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Doctrine de la connaissance
Gaston Rabeau
Rabeau Gaston. Doctrine de la connaissance. In: Revue des Sciences Religieuses, tome 6, fascicule 3, 1926. pp. 411-427;
doi : 10.3406/rscir.1926.3870
http://www.persee.fr/doc/rscir_0035-2217_1926_num_6_3_3870
DOCTRINE DE LA CONNAISSANCE
(1) P. 130.
CHRONIQUE DE PHILOSOPHIE 417
prêter ce rôle de sollicitation scientifique en termes uniquement
pratiques d'action ; ou, en d'autres termes, cette sollicitation de
l'expérience vis-à-vis du savant ressemble fort, pour celui-ci, à l'intuition
confuse d'un intelligible.
Et c'est ce qui devient certain quand on examine les progrès de la
déduction, car on trouve alors là, non l'intuition intelligible confuse,
mais l'intuition claire. Le progrès de la déduction trace, en effet, une
série de liaisons qui s'imposent, non, il est vrai, avant que l'esprit les
ait dégagées par le raisonnement, mais au moins après. Avant d'avoir
construit la théorie deductive, l'esprit, en sa liberté créatrice, ignorait
encore ce que serait son œuvre; une fois qu'il l'a construite, il voit
que les conséquences doivent être admises nécessairement par tout
homme qui admet les principes. De quelle nature est cette nécessité?
Nécessité verbale de garder le môme sens aux mots, de ne pas nier en
paroles ce que l'on a affirmé en paroles? Mais la déduction progresse,
généralise, gagne des résultats qu'ensuite l'expérience justifie, quand
elle remplit les « barèmes ». S'agit-il d'une nécessité de
non-contradiction, nécessité subjective de l'esprit, s'imposant du moins, selon
M. Goblot, à ceux qui veulent penser! Mais ces liaisons nécessaires
des conséquences aux principes, liaisons aboutissant à des
généralisations nouvelles, à des vérités nouvelles, elles se retrouvent dans
l'expérience, dans la nature, quand la nature ou l'expérience remplit les
« barèmes ». Et si l'esprit est capable d'apercevoir la liaison nécessaire
des propositions dans un complexus d'images, par exemple, dans une
figure géométrique, pourquoi n'aurait-il pas été capable auparavant de
lire dans une image une notion intelligible, un principe intelligible?
Au lieu de dire que les liaisons nécessaires des propositions sont
d'abord un système conventionnel et qu'ensuite des expériences y
correspondent, ne serait-il pas plus juste de dire que les principes du
système déductif ont été d'abord reconnus dans la nature, de telle
sorte qu'ensuite le progrès déductif était pour l'intelligence une
conquête objective ? Et ainsi la question dernière, celle qui tranche tout,
est celle-ci : quelle est la nature des rapports logiques?
D'après M. Rougier, « les rapports logiques existant entre des objets
donnés (il s'agit, on s'en souvient, d'objets « donnés » par suite de
conventions) reviennent à établir certaines conditions auxquelles
doivent satisfaire des opérations logiques qui, en partant d'objets
élémentaires déterminés, permettent de construire les objets nouveaux
dont il est question » (1). Cela sans doute est juste, étant donné le
point de vue de technique de signe, de logistique, auquel se place
II. — M. Emile feorel a écrit, sur '« VËspace et le Temps » (Alcan, 1922),
un petit livre instructif et agréable qui paraîtrait, au lecteur irréfléchi,
dépourvu d'unité, parce qu'il ne donne pas un exposé didactique des
théories d'Einstein ; mais l'auteur a voulu faire « une promenade
autour d'elles », en « décrire quelques aspects ». Il n'y a donc pas lieu
d'analyser un tel livre ; le mieux est de signaler les aperçus les plus
suggestifs et les plus intéressants.
Un premier chapitre : la géométrie et la mesure de la Terre, après
avoir distingué les deux geometries, analytique et expérimentale,
(1) Un nombre irrationel « simple » est celui dont la définition exige moins
de mots, et qui entre lui-même dans beaucoup de définitions.
CHRONIQUE DE PHILOSOPHIE 421
G- Rabrau.