croissance. Et puis, quand une belle compagnie nous
choisit et montre comment elle peut réaliser un retour sur investissement
rapide [six mois dans le cas de DHL, selon Sigfox], dʼautres, qui ont les
mêmes enjeux, lʼimitent ».

Lʼentreprise nʼest cependant pas seule sur ce créneau. Au sein dʼune

alliance baptisée LoRa, plusieurs opérateurs télécoms dans le monde
proposent une solution alternative. En France, Bouygues et Orange se

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sont ainsi réorganisés ces derniers mois pour mieux valoriser leurs offres
IoT.

Lire aussi Les réseaux pour objets connectés : la nouvelle guerre de

lʼInternet

Orange revendique déjà la gestion de 18 millions dʼobjets connectés – soit

davantage que Sigfox – dans le monde et assure connaître une croissance
à deux chiffres de son activité. Pour Pascal Brosset, de Capgemini, le
match se joue notamment au niveau des tarifs : « Le défi, cʼest de faire
descendre le prix de la connexion. » Or, de ce point de vue, Sigfox est
persuadée dʼavoir une offre « imbattable ».

Reste que la société toulousaine perd toujours de lʼargent. Il va lui falloir

encore améliorer son modèle dʼaffaires. Pour y parvenir, elle veut mieux
exploiter lʼensemble des marchés où elle est déjà présente plutôt que
dʼaller en ouvrir dans de nouveaux pays, même si elle lorgne la Chine. Son
objectif est désormais dʼatteindre la rentabilité dʼici à 2021 ou 2022. Et le
milliard dʼobjets connectés dʼici à 2023.

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