Introduction à la Tribologie

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Documents d’accompagnement du cours / II

Surfaces Rugueuses
Aspects macroscopiques du frottement

Antoine Chateauminois
ESPCI/PCSM
CNRS UMR 7615
10 rue Vauquelin – 75231 Paris cedex 05

antoine.chateauminois@espci.fr
Décembre 2008
Les Surfaces Rugueuses
Les contacts rugueux

Ordres géométriques de la surface d’une pièce

Longueur d’onde λ du profil de la surface

• Ecarts de forme λ > 2500 µm

rectitude, linéarité

• Ondulations 500 µm < λ < 2500 µm

• Rugosité microscopique
micro-aspérités de dimensions micrométriques

Surfaces rugueuses : micro-contacts localisés entre aspérités

Aire de contact réelle < Aire de contact macroscopique (ou apparente)

Processus de frottement : cisaillement des jonctions entre

microaspérités
Mesures de rugosité

• Rugosimètres tactiles ou optiques

• Rugosité mesurée ≠ caractéristique intrinsèque de la surface

• bande passante du profilomètre

optique : longueur d’onde
tactile: rayon de la pointe

• paramètres d’échantillonnage du signal

Caractéristiques des surfaces rugueuses

z(x)

cD
A
o
rb
e
u
a
n
m
t

Profils avec la même

Valeur de Ra
• Amplitude moyenne du profil 1 L
Ra =
L ∫0
z dx

1 L 2
• Ecart-type des hauteurs du profil σ2 =
L ∫0
z dx

σ2 ∝ L
• Distribution des hauteurs de profils φ(z)
cumulative des hauteurs de profils Ψ(d)
∞
Ψ( d ) = prob( z > d ) = ∫ φ( z )dz
d

Paramètres essentiels du point de vue des paramètres rugueux :

σ , courbure moyenne des sommets des aspérités
Exemples de distribution de hauteurs sur un profil de rugosité

1 − ψ( z )

µm)
z (µ
Aluminium Acier doux Acier doux
sablé abrasé tourné

z 1  z2 
• Distribution gaussienne des hauteurs de profils φ  = exp − 2 
σ 2π  2σ 

Surfaces isotropes gaussiennes : la distribution des sommets est également

gaussienne avec le même écart-type que la distribution des hauteurs
Le modèle de Greenwood et Williamson /I

Théorie statistique des contacts multi-aspérités (1966)

Surfaces rugueuses nominalement planes ≈ Surface rugueuse en contact avec un plan
σ1 σ2 parfaitement lisse

σ = σ12 + σ 22

φ(zs)

• Rugosité assimilée à une distribution en hauteur d’aspérités à extrémités

sphériques de rayon r

• Probabilité de contact d’une aspérité pour une prob( zs > d ) = ∫ φ( zs )dz

distance de séparation d d

φ(z) :Densité de probabilité

 Le modèle de Greenwood et Williamson /II

Aire de contact apparente comprend N sommets

∞
Pour une distance de séparation d : n = N ∫ φ(zs )dzs
d

Hyp : Comportement des aspérités en contact décrit par modèle de Hertz (élasticité)
φ(z) : gaussienne ou exponentielle

Principaux résultats :
Aire nominale = 10 cm2
• Nombre de contact ∝ effort normal appliqué

Aire de contact réelle (mm2)

indépendant de Aa

• Taille moyenne des contacts ≈ constante

• Aire de contact réelle ∝ effort normal

Aire nominale = 1 cm2
• Pression moyenne de contact constante au niveau
des aspérités
Charge (kg)
Le modèle de Greenwood et Williamson / III

Transition élasticité / plasticité

12
Index de plasticité E *  σ * 

ψ=
H  r 


H : dureté (mesure de la contrainte d’écoulement plastique des aspérités

σ*/r)1/2 ≈ pente moyenne des aspérités
(σ

1
ψpolymères < ψmétaux
10

ψ >1 déformation plastique des aspérités sous des charges très faibles
ψ < 0.6 déformation élastique des asprités y compris sous des charges importantes
Aspects macroscopiques du frottement
Les loi d’Amontons – Coulomb /I

Leonardo da Vinci (1495)

Mg sinα

Mg cosα

F Mg sin α
µ= = = tan α
L Mg cos α

Amonton (1699)
• Le rapport entre la force de frottement et effort normal est constant
• La force de frottement est indépendante de l’aire de contact

Coefficient de Frottement µ=F/L

Coulomb (1785)
• Le coefficient de frottement est indépendant de la vitesse
• Acier / aluminium

• Papier / papier
La loi d’Amonton - Coulomb / II

Interprétations de Coulomb :
Reconnaissance du caractère rugueux des surfaces hypothèses relatives à
l’ancrage mécanique des surfaces au niveau des aspérités

De nombreuses contradictions avec les expériences :

• Frottement de surface lisses peut être plus élevé que celui de surface rugueuses.

• Diminution importante du frottement en présence de couches adsorbées alors que la rugosité

n’est pas modifiée.

• Pas de dissipation d’énergie !

Frottement en présence d’usure

La vision du mécanicien….

Premiers corps 1
Couche de
contamination 1
3ème corps
Couche de
contamination 2
Premier corps 2

Modes d’accommodation
Du débattement
Circuit Tribologique

….. Mais également des effets tribo-chimiques

Les conséquences :
• Le coefficient de frottement n’est pas un caractéristique intrinsèque des matériaux en contact

• Il dépend de très nombreux paramètres (dont la force normale !) et peut évoluer au cours du temps

• Le coefficient de frottement est souvent de peu d’utilité dans la compréhension des processus physiques
de frottement

• La valeur du coefficient de frottement n’est pas corrélée à la résistance à l’usure

Le modèle de Bowden et Tabor (1950)

Force de frottement F = Fadh + Fdef

Fadh : Composante ‘adhésive’ de la force de frottement

Fdef :Terme de déformation

Les composantes Fadh et Fdef sont supposées découplées

Découplage des termes Fadh et Fdef

F
Zone interfaciale : Fadh Fadh
P h2 <<a ~ nm

h1 h2

Fdef
lubrifiant

Zone de déformation : Fdef

h1 ~ a ~ µm3 Contact non adhésif
Le terme de déformation Fdef / I

• Associé à la déformation du matériau dans des volumes de l’ordre de grandeur des

dimensions du contact
• Effets dissipatifs liés à la plasticité, à la visco-élasticité…

Plasticité
P Cisaillement nul à l’interface
F poinçon / substrat :

Aspérité rigide Fdef = Hah = Hh2 tan α

conique
α
Hπa 2 Hπh 2 tan 2 α
h P= =
2 2

Fdef 2
µ def = = cot α
P π

Surfaces ‘réelles’ : les pentes des aspérités sont toujours inférieures à 10° soit α > 80°

µdef ≈ 0.1

Valeur sous-estimée : effets d’écrouissage

croissance des aspérités sous l’action du frottement
Le terme de déformation Fdef / II

Déformation plastique Croissance des aspérités sous cisaillement

P P F

σ σ

• Critère de plasticité (Von Mises): σ2 + 3τ2 = Y2

Y seuil de plasticité en compression uniaxiale:

σ=P/A et τ=F/A P2 + 3F2 = A2Y2

Si la charge est supposée constante, les dimensions de l’aspérité cisaillée plastiquement

doivent donc s’accroître sous l’action du cisaillement

• µ ~ 1 σ = τ donc σ = 1/2 Y : la pression normale correspondant à

l’écoulement plastique sous cisaillement est moitié moindre que sous contrainte
normale seule.
Sous P fixé, l’aire de contact double dès l’application d’un cisaillement.
Le terme de déformation Fdef / III
Dissipation viscoélastique dans les contacts : comportement non coulombien

µr
µs

Sphères d’aciers en
roulement
ou en glissement sur du
caoutchouc
lubrifié

µr

Sphère d’acier en roulement

Sur du PTFE
Le terme de déformation Fdef / IV

Déformation viscoélastique
Evaluation du travail des forces de compression
1/ 2 1/ 3
3P   r 2  3 1− ν2 
p= 1 −    a =  PR  
 E 
2πa 2   a    4  

r2
:
• Déplacement vertical w = w0 −
2R

∂w x
=−
∂x R

: par unité de distance φ d

• Travail élémentaire des forces de compression
 ∂w  p
P dφ = −pdxdy  = xdxdy
 ∂x  R
R
1 3 Pa
φ= ∫∫ pxdxdy =
R 16R
1/ 3
2a
3 P 4/3 3 1− ν2 
φ=   
Pdxdy 16 R 2 / 3  4  E 

w0 F αφ 3α  a 
µ def = = =  
P P 16  R 

1/ 3
3α  3P  1− ν2 
dy
µ def =   
dx
16  4R 2  E 
x  
r
a

µdef ∝ α P 1/3 R -2/3 E -1/3

avec α ≈ tan δ
P1/3 R-2/3 ∝ pm
Frottement des caoutchoucs

Relation entre frottement et pertes viscoélastiques de caoutchoucs vulcanisés

Equivalence temps-température (formalisme WLF)

Courbe Maîtresse
Le terme adhésif Fdef / III

Matériaux viscoélastiques sur solide rugueux

Période de sollicitation T associée au glissement : ts ~ λ / v λ longueur d’onde des aspérités
Temps caractéristique du matériau τ(T)

• Coefficient de frottement d’un caoutchouc sur une surface fractale

Modèle rhéologique
La dissipation liée au frottement
Dépend de la rugosité
Le terme adhésif Fdef / I

• Cisaillement des jonctions adhésives entre microaspérités.

•Contrainte de scission interfaciale τ : Adhésion + rhéologie du film interfacial

Fadh = τ A A = aire de contact réelle

F τA τ
µ adh = = = pm = P/A = pression moyenne de contact
P Apm pm

• Contact rugueux (Greenwood) : A ∝ P donc pm est indépendant de P

Expression de Coulomb µ = τ / pm

• Contact plastique P=H

τ
µadh = Expérimentalement : H ~ 3Y
H τ ~ Y/2 (limite d’écoulement plastique sous cisaillement)

Y τ souvent limitée par couches de contamination

µadh = ≈ 0 .2
H
Le terme adhésif Fdef / II

Rhéologie interfaciale de couches polymères minces

F
P

A Film polymère
h < 100 nm
Substrat élastique rigide
(verre)

τ = τo + α pm τo et α caractéristiques du film

F τ τ
µ= = = 0 +α Frottement non Coulombien
P pm pm

Analogie avec la plasticité des polymères

τy = τy0 + αy P H
α ≈ αy
τo ≈ τoy / 10
Instabilités de glissement : le frottement saccadé ou ‘stick-slip’ /I
Stick-slip correspond à des intermittences du mouvement relatif entre les surfaces en contact :
Alternance de phases de glissement (slip) et de phases de ‘collage’ (stick).

Fmesurée F F
Fs

Fd

temps temps temps

Le stick-slip peut se produire à de nombreuses échelles :

• Échelle macroscopique : discontinuités du déplacement du centre de gravité des corps en contact et des
efforts mesurés

• Échelle microscopique: localisation du stick-slip à l’interface au niveau d’aspérités ou de groupes de

molécules.
La statistique de ces mouvements de stick-slip locaux conduit à une moyennation des fluctuations
associées à l échelle du contact : l’effort moyen peut rester stationnaire.
le frottement saccadé / II

Le stick-slip résulte d’un couplage entre :

* La réponse dynamique du système frottant :

Raideur, amortissement, masse (inertie)

* La dynamique du frottement à l’interface :

Différence entre la valeur statique (µs) et dynamique(µd) du coefficient de frottement,
Dépendance de µs et µd vis à vis de la vitesse de glissement et du temps

Un modèle simple de stick-slip

Fs :frottement statique
F Fd :frottement dynamique
k
F
x
m Fs
v Fd

K : raideur du ressort
v
masse m Loi de frottement
le frottement saccadé / III
En phase de glissement Force d’entrainement : Fd
Force de rappel : F=kx

• Equilibre dynamique du système

m&x& − Fd = −kx
F
• Conditions aux limites t=0 x(0) = s x& (0) = v
k

k
x( t ) =
1
{(Fs − Fd ) cos ωt + Fd} + v sin ωt ω=
k ω m

En phase de glissement, la vitesse d’entraînement v peut être négligé devant dx/dt :

F
x( t ) ≈ {(Fs − Fd ) cos ωt + Fd}
1 Tinertie
k
Fs

m
Temps caractéristique de la phase de glissement: Tinertie = 2π
k

La force F oscille entre Fs et 2 Fd-Fs 2Fd-Fs

t
le frottement saccadé / III

Loi de frottement
F, vs
k
x

v : vitesse de glissement à l’interface

Force mesurée : F = k(vst – x)

Accroissement de la vitesse vs

Transition glissement saccadé/

Glissement stable
le frottement saccadé / IV
Transition frottement stable / frottement saccadé

Frottement Bristol/Bristol Domaine (B) Domaine (A)

Régime Inertiel Régime de ‘fluage’

(b)

(a)

m
• Régime inertiel : Tinertie = 2π
k
Frontière entre les deux régimes correspond
au critère Tinertie ~ Tfluage

• Régime de fluage : Tfluage ≈ dv −1

d : distance de fluage de l’ordre de quelques micromètres
La transition vers le glissement / Contact élastique non adhésif
• chargement latéral monotone
Contact linéique cylindre/cylindre Q < µP Contact sphère/plan Q < µP

A : pas de glissement
B : micro-glissement

Force latérale normée

Déplacement normé

Théorie de Mindlin (1953)

 Q,δ
P
• chargement latéral oscillant

Chargement latéral périodique δ(t) << 2a

2a

GLISSEMENT PARTIEL GLISSEMENT TOTAL

Effort Tangentiel Q

Effort Tangentiel Q
Q∗=µP

Débattement δ Débattement δ

Aire δ ↑, P = cst
de non glissement
δ = cst, P ↓
Zone de micro-
glissement

Amplitude 2a
du micro- 2c
glissement

x x
 Théorie de Mindlin (1953)
Solide élastiques, pas d’adhésion (contact hertzien)
Application locale de la loi de Coulomb : q(x,y) = µp(x,y)
Chargements normal et tangentiel découplés
Profils de micro-glissement
Q 1.2 c/a

1 0.1
Q* y 0.2
0.8 0.3
0.4

sx/δ t
−δ∗ δ 0.6 0.5
c* 0.6
δ∗ x 0.4 0.7
0.8
0.2 0.9

-Q* 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2
x/a
Cycles effort tangentiel/débattement Aire de Contact

Débattement critique rayon de la zone collée c:

à la transition glissement partiel/glissement total δt:

13
K µP c  Q
δt = 1 = 1 − 
a a  µP 

3  2 − υ1 2 − υ 2 
K1 =  + 
16  G1 G2 
Definitions fretting wear
fretting wear on pre-stressed fretting fatigue
specimen

Σext. Σext.
P P
P δ( t )
δ( t ) δ( t )
PTFE PTFE

Q( t ) Q( t )
Q( t )

Σ ext. = Cons tan t Σext. = Variable

Wear Induced by Fretting Cracking Induced by Fretting

Endommagement par fretting

Aluminium alloy

Cracking

Wear
Cracking Induced by Fretting
CARTES DE FRETTING (N)

Q PSR Q MSR
Cartes de sollicitation locale Q GSR
δ δ
Nc Nc δ
Nc
(µm)
(N)

no degradation
cracking
Carte de réponse du matériau
debris

(µm)
competition
cracking wear
(cracking-wear)

Evolution de l’endommagement

third body third body

final accommodation: elimination:
crack self arrest rupture mild wear severe wear
La transition vers le glissement / Contact élastique adhésif

Traitement approché / I
Indépendance // et ⊥
T paramètre de Dundurs
P E1 = ∞ et ν2 = 1/2

y
Énergie totale :
E y2 F(a)
U ≈ −P δ − w a2 + Ε (δ / a)2 a3 + E (y / a)2 a3 – Ty
δ ≈ a2 / R

Equilibre : E y2 =(P + wR) a/R - E a4/R2 = F(a)

Stabilité : F’(a) < 0

Résolution graphique
a* aéqu
a* = (PeffR/E)1/3 y* = (P2eff/E2R)1/3
La transition vers le glissement / Contact élastique adhésif

Traitement approché / II

a /a* a* = (PeffR/E)1/3 y* = (P2eff/E2R)1/3

1
Déformation latérale à l’instabilité :
y / y*
εy* ~ (y*/a*) = (Peff / R2E)1/3
0
0 1
Ex. : P = 0 / w = 50 mJ/m2 / R = 10 nm (AFM)
E = 1 GPa : εy* ~ 10 %
E = 1 MPa : εy* ~ 100 % !!!

• Au voisinage de y = 0, a varie peu

→ mesure de raideur latérale : caractérisation viscoélastique

• y* : caractérisation +/- qualitative de w/E

La transition vers le glissement / Contact élastique adhésif

Pelage du contact / résultats théoriques

JKR M-D

Qs=Aτ0
A/A*
A/A*
Qs

Q/πwR Q/πwR

Frottement statique d’une sphère en verre sur du caoutchouc naturel

Ondes de Schallamach (1971)

V > Vc

Vc = f (Adhésion, géométrie, propriétés

élastiques, charge, température…)
Bilan d’énérgie

pelage Re-adhésion

VQ = nFv
VQ / nl ∝ vn
G ∝ F/l ∝ vn (pelage)